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Parole d’expert Prévoyance 1e: mini-prix, maxi-soucis pour les assurés

Prévoyance 1e: mini-prix, maxi-soucis pour les assurés?

En envisageant un plan 1e pour ses cadres, l’employeur ignore que les coûts de la gestion seront supportés par les assurés. Ces derniers doivent bénéficier d’un conseil personnalisé, absent des solutions low cost qui prévalent sur le marché.

TEXTE PHILIPPE GAY, RESPONSABLE DE L’OFFRE SUISSE DE LA BANQUE LOMBARD ODIER & CIE SA

Force est de constater que l’employé assuré éligible à un plan 1e est purement et simplement absent du processus de sélection des partenaires 1e. Un paradoxe: depuis le changement de loi en 2019, c’est l’assuré seul qui assume les résultats économiques (positifs et négatifs) de la gestion de ses avoirs LPP surobligatoire mise sur pied par son employeur.

Pour l’employeur, qui n’est plus solidaire de l’évolution économique des avoirs 1e de ses employés assurés, cette réflexion est, par méconnaissance, mue par la pression sur les coûts, héritage du monde des assurances de personnes. L’entrepreneur va donc privilégier la solution à bas coût conseillée par son courtier, ignorant que cela n’aura aucun impact sur les charges de l’entreprise. En effet, c’est l’employé assuré au plan 1e qui assumera l’intégralité des coûts liés à la gestion de ses avoirs.

La mise sur pied d’un plan 1e doit pourtant créer une valeur ajoutée pour les assurés dès lors que ces derniers sont en mesure de prendre les bonnes décisions de stratégie de gestion avant d’en assumer les risques. L’architecture d’un plan 1e doit donc intégrer un prestataire professionnel de conseils financiers et patrimoniaux qui s’occupera de chaque employé assuré.

La responsabilité fiduciaire du gestionnaire de patrimoine privé est engagée: il s’occupera du suivi de chaque employé assuré, en fonction de sa situation personnelle globale (par exemple ses avoirs LPP et son patrimoine libre) et de son horizon de temps propre. Il en résulte un accès total à son conseiller personnel et à ses avoirs LPP, en toute transparence et en tout temps. incontournables quand ils optent pour un suivi personnalisé pour leurs hauts-cadres via un plan 1e: la fondation 1e et le gestionnaire de patrimoine privé, chargé des avoirs de prévoyance de chaque assuré.

« UN BANQUIER S’OCCUPERA DU SUIVI DE CHAQUE EMPLOYÉ ASSURÉ, EN FONCTION DE SA SITUATION PERSONNELLE GLOBALE ET DE SON HORIZON DE TEMPS PROPRE. »

Dans ce processus complexe de choix des partenaires, il est usuel que l’employeur recoure aux services d’un expert en prévoyance et/ou d’un courtier en prévoyance. Ce mandataire va alors apporter un conseil en fonction des stricts intérêts de son mandant avec, pour critère objectif d’aide à la décision le plus évident, le prix. Certaines solutions dites low cost, issues d’un monde mutualiste et institutionnel, sont pourtant aux antipodes de la prévoyance surobligatoire, dans laquelle l’assuré a l’opportunité - pour ne pas dire l’obligation - de devenir acteur de sa prévoyance.

Malheureusement, les solutions bon marché n’incluent pas la mise à disposition pour chaque assuré d’un gestionnaire de patrimoine privé; elles implémentent des plans de prévoyance très standardisés et fournissent des programmes de gestion d’actifs LPP via des fonds non transparents.

Avec un tarif minimal, l’assuré n’aura accès ni à un banquier attitré ni à ses avoirs LPP en tout temps. Sans ce support pourtant indispensable, l’assuré ne pourra pas savoir si la composante majeure de sa planification de retraite est adéquatement alignée à ses besoins personnels. Les mini-prix sont ici synonymes de maxi-risques pour l’assuré. Si l’employeur n’assume plus aucune solidarité sur le résultat global de la gestion des avoirs LPP surobligatoires 1e, un plan 1e réussi se doit d’inclure un accès total et complet pour tout assuré à un banquier privé dédié, en tout temps.

Dans un contexte de caisse surobligatoire responsable et durable, l’employeur et le courtier opteront pour le modèle que nous appelons de nos vœux afin de garantir la meilleure organisation aux assurés, d’autant plus que ces derniers assumeront les coûts induits de la gestion personnalisée dont ils bénéficieront.

Responsable de l’offre destinée à la clientèle privée résidente en Suisse, Philippe Gay est chargé de la stratégie commerciale de la Banque Lombard Odier & Cie SA sur le marché helvète. Banquier privé, il conseille et gère les avoirs d’entrepreneurs, indépendants et de familles. Il est titulaire d’un master en droit de l’Université de Lausanne.