Tout Court n°2

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Le Journal du Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble

Courte PLUIE PLUIE de courts

02/07/2014

EDITO Jour 2 : Ca y est, le Festival est lancé, ça se presse en coulisses ! Hier, les locaux rénovés de la Cinémathèque ont été déflorés avec une inauguration haute en couleur, à laquelle a succédé l’ouverture du Festival. La place Saint André et la salle Juliet Berto sont devenues fourmilière. Des invités officiels aux bénévoles, de l’équipe aux professionnels du cinéma, ça court, ça parle, ça crie, ça rit, et surtout, ça se prépare au lancement des projections. Le Festival est en pleine effervescence, c’est intense, mais c’est un vrai plaisir ! Alors on rentre dans la cadence, on commence à rencontrer les réalisateurs, à découvrir les films, et tout ca, malgré la pluie ! M.L.


Image du jour

01/07/2014 - Première projection en plein air du Festival. Crédit photo : Maxime Levert

Citation du jour

«" Les pattes du canard sont courtes, il est vrai ; mais les allonger ne lui apporterait rien." Tchouang-Tseu

Le coup de coeur de la rédaction SHADOW DE LORENZO RECIO « J’ai tout donné au soleil, tout, sauf mon ombre » disait Guillaume Apollinaire. Cette citation, Lorenzo Recio se l’est sans aucun doute appropriée dans son dernier film au titre équivoque, Shadow, « ombre » en français. Dès les premières images, le ton est donné : Xia Shou, le personnage principal, exerce son art de montreur d’ombres dans un théâtre chinois. Le spectacle est ciselé, élégant, immaculé. Les ombres se distinguent avec grâce sur un fond lumineux pour une allégorie de ce qu’il va suivre, un condensé de la rhétorique du réalisateur. La rhétorique justement. Shadow tend à montrer que l’ombre n’est pas l’antithèse de la lumière, qu’au contraire elles sont deux choses qui parfois se combinent, plus ou moins harmonieusement. Ainsi Xia Shou, lorsqu’il rencontre une jolie blonde prénommée Ann, voit violemment les escarres de sa vie mis en pleine lumière. Son frigo est vide, les théâtres

où il se produit aussi. Mais l’apparition d’Ann, qui l’obsède rapidement, permet de mettre en relief ce qui lui fait réellement défaut : la braise de l’amour. Mais la braise est ardente et le montreur d’ombres ne tarde pas à se bruler. Xia Shou décide alors de tout tenter pour mettre la main sur cet amour qui lui manque tant, la sublime Ann. Se met alors en place un processus aussi poétique que kafkaïen qui aboutira à la disparition physique de Xia et à l’anéantissement moral d’Ann. De cette fragmentation exercée par la lumière (Xia disparaît car il ne la reflète plus, Ann parce qu’elle ne la dévie plus) nait une troisième entité à part entière, une entité dans laquelle se fondent harmonieusement les deux personnages principaux. Le fruit de cette fusion, le réalisateur le révèle au spectateur dans un dernier plan en apothéose noyé dans la lumière. Timothé Poulain


romain laguna Bye bye Mélancolie Pouvez-vous nous présenter votre film en quelques mots ? C’est une chronique de cœur blessé. Le film se passe le temps d’une nuit, un soir de 14 juillet, pendant que la France entière fait la fête et tire des feux d’artifice, deux jeunes paumés se rencontrent sur une aire d’autoroute : Morad et Emma. Qu’est-ce qui vous a inspiré ce scénario ? Au-delà des histoires je pense qu’il y a toujours des thèmes qui émergent malgré nous. Je traite souvent l’impuissance, l’incapacité à se définir comme un adulte… Mes personnages se cognent toujours à un monde rude et ont du mal à se définir, mais à la fin ils s’en sortent toujours à peu près. Pour la genèse de ce film-là tout est parti d’assez loin. J’ai fait un dossier d’enquête pour la Fémis sur le thème de l’aire d’autoroute, ce qui m’a amené à faire plusieurs rencontres, dont celle de Michel, un ancien routier. Il avait perdu son travail et sa femme, était SDF et vivait sur une aire d’autoroute depuis 10 ans. L’histoire de cet ancien routier m’a fasciné. Finalement mon film est assez loin de ce personnage mais j’ai voulu questionner ce que serait une vie passée dans ce lieu de passage. Je suis parti du sentiment de solitude et j’y ai greffé une histoire.

Il y a beaucoup d’émotion dans ce film. Etaitce une intention initiale ? J’aimais l’idée d’essayer de faire un film à fleur de peau, au sens métaphorique mais presque au premier degré aussi. C’est à dire que je suis collé à mes comédiens, je les filme beaucoup en gros plan. Cette impression que le personnage principal a une blessure, je pense que ça tient à l’acteur que j’ai choisi qui n’a pas un parcours classique. Il a atterri dans le cinéma un peu par hasard et a quelque chose de blessé et de meurtri en lui. Pourquoi avoir choisi ce titre ? Au départ le film s’appelait « Ni Dieu, ni prison », c’était quelque chose de très lourd. Le titre final je l’ai trouvé sur le tas, juste avant de finir le montage. Dans une discussion dans le film, Emma explique qu’elle aimerait s’appeler Mélancolie pour la musique que ce mot crée dans la bouche. L’idée était de faire écho à ce personnage dans le titre du film et aussi de rappeler la fin, lorsque Morad part de l’aire d’autoroute pour prendre sa vie en main. J’ai moi même réalisé plusieurs films mélancoliques et celui-ci était le dernier, d’où le titre. Des références cinématographiques pour ce film ? J’ai pensé à « Drôle d’endroit pour une rencontre » avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve. Lise Blein Renaudot

fe stivals connexion Ass e mbl é e G é n é ral e Hier aprèsmidi, au cœur du festival, se tenait l’assemblée générale de Festivals Connexion pour dresser un bilan des actions réalisées en 2013 et débattre des orientations pour 2014/2015. Au fait, Festivals Connexion, c’est quoi ? Festivals Connexion est une association qui regroupe les festivals de cinéma de la région Rhône-Alpes pour mutualiser des outils et permettre un partage d’expériences, afin d’améliorer leurs actions. L’association compte 53 festivals adhérents tels que le Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble, le Festival International du Film d’Animation d’Annecy, les États Généraux du film documentaire de Lussas, le Festival Lumière, … Le point d’honneur de l’association est le soutien au bénévolat, perçu comme un enjeu majeur des festivals de cinéma. Les

bénévoles sont des acteurs indispensables d’un événement culturel et c’est pourquoi Festivals Connexion souhaite dynamiser le bénévolat en facilitant leur intégration dans les organisations. L’association est un lieu ressource pour les festivals : mise en réseau des festivals, organisation de formations (découverte du cinéma d’animation, l’optimisation de sa communication web, l’animation d’une séance, …), soutien à la recherche de financements. Grâce au soutien de la région Rhône-Alpes, elle offre des goodies (sacoches, tour de cou, banderoles, ...) aux manifestations. Depuis l’année dernière, Festivals Connexion constitue des jurys au sein de festivals de cinéma de la région, qui sont composés de représentants de différents festivals, des bénévoles principalement. C’est d’ailleurs le cas cette année pour le Festival du Film Court en Plein Air de Grenoble qui accueille pour la première fois un Jury Festivals Connexion. Nolwenn Lagadec


Le court-metrage

Le court-métrage... Un format qu’on a parfois un peu de mal à appréhender et à reconnaître. On aurait tendance à penser que c’est un format amateur, sans grand intérêt, l’antichambre du long-métrage... Mais c’est un réel tremplin pour une entrée dans le monde du cinéma. Beaucoup de réalisateurs commencent leur carrière avec le court-métrage. Le cinéma, lui-même, est né sous la forme de courts-métrages... Des frères Lumières à Méliès, d’Edison à Emile Reynaud. Le courtmétrage, c’est une manière de démontrer un profond amour du cinéma avec souvent peu de moyens et celle de marquer les esprits. Car même si le court-métrage ne représente aujourd’hui qu’une petite

partie du paysage cinématographique international, il est avant tout un exercice de style. Comment, en peu de temps, rendre le spectateur curieux, attentif, et enfin, le surprendre. A la manière de la nouvelle pour la littérature, le courtmétrage doit contenir assez d’éléments clés pour donner au spectateur l’envie d’en voir plus, l’interpeller et le marquer. Par un scénario court et efficace, une esthétique saisissante et un ensemble surprenant et original réunis en moins d’une heure de film, le réalisateur donne à voir une œuvre qui suppose que ce n’est pas la dernière fois que nous entendrons parler de lui. Grâce aux nombreux festivals français organisés autour du projet de donner la parole au film court, celui-ci, grâce à des sélections et surtout des rencontres, parvient à émerger et rebondir pour prolonger, parfois, son chemin vers le long-métrage. Mais finalement, de nos jours, où l’omniprésence des images prend le pas sur les relations sociales, les images les plus courtes ne sont-elles pas les plus fortes, celles qui interpellent et marquent les esprits avec le plus d’efficacité... ? Marie Lemoine

Entendu aujourd’hui D’habitude une Cinémathèque c’est plein de poussière...

a,b,c... Lexique Bout-à-bout : On appelle un bout-à-bout une simple suite de plans qui ne tient compte ni du rythme ni de la longueur des plans filmés. Il s’agit d’un montage sommaire dans l’ordre du découpage technique ou du scénario, sans raccord affiné. On appelle familièrement cette technique un «ours». IMAX : IMAX, l’abréviation de l’anglais « image maximum », est un format

de pellicule ayant la capacité d’exposer des images d’une plus grande taille et d’une meilleure résolution. Le format IMAX offre une largeur de 69,6 mm* 48,5 mm… Ainsi trois fois plus de pellicule sont alors nécessaires lors de la prise de vues : un film de 90 minutes nécessite pas moins de 22 km de pellicule !

Rushes : Il s’agit de l’ensemble des prises de vues tournées durant le tournage d’un film. Les négatifs ainsi impressionnés sont tirés sur positif puis contrôlés par les cadres de l’équipe de tournage et la production. La scripte note ensuite les prises choisies, celles qui sont destinées au montage.


les coulisses L'équipe technique

Crédit photos : Maxime Levert.

Faire partie de l’équipe technique c’est du sport ! Et beaucoup de travail bien sûr pour une équipe composée d’environ 20 personnes : Jean-Louis Beaumier (le chef d’équipe), 15 bénévoles et 2 professionnels de l’entreprise EDS (L’Entrepôt Du Spectacle) qui gèrent la sonorisation et l’écran - la projection en plein air étant assurée par Mani Isaac, projectionniste professionnel. Les tâches de l’équipe technique ne concernent pas seulement le montage de l’écran gonflable, c’est aussi l’installation des barrières et des 500 chaises sur la place Saint André, ainsi que la sécurité du site pour éviter les vols et le vandalisme. Les membres de l’équipe se donnent rendez-vous tous les jours à 16h pour la mise en place et à minuit pour le démontage. Puis, entre-temps, ils gèrent la sonorisation des débats des réalisateurs et veillent à ce que les projections se passent sans encombre en montant la garde derrière l’écran. Leur présence est fondamentale afin que la soirée se déroule pour le mieux.

?

L’équipe technique est une équipe idéalement constituée : elle comprend 3 professionnels et de 2 à 4 bénévoles suivant les jours. Chacun a ses missions précisées en début de journée, les rôles changent chaque jour pour un roulement des techniciens (sur la place, derrière l’écran...). Tout est calé à l’avance afin qu’il n’y ait pas de moments « stressants » pendant la journée, sauf peut-être la plus grande crainte : la pluie et le vent... Il faut tout replier, et vite ! Descendre les enceintes et dégonfler l’écran pour les bâcher et les ranger à l’abri... A noter également qu’il y a 2 ans, le point faible des projections était la sonorisation : celle-ci s’est considérablement améliorée grâce aux compétences de Jean-Louis Beaumier qui a proposé son aide à la Cinémathèque. Depuis l’année dernière, l’acoustique a été revue. Le son est mieux orienté vers le public et offre dorénavant des séances plus confortables. Nolwenn Lagadec

C’est quoi un court ?

« Un exercice de style dont la magie tient au concentré de nombreux talents. Une gourmandise qui sait créer en quelques minutes un univers, une tension, une couleur. Un risque d’addiction. » Laetitia Boulle, chargée de communication et de conduite de projets de la Cinémathèque de Grenoble.

JEU

Réponse du «Tout Court» n°1 : Bye Bye Mélancolie Chaque jour un plan est capturé d’un film en compétition projeté le soir-même. Chers lecteurs, l’équipe du «Tout Court» met à l’épreuve votre mémoire de spectateurs.

gagnant A quel film court appartient cette image ? Le sort se verra

tiré au offrir un tee-shirt rouge de la Cinémathèque. Tentez votre chance et venez jouer en récupérant un coupon à déposer dans l’urne «jeu» à côté des urnes «prix du public».

La réponse dans le Tout Court de demain


Programme AUJOURD’HUI

DEMAIN

Mercredi 2 Juillet

Jeudi 3 Juillet

Débat avec les realisateurs (1) 18h30 - Place Saint André

Regards 2 14h30 - salle juliet berto

Compétition Programme 2 20h30 - salle juliet berto 22h00 - Place saint andré

Séance Hichem Ben Ammar 16h30 - Salle Juliet Berto

(en cas de pluie, séance en salle à 22h30)

Séance Format Court 00h00 - salle juliet berto Compétition Programme 2 Réussir de Elsa Diringer Land de Masanobu Hiraoka

Reprise Regards 1 18h00 - cinema le club (grenoble) Débat avec les réalisateurs (2) 18h30 - Place saint andré Compétition Progamme 3 20h30 - Salle juliet berto 22h00 - place saint andré

Ceux qui restent debout de Jan Sitta Amasia de Guillaume Renier, Adrien Bisiou, Gaëlle Seguillon et Fabien Kretschmer

Reprise Compétition Programme 1 20h45 - Cinema Jean Giono (clelles)

Du grain à moudre de Sonia Larue

«Amal» Coupe Juliet Berto 2013 23h30 - place saint andré Carte Blanche à Sacrebleu 00h00 - Salle juliet berto Compétition Programme 3 Man on the Chair de Dahee Jeong Un grand bol d’air pur de Morgan Salaud-Dalibert La lampe au beurre de yak de HU Wei Sans les Gants de Martin Razy Rendez-vous vec Ninette de Souad Amidou Ogre de Jean-Charles Paugam

Retrouvez toute l’actualité du festival sur festival.cinemathequedegrenoble.fr La Cinémathèque de Grenoble organise le Festival du Film Court en Plein Air depuis 1977. Couverture : Du grain à moudre de Sonia Larue

Directeur de la publication : Guillaume Poulet / Rédactrice en chef : Laetitia Boulle / Rédaction : Lise Blein, Nolwenn Lagadec, Marie Lemoine, Timothé Poulain / Mise en page : Marie Lemoine

Mail : festival@cinemathequedegrenoble.fr Site internet : www.cinemathequedegrenoble.fr 4 rue Hector Berlioz 38000 Grenoble 0476544351


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