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nº 340 du 29 nov au 12 décembre 2018

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Une rentrée parlementaire (encore) sous le signe du voile…

Les enseignantes qui refuseront de retirer leur voile perdront leur emploi dit François Legault

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Entre laïcité et religions

Comment peut-on être musulmans au Québec?

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Politique provinciale Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média Atlas.Mtl est un produit du. GROUPE ATLAS MEDIA Inc Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

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Rentrée parlementaire

«Travailler en collaboration plutôt qu'en compétition»? François Paradis élu président de l'Assemblée nationale C'est dans une atmosphère détendue que les députés formant la 42e législature du Québec ont effectué leur rentrée parlementaire mardi 27 novembre 2018. La journée a été marquée par de nombreux appels à une nouvelle ère de collaboration entre tous les partis, des souhaits qui devaient être mis à l'épreuve dès le lendemain, avec le discours du Trône du premier ministre François Legault.

La journée du mardi a essentiellement permis de procéder à l'élection non contestée du député caquiste de Lévis, François Paradis, au poste de président de l'Assemblée nationale. Il sera secondé par les députés caquistes de Chutes-de-la-Chaudière et de Saint-Hyacinthe, Marc Picard et Chantal Soucy, et par la députée libérale de Hull, Maryse Gaudreault.

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Depuis 2002

tion plusieurs proches, M. Paradis n'a pas tardé à faire savoir qu'il souhaite que le gouvernement caquiste et les trois partis d'opposition puissent « échanger avec intensité, mais avec respect » au cours des quatre prochaines années. Les premiers mots du président Paradis « Nous allons tout faire pour qu’à travers nos travaux, nos périodes de questions, nos attitudes, notre ton, nous atteignions notre objectif de vous servir, pour que vous soyez fiers de celles et ceux en qui vous avez placé votre confiance. Je m’y

engage », a-t-il lancé à l'intention de la population du Québec.

«La confiance de la population à l'égard de ce que nous sommes, de notre travail, n'est pas suffisamment reluisante. Nous devons toujours faire mieux» a dit M. Paradis, avant de livrer un plaidoyer en faveur d'une plus grande transparence et d'une gestion rigoureuse des affaires de l'Assemblée nationale. Seuls des gestes concrets en ce sens permettront d'«inverser cette tendance au cynisme», a-til encore dit, avant de préciser qu'il «y croit sincèrement». Après M. Paradis, le premier ministre Legault et les chefs des trois autres groupes parlementaires ont prononcé de courts discours à tour de rôle. Ils ont surtout profité de l'occasion pour féliciter M. Paradis et ses trois vice-présidents, mais y sont aussi allés de quelques réflexions à l'aube du début réel des travaux.

réaffirmer qu'il entend accorder plus de pouvoirs aux députés de l'Assemblée nationale, afin de valoriser leur rôle. Cela est l'un des objectifs de la réforme annoncée du mode de scrutin, qui sera déposée d'ici un an, a-til souligné. À titre de doyen de l'Assemblée nationale, M. Legault s'est permis d'offrir un conseil aux 67 députés qui ont été élus une première fois le 1er octobre. « N'oubliez jamais ceux qui vous ont élus », leur a-t-il suggéré.

M. Legault a par exemple dit espérer que François Paradis saura « améliorer les règles » encadrant le fonctionnement de l'Assemblée nationale, afin de « les rendre plus conformes aux réalités d'aujourd'hui et à ce que la société souhaite ».

«On veut moins de partisanerie, que les députés aient plus de pouvoirs, que les débats se fassent plus sereinement, [qu'il y ait] plus de collégialité. [...] Il y a beaucoup de dossiers sur lesquels on s’entend. Il y en a plus sur lesquels on s’entend que ceux sur lesquels on ne s’entend pas. Donc, j’espère qu’on va pouvoir travailler ensemble, faire avancer plusieurs dossier» a déclaré le Premier ministre.

Il a profité de l'occasion pour

Installé sur les banquettes de

«On veut moins de partisanerie», dit Legault

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l'opposition officielle, le chef libéral par intérim, Pierre Arcand, a fait rire les députés en constatant « quelques changements dans la disposition des équipes » à l'Assemblée nationale. Il a aussi tenu à souligner que Jacques Chagnon, à titre de président de l'Assemblée nationale pendant sept ans, « a permis au Québec d'assumer un leadership, entre autres sur la scène internationale, et a su défendre les droits des parlementaires ». M. Arcand a également observé que M. Paradis devra composer avec un « défi plus qu'intéressant », soit celui de diriger les travaux d'une législature dans laquelle pas moins de trois partis d'opposition sont officiellement reconnus. Une législature historique? Le chef intérimaire du Parti québécois (PQ), Pascal Bérubé, a souhaité que la 42e législature Suite à la page 5


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Politique provinciale

Rentrée parlementaire

«Travailler en collaboration plutôt qu'en compétition»?

François Paradis élu président de l'Assemblée nationale Suite de la page 3

devienne une « période féconde », marquée par de « fructueux débats » empreints de « civilité ». Il a aussi appelé à une plus grande transparence dans la gestion de l'Assemblée nationale, au nom du « devoir d'exemplarité ». M. Bérubé a aussi dit croire qu'il s'agira d'une législature « historique », puisqu'elle devrait être la dernière à être issue du traditionnel mode de scrutin uninominal à un tour. Avant les élections, la Coalition avenir Québec (CAQ), le PQ et Québec solidaire (QS) se sont engagés à ce que les

élections de 2022 se tiennent en vertu d'un scrutin proportionnel mixte. La co-porte-parole de QS, Manon Massé, a aussi dit espérer que les quatre partis représentés pourront « travailler en collaboration plutôt qu'en compétition ». Elle a notamment tenu à souligner que tous les élus ont désormais « une grande responsabilité face à l'urgence climatique », principal cheval de bataille de son parti. «Ce que j’espère, ce que je nous souhaite, puisque c’est ça que la

population du Québec souhaite, c’est que soyons à la hauteur de leurs aspirations» a dit Manon Massé. Le portrait de l’Assemblée La nouvelle législature nationale compte 74 députés de la CAQ, 29 du Parti libéral, 10 du PQ et 10 autres de QS. Parmi eux se trouvent 52 femmes, un nombre inégalé dans l'histoire du Québec. Le député de Chomedey, Guy Ouellette, expulsé du caucus libéral après le scrutin, siégera comme indépendant.

François Paradis Le siège de Roberval est vacant en vertu de la démission de l'ex-

chef libéral Philippe Couillard. Une élection partielle aura lieu le 10 décembre.

Au début d’une (très) courte session parlementaire débute…

Les partis d'opposition établissent leurs priorités et le gouvernement appelle à la collaboration Les travaux parlementaires ont repris mardi 27 novembre 2018 à Québec et les partis d'opposition ( comprenant le Parti québécois et Québec solidaire qui ont obtenu le statut de groupe parlementaire et dont les élus pourront donc intervenir à chaque période de questions et participer aux commissions parlementaires) n'auront que quelques jours pour affronter le nouveau gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ).

lègues ont vu depuis le début. C'est un gouvernement où l'orientation ne semble pas très bien définie à ce stade-ci», a commenté Pierre Arcand, chef par intérim du Parti libéral du Québec (PLQ). «Un gouvernement qui a beaucoup promis»… «C'est un gouvernement qui a beaucoup promis pour se faire élire. Ce

des attaques personnelles ou d'essayer de donner des crocs-en-jambe au gouvernement pour le plaisir de le faire, disait-il. Sauf qu'il y a des questions qui sont majeures, des questions importantes, des questions urgentes.» M. Bérubé dit avoir déjà identifié deux «faiblesses» de la CAQ, soit la question de l'environnement et celle du nationalisme québécois. «Dans les deux cas, les tests ne sont pas passés, jusqu'à maintenant, à travers le concret, le réel. Alors, ce sont deux enjeux qu'on va suivre de près», dit-il. QS qui a décidé de dévoiler ses priorités plus tard, ne cache pas que la lutte contre les changements climatiques

Pierre Arcand Les libéraux, de leur côté, vont talonner le gouvernement de la CAQ sur la pénurie de main-d'œuvre qui affecte plusieurs régions de la province. Ils craignent que la diminution du seuil d'immigration n'entraîne une réduction encore plus marquée de ce

«Il y a vraiment, actuellement, une difficulté à comprendre où s'en va ce gouvernement-là. C'est ce que j'ai vu depuis le début, c'est ce que mes col-

gouvernement-là doit donc répondre à nos questions», estime-t-il. Plus tôt cette semaine, le chef intérimaire du PQ Pascal Bérubé disait que son caucus comptait bien travailler «de façon constructive et positive». … face à «une opposition responsable» «On veut être une opposition qui va être responsable, une opposition qui n'essaiera pas constamment de faire

Une «cure de transparence» réclamée Le leader parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, souhaite entendre la vision de M. Paradis sur la question de la transparence avant de décider si le caucus solidaire va lui accorder son vote à la présidence.

Pascal Bérubé Déjà, certains dénoncent les «reculs» du jeune gouvernement sur les tropperçus d'Hydro-Québec, qui ne reviendront pas directement dans les poches des Québécois, ou encore sur l'entente sur les médecins spécialistes, qui nécessite une étude approfondie avant de la déchirer ou de la modifier.

il va être extrêmement important de voir de quelle façon le gouvernement, dans son discours du trône, va pouvoir se positionner», a affirmé M. Arcand.

Ils lui ont envoyé certaines questions en ce sens dans les deux dernières semaines, mais elles n'auraient pas encore eu de réponse.

Manon massé sera sans contredit une priorité pour les élus du parti. Les solidaires misent aussi beaucoup sur la réforme du mode de scrutin d'ici aux prochaines élections.

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bassin de travailleurs, et donc un éventuel ralentissement économique. «Toutes les petites et moyennes entreprises au Québec ressentent actuellement ce manque de main-d'oeuvre, et

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«Il y a eu trop de scandales dans les dernières années, estime M. NadeauDubois. On a un nouveau gouvernement, une nouvelle législature. C'est le temps de repartir sur des bases saines et ça, ça veut dire une grande cure de transparence à l'Assemblée nationale.»


Politique provinciale

Une rentrée parlementaire sous le voile

Pas de «clause grand-père»!...

Les enseignantes qui refuseront de retirer leur voile perdront leur emploi, réaffirme le Premier ministre Pour le premier ministre François Legault, il n'est pas question d'appliquer une «clause grandpère» qui protégerait les droits acquis des employés de l'État en situation d'autorité et des enseignants qui porteraient des signes religieux.

employés.

Les employés récalcitrants sous la gouverne de la Coalition avenir Québec (CAQ) pourraient donc perdre leur emploi, si la loi sur la laïcité de l'État va de l'avant comme prévu l'année prochaine.

Le ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Simon Jolin-Barrette, estime qu'il est temps de mettre fin à une décennie de déchirements sur cette question depuis la publication du rapport Bouchard-Taylor.

M. Legault a fait ces commentaires à la suite de la publication d'un sondage CROP mené pour Radio-Canada qui confirme qu'une grande majorité de Québécois est d'accord pour interdire les signes religieux pour les juges (72%), les policiers (71%), les gardiens de prison (67%) et pour les enseignants (65%). Or, 49% des répondants sont favorables au congédiement des employés qui refuseraient de retirer leurs signes religieux. Seulement 35% d'entre eux souhaitent une «clause grand-père» pour protéger les acquis de ces

«J'ai toujours dit que je serais à l'écoute de ce que veulent les Québécois. Là, je vois que les Québécois veulent pas mal ce que la CAQ a proposé», s'est réjoui le premier ministre Legault.

La majorité parlementaire de la CAQ, à son avis, donnera les «coudées franches» au gouvernement pour faire avancer ce dossier. «Alors il faut régler la situation. À partir du moment où les Québécois nous ont donné un appui majeur lors de la campagne électorale, on est légitimés d'aller de l'avant avec le projet de loi sur la laïcité», fait valoir M. JolinBarrette. Des coups d'épée dans l'eau? La CAQ risque tout de même de

se heurter aux partis d'opposition dans ce domaine. Le Parti québécois (PQ) est d'accord avec la laïcité de l'État, mais a souhaité dans le passé une clause qui permettrait de garder les acquis des employés de l'État et des enseignants. Manon Massé de Québec solidaire rappelle que le compromis Bouchard-Taylor n'incluait pas les enseignants et les éducateurs en service de garde. Elle souhaite également que la CAQ soit cohérente dans ses actions en retirant le crucifix de l'Assemblée nationale, par exemple. Même si un sondage donne raison à la CAQ, elle ne pense pas que cela donne le droit à M. Legault de faire comme bon lui semble. «C'est sûr qu'il a 74 députés, mais il n'a pas 74% de l'aval de la population du Québec. On va s'entendre là-dessus!» Le Parti libéral du Québec (PLQ), de son côté, est resté plus prudent sur cette question. Le chef par intérim, Pierre Arcand, dit que son

parti va «analyser et réagir» lorsque la CAQ présentera son plan. Le caucus aura des discussions sur la position à privilégier. Confusion dans le passé Quelques jours après l'élection du gouvernement majoritaire de la CAQ, M. Jolin-Barrette, qui agissait comme porte-parole de la transition gouvernementale, avait ouvert la porte à des assouplissements dans le futur projet de loi sur la laïcité.

La recette de la CAQ pour faire face à la

Pénurie d’enseignants au Québec?

Est-il nécessaire ou utile de rappeler qu’à la veille de la rentrée scolaire, il manquait (beaucoup0 d'enseignants au Québec et que de nombreux élèves se sont se retrouvés dans des classes avec des enseignants suppléants? Estil nécessaire ou utile de rappeler que ce phénomène s'aggrave d'année en année ? « C’est une situation qui est de plus en plus stressante. Il y a une pression qui est de plus en plus grande sur le réseau. On la retrouve année après année » déclarait à cet effet Alain Fortier, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ).

Du côté de la Commission scolaire de Montréal, il manquait une cinquantaine d'enseignants, soutient la Fédération.

On s’est même résolu à rappeler des enseignants qui étaient à la retraite pour donner un coup de main avec la rentrée scolaire. La FCSQ se voulait rassurante et affirmait qu’il y aurait de la sorte un enseignant dans chacune des classes de la province pour la rentrée. Qu’est-ce qui explique ce phénomène? Le manque de valorisation du métier d’enseignant, répond la Fédération. Les inscriptions dans les facultés d’enseignement sont en baisse

et cela inquiète la Fédération.

« À long terme, c’est ce qu’il faut travailler […] Les doyens des facultés en éducation m’ont convoqué pour essayer de voir quels sont les facteurs qui ont fait que ces inscriptions baissent et qu’à l’intérieur de cinq ans, certains enseignants semblent quitter la profession », souligne M. Fortier. Le gouvernement de la CAQ vient de répondre aux attentes de la FCSQ : au lieu d’entreprendre des actions de valorisation du métier, il veut plutôt chasser des enseignantes…

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«Notre position, ça a toujours été de dire : 'Écoutez, il n'y a pas de clause de droits acquis.' Cela étant dit, on est prêts à discuter avec les différents partis d'opposition», avait-il dit. Quelques heures plus tard, M. Jolin-Barrette avait nié avoir «ouvert la porte» à cette éventualité et avait affirmé qu'il n'était pas question d'inclure une clause grand-père pour permettre aux employés de l'État et aux enseignants de porter des signes religieux.


Politique provinciale

Un sondage qui tombe à point pour faire la pièce à l’opposition parlementaire

Signes religieux: Legault aurait l'appui d'une majorité de Québécois… Même en ce qui concerne les enseignants, l'appui est fort pour le projet de la CAQ L'interdiction du port de signes religieux visibles par les employés de l'État, telle que prônée par la Coalition avenir Québec, recueillerait l'appui d'une grande majorité de la population, selon un sondage mené par la maison CROP pour le compte de Radio-Canada. L'intention du premier ministre François Legault d'interdire les signes religieux non seulement chez les représentants de l'autorité coercitive de l'État, mais aussi chez les enseignants, est loin de faire consensus à l'Assemblée nationale. Ce sondage rendu public lundi 26 novembre 2018 laisse toutefois croire que la population y donnerait son aval. Pas moins de 72 % des répondants se sont dits en accord avec l'idée que cette interdiction soit appliquée aux juges. Dans le cas des enseignants du primaire et du secondaire, cette proportion recule, mais demeure largement majoritaire, avec un taux d'appui de 65 %. L'application de l'interdit aux policiers a suscité l'approbation de 71 pour cent des répondants, tout comme dans le cas des procureurs. Pour ce qui est des gardiens de prison, ce taux s'abaisse à 67 pour cent. M. Legault, qui présentait

auparavant la question comme une de ses priorités, compte déposer un projet de loi en ce sens au printemps. Le sort des récalcitrants divise Toutefois, la population ne partagerait pas aussi largement la position de la CAQ selon laquelle les employés refusant d'obtempérer devraient être relocalisés ou carrément licenciés. Seulement 49 pour cent des répondants se sont montrés favorables au congédiement des employés récalcitrants, tandis que 35 pour cent souhaitent la mise en place d'une "clause grand-père" qui protégerait les droits acquis des personnes déjà à l'embauche de l'État. Indécision autour du crucifix Le maintien du crucifix à l'Assemblée nationale semble également faire hésiter les personnes interrogées. Son retrait est préconisé par 28 pour cent des répondants, tandis que 55 pour cent d'entre eux s'y opposent. Pas moins de 17 pour cent des personnes sondées ont préféré ne pas trancher. La statuette alimente les débats sur la laïcité depuis près d'une décennie au

Québec. Rappelons que le rapport de la commission Bouchard-Taylor recommandait qu'elle soit déplacée vers l'hôtel du Parlement pour mettre l'accent sur sa valeur patrimoniale. Pour sa part, François Legault ne compte pas retirer ce fameux crucifix, accroché au-dessus du trône du président au Salon bleu depuis l'époque du premier ministre Maurice Duplessis. Le ministre responsable du dossier de la laïcité, Simon Jolin-Barrette, martèle que le mandat majoritaire de la CAQ démontre qu'elle a gagné l'assentiment de la population à ce chapitre. Les résultats du sondage CROP indiquent cependant que les sympathisants du Parti québécois sont plus susceptibles d'adhérer à la vision du gouvernement de François Legault. Dans le cas des procureurs de la Couronne, par exemple, 91 pour cent des électeurs péquistes se disent en faveur de prohiber le port de signes religieux visibles, contre 82 pour cent des électeurs caquistes. Les Québécois les moins réceptifs au projet du gouvernement Legault auraient pour leur part voté pour le

Parti libéral aux dernières élections.

l'extérieur de la région métropolitaine.

Il s'agit d'ailleurs de l'unique formation dont les partisans s'opposent majoritairement à l'interdiction des signes religieux pour les enseignants, soit dans une proportion de 49 pour cent.

Les jeunes feraient également preuve d'un peu plus de réticence.

Un phénomène propre aux régions Même si les Montréalais appuyaient également en grand nombre ces mesures, les tenants de la ligne dure se trouveraient surtout en dehors de la métropole. L'interdiction des signes religieux pour les enseignants a obtenu l'appui de 58 des répondants établis à Montréal, contre 72 pour cent des répondants vivant à

Seulement la moitié des répondants âgés de 18 à 34 se sont dits en accord avec cet élargissement aux enseignants, comparativement à 70 pour cent des répondants âgés de 35 ans et plus. Le sondage a été réalisé auprès d'un panel web de 1000 Québécois adultes, du 14 au 19 novembre. Les experts en recherche et en méthodologie jugent qu'il est impossible d'attribuer une marge d'erreur à un sondage mené en ligne, puisque la méthode d'échantillonnage est non probabiliste

Pendant ce temps, chez M. Trump…

Le Congrès va changer son règlement pour autoriser le voile Ilhan Omar, une réfugiée somalienne élue sous l’étiquette démocrate au début du mois, a participé à la réécriture du réglement intérieur qui interdit depuis 181 ans d’avoir la tête couverte. La nouvelle version autorisera des exceptions pour raisons religieuses: celles-ci s’appliqueraient au foulard islamique, à la kippa juive ou au turban sikh. Ce changement devrait être approu-

vé en janvier par la Chambre des représentants, désormais à majorité démocrate. «Personne d’autre que moi ne me met un foulard sur la tête. C’est mon choix, protégé par le premier amendement» de la Constitution, a expliqué samedi Ilhan Omar sur Twitter. «Et ce n’est pas la seule interdiction que je veux supprimer», a ajouté l’élue du Minnesota, l’une des deux

parlementaires musulmanes du Congrès. Le Conseil des relations américanoislamique a dit lundi soutenir la proposition qui «met à jour une politique anachronique et met la Chambre des représentants en conformité avec la Constitution et la protection de la liberté religieuse». Un nombre record de femmes et d’élus issus des minorités - hispan-

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ique, afro-américaine, amérindienne et LGBTQ - se retrouveront début janvier pour la nouvelle session parlementaire.

ne doit empêcher un membre de faire le travail pour lequel il a été élu à cause de sa religion», a-t-il dit.

Le démocrate Jim McGovern, qui devrait présider la commission chargée de voter le nouveau règlement intérieur, a affirmé que ce changement reflétait la diversité du Congrès.

L’interdiction était dénoncée par plusieurs parlementaires, notamment la démocrate Frederica Wilson, connue pour porter des chapeaux aux couleurs tapageuses. Elle ne sera toutefois pas concernée par le changement, les couvre-chefs restant interdits.

«Il va stipuler qu’aucune restriction

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Politique provinciale

Analyse : Comment la CAQ a remporté les élections Jeunes, immigrants, indécis : c’est en allant chercher des votes là où on l’attendait le moins que la Coalition avenir Québec a doublé ses adversaires. De nouvelles données électorales lèvent le voile sur le comportement des électeurs lors du dernier scrutin.

Avant même que la campagne ne commence, une grande partie des électeurs (39 %) savait déjà pour qui voter. La CAQ partait donc avec un avantage dès le coup de départ : 16 % des électeurs avaient déjà décidé de voter pour le parti avant le début officiel de la campagne. Le Parti libéral (11 %), le Parti québécois (7 %) et Québec solidaire (5 %) tiraient déjà tous de l’arrière. Ce n’est pas tout : semaine après semaine, c’est le parti de François Legault qui a converti le plus d’indécis. Et ce pouvoir d’attraction a tenu le coup jusqu’à la toute fin. Le jour du scrutin, ce sont encore les caquistes qui rallient le plus les électeurs hésitants. C’est ainsi que la CAQ a récolté 39 % des votes donnés aux quatre principaux partis, loin devant ses adversaires. Le PLQ a convaincu 26 % des électeurs, le PQ 18 % et QS 17 %. Les raisons qui poussent les électeurs à choisir un parti plutôt qu’un autre sont nombreuses. Et la CAQ a réussi à tirer son épingle du jeu pour monter sur le podium.

Seulement le quart de l’ensemble des électeurs a choisi la CAQ pour ses politiques, son chef ou ses candidats. Mais la Coalition a creusé l’écart en fédérant ceux qui voulaient empêcher un autre parti de gagner : 10 % des électeurs ont donné leur vote au parti spécifiquement pour cette raison. Autre phénomène à noter : les électeurs qui ont choisi Québec solidaire l’ont fait en grande majorité pour ses propositions politiques. La situation du parti est unique à cet égard De plus, on constate que seulement 7 électeurs sur 100 ont avant tout voté pour l’un des chefs, malgré l’important battage médiatique et l’effort des organisations politiques pour les mettre de l’avant. Radio-Canada a aussi analysé les intentions de vote de 220 853 utilisateurs de la Boussole électorale. Ces données sont très proches des résultats de l’élection, ce qui révèle d’intéressantes tendances (voir la section Intentions de vote dans la méthodologie, à la fin). On constate notamment que la CAQ a eu le dessus sur les autres partis pour toutes les catégories d’âge. Il n’y a que chez les plus jeunes que la CAQ (10 % des électeurs) est talonnée de près, par Québec solidaire (9 %).

Auprès des immigrants, la Coalition avenir Québec a réussi un tour de force. Les électeurs nés à l’étranger étaient autant séduit par la CAQ (7 % des électeurs) que par le PLQ (7 % aussi), et ce, malgré la volonté de François Legault de baisser les seuils d’immigration et de créer un test de valeurs.

Une nuance mérite toutefois d'être mentionnée. Prenons le profil des répondants, en fonction de la langue maternelle. C’est quand même le Parti libéral qui récoltait le plus d’intentions de vote auprès des anglophones et autres communautés linguistiques (12 % des électeurs). Mais la dominance de la CAQ auprès des francophones (33 % des électeurs) ne laissait aucune chance aux autres formations. La Coalition avenir Québec a aussi séduit les électeurs de toutes les catégories de revenus. Seuls les répondants dont le revenu du ménage était supérieur à 150 000 $ semblaient plus hésitants entre la CAQ (8 % des électeurs) et le PLQ (7 %). Puisque les revenus et l’éducation sont fortement corrélés, on constate la même tendance avec le niveau de scolarité. La CAQ était imbattable auprès des répondants ayant

Philippe Couillard, une éducation de niveau secondaire ou collégial. Mais les intentions de vote étaient plus partagées pour les universitaires, le PLQ (11 % des électeurs) ayant même une légère avance sur la CAQ (10 %). Et pour finir, on constate des différences en fonction du genre. La CAQ et le PLQ attiraient davantage les hommes. Alors que QS a convaincu davantage de femmes. Encadré dans texte 1 Méthodologie Toutes les données ont été obtenues auprès de Vox Pop Labs, une organisation indépendante et non partisane basée à Toronto, qui collige et analyse des données électorales.

Données sur le comportement Les informations sur le comportement des électeurs proviennent d’un panel de 8223 répondants. Les réponses ont été colligées entre le 10 et le 25 octobre, puis pondérées pour être représentatives de la population québécoise. Aux fins de comparaison, un échantillon probabiliste de 8223 répondants aurait une marge d'erreur de 1,1 point de pourcentage 19 fois sur 20. Intentions de vote Les intentions de vote en fonction du profil sociodémographique des électeurs proviennent de la Boussole électorale. Ce sont les informations de 220 853 répondants, qui ont rempli le questionnaire du 23 août au 1er octobre. Les réponses ont été pondérées pour être représentatives de la population québécoise.

Roberval: sept candidats veulent succéder à Philippe Couillard L'élection partielle pour remplacer l'ex-premier ministre aura lieu le 10 décembre. Sept candidats sont officiellement en lice pour l'élection partielle qui aura lieu le 10 décembre dans la circonscription de Roberval, au Lac-SaintJean. Le comté est vacant depuis la démission du député et ex-premier ministre libéral Philippe Couillard, à l'issue des dernières élections générales. Ainsi, William Laroche tentera de

conserver cette circonscription dans le giron libéral. Il fera face à Nancy Guillemette de la Coalition avenir Québec, à Luc-Antoine Cauchon de Québec solidaire, et à Thomas Gaudreault du Parti québécois.

Lors du scrutin du 1er octobre, Philippe Couillard avait récolté 42 % du vote, suivi de Denise Trudel de la CAQ avec 24 % des suffrages.

Les trois autres candidats sont le chef du Parti vert du Québec, Alex Tyrell, Carl Lamontagne du Parti conservateur du Québec et Julie Boucher des Citoyens au pouvoir du Québec.

Même s'ils viennent tout juste de se présenter aux urnes, les électeurs de la circonscription de Roberval devront refaire l'exercice bientôt, puisque le député qu'ils ont élu se

Ce que coutera l'élection partielle

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retire de la vie politique. Lundi soir, Philippe Couillard a été réélu avec 42,5% des votes, loin devant la candidate caquiste Denise Trudel (24,2%). Or, jeudi matin, il a confirmé qu'il quittait la vie politique à l'issue de l'écrasante défaite du Parti libéral du Québec et qu'il n'entamerait donc pas son nouveau mandat de député. En vertu de la loi, le gouvernement

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de François Legault dispose d'un délai de six mois pour organiser une élection complémentaire. Le nouveau premier ministre devra donc déposer un décret ordonnant la tenue d'une élection dans Roberval d'ici avril 2019. En moyenne, le coût d'une élection complémentaire oscille entre 500 000$ et 550 000$ par circonscription.


Faits d’hiver

Montréal paye 28 000 $ à une résidente qui a glissé sur un trottoir glacé

La Ville de Montréal devra verser la somme de 28 000 $ à une résidente de la métropole qui s’est fracturé la cheville en chutant sur un trottoir glacé.

«La Ville a ainsi manqué à son devoir de diligence dans le respect de son obligation d’assurer la sécurité des citoyens qui empruntent le trottoir, en ne prenant pas les mesures raisonnables à cette fin», a commenté le juge Louis J. Gouin, de la Cour supérieure du Québec, dans son jugement de ce litige civil rendu le 19 novembre. L’accident remonte à un matin de janvier 2016. Maude Vermette Saint-Cyr se rendait dans une école de l’arrondissement du SudOuest à titre de suppléante de la Commission scolaire de Montréal. En sortant du métro pour se rendre vers l’établissement

scolaire, Mme Vermette Saint-Cyr a marché sur une couche blanche de neige qui recouvrait le trottoir. L’absence de substances abrasives a fait en sorte de faire chuter la jeune femme durant son trajet.

Dès le lendemain de sa chute, elle a dû subir une intervention chirurgicale. Après l’opération, la suppléante est restée inactive durant près de quatre mois. «Il aurait été de mise que des abrasifs soient alors rapidement répandus afin d’éviter le plus possible la création de plaques de glace et minimiser ainsi les risques de chute, surtout sur le trottoir situé près de l’école», a noté le juge. Responsabilités partagées La Ville de Montréal n’est pas la seule fautive dans ce jugement. La Cour supérieure note aussi que Maude

Vermette Saint-Cyr est responsable à 50 % de son accident. Après avoir marché durant plus de huit minutes sur un trottoir sans abrasif, la jeune femme «ne pouvait que constater l’absence d’abrasifs et

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elle aurait dû être davantage prudente, car il était alors prévisible que des plaques de glace résulteraient du passage de piétons sur des trottoirs recouverts d’une couche de neige condensée et aplatie», peut-on lire.

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Au cours du processus judiciaire, Mme Vermette SaintCyr avait réclamé la somme de 84 861,82 $. Pour les raisons entre autres nommées plus haut, ce montant a finalement été ajusté à 28 083,91 $


Politique Municipale

L'opposition à Montréal votera contre le budget 2019… …Trop «dépensier» à son goût Un « maquillage » avec du « mascara » et du « rouge à lèvres » : c'est ainsi qu'Ensemble Montréal a décrit le budget 2019 de l'administration PlanteDorais, mardi 27 novembre 2918, en annonçant que ses membres entendaient s'y opposer lors de l'assemblée extraordinaire du conseil municipal prévue le lendemain. Une analogie « sexiste », selon la mairesse. Le parti, qui forme l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville, qualifie aussi le budget de «dépensier». Il dénonce particulièrement la hausse des dépenses depuis l'arrivée au pouvoir de Projet Montréal, soit de 5,2 % en 2018 et de 4,3 % en 2019. Reprenant plusieurs arguments mis de l'avant le jour de la présentation du budget, le chef par intérim d'Ensemble Montréal, Lionel Perez, a annoncé ses couleurs lors d'une conférence de presse. Il était pour l'occasion accompagné de la leader de l'opposition officielle, Karine Boivin Roy, et de son porte-parole en matière de finances, Alan DeSousa. M. DeSousa, qui est aussi vice-président de la commission sur les finances et l'administration, affirme que l'étude du budget a notamment permis de mettre en lumière une croissance « explosive » des effectifs de la Ville. Il en a fait mention dans un rapport minoritaire déposé à la commission. « En un an seulement, 533 personnes supplémentaires

sont venues grossir les rangs de la fonction publique municipale », écrit l'opposition officielle dans son communiqué rappelant que l'administration précédente – celle de Denis Coderre – « avait réussi à réduire de 850 le nombre d'employés sur quatre ans ». Ensemble Montréal recommande en outre à l'administration de transformer le bureau de projet de la ligne rose du métro en bureau de projet du tramway de l'Est pour s'adapter aux priorités du gouvernement du Québec. « Comme mairesse de la métropole, il faut être stratégique », a fait valoir Lionel Perez, précisant qu'il entendait proposer un amendement au budget sur ce sujet précis. Présent à l'hôtel de ville, le candidat d'Ensemble Montréal à l'élection partielle qui aura lieu le 16 décembre à la mairie de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies– Pointe-aux-Trembles, Manuel Guedes, a fait savoir qu'il appuyait l'amendement. Selon lui, le million de dollars qui doit être investi dans le bureau de projet de la ligne rose du métro « ne servira à rien », puisqu'il n'existe « ni tracé, ni technologie, ni plan d'affaires, ni étude de faisabilité ». Manque de transparence?… L'opposition soutient par ailleurs que le budget 2019 de l'administration manque

de transparence quant à la taxation. Il note par exemple la création « sans aucun motif valable » d'une nouvelle taxe pour l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Pour illustrer cette opacité, M. DeSousa a déclaré que le budget avait fait l'objet de « beaucoup de maquillage ». « Un budget dépensier, mais avec beaucoup de poudre, beaucoup de mascara, de rouge à lèvres », a-t-il détaillé. « Mais quand on enlève le maquillage, je constate que le budget, c'est un budget très laid. Un budget qui est même épeurant. » Ces mots « sexistes » n'avaient pas leur place, selon la mairesse Plante. « Un budget, c'est un exercice sérieux, rigoureux, a-telle rappelé. On peut ne pas être d'accord, mais de parler de mettre du rouge à lèvres à un budget, franchement. Quel âge ils ont, là? » Son chef de cabinet adjoint, Guillaume Cloutier, avait déjà relevé « les analogies sexistes » de l'opposition officielle, plus tôt dans la journée, écrivant « Go les mononcles! » sur Twitter. Cette controverse survient moins d'une semaine après celle provoquée par autre élu d'Ensemble Montréal, Richard Guay, qui a égale-

ment tenu des propos jugés sexistes par des élus de Projet Montréal lors de l'étude du budget de la Société de transport de Montréal (STM) devant la commission sur les finances et l'administration. Appui réservé des villes liées De son côté, l'Association des municipalités de banlieue (AMB), qui regroupe l'ensemble des villes défusionnées de l'île de Montréal, a laissé entendre mardi qu'elle entendait voter en faveur du budget lors de la prochaine séance du conseil d'agglomération. Dans un autre rapport minoritaire préparé par le maire de Beaconsfield, Georges Bourelle, et la mairesse de Westmount, Christina Smith, les deux élus soulèvent néanmoins un certain nombre de préoccupations, notamment en ce qui concerne les cen-

tres de compostage et de biométhanisation. « Les maires et mairesses des villes liées s’inquiètent de la tangente prise par les responsables du projet des centres de traitement des matières organiques de l’agglomération de Montréal, dont les coûts totaux avoisinent désormais les 589 M$, [soit] plus de 70 % par rapport à l’estimé présenté de 344 M$ en 2017 et plus du double de la somme annoncée en 2013 », écrivent-ils. « Devant l’incapacité de contrôler les coûts et d’obtenir des soumissionnaires à des prix raisonnables, l’AMB demande qu’une revue diligente de l’ensemble du projet soit réalisée rapidement en début d’année 2019 et que celle-ci soit présentée aux membres du conseil d’agglomération avant [qu'un contrat ne soit soumis] pour approbation. »

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Loisirs

Montréal face à l’hiver

Des activités (gratuites) pour vous réchauffer… On n’a pas peur de l’hiver à Montréal : de novembre à mars, les activités gratuites, à faire à l’intérieur comme à l’extérieur, ne manquent pas, des marchés et événements de fin d’année aux concerts et activités culturelles en passant par la Parade du père Noël, les feux d’artifice sur glace et le party du jour de l’An, dans le Vieux-Port. Décembre festif Dans le Vieux-Montréal, on peut boire un chocolat chaud autour d’un brasero, se divertir et se balader au marché de Noël de Montréal en Fêtes, place Jacques-Cartier. Au Marché Atwater, le Village de Noël de Montréal nourrit les esprits et les gourmands (du 30 novembre au 23 décembre). Dans leurs plus beaux atours, les marchés de Noël montréalais, dont le gigantesque Salon des métiers d’art du Québec, font de chouettes destinations, qu’on ait envie de faire des emplettes ou pas. Au centre-ville, on peut boire le spectacle des 13 000 ampoules du sapin de la Place Ville Marie et entrer dans le Royaume du père Noël du Complexe Desjardins, qui compte petit train, manèges, apparitions du père Noël et performances musicales (du 1er au 30 décembre). Du 15 décembre au 5 janvier, les spectaculaires Feux sur glace Natrel embrasent le Vieux-Port où, le 31 décembre, un concert, des activités et un feu d’artifice sont au programme de la Saint-Sylvestre. Défilés et activités dans les parcs Le père Noël parade avec ses amis au Défilé du Père Noël annuel, le 17 novembre, rue Sainte-Catherine. Sur l’avenue du MontRoyal, on fête Noël sur l’Avenue, en accueillant le temps des Fêtes avec de la musique, des balades en calèches et La Marche de Noël aux flambeaux (le 8 décembre). Place ÉmilieGamelin, au centre-ville, et dans les parcs des Compagnons de Saint-

Laurent et Lahaie, dans le Plateau, on profite du festival Noël dans le parc pour écouter de la musique en buvant un chocolat chaud (du 1er au 25 décembre). Dans les grands parcs, le parc La Fontaine, le parc du Mont-Royal et le parc Jarry, on fait du patin à glace, de la raquette, de la luge ou tout simplement un peu de marche. Et au parc Frédéric-Back, légèrement excentré, on participe aux promenades astronomiques, dès la tombée du jour. En journée, on se balade puis on se réchauffe en voyant les expos temporaires de la TOHU, la cité des arts du cirque.

ludique sur l’hiver. Dans le Vieux-Montréal, on admire les gigantesques projections à caractère historique de Cité Mémoire. On assiste à des concerts gratuits dans de belles églises de la métropole, comme l’Oratoire Saint-Joseph du mont Royal ou la cathédrale Christ Church, ou à l’excellent Festival Bach de Montréal (du 17 novembre au 7 décembre) ou encore à la biennale Montréal/ Nouvelles Musiques, du 23 février au 4 mars. Et toutes les fins de semaine, du 19 janvier au 10 février, on joue dans la neige, on patine, on glisse sur une chambre à air et on danse à

Merveilles de l’hiver

la familiale Fête des neiges de Montréal du parc JeanDrapeau.

On dit parfois de Montréal qu’elle est l’autre Ville Lumière, mais avec une composante high-tech. C’est clair comme de l’eau de roche, place des Festivals, où composer, du 11 décembre au 27 janvier, une symphonie musicale avec les 120 dominos lumineux géants de l’installation interactive Effet Domino, dans le cadre de l’événement annuel Luminothérapie. Sur place, on en profite pour se rincer l’œil de la projection Probabilités de neige : 100 %, qui pose un regard

Fête urbaine Accueillez (gratuitement) 2019 dans le Vieux-Port au grand party du Nouvel An, où mirer un feu d’artifice, boire et manger, voir l’illumination du pont Jacques-Cartier et entendre de bons musiciens d’ici. Du 21 février au 3 mars, MONTRÉAL EN LUMIÈRE, le grand festival d’hiver montréalais, adoucit le mois de février avec de la bonne chère, de bonnes bouteilles, des cocktails créatifs, des spec-

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tacles et des concerts en salle comme en plein air. Grande roue, glissade géante, curling illuminé et projections de l’événement

Catherine, le 17 mars. Musées et activités culturelles Dans de nombreux musées montréalais, l’entrée est gratuite pour les enfants de moins de 12 ans. C’est le cas au Musée d’art contemporain de Montréal, qui présente Manifesto, l’immense œuvre vidéo de l’Allemand Julian Rosefeldt, ainsi qu’une rétrospective de Françoise Sullivan, une artiste québécoise, jusqu’au 20 janvier. Au Musée des beaux-arts de Montréal, l’accès aux collections permanentes est gratuit le dernier dimanche du mois, ainsi que du 26 décembre au 2 janvier et en tout temps pour les moins de 30 ans (le week-end, des ateliers gratuits sont également ouverts aux familles). Au nombre des musées montréalais pour toute la famille, mentionnons le Musée McCord, où vivre la féerie des vitrines de Noël avec Univers enchantés et parcourir une expo une lampe de poche à la main avec Ombres sans frontières. À Pointe-à-Callière, la cité d’histoire et d’archéologie de Montréal, l’entrée est payante, mais donne accès à plusieurs activités gratuites, dont Qui est le vrai père Noël?. Sur le campus de l’Université McGill, le Musée Redpath, où admirer squelettes et fossiles de dinosaures, entre autres trésors, propose des activités aux bambins. L’entrée de l’Expo Barbie, où découvrir la célèbre poupée dans une myriade de tenues, est gra-

Illuminart sont de la partie. Le 2 mars, en clôture du festival, la Nuit blanche à Montréal rassemble dans les rues de la ville et dans son réseau souterrain des milliers de curieux qui vont de performances en expos en activités, jusqu’au petit matin. Du 23 février au 10 mars, on joue gratos dans une atmosphère cordiale dans le cadre de Montréal joue, le festival des jeux de société et vidéo. À la fin de l’hiver, on ne se découvre pas d’un fil et on se coiffe d’un bonnet vert pour assister au populaire Défilé de la Saint-Patrick de Montréal, qui se met en Suite à la page 13 branle, rue Sainte-

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Loisirs

Montréal face à l’hiver

Des activités (gratuites) pour vous réchauffer… Suite de la page 12

tuite, tout comme le MiniComiccon de Montréal des 24 et 25 novembre, au Palais des congrès, qui fait le bonheur des jeunes fans de bédé et d’animation. À la mi-février, les Rendezvous Québec Cinéma, dont les projections sont généralement payantes, proposent des conférences et des soirées ouvertes à tous. Pendant le Mois de l’histoire des Noirs (février), on présente des expos, des conférences et des performances gratuites. Enfin, durant tout l’hiver, des concerts, de la danse et des expos sont présentés à l’Espace culturel GeorgesÉmile Lapalme de la Place des Arts et dans les nombreuses maisons de la culture municipales.

Un après-midi dans les galeries

Habillez-vous chaudement et choisissez l’un des parcours d’Art public Montréal pour découvrir des œuvres tout en visitant la ville, des immenses sculptures du VieuxMontréal aux gigantesques murales représentant Leonard Cohen. En février, à l’intérieur (et en soussol), voyez Art Souterrain, une expo-événement dans le réseau intérieur piétonnier réunissant une centaine d’œuvres contemporaines qui compte aussi des activités. Faites un tour à DHC/ ART Fondation pour l'art contemporain, dans le Vieux-Montréal, où Everything That You Desire and Nothing That You Fear, l’expo de Jasmina Cibic s’intéressant

à la construction de la culture et à son instrumentalisation politique, est présentée. Non loin de là, faites une immersion dans de nouveaux univers de créations high-tech au Centre Phi. Faites une tournée des galeries d’art en ville, au Belgo, notamment, un édifice de cinq étages au centre-ville qui abrite de nombreuses galeries, dont la SBC galerie d’art contemporain, la Galerie Donald Browne, le Centre des arts actuels Skol, la Galerie Dominique Bouffard, PROJET PANGÉE, Les Territoires et Visual Voice Gallery. Puis allez faire un tour à la Galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia, à la Fresh Paint Gallery et à la Parisian Laundry de SaintHenri, à l’Arsenal et à la Galerie Division, à la

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Galerie MX, à la Galerie Bloom, à la Galerie Matthew Namour, à la Fonderie Darling (donation suggérée) et à L’Affichiste, dans le Vieux-Montréal, à OBORO, à la Galerie Simon Blais, à la Galerie D’Este, au Centre Clark, à Dazibao, à OPTICA et à Monastiraki, dans le Mile End, au Never Apart, et à

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la Galerie Yves Laroche, au Battat Contemporary et à Eastern Bloc, dans la Petite-Italie et le Mile Ex. Vous dénicherez aussi de belles œuvres en courant les antiquaires de la ville. Quel que soit le quartier, il y a toujours quelque chose d’intéressant à faire qui ne coûte rien, à Montréal.


Tendances

Comment le Québec dilapide son patrimoine agricole… À la fin des années 1960 et au début des années 1970, l'effervescence économique était telle dans la région de Montréal que 20 000 hectares de terres agricoles ont disparu. C'en était trop et le gouvernement de René Lévesque a adopté la Loi sur la protection du territoire agricole, le 9 novembre 1978.

La menace est toujours bien présente 40 ans plus tard. La construction du Réseau express métropolitain (REM) va faire disparaître des terres agricoles, tout comme les projets d'expansion du port de Montréal, d'élargissement de l'autoroute 30, de future gare à Mirabel ou de nouvel hôpital à VaudreuilSoulanges. La pression est pire qu'avant, selon l'Union des producteurs agricoles (UPA). Avec seulement 2 % de terres cultivables sur le territoire québécois, l'UPA demande qu'on les considère comme « la prunelle de nos yeux ». «C'est une bataille de tous les jours et le gouvernement du Québec est un peu complice» affirme Marcel Groleau, président général de l'UPA L'étalement urbain Le développement immobilier et les décisions de certaines municipalités figurent parmi les principales menaces sur le territoire agricole. Le principe de la Loi de 1978 était pourtant d'interdire l'utilisation du sol à d'autres fins que l'agriculture. Mais la Loi créait aussi la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), qui avait le pouvoir d'autoriser des exceptions. L'an dernier, la CPTAQ a

autorisé les trois quarts des demandes qui lui ont été faites. Près de 2000 hectares de terres agricoles ont ainsi disparu en un an, et ce sont 34 000 hectares qui ont été perdus en 20 ans.

plus en plus grande des terres cultivables fait grimper les prix et des spéculateurs l'ont bien compris.

La Commission reconnaît elle-même les difficultés auxquelles elle doit faire face dans un document publié pour son quarantième anniversaire.

Au cours des dernières années, les achats de grandes superficies agricoles par des sociétés d'investissement se sont multipliés. L'UPA regrette que les terres soient désormais considérées comme une valeur refuge pour de gros joueurs boursiers. « Les producteurs se font damer le pion et la relève ne peut tout simplement pas soutenir cette concurrence », écrit l'UPA.

«La zone agricole subit encore aujourd'hui des pressions importantes et la protéger demeure un défi quotidien» relève le CPTAQ. La CPTAQ déplore que des agglomérations choisissent de se développer sur les terres agricoles alors qu'elles « disposent généralement d'espaces suffisants pour combler » leurs besoins. Ainsi, la région de Montréal pourrait encore développer 30 000 hectares disponibles en dehors de la zone agricole. « Ça coûte moins cher d'exproprier ou d'acheter le terrain d'un agriculteur que celui d'un promoteur », explique le président de l'UPA, Marcel Groleau. Il constate qu'il est tentant pour les municipalités « d'empiéter sur le territoire agricole pour augmenter leurs revenus ». En fait, la zone agricole ne représente que le tiers de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), puisque le gouvernement du Québec surestime sa taille en incluant par exemple les autoroutes ou les parcs. De nombreuses terres agricoles sont également laissées volontairement en friche dans la région, dans un but de spéculation. C'est le cas de 10 000 hectares, selon la CMM. La rareté de

Les investisseurs

Les producteurs agricoles canadiens possèdent 64,6 % des terres qu'ils exploitent, un chiffre en baisse constante. «Un fonds d'investissement comme PANGEA possède déjà 5800 hectares. Dans 10, 15 ou 20 ans, qui sera capable d'acheter ces terres? Des familles agricoles ou des multinationales?» peut-on ainsi lire dans un document de l'UPA, publié en septembre 2018, durant la campagne électorale

sont aussi présents sur le marché. On les retrouve actifs notamment en Abitibi-Témiscamingue, là où les terres sont les moins chères de la province. C'est dans l'est de la Montérégie que les terres cultivables se vendent le plus cher. La valeur moyenne à l'hectare était de 33 690$ en 2016. Changer la loi? L'UPA et des groupes écologistes estiment que la situation serait pire si la Loi sur la protection du territoire agricole n'existait pas, mais ils réclament qu'elle ait plus de mordant.

Pangea, fondée en 2012, achète des terres qu'elle loue ensuite aux producteurs. L'ancien gouvernement libéral s'était montré préoccupé par la place prépondérante qu'occupent dans cette société les fonds d'investissement comme la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Par exemple, la Loi s'applique aux organes du gouvernement du Québec, mais ce dernier peut contourner la CPTAQ par décret. « Il faut la renforcer pour s'assurer un gardemanger pour les générations futures », dit Sylvain Perron, le coordonnateur du Mouvement ceinture verte.

La valeur des terres agricoles cultivables au Québec a monté en flèche ces dernières années. Depuis 10 ans, le prix d'un hectare est passé de 6280 $ à 21 446 $.

D'un autre autre côté, des municipalités voudraient adoucir la loi ou l'appliquer différemment selon les régions. En milieu rural, la loi est souvent perçue comme un frein au développement et à l'attrait

Les acheteurs étrangers

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économiques. Déjà en 1978, le porteur de la Loi sur la protection du territoire agricole, Jean Garon, avait fait face à la résistance de certains collègues. Le ministre de la Justice Marc-André Bédard trouvait que la loi ne devait toucher que la région de Montréal, et le ministre de l’Éducation, Jacques-Yvan Morin, s’inquiétait d’une éventuelle machine bureaucratique lourde et coûteuse. Jean Garon finit toutefois par obtenir un consensus au Conseil des ministres. Jean Garon est considéré par de nombreux agriculteurs comme le meilleur ministre de l'Agriculture de l'histoire du Québec. Il a conservé ce portefeuille durant neuf ans. Quatre décennies plus tard, la Commission de la protection du territoire agricole continue de demander à son « créateur », le gouvernement du Québec, que le territoire « soit traité comme un patrimoine collectif faisant l'objet de mesures exceptionnelles de protection afin d'assurer la pérennité des activités agricoles exercées, dans une optique de développement durable. »


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Coopération

Maroc – Canada

L’aéronautique, un levier de développement partenarial Formation, recherche et développement en seront les outils Lors d'une réception organisée, vendredi 23 novembre 2018 à Ottawa, en l'honneur des membres du Réseau des Compétences Marocaines en Aéronautique au Canada- AEROMAC, les responsables marocains et canadiens ont mis l'accent sur l'importance de la promotion de l’investissement des entreprises canadiennes au Maroc dans le domaine de l’aéronautique et de la consolidation de la coopération en matière de formation professionnelle, de la recherche et du développement.

Le Maroc est en train de réaliser, depuis quelques années, une véritable percée dans le secteur aéronautique, branche de pointe parmi les plus exigeantes en termes d’investissement, de savoir et surtout d’avancées technologiques. Ce secteur compte désormais parmi les leviers prometteurs du Royaume en matière de croissance et de création d’emploi, a indiqué Mme Souriya Otmani, ambassadeur du Maroc au Canada. Ce secteur connaît une croissance de 20% par an, soit 4 fois plus que la moyenne mondiale du secteur. Grâce à cet essor, le Maroc est devenu, en 2018, le premier pays exportateur en Afrique de produits aéronautiques, a dit Mme Otmani, notant que cette émergence remarquable, notamment, à travers l’implantation au Maroc de plusieurs géants dans le secteur, tel que Bombardier, Boeing, Safran …font, qu’indéniablement, les besoins du Maroc en ressources humaines, pour accompagner la croissance de l’industrie aéronautique vont décupler dans les années à venir. Une dynamique innovante Une réelle dynamique et un fort potentiel d’innovation existent, offrant ainsi des opportunités

prometteuses aux jeunes talents (promotion du potentiel d’investissement des compagnies canadiennes au Maroc, renforcement de la veille technologique pour le transfert des connaissances au Maroc à travers la formation, les échanges avec les universités et les institutions de formation marocaines et canadiennes…), a souligné la diplomate marocaine, faisant savoir que dans cette optique le réseau des compétences marocaines en aéronautique au Canada jouera un rôle de facilitateur pour le Maroc dans sa quête d’attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers, et plus particulièrement canadiens, dans le domaine de l'aéronautique. Abondant dans le même sens, Mme Amal Abhir, présidente d'Aeromac Experts, a souligné dans une déclaration à la MAP que le réseau a pour objectif de mobiliser les compétences marocaines en aéronautique pour promouvoir le Maroc au Canada, consolider une veille technique via des formations aux universités et proposer des partenariats aux donneurs d’ordre canadiens. Il s'agit aussi de tisser les liens entre les compagnies canadiennes souhaitant s’internationaliser, et les amener à s’implanter au Maroc et à renforcer les mécanismes de transfert de la technologie aérospatiale vers le Royaume afin de créer des synergies fructueuses autour de projets innovants et d’encourager les investissements canadiens au Maroc dans le secteur de l’aéronautique. Mme Abhir a, par la même, tenu à souligner qu'AEROMAC a été créé en mars 2018 et ambitionne de devenir un levier de développement dans le secteur de l’aéronautique entre le Canada et le Maroc.

Des fruits bientôt mûrs à point… Concernant la mission économique présidée par Suzanne Benoit, présidente d’Aero Montréal, effectuée en octobre dernier au Maroc, Mme Abhir, également cadre au sein du groupe Général Electric de Montréal, a affirmé que cette mission a été un vrai succès et «nous devons en récolter les fruits prochainement». Selon la présidente d'Aeromac, le réseau prévoit l'organisation en janvier prochain d'un atelier de formation à Montréal destiné aux enfants de 10 à 15 ans. Il compte aussi jouer un rôle actif en création d'emplois à travers l'organisation de portes ouvertesemplois en faveur des compétences marocaines et porteurs de projets marocains, outre la tenue des universités d'été. Elle a, de même, fait savoir que de plus en plus d'entreprises canadiennes manifestent leur intérêt pour le marché marocain, notant que le Royaume se positionne comme une plate-forme de

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maintenance aéronautique de portée stratégique pour le continent africain. Dans une déclaration similaire, M. Alain Ouellette, membre du conseil d'administration d'Aéro Montréal a souligné que la délégation qui s'est rendue au Maroc (à Casablanca et Tanger-Med) a été agréablement surprise de « l'évolution que connait la grappe aérospatial sur place en terme rigueur, de professionnalisme, de capacité de fabrication et d'ordonnancement ». Pour ce qui est des futurs projets de coopération, M. Ouellette a indiqué qu'ils s'articuleront autour de deux axes : le premier académique à travers des projets et des programmes de formations, conférences et séminaires et le second industriel en encourageant le rapprochement entre entreprises marocaines et québécoises, dans le but de soutenir la consolidation des chaînes d’approvisionnement. M. Ouellette a, à ce sujet, fait savoir que le Forum d'affaires pour les industriels de

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l'aéronautique (AEROMART Montréal 2019), prévu au printemps sera une occasion de présenter l'offre marocaine à un plus grand nombre d'entreprises canadiennes. Le 1er Forum des Compétences marocaines en Aéronautique au Canada a été organisé à Skhirat, en octobre dernier, dans le but de renforcer l'implication des compétences marocaines au Canada dans ce chantier de développement industriel au niveau national. A cette occasion, deux conventions de coopération, premières du genre à être conclues par le Maroc, ont été signées entre le département des MRE et des affaires de la migration, le département de l'industrie, AERO Montréal et AEROMAC, dans l’optique de développement de l’aéronautique dans le Royaume. Le Canada est la troisième puissance mondiale dans la fabrication des produits aéronautiques, en particulier avec le géant Bombardier. Source; Maghreb Arabe Presse


Idées

On ne naît pas Québécois, on le devient Par Marco Micone*

Un idéal à partager

On ne naît pas Québécois, on le devient. Naître au Québec ne suffit pas. Une personne née ici, qui vivra toute sa vie ailleurs, n’aura de Québécois que le certificat de naissance. Un immigrant, par contre, arrivé au Québec, à n’importe quel âge, ne pourra éviter un processus d’acculturation dont la durée et l’issue dépendent autant des raisons du départ que de la qualité de l’accueil. C’est en vivant au Québec qu’on devient Québécois.

Selon une récente enquête d’opinion, plus de la moitié (54 %) de la population québécoise estime que les immigrants sont mal intégrés. Pourtant, tous se soumettent à nos lois, pendant que la majorité d’entre eux a un emploi et parle français. Ce n’est pas tenir compte non plus de l’attrait qu’une société pacifique et prospère comme la nôtre exerce sur ces gens venus d’ailleurs et du puissant facteur d’intégration que représentent, pour leurs parents, les enfants qui sont tous scolarisés en français.

Les immigrants, contrairement à ce que trop de Québécois pensent, ne demandent qu’à s’intégrer à leur nouvelle société. On ne quitte pas son pays d’origine pour vivre dans l’isolement et l’exclusion. Pour les immigrants, s’intégrer ne veut rien dire d’autre que prendre les moyens de bénéficier de ce que la société a à offrir aux plans économique, social et culturel et, en retour, apporter leur contribution dans ces mêmes domaines. Ils ne se font toutefois pas d’illusions, ils savent qu’émigrer est une mer houleuse qu’on traverse à la nage. Les immigrants sont soudainement devenus une menace, alors qu’on a toujours eu besoin d’eux pour des raisons économiques et démographiques. On émigre pour échapper à la fatalité de la naissance et dans l’espoir, souvent déçu, d’améliorer les conditions d’existence, tout comme les 900 000 Québécois qui, il y a environ un siècle, s’en allèrent ourdir leur destin dans les filatures états-uniennes. Ni le renversement du devoir d’intégration ni le renoncement à soi des francophones d’héritage canadien-français — tant redoutés par les nationalistes conservateurs — ne font partie du projet des immigrants qui choisissent le Québec, et y restent, dans une proportion de près de 80 %.

Ce sondage ne nous apprend rien sur la réalité de l’intégration. Il ne fait que révéler jusqu’à quel point l’immigrant, porteur de différence, est source d’angoisse pour des populations insécurisées. Le plus grand exploit de la droite xénophobe, partout en Occident, a été, depuis au moins deux décennies, de faire passer la vulnérabilité du camp des immigrants à celui des pays d’immigration. Les fausses perceptions concernant l’intégration des immigrants sont dues à un certain sensationnalisme médiatique, se traduisant par la prépondérance accordée aux aspects problématiques de l’immigration. Au fait qu’il n’y a pas suffisamment de pédagogie sur cette question. Et à l’instrumentalisation, aussi délétère que cynique, qu’en font certains politiques. Elles résultent aussi de quelques malentendus. Ainsi, pour beaucoup de souverainistes, un immigrant n’est vraiment intégré que s’il partage leur idéal (ce qui exclut aussi bon nombre de francophones), tandis qu’aux yeux d’une féministe, il est impossible qu’une musulmane voilée puisse être intégrée, sauf si celle-ci, bien sûr, se dévoue corps et âme pour sa progéniture dans un centre de la petite enfance.

D’autres voient, dans les quartiers à forte concentration d’immigrants, une autre preuve de non-intégration sans tenir compte du fait que, la plupart du temps, les adultes en sortent pour le travail et les enfants pour l’école. Et tous ces allophones scolarisés en anglais, en toute légalité — avant et après la loi 101 — qui utilisent, selon les situations, l’anglais ou le français comme langue de communication, sont-ils mal intégrés eux aussi ? Un argument qui a fait la fortune du parti au pouvoir, pendant la dernière campagne électorale, concerne le seuil d’immigration. On a laissé entendre que moins d’immigrants égalent une meilleure intégration. Or, selon Victor Piché, de l’Université de Montréal, qui s’appuie sur des études scientifiques récentes, les difficultés d’intégration économique sont essentiellement dues à l’évolution du marché du travail et à la discrimination et non pas au nombre d’immigrants. En outre, la notion de seuil d’immigration n’a aucun fondement scientifique, comme l’a

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démontré le sociologue François Héran, du Collège de France. Deux exemples suffisent pour nous en convaincre : l’Allemagne, récemment, et la France, au début des années soixante, ont accueilli près d’un million d’immigrants. Le seuil varie surtout selon le niveau de xénophobie ou d’ouverture. Dans une situation de pénurie de main-d’oeuvre, comme celle que nous connaissons au Québec, il serait plus sage d’abaisser le niveau de xénophobie que celui de l’immigration. Une richesse à prendre Il y a deux sortes d’immigrants : ceux qui sont intégrés et ceux qui sont en voie de l’être. Ces derniers ne veulent surtout pas d’une intégration au rabais, eux dont 39 % détiennent un diplôme universitaire contre seulement 21 % pour les francophones. Il faut sans plus tarder faciliter la reconnaissance de leurs diplômes et compétences en plus d’améliorer les programmes d’enseignement du français pour les immigrants adultes.

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Il est inadmissible qu’on se prive d’une telle richesse. S’ils ont choisi le Québec, c’est pour sa qualité d’accueil, aussi imparfaite soit-elle, et pour les valeurs qui fondent notre société, sachant que celles-ci sont idéales dans leur conception et relatives dans leur application, condition sine qua non pour un vivre-ensemble respectueux. Dans une société pluraliste comme la nôtre, « la démocratie n’est rien d’autre que l’orchestration de la mésentente », estimait Machiavel. Une question, cependant, taraude ces nouveaux citoyens qui voient autour d’eux une marée de chômeurs, d’assistés sociaux et de petits salariés francophones. Faut-il les considérer comme étant intégrés du seul fait qu’ils parlent français ? Ne sont-ils pas des exclus ? On ne naît donc pas Québécois, mais on peut naître exclu et donner, parfois, l’exclusion en héritage. *Écrivain


Idées

Entre laïcité et religions

Comment peut-on être musulmans au Québec? Par Wahid Megherbi

ogie de l’université d’Ottawa.

L’Islam au Québec et les défis auxquels il fait face fut le sujet du colloque qui s’est tenu au centre culturel marocain à Montréal le jeudi 15 Novembre passé. Les conférenciers ont mis l’accent sur la nécessite d’aborder la question de l’Islam avec une authentique œillère pour faire face aux nombreuses caricatures produites par des parties qui sombrent dans une islamophobie aussi moribonde que stérile. » C’est à nous les intellectuels musulmans du Canada qui devons aborder la problématique de l’Islam afin de préserver une neutralité et une objectivité salutaires » a déclaré, entre autres, l’un des intervenants.

M.Radouane Bnou Nouçair a rappelé le dictât des Médias au début de son allocution. La stigmatisation des musulmans est devenu une carte électorale. » La laïcité au Québec devrait être areligieuse au lieu d’être antireligieuse comme elle est en train de le devenir au Québec » a exprimé notre écrivain et journaliste installé à Montréal depuis 13 années. L’islamophobie au Québec semble muter vers une nouvelle forme de racisme et cela se constate notamment par un rejet d’autrui en l’infériorisant parce qu’il est différent. Cette analyse se base, selon M. Bnou Nouçair, sur l’image propagée par différents médias et journalistes québécois ; une image qui reflète une islamophobie assumée. Il a précisé que les gouvernements qui se succèdent ne font pratiquement rien pour lutter contre une islamophobie galopante qu’ils ont parfois du mal à admettre.

Professeur de sociologie, Mme Aoua Bocar Ly-Tall a souligné la nécessité de préparer l’avenir des futures générations en défendant fermement et utilement les intérêts de la communauté musulmane au Québec. Mme Bocar a relaté les vexations vécues par les immigrants dans le monde du travail au Québec. L’accès à l’emploi au Québec est très difficile pour les immigrants en général et pour les musulmans en particulier. Les immigrants francophones au Québec subissent un ostracisme et une discrimination accentués. Ces immigrants quittent le Québec vers l’Ontario par centaines.a déclaré la sociologue Ly-Tall. Selon le professeur, la vague de migration vers l’Ontario de la part des immigrants francophones va prendre de l’ampleur dans un proche futur. » Continuer à menacer les immigrants ne fera que les faire fuir davantage vers l’Ontario » a conclu la professeure de sociol-

La communauté musulmane du Québec communique peu ou mal ; peu d’efforts sont faits pour contrer les amalgames et le racisme galopants. Cela est dû également, pour M.Bnou Nouçair à l’absence de concertation entre les acteurs associatifs musulmans. La communauté musulmane au Canada n’a pas de supports médiatiques conséquents et l’impérieuse nécessité d’en avoir devient un objectif majeur pour les Canadiens de confession musulmane. Ils auront ainsi, le pouvoir et l’opportunité faire porter leur voix qui semble être, de nos jours, muselée par une corporation médiatique au service de certains lobbys qui font de

l’islamophobie un lucratif fonds de commerce. Le journaliste Bnou Nouçair n’a pas mâché ses mots devant cette vague islamophobe qui se propage au Québec ces derniers temps. Le dernier intervenant de ce colloque fût M. Hassan Guillet, avocat, Ingénieur et Imam, installé au Québec depuis 1974. » Nous ne sommes pas des touristes ici, nous sommes chez nous au Québec. Il faut, également, ouvrir nos cœurs et nos portes à autrui avant de le stigmatiser » a dit M. Guillet au début de son exposé au cours duquel il a exprimé le devoir de chacun de respecter son vis-àvis. « La religion ce n’est pas le fanatisme. Je respecte la religion de chacun alors respectez la

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mienne, Avant de parler du chômage, d’économie et de développement, on se braque sur les problèmes de religion. On essaye de créer un vrai problème pour un problème qui n’existe pas. » a rappelé notre ingénieur-conférencier. «J’appelle tous les musulmans du Québec à être de bons musulmans et de bons Québécois. Moi-même, je vis et je défends les valeurs québécoises tous les jours. La générosité, l’amabilité et l’empathie vers les autres font partie de ces valeurs. Elles se juxtaposent aux valeurs de l’Islam. Elles sont très proches» a conclu M. Guillet , pour qui un travail commun devrait être entrepris par tout le monde pour

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encourager, favoriser et pérenniser le vivre-ensemble au Québec. Pour une fois que le sujet de l’Islam au Québec est étudié par un collectif de professeurs et journalistes qui ne versent pas dans la rhétorique et le racisme. Cela augure de bons vents qui puissent mener à bon port une communauté qui n’aspire que vivre en bon termes avec toutes les composantes de la société canadienne. Que les journalistes pourfendeurs d’islamophobie et de la peur de l’autre sachent que leur besogne puérile sera contrée par celles et ceux qui activent et aspirent pour que le vivre-ensemble soit une concrète réalité parmi tous les canadiens et tous les québécois...


Portrait

Le parcours à succès d’un immigrant audacieux

Hicham Boutaleb à vue d’œil… L’aventure : immigrer au Canada et ouvrir une lunetterie indépendante. La manière : maximiser l’organisation du travail pour offrir des prix imbattables. Ne pas trop réfléchir et se lancer

Une cloche annonce l’entrée de nouveaux clients dans la boutique OVU & OSU de la rue Sherbrooke Ouest à Montréal. Hicham Boutaleb laisse de côté le verre qu’il était en train de tailler dans son atelier pour rejoindre un couple qui regarde des montures. L’opticien-propriétaire les accueille chaleureusement avec un sourire franc et les yeux brillants. L’homme de 41 ans a le don de faire sentir à ses clients qu’ils sont uniques… même quand la boutique est pleine. « Je crois qu’on a un bon service à la clientèle », dit-il avec modestie. « Ce n’est pas guindé, on est naturels et, surtout, on ne met aucune pression. » La cloche tinte encore. Pendant que le couple hésite entre une monture classique ou une autre plus éclatée, Hicham salue avec le même entrain la nouvelle cliente. Depuis juin 2012, la cloche s’est transformée en une musique continue, tout un contraste avec les cinq premières années. Petit retour en arrière… Le choix du Canada « Ma femme Selma et moi, on croyait que c’était un endroit où on allait grandir encore et faire grandir nos

enfants, raconte-t-il avec un enthousiasme contagieux. Comme tous les Marocains qui veulent faire de bonnes études et qui en ont les moyens, on est allés étudier à l’étranger, en France. Sauf qu’on a vite réalisé qu’avec l’atmosphère qui y régnait, on ne pourrait pas y faire notre vie. » Arrivé à Montréal avec une maîtrise en communications et une technique en orthèses visuelles, Hicham n’avait pas de plan précis. Selma était conceptrice et rédactrice publicitaire. Le couple a vite constaté que trouver du boulot en marketing et en communications serait difficile tant qu’il ne posséderait pas la culture de la province. « Des amis qu’on a rencontrés à Montréal nous ont dit qu’un local était vide sur la rue Sherbrooke Ouest, au coin de la rue Guy. C’était vraiment une bonne occasion, explique-t-il les yeux pétillants. Le local était à rénover, pas trop cher et avec des mois de gratuité pour faire la rénovation. L’occasion était là. J’ai foncé. Avec l’aide de Selma, on a refait les deux étages en deux mois. En novembre 2007, la lunetterie ouvrait ses portes. » Survivre aux travaux de la ville Malgré une belle visibilité dans la rue Sherbrooke, la beauté baroque de la boutique, des montures de marques prestigieuses et le travail acharné du propriétaire, OVU & OSU reste un secret bien gardé. Puis, les travaux majeurs exécutés en 2010-2011 devant sa

lunetterie font reculer la progression du bouche-àoreille. « Il n’y avait plus de stationnement. Beaucoup de gens tournaient pendant 20 minutes et s’en allaient. Tous les commerces de l’immeuble ont fermé. Ç’a été très difficile. Comme j’étais seul, ici, que je n’avais pas d’employés, j’ai limité les dégâts. Les fournisseurs et le propriétaire m’ont soutenu. C’est comme ça que j’ai pu tenir les quatre premières années. » Explosion de la clientèle C’est en 2012 que l’opticien voit enfin sa persévérance récompensée dans sa boutique. Il engage un optométriste et ses premiers clients reviennent avec leur famille grâce aux prix imbattables. « Mon concept, c’est d’offrir un

excellent service et une diversité de choix qui coûte de 30 à 40 % moins cher qu’ailleurs avec la même qualité. On a aussi des délais rapides. On ne veut pas que ça s’entasse chez nous. » Au fil des ans, Hicham a mis en place une organisation des tâches efficace avec l’aide d’un seul autre employé. « Je me suis rendu compte qu’on abattait plus d’ouvrage en équipe minimale. On connaît notre travail, on a une grande expérience, on fait peu d’erreurs, par conséquent, il y a peu de lunettes à refaire. Quand il n’y a pas de clients, on taille les verres de lunettes. Parfois, je vais dans des boutiques et je vois des employés qui ne font rien… Je me dis que ce n’est pas possible ! » affirme M. Boutaleb

Optimisation Lors de notre passage, Hicham venait d’implanter un nouveau système informatique qui lui permettra d’être encore plus efficace. « Ça faisait deux ans que je cherchais une solution comme ça. Ça existait aux États-Unis, mais pas encore au Canada. C’est un logiciel où tout est intégré. Avant, on devait entrer cinq fois la même information. Une perte de temps incroyable ! Le logiciel de gestion de clinique Optosys est fait ici et va permettre d’optimiser notre service. » À travers ses lunettes, Hicham voit encore beaucoup de projets et de nouveaux défis devant lui. Une chose est sûre, il a trouvé la bonne ordonnance au Canada et ne compte pas repartir de sitôt.

Quelques raisons qui poussent à choisir le Canada… Le Canada deuxième pays du monde par sa superficie derrière la Russie, est reconnu mondialement pour ses vastes territoires naturels, ses paysages diversifiés et remarquables, son multiculturalisme et son histoire à plusieurs facettes. Recensant plus de 36 millions d’habitants dont 8.7 millions de francophones selon les chiffres officiels de 2016, la croissance démographique provient largement de l’immigration.

Aujourd’hui, selon le dernier recensement disponible, la population du Canada est constituée de près de 22 % d’immigrants, c’est-à-dire de personnes nées à l’étranger et devenues résidentes permanentes. Au-delà de l’aspect économique, le Canada est historiquement une terre d’accueil qui a prospéré en partie grâce à l’immigration. L’accueil des plus démunis s’inscrit dans une longue tradition humani-

taire chère aux Canadiens. Avec un chiffre d’un million de nouveaux arrivants d’ici 2020 avancé par le ministre de l’immigration Ahmed Hussen, Le Canada a de quoi attirer les maghrébins qui sont à la recherche de nouvelles perspectives. Pour les besoins de cet article plusieurs personnes, déjà installées ou en cours de procédure d’immigration ont été contactées pour connaitre ce

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qui les a poussé à choisir ce pays. Pour Mourad qui est originaire d’Alger et est en cours de procédure, le Canada est le seul pays au monde qui a un système d’immigration assez varié et qui est vraiment accessible. Selon un autre candidat à l’immigration qui requière l’anonymat c’est la qualité de vie qu’offre la Canada qui l’a poussé à

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passer le cap et entamer ses démarches d’immigration. Pour Salim qui est déjà au Québec depuis deux ans, les débuts n’étaient pas faciles mais après des hauts et des bas il ne regrette pas son choix. Les raisons qui poussent à l’immigration changent d’une personne à une autre, mais le but est le même : vivre au Canada .


Podium

Taïeb Hafsi nouveau membre de la Société Royale du Canada PATRICK COHENDET ET TAÏEB HAFSI ÉLUS MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA

de la quête d’une société plus juste », comme l’a souligné le président de cette Académie, dans un message aux nouveaux élus.

HEC Montréal compte deux nouveaux membres de la Société royale du Canada (SRC) au sein de son corps professoral : Patrick Cohendet et Taïeb Hafsi ont été officiellement admis parmi les membres réguliers de la SRC le 16 novembre à Halifax, lors de l’événement Célébrons l’excellence et l’engagement 2018.

Ces deux intronisations portent à 20 le nombre de professeurs de HEC Montréal faisant partie de la SRC, en incluant les trois membres du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en arts et en science.

Patrick Cohendet et Taïeb Hafsi ont été élus par leurs pairs dans la division francophone de l’Académie des sciences sociales. Ils rejoignent ainsi les plus de 2 300 universitaires, scientifiques et artistes canadiens qui font partie de la Société royale du Canada. Cet honneur leur est conféré en reconnaissance de leurs réalisations remarquables dans le domaine des sciences sociales, « au chapitre entre autres du vivre ensemble, de la cohésion sociale et

Patrick Cohendet Patrick Cohendet est professeur titulaire au Département d’affaires internationales de HEC Montréal. Il est codirecteur et cofondateur de Mosaic, le pôle de formation et de recherche de HEC Montréal, spécialisé en management de l’innovation et de la créativité. Il agit également à titre de corédacteur en chef de la revue Management international. Ses intérêts de recherche portent sur l’économie et le management de l’innovation, de la connaissance et de la créativité.

Comme coauteur du livre Architecture of Knowledge : firms, capabilities and communities, on lui crédite un apport déterminant pour la compréhension des mécanismes d’innovation et du rôle joué par les firmes. Il a publié de nombreux articles dans des revues scientifiques notamment dans Organization Science, Research Policy et Journal of Economic Geography. Patrick Cohendet détient un doctorat d’État en sciences économiques de l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg. Il enseigne à HEC Montréal depuis 2004. Taïeb Hafsi Taïeb Hafsi est professeur titulaire au Département de management de HEC Montréal. Il est également titulaire de la Chaire de management – stratégie et société. Ses recherches portent essentiellement sur la gestion stratégique des organisations complexes. Récemment, il s’est intéres-

Mr Taïeb Hafsi sé aux effets des institutions sur le comportement stratégique des organisations, aux questions de gouvernance et de l’effet des émotions sur le management stratégique. Taïeb Hafsi est le fondateur de la revue Management International, qu’il a dirigée jusqu’en 2004. Ses nombreux articles ont été publiés notamment dans Administrative Science Quarterly, Academy of Management Review et Journal of Management Studies. Il a aussi écrit 41 livres et monographies et a contribué à plusieurs autres.

Avant de rejoindre HEC Montréal, en 1984, il a été ingénieur en génie chimique pour la société pétrolière algérienne Sonotrach. Il a aussi enseigné à la faculté de management de l’université McGill et à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC) de Paris. Il détient un doctorat en administration des entreprises de Harvard Business School. * in http://lavoixdumaghreb.com

Le jeune homme qui voulait nourrir des gens… Par Hiba el Aïdi Je voudrais juste vous parler d’un ami que j’ai rencontré lors de mon émission de radio. Il a créé un organisme à but non lucratif qui vise à acheter des produits alimentaires – en particulier de la

viande - qui sont ensuite offerts aux enfants démunis du Maghreb. Il est parti de rien- sans l’aide de personne et il a fondé l’organisme « change Dounia ». L’an passé, il a pu nourrir 48 familles durant la période de lAïd el adha et cette année

encore il est en train de mener une levée de fond sur « GoFundMe ». Le vendredi 23 novembre, il organisait un souper bénéfice au restaurant al Kheima, 100% jeune auquel il a convié les gens, pour leur faire connaître les buts et objectifs de l’organisme. Ce jeune homme s’appelle Fekhredin Chibani, il est gradué de polytechnique Montréal en Génie mécanique. Originaire d’Algérie, il s’est installé au Canada à l’âge de 7 ans. En 2016, lors de son voyage dans son pays natal, il constata que plusieurs familles, notamment des femmes et des veuves, n’avaient rien pour fêter l’Aid. De retour au Canada, il décida donc mener une action pour aider ces familles démunies. Il s’engageait à contribuer personnellement pour un montant de 2500$ et demandait aux donateurs de l’aider à amasser 5000$

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pour acheter une grande quantité de moutons pour ces personnes démunies. Voyant que le projet pouvait aller plus loin que le projet initial, il décida de fonder l’organisme « Change Dounia » pour maximiser le résultat. Une

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page facebook et une page instagram ont donc suivi la création de cet organisme. Durant l’été 2018, il concrétisa son idée en offrant 48 moutons grâce aux 8500$ amassés lors d’une première levée de fonds.


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Société

Aidants naturels

Le gouvernement revient sur ses engagements électoraux En campagne électorale, le chef caquiste François Legault s’était engagé à créer 20 maisons GillesCarle en dix ans, mais depuis, le discours du gouvernement a changé.

et semble réduire le rôle du gouvernement à celui de dispenser des soins de santé. Elle précise que les maisons Gilles-Carle devront impérativement naître d’une initiative citoyenne.

Dans une entrevue exhaustive avec La Presse canadienne, la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a tenu des propos beaucoup plus nuancés sur une éventuelle intervention du gouvernement.

« Il faut que ce soit la communauté qui ait envie de mettre la main à la pâte pour se doter d’une maison, a-t-elle soutenu. Par la suite, s’il y a des soins de santé, c’est le ministère de la Santé et des Services sociaux qui va faire en sorte que des soins seront attribués. »

Rappelons que la Fondation Gilles-Carle, dirigée par la veuve du défunt cinéaste, Chloé Sainte-Marie, a inauguré sa première maison en 2012 à Cowansville, dans le but d’offrir du répit aux aidants naturels. M. Legault s’était présenté devant les caméras le 4 septembre dernier avec Mme Sainte-Marie, en promettant que la contribution de Québec serait dorénavant de 1,3 million de dollars pour la construction, et 4,3 millions annuellement pour le fonctionnement de ces centres de répit multiservices.

Ces propos ont fait réagir la coordonnatrice générale du Regroupement des aidants naturels du Québec, Mélanie Perroux : « Moi, je n’ai pas compris que ça allait être ça l’implication du gouvernement, a-t-elle dit. Ce que j’ai compris, c’est qu’ils allaient mettre de l’argent sur la table pour qu’elles se créent, et je pense que je ne suis pas la seule à avoir vu ça sous cet angle-là. » Mme SainteMarie a quant à elle réservé ses commentaires.

« C’est un beau modèle. On va créer 20 maisons comme celle-là. Cowansville va servir de modèle à 19 autres maisons dans les différentes régions du Québec », avait-il dit aux journalistes.

Sans jamais mentionner les engagements financiers de la CAQ, Mme Blais a invité les municipalités, organismes communautaires, donateurs et citoyens à former, avant toute chose, des partenariats entre eux. « Je pense que c’est important que les communautés s’investissent », a-t-elle insisté.

Aujourd’hui, la ministre Blais reste plutôt évasive,

Le gouvernement ouvrira-til 20 maisons Gilles-Carle

d’ici 10 ans, comme promis ? « Ce n’est pas au gouvernement, il faut que ce soit issu de la communauté, a poursuivi la ministre. Il y en a une qui est en train de se faire à Shawinigan, puis une autre qui est en train de se faire à Boucherville, donc ça s’en vient. » Pas d’argent dans la mise à jour économique

En revanche, Mme Blais s’est engagée à déposer une première politique nationale sur les proches aidants en 2019, « peut-être début 2020 ». Elle sera dotée d’un budget, a assuré la ministre, qui ignore toutefois combien elle obtiendra du président du Conseil du trésor, Christian Dubé, et du ministre des Finances, Éric Girard. D’ailleurs, Marguerite Blais ne croit pas que les engagements de son parti en matière de proche aidance figurent dans la mise à jour économique automnale du ministre Girard. « Il va y avoir un budget en 2019, je pense que c’est peut-être plus réaliste », glisse-t-elle. Selon la CAQ, 1,6 million de Québécois assument le rôle de proche aidant, certain sans même le savoir. Le parti de François Legault s’est engagé à doubler leur crédit d’impôt jusqu’à concurrence de 2500 dollars d’ici quatre

ans, en plus d’injecter 22 millions de dollars dans le programme d’aide financière pour les parents d’enfants lourdement handicapés, et 15 millions de dollars par année pour reconduire le Fonds de soutien aux proches aidants, à partir de 2021. La CAQ a aussi proposé la création d’un observatoire de la proche aidance, tel que recommandé par le Regroupement des aidants naturels du Québec. Afin de préparer sa politique, Mme Blais pourrait tenir un forum aussitôt qu’en décembre, à l’issue duquel le gouvernement pourra plus facilement définir ce qu’est un proche aidant. Il est clair aux yeux de la ministre que le proche aidant n’est pas quelqu’un qui « vient visiter sa grandmère une fois toutes les trois semaines ».

déjà commencé à rencontrer des architectes pour la construction, d’ici quatre ans, d’une trentaine de maisons des aînés. Les maisons des aînés imaginées par la CAQ sont de « petites unités de vie climatisées » accueillant un maximum de 70 à 130 personnes et comprenant des aires de circulation « sécuritaires et verdoyantes ». Elles seraient des milieux de vie confortables pour les aînés, avec des repas adaptés et un nombre adéquat de préposés pour s’occuper d’eux. Combien de personnes pourront bénéficier de ces maisons à court terme ? « Il y a 2600 places en attente pour un CHSLD, alors on veut essayer de commencer à construire des maisons pour combler des places », a indiqué Mme Blais.

Par ailleurs, la députée de Prévost affirme qu’elle a

Qu’est-ce qu’une Maison Gilles-Carle? Une Maison Gilles-Carle, c’est un lieu ressourçant qui a pour but premier d’offrir un répit aux aidants naturels. Elle se veut comme un endroit ou l’aidé peut être confié à nos soins en toute confiance. L’aidant peut alors profiter de ce temps pour se reposer et vaquer à ses occupations.

Notre mission est de réduire la fatigue physique et émotionnelle des aidants, de les encadrer et de les supporter dans leurs tâches du quotidien par le biais des services suivants :

Un Répit-hébergement L’aidé est pris en charge pour une durée d’une demi-journée à 14 jours, pour permettre à l’aidant de prendre du temps pour lui. Une Halte-répit L’aidant peut venir avec l’aidé à la Maison pour une période de trois à sept heures, afin de se reposer, se ressourcer ou recevoir du soutien psychologique.

Service de repas

Chaque personne aidée peut choisir son menu lors de son séjour à la Maison Gilles-Carle. Il est à noter que certaines maisons offrent aux aidants de prendre une pause en préparant leur repas, de manière ponctuelle ou à la semaine, et ce à prix modique. Service de formation et d’information Des ateliers de formation, avec différentes thématiques dont la préven-

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tion de l’épuisement, accueillir le pronostic, développement du pouvoir d’agir, etc., sont offerts à tous les aidants et dans certains cas aux aidés. Soutien psychosocial Des travailleurs qualifiés et une panoplie d’activités de soutien sont disponibles afin d’informer, de soutenir et d’accompagner les aidants à traverser cette période de désarroi et à faire face à leurs difficultés. Les activités peuvent être individuelles ou en groupe (cafés-rencontres, ate-

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liers d’art). Soins de santé et prise en charge L’heure du coucher et du lever est à la discrétion de l’aidé et parfois selon la recommandation de l’aidant. Les soins d’hygiène ne sont pas régis par un horaire préétabli, les personnes sont accompagnées quotidiennement selon leurs besoins, au moment où elles en ont besoin.


Environnement

Lorsque l’on manque de vision…

«Recyc-Québec est assis sur un pactole» de 60 M$, déplore un ex-directeur Les excédents budgétaires s'accumulent depuis des années à Recyc-Québec, au point où plus de 60 millions de dollars dormaient dans les coffres de l'organisation en 2017. Un ex-directeur tire la sonnette d'alarme et dénonce le « manque de vision » de son ancien employeur. « Présentement, ce qu’on s’aperçoit, c’est que RecycQuébec est assis sur un pactole et on n’a pas accès à cet argent-là! » dénonce Mario Laquerre, qui a travaillé pour l’organisation pendant près de 20 ans. Directeur des opérations de 2008 à 2012 et gestionnaire de la connaissance de 2012 à 2016, il rappelle que Recyc-Québec a besoin de l’autorisation du gouvernement pour dépenser son excédent budgétaire. Or, la société québécoise de récupération et de recyclage n’a qu’elle-même à blâmer pour l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui, selon M. Laquerre. Il l'accuse d'avoir manqué de vision. «Ce sont des administrations successives qui n’ont pas réussi à convaincre le gouvernement d’utiliser cet argent-là» dit Mario Laquerre, ex-directeur de Recyc-Québec et enseignant au Centre universitaire de formation en environnement de l'Université de Sherbrooke D'après ses états financiers, Recyc-Québec avait un excédent budgétaire de moins de 15 millions de dollars, en 2001. À peine 15 ans plus tard, ce surplus a quadruplé et rien n’indique que la tendance va s’inverser. Une difficulté comptable

Le nœud du problème est que l’organisme se situe dans le « périmètre comptable » du ministère de l’Environnement, explique Jeannot Richard, vice-président de Recyc-Québec de 2002 à 2013. Si Recyc-Québec utilisait son surplus, il dépenserait automatiquement des sommes qui iraient au-delà des crédits annuels que le gouvernement offre au ministère. « À partir du moment où on demande à RecycQuébec d’avoir un équilibre budgétaire […], automatiquement, le 60 millions est presque intouchable », affirme-t-il. C’est un petit peu un cercle vicieux […] Ils n’ont pas vraiment le choix de garder ce 60 millions là dans la cagnotte et à chaque année, ça s’additionne.Jeannot Richard, consultant en développement durable et ex-vice-président de Recyc-Québec L'autre problème est que les missions de RecycQuébec sont financées avec des fonds dédiés. Par exemple, les revenus que Recyc-Québec tire de chaque pneu vendu dans la province ne peuvent être affectés à d'autres fins que le recyclage et le remoulage de pneus. Des solutions pourtant simples Contrairement à ce qu'affirme M. Laquerre, cette impasse n'est pas le résultat d’un manque de vision à Recyc-Québec, selon M. Richard. « Au fil des années, on a quand même présenté plusieurs scénarios pour voir comment Recyc-Québec

pourrait puiser à même son [excédent] pour élaborer des programmes », assuret-il. Selon lui, le gouvernement pourrait tout simplement autoriser Recyc-Québec à faire un déficit ou encore le sortir du périmètre comptable du ministère, comme c’est le cas pour d'autres organismes. « Il faudrait qu’on arrête de regarder le fonds qui grossit, qui grossit et RecycQuébec qui a les mains liées et n’est pas capable de l’utiliser. Il faut qu’il y ait une décision quelque part et cette décision-là doit être une décision gouvernementale» dit Jeannot Richard, consultant en développement durable et ex-viceprésident de Recyc-Québec Le temps presse M. Richard et M. Laquerre croient tous les deux que cet argent doit être dépensé rapidement, car il y a des besoins criants dans la province. Par exemple, les municipalités n’auront plus le

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droit en 2022 d’enfouir leurs déchets organiques, qui correspondent à environ 50 % des déchets produits par les Québécois. « Il faut absolument que les municipalités soient bien outillées », indique M. Laquerre, qui plaide notamment pour la création d’un programme d’aide aux villes. M. Richard croit aussi qu’il faudra dépenser de l’argent pour informer les citoyens de leurs responsabilités concernant les matières organiques. « Ça va prendre une bonne campagne bien orchestrée pour faire en sorte que les citoyens participent et que l’opération soit une réussite. Il va y avoir des besoins », dit-il.

née, valorisée […] le rôle de Recyc-Québec va peutêtre diminuer» poursuit Jeannot Richard. S'attaquer à la réduction des déchets Avec son excédent, RecycQuébec pourrait aussi parler un peu moins de recyclage et miser davantage sur la réduction et la réutilisation des déchets, croit M. Laquerre. « On pourrait faire de l’aide aux festivals qui voudraient devenir des festivals zéro déchet. Les priorités sont faciles à trouver à ce niveau-là », dit-il. Recyc-Québec n'a pas voulu accorder d'entrevue à Radio-Canada, mais a tout de même répondu par courriel.

L'organisme rappelle qu'il Selon M. Richard, Recycest tenu de « respecter les Québec doit parvenir à dépenser son excédent rap- normes et directives du Secrétariat du Conseil du idement, puisque c’est Trésor, notamment à l'effet maintenant que les infraque les prévisions budgéstructures se mettent en taires doivent présenter des place. «D’ici 10 ans, lorsque toute résultats à l'équilibre ». la matière organique va Suite à la page 27 être récupérée, condition-

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Environnement

Lorsque l’on manque de vision…

«Recyc-Québec est assis sur un pactole» de 60 M$, déplore un ex-directeur Suite de la page 26

«Toute utilisation significative de l’excédent cumulé nécessiterait de prendre entente avec le ministère des Finances» rappelle Brigitte Geoffroy, porteparole de Recyc-Québec

Lors de l'exercice 20162017, le conseil d'administration de RecycQuébec a toutefois adopté une résolution pour que 35 millions de dollars de l'excédent soient réservés pour « des grands enjeux

de la planification stratégique [...] ou programmes sous sa gouverne ».

Mario Laquerre doute de la portée de cette démarche. « Ça fait déjà deux ans et on n’a pas encore idée de ce qu’est cette bébitte-là et

comment ça va se traduire! »

mes à des fins qu'il juge utiles.

« J’aimerais ça que ça fasse l’objet au minimum de consultations publiques », ajoute-t-il, pour s'assurer que Recyc-Québec envisage de dépenser les som-

Il n'a pas été possible de connaître l'excédent enregistré en 2017-2018, car les plus récents états financiers de Recyc-Québec ne sont pas encore publics.

L’humanité face à un risque de catastrophes climatiques simultanéesplanète. D’ici à la fin du siècle, certaines régions du monde pourraient faire face à des catastrophes climatiques multiples, jusqu’à six en même temps, de la canicule aux incendies en passant par les inondations, selon une nouvelle étude.

« L’humanité va être confrontée aux impacts dévastateurs combinés d’aléas climatiques multiples qui interagissent », a indiqué l’un des auteurs Erik Franklin, chercheur à l’Institut de biologie marine de l’université d’Hawaï. « Ils se produisent aujourd’hui et ça va continuer à empirer », a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse. Les émissions de gaz à effet de serre à l’origine du changement climatique sont déjà responsables de l’augmentation de la température de la

Dans les régions sèches, cela peut conduire à la sécheresse, voire à des incendies dévastateurs. Dans les zones plus humides, pluies et inondations se multiplient tandis que des super tempêtes se forment au-dessus des océans réchauffés. Jusqu’à maintenant, les scientifiques se sont penchés sur ces catastrophes principalement par type. Mais l’étude publiée lundi dans la revue Nature Climate Change met en garde contre la possibilité, voire la probabilité qu’elles se déchaînent en cascade. L’an dernier la Floride a subi une grave sécheresse, des températures record, une centaine d’incendies et l’ouragan Michael. « Se concentrer sur un risque peut

cacher les impacts d’autres aléas, conduisant à une évaluation incomplète des conséquences du changement climatique sur l’humanité », a commenté l’auteur principal Camilo Mora, de l’Université de Hawaï. La probabilité de cette simultanéité dépend de la géographie et des efforts à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Si, comme le prévoit l’accord de Paris sur le climat de 2015, le monde parvient à limiter son réchauffement au pire à +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, New York subira probablement un aléa climatique unique chaque année à la fin du siècle. Mais si les émissions de C02 continuent au rythme actuel, la mégalopole américaine pourrait en subir jusqu’à

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quatre en même temps, tout comme Mexico ; Sydney et Los Angeles, trois ; et les côtes atlantiques brésiliennes, cinq.

Même selon les scénarios optimistes, « l’exposition cumulée et croissante à une multitude d’aléas climatiques va frapper les pays riches et pauvres de la même façon », souligne l’étude. Les chercheurs se sont basés sur des milliers d’études se penchant sur dix aléas spécifiques, la plupart un à la fois (incendies, inondations, augmentation du niveau de la mer, tempêtes, sécheresses, acidification de l’océan…) et ont regardé leur impact sur six aspects de la vie humaine (santé, alimentation, eau, économie, infrastructure et sécurité). « Si nous ne prenons en compte que

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les effets les plus directs du changement climatique, canicules ou tempêtes par exemple, inévitablement, nous serons pris de court par des menaces plus importantes qui, en se combinant, peuvent avoir un effet plus large sur la société », a commenté un autre auteur, Jonathan Patz, de l’Université du Wisconsin. Si les zones côtières tropicales devraient être les plus touchées, les zones tempérées proches des régions polaires, comme la Tasmanie ou certaines parties du Canada et de la Russie, pourraient être davantage épargnées. Dans le pire scénario, « le Groenland semble être le moins touché par des aléas climatiques multiples », a noté Franklin


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Technologies & sécurité

Les Canadiens ne sont pas suffisamment outillés contre les cyberattaques

estime un comité sénatorial Lorsqu'il est question de cyberattaques, les Canadiens manquent d'éducation et ne sont pas toujours au fait des risques. C'est ce que soulève le rapport d'un comité de huit sénateurs qui se sont penchés sur cet enjeu, au pays. Plus de 10 millions de Canadiens ont été touchés par des atteintes à la protection des renseignements personnels en 2017, selon les chiffres du comité sénatorial. Le sénateur Percy Mockler, qui siège au comité comme suppléant, soutient qu’il s’agit d’une question qui doit être prise davantage au sérieux. Avec ce rapport, il propose que les gouvernements de tous les niveaux s'unissent pour s'attaquer à cet enjeu et augmenter les ressources disponibles pour les citoyens. Le rapport ne se veut pas alarmiste, assure le sénateur néobrunswickois. Cependant, tous les Canadiens doivent répondre à l’urgence de protéger le pays, et ce, avant que les cybercriminels puissent s’infiltrer dans nos systèmes essentiels et orchestrer une catastrophe technologique pour le Canada, peut-on lire dans la publication. Le comité recommande de: augmenter les efforts en éducation de la cybersécurité, tant chez les adultes que dans les écoles ; investir dans des programmes techniques pour remédier à la pénurie de professionnels sur la

question ; créer un ministère fédéral de la cybersécurité ; moderniser les lois canadiennes sur la protection des renseignements personnels ; offrir des incitatifs fiscaux pour encourager les entreprises à améliorer leur système de sécurité ; créer un groupe d’experts chargé de formuler des recommandations sur la stratégie nationale de cybersécurité ; élaborer un ensemble de normes fédérales en matière de cybersécurité. La recommandation principale est d’augmenter directement les

ressources en éducation et en sensibilisation sur la question. Le comité propose d'enseigner des notions de cybersécurité dans les écoles secondaires du pays. Il faut encourager davantage les formations techniques en cybersécurité pour assurer que l’expertise dans le domaine soit disponible pour les entreprises, ajoutent les sénateurs. Il y a une pénurie mondiale dans ce domaine, indiquent-ils.

Pour financer ce nouveau plan d'action, Ottawa prévoit investir 507,7 millions de dollars sur cinq ans, un financement déjà annoncé dans le budget de 2018. L'éventail de mesures énumérées dans la stratégie s'applique à la fois aux citoyens et aux entreprises. Parmi les mesures prévues, on note la création du Centre canadien pour

la cybersécurité cet automne, la mise sur pied de l'Unité nationale de lutte contre la cybercriminalité, l'offre d'un programme de certification en cybersécurité pour les petites entreprises et des ressources supplémentaires pour aider la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à combattre les crimes sur Internet. Le financement prévoit notamment 155,2 millions de dollars sur cinq ans et 44,5 millions de dollars par année par la suite pour créer le Centre canadien pour la cybersécurité. « Nous devons mieux nous protéger

«Les consommateurs du Canada n’ont en général que peu de recours contre le vol de leurs renseignements personnels» peut-on lire dans le rapport du comité sénatorial

Des consommateurs laissés à eux-mêmes

La perte de renseignement des consommateurs est considérée comme une violation de contrat par l’entreprise, et pas nécessairement comme un crime qui pourrait faire l’objet d’une enquête policière, ajoute ensuite le comité dans le document.

Dans leur rapport, les sénateurs font part de leur découragement lorsqu’ils ont constaté que les victimes de vols d’informations personnelles n’ont souvent que pour seule option de poursuivre

Le comité propose aussi d'augmenter la sensibilisation des risques envers les entreprises et que le commissaire à la protection de la vie privée puisse avoir le pouvoir de s’assurer que

La nouvelle stratégie d’Ottawa Le gouvernement fédéral a dévoilé, mardi, sa nouvelle stratégie de cybersécurité dont l'objectif est de « protéger les renseignements personnels numériques des Canadiens, la sécurité ainsi que l'économie ».

l’entreprise piratée.

et protéger nos systèmes contre les cybermenaces changeantes tout en élargissant notre capacité à combattre la cybercriminalité et à traduire en justice les contrevenants », a affirmé le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale. Certains obstacles se dressent toutefois devant la concrétisation de ce plan d'action, dont une pénurie d'experts en cybersécurité, ce qui rend difficile le recrutement de nouveaux talents par le gouvernement fédéral. Le plan dévoilé mardi par les ministres Ralph Goodale, Harjit S. Sajjan

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et Navdeep Bains, qui constitue une mise à jour de la première stratégie du Canada sur la cybersécurité adoptée en 2010, vise à faire du Canada un leader mondial en cybersécurité et à créer de nouveaux emplois. Toutefois, aucune mesure n'est prévue pour inciter plus de travailleurs à se spécialiser dans le domaine. Le gouvernement espère que le fait de positionner le Canada comme un leader mondial en cybersécurité réglera non seulement ce problème de recrutement, mais ajoutera aux quelque 11 000 emplois et 1,6 milliard de dollars qui seraient déjà

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tout manquement au devoir de protéger les renseignements personnels des Canadiens soit lourd de conséquences. Savoir où chercher de l’aide Une autre préoccupation est venue aux yeux des sénateurs : les victimes ne sont pas toujours au fait des outils disponibles pour déclarer les cas de cybercriminalité. Il reste encore beaucoup à faire, indique le rapport. Ainsi, les infractions ne sont pas toujours déclarées à la police, ce qui prive les autorités des informations nécessaires pour optimiser leurs mesures de prévention, soulève le comité.

générés par le secteur chaque année. « Il s'agit d'un immense défi et d'une immense occasion d'affaires », a dit M. Goodale à propos de la pénurie de spécialistes en cybersécurité. « Le monde réclamera des gens avec ces aptitudes et expertises qui comprennent la cybersécurité et peuvent livrer la marchandise pour leurs employeurs, qu'ils soient du secteur privé ou du secteur public », a ajouté le ministre.


Administration

Le fisc ne traite pas tout le monde également estime le Vérificateur Général Le vérificateur général constate que le traitement réservé aux contribuables par l'Agence du revenu du Canada dépend beaucoup de son lieu de résidence et de la souplesse du fonctionnaire. Ces disparités violent toutefois la Charte des droits du contribuable, en vigueur depuis 2007, qui assure à tous les Canadiens « le droit à un traitement uniforme de la loi », rappelle le vérificateur général dans un rapport publié mardi. Michael Ferguson indique ainsi que les vérifications de certains des dossiers les plus complexes dans un bureau régional prenaient environ 10 mois, alors qu'elles en prennent huit de plus dans un autre bureau. Lorsque les contribuables déposent de nouvelles informations

susceptibles de modifier leurs paiements, ils doivent attendre environ trois mois avant d'obtenir une réponse dans un bureau régional, mais jusqu'à trois fois plus dans un autre. Et l'Agence du revenu du Canada (ARC) ne peut pas vraiment expliquer ces disparités. L'ARC est par ailleurs autorisée à renoncer à des pénalités et des intérêts dans certains cas, si ces mesures devaient plonger le contribuable dans des difficultés financières extrêmes. Mais le bureau de M. Ferguson a constaté que ce pouvoir discrétionnaire n'est pas exercé de manière uniforme par les fonctionnaires du fisc, selon l'endroit où le dossier est traité. Entre 2013 et le début de 2018, l'ARC a ainsi renoncé à environ 17 millions en intérêts et pénalités pour des contribuables qui

faisaient l'objet d'une vérification alors qu'ils avaient présenté une demande dans le cadre du Programme des divulgations volontaires - même si l'agence n'était pas certaine que ces contribuables avaient droit à un tel traitement. Dans d'autres cas, les fonctionnaires ont refusé de renoncer aux pénalités de retard même si ce retard était attribuable à l'ARC. Dans sa réponse aux conclusions de M. Ferguson, l'ARC a promis d'examiner les raisons pouvant expliquer ces écarts régionaux et d'élaborer un plan d'ici la fin de mars 2020. Interrogée mardi à Ottawa, la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, a rappelé que son gouvernement avait mis en place en mars dernier une « dirigeante principale des services » à l'Agence du revenu. « En

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ayant de meilleurs indicateurs, les Canadiens vont être en droit de recevoir les meilleures informations possible », a soutenu la ministre. « On a investi plus d'un milliard de dollars au cours des trois

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dernières années juste au niveau des vérificateurs ; on a embauché, depuis 2015, 1300 nouveaux vérificateurs à l'Agence du revenu [...] C'est tout un changement de culture [...] Il faut placer le client au centre des décisions. »


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