Mémoire HMONP

Page 1

Habilitation à l’exercice de la Maitrise d’Oeuvre en son Nom Propre, Mémoire sous la direction de Romain ROUSSEAU

L’ i n n o vat i o n L a R echerche & D éveloppement

au

quotidien.

appliquée à l ’ architecture

Clément GUENEGO

.Ecole Nationale Supérieure d’Architecture 19 juin 2015

de

Nantes.

.


remerciements

Je tiens à remercier sincèrement Christophe PALOU, qui m’a offert la possibilité de finaliser ma formation d’architecte en agence, et Romain ROUSSEAU qui m’a aiguillé et conseillé dans la réflexion et la rédaction de ce mémoire.

Illustrations de couverture: . X-TU, façade SymBio 2, 2012. . Lacaton & Vassal, ENSA Nantes, 2009. . Rudy Ricciotti, MuCEM, 2013. . Wang Shu, Musée Historique de Ningbo, 2008. . Construire (Patrick Bouchain), Ensemble à Tourcoing, 2013.

2

La Roche-Bernard - Nantes, Janvier - Mai 2015.


table des matières avant-propos.

................................................................ 5

introduction.

................................................................ 9

I theorie et definition. .................................................... 13 1. 2.

............................................................ 14 ................................. 15

définition de la r&d

application de la r&d à l’architecture

II application juridique et administrative. ......................... 21 1. point de vue des différents acteurs du monde de l’architecture ... 22 .... a. ordre des architectes ..................................................................... .... b. legislateur ..................................................................................... .... c. pouvoirs publics .............................................................................. .... d. assurances ...................................................................................... .... e. bureaux d’etude et de contrôle .........................................................

2.les

outils

architectes

juridiques

et

administratifs

à

la

disposition

22 24 29 32 33

des

................................................................................. 35

.... a. les statuts juridiques de sociétés ...................................................... 35 .... b. les outils de l’innovation ................................................................... 37 .... c. les cadres propices à l’innovation ........................................................ 40

III application concrète. .................................................. 45 1. rendre possible la r&d ................................................................ 46 .... a. organisation de l’agence ..................................................................... 46 .... b. financements ..................................................................................... 49

2. les relations de la r&d ................................................................ 54 .... a. la maitrise d’ouvrage ......................................................................... 54 .... b. les partenariats à developper ............................................................. 55 conclusion.

........................................................................... 59

carnet de bord.

.................................................................................... 63

procédé riz’hôme. bibliographie.

............................................................. 75

.................................................................. 81

3


4


avant - propos

5


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Elevé dans un milieu familial de constructeurs où prime le respect de la matière naturelle et la simplicité des éléments qu'induit une économie du bon sens et de la sobriété, mes pas m'ont naturellement conduit vers les études d'architecture. Entre autres, un stage d'observation en 2006 à l'agence de Christophe Palou, à la Roche-Bernard (56) a alimenté mon intérêt pour la profession. Diplômé en septembre 2013 de l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-Val de Seine, j'ai profité de ces cinq années d'études dont une à l'étranger (Università La Sapienza, Rome) pour approfondir personnellement mes connaissances dans une sensibilité environnementale de l'architecture, où les notions de matière, contexte et cohérence sont mises en avant. Après un an et demi, d'expériences diverses, liées de près ou de loin à l'architecture mais toujours riches (du chantier au musée), je retrouve Christophe Palou dans le cadre de ma Mise en Situation Professionnelle de l'HMONP, dispensée à l'ENSA Nantes. Cet architecte DPLG a depuis plusieurs années d'exercice déjà, mis en application une volonté d'innovation. Spécialisé dans l'architecture bioclimatique, il a toujours eu à cœur de développer des techniques et des mises en œuvre innovantes pour une architecture intelligente, efficace et plus respectueuse de l'environnement. Cette réflexion porte particulièrement sur les matériaux bio-sourcés, localement abondants et aux potentiels intéressants. Elle a ainsi conduit à un dépôt de brevet sur une système d'isolation en roseaux1, présenté en annexe de ce mémoire. D'autres projets sont en incubations En parallèle de ma MSP actuelle, nous travaillons à la création d'une SARL d'architecture en association, une fois ma formation d'architecte totalement validée et mon inscription à l'Ordre des Architectes effective. La formation HMONP me permet de me familiariser avec la réalité du métier et de mieux appréhender ce statut futur de co-responsable d'agence. Au sein de cette nouvelle structure, la volonté est clairement affichée de donner une place plus importante et pérenne à cette pratique déjà existante, de recherche expérimentale, qu'on peut également qualifier de R&D.

1

procédé ryzHome, développé en partenariat avec Mireille Avril, gérante de la société de construction du même nom et faisant l'objet d'un brevet déposé en 2014.

6


L’innovation au quotidien.

Le travail de l'agence est principalement centré sur la maison individuelle et les équipements publics ou ERP de taille relativement limitée. Si les moyens matériels de l'agence et la taille des projets restent modestes, l'envie de recherche et d'innovation n'est pas moins très présente. Cependant la pratique de cette R&D dans une agence de ce type pose de nombreuses questions d'ordre organisationnel, réglementaire ou encore, bien entendu, économique. Ce sujet faisant l'objet de réelles interrogations pour une mise en œuvre concrète prochaine, j'ai tout naturellement profité de cette formation HMONP et ce mémoire l'accompagnant pour développer ces questions et y apporter, dans la mesure du possible, les réponses éclairantes.

7


8


introduction

9


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

10


L’innovation au quotidien.

L'exercice de l'architecture, art-technique s'il en est un, est une perpétuelle remise en question des acquis, une réflexion toujours renouvelée, tant par la création artistique que l'évolution des techniques. En cela, l'architecture est par essence une recherche. L'évolution des styles et des techniques constructives qui jalonnent l'histoire de l'architecture témoignent de ce développement continu. Dans un monde en mutation, l'architecte a, par son rôle de sachant, le devoir d'imaginer des cadres de vie en cohérence avec les besoins et les contraintes d'une époque précise et donc de s'adapter à ces modifications. L'échelle temporelle de l'architecture étant d'amplitude longue, anticiper ces changements techniques, sociologiques, économiques climatiques etc... et pouvoir apporter des réponses durables est de première importance. Si cette réflexion peut se faire de manière implicite, par essence même de l'architecture, elle existe aussi sous une forme plus institutionnalisée répondant au terme de "Recherche et Développement" simplifié en R&D (et parfois également en RDI: Recherche-DéveloppementInnovation). L'OCDE qui la régit, la définit comme étant l'ensemble des "travaux de création entrepris de façon systématique en vue d'accroître la somme des connaissances, y compris la connaissance de l'homme, de la culture, et de la société, ainsi que l'utilisation de cette somme de connaissance pour de nouvelles applications."2 . Fort d'un intérêt pour cette recherche en architecture à la fois personnel et faisant l'objet d'une réelle demande professionnelle concrète et aux conséquences directes à court terme, ce mémoire a donc pour objectif de présenter la R&D appliquée à l'architecture et de mieux comprendre ce qu'une telle pratique induit au sein d'une agence. Comment intégrer une activité de R&D dans une agence d'architecture, tant sur le plan théorique que sur les plans normatifs, économiques et organisationnels? Afin d'y répondre, nous aborderons d'abord le champs théorique avant d'étudier la question sous l'angle juridique et administratif puis concret de l'application au quotidien dans la vie de l'agence.

2

OCDE, Manuel de Frascati, 2002, 292 p.

11


12


i

.

théorie et definitions

Le terme de Recherche & Développement est défini et régi par l’OCDE, comme étant l’ensemble des «travaux de création menés de façon systématique pour accroitre la somme des connaissances humaines et concevoir des applications nouvelles». Selon le Manuel de Frascati, texte fondateur, ces travaux de recherche sont eux-mêmes divisés en trois catégories: la recherche fondamentale d’une part et la recherche appliquée et le développement expérimental, d’autre part, aux visées plus concrètes et à la méthode plus empirique, basée sur l’amélioration par l’analyse. Cependant cette classification administrative révèle ses faiblesses dans son application à l’architecture, discipline où la recherche et l’innovation sont intrinsèquement liées à la pratique. Le processus de conception qui caractérise chaque étape du projet, de sa première esquisse (voire de sa programmation) à la finalisation du chantier, est très souvent inédit et sans cesse renouvelé. Chaque projet, site, programme est unique et demande une réponse exclusive. L’élaboration successive de prototype architecturaux, se nourrissant les uns des autres certes, mais toujours uniques ne mérite t’elle pas l’appellation de R&D? 13


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

1.Définition de la R&D L'OCDE, Organisation de Coopération et de Développement Economique, est une institution internationale qui s'est donné pour mission de "promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde"3. Aujourd'hui composée de 34 paysmembres, elle collecte leurs données économiques et publie régulièrement des analyses, recommandations économiques et statistiques. "Les travaux de création menés de façon systématique pour accroitre la somme des connaissances humaines et concevoir des applications nouvelles"4, autrement dit la Recherche et Développement, sont classés selon elle en trois types d'activité: la recherche fondamentale, la recherche appliquée, et le développement expérimental. La première désigne les "les travaux expérimentaux ou théoriques entrepris principalement en vue d'acquérir de nouvelles connaissances sur les fondements des phénomènes et des faits observables, sans viser une application ou utilisation particulière."5. La deuxième, se différencie de la recherche fondamentale par sa finalité. Elle est entreprise "dans un but ou objectif concret.". Enfin, le développement expérimental désigne "les travaux menés de manière systématique sur la base des connaissances existantes, tirées de la recherche ou de l'expérience pratique, pour fabriquer de nouveaux matériaux, produits ou dispositifs, mettre en place de nouveaux procédés, systèmes et services, ou améliorer considérablement l'existant"6. Ainsi, si les deux premières catégories évoquent une réflexion ex-nihilo, la dernière peut être considérée comme empirique et être le fruit de constatations et déductions plus que de création pure. Elle n'en est pas moins intéressante, et est l'acte de recherche le plus fréquemment usité, implicitement et naturellement. La première réflexion de l'OCDE sur le thème de la recherche remonte à 1963, lors d'une conférence à Frascati, en Italie. Ses conclusions, réactualisées six fois depuis, sont regroupées dans le Manuel de Frascati7. La dernière version date de 2002. Cet ouvrage donne les définitions des différents termes de la R&D et assure le suivi de ses actions par le biais d'indicateurs statistiques fiables, objectifs et réguliers. Il se fonde "sur

3

définition donnée sur le site de l'OCDE, www.oecd.org/fr/ OCDE, Manuel de Frascati, 2002, p.34 5 ibid. 6 ibid. 7 ibid. 4

14


L’innovation au quotidien.

l'expérience acquise à partir des statistiques recueillies dans les pays membres de l'OCDE."8 et a pour objectif de "mieux faire comprendre le rôle de la science et de la technologie par l'analyse des systèmes nationaux d'innovation", tout en contribuant "aux débats intergouvernementaux sur les pratiques optimales en matière de politiques scientifiques et technologiques."9. Ce Manuel de Frascati a été ensuite complété par les Manuels d'Oslo 10 (concernant plus particulièrement l'innovation) et de Canberra11 (à propos des ressources humaines). 2.Application de la R&D à l'architecture. La recherche en architecture se concentre surtout sur les deux dernières catégories: la recherche appliquée et le développement expérimental. Le processus de recherche a principalement pour but la réalisation d'un projet architectural, le développement d'un nouveau matériau ou d'un nouveau procédé de mise en œuvre. Cette finalité concrète pousse donc à minimiser la place de la recherche fondamentale dans la création architecturale. On peut se demander à ce propos comment définir la R&D dans le domaine de l'architecture dans la mesure où chaque nouveau projet, nouveau site, nouveau programme constitue une recherche en soit. Un projet architectural est, à priori, unique et constitue donc un prototype pour lequel il est certes possible de réutiliser des références, des systèmes constructifs, des matériaux déjà utilisés auparavant, mais qui seront assemblés, pensés, mis en relations différemment. La loi de 1977 sur l'Architecture12 stipule en premier lieu que "La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant [...] sont d'intérêt public.". Elle insiste donc sur le fait que chaque projet doit être unique puisqu'adapté à un contexte donné et une demande précise. Le Code de déontologie des Architectes13 évoque par son article 24 l'interdiction du plagiat. De la même façon, il évoque l'unicité du projet donc la recherche inédite que constitue la création architecturale. Le processus de conception peut-il donc être considéré comme producteur de savoir? Peut-il être valorisé comme tel et remobilisé par ailleurs? En effet, un projet s'il est unique, est nourrit des expériences passées de son concepteur ou de celles qu'il a pu observer. Ainsi, quand Filippo Brunelleschi conçoit le dôme de Sainte-Marie-de-la-Fleur à Florence, prouesse 8

OCDE, Manuel de Frascati, 2002, p.5. ibid. 10 OCDE, Manuel d'Oslo, 2005. 11 OCDE, Manuel de Canberra, 1995. 12 Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l'architecture 13 Code de déontologie des architectes, 23 septembre 1992. 9

15


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

extraordinaire pour l'époque, il a auparavant étudié dans le détail celui du Panthéon de Rome. A son tour pour construire Saint-Pierre de Rome qui dépasse par sa taille l'édifice antique, mille ans après sa construction, le Florentin Michel-Ange aura observé longuement le dôme de sa ville. Le processus de conception se retrouve à diverses étapes du projet: en Esquisse, APS, APD mais aussi DCE et OPC, le chantier comportant également sa part de détails techniques, d'assemblages à réfléchir. Ainsi, un projet, sur toute sa durée, consisterait-il une recherche appliquée (essentiellement pour les phases Esquisse, APS, APD) ou un développement expérimental (DCE, OPC...)? Le Manuel de Frascati demeure flou sur ce sujet précis et n'apporte pas de réponse claire dans sa définition de la R&D. S'il énonce la liste des activités à exclure de la définition, aucune ne caractérise entièrement l'activité de l'architecte. Ainsi, l'enseignement ou encore les études de faisabilité ne peuvent être comptabilisées dans la R&D. Bien qu'elles puissent en faire partie, ces activités ne couvrent pas la totalité du processus de conception et de la réflexion de recherche que peut mener un architecte au quotidien. Difficile donc de faire la distinction entre le projet, tel que l'architecte le réfléchit habituellement, et la recherche définit comme telle et reconnue institutionnellement. La principale différence réside certainement dans la demande qui précède l'exercice. En effet, un projet réponds à une commande formulée par un tiers dans un cadre clair (réglementation, budget, délais etc...). Au contraire, la recherche est plus souvent une initiative personnelle menée par un professionnel qui peut s'affranchir, un temps, de certaines règles réelles pour mener à bien sa réflexion. La finalité concrète de la recherche en architecture, pousse cependant le chercheur à très vite intégrer le cadre global et complet, sans éluder une ou plusieurs de ses composantes. Le rôle du processus de conception architecturale comme activité de recherche renvoie à l'opposition séculaire de l'architecte-théoricien et de l'architecte-constructeur. S'opposent finalement ici la recherche fondamentale d'une part, et la recherche appliquée et surtout le développement expérimental d'autre part. Le travail de certains architectes pour qui la recherche lors de la phase de conception est mise très en avant illustre particulièrement cette idée. Ainsi, par exemple Wang Shu, ou en France, Patrick Bouchain et le collectif Construire et il y a plusieurs décennies Jean Prouvé placent l'expérimentation au centre de leur

16


L’innovation au quotidien.

Une innovation par l’observation et l’expérimentation empirique. le Panthéon de Rome, Le Dôme Sainte-Marie-dela-Fleur à Florence et Saint Pierre de Rome.

17


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

préoccupation. Wang Shu, déclare "Ma méthode [...] est avant tout d'essayer."14. Il expérimente la matière pour créer ses projets, en recyclant, réutilisant des matériaux déjà usités, concevant de nouvelles façons de les mettre en relation. Patrick Bouchain et son collectif par ses Universités et Ecole Foraines de Clermont-Ferrand, Rennes ou Saint-Jacquesde-la-Lande, ses projets de restructuration de quartiers de logement social Ensemble à Tourcoing et Boulogne-sur-Mer a largement montré que la phase de conception créait un savoir, des process de projet et des procédés de construction inédits. Enfin, Jean Prouvé n'aura eu de cesse d'inventer de nouveaux concepts techniques au service de ses projets ou de ceux auquel il a contribué: citons, entre autres, la Maison du Peuple de Clichy-la-Garenne et ses murs et planchers escamotables et le siège du Parti Communiste et ses murs-rideaux. Signalons par ailleurs que parmi ces trois exemples d'architectes-constructeurs emblématiques d'une méthode de projet empirique, ni Jean Prouvé, ni Patrick Bouchain, n'étaient et ne sont théoriquement architectes. L'expérimentation concrète de l'architecture n'appartiendrait-elle alors plus aux architectes eux-mêmes? La nature de leur mission et leur rôle historique dans la société le laisse pourtant évidemment penser. Ainsi, la notion de R&D reste particulièrement compliquée à cerner dans le domaine de l'architecture. La recherche et la conception qui accompagne l'ensemble des étapes du projets sont incluses dans l'ADN même de la profession. En plus de ce processus de conception sans cesse réitéré, l'architecte a également pour rôle intrinsèque d'innover, de faire avancer les connaissances sur le sujet et d'adapter ses réponses à une société en mutation. Actuellement l'innovation des matériaux et des techniques est majoritairement apportée par les ingénieurs et les grands groupes industriels, on peut déplorer le peu de place qu'occupent les architectes dans ce domaine. N'oublions pas qu'historiquement, l'architecte était avant tout un constructeur, un maîtrebâtisseur, pour qui la création architecturale et la technique n'était en rien différenciée, mais au contraire se nourrissant l'une, l'autre pour innover. Ainsi, quand l'Abbé Suger15 énonça les prémisses du gothique en bâtissant la basilique de Saint-Denis, l'innovation structurelle des croisées d'ogives spectaculairement légères pour l'époque était au service de la théorie et de la

14

RENAUDIE Serge. Wang Shu, les secrets d'un homme. Le Courrier de l'Architecte, 06/11/2013 Rappelons cependant qu'il serait abusif de lui attribuer la paternité complète des croisées d'ogive donc du gothique tant son invention s'est faite par étapes et essais successifs. La basilique de Saint-Denis demeure l'édifice où ces techniques se sont imposées pour la première fois avec autant de force. 15

18


L’innovation au quotidien.

mystique du projet: l'élancement vers le ciel et l'entrée majestueuse de lumière pour s'approcher du divin. Selon Dominique Alba, citée dans le Rapport Bloche16, actuellement seulement 0.3% de la recherche menée en France concerne le bâtiment. Ce chiffre est d'autant plus alarmant que nous nous trouvons dans une période de mutations profondes du cadre de vie, climatiques (réchauffement généralisé, épuisement des ressources fossiles...), ou encore sociologiques (accroissement démographique , évolution des modes de vie, des familles...). Ces modifications auxquelles l'humanité est aujourd'hui exposée viennent pourtant renforcer cette importance du rôle de chercheur et inventeur de l'architecte. A ce propos, François Delhay, associé de l'agence Bloskop, connue pour ses recherches sur le logement, insiste sur le fait qu' "il est indispensable d'innover pour rendre possible ce qui est actuel."17 Si les réglementations thermiques successives ont imposé une prise de conscience et un travail des architectes pensé dans une visée environnementale, elles ont pour effet pervers de standardiser la construction par des règles et des mises en œuvre de matériaux identiques à tous les projets. Cependant plutôt que de déplorer cette standardisation appauvrissante, ne pouvons-nous pas voir ici un défi à relever, un travail d'innovation à mener pour dépasser cette contrainte? Cette ambigüité théorique (l'architecte n'a tout simplement pas attendu l'invention du concept de R&D pour travailler sur l'innovation des savoirs et des techniques) n'empêche en rien aujourd'hui de nombreux architectes et agences de mener au quotidien des activités de recherches approfondies plus ou moins définies sous le terme de R&D. Dans un état de droit tel que la France contemporaine, un ensemble de lois et codes régissent l'exercice d'une profession réglementée et supervisée par un Ordre comme l'est l'architecture. On peut se demander comment ces règles, qui protègent à la fois les professionnels et les maîtres d'ouvrage en offrant un cadre stable, prennent en compte cette activité plus libre qu'est la recherche expérimentale.

16

BLOCHE Patrick, Rapport d'information n.2070 déposé par la Commission des Affaires Culturelles et de l'Education sur la Création Architecturale, Paris, 2 Juillet 2014, p.108. 17 DELHAY François, La réponse de Boskop aux comportements contemporains mobiles et flexibles, Le courrier de l'architecte, 27/10/2010.

19


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

20


ii

.

application juridique et administrative

Le cadre juridique et administratif appliqué à la R&D est complexe et de nombreux freins en ralentissent l’application. Les différents points de vue affichés des acteurs du monde la construction vont globalement dans le sens de l’innovation. Concrètement la situation est toute autre. Le législateur, les assureurs, les bureaux de contrôle ne permettent pas toujours à l’architecte de concevoir des projets innovants. La situation n’est heureusement pas figée, et semble évoluer vers une plus grande souplesse, levier d’une innovation plus dynamique. L’application de la R&D est également facilitée par des cadres, majoritairement publics, la finançant et la garantissant: statuts et labels d’entreprises spécifiques, certifications du CSTB, programmes publics de recherche et concours d’idées... Ainsi, l’architecte voulant mener une activité de R&D doit savoir éviter les écueils normatifs et administratifs tout en saisissant les opportunités qui se présentent à lui. 21


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

1.Point de vue des différents acteurs du monde de l'architecture. a-L'Ordre des Architectes. L'Ordre des Architectes, par son statut d'instance régissant la profession, en donne les orientations et constitue le principal interlocuteur avec le législateur quant aux normes sur l'architecture. Il est donc un acteur du cadre juridique et administratif incontournable. Dans le Livre Blanc des Architectes18, manifeste pour une profession repensée, publié par l'Ordre en 2004, le 24e point questionne le statut de la recherche dans la mission première de l'architecte par un biais intéressant. Il demande en effet que "le travail de conception soit réellement reconnu et que par conséquent, il soit rémunéré à son juste prix comme dans d'autres secteurs encore trop restreints, qui en ont parfaitement compris la nécessité (l'automobile ou l'aéronautique).". La rémunération juste de ce travail sous-entend donc, comme on l'abordait plus haut, qu'il produit un service, un savoir vendu ensuite à un client. Ce point aborde donc l'importance de revaloriser cette phase primordiale du projet, cette compétence de l'architecte. Rémunérer un professionnel de l'architecture pour une construction, ne doit pas concerner seulement la construction finale, "la maison clé-en-main", mais aussi le travail préalable qui fait que celle ci est unique. A propos plus spécifiquement de la R&D au sens de l'OCDE, l'Ordre semble être de bonne volonté. Ainsi, dès 2005, dans son allocution au 4e Forum Européen pour le Développement Durable et une Entreprise Responsable et intitulé "Faire appel à l'innovation et à la créativité plutôt qu'à l'approche technocratique."19, Laurence Croslard, alors vice-présidente du Conseil National de l'Ordre des Architectes évoque une démarche inscrite dans une logique d'innovation et le besoin "d'accentuer nos efforts de recherche, de développement et d'innovation afin d'accroître notre capacité à répondre aux défis économiques, environnementaux, sociaux et culturels [et de] promouvoir les bonnes pratiques au-delà des exigences légales, atteindre les objectifs plutôt que répondre à des normes."

18

ORDRE DES ARCHITECTES, Le Livre Blanc des Architectes, Paris, 2004. CROSLARD Laurence, Faire appel à l'innovation et à la créativité plutôt qu'à 'approche technocratique, intervention au 4e Forum Européen pour le Développement Durable et une Entreprise Responsable, 1er Avril 2005, disponible sur http://www.architectes.org/developpement-durable/debats/faire-appel-a-l2019innovation-etla-creativite, consulté le 17/04/2015. 19

22


L’innovation au quotidien.

La Charte d'engagement des Architectes en faveur du Développement Durable20 reprend ces mots et les complète. Dans son article 7, elle stipule: "L'architecte: -Accroit ses capacités à répondre aux défis culturels, sociaux, environnementaux et économiques en accentuant ses efforts de recherche, de formation et d'innovation et de créativité. - Anticipe les besoins par une approche globale en renforçant la transversalité les savoirs, les pratiques et les techniques." Ainsi, par ces mots, l'Ordre encourage la recherche et le développement expérimental. Comme questionné précédemment, l'Ordre semble également voir dans l'approche environnementale devenue nécessaire l'occasion de remettre l'architecte au cœur de l'innovation, afin que "l'innovation et la créativité" prenne le dessus sur "l'approche technocratique". De plus, l'article 6 du Code des Devoirs21 déclare que "Tout architecte se doit de prêter son concours aux actions d'intérêt général en faveur de l'architecture.". La recherche visant à améliorer l'architecture au sens théorique et à augmenter les connaissances sur le sujet semble bien évidemment remplir ces conditions. Tout architecte devrait donc théoriquement s'impliquer dans la recherche, quelque que soit sa forme. Cependant, si les déclarations d'intentions sont réelles, la réalité offre plus d'obstacles. En particulier, la législation actuelle, qui, si elle a été crée pour protéger la profession, ne facilite pas, par sa trop grande rigidité, les applications différentes du métier de l'architecte. Ainsi, il est difficile pour un architecte de travailler au sein d'une société transdisciplinaire de maitrise d'œuvre (en association avec des ingénieurs par exemples). En effet, la règle du cloisonnement des disciplines dictée par la loi de 1977 rend compliquée la position de l'architecte dans une société offrant d'autres prestations. Le rapport de force peut être également déséquilibré par l'obligation de majorité des parts détenue par l'architecte. Le projet d'agence en association avec Christophe Palou était à l'origine plus large et regroupaient plusieurs compétences (architecture mais aussi structure, thermique et fluide...) regroupées pour une meilleure mutualisation au service du projet et de la recherche expérimentale. Les trop fortes contraintes légales ont conduit à l'abandon du projet et à la 20

ORDRE DES ARCHITECTES, Charte d'engagement des Architectes en faveur du Développement Durable, Paris 2005. 21 Code de Devoirs, 25 Mars 1980.

23


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

poursuite d'un exercice plus classique en agence d'architecture et bureaux d'étude partenaires mais indépendants. L'Ordre, par son contact avec les instances dirigeantes demeure le plus à même de faire évoluer les réglementations dans ce sens. Pourtant, le thème reste relativement peu abordé de façon concrète dans ses différentes publications et rapports d'activité et ne semble pas figurer dans ses priorités actuelles. b-Le législateur La législation actuelle à propos de l'architecture est aujourd'hui régie principalement par la loi du 3 Janvier 1977. Si elle a été crée initialement dans le but de protéger la profession en lui offrant un cadre stable, bientôt 40 ans plus tard, celui-ci n'est plus toujours adapté à l'exercice actuel de l'architecture. De plus en plus de facettes du travail de l'architecte, dont l'innovation et la recherche, se trouvent donc hors-cadre. Par ses articles 8 et 9, elle pointe le problème qui peut se présenter dans le cas d'un architecte ayant développé un concept ou un procédé de mise en œuvre faisant l'objet d'un brevet. L'article 8 déclare: "Lorsqu'un architecte est amené à pratiquer plusieurs activités de nature différente, celles-ci doivent être parfaitement distinctes, indépendantes et de notoriétés publiques. Toute confusion d'activités, de fonctions, de responsabilités dont l'ambigüité pourrait entrainer méprise et tromperie, ou procurer à l'architecte des avantages matériels à l'insu du client ou de l'employeur est interdite. Tout compérage entre architectes et toutes autres personnes est interdit." et l'article 9: "L'architecte doit éviter les situations où il est juge et partie [...]". De la même façon, le Code des Devoirs professionnels22 stipule dans son article 3: "L'architecte doit faire preuve d'objectivité et d'équité lorsqu'il est amené à donner son avis sur la proposition d'un entrepreneur de travaux ou un document contractuel liant un maître d'ouvrage à un entrepreneur ou à un fournisseur.", dans son article 12: "L'architecte doit assumer ses missions en toute intégrité et clarté et éviter toute situation ou attitude incompatible avec ses obligations professionnelles ou susceptibles de jeter un doute sur cette intégrité et de discréditer la profession.", dans son article 13: "L'architecte doit éviter toute

22

24

Code de Devoirs, op. cit.


L’innovation au quotidien.

situation où les intérêts privés en présence sont tels qu'il pourrait être porté à préférer certains d'entre eux à ceux de son client ou employeur ou que son jugement et sa loyauté envers celui-ci peuvent en être altérés." Des difficultés majeures se posent donc à un architecte voulant faire appliquer un procédé de mise œuvre ou un matériau, fruit de sa propre recherche. S'il en est l'inventeur et qu'il prescrit ce procédé dans un projet dont il est maître d'œuvre, les entreprises de construction en mesure de répondre à l'appel d'offre auront forcément, au préalable travaillé avec lui, pour être en mesure de faire une offre correspondant au procédé inédit. Il y aura donc "compérage". Pire, si le procédé inventé est tellement inédit qu'aucune entreprise de construction traditionnelle n'est en mesure de répondre à l'appel d'offre ou si le trop faible nombre d'entreprises capable de le faire les entrainent à gonfler irraisonnablement leur prix, l'architecte peut être amené à créer sa propre entreprise capable de construire les projets qu'il conçoit selon un procédé et un budget qu'il maitrise. Il se retrouve ainsi maitre d'œuvre d'un projet dans lequel il fait intervenir une entreprise dont il est, sinon l'actionnaire principal, partie prenante. Il devient donc de fait "juge et partie" et difficile pour lui de garantir "l'objectivité et l'équité" évoquées dans le Code des Devoirs. Il est à la fois entrepreneur proposant un devis correspondant au coût matériel, aux coûts de la main d'œuvre et charges fixes de l'entreprise auxquels s'ajoute la marge qui caractérise l'économie de marché que nous connaissons et conseiller objectif du maître d'ouvrage dans son choix des entreprises. A juste titre, la décision ne doit pas forcément se limiter au motif du "mieux-disant". Comment un maître d'ouvrage peut alors être certain qu'une plus-value est justifiée par une meilleure prestation dès lors que l'entreprise, conseillée par l'architecte, est aussi celle où il est impliqué? Si ce motif peut être valable (qui mieux que celui qui l'a conçu peut être à même de proposer la meilleure mise en application d'un procédé nouveau?), la dérive est facile. Ces différents articles de loi existent justement pour éviter cette vision dommageable. Cependant ils limitent, par cela même, fortement la possibilité pour un architecte de mettre en application le fruit de sa recherche. La recherche par les architectes et pour l'architecture ne serait donc possible que dans un but économiquement désintéressé, seulement pour faire profiter les autres architectes de sa trouvaille? Dans notre société concurrentielle, accentuée par la crise économique actuelle, l'idée est belle (faire avancer l'architecture au sens noble du terme, sans en chercher à 25


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

"bassement" en tirer profit) mais difficilement viable. La possibilité pour un architecte de tirer profit de l'investissement qu'implique la recherche semble donc compliquée. Il serait cependant abusif de dire qu'elle est impossible: les articles 8 (surtout) et 9 cadrent strictement les conditions pour un architecte d'exercer des activités différentes mais ne les interdisent pas. Ainsi l'application d'une R&D en architecture est possible mais contrainte par les dispositions réglementant la profession. Si celles-ci existent, à juste titre, pour la protéger, elles rendent compliqué cette facette du travail de l'architecte. Un architecte constructeur et inventeur se retrouve facilement en situation de conflit d'intérêt. Il semble donc que l'architecte est en droit (voire même est obligé, si on applique les textes à la lettre, comme évoqué précédemment) d'inventer, mais plus difficile pour lui est d'appliquer dans ses propres projets le fruit de son travail de R&D. On peut toutefois espérer une évolution prochaine dans le bon sens: le 2 juillet 2014, Patrick Bloche, présentait à l'Assemblée Nationale son Rapport sur la Création Architecturale23. Dans celui-ci il pointait les problèmes et énonçait 30 propositions pour une évolution positive des lois sur l'Architecture. Au chapitre "Répondre aux défis de demain", il évoque en premier lieu la nécessité de soutenir la recherche et l'innovation "par le biais notamment de l'expérimentation"

24

. Sa première critique concerne le poids juridique de plus en plus accru,

et le fait que "ni le maître d'ouvrage, ni l'architecte, ni le bureau de contrôle, ni les commissions techniques ne veulent prendre la responsabilité de déroger à la règle du fait de la judiciarisation croissante de la création architecturale."25 Il surenchérit en pointant la responsabilité juridique excessive de l'architecte; en cas de contentieux, il est seul ou presque en première ligne. A juste titre, il relève qu' "un tel climat n'est en rien propice à la création."26. Pire, Patrick Bloche et la Commission évoque le fait que les architectes eux-mêmes aient développé "une série de freins bloquant toute prise de risque et donc toute innovation."27.

23

BLOCHE Patrick, Rapport d'information n.2070 déposé par la Commission des Affaires Culturelles et de l'Education sur la Création Architecturale, Paris, 2 Juillet 2014. 24 BLOCHE Patrick, op. cit., p.106 25 ibid. 26 ibid. p.107 27 ibid.

26


L’innovation au quotidien.

Devant le poids des responsabilités, les architectes semblent faire preuve d'autocensure, d'être plus mesurés qu'ils ne l'ont été et prendre moins de risques. Au poids des responsabilités juridiques s'ajoute celui de l'empilement des réglementations. La multiplication des normes entraîne une standardisation générale de l'architecture et des situations absurdes où l'innovation, qui de fait ne rentre pas dans les cas connus par la norme, est illégale alors qu'elle atteint plus efficacement la finalité de celle-ci. Par exemple, dans le cadre de ma MSP, j'ai rencontré à deux reprises le cas ubuesque d'une attestation de respect de la RT 2012 où le BET thermique partenaire n'a eu d'autre choix de préconiser des radiateurs électriques, dont l'inutilité est avérée car la RT 2012 ne reconnait pas le cas d'une maison passive ne nécessitant aucun système de chauffage. Cette particularité constitue pourtant une des compétences de l'agence. L'obligation de résultat à atteindre plus que le respect d'une logique prescriptive permettrait d'éviter cette réglementation excessive parfois jusqu'à l'absurde. J'en profite ici pour interroger la légitimité et l'objectivité de certaines règles qui régissent le travail de l'architecture. De par mon expérience en agence, j'ai également observé "l'étrange" et subite modification de la puissance des poêles à bois fréquemment installés dans les maisons individuelles bioclimatiques conçues par l'agence, selon la RT 2012. En effet, après un lobbying des fabricants de chauffage électrique ceux-ci ont perdu, du jour au lendemain, la moitié de leur capacité de chauffage à prendre en compte dans le calcul thermique. L'innovation modifie de fait un marché où les groupes industriels puissamment implantés n'ont pas spécialement intérêt a rendre possible cette évolution. Elle les priverait de parts de marché. Or, il est inutile de rappeler que le pouvoir de lobbying de ces grands groupes et celui des architectes ne sont en rien comparables. Par ailleurs, le Rapport rappelle le rôle primordial que doit jouer l'Etat comme stimulateur d'innovation; rôle qu'il a pu joué il y a quelques décennies, en étant l'instigateur du Plan Constructions et Programme Architecture Nouvelle (PAN), favorisant l'expérimentation en diminuant les contraintes réglementaires, ou encore des Réalisation Expérimentales (REX). La relance de ces dernières constitue d'ailleurs la 33e proposition du Rapport28.

28

BLOCHE Patrick, op. cit., p.110.

27


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Si ce rapport pointe du doigt de nombreux problèmes et propose des réponses intéressantes, difficile de dire si et quand il sera écouté et suivi d'une loi rendant pérenne ces propositions. A une échelle toute autre, les réglementations locales (Plan Local d'Urbanisme, Réglementation de parc naturels, secteurs sauvegardés...) peuvent également constituer un frein réel à l'application de l'innovation. Les PLU regorgent de règles évoquant "des volumes simples", des aspects extérieurs "de type traditionnel", d' "éléments incongrus prohibés", ou d'utilisation de matériaux inhabituels "dans des proportions limitées". Inventer est une chose, mais réussir à l'appliquer concrètement dans un projet architectural, finalité pourtant de tout procédé de recherche, semble être un autre combat. Un des projets sur lesquels j'ai été amené à travailler au cours de ma MSP concerne la mise en œuvre du procédé de complexe mural d'isolation et bardage en roseau, développé et breveté par l'agence. La maison, dont pourtant la volumétrie est réduite à sa simplicité la plus élémentaire (volume parallépipédique avec toiture à deux pans) a eu énormément de mal à être validée par les services instructeurs: la mairie a pris le parti de passer outre les avis plus que mitigés de la DDTM et de l'Architecte des Bâtiments de France pour valider le permis de construire. Le projet s'intégre pourtant très bien, par son enveloppe en bardage vertical et toiture en chaume, dans le terrain en lisière de bois, au sein d'un programme immobilier pourtant qualifier d'éco-quartier et voulu emblématique par l'aménageur. Quel architecte praticien ne s'est pas frotté au dialogue et à la négociation compliquée avec un Architecte des Bâtiments de France ou un service instructeur pas toujours ouvert à l'innovation? Cela peut s'apparenter à une lutte au quotidien, qui peut légitimement décourager et même amener l'architecte a une autocensure dans sa conception, anticipant un retour négatif. Face à ce problème, le Rapport Bloche propose par son 29e point de "créer sur l’ensemble du territoire des zones franches architecturales bénéficiant de règles d’urbanisme simplifiées et promouvant la création architecturale."29. A ce propos, il cite d'ailleurs l'exemple de l'Ile de Nantes où Alexandre Chemetoff n'a imposé qu'une règle simple de volume et de taille maximum, laissant une liberté de création aux différents architectes.

29

28

BLOCHE Patrick, op. cit., p.104.


L’innovation au quotidien.

La proposition suivante file la même idée: elle demande de "systématiser les dispositifs dérogatoires aux règles d’urbanisme relatives au gabarit, à la densité et à l’aspect extérieur du bâtiment lorsque celui-ci fait preuve d’une qualité architecturale avérée."30 Ainsi, une dérogation serait envisageable dans le cas, cité en exemple, d'une construction aux performances énergétiques particulières. La prise de risque de maîtres d'ouvrages privés serait ainsi récompensée, ce qui constituerait la levée d'un frein important à l'application concrète des innovations. Dans le même objectif, un bonus de 5% de volume constructible supplémentaire serait également à l'étude pour tout projet présentant "un intérêt public du point de vue de la création, de l’innovation ou de la qualité architecturales, y compris en zones protégées."31. Notons que la détermination de cet intérêt public reste fortement subjectif. L'application de cette règle est donc délicate et soumise à des dérives possibles. Ainsi, si une évolution prochaine est possible, la réglementation actuelle demeure malheureusement, par sa multiplicité et sa complexité, un frein à l'expérimentation. c-Les pouvoirs publics. L'Etat, par ses différentes échelles décentralisées, des ministères aux collectivités locales, joue également un rôle important. En Octobre dernier, à l'occasion des Universités d'été de l'Architecture de Marseille, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication rendait publique la stratégie nationale pour l'architecture32. En troisième position est évoquée l'innovation, dans une volonté de "trouver les leviers d’actions pour renforcer le rôle indispensable des architectes pour un urbanisme d’avenir et pour la "fabrique" de la ville durable, en France, en Europe et ailleurs"33. Elle déclare "souhaiter la mise en place d'expérimentations favorisant l'ingéniosité au bénéfice de la qualité architecturale et du cadre de vie". Cette déclaration d'intention semble être suivie des faits puisque des commissions ont été établies pour chacune de ces orientations. Ainsi, Marc Barani, Marie Zawistowski et l'association Bellastock conduisent les travaux sur l'innovation. La restitution des travaux est prévue pour le mois de Juin 2015. On peut cependant s'interroger sur ces rapports et travaux de recherches puisque s'ils pointent des problèmes actuels, les réponses législatives tardent à voir le jour. Ainsi, le Rapport 30

ibid. p.105. ibid. p.104. 32 PELLERIN Fleur, Ministre de la Culture et de la Communication, allocution vidéo diffusée lors des 1eres Universités d'été de l'Architecture, Marseil, 17.10.2014. 33 Communiqué de Presse du Ministère de la Culture et de la Communication, "Université d'été de l'Architecture: Fleur Pellerin annonce une stratégie nationale pour l'architecture." 31

29


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Bloche, publié certes relativement récemment, reste sans conséquence directe à l'heure actuelle. Ses 36 propositions pourtant très intéressantes demeurent malheureusement aujourd'hui des vœux pieux. L'Etat en proclamant l'architecture d'intérêt public, se doit, en tant que garant de celui-ci, soutenir la profession dans sa dimension innovante et dynamique. Ainsi, en 1971, est créé le Plan Construction, qui après avoir changé plusieurs fois de nom existe aujourd'hui sous le nom de Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA). Ce service interministériel (englobant ainsi l'architecture dans sa dimension la plus large et son interdisciplinarité) a pour mot d'ordre ambitieux "Rendre possible". Pour Jacques ChabanDelmas, Premier Ministre d'alors, le Plan a pour objectif de "stimuler l'innovation ainsi qu’une recherche coordonnée, dans toutes les phases et tous les aspects de la construction des logements : conception, réalisation, coût, qualité, environnement et, plus généralement, cadre de vie… "34. Le programme mène cette action par le biais de programmes: Plan Architecture Nouvelle (PAN) en 1972, existant aujourd'hui sous le nom d'EUROPAN, Réalisations Expérimentales (REX) de 1971 à 1981, ou plus récemment Villa Urbaine Durable (VUD) en 2011, Logement CQFD (Coût, Qualité, Fiabilité, Délais) en 2006 et REHA en 2009. Ces différents plans de soutiens ont permis, surtout dans les premières décennies, de stimuler réellement la recherche en architecture. On retiendra comme exemples emblématiques, entre autres, Némausus de Jean Nouvel en 1984 qui propose des logements sociaux aux surfaces jusqu'à 40% plus grandes que le standard par une réflexion poussée sur la rationalité structurelle et une matérialité inhabituelle pour l'époque ou encore, le système d'habitat modulable de la SIRH des Prouvé, père et fils, à Ludres, au procédé industriel novateur. L'Etat n'est pas le seul à lancer de tels programmes. Ainsi, à des échelles plus locales, on peut évoquer l'appel à idée du Conseil Général des Yvelines "Le bois: avenir de la construction et de la réhabilitation des bâtiments." ou l'actuel appel à idée "Réinventer Paris".

34

Premier Plan, le journal d'information du PUCA, Rendre possible, du Plan Construction au PUCA : 40 ans de réalisations expérimentale, n.26 , Juin-Octobre 2012.

30


L’innovation au quotidien.

Le prototype, en ruine, des logements modulaires SIRH de Claude et Jean Prouvé, à Ludres et Nemausus, de Jean Nouvel à Nîmes: deux Réalisations Expérimentales.

31


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

d-Les assurances. Les assurances constituent un autre acteur incontournable de la profession. L'attestation d'assurance est un préalable obligatoire à l'exercice de la profession et au port du titre d'architecte. On peut donc légitimement s'interroger quant à leur point de vue sur la question. Leurs communications diverses (sites internet, publications...) n'abordent pas le sujet. Difficile donc de connaitre leur avis. Jérôme Bouin, dans son mémoire réalisé à l'Institut des Assurances de Lyon consacré à la question35, soulève une contradiction essentielle: "Comment l'assurance, activité ou l'information et la prévention sont fondamentales par nature, peut-elle être compatible avec un risque dont la potentialité de sinistres est difficilement calculable?". Il est aisé de déduire que l'innovation par son caractère inédit, aux conséquences dans le temps encore inconnues et difficilement prévisibles pose problème aux compagnies d'assurance36. S'engager à couvrir un bâtiment faisant l'objet d'une nouveauté exclusive, dont l'évolution dans le temps, si elle peut être étudiée et prévue, demeure inconnue, demande une prise de risque, qui ne caractérise pas habituellement les compagnies d'assurances. L'obligation d'assurance empêche toute dérive de développement expérimental par tests aux conséquences mal connues. Si nous reprenons l'exemple du gothique et de l'Abbé Suger, combien de croisées d'ogives et de voûtes de cathédrales se sont effondrés avant que les techniques constructives ne soient abouties? Jérôme Bouin rappelle également qu'en France prime le "tout législatif" en matière de responsabilités et assurances. Un assureur est légalement obligé de couvrir le projet immobilier qu'on lui soumet. Cette lourdeur législative est un frein supplémentaire à l'assurabilité de l'innovation. Au contraire, en Belgique ou au Portugal par exemple les responsabilités sont édictées par le législateur mais sans être assorties d'obligation d'assurance. En Allemagne, Pays-Bas ou Royaume-Uni, prime le "tout contractuel", où seuls les contrats définissent les responsabilités entre les parties. La situation est donc plus claire entre les différents contractants dès la souscription qui n'engagent qu'eux. 35

BOUIN Jérôme, L'assurabilité du risque innovant en assurance construction, Institut des Assurance de Lyon, 2008. 36 NAMIAS Olivier, L'assurance reste un frein à l'innovation architecturale, Les Echos, 06/05/2010.

32


L’innovation au quotidien.

De façon générale, les compagnies d'assurance différencient les "travaux de technique courante", couverts par des contrats classiques et les "travaux de technique non courante", plus problématiques. Ils nécessitent une attention particulière: une déclaration préalable, notion contractuelle placée en annexe du contrat et qui peut dépendre des assureurs. La conséquence directe de l'assurance d'une innovation en est le coût majoré, charge fixe qui peut devenir rapidement problématique dans le cas d'une petite agence au capital financier modeste. e-Les bureaux d'étude et de contrôle. Les bureaux d'étude technique, partenaires indéniables de la construction, et les bureaux de contrôle, par leur intervention dans les projets d'ERP et d'envergure, sont présents dans le processus de projet. Les BET constituent l'allié technique principal de l'architecte dans un projet. L'équipe de maîtrise d'œuvre qu'ils constituent se doit de se mettre au service du projet. Néanmoins, les ingénieurs partenaires n'ont pas pour rôle d'être auteur d'une œuvre architecturale et de l'éventuelle innovation dont elle fait preuve. Ils veillent à ce que le projet dont il assument une part de responsabilité respectent les critères de certification: Réglementation Thermique, Eurocodes, FLF... Un bureau d'étude innovant est donc rare puisqu'il nécessite de sa part une remise en question de ces codes qu'il utilise quotidiennement et donc une prise de risque. Heureusement, certains comprennent l'intérêt d'une telle démarche tant sur le plan éthique que commercial (dans ce marché, certes de niche, une réelle demande des architectes ne trouvait pas de réponse) et s'y risquent. Parmi les différents intervenants de cette formation HMONP, Ralph Gruand, cogérant de la société Meca est de ceux-là. Ce bureau d'étude a fait de la recherche et innovation sa marque de fabrique, tant de son propre chef, pour ainsi "développer [leur] capacité d'investigation dans des champs novateurs"37, qu'à la demande de ses partenaires et clients du monde de la construction et de l'industrie. Malgré sa taille et ses moyens limités, la rareté de ses compétences hyperspécialisées dans les domaines de matériaux composites l'amène ainsi à travailler sur des projets de très grande ampleur (Gare de Jeddah avec Norman Foster, Grand Stade de Lille avec Vallode et Pistre...).

37

www.cluster-meca.fr

33


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

L'agence Lacaton & Vassal connue pour sa démarche innovante travaille avec un cercle restreint de bureau d'étude "amis", animé du même esprit d'innovation. Ainsi, le bureau d'étude thermique, fluide et environnement Cardonnel n'hésite pas a, par exemple, prendre en compte les rideaux thermiques dans le calcul thermique du projet pour ainsi justifier le choix architectural. Ce BET qui possède par ailleurs en interne un département R&D et développe des concepts brevetés, prend un risque que beaucoup n'auraient pas pris. A une autre échelle, le bureau d'étude généraliste Egis, implanté internationalement, a créé une filiale Elioth, en capacité d'apporter son expertise sur des projets innovants. De la même façon, le bureau d'étude BG Ingénieurs Conseils, implanté en Suisse, France et Royaume-Uni, se distingue par son sens de l'innovation et son éthique certaine vis à vis du développement durable appliqué à la construction. Dans une publication sur le sujet38, ils interrogent Martin Vertelli, professeur à l'EPFL et président du Conseil National du Fond National Suisse. Celuici, en comparant son expérience professionnelle aux Etats-Unis déclare: "Les USA sont vraiment au top dans les domaines de l’entreprenariat, de l’innovation, du transfert de technologies. Les Américains sont beaucoup plus ouverts aux risques que les Européens. En Suisse, vous pouvez mener une vie très agréable sans devoir vraiment prendre de risque. Il n’y a rien à objecter. Mais celui qui a peur du risque rate aussi de nombreuses occasions." Cette peur du risque caractérise encore trop souvent aujourd'hui les bureaux d'études qui, censés être les partenaires de l'architecte, ne le suivent pas toujours dans ses expérimentations. De leur côté, par leur rôle de garant du respect des normes dans un bâtiment, on peut penser qu'en vue de l'empilement de normes freinant toute innovation, les bureaux de contrôle ne constituent pas particulièrement un allié pour l'architecte dans l'innovation. On peut cependant inverser le raisonnement et se demander si le bureau de contrôle peut justement devenir un partenaire privilégié sur qui s'appuyer tout au long du processus de recherche, de la première idée à la réalisation concrète, et garantir une responsabilité maitrisée? En effet, il peut devenir un interlocuteur précieux en apportant, par son savoir et ses conseils avisés les réponses normatives à un problème nouvellement posé. En effet, il est tout à fait possible de faire appel au bureau de contrôle en amont, dès les premières phases de conception (Esquisse, APS...), pour l'impliquer très tôt dans le processus

38

34

BG Ingénieurs Conseils, BG-Magazine, édition 2014, Lausanne, 2014, p14.


L’innovation au quotidien.

de projet. Quand celui-ci implique une innovation particulière, l'architecte a l'habitude de s'entourer d'ingénieur-partenaires pour perfectionner le procédé et le rendre applicable et pérenne. Pourquoi en serait-il différent avec une ingénieur-contrôleur technique? Le bureau Veritas affiche pour ambition "d'aller au-delà de la simple conformité."39, leur gestion se veut "source d'amélioration des performances.". La Socotec fait figurer parmi ses valeurs l'esprit d'entreprendre, en le cultivant pour "proposer [aux clients] en permanence les meilleures solutions."40. Si ces valeurs sont affichées, tout comme les assurances, les bureaux de contrôle ne sont pas toujours connus pour leur prise de risque. Un procédé ou un matériau nouveau sera systématiquement rejeté par un bureau de contrôle s'il n'a pas obtenu de certifications. Il n'est pas inutile de rappeler la contradiction intrinsèque entre les deux professions et formations: le rôle de l'ingénieur est de résoudre des problèmes avec une palette disponible finie quand celui de l'architecte est de proposer des solutions avec une palette infinie. Les bureaux d'étude et de contrôle innovants, c'est à dire ceux qui remettraient en cause perpétuellement le caractère fini de leurs outils et façons de travailler, demeurent rares. Cette rareté, de même que la législation et les contrats d'assurance en vigueur font que l'innovation demeure concrètement difficile à appliquer. Si une volonté peut être affichée par d'autre acteurs de l'architecture et la construction, nombreux sont les freins qui constituent une entrave à la R&D menée par un architecte. 2.Les outils juridiques et administratifs à la disposition des architectes a-Les statuts juridiques de sociétés De l'exercice libéral à la SA en passant par de plus informels collectifs et ateliers et différents labels tels que la Jeune Entreprise Innovante, les statuts juridiques d'exercice de l'architecture sont multiples. Certains sont plus propices que d'autres à l'émergence d'une R&D en agence. Les difficultés de l'application d'une R&D en agence sont nombreuses. L'union faisant la force, il parait plus approprié de se regrouper et s'associer. Cette association peut passer par les cadres classiques des SARL, SA, SAS ou SCOP dans le cadre d'entreprises d'architecture. Cette union acquiert plus de force quand elle se fait autour de plusieurs professionnels de l'architecture: architectes mais aussi partenaires, ingénieurs, entreprises. Ainsi les 39 40

www.bureauveritas.fr www.socotec.com

35


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

groupements d'entreprises tels que les Groupement d'Intérêt Economique (GIE), Scientifique (GIS) ou Public (GIP) sont intéressants pour plusieurs points. Ils permettent en effet d'associer diverses entreprises aux statuts différents ainsi que, dans certains cas, des collectivités publiques. Les différents membres mettent en en commun une partie de leurs compétence et activités pour les développer tout en conservant une certaine indépendance. Pour ces raisons, ce statut de Groupement d'Intérêt pourrait sembler au premier abord être le plus approprié à l'exercice d'une R&D. Le choix de la catégorie s'opère en fonction du sujet de recherche et des partenaires (en particulier, la présence ou non de collectivités publiques). Cependant, ce statut comporte un défaut de taille: ce statut ne permet pas l'exercice réel de la profession. En effet, comme la loi de 1977 l'indique, un architecte doit conserver son indépendance et ne peut être associé à d'autres professionnels de la construction. Ainsi, un GIE regroupant des architectes et autres professionnels peut avoir pour objet la recherche et l'expérimentation mais en aucun cas la concrétisation de ces travaux de recherche par des chantiers et constructions de bâtiments. La réglementation relative à l'exercice de la profession (architecte majoritaire, exercice d'activité différentes impossible ou difficile...) rend ce type de groupement pourtant intéressant puisqu'il permet à une petite agence incapable de recruter les partenaires nécessaire à son travail de recherche de réunir les compétences nécessaires à cette activité. Ce cas est celui qui m'intéresse ici. Le GIP demeure plus anecdotique ici, puisqu'il nécessite une mission de service public avérée et est à but non-lucratif ce qui l'exclut du cas d'une agence d'architecture qui se doit d'être viable économiquement. L'intérêt public de l'architecture n'en exclut cependant pas théoriquement la possibilité. Le GIS concerne directement la recherche. Le statut est d'ailleurs régi par le CNRS. Son statut simple et souple de plateforme collaborative est cependant contrebalancé par son manque d'autonomie financière. Il ne peut donc exécuter des travaux, recruter du personnel et gérer des moyens. Il peut également inclure des collectivités publiques ce qui n'est pas dénué d'intérêt.

36


L’innovation au quotidien.

Le GIE a pour objectif direct "de faciliter ou de développer l'activité économique de ses membres, d'améliorer ou d'accroitre les résultats de celle activité."41. Une GIE à but lucratif ne peut regrouper que des sociétés commerciales et en aucun cas des collectivité publiques. De façon plus informelle, les Sociétés En Participation et plus rarement les Sociétés Créées de Fait peuvent désigner ce qu'on a coutume d'appeler les collectifs. Dépourvues de personnes morales, elles n'engagent que très peu les différents associés. La SEP a pour vocation de rassembler des personnes animées d'un projet commun, de l'expérimenter, d'en tester la viabilité pour ensuite pouvoir éventuellement la faire évoluer en une société plus structurée de type SARL. Reconnue seulement par les différents associés, elle ne demande pas d'immatriculation et démarches administratives coûteuses. Ce statut convient donc bien à une association créée autour d'un projet de recherche commun à plusieurs acteurs. Non immatriculée, elle ne met donc pas l'architecte déjà gérant d'une société en porte à faux vis à vis de la réglementation et de l'Ordre. Ainsi ces différents statuts juridiques d'entreprises contribuent par leur souplesse et flexibilité générale l'application d'un activité de R&D en agence d'architecture. b-Les outils de l'innovation Le poids des responsabilités juridiques reposant aujourd'hui sur les épaules des architectes est grand. Un exercice innovant complique la tâche de l'architecte qui doit sans cesse se couvrir. Des outils existent pour permettre l'innovation en la garantissant. Ainsi, le problème se pose pour un matériau innovant non concerné par un DTU42 ou un Avis Technique43. Aucune entreprise, compagnie d'assurance et peu de maîtres d'ouvrage ne prendront le risque de s'impliquer dans un projet non garanti par ces documents. Le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, qui délivre ces certifications, intègre la R&D dans ses compétences par le biais de l'Institut Carnot-CSTB qui "contribue au côté des entreprises aux différentes phases du processus d'innovation: conseil à l'innovation,

41

Code du Commerce, Livre II, Titre V: Des groupements d'Intérêt Economique, Article L251-1. Le Document Technique Unifié constitue la synthèse des règles de l'art concernant un ouvrage précis. Il consigne principalement les clauses techniques, énonçant les règles à respecter lors de la mise en œuvre, les clauses spéciales définissant les limites et obligations de prestation et les règles de calcul. Il peut avoir valeur de norme. 43 L'Avis Technique est formulé par un groupe d'experts, indépendants et objectifs, après une série de tests procédés sur un système constructif. Il certifie ainsi son niveau de performance. 42

37


L’arbre de cheminement retrace la réflexion que doit mener un fabricant souhaitant mettre sur le marché un matériau, un produit, un procédé de construction. Un exemple est donné en annexe 2, pour des produits d’isolation en fibre de bois.

HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Document informatif des procédures d'évaluation ou certification des performances

L’innovation au quotidien.

19/30

_________________________________________________________________________________________ DEE/EICV/13-040

38

Juillet 2013

Les différentes certifications délivrées par le CSTB . (source: www.cstb.fr)

38


L’innovation au quotidien.

recherche, développement dans le cadre de contrats de recherches, d'expertises, de transfert de technologie."44 le CSTB a ainsi mis en place l'Appréciation Technique Expérimentale (ATEx) qui comble cette lacune. Elle est "une procédure rapide d'évaluation technique formulée par un groupe d'experts sur tout produit, procédé ou équipement ne faisant pas encore l'objet d'un Avis Technique, afin de faciliter la prise en compte de l'innovation dans la construction."45. Elle facilite donc l'intégration des expérimentations dans la construction en identifiant les risques pour une meilleure prise en compte par les assureurs et inciter ainsi les maître d'ouvrage à favoriser l'innovation. Elle est limitée à un nombre précis d'application lorsque le retour d'expérience n'est pas suffisant ou lorsque le procédé ne peut encore faire l'objet d'un Avis Technique. La durée de la procédure est de quelques mois et sa durée de validité variable, selon les cadres limités de son application. Son prix, comprenant le coût des études peut aller de 3000 à 15000€ HT. Le CSTB propose également le Pass'Innovation. Ce document donne une première analyse du produit en cours de maturation: il renseigne ainsi les acteurs de R&D sur leurs atouts et l'état d'avancement vers une commercialisation à grande échelle. Tout comme l'ATEx, il est un premier pas vers l'Avis Technique. Le délai d'obtention est de 3 mois et sa durée de validité, non renouvelable, de 3 ans. Un procédé innovant bénéficiant d'un ATEx ou d'un Pass'Innovation gagne significativement en assurabilité. Une Enquête Technique Nouvelle est quant à elle une évaluation volontaire. Elle est rédigée par un bureau de contrôle sur la base d'un cahier des charges rédigé par la personne ou société ayant menée la recherche. Enfin, une dernière démarche protège l'inventeur, quel que soit d'ailleurs son domaine d'application: le brevet d'invention. Ce titre de la propriété industrielle protège l'inventeur en interdisant à un tiers l'exploitation et l'appropriation de l'innovation durant une période limitée (généralement 20 ans). Un architecte développant une innovation peut donc compter sur son monopole pour communiquer autour et faire de son invention une marque de fabrique qu'il est le seul à pouvoir mettre en application. L'innovation protégée par un brevet peut devenir une 44 45

www. institut-carnot.cstb.fr www.cstb.fr

39


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

source de revenus non négligeable par la vente du brevet ou de son droit d'exploitation. Le brevet possède cependant des effets pervers pouvant nuire à l'innovation: un procédé ou un matériau protégé par exemple ne peut être développé plus en avant par un tiers sans l'accord du premier inventeur et, ou, sans contrepartie financière. Il peut donc geler totalement le développement d'une innovation le temps de sa durée de validité. Signalons pour l'anecdote que le premier brevet d'invention connu en Europe est attribué à l'architecte Filippo Brunelleschi en 1421. Un brevet ne peut s'appliquer qu'à des "inventions nouvelles impliquant une activité inventive et susceptible d'application industrielle."46. Elle doit pour cela être réellement nouvelle, c'est à dire que rien d'identique n'ait été auparavant porté à la connaissance de quelque public que ce soit et par quel moyen que ce soit, elle doit être inventive, donc de ne pas être induite de façon évidente de l'état actuel de la technique, elle doit être propice à une industrialisation concrète. Ainsi ces différents outils réglementaires protègent l'innovateur et sont donc vecteurs de R&D. Leur application n'est cependant pas toujours simple et à la portée de tous. c-Les cadres propices à l'innovation Afin de stimuler la R&D, l'Etat, par le biais du législateur, des ministères et de différents organismes, propose un certain nombre de cadres réglementaires. Une société menant une activité de R&D peut prétendre au statut de Jeune Entreprise Innovante. Elle doit pour cela être une PME (ce qui est le cas pour l'essentiel des agences d'architecture en France), récente (moins de 8 ans), doit réaliser des dépenses de recherche d'au moins 15% des charges fiscalement déductibles, être indépendante et être réellement créée et non pas être issue d'une restructuration ou d'une concentration. L'obligation de création récente rend impossible la labellisation pour une agence déjà durablement implantée. La R&D entraine cependant couramment la création de sociétés nouvelles associant plusieurs acteurs autour d'un projet commun de recherche. Ce critère n'est donc pas si gênant qu'il peut en avoir l'air. Appliqué à l'architecture, ce statut peut donc s'obtenir assez facilement. Créé spécifiquement pour stimuler la R&D, il amène de nombreux avantages: exonération de l'impôt sur les sociétés, de l'imposition forfaitaire annuelle, de la

46

40

Code de la propriété intellectuelle, article L611-10.


L’innovation au quotidien.

taxe foncière, des cotisation sociales patronales... Il n'est, de plus, pas incompatible avec l'obtention de Crédit d'Impôt Recherche. Comme précédemment évoqué, les pouvoirs publics proposent des cadres à l'innovation par le biais de différents programmes ou concours d'idées. Ainsi, le PUCA, par ses programmes (EUROPAN, REHA, CQFD...), et certaines villes ou communautés de commune (par exemple, Paris avec l'actuel "Réinventer Paris") jouent ce rôle de stimulateur de l'innovation architecturale. Enfin, la loi de finance de 2005 a crée les pôles de compétitivité47. Elle le définit comme "le regroupement sur un même territoire d'entreprises, d'établissements d'enseignement supérieur et d'organismes de recherche publics ou privés qui ont vocation à travailler en synergie pour mettre en œuvre des projets de développement économique pour l'innovation.". Ils permettent la mutualisation de moyens privés et publics bénéficiant de subventions publiques et d'un régime fiscal particulier dans le but de développer la recherche appliquée et rendre l'économie plus compétitive. Un architecte membre de ce type de structure bénéficie donc d'aides, techniques et financières, et de compétences de partenaires lui permettant de porter son projet d'innovation. Les plateformes mutualisées d'innovation en sont issues et ont un fonctionnement proche. Elles sont particulièrement orientées vers les PME, labellisées par un pôle de compétitivité au préalable, et leur permet de se regrouper pour mutualiser certaines ressources (moyens humains, équipements, locaux...). Une enveloppe totale de 50 millions d'euros y est allouée, répartie entre les 34 structures reconnues. La plateforme Cirtes-Inori, basée à Saint-Dié des Vosges, s'intéresse, par exemple, à la mise en forme de matériaux innovants. Elle offre la possibilité aux entreprises de réaliser des essais et de mettre au point et valider de nouveaux procédés industriels. L'Etat propose également des prêts pour l'industrialisation et la commercialisation des résultats des projets de R&D des pôles de compétitivité. Par l'intermédiaire du Commissariat Général à l'Investissement et ses Investissements d'Avenir, il délivre ainsi des prêts aidés pour un montant total de 100 millions d'euros48.

47 48

Loi 2004-1484, du 30 décembre 2004 dite de finance pour 2005. www.competitivite.gouv.fr

41


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Ainsi des initiatives, proposent des cadres propices à l'innovation. Elles contrebalancent les nombreuses contraintes qu'entrainent une application juridique et administrative de la R&D en Architecture. Le point de vue des différents acteurs du monde de la construction montrent une volonté générale de permettre l'innovation. Son application concrète peut en être facilité mais affronte toujours de nombreux freins.

42


L’innovation au quotidien.

43

43


44


Iii . Application concrète

L’application concrète de la R&D en architecture s’appuie sur les différents cadres juridiques et administratifs présentés. Au quotidien, elle se met en place grâce à une organisation d’agence spécifique et à un équilibre à trouver entre la recherche qui constitue un investissement sur l’avenir et une activité plus classique rémunératrice à court-terme. De nombreuses sources de financements privées ou publiques viennent soutenir cette prise de risque et constituer un levier à l’innovation. Enfin, une activité de recherche s’accompagne nécessairement de partenariats à nouer: intellectuels, techniques, logistiques ou financiers.

45


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

1.Rendre possible la R&D. a-Organisation de l'agence J'effectue ma Mise en Situation Professionnelle dans une agence de petite taille, composée de deux architectes, un économiste-dessinateur et une secrétaire comptable à temps partiel. Développer une activité de R&D dans une agence d'architecture de ce type demande une organisation spécifique. En effet, une telle agence n'est pas en capacité financière et logistique de mettre en place un réel département de R&D, comme peut le faire des agences de plus grande taille et plus solides financièrement. C'est le cas par exemple de l'agence parisienne X-TU qui a fait des recherches sur les biotechnologie dans l'architecture sa marque de fabrique. Sur un effectif d'une vingtaine de personnes, quatre employés à temps pleins travaillent spécifiquement sur l'innovation. Il faut donc savoir se dégager du temps parmi les tâches "courantes" de l'agence pour le consacrer à la recherche. L'équilibre n'est pas simple à trouver. Une question fondamentale se pose: Comment concilier une activité de recherche qui constitue un investissement sur le long terme et une activité plus classique garantissant une viabilité de l'agence à court terme? En effet, la R&D malgré les différentes aides et modes de financements existants est peu rémunératrice à court terme, et les retombées, sont aléatoires. Elle est beaucoup plus intéressante à long terme, tant sur le plan théorique: faire avancer l'architecture et les techniques, que sur le plan économique: image de l'agence innovante, se démarquant des autres et pouvant entrainer un afflux de commandes, retombées économiques de l'exploitation de brevets par des tiers ou liées à ce savoir spécifique (publications d'ouvrages, conférences, enseignement...). Anouk Legendre et Nicolas Desmazières, associés de X-TU, le confirment: "Les projets de recherche permettent de garder des collaborateurs talentueux et sont à la fois un bon moyen de provoquer la commande"49. Une agence d'architecture connue pour ses compétences rares dans le milieu peut être amenée à "créer la commande" auprès de maîtres d'ouvrages, publics ou privés, en émettant des propositions totalement inédites.

49

46

BORNE Emmanuelle, X-TU, de l'inconnu(e) aux utopies, Le courrier de l'architecte, 10/11/2010.


L’innovation au quotidien.

La conjoncture économique très défavorable, ne permet pas de prendre ce risque sur l'avenir. Une agence a besoin de revenus réguliers et donc d'un type d'activité plus stable: commandes privées ou marchés publics, aux risques et contraintes mieux maitrisés par l'expérience dont fait preuve l'agence durablement implantée sur ce marché. Typiquement dans le cas de l'agence Christophe Palou, notre souhait de développer une activité de R&D s'accompagne forcément d'une poursuite des projets de maisons individuelles ou petits ERP, bioclimatiques ou passifs, qui en fait sa marque de fabrique actuelle. Il s'agit donc d'optimiser le travail sur les projets de maisons individuelles qui constituent "le fond de commerce" de l'agence, pour se permettre de se dégager du temps à consacrer à la recherche. La démarche ISO 9001 présentée par Jacques Boucheton lors de la session d'avril de HMONP est très intéressante dans ce sens. Par une meilleure organisation et une réduction des temps administratifs, il nous témoignait du temps gagné, réinvesti, dans son cas, dans la conception et le temps libre, hors agence. Cette application de la R&D, par tuilage des deux activités minimise la prise de risque et assure une viabilité sur le long terme. La démarche R&D peut au fil des années, par son implantation durable et les premières retombées économiques, prendre le pas sur l'activité classique de départ, jusqu'à terme potentiellement la faire disparaitre complètement. L'inconvénient en est la durée: malgré un travail d'optimisation des heures de travail, le temps consacré à la R&D demeure, au départ, faible. Logiquement, le développement de l'innovation se fait plus lentement. Une seconde stratégie consiste à réduire dès le départ la charge de travail "classique", et donc prendre le risque de perdre la rémunération qui y correspond, pour s'investir plus profondément dans la R&D. Le plus grand nombre d'heures de travail consacré à la recherche permet une avancée plus rapide. Une invention peut ainsi plus rapidement être brevetée, et donc plus rapidement appliquée concrètement sur des chantiers. Le long terme de l'investissement peut ainsi être réduit. Ce volume horaire plus conséquent peut également être consacré à des activités annexes au développement mais qui peuvent grandement le faciliter et l'accélérer: communications sur le sujet (conférences, publications d'articles, d'ouvrages), recherches de partenaires, de sources de financements...

47


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Cependant, il apparait assez clairement qu'une activité de R&D demeure, malgré les efforts possibles, plus compliquée à mettre en place dans une agence d'architecture de taille et moyens limités. Une innovation est plus simple à développer dès lors qu'une ou plusieurs personnes s'y consacre à temps plein. Engager plus de moyens, humains et financiers, accélèrent également les retombées à court terme. Ainsi, le département R&D créé au sein de X-TU en 2008 générait en 2013 20% du chiffre d'affaire de l'agence50, grâce à 3 brevets internationaux déposés depuis 5 ans, 3 programmes recherches collaboratifs en cours et un réseau de partenaires publics (laboratoires, université, grandes écoles...) ou privés (groupes industriels) très fourni. Dans le cas d'une petite agence, ce risque est difficile à prendre aujourd'hui. Affirmer qu'il existe une taille critique d'agence à même de mener une activité de R&D me parait cependant faux. Les conditions et les temporalités en sont simplement différentes. L'existence d'une taille et d'un type de programme critiques de projet semble au contraire plus réelle. Un projet de grande ampleur du type du MuCEM, à Marseille dispose du budget, des équipes compétentes, de la temporalité et de la bienveillance du maitre d'ouvrage pour appliquer une réelle innovation. Ainsi, il s'est écoulé 11 ans entre les premières esquisses de Rudy Riciotti et l'inauguration.51 Une période durant laquelle 11 ATEx ont été déposés et 6000 pages de calcul ont été fournies par le BET Lamoureux-Ricciotti Ingénierie pour rendre possible les planchers diaphragmes, les structures en arborescence et surtout les façades en BFUP. Sur le chantier, parmi la centaine de travailleurs présent, trente étaient ingénieurs. La passerelle reliant le Musée et le Fort Saint-Jean a monopolisée à elle seule 13 ingénieurs et 6 ouvriers. Dans le cas de ce projet, pour Rudy Ricciotti, "On est entré dans une épopée où la recherche et développement fait partie intégrante de l'acte de conception architecturale.". Si dans ce cas, "la volonté d'invention [a été] la clé de voûte du projet", projet vécu comme "un processus itératif de création de prototypes."52, sa concrétisation a été rendue possible par le statut de "méga-projet" du MuCEM. La volonté d'invention peut bien entendu (et doit) constituer la clé de voûte de tout projet. Développer une innovation de la sorte, est simplement beaucoup plus compliqué à réaliser dans le cadre d'un projet de maison individuelle à 200 000€, dans une logique de maitrise des délais et des coûts. 50

présentation du projet SymBio2 au Forum Atlanpôle Blue Cluster, Nantes, 22/03/2013. DOUTRIAUX Emmanuel, Béton, Fibre, Sémiotique, Vertu - Entretien avec Rudy Ricciotti, Marseille, 3 Juin 2013., D'A, n.219, Juillet 2013. 52 RICCIOTTI Rudy, L'architecture est un sport de Combat, Paris, Editions Textuel, 2013, p.71 51

48


L’innovation au quotidien.

Par exemple, un des projets développés par l'agence Christophe Palou avec le système breveté d'isolation en roseau et bardage chaume vertical a du être profondément modifié et repensé avec un système constructif plus classique en ossature et bardage bois. En effet, les devis fournis par l'entreprise de construction codétentrice du brevet, dépassaient largement les prix qu'ils avaient pourtant eux-mêmes annoncés en phase d'étude. Le budget très limité des maîtres d'ouvrage n'a en aucun cas permis cette largesse. Cette mauvaise maitrise des coûts n'a pas permis l'application de l'innovation et a entrainé, par ce retour en arrière, un retard de la date de livraison annoncée. Là encore, comme dans le cas de la taille d'agence, la R&D appliquée à de petits projets n'est pas impossible mais est plus complexe à maitriser que dans le cas de grands projets emblématiques. b-Financements Dans une époque économique délicate comme celle que nous connaissons actuellement, le frein principal au développement de la R&D est plus jamais son financement. En plus d'un exercice parallèle plus classique apportant une rémunération régulière comme évoqué précédemment, différents modes de financement de l'innovation existent. Le premier d'entre eux est un financement "interne", qui consiste à faire rémunérer à sa juste valeur les recherches (développement techniques, faisabilités...) appliquées à un projet par le maître d'ouvrage. L'Ordre des Architectes milite pour une meilleure prise en compte du coût global d'un projet architectural. Elle passerait entre autre par une réévaluation des coûts de prestation intellectuelle qui entraine un meilleure valeur d'usage et de réelles valeurs ajoutées. Ainsi, comme déjà évoqué, le Livre Blanc des Architectes milite pour une meilleure reconnaissance de la conception architecturale et à sa meilleure valorisation financière, en prenant pour exemple les secteurs de l'automobile et de l'aéronautique "qui en ont parfaitement compris la nécessité"53 Notons cependant que ceux-ci demeurent très différents de l'architecture: la conception dans ces domaines est un préalable à une diffusion en grand nombre, un prototype de très nombreuses fois copié. La conception en architecture est propre à un seul projet et si elle peut être remobilisée partiellement ailleurs, elle n'en demeure pas moins unique et exclusive.

53

ORDRES DES ARCHITECTES, Le Livre Blanc des Architectes, Paris, 2004.

49


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Ainsi, la rémunération de cette conception est repartie, dans les premiers cas, sur la multitude de véhicules achetés alors qu'elle repose sur un unique maître d'ouvrage dans le cas de l'architecture. Ce mode de financement pourtant légitime reste difficile à mettre en place dans un marché de l'architecture concurrentiel et où la loi du "moins-disant" prime. Il est en effet complexe de faire payer à un maitre d'ouvrage ce qui peut paraitre à ses yeux être un "bonus", une lubie d'architecte, dont il peut se passer. Le Crédit d'Impôt Recherche est une déduction fiscale des frais liés à la R&D engagés par une entreprise sur l'impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés. Créé par la loi de finance de 1983 et modifié de nombreuses fois depuis, il permet une exonération égale à 40% des frais de R&D la première année, 35% la deuxième, 30% ensuite. Les activités donnant accès au CIR sont celles définies par le Manuel de Frascati. Il est compatible et cumulable avec d'autres aides fiscales comme le statut de Jeune Entreprise Innovante par exemple, qui comme déjà expliqué, facilite financièrement, l'innovation. Issu de celui-ci, le Crédit d'Impôt Innovation est créé en 2013. Réservé aux PME, il leur permet de bénéficier d'une exonération de 20% des "dépenses liées à la conception de prototypes ou d'installations pilotes de produits nouveaux."54. Le CIR aide un projet qui fait "progresser l'état de l'art, c'est à dire les connaissances scientifiques et techniques disponibles au début des travaux."55. Le CII finance, quant à lui, un projet qui "doit permettre de concevoir un prototype ou une installation pilote d'un produit."[...]. Il doit présenter des performances supérieures sur le plan technique, des fonctionnalités, de l'ergonomie ou de l'éco-conception par rapport aux produits commercialisés par les concurrents à la date de début des travaux."56 Le Commissariat Général à l'Egalité des Territoires (CGET, ancienne DATAR) régit, entre autre, les Aides à la Recherche, au Développement et à l'Innovation. L'actuel régime cadre, entré en vigueur le 1er janvier 2015, met particulièrement en avant la recherche dans les PME. L'aide financière délivrée peut aller de 45 à 70% des coûts admissibles (frais de personnels, coût du matériel, des bâtiments, de la recherche contractuelle, brevets, et d'exploitation).

54

www.entreprises.gouv.fr www.entreprises.gouv.fr 56 ibid. 55

50


L’innovation au quotidien.

Le Fond Unique Interministériel permet de financer la recherche appliquée collaborative (PME, laboratoires, grandes entreprises) labellisée par les pôles de compétivité. L'agence XTU, associée à Séché environnement, AlgoSource Technologies, le BET Oasiis et le laboratoire de recherche GEPEA de l'université de Nantes a ainsi pu toucher 1.7 million d'euros pour développer le projet de biofaçade SymBio2, au coût total de 4.9 millions d'euros57. L'Agence Nationale pour la Recherche s'adresse, quant à elle, à la fois aux laboratoires de recherche et au entreprises en finançant les programmes de R&D suite à un appel à projet. L'Agence De l'Environnement et de la Maitrise de l'Energie, en plus de sa capcité d'expertise et de conseil, finance des projets de recherches liées à son domaine de compétence. Ainsi, elle dispose d'une enveloppe globale annuelle de 350 millions d'euros pour son Programme d'Investissements d'Avenir. Particulièrement consacré à l'entreprise, il permet de financer l'expérimentation à l'échelle 1 et le développement industriel de produits innovants. Par ailleurs, la Caisse des Dépôts, par son rôle d'investisseur à long terme au service de l'intérêt public et du développement économique, la Banque Publique d'Investissement par son soutient des PME constituent également des sources de financement institutionnelles possibles. D'autres aides publiques subventionnent les projets innovants. Ainsi certains projets de recherche peuvent prétendre à des financements par les fonds européens. Spécifiquement à l'exemple d'agence du type de celle où j'exerce actuellement, le fond européen LEADER s'avère particulièrement intéressant. Le Fond "Liaison Entre Actions de Développement de l'Economie Rurale", une des composantes de la Politique Agricole Commune propose "aux territoires un cadre propice à la concertation et à l'émergence de projets collectifs de qualité."58. Une stratégie et un programme d'action sont élaborés par les acteurs d'un territoire. Une fois sélectionnés, ces Groupe d'Action Locale reçoivent une subvention (3,4€ millions en moyenne pour une durée de 6 ans) redistribuée entre les différents projets répondant aux stratégies. Plusieurs GAL (localement, par exemple: le Pays de Chateaubriand) établissent des stratégies relatives à l'amélioration du cadre de vie, à l'architecture et l'urbanisme innovants. Une projet de R&D porté par une agence peut donc prétendre à ce type de subventions. 57 58

Le reste étant financé par les Crédits d'Impôt Recherche et l'investissement privé. www.agriculture.gouv.fr

51


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Les FEDER et FSE peuvent, plus rarement, financer l'innovation par redistribution. A l'échelle régionale, des programmes de stimulation de l'innovation sont également mis en place. Citons par exemple le programme Structure l'Innovation pour le Développement de l'Entreprise, délivré par la région Bretagne (aide issue du FEDER). Une somme allant jusqu'à 20.000€ peut être délivré pour financer la formation et le conseil auquel voudrait faire appel un entrepreneur pour développer une activité innovante. A l'échelle très locale, l'innovation peut être subventionnée par les communes ou communautés de communes. Celles-ci intéressées par le produit de la recherche peuvent y contribuer financièrement ou matériellement: mise à disposition de compétences spécifiques, ou de moyens matériels (locaux, matériels...). Le financement privé existe également de manière non négligeable. Moins systématique, celui-ci est soumis aux relations et réseaux professionnels. Une entreprise industrielle par exemple peut être intéressée par le concept développé et choisir d'en financer le développement pour ensuite en tirer parti et le commercialiser à grande échelle. Ce type de partenariat est d'ailleurs à double-intérêt puisque l'architecte innovateur trouve dans cet allié plus puissant, en plus des financements nécessaires, la garantie d'une diffusion large de son innovation. Ainsi, X-Tu s'est adossé aux Espagnols Bio Fuel Systems pour développer leurs système biofaçade, Ricciotti n'aurait pas pu concevoir la résille du MuCEM sans le concours de Lafarge etc... De la même façon que les programmes publiques et autres concours d'idée peuvent apporter un cadre et un financement à l'innovation, l'action de certaines fondations privées stimulent la R&D. Ainsi, par exemple, le Mécénat Besnard de Quelen délivre par son Grand Prix CharlesHenri Besnard une somme pouvant aller jusqu'à 100.000€ pour récompenser "l'auteur d'oeuvres réalisées ou le signataire d'un projet faisant appel à un système de construction nouveau ou à un perfectionnement technique ou scientifique susceptible, par son développement, d'apporter des progrès dans l'art de bâtir ou d'aménager."59. Enfin, et de manière plus anecdotique peut être, la R&D peut être financée par des activités annexes qui lui sont plus ou moins liées: publication d'ouvrages, conférences, enseignement...

59

52

www.besnarddequelen.com


L’innovation au quotidien.

Un module de façade du MuCEM en BFUP de Ricciotti et Lafarge et la Bio-façade Symbio 2 de X-TU et Bio-Fuel Systems.

53


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Ainsi, Anne Lacaton est enseignante à l'ETSA de Madrid, Jean-Philippe Vassal à l'UDK de Berlin, leurs nombreuses publications (Plus, entres autres), ont connus un certain succès en librairies spécialisées et leurs nombreuses conférences liées à leurs projets reconnus et primés (Equerre d'argent 2011, Grand Prix National 2008...) leurs apportent un revenu certain qui leur permettent une liberté plus grande et une obligation de rentabilité moindre dans leur travail d'agence. Ces différentes activités apportent une rémunération relativement régulière, qui permet donc un exercice de l'architecture moins rémunérateur. 2-Les relations de la R&D. a-La maitrise d'ouvrage Le rôle du maître d'ouvrage est primordial dans l'exercice de la R&D en agence. La recherche appliquée et le développement expérimental ayant forcément une finalité concrète, son application passe donc par une relation avec un maître d'ouvrage. L'époque est révolue où le maître d'ouvrage, grand de ce monde, laissait à son architecte la liberté illimité de créer, où Jules II, Laurent le Magnifique ou Ludovico Sforza permettaient à Brunelleschi, Michel Ange et Bramante d'énoncer, par l'expérimentation, les règles de la perspective, de l'ordre et de la structure. Le maître d'ouvrage d'aujourd'hui s'intéresse à des questions plus prosaïques de maitrise des coûts, des délais et de garanties décennales. La maîtrise d'ouvrage publique peut parfois reprendre, en quelque sorte et en moindre mesure, ce rôle de mécène. C'est le cas des grands projets précédemment évoqué tel le MuCEM. Les pouvoirs publics font preuve d'audace pour stimuler la recherche mais aussi gagner une image de marque, une médiatisation emblématique. Cette lutte d'image se vérifie particulièrement sur le J4 Marseillais ou se côtoient à quelques mètres le MuCEM et ses façades inédites, musée d'Etat, et la Villa Méditerranée de Stefano Boeri au porte à faux exceptionnel, financé par la région. L'affrontement politique y a eu clairement lieu.60 Cette volonté et ce budget souvent plus importants sont contrebalancés par la lourdeur administrative et normative déjà évoquée, inhérente à la commande publique. A ce propos, Jean-Michel Léger, sociologue et chercheur, note: "Si elle n'est pas une ligne droite, la démarche expérimentale n'en suppose pas moins la poursuite d'une direction de recherche avec le soutien régulier d'un maître 60

54

GROSSO Caterina, Stefano Boeri à Paris et Marseille, en cher voisin, Le Courrier de l'Architecte, 12/06/2013.


L’innovation au quotidien.

d'ouvrage, ce qui est certes peu compatible avec les conditions de la commande aujourd'hui."61 La maîtrise d'ouvrage privée peut s'affranchir au contraire de certaines règles. Dans le cas d'une agence spécialisée dans la maison individuelle à haute valeur environnementale, l'application de l'innovation sur des projets privés a pour première conséquence la nonobligation de l'intervention du bureau de contrôle. Un privé peut choisir de prendre un risque, quitte à s'affranchir des certifications et garanties. Le militantisme et la motivation de certains maitres d'ouvrage privés permettent dans le cas de l'agence Christophe Palou, une plus grande patience et bienveillance face aux aléas de l'expérimentation. Mais ces cas sont rares et il est complexe de trouver une maîtrise d'ouvrage suffisamment audacieuse prête à s'engager dans un projet plus difficile et long à élaborer, et souvent plus coûteux. Cette hausse de coût peut être liée au financement de la recherche intellectuelle mais aussi au matériau innovant lui même plus complexe à fabriquer ou à sa mise en œuvre: une entreprise réévalue à la hausse le coût de la mise en œuvre d'un matériau inédit. Son assurabilité plus complexe aura également toutes les risques d'être évaluée à la hausse. b-Les partenariats à développer Les partenariats sont primordiaux à développer en terme de financement. Ils le sont aussi pour une application concrète de la R&D. En effet, l'architecte R&D a nécessairement besoin d'appuis extérieurs, de partenaires pour mener à bien sa recherche. Ce soutien peut être intellectuel: ingénieurs, techniciens, juristes..., technique: laboratoires de recherche pour réaliser des essais, artisans et entreprises du BTP apportant leur concours à la réalisation concrète du procédé innovant..., logistique: collectivités territoriales et pouvoirs publics fournissant des moyens humains (compétences en communication, en droit, en comptabilité et gestion etc...) et matériels (équipements, instruments techniques, locaux). Appliqué à l'architecture, le duo le plus important de la R&D est celui constitué de l'architecte et de l'ingénieur. En effet, ce dernier apporte à l'architecte les compétences techniques qui souvent manquent à la concrétisation de l'innovation. Ces différents partenariats peuvent se nouer au sein de réseaux institutionnalisés comme les Pôles de Compétitivité ou les Plateforme Mutualisées d'Innovation, ou localement les 61

LEGER Jean-Michel, la relation habiter-architecture revoie à une demande plurielle non satisfaite par la normalisation, AMC, Dossier Habitat et Expérimentation, Juin-Juilet 2014, n.234.

55


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

structures Bretagne Développement Innovation et Territoires d'Innovation (financée par la région Pays de la Loire) qui mettent en relation les acteurs locaux de l'innovation et leur apporte soutien et financement. Ces réseaux professionnels peuvent aussi voir le jour de manière plus informelle: bouche à oreille, mise en relation par un tiers, activités extraprofessionnelles. Ainsi, Christophe Palou a rencontré une partie de ses partenaires actuels de projets de R&D au sein de l'équipe de professionnels enseignants du centre de formation en éco-construction et bio-climatisme Noria et Compagnie, à Redon, dont il fait lui-même partie. Mettre en place une réelle démarche de R&D au sein d'une agence d'architecture demeure complexe. Différents financements, publics ou privés, contribuent à la rendre viable économiquement. Face aux nombreuses contraintes de son application, le développement des partenariats est indispensable. La mutualisation des compétences et des moyens matériels et humains conduit à une plus grande efficacité de la concrétisation du concept innovant.

56


L’innovation au quotidien.

57


58


conclusion

59


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

La Recherche et Développement dans le domaine de l'architecture pose avant tout la question de la place de l'innovation et de la création intellectuelle dans le processus de projet. Quelle légitimité a cette appellation quand elle s'applique à un art où l'innovation est induite? Il n'est pas toujours aisé de faire la distinction entre ce qu'on a coutume d'appeler projet et une recherche reconnue comme telle. Pourtant, son application n'est pas si simple et de nombreux freins, notamment réglementaires et juridiques, en ralentissent la concrétisation au quotidien. Pour pallier à ces contraintes, des initiatives, publiques et privées, proposent des cadres et des aides stimulant l'innovation. Ce mémoire a donc cherché à en présenter les caractéristiques, les inconvénients et avantages, à dresser un portrait de l'état actuel de la R&D et ses différents acteurs. En tentant d'être le plus exhaustif possible quant aux partenariats à développer, aux sources de financement à questionner, aux statuts et mode d'exercice à mettre en place, j'ai cherché à constituer, par ce travail, un fond documentaire, une "boîte à outils" présentant le maximum possible d'instruments à disposition, dont la lecture au préalable pourrait aider un architecte cherchant à développer une activité de R&D au sein d'une agence. Par mon travail de recherche sur le sujet, je me suis assez rapidement rendu compte que la R&D en architecture est une discipline multiple et très diverse, à étudier au cas par cas. L'exercice au quotidien est en tout point différent selon le sujet, la taille de l'agence, les partenariats, les financements, le type de programme où l'innovation est appliquée, le maître d'ouvrage... Les références présentées ont donc cherché à montrer cette diversité: de l'agence de très petite taille en milieu rural à l'agence parisienne au chiffre d'affaire de plusieurs million d'euros. Ce mémoire ne cherchait pas à rendre compte de chaque type d'application possible. Etablir une liste de mode d'application concrète ne paraissait pas forcément pertinent. Celle-ci relève surtout du profil de chacun. J'ai donc cherché par ce travail à en poser les cadres. A chacun ensuite de les connaître pour ensuite développer sa propre application au quotidien. A chacun de s'approprier dans cette boite à outils, le ou les instruments qui lui paraissent appropriés à son propre projet de R&D. De cette façon, ce mémoire constitue pour moi une introduction au sujet et une source d'information qui me servira dans mon exercice prochain en agence. La finalisation de ma formation en architecture par la validation de l'Habilitation à Exercer la maîtrise d'Œuvre en son Nom Propre, sera suivie de mon association avec Christophe Palou. Nous avons l'un comme l'autre, la volonté forte de continuer et amplifier ce qui existe déjà à l'agence. Notre

60


L’innovation au quotidien.

travail sur des maisons individuelles et petits ERP à haute valeur environnementale s'accompagnera d'une réflexion plus poussée sur les matériaux bio-sourcés locaux et leur application dans les différentes étapes de la construction. Des réflexions sont en cours sur la valorisation d'algues marines localement abondantes (Golfe du Morbihan), ou encore sur les sédiments de rivière (envasement de l'estuaire de la Vilaine). Ce travail de mémoire sanctionnant la formation HMONP, a surtout constitué pour moi, un préalable pour une meilleure application d'une volonté certaine. Les différents outils sont à présent en ma possession. L'exercice de la R&D peut donc, dès maintenant, commencer.

61


62


-

annexes

-

carnet de bord

63


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

PROJET 1 LA ROCHE-BERNARD (56) REAMENAGEMENT D’UN BAR-RESTAURANT Durée : Janvier-Mai 2015 Avancement : PRO, OPC Le projet consiste en le réaménagement complet d’un bar-restaurant situé sur le port de la RocheBernard, dans un ancien entrepôt du XVII siècle en pierre et plafond bois apparent. Dans l’espace initial de 16 m de long, par 7m de large et 7m de hauteur, viennent se développer à différentes hauteurs, afin de conserver l’esprit des gradins de l’ancien théâtre démolis, 3 plateaux reliés par 2 escaliers et une coursive. Sous ces plateaux viennent se nicher le bar et les cuisines. La particularité du projet résidait dans le temps de chantier très réduit pour des raisons économiques. Le chantier (comme souvent sur la réhabilitation du bâti ancien) a par ailleurs régulièrement révélé des problèmes de plus ou moins grande importance. La démolition de l’aménagement antérieur a mis en lumière des points de structure en souffrance, à consolider. La présence d’humidité naturelle (ancienne zone marécageuse) dans le vide sanitaire sous le plancher du rez-de-chaussée à nécessité le remblaiement partiel de ce vide pour l’assainir et donc à la dépose totale et au remplacement du plancher. Les murs en pierre au profil irrégulier ont demandé une mise à jour régulière et de plus en plus détaillée du relevé existant. Travail accompli: - réalisation des plans DCE (janvier) - gestion de chantier (février-mai) -

-

64

réunions de chantier hebdomadaires en accompagnant Christophe Palou et visites très régulières sur le chantier (au moins tous les deux jours), dialogue avec les entreprises : dessin du plan de système électrique complexe avec près de 30 types de luminaires différents, réalisé en collaboration étroite avec l’entreprise d’électricité, plan de cuisine comportant des paillasses de différents hauteurs pour accueillir les équipements dessiné et modifié précisément avec le cuisiniste et le carreleur… , dialogue avec le bureau de contrôle : rôle d’intermédiaire entre les entreprises et le bureau de contrôle, validation systématique des modifications de projet décidées en réunion de chantier avec le maître d’ouvrage et les entreprises etc… assistance au maître d'ouvrage sur des choix esthétiques, de matériaux...


L’innovation au quotidien.

65


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

PROJET 2 MISSILLAC (44) CONSTRUCTION D'UNE MAISON D'HABITATION Durée : Janvier-Mai 2015 Avancement : OPC Le projet consiste en la construction d'une maison d'habitation en ossature bois, isolation en ouate de cellulose et bardage bois et panneau composite anthracite. La parcelle est orientée nord-sud, en pente douce vers un cours d'eau passant au bas de la parcelle au sud. L'accès se fait par le nord. La maison est composée de plusieurs volumes à toit monopente. Un car-port et un auvent signale l'entrée au nord, un volume s'ouvre au R+1 vers le sud. Un système d'assainissement en pytoépuration est mis en place sur la parcelle. A mon arrivée dans l'agence en janvier, le chantier était déjà au stade clos-couvert. Le bardage était en cours de pose, le second œuvre a rapidement suivi. Le projet a été livré fin Mai. Travail accompli: - suivi de chantier hebdomadaire en accompagnant Christophe Palou, et individuellement quand il était indisponible - relation avec les entreprise (parfois compliquée: conflit avec le lot couverture) - observation et suivi d'un test d'étanchéité à l'air - réunion de livraison de chantier, avec Christophe Palou.


L’innovation au quotidien.

PROJET 3 LA TRINITE SUR MER (56) EXTENSION D'UNE MAISON EXISTANTE Durée : Janvier 2015 Avancement : ESQUISSE, APD, PC Le projet consiste en l'extension d'une maison existante de syle neo-breton des années 1980 située dans un lotissement de la Trinité-sur-Mer, soumis à l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France. L'extension s'étend au nord, vers la rue, faisant le pendant d'une première extension réalisée dans les années 1990 au sud. Se développant sur 3 niveaux, il comprend une extension du garage en sous-sol, une chambre et salle de bain répondant aux normes PMR et un atelier de peinture sous les combles. Un ascenseur dessert les 3 niveaux. Le style néo-traditionnel de la maison existante et le PLU avec intervention de l’ABF a conduit à une conception et une matérialité classique, peu habituelle dans l’agence. Travail accompli: - esquisse avec Christophe Palou - modélisation 3D pour la présentation aux maîtres d'ouvrage - réalisation de l'insertion paysagère pour le PC

67


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

PROJET 4 SAINT-LYPHARD (44) REAMENAGEMENT INTERIEUR D'UNE MAISON EXISTANTE ET EXTENSION Durée : Février-Juin 2015 Avancement : ESQUISSE, APS, APD, PC Le projet consiste en le réaménagement intérieur et l'extension d'une maison existante, traditionnelle du Parc Naturel de Brière, en murs pierre et toiture chaume. Détaché de la maison d'habitation par un espace de 60cm de largeur, une ancienne grange accueille un garage et un studio. Le projet prévoit la liaison par un sas vitré des deux bâtiments. L'intérieur actuellement sombre et cloisonné, est repensé pour ouvrir l'espace. La cuisine et la salle à manger sont déplacées dans l'extension qui s'implante dans la continuité de la maison au nordouest, sur les fondations d'une ancienne construction ruinée. Le salon gagne ainsi en espace et en lumière par le percement d'une large ouverture sur le jardin. L'entrée est rationalisée permettant ainsi la création d'une buanderie, la salle de bain agrandie et mieux éclairée par une fenêtre percée. L'extension s'accompagne d'une terrasse au sud, coté voie publique, et une nord-est, dans l'angle avec le salon. Le choix du bardage en bois-brûlé attenue l'impact visuel de ce volume en toiture plate venant se greffer à l'habitation existante. Le projet s'accompagne également d'une réflexion paysagère pour améliorer les apports de lumière naturelle à l'intérieur, préserver l'intimité par rapport à la voie publique et intégrer un système d'assainissement en phytoépuration. Travail accompli: - relevé sur place de l'existant, et mise au propre en agence. - esquisse et premiers croquis avec Christophe Palou - mise au propre en plan et modélisation 3D - réunions et communications téléphoniques avec les maîtres d'ouvrage - dossier APS, APD - préparation du dossier PC - assistance et conseil au maitre d'ouvrage à propos de son système d'assainissement à revoir. Choix d'un assainissement en phytoépuration.

68


L’innovation au quotidien.

69


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

PROJET 5 FEREL (56) CONSTRUCTION D'UNE MAISON NEUVE Durée : Mai 2015 Avancement : ESQUISSE Le projet consiste en la construction d'une maison d'habitation de 150 m². Le contrat signé avec les maîtres d'ouvrage ne concerne actuellement que la phase esquisse. La parcelle est orientée nord-sud, plane sur la partie constructible puis en pente prononcée vers le sud ensuite. L'accès se fait le nord. Elle comporte un vis à vis proche à l'est mais la vue est totalement dégagée au sud et ouest (zones agricoles). La maison privilégie donc cette orientation en s'ouvrant par décrochés vers le sud-ouest. une bande utile concentre les pièces techniques au nord (arrière-cuisine, cusine, WC, salle de bain, dressing) pour développer les espaces nobles au sud. A l'étage, les 3 chambres s'ouvrent sur la vue, la salle de bain et une mezzanine-bureau-espace de jeux occupent la partie nord. Un jeu de pente de toits ouvre la maison vers le sud. Travail accompli: - 1er rendez-vous avec les maitres d'ouvrages pour cerner leur programme, budget, délais ... - visite du terrain et relevé pour compléter celui du géomètre - visite avec les maitres d'ouvrages des différents chantiers de l'agence pour leur présenter notre travail, les techniques constructives, les matériaux utilisés.... - esquisse et premiers croquis, avec Christophe Palou. - remise au propre en plan et redimensionnement des surfaces (surestimées par les maîtres d'ouvrages) pour une meilleurs adéquation avec le budget. - assistance auprès des maîtres d'ouvrage pour leur système d'assainissement individuel.

70


L’innovation au quotidien.

PROJET 6 SARZEAU (56) REHABILITATION ET EXTENSION DE DEUX MAISONS SUR UNE MÊME PARCELLE Durée : Mai 2015 Avancement : PC Le projet consiste en la réhabilitation de deux maisons anciennes situées sur la même parcelle, dans le cœur d’un hameau ancien. Une des deux maisons est réhabilitée La deuxième actuellement en ruine (murs de pierre sans toit) est réhabilitée et agrandie. Ces deux projets parallèles avaient déjà fait l’objet d’un premier dépôt de permis de construire en 2014. Une modification du PLU en cours, susceptible de modifier les règles appliquées, à conduit le maître d’ouvrage à demander une pause dans le travail. Les modifications du PLU ayant été rendues publiques en Mars, j’ai repris le dossier pour le modifier en partie et redéposer la demande en mairie. Travail accompli: - communication avec le client - communication avec la mairie de Sarzeau et la DDTM - modification et mise à jour des documents du dossier de PC en fonction des modifications du PLU - rédaction du formulaire cerfa de demande de PC , celui-ci ayant changé en 2015.

71


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

PROJET 7 SAINT-JEAN BREVELAY (56) CONSTRUCTION D'UNE MAISON MEDICALE Durée : Janvier-Juin 2015 Avancement : diverses étapes Le projet consiste en la construction d'une maison médicale de 400m² pour des médéceins, kinésithérapeutes et infirmiers. Lors de mon arrivée à l'agence, le dossier PC était prêt. Il a été déposé en Février. Mon travail sur le projet a été plus anecdotique et irrégulier. Il concerne surtout le suivi administratif du dossier complexe, puisque le maitre d'ouvrage est une SCA, composée de 3 SCI regroupant les différents professionnels (4 médecins, 4 kinésithérapeutes, 3 infirmiers). Travail accompli: - finalisation du dossier PC - suivi administratif: réunion, en accompagnement de Christophe Palou, avec l'expert-comptable en charge du dossier de la SCA, du notaire, des différents représentants de SCI.

72


L’innovation au quotidien.

73

73


74


-

annexes

-

procédé rhiz ’ home

75


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Le Procédé Riz'Home est une technique constructive, fruit de la recherche menée par Mireille Avril, gérante de la société Riz'Home mettant en œuvre aujourd'hui ce procédé et Christophe Palou, architecte dplg. La réflexion a été initiée en 2012 et a abouti à un dépôt de brevet en 2014. La réflexion menée depuis longtemps au sein de l'agence Palou sur les matériaux bio-sourcés a pu ici être travaillée plus en profondeur et aboutir à une concrétisation. Basée à la Roche-Bernard (56), l'agence se trouve au bord de la Vilaine. Les différents chantiers de maisons individuelles se répartissent en grande partie dans une zone suivant son cours, de son embouchure jusqu'en amont de Redon. L'identité paysagère de cette aire se caractérise par de nombreuses roselières et marécages. De plus, ce même biotope se retrouve localement, dans le Parc naturel de Brière et en bordure de Loire ou autour du Golfe du Morbihan par exemple. Ces roseaux, autrefois régulièrement fauchés pour servir de fourrage aux bovins, prolifèrent aujourd'hui, les progrès de l'agriculture et les difficultés d'accès de ces zones ayant entrainé la fin de cet usage. Seuls quelques chaumiers entretiennent encore régulièrement certaines roselières. Cette activité demeure anecdotique: la plupart du chaume utilisé localement en couverture provient de Camargue ou plus loin encore (Hongrie, Chine etc...). Le roseau, espèce à croissance rapide par rhizome, prolifère donc aujourd'hui en posant de nombreux problèmes (colonisation massive, appauvrissement de la biodiversité, risques d'incendies...) Nous somme donc devant le cas d'un matériau naturel, très rapidement renouvelable, présent localement en très, et même trop, grande quantité. Face à ce constat, Mireille Avril et Christophe Palou ont cherché à utiliser cette ressource abondante dans le domaine de l'architecture et la construction. Le roseau, par ses caractéristique ligneuses possède un pouvoir isolant intéressant. Le procédé Riz'Home se présente donc comme un complexe mural, un caisson préfabriqué fixé sur une ossature bois. Il est composé, de l'intérieur vers l'extérieur, d'un vide technique, une plaque de fibre de bois type Agepan, d'une épaisseur de roseau broyé, d'un panneau de bois assurant le contreventement et d'un bardage en chaume vertical ne nécessitant pas de ventilation avec le parement. Le roseau est donc ainsi utilisé à la fois comme bardage extérieur et isolant. L'intérêt est qu'ici le pouvoir isolant du roseau est en partie assuré par le bardage lui-même. Le broyat assure le complément.

76


L’innovation au quotidien.

Tout au long de cette recherche, divers partenariats ont été noués. Les communauté de communes Arc Sud Bretagne et du Pays de Redon ont apporté leur concours. Effipôle, pôle de performance énergétique du laboratoire de recherche LIMAT B de Lorient (Laboratoire d'Ingénierie des MAtériaux de Bretagne), dépendant de l'Université de Bretagne Sud a assuré les différents test afin de connaitre précisément la conductivité thermique du roseau, son hydrique et perméabilité, sa résistance mécanique etc... Les conclusions de cette étude a permis de légitimer la technique et d'en connaitre plus précisément les caractéristiques pour en optimiser l'utilisation concrète (épaisseur nécessaire, mise en œuvre particulière etc...). Jérôme Spieth, ingénieur thermicien du bureau d'étude AlterEcoH a été un partenaire privilégié dans cette recherche, en apportant ses compétences en thermique. Ce travail de recherche a abouti à la conception de deux projets de maisons individuelles utilisant cette technique, à la Vrai-Croix et Saint-Nolff (56). Malheureusement pour des raisons budgétaires, seuls le second voit aujourd'hui le jour sous cette forme.

Exemple de roselière aujourd’hui abandonnée en bord de Vilaine. Etier du Rah Coët, Férel.

77


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Maquette à l’échelle 1 d’un caisson riz’home au laboratoire LIMAt B de Lorient, utilisé pour tester son étanchéité et sa résistance aux intempéries.

Echantillon de roseau broyé utilisé lors du test effectué par le laboratoire LIMAt B afin d’en connaitre la conductivité thermique.

78


1.10

±0.00

-0.39

112.85

L’innovation au quotidien.

-0.39

113.08

113.60

Divers documents de travail relatifs aux deux projets conçus selon le procédé Riz-Home par l’agence Christophe Palou. toiture menbrane EPDM OSB solivage laine de bois caissons isolant roseaux espace technique plafond plaque de plâtre 4.53 8.16

4.53 45

+6.14

+5.90

45

+5.72

113.08

habillage zinc

plancher dalle bois solivage bois

1.00

2.40

2.45

2.37

20

4

+2.69

2.69

+2.99

1.00

+3.31

+3.13

toiture végétale sur membrane EPDM OSB chevrons 5x15

1.15 2.50

1.15

3

31

16

37

volet cadre bois remplissage tressage

112.45

112.58

1 : 50 EXE RDC BACHELOT - LEFO

±0.00

13.08

TF

-0.42

TN

drain

3.31

7

PP 80x203

7 3

5.33

1.9

Séjour

94 5 2.1 4 4.8

1.53

1.52

50

B

plafond à caisson bois

3.60

Projet sis : 3 Impasse de la Ficaire 56250 LA VRAIE CROIX 47

PLAN RDC

DCE

Echelle : 1/50è16/01/20 Date : 19.01.2015 2.25

Maîtrise d’ouvrage : M. BACHELOT & Mme LEFORT 1.80 7.21

13.51

90 2.15

94 2.15

93

CONSTRUCTION D’UNE MAISON D’HABITATION

1.64

VISAS

2.66

A

7

1.9

3.98

71 1.15 84 7 rue de Nantes - BP 55 56130 LA ROCHE-BERNARD Tél. : 02.23.10.13.25 Site : palouarchitecte.fr

6.31

1.28 80 2.03

87

3.60 4.60 2.15

Poteau bois

Architecte

3.26

31 1.53

8

TG

7

1.76

PP 80x203

3.11 3.60

90 2.15

5.57

1.77

3

36 12 87

PP 80x203

3.60

2.18

1.52

48

7 chutes étage

Cuisine 50

80 5.06 1.15

3.70

7

25

51

11

53 1.81

31

80

Projet situ

5

47

1.53

5.13

3.76

5.40

23

plafond plâtre

A

47

1.85

Salon

2.10

3.45

4.15

Poteau bois

47

Maitre d'O

Chambre 1

7

2.73

1.19 94 2.15 2.54

ar cuisine

9.67 m²

2.3

8.9481

03

0x2

8 PP

5

1

cuisine repas

6.0

.45

poteau bois

96

5

77

70

Douche

90

7

80 2.03

3.4

4.51

rgt

3

chambre 2

7

7

1.3

2.3 7

12.31 m²

55

9

5

34.08 m²

3

2.7

PP 80x203

7

3.25 2.50

35

7 Séjour-Salon

7

A 80 1.15

89

29

Date : 15.07.2014

BEC

8

7

80 2.03

DCE

4.64 m²

1.5

PP 80x203

80

91

40 7

47

9.12 m²

cellier

Echelle : 1/50è

SL+LL

3.65

1.83

80 1.15

2.73

3.47 m² P coul hublot

2.23 AA’ COUPE

B

Projet sis : Lotissement du Pré Vert 5 NOLFF 56250 SAINT 2.8 3 5.9

S.eau Maîtrise d’ouvrage : M. KERAVEC & Mme WANBERGUE chambre 1

bac

7

1.80

7 7 2.02 D’UNE 5.72 CONSTRUCTION MAISON D’HABITATION 1.72

3.34

50

1.20

4.96

chute étage

7 rue de Nantes - BP 55 56 130 LA ROCHE-BERNARD Tél. : 02.23.10.13.25 Fax : 02.23.10.13.26 Site : palouarchitecte.fr

13.51

6.57

7.84

3.93

48

1.80

113.80

AA

A

90 2.15 14.01

48

7.00

3.78

14.47

79


80


-

annexes

-

bibliographie

81


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

82


L’innovation au quotidien.

ouvrages.

................................................................................................................................

BG Ingénieurs Conseils, BG-Magazine, édition 2014, Lausanne, 2014. BLOCHE Patrick, Rapport d’information n.2070 déposé par la Commission des Affaires Culturelles et de l’Education sur la Création Architecturale, Paris, 2 Juillet 2014. BOUIN Jérôme, L’assurabilité du risque innovant en assurance construction, Institut des Assurance de Lyon, 2008. OCDE, Manuel de Frascati, 2002. OCDE, Manuel d’Oslo, 2005. OCDE, Manuel de Canberra, 1995. ORDRE DES ARCHITECTES, Le Livre Blanc des Architectes, Paris, 2004. ORDRE DES ARCHITECTES, Charte d’engagement des Architectes en faveur du Développement Durable, Paris 2005. RICCIOTTI Rudy, L’architecture est un sport de Combat, Paris, Editions Textuel, 2013. textes de loi.

.........................................................................................................................

Code de Déontologie des architectes, 23 septembre 1992. Code des Devoirs, 25 mars 1980. Code du Commerce, 21 septembre 2000 Code de la propriété intellectuelle, 1 juillet 1992 Loi n° 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture. Loi 2004-1484, du 30 décembre 2004 dite de finance pour 2005. articles de presse.

..................................................................................................................

BORNE Emmanuelle, X-TU, de l’inconnu(e) aux utopies, Le courrier de l’architecte, 10/11/2010. Communiqué de Presse du Ministère de la Culture et de la Communication, «Université d’été de l’Architecture: Fleur Pellerin annonce une stratégie nationale pour l’architecture.» DELHAY François, La réponse de Boskop aux comportements contemporains mobiles et flexibles, Le courrier de l’architecte, 27/10/2010. DOUTRIAUX Emmanuel, Béton, Fibre, Sémiotique, Vertu - Entretien avec Rudy Ricciotti, Marseille, 3 Juin 2013., D’A, n.219, Juillet 2013. GROSSO Caterina, Stefano Boeri à Paris et Marseille, en cher voisin, Le Courrier de l’Architecte, 12/06/2013. LEGER Jean-Michel, la relation habiter-architecture revoie à une demande plurielle non satisfaite par la normalisation, AMC, Dossier Habitat et Expérimentation, Juin-Juilet 2014, n.234. LEYSENS Eric, Le bâtiment est-il réfractaire à l’innovation?, Le Moniteur, 18/01/2013. NAMIAS Olivier, L’assurance reste un frein à l’innovation architecturale, Les Echos, 06/05/2010. Premier Plan, le journal d’information du PUCA, Rendre possible, du Plan Construction au PUCA : 40 ans de réalisations expérimentale, n.26 , Juin-Octobre 2012. RENAUDIE Serge, Wang Shu, les secrets d’un homme. Le Courrier de l’Architecte, 06/11/2013 sites internet. ..........................................................................................................................................

www.agriculture.gouv.fr www.architectes.org www.batiactu.com www.besnarddequelen.com www.bureauveritas.fr www.cluster-meca.fr www.cid5738/le-statut-de-la-jeune-entreprise-innovante-jei.html www.competitivite.gouv.fr www.cstb.fr www.culturecommunication.gouv.fr

www.dgdr.cnrs.fr www.entreprises.gouv.fr www.enseignementsup-recherche.gouv.fr www.europe-centre.eu www. institut-carnot.cstb.fr www.lecourrierdelarchitecte.com www.legifrance.gouv.fr www.maf.fr www.oecd.org/fr/ www.socotec.com

83


84


-

annexes

-

dossier d’inscription

85


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Guénégo Clément

française 07/07/1990 à Saint-Nazaire (44) 58 Les Pargo

56130

Férel

06.95.25.72.35 clement.guenego@hotmail.com

86


L’innovation au quotidien.

19/09/2013 Paris-Val de Seine 5

(5 janvier 2015) V6K 7 rue de Nantes 56130 La Roche Bernard Christophe Palou

architecte dplg 6 mois: 05/01/2015 Ă 03/07/2014

association dans SAS

87


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Les activités de V6K sont de deux types distincts et complémentaires: - une activité dite classique, de maitrise d'œuvre architecturale, cœur de l'activité de l'agence. L'agence préexistante et dont l'activité se poursuit dans V6K est fortement implanté dans la région sur le marché de la maison individuelle. De petits équipements publics (groupes scolaires, multi-accueil...) complètent son champ d'action. V6K poursuivra donc cette activité tout en, par l'association de plusieurs indépendants, pouvant prétendre à des projets plus ambitieux. Mes missions pour cette partie seront diverses et complètes: conception et exécution, suivi de chantier (esquisse, APS, APD, phase pro, DET, AMO, OPC...). -une activité de Recherche et Développement (R&D), consacrée à une recherche appliquée s'intéressant aux matériaux et à leur mise en œuvre. Dans un questionnement sur les ressources locales non ou mal exploitées, plusieurs idées sont aujourd'hui à l'étude ou en réflexion: le roseau des marais de Vilaine utilisée en bardage vertical, en isolation extérieure, la zostère, une algue présente sur nos côtes comme isolant ou matériaux de couverture, brique de terre crue en vase de Vilaine etc... Cette activité occupera une place importante dans le travail de l'agence tant par la recherche en tant que telle que par son application directe dans les projets de maîtrise d'œuvre.

88


L’innovation au quotidien.

La SAS d’architecture V6K où je suis associé et où je désire effectuer ma Mise en Situation Professionnelle est une structure nouvellement créée, un collectif regroupant des indépendants des métiers de la construction. Le projet d'agence est centré sur un désir commun de développer une architecture durable et plus écologique, sobre, efficace et intelligente. Dans ce but et devant le constat d'un trop fort cloisonnement des compétences dans le milieu actuel de la construction (agences d'architectures, différents BET, entrepreneurs, artisans...), la volonté est de regrouper différents professionnels. L'agence, coopérative d'éco-construction, est donc composée d'architectes, d'ingénieurs structure, thermique, fluide, d'entrepreneurs tous associés et ayant un statut similaire. La mise en commun des compétences et la mutualisation des savoirs et expériences permet d'aller plus loin dans la construction durable, grâce à des projets architecturalement bien conçus et techniquement intelligents. Architecte récemment diplômé (septembre 2013), c'est une grande chance pour moi de pouvoir m'associer à des professionnels expérimentés, qui m'apporteront donc le savoir technique et concret qui me manque encore. La création de l'agence étant donc concomitante avec le début de la MSP, c'est également une chance de pouvoir expérimenter sur le terrain le sujet même de l'enseignement de la HMONP. Le suivi de l'enseignement HMONP s'inscrit donc dans mon cas dans un parcours cohérent puisque son obtention me permettrait de l'appliquer immédiatement et d'être pleinement impliqué dans l'agence d'architecture, au même titre que les autres associés.

89


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

90

avril 2014

Fondation Wilmotte

Projet remarqué (13e sur 151) dans le cadre du Prix W 2014 portant sur un projet de centre culturel et de réaménagement de l’accès à la Tour de Londres.

juillet et sept 2013

ENSA Paris Val de Seine

Obtention du diplôme d’état d’architecture avec un PFE sur la vile portuaire (site de Saint-Nazaire) et un mémoire sur le patrimoine, sa résilience et sa reconversion.

sept-nov 2012

Atelier Ruelle à Paris (75) et Marcillé (49)

travail de conception en urbanisme (analyses de références, de sites, plans de renouvellement urbain) et architecture (reflexion sur l’habitat intermédiaire, suivi de chantier, recherche de matériaux...).

2011-2012

Faccoltà d’Architecttura-Università degli Studi di Roma-la Sapienza

Année en Italie dans le cadre de l’échange Erasmus. Année d’étude axée sur le patrimoine, l’histoire de l’architecture et la muséographie-scenographie.

juillet 2010

Agence Spéciale d’Architecture Gimbert à Pornichet (44)

travail de conception en agence (équipements publics, batîment hôtelier, locaux d’activités...), et de communication du projet (perspectives, publications...)

juillet-août 2009

Stage ouvrier à l’entreprise SERRU FER à Arzal (56)

réalisation de travaux de soudure et de montage de charpentes métalliques, découverte du matériau acier.

juin 2008

Lycée La Menais à Guérande(44)

mai 2008

ICAM à Nantes (44) et Lycée La Menais à Guérande (44)

avril 2007

Stage à l’agence d’architecture intérieure Jean-Yves SUSSIN à Nantes (44)

juin 2006

Stage à l’agence d’architecture Christophe PALOU à la Roche Bernard (56)

Obtention du Baccalauréat Général Scientifique option italien avec mention Très Bien Lauréat du Prix de Coup de Coeur du Challeng’ICAM TPE sur un projet s’interessant à l’architecture et au développement durable. découverte de la profession d’architecte d’intérieur. travail en agence, visites de chantiers découverte de la profession d’architecte. travail en agence, visites de chantiers.


L’innovation au quotidien.

Clément GUENEGO

Architecte DE

né le 07.07.1990 à Saint-Nazaire (44)

titulaire du Permis B

58 Les Pargo 06.95.25.72.35

clement.guenego@hotmail.com www.clementguenego.wix.com/architecte

56130 FEREL

Expériences professionnelles 2013-...

Conception de projet de maison individuelle, d’extension, d’aménagement intérieur... pour des clients particuliers, Férel (56), Camoël (56), Herbignac (44), Nantes (44), Ile de Ré (17), Guérande (44), Les Touches, Rueil-Malmaison (92) ...

2013 dec - 2014 sept.

Agent d’accueil et de surveillance au Musée National d’Art Moderne-Centre Pompidou à Paris (75)

2012 sept.-nov.

Stage à l’Atelier RUELLE urbanisme, paysage et architecture à Paris (75) et Marcillé (49)

travail de conception en urbanisme (analyses de références, de sites, plans de renouvellement urbain) et architecture (reflexion sur l’habitat intermédiaire, suivi de chantier, recherche de matériaux...).

2010 juillet

Stage à l’Agence Spéciale d’Architecture GIMBERT à Pornichet (44) travail de conception en agence (équipements publics, batîment hôtelier, locaux d’activités...), et de communication du projet (perspectives, publications...)

2009 juillet-août

Stage ouvrier à l’entreprise SERRU FER à Arzal (56)

2007 (1 semaine)

Stage à l’agence d’architecture intérieure Jean-Yves SUSSIN à Nantes (44) découverte de la profession d’architecte d’intérieur. travail en agence, visites de chantiers

2006 (1 semaine)

Stage à l’agence d’architecture Christophe PALOU à la Roche Bernard (56) découverte de la profession d’architecte. travail en agence, suivi de projets

réalisation de travaux de soudure et de montage de charpentes métalliques, découverte du matériau acier.

Formation 2013

Obtention du diplôme d’Etat d’Architecte (mention bien).

2012-2013

Master 2 à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Val de Seine (75)

2011-2012 2008-2011

De Kosmi B./ Desmoulin B./ Kourniati M./ Brucculeri A./ Bulle S.

Master 1 Erasmus à la Faccoltà d’Architettura-Università degli studi di Roma la Sapienza (Italie)

Bianchi G./ Del Vecchio M./ Ottaviani R./ Mattioli F./ Cherubini R./ Cartucci.M

Licence à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Val de Seine (75)

2010-2011: Farel A./ Desmoulin B./ Lacaisse S. 2009-2010: Mas J./ Mossier O./ Veillerot JM./ Leclerc JF. 2008-2009: Regnier-Kagan N./ Mossier O./ Veillerot JM./ Leclerc JF.

2008

Baccalauréat Scientifique (spécialité Physique-Chimie, option LV3 Italien) avec mention très bien, au Lycée La Mennais à Guérande (44)

2007

Travaux personnels encadrés (TPE) sur l’architecture et le developpement durable, récompensé au challenge ICAM TPE (Nantes) par le Prix Coup de Coeur du jury.

Compétences informatiques Archicad, Artlantis, Autocad, Vectorworks, Photoshop, Illustrator, Indesign, Première, Google Sketchup, Suite Microsoft Office. français (langue maternelle), italien (lu, parlé, écrit), anglais (niveau scolaire), espagnol (niveau basique) linguistiques

Centres d’Interêt arts musique voyages sports divers

architecture, croquis d’architecture (encre, feutre, fusain...), photographie, cinéma, expositions... flûte traversière traditionelle celtique, concerts, festivals, sessions, masterclass... Italie, Espagne, Portugal, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Turquie, Islande. natation, monocycle, randonnées. géographie, nature, écologie, histoire, histoire de l’art, généalogie, littérature, écriture de nouvelles...

91


HMONP ENSA Nantes - Clément GUENEGO - 19 Juin 2015

Clément Guénégo

06/11/2014

92


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.