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Paroles twittĂŠes

Paroles twittĂŠes II Clair Charpentier

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Paroles twittées

sans quitterl’ornière l température peine ds ède un vif rade ol s le soleil semblait seel pastel les rêves de cette nudu minet pressant malgré une douche le soleil enfin se lève somnolent bâillant ce fripo (n le jupon des uesa claqué t jo qui joue entre ur le ciel bs flles ont la coueurgrisaille d’octobr automne sans tain —un programme animalie élé soleil s— les collines se diluent dans le ciel d’argent ombrer je ne l’ai reit si viesdecembre. euparfum s’évadle chant d oiseau couvre l de d’un d de duvethargéspar l’orage es lauriers se redressent larmoyants encore le ier la vallée brumeuse e souvenirs cetin l’automne est venu gratter la porte et s’asseoir à table le

l'ombre de notre amour traverse le miroir silence profond -la nuit attentive accueille l'écho de mon cœur des ombres chinoises -la lune à travers les branches joue avec mes joues pour un court sommeil je vais te quitter ma nuit reste-moi fidèle mes yeux s’embuent de l’émotion primitive du premier café vous les oubliez mais maintes fois dans nos draps ces mots vous les dîtes — ce mouchoir que je chiffonne a les parfums d’un été Il disait frappe le tambour du ciel une nuit d’orage alors des ténèbres l’éclair jaillira et sous l’arbre foudroyé déjà un poème brille il a fait semblant de pleuvoir — maintenant le mistral se lève du jardin je rentre la tête remplie de vent — l’âme empoussiérée

e traine

je range ma veste — au clou j’accroche mon cœur pour le défroisser

01 septembre 2017

sous la porte passe un vent coulis insidieux mais j’ai des chaussettes

nuit privée de sens elle résonne et soumet mes frémissements

le vent s’est calmé — il laisse place à la nuit 2


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pour limer ma peau

illuminent ma journée plus que le soleil

Il disait un tourbillon de mots ne fait pas un poème Il faut les pulvériser avant de les lancer comme des couteaux volants percer les cœurs

l’écorce du pin retient encore la mue d’une cigale morte

02 septembre 2017

virgule de vapeur — un nuage éphémère surligne le ciel

le vent tord la nuit -une serpillière sèche claque sur ma peau les arbres se plaignent des gifles du vent qui frappe de mauvais élèves tristesse des mots qui ne savent obéir qu'aux doigts de leur mètre brusquement me prend un désir d'ardeur intense -je ne l'écris pas Il disait La nuit brasse les mots soucie-toi de la nuit qui mêle mots et poème Le poème même dans les ténèbres le poème est solaire de ma tasse à l’âme une fine vapeur guide l’esprit du café partant de ma tête le mistral prend possession de mon corps entier dans ma tête creuse les pensées jouent au flipper — le tilt n’est pas loin trois mots seulement

ce mistral de fou faudrait qu’il se calme un peu — j’ai un pastis à prendre

surface du vent — la nue tente de survivre à l'oubli du rêve d’une marche lente je vais au bout jardin je m’assoie je pense surtout ne rien faire laisser le vent se charger d'assembler les feuilles je laisse venir le soir sans lui résister — même le vent cède dans la main je compte les brins que j’ai à semer — il m’en reste peu la nuit est venue pour mettre le vent au pas — ah la bienveillante ! la main de la nuit à mis les pieds dans le plat pour que je trébuche

03 septembre 2017 dernières cartouches ce soir le vent furieux a capitulé au loin cependant 3


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les feuilles tremblent encore -le vent n'est pas mort qu'ils sont loin ces mois de connivence enchantée -un mois seulement

on attend les glaçons

le vase ébréché que tu as lâché des mains sa fleur s'est fanée

le temps s’est couvert — rien que de l’eau du tuyau et pas d’arc-en ciel

je ne veux rien pas même le moindre geste -mais l'oubli ! l'oubli !

le jour se termine dans le silence des feuilles — soirée de satin

c'est un vent de nuit un tout petit vent sournois qui secoue mes branches

presque transparent un tout petit papillon mange la lumière

le train est passé -il n'a laissé sur ses rails que cendre d'acier

des grésillements dans mon oreille en colère — moustique hors saison

jouir de la nuit voila tout ce qu'il me reste et c'est déjà bien

04 septembre 2017

Paraphrase inversée : Hier elle te prouvait son amour Aujourd'hui elle te dit merde Entre les deux il y a le sel de l’illusion Hier une femme t'a dit non Aujourd'hui elle te dit oui Entre les deux il y a le meilleur de l'amour. Proverbe berbère la vapeur se vrille elle caresse mes joues — baiser du café je pose ma tasse — sur la table une série d’anneaux olympiques ombres immobiles — battues par le vent d’hier enfin elles soufflent sur la table au soleil les verres s’impatientent —

encore un nid vide — assis là sous le lilas mon chat se recueille

à ce rendez-vous la nuit s'est déshabillée -pas même un frisson une clope un verre alors j'écris un haïku et je recommence de ce train absurde je voudrais en sauter vite -et pourtant je marche mille bruissements chuchotent dans les ténèbres -des elfes peut-être dans les oliviers les fruits sont déjà formés -quand les cueillerai-je ? de l'ombre des arbres la lune émerge insolente -des nuits à attendre d'un pas de vieillard je promène lourdement mon désir d'enfance 4


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lenteur et douceur des volutes langoureuses — bienveillant café la journée commence dans les bruits et le désordre — rentrée de septembre la mélancolie déjà sème le désordre aux cœurs de septembre un rêve revient — d’un sourire il me propose d’attiser mon cœur d’un soupir je range mes vêtements de coton— un an à attendre fin de matinée — sur le pin au bout du ciel le même nuage l’odeur d’herbe sèche me précède quand je rentre — mon chat se détourne

la vallée s'embruisse de lointains moteurs grognons -retours de vacances la lune au zénith -la marée dans ma cervelle au point culminant les arbres ombreux redessinent leurs contours -pensées vagabondes brûlant il m'attend dans sa peau de porcelaine -arôme et vigueur d’un regard brumeux j’accompagne ses volutes — un goût de matin entre ombre et soleil dans ce matin de septembre mon fauteuil hésite ma tête est à l’ombre et tout mon corps au soleil — sous mon vieux chapeau

05 septembre 2017

vous souvenez-vous de celle qui m’approcha de mots tentateurs ——— votre visage était blême comme le mien maintenant

sous l'auvent la lune en tant que mère attentive surveille mon verre

mon esprit s’apaise et mon cœur reprend sa place — le film est fini

pie chie sur le chat chat se lâche sur la pie et tout lâche et chie

sur la gouttière un papillon multicolore rêve de la pluie

un ballon d'enfant qu'aucun fil ne retient plus embrasse la lune

sortie de la sieste — il connait vraiment son texte souffleur du voisin

vous dire je t'aime la plus douce des caresses que vos yeux entendent

c'était bien la peine la salle d'attente est pleine — prendre un rendez-vous... !

tout en haut du cèdre remplie d’orgueil une pie fiente sur le monde

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ce bruit dans ma tête c’est le bruit rouge des vagues qui saignent le sable

une fente étroite dans la porte du grenier — secrets oubliés

décence du vent qui sait s’incliner devant une feuille morte

en haut du jardin je m’assoie sous un vieux chêne— le regard baissé

le silence du soir posé sur la solitude du vieux mur de pierre

après les collines je sais que la mer respire — je bois son haleine

sur la sol aride des effluves de lavande consolent la terre

à travers la haie les jardins du voisinage — toujours pas de pluie

au-dessus des arbres majestueusement nue la lune s’élève

au creux de mes tripes je porte une pierre polie par l’angoisse

06 septembre 2017

feuilles de la haie tombées sur la terre aride — mon cœur aussi craque

parée de nuages la lune s'empare du ciel -nuit magique vallée insoumise-dans des crissements d'asphalte tu secoues tes reins d'un vieux vent passé chaque feuille en est l'écho -fredons de la nuit joli clair de lune -de mon seul prénom ce soir je fais un haïku comme un arc tendu vers les étoiles mes yeux dévorés de nuit le premier café un envoutement que le quotidien jamais ne corrompt le volet fendu — les rayons d’un soleil bleu jouent avec mes cils

la soirée avance d’une démarche feutrée adoucir mon cœur la nuit se répand sur les sentiers sinueux — âmes torturées assis sur le banc une feuille morte et moi attendons la lune

07 septembre 2017 la nuit douce encore caresse mon cuir usé -le vent vire au bleu lumière dans l'œil -je cherche l'interrupteur qui éteint la lune la nuit s'appartient -elle roule sous les vagues de mes pensées brunes 6


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pensées enkystées chevillées dans nos corps et âmes trop fluides

traverser le Styx et payer le fils d'Érèbe en monnaie de singe

ma pensée dialogue avec l’âme du café — l’esprit et l’arome

mémoire bénie -change le limon crasseux en poussière d'or

vêtements de clown dans la lumière fragile d’un box d’hôpital

puis la mort viendra bien en face et sans surprise me parler d'amour

un peu décalé — je reste à côté de moi à deux centimètres

mais tu ne peux dire les mots que tu voudrais dire -ta gorge étranglée

rousse la rentrée comme l'écureuil surpris de ne plus me voir

dans quel dictionnaire trouver des mots de diamant pour parer vos rires

derrière la porte c'est la rentrée et les flaques dans lesquelles je saute

un café méandre — il dépose sur mes rives sa mousse odorante

la mousse des pierres sèche s’est parée de brun — un cœur en automne

fraicheur matinale — septembre apprend de l’automne le goût du frisson

désespérément la terre implore le ciel — secs, les yeux sans larmes

la vie intérieure de mon chat est très intense — il dort tout le temps

la gorge écrasée — l’estomac empoisonné par des fruits amers

une ombre tremblante sur le mur de béton froid — la flamme vacille

à quoi rêve-t-il seul le papillon de nuit sous la lampe pâle

chambre silencieuse — le grognement des pensées comme un acouphène

08 septembre 2017 lune couronnée de ses pages de nuages -reine de ma nuit pensées égarées au milieu des oripeaux des anciennes fêtes

pas de vent sur la route — la poussière retombe et couvre la trace de mes pas les fruits de l'automne cette année ont des noyaux qu’on jette aux orties les aigreurs du jours 7


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se referment pour la nuit — silence du soir

obstrués de feuilles mortes — paresse d’été

la nuit est tombée sac de suie dans une cave — le noir se répand

je les imagine vos yeux baissés sur les mots qu’il vous a écrits —— les couverts sont inutiles et un verre vous échappe

au bout de la rue la lueur du réverbère constellée d’étoiles

09 septembre 2017 un joueur de flûte égare des mots dérobés non loin d'Hamelin clin d'œil sans rancune -on n'apprend pas au vieux singe le prix des grimaces première nuit fraîche -même la lune paraît un peu tremblotante les mêmes cris encore d'une vallée malmenée au cœur de l'asphalte la lune souligne les arbres en contre ciel -un trait de génie dans la tasse chaude je dessine des mes sens une raison d'être votre épaule nue hardis mes doigts ont frôlé la source du cri

sur la table un bol de thé que sans cesse une main tourne s’éclaircit d’une larme les jours ont passé et j’ai perdu mes jouets au fond de mes rides à l’arrêt de bus il n’y a pas de bus, rien, pas même un arrêt c’est tellement petit un haïku qu’il peut se perdre au fond de lui-même

10 septembre 2017 les bruits de la nuits aussi présents qu'en plein jour -mais ils n'ont pas d'ombre il a plu aujourd'hui les parfums de la nuit me chavirent entre deux nuages la lune a joué des coudes ! première à la caisse

promesse de pluie — de gros nuages résonnent déjà dans la tête

ma nuit suit le vent il la conduit d'un sourire vers l'aube intrépide

la pluie frappe enfin sur les toits fiévreux encore — les arbres frémissent

je traverse l'océan à bord de l'arome du premier café

les chenaux débordent

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25 septembre 2017 je reviens chez nous doucement sans bruit je pousse la petite porte doucement je souffle sur la mousse du café — je crée des montagnes retour sur mes pas certain d’avoir oublier de ranger ma vie papillon de nuit amoureux de la lumière se brûle le cœur night butterfly lovers of light burns heart par la lucarne l’automne joue la couleur hésitante des feuilles vos mots sont des perles dont on peut être jaloux nacrées et baroques quelquefois vous les mêler dans un vinaigre inutile le soir se glisse entre les rides de mon cœur il y fait moins froid aux vêpres mon cœur bat comme une vieille cloche de bronze fêlée quand le soir survient les cloisons de la maison chuchotent entre elles une nuit bavarde — les caprices des étoiles n’ont plus de secret

26 septembre 2017

au loin un chien pleure et la nuit qui me rassure le rend malheureux pas le moindre souffle mais le feuillage inquiet en frisonne encore belle nuit sauvage — les souris restent tapies dans les herbes hautes cette année les glands tombent plus tôt des vieux chênes sons feutrés d’automne ma nuit est la vôtre vous qui avez su de mots raviver les miens une Île après la nuit — la mousse du premier café un refuge charnel septembre en chiffon dans le ciel de l’ouate sale mon cœur bat si mal ombres familières sur les pierres du vieux mur et leur mousse brune épeire diadème dans les croquettes du chat — quel joli présent il vient de frapper à la porte de midi mon chat affamé le dernier café un parfum d’inachevé reste dans la tasse nous parlions de choses sans importance réelle d'amour sûrement l’ombre de midi il n’en reste que des miettes jetées aux oiseaux 9


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le jour s’alanguit il traine dans le jardin sur les mottes sèches

une nuit sur les barricades j’ai vu une mésange

une douce nuit conduit d'une poigne sûre son troupeau de rêves

au bord de l’horizon une rivière sans galet seulement une étoile

la ligne des cimes contre le ciel de la nuit presqu’indiscernable

au bout du champs une fleur se laisse séduire par les lèvres d’un âne

la nuit vagabonde entre la haie mal taillée et mon cœur fripé

nuit noire sur les docks les spectres s’y insultent — odeur de goudron et de sel

j’ai le cœur si gros que même une gare ne saurait où vous conduire

le soleil s’efface et les ombres se referment sur leur propre cœur

27 septembre 2017

il a cru en vous comme on peut croire en un dieu sans miséricorde

je pousse la porte ouvre le pot de café déjà je voyage parti sous la pluie le vieux promeneur ramène des brins de soleil gone with the rain the old walker brings back blades of sun à l’encre de Chine les contours de mes pensées toujours indistincts l’ombre sur les tuiles elle ressemble à un pin découpé en tranches j’ai l’esprit ailleurs — mon vieux cuir dans les étoiles je l’ai égaré me reste de vous votre sensibilité et vos yeux d’artiste

en fermant les yeux de leurs baisers s’élançaient le bleu des mésanges bientôt la nuit d’ombres battra dans mon propre cœur — papillons en fuite dans le soir avancent des ombres mal définies — l’ombre des pensées d’une poignée de sable jetée aux yeux de la nuit clignent les étoiles la nuit outrancière ricane et se fout de moi dans mes tripes-mêmes

28 septembre 2017 dans mon cœur ce soir ombre et lumière se mêlent amoureusement 10


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train de nuit -sous ses roues les rails claquent d'espérance inassouvie je cherche un chemin -ô voie lactée silencieuse parle moi d'étoiles le temps sent l'espace comme un chien sent le cul d'une chienne la plaie saigne encore -quand donc se remettra-t-elle du sang répandu certains jouent aux dames je ne joue qu'avec des mots les pions de mon âme

Je donnerai ton nom à toutes les impasses Voilà la fin des temps où nos verbes étaient communs Oh j'oublierai ton nom sur l’or de l’automne je marche et je me sens riche de bruits et d’odeurs le vent a faibli les branches ne geignent plus seul mon cœur se tord vent sur le retour — le passé m’a rattrapé d’un espoir fourbu

belle nuit à tous à vous que je sens si proches malgré les distances

Ce n’est pas Alzheimer un peu d’Asperger sans doute une vieille maladie que personne ne voit mais que tout le monde raille

élixir du jour qui commence dans l’odeur blonde du café

que comprendre au vent il va il vient il s’essouffle brouille mes pensées

day elixir which begins in the fair smell of the coffee

tout au bout du quai un regard dilue la brume — le pinceau du phare

la tasse fumante des effluves de sourires — la journée commence

la fraîcheur du soir sans heurt insensiblement glisse sous la porte

le vent se hérisse il gifle de ses rictus les feuilles soumises

passer de l’amour fou à plus d’amour du tout — que d’amour foutu

the wind bristles it slap of its grin the subdued leaves

il est temps que vienne la nuit et ses douceurs de mère — je suis las des griffes du jour

J’ai appris ton nom aux mains et aux rochers aux yeux et aux rivières

une nuit rebelle elle ne laisse filtrer aucun battement

J’ai gravé en ton nom mes sombres tremblements et la désespérance aveugle

nuit cousue de silence les battements de mon cœur crépitent un peu 11


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au bout de la route où les pas cèdent au vide la mer m'illumine

pas de bruit au loin seul celui de la vallée qui vrille mon cœur

la dernière carte celle qu'on n'abat sans doute que par désespoir

nuit calme et sereine un vent doux bruit dans les feuilles un gong dans mon cœur

le bruit de la nuit — une pierre dans mon cœur le fait trébucher

ma nuit équivoque ni sereine ni colère — spectres entravés

des bruits de pas dans les ténèbres demain trace sa route

hurlements des routes le soir où vont-ils donc les espoirs qu'on noie dans le bitume ou le whisky

29 septembre 2017

je me rature à petit feu

dans la vieille office pour le parfum du café même les poutres craquent de mes nuits rêvées je n'ai d'autres souvenirs que leur confusion sur le tableau noir avec des craie de couleurs j’ânonne ”bonheur“ horizon brumeux les collines ont du mal à quitter les draps en suivant les routes que mon sang emprunte j’ai cru reconnaître un cœur

élans d'évasion mon vieux cœur veux me quitter pour vivre sa vie rêves dilués mélancolie d'automne la saison s'y prête dans ma nuit sauvage j'affronte seul les marées d'un gosier noué

30 septembre 2017 le profil dans l’ombre entre vapeur et arôme -enfin je prends forme

mes doigts ont cherché ils ont fini par trouver la porte du cri

à côté du chat mes pensées se réfugient sous la couette épaisse

sur l’herbe qui craque quelques gouttes sont tombées — un brin a ployé

passé l’équinoxe les ombres qui s’ébattaient ont quitté la cour

devenues inutiles je vais où le vent me porte je rabats mes ailes

il se noue dans l’air un pesant parfum d’automne — mon cœur dégouline 12


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tous ces mois sans pluie mon chat n’a plus l’habitude — il rentre en râlant une pluie d’automne une pluie sans concession apaise mes doutes la pluie et la nuit qui s’enlacent follement dansent dans ma tête la nuit s’épaissit et mon vieux cœur balbutie d’une glu revêche même la nuit illumine mon cœur cette nuit blafarde qui se plaque sur le sol déterre les ombres l'herbe se dépêche de se parfumer de pluie -une odeur de foin la pluie fut bien courte mais lui le silence reste ivre de chagrin vous avez dit des mots que je n'aurais acceptés de personne mais dans votre voix c'était de l'amour

une seule fois dans ta vie tu croises l'amour le vrai le pur le dur mais s'il glisse entre tes doigts tu ne vaux rien pour les anguilles vous êtes mon secret que je distribue à qui veut l'entendre

j'aime la nuit qui prend feu de ses confidences la nuit sans parfum autre que celui infirme de la souvenance

01 octobre 2017 la cuillère écrit votre absence sur la mousse du premier café odeur de la pluie — de sous l’auvent me parvient la joie du feuillage au bout de la branche une goutte s’impatiente — saut dans l’inconnu at the end of the branch an impatient drop — jump into the unknown journée indolente pour tomber les feuilles mortes ne se pressent pas je vous ai aimée madame comme aime suit aile et comme jamais haine ne pourra suivre aime j'ai fermé les yeux — vos ailes dans ce dimanche s'ébattaient d'espoir le vent dans la tête qui fouille dans tous les coins traque ma mémoire le soir vient plus vite — affamé il sort des arbres et mange le jour la lampe tressaille —

silence matois -13


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au loin un éclair absorbe toute la lumière

où j’avais l’esprit agile — las tout mon corps grince

maintenant le soir s’éternise peu — un verre et c’est tout

ombres sans visage vous qui traversez l’amer laissez moi en paix

du bout de ses doigts l’araignée obstinément reconstruit sa toile

les ombres se glissent sous les angoisses du soir — les volets se ferment

par courtes lampées la nuit humecte ma langue d’un breuvage amer

le lent crépuscule inonde les crêtes sombres d’une odeur de sang

le bruit de la nuit — une pierre dans mon cœur me fait trébucher

la nuit sans étoile rayée de filaments blêmes hurle son silence

des éclats de rire au fin fond de la nuit comme des éclats de verre

je rêve d’une île qui ne perdrait pas son temps à compter les heures

la bouteille plaint le verre vide

il y a des anges que n'inquiète pas le ciel de la nuit d'octobre

Si j'étais poète, j'inventerai le mot "namour". Ce ne serait plus de l'amour, mais ce serait de l'amour, non ? la nuit paraît douce à qui a le cœur serein — le mien me chiffonne

02 octobre 2017 crème du café — je suis resté sans bouger pour humer l’arôme je l’ai regardée la tasse était bien d’accord — sa lèvre et mes lèvres le dernier café après la journée commence — un goût plus amer

les feuilles des chênes ont déjà perdu espoir -pourtant elles tiennent hallucinogènes des champignons arc-en-ciel maquillent ma nuit souvenir d'un lit où le matelas jaloux nous a séparé en contre ciel l'ombre des arbres pleure l'encre de mes yeux un petit auvent ouvert sur un jardin d'arômes l'été fut bien court deux petits fauteuils où la poésie glissait de nos mains tremblantes

où sont donc ces ans 14


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aube blanche de la lune le ciel n'en fait qu'à sa tête dans ciel obscur une étoile se dévoile mon cœur s'en empare

03 octobre 2017 goutte de café — d’un coup de langue je mets fin à sa solitude le second café un rayon de soleil pâle fait rire sa mousse quelques ombres blêmes oscillent sur le béton — les ailes d’octobre mes tempes bourdonnent — le sommeil bien capricieux a traîné la patte être au bord du gouffre — ne pas avoir le vertige devient dangereux sur l’écran de verre quelques signes déchiffrables la clé d’une énigme… grisaille du soir — éclaireur du crépuscule il étreint mon cœur octobre hésitant entre l’été vieillissant et l’éphèbe automne le jour effacé par l’acidité du soir — le sel de la nuit même la nuit mon ombre m’accompagne

je passe du temps dans les bras de mon fauteuil — je pense à vos bras par dessus l'auvent clair de lune énigmatique -je garde un secret j'ai rêvé de nous tant que mon cœur ne sait plus s'il est vôtre ou mien la nuit équivoque a déposé sur ma peau un désir de peau I don't know where I am am I in your heart in my heart I'm not in my mind train vers nulle part il freine sur le ballast les portes se ferment j'aurais aimé que les mots viennent à mon aide pour sauver du naufrage mes désirs avoués il se noie il coule même la mer dans les poumons il respire encore dites lui qu'il va bien qu'il a retrouvé un navire un jour une nuit il embarquera sur le Styx

04 octobre 2017 lentement je rampe vers la porte savourer l’odeur du café narine gourmande je recueille de la tasse la moindre vapeur 15


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poussant le volet une feuille rousse vient mourir sur mon lit l’écureuil s’inquiète d’une troupe de ramiers glanant sous les chênes le soleil voilé maculé de brume sale prend un air penaud du soleil d’octobre il ne reste que des flaques sous les pins frileux

sans vent sans bruit en silence j'ai aimé l'automne c'est une nuit bleue les battements de mon cœur prennent des couleurs ne surtout pas croire que le Styx est d'un cours calme Charon est avide maladroit des mots je souhaite à ceux qui m'ont lu une nuit fertile

05 octobre 2017

le soleil laisse à la lumière dorée le soin du crépuscule

riant dans sa tasse sa mousse crémeuse et chaude déride mon cœur

une lueur grise recouvre alors les collines — la couleur du soir

frisson sur la peau mon cœur aussi tremble un peu fraicheur du matin

la nuit devient lisse elle glisse lentement sur l’ombre des ombres

rayon de soleil — la tasse devenue tiède reprend des couleurs

la nuit installée sur le banc dessous les chênes marmonne déjà

sans savoir pourquoi soudain un sourire éclaire le miroir terni

les dalles de l’allée n’en peuvent plus de compter les glands qui tombent

j’ai fini ma tasse retour vers la cafetière prodigue en bien-être

triangle de feu que deux cuisses révèlent — papillons embrasés

midi se promène aux alentours du jardin — automne sublime

mots qu'on ne dit plus feuilles mortes chiffonnées que les pas déchirent

assis sur le banc par bonheur j’ai un chapeau — une pluie de glands

j'ai suivi la route qui chemine de l'amour à la déraison — revenir sur mes pas

soir mélancolique — octobre est sans compassion pour les cœurs fripés

une nuit d'octobre

des ombres encore 16


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trainent au bord des chemins le soir les rassemble un ange étranger un oiseau aux ailes blanches traverse la lune l'auvent me protège malgré moi des dards de la lune au bout du monde j'ai vu des douaniers qui fouillaient les rêves j'ai trop d'ans sur moi jamais je ne passerai l'ultime frontière d'un rire insouciant elle a dérobé mon cœur pour le perdre en mer dans une autre vie peut-être m'aimera-t-elle alors je l'attends assis au bout du chemin dans les senteurs de l'automne le vent geint aux volets — à toute force il pénètre entre mes tempes d'une nuit sereine je couve votre amitié comme un œuf fragile

06 octobre 2017 l’anse bien serrée je l’approche de mes lèvres — tango matinal parfum sublimé par les mémoires anciennes des cafés heureux le vent a forci tout bruisse et tremble alentour mon âme brouillonne

dans ma poitrine des frissons et tremblements le vent à la fête temps et espace au bout de la lumière unis à jamais hurlant de colère le vent se dresse soudain et claque la porte je ferme la porte je laisse le vent colère s’en prendre à lui-même mauvais vent du nord qui vient déchirer les feuilles de ses gifles lestes symphonie du vent aux rires des pins répondent les oliviers sagaces rongée de morsures la branche morte a cédé — vent impitoyable je m’éveille un livre sur la poitrine « l’univers chiffonné » je ne saurais plus aimer comme j’ai aimé la fille de vent affolé de vent le soir ne sais plus du tout où poser ses ombres le vent s’est calmé mais il laisse le jardin tremblotant encore face à la lune un nuage raide et droit comme une potence pleine lune embrumée mon cœur transparent et clair est rongé de doutes 17


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les feuilles mortes fuient la rage du vent pour se noyer dans la piscine

les nuits je me mens je me racontes des rêves sans réalité

j'étais inconstant et me voilà pris au piège de mes sentiments

je compte les soirs — loin là-bas inaccessible j’étais un enfant

où vas-tu gamin avec ton air insouciant et ce grand sourire ne vois-tu pas la faucheuse j'y vais et je suis heureux

velours sur la peau — le soir d’octobre m’envoute tout juste un frisson

la nuit est silence et le silence de ma nuit est un clair repaire ma longue mémoire comme le fil d'or d'Ariane ne vous oublie pas

07 octobre 2017 sans sucre sans lait encore endormi je tourne le premier café d’un regard amoureux je caresse la cafetière qui s’échauffe vivre aimer penser fermer les yeux les ouvrir et rien n’a changé j’ai rejoint les ombres qui courent dans le bois et les flaques de soleil quand le vent se calme le mois d’octobre m’enrobe je deviens automne ouvrir la fenêtre et respirer les parfums d’un octobre aride

sur les vieilles pierres glisse une mue de couleuvre — ah ! changer de peau des nuages roses se trainent dans le ciel sombre — promesse de vent et puis vient la noire la sombre nuit maladive qui trouble mes yeux vieilles cartes grasses devant moi posées les heures passées à sourire un halo de brume incandescence livide bâillonne la lune dans le sablier les grains coulent lentement -noyé sous les heures la nuit me console de ces battements d'un cœur de vieux gong fêlé la lune s'épuise ses rayons flottent à peine au bord des collines la solitude d'un chien la pire des solitudes des bruits sur les feuilles mon cœur s'emballe et gémit des pas de la nuit 18


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je suis un moineau qui sautille sur son cœur sans laisser de trace

le vent et le soir à l’abri des pins conspirent — la nuit sera blanche

avec huit-cents mots je peux décrire ma vie -"rose" huit-cent-un

la nuit improbable illuminée par la lune — l’ombre de la nuit

je vous souhaite amies amis présents et lointains une nuit vermeille

je me souviens mal mais je sais bien une chose je ne peux l’oublier

08 octobre 2017 plongé dans la brume il va redresser la barre ce premier café drainant le désir de son écume de soie — sensuel arôme une feuille morte se souvient de son amour brisé par l’automne matin d’ombres franches — la brume vite écartée d’un léger frisson avec un crayon couleur de soleil j’efface le gris de mon cœur midi va sonner le ciel est à sa place suis-je vraiment à la mienne il préserve d’elle le souvenir lumineux d’un béant mensonge le vent revanchard disperse sur les terrasses les tas de feuilles mortes sur les murs sans ombre les grêles de vent arrachent des plaintes aiguës

mes mains de vieil homme se souviennent du chemin jusqu’à son sourire timide et tremblante la lune se dissimule dans les hautes branches autour de la lune gouffre insondé sans étoiles la nuit abyssale de ces mots si doux se souvenir est facile l'oubli impossible la lune coquette s'admire dans le nuage qu'elle a pour coiffure nuances de noir inconsistance des sons que la nuit fredonne qu’un sommeil sans faille peuplé de vos rêveries traverse la nuit

09 octobre 2017 un café refuge — un feu de camp dans la nuit pour bannir les loups somptueux arôme de ce pur arabica caressant mes lèvres 19


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les heures s’étirent et je les laissent filer sans trame ni chaine

l'encre et le feuillet -ils ne le savent pas encore mais ils s'aiment d'un amour indélébile

au bord de midi je tutoie la cafetière une fois encore

la lune se lève et à présent elle veille vos rêves de soie

octobre, le mois du gland !

10 octobre 2017

d'un regard d'un geste elle a mis le feu en lui dont cendre il ne reste je les vois qui passent les impassibles nuages loin de tout espoir fin d’après-midi tu sens le soir qui approche un chat vers l’oiseau les ombres dominent il est temps de rentrer la mienne suit encore moustique sur la joue je le claque rudement — me voilà puni rêver d’un sourire est-ce que tu dois en rêver ou bien en sourire

une lune fourbe refuse de se montrer -je l'attends quand même pour revoir tes yeux j'irai où tes pas me mènent je suivrai ton ombre d'un index tremblant j'efface le grain salé -c'était une larme écrire ne sert à rien sinon à rapprocher

ce premier café illumine la cuisine d’un parfum lustré circonspect je tourne autour de la tasse pour la refroidir sur quelle planète il faudra que je les trouve les mots pour lui dire je te reverrai un jour — je resterai là à te regarder fraicheur du matin — il ne reste de l’été qu’un souvenir tendre sur ton souvenir tous les matins je dépose une fleur furtive je ressens ce soir comme une ancre dans le cœur mon âme dérive c’est de là qu’il vient des profondeurs de l’Érèbe — ciel noir sans nuance quelques étoiles sont tombées dans la piscine — reflets d’un ciel chiche où vont les mots qu’on ne prononce pas parfois ils s’emmêlent 20


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dans l’enclos d’une page pour sortir le full aux as d’un poème je rejoins la nuit sous l'auvent elle m'attend pour parler silence le cœur desséché un jeune olivier est mort d'amour pour la pluie cette nuit j'ai compté les étoiles me suis arrêté à cent-deux demain sera sans toi je ne sais qui je suis je ne sais où je suis comme l'eau je suis la pente

quelques pâquerettes comme mon cœur hésitant se ferment le soir elle était un phare la lueur qui éloignait la dernière borne chacun condamne les fautes des autres absout les siennes avec un rire les prétextes sont des boucs émissaires garder sur son cœur le parfum de vos seins que peut-il vouloir d'autre de la condensation de l'aube un poème naquit

tu me regardais et tu ne voyais que l'ombre d'une ombre sans étoiles

le crissement de la plume embrase l'encre le feuillet résiste

je pense à la nuit comme un océan sans vague seulement le sel

sous les étoiles absentes les mots ancrés du poème brillent sans soupirs

11 octobre 2017 assis je regarde la vapeur qui s’en échappe je m’enivre d’arôme puis je saisi l’anse de la tasse qui me rend un baisser torride soleil dans les yeux frissons sur la peau les paradoxes d’octobre lentement les heures terminent leur course lente je n’irai pas plus vite les roses trémières ne craignent pas de fleurir sur le bord des routes

l'encre sait que le feuillet est la lumière de son ombre lever le voile d'un visage que les mots maquillent quelques mots lus ou dits un échange de battements de cœur rien ne dit plus rien le silence qui sait tout impose le silence moment partagé les cœurs effleurés battent de bonheur 21


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voilà l’heure grise l’heure où les ombres ignorent qu’elles sont des ombres

parfum doux-amer de sa mousse qui ondule sur ma lèvre avide

les ombres aussi rêvent de reprendre forme — un rêve de pierre

odeurs de l’automne — ce matin les feuilles mortes sentaient la rosée

il garde de vous le souvenir d’un volcan souriant et calme

mes mains se souviennent comme son cœur battait fort au creux de ses reins

la nuit se répand comme les pas du fantôme qu’elle rêve d’être

le ciel un peu plus pâle plus le crin-crin des cigales toujours pas de pluie

la nuit si profonde que même mon cœur fendu ne reviendra plus

un ailleurs est toujours trop loin

j'ai dans le cœur un petit caillou qui grince un caillou pas bien rond enfin le train s'arrête les rails fourbus peuvent souffler le train s'impatiente

fin d’après-midi sur le pré jauni les ombres somnolent encore bientôt vient le soir avec son parfum étrange de mélancolie

je suis un brin d'herbe que mille pas ont foulé -je rentre sous terre

nous ne comptions plus nos lianes tentaculaires nos langues multiples un seul regard nous unit et l’univers se renverse

une brume grasse se colle sur les feuillages -arbres sans repaire

traverser la nuit — la voile noire est hissée la falaise abrupte

oiseau sans présage vous avez un autre lit pour lisser vos plumes

il fait nuit déjà sur le chemin je piétine et n’avance pas

qu'une nuit sans houle berce vos rêves d'enfant comme un lac à l'aube

la nuit insondable dépouille le ciel sans borne de sa pluie d'étoiles

12 octobre 2017

bruissement des feuilles dans la nuit les arbres filtrent le regard des hommes

ma main tremble un peu — le saisir plonger dedans effacer la nuit

au fond du sablier les jours noient les heures 22


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quelques secondes surnagent encore je suis un vieux fou qui n'a pas oublier d'aimer -je suis un vieux fou sur une galère on ne rame jamais seul pour franchir l'amer quand vous reviendrez déçue par le chemin emprunté alors retournerez-vous vers le bleu lavande belle nuit mes amies mes amis qui me savez tellement bavard

13 octobre 2017 coudes sur la nappe je me prédis l’avenir dans le café même je la fais rouler entre mes mains impatient d’y poser les lèvres quand le jour se lève il ne se lève jamais sans sourire un peu soleil de saison il s’est levé en bâillant pour chasser la brume soleil sur la peau — s’il pouvait sourire aussi dans mon cœur trop pâle les rayons sans force somnolent sur les façades — ombres émoussées ah, que je voudrais que le soleil la ranime l’étincelle d’or

elle se balance la potence sans pendu la vieille lanterne elle rit la lavandière celle qui a lessivé mon vieux cœur de drap froissé et bat, bat mon cœur je la sens venir avec son grand manteau d’ombre l’oppression du soir un ciel mat et blême couvre peu à peu les pins terne crépuscule au creux du méandre là où le sable s’envase mon cœur bat encore je ne sais que faire de mon corps de vieux guignol sans marionnettiste dans l’ombre grisâtre le soir enrobe la lampe d’un trait de ténèbres auvent sans lumière les sombres catacombes de mon esprit s'éclairent le ciel blême détoure la ligne d'arbres -une scie mal avoyée la nuit m'enveloppe de ses effluves d'automne -bruit des glands qui tombent elle avait quinze ans j'allais en avoir dix-sept et je n'oublie rien elle avait des yeux d'un vert si profond que dans son regard je devenais un arbre 23


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et quand ils se changeaient en couleur de noisette j'étais écureuil que la nuit écoute votre respiration lente vos rêves d'oubli vous l'avez aimé curieuse d'un homme au corps rapiécé vous l'avez aimé à peine le mal était fait

14 octobre 2017 en lentes spirales l’arôme s’est répandu jusque sous mon crâne encore embrumé mon corps entier n’aspire qu’au café caresse sa grisaille épaisse ne nous laisse aucun espoir — cruauté du ciel avant de partir il a posé sur la table sa soif de poèmes quand il est revenu les fourmis avaient bu tous les mots — silence j’ai longtemps marché avant de l’apercevoir au bout de la route elle était si belle vêtue d’un manteau de nuit qu’elle m’a fait peur d’un regard aigu elle a tranché mon cœur une part pour elle et l’autre en enfer j’erre sur la plaine le vent me prenant pour cendre disperse mon corps

elle l’attend tout le jour elle l’espère la nuit le voleur qui lui rendra la peau de son cœur du plus haut des monts je surveille nuit et jour un horizon vide la nuit dans le cœur elle grave sur ses veines d’un burin aigu une fête au loin des bruits des chants et des rires — je remonte mon col sur la terrasse sale feuilles mortes entassées espoirs balayés battements de cœur la nuit ne se calme pas ce froid dans le ventre je suis un fantôme qui habite encore un corps le temps est compté rêve de lumière dans cette nuit sans étoiles les nefs vermoulues restent toujours ténébreuses en franchissant l'horizon elle l'aimait d'amour fou d'amour dément il l'aimait jamais ils ne se croisèrent dans ce monde-là d'un sommeil douteux je vais où la nuit me pousse pas trop loin j'espère

15 octobre 2017 embué de nuit je m’enrobe dans l’arôme royal du café 24


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le nez dans la tasse je m’imagine embarquer vers le bout du monde un voile de brume brosse un soleil matinal à l’aquarelle à la proue du vieux navire le capitaine ombrageux interroge chaque vague — laquelle est son âme toujours ce parfum le matin quand je m’éveille fragrance d’été une odeur sans consistance le parfum de ton absence puis je me souviens des sourires qu’un été recommencera nous mangeons tard les glaçons résistent cris d’oisillon ouverture de la chasse cris d’un oisillon sieste difficile mon voisin n’a pas compris un mot de la bible le soir est tombé en plein milieu du jardin comme un sac de sable ombre carnivores elles se mangent entre elles sans laisser de miettes la nuit installée sur le banc à mes côtés nous comptons les glands en battant des mains en silence sous l’auvent il sculpte la nuit

de ces glands qui frappent sur l'auvent les tuiles tintent -soirée musicale main dans la main ils partirent pataugeant dans les rizières sûrs de leur destination l'autre bout du monde j'ai traversé la mer en cessant de respirer pour te retrouver il rêve d'un pays où les figues violettes dessinent sur sa bouche le contour de ses yeux améthyste et grenat ne plus respirer ne plus trembler ni sourire la regarder vivre une étoile à peine attend la lune équivoque -éteint je patiente nuit mon insondable nuit tu m'appartiens et je te respire comme une fleur de pavot qui épuise sa résine rêver une fête autour de la même table nous levons nos verres laisse-toi porter par le vent par n'importe quel vent comme une feuille morte sans faillir il te conduira vers ceux qui te ressemblent je connais un poète qui ne sait pas écrire mais quand il regarde une fleur celle-ci se prend à chanter

16 octobre 2017

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j’approche les lèvres — trop chaud pour l’étreinte encore j’en respire l’odeur je la pose trop fort tintement de porcelaine et rond sur la table le vieux cerisier a perdu toutes ses feuilles — octobre dénude se frôlant à peine lucanes et papillons dansent dans mon ventre l’incandescente asymptote d’une hyperbole éphémère au milieu des tempêtes auxquelles il imposait silence le vieil homme édenté se revoit jeune et mordre au fond du jardin sous le tas de feuilles mortes pourrissent des pleurs ombre des barreaux de l’imposte sur le lit -rêves en prison fleur du souvenir et crème de la mémoire je vous sens frémir c’est l’heure où le soir tutoie le jour le moment où l’âme s’alarme je vais sur ma route des rêves plein ma besace mais qui les entend j’ai le cœur brûlé il s’est approché trop près de ma seule étoile au bord du verger j’ai creusé un trou profond pour planter un arbre mais cet arbre c’est l’amour et ses fruits toujours amers

la brume descend d’un ciel sans concession noir sans la moindre chandelle pour éclairer mes doutes le vieux portail grince pas très loin un chien aboie — une nuit de brume fauteuil de jardin dans l'épaisseur des ténèbres -mon poste de guet la nuit m'a rejoint salutations d'usage nous ne pensons à rien il cueille des fleurs des champs des fleurs sauvages qu'il lie avec un bout de son cœur pour elle farouche sur le bord de la rivière elle regarde couler le flot de ses larmes pour celui qui a tant promis je vous aime disait-il à en perdre la raison elle n'aime toujours pas l'oiseau dans sa cage

le sommeil m'emporte je ne sais où il m'entraine vers demain sans doute parfois je voudrais ne plus être ce caillou dans sa chaussure cet ennui dans sa tête cette tasse qui déborde parfois je voudrais ne plus

17 octobre 2017 sur la mer amère du premier café la mousse traverse l’arôme chaude dans mes mains 26


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tremblant de sommeil encore la tasse m’apaise sur le pré brûlé des fleurs toujours insoumises boivent la rosée les herbes hautes se sont couchées maintenant sans jamais reverdir le sable qui coule entre mes doigts de vieillard retourne à l’oubli il va lentement le long de la ligne d’ombre mon cœur fatigué l’automne me suit comme l’ombre d’un soleil rongé par le doute oliviers mal taillés tels que vous devriez être je vous vois enfin litière de pin le soleil sur les paupières l’été en partage - où suis-je ? dit-elle. - mais dans mes bras mon amour ! - oh ! les bras de qui ? je me moque de tout la couleur de ta peau les joyaux dans tes yeux l’odeur de ton sexe je me moque de tout sauf de toi peut-être une nuit j’irai par misère dans un bar je demanderai après la loutre bleue qui n’existe pas elle me dirait casse-toi vieux débris embué englué d’une pâte chimique je m’éveille enfin

mais non, ni le monde ni rien ne change jamais tout au bord du monde doucement je me balance pieds dans le néant trainant dans le soir sur le chemin la nausée griffe mon gosier la nuit dans le cœur tente désespérément d’en éteindre le feu ma main tremble un peu je renverse quelques gouttes et je déglutis un scotch une clope sous l'auvent face à la nuit ne penser à rien mordre la nuit et m'entendre hurler la douleur du silence c'était une fleur si fragile qu'un rien lui faisait peur avec mon mal de vivre je l'ai terrorisée or des jours qui passent vieillesse n'est pas sagesse elle est passagère le train de nuit s'en va volets clos portes fermées un huis-clos avec lui-même sommeil apaisant sur une nuit sans tempête au port de demain la chute des glands musique de nuit d'octobre lendemain balai rêver il faut rêver de vent de mer de tempête 27


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de soleil de plage de sable et surtout d'amour faire l'amour caresser tordre le cou au réel

18 octobre 2017 vapeur dans les yeux — je ne peux les retenir un café aux larmes vraiment maladroit encore un rond sur la nappe pertes et profits illusions bercées rêves couvés comme un œuf briser la coquille malgré le soleil qui incendie les fenêtres j’allume la lampe sur les carreaux rouges tavelure blanche et noire du chat endormi au bord de midi le ciel s’est couvert d’ennui sans promesse de pluie on s’est regardé et le temps s’est arrêté pour l’éternité regardez le ciel il est rempli de nos insomnies elles le griffent de cris transparents vous qui croyez bien dormir regardez le ciel - je ne veux pas mourir mon amour - tu es déjà mort gros ballot mais tu rêves encore fleur de laurier-rose couleur des plus belles roses odeur de cadavre

au magasin de farces et attrapes j’ai acheté le masque du sourire à présent on me dit bonjour quand on me croise j’ai posé un ex-voto sur la tombe de mon père ma mère me demande combien ça m’a coûté le soleil en pause la pluie même se refuse au moindre présent la journée s’achève un parfum de néant reste collé à mon âme un soir scélérat troque la douceur du jour contre un banc de brume et la nuit venu le linge sur l’étendoir prend des airs de spectre la nuit devient fraiche octobre montre les dents et les jours reculent

sur le banc je rêve un gland me surprend je lui prédis un avenir sans chaîne ! assis sous l'auvent la nuit me prend par la main nous rêvons ensemble le navire dérive dans le ciel enténébré chaque étoile qu'il frôle il ne restera de lui que la constellation de l'ange aux ailes déplumées je suis ce vieux fou 28


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amoureux d'une étoile indifférente j'ai la nuit pour amie la nuit pour ennemie souvent elle se bat contre mes rêves à mains nues nuit le cri silencieux de mon âme déchiquetée je ne sers à rien dit-il pas même tu me regardes quand je sors les poubelles d'un sommeil rieur la nuit bleue vous accompagne vers demain insoumis ma vie fut bien longue j'ai aimé on m'a aimé l'amitié demeure

19 octobre 2017 arôme envoutant même mon chat indolent semble apprécier dessin d’un sourire sur la mousse du café — un joli présage de la chantilly mousseuse blanche et sucrée dans le ciel d’octobre le rideau de perles musique d’un vent léger frémit dans la chambre ombre de demain aujourd’hui veut oublier l’ornière d’hier

c’est un jour d’automne les corneilles vont glaner de leurs cris de craie soleil sous la couette cette nuit j’en suis certain j’ai rêvé de vous comme des moutons confiants dans le pâtre du vent les nuages passent ne fais pas confiance à un dépressif tu lui poses la main sur l’épaule il te prend pour dieu le bruit de la ville traverse la vallée aux relents de bitume qu’importe le ressac tu reviens vers moi le temps s’engrisaille c’est l’heure où les ombres pointent vers le soir sous les pins ensuite elles se boivent entre elles les ombres liquides

les mains caressées par la lueur de la lampe j’écris des mots sombres ils ont fui par la rivière pour ne pas laisser de traces et dans un baiser farouche se sont envolés elle est lumineuse la pensée que j'ai de vous fanal dans ma nuit elle tricotait une chaîne pour mon cœur de ses mains expertes je me sens léger 29


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comme sa respiration quand elle dormait seul un vent léger s'agite dans le feuillage -les feuilles résistent qu'elles soient lumières les étoiles sur la mer de votre sommeil d'une rive à l'autre il nageait il y mettait force et volonté il n'a jamais su où aborder il s'est noyé en faisant la planche c'était un coureur d'étoiles de l'une à l'autre il brûlait sa peau et son cœur sans voile et chaque fois il hurlait

20 octobre 2017 mes lèvres frémissent puis tout doucement j’aspire l’odeur primitive le parfum de braises chaudes du premier matin du monde la cuillère tinte en tombant sur les carreaux pas bien réveillé au-dessus de l’horizon le soleil danse avec la brume au son de la lumière cœur emmitouflé d’un cocon d’ouate indécise je ne l’entends plus quelques jours encore octobre le mois sans dieu et sans pluie non plus sur le sentier sans fin aux ornières profondes

sur le sentier sans fin bordé de ronces épaisses sur le sentier sans fin il sait qu’un jour il en prendra un de trop un verre de trop un comprimé de trop mais un bain chaud un cutter pour couper court dans le ciel les nues détourent sa silhouette le cœur est absent plus que septembre octobre pue la mélancolie une vieille charogne le cœur un peu lourd je retourne du jardin toujours aussi sec le soir je ne sais d’où me vient cette amertume du jour qui s’achève assis sans équilibre sur la margelle du puits il regarde le ciel des antipodes

ce soir il fait triste la nuit suinte d’ennui tout mon corps bâille enfin ils arrivent dans un ciel qui accueille les yeux étoilés des millions de pas -faire le tour d'une vie c'est exténuant rêver sous l'auvent avec la nuit pour compagne rêve familier le premier amour est inoubliable 30


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le dernier amour lui est meurtrier

s’abreuve de la rosée cédée par la nuit

dans le petit bois de mon jardin je promène ma vieille ombre lasse

ne penser à rien demeurer devant l’oubli attendre d’entrer

les ans me pèsent respirer me pèse mon corps meurtri me pèse et je ne pèse presque rien même mon cœur s'allège

en train de bronzer à l’ombre de mes pensées qui n’ont plus de feuilles

je sens l'eau sur mon corps et le sang qui coule encore je sens mon corps liquide mon esprit qui se vide il vous a sans doute effrayée mais bien avant cela vous étiez captive d'un autre cœur tout va si vite l'amour a le vertige

on ne sais jamais quand la porte s’ouvrira parfois elle l’est déjà nuages avares il faut trouver la cassette qui garde leur or il pense au printemps l’oiseau caché dans les chênes et qui chante encore

l'oubli ce n'est pas une perte de mémoire l'oubli c'est l'indifférence

je penche plutôt pour un dimanche d’avril samedi d’octobre

naviguer sur la nuit sans timon ni rames tutoyer les étoiles et garder leur lumière je ne sais pas le faire

Je ne le dirai plus que je rejoins la faux je dirai que je vais chercher des allumettes

d'un sommeil sans faille que votre nuit se remplisse et de rêves bleus

je refais surface après une plongée longue de quelques vieux rêves

21 octobre 2017

je guette les ombres qui sournoisement se glissent dans les plis de l’âme

gorgé de sommeil j’ouvre la porte et déjà … caresse d’arôme

soir de solitude des gens rient autour de moi mon cœur bat tout seul

premier espresso ce n’est pas le plus rapide mais c’est du velours

depuis le toit de mon cœur le p’tit bonheur s’est envolé en coupant mes ailes

toujours ce même soleil qui d’un coup de lange sèche

la lumière lente de la lampe du bureau a laissé des mots dans l’ombre 31


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je rassemble des mots pour en faire un poème il est lumineux ou bien sombre ou ni gris ni bleu juste comme moi qui ne suis qu’une ombre

du masque de bon repos bercera mes rêves

22 octobre 2017 je souffle à la surface la tempête sur la mousse à un doux parfum

un épais silence prend possession de l'auvent la nuit intimide

coudes sur la table je fixe les ronds de tasse elle refroidit

mille mots baratés pour qu'ils s'empâtent et cimentent ton coeur n'auront pas suffit tu t'envoles

chênes verts encore ils veillent jalousement l'herbe calcinée

sous la surface d'un océan sans ride un gouffre s'est ouvert beant de mon sang livide comme un volcan de chair putride

le vent m’aide beaucoup pour faire tomber les glands il gaule les chênes jouant de sa force le vent fait tourner la tête d’un ciel ébloui

le ciel s'embourgeoise lové dans le molleton des nuages gras

j’ai rêvé de nous sel de mon existence vous étiez le sang que mon cœur expulse pour vous oublier

petit coup de vent c'est bien une pluie de glands qui châtie la terrasse

sur mon océan naviguent des galères jamais elles ne cessent de ramer

ils ont traversé le ciel enjambant les galaxies et se jouant des trous noirs eux aimés des anges

le vent décapite une pâle pâquerette qui perd ses pétales

ni amants ni amis par la distance qui ne se chiffre pas en kilomètres pourrais-je devenir un frère celui que l'on n'invite plus Je vous quitte amis que sourires m'apportez. Passez nuit sereine.

si parfois tu perds la tête blottie tout près de mon cœur tu sais où la retrouver se disent les anges levant une dalle vingt centimètres de frousse — une scolopendre

une nuit grimée 32


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déjà l’heure grise — le temps est passé si vite qu’il m’a décoiffé !

toutes ces sardines suintantes c'est à gerber ! je m'en grille une

la nuit me devance elle parcourt à grand pas les chemins du ciel

je suis le roi des som somnifère somnambule la somme des sommiers

il fait si nuit déjà si sombre dans ma tête je cherche un briquet

avant de vous rencontrer j'ai froissé dix univers mais j'ai raté la corbeille et vous ai dépliée

pour le vent on est servi pour la pluie on fait ceinture boire ou conduire... les tuiles de l'auvent tressautent et tintent dans l'ardeur du vent les ailes des anges se vrillent sous les rafales d'un ciel en colère l'auvent s'embourrasque je ne peux plus y rester je rentre mon verre perdus rompus de fatigue ils ont passé la frontière d'ils ne savent quel pays un baiser les sauve même les étoiles tremblent dans le ciel limpide il se rend au vent une nuit sans vagues où s'en vont flotter des rêves bleus ou émeraude dans la vieille chaloupe plus rien à bouffer ! le mousse ? mais alors... ils se sont bouffé les couilles et se tournent vers le mousse une foule trépidante attend fébrile à l'entrée de la boite.

Je l'aime au delà de toute définition de l'amour. C'est à mourir de rire... à mourir d'amour. la nuit est ton refuge elle est ta confidente tu peux ôter le masque et souffler un peu la nuit personne ne remarque que tu boites

23 octobre 2017 des frissons parcourent ma colonne vertébrale — effet du café des arcs électriques quand elles frôlent la tasse traversent mes lèvres fraicheur matinale d’un octobre surprenant — le vent se réveille terrasse encombrée de glands et de feuilles mortes je traine la patte les ombres s’agitent sur le gazon calciné — comment fuir le vent ? rien n’est dérangé le soleil sur la façade a figé les murs le vent se renforce 33


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dans ses bras mouvant il traine une odeur de neige

pour celui qui l'a aimée au renoncement

parfois j’ai les idées plus noires que l’encre de ma plume parfois j’ai les idées si noires que la nuit est jalouse j’ai des idées noires

belle nuit amis dont la présence discrète apaise mon cœur

je compte mes étoiles la pire main au poker tant pis — tapis ! le vent rompt le charme de la belle promenade que nous allions faire le vent est plus faible déjà les ombres se creusent et le jour s’écoule la nuit me surprend elle vient tellement vite poussée par le vent le vent s'éloigne il remonte la vallée jusqu'à la source froide

que me reste-t-il de cet été lumineux ? la douce lumière l'amour a changé de camp les fleurs offrent leurs racines à la lumière d'une autre contrée maritime j'ai remonté le temps jusqu'au point de rupture j'aurai dorénavant quelques points de suture je rêve que dans le ciel les étoiles ne s'éteignent jamais pour ses yeux je voudrais que son bonheur ne soit pas qu'indifférence

enfin la nuit me prend ses bras d'ancre voluptueuse déchirent mon cœur déjà meurtri je traîne au fond dans la vase vieux chalut corrodé un corps de nuit dément

24 octobre 2017 poser les pieds sur le carrelage froid courir à la cuisine s’approcher d’elle lèvre à lèvre avec la tasse dissoudre la nuit claire matinée même les feuilles mortes sourient au soleil du vent il ne reste qu’à balayer les terrasses et un peu de froid la jeune tarente s’approche de son repas — aujourd’hui ceinture les jours sont comptés plus jamais je n’irai boire au chant de sa source dans les roseaux de la berge elle l’attendait son brigand prête à lui voler le cœur d’un coup de poignard à travers la vitre tout juste un trait de lumière — rêve de poussière 34


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reflet dans ses yeux ambré irisé de mauve l’or des crépuscules la ligne des crêtes liserée de crépuscule comme mon cœur saigne la source abandonne pourquoi donner son eau contre si peu de soin au loin partent les nuages ils préparent le chemin aux rêves abandonnés au fond de la cave

avec une chaine d'arpenteur il a mesuré la profondeur des sentiments qu'elle avait pour lui ses mains déjà étaient pleine de boue

25 octobre 2017 la première tasse celle qu’on espère tant avant de dormir j’essaie sur la mousse d’imiter ma signature sans y parvenir

un verre de scotch la poussière sur la table me surveille et veille

matin sans rosée le vent est content de lui la terre s’épuise

un poignard bien affûté à la porte de la ville pour lui trancher le gosier il attend la nuit

même en plein midi il progresse dans sa nuit larmes plein la vue

qu'elle me berce cette nuit dont j'ai rêvé cette nuit enfuie sur le bord de la falaise il apprend des fous à voler quand il s'est senti à l'aise il s'est élancé avec des lunettes de lune je perçois à travers les nuits toutes celles qui une à une ont désenchanté mon ennui j'ai été cet homme celui qu'elle n'attend plus trop long à comprendre je rejoins ma nuit qui me laisse un drap de ciel un linceul d'étoiles il donnerait sa vie pour elle d'ailleurs sa vie déjà il l'a mise au clou

souvent je me dis je n’ai plus l’âge d’aimer mon cœur n’en sait rien d’un grain de poussière le mystère imaginé — lumière attentive les sabots de sa monture faisaient trembler la poussière il dégage son tachi la voyant au loin tout doucement les rameaux d’olivier frissonnent en plein soleil avril en octobre écrire un poème sans jamais l’avoir vécu c’est du racolage une tourterelle abusée par les saisons — un chien la renseigne 35


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puis le soir descend sur les toits et dans les cœurs heure nostalgique la nuit se répand maintenant froide et venteuse entre les troncs sombres dans la nuit d’octobre même en moi il fait si calme un froid si sombre

tu es ma souffrance et je t'aime pour elle car je sais mon cœur sonner et mon sang fleurir pour elle la nuit le berceau de rêves imaginables du vent sur des braises

26 octobre 2017

j'ai aimé si fort que même la mer pleurait d'en être jalouse

d’un œil soupçonneux je regarde le café fumer dans la tasse

cent fois je repasse le chemin parcouru je ne sais toujours pas quel dieu m'a pris en grippe

son parfum m’envoute sa chaleur me réconforte son goût m’enivre

toujours ce vieux fou qui crie à l'indifférence -ce fou pathétique dans le train de nuit il n'y a qu'un voyageur craintif et en larmes les yeux pleins de vagues il a nagé si longtemps dans le sel dissous la mer enfin prend pitié jusqu'à son dernier rivage la nuit me rassure sur mon épaule elle pose une main de glace Il a tout préparé un bain chaud qui tiédit un grand verre de rhum des plaquettes de comprimés et ce vieux rasoir Il attend les mots me dépassent ils arrivent avant moi sur la page blanche souffrance

il faut patienter passer les derniers frissons — parfums de l’automne petit à petit le soleil se débarrasse de ses brumes froides livré à lui-même le dernier frelon recherche où passer l’hiver les doigts engourdis je sors les feuilles noyées du fond du bassin un clair rayon de soleil traverse la vitre froide et éclaire le feuillet où j’écris je t’aime à la porte toque une amie c’est pas écrit sur son front c’est gravé dans ton cœur re - connaissance tu passes devant des portes toutes fermées au bord tu t’assoies les paumes pleines de larmes 36


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une auto sur la flaque et te voilà illuminé un voile de soie aussi noire que la nuit crisse sur le toit il marchait seul dans la rue et sous chaque réverbère comme un chien qui suit sa piste il regardait l’heure je ressens la nuit elle a une forte odeur de temps dépassé c’est un livre étrange qui ne veut pas qu’on le range un livre qui démange j'ai remis un pull sous l'auvent il fait frais la nuit me l'a dit le bruit des voitures sur l'asphalte de la vallée irrite la nuit un petit chien au loin sans doute enfermé au salon aboie sa solitude je suis l'homme sans visage celui qu'on croise sans voir son absence de visage un trou dans l'espace dans le ciel de la nuit je dessine la constellation de l'ange je n'oublie pas les ailes des ailes de mouche comme un enfant perdu qui court après ses balles je course les étoiles je laisse la nuit accomplir son lent travail ciseler vos rêves

Vous madame qui avez pour lui encore une once d'affection parfois murmurez-la à mots grimés Il ne le répètera pas je suis l'homme sans passé et surtout sans avenir entre l'ombre et la poussière à peine présent tant que nous resterons sur cette plateforme instable il y aura des mots non dits des mots mal dits mal compris des mots d'amour solubles

27 octobre 2017 avec la cuillère j’ai goûté toute la mousse le café me voit café un œil noir sur le fond blanc de la tasse il prend mes mesures clair et lumineux le soleil fait ce qu’il peut je frissonne encore des tessons de rêves sur le chemin de la nuit encombrent le jour le volet qui grince sur ses pentures rouillées — ma tête mal jointe il avait de longues mains avec des doigts de pianiste elle ne résista pas à ses coups de griffes je viendrai dit-elle avant les lueurs de l’aube vous prendre la main depuis lors il se consume dans d’étranges crépuscules 37


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je n’ai plus de pluie ma bonne dam’ mais du vent j’en ai à revendre le vent fait des nues des boules de coton pour grimer le soleil

ils s'en abreuvaient encore la foudre a frappé la nuit élégante a mis ses plus beaux atours pour charmer vos rêves

sur la feuille les mots fuient

mille étoiles dans le ciel que le vent attise jusque dans le cœur

chante le vent chante après les glands les olives les oiseaux jubilent

28 octobre 2017

ces vieilles photos des souvenirs de vacances je n’en ai qu’un seul du fond de mon crâne monte une folie sublime — le vent m’ensorcelle la nuit me dévore elle arrache de mes mots la chair et le cœur à l'autre bout du monde la frontière est fragile elle ne tient qu'à un fil j'ai aimé ce cri que mes lèvres retenaient au fond de ses yeux au fond de mes tripes elles s'ébattent pourtant ces miettes de joie nuit mélancolique -téléviseur mal réglé sur mes souvenirs le vent s'énerve mais il fait peur qu'aux feuilles mortes douceur de la nuit la caresse d'une main sous un drap de soie ils ont suivi le ruisseau jusqu'à sa source d'eau claire

les yeux dans les yeux le café brûlant et moi nous jaugeons nos forces ah qu’elle est bienvenue sur ma lèvre ensommeillée la première lampée j’ouvre le volet le soleil se lève à peine regard jusqu’au frisson un rayon de soleil entrouvre une pâquerette somnolant encore tout content de lui mon chat m’offre une mésange — pas le cœur à gronder ce n’est pas le mien dans le grenier j’ai trouvé un vieux cœur rouillé l’amour est-ce le partage ou le don inconditionnel j’entends l’amour pas l’amour je peux répondre enfin mais qui veut entendre ? assis sur le banc j’écoute tomber les glands dans ma solitude la nuit est venue apaisante et si fidèle qu’elle est ma maitresse 38


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le crépuscule il s’est couché discrètement dans le pli des collines je ne suis pas là la tête dans les étoiles le cœur balbutiant plutôt taciturne et sans rien à raconter la nuit fait silence elle était ma fée elle était ce vrai sourire qu'ont tous les enfants parfois je me dis retiens tes larmes vieux fou d'autres fois je pleure ils arrivent au sommet de la colline sans ombre ils s'approchent de la croix qui n'a pas de bras

sur le kimono que vous portiez cette nuit s'accroche une étoile -esseulée dans le jardin une goutte de rosée quand il pense à elle il se souvient de l'été ce soir il frissonne maman disait-il j'ai si peur dans la nuit mais je suis là mon enfant lui répond la nuit je rejoins l'orfèvre de cette nuit -- celui qui cisèle les rêves sur mes doigts engourdis la nuit pose son eau l'eau glaciale du Styx mais résigné je rame

je souffre mille morts pensait-il à haute voix une seule suffira lui murmure la nuit la vie a tous les droits d'ailleurs entre elle et la mort tant qu'on parle et écrit c'est la vie qui gagne

29 octobre 2017 tu tournes sans cesse ce café sans lait sans sucre un café vertige seconde gorgée le cœur se remet à battre tu ouvres les yeux cette heure de plus je l’ai déjà dépensée j’ai les mains percées par le vitre ouverte je deviner la couleur de l’oiseau qui chante mon charmant voisin profite de l’heure en plus pour souffler les feuilles les ombres d’automne ne sont celles du printemps elles perdent leurs feuilles je cherche un gant de soie pour soigner ses blessures sans m’en mordre les doigts j’aurais voulu vous le dire avec des feuilles d’automne d’une aurore au crépuscule je n’ai que des mots le verger d’automne je longe les arbres nus et leurs branches noires le vent se lève il apporte du large un parfum de vous 39


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le vent parle aux arbres il raconte ses voyages et les arbres tremblent je voudrais seulement poser ma main vous étiez mon orage la tempête du nord-ouest et les mers tropicales la flaque rêve encore portée par le vent la nuit violente et cruelle déchire les feuilles sombre déchirure dans la trame de l’automne les amours s’y perdent

dans l'ardeur sentimentale de mon propre cœur hélas je découvre madame sur votre obi l'encre d'un poème et je ne l'ai pas reçu ma manche trempée de larmes je garde de vous les mémorables instants que nous échangions votre kimono ouvert et mes yeux sur votre peau nuit bercée de vent offre-moi donc ce sommeil qui me bercera

30 octobre 2017

les feuilles murmurent elles implorent le vent de finir sa fable

ferveur du café avant même d’être bu il déride l’âme

il suffit d’un rien parfois pour que la joie vienne éclairer la nuit

mes yeux dans le vague ne voient que la cafetière beauté matinale rives imaginées autour d’un lac de larmes les sables du temps

un peu frais ce soir avec le vent la nuit joue un jeu sans chaleur ma vie c'est-à-dire un gâteau brûlé au four de mes sentiments je suis las je reste à l'ombre de mes désirs sans pouvoir bronzer dans l'arbre agité un oiseau sans aile écoute le vent

sur ordre du vent les feuilles mortes s’alignent dans un beau désordre tintement de verre un rayon de soleil sur le jus d’orange un soleil humide éclabousse la terrasse — le jeu des saisons

main dans la main ils allaient vers des cieux sans lendemain seulement ils ne pensaient qu'à vivre au présent

ombre des glycines votre visage est bien pâle derrière l’ôgi auriez vous changé de fard ou bien l’avez-vous perdu

j'ai brûlé ma vie

entre mille 40


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je reconnaîtrai le parfum du souvenir tout au bout du quai je regarde s’éloigner mon dernier espoir ne pas y laisser les dents il faut gravir les rochers sur les coudes les genoux surtout pas les dents une ombre discrète a traversé mon regard le passé s’efface mon cœur rapiécé un patchwork d’amours déçues me tient chaud pourtant petite lucarne je n’y vois que quelques feuilles la vie au travers déjà le soir les feuilles se diluent dans leurs propres ombres

qu’il est loin le temps de la sauge et la lavande Il fait froid ce soir une nuit épaisse couvre le lierre des murs de crissements louches viens ma nuit raconte pose-toi sur mon épaule parle-moi d'espoir ils se sont tant embrassés que de leurs lèvres coula une fontaine de sang bleu comme la mer devant l'éventail bombine une mouche noire que vous écartez si cela étaient mes lèvres auriez-vous agi ainsi

feuille d'oranger à l'ombre du limonier un amour acide mon cœur bat encore bat le branle et la chamade tout va bien il bat tout au long de ce long fleuve doigts emmêlés ils progressent vers le delta ensablé ils sont faits de sel se souvenir de ses rêves est un privilège étrange quand ils se réalisent cette nuit j'ai froid il faut que le thermomètre ait le moral bien bas petite sœur laisse moi poser sur ton front mes lèvres nostalgiques la nuit poétique pose dans mon cœur transi des rimes ardentes

31 octobre 2017 lentement je sors de ma bulle de sommeil parfum de café la mousse onctueuse dérive sur la mer noire d’un café épais un rayon de soleil traverse mes lunettes une larme coule au bout de la laisse une collier sans fermeture — longue promenade de ma chambre close j’écoute le bruit des vagues — vertige de l’amer 41


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la fleur à l’oreille que vous frôlez tendrement de quel clos vient-elle dans mon jardin il ne manque pas une seule pensée ne penser à rien est rude alors que penser au néant est si simple ils se sourient puis s’étreignent longuement passionnément sur la falaise de grès et ensuite ils plongent où allons nous mon cœur toi qui bat sans cadence et moi qui boite à chaque pas le trou est-il déjà creusé il a déboulé rayant l’écorce des pins le soir ricanant la soirée devine que je n’ai rien à dire elle fait la tête l’écran me regarde oh presque rien me dit-il tu t’es mal rasé la nuit se renforce chaque jour est grignoté comme une biscotte du haut de son arbre un grand oiseau invisible domine le monde la nuit me malmène je crois qu’elle veut ma peau j’ai un pull de laine sobrement j’explique à ce papillon de nuit que je lis un livre petite sœur laisse ta main sur la mienne et le monde redeviendra bleu

une nuit sans étoiles la lune est déjà passée mon cœur se serre l'étau d'un frisson empoisonne mes membres j'ai mal de son mal la nuit est bruyante elle se tord de rire de me voir en souci ils ont marché longtemps le long de la crevasse ils retenaient leurs dents pour que rien ne s'efface rouge de vos lèvres balayé sur votre joue et vos dents scintillent dans quel fruit à la chair tendre ont-elles laissé l'empreinte mon chat me fait de l'ombre dans les bras de ma blonde il ronronne encore nuit douce et légère que vont traverser vos rêves sommeil chaleureux

01 novembre 2017 je sens son arôme jusqu’aux trilles de l’oiseau au bord de la tasse première gorgée et tous les sens se réveillent vite une seconde la buée de la nuit en volutes s’évapore soleil sur la table le jardin humide de la rosée de l’aube a toujours aussi soif 42


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j’ai un cœur grand comme ça dit-il — et il en sort sa voiture j’aime bien les ombres on peut leur faire confiance les ombres sont franches rayon de soleil au dos de ma main ridée tout un paysage la poudre de riz sur la manche du rônin on pourrait le suivre chacun sait pourtant qu’il sort d’une closerie sans maître c’est déjà le soir j’ai traversé la journée à manger la nuit au dos de ma main le crayon dessine l’ombre d’un poème frêle la nuit me submerge cascade de souvenirs aussi vieux que moi petite sœur sèche tes larmes le soleil se lève quelque part claquement de drisses quand le vent joue dans les cordes la chanson des ports courir sur la plage la tête dans les nuages un rêve d'enfance

vient couvrir mon horizon de pensées sauvages sans penser à mal elle glanait du blé mûr dans le champ de Booz dans la nuit secrète un phénix a fait son nid demain va renaitre ils ont couru sur les pentes du volcan en éruption ils en ont mangé la lave le cœur en fusion je suis un fugitif je fuis à travers la nuit l'opprobre des jours

02 novembre 2017 soudain le café libère un parfum d’Afrique soleil sur la tasse surtout ne rien perdre et je bois à la soucoupe le café versé j’ouvre le volet un vol de ramiers traverse mon regard de brume l’ordre est rétabli je m’avance d’un pas sûr vers la cafetière sur le mur les ombres palpitent encore un peu — flou des ombres folles

je voulais traverser la vie sur mon tricycle d'enfant

la mer et son sel broient mes bronches insolubles respirer enfin

au bord du précipice il se raccroche encore à un brin de tendresse

j’ai le cœur en larmes de mes yeux sourd une plainte comme un sang vermeil

le ciel bleu de nuit

d’un sommeil chimique 43


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émerge enfin mon esprit mon corps se rendort

ils ont laissé s'incruster des traces de joie

la pluie se fait attendre même les nuages dans le ciel s’impatientent

nuit calme et sereine les rêves montent la tente j'attends le sommeil

petite sœur viens prends mon manteau si tu as trop froid

gardez-vous de celles et ceux à qui les mots obéissent d'elles et d'eux ne restera jamais que des mots

sur les ailes du soir les fleurs se sont refermées pour rêver du jour musique de l’âtre odeur de bûche brulée les pieds dans le soir soirée sous la lampe lumière voilée par l’aile d’un papillon à la branche obscure elle pend frileuse encore la dernière feuille se moquant des hommes cahin-caha elle tourne la terre meurtrie d'un bout de cœur qu'ils échangent ils ont fait un papillon qui s'en va raccommoder un cœur écorché marchant lentement sur son cœur elle a gardé son poème écrit dans son cœur elle conserve le poème de ses mains il se souvient d'un jardin qui souriait les matins des chants d'amour des loriots juste avant l'été ils ont crié si fort que l'écho s'en souvient tout le long du fleuve

nuit sans étoiles la constellation de l'ange a perdu le nord je me sens faiblir mon cœur ne bat plus pour moi il danse pour vous petite sœur appuie-toi sur mon bras j'ai encore de la vigueur on rencontre parfois des êtres de lumière que le soleil occulte mais la nuit leur lueur est un phare espéré

03 novembre 2017 descente en douceur chaque marche me rapproche de la cafetière une mousse beige sur le café qui embaume plaisir décuplé temps mélancolique mais un surprenant novembre sans même une larme une brume chaude se promène dans ma tête — vapeur de mémoire petite sœur le vent vient de la mer sens-tu la respiration du sel 44


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quand je jouais aux billes j’aimais bien les agates couleur de ses yeux le soir tape à la vitre pourquoi vient-il si vite démanger mon cœur la nuit déjà recouvre le jardin assoiffé — je rêve de pluie je compte les nuits qui me sépare du jour mais je ne sais lequel que de bavardages pour éviter l’essentiel que de temps perdu on a vu au large deux éclairs frapper les vagues -un signe de pluie mon cœur frappe fort il serait même violent si on le caresse la nuit s'obscurcit d'épais nuages lourds sombrent dans les plis du ciel je n'arrive pas surtout ne m'en veuillez pas a dompter le "tu" petite sœur si tu as peur de la nuit mon cœur est lumière la nuit prend ma main elle me conduit vers la porte d'un sommeil qui chancelle petite sœur endors-toi d’un sommeil d'arcs-en-ciel demain sera bleu sur le bord du précipice

leurs sueurs se sont mêlées dans les vagues argentées d'un vieux ciel complice le vieux fou radote il dit à qui veut l'entendre qu'il a dix-sept ans mais les ans vieux fou oublieux pour toi n'ont plus de lumière je vais vers la fin la pourriture a déjà mâchouillé mes tripes la vie m'incommode j'en ai assez de marcher avec ce caillou incrusté dans ma chaussure je voudrais pouvoir voler je suis un être lunaire comme elle la lune j'ai des phases d'incandescence et d'autres d'épaisses ténèbres mais je suis là toujours caressant la nuit il va où le vent le hale depuis le sable caressant jusqu'aux falaises acérées sous la couette le sommeil sans rêve me recueille j'ai bu ma tisane un matin je me lèverai serein sans poids sur le cœur j'aurai effacé l'ombre des anciens jours et je ne saurai ni comment ni pourquoi mais ce sera ainsi

04 novembre 2017 rituel animal la dosette bien choisie dans son logement viennent les arômes 45


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avec un bruit de compresseur je dessille un œil un ciel de drap blanc plissé et mal lessivé frôle les collines ouvrant le volet j’ai écrasé une fleur la dernière peut-être des ombres sauvages surgies d’on ne sait quel soleil dansent dans mes yeux j’ai froid en moi plus de feu plus de braise j’ai froid il faut souffrir sans fuite les jeux de maux me gonflent quelques gouttes ont humecté les carreaux -mes yeux restent secs

petite sœur tu joues dans le soleil et le vent et tu ris petite sœur filtrant sous la porte comme une goule assoiffée la soirée m’égorge la nuit me murmure la couleur du crépuscule l’aurore me manque

petite sœur viens viens sous mon épaule ton cœur se rassure un soir sans tempête ces tremblements ce ne sont que l'oubli du corps traverser la nuit sur une barque taillée dans le tronc d'un rêve les derniers glands tombent dans le vent illuminé précédant l'orage le vieux fou dérive il n'écope même plus de l'eau jusqu'au cœur ils allaient main dans la main sur le chemin de douanier certains de ne pas devoir montrer leurs papiers

les sentiments doivent s'exprimer courtement et courtoisement quand tu dis je t'aime c'est déjà trop long les ronces de la haie commencent à sécher elles percent mon cœur d'épines noires

comme bien souvent l’orage sera trop fort — une peur d’enfant

ma vie ronge son frein elle piaffe dans les logerons mais quelle force obscure la retient si loin du pré de pissenlits

juste un peu de vent un ciel à peine grisé l'orage s'approche

minuit il fait doux pour novembre l'orage se fait attendre

je n'aurais pas dû croire que j'étais guéri maintenant je tremble

petite sœur quand tu souris 46


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mes larmes sourient aussi il arrive au galop de ses sabots sur le ciel de granit pleuvent des étincelles le marteau de Thor sur le gong des cieux le vent s'est levé les premières gouttes traversent l'auvent j'ai peur je serre les dents

petite sœur l’orage n’était si fort tu n’as pas eu peur le vent se réveille il effacera la pluie d’un seul coup d’éponge journée emmitouflée le vent rugit sous les portes mais la flamme est vive le vent tient du soir l’irrésistible assurance d’entrer sans frapper

petite sœur bouche toi les oreilles le tonnerre n'est que le cri de la mer qui t'aime

regardant vers l’est mon jardin tourne le dos au fier crépuscule

dormir pourquoi dormir la nuit me rend courage pour affronter le jour

il me reste un ongle je le garde pour demain — un os à ronger

dans l'imprimante je mettrai mon cœur pulvérisé dans la cartouche noire

petite sœur rentre il fait froid prends un pull de laine sur mon étagère

05 novembre 2017 plus qu’un centimètre entre la tasse et mes lèvres — enfin je me lance retenue par la mousse la vapeur et l’arôme hésitent encore rouges les feuilles du cerisier en souvenir du printemps novembre et la brume j’ai rabattu le volet mon cœur était nu sable entre les cils je décide tout de même d’ouvrir à la brume

un halo enrobe la lune malgré le vent la brume vole haut abrité du vent l'auvent devient mon refuge sous la lune fourbe les feuilles se plaignent amèrement des rafales leurs cris me saignent un ballet de feuilles virevoltant dans le vent -ému jusqu'aux larmes au bord du quai en silence ils crient leur détresse amère de devoir se séparer -un sifflet de train il est celui qui n'attend plus 47


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celui dont la grande patience égare toute résistance éperdu dans son coeur reclus la nuit secouée comme un linge qu'on lessive hurle entre les troncs petite soeur n'aie pas peur de mes mots mes mots ont compris et te protègent elle lui a dit tu es bien trop impulsif je viendrai à l'aube -à la porte du levant impatiemment il attend avec l'arrête de la nuit les étoiles ont coupé le ciel en milliers d'éclats de verre le sommeil me gagne la nuit ne les retient plus cauchemars ou rêves

la tête un peu lourde d’avoir tutoyé du rhum je rince ma tasse je fais un aveu le vent me sert d’alibi pour écrire haïkus petite sœur ne laisse pas entrer le froid garde ton cœur bien chaud entre ses mains à travers la vitre je contemple ce jour froid sans mélancolie je me dis en souriant un pas de plus vers l’été mon chat est entré par la petite lucarne le poil plein de soir parfois sous la lampe dans la lumière fanée mon cœur se chiffonne

le vent est entré dans ma tête. une seule certitude: il se calmera et j'aurai un rhume !

petite sœur reste dans la lumière ne t’enfuis pas à l’intérieur de toi

06 novembre 2017

la nuit déjà glisse sous les portes de l’ennui je lis des haïkus

tête pleine encore de rêves de vent d’orage l’arôme me guide j’ai soufflé la mouse d’un coup de langue j’efface le corps du délit des monceaux de feuilles chaque recoin est jaloux d’un autre recoin regain de tension le vent s’est allié au froid café ma seule arme

je reste sans voix en pensant que demain encore je devrais respirer en face de moi la lune me regarde fière de son halo d'argent une nuit qu'ils étaient blottis dans leur ivresse ils écoutaient l'été se disant rien ne cesse couvert sous l'auvent 48


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je sens le froid qui s'éloigne de mon cœur content sur le bord de leurs sourire un papillon s'est posé et de ses ailes fragiles il offrit l'espoir les mains dans les poches à cause de la nuit froide j'écris des haïkus il voudrait tant qu'elle n'oublie jamais ce que par hasard ils furent petite sœur prends ma main elle est froide je sais la chaleur est ailleurs du jet d'un galet je compte les ricochets je les compte encore le vent a cessé et il ne fait pas si froid la nuit me respire une nuit brumeuse m'accompagnera le long du chemin des rêves un dernier pour la route qui longe le sommeil

07 novembre 2017 odeur familière du café de Colombie quand j’ouvre boite sans bouger je reste hypnotisé par sa mousse et par son arôme le vent les brasse le vent les embrase et les mots se mêlent d’une plume lourde que je tempe dans ma chair j’écris à mon âme petite sœur continue à marcher avec ton sourire d’enfant ce n’est plus très loin mille et une fois j’ai fait le tour de la terre sans quitter mon lit novembre frissonne sentir l’hiver approcher penser aux kleenex dans mon cœur de laine de vieux poèmes frileux ont trouvé refuge

je reste charpentier je ne vois pas l'intérêt de changer de toiture ça c'est clair

quand le fauteuil grince cahier fermé encre sèche il est temps pour moi d’aller nourrir les démons qui vont peindre mon sommeil

tu te prends une balle en plein cœur tu te dis c'est rien ça va passer finalement toute ta vie s'infecte

un monde rêvé entre les bras de la nuit est un monde unique

parfois submergé par une vague à l'âme je prends mon masque et mon tuba je n'oublie que les palmes

certains par ici plongeraient dans la piscine moi, j’ai mis des gants le ciel n’est pas bleu ! 49


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il est bleu ! mais comment dire ? la mine est cassée sans pluie et sans vent les arbres sont résignés à passer l’hiver petite sœur même ici l’hiver est rude essuie ton visage les embruns salés ne sont pas des larmes il est arrivé il a posé sa fatigue le soir de novembre j’ai éclairé la terrasse pour que je puisse compter les étoiles dans les yeux d’un chat amoureux souffle sur mon cœur où quelques braises rougeoient pour le ranimer

la sortant de l’eau je sauve une feuille morte il était trop tard la nuit est trop froide elle le prend trop de haut pas d’auvent ce soir assis sous l'auvent et le regard de la lune de travers narquoise il ne fait pas si froid toutefois j'ai bien couvert mon cœur de chiffon petite sœur la lune garde ses secrets pour les âmes de pierre à toi elle les confie passée sur l'auvent à présent la lune ignore ce que je lui cache

dans la nuit effarouchée il n'ont plus peur de parler lui de l'avenir certain et elle d'amour étoiles poussière de lune veillez bien mon cœur comme je veille sur celui de celle au regard meurtri le train de nuit freine brutalement les rails crissent sur le ballast sombre les portes se sont ouvertes pour laisser entrer la nuit je courais dans des rues aux odeurs de cuisines étranges les gens avaient des visages aux multiples couleurs et ils me souriaient j'étais un enfant étrange il y a longtemps de cela le vent était docile il mangeait dans la main des hommes ils ont voulu l'enchaîner et il s'est déchaîné j'ai besoin d'un rêve je vais voir si sous la couette un n'y serait pas

08 novembre 2017 la tasse est brûlante j’ai trop besoin du café valse hésitation la satisfaction brute du premier café le second se pèse le soleil embrase la brume de la vallée — j’échange un sourire il sourit aujourd’hui novembre le ténébreux — 50


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il sourit à qui ? j’ai le cul dans les chaussettes depuis que je donne des graines aux pigeons le soleil frileux que les nuages dépassent se voile la face depuis les jours passent dans la froide indifférence de ma nuit intime le jardin ne sait plus où je peux poser mes yeux feuilles et branches sèches petite sœur viens prendre un verre avec moi nous trinquerons à un soleil éternel

et toi tu courras jusqu'au bout de ta vie dans le vieux fauteuil sous la lampe du salon les mots sont plus lents dans ma tête il y a des trous des trous de toutes les formes certains sont bleus avec des reflets de colline d'autre sont malins comme une rame de galère ce sont des trous sans vergogne mais hélas pour mes souvenirs ce sont des trous de mémoire

j’ai atteint l’âge où croire est une folie quel vieux fou je fais !

la lune se hisse dans les strates de nuages elle se prend pour Saturne et dévore la nuit tout à coup c'est un cœur si brillant qu'il transperce mon cœur qui dégouline de tendresse

je viens de relire papillon des cancéreux -c’est grave docteur ?

je laisse la nuit discuter avec la lune un rêve m'attend

heure nostalgique où le passé devant moi se joue de mes doigts

Ô ma nuit secrète coiffe mes rêves de soie berce-moi d'absence

le soir voulait entrer je l’ai laissé à la porte garder la maison

petite sœur laisse-moi border les draps dans lesquels tes rêves auront un goût du miel saveur d'automne

si j’étais un paysage je serais sec et crayeux aucune eau aucun nuage dans un ciel de feu j'ai laissé l'auvent où la nuit m'accompagnait en pâture au froid petite sœur donne-moi ton fardeau je le porterai un bout de chemin

ils ont traversé les portes ils se sont aventurés sur les ponts sans garde-fous qui mènent au cri le vent a soufflé la chandelle je reste dans la nuit à supplier mes rêves sur sa vielle cuisinière à charbon ma grand-mère laissait cuire 51


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les tripes longtemps à petit feu les miennes déjà cuites je les parfume au rhum d'Antigua je m'achève à feu doux

mais où serais-je sans toit ?

09 novembre 2017

je suis le chemin pente douce vers le fleuve qui m’emportera

contre la soucoupe je fais tinter la cuillère qui ne sert à rien

bref après-midi le soir essaie de passer devant tout le monde

ni sucre ni lait juste la chaleur l’arôme et ce goût d’ailleurs

au pied du cerisier un tapis de feuilles pourpres comme un bain de sang

soleil dans l’air froid mes joues rougies de joie larmes dans les yeux

à travers la lucarne je vois un bout de couchant qui soudain s’embrase

petite sœur va rejoindre tes amis faites voler les feuilles de platanes de vos rires d’enfants

petite sœur le soir tombe ne reste pas dehors au milieu des ombres menaçantes entre dans la chaude lumière

mon cœur est si grand qu’il faut du monde dedans pour le défroisser

je prendrai le temps d’un signe de main de sourire aux fossoyeurs

il n’est pas en moi le froid ne me quitte pas le froid c’est moi

toujours aussi lunaire ce soir j’ai la tête gibbeuse

je suis d’un pays qui ne veux pas de moi ce pays de gens plats qui ne peuvent entendre des mots sucrés ou salés des mots amers ou aigres des mots durs des mots doux des mot de tendresse et d’amour prononcés par des êtres qui comme moi sont une ombre déjà

Elle dormait encore : sa respiration embuait le monde et ses courbes frangeaient les galaxies. Je tutoyais l’univers !

viens petite sœur viens t’asseoir près de moi en face si tu préfères je te sers un verre et ensemble nous rions comme des embruns

retour sous l'auvent où la nuit douce m'attend avec nos silences

j’aimerai me lever avant l’aube pour l’entendre chanter même sous la lampe je sens la nuit sur ma peau qui me déchire

petite sœur prends bien garde à tes mots 52


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comme une lame affûtée ils peuvent blesser qui ne sait les entendre la nuit me libère du joug des jours étouffants je respire enfin sur l'aile du vent ils volaient plein d'espérance dans les lendemains la nuit pour amie je n'ai crainte de personne je ferme les yeux ils couraient à perdre haleine sur le sable entre les vagues ils riaient entre leurs rires enfin ils s'embrassent des grains de poussière virevoltent dans mes yeux des larmes de joie j'ai pour vous madame l'affection la plus profonde on s'y tromperait non ce n'est pas de l'amour ça n'a pas de nom je crois j'étais un enfant timide si timide que je n'osais dire à mon ombre de ne plus me suivre c'est moi qui finalement l'ai reconduite dans les ténèbres étrange fatigue mon corps ne peux plus marcher mon esprit bouillonne dans mon coffre à jouets il y avait des avions et des soldats de plomb de l'espoir et des rêves et de l'amour aussi je ne sais plus dans quel grenier il s'empoussière ce coffre aux merveilles

je n'ai conservé que des illusions je viens de rentrer une couette emplie de rêves attend mon sommeil

10 novembre 2017 première gorgée et la mousse en même temps la langue s’échauffe main droite dans l’anse main gauche sous la soucoupe droit contre le mur quand je l’ai surpris il était sous la colline à enflammer le ciel le soleil m’invite à partir en promenade en suivant mon chat les rayons du soleil découpent l’air frais en tranches de froid chaleureux soleil de novembre il libère sur le thym un parfum d'été petite sœur viens t’asseoir au soleil laisse-le pénétrer ta peau et sécher ces larmes je te regarde et te souris rentré de balade presque je transpirerais surprenant novembre Elle en a assez de moi. Moi, je n’ai pas assez d’ailes et plus jamais je ne volerai dans le ciel de ses yeux. je reste là absent assis sur ce banc à contempler sans les voir les feuilles mortes et les pigeons 53


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auxquels je lance des graines je reste là absent laissant frotter mes chaussures me balançant parfois comme le vieux fêlé aux souvenirs sonnant comme un battant de cloche j’ai vaincu deux cancers et la reine des orties maintenant quand je passe précédé de mon chat tous les buissons s’inclinent je leur pisse dessus les feuilles jaunissent quand toutes seront à terre ce sera le printemps le vent est tombé la feuille morte a cessé son lent frisson froid dans l’ombre des feuilles de branche en branche il se glisse l’écureuil curieux c’est l’heure où le chat s’élance sur la toiture compter les étoiles un soir de novembre sous la lampe sans lumière je range mon âme petite sœur ce vent froid de novembre il ne durera pas souffle sur tes mains pour les réchauffer l’ordre règne enfin dans mon cœur si malmené les mots le réchauffent ils marchaient tous deux leurs épaules se touchaient leurs mains se frôlaient sur la rive de ce temps qui un jour serait le leur

je ne rêvais pas de voyage je rêvais seulement de bateaux sans horizon c’est à peine si j’avais l’âge qu’on dit de raison parfois le destin ment l’auvent déserté même le vent s’est calmé je rêve mon rhum petite sœur rêve de silence dans ta nuit troublée loin de toi je demeure mais je suis avec toi le lit me regarde viendra-t-il viendra-t-il pas c’est bien sa question j’avais tout préparé l’eau coulait déjà chaude dans la baignoire

11 novembre 2017 cuisine éclairée toute la maison espère l’odeur du café les volutes vibrent devant mes yeux clos encore café sortilège sur la terrasse les feuilles mortes manifestent contre le balai un ciel de novembre hésitant et malhabile gauchit ma carcasse un petit vent pince la brume dans la vallée le cœur tressaute petite sœur ne te perds pas dans la foule anonyme 54


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sais-tu encore qui tu es heureusement je te garde en mémoire court le vent d’automne il remonte la vallée jusqu’aux premières neiges d’un doigt mélancolique je raye la poussière de mon cœur je souffle sur la surface froissée et des étoiles aux mille couleurs gambadent à la lueur pâle de la lampe je veille aux grains je leurs souris puis la poussière retombe et je redeviens un clown triste qu’il batte mon cœur qu’il me dise que je vis avancer toujours où nous allons nous le savons tous ! mais comment ? j’ai le cœur si gros c’est comme une montgolfière prête à s’écraser sous l’avent la nuit m’a suivi en plein jour marcher sur des allées où craquent les feuilles mortes le bonheur rayonne par tous les pores on ne pense qu’à l’autre et à soi, ensemble ! mais en piétinant des feuilles mortes petite sœur il se fait tard et le vent souffle fort referme tes pétales

souffle sur tes doigts et rentre à l’abri ne voir que le soir à travers la vitre sale le soir qu’on héberge tombé des étoiles un petit grain de poussière illumine mon cœur le froid m’a saisi je n’aurais pas dû revoir ces vieilles photos la nuit bien ancrée dans le silence des arbres je retiens mon souffle

sur un radeau de papier je traverse mes ombres j’essaie de ne pas sombrer tous les jours je rajoute une feuille au radeau de papier espérant trouver des mots qui volent pour ne pas sombrer mais chaque jour j’arrache une feuille au calendrier ils passaient entre les corps comme si c’était des arbres ils effaçaient les troncs sombres de lumière intense ma nuit douce nuit tu me prends dans tes filets comme un papillon les ailes brûlées par de vieilles étoiles j’ai perdu le ciel sous l’auvent de tuiles je déchiffre les voyages d’un vent prétentieux 55


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au bout de la nuit le sommeil me conduira vers l’aube promise avec les fleurs de l’océan j’ai sculpté un amour sauvage un amour de sel et de piment rouge comme un désert de sable sur les rochers sous la falaise les vagues l’ont léché puis l’ont couvert de tempête si ton regard se penche tu verras une plage la mer salée et une tache de sang mon sang est une ancre arrimée au fond du vide j'écris mon néant dans ma tête le vent me raconte des histoires à dormir debout une fois me dit-il il est parti avec la caissière du supermarché et la caisse bien sûr au casino ils ont tout misé et perdu bien sûr il s'est enfui et elle a retrouvé sa caisse je suis paresseux je m'achève lentement une clope après l'autre un rhum après l'autre

12 novembre 2017 somnambule en mode automatique je fonce droit vers le café la tasse posée coup de langue sur les lèvres j’efface la nuit

petite sœur la nuit s’est retirée comme la mer au loin laissant la plage nue va court sur le sable j’ai des cartons pleins de feuillets des brouillons souvent malpropres des cahiers un peu plus soignés depuis le temps… … ce que je poste pourtant est presque toujours spontané ah ce vent encore qui joue dans les feuilles mortes sans aucun respect elles se chamaillent pour je ne sais vraiment quoi deux pies dans le pré des feuilles désespérées elles sentent la mort proche elles jaunissent d’effroi sous un ciel hautain depuis la terrasse on voit le ciel plein de vent le soleil aussi depuis cet auvent que je chéris tant la nuit les nuages passent d'encre et de papier le corps écrit du poème cherche une âme sœur petite sœur déjà les ombres sont dissoutes la lumière ne joue plus dans le vent rentre au chaud dans ton cœur 56


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tout à l’heure à travers la petite lucarne par où le soleil se couche dans les reflets de feu d’un vent crépusculaire la poussière du soleil avait pris la forme d’une belle gitane et elle dansait elle dansait le soir sans couleur laisse place à la nuit noire je me vois en gris j’étais assis sur le banc celui qui est sous les chênes un tout petit coup de vent et l’averse se déchaine déluge de feuilles mortes mistral que le vent t’emporte je fixe l’écran ce soir il reste muet je n’ai rien à dire je retiens l’espoir serré contre ma poitrine — un oiseau blessé le vent se renforce je voudrais bien lui parler mais les tuiles grincent vous voyez au fond de cette noire caverne deux cœurs ont brûlé des escarbilles frôlent son visage parfois il jette une branche dans le feu qu’il attise avec son arme sur l’écran de la nuit son visage brille il laisse son esprit ouvert aux démons soudain seppuku mais le tantô ne rencontre que le vide

bien avant cela il était un spectre déjà déjà ils progressent sur la route qui conduit aux clameurs des sens je suis un vieux fou qui crois qu’un adolescent danse dans sa tête plutôt que d’écrire des mots sans le moindre sens je lirai des poèmes petite sœur ne laisse pas entrer la nuit dans ton cœur fais un rempart de tes rêves de loin je veille ton sommeil

13 novembre 2017 odeur de café petit à petit le jour efface la nuit la marée des sens son arôme sa chaleur et son goût enfin Il voyait la dernière borne quand elle l’a secoué Tout à coup pour lui elle était l’espoir dans un sourire Il l’a aimée comme on ne peut qu’aimer son enfance Hélas la nuit tombait déjà sur son crépuscule Sans regret il ne l’a pas retenue quand elle a enfourché l’avenir le vent violent trousse la jupe pudique des pâquerettes 57


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neige à la télé les programmes sont figés et l’antenne abdique pensive attentive ? entre la lucarne et moi flotte la poussière si tu es si belle âme si mal située mais aussi tuée petite sœur le vent qui tourne dans ma tête ne m’éloigne pas je resterai à portée de main un ciel bleu lavande les nuages torturées s’enfuient vers la mer je pèse mon cœur sans régime cependant il se fait moins lourd fiers les papillons ont déserté mes entrailles le vent les déchire petite sœur entre toi et le vent je riverai mon corps il est bien assez grand pour le détourner de l’onde de tes cheveux vous me voyez tel que je ne suis pas Oseriez-vous taper sur l’épaule d’un obèse qui transpire au moindre rayon qui fuit de ses cancers Oseriez vous ? Oseriez vous ! dites franchement oseriez-vous ? oseriez-vous l’appeler votre ami ? porté par le vent

j’ai modelé les nuages pour qu’ils te ressemblent voleur de haïku que reste-t-il dans tes mains un fétu de vent un éclat de nuit s’est faufilé dans mon cœur à peine un peu de gris j’ai passé ma vie sur le fil du rasoir entre le clair et l’obscur entre deux battements d’un cœur rougeoyant J’ai aimé follement on m’a aimé Il est temps de choisir entre clair et obscur en prenant soin de ne pas perdre l’équilibre sur le fil du rasoir la nuit est profonde le vent qui grogne à la porte n’atteint pas le fond j’ai rejoint la couette j’irai où la nuit me mène sans doute demain Peu à peu je me rature je m'efface de la page froissée qu'a été la vie Des regrets ? qui n'en a pas ? Mais je laisse en pâture les fleurs qui ont poussé sur mon cœur à celles et ceux que j'ai aimés jusqu'à perdre mon âme Je ne souffre plus mais je pleure d'un grain de poussière que j'imagine d'étoile une amie me veille un voile de nuit 58


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un voile sur les jours sombres les yeux grands ouverts

14 novembre 2017

le soir est tombé la lampe manque de force les mots se diluent

mon café ressource tu génères en moi la force de rouvrir les yeux

me reste ce goût d’un été qui s’est perdu au bout de la langue

la tasse lavée je le regrette déjà je m’en fais un autre

je me balance dans le fauteuil qui grince qui grince Ma tête est vide et si lourde aussi les mots se noient dans un flux de pensées toujours inachevées je me balance je me balance Dans ma tête ça fait tic-tac, tic-tac. je me balance Le sablier se vide et le temps s’en balance

une nuit douteuse mais le soleil m’a souri en poussant le volet rester un moment dans le vent et le soleil des frissons de joie jamais eu de chance j’ai crevé sur l’autoroute qui mène vers toi je traine mon ombre heureusement le mistral m’aide à la porter sur la table on trouve quelques feuillets griffonnés des traces de cœur je bois le soleil et ”cueille le jour présent“ vivre au jour le jour de l’ouest sont venues les grandes marées montantes je perds tout mon sable viens petite sœur mets tes mains dans les miennes je vais les réchauffer je soufflerai dessus et tu n’auras plus froid mon corps se désarme j’ai dans la tête un goût de froid du vent sur la peau

sous l’auvent glacial j’allume une cigarette — elle a mauvais goût je n’ai pas changé et je reste ce vieux fou de dix sept ans petite sœur ne laisse pas pourrir les heures il en reste si peu dans ma corbeille Mords à pleines dents mange-les ne laisse pas pourrir les heures sous les arbres nus ils marchent sur le chemin de terre spongieuse plus le moindre bruit la nuit a figé le vent un vrai temps de couette 59


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d’une rive à l’autre de ce gouffre il y avait tellement d’années assis sous l’auvent le vent me rappelle encore que je suis vivant

15 novembre 2017 j’ai si mal dormi le café me semble amer — au moins il est chaud infernal ce rhume il m’a même dérobé le goût du café je ne change pas je suis resté ce vieux fou de dix sept syllabes d’un bleu si intense que la mer en est jalouse le ciel dans mes yeux Garlaban somnole derrière ce trop grand pin il soutient le ciel petite sœur ris dans la lumière ris dans l’ombre fragile des arbres d’automne ris à la vie au soleil dans tes yeux En tant que garçon, son cœur était trop grand, avec sagesse, il l'a remplacé par celui d’un colibri. Quand il est anxieux, je le nourris de nectar et de mots sucrés. [Selkie Malka]

je remplis mon verre la terrasse est inondée — soleil de midi j’écoute surpris des oisillons en novembre — que je suis naïf ! quand la nuit tombe petite sœur il ne faut pas hésiter à ranger tes pensées dans le coffre des souvenirs tu erres dans ta tête entre tes souvenirs et un milliards de regrets de mains tendues que tu n’as pas pu prendre que tu n’a pas su tendre ou qu’on t’a ignorées tu souris ironique un mec t’a dit qu’il ne fallait jamais regretter jamais s’il savait que tu es une montagne de regrets bips du micro-onde n’oublions pas de manger avant la fin du monde la soirée s’étale confiture de regrets sur le temps passé petite sœur la nuit est tombée sur ton cœur n’oublie pas qu’elle te rapproche de l’aube sous l’auvent la nuit a pris possession du froid brillant des étoiles corbeille remplie — j’ai jeté tous les poèmes qu’elle aurait pu lire 60


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j’ai le cœur fané — le printemps est loin encore pour qu’il refleurisse dans mon ventre ils sont morts les papillons de nuit que je chérissais sur le pont de leurs soupirs ils traversent sans frayeur sûrs d’eux ils le sont autant que leurs doigts mêles je n’ai pas sommeil je vais faire ce qu’il faut pour passer la nuit vous aviez si soif mais vous vous êtes abreuvée dans des graviers secs

16 novembre 2017 assis sur la chaise je surveille impatiemment la première tasse enfin cet arôme à tomber le cul par terre — je me précipite

je regarde la montagne que je n’ai pas su franchir aujourd’hui elle est en plein soleil et se moque de moi C’était à peine la fin de l’été quand j’ai pensé à ses chemins Je n’avais rien oublié Aujourd’hui elle a mis l’automne entre nous entre mes pensées et la lampe sans chaleur le soir s’interpose petite sœur fait bien attention les marches sont hautes et la lumière faible ne cours pas si vite dans les escaliers dans le sel des larmes il y a toute une vie de rires de peines

un ciel sans nuage pas la moindre humidité un désert de froid

Vous avez tiré des rires d’un puits de larmes secrètes. Et de là vient un son elfique — moqueur et doux

dans ma tête vide deux neurones se disputent des parts de marché

la nuit irradie de déceptions et d’espoir — des vieux souvenirs

petite sœur couvre bien tes doigts pour qu’ils ne soient pas froids quand tu toucheras son cœur

mon cœur où est-il dans quel tourbillon amer essaie-t-il de battre

le froid est vivant venu brusquement du nord il m’a pris la main

sur la voile noire d’un ciel encore plus sombre avec les galaxies froides j’ai piqué comme un couturier la constellation de l’ange un ange qui penche la tête son aile droite tandis que la gauche 61


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s’étend vers l’horizon Cet ange d’étoiles a fini par se noyer

à chasser les grincements des rêves

dans la vallée sombre glisse un serpent de bitume qui mange la nuit

personne ne peut l'aimer il est trop gris trop sombre il rayonne oui mais de suie de salpêtre et d'ennuie il le sait et s'en moque lui ne s'est jamais aimé il attend il attend sans impatience mais dans l'anxiété celle qui aime vraiment les enfants dont elle est grosse

au bout de ce monde y a-t-il un autre monde encore plus sombre ? un bruit court comme quoi je serais guéri de ma folie vous y croyez vous ? dites-moi vous n’avez rien entendu ! je ne sais pas alors je cours pour le rattraper J’ai rêvé d’un vent doux comme une caresse il gonflerai la voile d’un navire sans fin qui me conduirait entre les étoiles, ces récifs du ciel, vers le port abandonné J’y retrouverai cet enfant qui me ressemble et qui était moi J’ai rêvé du vent

17 novembre 2017 avec cette lenteur qui rend le monde vivable je prends sa chaleur jusqu'à la dernière gorgée après gorgée il me réconforte Pour eux il était un meuble utilitaire, lui si silencieux. Lui aurait préféré être leur sujet de conversation valorisé, lui si inutile.

lassé de mes souvenirs je les mets dans la remise car maintenant sans surprise il est temps d’aller dormir

Adam avait 11 ans.

je suis un gardien de phare je plonge mon regard dans l'inconnu salé pour tenter de préserver du raz de marée celle que j'ai aimée

Il s’est assis Et il est mort.

petite sœur la nuit te protège des vent et du bruit je suis là près de la porte

Dans une cabine téléphonique aujourd'hui, il a roulé le cordon autour de son cou

[Selkie Malka]

la lumière caresse ma peau usée et dessille mes yeux fatigués petite sœur au bord du quai je te vois si joyeuse 62


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heureuse de l’air salé je resterai loin pour ne pas te déranger mais quelque part dans un repli de ton cœur je serai là

se sont réconciliées

je fixe mon ombre sur les carreaux poussiéreux elle tremble un peu

[Selkie Malka]

grains du sablier ils s’écoulent entre mes doigts — toute l’eau est bue sous sa peau fragile un manteau d’Arlequin ouvert sur le vide mon cerveau grésille — le soir venu je m’éveille des fourmis dans le crâne une grosse mouche entrée fermant le volet inspecte ma lampe dans la nuit je vais au fond du jardin je croise un mille-feuilles coincé dans les dents du troll il ne savait pas lire je lui ai sorti le livre du sourire à la lueur d’une luciole il a appris à lire il peut déchiffrer l’horaire des chemins de fer qui était coincé dans ses dents petite sœur comme tu es loin sur ce mont de sel mais tu es heureuse et ton cœur est au chaud il existe un lieu mon enfant de la toundra

où les ours polaires parcourent la glace des glaciers et où les narvals nagent dans les aurores boréales

j’ai éteint la nuit qui encombrait le portail de mon labyrinthe fronton de la nuit — le vieux fou qui le franchit oublie les couleurs petite sœur l’ordre règnera sur les jours troublés chaque émotion trouvera sa juste place dans le fond de ton cœur je veille sur toi un ciel sans étoile frissonne sur les ténèbres — battements de cœur il était un arbre au pied duquel j’aimais m’asseoir en plein été dans la colline son ombre était fraîche je n’ai jamais su son nom je rêvais j’écrivais dans ma tête des poèmes à la fille aux yeux verts Maintenant à sa place il y a un jardin minuscule et du béton autour une seule étoile elle papillonne en morse une seule étoile seule dans le ciel brumeux pour nous parler d’amitié

où la terre et la mer 63


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ils progressaient sur le fil tendu entre les abîmes leur cœur s’emballait souvent leurs mains étaient sèches garderai de vous cette étoile dans mon cœur une plaie ouverte petite sœur il fait froid sous l'auvent et le ciel sans étoile mon cœur bat la chamade comment vas-tu petite sœur

tu lis la poésie avec tant de voracité te penchant sur l’assiette pour laper le moindre brin comme si tu t’agrippais à la berge à bout de souffle — il y a une plainte, une confiance, une extase et une angoisse, la joie torturante de la naissance et le rugissement de la gueule béante de la mort [Selkie Malka]

18 novembre 2017

la nuit parait loin mais chaque jour davantage elle ronge la route

jamais ne m’en lasse le cérémonial occulte du premier café

on ne joue pas avec un cœur comme on joue aux cartes il faut d’abord savoir bien tricher

la tasse ébréchée la cuillère se trémousse sur un autre rythme

Au royaume souris elle était la reine des souris quand vint le rat noir avec son sourire charmeur petite reine des souris a suivi le roi des hâbleur et s’est faite croquer comme une noisette enjôlée roulée dans la suie trahie reine des souris Au royaume souris le sourire est banni

brumes matinales — respiration de la nuit au soleil de l’aube petite sœur la brume de mer se dissipe tu vois plus clair dans un ciel lumineux ne frotte pas tes yeux si fort sous l’orbe du soleil des libellules aux ailes tranchantes découpent la lumière en lamelles d’or qui vont s’égarer dans la brume lascive d’une improbable aurore

passée la dernière borne tu entres dans un lupanar de lumière et de bruit onze mille vierges sont odalisquement assises pour assouvir tes désirs les plus enfouis Mais tu t’en balances ce que tu veux c’est un verre d’eau pour ton comprimé

mes mains de vieillards dans leurs rides il y a encore des millions de caresses

crépuscule à l’est le ciel semble rougeoyer de l’aube prochaine 64


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petite sœur le temps est ton allié ne le méprise pas calme l’impatience mais il est ce temps mon pire ennemi My sister clucks her tongue at me as I unfold a thousand paper cranes methodically. Ma soeur me claque la langue alors que je déploie méthodiquement un millier de grues en papier. Sister, you may have the cracked Blue Willow teacup which Momma cherished so-all I care to hold on to is her pillow. Ma soeur, vous pouvez avoir la tasse de thé de Saule Bleue craquelée que Maman chéri tellement tout ce que je tiens à retenir est son oreiller. seven little sisters graced in clover crowns play upon the tundra through the dandydown collecting floaty wishes in pockets of our gowns sept petites sœurs, ornées de couronnes de trèfle, jouent sur la toundra à travers les vœux flottants de dandy-down recueillis dans des poches de nos robes

au fond du tiroir j’ai retrouvé un poème — je l’ai tant aimée assis sur le banc au milieu des feuilles mortes il ne fait pas vraiment froid mais j’ai les mains transies novembre a engourdi mon esprit je me sens vacant — vide comme la boite dont je viens de brûler les lettres qu’elle recelait je suis une boite vide… sans connaître les règles j’ai joué à Twitter — je me suis perdu

sous l’auvent figé le froid renverse mes larmes — la nuit est coupante je laisse les étoiles crier leur désarroi leurs histoires d’amour ne me regardent pas j’ai perdu la tête en percutant un amour dur comme la pierre je sais une chose je ne suis pas de ce monde il n’est pas meilleur les étoiles s'aiment d'un amour incandescent pour l'éternité dans la nuit parfaite rien ne trouble sa rondeur — et puis j’éternue d’un sommeil sans rêve je vais traverser la nuit — j’ai bien mon écope ? dans la boîte de déception il y avait un message : "je te quitte !" la vallée houleuse son bruit me parvient sournois comme une vague amère encore pour un moment ils seront du bon côté de la frontière qui coupe l'amour de l'ennui chevauchant une étoile filante j'ai traversé l'horizon de sable et de rochers j'ai hurlé mon bonheur et la falaise m'a enseveli petite sœur 65


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au cœur d'acier ne le plonge pas dans le sang de ma plaie il risquerait de grincer de ma rouille accumulée j'ai froid sous l'auvent la nuit ronge mes ongles et je reste pourtant pour refroidir mon cœur je rêve d'une escale au bord d'un ciel limpide d'une plage d'étoiles sous mon corps de vieux fou et je m'endormirai amis que vent m'apporte ne restez pas devant ma porte entrez nous nous réchaufferons au brasier de mon cœur le clavier était trop froid je suis rentré pour réchauffer mes mots quand on a un cœur de verre il n'arrête pas de se briser

19 novembre 2017 j’ouvre le volet un grand bol d’air matinal le premier café dans la tasse vide c’est le passé que je vois une tache noire elle tresse sur la toundra sous un parasol rouge pour chasser les phryganes une nasse traînée par un chat sans queue borgne et deux visages

[Sekie Malka]

je retiens ma tête pesante de cauchemars avant de tomber petite sœur ne regarde pas le soleil dans les yeux parfois il ment il éblouit et on pleure Je sais pourtant qu’il peut te soulever et peindre ton sourire d’arcs-en-ciel le soleil… hélas cher (chère) ami(e) mon nez n’a pas résisté me voilà nanti d’un rhume carabiné j’en suis tout abasourdi une mèche lente — lentement je me consume avant d’exploser je suis sous l’auvent le vent vient de se lever le Ricard me parait tiède je rentre à l’abri au chaud un autre avec des glaçons le ciel est si bleu que mes rêves pâlissent dans ma mélancolie il y a tout de même la force de sourire j'écoute le vent il me raconte son passage à l'acte quand... Chut... je ne cafterai pas elle avait treize ans et j'en avais quinze elle rentrait le solex 66


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dans le garage à vélo je lui demande de me montrer son soutif je l'ai embrassée sur le front le soir tombe si brusquement que la terre tremble de nouveau le vent qui revient croquer l’orteil des feuilles mortes cette ligne rouge au dessus du crépuscule une cicatrice petite sœur la nuit ne te fait pas peur mais tu restes tremblante en quête de lumière car ton soleil est loin si loin lumière diffuse sous la lampe haletante un papillon rêve marée de la nuit qui remonte jusqu’aux larmes et les yeux débordent l’ado dans ma tête est heureux comme un pinson demain pas de cours cette amie me manque je regarde la poussière qui danse là bas à présent je quitte l’auvent trop froid pour rejoindre la couette et mon chat Tu savais avant de t’engager

que c’était une impasse Pourtant, vieux fou, tu y es allé le cœur léger jusqu’à ce que ce cœur trop confiant soit piétiné comme un paillasson Au fond de l’impasse cependant un porte s’ouvre les portes de la nuit sont demeurées ouvertes je traverse sans bruit ses galeries désertes

mon cœur n’a plus de force pourtant il bat et luit déchirant cette écorce du froid et de la nuit une nuit si noire et l’humidité s’accroche aux feuilles transies une étoile me guide à travers les galaxies sans nom sans nombre elle me tire par la main vers des arcs-en-ciel improbables vers des nuages de feu où brule l’inconscience elle est mon étoile elle est mon amie

20 novembre 2017 la tasse déborde mal réveillé j’ai choisi le mauvais bouton café tu m’enjôles tu m’enrobes de l’arôme de ta joie de vivre 67


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midi bientôt sonne à la porte du soleil — trop de temps gâché comme un vieux tonneau qu’on a trop tard mis en perce je pisse un vin aigre petite sœur tu veux t’envoler loin de la glaise mais tes ailes de papillons supporteront-elles ton corps de faucon

le soir me contraint à rentrer dans la lumière comme un papillon papillon de nuit amoureux de la lumière ailes de l’ennui sous le sombre ciel de novembre je médite — amères racines regard sur la page tête vide de poème le fauteuil grince j’ai fermé le volet sur ma mélancolie plus d’ailes pour voler plus jamais de folie j’écoute la respiration profonde de la nuit ce roulement sourd qui franchit la peau frissonne sur les muscles et presse le cerveau comme une éponge sale j’écoute sa respiration jusqu’à ce qu’elle s’essouffle une fois en moi

Alors je fermerai les yeux et ne verrai plus qu’elle la nuit au fond de la boite il ne reste qu’un feuillet écrire à la corbeille nuit métaphorique — ce n’est qu’un sombre fantôme qui se prend pour dieu petite sœur range tes rêves dans ta tête et ta tête sur l’oreiller demain il seront propres et repassés ils seront là pour te faire sourire je n’ai plus de rêves la nuit les a confisqués pour son propre usage le train de nuit passe clac-clac, clac-clac lui répondent les rails épuisés sur mon cœur les mots se sont gravés au burin ils y resteront le sommeil pour barque et des rêves en pagaille je franchis la nuit

j’ai déroulé un mètre-ruban jusqu’au bout du monde — juste la distance entre moi et moi de vous belle dame il conserve sur son cœur le trait de vos ongles ils y ont tracé la carte d’une contrée indicible vieux fou que tu es le monde n’est pas étrange 68


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tu ne comprends rien

21 novembre 2017 je termine un rêve dans le bourdonnement sourd de la cafetière une grande tasse pour un si petit café — crainte qu’il déborde soleil dans les yeux le matin me dit bonjour — le chant d’un oiseau rosée du matin — des larmes de fée tombées du ciel cette nuit dragon,

quand les eaux seront chaudes et que le dernier morceau de glace aura fondu (Si je suis emportée dans l’écume) emporte-moi de tes ailes à la montagne brûlée quand la foudre est dans son panache enterre-moi à la vieille redoute là où le gardien du temps d'été me couronnera ou enveloppe-moi dans le lichen et dépose moi dans la terre puis recouvre ma tombe de saxifrage ou de laîche pour caribou et rappelle aux habitants du ciel que j’étais une petite fille phoque venue du bord de la mer.

tout le monde t’admire et je suis fier de toi vois, tu peux sourire même le soleil souris avec moi petite sœur Qui pourrait me dire où me guident mes pas Comme tout le monde sauf quelques éberlués je sais que la glaise m’attend Mais dites moi y a-t-il une raison à tous ces pas hors des ornières tous ces pas chassés Ma vie n’est pas un ballet tout de même Si ? Prenez ma main dansons alors à travers les feuilles le crépuscule s’embrase un poème au feu crépuscule ardent sanglantes couleurs de feu ode au désespoir la gorge serrée je brasse mes souvenirs je sens que je tombe au bord de l’horizon devant moi c’est le néant le passé me pousse

[selkie Malka]

le passé me pousse jusqu’au bord de l’horizon ténébreux néant

le ventre du ciel toujours aussi lumineux impose sa loi

d’un grain de poussière j’ai modelé son visage celui d’une amie

petite sœur ne reste pas prostrée dans un coin de la cour

le soir me dépose du côté clair de la nuit où naissent les astres 69


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je rentre glacé je voudrais chauffer mes mains à ton cœur de braise

j’ai le moral dans les charentaises il est bien au chaud

d’un regard curieux je repeins la nuit en bleu le bleu de la mer

petite sœur dis moi ce qui te fait rire j’ai envie de rire aussi et j’ai froid

ils ont marché sur les vagues jusqu’à cette île éphémère où ils ont pu déposer leurs cœurs emmêlés mon cœur bat au pas des stigmates vifs encore de mes souvenances où veux-tu aller fille de la ville basse vers les hauts quartiers si tu franchis le portail tu y laisseras ton âme je ne mens jamais quand j’écris quelques mots soit je les ai vécus soit je les ai rêvés dans les deux cas c’est la vérité je n’ai aucune imagination j’irai jusqu’au bout encore de cette nuit — ne plus y penser

22 novembre 2017 café double dose il faut bien que je remette tous nerfs en marche la tasse a teinté sur la soucoupe une carte de la Colombie le ciel a pâli quand le soleil a perdu de son enthousiasme

dans mes mains de laine j’avais pris son cœur de soie mais il a filé

dans ce rêve une ruée de biches paniquées par l’annonce de la tempête, de ses tours de sable tourbillonnant dans le chaos et le vacarme d'un autre monde, je tends la main pour t’atteindre mais je me retrouve empoignant la poussière étoufant dans le vent ocre [Selkie Malka]

Il y avait tes lèvres et ce goût de cassis qui reste sur mes lèvres. C’était l’hiver sur la route des crêtes au dessus de Canaille. La mer était d’un bleu d’imperméable et le ciel était gris, le vent venait de l’est. Tu es partie te dissoudre dans les vagues, sirène d’améthyste. une corneille crie sa détresse éperdue dans le gris du pin tu restes muet, prostré il y aura toujours des mots pour dire ce silence 70


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que même les sourds entendent le soir est venu mendier du désespoir comme tous les soirs dans la sébile il y a des cœurs fanés et des âmes mornes papillon de nuit il se cogne sur vitre j’éteins la lumière une nuit plus douce s’est épanchée sous l’auvent — quelques mots d’amour petite sœur il fait froid loin de toi pourtant la nuit ici est tiède reste bien au chaud et rit, rit pour charmer le soleil la nuit silencieuse laisse au train de nuit le soin de suivre les rails

impossible il ne reste plus d'eau plus de sel en toi toutes les larmes sont allées à la mer attentive un ciel de silence désespéré recouvre ta voix mais le souvenir reste vivace comme un chiendent et te pétrit le cœur longtemps longtemps encor elle avait la peau si douce que mes mains hésitaient je jouissais de sa chaleur si douce mais j'étais si malhabile que son corps a fondu elle était si douce et nous avions vingt ans

23 novembre 2017

le corps fatigué j’ai néanmoins la force de rejoindre mon lit

il y a l’arôme d’abord de la boite ouverte puis l’espoir du goût

elle était ma source mon mois de juillet une odeur de foin frais s’évadait de sa course quand sans y parvenir j’essayais de la rattraper et puis elle riait en m’offrant sa bouche mes mains ne savaient pas nous roulions entre les bottes elle mon mois de juillet pas mon avenir

je pose la tasse vide entre l’écran et moi et je la regarde

arrive un moment où pleurer devient

le ciel a tendu sa couette de laine grise — mélancolie douce petite sœur sous les nuages ! prends garde à ne pas t’emmêler les cheveux dans la brume basse 71


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les nuages s’ouvrent ils cèdent la place au ciel et à l’infini coucou dit le chat caché à côté du pin moi je vois tes yeux je m’étais assis à l’ombre d’un chêne le mai faisait le joli cœur les loriots étaient en verve un rayon de soleil me faisait des clins d’œil en traversant le feuillage un coquelicot vint vers moi traîné par quelques malabars fourmis je n’en crus pas mes yeux mais mes yeux le crurent il m’interroge alors sur la durée du printemps de sa vie de coquelicot qu’il trouvait trop brève que pouvais-je rétorquer ? que j’attendais comme lui l’étreinte de l’humus ! j’ai tout le temps envie d’être entre deux eaux entre deux pastis, entre deux bourbons entre deux rhum deux comprimés deux cigarettes un joint mais tout contre toi les feuilles de chênes le printemps n’est pas si loin de plus en plus rousses noir le soir s'installe entre les troncs nostalgiques du printemps passé il y avait cette étoile qui se levait au sud tirant après elle la constellation de l’ange je me souviens de ses ailes

blanches comme son cœur c’était il y a mille ans elle m’avait saisi dans son rêve d’horizons lointains de partage et d’espoir où est-elle à présent dans le ciel veuf quand revient la nuit remonte vers mon gosier un torrent d’amertume j’ai froid sous l’auvent tremblant je reste dans l’ombre de la nuit sournoise l’ordre règne enfin je me souhaite bonne nuit et tire le drap

24 novembre 2017 délicatement sa mousse onctueuse glisse de la tasse à mes lèvres le café de l’aube a l’odeur du temps passé je me levais si tôt les rêves s’oublient mais en reste le parfum au fond de la tasse J'avais cinq ans et tellement faim Je pensais que les étoiles qui dansaient devant mes yeux étaient des fées chevauchant des lucioles [Selkie Malka)

petite sœur la tempête s’éloigne bientôt tu pourras remonter sur le pont et offrir ton visage au vent salé du large après les cours nous marchions 72


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côte à côte sous les platanes de la contre-allée elle ne disait rien j'étais muet elle avait un parfum d’abricot et sa peau en avait le velours à l’arrêt de bus nous nous séparions j’attendais elle continuait sans un au-revoir jamais je n’ai osé cœur dans les nuages pour qu’on ne le suive pas — le ciel est si gris languissant novembre du froid du vent des nuages toujours pas de pluie les feuilles s’entassent attendant le prochain vent — libres feuilles mortes

je me suis retrouvé coincé dans le siphon ce soir plus qu’un autre une odeur de fin du monde me prend à la gorge enfant je regardais les grands bateaux quitter le quai je m’asseyais au pied du fanal tout au bout et j’attendais que leur sillage frappe les pierres et m’éclabousse aujourd’hui au bord du quai j’attends une plus grande vague petite sœur je n’ai rien dit de mal pourtant tu entends tout de le l’oreille sombre

jeune gitan je t’ai regardé ruminer des pensées comment tu as enfoncé des bouts de vers pliés entre les pierres de mon mur de l’ouest je lirai chaque mot [Selkie Malka]

j’en ai connue des amours des vertes et des bien mûres elle disait : ”tu comprends, ”mon cœur s’est vidé ”comme une baignoire Sur le moment j’ai souri et puis

c’est déjà la nuit et son silence ostensible mon cœur s’en repaît je rentre fourbu d’avoir veillé le jardin sec et assoiffé ses cheveux de jais qu’elle teignait en carotte quand elle avait faim parfois nous nous asseyions sur le banc de bois sous les chênes elle me parlait de son désarroi de ses peines je livrais mon cœur j’ouvrais pour elle la porta du bonheur Ce ne fut pas assez 73


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il lui fallut le ciel la lune et les étoiles Je lui donnais cela elle ne prit rien de moi je me mets au lit avec l’impression d’avoir oublier d’aimer

elle est déjà loin la fille aux yeux verts de nouveau le vent quelques gouttes sont tombées et l’ont appelé

25 novembre 2017

le vent et la nuit ont sceller une alliance contre l’auvent

aucune idée noire ne résiste à l’attraction du premier café

j’écoute le vent les histoires qu’il raconte font peur aux enfants

un second café pour couvrir les idées noires d’un flot d’arcs-en-ciel

Il y a mon chat d’abord Puis des personnes que j’ai rencontrées et qui toutes avaient la même assurance du verbe la même attitude et qui comme mon chat m’ont fait sourire Et enfin il y a toi le pervers narcissique

les mêmes nuages ils vont toujours insensibles au cœur de la terre le soleil traverse dans les coulisses du ciel ce n’est pas brillant la pluie espérée j’aimerais que sur l’auvent fasse des claquettes petite sœur les nuages ont assombri ton cœur tout ce que tu vois en moi te ronge d’effroi essuie tes yeux bus bondé comme tous les matins Deux arrêts après monte la fille aux yeux verts la fille aux yeux profonds comme la mer au large Elle reste près de moi nos corps collés dans les cahots Un regard parfois pas un mot Terminus pour moi

à coup de rafales vent m’a chassé de l’auvent — je lui revaudrai traverser la nuit juste poussé par le vent sans hisser la voile

26 novembre 2017 noir serré sans sucre voilà tout ce qu’il me faut pour me réveiller le café me fait depuis sa mousse odorante un clin d’œil complice par la grande baie je regarde nostalgique la nausée des feuilles près du barrage dans le lit du torrent nous avons fait l’amour 74


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Le barrage était tout petit une retenue d’eau pour irriguer les champs de la vallée En plein soleil nos corps riaient d’un parfum de lavande la nuit et le vent trépignent dans l’impatience devant chaque porte Nous nous séparions j’avais vidé l’appartement et je devais rendre les clés Nous étions face à face presque tremblants émus à n’en plus pouvoir Nous en étions arrivés là ! Mais nos yeux racontaient une autre histoire, puis les mains et les lèvres ont voulu jouer leur partition et nous nous sommes retrouvés à rouler sur le parquet nus sous l’auvent le vent toujours aussi en colère joue le funambule quand ils marchaient le limon ne souillait jamais leurs pieds ils volaient sous le ciel bleu de leurs émotions à travers la vitre je voudrais dire aux étoiles toute ma compassion surpris par la nuit j’hésite à me réfugier au creux de mes rêves le vieux fou repasse le film de ses souvenirs et un pantalon

27 novembre 2017 lentement la tasse se remplit de l’ambroisie qui me sort de l’ombre avec le café j’ai croqué du chocolat ben, c’est pas pareil ! dans ce froid aride il me semble voir glisser des loups sur la toundra le vent a laissé tout autour de la maison son arrière-garde mon chat est inquiet vacarme sur la toiture ce n’est pas le vent qu’est-ce que nous avons ri quand le vieux sommier a rendu l’âme la belle orientale ne m’en a pas voulu elle a mis son rire dans ma bouche et nous avons roulé dans les couvertures éparses puis la nuit est passée, blanche rien que pour ses seins j’aurais voulu qu’elle m’allaite elle était mon amante et nous jouions l’amour elle m'avait choisi elle riait si clair dans les fêtes et les sens moi à la mine de clown geignard j’ai souffert d’elle mais je souris encore en pensant au poème de ses seins elle s’assoit là 75


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elle me tient compagnie la mélancolie

la dernière cigarette du rêve éveillé

dans quel trou obscur serai-je sans l’insistance d’un grain de poussière

vous êtes l'envol plus d'ailes pour vous rejoindre poussière d'étoiles

j’ai huit ans bientôt j’ai volé un sac de billes et je le regrette

le vent a rêvé d'amour il a rêvé de sa peau l'océan l'a recouverte d'iode et de sel

je compte les doigts de la nuit — elle en a mille qui pourraient tuer nous écoutions de la musique c’était sérieux la musique en ce temps là surtout les slows j’aimais la fraise de son parfum elle se lève me prend la main m’enlace lève la tête m’embrasse le cœur à cent à l'heure mon premier baiser je l’ai pas volé "Retieeeens la nuit… " je compte les doigts de la nuit — elle en a mille qui pourraient tuer l’hiver sous l’auvent est bien là bien installé il masse mes pieds le vent a filé aussi vite que lui-même il laisse le froid j’ai couvert mon cœur de laine et d’épais nuages il bat doucement dans l’épaisseur froide j’irai au bout de la nuit rédimer vos rêves

avant de partir elle me dit tu vas me manquer nous sommes restés douze ans ans à nous manquer à nous retrouver à aimer nos corps nos absences nos peau à peau parfois l'indifférence à parler la même langue pour finalement ne plus nous comprendre avec les mots les plus simples pas les mots du dimanche je livre des secrets des souvenirs comme on livre des pizzas chaudes et odorantes

28 novembre 2017 la première chose c’est d’avoir ouvert les yeux puis vient le café cesser de penser laisser l’arôme guider les sens et la vie réveil difficile j’étais trop bien sous la couette le chat contre moi sur les feuilles mortes j’ai écrit un seul mot : vie vole papillon

sous l'auvent glacial 76


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sur la liste des courses une ramette de papier — la corbeille est pleine parfois nous prenions un café sur le port de Cassis les matins de printemps le soleil était complice et les quais muets nous étions heureux nous avions la journée pour nous et l’espoir de draps frais Je peux dire je vous aime à une inconnue, une femme que jamais je ne rencontrerai pourtant une femme que j’imagine douce et volontaire à la fois, une femme dont la parole simple et brève m’a extrait du chaos je peux lui dire je vous aime sans crainte de me désavouer je l’aime pour toujours comme la poussière que j’ai dans les yeux se colle à mes larmes

soir gorgé de doutes sur ce feuillet je ne sais où glissent les mots anguilles sans roche les mots qui souillent mes doigts ne veulent rien dire Midi sur le port à la terrasse du bistrot en attendant les niçoises je sirote un Ricard elle un coca. Je la regarde elle me regarde silence… Toujours rien dit à son mari ! la nuit me démange elle se frotte à mes doigts m’empêche d’écrire je viens de rentrer

j’ôte le manteau de nuit le froid à la porte elle allait vers lui confiante dans l’avenir promis par ses yeux petite sœur endors-toi paisiblement ce sable dans tes yeux il provient de la plage où vous avez marché j’ai gardé de vous le parfum de vos sourires au fond d’une larme je me souviens des gouttes de Méditerranée que ma langue avide cueillait sur sa peau je franchis la porte — la nuit lentement me pousse au creux du sommeil mes doigts engourdis hésitent sur le clavier -pourtant je vous aime mon cœur d'adolescent ne sais plus compter les années Elle m'avait laissé en attente. Maintenant je connais par cœur les quatre saisons du printemps de Vivaldi ! Je vais rêver de vous par grand froid sur la digue du large Je vais rêver de vous dans les embruns salés sous la balise impassible Je vais rêver de vous mes vagues insolentes et mon amour pour vous 77


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29 novembre 2017 la tasse m’attend patiemment sur sa soucoupe — je prends tout mon temps l’index droit dans l’anse appuyé sur le frigo la tasse à mes lèvres la lumière froide d’un soleil d’hiver précoce ranime mon cœur elle me laissait parcourir sa bouche intime d’une langue habile Je le sais maintenant nous étions destinés, mais jamais nous ne nous sommes parlés. Dans la même classe sans un mot mais des regards, des sourires. Elle avait des yeux comme une ancre arrimée au limon de mon cœur. Je pensais à elle en tachant les draps. On ne redouble pas sa vie. journée traversée dans le brouillard et le froid d’un esprit hagard je vous ai parlé de ses yeux noirs, comme les cheveux qu’elle portait très courts. Quelques boutons d’acné sur les joues et le menton. Je suis sûr qu’elle aussi pensait à moi dans ses draps On ne redouble pas la vie sur la vitre froide la poussière des jours bleus raturée de larmes

je l’ai retrouvée la vieille photo de classe — j’étais amoureux le froid se répand comme une trainée de poudre à éternuer blizzard sous l’auvent une volée de feuilles mortes vient de me gifler la nuit a glissé tout à coup dans la terreur et le vent glacé petite sœur ici le vent est glacial il te ferait pleurer reste bien au chaud dans ton cœur douillet je veillerai ton sommeil tu n’auras pas froid quand je suis rentré quelques feuilles m’ont suivi pour se mettre au chaud je vais me coucher le sommeil finira bien par gagner la partie sous l'auvent je reste dans la nuit froide le dernier whisky la dernière cigarette et sans doute pas le dernier souvenir mélancolique j'écoute le vent qui raconte au feuillage sa rencontre avec la neige j'écoute le vent il y avait des jours il y eut peu de nuits où je ne savais plus si c'était son corps ou mon corps qui hurlait par 78


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nos lèvres soudées l'une à l'autre elle partait ensuite avec cet étrange sourire je restais seul avec la bouche vide d'elle et le ventre assoiffé d'ailes de papillons trop froid sous l'auvent je viens de rentrer poser mes ombres au chaud ils allaient main dans la main sur la plage désertée ils ont laissé sur le sable pour toujours leur trace ce vieux fou qui croit que sur le seuil de la mort on peut aimer encore

30 novembre 2017 contre le frigo je l’attends sans impatience le premier café au fond de la tasse les contours de mon passé — une fine trace les dards du soleil sont émoussés ce matin — piqûre de froid l’ombre nue des branches dessine sur le mur clair l’alphabet des anges un peu plus tard je réussis à lui parler je me souviens du sourire céleste qu’elle m’a rendu ! après les cours nous allions marcher sous les platanes de la contre-allée

main dans la main et toujours en silence elle était un mystère un insondable mystère inaccessible à mon entendement pourtant elle a été là si longtemps près de mon âme malade que je ne comprends pas pourquoi je mourrai sans un dernier regard mille frelons morts sur la grille du foyer que je viens d’ouvrir petite sœur tu rêves devant les vitrines de jouets et les guirlandes au-dessus des chaussées tu sais bien pourtant que noël est loin encore la lampe s’essouffle un peu tout de même ce soir il fait si sombre lentement le soir égraine chaque seconde de son chapelet jour après jour strate après strate je me sédimente je me momifie paillettes de glace dans la coupe d’eau du chat — l’auvent se rebiffe je suivait son ombre en tournant au coin nos ombres se sont embrassées elle avait la peau si frêle la douce et brune orientale que j’étreignais avec passion que j’avais peur de la rayer mais je me disais aussi 79


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que si je rayais le disque on pourrait recommencer

c’est un soir de glace que je prends de mes mains nues pour le réchauffer

il est temps pour moi de hisser la grand-voile et glisser vers demain

d’autres fois nous marchions dans la colline au dessus des cités nous nous asseyions dans l’herbe contre le vieux bassin délaissé puis nous nous allongions sur un plaid je n’avais pas oublié au mois de mai tout était permis

01 décembre 2017 je sens son arôme avant même de poser un pied sur le sol la tasse a tinté d’une façon très bizarre sur une incisive j’ai froid sur la peau mais mon cœur, lui, reste bien dans un coin douillet une brume claire frôlait la vieille charpente — lumière diffuse je ne savais qui j’étais tu me donnas un nom ensemble nous allumions des étoiles dans les rues nous couvrions les murs sales de nos rires transparents de nos mains nous jouions de nos corps comme des violons un soir je ne t’ai plus revue et je ne sais plus comment je m’appelle lente après-midi — je n’ai rien fait d’opportun je suis plein de doutes petite sœur le froid te coupe les doigts si tu vas si loin prends tes bagages avec des gants

la nuit est compacte un mur de glace solide à couper le souffle le soir prend patience la lumière de la lampe le dérange à peine auvent sans un bruit — la nuit a figé les sons de la vallée froide si je devais la nommer le l’appellerai naufrage nous n’avons pas eu le temps de jeter une ancre elle avait le parfum du vent du sel et de l’impatience comme le vent elle courait sans que je puisse la rattraper comme le sel elle brûlait mes anciennes blessures et de l’impatience elle était le portrait elle ne m’a attendu que quatre secondes place réservée dans l’autocar du sommeil voyage debout

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02 décembre 2017 même au saut du lit l’espoir d’un café brulant pour me réchauffer au coin de mes lèvres une goutte de café tente une sortie les oliviers ploient sous la neige malvenue — je soupire un peu déjà elle fond — la neige n’accepte pas qu’on ne l’aime pas à travers la baie je regarde tomber la neige des flocons lourds et drus qui pèsent sur les pins Je me souviens d’un amour de neige il y a si longtemps elle avait recouvert mon cœur d’une infinie douceur puis s’en était allée comme l’eau des rivières il s’en souviendra mon chat de ce matin froid — sa première neige petite sœur la neige a fondu ici tu peux marcher sans craindre de mouiller tes bas de sirène mais il reste le froid de décembre le soir a glissé sur une plaque de neige — les joues écarlates la froidure humide de la neige entrain de fondre — odeur de l’hiver

je reste des heures à ne rien faire que voir passer les heures j’y repense parfois Peu avant ma naissance tout un quartier rasé par l’occupant Tout n’était pas reconstruit un îlot de décombres résistait encore Un terrain de jeux formidable dans lequel je suis mort maintes fois Un jour un collège neuf s’est posé à la place sans cour de récré du grand sablier j’en imagine les grains — la dune du temps elle était l’oasis je l’avais attendue au milieu d’un désert d’amertume et de temps passé à l’attendre et quand je l’ai trouvée elle n’était qu’un mirage sous l’auvent le temps s’est radoucit il ronronne — je me sers un verre la lune est mangée par une nuit affamée — je rentre à présent l’heure qui m’effraie quand je fais face à la nuit et semble dormir elle était venue pour visiter mon jardin — j'ai aimé le sien quand elle reviendra il y aura sur la table du cristal de l'argent et la vaisselle blanche sur le lit mille roses sans la moindre épine et des draps de soie 81


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il y aura aussi le souvenir de son parfum ce souvenir fleuri qu'un ami ou deux poseront sur ma tombe je ne suis qu'un vieux fou qui croit au père Noël et aux contes de fées

03 décembre 2017 je file au café avant d’ouvrir les volets le jour attendra pendant qu’un second passe en croquant des amandes je passe mon temps j’ai brisé la glace déposée pendant la nuit sur les abreuvoirs les étoiles maraudent encor dans les flaques d’eau brillantes de nuit le froid est entré il a écarté mes côtes et figé mon sang petite sœur sous un ciel sans nuances tu marches et tu souris au loin les grues rouillent sur les chantiers et la mer est étale tu ne vois rien que les battements de ton cœur Elle est venue comme ça, sans que je l’attente D’un sourire à peine esquissé à peine imaginé elle m’a pris la main Elle m’aidait à gravir les marches

Parfois je la tirais Et peu à peu tous les deux nous frôlons les nuages Je n’attends comme elle rien de nous que notre amitié vertadiero nous nous endormons dans la chaleur de nous-mêmes Domino et moi j’ai perdu mon temps à imaginer la mer sans la moindre vague l’impression d’avoir un courant d’air dans la tête qui m’a enrhumé parfois j’aimerais que son corps lui seul revienne pas son âme aride elle n’aimait que nos corps collés et ne m’aimait pas il fait froid dehors la couette n’attends que moi pour me mettre au chaud

04 décembre 2017 il fume il sent bon il est chaud et me réveille le premier café au fond de la tasse il ne reste pas de trace de mon avenir manque de sommeil je prends encore une tasse pour combler le vide il ne s’en fait pas il ne dort jamais très loin de la main humaine je l’avais trouvée au milieu d’un rêve que je ne faisais pas 82


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j’étais dans son rêve et ne le savais pas j’ai cru aux couleurs aux nuages de son ciel j’ai cru qu’une aube incandescente suivrait mon crépuscule cramoisi mais elle s’est réveillée tapi dans les herbes hautes il guette sa proie camouflée pourtant la brasée de froid est tombée sur les carreaux quand je suis rentré petite sœur ne reste pas enfermée dans la prison de ton silence parler est la clé qui ouvre la volière des mauvais augures et des idées grises il est arrivé sans le moindre crépuscule le soir de ma vie là-bas au bord du monde gardée par des dragons grossiers mais bienveillants il y a un château de verre et de pierreries un château transparent un seul habitant y réside et y dort depuis si longtemps que j’ai oublié de me réveiller une grande fatigue vient me clouer au poteau — signal de tendresse

05 décembre 2017 pas bien réveillé

je supplie la cafetière d’aller plus vite quand je l’ai posée j’ai bien entendu la tasse dire encore-encore l’hiver va et vient dans le corridor du froid il attend son heure dans les abreuvoirs le soleil brise la glace — clins d’œil de diamant petite sœur l’hiver passera et un printemps nouveau enivrera tes sens et ton âme puis l’été des blés muris illuminera ton sourire et ton cœur Dociles les saisons suivront chaque jour le temps me pèle comme un oignon — c’est pourquoi je pleure étoile à neutron trou noir indéfinissable je fuis l'univers tranchant l'échalote pour terminer la salade j'ai fait un haïku Ma déprime est profonde elle ne se nourrit pas seulement de mes idées grises Comme une tempête qui se creuse elle avale ces enfants qui passeront Noël dans le froid ou sans amour ces humains qu’on bétaille aux frontières Je vomis sur les gourous qui ont la recette du bonheur 83


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mon chat mon coussin dehors le froid est resté sans nous tourmenter

après le second je peux replacer enfin les pièces du puzzle

mon chat quand il bâille on dirait qu'il va mordre le monde

la tasse glisse depuis ma main tremblante au fond de l’évier

un soir indécis des ténèbres nostalgiques glissent de mes yeux elle avait le cœur qui divaguait elle ne savait plus le contrôler comme un échantillon au rayon fromager d’un supermarché elle m’a pris entre ses doigts elle m’a bien senti et m’a goûté mais n’en a pas voulu un gramme qui est celui qui t’attendra pendant les quatre-vingt-six mille quatre-cents secondes de chaque jour un jour j’ai osé poser ma main sur sa joue ce fut un beau jour lorsque tu attends l'âme les compte pour toi d'un trait sur le cœur le cœur apaisé je vais rejoindre mon chat qui chauffe ma place

06 décembre 2017 un café debout pour retomber sur mes pattes et ne pas fléchir

poussant le volet le froid m’enrhume et me rit au nez – c’est ballot ! tous les deux sur ma meule elle me serrait si fort que je sentais ses seins traverser ma chemise c’était la fin de l’été je roulais lentement sur les chemins entre les champs fauchés cherchant d’un regard friand une meule où nous abriter il a fait doux aujourd’hui même les nuages n’ont pas osé faire de l’ombre j’ai souri de l’attendre et plus souvent pleuré elle était ma balise j’étais en perdition parfois nous retrouvions sur les rochers nos corps meurtris et abimés nous prenions soin alors d’en faire des momies qu’en mer nous rejetions comme un vomi malsain un amour trop salé petite sœur il ne fait pas si froid tu n’es pas obligée de rentrer la tête entre les genoux et boucher tes oreilles Je peux tout entendre je reste ton grand frère

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les roses fanées sur leur tiges assoiffées gardent leurs épines d’un éternuement j’ai si peur de l’éteindre cette flamme dans mon cœur j’ai froid dans les tripes pourtant il ne reste rien là où j’avais chaud je la sens qui approche la douce charmeuse en robe immaculée sa bouche édentée me donnera ce dernier baiser dont j’ai le goût depuis longtemps inoubliable et amer puis elle prendra sa faux et d’un geste sans faille me tranchera les pieds pour m’empêcher d’aller plus loin de dessous l’auvent je vois la lune et ses chiens mangés par la nuit je remonterai armé d’un rêve improbable la vallée des ombres

je suis un vieux fou on ne peut manquer de l’être quand on fut peu sage petite sœur où te caches-tu donc sur quel mystère as-tu rabattu la porte est-ce la baume des fées ou l’abîme de l’enfer souvent je rêvais de ses lèvres quand elle était absente et c’était souvent ses lèvres qui m’enlisaient ivre de plaisir dans son océan pendant que ma langue lustrait ses lèvres intimes en quête du graal je l’attendais et quand elle venait nous étions amour la nuit sous l’auvent a dédaigné la froidure douceur suspecte il y a des soirs où le clavier fait la tête et boude les touches un radeau de rêves pour pouvoir franchir la nuit je serai à bord

07 décembre 2017 encore endormi je suis la goutte qui coule le long de la tasse il en faut bien deux pour vraiment se remettre d’une nuit boiteuse à quoi rêve-t-il quand sous la lampe il médite à côté de moi

elle avait un rire à faire fondre les glaces de tout l’antarctique elle me parlait d’amour belle brune à l’orientale l’oracle m’avait dit ”tu la trouveras ”sous l’eucalyptus ”à la croix des chemins ”du nord et de l’est je ne l’ai pas cru alors je suis allé voir à la croix du nord et de l’est 85


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il n’y avait rien pas une croix pas même un eucalyptus faut pas croire aux oracles blue moon in the sky hiden by ribboned clouds be my starless night

petite sœur du tintement de ton rire il ne me reste qu’un souvenir attentif à tes gestes je te regarde dans ma tête mais tu ne me vois pas

derrière la porte j'ai laissé mes souvenirs discuter entre eux

la terrasse est terne quelques gouttes sont tombées d’un ciel bien avare

pour l'avoir porté à bout de bras je savais le poids de l'amour

quelques branches sèches au milieu des feuilles mortes — les chênes vieillissent

elle est la muraille dressée contre la nausée ma soif de tendresse

brune ô ma belle je sens encore tes longs cheveux qui frôlaient mon visage les mamelons de tes seins caressant ma poitrine oh ce n’était pas toi qui me dominait mais l’amour qui faisait des loopings

je ne suis plus un homme j'ai perdu en chemin l'ambition et les rires que mon enfance cultivait j'ai laissé mon âme contre un peu de confort j'ai laminé mon cœur dans des amours grimés je vais laisser ma vie pour engraisser la terre l'arbre qu'on plantera donnera-t-il des fruits que vibrent les cordes de la sourde contrebasse posées sur la nuit

08 décembre 2017 religieusement je l’approche de mes lèvres la première tasse attentif j’écoute la voix de la cafetière rassurante et douce

frêles mes pensées sans ailes ne savent plus où poser leurs pattes dans la grange pas très claire ils étaient entrés enfants à l’aube ils en sont sortis heureux et adultes demain en tout cas guère plus tard je suivrais mon ombre On disait qu’il avait le cœur sur la main Mais personne ne voulait de son cœur car dans sa main il saignait encore l’hypocrisie n’aime pas le sang Alors d’un geste large 86


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il a jeté son cœur dans les flammes d’un brasier On dit de lui à présent qu’il est sans cœur

des histoires à n'en plus finir autour d'un verre de whisky

le vent s’est levé la nuit tremble sous l’auvent — heure de la couette

09 décembre 2017

en pleine figure les dards de glace du vent ont salé mes yeux elle avait ce sourire qui vous prend par surprise vous retourne le cœur vous accroche au gosier vous laisse pantelant dans votre soif d'amour et puis elle s'en va en s'essuyant les pieds sur ce cœur laminé qui saignera encore toute une éternité elle a été pour moi une mer promise dans laquelle auraient baigné nos corps jusqu'à la fin des temps hélas ce ne fut pas mais restent sur ma peau ces perles d'eau salée qui ne sècheront pas elle m'avait dit "n'attends rien de moi "mais prends ce que je te donne ce fut ma plus belle histoire d'amour Vieil homme fourbu tous les soirs je dépose ma besace de souvenirs au pied de l'arbre de ma vie. Tous les soirs certains d'entre eux s'échappent et se racontent

parfum du café qui rode dans la cuisine arôme d’ailleurs vapeur enivrante je me laisse hypnotiser par mon propre piège sur mon vieux fauteuil mon doux chat s’est endormi… et je laisse faire ! portée par le vent sur le fil de ses poignards une odeur de glace petite sœur prend bien garde au vent venu de la terre ses lames glaciales pourraient bien te couper les doigts le soleil découpe sur le sol de grandes tranches de froid lumineux la nuit a glissé avec torpeur sous mes pores fait noir dans la peau sous l’auvent je sens que des paillettes de glace grignotent mon sang little Nemo j’embarque pour la rive lumineuse au-delà des rêves retour sous l'auvent malgré le froid la nuit m'aspire me retient et m'aime 87


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le briquet s'enrhume la cigarette a pris froid j'ai les doigts gelés

que tu n’auras jamais mais j’en aurai assez pour deux

elle est mon repère elle guide mes pas d'aveugle cette étoile au fond du ciel cet astre incandescent que je distingue à peine elle a bien un nom que je saurais dire par crainte de l'éteindre elle m'appelle vieux fou et m'entrouvre la porte de son feu insolent elle est mon repaire

nous marchions serrés comme un seul corps sous l’orbe du parapluie la pluie tombait drue entre les branches nues de la contre-allée mon cœur battait le sien donnait le tempo nous allions voir la mer au bout de l’avenue là où elle se couche pour qu’on l’admire sous la pluie

je viens de rentrer j'ai froid sous les ongles je ne sais pas griffer l'ordre règne en mon cœur mais j'ai gardé sa place bien en évidence bien chaude et dépoussiérée devant toutes celles que j'ai aimées vraiment ou par jeu celles qui m'ont aimé aussi des mêmes façons j'ai gardé sa place car le feu couve sous la cendre perdre un ami sur un malentendu est une douleur innommable

10 décembre 2017 première gorgée et par l’odeur j’ai léché le bord de la tasse boire un café tiède une torture inutile j’en passe un nouveau petite sœur je regarde tomber la pluie je pense à des larmes

la pluie à présent elle vient quand tout s’endort enfant capricieux sur la vitre sale de vieilles marques salées comme sur mes joues la soirée s’étire dehors il pleut dans le froid — craquement du bois silence du soir l’acouphène me rappelle que je vis encore nous nous étions disputés elle voulait théâtre je voulais expo la journée s’est passée sans un mot dans la lourdeur du mutisme Il a fallu choisir nous sommes restés à la maison dans la chambre pour un spectacle intime sans comédie il fait doux ce soir sous l’auvent le thermomètre ne ment vraiment pas 88


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la nuit déjà chaude la couette sera de trop j’ouvre la fenêtre

alors que j'étais sans souffle pour éclairer sa route

le train de nuit passe son de basse obstinée sur des rails sans fin

je ferme les yeux et la nuit d'ombre me guide aux bords mystérieux

je suis ce vieux fou de dix-sept ans qui connais l'heure de sa mort

11 décembre 2017

petite sœur la nuit tombe sur toi comme un manteau d'angoisse remonte le col attends que ça passe demain au dessus des nuages un soleil sans fard te découvrira la nuit qui m'enlace glisse des baisers de glace sur mon cœur ridé j'ai passé ma vie à faire semblant d'être un homme un bon père employé modèle sans rechigner j'ai passé ma vie à tricher aux cartes aux dés en amour et maintenant avant le dernier pas je sais que je n'ai jamais joué elle a été ce pont entre aujourd'hui et les galaxies elle a bercé l'espoir de me réconcilier avec mes errements nous avons été fusion mais elle avait encore tant de chemin à faire

plus de tasse propre le café bu dans un verre ce n’est pas pareil quand j’étais petit café au lait dans un bol j’ai changé depuis la tête embrumée et le corps sans énergie je fais bien mon âge petite sœur vois-tu la pluie qui coule sur mon visage elle dilue les larmes elle abreuve la terre pour un printemps plus bleu couvert de coquelicots il faut aimer la pluie À cette époque il n’y avait pas de barrières on pouvait du haut de la falaise emprunter un sentier vers la mer La falaise était haute elle l’est toujours J’avais trouvé une baume un trou dans le calcaire de là je regardais par-dessus les goélands le voilier qui me l’avait prise esprit embrumé 89


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je m’éveille dans le soir le fauteuil craque la nuit se répand la brume d’abord timide embrasse les arbres mon chat m’accompagne dans mes rêveries nocturnes roulé sous la lampe silence profond je rêve sur le clavier de mots inconnus sous l’auvent la nuit dans une fraicheur humide m’étreint de silence je parlerais bien au vent froid et à la pluie ils ont disparus assis sur un banc dans le jardin d’enfants je serrais sa main dans la mienne des pigeons quêtaient pitance sur le sable de l’allée le mois de mai promettait un été sans fissure je mes suis retourné vers elle dans ma main une poignée de graines où donc était elle petite sœur il est temps de laisser la place à tes rêves cette nuit tu verras après la tempête il sauront, eux seuls savent le faire, réparer ta route je laisse dehors l’incrédulité aux niais je suis fatigué

sur mes joues tirées je sens la main de la nuit elle me console j'aimais les matins pluvieux quand sous le drap froissé son corps épousait le mien nous étions si heureux et surtout très pressés de retrouver les liens qui de nos peaux soucieux nous laissait liberté de nous faire du bien I'am this old mad man believing that a teenager dances in his head elle portait une jupe ce matin là c'était inhabituel même dans les premiers jours du printemps place Castellane nous passons sur la bouche d'aération du métro elle était blonde j'ai vu Marilyn dans son sourire gêné

12 décembre 2017 le jour s’est levé il y a bien longtemps déjà le premier café je rince une tasse boire un café dans un verre ne me convient pas la pulsion de fuir me réfugier dans le lit mon chat m’en empêche un ciel gris étain couvre morne la vallée — me jouer des mots

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petite sœur d’un revers de main tu balaies ton destin tracé l’avenir sera sourire tu en a la certitude et je souris par hasard nous étions à la même table en cours d’histoire j’admirais son écriture ronde et pleine comme sa poitrine j’aimais la façon qu’elle avait de souligner d’une ondulation les têtes de chapitre j’aimais sa façon de marcher et les vagues de sa langue sur ma langue retour de visite au jardin humide et froid — mon chat est heureux j’ai sauté la haie pour rejoindre une licorne ma crinière au vent vous me connaissez je suis le soir qui transperce le nœud du gosier un soir sur la route sans bruit je l’ai rencontrée la mélancolie sur la nappe il reste des couverts et une assiette des miettes de cœur il me manque un peu le concert que le loriot donnait dans les chênes une feuille morte sur la table de l’auvent attend sans un souffle j’ai suivi les traces et me voilà bêtement au fond de l’impasse

elle avait un manteau vert un manteau vert sapin on ne le voit pas sur la photo de classe mais j’aimais quand elle s’habillait ainsi elle était belle avec ses cheveux de jais coupés très courts et son manteau vert je l’aimais comme un fou sans espoir de nuit je voyage dans les entrelas des rêves jusqu’au jour prochain cette odeur d'hiver qui complote avec la nuit je me sens de trop Je n'osais l'approcher elle riait avec tant de monde je me savais gauche Puis elle est venue s'asseoir à ma table Nous avons bu nous avons ri Ses gestes devenaient lents j'étais gauche de plus en plus et ça la faisait rire Sa cuisse frôlait la mienne que fallait-il comprendre un café ensemble debout dans la cuisine je ne l'ai plus revue

13 décembre 2017 j’attends dès la veille le ronflement odorant de la cafetière dans la tasse blanche le café attend patient le goût de mes lèvres il fait froid dehors mon matou qui s’y connaît reste sur sa couette 91


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un petit nuage se hâte pour traverser la mer vers le sud

j'avais dix-sept ans déjà la mélancolie hantais ma mémoire

je bâille et m’étire les mots se sont évadés et le fauteuil grince

souvent je me demande ce que je fais sur Twitter -vous aussi sans doute

mon chat est furax la souris dans le cellier bouffe ses croquettes

comme un condamné je bois un verre de nuit une cigarette son de quelque gouttes sur les tuiles de l'auvent nuit de fin d'automne

à la fête de l’école nous récitions des poèmes c’était pas une école, c’était une boite à bac j’étais un cancre un gros nul ! nous récitions des poèmes et un bout des Épiphanies d’Henri Pichette le duo d’amour ce que j’aimais surtout c’était les répétitions chez elle sur son lit petite sœur il pleut ici il pleut si doucement comme si le ciel retenait ses larmes quel temps fait-il dans ta tête petite sœur j’écoute la nuit qui murmure son silence et la nuit m’entend mon chat s’est couché tôt il viendra dans la nuit se serrer contre moi la nuit se fait tard pour moi qui sui fatigué — je rejoins mon chat nous faisions l'amour comme des enfants qui jouent très sérieusement

il y avait ces jours sans joie que nous passions à nous défier il y en avait d'autres aussi bien plus lumineux quand les jours gris prirent le pas sur les jours bleus nous nous sommes quittés sans amertume aujourd'hui je regrette de n'avoir pas su rallumer la lumière j'ai peur de la vie mon amour j'ai peur d'en mourir petite sœur prends bien garde au feu je crains qu'il ne te consume que restera-t-il de toi des braises ou des cendres ? je me souviens de son visage rond de jeune fille un peu ronde je l'aimais comme on se souvient de l'enfance quand elle m'a serré dans ses bras j'ai ressenti la douceur de ses seins j'avais sept ans et elle était ma monitrice Colonie de vacances ! 92


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14 décembre 2017 café de voyage il m’attire par l’arôme très loin du rivage sur la tasse mes lèvres ont laissé leur baiser accoudé au soir je rassemble mes idées — troupeau égaré sur le bord du jour mon gros chat s’est endormi son oreille vibre un grain de poussière qui voltige sous la lampe c’est ma fée clochette traverser la nuit sans tonnerre ni tempête sur le dos des rêves un tonnerre gronde du fond épais de la nuit ciel désespéré sur le ciel de suie un nuage blême encore couronne les pins il fait doux ce soir il se trompe de saison mon chat fait le mur je n'ai pas oublié tant elle était sucrée sa peau d'abricot à peine mûr ses lèvres au goût de fraise les seins au bouts de cerises le jus sur mes doigts quand je l'ai cueillie et l'amertume quand elle est partie

petite sœur ignore la nuit sournoise que jamais elle ne froisse ton bonheur assis dans ma tête le vieux fou me raconte ses souvenirs il s'en rappelle comme si c'était demain dans le silence de la nuit j'entends les grincements de mon cœur il me rebat les oreilles de ses fêlures de ses souillures et de mon mal d'aimer si mal du haut de sa montagne de mémoires le vieux fou devient sage et affute sa bêche

15 décembre 2017 le premier café le premier baiser du jour sur les lèvres de la nuit crissement de dents la tasse vient de grincer au bord de l’évier une pensée bleue efface le tableau noir — remonter le temps volet entrouvert sur la nudité du ciel — nuages de gaze soirée de décembre — le froid qui est de retour 93


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a remis de l’ordre petite sœur dans quel coin de la nuit te caches-tu je tourne et me retourne et ne distingue plus ton sourire les pas de la nuit vont résonner sous le porche de mon épouvante je la conduirai ma jonque entre les étoiles jusqu’au bout du rêve mon chat s’est couché il avait sur son pelage une odeur d’hiver sous l’auvent le vent me murmure dans l’oreille qu’il va faire froid je sais qu’il est l’heure d’aller questionner les rêves sur ma vie passée j'aurais aimé froisser mes doigts dans ses cheveux la serrer contre moi deviner la soie de ses seins sur ma peau écraser mes lèvres sur ses lèvres boudeuses l'embrasser à perdre langue je me suis insatisfait de l'aimer en silence panne de courant tout le quartier dans le noir -que la nuit est belle ! la nuit s'épaissit comme un marshmallow qui fond sous la langue je ne savais où j'allais elle m'a pris par la main

et nous nous sommes perdus tous les deux ensemble la nuit sans escale qui vibre entre les étoiles transperce mon ciel j'ai vu les étoiles brumeuses comme éperdues sur le lac de ses yeux je nous revois encore sur ce lit improbable sa peau était chaude comme un thé infusé douces et fermes mes mains trop impatientes se sont égarées si longtemps à reconnaitre son territoire nous étions jeunes et malhabiles mais nous étions jeunes

16 décembre 2017 s’il fallait j’irai le chercher au bout des mondes le premier café pourquoi la cuillère je le bois sans sucre ni lait mais chaud le café le soleil transperce un ciel brillant et limpide comme de la glace dans la corbeille je cherche un feuillet froissé des mots oubliés petite sœur il fait noir aussi un vent froid court entre les arbres es-tu bien couverte protège la flamme de ta lanterne c’est le vent d’hiver qui transperce les campagnes et tranche les doigts 94


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je me sens mordu par la cisaille du vent comme un poulet froid

je bois mon café debout contre le frigo mon chat me regarde

ce n’est pas ma montre qui me dit que je suis las tout mon corps le hurle

mon chat sur la table il surveille le clavier les touches s’envolent

ce soir les étoiles ont ensemencé le ciel de leurs étincelles c'était l'hiver le mistral frisait les vagues et parfois les embruns nous giflaient le soleil bravait le froid assis sur ce banc sur la digue du large nous nous taisions laissant au vent le soin de meubler la conversation nous avons repris chacun nos voitures et nous nous sommes séparés sans un mot pour toujours

les ombres sont franches elles ne fabulent pas le soleil approuve nous sommes restés souvent dans sa chambre des jours et des nuits entières en grignotant très vite dans la petite cuisine nous faisions l’amour nous lisions des poèmes nous faisions les clowns nous faisions l’amour et nous recommencions sa chambre était vaste comme un ciel d’été

sur le pont entre les deux rives nous n'avons pas su choisir quand le pont s'est rompu nous nous sommes disloqués et avons ramassé les miettes de nos cœurs chacun a pris un peu du cœur de l'autre pour ne pas oublier

dans la nuit glaciale le vent joue du craquement des branches sans feuilles

je ferme le livre je n'oublie pas le signet la vie continue

mon chat mon gardien sur sa serviette à côté il rêve avec moi

petite sœur n’écoute pas le vent il est si froid et sa parole trompeuse il ne fera que faire rougir tes oreilles le vent s’est calmé il ne reste qu’un petit froid timide je m’en accommode

17 décembre 2017

j’attends qu’il revienne de sa lente promenade pour choisir un rêve

dès les premiers pas je sais de façon certaine qu’un ne suffira pas

le vent s'est calmé il ne reste qu'un petit froid timide je m'en accommode 95


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le train de nuit redémarre personne n'est descendu dans la nuit et le vent froids les rails sont trop fourbes oh ma belle dame que votre robe est froissée et vos yeux brillants sur quel lit aventureux vous êtes vous égarée ma douce nuit froide comme un cadavre embrase-moi j'étais seule dans le bois quand le loup le renard et la belette m'ont pointée du doigt nous étions des amants farouches pourtant dans les sables du temps nous nous sommes enlisés nos mots devenus silences ont tranché nos langues nos mains de mauvais conseil n'avaient plus de flamme nos corps putréfiés n'avaient plus d'odeur la mort comme un ciment nous accordera la dernière étreinte elle est venue à moi comme le sel va au sable inexorablement vague aventureuse elle s'est retirée me laissant des pinces de crabes sur le cœur puis elle est revenue se blottir dans mes lices inexorablement avant de refluer mais elle reviendra ainsi va son amour inexorablement

18 décembre 2017

serrée dans mes mains je la porte encore brulante au bord de mes lèvres le café me prend doucement dans son arôme je dérive au large là sur le fauteuil que je viens de réchauffer mon chat prend ses aises lourd de tant de rêves inachevés mon front pèse sur ma paume de ce rêve-là il ne me reste rien qu’un parfum de baiser est-ce son amour est-ce mon ventre dodu ses yeux me chavirent soir sans certitude les battement de mon cœur sont très hésitants oh que je voudrais voler au-dessus des mots pour les voir de haut petite sœur ce soir le temps s’est radouci mais garde ton écharpe je ne voudrais pas que tu rayes ton rire il faut du courage je n’ai jamais dépassé la digue du large mon premier amour et ma première défaite son anniversaire la nuit me réclame avant de rallier le port je lui tends les bras elle disait 96


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que son cœur était le mien elle disait des je t'aime dans toutes les langues et surtout la sienne elle courait sur ma peau comme un frisson d'été je l'aimais à perdre haleine m'abreuvant à ses bouches une nuit elle a dit je reprends tout depuis la nuit ne finit pas Quand elle m'a dépassé à l'arrêt de bus puis qu'elle s'est retournée et elle m'a rejoint mon cœur dans le caniveau. tout contre moi elle a levé son visage ses lèvres ont frôlé les miennes mon cœur dans le caniveau. L'avenir était à nous. Que ce souvenir jamais ne s'efface. Je sais que tu as vieilli comme moi. Mais tu as gardé cette peau d'abricot et tes seins timides et effrontés cette langue en velours et ta voix grave et douce et ces lèvres de soie où mes doigts de vingt ans glissaient, glissaient sur ta mousse. Où es-tu à présent toi l'inoubliable ?

19 décembre 2017 réveil difficile la dosette qui m’échappe roule sous l’évier je me suis surpris cuillère sur la soucoupe battant la mesure le soleil glacé déverse sa cargaison d’or et d’optimisme quelques lapées d’eau

avant d’aller se coucher les tocs de mon chat les feuilles frémissent à peine d’une agonie dans l’indifférence cette lassitude qui ensevelit mes os et me noue la gorge j’ai laissé le froid me subjuguer sous l’auvent puis je suis rentré petite sœur rentre dans ton cocon il te protégera je resterai à la porte pour chasser le froid j’ai retrouvé ses lettres de son écriture ronde et suave elle me contait ses rêves dans lesquels notre amour prenait toute la place nous aurions pu nous envoler nous aurions dû à présent les feuillets ne plus que des ailes de papillons morts la nuit insondable creuse dans ma chair glacée de grands puits aveugles la nuit mon domaine couvert de fleurs de ténèbres et rosée de pleurs je m'étais assis solitaire sur un banc elle est apparue vêtue de fleurs et de rires je me suis laissé porter la nuit inféconde me laisse avec mes riens fardés de néant j'aurais pu lui dire que j'aimais son rire mais elle riait 97


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avec tant de monde que je n'aurais pas su me reconnaitre c'est une amie et je l'aime profondément tendrement même si le gouffre des années avait été moins profond je n'aurais pas aimé qu'il en fût autrement l'amitié la vraie est solide comme une montagne l'amour est un feu fragile parfois je le regrette

20 décembre 2017 même le café je le tourne inconsciemment ce matin sans goût j’ai laissé tomber la tasse sur les carreaux ouf ! elle était vide j’empoigne le soir qui tourmente mes entrailles et le mets sous la lampe petite sœur sens-tu cette odeur d’hiver qui court entre les immeubles sombres il fait une nuit de lampadaire humide ne prends pas froid elle n’aimait pas le sable elle préférait les roches plates et légèrement inclinées vers la mer autant dire que trouver le graal était difficile mais nous le trouvâmes et nous étions seuls alors nue face au soleil d’août elle s’est mise à rire rire et rire encore avant de plonger

courant revenu je le ligote à l’écran faut plus qu’il s’en aille courant reparti s’il continue comme ça je pète un fusible après plusieurs pannes il serait peut-être temps que je coupe tout

après plusieurs pannes j'abandonne le PC à son triste sort la nuit est épaisse et des paillettes de glace irriguent mon corps je me souviens d'un autre auvent sous les feux de juillet la sauge et le thym évaporaient leur sang jusque dans la chambre il faisait bon alors rouler dans la fraicheur des draps elle était bien trop femme pour mes mains de vieux fou je l'ai laissée glisser vers son hiver torride ils semblent rêveurs les pins dressés dans la nuit ils pensent l'été je suis le rêve à peine souvenu de ce que je ne suis pas devenu et dans les années brèves à présent je m'englue sans espoir et sans sève je n'ai rien à donner mais c'est volontiers avec chaleur et dignité 98


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qu'un sourire de vieux clown tout mité une jeune pie pleurant l'agonie des feuilles grince dans la nuit

21 décembre 2017 cette odeur promise je la respire au réveil dans ma tête obscure je ne verrai donc qu’un avenir incertain tasse couleur brune coupant à la hache l’épaisse brume dorée soleil triomphant une ligne nette entre l’ombre et la lumière le froid d’une lame c’est déjà midi il fait à peine plus chaud il reste à la porte ce soir on se grime bal costumé dans ma tête rictus en cadence à rebrousse poil tout ce que j’écris m’irrite et me prend la tête je me sens amer comme un vinaigre servi au dernier souper parfois sur la contre-allée nous nous asseyons à l’ombre des platanes sur un banc il y en avait encore à cette époque maintenant il n’y a plus que des voitures nous nous souriions de nos mains aux doigts

emmêlés et en silence lèvres contre lèvres nous répétions nos rôles glissant lentement sur les tuiles embrumées la mélancolie la nuit sans surprise m’enrubanne des baisers du froid de l’hiver petite sœur raconte-moi des fables où l’hiver était moins rude quand nous riions ensemble quand le soleil brillait sur tes dents nacrées redis-moi des mensonges solstice d’hiver une longue nuit de rêves les jours se rallument

22 décembre 2017 café ce matin j’en voudrais une soupière d’abord une tasse la deuxième tasse plus de velours plus d’arôme les sens éveillés les fées et les elfes des forêts imaginées corps à corps sublimes petite sœur dans tes yeux l’océan semble à marée basse tu promènes sur l’estran insouciante des crabes qui dévorent mon ventre la nuit embrumée m’enroule dans un filet de gaze glaciale 99


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des étoiles froides sont accrochées dans la haie brillante de givre

le soir distribue j’ai encore dans ma main la dame de pique

depuis la fenêtre de sa chambre on avait une vue féérique sur Marseille et la rade les jours de mistral nous sentions la tour frémir alors nous faisions l’amour au milieu des embruns salés et la furie des vagues

je n’oublierai rien sur ma joue qui gratte un peu je traine ma main

roulé dans la couette je guette sans impatience le sommeil sans rêve sous la lampe lasse de l'auvent désabusé je repense à elles je n'ai su les garder elles disaient que j'étais trop sombre que je prenais la vie comme une erreur je les ai aimées chacune aurait pu me délivrer mais elles me fuirent au bout de l'oubli même celle la dernière qui a piétiné mon cœur en lambeaux saignants je ne peux l'oublier

23 décembre 2017 en prenant la tasse je tremble un peu après tout j’ai franchi la nuit paupières fermées je soupire je respire l’odeur du café je suis vieux et j’ai passé bien des ponts sous lesquels ont coulé mille Seine

petite sœur si tu avais cinq ans encore j’aurais mis sous le sapin tous les présents que je rêve de t’offrir tu n’as plus cinq ans depuis si longtemps et les cadeaux je ne peux que les dire le ciel prend grand soin de ses éclats de diamant des ses étincelles dans la nuit mystique fouillant dans ma hôte à rêves je cherche une perle elle était là en face de moi ses yeux noirs et profonds dans mes yeux embués sa main posée sur mon cœur comme si elle voulait le serrer le serrer elle l'avait pris mon cœur dans son regard brillant comme un désir de mordre alors nos lèvres se sont jointes et nos langues mêlées ces souvenirs d'antan comme je les chéris maintenant que mon corps coule comme un fromage humide mon esprit reste alerte et saute les barrières que chaque instant érige entre moi et moi 100


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24 décembre 2017 sous la lampe il brille et parfume la cuisine le premier café la tasse déborde encore trompé de bouton café allongé passe le matin midi pointe son museau je sors les glaçons athée je suis irrémédiablement mais pas prosélyte l’épaisseur de mon néant personne d’autre ne la juge que moi l’amour d’autrui personne ne me le dicte et il ne se mesure pas en génuflexions une étoile brille pour moi une seule étoile c'est bien suffisant zéro sous l'auvent ce n'est pas un noël blanc glacé seulement réveillon chez des amis elle a trouvé que je buvais trop elle est rentrée avec la voiture je suis rentré à pieds sous les étoiles de Noël en mocassins trop petits sept kilomètres tout de même heureusement j'avais des ampoules pour m'éclairer

25 décembre 2017 café de noël une odeur d'épicéa glisse sous la porte

la tasse rejoint la montagne de vaisselle qui orne l'évier il pleuvait des cordes et nous sans parapluie nous sommes entrés dans un cinéma c’était Love Story seconde montagne l’Himalaya de vaisselle est enfin vaincu un soir sans vaisselle j’ai grignoté sur l’évier et mangé sans pain petite sœur noël est passée on a jeté tous les jolis papiers les emballages inutiles que reste-t-il dans tes yeux émerveillés j’avais 16 ans elle en avait 2 de plus elle m’intimidait parce que je savais son esprit plus vif que le mien elle ne m’a pas quitté nous avons parlé Verlaine elle connaissait mal j'ai récité après 3 ans la soirée finie nous nous sommes quittés sur un sourire plus jamais revue sur le ciel livide presque glauque un pin se dresse ténébreux fantôme sous l’auvent ce soir il fait doux et le printemps 101


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semble bien plus proche je vais traverser la nuit dans une nacelle de rêves perdus j'avais apporté un cahier de mes "poèmes" pour que peut-être elle en lise un à la fête de l'école elle l'a lu en entier silencieuse et concentrée il n'était pas bien épais quand elle a levé la tête ses yeux brillaient mon coeur s'est affolé le vent de la pluie s'est engouffré sous l'auvent mon visage humide

les fesses pendant que nous faisions l’amour finalement la chatte a eu gain de cause je suis allé me faire griffer ailleurs petite sœur le rideau est tombé les lumières de Noël se sont lentement éteintes restent tes yeux qui brillent pour éclairer la route une vague humide enveloppe les lumières des galaxies naissent

26 décembre 2017

mon chat qui m’attend sur la couette chiffonnée dort profondément

plus de dosettes du fond du placard je sors une vieille boite

la nuit parcimonieuse distribue les rêves bleus d'un regard méfiant

l’odeur est puissante mais le goût amer vraiment sacré robusta

le vent s'est couché devant la nuit menaçante comme un chien servile

la pluie sur le toit son de basse continue apaisant mon cœur

d'une rive à l'autre le gouffre était si profond que le pont céda

crépuscule à l’est entre l’ombre et la lumière un long trait d’espoir

j'ai plongé pour la rejoindre dans les vagues bouillonnantes recouvert de sel amer statue lamentable

avant le combat partage d’un chocolat en frère de couette sa chatte ne me supportais pas elle avait raison j’étais insupportable était-ce un motif tout de même pour venir me griffer

j'ai encore dans mes tripes la douleur de la morsure de ce crabe impitoyable qui rompt tout élan elle m'aimait je crois comme on aime à 13 ans sans fard sans rature d'un amour absolu elle était déjà femme je n'était qu'un minot 102


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qui ne savait s'y prendre malgré mon an de plus nous nous sommes aimés de nos peaux seulement mais ses lèvres encore me chuchotent à l'oreille la nuit sous la lampe lente les souvenir comme une marée découvrent l'estran de ma mémoire je m'y promène laissant aux crabes orgueilleux la fierté de m'avoir vaincu et je compte les marées nuit après nuit avant que l'une d'elle ne m'ensevelisse

petite sœur j’ai attendu la nuit pour lui parler de toi la nuit est ma complice elle ne répétera pas ce que je ne dis pas

le soir et sa hotte pleine de vagues anciennes ruent dans mes brancards dans ma nuit j’avance solitaire et sans armure vers demain transi

tu me dois des comptes ô ma nuit impitoyable qui rit du naufrage

je prendrai la nuit comme on prend train pour ailleurs rire pour enfance

je rejoins mon chat ensemble nous passerons une nuit de chats

je suis le roi des forets je perce à tout bois je perce les fûts de Saint-Amour

27 décembre 2017

dans la glace en face je me voyais la regarder pleurer doucement, juste ses yeux luisant de larmes retenues la terrasse du resto pleine d'estivants joyeux. Une fois encore elle n'avait pu parler à son mari. C'est lui qui la quitta. Heureuse de cette quiétude elle me mit de côté et finalement me laissa choir.

sourire au lever ce parfum je l’imagine abattre les murs cette fois méfiance en cas de bouton sournois une grande tasse petite lucarne à travers elle je ne vois qu’un peu de pluie sur le fauteuil en cuir mon chat rêve de chasse au buffle la pluie a cessé je vais pouvoir enfin aller aux conteneurs de tri sélectif d’une humeur chagrine j’écoute in the mood for love et je me souviens

que j'étais heureux quand nous montions l'escalier vers l'amphi de physique elle était devant moi droite comme une reine et d'une volée de marches à l'autre elle me lançait son sourire comme un hameçon 103


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que je n'ai jamais su prendre d'un pas de vieillard il progresse lentement entre les étoiles qui l'ont embrasé un jour une nuit un moment d'un pas de vieillard épuisé il se souvient de leur flamme et de ses yeux s'écoule le sable jusqu'au dernier grain je suis ce que j'écris le reflet de mon âme mais pensez-y dans un miroir la main droite n'est jamais à droite

28 décembre 2017 lentement il coule dans la tasse qui l’accueille avec bienveillance moustache de mousse que d’un coup de langue habille je fais disparaitre j’ai trop peu dormi voilà que je somnole devant un feu de mots le front dans la paume je fixe la tasse vide désespérément il garde ma place dans la longue file d’attente des heures vides le soir distribue pas de dame de pique mais le cœur au bord du vide

dans mon sang la glace emballée dans le vent froid brûle mes artères petite sœur ton silence a rempli ma nuit de fantômes et de crainte où es-tu que fais-tu livre-moi ton secret il est temps de rentrer pour mettre en ordre mes os et ma peau sous la couette le vent est mon domaine je vais je viens où il me porte je suis une feuille morte sur le toit de l'immeuble nous comptions les étoiles et dessinions des constellations juillet à nos trousse la nuit nous était douce tout à coup des étoiles filantes à ne plus savoir compter nous nous sommes fondus dans notre sourire à ne savoir que faire de nos vœux mais nos mains ont vite appris je l'ai aimée à perdre haleine goûtant sa peau dans les moindres replis la creusant comme une mine qui explose je l'ai aimée elle me renversait me chevauchait me quémandait me demandait me donnait me léchait me transpirait je l'ai aimée à perdre haleine jusqu'à la perdre

29 décembre 2017 104


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il a le parfum de grand champs ensoleillé le premier café sur la tasse blanche et chaude mes souvenirs ont gravé ses lèvres des écharpes roses traversent le ciel de l’aube le soleil a froid un ciel d’aquarelle se couvrir se découvrir le soleil hésite glissant sous la porte un courant d’air hypocrite fronce sur mon cœur petite sœur au cœur froissé je sais que tu rêves de contrées au goût salé et de profondeurs d’encres limpides le rêve prend forme les mots sont tes cris

Juin sous les hêtres une fraîcheur bienvenue entre les ruines de l'abbaye et le grand réservoir d'eau Allongés dans l'herbe verte encore nos mains s'impatientaient Mais trop de monde passait profiter comme nous du parc accueillant L'hôtel du village a fait l'affaire volets clos te souviens-tu vieillard de ces longues courses dans le vent de ta tendresse

30 décembre 2017 fumant sur la table le café fait ce qu’il peut pour me réveiller au fond de la tasse j’ai l’impression de revoir un vieux rêve en boucle à travers la vitre il médite sur la pluie et compte les gouttes

je mendie un sabre de céramique et d’acier qui fendrait mon ventre

il s’est endormi un brin de soleil dans l’œil — le temps se découvre

tout en haut du toit mon chat domine le monde et le noir silence

la colline à l’ouest tout à coup s’est enflammée — le vent crie victoire

je cède la place la nuit et ses sortilèges prendront soin de vous

sur le dos du vent une feuille virevolte — elle semble vivre

le bruit d'une meule dans la nuit je me souviens de ma mobylette

pesant sur mes cuisses il dort et nous partageons la même confiance

souvenirs d'enfance je cherche toujours des billes au fond de ma poche

rythme du haïku — il prolonge les pensées d’infini douceur 105


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à la verticale la lune au dessus de nous l’inonde d’argent petite sœur tu marches dans le soir la lune brillante éclaire ton chemin mais sais-tu où tu vas de ce pas si décidé peut-être sais-tu déjà que la route n’est qu’un moyen pas une fin une feuille morte prise au fil d’une araignée crisse sur la lisse le silence est rond sous l’auvent il fait très doux je me souviens autre auvent autre saison nos maillots de bain séchaient ensemble près du jardin aux arômes quelquefois l’hiver se rappelle d’un printemps — alors il chantonne un petit vent joue dans les feuilles mortes insouciance d'enfant quand bien même il y aurait mille années de passées tous les matins je sais que j'aurais rêvé de toi la rose d'hiver a éclos sur le rosier parfum de mémoire en équilibre sur les rochers au-dessus de la vallée nous la regardions respirer tandis que nous reprenions notre souffle d'avoir grimpé si vite

c'est que nous étions avides de plonger dans l'eau du printemps retenue par ce petit barrage et de laisser la parole à nos corps Je n'écrirai plus je dédierai mes doigts au mutisme tout est dit les sentiments bégaient et deviennent comiques À quoi bon hurler aux quatre coins du vide l'absente insupportable Je ne sais plus écrire mes mains tremblent un peu en rabattant le volet

31 décembre 2017 la tasse trébuche avant d’atteindre mes lèvres — taches sur mon cœur cafés extatiques les derniers de cette année le dernier matin il fait plus froid ce matin sous ma peau mon cœur ému se déchire depuis que je traîne je ne compte plus les nuits dans ce Bardo sombre les secondes tombent d’un robinet mal fermé toutes me surprennent petite sœur arrange bien ton sourire lisse tes cheveux et que brillent tes yeux ce soir tu laisses derrière une année trop remplie une année qui déborde comme le temps pour moi peut-on espérer de ces bulles éphémères 106


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un demain plus clair dangereux mélange pour la route je prendrais un vin de secours un verre d'or pur de ce philtre halluciné le coup est mortel la première nuit n’est pas la dernière nuit de l’année dernière j'allais avoir dix-huit ans un réveillon d'adolescents nous avons bu du vin bu du vin du vin jusqu'à l'ivresse jusqu'aux câlins jusqu'aux caresses une folle nuit de danse d'amour et de transe les ans se sont passés nous nous sommes mariés il y a tant de temps une nuit d'adolescent elle m'accompagne la nuit n'en a rien à foutre du calendrier un soir j'ai brûlé ses lettres toutes ses lettres dans la cheminée sans les relire je me souvenais de chaque mot écrit au stylo bille et que déjà le papier absorbait des mots à fondre un cœur il y avait si longtemps sa peau et le papier avaient la douceur d'une peau d'abricot elle me parlait de lui de lui qu'elle aimait qui tantôt la faisait vibrer tantôt la délaissait j'écoutais ses confidences comme un grand frère

je la consolais et j'étais heureux quand elle était heureuse je grimais mon cœur jamais elle n'a su que je n'étais pas son grand frère

01 janvier 2018 le premier café de ce nouvel an ressemble à celui d’hier un peu de vaisselle dans l’évier — hier j’étais vraiment peu nombreux nous voilà seuls mon clavier et moi — nous parlons d’amour une fine pluie sous la lune nébuleuse lustre les terrasses petite sœur tu résistes à la tempête comme un rocher sous la falaise pourtant je t’ai vue frêle comme une folle avoine danser dans les prés fleuris du printemps l’argent des nuages se ternit tout doucement dans le ciel bleu nuit le train de nuit s’arrête au milieu de nulle part un fantôme descend Elle a été mon amie j'aurais voulu toute la vie Elle m’avait sauvé de la chute ultime par ses mots simples et droits par la chaleur de ses mains imaginées Car jamais 107


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nous ne nous sommes rencontrés Ainsi l’amitié est restée parfaite Mais elle partie et je ne sais même pas son nom dormir le cœur gros l’âge ne peux rien y faire — tout juste accepter j'ai un âge à ne pas laisser un chien dehors pas si super la lune grosse baudruche trop nourrie par un sorbet de nuages le vent s'est levé il bâille encor mais bientôt il prend sa cognée je marchais dans les allées entre les tombes c'est calme un cimetière quand on vient d'enterrer son père je ne pensais à rien à rien d'important au bouton sur la lèvre qui me taquinais puis j'ai pensé à elle qui m'avait enterré dans sa mémoire mais en avait-elle j'aime le cimetière Saint-Pierre de Marseille pas le plus grand de France mais un joli parc de verdure Et pas d'entre-soi comme au Père-Lachaise un vaste cimetière de banlieue Tous les morts anonymes vous racontent des galéjades et ensemble on se comprend Un matin d'hiver j'y rejoindrai mon père

Mon amie elle est toujours à jamais une amie sans visage éreintée par Twitter Je pense à elle ce soir Je ne sais où elle est où elle va Je sais juste que je l'aime et qu'elle me manque

02 janvier 2018 un peu hésitant la porte de la cuisine le dernier obstacle de lentes volutes s’emmêlent sous mes narines — danse aromatique le franc soleil rit dans un ciel bleu sans partage — mais les feuilles tremblent bal des feuilles mortes avec le vent à l’orchestre — musique d’hiver fin de matinée le soleil pâlit déjà — ma nuit tombe vite un moment j’a cru que le clavier me fuyait il est revenu c’était le mai, le fameux mai j’avais dix huit ans et pas d’essence pour aller la retrouver je m’étais concocté un mélange de fuel domestique et d’alcool à brûler pour abreuver ma mob ainsi nous avons pu être ensemble plus souvent mais la meule n’est pas arrivée 108


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en juin il me rend marteau pour boire il rentre à présent dans le lavabo un brin somnolent au fond de mes souvenirs je choisis un rêve je l'ai aimée à perdre haleine elle m'a aimé à bout de souffle et quand nous le reprenions c'était pour recommencer hélas un courant d'air un soir a soufflé la flamme la lumière a fui petite sœur demain est déjà là auras-tu bien dormi seras-tu reposée pour reprendre les rênes de ta vie fougueuse et malmenée un soir sur la toundra un renne s'est perdu il est tombé dans un puits si profond qu'on ne l'a jamais revu sur la toundra maintenant il vend des bois de cerf au zoo de Thoiry

03 janvier 2018 les os fracassés j’embrasse la cafetière pressé de café les idées en place maintenant je peux jouir d’un second café

le ciel devient blanc et par endroit le soleil tente une sortie chant des radiateurs tout doucement je somnole — rêve de tropiques au-delà des vitres je sais la couleur des vagues qui embuent mes yeux il est tard je vais manger même le pain est froid le soir tombe à verse — contre la pluie de ténèbres je cherche un abri la lune cachée sous l’épaisse couette grise soigne ses rayons mon ombre il est temps de glisser entre les draps rejoindre les ombres petite sœur les rêves s'effilochent dans la machine à laver du temps souvent je repasse de vieux jeans usés que tu as portés silence pesant seule une feuille en détresse griffe la terrasse quand j'ai bu à ses lèvres j'ai pensé ne plus jamais avoir soif quand j'ai bu à ses lèvres sa liqueur argentée je me suis cru riche des océans salés si elle m'avait laissé faire j'aurais bu à ses lèvres son cœur battant de sang 109


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je ne parle bien qu'une seule langue la langue qui s'enroule à ta langue celle qui ramène ton suc sur l'écorce tendre et les feuilles de tes cris que je capture dans ma bouche impatiente celle qui connaît ton sel les rondeurs et les plis de ta peau je parlerai cette langue et je déclamerai le poème que tu es je suis noir et je suis blanc je suis rouge je suis sang je suis jaune et je suis sel je suis le nerf de tes ailes dans la maison de sa mère il n'y avait qu'un lit et du vin dans le ruisseau qui chantait au bout du pré nus nous nous baignions nos besoins nous les faisions dans les herbes hautes le matin nous montions jusqu'à l'œil de la montagne et nous faisions l'amour que la nuit nous avait donné c'était l'été et sa peau sentait la lavande

04 janvier 2018 très discrètement buvant mon premier café clin d’œil des nuages la tasse a tinté quand je l’ai reposée vide sous la cafetière gratte matinée mon chat reste dans son rêve de couette éternelle

chassant les nuages un petit vent anodin salue les vieux arbres je l’ai attendu toute la sainte journée — mon ami le soir ordre de bataille — les gros tas de feuilles mortes attendent le vent parfois dans la nuit on entend le bruit des chaines que trainent les arbres je souris pourtant quand d’un coup d’œil furtif je regarde en arrière des pensées de toi sur mon cœur comme un doudou de laine et de soie un jupon de gaze et la lune est ballerine — danse pour moi, danse ! ici le vent glisse en haut des arbres dociles — ailleurs il déchire le soir de mes noces elle pleurait doucement la petite cousine éloignée que je croisais rarement au milieu de la piste de danse au milieu des rires avinés elle sanglotait et hoquetait que jamais je n'aurais dû lui faire ÇA ! c'était le soir de mes noces elle ne me comprenais pas je crois pour elle la vie était due et devait se soumettre pour moi la vie me tolérait à peine j'étais sombre disait-elle 110


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et disais n'importe quoi je n'étais pas vivant pour elle d'une certaine façon je suis mort pour elle

le soleil sur le ficus — rêve de tropique

ils craignent le vent qui sournois fait volte face les chênes inquiets

créneaux sur le mur les ombres se fortifient — tuiles sablières

à peine vivant je trébuche sur la route dans l'ornière froide dans ma poche j'ai trouvé des miettes de pain sec un carré de chocolat fondu trois billes d'agate et un opinel rouillé ma mère n'a pas aimé le chocolat fondu je range ce souvenir et j'en prends un autre sans chocolat

un lambeau de rêve ondule devant mes yeux — serpent gueule ouverte

des rayons de plumes ont traversé mes paupières — je bois du soleil petite sœur comme une ombre sur la lune le vieux fou efface une à une les traces d’un furtif passage souviens-toi la nuit me soulève d’une main sans complaisance au dehors de moi

elle me prend à la gorge elle me tord le cou pour qui se prend-elle la nuit

le vent a tourné du profond de la vallée le bruit bat l'auvent

petite sœur dans l'incertitude je me rends à la nuit que tes certitudes éclairent ton sommeil

tous deux s'étaient encordés pour franchir la crête aride une corde si fragile un lien illusoire

05 janvier 2018 front sur l’avant-bras vautré sur la chaise instable j’attends son arôme je bois mon café sans soucoupe et sans cuillère une grande tasse à travers la baie

sur un feuillet d'or avec la cendre du cœur j'écris ton poème ce soir-là j'étais soucieux et sombre elle s'en moquait et cherchait la lumière son rire alors a soufflé la dernière étincelle peu à peu comme un rêve au réveil 111


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je m'efface je voudrais tout de même qu'une trace demeure pas un sourire, non je n'ai pas cette prétention une fumée seulement celle d'une chandelle consumée et son odeur âcre j'écrivais, j'écrivais des mots comme ils venaient j'écrivais "où es-tu mon amour" elle était dans la chambre et ronflait comme un phoque

06 janvier 2018 d’un trait de cuillère je dessine sur la mousse la carte du tendre c’est comme une danse mes doigts enlacent la tasse qui m’offre son anse un coup de vent et les feuilles mortes jouent comme des enfants un ciel indécis — ah que ne suis-je en accord avec moi-même trop doux pour janvier — le ciel peu tomber sur nos têtes à tout moment petite sœur petite fleur entre pavés et poussière tu as grandi de toutes les couleurs de tous les ciels de tous les vents image de sel un vent insistant encore et toujours qui dresse les feuilles sauvages

la main hésitante un selfy acrobatique rien ne le surprend nous sommes ensemble prêts à traverser la sieste à pas de matou sur le seuil de la nuit un dragon épais contrôle les billets pour demain je veux arrêter de creuser arrêter de croiser ses mimiques d’enfant je retourne sur la touche la partie est finie pour moi je retourne à quai le plein de vent et bon vent c’est l’heure profonde entre le large et le quai on retient son souffle la nuit me précède je n’aurai pour tout bagage qu’un vieux rêve usé sur le fil qui chante dans les jupons de la lune je suis funambule Croisant un ami au détour d'une allée avec un caddie débordant, il me demande : - "Ça va ? - "Très bien ! Et toi ? - "Ça roule ma poule ! Il y en a au moins un des deux qui ment. je m'écaille comme un vieux plâtre laissé à la pluie et aux saisons les mots devenus gris jonchent l'herbe folle à mes pieds immobile j'attends que le lichen ait raison de moi statue d'un ange déçu dans un jardin en friche 112


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c'est un cœur que broie la lune de son silence d'argent un cœur de nue et de brume un cœur sans élan

07 janvier 2018 le même plaisir renouvelé le matin — le premier café suffit les cuillères en tapotant la soucoupe je l’ai ébréchée il a nettoyé même ma tête le vent je vais m’enrhumer par la cheminée le vent trouve le moyen de rire en cachette j’ai eu beau semer les larmes de mes paupières le cœur reste sec je m’emmêle les arcanes je ne sais où sont partis les derniers mots que j’écris c’est galère entre les pannes petite sœur les feuilles mortes crissent sur les dalles comme elles je grince de tous mes mots comme elles je ne sais où me réfugier je remets de l’ordre dans ce vieux tiroir qui force un billet d’avion mille et une nuits j’ai rêvé de dormir sur un tapis volant elle me transperçait d'un regard sans compassion

qu'avais-je bien pu dire ou ne pas dire faire ou ne pas faire penser n'y plus penser ce soir-là à mes dépens j'ai appris que les perverses narcissiques peuvent exister aussi de nombreuses fois je me suis égaré sur ce chemin tordu embourbé dans l'ornière ou jeté sur le côté je revenais où tout commence et je commettais les mêmes fautes je ne saurais jamais jouer avec la vie inerte au nord de mon existence je l'attends d'un sourire dessert de la vie la mort

08 janvier 2018 matin goutte à goutte la cafetière distille un philtre odorant dans la tasse brune il se croit bien camouflé je bois sans pitié gouttes égarées dans le vent sous la colline arc-en-ciel fugace un matin venteux dans le ciel apeuré roulent des boules de plomb sous les arbres nus danse macabre des feuilles au bal de l’hiver petite sœur petite plage ton sable est devenu béton sous les yeux du vent salé 113


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dans tes coquillages ont n’entend plus la mer mais des cris de goule tes vagues culbutent petite sœur petite plage sur le bord du soir la pluie gifle les volets — ma gorge se noue la pluie soubresaute sur les tuiles de l’auvent — du vent la malice les ailes d’un anges ont saupoudré mes paupières de sable magique la pluie a cessé — les nuages lacérés traversent mon ciel la longue route commence chaque pas sera un rêve piétiné par la colère de m'être égaré brusque et brève averse la nuit et l'auvent ont soin de mon humeur sombre quand elle me regardait son sourire un peu triste et ses yeux profonds comme un puits avaient la douceur veloutée de sa peau d'abricot un rire éraillé une voix sans timbre et à peine tenue je fondais comme une glace framboise quand son silence disait je t'aime

09 janvier 2018 accomplir le rite de la dosette au bouton les paupières closes

l’esprit en vacance les yeux rivés sur la tasse perdu dans l’odeur sur l’herbe luisante une nuée d’oiseaux boit les gouttes de pluie midi l’heure atone entre café et whisky je suis indécis sur le bord du gouffre j’ai retenu le vertige mais elle est partie le soir bringuebale ma tête mal arrimée se cogne aux étoiles petite sœur tu sautes dans la pluie comme quand tu allais encore à l’école c’est pourtant là que tu as appris à fissurer le monde au bord d’un lagon sur du sable tiède et souple rêver de tendresse le train de nuit s’en va il danse sur ses rails et les portes claques palmier dans le ciel des poètes dans les nues un rêve décolle ma vie sans parenthèses n'aurait jamais été qu'un passage à la ligne nous riions sur son lit d'échanger des chatouilles sa bouche était offerte et mes mains si timides pourtant, pourtant ses lèvres sur mon cou n'étaient pas ambiguës comme une goutte de pluie 114


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du bout de la langue j'ai cueilli un papillon au fond dans la vallée deux trains se sont croisés dans un cri de souffrance la couleur des mots sur la toile du ressenti un pinceau vagabonde papillon, papillon de quelle fleur rêves-tu encore nous étions papillons sur les yeux de la terre deux pétales d'amour d'une fleur éphémère j'ai aimé ses caresses comme un chat qui ronronne mordant jusqu'à l'ivresse dans son verger d'automne avant qu'hiver n'arrive elle avait de mes charmes abandonné la rive me laissant à mes larmes

10 janvier 2018 senteurs de café — la cuisine enfin respire le volet ouvert une grande tasse un café double et serré voilà le remède le café prend l’air sur le bord de la fenêtre — attention aux gouttes croquettes du chat — de minuscules oiseaux se servent sans honte midi dépassé le dernier café se traîne un pur mal trépigne

le même ciel blanc court d’un horizon à l’autre sans prendre parti surprendre un regard sous ce loup de papillon yeux de ciel d'automne petite sœur d’un pas assuré je m’en vais je te laisse voler vers un horizon où je n’ai de place une reine fourmi a mille prétendants et pour finir sa vie elle mange ses ailes sur un quai de gare j’attends le train improbable — quelques jours encore voici l’heure grise l’heure de la brume humide tout mon corps frissonne mon ombre imparfaite s’est diluée dans la nuit — seul je m’accompagne oubliez le vieil homme il marche seul désormais dans la pénombre de ses rêves il ne sais pas oublier et le poids de sa besace le fait trébucher il se souvient de tous les sourires qu'il a reçu de vous de chaque murmure qui a caressé son cuir écaillé oubliez le vieux fou j’ai mangé ma nuit à coups de verres de trop — le sommeil me fuit rêver l’impossible dans la nuit noire et le froid quand le vent me gifle 115


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11 janvier 2018 pourtant il fait doux mais tu réchauffes tes mains autour de la tasse rassurant arôme tu le sais fort et capable de te protéger

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