Journal 2019 — centre d'art contemporain Chapelle Saint-Jacques

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2019 – La vie fantastique

centre d’art contemporain

Chapelle Saint—Jacques


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Faire et penser

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Voir Hiver Ghost Park Passe à ton voisin La Pause Récits invisibles Let Us Reflect Festival

20 Lire 22 Les éditions 34 Ensemble 38 Grandir avec l’art 40 Accueil des jeunes publics en groupe À l’école 41 À La Chapelle Ateliers et stages 42 44 45 46 48 50 51

Vivre avec l’art Passe à la maison Virtuacité Politique de la ville Métamorphose Doué de paroles Air de Midi

52 Calendrier 53 Infos pratiques 54 Crédits et remerciements


Édito « Les sommes nocturnes révèlent la somme des mystères des hommes. Je vous somme, sommeils, de m’étonner et de tonner. » Robert Desnos, « Dormir » dans Corps et biens,  NRF-Poésie Gallimard Les dormeurs s’étalent dans l’été tonitruant, dans la bataille de l’hiver.  Des draps chauds au bord de l’eau, l’esprit s’évade, les corps s’alourdissent. Dormir est délicieux. Rêves extraordinaires, invitez-vous au péril de nos jours ! Nous vous désirons fictions salvatrices, car pour l’heure, il convient à chacun de reconquérir l’étonnement, d’affirmer son attachement à l’improbable, de susciter la curiosité. Si au sortir de cette active torpeur merveilleuse s’éveillent des temps plus inventifs,  se réinventent des gestes oubliés, nous pourrons construire un monde épatant ! Jubilatoires,  instinctifs,  nous voulons ces instants pour se croiser, sentir que nous faisons partie d’une même famille, celle qui fait de la place aux imaginaires.  Aujourd’hui,  il nous appartient de convoquer de nouvelles temporalités de projets, de réalisations. Cette année, on danse, on peint, on aiguise notre regard.  Penser l’œuvre, rencontrer les paroles de l’autre, que par la pensée s’expriment les mains et que par les mains jaillisse la pensée. Caresser la peinture, pétrir les sculptures, s’immiscer dans la fabrication. Ne pas connaître, ne pas s’y connaître, n’entendre rien au sujet, ne pas savoir faire, être profane sont choses courantes pour chacun. Il est cependant impératif de ne pas oublier qu’apprendre du travail et échanger sur les arts est de notre domaine à tous.  De la fiction au réel, les mots et les desseins se mêlent. D’apparitions furtives en détails colorés,  cette année est un collage d’espaces et de papiers,  d’abstractions et d’images lumineuses où s’invitent des voyages esthétiques,  des expériences ludiques,  des manipulations livresques et épistolaires. On veut prendre le temps, avoir conscience que chaque instant est utile à l’élaboration d’une réalité fantastique.  Vivre pour connaître le monde, des mondes, nous voulons modestement l’entreprendre ensemble avec les artistes et avec vous. Valérie Mazouin, directrice du centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques


Faire et

Penser

« Quel plus beau mot en français,  mais si modeste, ou quelle plus belle ressource de notre langue, précisément,  que ce verbe-ci : “ entre-tenir ”. Tenir de l’entre, tenir par l’entre, avoir de l’entre en mains. Entretien du monde : enfin on s’y met. Ou l’entretien de la parole : chacun ouvre sa position et la déplie – la découvre – vis-à-vis de l’autre et l’active pour lui. » François Jullien, L’écart et l’entre, Galilée


Dans une bouleversante exposition d’August Sander au Mémorial de la Shoah* se trouve le portrait d’une femme juive, Sculptrice/Bildhauerin/ Sculptress, 1929.  D’un âge assez difficile à déterminer – une trentaine d’années peutêtre – cette femme assise sur une chaise dont le dossier forme une ombre dans son dos a les cheveux attachés, est vêtue d’un pull sans manches au col V un peu froissé, enfilé par-dessus un chemisier. Elle porte des boucles d’oreilles, un bracelet et une bague à la main droite.  Son regard n’est pas porté sur l’objectif photographique mais glisse de côté, comme s’il voulait se projeter le plus loin possible au-delà de lui.  Elle a posé ses avant-bras sur ses cuisses recouvertes d’une longue jupe, a joint ses deux mains en une pose qui dessine un cœur déformé, l’extrémité de chaque doigt délicatement posée sur celle de l’autre main.  J’ai conservé de ma visite, en plus de l’image dans son cadre et de son cartel, une photographie qui tronque le visage pour s’attacher aux mains,  ces mains formant un cœur comme pour ouvrir une béance, ces mains qui donnent corps à l’activité de sculptrice, modeleuse de matière : bois ? Glaise ? Marbre ? Des mains dans les sillons desquelles le sort était sans doute gravé.  En faisant poser cette sculptrice,  en « s’entre-tenant » avec elle à voix basse,  en observant ses gestes,  August Sander avait peut-être tenté d’y lire, quelque part entre la plaine de Mars et le mont de la Lune,  ce que le travail de la matière avait déposé au creux de ses mains. À défaut de pouvoir lire l’avenir dans ses pensées. Marcelline Delbecq

Marcelline Delbecq est née en 1977, elle vit à Paris. Après des études de photographie, d’art et de critique d’art aux États-Unis et en France, la pratique de Marcelline Delbecq s’est peu à peu éloignée de l’image en tant que telle pour se concentrer sur la potentialité cinématographique, voire photographique, de l’écriture. Son utilisation

du récit et de la voix, a élaboré un univers narratif mis en mots pour convoquer un ensemble d’images mentales oscillant entre documentaire et fiction, passé et présent. Dans ses installations sonores, publications et lectures en public, les mots mettent en jeux la question du regard en devenant à leur propre tour des images. → marcellinedelbecq.net

*Persécutés / persécuteurs, des hommes du XX e siècle (expo-photo-sander. memorialdelashoah.org)


Voir


14.08.2012 17 h 30 ST-OYENS

On est venu sans faire du bruit. On a traversé la cour, poussé la porte. On est venu sans prévenir. On n’a rien dit. Le tilleul sec craquait sous nos pieds, puis la brique froide, puis les restes d’écorce, puis les abricots trop mûrs, puis la brique froide. On a avancé sans faire du bruit. On a marché comme si nos corps ne pesaient rien. Et dans la nuit, dans le feuillage charnu du cerisier, une chouette est apparue. On dit que c’est un bon présage une chouette perchée sur un cerisier. Je le souhaite, car en bas, dans la plaine, car en bas au bout des lignes, car en bas dans les échangeurs, le monde est en train, à toute allure, de devenir sourd.

Julie Gilbert, Tirer des flèches, Éditions Héros-Limite, 2018 / Textes écrits dans le cadre de trois sessions de Poèmes téléphoniques / Performance réalisée à Montréal, Los Angeles et Genève entre 2011 et 2017.

Julie Gilbert est née en 1974 à Grenoble, de nationalité française et suisse. Après une formation de Lettres à la Sorbonne Nouvelle à Paris, puis de scénario à l’ECAL à Lausanne, Julie Gilbert écrit de nombreux scénarios de courts et

de long-métrages, des pièces de théâtre et réalise des émissions pour la radio. Elle travaille régulièrement avec Frédéric Choffat, avec qui elle a fondé Les Films du Tigre en 2009.


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FAIRE ET PENSER / VOIR

Hiver Compagnie Process À travers la pièce Hiver,  Matthieu Cottin et Marielle Hocdet poursuivent leur recherche autour de la saison et créent le deuxième volet d’un diptyque chorégraphique. Choisissant de se relier à des hivers extrêmes,  presque fictionnels,  ce duo sera comme un déplacement en pente continue, une danse paradoxale faisant écho au froid ambivalent qui tour à tour acère ou endolorit les muscles et les pensées.  Un jeu hivernal au croisement de l’archaïque, du voyage et du rêve qui invite aussi au silence,  à ralentir.  Les danseurs abandonnent leur mouvement dans les flux d’une traversée solidaire,  empruntent parfois à l’animalité dans ce qu’elle a de brut et de doux.


FAIRE ET PENSER / VOIR

Matthieu Cottin et Marielle Hocdet sont chorégraphes de la compagnie Process créée en 2007 à Toulouse. → cieprocess.com Parallèlement à des études d’Analyse politique et économique où il obtient une licence, Matthieu Cottin s’est formé à la danse au Conservatoire de Nantes. Il commence à travailler en 2003 en tant qu’interprète de Santiago Sempere pour la création De Civilitate. Développant, depuis 2005 sa propre recherche, il conçoit avec Christophe Le Goff la performance Alimentation générale et le duo Ciel-400-kilo, puis collabore avec Marielle Hocdet dans le cadre de la Cie Process. Depuis 2003, Marielle Hocdet est interprète pour différents chorégraphes et obtient parallèlement une licence de Psychologie clinique. Son parcours est nourri de ses rencontres avec les chorégraphes Yoshito Ohno, Mark Tompkins ou encore Deborah Hay, dont elle suit plus particulièrement le travail depuis 2006.

Conception et interprétation : Matthieu Cottin et Marielle Hocdet Regard extérieur : Stéphanie Moitrel Création lumière : Christophe Barrière Régie vidéo : Antoine Carrère Coproduction : La Place de la Danse – CDCN Toulouse/ Occitanie, centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques, Les Bazis Coréalisation : Résidence La Place de la Danse – CDCN Toulouse / Occitanie, Les Bazis, Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain, Espace Job, Lieu-Commun, Faits & Gestes (accueil-studio au Foyer à Marminiac), Le Vent des Signes, Quai des Arts, Espace Danse St-Cyprien Avec le soutien de : DRAC Occitanie, Conseil régional Occitanie, Conseil départemental Haute-Garonne, ville de Toulouse, Avec l’aide de : mairie de Cugnaux

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Résidence 07.01.2019 – 12.01.2019 et 04.02.2019 – 07.02.2019 Spectacle vendredi 08.02.2019 et samedi 09.02.2019 à 20 h 30


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Ghost Park – Les Vivants #1 Yo-Yo Gonthier Cher Yo-Yo,

Chère Valérie,

Je crois qu’il s’agit de va-et-vient. Le territoire du Comminges s’installe tel un panorama. En voiture, de l’autoroute A64, à hauteur de Martres-Tolosane, s’imposent les Pyrénées. Vue imprenable, le grand beau temps te laisse admirer le Pic du Midi.  Apparition merveilleuse ou réalité gigantesque ? De Carbonne à Saint-Gaudens, le projet s’élabore aussi à cet endroit.  Les histoires que tu te racontes au cours de ces allées et venues constituent le cheminement.  Durant tes recherches liées à cette résidence de territoire, tu vas rencontrer, tenter de trouver ce qui ne se voit pas, interroger des espaces réinventés. Le skatepark sera ton terrain d’élection.  Le mouvement rapide des glisseurs, leur inconséquence mesurée t’absorbent, te questionnent. Leurs gestes sont une danse d’incantation au réel fantasmé.  Les filmer, les photographier dans ces esquisses dangereuses participe de cette construction du réel.  Au sol, le mouvement du skateur est une inscription graphique dans le paysage.  Le panorama,  affublé de ces apparitions,  engendre une dynamique dans le décor, devient le théâtre de ces actions qui vont et viennent, rappelant ton voyage sur le grand ruban.  C’est une errance nouvelle, le décor est planté. Tes créations, ce sont ces fictions qui se construisent par ces multiples figures imposées.  Nous allons leur donner vie, y participer.

Tu as raison, je guette les apparitions, celles qui font signe et qui aident à vivre. Les Pyrénées à l’horizon, c’est toute l’histoire de la région qui me traverse,  me nourrit.  Celle,  archaïque,  qui me relie aux mythes et aux légendes qu’on me racontait enfant, aux abords du Sahara, là où je suis né et aussi celle plus récente qui raconte ceux qui fuient et qui luttent et qui toujours cheminent. J’ai eu plusieurs vies et plusieurs morts. Je n’ai fait que regarder, rencontrer, aimer, construire, cheminer. Rien n’est immuable, seule la lumière demeure. Il me fallait saisir cela. Mais comment saisir l’essence de notre vitalité ? L’état de conscience d’être vivant ? C’est par le contrepoint et le clair-obscur que je mets en place cette investigation en questionnant la figure du fantôme,  du revenant,  à la frontière entre le vivant et le mort, entre l’imaginaire et le réel. C’est un prétexte. La pratique du skateboard m’a enseigné l’humilité face à l’hypothèse de la chute. C’est cette fin possible, comme une mort, qui donne l’intensité du geste et procure ce relâchement extatique lorsque le geste est accompli.  Un skateur n’abandonne jamais.  Depuis toujours,  le mot d’ordre partagé par tous est : Sk8 or die (skate ou meurs). Le skatepark de Saint-Gaudens,  comme tous les autres sont des antithèses de ce qu’est la philosophie libertaire prônée par les pionniers de la discipline.  Ces espaces clos sont nés pour préserver les centres villes des nuisances causées par ces enfants trop agités pour être maintenus assis, contraints dans un système toujours plus formaté et normé.  Les skateurs sont des explorateurs disciplinés et concentrés. Le but est de cheminer en surpassant tous les obstacles, avec fougue et style. Il n’y a pas plus grand plaisir que celui de traverser une ville, sans heurts ni troubles, en étant nombreux, fluides, fiévreux et invincibles. Alors oui le décor est planté et les figures imposées, mais l’énergie collective pousse à l’émancipation et on ne sait pas jusqu’où vont aller les acteurs, ni combien de temps ils vont tenter d’être vivants. Et c’est bien, in fine,  de cela dont il s’agit,  l’accomplissement d’un geste aussi infime soit-il, comme dans le théâtre de Peter Brook, la manifestation dans le vide de l’être humain.

Valérie Mazouin 2 novembre 2018

Yo-Yo Gonthier 26 novembre 2018

Yo-Yo Gonthier est né en 1974 à Niamey, Niger. Il vit et travaille à Carbonne (31). → yoyogonthier.com Il est représenté par la galerie Cécile Fakhoury, Abidjan, Côte d’Ivoire – Paris. → cecilefakhoury.com

la ville, ainsi qu’un ensemble de photographies. Exposition réalisée dans le cadre d’une résidence de Territoire portée par le centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques.

L’exposition est dédiée à la restitution de la résidence mise en place dans le cadre du dispositif « Politique de la ville » en 2018. Les œuvres montrées seront, pour la plus grande partie, le fruit du travail mené avec les citoyens. Des réalisations et la finalisation du projet lancé en 2017 sur la ville de Saint-Gaudens : un film réalisé en octobre 2018 au skatepark et dans

Exposition : 16.03.2019 – 18.05.2019 Vernissage : samedi 16.03.2019 à 19 h Stage vacances de Printemps : atelier créatif pour enfants à partir de 6 ans, le jeudi 02 et le vendredi 03.05.2019 de 10 h à 16 h

Samedi famille : visite et atelier pour les tout-petits jusqu’à 6 ans, le 04.05.2019 de 10 h 30 à 12 h Visite avec la commissaire et l’artiste : la date sera annoncée dans les newsletters du Centre d’art. Inscriptions sur lachapelle-saint-jacques.com Soirée performance danse et musique : avec le studio danse du Caro et le Conservatoire de Saint-Gaudens, le samedi 13.04.2019 à 20 h 30


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FAIRE ET PENSER / VOIR

Passe à ton voisin Collectionneurs Chères toutes et chers tous Posons les bases de ce que nous voulions... Le principe de ce projet était de mutualiser l’achat d’œuvres en constituant un groupe d’amateurs d’art. Mais les questions se bousculent... Pourquoi collectionner ensemble ? Pourquoi se constituer en un groupe de collectionneurs d’art contemporain ? Il me semble avoir quelques réponses mais il est important d’en parler je crois. Ainsi,  vous vous êtes engagés dans cette expérience avec beaucoup d’enthousiasme et de désir. Pourtant, rien de moins simple ! Le choix d’une œuvre d’art est souvent très personnel. Il s’agit d’engouement, de désir pour un artiste ou pour un travail précisément. Qui peut ainsi vouloir envisager de partager cela ? Alors, monter une coopérative et me confier le choix des œuvres était véritablement audacieux et généreux. En fait, je sais que pour vous, se saisir de l’exercice, imaginer cette drôle de construction, était excitant,  plaisant, agréable.  Mais, ce que nous ne savions pas, ni vous ni moi alors, c’est que c’était un engagement réel dans l’organisation d’un collectif et que vivre le groupe est agaçant parfois.

Les artistes de notre collection : Abdelkader Benchamma (Montpellier), Robert Dawson (Londres), Hervé Di Rosa (Sète), Anouck Durand-Gasselin (Paris), Gérard Fabre (Toulouse), Jim Fauvet (Saint-Gaudens), Élisa Géhin (Paris), Jason Glasser (Saint-Ouen), Marie Maurel de Maillé (Paris), Agathe May (Paris), Olivier Nottellet (Lyon), Guy Reid (Bencque), Arthur Saguez (Le Mans), Bertrand Segonzac (Saint-Bertrand-de-Comminges), Jérôme Souillot (Toulouse), Laurent Suchy (Paris), Marie Zawieja (Toulouse), Pauline Zenck (Toulouse). « Passe à ton voisin » qui sommes nous ? Technique : « Passe à ton voisin » est un club de 8 collectionneurs. Nous nous retrouvons autour d’achats d’œuvres de jeunes artistes ou d’artistes émergents. Nous versons une contribution mensuelle fixée à 40,00 €. Cette collection se constitue grâce à

Mais,  de repérages en choix,  vos audaces furent celles-ci : apprendre,  écouter,  ne pas juger et toujours faire preuve d’empathie.  Une fois la confiance accordée, la collection fut constituée dans un grand souci de médiation et de pédagogie. En fait, il s’agissait plus de découvertes, de compétences et de passions que de certitudes quant à la valeur future de ce que nous acquérions.  Finalement,  nous avons appris que la création est un cheminement fait d’attentes, de luttes, d’interrogations, qu’être collectionneur d’art contemporain c’est soutenir la création, en être le porte-parole.  J’avance ici une hypothèse de réponse : collectionner la création contemporaine nous a permis de nous créer un patrimoine commun qui ne se limitait pas seulement aux œuvres mais offrait une vision collective de la vie. Aujourd’hui,  montrer nos acquisitions est important car ce cycle se termine. Des histoires d’amitiés, de rencontres, d’échanges se sont écrites au cours de ces dix ans d’expérimentation. « Passe à ton voisin » est donc un groupe de collectionneurs, une coopérative qui rassemble des personnes dont l’objet est de pouvoir imaginer des récits communs avec les œuvres comme protagonistes principaux et les artistes, les premiers bénéficiaires.

l’adhésion à une coopérative d’achat d’une durée de 5 ans. Sur cette durée, les œuvres circulent régulièrement chez les uns et les autres. Une fois cette période révolue, le groupe constitue des lots qui seront alors distribués à chacun des membres. Les œuvres sont choisies par une seule personne, mais leur choix est soumis à l’approbation de toutes et tous. Nous avons aujourd’hui 20 œuvres. Amicale : « Passe à ton voisin » est aussi un groupe de personnes qui se rencontre autour des œuvres d’art pour déterminer des options d’achats. Ce sont des moments de convivialité prétextes à de bons repas et de belles discussions autour des choix artistiques. Ainsi, si une complicité entre les membres du groupe est née de ces rencontres, l’intérêt pour la création contemporaine reste un ciment certain de notre association.

Exposition : 29.05.2019 – 22.06.2019 Vernissage suivi d’un concert : dans le cadre de Jazz en Comminges, le mercredi 29.05.2019 à 19 h Samedi famille : visite et atelier pour les tout-petits jusqu’à 6 ans, le 08.06.2019 de 10 h 30 à 12 h Visite avec la commissaire et les collectionneurs : la date sera annoncée dans les newsletters du Centre d’art. Inscriptions sur lachapelle-saint-jacques.com Collection – Collections : paroles de collectionneurs, le samedi 22.06.2019. Plus de détails à venir dans la newsletter du Centre d’art.


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« L’artifice est ici une suite d’acrobaties visuelles faite d’écarts et d’astuces de peintre. L’illusion agit aussi bien sous l’effet d’un arbre surgissant que dans l’apparition d’un objet faussement géométrique.  La toile devient une sorte de théâtre d’ombres mouvantes, ou un motif sérigraphié se servirait de lui-même pour satisfaire le trompe-l’œil à l’œuvre. Le jeu de plans en cascade m’assure avec soulagement que la toile possède bien une troisième dimension,  le sfumato n’y sera pour pas grand chose cette fois-ci ! Au détour d’une rêverie hypnagogique,  dans cet état propice et intermédiaire,  je cède alors volontiers à la tentation d’une peinture offrant le spectacle de son propre simulacre. » Nicolas Pincemin — Octobre 2018


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La Pause Nicolas Pincemin & Absalon Cher Nicolas,

Chère Valérie,

La découverte de ton travail je la fais au détour d’une visite collective d’ateliers à Marseille il y a environ dix ans.  Il y a longtemps donc,  et pourtant je me souviens d’un avion, d’arbres, de traits et d’aplats colorés,  du jaune, du gris, des traversées, de l’air qu’il manque, d’un temps suspendu avant ou après le tonnerre mais où le silence est une force.  Le souffle du silence, l’instable, se heurtent, s’entrechoquent.  De cela je me souviens... L’an passé je suis revenue à l’atelier, un nouvel atelier, des œuvres au mur, un travail mûri avancé.  Dix ans déjà et l’espace de la toile reste toujours une respiration, une dramaturgie de l’éloignement, du désarroi et de l’enchantement. Le sujet de l’œuvre happe et rejette pour ne laisser place qu’à la peinture et sa force de construction. Une par une, j’aborde les œuvres dans ce qu’elles ont d’unique,  toutes offrent un silence qui s’emploie à rassembler le regard du spectateur autour de ce geste ample mais juste qui impose l’espace de la couleur et la densité du dessin.  L’étrange imprécision spacio-temporelle méticuleusement induite par la présence d’objets incongrus favorise le flottement. L’idée que j’ai c’est que ce frottement invisible de la forme et du fond facilite ma lecture sonore de l’œuvre. Par ce souffle ou ce silence effarant s’impose la peinture, ce qui la constitue au delà de l’image qu’elle donne à voir.  Ainsi, cet état d’entre-deux, il me semblait intéressant de l’envisager avec cette œuvre d’Absalon dont on ne sait si elle est une architecture.  Du réel au récit fictionnel, je souhaite convier l’incongru, l’insaisissable par ces abstractions données par des volumes, par le geste en peinture,  pour se saisir du monde du côté des singularités qui convient l’irrationnel au quotidien.

Oui, dix ans déjà et le plaisir de découvrir aujourd’hui tes sentiments, tes réminiscences et leur traduction que tu dévoiles maintenant.  Tu parles de silence, je parlerais d’intervalle. Je parlerais de pause, de décalage dans le temps et dans l’espace.  Si la peinture au fond,  et tu l’as bien saisi,  reste la raison de mon travail, je convoque à la fois le souvenir et le labeur pour en venir à bout.  Peut-être est-ce que c’est ce que l’on décrit comme étant le fond et la forme. Le fond, ici constitué du souvenir d’une expérience bien réelle,  une balade en forêt, un voyage en train, et la forme qui surgit à l’atelier quand je puise dans un glossaire, s’épuisent à force de les confronter à la réalité de la peinture. Tu parles de silence, je parle de hoquet, d’une répétition de la forme, de l’objet incongru qui vient bouleverser une narration qui serait bien trop bavarde et qui ne servirait plus la cause de la peinture.

Bien à toi, Valérie

Nicolas Pincemin est né en 1976 à Besançon. Il vit et travaille à Marseille. Il est diplômé de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg en 2000 puis obtient la licence d’Arts plastiques de l’Université Aix-Marseille en 2001. → documentsdartistes.org/ artistes/pincemin/repro.html Il est représenté par la galerie Béa-Ba, Marseille. → galerie-bea-ba.com Eshel Meir est né en Israël en 1964 et mort à l’âge de 29 ans, prend le nom d’Absalon à son arrivée à Paris en 1987. Caractérisées par une esthétique radicale et ordonnée, les sculptures d’Absalon sont considérées comme une version réduite des aspirations utopiques de l’architecture moderne. Absalon est l’auteur des Cellules, des logements destinés à abriter l’artiste au cours de ses déplacements : ces petites architectures

Tu proposes, en écho, en contrepoint, une œuvre d’Absalon dont tu dis qu’on ne sait pas si elle est une architecture.  Bien sûr,  je n’ai pas de réponse à cela mais elle résonne chez moi dans ce qu’elle nous livre : une vision idéalisée et formellement idéale d’un objet dont l’usage ou bien la destination initiale a été neutralisée. Ce geste, je le convoque sans cesse dans ma pratique, je fige quelque part aussi une certaine vision bucolique du paysage quand je la confronte à la singularité d’un objet rapporté, anachronique qui ne permet plus son inscription dans une réalité spatio-temporelle.  Tu évoques la dramaturgie, le désarroi et l’enchantement, je te propose la pause et peut-être une certaine vision d’un romantisme assumé. Nicolas

évoquent des cellules monastiques et sont dessinées et réalisées par l’artiste en fonction de la dimension de son corps et de son espace mental. Les maquettes en bois blanc des Cellules révèlent de manière explicite son obsession pour l’ordre et la rigueur. Inspirées des avant-gardes artistiques et architecturales du début du XXe siècle, et des principes des mouvements De Stijl et du Bauhaus, les œuvres d’Absalon constituent des refuges mettant l’individu à l’abri de la société moderne, pour ne pas dire une forme de protestation.

Avec le prêt d’une œuvre de la collection du CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux.

Édition : le centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques travaille actuellement sur la coédition d’un livre monographique de l’œuvre de Nicolas Pincemin, avec l’artiste, la galerie Béa-Ba ainsi que d’autres partenaires. La publication est prévue courant 2020.

Samedi famille : visite et atelier pour les tout-petits jusqu’à 6 ans, le 07.09.2019 de 10 h 30 à 12 h

Exposition : 13.07.2019 – 05.10.2019 Vernissage : samedi 13.07.2019 à 19 h pécédé d'une rencontre avec l'artiste à 17 h 30 Stage vacances d’été : atelier créatif pour enfants à partir de 6 ans, le jeudi 18 et le vendredi 19.07.2019 de 10 h à 16 h

Visite avec la commissaire et l’artiste : la date sera annoncée dans les newsletters du Centre d’art. Inscriptions sur lachapelle-saint-jacques.com


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FAIRE ET PENSER / VOIR

Récits invisibles Exposition collective Dans le contexte hyper médiatique actuel, les conditions de manifestation et d’enregistrement du réel sont fréquemment explorées par les artistes.  Les œuvres photographiques ou vidéographiques réunies dans cette exposition cherchent à documenter le visible mais, paradoxalement, refusent ou ne parviennent pas à en donner une représentation immédiatement lisible.  Les artistes proposent d’explorer le potentiel narratif d’images peu explicites au premier abord. Ils tentent d’interroger de cette façon les conditions actuelles de manifestation,  d’enregistrement et de diffusion d’événements visibles ou invisibles. Les œuvres de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige,  de Sylvain Couzinet-Jacques et de David Fathi, obtenues par excès ou manque de lumière, offrent une représentation d’une histoire sur le point de disparaître ou déjà disparue. Le caractère d’abord défaillant de leurs images cède peu à peu place à un ambivalent jeu de dissimulation et de révélation.  Ces œuvres ont aussi en commun de confronter le spectateur à des événements appartenant à la fois à l’Histoire et à des récits personnels. De leur côté, les images de Bettina Samson et de Susan Schuppli tentent de redonner vie, ou en tout cas une visibilité,  à des phénomènes vivants, chimiques ou biologiques. Avec un travail

Les Artistes : Sylvain Couzinet-Jacques est né en 1983, il vit et travaille à Paris ; David Fathi est né en 1985, il vit et travaille à Paris ; Joana Hadjithomas et Khalil Joreige sont nés en 1969, ils vivent et travaillent à Beyrouth et à Paris ; Elsa Mazeau est née en 1974, elle vit et travaille au Pré-Saint-Gervais ; Bettina Samson est née en 1978, elle vit et travaille à Paris ; Susan Schuppli vit à Londres. Commissariat : Julie Martin, Valérie Mazouin, Camille Prunet Avec le prêt d’oeuvres du : Fonds régional d’art contemporain Bretagne, Fonds régional d’art contemporain de Lorraine. Julie Martin est diplômée du Master « Sciences et techniques métiers de l’exposition » (Université Rennes 2). Elle est, depuis 2015, doctorante contractuelle et réalise une thèse intitulée La fabrique et la réception des images artistiques à dimension documentaire à l’ère des flux, sous la direction

de Christine Buignet. Elle s’intéresse au devenir des images photographiques et vidéographiques dans un contexte reconfiguré par Internet et la dématérialisation des données. Directrice artistique de la Plateforme d’Art de Muret de 2009 à 2015, Julie Martin a co-dirigé Préface (espace de création contemporaine, Toulouse) en 2015 – 2016. En 2017, elle est retenue pour une résidence de recherche curatoriale au 3e impériale (Granby - Québec), projet mené en en partenariat avec la MAGP, centre d’art de Cajarc. Elle est également critique d’art et a écrit dans des revues comme Semaine, Horsdœuvre, Multiprise… Camille Prunet est Docteur en esthétique et science de l’art (Université Paris 3). Ses recherches portent sur les rapports entre art et science, elle s’intéresse notamment à l’impact des nouvelles technologies sur les images et à l’utilisation de matériaux vivants dans les œuvres d’art. Anciennement chargée de communication et de documentation au Frac Normandie Caen (2008 – 2012), puis coordinatrice de la recherche à l’Ésam Caen-Cherbourg (2012 – 2015), elle

est enseignante-chercheuse contractuelle à l’Université de Toulouse-Jean-Jaurès depuis septembre 2017. Elle contribue régulièrement au site internet portraits-lagalerie.fr, qui publie des portraits d’artistes émergents. Elle a été récemment commissaire de l’exposition Axelle Rioult. L’environnement des images à la Galerie de Rohan (juin– novembre 2017). Exposition : 19.10.2019 – 01.02.2020 Vernissage : samedi 19.10.2019 à 19 h Stage vacances de Toussaint : atelier créatif pour enfants à partir de 6 ans, le mercredi 30 et jeudi 31.10.2019 de 10 h à 16 h Samedi famille : visite et atelier pour les tout-petits jusqu’à 6 ans, le 23.11.2019 de 10 h 30 à 12 h Visite avec les commissaires : la date sera annoncée dans les newsletters du Centre d’art. Inscriptions sur lachapelle-saint-jacques.com


FAIRE ET PENSER / VOIR

parfois proche de l’enquête, Elsa Mazeau, quant à elle, se demande quel récit livrer par l’image de l’espace social,  des expériences des individus qui habitent un territoire. Dans le travail de tous ces artistes, les changements d’échelle, l’opacité première des œuvres, la tension entre subjectivité assumée et objectivité présumée, viennent souligner la difficulté à documenter le réel.  Ces démarches donnent apparemment à voir un manque, une désaturation, un désencombrement temporaire dans le flux incessant des images mais ne refuse pas le récit pour autant. Les artistes présentent leurs vidéos ou leurs photographies comme des processus et non comme des objets finis et stables.  L’historien d’art W.J.T.  Mitchell relève ainsi que « les images ne sont pas des mots,  et il n’est pas si évident qu’elles aient quelque chose à nous “dire ”. Elles peuvent bien nous montrer quelque chose,  mais l’acte de langage doit leur être octroyé par le spectateur, qui projette une voix dans l’image lorsqu’il y déchiffre un récit ou un message verbal »*. Le public est ainsi invité à déjouer leur apparent mutisme. Julie Martin et Camille Prunet

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*W.J. Thomas, Mitchell, Que veulent les images ? Une critique de la culture visuelle, Dijon, Les Presses du Réel, 2014, p. 154


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FAIRE ET PENSER / VOIR

Let Us Reflect Festival 2e édition Sortir du décor, ouvrir l’écran Pour sa deuxième édition le Let Us Reflect Festival poursuit le même objectif d’exploration des liens entre vidéo et cinéma. Les deux jeunes commissaires invités,  Laura Molton et Lucas Charrier, vous proposeront une journée de projections,  rythmée de conversations et de rencontres. Il s’agira aussi de vous proposer d’autres façons de visionner des films,  d’ouvrir la salle de cinéma pour imaginer un nouveau décor dans ce paysage qu’est la ville de Saint-Gaudens.  Valérie Mazouin


FAIRE ET PENSER / VOIR

« Face à la jungle, aux collines et aux vallées, mes vies passées s’élèvent devant moi. » Intertitre en ouverture du film Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) d’Apichatpong Weerasethakul, 2010 « L’image est une impression de la vérité qui nous est donnée à apercevoir de nos yeux aveugles.  L’image incarnée n’est véridique que si,  en elle, apparaissent certains liens qui expriment la vérité, et qui la rendent unique et inimitable comme l’est la vie, même dans ses manifestations les plus simples. » Andreï Tarkovski, Le Temps scellé, 1986 Dans son texte Atlante Luigi Ghirri raconte que l’unique voyage désormais possible est à faire à travers les images, ce qu’un atlas permet. Non seulement par ce qu’il répond à sa fonction première, la cartographie du monde,  mais aussi parce que l’évocation d’un paysage (par la simple mention du mot océan, par exemple) permet au spectateur de se plonger dans un monde d’images qu’il a emmagasiné dans le monde réel. Ainsi,  cette représentation, tout en méridiens, longitudes et latitudes, transcende sa condition illustrative et devient paysage « naturel ».  « Il n’est plus évoqué : il se déplie devant nous, sous nos yeux, comme si une main avait remplacé le livre par un paysage réel ». L’image imprimée, le dessin,  la représentation,  concilient ainsi l’illusion et la vérité.  Dans In Scala,  Ghirri écrit à propos d’un parc miniature réunissant les sites prestigieux d’Italie que c’est parfois dans la plus grande artificialité que l’on trouve traces du réel. « C’est bien dans cet espace, qui est une fiction totale, que se cache peut-être le vrai ». Le réel, confronté à son double, à sa copie, est démasqué.  Une ombre à taille humaine devient celle d’un géant lorsqu’elle est projetée sur un immeuble miniaturisé.  Le masque est trop évident écrit-il,  qu’il ne peut nous empêcher de voir le visage qu’il occulte. Dans ce parc le visiteur est invité à voir au-delà du décor, au-delà des petites montagnes, et à se perdre dans le flot d’images que son imagination renferme. C’est d’un peu tout cela dont il sera question dans la deuxième édition du Let Us Reflect Festival : de montagnes et de forêts, de décors et de paysages, de porosité entre fiction et documentaire. Nous nous pencherons sur la relation à la salle de cinéma et à la nature, sur des décors que l’on investit et des lieux qu’on habite le temps d’un film.  Nous voyagerons dans l’image et pénétrerons les mondes physiques et mentaux qui jailliront de l’écran. Nous conservons,  dans un souci permanent de partager tous les cinémas avec tous les spectateurs,  le même objectif : étudier les liens – tantôt ténus, tantôt évidents – entre art vidéo et cinéma. Ce qui nous intéresse ici, c’est de naviguer en eaux troubles, d’interroger ce qui lie et ce qui différencie les deux médias,  de mélanger les régimes d’images,  d’ouvrir grand les yeux pour ne conserver que l’essentiel : les films (qu’ils proviennent d’une industrie ou d’une autre, indifféremment d’une éventuelle assignation à telle ou telle forme ou tradition). Nous allons tenter de substituer à l’espace clos de la salle de cinéma un nouveau décor – sauvage et libre – pour inventer notre horizon, un paysage-décor qui émergera d’un entrelacs d’images qui constituera un programme que nous rêvons riche et excitant.

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Endormie, allongée, une femme se rêve. Et l’image a mué. Le fond du décor prend feu, la surface se teinte. Est-ce bien une brûlure dans l’image ? Mais qu’est-ce qui brûle sinon mon œil ? Est-ce que cela opère à l’intérieur ou bien est-ce devant,  au-devant entre l’écran et mon regard ? La matière cinéma est faite de strates,  plus ou moins visibles,  plus ou moins poreuses. Il y a celles au sein même de l’image, il y a celles invisibles qui se trouvent et se cachent entre elle et nous.  Avec le Let Us Reflect Festival,  nous proposons de voir ou revoir,  re-garder (regarder suppose un retour, regarder suppose un voyage) le cinéma et son décor.  Proposer de re-garder le décor comme une couche (de sens et de matière) pour aller voir justement ce qui se passe autour, sur son bord, au-dessous.  Une ellipse, un hors-champ, un hors-cadre, une parole qui déborde d’un écran... Nous proposons de déborder le décor pour tenter d’atteindre le fond des images,  c’est-à-dire atteindre ce qui anime,  brûle et qui vit en-dessous (le désir de faire des images, le désir pour celui ou celle qui la crée et pour nous regardeurs,  de les trouver).  Nous proposons une plongée, un glissement, dans les images de cinéma et de l’art vidéo avec comme point de départ le décor. Les artistes de cette deuxième édition,  leurs films ont tous quelque chose à voir avec l’espace scénique (la scène comme ce qui se montre,  ce qui se met au-devant).  La scène est une construction du regard pour le regard. C’est un cadre, une projection, un point de vue, une façon de construire et déconstruire ce qui est étendu pour nous dire l’enjeu de ce que nous montre une image et ce qu’elle nous fait croire. Le regard comme voyage, comme aller-retour entre ce que de l’image vient à moi et ce qui m’apparaît.  Sortir du décor,  s’y endormir, être secoué, rêver et se réveiller... Et s’il n’y avait plus d’écran ? Que se passerait-il une fois que nous l’aurions traversé ? Laura Molton

Lucas Charrier

Laura Molton est née en 1993 à Lyon, elle vit et travaille à Toulouse. Artiste vidéaste, elle a étudié à l’Accademia di Brera à Milan et est diplômée de l’Institut supérieur des arts de Toulouse. Sa pratique mêle l’écriture et le film. Elle s’intéresse à la notion de site, à la psychanalyse et l’archéologie comme approches et moyens de parvenir à faire ressurgir le passé souterrain d’un lieu. Elle est l’auteur de Dormance (2018) un documentaire poétique tourné durant un an sur les bords du canal du midi. Elle participe depuis 2017 à un programme de recherche artistique, Stacion, sur l’histoire et le temps, avec Albert Heta et Bernhard Rüdiger.

l’Université Paul-Valéry de Montpellier et diplômé de l’ENSAV en réalisation, il a aussi étudié la photographie et la vidéo à la School of Visual Arts de New York. Animateur d’émissions sur le cinéma sur les réseaux Radio Campus Montpellier et Toulouse, il réalise aussi des entretiens sur le cinéma et des documentaires sur des artistes, notamment pour le centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques. Il développe en parallèle une pratique de la photographie et de la critique de cinéma.

Lucas Charrier est né en 1993 à Saint-Gaudens, il vit et travaille à Paris. Licencié en cinéma de

Artistes invités : Jason Glasser, Valérie Du Chéné, Régis Pinault et Pascale Herpe

Commissaires : Laura Molton et Lucas Charrier

À sortir : Un rayon couleur fushia de Valérie Du Chéné, Régis Pinault et Pascale Herpe Partenariat : Le Printemps de septembre, cinémathèque de Toulouse, médiathèque de la Communauté de Communes Cœur et Coteaux Comminges (Saint-Gaudens) Festival : samedi 5 et dimanche 6 octobre 2019 Les rendez-vous et les horaires seront donnés ultérieurement dans la newsletter du Centre d’art. Voir sur lachapelle-saint-jacques.com à partir du mois de mai.


Lire


19.03.2012 08 h 35 MONTRÉAL

L’été est entré violemment, ouvrant le cœur des maisons, découvrant les peaux blanches de l’hiver, frappant les arbres sans feuilles, sans même encore l’idée d’une fleur ; et on est là, sur nos terrasses, dans les petits jardins, dans les rues, pas absolument certains d’avoir le droit de profiter de cette avalanche d’été, comme si le ciel pouvait virer au gris, comme si la mascarade pouvait elle aussi nous sauter au visage et nous abandonner brusquement là, au milieu de ce printemps de pacotille.

Julie Gilbert, Tirer des flèches, Éditions Héros-Limite, 2018 / Textes écrits dans le cadre de trois sessions de Poèmes téléphoniques / Performance réalisée à Montréal, Los Angeles et Genève entre 2011 et 2017.


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Les éditions Faire résonner les expositions Quand une institution, un lieu d’art s’engage dans un travail d’édition,  c’est toujours avec de grands questionnements. D’autant plus aujourd’hui où la légitimité de ce choix peut interroger.  Alors en 2018,  éditer c’est quoi ? Une réponse sommaire peut-être la suivante : l’édition c’est assurer la reproduction, la publication et la diffusion d’une œuvre, contribuer à son rayonnement. Plus précisément, pour des structures artistiques, son but est de parler des œuvres et des artistes, de faire parler et de montrer au-delà d’un temps d’exposition.  L’œuvre est au centre du projet à laquelle s’associe une équipe : centre d’art, artiste, graphiste, éditeur, diffuseur, imprimeur, partenaires institutionnels s’affairent à une fabrique cohérente qui donne du sens et des points de vues. Bref, une chose est certaine, travailler à une édition est toujours passionnant.

Traditions de La Chapelle, les ouvrages sont souvent une opportunité dont nous nous saisissons s’il y a une légitimité.

Passionnant pour ce qu’il nécessite d’un précieux travail d’équipe, d’alliances fortes, de partenaires soudés. Passionnant aussi pour les choix à faire :

Vu dans un premier temps comme un outil de communication,  nous nous sommes vite rendu à l’évidence que cet objet, était un espace qui permettait de parler de la programmation en racontant des histoires. Ici se livraient par des mots et des images,  des atmosphères qui accompagnent l’équipe et le public toute l’année. En fait, il raconte plus qu’une programmation, il raconte ce que nous sommes et ce que nous voulons donner. Le journal explique nos valeurs et souhaite emporter tel un récit fictionnel. Il décrit avec poésie nos attentes et nos envies, il est un temps où place est faite à la pensée et la fabrication. Naissent alors de ce temps de travail, des configurations d’équipe, des questionnements sensibles,  des directions et des choix. Un temps éditorial qui se décrypte au-delà de la communication. Cette édition crée du liant, œuvre à la cohésion et fait la lumière sur ce que nous sommes. Elle est un révélateur.

Faut-il des livres d’artistes ou des monographies ? Coédition ou pas ? Quel éditeur et pour qui ? De quelle manière les lieux d’art peuvent-ils diffuser ces éditions ? Faut-il un diffuseur ? Pour quels éclairages? Quels choix? Quelles orientations graphiques ? Peut-elle exister comme outil de communication ? L’édition peut-elle exister comme outil de communication ? Sa parution peut-elle être un événement du côté du public ? Peut-elle attirer l’attention de collectionneurs, toucher de nouveaux adeptes ? Avalanche de questions face à un socle solide : sa fonction contemplative,  nous avons ici une carte à jouer ! Elle est un enjeu majeur en ces temps effrénés. La nécessité est là, celle d’un temps dédié et que chacun choisit avec gourmandise.

Pascal Amoyel, Saint-Gaudens, Poursuite Éditions. The Old Boys’ Club, Les Prophètes (avec le soutien du CNAP). David Coste et Pierre Jodlowsky, Une Montagne, livre et vinyle (avec le soutien Région-CRL, suivi éditorial : Quentin Jouret). Étudiants Design graphique, Proue au sommet d’une falaise,  ESAP-site de Pau. Nicolas Pincemin (divers partenariats dont la galerie Béa ba). Le journal est aussi une édition


FAIRE ET PENSER / LIRE

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Ensemble « La science n’est pas de l’ordre de l’efficacité. Être scientifique,  c’est rechercher l’émerveillement,  la “ merveille ” », comme dit André Pieyre de Mandiargues à propos de la Poésie.  « Le XXe siècle a démontré que notre monde déterministe débouche sur l’imprévisible. La science nous apprend donc la liberté et l’ouverture et les arts ont le même but ils nécessitent la même rigueur,  dans la même optique d’échange avec le monde et de lucidité. » Albert Jacquard


Ensemble un esprit commun Ensemble nous désirons l’exploration des possibles dans une idée de partage. Ensemble nous voulons investir des projets qui favorisent la rencontre, dans la complète continuité de ce que nous faisons depuis de nombreuses années. Ensemble nous avançons déterminés, nous tâtonnons. Avec vous, les ateliers, les Passe à la maison, les visites d’expositions distillent avec régularité cet esprit que nous souhaitons plus que tout, celui qui invite à se connaître, à ne pas juger, devenir chercheurs et apprendre des uns et des autres. Avec différents partenaires qu’ils soient élus, associations ou bien collectivités territoriales, les lieux et temps de réflexion s’organisent.  Nous explorons la richesse que peut apporter une nouvelle lecture de nos implications sociales en regard de nos pratiques professionnelles culturelles.  Sont alors décryptées,  décortiquées des notions humanistes, telles que celles des droits culturels* ou de care. À chaque endroit, la recherche et le questionnement s’imposent : avoir le souci de l’autre dans sa dimension globale, singulière.  Si nous concevons ces lieux d’échange et de débat c’est que nous aimons ces perturbations électives.  Car l’art,  oui,  la création,  oui,  mais ensemble ! En 2019, nous le souhaitons plus que jamais, encore et toujours, l’un avec l’autre,  les uns avec les autres pour partager des expériences artistiques,  culturelles et plus largement des temps de vie.  Alors,  nous voici réunis pour former un ensemble harmonieux,  un tout formé d’autant d’éléments distincts, acteurs d’une communauté, et non plus passifs, face à nos solitudes éparses. Le centre d’art contemporain lieu de vie ouvert à toutes et tous, lien de vie, ré-unit.  Espace, du dedans et du dehors, il doit être propice à l’éclosion et à la construction continue d’individualités, doit savoir encourager. Il s’impose en un lieu d’expression celui même de la démocratie qui peut trouver sa voix/voie, lieu/lien fertile aux imaginaires artistiques et citoyens. Il nous tient donc à cœur de valoriser l’inter-culturalité par des échanges réciproques, dans le respect des libertés de/pour le développement d’une citoyenneté humaniste. Bivouac Nous commençons donc l’année par une expérience de vie et de partage insolite avec un groupe d’élèves de 3e du collège Leclerc,  inscrit dans le programme DISPO Sciences Po Toulouse, des artistes et des invités. Passer Une nuit au Centre d’art, c’est aller à la rencontre

*Bien qu’il soit trop long ici de rappeler ce que sont ces droits, nous vous invitons à lire La Déclaration de Fribourg. Un exemplaire est disponible en consultation à La Chapelle, aux horaires d’ouverture du Centre d’art. Le texte est également disponible en ligne sur : fidh.org/IMG/pdf/ fr-declaration.pdf


d’artistes dans un lieu propice aux échanges, au débat, à la discussion,  à la découverte et au dépaysement.  Vivre au Centre d’art l’espace d’une nuit, c’est s’offrir un voyage spatio-temporel exceptionnel. L’an dernier nous avions accueilli le groupe DISPO dans l’Hôtel Dynamite de David Michael Clarke. Les élèves avaient travaillé sur la thématique « Habiter » et s’étaient retrouvés en avril au musée Soulages à Rodez, avec d’autres participants de la région, lors de l’exposition consacrée à l’architecte Le Corbusier. Cette année, l’installation à La Chapelle sera plus rudimentaire, en mode bivouac au cœur d’un espace artistique vierge.  La soirée du jeudi 17 janvier sera placée sous le signe du genre féminin. Il y sera question des femmes-artistes ou artistes-femmes et de leur place dans l’univers artistique et culturel.  Les élèves rencontreront des artistes installées dans le Comminges : les plasticiennes The Old Boys’ Club,  Iris Delvalle et Cassandre Cecchella et la danseuse Angélique Danguy. La discussion se poursuivra le temps d’un repas partagé et se clôturera par une expérience artistique surprise ! Enfin,  le rassemblement des Collèges au musée Soulages aura lieu lors d’une exposition consacrée à des artistes de genre féminin.  Par cette expérience, chacun modifie ses habitudes et le quotidien se voit bouleversé au profit d’un temps consacré à des rencontres singulières.  Parler,  échanger,  nous voulons vivre un moment joyeux.  Ensemble pour se donner le temps de la découverte, faire l’éloge de la curiosité. Véronique Fauvet-Lamonerie Valérie Mazouin



Grandir

avec

l'art


27.12.2011 14 h 02 CHANT DU COQ, ÎLE VERTE

Je marchais sur la rive, et les baies rouges piquaient la neige par endroit sur le chemin, et les plumes d’un oiseau mort bougeaient dans les contours glacés sur le fleuve et des phoques plongeaient dans l’eau grise. Du gris, du blanc, du brun, la terre se découpe dans des accents de Grand Nord. Je marchais. Je marchais. Je voulais marcher encore et encore, sentir toute entière la terre glacée. Sentir que tout est derrière. Et l’île, et les paroles, et les bruits et les objets pour n’entendre plus que le souffle salé du vent, pour tenter d’entendre ce qu’il est de plus en plus difficile d’entendre, au-delà de nous, de nos espoirs, de nos envies, juste entendre ce qui ne s’entend pas.

Julie Gilbert, Tirer des flèches, Éditions Héros-Limite, 2018 / Textes écrits dans le cadre de trois sessions de Poèmes téléphoniques / Performance réalisée à Montréal, Los Angeles et Genève entre 2011 et 2017.


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ENSEMBLE / GRANDIR AVEC L'ART

Accueil des jeunes publics en groupe Crèches et tout-petits / Maternelle, élémentaire, lycée / Loisirs péri et extra-scolaires Qu’est-ce que l’art contemporain ? Qui sont les artistes ? Qu’est-ce qu’une œuvre ? Pour tenter de répondre à ces questions,  nous imaginons un panel d’actions où les échanges, les expériences et les cultures viennent enrichir l’exposition, qui est finalement prétexte à la rencontre pour créer les conditions d’une transmission. Nous accueillons les enfants sur leurs différents temps de vie, en temps scolaire,  péri et extra scolaire avec des visites d’expositions accompagnées, interactives et adaptées à chaque niveau. Ces visites peuvent être complétées par un atelier de pratique artistique en lien avec les œuvres. Nous intervenons également hors-les-murs dans les établissements partenaires pour mener

diverses actions autour de l’art et de la création contemporaine. Nous sommes à la disposition des enseignants et des adultes encadrants pour concevoir ensemble des visites ou des projets « à la carte ». Favoriser ainsi l’accès à l’art dès le plus jeune âge, tout au long de la vie,  c’est créer les conditions de développement et d’émancipation par l’art. Visite de l’exposition libre ou accompagnée Sur réservation, entrée gratuite, durée : 1h à 2h en fonction du niveau Visite de l’exposition + atelier Sur réservation, durée : 2 h, 3 € / enfant Renseignements & réservations Véronique Fauvet-Lamonerie 07 88 53 40 75 05 62 00 36 49 chapelle-st-jacques@wanadoo.fr

À l’école 1 établissement / 1 œuvre Exposition Lycée Bagatelle, collège Leclerc et l’école du Pilat (Saint-Gaudens)

L’art en boîte 10.09.2018 — 05.07.2019 Écoles de Saint-Gaudens et du Comminges

Exposition présente une sélection d’œuvres de la collection Les Abattoirs, Musée-FR AC Occitanie Toulouse réparties sur les deux établissements de la ville, en regard de la programmation du Centre d’art. Pauline Soueix, professeure d’Arts plastiques au lycée Bagatelle et au collège Leclerc, Marie-Lise Razat, professeuredocumentaliste au collège Leclerc et l’équipe pédagogique de l’école du Pilat,  en collaboration avec l’équipe de La Chapelle, font vivre ces expositions simultanément par des visites ludiques, des ateliers et des temps de médiation pris en charge par des élèves volontaires.

Le centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques est un relais pour la diffusion d’œuvres originales dans les écoles du Comminges, du Luchonnais et du Volvestre.  Le dispositif L’art en boîte initié par Les Abattoirs, Musée-FR AC Occitanie Toulouse,  met à disposition des élèves du premier degré un ensemble d’œuvres ainsi que divers outils pédagogiques afin de sensibiliser à l’art des XXe et XXIe siècles. Cette année, onze écoles participent au dispositif, qui est une autre manière de découvrir l’art, en dehors des institutions professionnelles et du cadre habituel de l’exposition. Cette démarche est complémentaire de la visite et de l’expérience de l’art au Centre d’art.

Citoyens du monde 04.12.2018 — 28.05.2019 avec The Old Boys’ Club à l’école élémentaire Le Courraou / Montréjeau L’école du Courraou de Montréjeau s’associe au Centre d’art et à l’artiste The Old Boys’ Club pour proposer aux élèves de la classe de CM2 de Cécile Martiel de vivre une expérience artistique exceptionnelle, à l’école. Dans un souci d’ouverture au monde en lien avec la culture humaniste, les enfants avec l’artiste porteront un regard sensible aux cultures diverses qui forment l’ensemble de la classe, de l’école et de la ville.  Nourris de ces multiplicités et de l’œuvre de The Old Boys’ Club, ils seront amenés,  à leur tour, à créer en réalisant une fresque qui rendra compte des cultures qui les représentent et qui constituent leur territoire de vie. La classe à Projet artistique et culturel (PAC) est un dispositif conjoint qui émane du ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche et du ministère de la Culture et de la Communication. Il s’inscrit dans le parcours d’éducation artistique et culturelle de l’élève, en complément des enseignements traditionnels.


ENSEMBLE / GRANDIR AVEC L'ART

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À La Chapelle Vendredi et l’avis sauvage 28.09.2018 – 05.07.2019 I.T.E.P* L’ESSOR / Saint-Ignan

Virtuacité, Semaine de la vidéo et du multimédia 01.04.2019 – 06.04.2019

Nous poursuivons notre partenariat avec l’I.T.E.P L’Essor de Saint-Ignan, en recevant un groupe d’enfants tous les vendredis matins au Centre d’art. Vendredi et l’avis sauvage, c’est un atelier de sensibilisation à l’art contemporain et à la culture artistique,  qui est envisagé comme un espace de liberté à inventer pour des enfants en marge d’une scolarité classique, dont les sensibilités ne demandent qu’à s’exprimer. Ces jeunes aventuriers-volontaires, emmenés par Nadine De Lorenzi, s’off rent la possibilité d’une île à conquérir, à la rencontre de l’œuvre, de l’artiste et de soi-même.

Virtuacité, c’est le festival des arts multimédia à Saint-Gaudens. Il s’agit de proposer au public et aux groupes scolaires des animations et des ateliers axés sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, mises en relation avec les pratiques artistiques.  Chaque année, nous accueillons plus de 600 enfants en ateliers et en parcours dans la ville de Saint-Gaudens durant une semaine incroyable de découvertes,  de vitalité et de créativité ! Organisé par la M.J.C Cyber-base et La Chapelle

Saint-Jacques centre d’art contemporain, en coopération avec le Centre d’animation et de documentation pédagogique & l’Inspection de l’éducation nationale de Saint-Gaudens et l’Antenne du Comminges des Archives départementales de la Haute-Garonne, avec le soutien de la Ville de Saint-Gaudens. Ateliers scolaires sur réservation : cadp31sg@ac-toulouse.fr Plus d’infos : virtuacite.fr

* Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique

Ateliers et stages Mercredi c’est permis ! Atelier hebdomadaire pour les enfants à partir de 6 ans Atelier de pratiques artistiques où la liberté d’expression est prédominante sur la technique. L’atelier du mercredi c’est une autre façon de voir les expositions,  une expérience à chaque fois renouvelée pour explorer l’univers de la création contemporaine. Au programme : visites d’expositions, atelier de pratique artistique (dessin, peinture,  encre, collage, tampon, pochoir, monotype,  sérigraphie, volume, installation, photo, etc.) rencontre avec les artistes, montage/ démontage d’expo. De 14 h à 15 h 30 au Centre d’art Inscriptions dès le mercredi 04.09.2019 de 14 h à 18 h TARIF 200€ / an – 2 cours d’essai offerts – L’inscription à l’année donne accès à 3 stages proposés pendant les vacances scolaires de Toussaint, de printemps et d’été – Ce tarif comprend l’adhésion à l’association Chapelle Saint-Jacques + 3 stages + le matériel – Possibilité de régler avec les Chèques activités jeunes délivrés par la mairie de Saint-Gaudens

Stages pour les enfants à partir de 6 ans

Samedi famille Tout-petits et petits jusqu’à 6 ans

Les stages permettent une immersion dans un atelier créatif partagé en petit collectif.  Le contenu du stage varie en fonction de l’exposition en place, il convoque à la fois le regard, la parole et la pratique dans une ambiance joyeuse où chacun peut trouver sa place. Possibilité de prendre son pique-nique et de déjeuner sur place.

Une matinée en famille pour se retrouver et créer ensemble. Une parenthèse à partager avec les personnes que vous aimez le plus au monde. En association avec Le Ballon Vert.

Stage de printemps Le jeudi 02 et le vendredi 03.05.2019, 10 h –16 h Ce stage se déroulera à l’occasion de l’exposition Ghost Park – Les vivants #1 de Yo-Yo Gonthier (cf p.11) Stage d’été Le jeudi 18 et le vendredi 19.07.2019, 10 h –16 h Ce stage aura lieu pendant l’exposition La Pause de Nicolas Pincemin et Absalon (cf p.14) Stage de Toussaint Le mercredi 30 et le jeudi 31.10.2019, 10 h –16 h Ce stage se déroulera pendant l’exposition collective Récits invisibles (cf p.16) TARIFS – 40 € pour les enfants non adhérents – 35 € pour les adhérents – Gratuit pour les enfants inscrits à l’Atelier du mercredi à l’année. – Ce tarif comprend l’adhésion à l’association Chapelle Saint-Jacques + le matériel – Possibilité de régler avec les Chèques activités jeunes délivrés par la mairie de Saint-Gaudens

05.05.2019 : exposition Ghost Park – Les vivants #1 de Yo-Yo Gonthier (cf p.11) 08.06.2019 : exposition Passe à ton voisin, collectionneurs (cf p.12) 07.09.2019 : exposition La Pause de Nicolas Pincemin et Absalon (cf p.14) 23.11.2019 : exposition collective Récits invisibles (cf p.16) Ouvert à tous, sur réservation Renseignements et réservations Véronique Fauvet-Lamonerie 07 88 53 40 75 05 62 00 36 49 chapelle-st-jacques@wanadoo.fr Écoute-moi grandir / Le Ballon Vert 10 place Armand Marrast, Saint-Gaudens 05 61 89 67 00 / emgr@orange.fr ecoutemoigrandir.com


Vivre

avec l'art


« Je sais bien que je dis des bêtises, que je raconte n’importe quoi, mais je t’aime. » « Dans le panier se trouvent les pierres qu’Eily a ramassées au cours de ces voyages, des pierres parfois choisies dans le vertige de l’amour. Elle en prend une : ronde, épaisse, grise, inscrutable, sa vie de pierre enfermée en elle, en sorte qu’elle ne livre rien de son itinéraire »

Edna O’Brien, Dans la forêt, 2017, roman traduit de l’anglais (Irlande) par Pierre-Emmanuel Dauzat, SW Éditeur


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Passe à la maison Nolwenn Brod et Gaël Bonnefon Passe à la maison initie des temps artistiques à l’intérieur d’espaces domestiques. Ce choix d’organiser une rencontre chez une personne qui le désire, se renouvelle donc pour la cinquième année consécutive. Ce temps dédié à la découverte d’un projet, d’une œuvre en discussion avec les artistes est consacré pour la deuxième année aux images fixes et images en mouvement.  Ces images, nous filons devant sans les voir ou il arrive qu’à trop les regarder, nous risquons de tomber ou trébucher.  Parfois,  nous n’y prêtons pas plus attention que ça,  pourtant elles s’inscrivent en nous,  inondent notre paysage.  Malgré leurs omniprésences,  elles restent par trop souvent mystérieuses et malheureusement univoques. Passe à la maison permet de découvrir des univers photographiques variés, apporte un éclairage multiple à la photographie et aux images qu’elle produit, souvent relatives à une réalité fictionnelle surprenante. Les photographes invités sont Nolwen Brod et Gaël Bonnefon.  Nolwenn Brod photographie avec émotion les attentions d’une rencontre. Ses images mêlent indicible et tangible. Son écriture photographique se nourrit, s’enrichit de ses partages humains,  de ses voyages. Le réel teinte la fiction, à moins que ce ne soit l’inverse. Gaël Bonnefon, tente d’attraper l’estompe des images. Ses clichés laissent une place de choix à la disparition. S’enfoncer, revenir, découvrir l’étincelant et le creux du ciel. Happées par l’effacement, ses photographies évoquent avec douceur et eff roi l’histoire de chaque jour passé. Essentiels pour chacun, les sentiments de la vie, précisément instinctifs et sensuels, sont pour eux des déclencheurs de projets et de séries. Nous vous invitons à les vivre lors de ces soirées, au gré de leurs paroles.

Nolwenn Brod, vendredi 19.04.2019 à 19 h 30 Gaël Bonnefon, vendredi 15.11.2019 à 19 h 30 Nolwenn Brod est née en 1985 à Brest, elle vit et travaille à Paris. Elle est diplômée l’école des Gobelins et représentée par la Galerie Vu (Paris). → nolwennbrod.com → galerievu.com Gaël Bonnefon est né à Foix en 1982, il vit et travaille à Toulouse. Il obtient en 2008 le diplôme national supérieur d’expression plastique avec les félicitations du jury, à l’Institut supérieur des arts de Toulouse. → gaelbonnefon.org


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Virtuacité Semaine de la vidéo et du multimédia

Virtuacité c’est reparti ! Le spectateur est invité à découvrir des propositions qui mettent en lien les nouvelles technologies de l’information et de la communication avec des œuvres d’art. Cette année,  c’est l’exposition de Yo-Yo Gonthier, Ghost Park et son univers de fantômes et autres apparitions qui seront support à rêver et créer.

Du lundi 1er au samedi 6 avril 2019 Plus d’infos : virtuacite.fr

Organisé par la M.J.C / Cyberbase et La Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain, en coopération avec le Centre d’animation et de documentation pédagogique & l’Inspection de l’éducation nationale de Saint-Gaudens, et l’Antenne du Comminges des Archives départementales de la Haute-Garonne, avec le soutien de la ville de Saint-Gaudens.

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Politique de la ville 3 ateliers / 3 artistes Depuis 2015, date de l’entrée de la ville de Saint-Gaudens dans le dispositif Politique de la ville, nous avons chaque année, invité un artiste en résidence. Jason Glasser, Iris Delvalle, Carl Hurtin et Yo-Yo Gonthier se sont succédés pour mener différents projets artistiques collaboratifs et participatifs avec les citoyens du cœur de ville de Saint-Gaudens.  Cette année,  nous modifions un peu la formule en invitant trois artistes,  Carbone Paroles,  Jérémie Fischer et Thomas Santini à mener avec nous et avec vous, des projets centrés sur la question de la médiation. La médiation en art contemporain est traditionnellement présentée comme un outil pour permettre aux publics de se rapprocher des œuvres,  dans une logique de démocratisation.  De ce fait,  elle est aujourd’hui un élément clef dans nos pratiques professionnelles.  Dans le terme de médiation,  on retrouve l’idée de résolution de conflit, de conciliation : on apaise une tension entre une œuvre et un groupe qui « n’aurait » pas les outils pour l’appréhender. Il y a aussi l’idée d’être « entre » deux entités, comme vecteur de transmission,  « faciliteur » de dialogue.  Pour autant,  faut-il que les médiateurs en art contemporain travaillent à chercher des terrains d’entente et à répondre aux éventuelles critiques formulées à l’égard des œuvres par des discours neutralisants ? Le regard et la parole du professionnel sont-ils plus importants que ceux des publics ? Nous souhaitons développer l’idée d’une médiation subjective totalement assumée, transparente et ouverte, dans le sens où chaque point de vue doit être mis en lumière. Nous voulons ouvrir des espaces de réflexion,  de critique,  de création et de recherche.  En prenant l’art comme point de départ,  nous cherchons à poser des questions politiques au sens large, à relier l’expérience artistique à la vie quotidienne. Cela implique que la dimension conflictuelle et la critique, qui peuvent émerger dans le dialogue, seront prises en considération plutôt qu’effacées.  Cette pluralité doit nous conduire à un changement dans nos pratiques personnelles et professionnelles et dans nos rapports aux autres. Cette transition englobe trans-mission, trans-versalité,  trans-action.


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Trans-mission

Trans-parent

Trans-action

Atelier de co-médiation avec un groupe d’adultes volontaires, habitants du centre-ville, Thomas Santini et son Centre d’art mobile. En partenariat avec la médiathèque-conservatoire Cœur et Coteaux du Comminges.

Penser des supports de médiation adaptés aux tout-petits, en collaboration avec les crèches, la halte-garderie, l’association Écoute-moi grandir / Le Ballon vert, le réseau d’assistantes maternelles de la ville et des parents, avec l’auteur-illustrateur Jérémie Fischer.

Doué de paroles / Créer des supports de médiation imprimés en collaboration avec tous ceux qui le souhaitent : adultes, ados, enfants, avec Carbone paroles.

« Somme toute, l’artiste n’est pas seul à accomplir l’acte de création car le spectateur établit le contact de l’œuvre avec le monde extérieur en déchiff rant et en interprétant ses qualifications profondes et par-là ajoute sa propre contribution au processus créatif. » Marcel Duchamp Penser, créer, imaginer ENSEMBLE,  nécessite du temps. Nous prendrons ce temps,  pour nous rencontrer, construire ensemble et dépasser l’idée d’un « simple » accès à l’art,  pour devenir acteurs de l’art et s’approprier les œuvres de manière active. Nous co-produirons des outils ou des formes de médiation pour les autres qui seront diff usées et rendues publiques au Centre d’art. Nous souhaitons constituer un groupe de personnes issues de la société civile,  venant de tous horizons et de toutes catégories sociales et/ou professionnelles,  prêtes à travailler ensemble, avec l’équipe du Centre d’art, pour produire une réflexion,  une pensée autour de l’art contemporain,  en s’appuyant sur la rencontre avec Thomas Santini et son Centre d’art mobile comme point de départ. Dans un second temps, nous élaborerons une médiation de l’œuvre de l’artiste et plus largement,  et par ricochets, d’œuvres présentées au Centre d’art ou dans l’espace public de Saint-Gaudens. Thomas Santini est artiste-plasticien. Il est né en 1971 à Boulogne-Billancourt, il vit et travaille à Toulouse. Exposition du Centre d’art mobile de Thomas Santini : à la médiathèque de la Communauté de Communes Cœur et Coteaux du Comminges 3 rue Saint-Jean (Saint-Gaudens) mars – avril 2019 (dates en cours de définition)

L’art et la petite enfance, telle est la relation que nous nous proposons d’explorer, tant du côté de la perception esthétique que de celui du geste artistique. L’éducation artistique et culturelle commence dès le plus jeune âge, elle est affaire de tous les adultes en charge d’enfants.  En multipliant les occasions de rencontre avec l’art, par le regard et/ou la pratique, en renouvelant les approches et en diversifiant les disciplines, la sensibilité des enfants se nourrit et se construit. Ainsi, nous souhaitons nous associer à des professionnels de la petite enfance et des parents pour former un groupe. En s’appuyant sur la rencontre et des ateliers avec Jérémie Fischer, nous produirons,  dans un premier temps, une réflexion et une pensée autour de l’art contemporain,  de l’illustration jeunesse et de la sensibilisation des tout-petits à l’art.  Puis, dans un second temps, le groupe,  accompagné par l’équipe du Centre d’art,  élaborera des supports de médiation adaptés aux tout-petits, qui seront mis à disposition à la Chapelle Saint-Jacques. Ici, la médiation est envisagée plutôt comme un vecteur de transmission par le sensible, un jardin d’enfants coloré, animé,  ludique où le plaisir de se retrouver dans l’art nous fera grandir, petits et grands. Jérémie Fischer est né en 1986 à Lyon où il vit et travaille. Auteur-illustrateur, il est diplômé de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg en 2011. → jeremiefischer.fr Nous avons choisi Jérémie Fischer pour être notre illustrateur du journal 2019, en association avec Morgane Aubert, graphiste. Son rapport aux formes et aux couleurs, et son rapprochement avec l’univers des enfants (livres, ateliers, rencontres) nous ont conduit à imaginer un temps d’exploration à partager ensemble au service des plus jeunes.

En 2018, dans le cadre d’un projet élaboré au sein du dispositif Culture-Justice, des actions ont été menées sur un temps de résidence d’une durée de cinq jours. Ce délai très court n’a pas permis de développer autant que désiré, le projet du collectif. Doué de paroles a pour objectif de donner la parole au public et d’en produire des formes graphiques. Ainsi posés, ces axes affirment clairement cette volonté de lier la création et la transmission.  Il s’agit de travailler la médiation par la création de multiples : livres, cartes postales,  affiches. La création de ces supports donnera lieu à une diff usion qui s’organisera de diverses manière et qui permettra d’imaginer une médiation spécifique. Le projet est ici d’affirmer une fois de plus,  l’art pour tous, l’art comme espace de liberté,  l’art comme richesse. Il y a la conviction que par cette découverte de la création se produit précisément l’expérience du vivant. Carbone paroles est un duo d’artistes composé de Sylvain Ameil et Bianca Million-Devigne. Ils vivent et travaillent à Toulouse. Studio dont l’objet est d’investir des terrains de recherche graphiques et éditoriaux. Ils questionnent l’acte d’éditer aussi bien par le biais de commandes qu’en proposant des ateliers, des rencontres ou au sein d’expositions. (cf p.48 Doué de paroles, Carbone paroles) → carboneparoles.com


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Métamorphose The Old Boys’ Club Dispositif Culture-Santé avec le Centre Hospitalier Comminges Pyrénées, Saint-Gaudens Depuis plus de 20 ans,  le ministère des Solidarités et de la Santé et le ministère de la Culture conduisent une politique commune d’accès à la culture pour tous les publics en milieu hospitalier.  En 2018,  nous initiions un nouveau partenariat avec le Centre hospitalier Comminges Pyrénées de Saint-Gaudens pour mener un projet artistique avec The Old Boys’ Club, artiste présentée au Centre d’art en 2017 (exposition Les prophètes).  Depuis cette exposition, « la direction de l’hôpital a souhaité lancer une politique culturelle qui s’inscrive dans la durée et en partenariat. Il apparaît indispensable, en effet, de faire entrer d’avantage l’art à l’hôpital et en particulier les arts plastiques. L’hôpital est un lieu anxiogène

qui accueille des patients qui sont eux-mêmes stressés par la maladie.  C’est important qu’ils retrouvent dans ce lieu, des éléments qui les rattachent à la vie à l’extérieur de l’hôpital. Pour les professionnels également, l’hôpital est un lieu psychologiquement lourd à vivre et l’ouverture sur l’art est une bouffée d’oxygène. Le partenariat avec La Chapelle Saint-Jacques est apparu comme naturel. Il correspond à un vrai désir de lancer ensemble une dynamique institutionnelle ambitieuse. » Christine Girier-Debolt, directrice du Centre Hospitalier Comminges Pyrénées.

L’espace de l’hôpital est celui de la métamorphose : on vient guérir,  ou mourir, ou naître, on arrive enceinte, on repart avec un bébé, on y entre et on en sort changé, de quelque façon que ce soit. Je travaille avec les uns et les autres autour de ces transformations, ces « passages », ces changements. L’endroit dans lequel je travaille est justement un « passage » entre deux bâtiments,  une passerelle,  un couloir couvert qui forme une trajectoire toute particulière à travers le jardin, entre les deux principaux bâtiments qui constituent l’hôpital, un lieu de circulation. Ce Wall Painting est amené à évoluer pendant la durée du projet, à se métamorphoser. Je travaille beaucoup avec des créatures de toutes sortes, le corps (et ses métamorphoses) est très présent dans ma production graphique, mais là il s’agit de découvrir les métamorphoses propres à l’espace de l’hôpital, les objets de l’hôpital qui se plient, se transforment, se recyclent, s’accouplent aux corps. [. . .] Mon activité artistique se situe la plupart du temps dans le cadre intimiste de


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l’atelier. Je me compare souvent à un « moine copiste » penché sur ses miniatures.  Que ce soit en peinture ou animation numérique,  le temps du travail est long, précis, patient, et en dehors des temps d’exposition. Je ne rencontre pas si souvent le public, l’espace partagé,  « les autres » de manière générale. Ce projet à l’hôpital est une façon d’inscrire ma pratique artistique dans un tissu social dense et riche,  une façon aussi peut-être de m’émanciper de l’espace restreint de l’atelier pour un temps. Il y a là un engagement loin des lieux usuels de l’art qui, me semble t-il, est absolument nécessaire. The Old Boys’ Club

Bernard Alors que je peins dans le couloir, un vieux monsieur, l’air un peu revêche mais les yeux rieurs, me demande « À quoi ça sert de peindre sur les murs ? ». Je le regarde, malicieuse,  et je lui dis « Je vais vous dire un secret : ça ne sert à rien. Mais après tout, est-ce que tout doit servir à quelque chose ?! ». S’ensuit une délicieuse discussion sur la valeur de l’oisiveté, il me raconte quelques souvenirs de « ce qui ne sert pas » dans sa jeunesse,  comme on a perdu le goût de ne rien faire pour le plaisir, et comme au village « il faut être vaillant », et que pourtant cette « vaillance » (une reconnaissance de l’action) permettait aussi le « rien faire ». À la fin,  je lui dis « Bon, ben au moins, ces peintures ont servi à provoquer cette discussion »,  et il repart goguenard. Simone Simone s’avance lentement et péniblement dans le couloir. « Eh bé, c’est difficile,  c’est un labyrinthe cet hôpital depuis que c’est en travaux. . . Déjà que c’est un véritable labyrinthe de passer de service en service pour essayer de se faire soigner. . .  et tout ça avec de l’arthrite !. . .  C’est ça que vous devriez peindre,  un labyrinthe plein de boiteux ! » Simone rigole. Nous échangeons un moment sur le labyrinthe, je lui parle alors du « parcours de soin » évoqué par les docteurs et nous continuons ainsi un moment à parler de chemins sinueux et de chemins de traverse.

Le travail d’équipe, inlassablement,  comme une étrange famille avec des « relais »,  des bousculades riantes ou violentes ; les urgences comme un « théâtre des passions humaines exacerbées » ; le temps du médecin et celui du patient qui ne s’inscrivent pas de la même manière dans la mémoire ; au bloc encore, le corps masqué des patients révélé dans ses détails mais pas dans son intégrité (« pour protéger les patients ou pour se protéger soi, en tant que soignant ?! ») ; la « marche en avant » des services où le sale et le propre ne doivent pas se rencontrer ; les mains, omniprésentes, celles qui aident,  celles qui touchent, celles qui nouent (les tabliers, les masques), celles qui poussent (le chariot des archives, le linge, les repas,  les soins, les fauteuils, les civières, les machines à nettoyer le sol, les chariots d’entretien. . .) ; ou encore « la présence », comment mettre en image cette présence, « se poser là, près de patients », une attitude qui n’est pas reconnue en tant que telle, mais qui pourtant est un geste médical à part entière ; les « échanges de regards » quand on ne peut plus rien dire ; « les 70 métiers » qui sont présents dans l’hôpital (je tiens à ce que le Wall Painting rende compte justement de tous ces différents métiers qui font que la machine fonctionne) ; le « parcours de soin », un chemin que docteur et malade doivent tracer ensemble ; la « bulle autour de soi » pour parfois aussi se protéger des émotions trop fortes ; des concepts aussi, plus difficiles à mettre en image, comme la traçabilité, la valorisation,  l’attention, la mémoire, notions qui challengent mon imagination ; ou bien encore la dimension « terrible » de l’hôpital, la violence, la mort, la barque de Charon ; l’incivilité, la rébellion, la douleur, comment les « transcender par l’image », sans rajouter de la douleur à la douleur, mais en apportant du vivant une certaine forme de complicité,  de la fantaisie, de la poésie.  Notes de travail de l’artiste


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ENSEMBLE / VIVRE AVEC L’ART

Doué de paroles Carbone paroles Dispositif Culture-Justice avec l’Unité éducative en Milieu Ouvert (UEMO) de Saint-Gaudens Le ministère de la Culture et de la Communication s’est attaché à favoriser l’accès à la culture des personnes qui en sont éloignées. C’est ainsi qu’il a établi un partenariat avec le ministère de la Justice, ayant pour objectif de mettre en œuvre une politique culturelle de qualité pour les personnes placées sous main de justice. La culture constitue, en effet, un facteur de construction, voire de reconstruction de la personne et un élément majeur dans un parcours de ré-insertion.  Doué de paroles, c’est un atelier de fabrique d’images qui donne la parole à des jeunes suivis par la PJJ (Protection judiciaire de la jeunesse) de Saint-Gaudens. Porté par le duo Carbone paroles, l’atelier a réuni une quinzaine de participants qui ont réalisé un livre à partir de l’iconographie locale de la ville et de ses alentours, mêlée à leur iconographie et récits personnels. Doué de paroles L’intention de Carbone paroles est de donner la parole et de prendre le temps de questionner et de produire les nouvelles formes graphiques de cette expression. Les jeunes de l’UEMO, protagonistes de ce projet, sont ceux dont la voix porte.

projettent, celui qui mêle la puissance des marques et des signes d’appartenance que chacun revendique à l’expérience du quotidien sur le territoire.  Chaque jeune oriente inévitablement la création vers ce qu’il connaît et apprécie, le sujet de travail y compris.  Carbone : garder des traces Nous avons tout d’abord collecté des histoires, personnelles ou rapportées. Elles sont la base d’images et de textes. Nous travaillons beaucoup avec l’archive et les contenus préexistants. Ici aussi c’est un atout : nous avions une multitude d’images, d’histoires, dans lesquelles piocher pour favoriser les confrontations fécondes et la projection dans l’imaginaire.  Récolter, donner forme, publier, diffuser Puis de l’extraction des formes, nous avons créé une bibliothèque collective de signes.  Nous générons une typographie,  indexons les formes,  mettons en place des principes de langage,  des associations de mots et d’images (entre hiéroglyphes mayas et insultes en bande-dessinée).  Enfin,  nous diffusons : affiches,  flyers ou microéditions.  La prise de paroles a d’autant plus de force qu’elle est faite en groupe.

Horizon Nous voulons ancrer la création dans son contexte, questionner ce qui est commun et vécu.  Nous avons dessiné des directions de travail liées au paysage saint-gaudinois,  ce paysage que les jeunes vivent et

Carbone paroles est un studio de graphistes composé de Sylvain Ameil et Bianca Million-Devigne. Installé à Toulouse dans les locaux du collectif IPN duquel ils sont membres, Carbone paroles s’intéresse à tout ce qui questionne une forme donnée à un contenu. Produit de l’image, la tord et l’interroge. Prend l’objet édité comme terrain

d’expérimentation. Cherche à connecter les images aux gens, les gens aux images et à comprendre. Carbone paroles fait des humanités des choses imprimées. → carboneparoles.com Plus d’infos : lachapelle-saint-jacques.com


Souvenirs des feux de Bengale, de la fête des jours qui passent…  Souvenirs du souffle chaud et cinglant de l’air ; du frisson imposé par l’épaisseur des murs. L’hiver attire le printemps.  L’été s’éloigne.  L’automne imagine la suite. Pieds dénudés ou vitres glacées, entre agitation et paix, le territoire ne se donne plus le droit d’être hostile.  Le paysage ne contraint pas, mais invite à parcourir les terrains pentus, à arpenter les reliefs complexes. Les champs abondants des environs et les terres cultivées modulent ici-même, les caractères frileux et fougueux, chaleureux et réticents. L’œuvre trouve sa place, favorise les dialogues. Elle est comme une histoire de temps que l’on gagne, que l’on perd,  s’anime, se repaît de fragiles festins et dessine les motifs d’une banale allusion, à la seule nécessité d’entendre l’autre. Ce qu’il faut entreprendre pour se sentir vivre. Être au plus près, à l’attention. . . Notre place est ici ; pour ce souffle de plus ; à cet interstice où se croisent les doutes et les interrogations. La vie fantastique. . .


JANVIER

AVRIL

7–12

1er–6 Virtuacité, festival des arts numériques

17

Résidence danse #1 : Hiver, Compagnie Process Une nuit au centre d’art Chapelle Saint-Jacques : élèves de 3e du collège Leclerc de Saint-Gaudens

FÉVRIER 4–7

Résidence danse #2 : Hiver , Compagnie Process

8–9

Spectacle danse : Hiver , Compagnie Process

MARS 16

Vernissage de l’exposition Ghost Park – Les Vivants #1, Yo-Yo Gonthier

13

Soirée performance danse et musique Studio danse du Caro et le Conservatoire de Saint-Gaudens

19

Passe à la maison #1 Nolwenn Brod

MAI 2–3

Stage de printemps pour enfants

4

Samedi famille

29

Vernissage de l’exposition Passe à ton voisin, Collectionneurs et concert Jazz en Comminges

18–19 Journées professionnelles Air de Midi

JUIN

22

8

Samedi famille

22

Collection – Collections, paroles de collectionneurs

Vernissage de l’exposition Centre d’art mobile, Thomas Santini à la médiathèque de la Communauté de Communes Cœur et Coteaux du Comminges

JUILLET 13

Vernissage de l’exposition La Pause, Nicolas Pincemin & Absalon

18–19 Stage d’été pour enfants


AOÛT Pas d’événement, mais le Centre d’art reste ouvert du mercredi au samedi de 14 h à 18 h et les jeudis (jour de marché) de 10 h à 13 h et de 14 h à 18 h

SEPTEMBRE 4

Mercredi c’est permis / Inscriptions

7

Samedi famille

21–22 Journées européennes du patrimoine

OCTOBRE 5-6

Let Us Reflect Festival

19

Vernissage de l’exposition Récits invisibles

INFOS PRATIQUES Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain Adresse : avenue du Maréchal-Foch, 31800 Saint-Gaudens Contact : +33 (0)5 62 00 15 93 Facebook @CentredartChapelleSaintJacques Instagram @chapelle_st_jacques www.lachapelle-saint-jacques.com Horaires d’ouverture : Du mercredi au samedi de 14 h à 18 h. Les jeudis de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h, en juillet et août. Fermeture annuelle pendant les vacances de Noël et les jours fériés. Entrée libre et gratuite

30–31 Stage de Toussaint pour enfants

NOVEMBRE 15

Passe à la maison #2 Gaël Bonnefon

23

Samedi famille

DÉCEMBRE On prépare 2020

Accessibilité : – Site accessible aux personnes handicapées ou à mobilité réduite – Visites adaptées aux personnes déficientes visuelles et non-voyantes Venir au Centre d’art : – A64 axe Toulouse-Tarbes, sortie 18 – N124 depuis Toulouse, N117 depuis Tarbes – SNCF : ligne Toulouse – Pau / arrêt Saint-Gaudens / 10 min à pied, vers le centre ville


Crédits Ce journal a été réalisé par l’équipe du centre d’art contemporain Chapelle Saint-Jacques Conception éditoriale Valérie Mazouin Dessins, conception artistique Jérémie Fischer Conception graphique et artistique Morgane Aubert Relecture Émilie Flory Impression Alaurco (Ávila)

Équipe Directrice Valérie Mazouin valerie.mazouin-charrier@orange.fr Administrateur Nathanaël Vignaud admin.chapelle-st-jacques@orange.fr Responsable des publics et de l’action culturelle Véronique Fauvet-Lamonerie chapelle-st-jacques@wanadoo.fr Responsable de la communication et des relations presse Eva Ferrés Ramos communication.chapelle-st-jacques@orange.fr La Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain est conventionné depuis 2012 avec la Ville de Saint-Gaudens, la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie et la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, et depuis 2019 avec le Conseil départemental de la Haute-Garonne. Le Centre d’art est membre des réseaux d.c.a (association pour le développement des centres d’art en France), Air de Midi – Réseau d’art contemporain en Occitanie et du LMAC (Laboratoire des Médiations en Art Contemporain en région).

Un grand merci – Les bénévoles du Centre d’art, mention spéciale aux Éditions Tirer des flèches – Adrien Lagrange, Andrea Herz, Axel Gouatarbes, Batiste Salles, Bastien Dupla, Matéo Anere, Pierre Becquet, Quentin Hoareau, Leo Alonso, Théo Lurdes, Sylvain Burgalat, Vincent Loubatié, Marc Dury, Constant Roux, Hugo Lhsa – Les services techniques de la Ville de Saint-Gaudens, mention spéciale à Arnaud, Frankie, Vivianne et Christophe – Les équipes éducatives et le personnel de l’ITEP, mention spécial à Nadine – Les équipes éducatives et les personnels des collèges Leclerc et Didier-Daurat, du lycée Bagatelle, du Lycée d’enseignement professionnel agricole de Saint-Gaudens ; mentions spéciales à Camille, Marie-Lise et Pauline – La familia : Vincent, Victor, Félix, Lucas, Jim, Luna, Tess, Jean-Marc, Salvador, Paula, Hélène & Bernard et Pascal – Et vous publics qui participez activement et faites vivre le Centre d’art !




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