Qui tu es

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JUDY CHA

U I QUI

S’ approprier

l ’ évangile

pour S ai S ir

mon identité

© 2025, éditions Vida

CLC–BP 9 – F-26216 Montélimar Cedex

vida@clcfrance.com – www.vida-editions.com

ISBN : 978-2-38391-255-2 (papier) / 978-2-38391-966-7 (epub)

Responsable éditoriale : Claire Trestour

Titre original : Who You Are : Internalizing the Gospel to Find Your True Identity © Published by arrangement with HarperCollins Christian Publishing, Inc. 501 Nelson Place, Nashville, Tennessee 37214, U.S.A.

Traduit de l’anglais par Claire Romerowski

Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Louis Segond révisée, dite « à la Colombe ».

Diffusé en Belgique par la Centrale Biblique

Diffusé au Canada par CLC Canada

Diffusé aux États-Unis par CLC USA

Diffusé en Suisse par RDF Édition

Tous droits réservés. Toute reproduction ou transmission, totale ou partielle, par voie électronique, mécanique ou autre, ainsi que tout enregistrement ou photocopie, sont interdits sans le consentement préalable de l’éditeur.

Couverture : Jennyfer Val Katende

Dépôt légal : octobre 2025

Impression n° xxx (septembre 2025) • Arka, Pologne

Mots-clés : 1. Identité. Force intérieure. 2. Croissance personnelle. 3. Résilience. Authenticité.

JUDY CHA U I QUI

À

mes parents, Sang Min et Young Sook Chang, qui m’ont aimée et m’ont révélé Christ !

TABLE DES MATIÈRES

Introduction : Notre identité selon l’Évangile ..............................7

Partie 1 : Mais qu’est-ce qui ne va pas chez nous ? .....................11

1. Le vrai problème et la seule solution ....................................13

2. Notre identité perdue et la honte .........................................29

3. Les blessures qui nous construisent ......................................45

4. Nos stratégies de défense et d’affirmation ............................57

Partie 2 : La solution à notre problème .....................................75

5. Plus que « comprendre » l’Évangile .......................................77

6. Pleurer et accepter notre souffrance .....................................91

7. Utiliser notre imagination pour rencontrer Dieu ...............107

Partie 3 : S’approprier l’Évangile .............................................125

8. S’observer soi-même et comprendre son histoire ................127

9. Créer des liens d’intimité avec les autres ............................143

10. Créer une relation d’intimité avec Dieu .............................159

Conclusion : Vivre tel que vous avez été créé ............................177 Remerciements ........................................................................183

Annexe A : Exercice : Que m’apprennent mes émotions ? ........187

Annexe B : Je suis pasteur ou je fais de la relation d’aide : Comment savoir si une personne a besoin de counseling ? ..191

Annexe C : Comment trouver le conseiller qui me convient ? ..197

Glossaire..................................................................................203

Qu’est-ce que Redeemer Counseling ? .....................................207

NOTRE IDENTITÉ SELON L’ÉVANGILE

Pendant trente ans, j’ai marché aux côtés d’hommes et de femmes traversant des saisons les plus sombres de leur existence. Ces personnes faisaient face à des pertes déchirantes, à des traumatismes profonds et à des addictions terribles. Pourtant, au cœur de ces tempêtes, j’ai vu briller un courage souvent insoupçonné, une résilience qui défiait les circonstances les plus monstrueuses. Mais la réalité, la plupart du temps, était celle d’une destruction silencieuse, et d’un chagrin si douloureux qu’ils handicapaient ces personnes et les maintenaient captives de leur souffrance. Pendant de nombreuses années, je me suis posé cette question : Qu’est-ce qui pourrait vraiment soulager ces âmes blessées ? Qu’est-ce qui pourrait leur redonner de l’espérance quand tout semble perdu ?

Dans mon travail de conseillère, comprendre d’où vient la détresse des personnes que nous accompagnons est essentiel. Au cours des dix mille séances que j’ai menées, je me suis rendu compte qu’à la racine de la plupart des problèmes résidait celui de l’identité. Et je suis convaincue, ce n’est pas seulement un problème psychologique, mais un combat profondément spirituel.

Quand le péché est entré dans le monde, l’humanité s’est vue marquée par une honte tenace. Nous naissons tous avec un

sentiment de honte naturel qui façonne silencieusement notre regard sur nous-même. C’est pourquoi nous tentons de la dissiper par nos propres moyens. Malheureusement, tous nos efforts pour faire taire notre honte et nous bâtir une identité affermie sont voués à l’échec. Pourquoi cela ? Car notre identité (notre valeur et le sens de notre vie) ne peut s’ancrer que dans une relation vivante avec notre Créateur. La réponse divine à ce combat identitaire n’est pas une simple méthode ou un manuel d’instruction en plusieurs étapes, mais une personne : Jésus-Christ, notre Rédempteur. Quand nous entrons en relation avec lui et assimilons pleinement l’Évangile – ce message de grâce infinie que Dieu nous a transmis en Jésus – nous découvrons notre identité en Christ. Quand nous cherchons notre identité en Dieu, notre combat intérieur contre la honte se calme. Et quand une bataille terrifiante et dévastatrice fait rage à l’extérieur, nous savons qui nous sommes, et c’est ce qui nous rend capables de faire face à tous les défis qui se présentent. Attention : vivre pleinement cette identité ne se fait pas en un instant. C’est un chemin, un processus patient où, pas à pas, nous apprenons à entendre la voix de Dieu sur nous, à déjouer les obstacles qui nous retiennent prisonniers.

Plusieurs décennies de counseling m’ont montré qu’il ne suffit pas de connaître la solution au problème pour le résoudre. La réalité, c’est qu’en cherchant à nous forger une identité affermie, nous nous heurtons à des obstacles insurmontables. Nous vivons dans un monde brisé et nous expérimentons régulièrement les conséquences du péché. De plus, notre corps et notre âme sont euxmêmes infectés par le péché, ce qui nous empêche de renoncer à compter sur nous-mêmes et de nous reposer en Christ. C’est vrai, le problème de l’identité est un problème spirituel. Accompagner quelqu’un vers cette liberté, c’est l’aider à défaire les croyances erronées, à panser ses blessures, et à s’approprier peu à peu l’Évangile, jusqu’à ce qu’il devienne une réalité vivante.

Notre équipe à Redeemer Counseling œuvre depuis plus de vingt ans à rendre l’Évangile plus concret dans la vie de ceux que nous accompagnons. Nous avons découvert que la première étape,

c’est de définir le problème avec clarté et précision. Nous avons compris que chaque approche thérapeutique élabore une théorie sur ce qui ne va pas, c’est-à-dire sur la « pathologie » à l’origine des comportements dysfonctionnels et destructeurs. Pour « réparer » quoi que ce soit, il faut d’abord savoir ce qui a été brisé. Bien que la nature brisée de l’être humain sur les plans physique et psychologique soit aujourd’hui reconnue par les thérapeutes, la dimension spirituelle est bien souvent ignorée ou n’est pas prise au sérieux. Notre objectif est donc de pratiquer un counseling nourri des meilleures réflexions et connaissances bibliques et cliniques. Pour ce faire, nous avons élaboré ce que nous appelons le Cadre de référence pour la thérapie centrée sur l’Évangile. Ce cadre nous permet de définir ce qui ne va pas et montre comment adapter la solution pour aider la personne suivie à mieux vivre la réalité de l’Évangile et à expérimenter un changement durable dans son cœur.

Ce cadre de référence montre que pour comprendre ce qui ne va pas et ce qui peut nous aider, nous devons explorer avec curiosité notre propre histoire de vie. Nous avons tous une histoire, un contexte dans lequel nous sommes devenus celui ou celle que nous sommes aujourd’hui. Notre histoire se compose des personnages importants qui nous ont influencés, des grands événements qui nous ont remplis de joie et de ceux qui nous ont fait du mal. Elle comprend les instants clés qui ont façonné nos rêves, tracé notre itinéraire de vie et transformé nos relations. Notre histoire de vie peut nous apprendre énormément ! Durant toute ma carrière de conseillère, je n’ai jamais entendu deux histoires identiques, ni une seule qui n’ait éveillé mon intérêt (ma propre histoire incluse). Notre histoire est faite d’expériences uniques qui nous façonnent. Elle n’est pas simplement unique par ces expériences, mais surtout à cause de la façon dont nous avons interprété ces expériences. Chaque histoire montre comment notre identité (notre vision de nous-mêmes et de notre valeur) se forme et se renforce. En la comprenant mieux, nous pouvons peu à peu abattre les obstacles qui nous empêchent de recevoir une identité affermie, notre véritable identité.

Je suis convaincue que notre meilleur espoir de résoudre le vrai problème, celui qui se cache derrière notre manque d’assurance ou de foi, notre solitude ou nos relations brisées, c’est de recevoir une identité affermie fondée sur l’Évangile. Dans ce livre, je partagerai avec vous des fragments de ma propre histoire, ainsi que des récits fictifs inspirés de vies rencontrées au cours de ma carrière. Nous commencerons par nous demander ce qui ne va pas chez nous, et quelles sont les barrières invisibles qui nous empêchent de nous voir tels que Dieu nous voit. Puis, nous verrons la solution, cette appropriation progressive de l’Évangile. Enfin, je vous proposerai des pistes concrètes pour avancer dans ce voyage intérieur.

À la fin de chaque chapitre, je vous invite à réfléchir à votre propre histoire pour mieux la comprendre. Vous êtes libre d’exploiter cette partie seul, en écrivant dans votre journal ou en notant vos réflexions ; ou alors d’y réfléchir en groupe avec des amis de confiance qui lisent aussi ce livre. Mon souhait est que ce cheminement vous révèle, peu à peu, qui vous êtes vraiment.

PARTIE 1

MAIS QU’EST-CE QUI NE VA

PAS CHEZ NOUS ?

LE VRAI PROBLÈME ET LA SEULE SOLUTION

M on parcours de conseillère a commencé dans un centre de réhabilitation psychosociale spécialisé dans l’accompagnement de patients souffrant de graves traumatismes crâniens, la plupart, victimes d’accidents de la route. Nombre d’entre eux étaient lourdement handicapés, tant sur le plan moteur que cognitif. Malgré cela, il était évident qu’ils aspiraient tous à entretenir des liens, à être connus et acceptés. Je m’occupais surtout des tâches administratives, pourtant, certains patients, tout comme quelques collègues, faisaient appel à moi dans certaines situations tendues, espérant que je puisse apporter un peu de calme. C’est arrivé plusieurs fois, si bien que pendant une réunion, on m’a demandé pourquoi un certain patient réputé pour ses accès de colère et son refus de tout contact, ne répondait positivement qu’à moi. À vingt-quatre ans, récemment diplômée d’une école de théologie, j’avais appris et je croyais fermement que l’amour de Dieu était irrésistible, et qu’il représentait la réponse ultime à toutes les souffrances. Je me souviens avoir répondu quelque chose comme : « Il ressent l’amour de Dieu à travers moi ! » Je ne me rappelle pas la réaction de mes collègues, elle ne m’a pas marquée, mais je me souviens de cette sensation d’être en décalage,

un peu à part dans cette équipe. Plus tard, j’ai quitté ce poste pour rejoindre mon mari dans son ministère pastoral.

Confiante dans l’Évangile et persuadée d’être bien équipée pour aider les autres à changer, je suis entrée dans le ministère remplie d’optimisme. Avec le recul, je vois à quel point je sous-estimais la complexité de la nature humaine et les ravages causés par le péché en nous et autour de nous. Trente ans après, je me rends compte que je ne me suis jamais sentie plus sûre de moi dans le ministère qu’à ce moment-là. Pourtant, une conviction n’a jamais vacillé : l’Évangile. L’Évangile est la puissance rédemptrice de Christ pour restaurer et transformer les vies, et cela se manifeste de façon particulièrement évidente dans le counseling. Durant la majeure partie de ma carrière, j’ai tenté de comprendre comment les conseillers peuvent aider ceux qu’ils accompagnent à faire l’expérience de cette restauration et transformation par l’Évangile.

L’un des éléments fondamentaux d’un counseling efficace, c’est la capacité à discerner le véritable problème, ce qu’on appelle souvent la cause sous-jacente. Lorsque nous ne disposons pas d’un cadre solide pour appréhender la réalité enfouie derrière les apparences, nos tentatives de réponse demeurent superficielles, incomplètes, voire totalement inadaptées. Je dois reconnaître qu’à mes débuts, bien que profondément convaincue que l’Évangile constitue la réponse ultime aux détresses humaines, je disposais d’une compréhension encore très limitée de ce qu’était, en profondeur, le véritable problème.

J’ai grandi dans l’Église et j’ai une formation en théologie, c’est pourquoi j’abordais la définition du problème sous-jacent avec une grille d’analyse reposant principalement sur l’un des quatre postulats suivants :

1. Le problème, c’est notre péché. J’étais persuadée que de nombreux passages de la Bible venaient étayer cette affirmation, tels qu’Ésaïe 53:6 ou Romains 3:23. J’aimais beaucoup Jérémie 17:9 qui dit que « le cœur est tortueux par-dessus tout et il est incurable ». Le problème, ce sont nos péchés

cachés et non confessés. Le rôle du conseiller est alors d’aider les gens à voir ce qu’ils ne voient pas ou à mettre en lumière ce qu’ils cachent, pour ensuite les accompagner sur le chemin de la repentance.

2. Le problème, c’est notre faiblesse spirituelle. Si les gens trébuchent, c’est souvent par ignorance. Ils manquent de maturité spirituelle (voir 1 Corinthiens 3:1-4 ; Éphésiens 4:14 ; Hébreux 5:11-14). Mon rôle, c’est de les aider à grandir. Ils doivent apprendre à se nourrir de la Parole et à mieux connaître la vérité de Dieu. Il me faut donc leur transmettre ce qu’ils ignorent encore : la vérité divine.

3. Le problème, ce sont nos blessures. La Bible dit que nous devons nous attendre à vivre des difficultés et à souffrir dans ce monde (Jean 16:33 ; Romains 8:18 ; 1 Pierre 4:12). Le livre des Psaumes montre notamment que notre douleur et nos souffrances sont légitimes. Les personnes que j’accompagne doivent faire face à leurs blessures. Elles doivent pardonner, prier, rechercher la guérison que Dieu peut offrir.

4. Le problème, c’est le combat spirituel. Comme le dit 1 Pierre 5:8, « le diable rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer ». Les personnes que j’accompagne sont attaquées et captives de leurs habitudes pécheresses. Cela nuit à leur croissance et bloque le processus de restauration. Une prière de délivrance est parfois nécessaire pour briser l’influence de l’ennemi.

Mon diagnostic privilégié restait le premier : le péché personnel. Après tout, il semblait inattaquable, puisque nous sommes tous pécheurs ! Mais en gagnant en expérience et en rencontrant de plus en plus de personnes, il devint évident que réduire la complexité humaine à un seul de ces éléments était une vision bien trop réductrice.

Le péché, la faiblesse de la foi, les blessures et le combat spirituel à eux seuls ne pouvaient pas expliquer tout ce que j’observais lors

de mes rencontres avec Lindsey, la mère en deuil qui avait perdu son unique fils décédé du cancer ; avec Bill, le jeune pasteur atteint d’une maladie mystérieuse qui l’avait complètement diminué et conduit à la mort ; avec Cathy, l’étudiante qui mangeait et se faisait vomir toute la journée pour combattre le stress ; et avec Doug, le jeune père de famille qui, malgré tous ses efforts pour rester sobre, retombait encore et encore. Les problèmes de ces personnes présentaient des origines multiples et se manifestaient par des symptômes divers, difficiles à comprendre et à traiter. Avec le temps, j’ai compris que le problème, c’étaient ces quatre réalités, mais sans doute bien plus encore. J’ai commencé à comprendre que quand le péché est entré dans le monde, il ne s’est pas contenté d’affecter les êtres humains ; il a aussi frappé toute la création, nous rendant toujours plus vulnérables sur les plans physique, émotionnel et spirituel. La question, c’était : comment mieux comprendre la complexité du mal, afin d’aider plus efficacement les personnes à expérimenter la guérison de Dieu et sa puissance transformatrice ?

La réponse n’est pas apparue d’un coup. En fait, il m’a fallu plus de dix ans pour identifier précisément le problème, en rencontrant des patients et en travaillant avec d’autres conseillers pour élaborer un cadre de référence. Dans ce chapitre, je vous propose une vue d’ensemble de cette démarche : comment discerner ce qui nourrit notre crise identitaire, pourquoi l’Évangile constitue la solution véritable à cette fracture, et par quels processus nous pouvons l’intégrer profondément pour traiter la racine du mal. Les chapitres suivants nous permettront d’explorer plus en détail l’origine de cette problématique, ainsi que le chemin vers une identité restaurée et stable.

LE SYSTÈME DE RÉDEMPTION AUTONOME

Il est aisé d’affirmer que nous croyons en Dieu et en ce que la Bible dit de nous. Pourtant, dans les faits, il nous est infiniment plus difficile de renoncer à compter sur nous-mêmes ! Nous persistons à affirmer notre identité telle que nous la concevons et à

dissimuler des aspects de nous-mêmes. Le développement personnel est devenu de plus en plus populaire ces dix dernières années, à mesure que notre société devient de plus en plus individualiste. Les ressources de développement personnel visent à aider chacun à améliorer par lui-même un ou plusieurs aspects de sa vie. Cet engouement pour le développement personnel n’est pas difficile à comprendre. La vie est parfois déstabilisante et truffée d’obstacles, mais elle est aussi remplie d’opportunités. Nous désirons être guidés pour affronter les défis du quotidien et pour saisir les occasions qui se présentent afin de devenir les meilleures personnes possibles. En accompagnement thérapeutique, nous appelons cela le processus d’accomplissement de soi, au cours duquel nous atteignons progressivement notre plein potentiel. Cela révèle que toute l’humanité présente une caractéristique commune fondamentale : nous comptons sur nous-mêmes pour corriger ce qui ne va pas chez nous. Dans de nombreuses situations, notre autonomie et notre capacité à résoudre les problèmes et à combler nos désirs sont signes de santé et de maturité. Dans notre société, notre sentiment d’identité et notre valeur sont étroitement liés à nos capacités et à nos performances. Être libre d’exercer notre volonté d’actions, c’est pouvoir influencer le monde qui nous entoure et le cours des événements. Nous élaborons des projets, des plans d’action et des stratégies pour accomplir nos objectifs. Nous avons aussi la capacité de maîtriser nos pensées, nos motivations et notre comportement par l’intermédiaire de nos systèmes de croyance. Cette capacité à exercer un contrôle sur nos processus internes dans un objectif précis est spécifique aux êtres humains. C’est, je le crois, un don de Dieu par lequel nous reflétons son image.

Cependant, bien que notre volonté soit une bonne chose, nous oublions trop souvent qu’elle est limitée. Nous sommes des êtres créés et, lorsque nous nous appuyons exclusivement sur notre propre volonté pour vivre, pour nous délivrer des épreuves et pour nous définir, alors Dieu est mis à l’écart. Il ne nous sert plus à rien. Nous le remplaçons par une autre autorité : notre moi. Et ce moi

devient une idole. Notre problème commence donc par cette inclination originelle à adorer l’image que nous avons de nous-mêmes, à construire un système de rédemption autonome (SRA).

Le SRA est un système qui se développe en nous en fonction de notre histoire personnelle. Son but est de racheter notre honte et de légitimer notre identité, de nous conférer un sens à notre vie et une valeur indépendamment de Dieu. Depuis la chute, nous sommes spirituellement déconnectés de Dieu, celui qui devrait être la source même de notre identité. C’est là notre réalité spirituelle, et c’est la racine de notre honte. Pour remédier à notre honte, nous nous efforçons, souvent inconsciemment, de nous sauver nous-même, de nous délivrer de cette intuition que quelque chose en nous ne va pas. Toutefois, comme notre identité est une identité dérivée, nous cherchons aussi à comprendre ce que nous vivons dans ce monde déchu. Nous donnons à notre honte une interprétation subjective et nous élaborons des stratégies pour arranger ce qui ne va pas. Autrement dit, notre tendance à vouloir nous racheter nous-mêmes est innée, mais la façon dont nous exploitons notre SRA est unique, car elle dépend de notre histoire de vie. Notre SRA, c’est notre manière de gérer les conséquences du péché. Chaque fonction de ce système illustre une chose qui ne va pas chez nous.

À la racine de tout SRA se trouve la honte originelle, car nous naissons tous pécheurs. Cette identité basée sur notre honte façonne notre vision de nous-mêmes et nous pousse à élaborer notre système de rédemption autonome. Nous souffrons tous de blessures profondes, ces souffrances accumulées qui nourrissent notre honte et en renforcent les mensonges. Ainsi, une personne qui a été victime d’abus dans son enfance a sans doute eu le sentiment qu’on se servait d’elle et qu’on ne lui accordait aucune valeur. À force d’être blessée, cette personne s’est approprié un message de honte tel que « Je ne vaux rien » ou « Je suis souillée ».

Face à cette douleur, nous élaborons des stratégies idolâtres, afin de réprimer notre douleur ou d’éviter de souffrir à nouveau. Nous tentons aussi de construire une identité que nous jugeons digne.

Malheureusement, nos stratégies ne fonctionnent pas toujours. Quand elles échouent, nous ressentons de douloureuses émotions réactives, c’est-à-dire des émotions qui nous poussent à réagir immédiatement pour anesthésier ou soulager la douleur, ou pour nous en distraire : c’est la réaction comportementale. Ce sont souvent les circonstances difficiles, les émotions réactives douloureuses et les réactions comportementales inefficaces qui poussent les gens à consulter un thérapeute. Mais bien souvent, ils n’ont pas remarqué les problèmes sous-jacents et plus profonds de leur honte, de leurs blessures profondes et de leurs stratégies idolâtres.

LE SYSTÈME DE RÉDEMPTION AUTONOME

(Ce que je dois faire pour m’accepter moi-même)

Réactions comportementales (Manifestations extérieures des émotions réactives – lutte/fuite/paralysie) 1. 2. 3.

Stratégies

(Pour restaurer ma vision de moi-même, je dois…) Idole profondeIdoles apparentes 1. 2.

Vision de moi-même (Je suis…) 1. 2. 3. Blessures profondes (Ce qui m’a fait du mal) 1. 2. 3.

Expériences passées (Ce qui forge le SRA)

© 2006 Copyright Redeemer Counseling Services

Émotions réactives

(Distraction inconsciente et immédiate de la douleur engendrée par les blessures profondes et la vision de soi) 1. 2. 3.

Situation présente (Ce qui déclenche le SRA)

Nous devrions toujours chercher à comprendre notre SRA à la lumière de notre histoire de vie. Faisons une petite étude de cas : celle d’Emily, un personnage composite inspiré de plusieurs patients accompagnés au sein de Redeemer Counseling.

Dès sa naissance, Emily a l’intuition que quelque chose ne tourne pas rond dans notre monde et qu’elle n’atteint pas un idéal de perfection auquel, pourtant, elle se sent appelée. Elle entre alors dans une quête : celle d’élaborer un système de rédemption autonome qui lui permettrait d’être à la hauteur et de donner un sens à ce monde. Cette quête ne naît pas uniquement de sa prédisposition génétique, mais aussi de son environnement. Enfant, elle développe une vision d’elle-même et des autres essentiellement au travers de sa relation avec ses parents. Ce lien originel va inévitablement influencer sa perception de Dieu, bien qu’elle n’en soit pas consciente. Parce que son identité est, par nature, dérivée, c’est-àdire façonnée par autrui, ces premières interactions déterminent à la fois la personne qu’elle devient et la valeur qu’elle s’attribue. C’est ainsi que se forment les fondations de sa vision du monde, des autres, de Dieu, et de sa manière d’interpréter tout ce qu’elle vit. En donnant un sens à ses joies, à ses réussites, à ses pertes, à ses traumatismes et à ses luttes relationnelles, Emily commence à développer des convictions profondes sur le sens de sa vie, sur l’origine de la souffrance, et sur les moyens de la surmonter. Au fil du temps, au gré des expériences et des rencontres, ses convictions se précisent, évoluent, se renforcent ou se transforment.

Nous reparlerons d’Emily et de son SRA dans les chapitres suivants. Ce qui est crucial de comprendre dès à présent, c’est que notre tentative de nous sauver par nos propres moyens est, à terme, vouée à l’échec. Qu’importent nos efforts pour nous justifier par notre système de rédemption, celui-ci nous décevra et nous asservira. Nous avons été créés dépendants, c’est pourquoi nous ne pouvons racheter ce qui est brisé en nous, ni nous justifier pour obtenir une identité. Nous avons besoin d’un Rédempteur qui nous fasse don d’une identité.

LA SEULE SOLUTION : L’ÉVANGILE

Si notre pathologie initiale, c’est de nous créer un système de rédemption autonome (né de la perte de notre identité), alors nous avons besoin d’une puissance rédemptrice extérieure à nousmêmes. Une force capable de couvrir notre honte et de nous rendre une identité, une valeur. C’est précisément ce qu’offre l’Évangile de Jésus-Christ. L’Évangile, c’est l’histoire de sa grâce, le don immérité par lequel nous pouvons être guéris et transformés. L’Évangile est, du début à la fin, l’histoire de la grâce : notre Rédempteur n’a pas attendu que nous réparions les dégâts par nous-mêmes et que nous le recherchions. Il vient à nous, prend l’initiative de nous restaurer, et répare ce qui est brisé en nous à la croix. Il a porté l’expiation de nos péchés et nous a établis dans notre nouvelle et inaltérable identité, celle d’héritiers de Dieu et de cohéritiers de Christ (Romains 8:17).

Cette grâce n’est pas seulement le fondement de notre salut ; elle est également la puissance qui permet notre sanctification. Par la grâce, Dieu nous accepte tels que nous sommes, il marche à nos côtés tout au long du chemin vers la guérison et il nous donne la force de grandir et de changer. Seule la rencontre avec une telle grâce radicale peut nous mener à la fois à corriger notre caractère à l’intérieur et à servir les autres à l’extérieur. L’Évangile ne nous offre pas un système de rédemption, mais une personne : un Rédempteur. À mesure que nous nous approprions l’Évangile et développons une relation plus personnelle avec Christ, nous renonçons peu à peu à compter sur nous-mêmes et nous nous tournons vers Dieu en comptant sur sa grâce. Nous approprier l’Évangile nous aide à nous défaire de notre SRA et à laisser l’Esprit corriger notre vision de nous-mêmes et du monde. Notre SRA se manifeste dans les nombreux domaines de notre vie affectés par le péché ; de même, l’Évangile peut guérir tous ces domaines : personnel, relationnel et systémique.

S’APPROPRIER L’ÉVANGILE

L’Évangile permet de réagir par des comportements appropriés

L’Évangile nous émancipe de nos stratégies idolâtres

L’Évangile affirme notre identité

L’Évangile permet de réagir par des émotions appropriées

L’Évangile guérit nos blessures profondes

Le passé est traité et affecte moins le présent

Le présent est moins affecté par les expériences passées

© 2006 Copyright Redeemer Counseling Services

L’Évangile nous réconcilie avec Dieu. C’est pourquoi nous pouvons nous tenir devant lui. Il devient alors la source de notre identité dérivée. Notre vision de nous-mêmes se transforme progressivement à mesure que nous nous approprions ce que Dieu dit de nous. Nous n’avons plus peur de constater notre nature brisée, parce que nous voyons aussi qui nous sommes en Christ et constatons tout ce qu’il a fait pour nous. Nous pouvons accepter que « nous sommes bien plus pécheurs et imparfaits que nous n’oserions jamais l’admettre, mais nous sommes également bien plus aimés et acceptés en Jésus-Christ que nous n’oserions l’espérer* ». Nous

* Cette expression fréquente chez Timothy Keller est la reformulation de celle de Jack Miller : « Réjouissez-vous ! Vous êtes pire pécheur que vous n’oseriez l’imaginer et plus aimé que vous n’oseriez l’espérer. »

pouvons nous réjouir de notre identité nouvelle tout en continuant de nous repentir de notre cœur encore enclin à l’égarement.

L’Évangile guérit nos plus profondes blessures. Lorsque nous comprenons que Christ est le Serviteur souffrant qui a vécu dans un monde déchu parmi des êtres humains déchus, nous savons qu’il comprend notre souffrance. Il sait ce que c’est que de vivre dans un corps brisé, d’être trahi et déçu et de lutter contre la tentation. C’est pourquoi nous pouvons faire face à nos blessures profondes, les accepter et les pleurer comme il se doit. Si grande soit la douleur, nous savons que Christ la vit à nos côtés ; nous ne sommes pas seuls et n’avons pas de raison d’avoir peur.

L’Évangile nous affranchit de nos stratégies idolâtres. À la croix, Christ, notre Sauveur parfait, a vaincu notre corruption, mais il a aussi affirmé que sa dignité était devenue nôtre. Quand nous nous rappelons que nous sommes sauvés par pure grâce, notre relation avec lui comble nos désirs, nous pouvons profiter des bonnes choses de ce monde de façon appropriée et tout ce que nous faisons, nous le faisons pour sa gloire à lui seul. Certes, nous sommes toujours tiraillés entre autonomie et confiance en Christ, mais les griffes de l’idolâtrie ne nous tiennent plus enserrés et nous renonçons peu à peu à nos stratégies de rédemption. Par l’Évangile, nous pouvons nous repentir sincèrement tout en nous réjouissant pleinement.

Enfin, l’Évangile nous donne la force de réagir de manière appropriée. Nous apprenons à accepter nos émotions réactives et à les considérer comme des fenêtres ouvertes par Dieu sur notre cœur. Nous traitons nos émotions au lieu de nous laisser dominer par elles. Elles deviennent mieux adaptées aux circonstances et ne nous submergent plus ; nous les exprimons donc mieux. De même, nos réactions comportementales sont adaptées aux défis que nous rencontrons sans que nos souffrances passées ou la honte de notre nature déchue nous accablent. Christ, notre Berger, nous façonne progressivement à son image, faisant de nous des personnes qui le reflètent et le représentent en manifestant le fruit

de l’Esprit : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi (Galates 5:22).

L’Évangile est bien plus qu’un ensemble de croyances ; c’est une relation vivante avec un Dieu vivant, notre Rédempteur. Quand nous nous approprions l’Évangile et que Christ devient une réalité concrète dans notre vie, notre égocentrisme s’estompe, et avec lui notre besoin de nous fabriquer une identité.

LE PROCESSUS DE GUÉRISON ET DE TRANSFORMATION

Quand je repense à ma première expérience professionnelle au centre de réhabilitation, je réalise que, malgré mes vingt-quatre ans, j’avais raison. Ce patient indiscipliné, impulsif et colérique ressentait l’amour de Dieu en moi. Jake avait à peine dix-huit ans quand sa voiture a percuté un semi-remorque. Ses blessures l’ont plongé dans le coma pendant plusieurs mois. Jake était grand, mince et beau malgré les nombreuses cicatrices laissées sur son visage par l’accident ou par les opérations chirurgicales (je n’ai jamais posé la question).

Le choc avait endommagé son cerveau et en particulier la région qui régule les émotions. Jake m’a raconté qu’avant, il rêvait de devenir joueur de baseball professionnel. Il était fier de ses capacités sportives et on lui avait proposé de nombreuses bourses pour entrer à l’université. Mais une seule erreur avait suffi à réduire sa vie en miettes. Il était désespéré ; accablé par la douleur inconsolable de voir son rêve ultime s’effondrer. En écoutant son histoire, j’ai eu le cœur brisé. Il n’avait même pas vingt ans, il était bien trop jeune pour croire que sa vie était finie. J’avais de la compassion pour lui… et il le sentait. Et c’était ce qui nous liait. J’étais avec lui au cœur de son désespoir. Je le prenais en considération, je ressentais son désespoir et je le portais avec lui. Il avait le sentiment que je le connaissais et que je l’acceptais.

Voilà exactement ce que Jésus a fait pour nous ! Il a vu notre détresse, il a eu compassion de notre douleur et il est venu en

personne, dans un corps humain, non seulement pour être avec nous dans cette souffrance, mais pour donner sa vie pour nous. Il a porté la couronne d’épines, il a été fouetté, moqué, et il est mort afin de nous délivrer pour toujours de cette souffrance. Il nous prend en considération ; il nous connaît ; il nous accepte pleinement. Quelle grâce imméritée ! Or, ce ne sont pas uniquement les personnes blessées, handicapées ou marginalisées qui aspirent à être connues et acceptées. Nous y aspirons tous, car c’est la conséquence de notre honte.

Nous accordons énormément de valeur et d’importance à notre volonté personnelle. Imaginez donc ce que ressentirait une personne forcée d’admettre qu’elle a fait une erreur, qu’elle a péché, qu’elle a été trompée, qu’elle est encore faible et retombe régulièrement. Définie par sa honte, son identité se rebellerait et ferait tout pour passer cela sous silence. Voilà le combat intérieur que nous devons reconnaître, auquel nous devons renoncer et dont nous devons nous repentir. Quand nous connaissons et faisons réellement l’expérience de l’amour et de l’approbation de Dieu (c’est-à-dire quand nous nous approprions l’Évangile), nous pouvons renoncer à notre SRA, reconnaître ce qui a été brisé en nous et, malgré cela, être assurés de qui nous sommes. Quand Dieu comble cette aspiration, notre identité est affermie et nous n’avons plus peur de faire face à nos péchés, à nos blessures et à notre honte. Alors comment s’approprier l’Évangile ? Le processus n’est ni simple ni rapide. En tant que conseillers, nous devons sans aucun doute faire plus que parler de Dieu aux gens ou leur citer des versets. En fait, le fonctionnement du cerveau humain joue un grand rôle dans notre manière de nous représenter Dieu. Nous croyons en un Dieu vivant avec qui nous pouvons entretenir une vraie relation. Pourtant, Dieu n’est pas un être physique que nous pouvons connaître par nos sens. Voilà pourquoi nous nous formons des représentations mentales grâce à notre imagination. Or, ces représentations s’inspirent de la vision que nous avons de nos proches. C’est en partie pourquoi il y a un si grand fossé entre ce que nous

savons intellectuellement et ce que nous croyons dans notre cœur au sujet de Dieu. Cela explique aussi pourquoi j’entends beaucoup de gens dire : « Je sais que la Bible dit que Dieu m’aime, mais je ne le ressens pas. »

Prenons l’exemple de Jake, le jeune homme qui a fait un accident de voiture. Disons que le message de honte qu’il a assimilé affirme qu’il est abîmé et incompétent. Imaginons qu’ils croient que les autres le désapprouvent et ne se soucient pas de lui. Inconsciemment et automatiquement, ces croyances modèleront sa vision de Dieu. En lisant un verset comme « Ne vous inquiétez de rien » (Philippiens 4:6), Jake aura l’impression d’être accusé, comme si on lui reprochait de s’inquiéter. Jake pourra écouter des prédications, assister à des études bibliques et lire la Parole. Mais tant que ses croyances inconscientes ne s’accorderont pas avec ce qu’il entend et lit, il lui sera très difficile de comprendre et de s’approprier la vérité. Mais alors, comment combler ce fossé entre croyance intellectuelle et conviction de cœur ? Les recherches menées à Redeemer Counseling dans le cadre de mon doctorat ont confirmé que le plus efficace, ce sont les expériences relationnelles qui permettent de corriger nos croyances*. Quand Jake débloquait, la plupart des membres du personnel étaient exaspérés ou énervés et l’enfermaient seul dans sa chambre. Mais le jeune homme ne s’attendait pas à ce que quelqu’un entre en relation avec lui comme je l’ai fait, ne serait-ce qu’en lui posant des questions simples (« Ça va, Jake ? », « Je peux entrer ? »). Pour Jake, c’était une expérience relationnelle nouvelle qui lui permettait de se sentir exister. En lui posant ces questions, je lui faisais comprendre qu’il n’était pas seul dans sa souffrance, et cette expérience correctrice est venue contredire ses croyances inconscientes sur lui-même et sur les autres. Si ce type d’expérience se reproduisait encore et encore, les croyances de Jake au sujet de Dieu changeraient aussi.

* Judy Cha, The Essence of God Image Change in Psychotherapy from the Client’s Perspective (L’essence du changement de l’image de Dieu en psychothérapie, du point de vue du client), thèse de doctorat, Eastern University, 2016.

Il est largement reconnu dans le domaine du counseling, qu’environ 70 % des résultats positifs obtenus sont attribués à la relation du patient avec son thérapeute. Presque tous les modèles thérapeutiques considèrent la relation avec le conseiller comme l’une des clés d’un traitement efficace. Cela signifie que les relations jouent un rôle crucial dans le processus de guérison et d’appropriation de l’Évangile. En effet, nous sommes faits à l’image de Dieu mais nous ne sommes pas totalement comme lui. Nous possédons un corps pour vivre et entretenir des relations, et nous sommes affectés par ce que nous vivons dans ce monde physique (bien ou mal). Notre honte, les conséquences de nos blessures et les stratégies que nous formons pour nous protéger et nous fabriquer une identité, tout cela est inconscient. C’est pourquoi nous avons besoin de relations dans lesquelles l’autre est digne de confiance, chaleureux et nous accepte sans jugement, afin de pouvoir explorer les profondeurs de notre nature brisée. Nous sommes plus susceptibles de dévoiler nos faiblesses quand nous nous sentons en sécurité ; et c’est ce qui s’est passé avec Jake. Il a pu partager son désespoir mais sans colère explosive. Ma simple présence le réconfortait, même si j’étais incapable de changer quoi que ce soit à sa situation ou de résoudre ses problèmes.

Je comprends bien mieux aujourd’hui pourquoi la Bible nous enseigne que les deux plus grands commandements sont ceux d’aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée, et d’aimer notre prochain comme nousmêmes (Matthieu 22:37-40). Aimer Dieu est indissociable du fait d’aimer les autres.

Pour saisir notre identité en Christ, nous devons faire l’expérience de son amour dans des relations sûres et pleines de sens. Chaque rencontre que nous avons avec autrui est une opportunité de transformer leur perception de Dieu et de les aider à s’approprier l’Évangile. Et lorsque ces personnes entendent dire que Dieu les aime, cela fera sens pour elles – car elles l’auront expérimenté à travers nous.

Pour aller plus loin

Examinez une difficulté actuelle. Peut-être avez-vous une relation difficile avec un proche, ou de la peine à maîtriser certaines émotions telles que l’angoisse ou la peur. Peut-être vous sentez-vous sans espoir, incapable de vous libérer d’un schéma comportemental récurrent. Rédigez votre réponse aux questions suivantes :

1. Avec quoi luttez-vous en ce moment ?

2. Que signifie cette lutte, à votre avis ?

3. Qu’avez-vous fait pour tenter de remporter la lutte ?

QUI ES-TU VRAIMENT ?

Dans une culture obsédée par le « moi », Judy Cha retourne les questions essentielles : qu’est-ce qui forge notre identité ? Et si la réponse ne venait pas de nous… mais de l’Évangile ?

Le désir de répondre à cette question – qu’il se manifeste par des stratégies d’auto-amélioration ou des préjugés égocentriques – fait partie intégrante de l’être humain. Pourtant, à travers le prisme biblique, nous savons que quelque chose a terriblement mal tourné dans notre nature humaine. La rupture s’est produite lorsque le péché nous a séparé de notre Dieu Créateur, et les réponses que nous cherchons ne peuvent être obtenues que si nous nous reconnectons à lui.

Un voyage en trois temps...

•Débusquer les blessures et la honte.

• Replacer l’Évangile au cœur de nos croyances.

• Faire vivre cette vérité dans notre histoire, au quotidien.

Une invitation à... « Cesser de se construire seul pour recevoir pleinement l’identité que Dieu offre. »

JUDY CHA est conseillère diplômée, conférencière et formatrice en relation d’aide biblique. Elle exerce au sein du Redeemer Counseling Services à New York, où elle accompagne depuis plus de 15 ans ceux qui aspirent à une transformation intérieure centrée sur l’Évangile.

ISBN : 978-2-38391-255-2

Vie chrétienne

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