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“Ne jamais couper le lien, remonter à lʼessentiel, avancer pour demain avec les fondements de la place de lʼemploi”, cette façon de voir et de procéder ne laisse pas indifférents syndicalistes et salariés de Bosal. Bien au contraire, la douzaine de personnes ayant fait le déplacement sait aussi que le soutien du PCF lors du conflit recouvre une détermination de base.

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M N CJ

Refuser le laxisme

Lʼadministrateur judiciaire, par un laxisme évident, a laissé faire beaucoup de choses, mais sa règle à lui était de discréditer le mouvement. Aujourdʼhui, les anciens salariés de Bosal sont livrés à euxmêmes, les informations sur tout ce qui touche les modalités de fin de contrat arrivent par bribes. Elles sʼéchangent dʼune façon informelle par chacun des salariés, sur le rôle du Pôle Emploi, sur le CRP (Contrat de reclassement personnalisé), le paiement des salaires de juillet, les éléments relatifs à la mutuelle, et surtout sur les droits découlant de cette situation. Mais ce qui revêt un caractère de défense, cʼest le maintien de la section syndicale, moteur dʼune réflexion collective à partir des aspirations de chacun des adhérents. La discussion sʼanime autour des prérogatives de la mise en avant dʼun projet industriel dans lʼenceinte même de lʼancienne entreprise. Les pistes privilégiées avec le maximum dʼinformations sont un constat à prendre en compte pour avancer et constituer un solide dossier pour se rapprocher de tous les interlocuteurs décisionnels, à commencer par le repreneur actuel. Lʼexigence de cohérence est incontournable. Lors des prises de parole, la caractéristique de refuser tout fatalisme rebondit sur la volonté de reconquérir un emploi industriel (Le commerce nʼest pas une finalité). La méthode pour ce faire sʼappuie sur des études de marché, de faisabilité, sur les perspectives. “Les pressions politiques, dira Bernard Blondel, existent avec la pertinence du rachat des bâtiments à hauteur de quatre millions dʼeuros. Cela va aider les salariés dans un dédommagement élémentaire, si en tant quʼélu communiste, je nʼavais pas réagi positivement, les salariés me le reprocheraient. Quant à une autre utilisation dʼune partie du bâtiment, cela est du domaine du possible. Mais en aucun cas, il ne peut y avoir de lʼamertume ; de la colère, oui, car cʼest un immense gâchis pour tous. Et la perte de la Taxe professionnelle est un vrai casse-tête.” Le (sale) rôle de Renault et Peugeot

Lʼautre hypothèse du repreneur Cintrax (avec le maintien de 140 emplois) nʼétait quʼun cas dʼécole et petit à petit lʼon apprend que Renault et Peugeot ont poursuivi le “sale boulot” en continuant à discuter avec le PDG de Bosal, Karel Bos, sur une production alterLiberté 62 n°875 - Le 21 Août 2009

native. Cela sʼest vu tout au long du conflit, avec la permanence de boutiques dits de l”After market” très rentables à la Chartreuse à Gosnay et à La Bassée, bien gardées à lʼabri du moindre soubresaut des salariés grévistes. Appréciations de la lutte

“Lʼaction, un acte de résistance sociale?”, cette question est fondamentale ; “nous avons fait ce que nous devions faire”, observent les syndicalistes. La dimension de la lutte nʼa pas été appréciée par tous de la même façon, ce qui est et fut dommageable à lʼexistence même dʼun combat uni comme ce fut le cas à Faurecia-Auchel. Dans la foulée, lorsquʼon nous annonce des reclassements en Hongrie pour 435 mensuels, cʼest du foutage de gueule. Personne sur les dix propositions nʼa accepté et nʼacceptera jamais. Pour Bosal, le pot dʼéchappement reste un bon produit, mais fabriqué ailleurs en Belgique, en Hongrie, en Espagne...” Henri Tobo, Bertrand Péricaud, mettent en cause les manœuvres des donneurs dʼordre (Renault, Peugeot) qui permettaient à Bosal de vendre à perte pour faire couler lʼentreprise et avoir lʼoreille des juges du tribunal de commerce dʼArras. La position de Daniel Cassier, le directeur du marketing, de relancer une activité commerciale nʼest quʼune suite logique dans une affaire qui dépassait de très loin les seuls enjeux de Bosal à Annezin. Depuis ces cinq dernières, la notion de fermeture était avancée par des syndicalistes de la CGT, renforcés dans cette position, par une récente expertise comptable. “Quant aux idées pour une relance industrielle, nous sommes là, toujours prêts à vous écouter, à vous aider, à vous épauler”, ajoutera Jacques Delelis. Le liquidateur a à répondre sur lʼactif et le passif de lʼentreprise, que compte-t-il faire ? La volonté politique est là, cʼest une notion de responsabilité que nous prenons en tant que militants avec nos expériences de combat, (à Testut, à Faurecia, par exemple).” La présence de lʼAutomobile et des équipementiers automobiles est à situer dans le cadre de la reconversion du bassin minier. Ce paramètre est toujours dʼactualité, cʼest aussi la base de la relance industrielle. Cela fait partie de la bataille politique et de son intensité. En ce milieu du mois dʼaoût, il est permis dʼimaginer les semaines qui vont venir avec lʼidée de reconquête de lʼactivité. Les points dʼappui existent. Pour Bernard Blondel, les convergences dʼintérêts entre élus politiques et salariés sont importantes. Les techniciens dʼArtois Comm font partie également de ces points dʼappui nécessaires autour de cette question cruciale quʼest lʼemploi et lʼemploi industriel. Aller le plus loin possible, dans cette voie. Rien nʼest à exclure.

Social PHILIPPE LAVERSIN, SYNDICALISTE :

P

“UNE LONGUE PROCÉDURE JURIDIQUE... POUR 30 EMPLOIS COMMERCIAUX À ANNEZIN !”

HILIPPE LAVERSIN, syndicaliste de la CGT, ne mâche pas ses mots, “ce qui était lourd de conséquences et dans le même temps insupportable, ce fut la longue procédure juridique ; commencée en janvier, elle dura sept bons mois et tout nʼest pas fini. Aujourdʼhui, beaucoup de mes camarades de travail soulignent le bien fondé dʼune prime de 13 000 euros (en incluant, une partie extra-légale)...

Après quelques semaines, on sʼaperçoit quʼil y a différents cas. Le dialogue est une bonne chose mais souvent ce fut à sens unique. Nous avions quelque espoir sur une reprise de 140 emplois, mais cʼétait sans compter sur lʼinstruction dʼun dossier par le haut avec des personnes influentes ; Daniel Cassier est dans ce cas, mais il nʼy pas si longtemps on pouvait évoquer avec lui le maintien dʼune activité industrielle, alternative. Cʼest pour cela que les nuances existent. Fin juin, à la CCI de Béthune, lʼadministrateur nʼa pas été convaincant ; il fut très indécis quant à la poursuite dʼactivités. Cʼétait déjà la projection dʼune disparition de lʼentité Bosal. Lʼindustrie dans notre région part en lambeaux. Le jugement du tribunal de commerce d'Arras permet 30 emplois commerciaux, c'est tout. C'est rien !” Les syndicalistes de la CGT avec le (bref) recul savent combien la division syndicale a été pilotée par la direction ellemême. Cʼest une tactique classique mais avec les “épisodes”

Pierre Pirierros

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judiciaires à répétition, le temps de la discussion était remplacé par lʼaction. Il y avait des priorités dans lʼorganisation de la riposte face aux administrateurs judiciaires qui, mécaniquement, ne jouaient pas un rôle de direction. Loin sʼen faut. Dans ce contexte précis, il est bon de rappeler le sale boulot de Renault et de Peugeot, pourtant propriétaires des moules et de certaines machines. L'emploi à Bosal ne les concerne pas. Rien nʼa été

actionnaires. La parade est habituelle. La façon de procéder du patronat est claire, depuis des années, cʼest en filigrane, une définition avouée de casser lʼemploi et les entreprises en pratiquant ouvertement ou pas des délocalisations. La direction de Bosal disait à voix haute quʼelle perdait de lʼargent depuis huit ans ; les salariés, eux, avaient des arguments de savoir-faire dans un produit bien spécifique, le pot dʼéchap-

épargné aux salariés de Bosal. Dʼune entreprise industrielle, il ne reste plus quʼune grande boutique qui livre les succursales automobiles.

pement, mais pas seulement. La question qui se pose est la poursuite de l'industrie dans le Pas-de-Calais. LʼAutomobile est une chaîne complexe avec dans la région trois constructeurs importants (Renault, PSA, Toyota) et 300 entreprises qui répondent à lʼappellation équipementiers automobiles. Les salariés de Bosal savent aussi que la question de l'industrie est une question politique.

Pour lʼemploi

Lʼemploi est la cible directe dʼune restructuration profonde dans un domaine - tel lʼAutomobile - où la crise actuelle fait office de bouclier expiatoire. La rentabilité est revue à la baisse, cette situation ne plaît nullement aux

Pierre Pirierros


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