L'architecture comme expérience: SANAA - PETER ZUMTHOR

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l'architecture, il crée une quatrième dimension de l'espace. L'architecture pour Zumthor n'est donc pas seulement un art de l'espace mais également un art du temps, c'est à dire du déplacement. Le travail de l'architecte réside donc dans l'organisation de ces déplacements. Par des tensions, des dilatations de l'espace, en créant par la forme, les matériaux, leur mise en ouvre des espaces accueillants ou repoussants, Zumthor induit une réaction chez le visiteur qui l'espace d'une certaine manière. Cependant, Zumthor insiste sur le fait que cette organisation de la perception doit rester inconsciente chez le visiteur et surtout jamais autoritaire et trop directive. Pour la notion de flânerie demeure au cœur de sa conception, de point de vue il se rapproche de SANAA, mais s'en diffère par l'organisation subtile de cette flânerie.

Le septième chapitre s'intéresse à la tension entre l'intérieur et l'extérieur et s'intéresse au visage que montre une architecture au monde, et le rapport qu'entretien l'enveloppe avec le sujet. Elle peut en effet rassembler ou au contraire isoler. Le rôle de l'architecte est là encore prédominant. Si SANAA ouvre ses bâtiments et semblent abolir la cloison comme fermeture spatiale, Zumthor joue beaucoup plus sur des espaces ouverts ou fermés pour différencier les rapports qu'entretiennent les visiteurs avec l'espace architectural. Le cas du Pavillon de la Serpentine Gallery3, installé éphémèrement chaque été au Kensington Gardens, à Londres, est particulièrement intéressant puisque SANAA comme Zumthor l'ont conçu; en 2009, pour les Japonais et en 2011, pour le Suisse. Sejima et Nishizawa, ont proposé une simple couverture réfléchissante, ondulant pour ne pas perturber les arbres présents sur le site, et portée par de fins poteaux quasiment inexistants; Zumthor lui a adopté une démarche radicalement différente. Son bâtiment présente un visage très silencieux vers l'extérieur; ce monolithe noir à peine percé semble plus vouloir repousser qu'accueillir. Seuls les chemins d'accès ondulant à travers la pelouse, invitent le visiteur, curieux, à entrer dans l'obscurité que présentent les deux entrées en chicane, très étroites, que l'on ne peut arpenter qu'individuellement. Le visiteur, après avoir franchi cet "obstacle", après avoir expérimenté l'espace par phases successives (la nature du parc, les chemins ondulant qui conduisent aux entrées, les entrées

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voir photographies en annexe

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