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La spiritualité pentecôtiste : le point où les personnes qui ne fréquentent pas l’Église et les pers

La clé pour que l’Église pentecôtiste atteigne le champ missionnaire des non-croyants et des personnes qui se sont éloignées de l’Église ne réside pas tant dans la théologie pentecôtiste que dans la spiritualité pentecôtiste. Dans un article intitulé « Pentecostal Spirituality » (La spiritualité pentecôtiste), Daniel Albrecht et Evan Howard affirment : « Les pentecôtistes réfléchissent certes à la théologie. [...] Cependant, ce qui distingue le plus les pentecôtistes, ce n’est pas leur théologie ou leur vie ecclésiale, mais plutôt leur sens de l’expérience de Dieu. Cela étant, il est approprié d’identifier le pentecôtisme comme une forme particulière de spiritualité. »1

Ils poursuivent : « Le pentecôtisme est un mouvement de l’Esprit, et la spiritualité concerne fondamentalement la vie dans le Saint-Esprit. »2

Pour être clair, cela n’enlève en rien la nécessité d’une théologie solide qui sous-tend notre doctrine et notre pratique dans la tradition pentecôtiste. L’expression latine fides

quaerens intellectum, attribuée à Anselme de Cantorbéry, est souvent traduite par « la foi en quête de compréhension ». Cette expression a été utilisée comme définition pratique de la théologie. Elle souligne également la nécessité d’une réflexion théologique continue. La théologie est importante parce que nous avons besoin non seulement d’une foi inspirée, mais aussi d’une foi éclairée.

La spiritualité en Amérique

Le terme « spiritualité » est devenu quelque peu à la mode dans notre langage courant contemporain. Une étude menée par Pew Research en 2023 révèle que près de 40 % des Américains n’ont aucun lien avec une religion organisée. Malgré leur absence d’appartenance religieuse, la plupart d’entre eux se disent néanmoins très croyants ou spirituels sur le plan personnel. Environ 70 % des adultes américains se considèrent comme « spirituels » et déclarent que la spiritualité est un aspect très important de leur vie. Environ 10 % des personnes interrogées ont répondu qu’elles se considéraient comme spirituelles mais non religieuses. En outre, 22 % ont répondu qu’elles n’étaient ni spirituelles ni religieuses.3

La spiritualité pentecôtiste

Dans son article intitulé « Pentecostal Spirituality: Ecumenical Potential and Challenge » (Spiritualité pentecôtiste : potentiel œcuménique et défi), David Albrecht utilise la définition instructive suivante de la spiritualité : « l’expérience vécue qui actualise une dimension fondamentale de l’être humain, la dimension spirituelle, à savoir « l’ensemble de l’expérience spirituelle ou religieuse d’une personne, ses croyances, ses convictions, ses modes de pensée, ses émotions et son comportement à l’égard de ce qui est ultime, ou Dieu ».4 La définition proposée dans cet article est instructive car elle rend compte de la nature holistique de la spiritualité. Elle replace également la spiritualité dans ce que Paul Tillich appelle « la préoccupation ultime ». Pour les chrétiens, cette préoccupation ultime est le Dieu trinitaire incarné en la personne de JésusChrist par la puissance du Saint-Esprit.

Le point de convergence

C’est grâce à ce lien entre la spiritualité (préoccupation ultime) et la mission de l’Église qui consiste à réconcilier le monde avec Dieu par la puissance du Saint-Esprit que la spiritualité pentecôtiste peut être mise en avant et utilisée comme point de convergence avec le champ missionnaire des non-croyants

et des personnes qui se sont détournées de l’Église. Albrecht définit la spiritualité comme « les expériences vécues de la foi chrétienne ».5 À cette définition, j'ajouterais « par la puissance du Saint-Esprit ».

Steven Land écrit dans Pentecostal Spirituality: A Passion for the Kingdom (La spiritualité pentecôtiste : une passion pour le royaume) : « La plénitude du corps du Christ expérimentée dans une relation appropriée avec l’Esprit, la Parole et la communauté a pour corollaire une vision de la spiritualité qui est l’intégration des croyances, des affections et des actions (connaître, être et faire). En effet, pour une théologie pentecôtiste en tant que spiritualité, dont le point de départ est le Saint-Esprit. »6 Au chapitre trois de son livre, Land analyse ce qu’il appelle les trois affections chrétiennes : (1) la gratitude comme louange-action de grâce, (2) la compassion comme amour-désir, et (3) le courage comme confiance-espérance. Il soutient que « le cœur ou le centre intégrateur de la spiritualité se trouve dans les affections  » 7 Il présente ces affections dans un contexte pentecôtiste unique. Il postule qu’« elles peuvent être légitimement qualifiées d’affections apocalyptiques, car elles sont constituées par la réalité et la vision eschatologiques distinctives des pentecôtistes ».8

L’utilisation par Land du terme « affections apocalyptiques » et sa place dans un contexte pentecôtiste unique s’oppose au concept général d’affections apocalyptiques qui fait référence à « la manière dont les émotions et les attachements sont vécus et exprimés dans un contexte apocalyptique ou postapocalyptique. Cela peut impliquer des sentiments intenses de perte, de peur et de désespoir, mais aussi des liens inattendus, une résilience et une réévaluation de ce qui compte vraiment. »9 Cela décrit bien la condition du monde qui doit être réconcilié avec le Christ par la puissance du SaintEsprit.

Mon argument en faveur d’une focalisation sur la spiritualité pentecôtiste, en particulier celle qui est centrée sur les affections telles que présentées par Land, n’est pas une

panacée, mais peut en effet être un moyen de cadrer le message de réconciliation dans le contexte d’une spiritualité qui fait écho et qui répond au désespoir et à la désolation ressentis et vécus, en particulier par ceux qui ne sont pas engagés dans l’Église. Que le Saint-Esprit, source de spiritualité, nous guide et nous conduise.

1 Daniel E. Albrecht and Evan B. Howard, “Pentecostal Spirituality,” in The Cambridge Companion to Pentecostalism, edited by Cecil M. Robeck, Jr. (Cambridge University Press, 2014), 235.

2 Albrecht and Howard, “Pentecostal Spirituality.”

3 Pew Research Center, Spirituality Among Americans, December 7, 2023, https://www.pewresearch.org/wp-content/uploads/sites/20/2023/12/ PR_2023.12.7_spirituality_REPORT.pdf.

4 Anne E. Carr, quoted by Daniel E. Albrecht, “Pentecostal Spirituality: Ecumenical Potential and Challenge,” Cyberjournal for PentecostalCharismatic Research 2, July 1997, http://www.pctii.org/cyberj/cyberj2/albrecht.html#N_3_.

5 Albrecht and Howard, Pentecostal Spirituality, 235.

6 Steven Land, Pentecostal Spirituality: A Passion for the Kingdom (Cleveland, TN: CPT Press, 2010).

7 Land, Pentecostal Spirituality

8 Land, Pentecostal Spirituality

9 “Toward Apocalyptic Experience: Images and Narratives of the End,” https://portal.research.lu.se/en/activities/towardapocalyptic-experience-images-and-narratives-of-the-end.

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