Tout Court n°4

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Le Journal du Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble

INTER

MI-TEMPS 04/07/2014

EDITO Nous sommes le 4 juillet, en plein dans le vif du court-métrage. Pourtant c’est la « Journée morte pour une culture vivante ». Tel est le nom donné à ce 4 juillet 2014, Independance Day mais aussi date d’ouverture du festival d’Avignon, par les intermittents du spectacle qui sont décidés à faire entendre leur mécontentement suite à la réforme de leur statut toujours plus dégressive. Impossible de ne pas prêter main forte à ceux grâce à qui les festivals et la culture vivent en France. Pour cela, la séance en plein air de 22h est remplacée par un temps d’échanges et d’information avec les intermittents et précaires du CIP-38. Vous pourrez tout de même voir les films en compétition à 20h30 salle Juliet Berto. Mais demain sera un autre jour. Après ce bref « court-circuit » solidaire, férus de cinéma et insomniaques, vous êtes attendus à partir de minuit à la salle Juliet Berto pour 499,54 minutes (soit 8h32) de courts. Cette nuit le festival laisse carte Blanche à UniFrance, organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde, pour vous concocter une programmation éclectique et à l’image de la création actuelle. On vous pardonnera si vous flanchez le temps d’un court ou deux, même si vous prenez le risque à chaque instant de louper votre vie…heu, votre nuit. L.B.R


Communiqué de Presse Dans le cadre d’un appel national à la grève ce vendredi 4 juillet 2014 par les coordinations des intermittents et des précaires, et par solidarité, le Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble remplace la projection de 22h00, place Saint André, par un temps d’échange avec les intermittents et précaires du CIP-38. La séance de projection des films en compétition de ce vendredi est maintenue salle Juliet Berto à 20h30.

Image du jour

03/07/2014 - . Séance en Plein Air. Crédit photo : Maxime Levert

Citation du jour

« "Une auto-stoppeuse est une jeune femme, généralement jolie et court vêtue, qui se trouve sur votre route quand vous êtes avec votre femme." »Woody Allen

de la critique « Sans liberté de blâmer, il n’est pas d’éloges flatteurs » répondait Beaumarchais lorsqu’on lui faisait remarquer que l’art est difficile et, qu’à l’inverse, la critique est aisée. Déjà au 18ème siècle, l’écrivain français mettait en exergue l’importance de la critique dans l’art. Il pressentait par la même occasion un processus auquel nous assistons depuis quelques années : celui de voir, grâce à l’émergence du web 2.0, une prise de parole globale qui se traduit par une profusion de prises de positions et, par voie de conséquences, des critiques de plus en plus abondantes. Au bout de ce processus se trouve une conséquence au goût plutôt inattendu : celle de voir, pour paraphraser Laffer et sa célèbre courbe d’impôts, le trop de critique tuer la critique. La liberté de blâmer se trouvant de fait, par un improbable pied de nez de la liberté d’expression, mise en danger.

L’influence. Noyé, le blâme met donc de plus en plus de temps à se faire entendre, du moins quand il est prononcé de façon suffisamment audible dans ce brouhaha qu’est devenu notre monde interconnecté. Ce constat effectué, on peut alors légitimement se poser une double question : la liberté de blâmer est-elle en phase

de s’étioler ? Son impact s’est-il érodé au point de devenir nul ? De toute évidence et toute chose étant égale par ailleurs, le flux d’information qui touche le spectateur lambda est devenu si important que nul ne peut se targuer d’influencer de manière pérenne un public cible. Harcelé de toute part par des critiques antagonistes, placé sous le feu continu des discours opposés des médias et pressé par des communicants cyniques qui multiplient les fausses-vérités et organisent la désinformation collective, le spectateur se retrouve face à lui-même. Les goûts l’emportent donc, au grand désespoir de certains. Mais est-ce réellement une fatalité ? Selon un autre grand écrivain français, René de Chateaubriand, « le goût est le bon sens du génie ». Gageons que l’érosion annoncée du blâme saura sonner dans sa chute le glas de la critique de la critique, purement superflue et égotiste, et permettra la résurgence du bon sens. C’est dans cette optique que l’équipe du Tout Court tente avec humilité depuis le début de la publication de vous mettre au fait des dernières nouvelles du Festival, sans blâme ni tentative d’influence. Timothé Poulain et l’équipe du « Tout Court »


elsa diringer Réalisatrice de Réussir Pouvez-vous nous présenter votre film en quelques mots ? C’est l’histoire d’une fille qui est prête à tout pour réussir. C’est un film qui a été produit par un collectif de cinéastes auquel j’appartiens. Il s’agit là d’une collection de films sur le thème de l’amour. J’ai réalisé ce film avec des jeunes filles d’un lycée professionnel, nous avons écrit le film ensemble et elles ont joué dedans. Vous parlez du thème de l’amour mais le thème de la concurrence est très présent. Je suis arrivée au lycée avec le thème de l’amour mais en parlant avec ces filles, je me suis rendue compte que pour elles, l’amour passe toujours au second plan. Je leur ai posé la question : « Qu’est-ce que vous êtes prêtes à faire par amour ? » Elles m’ont répondu : « Rien. Les études avant tout. » J’ai trouvé dur de dire ça à 20 ans. Le thème des études revenait souvent dans nos conversations et nous avons donc choisi de travailler sur un personnage antipathique qui a envie de réussir mais qui a surtout peur de rater. Vous disiez qu’elles ne voulaient rien faire par amour mais pourtant il y a deux personnages importants dans le film : le petit copain de Lina et sa meilleure amie qui se sacrifie pour elle. Pourquoi ce paradoxe ?

L’amitié est plus importante pour elles. C’était un groupe où il n’y avait pas de garçon, le petit copain est un personnage qui a été fabriqué « hors-sol ». C’est le seul acteur professionnel du film car toutes les autres filles sont issues du lycée en question, les adultes ne sont pas des professionnels non plus.

Ce que vous avez vécu pendant le tournage doit être totalement différent de ce qui est représenté dans le film. Les tournages sont généralement des moments de communion. Ça s’est très bien passé. C’est un film sur l’égoïsme qui n’est pas le reflet de leur personnalité mais le reflet de leurs craintes. L’égoïsme arrive à son comble à la fin avec la trahison d’une « amie ». Ce qui nous vient à l’esprit, c’est donc que « la fin justifie les moyens ». C’est intéressant que les filles confirment qu’on ne vit pas dans une époque généreuse. Je les ai trouvées raisonnables et rationnelles dans leur façon de parler de l’amour, le film est le reflet de cette image. Le film provoque des réactions d’antipathie parce qu’on ne s’attache pas au personnage principal. Ce n’est pas le but, le but est justement de poser une question : comment est-ce qu’on arrive à s’emprisonner dans un système qui nous pousse à trahir ses amis et à vouloir sauver sa peau à tous prix ? Nolwenn Lagadec

Hichem ben ammar cinéma et Tunisie

L’art comme culture et la culture comme élément d’intégration sociale sont des notions qui vont de plus en plus de pair. On entend parler de démocratisation et de diversité culturelle depuis de nombreuses années et si des moyens existent vraiment pour mettre en œuvre ces notions utopiques de prime abord, le travail est long et demande d’être accompagné par des hommes de conviction.

Hichem Ben Ammar, semble-t-il, fait partie de cette catégorie d’artistes altruistes qui voit dans la création de films documentaires une approche anthropologique et citoyenne. Il développe actuellement une association, Les Caravanes Documentaires, dans le but de diffuser les valeurs qui transcendent ses films dans les régions de Tunisie qui n’ont pas de cinéma. Les Douz Doc Days, le festival lancé par l’association, aura lieu pour la 4ème fois en octobre 2014 à Tunis afin que le cinéma documentaire tunisien indépendant ait l’occasion de se rencontrer et d’avoir une vraie visibilité.

Hichem Ben Ammar est invité cette semaine au festival du Film Court en Plein Air de Grenoble en tant que membre du Jury International et pour venir discuter d’un autre projet : la création d’une cinémathèque tunisienne. L’idée ne date pas d’hier mais de 1951, avec la mise en place des Amis de la Cinémathèque française à l’initiative de la Fédération tunisienne des CinéClubs. Même si le projet de la Cinémathèque tunisienne a été reconnu comme association dès 1958, l’archivage cinématographique national (but premier d’une cinémathèque) rencontre beaucoup de difficultés. Avec le tournant politique que vient de vivre la Tunisie, Hichem Ben Ammar explique qu’«aujourd’hui, alors que le pays s’apprête à entrer de plain-pied dans la démocratie la question des archives doit être sérieusement remise à l’ordre du jour dans le cadre de la réforme profonde du cinéma en Tunisie». Dans le cadre du Festival, une table ronde va avoir lieu pour discuter de l’aide que pourrait apporter le CNC et la Cinémathèque de Grenoble pour l’accomplissement de ce projet. Lise Blein Renaudot


De la pellicule au numérique

Voici le temps des geeks et du tout-numérique. C’est pas nouveau d’hier mais la transition n’en est pas moins draconienne et elle concerne de nombreux secteurs dont bien sûr, celui du cinéma. Ce bouleversement technique demande une adaptation des salles de projection, des moyens d’archivages et déclenche l’arrivée d’un nouveau langage cinématographique. Et dans « cinéma », il y a plusieurs types de cinémas qui avalent plus au moins bien la pilule du numérique.

Projecteurs. Dès 2005, les salles de cinéma les plus à la pointe comme le Kinepolis de Mulhouse ont commencé à s’équiper en projecteurs numériques qui leur ont permis de proposer des films en 3D dont les spectateurs sont friands. Aujourd’hui, la circulation des copies des films se fait sur support numérique et non plus sur pellicule ce qui implique l’installation de projecteurs adaptés dans toutes les salles. Sachant qu’un projecteur numérique a une valeur de 40 000 à 80 000 euros, il est facile d’imaginer que dans ces conditions les petites salles indépendantes n’avaient pas les moyens de se les procurer. Mais comme la loi est bien faite et que le maillage du territoire en grand écran était sérieusement en danger, le Sénat a mis en place en 2010 une aide financière : la Virtual Print Fee (Frais de Copies Virtuelles en français). Le principe est que l’économie réalisée par les distributeurs (une copie de pellicule leur coûtait dans les 1 000 euros alors qu’une copie numérique en coûte 150), soit 850 euros par copie, est versée aux exploitants. Archives. Le 17 avril 2014, le journal Le Monde publie un article sous le titre « Le 7ème art va-t-il perdre la mémoire ? ». Déjà en 2007, l’Academy of Motion Picture Art & Sciences rédigeait un rapport nommé « The Digital Dilemma » qui soulevait de nombreux problèmes quant à la durée de conservation des films sur support numérique. Le rapport identifie de nombreux

risques comme les pannes, l’effacement des données suite aux passages des années ou encore les changements plus ou moins quinquennaux des formats par leurs fabricants.­ Comme l’explique ce rapport concernant les films en recherche de distribution : « les films indépendants qui essaient de trouver une distribution le font sur une période beaucoup plus longue que les films produits par les grands studios. Cette période de temps dépasse souvent la ‘durée de vie normale’ des travaux numériques qui sont ‘normalement’, rapidement sécurisés par la distribution ; les données numériques peuvent en devenir inaccessibles ». Une des clefs de la conservation numérique serait d’instaurer des normes mondiales de format mais cela reste à faire… A l’heure actuelle, le plus sûr reste donc le retour sur pellicule pour la conservation. Langage. La révolution numérique se répercute à tous les niveaux et comme lors de toute évolution technologique (du daguerréotype au Leica, du cinéma muet au cinéma parlant, du noir et blanc à la couleur…) le langage artistique s’en trouve modifié. JeanBaptiste Morain, des Inrockuptibles, constate : « Lynch a, semble t- il, renoncé définitivement à l’argentique, Coppola tourne désormais ses films en haute définition. On réalise désormais des films avec des téléphones portables, dont l’image est encore fragile, mais qui possède la poésie nuageuse des premières photographies de Nicéphore Niépce. » Certains grands cinéastes comme Raymond Depardon dans La vie moderne persistent à filmer en 35 mm pour conserver le style, mais ceux-là sont rares. Et même ses plus fervents admirateurs comme le réalisateur Antoine Besse, qui reprend le concept du film dans Le skate moderne opte pour la praticabilité et la qualité du DCP… Pour un résultat pas moins épatant… Rendez-vous ce soir Salle Juliet Berto pour le constater de vos propres yeux ! Lise Blein Renaudot

Entendu aujourd’hui

Mais c’est trop bien ce truc ! [une spectatrice]

a,b,c... Lexique

35 mm : Le format 35 mm est un standard de pellicule photographique d’une largeur de 35 millimètres. Le défilement standard pour le cinéma est d’environ 52 images par mètre, exactement 27 mètres par minute de vitesse moyenne. La longueur moyenne d’une bobine de 90 minutes est donc de 2,5 km.

DCP : Un Digital Cinema Package (DCP) est l’équivalent en cinéma numérique de la copie de projection, qui en cinéma traditionnel (en argentique) se présente sous forme de bobines de film argentique 35 mm. Daguerréotype

: premier procédé photographique utilisé commercialement mis au point par Louis Daguerre en 1835. Rapidement, un exubérant marché de portraits vit le jour. À la fin des années 1840, on va jusqu’à utiliser des mécanismes de maintien du corps et de la tête, afin d’ajuster sa posture et de s’assurer de son immobilité, seule garantie de la netteté de l’image. Les temps de pose pouvant être de plus de 30 minutes.


les coulisses L a P ro j e ct i o n

Crédit photo : Nina Moro

Le métier de projectionniste n’est pas une sinécure : fastidieux et très technique, il est aussi totalement caché du regard du grand public. Mise en lumière d’hommes et de femmes qui demeurent dans l’ombre. Sylvain Crobu, la trentaine, les cheveux coupés courts et les yeux d’un profond bleu, sous ses faux airs d’Arjen Robben, est le projectionniste de la Cinémathèque de Grenoble. Et en ce moment en plein festival, lui et son assistante Alyzée Goovaerts sont littéralement au four et au moulin. Car contrairement à ce que l’on peut penser (mais qui pense réellement cela ?), les projections du Festival de Film Court qui commencent à 14h30 pour se finir aux alentours de 2h du matin… ne se font pas seules. Ce sont des professionnels de l’image et du son, spécialistes de la projection en plein air comme en salle qui font « tourner les bobines ».

?

La prochaine fois que vous entrez en salle ou profitez d’un court sur la place St André, regardez de l’autre côté de la lumière blanche, celle qui projette les images à l’écran. Derrière les petites particules qui flottent dans l’air, vous les verrez, ces spécialistes. Ils s’assurent que la bobine (ou le DCP) se déroule bien, que le son est bien réglé, que l’image est bien contrastée, que l’enchainement des films se fait sans accroc et de bien d’autres choses encore. S’il y a bien une caractéristique commune à tous les projectionnistes du Festival (Sylvain Crobu et Mani Isaac), de France et de Navarre, c’est la pression. Car l’attente des spectateurs n’a d’égale que le perfectionnisme de ces professionnels. Leur attention est donc sans cesse requise et leurs gestes se doivent d’être aussi précis que ceux d’un chirurgien. Un métier anxiogène donc, mais pour un résultat de qualité qui ne cesse d’émerveiller. Timothé Poulain

C’est quoi un court ?

« Quand on parle d’un film comme « La Jetée » de Chris Marker, on ne dit pas que c’est un court-métrage alors qu’il dure moins de 60 minutes. Je n’ai pas de notion de court ou de long métrage : c’est un film. » Yann Flandrin, Vice-président de la Cinémathèque de Grenoble

JEU

Réponse du «Tout Court» n°3 : Un grand bol d’air pur Chaque jour un plan est capturé d’un film en compétition projeté le soir-même. Chers lecteurs, l’équipe du «Tout Court» met à l’épreuve votre mémoire de spectateurs.

A quel film court appartient cette image ? Le gagnant tiré au sort se verra offrir un tee-shirt rouge de la Cinémathèque.

La réponse dans le Tout Court de demain


Programme AUJOURD’HUI

DEMAIN

Vendredi 4 Juillet

Samedi 5 Juillet

Reprise Regards 2 18h00 - cinema le club (grenoble)

Séance Jeune Public 14h30 - salle juliet berto

Débat avec les réalisateurs (3) 18h30 - salle juliet berto

Focus - Christophe Loizillon 16h30 - salle juliet berto

Reprise Compétition 2 20h00 - cinema le club (la cote st andré)

Reprise Regards 3 18h00 - cinema le club (Grenoble)

Compétition Programme 4 20h30 - Salle juliet berto

Débat avec les réalisateurs (4) 18h30 - place saint andré

22h00 : La séance sur la place est remplacée par un temps d’échange avec les intermittents et précaires du CIP38

Compétition Programme 5 20h30 - Salle juliet berto 22h00 - Place saint andré

Nuit Blanche - Carte Blanche à UniFrance 00h00 - Salle juliet berto Compétition Programme 4 Les Petits cailloux de Chloé Mazlo

Débat avec les réalisateurs (5) 22h30 - Salle juliet berto « The Mass of Men » - Grand Prix 2013 23h30 - place saint andré

Sortie de route de Tristan Aymon, David Maye

Palmarès 00h00 - place saint andré

Le Skate moderne d’Antoine Besse Serori de Pedro Collantes

Rediffusion des films primés 00h30 - salle juliet berto

Baby Phone de Olivier Casas La Vie de chantier de Yann Pierre

Compétition Programme 5 Où je mets ma pudeur de Sébastien Bailly L’Être venu d’ailleurs de Guy Bordin et Renaud De Putter La Virée à Paname de Carine May et Hakim Zouhani The Rising de Nick Jordan La Bête de Vladimir Mavounia-Kouka Solo Rex de François Bierry

Imprimé sur papier recyclé

Vote du Public

Retrouvez toute l’actualité du festival sur festival.cinemathequedegrenoble.fr

Mardi : Shadow Mercredi : Du Grain à Moudre Jeudi : Un grand bol d’air pur

La Cinémathèque de Grenoble organise le Festival du Film Court en Plein Air depuis 1977. Couverture : Le Skate Moderne d’Antoine Besse

Directeur de la publication : Guillaume Poulet / Rédactrice en chef : Laetitia Boulle / Rédaction : Lise Blein, Nolwenn Lagadec, Marie Lemoine, Timothé Poulain / Mise en page : Marie Lemoine

Mail : festival@cinemathequedegrenoble.fr Site internet : www.cinemathequedegrenoble.fr 4 rue Hector Berlioz 38000 Grenoble 0476544351


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