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serait absurde

Résilier nos accords avec l’UE serait absurde

Pour des raisons très concrètes, les entrepreneurs portent un message commun: «NON» à l’initiative dite «de limitation». Souhaitons qu’ils soient entendus et que la grande majorité des votants rejettent cet objet, le 27 septembre prochain.

Qui peut juger pertinent de mettre aujourd’hui en péril la voie bilatérale? Pour quelle obscure raison choisirions-nous de nous couper de notre principal marché? Un tel choix semble relever de l’absurde! C’est pourtant ce sur quoi nous devrons nous prononcer le 27 septembre. Accepter l’initiative de résiliation reviendrait à mettre à mal l’emploi, la prospérité de la Suisse et la survie de son tissu économique, déjà fragilisé par la crise liée au Covid-19. Pourrait-on faire pire?!?

L’initiative dite « de limitation » exige la dénonciation de la libre circulation des personnes avec l’UE, mais n’impacte pas uniquement cet accord. En raison de la clause «guillotine» – qui porte un nom inquiétant pour une très bonne raison! – les six autres accords des Bilatérales I deviendraient caducs six mois plus tard. Le scénario catastrophe ne vous semble pas encore assez effrayant? Notez que d’autres accords, liés politiquement aux Bilatérales I, pourraient être menacés – tels ceux de Schengen et de Dublin, pourtant fondamentaux pour la sécurité et l’asile.

DES ACCORDS PRÉCIEUX POUR NOS ENTREPRISES

Même si l’on se concentre uniquement sur l’impact de la résiliation des Bilatérales I, le cauchemar se dessine. Concrètement, à quoi servent ces accords? A faciliter l’accès des entreprises suisses au marché européen et à améliorer la collaboration avec l’UE dans des domaines essentiels. Recherche, transports aériens et terrestres, reconnaissance mutuelle des normes, produits agricoles, libre circulation des personnes et marchés publics sont en effet encadrés par ces accords. Et ces derniers – patiemment négociés – se révèlent avantageux pour la Suisse. Pourquoi y renoncer sans alternative? L’exemple récent du Brexit a montré à quel point il est «facile» de renégocier avec l’UE…

La Suisse n’a pas négocié ces accords pour faire plaisir aux Etats voisins, mais parce qu’elle en avait besoin. Gardons cela à l’esprit, mais aussi ce que l’Europe représente en matière de débouchés pour nos exportations. 121 milliards de francs, cela n’a rien d’anecdotique! Comparé aux Etats-Unis (38 milliards de francs) ou à la Chine (12 milliards de francs), notre client européen pèse vraiment très lourd. Mais ce n’est pas seulement cet accès direct à notre principal marché qui est menacé. C’est aussi – pour les entreprises du pays – un accès à une main-d’œuvre qui manque en Suisse depuis plusieurs années, cela dans un cadre qui reste contrôlé.

UNE CRISE À GÉRER, PAS À AGGRAVER !

Depuis ce printemps, notre tissu économique est soumis à des difficultés inédites. On ne peut cerner précisément, à moyen et à long termes, les conséquences du coronavirus sur l’économie suisse et mondiale. Une certitude toutefois, partagée par les analystes: elles s’annoncent rudes.

La sécurité du droit et les accords commerciaux qui permettent à nos entreprises de fonctionner s’annoncent donc cruciaux. De droite à gauche de l’échiquier politique, en passant par le Conseil fédéral, la large coalition faisant front commun contre l’initiative de résiliation l’a bien compris. La CVCI a souhaité porter la voix des PME, dont elle défend les intérêts. Elle a offert à ceux qui travaillent, en cette période difficile, au maintien et au développement de leurs activités, l’occasion d’expliquer pourquoi l’initiative dite «de limitation» les mettrait en danger. La parole est à eux.

TEXTE FANNY OBERSON FANNY.OBERSON@CVCI.CH PHOTOS SHUTTERSTOCK & DR