Followed Magazine #31

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Followed - art de vivre - culture - sport et loisirs -

Cognac

Où l’art de bien vieillir

Ferrari

F8 Spider Enfin l’essai

Week-end en Champagne

République dominicaine L’autre paradis du cigare L 11742 - 31 - F: 6,90 € - RD

MIKE

HORN RÊVER EN GRAND

LES YEUX OUVERTS


ÉLUE PLUS BELLE VOITURE DE L’ANNÉE-FAI2020

35 ÈME FESTIVAL AUTOMOBILE INTERNATIONAL

THE GRAN COUPÉ

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Consommations en cycle mixte de la Nouvelle BMW Série 2 Gran Coupé selon motorisations : 4,9 à 8,0 l/100 km. Émissions de CO2 : 120 à 188 g/km selon la norme WLTP. BMW France, S.A. au capital de 2 805 000 € - 722 000 965 RCS Versailles - 5 rue des Hérons, 78180 Montigny-le-Bretonneux.


Le plaisir de conduire






ÉDITO

Pour ou contre

N

ous venons de traverser une épreuve inédite, que même nos anciens, qui pour certains avaient connu la guerre et l’Occupation, n’avaient un jour imaginée. Presque deux mois de confinement, cloîtrés chez nous pour tenter d’échapper à l’ennemi invisible, à cette menace terrible qui a fait prendre à nos élus des décisions incroyables. Incroyables et indiscutables. Fut un temps, il existait ce que beaucoup appelaient le « politiquement correct ». Aujourd’hui, il y a le « réseau socialement correct » : autrement dit, le fait que toute personne normalement constituée, douée de raison et, surtout, qui souhaite rester en vie sur ces réseaux, doit aller dans le sens de la majorité. En fait, dans le sens des bien-pensants qui, par la force des choses, deviennent majoritaires. On ne peut plus être contre, ni même envisager une discussion sous peine de se faire laminer par des commentaires assassins. Il faut être d’accord, lever son pouce, partager l’avis de tous, car c’est la vérité, rien que la vérité, je le jure. Encore plus que le coronavirus, cela m’a terrifié. Déjà, comment défendre la vérité quand elle n’existe pas. Car elle n’existe pas, en tout cas tant qu’elle n’est pas démontrée mathématiquement. Le reste, c’est de l’observation, qui varie selon le point de vue et les méthodes à disposition. Et parfois, faute de démonstration magistrale, la seule solution est de s’en remettre à des gens d’expérience, ou au temps si l’on en a. Je n’en veux pas au gouvernement : ils ont sans doute fait au mieux avec les informations dont ils disposaient. Avec leurs moyens d’observation. Peut-être y en avait-il d’autres. J’en veux à ces milliers de gens, anonymes ou pas, qui ne supportent pas que nous ne validions pas leurs choix. Il fallait rester chez soi, le dire, l’afficher, s’y plier sans discuter. Tout le monde a un avis, et peut même le partager. Mais de là à l’imposer... C. Boulain

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Couverture : Mike Horn par Simon Hofmann/Getty Images pour Laureus, retouches FLD Studio

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AT E L I E R D ’ H O R LO G E R I E F R A N Ç A I S E

PERFORMANCE & DISTINCTION se conjuguent dans le modèle Newport, une montre marine de caractère manufacturée avec précision en France, dans nos ateliers de Charquemont.


SOMMAIRE

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14 ➜ C ontributeurs : découvrez quelles sont les personnalités que nous sommes allés rencontrer pour vous Aventure 16 ➜ Mike Horn : rencontre avec l’explorateur sud-africain, entre son expédition risquée et écourtée en Arctique, sa participation au dernier Dakar et avant sa prochaine aventure

Futur 26 ➜ S anté : et si, dans un avenir proche, nous devions tous être vaccinés ? Comment ça se passe,

comment ça se développe, comment ça agit ? Nous nous sommes posé pas mal de questions après le confinement

Tendance 30 ➜ P our les pères : sélection de cadeaux fabuleux pour la fête des pères et après. Parce qu’ils le valent bien aussi Art de vivre 36 ➜ C ognac : rendez-vous en Charente, à Segonzac plus exactement, pour parler de cognac, de vieillissement 44

et de dégustation dans les chais de la très réputée maison Frapin ➜C igare : tous les ans, en République dominicaine, se tient de Festival Procigar. C’est juste avant les célébrations cubaines, avant le printemps, une occasion unique de venir découvrir la culture du cigare sur l’île d’Hispaniola

Culture 52 ➜ M usique : rencontre avec l’étonnante Lou Tavano, une chanteuse pas comme les autres qui s’amuse des mots 58

et se sent protégée quand elle est sur scène. C’est assez rare ➜C inéma : immersion dans le monde des décors de cinéma, des vrais, des réels, pas des animations 3D numériques qui envahissent nos écrans

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www.vincentgarson.com


SOMMAIRE Mode & Objets 66 ➜ H orlogerie : découvrez les dernières nouveautés des Salons horlogers... virtuels Sport & Loisirs 74 ➜ S urf : rencontre avec Jérémy Florès, le meilleur surfeur pro français qui se préparait à représenter notre pays pour l’apparition du surf aux Jeux olympiques. Ce n’est que partie remise

82 ➜ C hampagne : balade autour de la montagne de Reims, entre les vignobles et les crayères des plus belles maisons de champagne : Dom Pérignon, Moët et Chandon, Ruinart

Mécanique 94 ➜ F errari F8 Spider : essai – un peu particulier – de la nouvelle pépite Ferrari dans les lacets du col de Vence, dans l’arrière-pays niçois. Où comment profiter d’un V8 biturbo cheveux au vent

102 ➜ S alon (virtuel) automobile : présentation des nouveautés les plus notables de ce début d’année, que nous n’avons pas pu admirer sur les podiums du Salon de Genève. Et qui ne seront pas au Mondial de Paris, annulé

Bien-être 108 ➜ C ourse à pied : comment reprendre après des semaines, ou des mois, d’inactivité 114 ➜ C ontacts : retrouvez ici les coordonnées des marques citées dans nos sujets

Abonnements 111 ➜ Recevez Followed directement chez vous en édition papier ou en numérique sur votre smartphone ou tablette

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CONTRIBUTEURS

NICOLAS DE BOISCUILLÉ Défenseur des vrais décors de cinéma, Nicolas est capable de recréer une cour d’assises de A à Z pour quelques scènes d’un film. Juste pour que cela soit plus réel. Il a bien voulu nous expliquer comment il s’y prenait.

HAMLET ESPINAL Ancien « master blender » des cigares Davidoff en République dominicaine, Hamlet est aujourd’hui l’un des dirigeants de cette marque emblématique de l’île. Il nous a servi de guide lors du Festival Procigar.

JÉRÉMY FLORES Meilleur surfeur français depuis des années, spécialiste des tubes sur le circuit pro, Jérémy défendra les couleurs de la France aux JO de Tokyo... en 2021. Il nous en a parlé lors de son passage à Paris.

MIKE HORN Certains Français l’ont découvert à la télé, quand il donnait des leçons de survie en milieu hostile à des stars hexagonales. Mais ce n’est qu’une partie de la carrière de cet explorateur extraordinaire. Nous avons voulu en savoir davantage sur ses exploits.

THOMAS SORET Passionné de cognac, Thomas est en charge des relations presse et des visites œnologiques pour la maison Frapin, à Segonzac. Il nous a tout expliqué du vieillissement des eaux-de-vie lors de notre venue dans la région.

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FRÉDÉRIC PANAIOTIS

CMJ

Chef de cave des champagnes Ruinart, Frédéric nous a guidé dans notre découverte du vignoble champenois, entre Reims et Épernay, en passant par Hautvillers et au travers de la montagne de Reims.

N

LOU TAVANO La chanteuse Lou Tavano et son compagnon Alexey viennent de sortir leur nouvel album, Uncertain Weather. Ils ont pris le temps, juste avant le confinement, de nous en expliquer la genèse, autour d’un café dans la capitale.


L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération

Valentin Leflaive

UNE AVENTURE FAMILIALE


AVENTURE

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MIKE HORN RÊVER EN GRAND

Pour beaucoup d’entre nous, Mike Horn est un explorateur qu’il a fallu aller chercher sur la banquise de l’Arctique en plein décembre pour éviter une catastrophe. Mais cela serait trop réducteur que de résumer ce Sud-Africain de 53 ans à l’épilogue de sa dernière expédition. Observateur privilégié de notre planète, explorateur depuis près de trente ans, Mike Horn est à la fois un créateur de rêve et un agitateur de neurones. Rencontre avec un garçon qui rêve en grand. Propos recueillis par C. Boulain, photos E. Claret, D. Shamorov, Red Bull Media Pool

M

ike Horn vit en Suisse, mais est né en Afrique du Sud. S’il a, de la Confédération, l’accent de la publicité Ovomaltine des années 1980, il n’en a pas la ponctualité. Avec sa fille Jessica, il débarque en retard à notre rendez-vous. Il s’excuse platement, se présente poliment et broie la main qu’on lui tend. Ce n’est pas un jeu, juste une marque de fabrique, comme la tape dans le dos qui accompagne d’autres grands gestes amicaux : c’est franc, viril, intense, comme diraient des Anglo-Saxons. C’est Mike, quoi. Jeune Sud-Africain exilé en Suisse en 1990, sous l’apartheid, il a commencé sa seconde vie comme homme à tout faire dans une auberge de jeunesse, puis perchiste sur les pistes de ski, avant de devenir guide puis explorateur. Après, tout s’est accéléré, avec des expéditions tout autour de la planète, comme Latitude zéro, le tour du monde par l’équateur à pied et en bateau, ou l’ascension de cinq cols de plus de 8 000 mètres d’altitude sans oxygène, ou encore relier à ski la Russie au pôle Nord de nuit, mais aussi des émissions de télévision, comme The Island ou À l’état sauvage, sur M6, où ses aptitudes à survivre dans des milieux hostiles sont mises en avant, et parfois mises en scène. Célèbre dans beaucoup de pays, il donne aujourd’hui des conférences où il raconte sa dernière expérience dans l’Arctique, dont son sauvetage épique, et donne quelques belles leçons de vie. Et en profite pour nous décrire ce qu’il observe, là où personne ne va, et où lui retourne parfois, dix années après. Une manière de tirer le signal d’alarme sur la dégradation de notre environnement qui ne peut laisser indifférent. Rencontre avec un mec qui fait ce que nous ne pouvons pas faire. Mais surtout qui voit ce que nous ne pouvons pas voir.

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AVENTURE

ENTRETIEN Comment un jeune Sud-Africain de 24 ans, sportif et établi dans la vie, atterrit-il en Suisse en 1990 ?

Parce que je voulais être libre. Je suis né dans une famille très sportive, mon père jouait au rugby pour l’équipe nationale. J’ai donc moi aussi beaucoup pratiqué, du rugby bien sûr, mais aussi du cricket ou de l’athlétisme. Mais j’ai grandi durant l’apartheid. Cela nous interdisait de voyager, d’aller concourir avec les autres sportifs dans les grands rendez-vous comme les Jeux ou les championnats du monde. Nous étions boycottés. J’ai grandi avec un esprit libre, mais j’étais pénalisé par quelque chose pour lequel je n’avais pas voté ! Après l’école et en parallèle de mes pratiques sportives, j’ai intégré les forces spéciales de l’armée sud-africaine, et je suis parti deux ans en guerre [la guerre des frontières, conflit entre l’Afrique du Sud et l’Angola qui dura plus de vingt ans, NDLR]. Il y avait plus de monde dans cette guerre qu’au Vietnam. J’ai passé deux ans dans la brousse, de 1985 à 1987. J’en suis rentré vivant, pas comme tous mes amis... Je me disais, peut-être que la différence, c’est que moi je partais à la guerre pour rester vivant alors qu’eux voulaient tuer des gens. J’étais dans une mentalité de survie. Je suis sûr que cela entraîne des actions différentes. Si on pense un peu différemment, on peut faire des choses que les autres ne peuvent pas faire. Cette envie de faire un tout petit mieux que les autres, je l’avais déjà dans le sport. Après la guerre, j’ai repris des études de psychologie et de traumatisme du sport. Puis j’ai travaillé pour une boîte familiale [celle de son oncle, NDLR] de vente de produits frais. J’avais tout ce que je voulais, une maison, une voiture, une moto, je pouvais faire plein de choses, mais je me suis rendu compte que je n’étais pas libre. Je me suis réveillé un matin et je me suis demandé : mais pourquoi ma vie est déjà finie ? Si je ne change pas maintenant, je ne le ferai jamais. Je suis allé voir mon oncle et lui ai dit que j’arrêtais à la fin de la semaine. J’ai fait une grande fête où j’ai donné tout ce que j’avais à mes proches, conservant juste un peu d’argent et quelques vêtements et je suis parti à l’aéroport pour prendre un avion et recommencer à vivre. Là, je suis en stand-by, dans l’attente du premier vol possible. À l’époque, seuls Israël, la Grande-Bretagne et la Suisse acceptent les Sud-Africains. Le premier vol, pour Tel Aviv, est déjà plein. Pas le second : il est pour Zurich.

Une fois en Suisse, comment a débuté votre carrière d’explorateur ?

Ça n’a pas été simple. Quand j’arrive, je ne parle pas bien français, ni allemand d’ailleurs. Depuis Zurich, je pars à pied vers Lausanne, je dors dehors, dans les églises, parfois dans les champs avec les vaches. Tous les jours (je suis à pied), je frappe à la porte des paysans pour demander le gîte contre des heures de travail. Mais quand on me demandait quel passeport j’avais, et que je répondais « africain du sud », on me disait tout le temps non. Pourquoi je suis puni pour quelque chose que je n’ai pas choisi ? J’arrive à Lausanne, à Montreux en fait, et un monsieur me dit qu’il faut aller dans le Valais, pour les vendanges, la cueillette des pommes. Qu’il y a là-bas du travail pour des gens comme moi. J’ai froid la nuit, je n’ai plus d’argent. Je me suis toujours astreint à une certaine discipline, être présentable, rasé tous les jours, propre, sans tatouage ni autres marques. Sans doute des valeurs inculquées par mon père, par l’armée aussi. Dans le Valais, je continue à aller vers les paysans, pour troquer du travail contre un peu de nourriture et une place où dormir. Mais je commence à voler, une tomate, une pomme, juste pour rester vivant. Je me rappelle un moment où je dormais derrière un cinéma : des gens m’ont dénoncé à la police, qui est venue m’arrêter. Voyant mon passeport, et que je n’avais plus d’argent, ils m’ont donné vingt-quatre heures pour quitter la Suisse. Me voilà reparti sur la route, à faire du stop : je voulais aller à Tel Aviv. Un type s’arrête, en 2 CV je me souviens, et me demande ou je vais. Je le lui dis et il répond que c’est pas possible. Qu’il peut m’avancer un peu, jusqu’où lui va, à Château-d’Œx où il habite. Je n’en ai jamais bougé. Je m’y suis posé, j’y ai rencontré ma femme, mes filles y sont nées, et j’y habite encore.

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Après être parti de l’Alaska avec son voilier Pangaea, Mike débarque sur la banquise de l’Arctique. Pour cent jours de marche afin de terminer son expédition Pole2Pole.

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AVENTURE

En 1997, il y a plus de vingt ans, Mike descendait l’Amazone depuis sa source jusqu’à Macapa, au Brésil, où le fleuve se jette dans l’océan Atlantique. Soit 6 700 km et 171 jours dans l’eau...

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Combien de temps s’est écoulé entre votre arrivée et cette « installation » ?

Trois mois environ. C’est à la fois court et très long quand tu n’as rien à manger. Cet homme, qui m’avait pris en stop, me propose de l’aider dans l’auberge de jeunesse qu’il dirige. Je lave, je nettoie, j’essaie d’être consciencieux et loyal. Le type me fait confiance, j’ai de l’énergie et je suis correct. Un jour il doit partir faire sa répétition militaire, qui dure trois semaines en Suisse, et il me propose de le remplacer. Et me voilà à gérer l’auberge. C’est aussi lui qui m’a expliqué comment on skie. Moi, je n’avais jamais vu la neige avant cela. J’ai trouvé une paire de skis pour monter les montagnes, je deviens perchiste sur ma pause de midi, sur les remontées. J’apprends de skier comme ça, à cette époque. Puis je passe des stages, je donne des cours, je deviens moniteur puis guide. Quand mon premier salaire tombe, j’ai 200 francs suisses en poche et je sors. Et je rencontre celle qui deviendra ma femme. Même si je tombe amoureux, ça ne se fait pas tout de suite, car elle est avec quelqu’un d’autre. Cela va prendre six à sept mois pour qu’elle devienne ma copine, puis ma femme, et la mère de mes enfants.

Comment êtes-vous passé de moniteur de ski à explorateur ?

Ce goût de l’aventure, je l’avais depuis toujours je pense. Mais je l’ai cultivé avec mes différents métiers en Suisse, professeur de ski, puis d’héliski, guide de montagne, de raft, de kayak. Et j’ai commencé à voyager, c’était plus facile avec la double nationalité. À 18 ans, je vivais à fond ma vie, ces années dans l’armée. À 24 ans, je me suis senti un peu mort. Or moi, je veux aller au bout, vivre tous les jours à fond la caisse. Et ma femme voulait aussi voyager, elle me permettait de faire tout ce que je voulais. Donc j’ai commencé à faire des trucs dingues. Les gens ont commencé à parler de ce type en Suisse qui n’avait pas de limite. S’il y a une cascade plus grande que les autres, il la descendra en raft ou en hydrospeed. Et si je fais un truc dingue, ça évite qu’un blaireau fasse mieux demain. Je veux faire des choses que les autres ne vont pas faire. Il faut avoir ce côté compétiteur, ça te pousse à t’améliorer. Quand j’étais jeune, j’ai eu peur de ne pas toujours faire plus. Je sais depuis longtemps que si je fais un tout petit plus que les autres, je peux gagner, je peux être meilleur. J’ai vraiment trouvé avec ces challenges un moyen de me sentir vivant. Ce sont ces objectifs, ces difficultés et ces obstacles à passer que je recherche. Je retrouve la liberté avec l’engagement, ça donne un sens à ma vie. Je ne le fais pas pour être connu, ça c’est impossible. L’aventure et les explorations, on doit les faire pour la bonne raison, sinon la vie va être courte.

C’est pour cela que vous avez arrêté les émissions de téléréalité ?

J’ai arrêté tout simplement parce que je ne voulais pas être connu pour cela, parce que je faisais de la télé. Je veux être reconnu en tant qu’explorateur, c’est toute ma vie, depuis près de trente ans. La télé, je ne veux pas dénigrer : c’est aussi parfois un support qui permet de passer un message, de communiquer. Mais la téléréalité, c’est pas vraiment la télé des réalités, avec les stars, où tout est mis en scène. Cela a sans doute plus endommagé mon image que ça ne m’a servi. Dans l’exploration, tu n’as pas besoin de notoriété, tu as besoin de rester libre. Si on trouve un format qui colle davantage à ce que je veux faire, on peut utiliser une plate-forme comme la télévision, car on touche beaucoup de gens.

Après presque trente ans d’expéditions autour du monde, quelle a été votre pire galère ?

C’est marrant de dire ça, mais je n’ai pas en tête une expédition en particulier. Pour moi, la pire galère, à chaque fois, c’est le moment entre deux expéditions, quand je les prépare. Tu dois trouver des sponsors, des gens qui croient en toi. Les gens sont toujours extrêmement négatifs quand je leur présente un projet. C’est dur de leur faire croire en toi et comme toi. Les gens te regardent bizarrement. Tu veux faire un tour du monde en suivant l’équateur, tu essaies de convaincre les gens que c’est faisable même si personne

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AVENTURE ne s’y ait jamais aventuré. Mais comment peuvent-ils le croire ? C’est toujours non, non, c’est impossible, tu vas mourir, on peut pas soutenir quelqu’un qui va mourir. C’est dur de convaincre les gens que tu ne vas pas y passer... La plus grande galère, c’est pas vraiment l’expédition, c’est avant. Car au moment où tu pars, c’est le plus important, tout devient réel, tout ce à quoi tu as rêvé, ça prend forme. À la fin, à chaque fois, je suis très triste, j’ai un énorme vide.

Et les plus beaux endroits, le meilleur souvenir ?

C’est sûr que pour moi, la première grande expédition, en Amazonie, restera le souvenir le plus fort, quelque chose à part. Pour cette première grande aventure, je n’y connaissais pas grand-chose. J’avais bien des notions de survie en milieu hostile, apprises dans les forces spéciales principalement, mais c’était un truc incroyable, l’expédition la plus importante de ma vie. En 1997, j’ai traversé le continent sud-américain dans la largeur, du Pacifique à l’Atlantique, remonté vers la source du fleuve Amazone, au sommet du mont Mismi au Pérou, puis, avec un petit flotteur, redescendu 6 700 km à la nage. Sur mon flotteur, avec des palmes : ça m’a pris 171 jours dans l’eau. D’autres expéditions, comme les sommets à plus de 8 000 mètres d’altitude, ou le tour du monde par l’équateur, à pied et en voilier, m’ont aussi marquées. Mais la première sera toujours la première.

Dans vos conférences, vous insistez sur la dégradation de l’environnement, sur ce que nous faisons de notre planète. Est-ce important pour vous d’y sensibiliser les gens ?

J’en parle parce que ça m’inquiète. Si vous allez une fois au Groenland, et que vous marchez sur une glace peu épaisse, vous marchez juste sur une glace peu épaisse. Parce qu’après vingt à vingt-cinq ans, je retourne là où j’étais passé, je vois des évolutions catastrophiques, aux mêmes saisons, aux mêmes endroits. Je suis allé quatre fois au Groenland, trois fois au pôle Sud, je peux vous assurer que quand on revient, on voit la différence, on perçoit une évolution inquiétante. C’est là où tu veux dire : « Eh ! les gars, mon terrain de jeu est en train de changer. Vous ne le voyez pas, mais moi si. Et c’est grave. » La nature change, cette conscience je l’ai depuis longtemps. Au début, plus parce que je m’inquiétais des changements de conditions, de cette glace plus fine, de cette eau plus chaude, de ces plaques de glace qui dérivent plus rapidement, et puis j’ai compris ce que cela impliquait, pour la préservation de la planète. Ne plus croiser d’ours polaires sur la banquise de l’Arctique en plein hiver, c’est terrifiant pour notre environnement. Je ne suis pas un extrémiste écolo, je suis juste un témoin ! C’est mon rôle. Je pense que les gens qui veulent grimper une fois l’Everest pour sauver la planète, c’est une connerie. Ils veulent juste grimper. Tu peux faire beaucoup d’autres choses. Moi j’aime pas mélanger les genres. Donne-moi de l’argent que je traverse le pôle Nord, mais on va dire que c’est pour l’environnement : c’est pas mon truc. Soit c’est pour l’éducation des générations à venir, soit c’est pour l’exploration. Il faut choisir. Mais je suis à un carrefour de ma vie, je pense que je dois aller un peu plus vers l’éducation. Je dois bien rendre ça à cette planète qui m’a donné tant.

Dans la foulée de votre dernière expédition, vous êtes parti faire le Dakar avec Cyril Despres. Beaucoup vous l’ont reproché. Vous en pensez quoi ?

Mon père, joueur de rugby, m’avait raconté une histoire. À la fin de sa carrière, on lui reprochait de jouer encore, disant qu’il devait laisser sa place aux jeunes : ça m’avait choqué. Et il m’a dit : « Tu sais, c’est comme dans la forêt, tu as des grands arbres, des petits, des très larges, très ronds, d’autres fins et très petits... Et quand il y a une tempête, ce sont les grands arbres qui prennent le vent. » Moi, je suis un grand arbre, ma tête dépasse, donc je prends les critiques. Mais mon tronc est gros et solide. Je ramasse du vent, juste parce que je suis plus grand. Mais je suis fait pour ça. Sur les réseaux sociaux, des gens ont arrêté de me suivre parce que je faisais le Dakar. Moi, l’explorateur qui défend l’environnement, dans un buggy dans le désert : je ne pouvais pas me justifier. Mais on me l’a reproché parce que

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Depuis plus de vingt ans, Mike Horn se lance dans des expéditions complètement folles, dans des endroits que peu de personnes verront un jour. Cela fait de lui un observateur privilégié de notre planète.

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AVENTURE

Mike Horn et Cyril Despres, ici au spot Commençal en Andorre, se connaissent depuis plus de douze ans. Mais le Dakar 2020, en Arabie saoudite, fut leur première aventure ensemble, à bord de ce buggy Red Bull. Et sans doute pas la dernière.

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je dépasse. Pourtant, c’était avec un buggy avec le plus petit moteur, qui ne consomme rien, et ceux qui me critiquent consomment plus avec leur voiture. On ne peut pas arrêter de vivre, de faire voler des avions, d’envoyer des cargos autour du monde. Il faut juste le faire correctement. J’accepte d’être critiqué, j’écoute les gens, mais je fais ce que je pense le plus correct à faire.

Comment êtes-vous arrivé dans le siège à côté de Cyril, quelques semaines seulement après votre expédition ? [Cyril nous rejoint.]

Mike : Pas quelques semaines, quelques jours. Ils m’ont récupéré sur la banquise le 30 décembre, je suis arrivé à Oslo le 31. Et je prenais l’avion le 2 janvier pour me poser à Djeddah, en Arabie saoudite, le 3 janvier au matin. Mon premier lever de soleil en trois mois. Cyril : Mike et moi, on se connaît depuis douze ans. Nous avions souvent discuté de faire un truc ensemble, mais nous n’avions pas trouvé d’opportunité. Au cours de l’année 2019, pour l’édition 2020 du Dakar, je décide de ne pas repartir. Je ne dis pas que j’en ai fait le tour, car je n’ai pas encore gagné en auto, mais je veux autre chose. Ce qui est confortable, c’est que Red bull me suit quel que soit mon projet. Ils me disent qu’ils ont un petit team de trois Américains engagés sur le Dakar, des juniors, et me demandent si je veux bien les coacher. On est début septembre, je vais au Maroc pour jauger ces gamins de 17, 20 et 22 ans. Nous allons à Narbonne faire des tests, puis en Andorre. Mais ça va pas le faire avec le plus jeune, je m’en rends compte en novembre. Red bull me dit : « On a trois voitures, faut qu’elles partent, donc prends-en une. » Je veux bien partir en coach, mais avec un autre mec qui est comme moi. J’ai l’idée, je pense à Mike et j’appelle les filles [Jessica et Annika Horn, NDLR]. On est fin novembre, à un mois du départ en gros. Mike est en route pour l’Arctique, sur la glace. Ça va être fun, mais si Mike vient. Les communications se font par satellite, les filles appellent, échangent des messages pour m’annoncer finalement que papa a dit : « Let’s do it. » On met en place plein de scénarios, quels casques, quelles combinaisons, il fera quel poids... et quand arrivera-t-il ? Je dis à Red Bull qu’on n’annonce rien, on ne peut pas. En fait, tu ne peux changer qu’un seul nom sur la liste des engagés, et moi je ne suis pas inscrit pour ne pas attirer l’attention des médias. À ce moment, on a J. Duran et M. Horn. On ne pouvait pas mettre Cyril Despres et Mike Horn, cela aurait fait trop de buzz. Avec toujours la possibilité que Mike ne soit pas là. Nous avions bien une solution de rechange, avec une des filles de Mike à sa place, parce qu’on peut changer le prénom... Le 3 janvier, ils débarquent à 6 heures de matin à Djeddah. À 10 heures c’est le briefing, puis testing. La première fois que Mike découvre un road-book et la voiture. Le 4 janvier, le buggy est en parc fermé pour un départ le lendemain. C’était chaud. Nous avions élaboré des plans A, B, C et même D, en fonction du déroulement de son expédition au pôle Nord. Et je crois que nous avons finalement pris le plan Z. Mais ça s’est bien passé, même si nous avons dû donner notre moteur à un des juniors pour qu’il finisse. C’était dans le contrat, nous étions là pour les coacher.

Mike, après une expédition qui aurait pu très mal tourner, et plusieurs fois le tour du monde, à pied, à la voile ou à la nage, que vous reste-t-il à faire ?

Là, je suis dans une tournée de conférences [interrompue durant la crise du coronavirus, NDLR], c’est une manière de partager. J’aime recevoir l’inspiration, mais aussi la rendre. Je pense que pour moi, je peux pas dire que c’est ce que je préfère. Si je peux faire sans conférence, je le ferai sans doute, mais cette envie de partager est vraiment là. De plus en plus. Montrer aux gens que tu es juste normal comme eux. On va faire quelque chose avec Cyril, mais je pense davantage à quelque chose avec de l’hydrogène. C’est, je suis sûr, l’avenir du sport mécanique. Avec les changements qu’on voit dans notre climat, il y a urgence. C’est bien de grimper sur une montagne pour se sentir vivant. Mais l’urgence c’est d’essayer de sauvegarder notre planète.

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FUTUR

Qu’est-ce qu’un

VACCIN ?

Alors que la course au vaccin contre le Covid bat son plein, quotidiennement émaillée d’annonces aussi spectaculaires qu’obscures, nous avons eu envie de nous poser un peu. Et de comprendre en quoi consistait au juste ce procédé vieux de plusieurs siècles que beaucoup voient comme l’avenir du nôtre. Textes A. Bloch

H

istoriquement, pour tenter de protéger les populations contre les maladies, on a organisé des contaminations par les porteurs qui paraissaient les moins gravement atteints. Ou par des infections qui semblaient proches, mais moins dangereuses. Le terme même de vaccin est d’ailleurs un clin d’œil à cette seconde technique, car à compter de la fin du XVIIIe siècle, on a combattu la redoutable variole humaine par l’exposition aux stigmates d’une maladie qui lui ressemblait, mais ne touchait gravement que des animaux : la vaccine. Sans avoir encore la moindre idée des mécanismes à l’œuvre, on avait donc l’intuition, confirmée par la pratique, qu’une première infection maîtrisée pouvait protéger d’une nouvelle rencontre avec le même germe. Germe qui peut être un virus, mais aussi une bactérie (on regroupe les deux sous le nom de microbe), voire un parasite. ➜ C’est à partir de Louis Pasteur que l’on a commencé à comprendre le pourquoi du comment. Que nous explique le professeur Patrice Debré, immunologiste membre de l’Académie de médecine (*) : « Quasiment tous les organismes

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vivants ont une immunité innée, qui lutte en permanence contre toute substance anormale entrant dans l’organisme. Mais l’homme fait partie des rares espèces qui ont aussi une immunité acquise. Beaucoup plus évoluée, elle s’adapte aux germes qu’elle rencontre, ce qui lui permet de se spécialiser. » En exposant prudemment l’organisme à un agent infectieux, on permet donc au système immunitaire, à commencer par les fameux globules blancs, de faire sa connaissance. ➜ Parmi ces globules blancs, certains (les lymphocytes B) produisent des anticorps, qui repoussent l’intrus (ou le mangent, littéralement) avant qu’il n’entre en contact avec des cellules saines. D’autres aident ces cellules à ne pas être infectées, ou détruisent celles qui le sont. Lorsque, tous ensemble, ils parviennent à maîtriser la situation, ils retombent en sommeil, mais un certain nombre d’entre eux conservent l’événement en mémoire : cet entraînement leur permet donc de réagir plus rapidement et efficacement en cas de nouvelle exposition. Mais pour qu’ils ne soient pas débordés par la situation, il ne faut pas que le germe soit en


pleine forme. On peut ainsi l’affaiblir (comme pour le vaccin BCG), par exemple en le forçant à s’adapter aux cellules d’une autre espèce ou à une température différente de celle du corps humain : l’inconvénient est que le risque de développer la maladie à cause du vaccin, bien qu’infime, n’est pas inexistant. On peut également le tuer, par la chaleur ou le formol : il faut alors l’associer à des adjuvants (comme des sels d’aluminium), dont la parfaite innocuité divise encore la communauté scientifique. ➜ Il n’est pas toujours nécessaire d’inoculer l’agent entier : on peut en sélectionner seulement un fragment caractéristique (on parle alors de vaccin sous-unitaire), comme une protéine. Et pour éviter de produire en grande quantité ce fragment en laboratoire, on pourrait se contenter d’introduire dans l’organisme un bout de sa séquence génétique, ce qui conduirait notre corps à le produire lui-même. Une technique, le vaccin à ADN ou ARN, qui fait actuellement l’objet de nombreuses expérimentations. ➜ Protéger l’organisme d’une infection, en empêchant le germe d’entrer, n’est d’ailleurs pas la seule piste possible : on peut ne pas chercher à l’éliminer, mais juste à empêcher les symptômes d’apparaître. « Pour la diphtérie ou le tétanos par exemple, détaille Patrice Debré, les vaccins ne protègent pas contre les bactéries responsables, mais seulement contre les toxines qu’elles sécrètent, et qui déclenchent les maladies. »

Pour mettre au point un vaccin, on peut donc s’aventurer sur d’innombrables voies, qui dépendent du mécanisme immunitaire que l’on veut stimuler, de ce que l’on cherche à lui faire faire, et de comment on espère y parvenir. C’est ce qui explique qu’à l’heure actuelle la recherche sur le Covid, par exemple, conduise au développement parallèle de pas moins de 110 vaccins potentiels. « Malheureusement, déplore Patrice Debré, c’est un phénomène très compétitif, chacun veut tenter sa chance. Alors qu’il serait beaucoup plus efficace de distribuer les tâches aux uns et aux autres en fonction de ce qu’ils sont capables de faire. » ➜ Concrètement, on commence en principe par des études précliniques, sur des animaux, avant de passer aux études cliniques, sur l’homme, lesquelles peuvent coûter (largement) plus d’un milliard d’euros. La phase I consiste essentiellement à s’assurer que le vaccin n’entraîne pas (trop) d’effets indésirables sur un tout petit nombre de personnes saines, et de préciser la dose et le moyen d’administration (intramusculaire, sous-cutané, oral, nasal...). La phase II porte sur plusieurs centaines de volontaires, et inclut des personnes infectées, ce qui permet entre autres de s’assurer que le vaccin n’empire pas leur état (ce qui est arrivé récemment avec un vaccin contre la dengue). C’est à ce jour la phase la plus avancée atteinte dans la recherche sur le Covid. La phase III porte sur une population encore plus importante, et elle est indispensable pour demander une autorisation de mise sur le marché

L’HOMME FAIT PARTIE DES RARES ESPÈCES QUI ONT UNE IMMUNITÉ ACQUISE. ELLE S’ADAPTE AUX GERMES QU’ELLE RENCONTRE, CE QUI LUI PERMET DE SE SPÉCIALISER Followed Magazine 27


FUTUR

(AMM). Le protocole de référence est l’essai contrôlé randomisé en double aveugle avec groupe témoin. Ce qui signifie concrètement que les volontaires sont répartis aléatoirement en plusieurs groupes, dont l’un reçoit le vaccin et un autre un simple placebo, sans que personne (pas même les chercheurs) ne sache pendant la durée de l’essai qui est dans quel groupe. La phase IV débute, quant à elle, au moment de la commercialisation : c’est ce que l’on appelle la pharmacovigilance.

rester sur la grippe saisonnière, la France a par exemple fait le choix de cibler les personnes âgées, qui ont statistiquement le plus de risques de souffrir de complications graves. Du bon sens, à première vue, sauf que leur système immunitaire vieillissant répond également moins bien aux vaccins. C’est ce qui a conduit l’Angleterre à expérimenter la vaccination des enfants qui, en limitant la circulation du virus dans la population, protège en quelque sorte cette catégorie cible par ricochet.

➜ Tout l’enjeu est de parvenir à mener l’ensemble de ces essais (jusqu’à la phase III) pendant une période qui ne soit pas seulement endémique (présence habituelle de l’infection dans une population donnée), mais idéalement épidémique (forte croissance locale de cas) ou pandémique (circulation continentale ou mondiale). « Récemment, rappelle Patrice Debré, des vaccins contre le virus Ebola sont par exemple arrivés, mais à la fin de la crise. Face à un germe nouveau, il est courant que, le temps de fabriquer le vaccin, une épidémie ait bougé, ne serait-ce que géographiquement. » Ce qui arrive aussi avec des germes bien connus, du fait de leur mutation régulière : c’est la raison pour laquelle le vaccin contre la grippe saisonnière, produit à partir de cultures des souches des années précédentes, n’est pas toujours pleinement efficace. Reste ensuite à déterminer l’approche vaccinale, soit la population à immuniser en priorité. Pour

➜ On comprend donc que, d’une logique initiale de protection individuelle, on glisse progressivement vers une politique de santé publique (avec le fameux seuil d’immunité collective). C’est d’ailleurs la source du dialogue de sourds entre « provax » et « antivax ». Lorsqu’une maladie grave circule activement, on se fait volontiers vacciner, car les bénéfices dépassent largement les risques. Si tout va bien, la maladie finit par disparaître, et on rechigne davantage : la couverture vaccinale baisse, et la maladie recommence à circuler. Elle frappe alors notamment les immunodéprimés (par exemple à cause d’un traitement contre le cancer), qui ont le malheur d’être à la fois plus sensibles aux infections et plus problématiques à vacciner. (*) Le professeur Patrice Debré a publié cette année Les Révolutions de la biologie et la condition humaine, chez Odile Jacob.

UN VACCIN COMME TRAITEMENT ?

On notera que tous les vaccins ne sont pas forcément (ou pas seulement) préventifs : certains sont thérapeutiques, c’est-à-dire utilisés pour stimuler les systèmes immunitaires de personnes déjà porteuses et malades (on parle parfois de vaccinothérapie). Patrice Debré relativise : « Il n’y a pratiquement pas d’exemple en dehors du vaccin contre la rage de Louis Pasteur, et ce ne sont pas des marchés très simples. » Une technique dérivée consiste à faire entrer directement dans l’organisme des anticorps (dits monoclonaux) ou, pourquoi pas, des cellules immunisées. C’est ce que l’on cherche à faire avec, par exemple, la transfusion de plasma de patients guéris. Ces pistes intéressent la recherche contre plusieurs maladies, dont le sida, qui désorganise totalement le système immunitaire du malade, l’empêchant (même lorsqu’on le stimule) de produire quoi que ce soit d’efficace. Reste que, dans ce cas précis, on se heurte à un autre problème : le virus du VIH mute si rapidement que les anticorps, même au top de leur forme, se retrouvent rapidement à courir après un germe qui n’existe plus. Plus largement, ces astuces pourraient théoriquement permettre de combattre toutes sortes d’autres maladies dites auto-immunes, dans lesquelles le système immunitaire se retourne contre l’organisme qui l’abrite, ou contre lui-même.

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TENDANCE

FÊTE DES

PÈRES

Façonnable LUNETTES DE SOLEIL PILOTE À DOUBLE PONT Marque « mode homme » par excellence, Façonnable ne fait rien pour la femme. Une bonne raison, pour la fête des pères, de marquer le coup avec cette paire de solaires Pilote. Arborant la forme pilote devenue populaire dans les années 1980, ces lunettes de soleil rétro associent une monture écaille à un double pont en métal. Elles présentent des verres antireflet de couleur verte non-miroir et adaptables à la vue. Cette monture au style glacier comprend une coque en acétate qui protégera vos yeux du froid, de la neige et de la luminosité intense propre aux sommets, et cela même sur les côtés, contrairement aux montures traditionnelles. Avec ces lunettes, vous optez pour un modèle indémodable. Proposées avec un étui rigide, elles sont vendues 195 €.

C’

est la saison des fêtes. Après les mamans, début juin, c’était au tour des papas d’être au centre de l’attention à la fin du mois. Bref, c’est enfin à vous d’en profiter, de vous faire cajoler et gâter. Alors si vous voulez donner quelques bonnes idées, voici une petite sélection à leur glisser discrètement devant les yeux. On ne sait jamais. Au pire, vous pourrez toujours craquer après...

BLANCPAIN

GRAYSON TIGHE ÉDITION BLANCPAIN SÉRIE 4 L’iconique maison d’horlogerie Blancpain, propriété du groupe Swatch, ne fabrique pas seulement des montres magnifiques. Dont la plongeuse très connue Fifthy Fathoms. Elle produit aussi des boutons de manchette et des stylos. Nous avons sélectionné ce superbe styloplume entièrement décoré à la main, doté d’un corps en titane massif avec inserts en fibre de carbone. Son agrafe profite d’une incrustation en or rouge 18 carats, comme l’anneau sur le corps du stylo ainsi que la plume. Celleci est proposée en pointe moyenne. Cartouche d’encre ou mécanisme à piston pour l’encre en flacon, ce styloplume est vendu 3 750 €.

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Née à Annecy en 1952, où elle a toujours son siège social d’ailleurs, Fusalp a longtemps été une marque d’équipement de ski. Mais plus maintenant, avec un élargissement bienvenu de sa gamme de produits, réalisé sans délaisser les fondamentaux appréciés de tous les amateurs de poudreuse. Reste que, saison oblige, c’est un autre produit qui nous intéresse aujourd’hui, une paire de sneakers bicolores en cuir nappa lisse doublé cuir. Cousues main, dotées de lacets waxés, d’une semelle extérieure en caoutchouc et d’une intérieure amovible, ces chaussures fabriquées au Portugal sont disponibles en noir et blanc (ici), mais aussi en blanc et noir. Prix de vente : 295 €.

FUSALP SNEAKERS HOMME MIRAGE

Strellson

ATTACHÉ-CASE COLEMAN Pour se rendre au bureau avec style, rien ne vaut cet élégant attaché-case en 100 % cuir nappa (avec mat brillant) de la marque suisse Strellson. Avec ses dimensions contenues mais suffisantes, de 40 x 29 x 10 cm, il dispose de deux compartiments, dont un destiné à un ordinateur portable, matelassé et facilement accessible. Il compte aussi une poche zippée devant et un autre rangement sur la face arrière, avec fermeture éclair lui aussi. Si vous préférez le porter à l’épaule, une bandoulière amovible est également proposée. Prix : 259 €.

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TENDANCE

OPINEL LES FORGÉS 1890 La société française familiale Opinel, installée à Chambéry, en Savoie, depuis 1890, ne propose pas que des couteaux pliants à bague de sûreté et manche en bois. La série de couteaux de cuisine baptisée Les Forgés 1890 le prouve. Au total, ce sont pas moins de huit couteaux, 100 % forgés à 1 200 °C, tous pleine-soie (la même barre d’acier forme la lame et l’âme du manche), façonnés d’acier X50CrMoV15 et de hêtre stabilisé, dessinés par le studio Big -Game. Ils sont dotés d’une lame aiguisée à 15° par face et d’un manche non huilé. Le chef doublement étoilé Jean Sulpice les a adoptés. Les prix vont de 60 à 120 €, et il faut compter 520 € pour l’ensemble des cinq modèles montrés ici.

Le Creuset

TIRE-BOUCHON PROFESIONNEL LM250 MÉTAL Avec ce tire-bouchon Le Creuset professionnel, finies les bouteilles récalcitrantes lors des dîners de famille. Plus personne ne pourra se moquer de vous. Garanti 10 ans, plus de 2500 ouvertures avec la même vis, ce tire-bouchon bénéficie de la technologie brevetée « Rotation Technology », qui permet d’extraire tous les bouchons facilement, qu’ils soient naturels, en liège, ou techniques, en synthétique. Fabriqué dans du métal et du polyamide, ce LM250 est livré avec un coupe-capsule en polycarbonate dans une boîte cadeau, et sera le présent idéal des papas amateurs de vin contre un chèque de 169 €.

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PRO-JECT

THE BEATLES SINGLES TURNTABLE

Pour célébrer la sortie en fin d’année dernière du coffret The Beatles Singles Collection, 46 petits 45 tours de 180 grammes dans un coffret, la marque autrichienne Pro-Ject a dévoilé cette platine vinyle « The Beatles Singles ». Basée sur une platine Debut III de la marque, celle-ci est personnalisée par un collage de pochettes d’albums du groupe de Liverpool sur le dessus, un plateau en acrylique bien lourd pour amortir les vibrations, un sélecteur électronique 78/45/33 tours, un bras en aluminium en S et deux têtes Ortofon, une pour les enregistrements mono, l’autre pour les galettes stéréo. Prix de cette œuvre d’art au son de qualité : 699 €.

McIntosh

901

Si vous êtes un véritable amateur de musique, cet amplificateur signé McIntosh est fait pour vous. Basée à Binghamton, New York, cette marque fondée en 1949 s’est spécialisée dans les produits hi-fi haut de gamme, et cet ampli 901, combinant transistors et lampes, n’y déroge pas. Il associe une partie à lampes (montées sur des plaques de carbone de chaque côté) de 300 W à une autre à transistors de 600 W, avec un système de filtrage paramétrable. Deux précisions toutefois, cet amplificateur est mono et n’alimente qu’une seule enceinte... et il pèse 74 kg. Il faut donc la bonne table pour en accueillir deux. Prix d’un ampli : 24 000 €.

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TENDANCE

FUJIFILM

É

TEST

X100V Fujifilm lance le cinquième opus de son boîtier compact X100, dévoilé initialement en 2010. C’est toujours un appareil photo grand public aux allures de Leica M. Proposé en gris et noir (ici) ou tout noir, ce boîtier profite d’un capteur APS-C (23,5 x 15,6 mm) X-Trans CMOS 4 de 26,1 millions de pixels associé au dernier processeur de la maison, le tout accouplé à une excellente nouvelle optique fixe de 23 mm f2 (équivalent plein format 35 mm). Dorénavant, l’écran arrière est inclinable, le viseur toujours optique et numérique, mais doté de 3,69 millions de points et l’ensemble est étanche... à condition d’ajouter une bague porte filtre et un filtre (cela allonge légèrement l’optique mais rend l’ensemble waterproof). Autofocus et vidéo sont au même niveau que la qualité des images que vous pouvez apprécier dans notre rubrique voyage : tout le sujet a été réalisé avec ce boîtier vendu 1 499 €.

É

TEST

DJI MAVIC AIR 2

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Dorénavant, la gamme de drones personnels du fabriquant DJI est au complet. Depuis la sortie en 2018 du Mavic 2 Pro, un modèle dépliable doté d’un capteur photo d’un pouce et de performances de vol exceptionnelles (qui existe aussi en version dotée d’un zoom optique), la marque chinoise a aussi dévoilé l’an dernier le petit Mavic Mini (de la taille d’un smartphone, pesant moins de 250 g et toujours pliable, mais doté d’un petit capteur photo et dépourvu de certaines fonctions de vol automatiques), et récemment un Mavic Air 2. Côté taille, celui-ci se positionne pile entre les deux autres drones, possède lui aussi des bras repliables, une nacelle stabilisée sur trois axes et se voit proposé en deux versions : drone + télécommande ou dans un pack complet avec sac de transport, deux batteries supplémentaires, hélices de rechange... Doté des mêmes fonctionnalités de vol que son grand frère, le Air 2 affiche de plus une meilleure autonomie (plus de 30 minutes) presque la même vitesse maxi (68 km/h au lieu de 72 km/h) et contient sa masse sous les 600g quand le Pro dépasse les 900g. De plus, il est capable, grâce à son nouveau capteur 1/2 pouce de filmer en 8K et de prendre des photos de 48 Mpix (voir pages XX, toutes les vues aériennes du sujet Voyage ont été réalisé avec). Prix  : 849 € (1 049€ en pack).



ART DE VIVRE

Bien faire vieillir

est un art ancien

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

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ART DE VIVRE

Dans l’un des chais secs de la maison Frapin, avec des fûts d’au moins 20 ans dans lesquels vieillissent des cognacs millésimés.

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Se bonifier avec le temps n’est pas évident. En tout cas, pas systématique. La différence entre prendre de l’âge et bien vieillir est parfois ténue, surtout quand il est question de spiritueux. C’est pourquoi Followed s’est rendu en Charente, chez Frapin, prendre un cours magistral de vieillissement. Car si la valeur n’attend pas le nombre des années, elle peut parfois en profiter...

T

rois. Selon Thomas Soret, en charge de la communication chez Frapin depuis plusieurs années, mais aussi des visites des amateurs éclairés qui auront bientôt un tout nouveau musée à admirer, il existe trois types de fûts dans la maison. Les barriques neuves, les fûts « roux » et les vieux fûts, chacun définis par le nombre d’années de vieillissement qu’ils ont déjà assuré. « Tout d’abord des fûts neufs vont transmettre rapidement des couleurs et des apports aromatiques à notre cognac. Cognacs que notre maître de chai va déplacer dans des fûts moins jeunes appelés roux, où l’apport sera moins fort mais nous laissera davantage de temps pour voir comment évolue le cognac. » Le vieillissement se termine dans des vieux fûts parfois centenaires, ici plus d’apport en provenance du bois mais de l’oxydation ainsi qu’une indispensable évaporation : la part des anges. Et si ces cognacs prennent tranquillement de l’âge dans des tonneaux vieux de plus de 100 ans, il y a des chances pour qu’ils aient eux-mêmes déjà quelques décennies. De bonnes chances, oui.

Vendanger, presser, fermenter, distiller puis vieillir

« Au début, c’est quand même une histoire de raisins. Nous avons la chance chez Frapin de n’utiliser que les raisins de nos vignes, toutes

Textes F. Montfort, photos Mitchell

plantées en Grande Champagne, le premier cru de cognac, qui donne un vin avec la plus grande richesse aromatique et des eaux-devie les plus fines », explique Thomas. Pour s’assurer de la qualité des fruits, mais aussi de leur maturité et donc de la teneur en sucre qui va garantir un certain degré d’alcool, c’est quand même l’idéal. D’autant qu’en Cognac, il n’est pas question de chaptaliser (ajout de sucre avant fermentation) comme c’est le cas dans certaines régions viticoles françaises. Une fois récoltés, les raisins sont tout de suite pressés puis mis en cuve. « C’est un peu une course contre la montre, pour éviter l’oxydation des raisins coupés et s’assurer une belle fraîcheur au moment de la vinification. Car le cognac est avant tout un vin blanc, que nous cherchons à avoir autour de 10° d’alcool avant distillation. Avec une spécificité chez nous, c’est qu’il est distillé sur lies, entièrement au nez, artisanalement. » Les lies, ces levures mortes et autres particules solides que l’on trouve au fond des cuves après la fermentation, donnent une identité au vin de base, mais compliquent beaucoup les étapes de distillation, qui du coup doivent être surveillées par des opérateurs expérimentés. Une fois la distillation réalisée, l’eau-de-vie est assemblée. Même avec des raisins contrôlés et une distillation qui va durer quatre à cinq mois (en commençant début novembre et en finissant mi-mars, la date limite fixée par la

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ART DE VIVRE

loi étant le 31 mars), l’eau-de-vie de l’année peut varier un peu, d’une parcelle à l’autre, même si la quasi-totalité des vignes sont plantées du même cépage. L’assemblage des eaux-de-vie se fait dans de grandes cuves de bois, avant l’entonnage dans des fûts neufs. Les eaux-de-vie les plus aromatiques seront réservées à l’entrée de gamme Frapin 1270 (dont le vieillissement est supérieur à celui d’un VS, qui est de minimum deux ans selon la réglementation), et qui doivent donner une belle expression assez rapidement. Les autres, qui vont vieillir plus longtemps, iront pour le VSOP (minimum quatre ans selon la réglementation, nettement plus vieux chez Frapin), dans les XO (dix ans selon la règle, presque deux fois plus chez Frapin), ou encore pour les cognacs dits hors d’âge, comme la fabuleuse Plume de la maison. « Les raisins font la qualité du vin, qui donne ses arômes à l’eau-de-vie lors de la distillation... eau-de-vie qui va prendre toutes ses saveurs de cognac durant le vieillissement.

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Plus nous lui donnons de temps, plus elle peut gagner en complexité et en arômes, s’ouvrir avec les années. »

Selon l’âge du fût, l’apport est différent Tout vieillissement, ici à Segonzac, à côté de Cognac, débute par au moins quelques mois en fût neuf. Ce sont tous des tonneaux faits de chêne type limousin, chauffés moyennement (la manière dont le bois du tonneau est brûlé en surface pour révéler les arômes) pour donner rapidement des tanins et de la couleur à l’eau-de-vie. « En fonction des cognacs que nous prévoyons de produire, que ce soit pour notre entrée de gamme, notre VSOP ou les qualités supérieures, nous allons laisser de six mois à un an nos eaux-de-vie vieillir dans ces fûts neufs avant d’aller vieillir dans des barriques plus âgées. » Ensuite, si les échanges gazeux au travers du bois des fûts demeurent présents, l’apport est différent. Le bois jeune donne des tanins, de la couleur et quelques


Le cognac est un assemblage d’eaux-de-vie vieillies, sauf pour les millésimes dont les fûts sont scellés comme ici. Lors des dégustations, un employé du BNIC veille à ce que tout se fasse dans les règles.

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ART DE VIVRE arômes issus du bois chauffé. Mais au bout des cinq années durant lesquelles ce fût est considéré comme « neuf » par Thomas, ces arômes diminuent. Le tonneau est alors classé dans les fûts roux, qui servent à vieillir les cognacs plus lentement. L’évaporation au travers du bois, la fameuse part des anges, est d’environ 3 % dans les chais humides de Frapin, au rez-de-chaussée. Mais elle est plus importante dans les chais secs des greniers. « Peu de maisons de cognac disposent de ces chais secs. Ils bénéficient d’une plus grande amplitude thermique que les chais classiques, entraînent une plus grande part des anges et un vieillissement différent », explique Thomas.

Une identité donnée par le chai Les chais sont les endroits où l’on entrepose les barriques de vieillissement. Les fûts sont stockés dans les différents chais du domaine, en fonction de leur particularité. Ainsi, le maître de chai a la responsabilité de changer de place les fûts en fonction des conditions atmosphériques recherchées. Dans un chai humide, la température est presque constante toute l’année, et l’hygrométrie élevée. Les chais secs, aménagés sous les toits, dans les greniers, sont froids et humides en hiver, mais chauds et secs en été. Avec, de fait, une évaporation plus importante. Mais l’augmentation de cette évaporation, de cette part des anges, n’est pas qu’une question de volume de cognac évaporé dans l’année. « Cette évaporation va permettre de concentrer les arômes du cognac, mais de manière différente en fonction du chai. Dans un chai humide, de par l’atmosphère concentrée en eau, nous allons perdre principalement de l’alcool. Alors que dans un chai sec, l’évaporation sera majoritairement composée d’eau. Dans les deux cas, nous concentrons le cognac, mais pas de la même manière. La même eau-de-vie va révéler des arômes de fruits confits et des notes vanillées sur vingt ans de chai humide, alors qu’elle goûtera les fruits secs avec des notes florales si elle a passé du temps en chai sec sur cette période. » Les fûts, quel que soit leur âge, peuvent être placés dans un type de chai comme dans l’autre, selon comment l’on souhaite faire évoluer l’eau-de-vie. Et c’est pourquoi il faut goûter régulièrement pour vérifier comment vieillit le cognac avant de

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laisser les meilleurs passer quelques décennies de plus dans l’un des paradis, dans des fûts centenaires, ces chais où vieillissent des cognacs parfois quinquagénaires.

La réduction doit se faire progressivement

« Patrice Piveteau, le maître de chai, que j’accompagne parfois lors des dégustations, goûte quasiment tous les six mois les eauxde-vie en vieillissement dans les fûts roux et vieux. Moins dans les fûts neufs où, quoi qu’il arrive, l’eau-de-vie va passer au moins six mois sans bouger », ajoute Thomas. Ces dégustations servent non seulement à observer l’évolution du cognac, mais aussi à décider de sa réduction. Une fois distillée, l’eaude-vie titre environ 71 % d’alcool. Elle sera réduite ou non en fonction du produit final souhaité lors de la mise en barrique. C’est pourquoi, dans la recherche de ce spiritueux doux et agréable en bouche, que les amateurs goûtent généralement entre 40° (minimum pour l’appellation) et 45°, la réduction prend une place importante dans le vieillissement. Réduire, c’est abaisser le titrage d’alcool par ajout d’eau déminéralisée ou distillée. « Pour une qualité optimale, il est très important de réduire petit à petit nos cognacs et non d’un coup en fin de vieillissement. On parle souvent du nombre d’années de vieillissement, mais la façon dont on vieillit est également très importante, et la réduction fait partie de ce savoir-faire. » Comment s’assurer qu’elle ait toujours le même goût ? « Nous n’employons que de l’eau distillée, dans le but de réduire le taux d’alcool et de révéler les arômes... pas d’en ajouter. » Tout au long du vieillissement, progressivement et après les dégustations, on ajoute de petits volumes d’eau pour réduire doucement le niveau d’alcool dans les tonneaux. De manière à obtenir, au bout de huit, quinze ou vingt ans (et parfois nettement plus, les eaux-de-vie d’une Plume, comme sur la photo d’ouverture, ont environ 60 ans) un titrage alcoolique de 40 à 45° chez Frapin. Tout en respectant le goût du cognac. « C’est pourquoi, il n’y a pas de finish dans des barriques de vins ou de cherry comme il s’en fait de plus en plus dans le whisky ou le rhum. » À Cognac, c’est formellement interdit. Les traditions, ça se respecte.


En haut, un chai humide dans lequel patientent des fûts neufs (au fond) et des fûts roux (devant). À droite, une dame-jeanne remplie d’un des plus vieux cognacs de la maison et qui sera embouteillée cette année puis mise en vente pour célébrer les 750 ans de présence de la famille Frapin en Grande Champagne (depuis 1270).

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ART DE VIVRE

République dominicaine

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L’autre eldorado des amateurs de cigares Fumer est dangereux pour la santÊ.

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Des chambres d’humidification de PDR Cigars aux ateliers de confection de La Aurora ou de la Tabacalera de Garcia où un employé lit le journal du jour aux artisans, les visites de manufactures sont toujours très intéressantes.

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Des plages paradisiaques, un concept « tout compris » qui permet de faire venir les touristes sans risque et un climat de rêve, la République dominicaine a tout pour séduire. D’autant que depuis maintenant un peu plus de dix ans, elle y ajoute une production de cigares haut de gamme à faire pâlir Cuba, sa voisine. Une industrie en plein essor qu’elle célèbre tous les ans lors du Festival Procigar. Explications. Textes et photos C. Boulain

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ne semaine d’écart seulement. Et cela n’a rien d’une coïncidence. Mais contrairement à ce que nous pourrions croire, ce n’est pas le Festival del Habano, la grand-messe annuelle du cigare cubain, qui précède Procigar, son alter ego dominicain : c’est le contraire, une semaine avant. Sans doute parce que les ambitions des manufactures dominicaines ne se cachent plus. Depuis plusieurs années maintenant, Hispaniola, le nom ancien de cette île où se côtoient Haïti et la République dominicaine, est la région d’où proviennent le plus de cigares haut de gamme au monde, comprenez des cigares faits main avec des feuilles de qualité. Il en serait fabriqué ici plus de 200 millions chaque année, sans compter les cigares « machines », qui se comptent en milliards. Et depuis moins de dix ans, ces vitoles sont reconnues parmi les meilleures, souvent d’une qualité comparable aux plus belles productions de La Havane. Nous avons voulu le vérifier lors du Festival Procigar 2020.

Des choix pour l’avenir

Des îles, dans les Caraïbes, il en existe des dizaines. Toutes avec le climat qui va bien et les plages assorties, palmiers et sable fin. Alors pourquoi, dès qu’il s’agit de tourisme, est-ce la République dominicaine qui se taille la part du lion dans cette région ? Selon Tom, un guide rencontré sur place lors de notre visite, tout est parti d’une décision. Alors que le pays commençait à s’ouvrir sur l’extérieur et que les premiers touristes affluaient, il fut décidé de développer le concept du « tout compris ». Un moyen d’assurer à ces touristes étrangers des prestations haut de gamme directement dans leur hôtel, sans risquer qu’ils ne déambulent dans les champs de cannes à sucre voisins, les plantations de tabac ou les villes peu sécurisées à l’époque. Bien joué. Ça a bien fonctionné et ce concept reste une marque de fabrique de la République dominicaine. Pour le tabac, c’est aussi une histoire de décision : celle d’intégrer cette industrie dans des zones franches, autrement dit d’exonérer de taxes les produits du tabac pour en faciliter le commerce et l’exportation. Ce fut le cas à La Romana, où est installée la Tabacalera de Garcia, la plus grande manufacture de cigares de l’île (et peut-être du

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PROCIGAR : QUAND LES DOMINICAINS CÉLÈBRENT LE CIGARE ET SON ART DE VIVRE monde, avec 33 millions de cigares haut de gamme et un milliard de cigares machine par an), mais aussi à Santiago de los Caballeros, plus au nord, où œuvrent presque toutes les autres manufactures de la République dominicaine. Avec une différence de taille par rapport à Cuba : ici les manufactures appartiennent à la base à des familles, qui depuis ont intégré pour certaines de grands groupes privés, et non à l’État. Autrement dit, c’est un business qui doit être lucratif et que chacun est à même de mener comme bon lui semble. Pas étonnant alors de voir, selon les marques, des philosophies et des méthodes de travail bien différentes. Certaines possèdent leurs champs et cultivent leurs feuilles, d’autres achètent localement à des fermiers ou à des concurrents, d’autres encore font leur marché dans le monde entier, et tout cela en toute transparence contrairement à d’autres pays où il est bien compliqué de savoir ce que l’on fume. Ici, il est possible de fumer un Churchill composé d’une tripe dominicaine, d’une sous-cape plus puissante du Nicaragua par exemple, le tout enveloppé d’une cape du Cameroun ou des États-Unis, nous pensons à la fameuse cape claire Connecticut. Il est même courant de détailler l’origine des graines, et celle des plantations, une Connecticut pouvant être élevée localement. Mais au moins, c’est assez transparent. Et souvent savoureux.

Un savoir-faire reconnu

Il faut dire que les manufactures locales n’en sont pas à leurs débuts. La plus récente, PDR Cigars (pour Pinar del Rio... un clin d’œil du propriétaire Abe Florès à ses voisins cubains) est née en 2004. Il y a déjà quinze ans. Et si le salaire moyen dans le pays dépasse à peine les 500 dollars américains par mois, il peut atteindre le double dans les ateliers de tabac, motivant les meilleurs ouvriers à s’appliquer pour y rester. La plus connue de marques du pays est sans doute Davidoff, lancée en 1911 à Genève, avec à l’époque des racines cubaines, mais implantée ici depuis des décennies. Réputée dans le monde entier, elle incarne parfaitement l’esprit du cigare dominicain, avec pour chacun de ses modules une description complète des feuilles le composant, pour sa tripe (filler en anglais), sa sous-cape (wrapper) et sa cape (binder). Son fabuleux Late Hour par exemple, roulé à Santiago de los Caballeros, contient des feuilles de République dominicaine et du Nicaragua pour la tripe, enroulée dans une sous-cape d’Équateur et une cape du Mexique. Hamlet Espinal, ancien master blender et aujourd’hui vice-président de Davidoff, insiste autant sur la qualité du façonnage de ses

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Ici, en République dominicaine, les manufactures de tabac cultivent elles-mêmes les plants, mais achètent aussi des feuilles à l’étranger. Une industrie du tabac en plein essor que le Festival Procigar célèbre tous les ans.

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ART DE VIVRE

300 000 EMPLOIS ET PLUSIEURS MILLIARDS D’EXCELLENTS CIGARES cigares que sur le traitement des feuilles. Car, pour garantir la même qualité partout et tout le temps, la célèbre manufacture vieillit ses feuilles de tabac plus longtemps que les autres, pour en conserver les saveurs en les débarrassant de leur ammoniac, et surtout vieillit ses cigares en chambres, là aussi très longtemps. Ils auraient actuellement en stock plus de neuf millions de cigares finis... mais en vieillissement dans des chambres en cèdre humidifié avant commercialisation. Cette attention à chaque détail permet aujourd’hui à ces manufactures familiales de proposer d’excellents cigares à l’exportation. Mais pour l’instant, plus de 80 % de ces ventes sont absorbées par le marché nordaméricain où, lorsqu’on fume un Partagas, un Montecristo ou un Romeo y Julieta, on fume une vitole produite en République dominicaine, par la Tabacalera de Garcia ou par General Cigar. Ernesto Perez-Carrillo, exilé cubain à la tête de sa propre manufacture (Perez Carrillo), estime que le cigare dominicain a un potentiel énorme, sachant que les marchés européens et asiatiques ne pèsent, pour l’instant, même pas pour 15 % des ventes.

Reste à le faire savoir

Onze manufactures dominicaines sont réunies sous l’égide de Procigar : la Tabacalera de Garcia, la seule implantée à La Romana et qui produit les Upmann, Montecristo, Romeo y Julieta ou Trinidad pour les États-Unis, mais aussi Tabadom Holding (Davidoff), La Alianza (EP Carrillo, Inch...), Fuente dont l’Opus X 100 % dominicain continue d’affoler les spécialistes, La Aurora, La Flor Dominicana, Quesada Cigars, General Cigar Dominicana qui produit les Partagas, Cohiba, Dunhill pour l’Amérique du Nord, De Los Reyes Cigars et ses excellents Saga, Palma et ses superbes La Galera, et enfin PDR Cigars. Ces onze maisons, établies depuis longtemps, 1903 pour La Aurora, 1936 pour Palma par exemple, ont eu l’excellente idée en 1992 de s’associer pour faire découvrir cette industrie locale aux amateurs du monde entier. Durant ce festival, qui se tient donc juste avant les célébrations cubaines, il est possible de visiter les ateliers, les champs et, évidemment, de goûter. De plus en plus d’amateurs viennent à Procigar en février, pour une journée ou une semaine complète, célébrer le cigare d’Hispaniola, lors des soirées organisées à Santiago. La fameuse soirée blanche, ou celle de clôture durant laquelle sont mis aux enchères des humidors exceptionnels pour des œuvres de charité locales. Un peu comme à Cuba. Mais à la manière dominicaine. Il faut le voir.

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Ici, à la Tabacalera de Garcia, à l’est de Saint-Domingue, la plus grande manufacture de cigares de l’île, 33 millions de vitoles sont confectionnées à la main tous les ans. C’est d’ici que sortent les Montecristo, les Upmann ou les Partagas vendus aux États-Unis.

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CULTURE

Lou

Tavano

L’enchanteuse La douce Lou Tavano, flanquée de sa moitié au piano, sort un opus aussi sensible qu’élaboré (Uncertain Weather), avec un quintet insolite, puisqu’il inclut un violoncelliste (virtuose et toutterrain). Nous les avons croisés à Paris, juste avant une grosse série de concerts et une pandémie.

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Entretien A. Bloch, photos A. Wollenweber et A. Bloch

our Lou Tavano et son compagnon, le pianiste Alexey ­Asantcheeff, la pression monte. Enfin, surtout pour elle, à l’en croire lui. C’est que, le soir même, ils entament en quintet un marathon de six concerts, à raison de deux sets par soir, au Duc des Lombards, fameux club de jazz du Ier arrondissement de la capitale dont le destin est intimement lié à la tout aussi jazz radio TSF. Depuis toujours ou presque, ils cosignent absolument tout à deux (composition, écriture, arrangements). Ce qui doit être du sport, puisqu’ils concèdent bien volontiers ne jamais être d’accord sur rien. Sauf peut-être sur une chose : sur les pochettes de leurs albums, ils ont choisi de ne faire figurer que le nom et le visage de Lou. C’est donc elle que nous ferons le plus parler. Pour poser un peu le décor, nous sommes juste avant les ultimes balances son,

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de l’autre côté du boulevard de Sébastopol, autour d’un plateau de makis et d’un thé au jasmin. C’est le père de Lou, batteur de rock et frustré d’avoir toujours plus travaillé le rythme que l’harmonie, qui l’a inscrite au conservatoire quand elle avait 5 ans. Elle ne pensait alors qu’à devenir coiffeuse : « Pour que j’accepte le deal, il a inventé un beau mensonge, en me disant que toutes les coiffeuses devaient absolument savoir jouer du piano. » Ce que certaines, de mèche, lui confirment. Son père lui a également transmis le sens du collectif : « Quand on est sur scène, on n’est pas des leaders qui jouent avec des sidemen, on est vraiment un groupe. J’ai besoin d’avoir une famille autour de moi pour me sentir bien, et pas juste un remplaçant pour un one shot, qui joue la partition et qui se casse. » Alexey embraie : « Je sais que je ne lui suffis pas, c’est le drame de ma vie [rires]. Je suis surtout jaloux parce que je ne vois que les problèmes, alors qu’ils ont la


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« Quand je suis sur une scène, dans la lumière, je me sens protégée... Je sais, c’est bizarre » chance de la voir radieuse. Dès qu’ils sont partis, c’est moi qui ramasse... » Lou confirme : « En vrai, on n’est pas du tout un couple peaceful. » On avait compris. Et dire que, pendant qu’on mettait au propre cette interview, ces deux-là étaient confinés ensemble ! Le conservatoire et son côté très académique laissent un souvenir mitigé à Lou : « Le fait de devoir jouer ce qui est écrit, sans avoir le droit de s’échapper de la partition (contrairement au jazz), c’était vraiment l’enfer pour moi. Mais en même temps, ça m’a fait comprendre que j’aimais interpréter, c’est-à-dire jouer avec les contraintes pour m’approprier des œuvres. » Ce besoin de contraintes ne l’a pas quittée, d’ailleurs, mais on y reviendra plus loin. Toujours est-il que c’est vers 10 ans qu’elle a commencé à s’accompagner, piano-voix, et à découvrir la sensation « hyper agréable » du chant. Car en dehors de cela, ce n’était visiblement pas la joie : « Mon père est malade depuis toujours, alors j’ai eu des responsabilités trop tôt. J’étais la paria du collège, j’avais un surnom, c’était vraiment horrible. Ces années de solitude ont nourri une frustration, qui m’a donné envie de crier au monde que je n’étais pas si nulle. » Ce qu’elle fera d’abord par le biais du théâtre : « J’enviais vachement une copine qui en faisait. La première pièce que j’ai jouée, c’était Hernani [de Victor Hugo, NDLR], un moment super fort. Depuis, quand je suis sur une scène, dans la lumière, je me sens protégée... Je sais, c’est bizarre. » C’est cette même copine qui lui présente son mec de l’époque, musicien dans un groupe de reggae. Lou se pointe à une jam, chante et... nouvelle révélation :

« On me regardait à ma juste valeur, j’étais à ma place. » Elle intègre alors le groupe, dont elle devient progressivement leader, avant de partir vers de nouvelles aventures : « Eux ne rêvaient pas du tout de devenir professionnels. Moi je savais que je ne pourrais faire aucun autre métier que celui-là. » Elle intègre l’American School, une école parisienne de composition et d’arrangement jazz, où elle rencontre Alexey : « C’était super fort entre nous, musicalement, humainement. Et surtout, il m’a vachement impressionnée, parce qu’à 20 ans il vivait de sa musique, en jouant piano solo dans un restaurant deux fois par semaine. » C’est lui qui enchaîne : « Dans ce microcosme où on ne parle que de jazz, l’important c’est de connaître plus de standards que les autres. Du coup, on s’est dit que pour avoir un intérêt, exister dans ce milieu, on devait les réarranger, que c’était un passage obligé. C’est d’une absurdité abyssale, d’ailleurs. On a mis un peu de temps à sortir de ça et faire nos propres compositions. » Elle confirme : « Je ne devrais pas le dire, mais par exemple, ça m’a toujours saoulée de scatter [le chanteur s’exprime par onomatopées, NDLR]. » Et il enfonce le clou : « Dans le dernier album, il n’y a pas une seule pulsation de swing en une heure et demie de musique ! » Tiens, on rêve, ou ils sont d’accord sur un truc ? Cet album, ils s’y sont collés juste après la sortie du précédent, en 2016, qu’ils ont vécue façon montagnes russes. Surtout Lou : « La veille au soir, j’étais en larmes, je répétais en boucle que ça ne marcherait pas, j’avais envie de crever. Et le jour même, j’étais super heureuse,

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« Je n’aime pas les paroles au premier degré. J’ai besoin de sous-texte » euphorique. » La routine, si on a bien compris. Sauf que, rapidement, les tuiles s’accumulent, à tous les niveaux. Alors Alexey propose d’aller passer un peu de temps en Écosse, dans les Highlands, chez ses grands-parents. Pour siroter, non pas des tonneaux de scotch, mais... du prosecco, ou faire quelques virées au pub du coin. « Et pour survivre, tout simplement. » Dès les premières heures sur place, Lou sent bien que le temps (ils auront même de la neige en bord de mer !) est comme la courbe de son humeur, passant d’un extrême à l’autre en permanence. Ce sera donc le titre de l’album, dont pas une note n’est alors couchée sur la partition : Uncertain Weather. Ils feront ainsi plusieurs allers-retours, pour composer et arranger la dizaine de titres, dont les paroles peuvent, mises bout à bout, sembler évoquer tout simplement l’histoire d’un couple en crise : urgence, confrontation, apaisement, indécision, premier pas... Mais toutes les chansons ont en fait plusieurs niveaux de lecture. Parfois, les constructions sont même vraiment alambiquées. Les paroles de Simple Ways to be, par exemple, composent un acrostiche, c’est-à-dire qu’en prenant les premières lettres de chaque phrase de la chanson, on forme une autre phrase. Cela donne « how complex it is to be simple », autrement dit « comme il est complexe d’être simple ». Le tout sur une musique pour le moins complexe également, puisque composée non pas sur trois ou quatre, mais... onze temps. On n’est pas loin de l’Oulipo, ce collectif d’auteurs qui pond des romans entiers en s’imposant des contraintes, par exemple

de ne pas utiliser la lettre « e », comme dans La Disparition, de Georges Perec. Lou convoque plus volontiers Gainsbourg, et réalise par la même occasion que « c’est peut-être un reste de ces contraintes avec lesquelles j’aimais jouer au conservatoire ». Alexis confirme, enfin plus ou moins, mais il a commencé sa phrase par « on s’engueule tout le temps là-dessus aussi, je te rassure », alors on a changé de sujet. La structure du groupe repose sur des binômes, qui se réassemblent en permanence au fil du disque, formant des couleurs très différentes : batterie-contrebasse, contrebasse-violoncelle, violoncelle-voix, voix-piano... Pour Alexey, « on peut faire tellement de choses que le grand danger, particulièrement dans le jazz, c’est que tout le monde se mette à tartiner. Ça peut être jouissif, mais il faut bien choisir les moments, pour laisser les autres respirer, surtout en quintet ». Plus largement, même si aucun des deux n’aime trop l’expression d’album concept, on n’en est pas loin, vu les nombreux fils rouges qui parcourent le disque. On retrouve ainsi des tas de gimmicks rythmiques ou harmoniques. Comme ces gouttes de pluie typiques de l’Écosse où, même quand il ne pleut plus, il pleut toujours un peu, puisque l’eau finit toujours de dégouliner quelque part. Plus fort encore, deux des chansons sont construites autour de la même ligne mélodique, mais déclinée tantôt en majeur, tantôt en mineur. Fraîchement nommée pour les prochaines Victoires du jazz, Lou planche avec Alexey sur un troisième album. Comme quoi, à Paris comme dans les Highlands, on en connaît au moins deux à qui le confinement réussit !

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L’envers du décor

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Nicolas de Boiscuillé a notamment conçu les décors de Polisse (2011), Le Sens de la fête (2017), Une Intime Conviction (2019) ou, dernièrement, De Gaulle (2020). Il nous dévoile les coulisses de son métier de chef décorateur, au carrefour de l’architecture et de l’image. Propos recueillis par A. Bloch, photos N. de Boiscuillé et M. Gircourt

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N

icolas de Boiscuillé est architecte de formation, et se souvient notamment avec émotion des cours de l’éminent philosophe et urbaniste Paul Virilio : « Des cours magistraux, dans tous les sens du terme. Il aurait beaucoup à dire sur la mise en réseau qui rend les catastrophes planétaires et instantanées. » Dès sa première année d’archi, Nicolas propose ses services à la FEMIS, fameuse école de cinéma, pour concevoir les décors de courts-métrages de fin d’études. Et avant même de décrocher son diplôme, il participe à son premier long, Julie est amoureuse (1998), « un film très rohmérien et très beau ». Il rencontre ainsi toute une bande, composée notamment de Pascaline Chavanne, costumière deux fois césarisée, ou du chef opérateur Pierre Cottereau. Ses collaborateurs aussi sont souvent les mêmes : « Pas forcément sur tous les films, certains en font un sur deux ou trois. Mais dans ce métier, c’est

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essentiel de bien connaître les gens avec qui on travaille. » D’autant que sur certains gros projets, une équipe déco peut compter pas loin de cent personnes ! Par quoi commences-tu en abordant un nouveau projet ? Je lis une première fois le scénario, d’une traite, pour comprendre dans les grandes lignes les enjeux des lieux et des personnages. Puis une seconde fois, scène par scène, pour saisir plus précisément les sentiments et émotions que le décor pourrait renforcer, par exemple en jouant sur les couleurs ou les volumes. C’est la chose la plus importante : comprendre ce que le réalisateur attend, en termes d’atmosphère, sans forcément le formuler. le rôle d’un chef décorateur ne se borne pas à « dépouiller » le scénario et à trouver des objets. Moi, je suis plus interventionniste : j’essaie de proposer des choses, de faire monter les intentions que je crois percevoir dans le scénario ou dans les échanges avec le réalisateur. Pour donner


Beaucoup de décors commencent par des croquis. Ici le QG de campagne de De Gaulle.

un exemple tout simple, on pourrait citer la scène du conseil des ministres dans De Gaulle. On a fermé les rideaux et les volets : ça donne un clair-obscur qui souligne qu’ils ne sont pas fiers, qu’ils se cachent. Travailles-tu toujours de la même manière ? Non, chaque film est un prototype. Je ne parle même pas de la cuisine de la fabrication elle-même, qui dépend beaucoup des enjeux financiers... souvent durs à tenir, d’ailleurs. Il faut surtout trouver un équilibre, selon le style du film, la lumière, les costumes ou le jeu des acteurs. Certains décors doivent se faire oublier, comme dans les films de Maïwenn, qui sont très naturalistes. D’autres sont quasiment des personnages à part entière : la salle de réception du Sens de la fête, par exemple, raconte quelque chose de la démesure du mariage, et du marié. Ensuite, quand on a tous les décors, il est

intéressant aussi de voir comment ils interagissent. On peut avoir besoin de renforcer les contrastes entre eux, pour polariser des situations, en faisant attention à ne pas les caricaturer. On peut aussi faire sciemment le choix d’une cacophonie chromatique. Parfois, on ne se consulte même pas avec les costumes, on laisse le hasard faire les choses : le résultat, intercalé entre deux scènes où tout est maîtrisé, peut faire sens. Quelle est la première étape concrète ? Les repérages. Sur De Gaulle, par exemple, pour les scènes d’exode dans le port [censé être celui de Brest, NDLR], on a fait un premier repérage [dans celui de Dunkerque, NDLR]. On avait beaucoup de vieux bâtiments en briques, dont je ne voulais pas. Faire une reconstitution, ça n’intéressait ni le réalisateur, ni le chef opérateur, ni moi. D’ailleurs, on se rend

Au cinéma, tous les décors ne sont pas encore numériques Followed Magazine 61


CULTURE

compte que quand les gens imaginent 1940, ils visualisent la fin du XIXe siècle : c’est souvent vieillot et marronnasse Alors que le Bauhaus a été fondé en 1919 ! Nous, on voulait quelque chose de moderne et coloré, un peu comme dans Les Heures sombres, de Joe Wright (2017), une vraie claque en termes de modernité du récit comme de l’image. Certains lieux qu’on a choisis ne fonctionnent pas historiquement, mais on le savait, et c’était un vrai choix. Quel est le poids des effets numériques ? Selon moi, tout ce qui peut être fait en vrai, il faut le faire en vrai, parce qu’on y croit plus. C’est la seule question qui compte : « Est-ce qu’on y croit ou pas ? » Parfois, on ne peut pas faire autrement : le paquebot sur lequel la famille de Gaulle embarque, par exemple, n’existe pas. On a envoyé beaucoup de photos d’époque

et de dessins aux VFX, en amont, pour leur expliquer ce qu’on voulait. Puis on a dû faire quatre ou cinq rendez-vous pendant la postproduction. Notamment avec le chef opérateur, pour voir si le point était fait au bon endroit. Le numérique est un outil formidable dans certains cas, par exemple pour refaire la patine des murs. Parce que fin XIXe ou début XXe, tout le monde avait un poêle à charbon, et les villes étaient entièrement couvertes de suie. Or c’est une chose qu’on a rarement le temps et les moyens de reproduire « en vrai » sur des extérieurs naturels. Certaines productions répondent qu’on ne va « quand même pas faire du numérique pour noircir des murs », mais moi, j’ai l’impression que c’est justement sur ce genre de petite plus-value qu’on doit en faire. Bon, De Gaulle est un contre-exemple sur ce point, parce qu’on l’a fait directement sur le plateau : le chef peintre a notamment

Pour De Gaulle avec Wilson, presque tout a été reproduit 62 Followed Magazine


Toujours sur De Gaulle, le paquebot dans lequel se déroulent plusieurs scènes n’existe pas dans la vraie vie : ce n’est que du studio.

« repeint » quasiment tout le port de Dunkerque. C’était trop blanc à l’image, alors il a passé des jus noirs sur les sols et les murs, pour tomber l’intensité ! Comment sont choisis les accessoires ? Contrairement à ce que beaucoup croient, l’accessoiriste reste sur le plateau de tournage, pour fournir, et parfois disposer les accessoires. Ce sont les régisseurs d’extérieur qui vont les chercher à gauche à droite, en accord avec les ensembliers, qui se chargent quant à eux du mobilier. Sur De Gaulle, deux ensemblières se sont dispatché les décors. Parce que chacun d’entre eux était très long à préparer, ensuite ça tournait vite mais il fallait encore tout démonter : elles ont beaucoup couru ! On a tous les trois rassemblé énormément de docs. Ensuite, historiquement, pour trouver les meubles et les accessoires, on passait par des loueurs, qui stockent des milliers d’objets, par exemple cinquante à soixante modèles de téléphones. Mais, malheureusement, ils disparaissent les uns après les autres. Pour des films contemporains, on doit souvent aller sur des sites de e-commerce pour trouver des choses, même si c’est beaucoup plus long. Pour reconstituer le 10 Downing Street, il a même fallu envoyer un camion à Londres. L’acteur anglais qui joue Churchill [Tim Hudson, NDLR] semblait vraiment impressionné par tous les petits détails qu’on avait mis dans « son » bureau.

Et quand il faut créer un lieu de toutes pièces ? J’ai eu beaucoup de doutes sur la BBC, par exemple. On voit sur les photos de son inauguration, dans les années 1930, que c’est un bâtiment très moderne : de la moquette orange, des formes arrondies, on dirait plutôt les années 1960, voire les décors de Star Trek. J’avais un peu peur que ce soit déroutant, même si c’était la réalité : dans un film, la réalité ne sonne pas forcément juste ! Finalement, on a adapté des couleurs, et on s’est inspiré de l’architecture. Ça nous a pris beaucoup de temps et, surtout, il a fallu qu’on explique pourquoi ce décor coûtait aussi cher, alors que ce sont juste deux espaces séparés par une fenêtre rectangulaire. On a choisi de faire quelque chose de très neutre pour le studio : quasiment un monochrome avec juste un peu de volume, pour bien faire ressortir de Gaulle et le micro [c’était le vrai, et fonctionnel, NDLR]. Et on s’est servi seulement de l’autre pièce, la régie, pour raconter le modernisme de cette époque. Une Intime Conviction est-il tourné dans une vraie cour d’assises ? Non ! Ce qu’il faut savoir, d’abord, c’est que c’était un premier film, avec un tout petit budget, de moins de trois millions d’euros. Au départ, on voulait évidemment une vraie cour d’assises, mais trois semaines de tournage, ce n’était pas possible, même pendant les vacances.

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CULTURE

Pour Une Intime Conviction, c’est une vraie cour d’assises qui a été refaite. En bois et en papier...

Alors on en a reconstitué une en studio, avec des panneaux d’agglo recouverts de papier kraft peint en faux bois. Le directeur de production nous a fait retirer progressivement des bancs dans le public, pour que ça ne coûte pas trop cher en figurants, mais je trouve que ça fonctionne quand même : plusieurs avocats nous ont même demandé dans quel tribunal on avait tourné. On a beaucoup travaillé sur la disposition et les niveaux de hauteur, avec notamment le président plus haut que les autres, parce que quand c’est trop à plat, comme dans certains films de procès, ça ne fonctionne pas : on peut faire ce qu’on veut, à l’image, on a l’impression qu’on a posé des bancs dans un gymnase. J’avais une référence en tête, qui était le procès d’O. J. Simpson. Même si le cahier des charges n’était pas le même : en France, les jurés sont en fer à cheval autour des juges, les témoins entrent par leur propre porte, etc. Les extérieurs ont été tournés sur le campus d’une école d’ingénieurs, en béton brut, ce qui m’a permis de jouer avec ce béton dans la salle d’audience. Comment as-tu conçu la salle de réception du Sens de la fête ? Tous les décors étaient réunis au même endroit, ce qui est rarissime : on a posé nos valises au château de Courances [au sud de Paris, NDLR], et on n’en a plus bougé. Mais les salons en enfilade étaient trop petits,

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alors on est parti sur l’idée d’une orangerie. Comme il y avait eu des inondations dans le parc, et des arbres par terre, on en a construit une de 300 m2 qui flotte sur l’eau d’un bassin ! On y a passé énormément de temps, avec plusieurs bureaux d’études, et on a eu un peu de mal à faire avaler ça aux assurances. Mais ça nous a permis de l’installer juste en face des cuisines, un clin d’œil à La Règle du jeu, de Jean Renoir (1939), où on passe en permanence de l’aristocratie du rez-de-chaussée aux domestiques du sous-sol, et où tout se joue dans l’escalier. Je voulais absolument cette verticale, et surtout cette ligne droite, éclairée comme une autoroute belge, pour qu’on sache toujours où on est. Dans un film, et surtout une comédie, si le spectateur mobilise du « cerveau disponible » pour comprendre où se trouvent les personnages, d’où ils viennent et où ils vont, c’est raté. Comme les trois quarts du film se passent de nuit, il a fallu éclairer le magnifique parc : on a plastifié des boules chinoises et testé absolument toutes les guirlandes du marché ! L’ensemble du décor, jusqu’aux fleurs, était conçu pour tenir deux mois sans s’abîmer ! Quel est ton prochain projet ? On a commencé la préparation du prochain film de Frédéric Tellier, qui a notamment signé L ­ ’Affaire SK1 [sur la traque de Guy Georges, NDLR]. Avec le coronavirus, on a tellement de temps en ce moment (pour une fois)


Pour Le Sens de la fête avec Bacri, Lellouche et Rouve, toutes les scènes ont été dessinées sur ces croquis avant d’être réalisées en vrai Dès les premiers croquis, Le Sens de la fête repose sur le contraste entre deux espaces : les cuisines du petit personnel d’un côté, l’extravagante réception de l’autre.

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MODE&OBJETS

PLACE AUX SALONS VIRTUELS Bâle et Genève annulés, il a fallu se réinventer du côté des

Salons horlogers suisses. C’est donc virtuellement, sur Internet, que les plus belles nouveautés de ce début d’année compliqué ont été dévoilées. Nous en avons fait une sélection non exhaustive, mais plutôt séduisante et pour tous les goûts.

RICHARD MILLE RM 33-02

La première RM33, sortie en 2011, était une montre ronde et musculeuse, mais assez fine et facile à porter au quotidien. Cette nouvelle RM33, baptisée très logiquement 02, en reprend l’esprit tout en poussant l’interprétation encore plus loin. Le directeur technique habillage de la maison, Julien Boillat, a repensé les lignes et l’esthétique du nouveau modèle sans dénaturer la version originale, en accentuant le côté sportif avec cette boîte faite de carbone TPT brut enserrant une carrure en or rouge satiné. Pourtant, ses dimensions restent contenues avec seulement 41,7 mm de diamètre pour moins de 9 mm d’épaisseur. Une vraie performance que l’on doit en partie au mouvement mécanique à remontage automatique de 2,6 mm d’épaisseur, capable pourtant de garantir 45 heures de réserve de marche. Pour ajouter de la profondeur visuelle, un gros travail a été réalisé sur le cadran squeletté (laissant apparaître le mouvement) et sur la platine sablée, tous les deux entièrement façonnés à la main. Limitée à 140 pièces dans le monde, cette RM33-02 automatique est montée sur un bracelet en caoutchouc et vendue 155 500 €. à

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PANERAI

Tourbillon édition MIKE HORN PAM01108

À homme extraordinaire, montre extraordinaire. Pour célébrer son ambassadeur helvéto-sud-africain Mike Horn (voir notre entretien avec lui), et sa dernière expédition en Arctique, la marque du groupe Richemont Panerai, née en Italie à Florence en 1860, mais aujourd’hui basée à Neuchâtel en Suisse, propose 5 exemplaires d’une Submersible Tourbillon du genre étonnant. La boîte de cette montre exceptionnelle, de 50 mm de diamètre hors couronne et protège-couronne, est faite d’un acier haute technologie EcoPangaea, composé de métal recyclé issu de l’arbre d’hélice du voilier Pangaea de l’explorateur, et accueille un mouvement maison ultra-performant. Baptisé P.2005/T, ce calibre mécanique à remontage manuel squeletté affiche l’heure d’un second fuseau horaire (fonction GMT) et bénéficie d’une réserve de marche de six jours grâce à ses trois barillets. Et pour en garantir la précision, Panerai a doté de mouvement d’un tourbillon trente secondes (rotation d’une demi-minute), visible à 10 h 30 à travers le cadran. L’ensemble, étanche à 300 m de profondeur, est proposé sur un bracelet caoutchouc noir et boucle ardillon, mais aussi avec un second bracelet en tissu fabriqué à partir de fibres recyclées TEP. Évidemment, le prix dépasse les tarifs habituels de la marque, à 190 000 €. Mais il n’y a que cinq exemplaires dans le monde.

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MODE&OBJETS

PURNELL Escape II S Treasure Montée en 2006 par Jonathan Purnell, cette maison horlogère produit des montres étonnantes, toutes dotées d’un tourbillon comme cette Escape II S Treasure. Pour les amateurs, sachez que le S veut dire small (pour petite) car la boîte ne fait « que » 44 mm de diamètre sur 18 mm d’épaisseur, et que Treasure vaut pour les 152 brillants habillant chaque cage extérieure des deux triples tourbillons. Là, ça commence à devenir vraiment intéressant. Le maître horloger de la maison, Eric Coudray, a dessiné des triples tourbillons sphériques, baptisés Spherions, dont les rotations, évidemment sur trois axes, se font en 8 secondes pour la première cage, en 16 pour la seconde et en 30 pour la plus large, suffisamment vaste pour y incruster les 152 pierres. Pour l’anecdote, sachez que chaque Spherion en titane plaqué or rose pèse 0,831 gramme, brillants compris. Ils régulent le temps du calibre CP13, mécanique à remontage manuel, composé de 386 pièces dont 67 rubis assurant des rotations fluides aux différents axes, et offrant 32 heures de réserve de marche. Cette œuvre d’art est logée dans une boîte en titane grade 5 traitée DLC noir, dotée de glaces saphir des deux côtés et montée sur un bracelet en cuir de crocodile ou en caoutchouc naturel. Prix de l’exclusivité : 437 000 €.

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CHANEL

Mademoiselle Privé Bouton Mademoiselle Gabrielle Chanel chérissait les symboles et les objets, dont les boutons qui avaient dans ses créations un rôle très précis. En 2020, le studio de création horlogerie de Chanel présente la collection Mademoiselle Privé Bouton, une série de sept montres qui rend hommage à cet élément si important dans l’univers stylistique de Gabrielle Chanel. Il s’agit de petites montres intégrées sous un bouton de 2,5 cm de diamètre, parfois une perle sertie d’or, le profil de Gabrielle Chanel en agate, un lion en or sculpté ou un camélia en diamant, montées sur des bracelets en tweed noir gansé de cuir mordoré de 3,5 cm de large (ou laqué) qui viennent se refermer... sous le bouton. Le mouvement de la montre est à quartz haute précision, sans jour ni date pour ne pas surcharger le cadran. Prix de ces bijoux : de 48 000 € pour la version avec la perle à 1 000 000 € pour l’une des deux pièces de haute joaillerie dont le bracelet est entièrement recouvert de diamants.

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MODE&OBJETS

VACHERON CONSTANTIN Fiftysix calendrier complet Inspirée de la première montre étanche de la maison, lancée en 1956 sous la référence 6073, d’où son nom Fiftysix (pour 56 en anglais), cette Vacheron Constantin existe depuis 2018. Mais cette année, elle adopte une combinaison unique d’or rose 18 carats pour la carrure dont les formes rappellent celles de la croix de Malte, symbole de la maison de Genève, associée à un cadran brun sépia incroyablement travaillé. Ainsi, le cadran à secteurs arbore des finitions opalin, soleillé et azuré qui jouent avec la lumière pour donner un cachet subtilement vintage à cette montre de 40 mm de diamètre. Dans cette version calendrier

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complet, elle affiche les heures, minutes et secondes, mais aussi la date, le jour, le mois et les phases de Lune pour les 122 prochaines années, sans nécessiter la moindre correction manuelle. Tout cela grâce au mouvement 2460 QCL/1 mécanique à remontage automatique de la maison. Formé de 308 composants, il offre environ 40 heures de réserve de marche et profite de la certification Poinçon de Genève. L’ensemble est étanche à 30 m, dispose d’un fond de boîte transparent saphir et d’un bracelet cuir de veau brun doublé cuir de veau sur boucle ardillon en or 18 carats. Cette Fiftysix calendrier complet est vendue 30 300 €.


OMEGA

Speedmaster 38 mm Or Célèbre pour avoir accompagné le premier homme sur la Lune, l’Omega Speedmaster, que beaucoup appellent encore la « moonwatch », existe depuis quelques années aussi pour les femmes, avec sa boîte de 38 mm de diamètre. Pour 2020, la marque haut de gamme du groupe Swatch propose deux versions en or 18K. Une avec un boîtier or Sedna rose et bracelet brun taupe, la seconde (ici en photo) en or jaune 18K sur bracelet cuir vert. Dans les deux cas, le cadran est monochrome, crème ou blanc, doté d’index en or et d’un guichet date à 6 heures. La classique lunette en alliage des versions homme est évidemment reprise, mais rehaussée selon les versions de 90 petits diamants pleine taille, sertis dans l’or de la boîte. Le fond du boîtier est, comme sur la Speedmaster originale, frappé de l’hippocampe Omega et les aiguilles sont entraînées par le mouvement maison Co-Axial 3330, mécanique à remontage automatique et fonction chronographe. Au total, ce sont quatre montres proposées, vert ou brun, diamants ou pas, à partir de 14 600 € (17 700 € avec la lunette sertie de diamants).

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MODE&OBJETS

MICHEL HERBELIN

Newport Héritage Basée en Franche-Comté, l’atelier d’horlogerie française Michel Herbelin vient de dévoiler sa nouvelle Newport Héritage. Nouvelle mais inspirée des 70 années d’expérience de la maison, dotée d’une boîte en acier de forme coussin, de 42 mm de diamètre et étanche à 100 m de profondeur. Ce boîtier, alternant les surfaces polies et brossées, accueille un mouvement mécanique à remontage automatique suisse Sellita proposant 38 heures de réserve de marche. Sur le cadran bleu finition soleil, en plus d’un guichet double affichant le jour et la date, en français s’il vous plaît, nous retrouvons des index à facettes, un rehaut gradué (tout autour du cadran) et une fine croix rouge rappelant les quatre points cardinaux. Cette montre homme dispose de glaces saphir sur les deux faces, laissant ainsi admirer sa masse oscillante gravée au nom de la maison franc-comtoise. Elle est proposée en deux versions, avec un bracelet mesh en acier satiné (à droite) ou sur un bracelet tissu bleu rappelant la couleur du cadran, façonné dans un textile technique hautement résistant dans lequel sont aussi faits des cordages marins. Vendue 1 290 €, cette montre est une édition limitée à 1 000 exemplaires.

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TISSOT Heritage Navigator Chrono Auto 1973 La maison du Locle, propriété du groupe Swatch, cultive ses racines automobiles avec cette seconde itération de la Navigator Chrono Auto 1973. Un an après une première « réinterprétation » du modèle, cette nouvelle Heritage 1973 célèbre les liens unissant Tissot et l’écurie de course de voitures d’époque Kessel Classics, qui possède, entre autres, la Formule 1 Tissot de 1977 qu’elle a fait gagner au Grand Prix historique de Monaco 2016. La montre possède une boîte acier de 46,6 x 43 mm, avec pour particularité un quartier du totaliseur des minutes de la fonction chronographe (à 3 heures) de couleur bleue. Sous ce cadran et la glace saphir bat un calibre Valjoux A05.H31, mécanique à remontage automatique proposant 60 heures de réserve de marche, que l’on peut observer au travers du fond transparent en verre minéral. L’ensemble est étanche à 100 m et est proposé en trois versions : Panda (comptoirs noirs sur cadran blanc), Reverse Panda (comptoirs blancs sur cadran noir, comme ici en photo) et une version comptoirs blancs sur cadran bleu... sans nom. Montée sur un bracelet en cuir de veau ajouré et surpiqué (trois couleurs) et boucle déployante acier, cette montre Tissot est vendue 1 690 €.

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SPORT&LOISIRS

Jérémy Florès

Chasseur

de tubes

À 32 ans, après quatorze années sur le tour pro, le surfeur de la Réunion demeure l’un des meilleurs du monde. Il devait représenter la France cet été au Japon, pour la première de son sport dans l’histoire des jeux Olympiques. Ce n’est que partie remise.

Textes C. Boulain, photos Breitling, WSL/Cestari, WSL/Masurel

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SPORT&LOISIRS

Jérémy, dans le nouveau show-room de la marque horlogère Breitling à Paris, dont il est un ambassadeur. Avec la SuperOcean qu'il ne quitte pas même pour surfer.

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«M

on premier tube, je dois avoir 4 ans, c’est chez moi à La Réunion, à Boucan Canot avec mon père. Au début, c’est avec lui que j’ai appris à surfer, dès 3 ans je crois. Et je ne me suis jamais arrêté. » Le regard dans le vide, vers un horizon imaginaire, bien plus lointain que les murs de la boutique Breitling de la rue de la Paix à Paris où il nous a rejoint, Jérémy Florès revient sur ses débuts. Comme beaucoup de jeunes Réunionnais, la mer est son quotidien. Initié par son père Patrick, il se met très tôt au surf. Au début, ils sont deux sur la planche. Mais rapidement le gamin trouve ses marques et prend ses propres vagues. Le mot précocité semble lui être dédié : facile, à l’aise sur ce pain de mousse polyuréthane recouvert de résine polyester, sur l’eau salée d’un océan Indien où émerge son île natale, Jérémy ne le sait pas encore, mais il se façonne déjà, à moins de 10 ans, un avenir de surfeur professionnel. D’abord entre Saint-Gilles-les-Bains et Saint-Paul,

sur la plage de Boucan Canot, puis sur l’île de sa mère, Madagascar, il progresse vite en cherchant à imiter ses idoles. « Évidemment, c’est Kelly Slater en premier qui m’a donné envie de surfer. Il est déjà champion du monde à 20 ans... lorsque je n’en ai que 4. Avec Tom Curren, une autre légende, ce sont les deux surfeurs qui m’ont inspiré. » Doué assurément, précoce évidemment, Jérémy se fait vite remarquer. Il a tout juste 11 ans quand ses parents prennent la décision de lui donner toutes les chances de continuer à progresser : ils vont partager l’année en deux, vivre entre l’Australie, haut lieu du surf mondial à cette époque, et les Landes, à Capbreton. Cela va durer pendant sept années. Les progrès sont rapides : à 14 ans, il devient cinquième mondial des moins de 18 ans. Il n’est pas majeur quand, invité par Quiksilver, son sponsor, sur l’épreuve du Quiksilver Pro 2005 d’Hossegor, il élimine le troisième mondial de l’époque, Mick Fanning. Un surfeur de renom qui deviendra connu du grand public dix ans plus tard, en boxant un requin lors d’une compétition

« Souvent, en surf, le risque ne vient pas de la vague »

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Ce que voient les gens, ce sont ces tonnes d'eau déferlant à une vitesse étourdissante. Mais sous la surface, parfois, il n'y a que quelques dizaines de centimètres avant le récif.

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« Le danger, il est sous la surface de l’eau » en Afrique du Sud. Les requins, nous y reviendrons... Malheureusement pour Jérémy sur cette épreuve, il perd ensuite face à son idole Kelly Slater. Ce n’est que partie remise. Il intègre le tour pro de la World Surf League en 2007, à tout juste 18 ans, devenant par la même occasion le plus jeune de l’histoire. Un signe, sans doute. C’est aussi cette année-là qu’il bat, sur la mythique vague de Teahupoo à Tahiti, le maître Kelly Slater, déjà sacré huit fois champion du monde, sur les onze titres que le Floridien va empocher dans sa carrière. « Kelly est une référence dans notre sport, le battre alors que je n’ai pas encore 20 ans, c’était énorme », se rappelle Jérémy. Il recommencera durant sa carrière, comme lors de la demi-finale des Pipeline Master à Hawaï en 2010, compétition qu’il remportera, étant le premier Européen à gagner une étape de la World Surf League. Et depuis, Jérémy fait partie du gratin mondial du surf, évoluant en permanence dans les quinze premiers. Avec une signature qui lui est propre, de surfer les tubes comme personne. « C’est une sensation particulière, de rentrer dans un tube.

C’est un peu comme un tunnel, avec la vague qui déferle et vient te recouvrir et t’accélérer en même temps. Tu dois rester le plus possible sur la partie critique de la vague, pour contrôler ta vitesse et ta trajectoire, pour avoir une chance d’en ressortir... Mon premier tube, avec mon père, nous n’en étions pas sortis d’ailleurs, je m’en souviens. Mais quand tu y parviens, quand tu gères tout parfaitement et que tu émerges dans la lumière, c’est comme une drogue », explique-t-il dans un éclat de rire. Avant d’ajouter, plus sérieux : « Beaucoup de gens pensent que cette masse d’eau est dangereuse, qu’elle peut te broyer si tu te laisses happer. Mais en fait, le danger n’est pas l’eau, mais ce qu’il y a sous l’eau. Généralement, ces vagues viennent déferler là où il y a peu de fond, avec un récif parfois coupant... Si tu chutes, tu n’as que quelques centimètres d’eau avant de t’écorcher sur les rochers. J’avais publié sur mes réseaux sociaux une photo de ma tête après une chute : j’étais, comment dire, abîmé. C’était très explicite. C’est là le plus grand danger. » En attendant, risque ou pas risque, ces tubes sont devenus une vraie marque de fabrique du surfeur

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« Les Jeux, aucun surfeur n’en avait rêvé » Florès sur le tour. Fidèle à Quiksilver depuis ses débuts, Jérémy est aussi un ambassadeur de la marque horlogère Breitling, dont il porte une ­SuperOcean, même dans l’eau. « J’aime bien les montres, depuis longtemps, et je me reconnais bien dans celle-ci. Et puis être ambassadeur d’une marque comme Breitling me permet aussi de sortir un peu du milieu du surf, de participer à des événements auxquels je n’aurais pas accès sans ça. C’est vraiment un beau partenariat. » Rencontré à Paris juste avant la période de confinement instaurée dans une grande partie du monde, Jérémy repartait ensuite vers Capbreton puis Tahiti, où il vit quand il n’est pas sur le tour pro. Logique, il partage sa vie avec l’ex-miss Tahiti Hinarani de Longeaux, avec qui il a eu une petite fille en 2017. Avec comme programme pour ce début d’année 2020 de se préparer à la reprise du tour pro ainsi que pour les jeux Olympiques de Tokyo où le surf fera sa première apparition comme discipline officielle. « J’ai terminé la saison 2019 dans une bonne dynamique, à la dixième place mondiale, avec une victoire en

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finale du pro France, en battant le champion du monde 2019 brésilien Ítalo Ferreira... Donc pour le tour pro, je suis assez ambitieux. Après, c’est un peu particulier, pour nous, les Jeux. Le surf va y faire sa première apparition, si bien que nous, les surfeurs, n’avions jamais vraiment pensé participer à cette incroyable compétition. Contrairement à beaucoup d’athlètes qui font des JO leur objectif. Bref, je suis super content de me dire que je vais y représenter la France, mais c’est quand même un peu abstrait. » Depuis, la crise du coronavirus est passée par là, retardant le début de la saison pro, programmée pour juin. Quant aux jeux Olympiques, nous savons maintenant qu’ils auront lieu en 2021. Cloisonné sur l’île de Tahiti avec l’autre surfeur français de classe mondiale Michel Bourez, Jérémy prenait son mal en patience en ce mois d’avril. Alternant les séances de yoga et la remise en forme, mais sans mettre un orteil dans l’océan pour l’instant. Pour lui qui y a passé près de trente ans, ce ne devait pas être évident. Courage Jérémy, tu vas bientôt retrouver tes tubes et ta planche.


Se déplacer sur sa planche, un peu comme sur un longboard, mais avec moins de stabilité et dans un tube, voilà à quoi joue parfois Jérémy Florès.

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Pèlerinage au pays du champagne Le confinement nous l’a rappelé, il faut profiter de notre liberté de voyager et des belles choses tant que nous y sommes autorisés. Surtout quand, à quelques centaines de kilomètres de chez soi, pour les Parisiens, les Lyonnais ou les Bruxellois, nous attend la Champagne, Reims, ses crayères et sa « montagne », mais aussi Épernay ou Hautvillers. Embarquez pour un week-end de tourisme œnologique. Textes et photos A. Poupin

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

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Plus de 130 ans auront été nécessaires pour ériger cette cathédrale Notre-Dame de Reims. Charles X, dernier roi de France, y fut couronné en 1825.

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REIMS

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avez-vous qu’il y a une montagne à Reims ? Au sud de la ville, la séparant d’Épernay et la Marne, et culminant à près de 300 mètres d’altitude. Mais avant de partir avec nous pour un tour de cette colline à la découverte des vignobles de champagne, prenons le temps de découvrir cette cité. Pratiquement rasée durant la Seconde Guerre mondiale, Reims fut pendant longtemps une ville incontournable en France. C’est dans sa cathédrale Notre-Dame, dont la construction a débuté en 1211, que furent couronnés presque tous les rois de France, jusqu’en 1825. Jouxtant le palais de Tau, qui accueillait les monarques pour ces cérémonies, cette cathédrale mérite une visite, que l’on soit croyant ou pas. Ne serait-ce que pour les vitraux de la chapelle du Saint-Sacrement, signés Chagall. La bibliothèque Carnegie mérite elle aussi quelques heures de flânerie : construite après la guerre, elle a permis d’accueillir les ouvrages précieux que l’hôtel de ville ne pouvait plus conserver. Et si vous êtes à Reims un week-end, faites comme les locaux qui, le samedi matin, font leur marché aux halles du Boulingrin, derrière l’hôtel de ville. Ensuite, prenez votre courage à deux mains, si vous circulez à vélo (c’est moins dur en voiture), pour grimper la butte Saint-Nicaise au sud, là où sont toutes les grandes maisons de champagne rémoises. Par le boulevard HenryVasnier, filez vers le domaine des Crayères qui surplombe la ville et depuis lequel on aperçoit la cathédrale, en passant devant les grilles frappées de noms emblématiques, comme Pommery, Taittinger, Charles Heidsieck ou Ruinart. Et prenez le temps d’une visite de caves, là où elles sont creusées dans la craie de la butte qui culmine une cinquantaine de mètres au-dessus du reste de la ville. Frédéric Panaiotis, le chef de cave de la plus vieille maison de champagne, Ruinart, nous a expliqué que cette épaisseur de calcaire suffit pour creuser des galeries fraîches, humides et écologiquement irréprochables : « Nous pourrions vieillir nos vins dans des entrepôts réfrigérés, mais ça ne serait pas mieux pour le vin et moins bien pour l’environnement. » Réputées mondialement, les crayères de la maison sont sans doute les plus belles à visiter. Surtout si vous aimez le blanc de blancs, « un champagne uniquement fait de chardonnay », comme nous l’a expliqué Frédéric, la spécialité de Ruinart qui vient de dévoiler sa nouvelle bouteille, gainée d’une seconde peau de papier pour la protéger de la lumière. Aussi agréable à regarder qu’à déguster.

U A E

À gauche, le 31e Louis Vuitton City Guide, consacré à Reims. À droite, ce que l’on peut visiter chez Ruinart : les plus belles crayères et des salons somptueux pour déguster le nouveau blanc de blancs.

A

près Rome, Le Cap, Pékin ou Sydney, c’est au tour de Reims d’avoir les honneurs de son Louis Vuitton City Guide. Seconde ville française à en bénéficier après Paris, la ville marnaise y est présentée dans le détail, avec les conseils avisés de Yuksek, musicien réputé qui y a grandi et vécu. Ce guide est disponible depuis le 15 juin en édition papier (20 €) mais aussi gratuitement en version numérique.

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uand on quitte Reims et sa butte Saint-Nicaise vers le sud-est, Verzenay n’est qu’à quelques kilomètres. Coincé entre le vignoble à l’est et la forêt de la montagne de Reims à l’ouest, le village accueille bien évidemment de nombreux viticulteurs. Mais c’est surtout pour son moulin et son phare que Verzenay est connu des amateurs. Le premier, qui est en fait le dernier moulin encore debout de la région, est perché sur le mont Bœuf, à gauche du village quand on a le vignoble en face. Érigé en 1818, ce moulin servit jusqu’en 1903 à moudre des céréales. Depuis, il fut poste d’observation durant les deux guerres, puis témoin d’un temps passé depuis 1949, date de sa restauration. Depuis 1972, il appartient à la maison de champagne Mumm, qui en assure la conservation. Plus remarquable par ses galeries souterraines que par le point de vue qu’il propose, ce moulin vaut toutefois un petit détour. Tout comme le phare de Verzenay, de l’autre côté du village, qui, du haut de ses 25 mètres, offre un panorama fabuleux sur ce côté du vignoble de la montagne de Reims. Propriété lui aussi des champagnes Mumm, mais exploité par les collectivités locales qui en ont fait un musée fort intéressant, retraçant entre autres les douze mois d’activité des viticulteurs et aidant ainsi à comprendre leur travail, le phare fut construit en 1909 et servit comme tel jusqu’à la Première Guerre mondiale, éclairant les vignes toutes les nuits. Une fois Verzenay visité, et avant de plonger au cœur de la montagne en direction du sud et des villes d’Épernay et d’Aÿ, prenez le temps d’une marche dans le parc des Faux de Verzy, à quelques centaines de mètres du phare. C’est un lieu étrange, ombragé, où se trouvent un millier de faux, des hêtres (avec un H) tortillards qui ressemblent à tout... sauf à des arbres. Parfois, on pourrait même y voir comme des pieds de vignes gigantesques, vieux et tortueux.

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VERZENAY

Verzenay, au sud-est de Reims, est un village placé en bordure de la montagne de Reims, surtout reconnu pour son moulin, classé monument historique. Il est le dernier des moulins de la région et appartient à la maison de champagne Mumm depuis 1972.


Le phare de Verzenay, situé à l’opposé du moulin, par rapport au village. Il offre une vue imprenable sur le vignoble, du haut de ses 25 mètres (et 101 marches) et propose un parcours découverte des territoires du vignoble.

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Même si l’histoire de la marque Dom Pérignon, propriété de LVMH comme Moët & Chandon, est liée à celle du moine éponyme et au village de Hautvillers, on trouve une statue du personnage à Épernay, à l’entrée des caves Moët.

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ÉPERNAY & AŸ

U

ne fois passé au sud de la montagne, côté vallée de la Marne et côte des blancs, vous arrivez sur Épernay. Si vous avez opté pour la départementale 9, la plus jolie, ce sont les vignobles voisins d’Aÿ qui vous accueilleront en premier. Bollinger, Ayala mais aussi Collet font partie des grandes maisons locales. Mais comme partout en Champagne, les petits vignerons sont aussi légion et produisent tous ce vin pétillant que le monde entier s’arrache. De ce côté de la montagne, les sols ne recèlent pas l’épaisseur de calcaire suffisante pour y creuser des crayères. Pourtant, juste à côté, à Épernay, vous aurez le loisir de faire l’une des plus belles visites de caves de toute la région. Rendez-vous avenue de Champagne, ça ne s’invente pas, devant la statue de Dom Pérignon, chez Moët & Chandon. C’est le départ des visites qui, selon le programme choisi, vous permettront de comprendre l’élaboration du champagne, dont la fameuse prise de mousse. L’idée est d’incorporer au vin tranquille (non pétillant), après la fermentation alcoolique qui transforme le sucre naturel des raisins en alcool, un mélange de levures et de sucre avant la mise en bouteilles. Durant le vieillissement en bouteille et en cave, les levures, en « mangeant » ce sucre supplémentaire, vont produire du CO2 qui donnera ces fameuses bulles à l’ouverture. Une opération délicate qui doit permettre d’obtenir 6 kg de pression dans la bouteille. Prenez le temps de poser des questions, c’est passionnant. Et puis, à la fin de la visite, celui de déguster un Impérial ou un Grand Vintage, ou encore un ICE, ce champagne sucré dont les amateurs de fête et de soleil se régalent sur les plages de la Méditerranée. Benoît Gouez, le chef de cave de Moët, nous en a expliqué la genèse : « L’été, j’avais remarqué que les gens ajoutaient des glaçons à des champagnes qui ne sont pas conçus pour cet usage. La glace dilue le breuvage et en désarticule le goût. Mais je les comprends ; ils souhaitaient à la fois une boisson rafraîchissante et le caractère chic du champagne. Les brut ou extra-brut ne sont pas élaborés pour être bus sur glace, alors, plutôt que de leur faire la morale, nous avons cherché une solution, nous nous sommes adaptés et avons innové. » Car même si le champagne existe depuis plus de trois siècles, il continue d’évoluer. Avec d’un côté des vins de moins en moins sucrés pour les amateurs avertis (davantage d’extra-brut à 5 g de sucre par litre) et de l’autre des champagnes à boire sur glace, au soleil de Saint-Tropez, comme cet ICE qui est dosé à 45 g de sucre par litre. C’est la quantité de sucre ajouté au dégorgement, après que l’on a enlevé les résidus stockés dans le col de la bouteille durant le vieillissement (tête en bas), au moment de faire le complément et de reboucher avant la mise en vente. C’est ce que l’on appelle le dosage.

À gauche, une des vues sur les caves de Moët & Chandon, à Épernay. Les visites guidées, agrémentées de dégustation, sont sans doute les plus intéressantes de la région. À droite, la maison de champagne Bollinger, à Aÿ, à quelques kilomètres d’Épernay.

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T

out pèlerinage a une fin, un aboutissement. En Champagne, et surtout quand on aime le champagne, c’est à Hautvillers qu’il faut s’arrêter. Sur les hauteurs d’Épernay, sur l’autre rive de la Marne côté montagne, ce petit village domine le vignoble, au-dessus de Cumières et Dizy où poussent des vignes orientées plein sud qui donnent des raisins exceptionnels. C’est ici, dans l’abbaye Saint-Pierre, adossée à l’église, que Dom Pierre Pérignon, vers 1670, aurait amélioré la méthode d’élaboration des vins pétillants du Limoux pour l’adapter aux vins de la région. Pour transformer ces jus tranquilles, comprenez sans bulle, en champagne comme nous le connaissons aujourd’hui. Il aurait même inventé le bouchon en liège pour remplacer celui en bois et tissu précédemment utilisé. Logique, avec les bulles, la pression était telle que ça ne tenait pas : 6 kg, rappelez-vous. S’il est aisé de visiter l’église, ouverte par la mairie aux touristes de passage, l’abbaye, en revanche, se mérite autrement : propriété de la maison Moët & Chandon, elle n’est ouverte qu’exceptionnellement, aux professionnels et aux amis de la maison. Une grande table en bois, quelques flacons à déguster et vous voilà transportés des siècles en arrière, à goûter un champagne millésimé très rare. Si chaque maison est réputée pour son style de vin, comme Gosset pour ces jus peu sucrés et tendus obtenus en bloquant les transformations malolactiques qui donnent de la rondeur aux vins blancs, Ruinart pour son blanc de blancs aussi fin et aérien que peu oxydé, ou encore Bollinger pour ses champagnes vineux vieillis partiellement en fûts de bois, Dom Pérignon se distingue par son exclusivité. Ici, uniquement des champagnes millésimés, faits de raisins de la même année, sans y ajouter de vins de réserves comme dans – presque – tous les autres champagnes (un mélange des années qui permet d’en garantir l’identité mais aussi la qualité). Si l’année n’est pas bonne, il n’y a pas de cuvée. Tout simplement. Aujourd’hui, en 2020 et après le confinement, nous trouvons à l’achat du 2009, après 2006 et 2008. 2007 n’avait pas été une bonne année. En revanche, si Hautvillers est à cocher sur votre parcours, ne vous attendez pas à y visiter les caves Dom Pérignon. Elles sont à Épernay, partagées avec celles de Moët & Chandon. Sans doute la raison de la présence de la statue qui en garde l’entrée...

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HAUTVILLERS

Selon la légende, c’est vers 1670 que Dom Pierre Pérignon aurait trouvé le moyen de faire mousser le vin blanc pour en faire un champagne. Ici, à Hautvillers. La fin de notre pèlerinage.


Vue aérienne sur l’église abbatiale de Hautvillers, jouxtant l’abbaye Saint-Pierre où, selon l’histoire, tout a commencé avec Dom Pérignon. Le superbe petit village de Hautvillers, sur le flanc sud de la montagne, surplombe Cumières et ses vignobles.

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Les adresses du

Louis Vuitton City Guide DORMIR REIMS La Caserne Chanzy, hôtel et spa 18, rue Tronsson-Ducoudray Tél. 03 26 83 18 18 www.lacasernechanzy.com

Les Crayères 64, boulevard Henri-Vasnier Tél. 03 26 24 90 00 www.lescrayeres.com Hôtel du Marc 18, rue du Marc www.veuveclicquot.com ÉPERNAY Le 25 bis by Leclerc Briant 25 bis, avenue de Champagne Tél. 03 26 56 40 70 www.le25bis.com COURCELLES-SUR-VESLE Château de Courcelles 8, rue du Château Tél. 03 23 74 13 53 www.chateau-de-courcelles.fr AVIZE Les Avisés 59, rue de Cramant, Tél. 03 26 57 70 06 www.selosse-lesavises.com

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MANGER REIMS Racine 6, place Godinot Tél. 03 26 35 16 95 www.racine.re

Gueuleton 1, place des Martyrs-de-la-Résistance Tél. 03 26 03 58 94 www.gueuleton.fr ÉPERNAY Symbiose 5, rue de Reims Tél. 03 26 54 75 20 www.symbiose-restaurant.com CHAMPILLON Le Royal Champagne, hôtel et spa 9, rue de la République Tél. 03 26 52 87 11 www.royalchampagne.com TINQUEUX L’Assiette champenoise 40, avenue Paul-Vaillant-Couturier, Tél. 03 26 84 64 64 www.assiettechampenoise.com


CHÂTEAU

LAFON-ROCHET GRAND CRU CLASSÉ EN 1855

SAINT-ESTÈPHE

«UN DES RARES GRANDS CRUS DONT LES PORTES VOUS SONT OUVERTES TOUT AU LONG DE L’ANNÉE.» www.lafon-rochet.com

visites@lafon-rochet.com

Photo : Mathieu Garçon

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEUREUX POUR LA SANTÉ. A CONSOMMER AVEC MODÉRATION


MÉCANIQUE

Ferrari

F8 SPIDER

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Dieu

existe Évangile selon saint Ferrari, chapitre V8, verset 32 : « Elle multiplia les chevaux, guérit les possédés de l’atmosphérique et vola sur l’asphalte comme le fils de Dieu marchait sur les eaux. » Me voici apôtre de sainte F8, priez pour moi pauvre pécheur. Textes A. Privat, photos C. Boulain

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MÉCANIQUE

N

e vous attendez pas à parcourir un article bardé des poncifs habituels de ce genre d’essai, « ça pousse fort, très fort » ou « aussi précise qu’une lame de rasoir » : vous seriez déçus. Je ne suis pas rompu à ce genre d’exercice. Je n’ai posé mon fondement ni dans une 488 GTB, ni dans une 488 Pista. Je suis tout aussi incapable de comparer cette F8 Spider, déclinaison cabriolet de l’étonnante Tributo essayée dans Followed en décembre dernier, à une McLaren 720S, une Porsche 911 Turbo S Cabriolet ou une Lamborghini Huracán EVO RWD Spyder. À vrai dire, je ne sais même pas si elles sont réellement concurrentes. Je ne les ai vues pour la plupart qu’en photos dans Followed ou sur le Web, comme vous. Pire, aucune d’elles ne m’intéressait vraiment. Pourtant, si je le voulais, il me suffirait de quitter mon domicile niçois, de monter deux rapports sur ma Rocket III (cherchez sur Internet si vous ne savez pas ce que c’est), pour me retrouver sur la place de l’hôtel de Paris à Monte Carlo, à siroter un expresso à 9,50 € en regardant, jusqu’à l’écœurement, passer au ralenti la quintessence de l’automobile d’exception, toutes officines confondues. Mais non, j’ai passé l’âge, me disais-je. Pourtant, j’ai fait partie du monde de la presse automobile. J’ai même bossé pour le marketing d’une marque allemande haut de gamme. La dernière automobile du genre que j’ai eu la chance d’essayer était la première Audi R8 V10 et mon ultime charrette personnelle est une Mercedes C63 AMG break (celle avec le V8 6.2 atmosphérique qui fait glouglou comme un Riva). Bref, j’étais plus ou moins initié à la chose automobile. J’y ai même été sensible, il y a dix ans. Et je croyais ne plus l’être.

« Celui qui n’est plus un ami ne l’a jamais vraiment été » Cette pensée d’Aristote m’a toujours parlé. J’ai bientôt 50 ans, et la vie a fait le tri pour moi. Et vu qu’elle a bien fait les choses, elle a mis sur ma route le rédacteur en chef du magazine que vous avez entre les mains. À l’époque, nous travaillions pour des groupes de presse concurrents et nous croisions au gré des présentations presse et des Salons automobiles. Vingt ans plus tard, on s’appelle comme si on s’était quittés la veille. On parle cigare(s), café(s), alcool(s), champagne(s), femmes(s), voyage(s), enfant(s), et bien sûr automobile(s) : « Je vais essayer la Ferrari F8 Spider près de chez toi, ça te tente de replonger une matinée ? » Bof, OK, pourquoi pas...

Vous avez besoin de mon permis ? Pour celui qui n’a jamais vu un parc presse de sa vie (des endroits bien cachés ou chaque marque propose à l’essai ses modèles aux journalistes), c’est une ambiance assez surréaliste. Celui où nous nous rendons est caché au fin fond d’une zone industrielle, entre un bouclard de plomberie et les rangées de palettes d’un transporteur local. Derrière le rideau en métal orné du badge Officine Classiche Ferrari déjà relevé, se trouve l’atelier « réparations » de la concession de Cannes, SF Côte d’Azur, capable de remettre en état concours toutes les Ferrari de route, récentes ou pas. C’est bête à dire, mais je m’y suis senti immédiatement comme un môme dans un magasin de jouets. Dans un coin, une Testarossa noire exhibe ses arbres à cames. Un mécano a les mains plongées dans la tripaille de son douze-cylindres Boxer. Sur le parking, une 308 GTS gun métal en plaques new-yorkaises, avec ses affreux boucliers conçus pour le marché américain m’attire l’œil. 360 Modena,

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Comme le coupé F8 Tributo, le cabriolet reprend le fabuleux V8 biturbo 720 ch, le différentiel à pilotage électronique, la boîte de vitesses à double embrayage et tous les éléments aérodynamiques développés par la Scuderia. Cela lui garantit une efficacité exceptionnelle doublée d’une docilité rare à ce niveau de puissance. Beau travail.

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MÉCANIQUE

MĂŞme dans le brouillard au-dessus de Vence, la F8 Spider sait se faire plaisante. Et quelle finition, entre carbone, cuir et Alcantara.

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458 Challenge, F430, California, GTC4 Lusso, il y en a pour tous les goûts. C’est d’ailleurs assez étonnant de les voir parquées en rang d’oignons. D’un seul regard, il est aisé de balayer l’évolution stylistique de la marque. Certains modèles ont mal vieilli. D’autres s’en sortent avec les honneurs. Pendant que mon ami remplit les formulaires d’usage, je batifole devant une 488 Pista raide neuve. Je m’intéresse nonchalamment à la fiche technique, car cette Pista et la F8 Spider partagent le même groupe propulseur. « Bonne nouvelle », le véhicule est à vendre. Combien, vous dites ? 369 808 € TTC... hors frais d’immatriculation. Quand même. En une fraction de seconde, je redescends sur terre. Mon R/C du jour (rédacteur en chef) étant rompu à l’exercice, il signe les papiers du prêt comme s’il s’agissait d’un vulgaire Kangoo. « Vous avez besoin de mon permis ? De ma chemise ? d’une caution de 50  K€ ? »... « Non, non, amusez-vous bien, elle n’a que 300 kilomètres au compteur. TF1 la récupère mardi, ce n’est pas la peine de la rendre avec le plein, bonne journée. » Un autre monde, vous dis-je.

« C’est par l’expérience, que la science et l’art font leur progrès chez les hommes »

Le toit rigide escamotable se manipule électriquement en 14 secondes, jusqu’à la vitesse de 45 km/h. Le travail sur le châssis a permis d’en conserver toute la rigidité pour assurer un comportement routier sans faille.

Merci Aristote pour cet adage et merci Ferrari de l’avoir suivi à la lettre. La dernière « Fefe » que j’ai eu la chance d’essayer était une 430. C’était il y a quinze ans. Je me dois d’être honnête, c’était aussi mal fini qu’inconfortable. L’ambiance hésitait entre esprit bourgeois et racing. Moquette épaisse, cuir pleine fleur, mais plastiques durs mal ajustés et commodos Fiat. Ça choquait un peu. Avec cette F8, le gap est surréaliste. Ce n’est plus la même planète, plus le même univers. Je suis magnifiquement installé dans un baquet à l’ergonomie et au design de haute volée. Devant moi, du carbone, du cuir, de l’Alcantara... et rien d’autre. Le cockpit est dépouillé, seul subsiste l’essentiel. L’impression de légèreté est omniprésente. L’ergonomie et les ajustements sont parfaits. Il n’y a « tellement rien » que cela en devient presque troublant. En ce sens, le cockpit est beaucoup plus proche de celui d’une McLaren 720S que de celui d’une Lamborghini Huracán, où l’on sent la patte Audi omniprésente. A contrario, l’habitacle de la McLaren est minimaliste au possible, à l’anglaise, privilégiant la fonction à la forme. La Ferrari F8 est un subtil mélange des deux. Elle ressemble à l’anglaise (ou l’inverse), tout en y apportant cette touche de design à l’italienne incomparable. Il y a plein de petits détails bien pensés, comme le support central à mémoire de forme, pour la clé de contact. Un creux aux formes douces dans lequel la clé vient se loger en forçant « juste ce qu’il faut ». C’est extrêmement sensuel et très bien pensé. Idem pour la finition des palettes en carbone de la boîte séquentielle à 7 rapports. J’ai l’impression de toucher de la peau. On sent que le lien entre l’homme et la machine a été particulièrement étudié. Mais il y a aussi des trucs tellement étonnants qu’on se demande pourquoi aucun constructeur généraliste n’y a pensé avant. Un exemple ? Il n’y a plus de commodos disgracieux pour les clignotants ou les essuie-glaces. Tout est sur le volant, à portée de main, au niveau des pouces. Déjà on ne risque pas de se prendre les pinceaux dedans au moment de monter ou tomber un rapport avec les palettes. Mieux, on finit par mettre ses clignotants naturellement, 100 % du temps, en tournant simplement le volant. L’ergonomie est parfaite, le geste naturel. Même remarque pour le design extérieur. On est finalement assez éloigné du style de la future T.50 du génial designer Gordon Murray. Pourtant,

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MÉCANIQUE

Données constructeur

FERRARI F8 SPIDER

les deux véhicules sont guidés par les mêmes lois aérodynamiques, la même réflexion visant à augmenter l’appui tout en réduisant la traînée, l’objectif de tous les génies de la soufflerie. Mais comme un canapé Antonio Citterio, ou une MV Agusta Superveloce 800 Serie Oro, il y a ce truc en plus qui ne sert pas la fonction, mais qui rend l’ensemble irrésistible.

Nul, zéro Par contre, s’il y a bien un truc absolument nul sur la Ferrari F8 Spider, c’est le temps de réponse de ses deux turbos. Je ne vais pas vous barber avec la fiche technique de cette œuvre d’art qu’est le groupe propulseur Ferrari. Allez surfer, gavez-vous des essais presse, télé et Internet de la F8 Tributo classique (celle avec le toit fixe) et vous vous ferez une idée. « Avec ses 185 ch/l, ce moteur est le plus performant de l’histoire pour une Ferrari n’appartenant pas à une série limitée », selon Ferrari. Élu meilleur moteur du monde à plusieurs reprises, si je ne dis pas de bêtise, je serais bien incapable de le comparer à ses homologues des officines McLaren, Lamborghini et Porsche. Je ne les ai pas essayées et, même si c’était le cas, mon jugement n’engagerait que moi. Ce qui est absolument dingue avec ce moteur, c’est sa facilité d’usage. Ma grand-mère pourrait conduire ce Spider de 720 ch qui permet de rouler en 7e à 50 km/h en ville sur un filet de gaz et dans un confort incroyable, ménagé par la suspension pilotée magnétiquement. Vous pouvez faire des marches avant ou arrière sur une descente de parking pendant deux heures sans cramer l’embrayage, sans soubresaut, sans à-coup. Vous pouvez jouer avec la boîte en montant et descendant les 7 rapports le plus vite possible, à 50 km/h, juste parce qu’elle sait le faire et pour le plaisir sensoriel que cela vous procure. Idem pour le toit électrique rétractable qui se déploie en 14 secondes et jusqu’à 45 km/h. Nous avons essayé : 44 km/h, cela fonctionne, 46 km/h, cela ne fonctionne plus. L’acoustique est parfaitement maîtrisée, tout comme la cinématique d’ouverture. Bel lavoro, Ferrari !

Moteur : V8 à 90°, biturbo, 32 soupapes, distribution variable, 3 902 cm3 Transmission : propulsion, 7 rapports, automatique à double embrayage et différentiel électronique Puissance (ch à tr/min) 720 à 7 000 Couple (Nm à tr/min) 770 à 3 250 Masse (kg) 1 560 Long.xlarg.xhaut. (m) 4,61x1,98x1,21 Vitesse maxi (km/h) 340 0 à 100 km/h 2”9 0 à 200 km/h 8”2 Consommation mixte (l/100 km) 12,9 Émissions de CO2 (g/km) 292 Puissance fiscale (CV) 69 Prix en France : à partir de 262 000 € Malus écologique : n’en parlons pas

Le double effet Kiss Kool Le truc avec la F8 Spider, et les essayeurs spécialisés s’accordent à le dire, c’est son côté facile hautement addictif. Tu tournes le volant de 27°, elle amorce une courbe de 27°. C’est difficilement explicable avec des mots. Tu accélères full throttle, elle te comprime la cage thoracique à chaque rapport, sans jamais s’essouffler, alors que toi, tu travailles ton apnée. 720 chevaux, pour rappel, c’est dix fois la puissance d’une citadine moderne. Est-elle plus ou moins rageuse ou exploitable que ses concurrentes ? Franchement, je n’en sais rien. Je sais juste qu’elle m’a appris l’humilité et la limite de mon physique, avant les limites de la physique. Limites qu’elle n’a d’ailleurs jamais atteintes sur les petites routes du col de Vence où sa légèreté, son différentiel piloté et ses freins carbone-céramique ont fait des merveilles. Deux ou trois fois, mon cerveau était, lui, à la limite de suivre, tant le paysage défilait vite, que mon champ de vision se rétrécissait, alors que tout semblait facile, sous contrôle. Si vous êtes un amoureux des beaux objets et de la chose automobile, n’écoutez pas les journalistes automobiles. Aussi bons soient-ils, ils ne pourront retranscrire sur le papier les émotions qu’un tel véhicule distille. Offrez-vous plutôt un stage de pilotage sur circuit près de chez vous, louez une Ferrari F8 Spider auprès d’une société spécialisée... ou allez en commander une. C’est un investissement, mais la vie est courte et les occasions de toucher Dieu ne sont pas légion. Amen.

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La seule déception de cet essai, s’il doit y en avoir une, est la sonorité délivrée par le V8 biturbo. Elle n’est pas plus présente qu’avec le coupé... alors que nous l’attendions envahissante. Mais notre modèle n’était pas doté des échappements titane ou sport optionnels.


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MÉCANIQUE

GENÈVE VIRTUEL

NOUVEAUTÉS QUAND MÊME

L’

épidémie de coronavirus aura eu la peau des Salons de l’auto de Genève, en mars, comme de Paris, en octobre. Mais si les nouveautés concoctées par les constructeurs n’ont pas pu rouler sur les moquettes des stands, elles étaient quand même prêtes. La preuve.

CITROËN AMI Citroën, comme d’autres constructeurs, n’avait pas prévu de venir parader en Suisse. Pourtant, la marque française, qui a terminé l’année 2019 en trombe, avait une belle surprise à nous dévoiler : cette AMI. Ce n’est pas une voiture, mais un quadricycle électrique à deux places, ce qui lui permet d’échapper à pas mal de contraintes d’homologation (crash-test par exemple), et qui se veut minimaliste (la même porte de chaque côté, donc inversée à gauche), sans ABS ni ESP, mais avec une masse contenue pour garantir une autonomie correcte malgré une toute petite batterie rapide à charger (485 kg pour une batterie de 5,5 kWh et 70 km d’autonomie). Mais surtout, avec la défiance des urbains envers les transports en commun, cette AMI arrive à point nommé pour révolutionner la ville, alors que la Renault Twizy était sans doute en avance. Elle est accessible dès 14 ans, bridée à 45 km/h et proposée via Internet ou dans les magasins Darty ou la Fnac à partir de 6 900 € (hors bonus de 900 €). Mieux, il est possible, après un premier loyer majoré de 2 644 €, de la louer pour 19,90 € par mois. C’est combien déjà, une carte Navigo ?

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AUDI e-tron

Sportback Second modèle de la gamme e-tron, après le SUV sorti en 2019, voici la déclinaison coupé Sportback. Il s’agit évidemment d’un modèle 100% électrique, proposé en trois motorisations, 50 Quattro (230 kW et 540 Nm), 55 Quattro (265 kW et 561 Nm) et une version boostée 55 Quattro développant la bagatelle de 300 kW (408 ch) pour un couple de 664 Nm, et qui sera fabriqué dans l’usine Audi de Bruxelles. Doté de quatre roues motrices, d’un moteur électrique par train et d’une batterie Li-Ion de 71 kWh ou 95 kWh, l’e-tron Sportback sera équipé en série des phares Matrix LED (à diodes, capables de s’adapter à toutes les situations de conduite pour garantir un éclairage optimal), et en option des rétroviseurs virtuels à caméra. Ils projettent dans l’habitacle l’image captée derrière et sur les côtés et participent à l’excellent Cx de l’engin, mesuré à 0,25. De quoi assurer une belle autonomie (jusqu’à 448 km sur le cycle WLTP, 55 Quattro) malgré une masse et des performances élevées. Les recharges peuvent se faire sur des prises domestiques ou des bornes rapides (11 kW en série, 22 en option), et même ultra rapide (120 ou 150 kW). Les prix débutent dès 74 900 € (hors bonus).

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MÉCANIQUE

Volvo XC40 Recharge 100 % électrique

Comme Citroën, le suédois Volvo n’avait pas prévu de venir à Genève. Pourtant, il ne manque pas d’actualité avec l’hybridation rechargeable à marche forcée de toute sa gamme (forcée par les règlements sur les émissions de CO2), qui concerne aujourd’hui la totalité de ses modèles à l’exception de son break compact V40. Mais la grosse nouveauté est sans doute une autre version, elle aussi baptisée Recharge, mais dépourvue de réservoir. On l’aura compris, ce petit XC40 est 100 % électrique, doté de deux moteurs (un par essieu) qui développent un total de 408 ch. Avec une grosse batterie 78 kWh intégrée sous le plancher, il affiche une autonomie de plus de 400 km, sans doute bien aidé par la recharge automatique en décélération assurée par les deux machines électriques en même temps. De quoi conduire ce SUV d’un seul pied, avec un freinage régénératif sensible dès que l’on soulage l’accélérateur. Dernière caractéristique notable : ce XC40 profite de la fonction Volvo Car Sharing qui permet de prêter son véhicule à distance et pour un temps donné... via une application sur smartphone. À partir de 59 940 €.

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LEXUS UX 300e Le champion du monde des voitures hybrides, le groupe Toyota, à qui appartient Lexus, se met au 100 % électrique. Avec, comme premier modèle pour sa marque de luxe, ce SUV UX, ici baptisé 300e. Présenté en Chine à la fin de l’année dernière, cet UX électrique devait être à Genève avant d’investir les concessions de la marque avant l’automne. Il associe une machine électrique de 150 kW (soit 204 ch) et 300 Nm de couple sur les seules roues avant à une batterie Li-ion de 54,3 kWh logée sous le plancher. On l’aura compris, il n’est pas question ici de jouer la sportivité comme le font les concurrents, mais davantage la praticité au quotidien, avec un temps de recharge réduit et un coffre d’un bon volume pour ce SUV à cinq places et 4,50 m de long. L’autonomie annoncée, calculée sur l’ancien cycle d’homologation NEDC (moins sévère que le nouveau WLTP) est de 400 km entre deux recharges. Le prix de vente officiel n’est pas encore connu mais devrait débuter sous les 45 000 €.

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MÉCANIQUE

BMW i4 Plus on est de fous, plus on rit. Logique donc que les marques haut de gamme allemandes – Audi, BMW et Mercedes – ne laissent plus Tesla s’amuser toute seule dans la cour des voitures électriques. Mais ça prend du temps. BMW, qui avait déjà commencé à titiller l’américain avec ses i3 et i8, compte bien revenir fort dans le jeu avec cette future i4, dont un concept-car a été dévoilé en début d’année. Reposant sur le même châssis que les berlines thermiques du groupe, mais avec une grosse batterie Li-ion de 80 kWh intégrée sous le plancher, cette i4 devrait voir le jour au début de l’année prochaine. Avec quelques caractéristiques alléchantes, comme une grosse machine électrique de 390 kW (soit 530 ch) sur les roues arrière, un 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes et une autonomie annoncée de 600 km entre deux recharges. Pourtant, avec ses seules roues arrière motrices, qui présagent d’un comportement routier enjoué, la recharge au freinage ne peut être importante sous peine de pénaliser la stabilité dans ces phases de conduite. Mais rappelons-nous que les ingénieurs maison avaient fait des miracles sur ce point avec l’i3, la première voiture à vraiment se conduire avec une seule pédale (il suffit de lever le pied de l’accélérateur pour débuter un freinage). En attendant les communications officielles, on peut estimer le prix de vente à partir de 65 000 €.

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MERCEDES CLASSE E Lancée en 2016 sous le nom de Classe E, mais au catalogue depuis 1946 et vendue à plus de 14 millions d’exemplaires dans le monde, la berline Mercedes se devait d’évoluer pour conserver toutes ses chances face aux Audi A6, BMW Série 5 et Tesla Model S. Pour cela, l’Étoile lui a donné un petit coup de peigne, léger sur la face avant et la calandre, ainsi que derrière, mais a surtout mis l’accent sur les motorisations. L’hybridation rechargeable arrive en force, avec des systèmes combinant moteurs essence ou diesel, deux ou quatre roues motrices, de 156 à 367 ch. Mais il faut aussi noter l’arrivée d’un nouveau 2 litres essence quatre-cylindres couplé à un réseau électrique 48 volts permettant l’utilisation d’un alterno-démarreur en guise de microhybridation. Un système que l’on retrouve aussi chez les autres marques haut de gamme, qui autorise une vraie régénération au freinage et qui ajoute entre 16 et 20 ch à l’accélération. Bref, ça n’est pas un gadget. Évidemment, cette nouvelle Classe E sera proposée au lancement cet été en berline et en break, suivis quelques mois après des versions coupé et cabriolet. On ne change pas une équipe qui marche. À partir de 54 000 € (estimation)

Followed Magazine 107


BIEN-ÊTRE

Reprendre la course à pied Après un hiver calme, le printemps fut… confiné. Bref, il est temps de se remettre à l’exercice pour aborder l’été dans la meilleure forme possible, gage de bonne humeur et de bonne santé. Pour cela, la course à pied, facile à pratiquer n’importe où, s’impose comme le choix le plus évident. Mais comment s’y remettre ? Mieux vaut suivre quelques règles. Textes D. Saint-Aubin, photos DR

A

près des semaines de confinement, il est bien nécessaire de se dégourdir les muscles. Les sportifs aguerris auront sans doute continué l’entraînement, à la maison sur des appareils de remise en forme, mais quid des autres ? Alors voici quelques conseils pour se remettre à la course à pied après une trêve, une crise sanitaire, une blessure ou juste une pause hivernale. Avant toute chose, il convient de prendre l’avis de son médecin. Souffle, rythme cardiaque ou même articulations doivent être surveillés avant la reprise du sport. Après, sachez que la période de reprise de l’effort sera aussi longue que la trêve pour les sportifs réguliers, soit d’au moins quatre semaines si cela fait un mois que vous n’avez pas couru. Pour les autres,

108 Followed Magazine

ceux qui auraient arrêté le sport pendant des années, soyez rassurés : cela sera à peine plus long, si vous respectez une certaine progressivité dans vos séances.

Se préparer convenablement

Les amateurs de running le savent, les chaussures de footing se changent régulièrement. Eux ne feront pas l’erreur. En revanche, les débutants pourraient tomber dans le panneau et ressortir leurs vieilles chaussures des années 1990. Il faut clairement éviter. L’abandon du sport vous a fait adopter de nouvelles postures et de nouveaux appuis, donc reprendre des chaussures usées différemment ne fera que vous compliquer la vie. De plus, les amortis ont bien changé et il serait dommage


de ne pas en profiter. Pareil pour la tenue qui, grâce aux textiles techniques, évite de se retrouver trempé et frigorifié par sa propre sueur. Investissez ces quelques centaines d’euros, ça vaudra toujours le coup. Enfin, avant d’aller gambader en forêt ou sur les voies réservées aux piétons, nous vous conseillons de faire quelques exercices en salle ou chez vous. Un programme d’une semaine suffit si vous n’êtes pas trop rouillé et consiste en quatre exercices : le squat, quand on descend en position accroupie, le gainage qui revient à se maintenir en équilibre sur les coudes-avant-bras et les pointes des pieds, sans bouger, la fente qui simule presque le mouvement de la course en statique, un pied devant l’autre, on descend le genou arrière jusqu’au sol, et enfin la montée de genoux, sur place à hauteur de hanche, pour bien faire travailler tous les muscles impliqués dans la course à pied. Chaque exercice doit être fait 30 secondes à 1 minute et répété trois à quatre fois avec 30 secondes de récupération entre chaque effort. Et surtout, pendant ces exercices comme pendant une

séance de footing, pensez à boire. L’hydratation est primordiale, avant, pendant et après l’effort. Avec de l’eau si possible. Maintenant, vous êtes prêts à courir.

Un mot d’ordre : la progressivité

Quel que soit votre niveau, il faut reprendre doucement. Pour les habitués, il s’agira de faire deux à trois footings de 25 à 30 minutes la première semaine, sans s’essouffler. Autrement dit, en respectant ce que l’on appelle l’aisance respiratoire. Ce peut être en courant à plusieurs et en veillant à toujours être capable de parler par exemple. Puis d’allonger un peu les sorties les semaines suivantes pour retrouver votre niveau d’avant trêve. Pour les débutants, il faut veiller à ne pas forcer dès le début. Courir 45 minutes la première fois est la meilleure méthode pour s’en dégoûter. Il est conseillé de partir pour des séances de 25 minutes en alternant la course à rythme mesuré et la marche : 3 minutes de course suivie de 30 secondes de marche, et ainsi de suite. Cela permet au corps de s’habituer à l’effort. Faites deux

Surtout bien s’hydrater avant, pendant et après l’effort Followed Magazine 109


BIEN-ÊTRE

sorties la première semaine, en respectant ce découpage. Puis trois la suivante, en allongeant légèrement les temps de course, mais en respectant les 25 minutes au total et les périodes de marche. À partir de la troisième semaine, donc pour votre sixième sortie, ne faites que 20 minutes de footing, mais sans vous arrêter pour marcher. Et allonger progressivement les temps de séance, pour arriver à l’objectif que vous vous étiez assigné. Il faut toujours commencer la course en s’en fixant un, par exemple d’être capable de courir 45 minutes de suite, ou 10 km. Et se donner le temps d’y arriver, progressivement. L’endroit où vous courez, comme la musique que vous allez écouter durant votre séance, peut vous aider à réaliser votre objectif. Comme d’aller courir à plusieurs et de se motiver les uns les autres. Veillez juste à ce qu’il n’y ait pas trop de différence de niveau.

S’échauffer avant, s’étirer après

La course à pied est un sport traumatisant pour les articulations et les muscles. Aussi, même pour les

habitués, il convient de se préparer. Les coureurs chevronnés débuteront par 10 minutes de course à allure réduite avant de partir sur un rythme plus soutenu. Pour les débutants, il est préférable de démarrer par 10 à 15 minutes de marche rapide. Cela va faire monter la température du corps, des muscles (qui ont besoin de travailler à 39 °C) et des articulations, et ainsi éviter les traumatismes. Après quelques semaines, vous pourrez débuter votre séance par une course à allure réduite. Après la sortie, une fois les muscles refroidis, pensez à bien vous étirer. Les jambes, mais aussi le dos. Et maintenez les positions sans bouger au moins 40 secondes pour bien étirer les muscles sans se contenter de jouer sur leur élasticité. Enfin, sachez qu’il est préférable d’attendre deux heures après un repas avant d’aller courir, et que si vous visez la perte de poids avec cette reprise du sport, il est conseillé d’aller courir le matin à jeun, sur des durées plus courtes, c’est beaucoup plus efficace. Maintenant, c’est à vous de jouer.

Choisir les bonnes chaussures et prendre le temps de s’étirer 110 Followed Magazine


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