Paroles suivantes(i)

Page 136

Paroles Suivantes

épaisse chaleur— le ventilateur poussif brasse de la poix

elle est cette larme qui serpente sur ma joue et puis s’évapore

ombre des barreaux — même le chant du loriot semble être encagé

après les orages les buissons de lauriers-roses trainent lamentables

une touffeur grasse sourd des murs et une mouche nage dans la glue

orage de grêle — répandues sur la terrasse les fleurs du laurier

cauchemars en miettes — l’aube traine les boulets des nausées nocturnes

désespérément la fourmi qui se noie tente de griffer la rive

Quel illusionniste a escamoté les mots qui parlent de doute ?

une larme qui s’égare et creuse la joue sous des yeux rougis

petite étincelle tu as rempli le néant de lumière

quand reviendra-t-elle s’abreuver dans le feuillage la frêle mésange

dans la nuit d’orage le grondement d’un éclair puis plus de lumière

la fin du printemps au milieu des rayons pâles prend des airs d’octobre

un profond silence accompagne la musique de la pluie de juin

un pesant silence puis un chien aboie au loin — le ciel s’enténèbre

la pluie sur l’auvent elle en aimait la musique — déjà le soir tombe

Que veut le loriot ? Tous les matins il serine la même menace.

d’un lent bâillement je bascule hors du sommeil — odeur de café

sur le sable le rond dans l’eau n’en finit pas de mourir

une ombre est venue avant que le soir s’installe — le ciel s’est couvert

matin en silence du soleil à la poussière tout reprend sa place

l’aube pointe à peine sa lumière vient d’entrer sur un chant d’oiseau

ses traits sur le sable les pensées vont et viennent — la journée s’attarde

de cet arrosoir ne coule qu’une eau amère pour me souvenir

la nuit sans couleur dans mon regard vague — ce matin les ans me pèsent 135


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.