CHRISTOS CHRYSSOPOULOS Mediapart Interview

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CHRISTOS CHRYSSOPOULOS Mediapart Interview VIDEO TRANSCRIPT http://www.dailymotion.com/video/xq7u77_christos-chryssopoulos-ladestruction-du-parthenon_creation?start=11&fbc=582

Comme écrivain vous n’échappez pas au monde où vous vivez. Même si j’ai travaillé et étudié à l’étranger… ..j’ai toujours senti que mon rôle, comme écrivain… Trouve sa pertinence en Grèce. Même si j’essaie d’être ouvert au monde. Et si j’essaie d’interroger la situation chez moi. Plus que tout, je crois que c’est à cela … ..qu’est appelée la littérature soulever des questions, rendre compte des contradictions du réel. Dans ce sens, venir de Grèce, aujourd’hui J’écris pour moi, pour comprendre où j’en suis... La société à laquelle j’appartiens… ..comment nous changeons dans l’événement. Alors, quand je parle de tout ceci, Ailleurs qu’en Grèce.. C’est d’abord pour soulever des questions A un niveau plus européen.. Ce que nous associons au paradigme européen Aide sociale, droits des travailleurs, filets de sécurité… Tout cela est en question. J'ai peur que nous en soyons aux regrets. Que nous ne puissions y revenir. C’est une situation générale en Europe… Pas seulement grecque. La ou Je De

Grèce est un bon exemple... plutôt l'expérimentation d'une ligne de pensée. rapprocherai ceci de la dernière phrase du livre, Giorgio Agamben, sur la profanation.


Même si vous prenez le Parthénon comme symbole d’une civilisation européenne ce que nous avons tous appris… Le Parthénon représentant les valeurs européennes.. Je pense qu’il a déjà explosé… Quand on voit la couverture de The economist ou Stern Une énorme Europe tombant sur le Parthénon… Il n’agit pas, pour moi, de la Grèce, Mais de toute l’Europe… Je ne sais pas quelle fut votre lecture du livre.. Toujours dans la même idée, L’écriture me sert d’instrument de compréhension. … je ne fais rien d’autre… Ma façon d’apprendre le monde est d’écrire. C’est pourquoi, des fois, il est difficile pour l’écrivain ..de parler de son travail. Parce qu’avant de formuler .. une idée, vous devez l’écrire. C’est comme une liposuccion de la pensée. J’ai essayé, délibérément, de ne pas me prononcer. Réussi ou pas, je ne dis pas si je suis d’accord, ou contre, C’est pourquoi lors de la publication du livre, Une polémique est née en Grèce. Différents bords pouvaient se l’approprier … De l’extrêmedroite, à l’extrême gauche… …on pouvait faire fonctionner… Le question était ou êtesvous ? Il y a eu un article intéressant demandant.. …si une telle littérature faisait la promotion de la violence Et la Grèce a une histoire de violence. J’ai répondu dans un article, disant que … si nous posions de telles conclusions sur un travail artistique.. c’en était fini de la fiction. Le livre est protégé par le mot « roman » sur la couverture… C’est pour cela que j’ai ouvert mon blog, Je n’y soutiens pas une position, Et ainsi j’en reviens à la question Ce que je demande, c’est que se passet’il.. Lorsque l’art est compris littéralement Et mal compris, donc. Si l’on veut agir contre une réthorique, D’exclusion, de haine, de racisme.. de pureté ethnique… On ne peut le faire par la création, l’argumentation.. philosophique, ni par une destruction symbolique De quelque chose. Le combat se mène.. Sur des bases pratiques, au ras des paquerettes,


Il faut protéger les gens, ouvrir des espaces De compréhension, de tolérance. Et tenter.. D’amener un changement politique. Il me semble que notre réalité est fragmentée… elle a de nombreuses facettes, se contredit, change.. En même temps, notre identité sociale varie aussi. Là, je vous parle je suis un écrivain grec. Ma mère me téléphone, je suis un fils. Je rentre auprès de ma femme, je deviens époux. Puis je donne un cours, je suis un prof. Nous changeons de casquette tout le temps… Mais en même temps le réel change rapidement . nos perceptions aussi. Il me semble que la littérature aujourd’hui, pour être pertinente, doit rendre cette complexité et cette fragmentation. En même temps, il y a cette part d’humanité profonde qui demeure C’est intéressant, comment on sauvegarde, On cultive son individualité, on préserve une image de soi A l’intérieur de cette complexité. Mon rôle, comme écrivain, n’est pas de fournir Une image lissée, mais de dire les contradictions, Les intérêts différents, c'estàdire .. Ce qui doit être pris en compte Pour former un ensemble politique. Oui, il y a une peur. Il y a instabilité. Il y a incertitude. Et je ne voudrais pas voir ce défi devenir une réalité paralysante. Parce qu’alors vous laissez l’initiative à ceux.. qui vous représenteront en votre absence. Un exemple clair et concret, parce que ..en parlant politique en termes abstraits Vous en perdez la nature systémique. La crise grecque quelle est notre tâche ? Nous devons développer de nouvelles compétences Pour nous adapter. Nous devons nous en sortir. Même si peur et incertitude influent… et cassent les projections que nous avons de nos vies ce n’est pas positif, bien sûr,ça n’a rien de galvanisant ! Mais cela ne doit pas amener à une position « apolitique ». Ce dernier livre est sur la rue. Le titre est..


« Une lampe entre les dents ». C’est une nonfiction. A ce moment là, je ne pouvais écrire une fiction, avec ce qui se passe à Athènes. C’est dur, et tragique, sous bien des aspects. C’est aussi très contradictoire. Ce n’est pas une totale dystopie. J’ai senti que la littérature devait poser une marque sur cette période historique. Alors j’ai pris trois mois… … d’octobre à décembre . Ca se passait en trois temps Je marchais dans les rues, écrivais mes impressions, Ecrivais la marche ellemême. Je parlais avec les sansabri de la ville, pas des interviews, des conversations amicales, je n’enregistrais rien.. ..je n’avais pas de carnet de notes. La finalité était éthique, Il me fallait écrire la parole de quelqu’un. Quand quelqu’un vous parle, il y a plus que les mots, Sa façon de vous regarder,.. Le moment précis ou il vous parle. J’ai construit un cadre. Et c’est dit dans le livre, ces dialogues sont écrits comme tels, brut de décoffrage. C’est ce dont je me souviens, le plus juste possible Marche, dialogues, et les photographies que j’ai prises. Ce sont les seuls « documents ». Avec quelques textes. J’ai donné le livre immédiatement à l’éditeur, Je ne voulais pas le retravailler. C’est un moment d’écriture. C’était risqué pour moi. Exprès je voulais prendre un risque. C’est la première fois que j’écris .. …sur quelque chose d’aussi proche, la première fois.. .. que j’écris au je. Il a été publié il y a mois en Grèce, et je crois que j’essaie d’y parler de la vie dans la cité, aujourd’hui.


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