EXXPERT
JAN TESSIER
Des outils pour mesurer la vulnérabilité et la fragilité Nombre de kinésithérapeutes voient passer au quotidien des patients âgés – un groupe de plus en plus nombreux qui souhaite continuer le plus longtemps possible à mener une vie autonome dans son environnement familier, ce qui nécessite des soins et thérapies adaptées dispensées par des soignants professionnels. Une vieillesse en bonne santé est étroitement liée au maintien ou au rétablissement de l’autonomie, qui favorise à son tour le bien-être global. Le patient gériatrique se caractérise toutefois par une certaine fragilité/vulnérabilité et présente un risque élevé de détérioration fonctionnelle et de dépendance. Dans cette population, l’autonomie est donc loin d’être une évidence. La définition opérationnelle de la fragilité (frailty) la plus fréquemment utilisée est celle de Linda Fried et al.[1] [2], qui en ont proposé une définition phénotypique reposant sur cinq éléments : • • • • •
Une perte de poids non intentionnelle Une faiblesse musculaire Un ralentissement de la vitesse de marche Une perte d’endurance Une baisse de l’activité physique
Une personne est considérée comme fragile lorsqu’au moins trois de ces critères sont réunis. Lorsqu’il n’y en a qu’un ou deux, on parlera de « pré-fragilité » ou de « fragilité intermédiaire » ; les sujets qui n’en présentent aucun sont dits « non fragiles » ou « robustes ». Plusieurs instruments de mesure sont utilisés pour garantir une thérapie optimale dans le cadre de la Classification Internationale du Fonctionnement humain (CIF). Ils nous permettent de déterminer d’une manière très simple si la personne concernée se trouve en situation de vulnérabilité et de donner des indications claires ou de développer une action plus ciblée. Bien souvent, il subsiste des capacités résiduelles suffisantes pour améliorer la situation par des exercices de force et d’équilibre.
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MARS 2020
Quels sont les outils de mesure recommandés en cas de vulnérabilité ou de fragilité ? • La Physical Performance Scale se compose de 2 tests : • L’échelle d’équilibre de Berg : une échelle d’équilibre bien connue, mais aussi un test des activités de la vie quotidienne (AVQ) • La vitesse de marche (test de marche sur 4 mètres, test de marche sur 10 mètres) • La force musculaire : • La mesure de la force de préhension (dynamomètre) • L’échelle MRC (Medical Research Council) Aux outils de mesure énumérés ci-dessus s’ajoutent une série d’autres possibilités pour mesurer la force musculaire, l’équilibre, la vitesse de marche et la fragilité, dont les mieux connus sont des tests de lever de chaise chronométrés comme le TUG (Timed Up and Go) ou le TCST (Timed Chair Stand Test), des tests d’équilibre comme le Four Test Balance scale, le test de Tinetti, le Functional Reach Test… Nous nous limiterons toutefois ici à ceux qui ont été mentionnés plus haut.
L’échelle d’équilibre de Berg[3] Elle permet de dresser le tableau des capacités fonctionnelles statiques et dynamiques. L’échelle de Berg évalue l’équilibre et repose sur 14 éléments, cotés sur une échelle ordinale à 5 points (de 0 à 4), le score maximal étant de 56 points. Ce test a démontré sa fiabilité, sa validité et sa réactivité et permet d’évaluer le risque de chutes, un score < 45 points étant associé chez les personnes âgées à un danger accru. Le tableau ci-dessus reprend les fourchettes considérées comme normales sur l’échelle de Berg. Un score inférieur à ces valeurs est associé à un risque de difficulté dans les AVQ et de vulnérabilité.