Délit D'Initié n°2

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bien qu’elle concerne surtout les Bourses traditionnelles plus large de type de risques (risque de crédit, risque de comme Euronext, est également à l’origine de contrain- marché, risque opérationnel) et pondérant ces risques en tes et d’opportunités pour les établissements bancaires. fonction de paramètres pouvant être déterminés grâce à des Contrainte du fait de l’investissement assez lourd qu’elle modèles internes. exige, et notamment en SI et en formation. Il est en effet La réglementation Bâle II doit notamment permettre, par demandé aux banques de choisir des placements en adéqua- la mise en place d’outils intéressants, une appréciation tion avec le profil de risque et les besoins de leurs clients plus fine des risques pris, bien que la crise du subprime et de fournir un effort d’informations et de documentation ait révélé les limites et la complexité d’une telle approche. du conseil apporté, ce dans le but de protéger davantage les Or une mesure plus précise des risques a des répercutions investisseurs notamment les investisseurs particuliers non favorables en terme de rentabilité car les banques ajustent avertis. Les banques sont donc amenées à préparer leurs leur pricing en conséquence et peuvent envisager d’accorconseillers de clientèle à cette exigence dans un contexte der des prêts à des clients qu’elles refusaient auparavant du de renouvellement massif des effectifs lié aux départs à la fait de leur profil de risque. Certains analystes vont jusqu’à retraite des personnes recrutées dans les années de banca- affirmer que Bâle II pourrait même amener les banques les risation de l’économie française (1966-1985). MIFid offre plus performantes à une révolution de leur business model toutefois des opportunités intéressantes pour les banques. leur procurant un avantage compétitif certain. Elle devrait, par exemple, les inciter à une évaluation plus Il y a cependant quelques ombres au tableau qui suscitent précise des besoins de leurs clients et les aider à acquérir des doutes au sein des établissements bancaires sur la pertiune meilleure connaissance du patrimoine de ceux-ci y nence d’un tel projet. Le calcul du niveau de fonds propres compris les avoirs à la concurrence - les conseillers clien- réglementaire repose en effet sur l’utilisation de modèles tèle de certaines banques auraient en effet des difficultés à statistiques élaborés en interne. Se pose donc la question de demander à leurs clients des renseignements précis sur ces la fiabilité des calculs des paramètres bâlois pour le risque placements. La directive devrait les décomplexer! C’est de crédit, compte tenu de l’insuffisance des données statisune révolution culturelle, qui nécessite de nombreuses tiques (historique des défauts souvent réduit). heures de formation notamment aux outils à la décision en De plus, dans le cycle économique actuel (haut de cycle) matière de placement mis à la disposition des conseillers à la réforme conduirait à une diminution de l’exigence en cette occasion. fonds propres, cette baisse serait toutefois lissée dans le Par ailleurs, la directive, en faisant voler en éclat le prin- temps, le régulateur imposant des seuils, et plus ou moins cipe de concentration des ordres et ainsi le monopole des importante selon les métiers. Bâle II devrait plutôt mener bourses traditionnelles, donne la possibilité aux banques à une ré allocation des fonds propres au sein des banques. de créer leur propre plate-forme d’échanges, MTF, comme Par exemple, la baisse devrait être significative sur les actil’atteste le lancement du projet Turquoise, ou d’internali- vités de détail en France du fait de la nature des crédits acser c’est-à-dire de confronter en interne les ordres de leurs cordés. Par contre on devrait assister à une forte volatilité clients, avec toutefois une obligation de transparence (limi- sur la banque de financement et une hausse du besoin en tée pour l’internalisation), à l’origine d’un surcoût signifi- fonds propres pour les activités d’asset management (introcatif. Il est peu probable donc que les banques, encore dans duction du risque opérationnel). la tourmente de la crise financière et bien qu’elles aient Pour autant cette baisse du niveau minimal exigé des fonds des réserves importantes accumulées au cours des années propres ne devrait pas provoquer une variation brutale des fastes, puissent exploiter immédiatement les opportunités fonds propres des banques. Celles ci sont en effet surcapinées de la réforme. Elles doivent aussi faire face à un autre talisées car l’écart entre le niveau de fonds propres réel et projet réglementaire de grande envergure: Bâle II. l’exigence réglementaire détermine le rating et ainsi le coût Bâle II exige également un investissement considérable de refinancement des banques. C’est pourquoi les banques car cet ensemble de nouvelles règles prudentielles signifie américaines touchées par la crise du subprime ont fait appour les banques une révision importante de leur système pel promptement aux fonds souverains pour se recapitalid’information et des procédures de contrôle des risques. ser. Les banques opèrent donc un arbitrage entre coût des Cette réforme conduit, en effet, à modifier radicalement fonds propres et rating. le processus de calcul du ratio de solvabilité – qui définit La principale critique toutefois qu’on puisse formuler le niveau de fonds propres à mettre en regard des risques contre cette réforme est surtout qu’elle accentue la volatipris - auquel elles sont soumises depuis 1988. Le ratio dit lité des fonds propres et par la même la procyclicité. L’écoratio Cooke, établi par Bâle I est considéré comme trop nomie pourrait donc connaître des phases plus marquées grossier et induit un déphasage important entre les risques de récession liées au resserrement du crédit et des phases réglementaires et les risques économiques supportés par la de croissance dopée par “l’exubérance” bancaire. banque. Il va donc être remplacé par un ratio dit MacDoCdlB nough, plus en adéquation avec les risques réellement supportés par la banque, car prenant en compte un ensemble Transac EDHEC - page 5 - Délit d’initié


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