Paroles Suivantes
elle porte un masque je ne me reconnais pas dans l’eau de ses yeux
serrés sur la tasse je revigore mes doigts d’un souffle engourdi
un rideau de pluie a englouti la lumière — le matin abdique
le matin effraie — les pissenlits décoiffés froncent tête basse
brume du café qui embue la vitre froide — l’attrait de la pluie
l’esprit dans le vague j’ai traversé l’eau boueuse d’un jour sans escale
le jardin sourit d’une odeur de foin mouillé — frisson dans la tasse
les souvenirs las de remonter le courant glissent dans la vase
la lumière mate qui sourd épaisse des nues — lumière pourtant
mon ombre avait froid — elle craignait d’affronter une journée grise
jusqu’au bout du jour sur les murs ont ruisselé des plaques de nuit
cailloux dispersés dans le lit de ma mémoire — stèles sans repère
la lumière grise ourle l’ombre des collines — morne crépuscule
les ombres précèdent un crépuscule frileux — sourires livides
entre mes oreilles le frottement infatigable d’un tamis de sable
le mistral en colère m’a claqué la porte au nez — colère rentrée
assis sous la lampe un reflux de la mémoire me fait frissonner
battue par le vent même l’ombre des collines a courbé l’échine
je quitte twitter je prends le temps de rêver j’entrouvre à twitter
derrière la vitre j’entends la plainte assourdie des branches forcées
grisaille de l’aube — je me suis levé si tôt la nuit colle encore
harangue du vent plaintes du chêne étrillé silence des oiseaux
mon esprit cahote dans l’ornière du réveil — les ombres trébuchent
le vent s’est calmé — soupir d’une feuille à l’autre le message passe
dans le matin gris les tourterelles se taisent — un vibrant silence
le fauteuil boiteux aux bras lustrés par les ans m’accueille en grinçant 195