Tout Court n°3

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Le Journal du Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble

Ce soir

Frissons et Canicule

03/07/2014

EDITO Jour 3 : C’est parti pour encore plus de courts ! Hier se tenait le premier débat réalisateurs sur la place Saint André animé par Sylvain Angiboust avec la présence de Daniel Metge, réalisateur de Poussières et Romain Laguna, réalisateur de Bye bye Mélancolie. Après deux jours de projections, qui ont vu Du grain à moudre, le film de Sonia Larue remporter le vote du public d’hier soir et Shadow de Lorenzo Recio celui de mardi soir, chacun a pu reprendre des forces pour attaquer la 3ème journée du festival ! Aujourd’hui, le Festival du Film Court en Plein Air vous offre une journée sans répit : pour commencer, vous pourrez profiter d’une séance Regards, puis d’une rencontre spéciale Hichem Ben Ammar qui sera suivie d’un débat réalisateurs. Après la projection des films en compétition, (re)découvrez le film Amal, qui a remporté la Coupe Juliet Berto l’année dernière. Pour finir en beauté, n’oubliez pas la séance de minuit programmée par Sacrebleu Productions !

Bonne soirée sous les étoiles !

N.L.


Communiqué de Presse Dans le cadre d’un appel national à la grève ce vendredi 4 juillet 2014 par les coordinations des intermittents et des précaires, et par solidarité, le Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble remplace la projection de 22h00, place Saint André, par un temps d’échange avec les intermittents et précaires du CIP-38. La séance de projection des films en compétition de ce vendredi est maintenue salle Juliet Berto à 20h30.

Image du jour

02/07/2014 - Préparation de la séance en plein air . Crédit photo : Nina Moro

Citation du jour

«" Bien qu'on ait du cœur à l'ouvrage, l'Art est long et le temps est court." Charles Baudelaire

Le coup de coeur de la rédaction

DU GRAIN A MOUDRE DE SONIA LARUE Donner du grain à moudre, c’est donner l’occasion d’agir. Sonia Larue s’est offert une magnifique chance de le faire à travers son film au titre éponyme. Retour sur un court riche en émotions. Laurent, le personnage principal, a l’esprit un peu décalé. Dès les premières minutes du film, cet homme plein d’énergie dévoile l’abîme entre deux manières de vivre : le rythme frénétique de Paris et le calme de la Bretagne profonde. Suite à l’appel au secours de sa sœur, Laurent débarque en catastrophe au domicile familial. Or, une fois arrivé, rien ne se passe, même si la pudeur familiale dessine progressivement les contours des relations douloureuses entre les trois générations présentes. Laurent retrouve sa place de petit garçon protégé, perdu entre trois femmes fortes qui se doivent de le rester. Il lui semble impossible de vivre avec elles en affirmant son caractère d’homme. Dans cette campagne rude, cacher ses émotions, ne pas aborder les sujets douloureux,

est la ligne de conduite qui fait disparaître, momentanément, l’existence des problèmes. Dans ce foyer, les femmes occupent toute la place, le fils couvé a quant à lui tenté de trouver la sienne ailleurs. Anne Benoît tient le rôle de la mère, une femme massive, forte, aimante et qui ne laisse pas son fils entrevoir sa fragilité. Le rôle de la mère solide est marqué par ce personnage, à l’image des femmes bretonnes de l’époque qui ne laissaient rien paraître de leur sensibilité intérieure. Marie Nicolle, interprète le rôle de la soeur forte et contemporaine qui nous montre l’authenticité de la femme moderne dans la société : une femme qui souhaite prendre exemple sur la solidité de sa mère tout en dévoilant son caractère de jeune femme. Ce personnage marque une nouvelle fois la place maternée de Laurent, avec des rôles de frère et de sœur qui sont ici inversés. L’émotion est à son comble, nous tenant en haleine jusqu’à la fin, une chute inattendue et des acteurs à couper le souffle. La dernière scène révèle la beauté de ce film par un moment touchant dévoilant la sensibilité de Laurent... Enfin bref, une belle surprise. Un court plutôt long (43 minutes), à l’image d’un bel été en Bretagne : on ne voit pas le temps passer !

Nolwenn Lagadec


J a n

S i t t a

Ceux qui restent debout Les films en compétition du programme 2 présentés hier soir se trouvaient liés autour d’un thème particulier. Des études d’architecture des élèves de «Réussir» aux déambulations du personnage de «Land» dans un paysage sans cesse mouvant, des incroyables parcelles du monde présentées dans «Amasia» au paysage breton de «Du grain à moudre», nous avons été plongés dans une étude saisissante de la relation qu’entretient l’homme avec son paysage, son environnement. Nous avons rencontré Jan Sitta, le réalisateur de Ceux qui restent debout, qui rejoignait encore plus concrétement cette relation-ci. Dans ce film, nous sommes confrontés aux images intenses des personnages sans abri dont les corps s’ancrent dans le paysage urbain, pour s’y fondre réellement. Jan Sitta nous explique ce qui l’a inspiré pour ce scénario : il y a plusieurs mois, le

réalisateur a fait la rencontre d’un jeune homme qui s’est fait renvoyer d’un centre social et qu’il n’a plus jamais revu. Ce scénario, inspiré de cette expérience qui a bouleversé le réalisateur se trouve alors entre écriture thérapeutique et souffle libérateur. Mais Jan Sitta fait le choix de donner le rôle du personnage principal à une comédienne, par prise de distance. Cependant, il nous livre une anecdote : la comédienne, Louise Szpindel s’étant coupée les cheveux avant le tournage, nous sommes amenés à douter de son identité, ce qui a plu au réalisateur. Jan Sitta, habitué aux documentaires, nous met face au réel pour la première fois à travers une fiction. Les plans nous renvoient en pleine figure des sensations tels que la peur ou la colère, mais aussi le désespoir et la solitude. Sophia se retrouve telle une fourmi dans une fourmilière, finit par se fondre dans le paysage urbain trop grand pour elle, le regard rivé sur une infinité de façades, de fenêtres, tels des alvéoles de ruches dans lesquelles elle ne semble pas pouvoir construire sa vie. Marie Lemoine

Le cnc Centre National du Cinéma La création du CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée) en 1946 reste une spécificité française : une construction originale qui permet de développer une politique publique ambitieuse pour préserver et développer l’industrie de l’image animée. Établissement public, le CNC dispose de recettes affectées pour apporter des soutiens aux arts de l’image animée. Il est aussi une administration centrale, en charge de ce secteur sous l’autorité du ministre de la Culture et de la Communication. Chargé de financer les créateurs d’aujourd’hui et de demain, et de réguler les marchés du cinéma et de l’audiovisuel, le CNC assure également la mission d’entretenir et de valoriser la mémoire du passé. Venant au soutien des auteurs et des artistes les plus singuliers, il veille aussi à la santé d’une industrie qui les emploie. Depuis 2012, la direction du patrimoine

cinématographique du CNC a repris la tutelle de quelques cinémathèques. Audelà du soutien financier des institutions nationales (la Cinémathèque Française et la Cinémathèque de Toulouse) et des associations régionales (l’Institut Jean Vigo de Perpignan, l’Institut Louis Lumière à Lyon, Trafic Images à Angoulême, la Cinémathèque de Bretagne et la Cinémathèque de Grenoble), le CNC souhaite favoriser le dialogue et créer une synergie entre ces cinémathèques : en alimentant la réflexion sur la question du stockage numérique, en favorisant la réalisation d’économies grâce à des mises à disposition de savoir-faire entre cinémathèques, ou encore en permettant la circulation des œuvres…

Pour davantage d’information : www.cnc. fr et www.cnc-aff.fr Laetitia Boulle


Les techniques d'ANIMatION Synth é t isons « Il semble que le cinéma image par image, créant un mouvement artificiel va de plus en plus être supplanté par l’image de synthèse » déclare Olivier Catherin, chargé de la journée mondiale de cinéma d’animation et responsable du cendre de documentation de l’AFCA (association française du court-métrage). Tremblez ! animateurs de papiers découpés et de pâte à modeler. Diversité. De la création du folioscope en 1882 à l’apparition de la 3D et l’image de synthèse, en passant entre temps par le stop-motion, le dessin animé 2D et la rotoscopie, le 20ème siècle a vu défiler les évolutions techniques dans le cinéma d’animation. De cette longue et tumultueuse histoire, de nombreux noms source d’inspiration se sont immortalisés : Emile Cohl avec Les Fantasmagories, (premier dessin animé français en 1908) celui du canadien McLaren pour ses expérimentations sur pellicule, de Paul Grimault pour son magnifique dessin animé 2D Le roi et l’oiseau jusqu’à celui de John Lasseter et l’image 3D numérique de son long-métrage d’animation Toy Story… L’héritage que reçoivent les graines du

cinéma d’animation est riche et détient une large gamme de techniques qu’il est nécessaire d’explorer, de creuser ou de déterrer pour maintenir la diversité. Le marché local. Il est certain que des firmes-studios adeptes de l’image de synthèse comme Pixar ou Dreamworks ne jouent pas dans la même cours- que les studios ardéchois (Folimages) ou certaines boîtes de production française au nom patois (Sacrebleu Productions), et que leur hégémonie dans le domaine peut effrayer les jeunes pousses qui se voudraient plus alternatives. Pour le cinéma comme pour les légumes, les acteurs du cinéma d’animation doivent se mobiliser pour produire local et artisanal. Pour maintenir l’économie du cinéma d’animation en France, des réalisateurs engagés et bénéficiant déjà d’une certaine reconnaissance exigent que la production ne soit pas délocalisée. Cela a été le cas pour Persepolis de Marjane Satrapi, Le Petit Vampire de Joann Sfar ou encore Azur et Asmar de Michel Ocelot. Et ce qu’on a pas encore dit, l’essentiel, c’est qu’Olivier Catherin finit par cette péroraison la : c’est le genre qui supplante la technique et non la technique qui supplante la créativité. Et les festivals sont là pour maintenir cela. Lise Blein Renaudot

Entendu aujourd’hui Motus et bouche cousue jusqu’à samedi minuit...

a,b,c... Lexique

Animation traditionnelle en cellulose : (Voir Man on the chair de Dahee Jehong)1915 : invention des cellulos. C’est une feuille plastique transparente d’acétate de cellulose sur laquelle on peint à la main les différents éléments d’un dessin animé. Grâce à la transparence de ces feuilles, on peut superposer plusieurs cellulos et créer des scènes complexes sans tout redessiner à chaque fois.

Rotoscopie : (Voir La bête de Vladimir Mavounia-Kouka) La rotoscopie est une technique cinématographique qui consiste à relever image par image les contours d’une figure filmée en prise de vue réelle pour en transcrire la forme et les actions dans un film d’animation. La pixilation : (Voir Les petits cailloux de Chloé Mazlo) La différence entre

la technique de pixilation avec la technique du stop-motion réside dans le fait que nous ne travaillons pas qu’avec des objets immobiles mais aussi avec des acteurs réels. Dans ce cas de figure nous ne filmerons plus un personnage en plastique image par image, mais un homme, qui fige ses gestes à chaque mouvement.


les coulisses L ' é qu i p e v i d é o

Crédit photo : Sophie Mazenot Chappuy

Espace Interviews

Yann Flandrin, vice-président de la Cinémathèque et professeur aux Beaux-Arts revient pour nous sur l’histoire de l’équipe vidéo du festival. Voilà 4 ans que l’idée d’inviter des étudiants des Beaux-Arts et des lycéens pour réaliser des vignettes vidéos du festival lui est venue. Différents formats de réalisation ont été testés pendant ces années ; des vignettes « festives », diffusées avant chaque projection ou encore un long métrage midocumentaire mi- fiction de 52 minutes entrecoupées d’interviews de Michel Warren (fondateur du festival) et de Gilles Colpart (critique de cinéma).

Tous les jours, leur vignette est publiée sur le site du festival. Le rythme de travail est soutenu et la créativité stimulée. A leur côté, Tillyam Bourdon, étudiant en BTS audiovisuel, les aide à la réalisation technique, pour un rendu impeccable.

Pour cette 37ème édition du festival, les représentants des Beaux-Arts et de la vidéo artistique sont Alma Sauret et Guillaume Peruchon, étudiants en 3ème année. Les vidéos tendent vers l’abstraction, quelque chose qui ne soit pas trop orienté vers l’organisation et le déroulé pur et simple du festival. Yann Flandrin nous dévoile que les trois vidéastes en herbe ont choisi d’orienter leur travail sur la sonorité…

?

Parallèlement, une autre équipe composée de trois lycéennes qui ont choisi l’option lourde cinéma et de Nicolas Guméry, leur responsable, couvre toutes les interviews qui sont également publiées sur le site du festival. Nicolas (le beau type en short caché derrière sa caméra qui ère entre la Cinémathèque et la place St André) se charge aussi de réaliser quotidiennement des teasers dans le registre du reportage, cette fois dans le but de couvrir les évènements du festival et de restituer l’ambiance (exceptionnelle) des lieux. Ah oui, et paraîtrait même que les trois lycéennes nous concocteraient des vidéos humoristiques… Lise Blein Renaudot

C’est quoi un court ? « Une couleur, une émotion. » Romain Laguna, réalisateur de Bye bye Mélancolie

JEU

Réponse du «Tout Court» n°2 : Ceux qui restent debout Chaque jour un plan est capturé d’un film en compétition projeté le soir-même. Chers lecteurs, l’équipe du «Tout Court» met à l’épreuve votre mémoire de spectateurs.

gagnant A quel film court appartient cette image ? Le sort se verra

tiré au offrir un tee-shirt rouge de la Cinémathèque. Tentez votre chance et venez jouer en récupérant un coupon à déposer dans l’urne «jeu» à côté des urnes «prix du public».

La réponse dans le Tout Court de demain


Programme AUJOURD’HUI Jeudi 3 Juillet

DEMAIN Vendredi 4 Juillet

Reprise Regards 1 18h00 - cinema le club (grenoble)

Regards 3 14h30 - salle juliet berto

Débat avec les réalisateurs (2) 18h30 - Place saint andré

Séance Concours de Scénario 16h30 - salle juliet berto

Compétition Progamme 3 20h30 - Salle juliet berto 22h00 - place saint andré

Reprise Regards 2 18h00 - cinema le club (grenoble)

Reprise Compétition Programme 1 20h45 - Cinema Jean Giono (clelles) «Amal» Coupe Juliet Berto 2013 23h30 - place saint andré Carte Blanche à Sacrebleu 00h00 - Salle juliet berto Compétition Programme 3 Man on the Chair de Dahee Jeong Un grand bol d’air pur de Morgan Salaud-Dalibert La Lampe au beurre de yak de HU Wei Sans les gants de Martin Razy Rendez-vous avec Ninette de Souad Amidou Ogre de Jean-Charles Paugam

Débat avec les réalisateurs (3) 18h30 - salle juliet berto Reprise Compétition 2 20h00 - cinema le club (la cote st andré) Compétition Programme 4 20h30 - Salle juliet berto 22h00 : La séance sur la place est remplacée par un temps d’échange avec les intermittents et précaires du CIP38

Nuit Blanche - Carte Blanche à UniFrance 00h00 - Salle juliet berto Compétition Programme 4 Les Petits cailloux de Chloé Mazlo Sortie de route de Tristan Aymon, David Maye Le Skate moderne d’Antoine Besse Serori de Pedro Collantes Baby Phone de Olivier Casas La Vie de chantier de Yann Pierre

Mardi : Shadow Mercredi : Du Grain à Moudre

Retrouvez toute l’actualité du festival sur festival.cinemathequedegrenoble.fr

Imprimé sur papier recyclé

Vote du Public

La Cinémathèque de Grenoble organise le Festival du Film Court en Plein Air depuis 1977. Couverture : Man on the Chair de Dahee Jeong

Directeur de la publication : Guillaume Poulet / Rédactrice en chef : Laetitia Boulle / Rédaction : Lise Blein, Nolwenn Lagadec, Marie Lemoine, Timothé Poulain / Mise en page : Marie Lemoine

Mail : festival@cinemathequedegrenoble.fr Site internet : www.cinemathequedegrenoble.fr 4 rue Hector Berlioz 38000 Grenoble 0476544351


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