A METROPOLITAN ECOSYSTEM I Un nouvel écosystème métropolitain

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Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2014 – 2015

Un nouvel écosystème métropolitain. Les promenades vertes et bleues de Cap Excellence

Jeanne Lacour Bertilla Martin de Baudinière Samya Pelloquin

École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée



Un nouvel écosystème métropolitain Les promenades vertes et bleues de Cap Excellence Étudiants Jeanne Lacour Bertilla Martin de Baudinière Samya Pelloquin Commanditaires de l’étude Communauté d’agglomération de Cap Excellence Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Guadeloupe

Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2014 – 2015 École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée



Un projet d’écosystème page 9 A Les promenades page 17 Une promenade structurée par la géographie La promenade dans les milieux de Cap Excellence Les promenades : une solution pour la ville La promenade métropolitaine B Les projets d’aménagement page 81 Pièces motrices Solutions constructives L’écosystème métropolitain se met en place page 133


Le territoire de Cap Excellence L’intercommunalité regroupe trois communes sur 130 km² et compte 78 623 habitants.

Baie-Mahault


Les Abymes

Pointe-Ă -Pitre

0

1

2 km

N


La nature est paradoxalement omniprĂŠsente mais non-structurante.


0

1

2 km

N


La nécessité de questionner l’écosystème pour trouver un équilibre écologique

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Un projet d’écosystème

Cette étude porte sur un projet de promenade métropolitaine pour l’agglomération de Cap Excellence. Elle propose de penser de manière commune la ville et la nature. Le dialogue entre ces deux entités est ainsi rétabli afin de supporter le tracé de la promenade et de trouver dans les écosystèmes naturels une structure pour la ville. Celle-ci est dès lors incluse dans une organisation globale : un écosystème métropolitain. Certains sites de la promenade qui disposent de leviers existants ont été détaillés prioritairement. Ils sont abordés par la pensée des risques d’ inondation et des caractéristiques du milieu dans lequel ils s’ implantent. Il en résulte une série d’aménagements passifs ou actifs face à l’environnement, mais toujours en corrélation avec celui-ci. La Guadeloupe fait partie de l’archipel des Caraïbes. Elle est composée de deux îles, Basse-Terre et Grande-Terre, séparées par un fin bras de mer, la Rivière Salée. C’est le long de cette séparation que s’est développée l’agglomération urbaine de Pointe-à-Pitre. Par sa position extra-continentale, l’île est territorialement limitée en terme de ressources. Au cours de son histoire, la Guadeloupe a donc subit plusieurs phases alternées de dépendance et d’autonomie qui résultent d’échanges de flux humains, matériels et économiques avec son environnement extérieur. Ainsi, au milieu du xviiie siècle, les colons s’installent sur l’île alors soumise à la traite des esclaves qui sont déportés. à leur arrivée, les européens importent avec eux un certain nombre de maladies qui impactent la faune et la flore. Ils fondent la ville de Point-à-Pitre au point de mouillage qui s’avère être un écosystème fragile, celui de la baie marécageuse abritant la mangrove. Ils instaurent ensuite dans les plaines, une agriculture sucrière et bananière 9


exportatrice. Lorsque la Guadeloupe devient une région française, elle importe des matières premières de la métropole en continuant d’exporter la production locale, accentuant ainsi sa dépendance. Aujourd’hui, les enjeux écologiques de plus en plus présents nous poussent à porter notre attention sur l’autonomie de la Guadeloupe : comment renforcer la résilience de l’île et sa robustesse de fonctionnement ? Cette volonté d’aller vers un état stable, évolutif et adaptable pourrait s’entendre comme une définition de l’écosystème urbain. Pourtant la description de cette ville écologique est complexe. Elle suppose de comprendre autant les implications des besoins matériels et énergétiques des villes que la problématique d’un développement durable : impératifs de dématérialisation, de dé-carbonisation, de bouclage des cycles de matières ou de découplage1. Précisément, cette étude permet d’éclairer un des volets du métabolisme urbain : celui de la relation de la ville aux environnements naturels. Elle propose de créer l’écosystème métropolitain en superposant à l’écosystème naturel, les activités humaines et l’urbanisation, tout en résolvant les malfaçons entre les éléments naturels et urbains. Les interactions crées sont représentatives des sociétés dites de l’anthropocène où l’influence humaine serait devenue une force majeure aux conséquences géologiques. La commande a été initiée par l’intercommunalité de Cap Excellence, composée des communes de Pointe-à-Pitre, de Baie-Mahault et des Abymes ; et par la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (deal) représentant les services de l’État. Selon les termes de la commande, l’étude doit « proposer un projet de promenades vertes et bleues pour l’agglomération». Or, les deux institutions ont des motivations différentes quant à la réalisation de ce projet. En effet, la deal soutient une lecture globale, voire géographique, de l’agglomération afin de mener à bien un projet de gestion des risques et de protection des espaces naturels. L’intercommunalité, elle, programme avec le Syndicat Mixte des Transports, la mise en place d’un tramway à l’horizon 2020. La vision de ce projet d’envergure l’amène à s’intéresser davantage aux usages que supporteront les promenades urbaines, notamment les mobilités douces et le rapport au tramway. Ces deux points de vue créent des ambiguïtés sur l’échelle et le sujet à traiter. Il semble donc important de définir les notions employées dans la commande et dans un premier temps celle de nature.

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Cette description est inspirée du travail en cours de Sabine Barles « Ecologie urbaine, écologie industrielle, écologie territorial : État des lieux et perspectives en France » consultable sur le lien http://www.pirve.fr/wp-content/uploads/2010/10/SBecologieTerr2juill07.pdf (version provisoire, juillet 2007)

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La notion de nature revêt plusieurs sens qui se spécifient encore dans le rapport qu’elle entretient à l’homme : son sens premier étant celui d’une nature indépendante de l’activité ou de l’histoire humaine. Dans son article « Natures en ville »2, Lise Bourdeau Lepage énonce trois visions de la nature en ville : la nature sauvage encore vierge d’interventions humaines, la nature fantasmée qui s’oppose à la ville comme un eldorado vert et enfin la nature domestiquée des squares et des jardins où elle correspond à un idéal esthétique dans une vision hygiéniste. Ces conceptions de la nature portent en elles plusieurs questions : aujourd’hui, quelle est la place la nature dans le schéma urbain ? Quelle est la vision de la nature que souhaitent adopter les citadins de Guadeloupe ? Au cœur de l’agglomération se trouvent deux typologies de nature : la nature construite des places et des parcs, prise en étau dans le maillage des rues, et la nature dominante où au contraire les constructions se faufilent. Cette deuxième typologie est majoritaire en Guadeloupe car l’île possède une biocénose de type tropicale luxuriante. Aujourd’hui, bien qu’omniprésente, elle est paradoxalement non-structurante pour le tissu urbain. Ce dernier ne s’appuie pas sur son fonctionnement pour se développer et fragmente souvent les éléments naturels créant ainsi des « zones de conflits». Pourtant la nature, très diverse, est une des caractéristiques des quartiers de l’agglomération et participe à en définir l’identité. Aussi, afin de faire de la nature un atout pour l’urbain, il est nécessaire de comprendre ce qui la constitue tout en évitant d’établir une dichotomie néfaste de la ville opposée à la nature. Nous proposons donc d’utiliser le projet de promenade pour analyser et mettre en relation territoriale ces objets hétérogènes. Premièrement, le ciblage d’espaces naturels ayant un rôle à l’échelle géographique  –  celle de l’île  –  permet d’établir une première différenciation des « espaces verts ». On peut identifier, en tant qu’entité géographique, des éléments naturels ayant également un rôle à des échelles plus ciblées, qui sont continus et structurants pour le territoire. Nous les nommons ici «continuités naturelles». Ces continuités passent d’un univers à un autre en faisant partie intégrante de chaque environnement traversé ce qui leur donne une réalité transcalaire. Elles correspondent également à un écosystème car elles mettent en symbiose la biodiversité et son environnement. En suivant un « bon sens » géographique, il paraît donc pertinent de sélectionner ces structures naturelles pour guider le tracé des promenades et construire une Trame Verte et Bleue. 2

Lise Bourdeau-Lepage, « Nature(s) en ville », Métropolitiques, 21 février 2013, consultable sur le lien : http://www.metropolitiques.eu/Nature-s-en-ville.html

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En écologie, la Trame Verte et Bleue représente une approche du vivant et désigne l’ensemble du réseau des corridors biologiques ou des continuités naturelles. Elle participe à une forme de conceptualisation de l’invisible. Dans le cadre de ce projet urbain, elle traduit une volonté spatiale tout en assurant des fonctions additionnelles. Ainsi, elle devient le support d’une gestion des risques naturels, de la préservation des écosystèmes, de la mobilité et de l’organisation des tissus urbains. Elle redonne aux structures urbaines qui l’ont perdue ou ignorée une dimension écologique. Les continuités naturelles traversent des environnements variés appelés ici des milieux. De même, la promenade traverse et s’implante dans ces milieux où elle adopte un caractère local. Les milieux superposent différents composants ayant chacun des règles propres. Ils regroupent la géologie, la topographie, l’hydrographie, la végétation et les constructions d’infrastructures ou de bâti. Ces dernières, dont l’aménagement a modifié les sols d’origine, ont développé des types d’implantations adaptés au contexte naturel. Le bâti trouve donc bien sa place dans le milieu, qui devient alors un terme plus global, extrapolé d’une définition purement biologique qui le décrit comme un environnement. La promenade se dessine par l’observation du milieu et prévoit de résoudre, renforcer et recréer la relation entre ville et nature. Dans certains cas, il y a soit une coexistence, soit un fonctionnement naturel perturbé, soit un fonctionnement urbain à rendre plus efficient. La promenade joue alors un rôle pour la ville résolvant des problèmes à l’échelle du quartier et lui offrant une certaine singularité. Dans une stratégie foncière, elle permet aussi de préserver l’espace libre et de le rendre utile afin de construire à d’autres endroits. Dans la relation ville-nature, le projet propose donc des objectifs clairs au sein de chacun des milieux. Ainsi le projet a pour objectif d’habiter l’épaisseur délaissée des ravines de Baie-Mahault. Au cœur de Jarry, il assure la naturalisation ponctuelle des sols, tandis qu’autour des mornes, il théâtralise le relief. Enfin au Raizet et dans la plaine inondable des Abymes, il offre une nouvelle cohabitation avec le chemin de l’eau. La promenade possède donc un réseau local dans les quatre milieux de l’agglomération. Mais elle utilise également les infrastructures en place pour relier les quartiers des deux terres dans un tout métropolitain de 31 kilomètres. Ce tracé global sera lui-même fortement conforté par l’arrivée des transports en commun. En outre, les promenades portent également les notions d’usage et de paysage perçus par l’homme. En cela, leur aménagement est pensé conjointement avec les éléments de l’environnement qui les entourent afin d’en révéler les atouts esthétiques. Le projet de promenade regroupe donc 12


des tracés de mobilités douces appuyés sur la Trame Verte et Bleue et gère les risques d’inondation. Il est en relation avec le bâti, se lie au réseau de transports en commun et génère des espaces publics. La ville et la nature ne sont plus séparables car elles se répondent conjointement aux enjeux naturels, de risques climatiques, de l’urbain, des mobilités et de l’espace public. Le projet des promenades développe ponctuellement des Aménagement Verts et Bleus. Ces derniers correspondent aux actions menées sur des sites disposants de leviers d’action, c’est-à-dire de forces économiques ou foncières déjà en place. C’est à travers ces sites que le projet commence. Le potentiel des sites est définit suivant trois critères : leur attractivité programmatique, la requalification urbaine dont ils font l’objet et l’existence de projets en cours (qui offre la possibilité au projet de promenade d’être intégré). En outre, les Aménagement Verts et Bleus s’accompagnent d’une attention particulière portée au mode constructif employé pour réaliser la promenade. Ainsi, les types de sol et les aléas liés à l’eau sont fortement considérés car ils participent à différencier les manières d’aménager les sites. C’est également à partir d’eux que se développent spécifiquement la végétation et que varie le comportement d’infiltration de l’eau. Un des objets de l’étude est donc d’utiliser les caractéristiques des sols3 et d’analyser la mosaïque qu’ils forment à travers l’agglomération pour dessiner le projet. Dans leur dessin, les Aménagement Verts et Bleus intègrent aussi la question des aléas tout en assurant la possibilité d’usage pour les citadins. Selon les projets, des moyens d’actions supplémentaires qui permettent d’atteindre les nouveaux objectifs sont à utiliser. Ils peuvent être regroupés en trois catégories. Un premier est de l’ordre de la prescription juridique, un deuxième est basé sur les actions matérielles concrètes et un dernier moyen correspond à l’incitation et la pédagogie. Ce dernier est définit selon l’urbaniste Nicolas Soulier4 comme un « deuxième chantier » impliquant les habitants dans l’utilisation et la construction de l’espace public. D’autre part, ces préventions et cette adaptation à un contexte naturel par les aménagements sont une manière avantageuse de réaliser des économies en amont sur des problèmes qui surviendront plus tard.

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La sciences des sols, de leur formation et de leur composition correspond à la science de la pédologie.

4

Dans son ouvrage « Reconquérir les rues » Nicolas Soulier développe les stratégies qu’il a essayé de mettre en place pour créer de l’usage dans les rues. Il développe la notion de « frontage » espace entre les habitats et la voirie, parfois établi par les habitants dans un deuxième chantier suivant la construction de la voirie elle même.

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Les lignes directrices et les rouages de l’écosystème métropolitain sont mis en place : ce sont respectivement les continuités géographiques qui permettent de relier plusieurs échelles et les milieux qui donnent localement les indices environnementaux pour définir les projets de promenades et une manière de construire. À l’image d’une machine, il faut faire jouer plusieurs parties entre elles pour obtenir la mécanique constructive des aménagements.

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DĂŠpasser la dichotomie ville/nature

Nature contrainte

Nature dominante

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A

Les promenades

1. Une promenade structurée par la géographie 2. La promenade dans les milieux de Cap Excellence 3. Les promenades : une solution pour la ville 4. La promenade métropolitaine


1. Une promenade structurée par la géographie Le premier objectif est d’associer la notion de promenade aux éléments ayant un rôle dans le système naturel de l’île. La Guadeloupe, comme les autres îles de l’archipel caribéen se trouve sur un arc géologique volcanique. Elle est cependant mixte car composée des deux îles de Basse-Terre et de Grande-Terre qui se distinguent par leur formation stratigraphique. Basse-Terre, l’île volcanique, est montagneuse. À l’inverse, Grande-Terre est une île calcaire quasiment plate. Leur composition en sous-sol est donc contrastée et amène les deux îles à se différencier sur les éléments géographiques qu’elles abritent. À l’échelle des communes de Cap excellence, se trouvant à la jonction des deux terres, ces différents éléments naturels se rencontrent. Comprendre l’impact des éléments géographiques sur le territoire de l’agglomération permet de sélectionner les continuités naturelles structurantes pour définir la Trame Verte et Bleue. Celle-ci est composée des rivières formant les ravines de Basse-Terre, la Mangrove au centre de l’île, et le relief des grands fonds et des rivières canalisées de Grande-Terre. Elle est le support de l’implantation des promenades et représente déjà une première étape du projet d’écosystème métropolitain, comme une base pour la superposition d’autres notions : celle de la mobilité, de la gestion des risques et des espaces publics. Ces éléments sélectionnés se trouvent aussi bien à l’état brut que transformés par la main de l’homme. Par exemple, la rivière devenant canal puis débouchant sur la mangrove fait partie d’une même continuité : la rivière, le canal et la mangrove forment un ensemble fonctionnel. De même, les fonds de parcelle des jardins donnant sur la ravine font partie de cette dernière, participant également au micro-écosystème lié à la ravine.

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Cap Excellence

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Les deux îles sont caractérisées par des géographies contrastées.

Basse-Terre

Grande-Terre

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Grande-Terre

Basse-Terre

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Les rivières de l’île se rejoignent dans la mangrove, sur le territoire de Cap Excellence.

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L’île de la Guadeloupe présente une grande diversité de strates végétales.

Les strates végétales de Guadeloupe Mangrove ouverte (niveau 0) Marais Forêt marécageuse Bassin de Morne-à-l’Eau Plaine des Abymes Grands Fonds humides Talus des plateaux du Nord Côtes du Sud-Ouest Plateaux faciès Atlantique Forêt semi-decidue sur terrain volcanique Forêt sempervirente Plateaux de l’est et sa région occidentale Forêt ombrophile des piémonts Grands Fonds du centre Grands Fonds secs Forêt ombrophile sous vent méridional Forêt ombrophile sous vent méridional Forêt ombrophile de montagne meridionale Étages altimontains

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Les continuités naturelles traversent l’agglomération et la structurent.


0

1

2 km

N


Les continuités naturelles sélectionnées forment la Trame Verte et Bleue.

rivière Houaramand

rivière du Coin


canal de Belle-Plaine

canal du Raizet

0

1

2 km

N


2. La promenade dans les milieux de Cap Excellence Il n’y a pas une, mais des natures dans l’agglomération. Ses paysages variés permettent aux promenades passant au travers de se diversifier dans leur matérialisation. En effet, la Trame Verte et Bleue traverse les milieux de Cap Excellence. Ces derniers sont définis par quatre composants : la topographie, l’hydrographie, la végétation et les constructions. Le milieu, pris dans un sens extrapolé, comprend les zones urbaines où l’architecture vernaculaire adopte une implantation caractéristique des paysages, ce qui explique ces milieux hétérogènes de l’agglomération et son implantation à cheval sur deux îles différentes. Les zones urbaines et les milieux sont pourtant interdépendants, liés par les continuités naturelles. Il y a quatre types de milieux. Ils permettent de qualifier tous les environnements que l’on peut trouver dans l’agglomération. À l’ouest, se dessinent sur BasseTerre, les crêtes et ravines, marquées par une topographie de fond de vallée où se trouvent les plateaux agricoles. Sur les flancs, de nombreuses maisons individuelles se sont installées dans la pente. Au centre, le milieu de la mangrove  –  au niveau altimétrique le plus bas  –  borde les côtes des deux îles. La mangrove est un écosystème complexe, essentiel aux îles, c’est une sorte de forêt de palétuvier, un arbres aux racines visibles en surface, qui se développe dans les eaux saumâtres. Sa pérennité est donc assurée par l’arrivée d’eau douce des rivières et la proximité de l’eau salée de la mer. Il est quasiment impossible de construire dans le milieu de la mangrove. C’est pourquoi il a été fortement remblayé sur l’île de Jarry, afin d’y construire des entrepôts. Cette action est irréversible. À l’est, sur Grande-Terre, les plaines cultivées sont des étendues plates et inondables où les plus grandes productions agricoles se sont développées avec la présence de certains village d’agriculteurs. Ce milieu marque la fin du milieu suivant, celui des Grands Fonds, un paysage atypique de collines très rapprochées où les constructions anarchiques de maisons individuelles sont soumises à des risques importants d’inondation et de glissement de terrain. Les promenades s’implantent dans ces milieux en apportant une réponse aux problématiques qu’ils soulèvent. Le milieu devient un contexte au même titre que celui de l’urbain pour réaliser le projet.

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une topographie

une hydrographie

une vĂŠgĂŠtation

des constructions

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Les milieux de Cap Excellence

Mangrove

CrĂŞtes et ravines


Plaine inondable

Grands Fonds

0

1

2 km

N


Implantation actuelle dans les milieux

Crêtes et ravines : implantation dans les ravines et culture sur les crêtes

Mangrove : implantation sur les remblais

Plaines inondables : implantation aux pieds des mornes et culture dans la plaine

Grands Fonds : implantation anarchique sur une topographie complexe

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33


3. Les promenades : la nature une solution pour la ville Afin d’aboutir à l’usage métropolitain et écosystémique attendu, la promenade doit être bien plus qu’un simple support de cheminement piéton. Elle articule donc plusieurs mobilités (les piétons, les vélos et les transports publics) pour faciliter les déplacements entre les quartiers de l’agglomération. Elle participe également à la gestion des risques en s’appuyant sur les continuités naturelles. Enfin, elle apporte de nouvelles qualités aux espaces construits, afin qu’ils puissent profiter des aménités de la proximité de la nature, par le biais de nouveaux espaces partagés et publics. Ainsi, si la promenade est tout d’abord définie par la mobilités piétonne, elle s’appuie sur les continuités naturelles identifiées, gère le risque d’inondation, est en relation avec le bâti, se lie au réseau de transports en commun et génère des espaces publics. En cela, la promenade verte est bleue est un aménagement multifonctionnel. Par ailleurs, le projet de promenade accompagne celui d’un réseau de tramway déjà à l’étude. Il est prévu que le tramway traverse les différents quartiers et points stratégiques à l’échelle de l’agglomération. Le tracé de la promenade, quant à elle, est davantage un support de mobilité à l’échelle des quartiers. Elle s’appuie donc ponctuellement sur le tracé du tramway. Les promenades locales de Cap Excellence sont des promenades de quartier et sont au nombre de six. Chacune d’elle prend en considération les caractéristiques des milieux qu’elle traverse. À Baie-Mahault, se trouvent les promenades du rhizome de ravines urbaines au nord, et de la ravine habitée au sud. Au cœur de l’agglomération, sur l’île de Jarry est implantée la promenade de la mangrove imperméabilisée, et à Pointe-à-Pitre celle des mornes urbains. Enfin, aux Abymes, est tracée la promenade de la ravine canalisée et de la plaine inondable sous tension. Ce réseau de six tracés piétons dans les ensembles urbains de l’agglomération sont reliés par une promenade métropolitaine de dimension géographique de 31 kilomètres qui connecte les deux terres de Guadeloupe.

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bâti

continuité naturelle

mobilités douces

35

bâti

transports en commun

espaces publics


Le tracé La promenade du tramway traverse estles à l’échelle différents de milieux, l’agglomération. en relation avec le tramway et les quartiers qu’il dessert.


tramway

0

1

2 km

N


Les six promenades de Cap Excellence ont une échelle locale.

1

le rhizome de ravines urbaines

2

la ravine habitée

3

la mangrove imperméabilisée


5

la ravine canalisĂŠe

4

les mornes urbains

6

la plaine inondable sous tension 0

1

2 km

N


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1 Le rhizome de ravines urbaines

Au nord de la commune de Baie-Mahault, la promenade se déploie dans les ravines. Elle en utilise le potentiel comme support de mobilité afin de connecter des quartiers résidentiels éloignés et isolés par l’épaisseur végétale. Elle permet aux habitants de se déplacer de chez eux aux équipements principaux de leur ville. La ravine offre l’opportunité d’aménager de nouveaux espaces publics en lien avec la promenade. Elle devient une épaisseur fédératrice des quartiers de Baie-Mahault.

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Dans le centre de Baie-Mahault, la promenade Ă travers les ravines met en relation les ĂŽles urbaines et dessert les ĂŠquipements.

3 4

5

1

2

44


1

centre-commercial

2

vélodrome

3

lycée

4

groupe scolaire

5

collège

6

prison zones de projet

6 plaine inondable cultivée végétation existante espaces naturels en projet cours d’eau tram promenade locale promenade métropolitaine

0

45

250

500 m

N


46


2 La ravine habitée

Au sud de Baie-Mahault, l’urbanisation en crête tourne le dos à la ravine du Coin. Le passage de la promenade le long de la ravine ouvre les fonds de jardin des quartiers résidentiels sur une succession d’espaces partagés.

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Dans le Sud de Baie-Mahault, le passage de la promenade gÊnère des espaces publics qui font dialoguer les lotissements et les ravines.

5 3 6

2

1

4

50


1

Plaisance

2

Convenance

3

Jabrun

4

ZI Arnouville

5

lycée agricole

6

école zones de projet plaine inondable cultivée végétation existante espaces naturels en projet cours d’eau tram promenade locale promenade métropolitaine

0

51

250

500 m

N


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3 La mangrove imperméabilisée

Le sol urbanisé de la zone industrielle a modifié le fonctionnement hydraulique de l’île prise en étau entre deux espaces de mangrove. La promenade crée un système de gestion des inondations en y initiant les mobilités douces. L’aménagement de la promenade le long de l’axe routier du tcsp propose des traversées vers les parcs de mangrove par des promenades aménagées à travers les entrepôts. Elle assure également un nouveau chemin de ruissellement et des bassins de rétention pour freiner l’écoulement et contenir les eaux de submersion.

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Au cœur de l’île de Jarry, les bassins de rétention deviennent des plages accessibles aux travailleurs de la zone industrielle.

4

5

1 2 3

56


1

centre-commercial

2

Houelbourg

3

traitement des eaux

4

camp La Jaille

5

camp Dugommier zones de projet plaine inondable cultivée mornes végétation existante espaces naturels en projet cours d’eau tram promenade locale promenade métropolitaine

0

57

250

500 m

N


58


4 Les mornes urbains

À Pointe-à-Pitre, la promenade des mornes connecte la trame urbaine orthogonale aux reliefs naturels des mornes des grands fonds encore présents. Ces derniers sont alors insérés dans les parcours des habitants. Cette théâtralisation du relief est un moyen de créer des séquences spatiales qualitatives pour les parcours dans la ville, tout en créant des aménagements en lien avec la topographie naturelle. La promenade met en scène un chemin d’intérieur des terres en réhabilitant une ancienne voie ferrée ayant pour point de départ le memorial act puis traversant les mornes du cimetière et de Grand Camp.

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60


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Traversant Pointe-à-Pitre, la promenade révèle le milieu auquel appartient la ville coloniale en théâtralisant les mornes.

1

8

2 7

3

4

5

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1

La Gabarre

2

Lauriciscique

3

gare maritime

4

centre-historique

5

Memorial Act

6

CHU

7

Bergevin (ANRU)

8

Grand Camp (ANRU) zones de projet mornes végétation existante

6

espaces naturels en projet cours d’eau tram promenade locale promenade métropolitaine

0

63

250

500 m

N


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5 La ravine canalisée

Le quartier du Raizet résulte d’un important remblais sur la mangrove. L’aménagement des zones ANRU néglige la présence d’une rivière canalisée qui les traverse. Les eaux provoquant les inondations du canal du Raizet proviennent de la ravine Mon Chéri en amont et débouchent dans la Rivière Salée. Afin de minimiser les risques d’inondation, quatre bassins d’infiltration sont aménagés à plusieurs niveaux de la ravine ainsi que deux nouveaux canaux parallèles au canal du Raizet. Ce système à grande échelle permet de ralentir le débit de l’eau, de la stocker, la drainer et enfin de l’évacuer dans la rivière. Dans ces zones fortement inondables, les aménagements de la promenade au cœur des grands ensembles redonnent une épaisseur au canal principal. Les deux nouveaux canaux permettent d’ouvrir l’arrière des grands ensembles sur un paysage qualitatif.

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Dans le sud des Abymes, la promenade instaure un système de régulation du canal qui protège le quartier du Raizet des inondations.

6

2

1

5

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1

Raizet (ANRU)

2

centre-commercial

3

centre-commercial

4

ZA Petit-Pérou

5

lycées

6

aéroport zones de projet plaine inondable cultivée

3

mornes

4

végétation existante espaces naturels en projet bassins d’infiltration PPRI cours d’eau tram promenade locale promenade métropolitaine

0

69

250

500 m

N


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6 La plaine inondable sous tension

Sur la plaine des Abymes, la frontière brutale entre agriculture et ville est remise en question par les promenades. Elles permettent de renouer ville et champs de part et d’autre de la nationale séparatrice par des aménagements piétons qui se poursuivent dans la plaine jusqu’à la mangrove. Il est prévu de construire le nouveau chu au cœur de la plaine inondable sur des terrains encore vierges de tout aménagement. Les promenades sont réorganisées autour de ce projet de chu et du nouveau quartier prévu en zone inondable. Le tracé de la promenade dans les Abymes propose d’orienter les constructions à venir suivant un écoulement des eaux à deux directions à travers les mornes. L’aménagement modifie la topographie du site pour conserver le schéma de ruissellement à l’échelle géographique. Il permet ainsi de maintenir le chu, de réorganiser le nouveau quartier de logements face à la ville des Abymes et de conserver une partie de la plaine en parc inondable.

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Dans la plaine inondable des Abymes, la promenade guide l’urbanisation future du site.

7

1 2

3

6

5

74

4


1

futur CHU

2

nouveaux logements

3

activités tertiaires

4

centre-ville des Abymes

5

centre-commercial

6

aéroport

7

maison de la mangrove zones de projet plaine inondable cultivée mornes végétation existante espaces naturels en projet cours d’eau tram promenade locale promenade métropolitaine

0

75

250

500 m

N


4. La promenade métropolitaine Ces six promenades desservent localement les quartiers urbanisés de l’agglomération, les lieux de grande intensité urbaine, et les principaux équipements métropolitains. Elles sont à l’origine de la promenade métropolitaine, qui en retour les lie à travers le territoire grâce aux réseau infrastructurel existant. Associées au tramway et au tcsp, elles tissent un réseau de mobilités douces desservant finement en transport tous les quartiers de l’agglomération. Celui-ci est destiné à être utilisé quotidiennement par petites sections ou bien plus exceptionnellement, et sur de plus grandes distances, lors de promenades sportives, de randonnées ou de ballades. La promenade, pensée dès le début en relation à la structure paysagère de la Guadeloupe et aux enjeux écologiques de l’île, inscrit durablement l’écosystème dans la logique de développement de la ville.

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Les promenades locales

La promenade mĂŠtropolitaine

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La promenade met en relation les pièces urbaines et les ÊlÊments naturels.


0

1

2 km

N



B

Projets d’aménagement

1. Pièces motrices 2. Solutions constructives


1. Pièces motrices Au vu de son échelle importante, la construction de la promenade métropolitaine débute par des projets précis. Les critères de sélection de ces projets initiateurs  –  autrement appelés « pièces motrices »  –  se basent sur les leviers en place sur ces sites. Ceux-ci sont d’ordres différents car ils sont liés à des projets ayant des échelles variables sur le territoire. Le premier levier utilisé correspond à l’attractivité des programmes métropolitains comme le centre commercial Destreland, haut lieu de rassemblement de la population. Il devient le départ de la promenade des ravines. Ensuite, l’opportunité de projets en cours, le chu de Dotemar et la zone anru au Raizet et à Pointe-à-Pitre près du cimetière, permet de profiter du budget des aménagements des projets urbains pour financer ceux de la promenades. Ces aménagement répondent à la fois à la demande locale mais aussi à une pensée plus globale. Enfin, sur les sites du Pont de la Gabarre et du pôle d’emploi de Jarry, aujourd’hui en devenir, il s’agit d’une qualification urbaine volontariste porteuse d’une nouvelle image. Un ou plusieurs moyens d’action combinés sont ensuite utilisés pour mettre en place les projets. Le moyen de la prescription permet d’avoir une influence sur les parcelles privées qui ne peuvent être maîtrisées depuis l’espace public. Elle est ainsi utilisée sur les parcelles bordant les ravines afin d’empêcher la construction des fonds de jardins. De manière plus classique, elle impose des normes pour les nouveaux logements des Abymes afin de garantir le respect du milieu. Enfin, tous les sites bénéficient d’un aménagement ou d’une réhabilitation d’espace public qui correspond à la construction de la promenade lorsqu’elle n’existe pas. Dans un deuxième temps  –  qui n’est pas celui de l’étude  –  établir un échange pédagogique avec les habitant permet de les initier à l’utilisation du nouveau tracé, pour ensuite en favoriser l’usage informel. Différentes formes pédagogiques sont imaginables, telle que la mise en place d’une signalétique ou d’une concertation.

82


83


Les pièces motrices permettent de lancer les premiers amÊnagements.

4

1 2

3


Programme d’attraction métropolitaine 1 Destreland financement facilité

Requalification urbaine 2 Jarry changer d’image

5 Projets en cours 3 Bergevin mettre le paysage en avant

4 Raizet réaménager une centralité

5 Perrin préparer l’urbanisation

0

1

2 km

N


La mosaïque des sols

L’analyse des caractéristiques des sols et des aléas d’inondations superposés à l’urbain permet de dresser une carte de la mosaïque des sols. Cette carte renseigne la constitution et l’hydrographie des sols à prendre en compte dans la construction des fondations. Elle sert de document de référence sur lequel se baser pour implanter les différents aménagements de la promenade et préciser la mise en œuvre adaptée des constructions, notamment au regard des risques liés à l’eau. 86


Les risques d’inondation

87


Les diverses formes urbaines s’établissent sur la mosaïque des sols et des aléas.


0

1

2 km

N


90


1 Destreland

La promenade s’insère dans la ravine à l’arrière du centre commercial Destreland. Elle est scindée en deux parties : un chemin bas et une partie haute qui s’établit uniquement sur la longueur du centre commercial. L’aménagement se trouve du côté public de la ravine. Comme l’espace est réduit, il permet d’agrandir la voie par une structure adjacente à la voirie. Sur l’autre côté de la ravine, la prescription est utilisée pour agir sur les parcelles privées, interdire la construction en fond de parcelle et favoriser l’épaississement de la ripisylve par des plantations ou des jardins créoles. Continu sur 450 mètres, l’aménagement est fondé par des pieux en bois. Lorsque la ravine s’élargit, il développe un espace public ponctuel permettant de profiter de l’espace végétal.

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plateforme ponctuelle

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cheminement continu

93

0

1

2m


prescriptions sur les fonds de parcelle

aménagement de la promenade

Le principe de chemin proposé s’insère dans une situation de bord de voirie non-construite, il utilise un platelage bois touchant très peu au sol naturel et favorisant la récupération des eaux de ruissellement dans les zones végétales.

Prescriptions Favoriser la protection de la ravine sur les parcelles privées Les jardins privatifs et les espaces libres collectifs seront abondamment plantés. Ils formeront un maillage vert, permettant la préservation de la ripisylve de la ravine. Les palettes végétales seront adaptées aux espèces de bord de ravines et l’on pourrait favoriser une tradition locale, celle du jardin créole.

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sol naturel

route

estacade sur pieux

route

95


96


2 Île de Jarry

Les aménagements sont de deux sortes : des plages en bord de zone végétale à préserver et des interventions dans la trame des entrepôts pour instaurer la mobilité piétonne. Chacun d’eux propose une manière de récupérer l’eau. Un exemple de ces aménagements a été développé sur l’axe de la promenade mais cette action doit être multipliée pour pallier les risques sur toute la zone industrielle. La plage s’installe entre mangrove et zone industrielle. Par un aménagement topographique, elle gère la montée et la retenue des eaux. Un bassin de rétention pouvant retenir jusqu’à 1,5 mètre d’eau, est crée. Il engendre un merlon dans l’autre sens, sur lequel la circulation se fait hors d’eau, possiblement constituée d’un platelage bois. Cet espace est utilisé par les travailleurs mais peut également attirer d’autres usagers. Afin de favoriser la mobilité piétonne dans la zone d’activité et de créer des chemins naturels non inondables, une micro-topographie est mise en place. Elle est bordée de deux fossés récupérant les eaux et permet de créer des cheminements hors d’eau.

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chemin hors d’eau

mangrove

montĂŠe des eaux

98


retenue d’eau

récupération des eaux

entrepôts

99


fossĂŠ

100

merlon


entrep么ts

101

0

1

2m


Type de chemin

Le principe s’opère dans des environnements où l’utilisation de remblai et du béton est dysfonctionnant pour l’écoulement des eaux. Il s’agit de casser la dalle pour récupérer un espace suffisant et implanter un chemin en sable en haut du merlon.

Prescriptions Programme des activités et risques d’innondations Les bâtiments d’activité souhaitant s’installer sur Jarry seront implantés près des zones sousmises aux risques d’innondations (zones proches de la mangrove) seulement si leurs programmes d’activité ne nécessitent pas de précaution particulière face à l’eau. Les parcelles situées entre les zones en hauteur et les mangroves devront rétrocéder une frange de leur terrain pour construire les chemins hors d’eau et les fossés d’écoulement. Ce dispositif leur permettra aussi de diminuer les risques d’innondation de leur parcelle. A ce titre il pourra être vu comme un avantage par les privées car les terrains de la ZI sont tous soumis au plan de prévention des risques imposant la gestion de l’écoulement des eaux à la parcelle.

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dalle permĂŠable

limite parcellaire

dalle

dalle permĂŠable

merlon

103

fossĂŠ


104


3 Bergevin

Les mornes forment une identité forte du quartier. Ils sont au nombre de trois : le morne de Bergevin qui est un cimetière, le morne de Grand Camp qui abrite des logements de la zone anru, et le morne habité par un quartier faisant l’objet de Résorption de l’Habitat Insalubre. Dans un premier temps, les aménagements réintègrent le relief à la trame urbaine en poursuivant les chemins existants des mornes dans la ville. Cette action met en valeur la topographie à travers les perspectives des rues et en facilite l’accès. Aux abords du cimetière, les rues sont requalifiées. Sur l’entrée ouest recréée, la prescription permet la végétalisation par les habitants de la rue, et sur l’entrée est la rue devient piétonne. De même, la transformation d’un espace vide existant en espace vert naturel, entre les mornes de Bergevin et de Grand Camp, offre un lieu de rassemblement entre ces deux monuments. Cette continuité ouverte entre les deux mornes accueille une mare. Il s’agit d’un système facile à mettre en place et qui réintroduit la faune et la flore en ville Les aménagements des mornes prennent également la forme d’espaces ponctuels. Sur le morne de Grand Camp, la construction d’un belvédère met la ville en scène. Au bord de la voirie, un trottoir en dalle assure une continuité depuis laquelle le morne est observable dans sa longueur.

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trottoir ĂŠlargi

boulevard Archimède

106


belvédère

107

0

2,50

5m


logements

impasse

morne du cimetière

logements

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logements

bande publique

parc urbain

entrée ouest

végétalisation de la rue

morne de Grand Camp

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entrée est rue piétonne

Le principe de chemin urbain dans la vile dense : un trottoir en dalles de béton posées sur le sable qui propose une porosité du matériau dur face au sol. Le chemin peut être bordé d’un fossé pour la récupération des eaux de la route.

Prescriptions Aménagement des rues piétonnes À proximité de la ville historique,les zones ANRU de Pointe-à-Pitre souffrent d’un problème de stationnements trop conséquents. Une règlementation sur leur interdiction dans certaines rues permettra de favoriser les rues piétonnes. Végétalisation Le stationnement est interdit sur un des côtés de la rue afin de limiter la place de la voiture et de permettre la végétalisation devant les habitations. La présence d’un espace privé-public adossé à la chaussée assure le développement des usages informels.

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pelouse

dallage permĂŠable

111

route

fossĂŠ

route


112


4 Le Raizet

Le projet du Raizet rassemble trois types d’intervention : la création de bassins d’infiltration le long de la ravine Mon Chéri, la ramification du canal du Raizet en trois bras distincts de part et d’autre des grands ensembles, et enfin l’élargissement et l’aménagement du canal central. Les bassins d’infiltration permettent d’éviter les inondations. Le dernier bassin se situe sur des terrains en friche à l’extrémité est de la rue Marie Galante. Les nouvelles ramifications du canal à l’arrière du quartier offrent aux logements l’opportunité de s’ouvrir sur le nouvel espace paysager crée. Les cœurs d’îlot pourront être aménagés, par exemple en terrains de sport, pour offrir des usages en bord de canal. Le passage du tramway rue Marie Galante est intégré au projet. Du quai du tramway aux cheminements en bord d’eau, c’est un seul espace paysager qui est mis en avant, traversé par plusieurs matérialités au sol en fonction des usages. La voirie existante est remplacée par un dallage perméable formant un long quai suivant les rails de tramway. Cette nouvelle esplanade est aussi un espace de circulation le long des petits restaurants qui se retourne boulevard de la Rénovation. En bord d’eau, des terrasses ponctuelles en platelage bois et un long chemin de graviers encouragent la promenade. Un cheminement secondaire sur la rive sud ouvre les cœurs d’îlots inondables sur le canal ainsi devenu un grand espace public.

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cheminement secondaire

canal du Raizet

114

berges amĂŠnagĂŠes ponctuellement


baraques

quai

tramway

115

0

2,50

5m


cœur d’ilôt inondable

cheminement secondaire

espace public rue de Marie Galante principal

ramification

canal du Raizet

116


cheminement secondaire

espace public principal

ramification

117

rue de Marie Galante

nouvelle baraques


3

1

2

1

futur CHU

2

nouveaux logements

3

parc inondable

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5 Perrin Le projet profite de l’arrivée du nouveau chu au cœur de la plaine inondable pour proposer un modèle de densification respectant les contraintes des milieux. Le terrassement nécessaire à l’implantation du chu modifie la topographie existante. Son emprise est longée par un talus construit à l’est, et se divise en quatre plateaux du sud au nord, afin de se raccrocher au pied des mornes et d’organiser l’écoulement des eaux de l’hôpital. À l’est de l’hôpital, un nouveau parc inondable en pente douce est traversé par des cheminements. Il met en place un nouveau schéma de ruissellement, conservant un écoulement dans deux directions, nord-sud et est-ouest, entre les mornes. Les logements prévus dans le plan de zac sont déplacés au sud et supportent ce nouveau schéma de ruissellement. Ils sont implantés face à la ville des Abymes, suivant une pente naturelle progressive depuis la ville vers le parc inondable et le chu. Tout d’abord, des logements collectifs sont implantés le long de la route nationale. La promenade aménage sa traversée : de part et d’autre de celle-ci, plusieurs chemins de circulation et des espaces plantés mettent à distance les logements et les habitants, de la voirie. Des cours communes à l’arrière des collectifs ouvrent sur des logements intermédiaires de plus faible hauteur. Enfin, des maisons individuelles sont installées sur le parc, profitant ainsi des vues et de l’ouverture des jardins sur la nature. Les rues desservant l’ensemble des logements orientent les eaux de pluie vers le parc. Une promenade de graviers le long des jardins et un chemin de sable en cœur de parc, font profiter les riverains, les usagers du chu et les passants d’une promenade métropolitaine au cœur de l’espace naturel inondable.

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La zac prévoit l’implantation du chu au cœur de la plaine, de nouveaux projets de logements au nord, des zones de stationnement et le centre de maintenance du tramway au sud. Toutefois, la topographie des mornes marque le site et doit être prise en compte dans le dessin des aménagements. Il en est de même pour le schéma de ruissellement des eaux. Sur les cartes suivantes, les crêtes sont idendifiées en noir et l’écoulement des eaux dans la plaine en bleu.

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121


SchĂŠma de ruissellement initial

CHU

parc inondable

122

individuels


Schéma de ruissellement projeté

intermédiaires

collectifs

123

N5

centre des Abymes


CHU

parc inondable

124


chemin

logements individuels

125

0

10

20 m


logements collectifs

voie d’accès

126


N5

centre-ville

127

0

5

10 m


chemin en sable

128


bâti

fossĂŠ

129

chemin en gravier


2. Solutions constructives Menées sur des sites précis, les propositions développées précédemment s’accompagnent d’une réflexion sur des solutions constructives adaptables et reproductibles en d’autres lieux de l’agglomération. Par exemple, sur un sol naturel en pente en bord de voirie, le cheminement surélevé peut ponctuellement être utilisé. Il est aussi envisageable de n’y installer qu’un chemin naturel si l’écoulement des eaux sur celui-ci n’est pas très important. Devant les constructions, la présence d’un fossé met à distance de la route tout en récupérant les eaux. Une bande plus importante de pleine terre pourrait jouer ce même rôle tout en créant un jardin. Afin d’éviter de contrarier le fonctionnement naturel du sol, le système proposé s’organise en lien direct avec la zone dans laquelle il s’implante, parfois urbaine, parfois naturelle. Les chemins sont avant tout un aménagement pour la marche et la pratique du vélo. Ils mettent cependant en avant le rôle joué par l’espace public dans une ville et la nécessité de le construire. Quelque soit la solution adoptée et la qualité du matériau utilisé, ces espaces publics demandent un entretien. Il faut donc évaluer en amont, au regard des lieux où les chemins sont implantés, l’entretien nécessaire et en proposer une solution économiquement adaptée.

130


131



L’écosystème métropolitain se met en place


Un écosystème pour les guadeloupéens Guidée par la notion d’écosystème métropolitain, l’étude répond à la nécessité de construire et d’aménager l’espace public. Elle prend en considération la multifonctionnalité de ce dernier, les temporalités de sa construction et sa nécessité d’adaptation. Elle propose également un maillage urbain, support d’une mobilité alternative aux déplacements en voiture, phénomène aujourd’hui généralisé en Guadeloupe. En agissant comme guides de l’urbanisation, les promenades révèlent les continuités naturelles et la nécessité de leur préservation. Elles assurent un rôle urbain majeur dans les différents usages qu’elles offrent. Tout d’abord, en les parcourant, les habitants en saisissent les enjeux : les promenades révèlent la présence de la nature à proximité de leurs lieux de vie ou de travail. Par ailleurs, les promenades articulent plusieurs mobilités : celle du vélo, du piéton et du transport en commun. Elles servent aux déplacements quotidiens des habitants dans des trajets courts qu’ils effectuent dorénavant au sein d’éléments naturels. Mais leur caractère paysager incite également aux loisirs et aux promenades longues et exceptionnelles. Certains tronçons constituent ainsi une partie de l’offre touristique proposée par l’agglomération. Enfin, les promenades interviennent dans des zones urbaines, tout en s’ouvrant vers les grands espaces naturels vierges de l’île, assurant le lien entre ces deux univers. Au delà de leur spécificité propre, les situations motrices qui ont été traitées ici peuvent avoir une valeur d’exemple de mise en œuvre et de méthodologie. De ce fait, elles illustrent une palette de solutions d’aménagements possibles à transposer sur d’autres sites similaires. Ainsi, la promenade métropolitaine a pour vocation de se propager à travers les autres villes et quartiers des deux îles, sur un territoire plus étendu aux confins de chacun de ses milieux. Le principe utilisé a pour originalité de s’appuyer sur une vision à deux échelles. À l’échelle de la ville, le projet définit un aménagement ponctuel issu de l’observation des usages existants. À l’échelle de la géographie, et donc de l’écosystème, il propose des solutions de gestion des risques. Cette démarche permet d’envisager dans les projets la complexité de la ville et de répondre à plusieurs besoins. De la même manière, bien que l’étude soit ciblée sur des cas très spécifiques, elle a identifié des modes constructifs de l’espace public pouvant servir de base à l’élaboration d’une charte commune aux villes de l’agglomération. Considérée comme telle, elle guiderait la construction d’aménagements respectueux de la gestion de l’environnement, tout en assurant l’unité des matériaux utilisés. 134


Le tracé de la promenade proposée, devra quant à lui être vérifié juridiquement. Il devra faire l’objet d’observations de terrain plus précises et de négociations sur les passages empruntés, en terme spatial et en terme de foncier. Ce travail effectué, il sera tout à fait envisageable que ce tracé puisse recevoir le label de Grande Randonnée (gr) avec des continuités dans les espaces naturels au-delà de la zone urbaine. Une des références à garder en mémoire est celle du gr®2013 mise en place à Marseille. L’enjeu du projet réside enfin dans la transversalité qu’il met en place entre le fonctionnement géographique, les milieux naturels, les structures urbaines et la gestion des risques. Il tâche d’explorer ce qui constitue l’écosystème urbain, son métabolisme ou ses empreintes environnementales. Bien que mal connus, les enjeux de cet écosystème sont pourtant fondamentaux aujourd’hui et une réflexion sur les sociétés à l’ère de l’anthropocène est à mener. Les villes ne peuvent continuer à être construites en impactant des structures naturelles non-renouvelables. La réflexion urbaine doit prévoir les conséquences de tout nouveau projet en le rendant intelligent pour le système dans lequel il s’implante.

135


À Baie-Mahault, la ravine aux abords du centre commercial est un lieu de passage privilégié pour rejoindre rapidement les différents équipements des quartiers. Les habitants participent à la préservation des lieux en plantant généreusement le fond de leurs jardins.

136


Les travailleurs de l’île de Jarry profitent enfin de l’espace verdoyant et rafraîchissant de la mangrove, en se promenant le long des plages.

137


À Pointe-à-Pitre, le parc au nord du cimetière est très prisé par les habitants qui découvrent la qualité qu’apporte la préservation des mornes et qui profitent de nouveaux points de vue sur leur ville.

138


Le canal du Raizet est un lieu de rencontre très animé et facilement desservi par le nouveau tramway. On y vient déjeuner sur les terrasses des restaurants ou rencontrer quelques amis sur les terrains de sport en cœur d’îlot.

139


Aux Abymes, le grand parc inondable bordé par le nouveau CHU est compris par les habitants et les promeneurs comme une preuve de la nécessité de conservation des continuités naturelles et du cheminement de l’eau.

140


141


CrĂŞtes

Ravine

Mangrove

142


Mornes

Plaine inondable

143

Grands Fonds


Un nouvel écosystème métropolitain Les promenades vertes et bleues de Cap Excellence Jeanne Lacour Bertilla Martin de Baudinière Samya Pelloquin Cette étude a été menée de février à juin 2015 dans le cadre de l’atelier de projet urbain et territorial du DSA d’architecte-urbaniste encadré par Éric Alonzo, Frédéric Bonnet et Christophe Delmar avec Philippe Gasser La rédaction du présent cahier a été accompagnée par Stéphane Füzesséry, Paul Landauer et Julie André-Garguilo et sa mise en page par Julien Martin.

Diplôme de spécialisation et d’approfondissement d’architecte-urbaniste délivré par le ministère de la Culture et de la Communication, dirigé à l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée par Éric Alonzo et Frédéric Bonnet, architectes urbanistes Coordination administrative Nathalie Guerrois tél. +33 (0)1 60 95 84 66 nathalie.guerrois@marnelavallee.archi.fr École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée 12 avenue Blaise Pascal, Champs-sur-Marne 77447 Marne-la-Vallée Cedex 2 www.marnelavallee.archi.fr



Au sein de l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste forme chaque année une vingtaine d’architectes et de paysagistes déjà diplômés au projet urbain et territorial. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales, des institutions publiques ou des organismes privés.

Au-delà des réponses particulières à des problématiques urbaines spécifiques, ces travaux contribuent bien souvent à faire émerger de nouveaux questionnements et à expérimenter de nouvelles approches dont la portée peut être plus générale. Ces cahiers sont ainsi destinés à faire partager le résultat de ces recherches auprès du monde universitaire et professionnel et plus largement auprès de tous ceux qui s’intéressent aux questions que posent l’architecture, la ville et les territoires.

Un nouvel écosystème métropolitain Les promenades vertes et bleues de Cap Excellence

Imaginer une promenade pour l’agglomération de Cap Excellence qui soit le support de nouveaux usages tout en assimilant les risques naturels de la Guadeloupe : tel est l’objectif de la commande. Cependant, la promenade verte et bleue a vocation à devenir bien plus qu’un réseau de cheminements entre les parcs et les espaces publics. En faisant d’un réseau de mobilités le fondement d’un nouvel équilibre entre la ville et la nature, cette étude propose un nouvel écosystème métropolitain pour la Guadeloupe. Cette étude s’intéresse aux formations géographiques de l’île et à la structure de ses milieux pour révéler la nécessité de préserver les continuités naturelles en zone urbaine. Celles-ci deviennent l’armature de la promenade métropolitaine et leur pérennité est garantie par leur usage quotidien. La promenade métropolitaine est vouée à se construire dans le temps, en fonction des opportunités. Sa capacité évolutive témoigne ainsi de sa résilience. En conséquence, les projets développés dans l’étude ont valeur d’exemple : la promenade métropolitaine est destinée à se propager et à promouvoir l’importance d’un écosystème métropolitain sur l’ensemble du territoire.


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