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nº 339 du 15 au 28 novembre 2018

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Tuerie de la mosquée de Québec

Citation d’honneur pour feu Azzedine Soufiane qui a sauvé plusieurs vies en sacrifiant la sienne

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Carrières

Les 20 emplois en demande au Canada Pages 12-13

Point de vue sur l’affaire la Belle bleue

Un incident, sans plus… Page 19


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Hommage Editeur : Abdelghani Dades. Directeur Général Rachid Najahi. Rédaction : Abdelghani Dades, Wahid Megherbi, Reda Benkoula Publicité : Pub Smart Conception et Réalisation Graphique : Atlas Média

Tuerie de la mosquée de Québec

Citation d’honneur pour feu Azzedine Soufiane qui a sauvé plusieurs vies en sacrifiant la sienne

Editeur de. * La Voix des Marocains à Montréal et du site web: www.atlasmedias.com

Les deux filles de feu Azzedine Soufiane, mort en tentant de désarmer le tueur de la mosquée de Québec plutôt que de se sauver, ont reçu une citation d’honneur posthume.

Tél.: (514) 962-8527 (514) 994-9582

Les émotions ont grimpé en flèche au moment de décrire les gestes de la victime de 57 ans, qui a payé de sa vie son acte de bravoure. Sur la scène, l’aînée Zineb a essuyé quelques larmes. La conjointe du défunt, plus discrète, a préféré demeurer au parterre.

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«Une personne s’est distinguée pour s’être comportée en véritable héros. Nous voulons souligner de façon parle geste de grande Site web: www.atlasmedias. ticulière bravoure que M. Azzedine com Soufiane a accompli et qui restera gravé dans notre mémoire collective», a explifacebook.com/ qué la policière Cyndi Paré, maître de cette cérémonie de AtlasMedia1 reconnaissance.

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AU PÉRIL DE SA VIE Le 29 janvier 2017, au péril de sa vie, il a donné la sienne pour protéger les siens, a ajouté la porte-parole devant les membres de la famille Soufiane. Les proches, qui n’ont pas voulu accorder

d’entrevue, ont quitté les lieux rapidement après l’hommage.

«Ensemble, resserrons les liens qui nous unissent pour former une communauté liée et résiliente», a précisé le chef de police de Québec, Robert Pigeon, accompagné du lieutenantgouverneur J. Michel Doyon. Après la cérémonie, ce dernier a expliqué à quel point il était important de ne jamais oublier ces événements tragiques. «C’est très important de se rappeler ce qu’il a fait. C’est un honneur que ces gens se soient déplacés malgré la douleur et le deuil. C’est un long cheminement, mais elles demeurent fières de ce geste héroïque», a ajouté M. Pigeon. Azzedine Soufiane pourrait également recevoir une décoration pour acte de bravoure de la gouverneure générale du Canada. À Ottawa, le gouvernement Trudeau avait annoncé ses couleurs à ce sujet au printemps dernier.

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PRÈS DE LA SORTIE Quelques jours après l’attentat, Ilies Soufiane, l’aîné des trois enfants d’Azzedine Soufiane, s’était confié au «Journal». « Mon père est mort en héros. Il va au paradis direct. Il aurait pu se sauver très facilement de la mosquée, mais il a décidé de faire face», avait alors déclaré l’adolescent. Des survivants de la tuerie du 29 janvier 2017 avaient aussi

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témoigné que M. Soufiane était près de la porte de sortie au moment où le tireur rechargeait son arme. «Mon père me manque tellement... Il était tout pour moi», avait lancé sa fille aînée lors des observations sur la peine. Même le juge avait alors souligné que son père était un héros. L’auteur de la tuerie qui a fait six morts devrait connaître sa peine en janvier 2019.


Politique fédérale

La nouvelle Chambre des communes ouvrira ses portes après la pause Le président de la Chambre des communes, Geoff Regan, a officiellement pris possession du bâtiment de style néogothique datant du 19ème siècle au nom des parlementaires, qui s’y installeront après leur pause des Fêtes. La rénovation de l’édifice de l’Ouest a duré sept ans et coûté près d’un milliard de dollars. Les députés y siégeront provisoirement afin de permettre aux travaux de rénovation de l’édifice du Centre du parlement d'aller de l'avant. Ces derniers devraient durer au moins 10 ans. En plus des députés, de 165 à 180 autres employés issus de différents services parlementaires vont devoir déménager en raison des rénovations de l’édifice du Centre. La période de déménagement la plus importante s’étalera du 15 décembre au 27 janvier. Les députés reprendront leurs travaux parlementaires dès le 28 janvier. UNE CLÉ SYMBOLIQUE C'est la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Carla Qualtrough, qui a remis symboliquement une grande clé en bronze sculptée au président de la Chambre des communes. Elle a déclaré que les travaux de restauration de l’édifice de l’Ouest ont marié l’ancien et le nouveau.

Ils concilient, selon elle, l’histoire de cet édifice néogothique aux technologies de pointe, notamment par la construction d'une structure de verre au-dessus de la cour intérieure où se trouve la Chambre des communes provisoire. La chaleur recueillie au niveau du toit est captée et remise en circulation pour chauffer d’autres espaces. La construction de l'édifice de l'Ouest avait débuté en 1859 et les portes ont été ouvertes pour une première fois en 1866, mais

le bâtiment a été finalement achevé en 1909. L'édifice avait été complètement rénové pour la dernière fois il y a 53 ans, en 1965, lit-on sur le site de Services publics et Approvisionnement Canada. Conçu pour loger les hauts fonctionnaires, l’édifice de l’Ouest restauré a doublé sa taille d’origine. Il abritera de nouvelles salles de réunion pour les députés, de même que les bureaux du premier ministre, des agents supérieurs de la Chambre et des chefs et whips des partis.

On y trouve aussi la salle à manger parlementaire, une cafétéria, ainsi qu’une bibliothèque satellite gérée par la majestueuse Bibliothèque du parlement DES EFFETS SUR LE TOURISME Des centaines de touristes affluent chaque année pour visiter la colline du Parlement et son édifice du Centre. La longue période de rénovations qui s’annonce soulève certaines préoccupations.

C’est l’arrière-plan pour beaucoup de nos célébrations annuelles comme la fête du Canada, le spectacle son et lumière et toutes les manifestations, fait remarquer Catherine Callary, de Tourisme Ottawa. Cette dernière croit que le gouvernement fédéral devrait installer des toiles trompe-l’œil pour recouvrir les échafauds durant les travaux de réfection de l'édifice du Centre.

Parti populaire du Canada

Un présumé suprémaciste blanc chez Maxime Bernier… Un présumé suprémaciste blanc qui avait été expulsé du Parti conservateur uni de l'Alberta s'est trouvé une nouvelle famille politique dans le nouveau parti de Maxime Bernier.

Le nom d'Adam Strashok est disparu de la liste des sympathisants apparaissant sur la page Facebook de la section albertaine du Parti populaire du Canada, et toute preuve de sa présence sur les médias sociaux semble avoir été effacée. Mais une capture d'écran de la page datant de la mi-septembre démontre qu'il avait joint le parti. Un porte-parole du parti n'a pas directement répondu à la question à savoir si M. Strashok était toujours membre du parti et, le cas échéant,

si son adhésion serait révoquée.

Afin de se distancier des extrémistes, le Parti populaire a demandé à tous les membres de ses associations de circonscription de signer un engagement pour promettre «qu'ils n'ont rien dit ou fait par le passé et qu'ils ne diront rien ou ne feront rien à l'avenir pour embarrasser le parti». Mais ce système de filtrage s'applique uniquement aux membres du conseil d'administration des associations de circonscription, «pas à nos 32 000 membres ni aux milliers de personnes qui ont participé à une réunion ou commenté sur Facebook». Il a toutefois ajouté que le parti a

toujours été «très clair» en disant que toute personne avec des idées extrémistes n'était «pas la bienvenue au parti».

Le chef du Parti conservateur uni de l'Alberta, Jason Kenney, avait désavoué l'individu après que des médias électroniques, Ricochet et Press Progress, eurent révélé qu’il avait publié des messages antisémites et suprémacistes sur les médias sociaux. Selon ces médias, M. Strashok était également impliqué dans un magasin en ligne qui vendait des souvenirs glorifiant le règne blanc en Rhodésie, l'ancienne colonie britannique devenue le Zimbabwe. CONSERVATEUR ACTIF …

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Il semble qu'au moins jusqu'en août dernier, lorsque M. Bernier s'est séparé des conservateurs pour former son propre parti, M. Strashok a activement collaboré avec les conservateurs fédéraux… Les archives financières du Parti conservateur déposées auprès d'Élections Canada montrent aussi que M. Strashok a fait don de 290 $ au parti en mai 2016 et de 532 $ en juin de cette année. Le porte-parole du parti, Cory Hann, a déclaré que ces dons correspondaient aux frais d’inscription versés pour assister aux congrès du parti — le dernier se tenait à Halifax en août. Michelle Rempel a confirmé que M. Strashok, qui vivait dans sa circon-

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scription, avait été embauché en tant que stagiaire dans son bureau régional à son souvenir, à l'été 2013. Son travail s'apparentait à «déchiqueter des photocopies», sans accès à des documents confidentiels, a-telle assuré. Il a également siégé brièvement au conseil d’administration de son association de circonscription jusqu’à l’été 2015, lorsque certains membres de l’exécutif ont pris connaissance de certains messages «douteux» sur les médias sociaux. «Dès que nous avons pris connaissance de cela, on lui a demandé de démissionner et il l'a fait», a déclaré Mme Rempel.


Politique Provinciale

Argent et honneurs aux vainqueurs

24 députés caquistes promus adjoints ou officiers parlementaires

Le premier ministre François Legault a récompensé jeudi, 8 novembre 2018 24 de ses députés, promus au rang d'adjoint parlementaire ou d'officier parlementaire, ce qui leur permettra d'arrondir les fins de mois. Du total, 17 des députés récompensés (71%) sont des hommes et sept (29%) sont des femmes.

La nomination au poste d'adjoint ou d'officier parlementaire est perçue en général comme un prix de consolation offert aux députés qui n'ont pas été appelés à faire partie du conseil des ministres. Elle s'accompagne d'une indemnité annuelle variant entre 19 141 $ et 23 926 $, somme qui s'ajoute au salaire de base du député, qui se situe autour de 100 000 $ en 2018. Habituellement, un député qui réussit à se démarquer par son travail d'adjoint parlementaire d'un ministre augmente d'autant ses chances de devenir éventuellement ministre, à son tour, lors d'un remaniement. LES EXCLUS L'annonce laisse cependant sur le carreau une vingtaine de députés caquistes qui se retrouvent donc sans aucune responsabilité particulière et sans indemnité additionnelle à leur revenu de base. Parmi eux, on trouve des députés qui étaient aux côtés de M. Legault dans l'opposition, comme Benoît Charette (DeuxMontagnes), Chantal Soucy (Saint-Hyacinthe) et Claire Samson (Iberville), qui éprouve des problèmes de santé tout en réfléchissant à son avenir politique. Parmi les autres exclus, notons les noms de l'ex-ministre péquiste Jean-François Simard

(Montmorency), depuis longtemps associé à la Coalition avenir Québec (CAQ) de M. Legault, et André Bachand (Richmond), ancien député conservateur au fédéral. Il y a aussi François Paradis (Lévis) et Marc Picard (Chutesde-la-Chaudière), qui pourraient par contre se retrouver président et vice-président de l'Assemblée nationale, dès la reprise des travaux parlementaires, le 27 novembre. Pour mener à bien les travaux parlementaires, l'adoption des projets de loi et les périodes de questions, le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, sera entouré d'Éric Caire (La Peltrie), qui devient leader adjoint, en plus de ses responsabilités ministérielles, et du député de DrummondBois-Francs, Sébastien Schneeberger. Sa prime de leader adjoint atteindra 23 926 $.

Deux députées deviennent whips adjointes, Lise Lavallée (Repentigny) et Geneviève Hébert (Saint-François). Chacune recevra une prime additionnelle de 19 141 $. Celle du whip en chef, Éric Lefebvre (Arthabaska), atteindra 33 496 $. Tous les adjoints parlementaires recevront une prime annuelle de 19 141 $. LAFRENIÈRE, ADJOINT PARLEMENTAIRE Le premier ministre Legault s'entoure de trois adjoints parlementaires: Donald Martel (Nicolet-Bécancour) aura le mandat de donner suite au Projet Saint-Laurent, avec ses zones d'innovation, Christopher Skeete (Sainte-Rose) se voit confier les relations avec les anglophones, et Samuel Poulin (Beauce-Sud), le plus jeune député du caucus caquiste, héritera des dossiers

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jeunesse. Le député de Vachon, l'ex-policier Ian Lafrenière, devient adjoint parlementaire de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault. Gilles Bélanger (Orford) est nommé adjoint parlementaire du ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, pour les volets économie et internet haute vitesse. Un des candidats vedettes de la dernière campagne électorale en matière économique, Youri Chassin (Saint-Jérôme), s'occupera du volet enseignement supérieur, auprès du ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, JeanFrançois Roberge, tandis que Jean-Bernard Émond (Richelieu) s'occupera de formation professionnelle. Les autres responsabilités d'adjoints parlementaires sont

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confiées à: Émilie Foster (Charlevoix-Côte-de-Beaupré), pour le tourisme, Sylvain Lévesque (Chauveau), à l'emploi et la solidarité sociale, Marilyne Picard (Soulanges), à la santé, Éric Girard (Lac-Saint-Jean), à l'agriculture, l'ancien journaliste Louis Lemieux (Saint-Jean), aux communications, Richard Campeau (Bourget), à la lutte contre les changements climatiques, Denis Lamothe (Ungava), aux autochtones, Louis-Charles Thouin (Rousseau), aux affaires municipales, Mathieu Lévesque (Chapleau), à la justice, Lucie Lecours (Les Plaines), à la protection des consommateurs, Stéphanie Lachance (Bellechasse), à la famille, Claude Reid (Beauharnois), aux transports, et Marie-Louise Tardif (Laviolette-SaintMaurice), aux forêts.


Politique Provinciale

De la politique à la médecine, La nouvelle vie de Amir Khadir

CBC/Radio-Canada Amir Khadir est un homme occupé. Jusque-là, rien n’a changé. Sauf peut-être sa tenue vestimentaire et le lieu de travail; soit donc l’essentiel de sa vie quotidienne …

Après une rencontre avec l’équipe du laboratoire de l’hôpital PierreLe Gardeur de Terrebonne qui s’est éternisée, le physicien de formation remonte dans son bureau afin de répondre aux demandes de l’un de ses collègues et de poser son téléavertisseur, qui venait de l’interpeller quelques secondes plus tôt, sur la table. Entre temps, une consœur lui montre l’emplacement de sa mallette, qu’Amir Khadir cherchait depuis le début de la matinée. « Ça ne va pas arranger ma réputation », dit-il en souriant. DES CONSULTATIONS EN TANT QUE DÉPUTÉ « Je suis physiquement exténué, mais moralement, je suis au top », explique l’ancien député, qui a décidé, ce printemps, de remiser sa cravate et ses habits de politicien pour retourner à ses « premières amours ». Ces activités, il ne les avait d’ailleurs jamais complètement abandonnées durant ses dix années passées à l’Assemblée nationale. Environ une fois par mois, le lundi ou le vendredi, l’élu de Mercier allait à la rencontre de patients « pour garder la main ». Chaque été durant deux ou trois semaines, rebelote. « Je ne voulais pas perdre le lien et ne pas être dépendant de la politique. Je devais aussi maintenir la pratique pour être à l’aise et pour que mes collègues aient confiance de me confier des malades », affirme-t-il. D’ailleurs, souligne-t-il, plusieurs

députés faisaient régulièrement appel à ses services « pour des conseils et des prescriptions ».

Pianotant sur son ordinateur, Amir Khadir cherche la photo du célèbre tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple, détourné durant la grève étudiante de 2012. Alors que sa fille est arrêtée à domicile en raison d’un saccage, une parodie est retrouvée par les policiers, le montrant, une arme à la main, avec à ses pieds le premier ministre Jean Charest, confiet-il. Cet événement, reprend-il, lui a fait prendre conscience de mettre absolument à jour ses formations. « Je me suis dit que si jamais M. Charest a une crise cardiaque et que je ne suis pas capable de le réanimer, on va me suspecter », assure-t-il. DES DISCUSSIONS POLITIQUES À L’HÔPITAL Depuis « le 2 octobre à 9 h », précise-t-il, soit au lendemain de l'élection de la Coalition avenir Québec, Amir Khadir, 57 ans, a repris ses activités au sein d’un hôpital qu’il fréquente depuis 1997. Les questions, désormais, ne proviennent plus de cet éloquent orateur, mais de ses collègues, qui le questionne quotidiennement sur l’actualité politique. L’entente concernant la hausse de la rémunération des médecins spécialistes, qu’il a vivement décriée ces derniers mois, revient notamment au cœur des discussions. Félicitant le nouveau premier ministre de s’attaquer à ce texte « qui n’a pas d’allure », Amir Khadir propose l’organisation d’un sondage mené par un organisme indépendant pour prendre le pouls de la profession.

«La majorité des médecins, je le sens, n’a pas comme souci principal leur rémunération. Ils veulent une meilleure organisation du travail, engager du personnel, avoir plus de lits dans les hôpitaux, moins de patients dans les couloirs» dit-il. Pour le reste, poursuit-il, hors de question de se mêler des affaires se déroulant à Québec ou de l’organisation du parti qu’il a fondé avec Françoise David en 2006, avant de devenir, deux ans plus tard, le premier élu de QS. Seul l’avenir de Gaétan Barrette, qu’il a appelé à de nombreuses reprises à démissionner, fait encore vivement réagir celui qui continue d’analyser, de temps en temps, l’actualité provinciale. « S’il avait écouté mes conseils, il ne serait pas dans cette situation », glisse-t-il. « Il a été un boulet toute la campagne électorale pour le parti de M. Couillard, il n’aura aucun soutien dans la course à la chefferie. Il va devoir regarder ses souli-

ers durant 4 ans ou démissionner », mentionne-t-il, reprochant avant tout « la manière » utilisée par l’ex-ministre de la Santé pour réformer ce système. Désormais, dit-il, QS est entre bonnes mains et l’avenir est « emballant ». Même s’il « espère voir le Bloc québécois renaître de ses cendres », hors de question, jure-t-il, de revenir sur la scène politique, quel que soit les paliers de gouvernement. Sa décision, mûrement réfléchie, a été facile à prendre, concède celui qui souhaitait initialement s’arrêter après deux mandats. « En 2014, QS n’était pas assez solide. Mais depuis la fin 2017, l’organisation a démontré beaucoup de robustesse et d’agilité politique », avance-t-il en mettant de l’avant l’arrivée de nouveaux militants et de « cadres intermédiaires ». « Je voulais retourner à la médecine, c’est clair.Avec Françoise David, on ne voulait pas que le parti repose sur notre notoriété », dit-il.

Voyant l'élection de 10 députés solidaires et le poids politique atteint par son parti, a-t-il des regrets? Pas du tout, soutient l'exporte-parole, en assurant vouloir rester à son poste pour les prochaines années, tout en comptant « demeurer actif » au sein de QS en tant que « militant ». « Le système a investi beaucoup sur nous les médecins et je n'ai travaillé que 10 ans comme médecin à temps plein. Je dois rendre au minimum 10 à 15 ans de service », admet-il, avant d'évoquer son calendrier chargé. Le temps lui manque pour écrire un message à ces nouveaux élus, afin de leur dire qu’il reste joignable. « S'ils ont besoin de moi, je suis là, reconnaît-il. C'est tentant, mais je ne leur dirais pas de faire ceci ou cela. Il faut que leur dynamique s'installe ». De son côté, sa journée n'est pas terminée. Assis sur la chaise de son bureau, Amir Khadir désigne des boites entassées qui contiennent des dossiers à trier. Un médecin bien occupé.

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Politique provinciale

Laïcité: QS pourrait revoir sa position…

…et s’opposer à toute interdiction concernant le port de signes religieux Québec solidaire pourrait revoir sa position sur la laïcité et s’opposer finalement à toute interdiction concernant le port de signes religieux chez les figures de coercition identifiées par la Commission BouchardTaylor il y a 10 ans. À la demande d’associations de circonscription, Québec solidaire s’engage dans une réflexion interne à ce sujet, affirment certains medias. Cette réflexion devra déboucher sur une décision qui sera prise lors d’un Conseil national du parti qui se déroulera en mars et qui portera sur cette question qui ne cesse de faire débat et susciter des polémiques, ici et ailleurs. Les associations de circonscription de QS en question estiment que proposer d’interdire le port de signes religieux chez les juges, les policiers, les procureurs de la Couronne et les gardiens des centres de détention du Québec, comme le préconisait la Commission Bouchard-Taylor, va trop

loin et brime les droits et libertés de la personne. C’est pourtant la position officielle du parti depuis de nombreuses années. En 2013, la députée Françoise David, qui a quitté la vie politique depuis, avait présenté à l’Assemblée nationale un projet de loi au nom de son parti visant à interdire «le port de signes religieux chez les personnes qui exercent un pouvoir de coercition au nom de l’État (juges, policiers, procureurs, gardiens de prison)». Depuis, Québec solidaire a toujours présenté cette position comme un «compromis» susceptible de rallier les Québécois. Le désormais ex-gouvernement de Philippe Couillard a cependant toujours refusé d’aller jusque-là, tandis que le Parti québécois et la Coalition avenir Québec ont toujours préconisé d’aller plus loin — le parti de François Legault a ajouté à cette liste les enseignants des écoles primaires et secondaires du réseau public.

Attention! dit le député solidaire Andrés Fontecilla, responsable des dossiers d’immigration, d’interculturalisme (et de logement) au sein de son parti. Rien ne permet d’affirmer à ce stade-ci que la position du parti changera au terme de la réflexion et du débat qui s’amorcent. Mais c’est un fait qu’«on veut revisiter toute cette question», dit-il. COMPROMIS VACILLANT M. Fontecilla note que le «compromis» que véhicule son parti date maintenant de plusieurs années et confesse qu’«on n’est plus certain qu’il soit encore valable». «Certaines de nos associations considèrent que le rapport Bouchard-Taylor constitue une position discriminatoire qui empêche certaines minorités d’avoir accès à certaines fonctions liées à l’État. On va faire le débat pour voir ce que tous

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en pensent au sein du parti.» Il n’y a pas que «des associations» qui vacillent. Les 10 députés de Québec solidaire ne sont pas unanimes sur la question du port de signes religieux. Un autre interlocuteur de QS a tenu à faire remarquer au Soleil que l’un des deux auteurs du rapport Bouchard-Taylor, Charles Taylor, n’appuie lui-même plus les recommandations qu’il a faites en 2008. Stigmatisation Pour l’heure, Québec solidaire est toutefois unanime à

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pourfendre la volonté de la Coalition avenir Québec d’interdire le port de signes religieux chez les enseignants. «On craint une stigmatisation des femmes musulmanes portant le hijab, explique Andrés Fontecilla. Cela nous paraît inacceptable et mauvais pour le climat social d’aller dans cette direction.» «On est très préoccupés par cette volonté du gouvernement Legault, qui reviendrait à interdire à ces femmes le droit au travail. Nous allons nous opposer à toute tentative de discriminer qui que ce soit.»


Politique Municipale

Budget 2019 de Montréal

Les taxes grimpent de 1,7 %

Un allègement fiscal au profit des petits commerçants Le premier « vrai » budget Plante-Dorais limitera la hausse des taxes résidentielles au taux d'inflation de 1,7 % et il comprendra un important changement fiscal en faveur des petits commerçants, réclamé depuis longtemps dans le milieu des affaires.

rait même inclure de nouveaux éléments relativement aux priorités de l’administration, soit les infrastructures et le transport en commun.

UNE FOIS N’EST PAS COUTUME…

Objectif : montrer patte blanche et permettre aux Montréalais de mieux comprendre comment leur argent est investi dans les différents services municipaux.

L’administration Plante respecte cette fois-ci sa promesse de ne pas hausser les taxes au-delà de l’inflation. Selon les projections du Conference Board, ce taux s’établit à 1,72 % pour Montréal en 2019. Pour éviter toute confusion sur la compréhension de la hausse, le budget sera présenté différemment. En janvier dernier, l’administration Plante avait soutenu avoir respecté sa promesse de limiter la hausse au taux d’inflation en excluant les augmentations liées à certains services (taxe d’eau). Ce manque de pédagogie avait valu à la mairesse une pluie de critiques. Cette fois, le montant global de la hausse de 1,7 % sera présenté de façon à inclure les taxes de service (eau, voirie, etc.) ainsi que les taxes d’arrondissement. Un examen détaillé pour-

«PRO-ÉCONOMIE ET PROENVIRONNEMENT»

La mairesse a insisté sur le fait qu’il s’agira du premier « vrai » budget Plante-Dorais, qu’elle décrit comme « pro-économie et pro-environnement ». « J'ai très hâte de vous le présenter. J'ai hâte, parce que c'est notre budget, c'est le premier budget de notre administration. Celui de l'année dernière […] c'était plutôt un budget de transition », a expliqué Valérie Plante. MESURES AU PROFIT DES PETITS COMMERÇANTS Parmi l’une des plus importantes mesures de ce budget, Radio-Canada a appris que les petits commerçants bénéficieront d’un allègement substantiel

de leur fardeau fiscal. En août 2016, le rapport du Comité sur la fiscalité non résidentielle et le développement économique de la Ville recommandait qu’une « attention particulière » soit « accordée aux petits commerces de quartier ». Si les auteurs suggéraient de maintenir la limitation de la hausse de taxe au secteur non résidentiel (1 % à l’époque, soit deux fois moins que le secteur résidentiel), ils proposaient aussi de s’inspirer de Toronto pour imposer un taux moins élevé aux petits commerçants.

Le comité de travail, présidé par Anne-Marie Hubert, conseillait d’appliquer un taux réduit pour les premiers 500 000 $ d’évaluation, à l’instar de la Ville Reine qui l’applique pour la première tranche d’un million de dollars.

tatif sur le « Plan commerce » réitérait l’importance d’implanter ce système, cette fois en vertu des nouveaux pouvoirs conférés par Québec aux villes, désormais reconnues comme des gouvernements de « proximité ».

Selon ce rapport, 60 % des immeubles commerciaux de Montréal ont une valeur inférieure à 500 000 $.

Selon certaines sources, l’administration Plante entreprendra ce changement de taxation en vertu du seuil de 500 000 $ qui fait pratiquement l'unanimité dans le milieu des affaires. Une mesure favorisant le commerce de détail tout en ayant un impact ciblé sur les plus petits commerces.

À l'époque, la législation québécoise empêchait toutefois l’administration Coderre de mettre cette mesure en place. Mais en juin dernier, le rapport du Comité consul-

Les Montréalais pourront dorénavant payer leur impôt foncier en onze mensualités La nouvelle est passée quelque peu inaperçue lors du dévoilement du budget 2019 de la Ville de Montréal.

sident du comité exécutif de la Ville de Montréal, Benoit Dorais, dit s'être inspiré.

La modification était pourtant demandée depuis longtemps par plusieurs propriétaires de résidence, qui n'avaient jusqu'à maintenant que deux choix : payer la totalité de leur impôt foncier pour le 1er mars ou le faire en deux versements égaux, avant le 1er mars et le 1er juin.

Mais cette façon de faire existe aussi auprès de certains services gouvernementaux comme la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ), a souligné la Ville de Montréal dans un courriel transmis à Radio-Canada en fin de journée.

À partir de 2019, toutefois, il sera possible de payer ses taxes en 6 ou même 11 versements, comme c'est déjà le cas à Québec, où un taux d'intérêt annuel de 4,03 % est imposé aux propriétaires. C'est d'ailleurs de Québec que le pré-

Les Montréalais, a-t-elle aussi assuré, « n'auront pas à communiquer avec la Ville pour établir les modalités [puisque] toute l'information sera inscrite sur le compte de taxes ». En réagissant au budget, jeudi aprèsmidi, le chef de l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville, Lionel Perez, avait

raillé cette annonce, affirmant notamment que le Service des finances lui avait assuré le jour même qu'il était déjà possible pour les Montréalais d'étaler leurs paiements sur plusieurs mois − ce que confirme la Ville de Montréal, à quelques nuances près. « Auparavant, un propriétaire qui peinait à payer ses taxes selon les échéances devait communiquer avec la Ville pour faire une entente particulière », a expliqué le porte-parole Gonzalo Nunez. Actuellement, « tout versement fait après la date limite entraîne des frais, calculés de jour en jour, aux taux mensuels d'intérêt de 0,8333 % et de pénalité de 0,41 % », a-t-il ajouté. «

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Le total de ces frais représente 4,32 % du capital pour un paiement étalé sur 11 mois consécutifs. » Dans un premier temps, l'étalement des versements sur 6 ou 11 versements ne sera permis qu'aux seuls propriétaires de résidence, et non pas aux commerçants − une disparité de traitement dénoncée par M. Perez. Mais la mairesse Plante souhaite étendre la mesure aux taxes non résidentielles rapidement. « Nous, on veut faire exactement la même chose, a-t-elle assuré en entrevue avec Patrice Roy au Téléjournal 18h. C'est ça l'idée. C'est de pouvoir faciliter le paiement pour tout le monde, parce qu'on sait que ça peut être lourd, dépendamment des différ-

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entes charges que l'on a. » Pour 2019, l'option des 11 versements s'étalera du 1er mars 2019 au 1er janvier 2020, soit : Versement 1 : mars 2019 Versement 2 : avril 2019 Versement 3 : mai 2019 Versement 4 : juin 2019 Versement 5 : juillet 2019 Versement 6 : août 2019 Versement 7 : septembre 2019 Versement 8 : octobre 2019 Versement 9 : novembre 2019 Versement 10 : décembre 2019 Versement 11 : au 1er janvier 2020 Source: Ville de Montréal


Politique Municipale

Budget 2019 de Montréal

«Une augmentation ``déraisonnable`` des dépenses» estime l'opposition Sans surprise, le deuxième budget de Projet Montréal déplaît à ses adversaires au conseil municipal.

En point de presse, les représentants d'Ensemble Montréal – le parti qui forme l'opposition officielle à l'Hôtel de Ville − ont accusé l'administration Plante-Dorais d'être « incapable de limiter ses dépenses ». Lionel Perez, chef par intérim de la formation, et son responsable des finances, Alan DeSousa, estiment que si l'on additionne l'augmentation de 4,3 % des dépenses prévues pour 2019 à celle de 5,2 % du budget de 2018, « on arrive à une croissance de 9,5 % sur deux ans », un chiffre qu'ils qualifient d'« astronomique ». Surtout que, selon eux, « l'incapacité de l'administration à limiter ses dépenses a une conséquence désastreuse sur la gestion de la dette ». C'est qu'en raison de l’augmentation de la cadence des travaux réalisés en infrastructures (eau, voirie, etc.), la Ville prévoit un taux d’endettement de 112 % en 2019. Or, la Politique de gestion de la dette de Montréal l'oblige à limiter ce taux à 100 %. M. Perez s'inquiète. « Mme Plante et M. Dorais font exploser la dette à un niveau record », a-t-il déploré, soulignant que c'est la deuxième fois en deux ans que l'administration prévoit dépasser le seuil de 100 %. «On est en train d’utiliser la carte de crédit» dit Lionel Perez, chef de l'opposition officielle « Montréal vit un véritable boom économique », reconnaît M. DeSousa, mais la Ville ne devrait pas pour autant céder à l'envie de se

servir de ses nouveaux revenus pour augmenter ses dépenses; elle devrait plutôt « engranger les revenus pour l'avenir », selon lui. D’AUTRES CRITIQUES ENCORE… Ensemble Montréal dénonce aussi l'augmentation de la charge fiscale des résidents montréalais, qui grimpera de 1,7 % en 2019. Comme cette hausse était deux fois plus élevée en 2018 (3,3 %), le parti aurait souhaité que celle de cette année se limite à 1 %. S'il se réjouit de la réforme fiscale qui prévoit l'application de taux différenciés à la première tranche d’évaluation de 500 000 $ des unités commerciales, M. DeSousa regrette que les sommes prévues pour aider ceux qui ont pâti des chantiers depuis 2016 dépassent à peine la barre des 5 millions de dollars. Enfin, l'opposition officielle s'interroge sur la création d'une nouvelle taxe dédiée au financement de l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Elle a demandé des éclaircissements à la Ville afin de savoir si la contribution à l'ARTM − désormais obligatoire pour les 82 municipales de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ainsi que pour Saint-Jérôme − doit absolument passer par la création d'une telle taxe. … MAIS DES VILLES LIÉES SATISFAITES Du côté des 15 municipalités défusionnées de l'île de Montréal − regroupées au sein de l’Association des municipalités de banlieue (AMB) −, elles « reconnaissent les efforts de l’administration PlanteDorais dans les préparatifs budgétaires [...] afin de limiter les hausses

pour leurs contribuables ». Ses 15 maires se réjouissent en outre que la hausse des quotes-parts des villes liées ait été limitée à 2 % en moyenne, alors qu'elle avait atteint 5,3 % en 2018 − une augmentation largement décriée dans les mois qui avaient suivi, sans résultat. « Cette année, l’administration de Montréal a grandement amélioré la transmission de l’information avec les villes liées », a admis Beny Masella, maire de Montréal-Ouest et président de l'AMB. « Cela nous a permis de suivre l’évolution du budget au fil des mois », a-t-il indiqué, précisant que l’adoption du budget un mois plus tôt qu’à l’habitude, en novembre plutôt qu’en décembre, avait permis aux municipalités d’en intégrer les éléments de manière plus ordonnée. AUTRES RÉACTIONS «On disait à la Ville depuis des années : "Les petits commerçants souffrent, les artères commerciales souffrent" [...] La Ville a entendu, et la Ville agit cette année» a déclaré Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du

Montréal métropolitain (CCMM). Quand à Billy Walsh, président de l’Association des Sociétés de développement commercial de Montréal (ASDCM) « Ce budget est un premier pas dans la bonne direction afin d’aider les commerçants situés sur les artères commerciales de Montréal » . « On sent une administration qui est à l'écoute, qui a complètement changé de perspective, qui donne enfin un répit aux petits commerçants. Maintenant, le défi, c'est de s'attaquer à la situation du développement économique du centreville» estime pour sa part André Boisclair, PDG de l'Institut de développement urbain du Québec (IDU). Enfin, pour Marvin Rotrand, conseiller indépendant de Snowdon et doyen du conseil municipal : « Bizarrement, tout le monde à Projet Montréal semble penser que [le budget] est super. Tout le monde à Ensemble Montréal semble penser qu'il est terrible. Hmm. Je me demande bien comment son étude en commission pourra mener à des modifications.».

La Société de transport de Montréal sonde les utilisateurs de ses autobus

Afin de préparer la réorganisation de son réseau d'autobus, la Société de transport de Montréal (STM) entreprend une consultation de la population.

Dans un premier temps, les utilisateurs des autobus peuvent remplir un sondage en ligne dans lequel ils sont interrogés sur leur trajet le plus fréquent et sur leurs préférences advenant des changements à ce trajet. Le sondage sera accessible sur le web jusqu’au 25 novembre. Puis, en

2019, la STM organisera des consultations publiques dans différents secteurs. La société de transport veut revoir l’ensemble de ses circuits pour préparer entre autres l’arrivée en 2020 de 300 autobus supplémentaires, des véhicules hybrides qui composeront près de 15 % de sa flotte. « Qu'est-ce qu'on veut comme réseau? Est-ce qu'on veut des bus qui passent plus souvent, même si

l'arrêt est un peu plus loin, ou des bus qui passent devant chez soi, mais qui passent moins souvent. C'est un peu ça, le fond de la démarche, le tout en tenant compte qu'on aura plus de bus dans le réseau », mentionne le président de la STM, Philippe Schnobb.

Plus précisément, le sondage vise à évaluer quatre paramètres et leur importance relative pour la population : durée des trajets, fréquences de passage, distances de marche et

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correspondances.

La STM veut notamment s’ajuster à la mise en place de nouveaux projets de transport collectif, comme le service rapide par bus sur le boulevard Pie-IX, le prolongement de la ligne bleue du métro et le Réseau express métropolitain (REM).

ple, explique Philippe Schnobb. Évidemment, dans ces secteurs-là on va bonifier le réseau, naturellement, à cause de l'arrivée du REM. Donc ça fait partie de la stratégie. La même chose avec la ligne bleue, ça va changer la façon de se déplacer en bus dans l'est de l'île. »

« Les bus vont se rabattre au REM plutôt que d'avoir à parcourir plusieurs kilomètres pour aller jusqu'au métro, jusqu'à Côte-Vertu, par exem-

Le réaménagement du réseau d’autobus s’étalera de 2020 à 2026.

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Pour mémoire

Il y a 100 ans plus tard, la fin de la Première Guerre mondiale

Un traumatisme qui continue de hanter l’humanité…

Le 11 novembre 2018 marque le centième anniversaire de la signature de l'Armistice ayant mis fin à la Première Guerre mondiale. Une guerre encore gravée dans les esprits : quelque 10 millions de militaires morts, presque autant de civils, des combats sanglants et des conséquences qui se font sentir encore aujourd'hui. C'était aussi la première guerre à mobiliser autant de pays. Ceux de l'Europe d’abord, mais également leurs alliés ailleurs dans le monde, ainsi que leurs colonies. DES MILLIONS D’INDIVIDUS ENRÔLÉS « Des millions d’individus sont enrôlés », rappelle Martin Laberge, professeur d’histoire au Département des sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais. «En France et en Allemagne, c’est 80 % de la population masculine en âge de porter les armes qui est recrutée» dit M. Laberge. « On a une extension du conflit sans commune mesure avec ce qu’on a connu auparavant », ajoute Carl Bouchard, professeur au Département d’histoire de l’Université de Montréal. « D’une part, il n’y a jamais eu autant d’États et de nations qui ont participé à une guerre, d’autre part, les empires qui y participent s’étendent sur l’ensemble de la planète, enfin, les zones de combat sont extrêmement vastes et débordent du continent européen. » Une guerre mondiale donc, se déroulant en grande partie dans le nord-est de la France, mais aussi dans les Alpes, dans les Balkans, en Afrique et au Moyen-Orient.

Le Canada, tout comme les autres dominions britanniques (l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud), n’est pas intervenu comme État indépendant, mais plutôt en tant que sujet de la GrandeBretagne. La déclaration de guerre de cette dernière le liait inexorablement, rappelle M. Bouchard. «On n’était pas en contrôle de notre politique étrangère. À partir du moment où le Royaume-Uni est entré en guerre, le Canada est entré automatiquement en guerre lui aussi» rappelle-t-il. DES CHANGEMENTS SOCIAUX AU CANADA Le Canada était encore très britannique au début du 20e siècle. Il recevait des dizaines de milliers d’immigrants du RoyaumeUni annuellement, rappelle Serge Durflinger, professeur d’histoire à l’Université d’Ottawa. Très attachés à leur mère patrie, ces nouveaux immigrants étaient disposés à se battre pour elle ou à payer pour sa défense. Lors du recensement de 1911, un peu plus de la moitié de la population avait déclaré des origines britanniques, dont environ 11 % de personnes nées en Angleterre, en Irlande, en Écosse ou dans d’autres possessions britanniques. Dans l’Ouest cependant, on trouvait aussi des dizaines de milliers d’immigrants allemands et russes, qui, tout comme les francophones dans l’Est, n’avaient aucune attache sentimentale envers l’empire, précise M. Durflinger. La guerre a donc créé beaucoup de divisions au pays

entre ceux qui se sentaient interpellés et ceux qui pensaient que le conflit ne les concernait pas. La décision du gouvernement fédéral de conscrire les hommes pour le service militaire, en 1917, puisque le recrutement volontaire ne suffisait pas, a entraîné de violents débats, ainsi que des émeutes, et marqué la vie politique au pays pour de nombreuses années. «La guerre a été un point tournant pour notre participation continue comme colonie au sein de l’empire» dit-il avant de poursuivre «À la fin de la guerre, on entend deux discours différents, mais qui mènent cependant à la même conclusion : l’indépendance s’impose». Certains soutiennent que le Canada, par son sacrifice et sa victoire aux côtés des Alliés, mérite d’être reconnu comme une nation souveraine. D'autres estiment que les Canadiens auraient dû devoir prendre par euxmêmes la décision de participer à la guerre plutôt que d'y être entraînés par leur appartenance à l'Empire bri-

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tannique. Ce n’est cependant pas avant l’adoption du statut de Westminster, en 1931, que le Canada obtient l'indépendance. LE LENT DÉBUT DE LA DÉCOLONISATION À la suite du conflit, plusieurs colonies en sont arrivées au même constat et revendiquent, elles aussi, le droit de se gouverner. D’autant plus qu’on a fait miroiter aux peuples colonisés la possibilité d’une certaine autonomie en échange de leur implication dans la guerre. « C’est un peu le premier pas de la décolonisation », croit Carl Bouchard. L’idée du droit à l’autodétermination commence à faire son chemin, en partie grâce aux bolcheviks, qui le proclament après la révolution de 1917, et au président américain Woodrow Wilson, qui l’inclut dans ses Quatorze Points, la base de la feuille de route des négociations de

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l’après-guerre, soutient Carl Bouchard. Mais, il y a loin de la parole aux actes. « Les nationalistes, dans les nations colonisées, vont être déçus par les traités de paix conclus après la guerre, en s'apercevant que finalement les choses ne changent pas », précise M. Bouchard. C’est notamment le cas du leader vietnamien Ho Chi Minh, qui avait fait des demandes pour une reconnaissance de l’autonomie du peuple vietnamien et la création d’un gouvernement indépendant lors de la conférence de paix qui a mené au traité de Versailles, en 1919. Ses revendications ont alors été ignorées. La déception a également été vive en Inde, où les espoirs d’obtenir une autonomie accrue après la guerre ont rapidement été déçus, alors que les Britanniques, au contraire, ont intensifié la répression. «Ils s'aperçoivent que l'autodétermination, ça Suite à la page 11


Pour mémoire

Il y a 100 ans plus tard, la fin de la Première Guerre mondiale

Un traumatisme qui continue de hanter l’humanité… Suite de la page 10

marche juste pour les Européens, notamment pour les peuples qui faisaient partie de l’empire austrohongrois. Il n’y a aucune colonie de la France ou de la Grande-Bretagne qui disparaît après la guerre» explique M.Bouchard. Cela va radicaliser le discours anticolonial, croit-il, qui ne trouvera son aboutissement qu'après la Deuxième Guerre mondiale. LA RECONFIGURATION DES FRONTIÈRES Pour les peuples européens, toutefois, l’implosion des empires russe, austrohongrois, allemand et ottoman permettra la survenue de nouvelles nations. « On a critiqué les décideurs, à la suite des traités

de paix, pour avoir reconfiguré la carte de l’Europe, souligne Martin Laberge. Mais, dès l’automne 1918, les blocs ont déjà émergé et les décideurs sont coincés avec ces États qui réclament leur autonomie. »

Bretagne. « C’est une poursuite de l’impérialisme », croit M. Bouchard.

On voit ainsi renaître la Pologne, tandis qu’apparaissent la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Roumanie, mais aussi la Finlande et les pays baltes.

« Au Proche-Orient, les frontières qu’on a tracées en 1919 sont encore les lignes de tension aujourd’hui, 100 ans plus tard », poursuit M. Bouchard.

En Afrique, par contre, le démantèlement des empires allemand et ottoman n’entraîne pas l’indépendance des pays concernés, mais plutôt la création de nouveaux mandats coloniaux. Les anciennes colonies allemandes sont maintenant administrées par la France, la Belgique et la Grande-

Ailleurs aussi, les décisions prises après le conflit ont toujours des impacts aujourd'hui.

«UNE GUERRE CATASTROPHIQUE» Maintenant que les vétérans de la Grande Guerre sont morts, ne risque-t-elle pas de sombrer dans l’oubli? C’est peu probable, croit l’historien Carl Bouchard, dans la mesure où elle a vraiment représenté une rupture avec le passé. « Jamais on n’avait connu

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de telles pertes », affirme-til. Après la guerre, les États ont décidé d'établir un ensemble de pratiques pour s’assurer qu’on ne l’oublie jamais. On trouve ainsi des monuments aux morts dans bien des villes et villages d’où étaient originaires les combattants. L’idée de ces monuments collectifs naît d’ailleurs avec cette guerre, afin d’essayer de mettre en lumière l’ampleur en vies humaines du sacrifice. C’est aussi après 1918 que commence la tradition de la tombe du Soldat inconnu, symbolisant tous les morts dont les restes n’ont pas été identifiés. Enfin, les champs de bataille, préservés dans le nord de la France, per-

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mettent de conserver le souvenir vivant. « La Première Guerre mondiale a une dimension mémorielle et physique que n’ont pas les autres guerres », estime M. Bouchard. C’est aussi à la suite de cette guerre « catastrophique » que les États ont décidé « d’éliminer la guerre comme outil de régulation des relations internationales », croit pour sa part Martin Laberge. Leur souhait est d’utiliser plutôt le droit international et la négociation, ce qui a conduit à une certaine stabilisation et à un esprit de coopération européen. Un système qui volera cependant en éclats en 1939.


Carrières

Les 20 emplois en demande au Canada Le marché du travail est rempli de défis, mais un certain nombre de secteurs d’activité au Canada croissent trop vite pour que suffisamment de main-d’œuvre soit formée, ce qui crée une demande pour des gens ayant un éventail de compétences. Voici 20 emplois de plus en plus recherchés au pays, ainsi que des renseignements sur l’endroit où ils se trouvent. 1- Ingénieur logiciel L’avenir repose carrément sur les logiciels. Qu’il s’agisse de la toute nouvelle application de l’heure sur votre téléphone ou de la façon de gérer les dossiers de santé, le monde dépend des logiciels et il faut des gens pour en concevoir. Heureusement, nous avons maintenant plus de ressources que jamais, donc si vous n’avez jamais fait de codage, vous pouvez toujours apprendre comment en faire depuis le début.

changeants étant donné que les entreprises cherchent continuellement des façons de se démarquer de leurs concurrents. 4- Directeur de projet d’ingénierie À mesure que le gouvernement investit dans les infrastructures et que le marché de l’immobilier connaît un essor, les directeurs de projet d’ingénierie sont en grande demande pour veiller au bon déroulement des projets de construction. Ce poste exige souvent des études complémentaires à un diplôme d’ingénieur,

fessionnels, les comptables amènent une stabilité considérablement importante à toute entreprise soucieuse de bien gérer ses chiffres. L’obtention d’un titre de CPA peut également mener à un salaire impressionnant. 7- Gestionnaire de projet de TI Les gestionnaires de projet de TI sont en forte demande étant donné leur connaissance du monde des technologies. Les gestionnaires de projet de TI utilisent une combinaison d’habiletés dans le domaine technique et le domaine des affaires.

10- Électricien industriel La demande en électriciens industriels est élevée et le nombre de travailleurs employables est à peine suffisant. Les salaires varient pour ce type d’emploi, mais les occasions les plus lucratives se situent habituellement en Ontario.

2- Gestionnaire de compte Les gestionnaires de compte établissent et maintiennent des relations avec les clients. Même si leurs salaires ne sont pas des plus élevés, les commissions qu’ils reçoivent compensent bien souvent. 3- Professionnel des services-conseils en gestion aux entreprises La plupart des entreprises n’ont pas peur de demander de l’aide, et lorsque le nombre de conseillers ne suffit pas pour répondre à la demande future, c’est une belle occasion pour les gens qui se dirigent dans ce domaine. Ce type d’emploi est particulièrement populaire auprès de ceux qui aiment travailler dans des environnements

de croître. Même si une formation est requise pour ce type d’emploi, les chauffeurs sont essentiels dans tout le pays, et le salaire peut être très intéressant si vous êtes prêt à faire plus de route ou à déménager dans une autre province.

mais il est en grande demande à mesure que les villes canadiennes continuent de se développer. 5- Ingénieur aérospatial Un autre type d’emploi qui fera l’objet d’une pénurie de main-d’œuvre dans les années à venir : ingénieur aérospatial. Ces gens conçoivent pratiquement tout ce qui vole, notamment des avions, des fusées, des satellites et des missiles. Les salaires offerts aux ingénieurs en aérospatiale sont plutôt compétitifs. 6- Comptable Un domaine des plus classiques qui a toujours besoin de gens. Et contrairement à d’autres pro-

8- Représentant commercial

11- Pilote d’avion

transport aérien au Canada connaît une croissance de 3,6 % chaque année selon Transports Canada, ce qui signifie qu’il faudra beaucoup de pilotes pour pourvoir tous les postes vacants dans les années à venir. 12- Soudeur La pénurie de soudeurs au Canada est documentée depuis seulement 2013; il semble que de moins en moins de programmes sont offerts aux étudiants. Les soudeurs travaillent majoritairement dans les ateliers et sur les chantiers de construction. Et qui dit pénurie dit aussi augmentation en flèche du salaire des soudeurs.

Considéré comme le deuxième type d’emploi le plus recherché dans tout le Canada par Randstad, le représentant commercial vend des produits et des services à des clients. C’est un travail difficile, où le rejet et la pression sont omniprésents, mais qui peut être très gratifiant à long terme. Et vous n’aurez certainement pas de difficulté à trouver des offres d’emploi. 9- Chauffeur de camion Ces travailleurs méconnus sont également de plus en plus recherchés à mesure que le transport de marchandises continue

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Le Canada observe actuellement une pénurie de pilotes, ce qui rend les offres d’emploi encore plus alléchantes. Le

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13- Opticien d’ordonnance Une population vieillisSuite à la page 13


Carrières

Les 20 emplois en demande au Canada Suite de la page 12

sante et l’utilisation d’écrans électroniques signifient que les problèmes de vue sont plus fréquents qu’avant, et la demande en opticiens augmente. L’Ouest canadien en particulier a besoin de plus d’opticiens pour répondre à la demande. 14- Pharmacien Selon l’Association des pharmaciens du Canada, il y a une pénurie de pharmaciens dans l’ensemble du pays. Un des grands avantages à devenir pharmacien est la grande variété de milieux de travail, des pharmacies aux hôpitaux en passant par les entreprises pharmaceutiques. Vous pouvez même ouvrir votre propre pharmacie. 15- Infirmier Le Canada est en plein

cœur d’une pénurie de personnel infirmier, à un point tel que l’on craint une pénurie de 60 000 infirmiers autorisés à temps plein au Canada d’ici 2022. Les infirmiers offrent des soins dans une multitude de domaines. 16- Recruteur Ironiquement, les gens qui font du recrutement sont eux-mêmes en demande. La plupart des emplois en ressources humaines se trouvent à Toronto, Edmonton et Québec, et à mesure que les entreprises croissent, elles auront certainement besoin de recruteurs qualifiés pour s’assurer de trouver la meilleure personne pour chaque nouveau poste. 17- Assembleur Après une dure décennie, le secteur manufacturier canadien semble prêt à

croître. Dans ce contexte, il faut des travailleurs pour assembler les nombreux produits qui sont fabriqués. De nombreux nouveaux emplois d’assembleur semblent liés aux technologies (les opérateurs de machinerie lourde sont en demande), donc les compétences dans ce domaine deviendront de plus en plus vitales. 18- Réceptionniste

struction

En tant que premier point de contact dans la plupart des entreprises, les réceptionnistes de talent sont très souvent nécessaires. Un poste de réceptionniste peut être un bon tremplin dans une carrière ou être une carrière en soi parce qu’il offre un beau degré de souplesse à ceux qui se questionnent encore sur leur prochaine étape.

Le nombre de chercheurs d’emploi ne devrait pas augmenter pour répondre à la demande en estimateurs de construction d’ici 2024. Les estimateurs en construction sont très utiles pour les entreprises qui souhaitent établir les coûts d’un projet potentiel.

19- Estimateur en con-

20- Technicien vétérinaire ou technologue en santé animale

C’est un travail tout indiqué pour les amoureux des animaux, qui connaîtra une légère pénurie dans les années à venir. Ce domaine offre de nombreuses possibilités de spécialisation, ce qui permet aux techniciens de se concentrer sur la chirurgie, les soins dentaires, l’alimentation et une multitude d’autres aspects touchant la santé animale.

Entreprises L’état de l’industrie aérospatiale québécoise n’est pas ce qu’il paraît…

On pourrait être porté à voir dans les mises à pied et les ventes d’activités récemment annoncées par Bombardier une « catastrophe » pour les employés directement touchés, le signe d’un secteur aéronautique québécois en déclin et la preuve que les gouvernements n’auraient jamais dû mettre de l’argent public dans cette galère. On aurait trois fois tort. Il est compréhensible qu’après l’annonce, par la multinationale montréalaise, de la mise à pied de 5000 de ses 70 000 employés dans le monde, dont 2500 sur les 15 000 qu’elle compte au Québec seulement, on s’en fasse d’abord pour les travailleurs qui apprendront, quelque part au cours des 18 prochains mois, qu’ils ont perdu leur emploi.

La nouvelle est d’autant plus troublante qu’elle a été présentée comme un autre « solide progrès dans l’exécution d’un plan de redressement » par des dirigeants qui, non seulement n’ont rien à craindre pour leur propre emploi, mais se sont partagé à cinq 40 millions en rémunération l’an dernier.

Mais qu’on se rassure, les travailleurs touchés ne resteront pas longtemps au chômage, disent les observateurs.

Croulant sous les contrats, les entreprises du secteur sont forcées d’en refuser faute de têtes et de bras, rapportent-ils. « Ma plus grande crainte aujourd’hui est que les jeunes et leurs parents retiennent qu’il n’y a pas d’avenir dans l’industrie aéronautique alors que la réalité est exactement le contraire et que notre problème est le manque de main-d’oeuvre », a déclaré Suzanne Benoît, p.-d.g. d’Aéro Montréal, la grappe industrielle du secteur au Québec. De saignée à transfusion Probablement issus principalement des équipes de conception et de développement des avions commerciaux CSeries et des avions d’affaires Global désormais rendus à l’étape de production, les travailleurs de Bombardier bientôt mis à pied disposeront d’une expertise qui serait précieuse dans les quelque 200 autres entreprises québécoises de ce secteur, qui tirent souvent de la patte en

matière d’innovation, estime l’expert de l’UQAM Mehran Ebrahimi.

Ce qui est présenté comme une saignée chez Bombardier pourrait ainsi se révéler, en fait, une transfusion de sang frais dans ces autres compagnies qui font affaire, non seulement avec Bombardier, mais aussi avec les autres grands de l’industrie, comme Airbus et Boeing, mais aussi CAE, Pratt Whitney, Bell Helicopter, Héroux-Devtek ou CMC Electronics au Québec. Quant à Bombardier, il est difficile de se défaire de l’impression que celui qui s’est longtemps vanté d’être le troisième fabricant aéronautique au monde est en train aujourd’hui d’organiser sa sortie, à tout le moins du secteur des avions commerciaux. On a annoncé recemment la vente de la production de ses avions à hélices Q400 et Dash 8 et on dit réfléchir à l’avenir des fameux jets régionaux qui ont fait sa gloire dans le passé, mais qui ne se vendent presque plus dans un marché où la concurrence est de plus en plus nombreuse et féroce.

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Quant à la fameuse CSeries, dont les coûts de développement l’ont amené au bord de la faillite et qui a été rebaptisée A220 quand on en a donné un peu plus de la moitié des actions à Airbus, personne ne serait surpris d’apprendre, dans un plus ou moins proche avenir, que le géant européen rachète toute l’affaire à Bombardier (33,6 % des actions) et au gouvernement du Québec (16,4 %). Bombardier aboutirait ainsi là où il a commencé en aéronautique dans les années 1980, c’est-à-dire dans les avions d’affaires, qui ont rapporté 1 milliard à la compagnie au dernier trimestre, contre 2 milliards pour les trains et autres métros et moins de 260 millions pour les avions commerciaux. Les règles du jeu Les gouvernements ont-ils eu tort alors d’apporter de l’aide financière à Bombardier ? Tous les pays qui ont une industrie aérospatiale apportent à celle-ci une telle aide, souvent plus généreuse, martèlent les experts. « Même le Maroc donne plus en pro-

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portion », observe Mehran Ebrahimi. Au Québec, le secteur représente plus de 40 000 emplois, bien payés, dans un secteur technologique, et des ventes annuelles de 14 milliards, dont 80 % à l’étranger. Une aide d’urgence comme le milliard de dollars américains que Québec a investis en catastrophe pour sauver la CSeries n’est évidemment pas l’idéal toutefois. L’expert de l’UQAM préférerait, par exemple, qu’on choisisse des domaines où le Québec se démarque particulièrement, comme les matériaux, les systèmes électroniques, les trains d’atterrissage ou encore l’intelligence artificielle. Cette aide pourrait passer principalement par le financement de centres de recherche et leur maillage avec les entreprises. « Contrairement à ce que la nouvelle d’aujourd’hui pourrait laisser croire, le secteur québécois se révèle très bien placé. »


Argent

Trop-perçu de 350 $ par client

Hydro ne nous remboursera pas! Le gouvernement de la CAQ ferme la porte à redistribuer des trop-perçus de 1,4 milliard $ aux clients d’HydroQuébec après en avoir réclamé le remboursement dans l’opposition. «Malheureusement, dans ce cas-ci, nous ne pourrons corriger les injustices qui ont été faites sous les libéraux», a déclaré une porte-parole du bureau du premier ministre, Nadia Talbot. Dans l’opposition, il y a à peine quelques mois, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait pourtant réclamé farouchement un remboursement des trop-perçus aux clients de la société d’État. Des calculs effectués par la CAQ démontraient qu’entre 2008 et 2016, les Québécois avaient payé 1,4 milliard $ de plus que ce qu’ils auraient dû sur leur facture d’électricité, soit environ 350 $ par client. Patrice Delisle, de Québec, est déjà déçu du nouveau gouvernement québécois. Il affirme ne pas être surpris du revirement du parti de François Legault. «Je suis travailleur autonome et si je facture par erreur le double à mon client, je vais lui rembourser ce

que je lui dois, sinon ça s’appelle un vol», illustret-il.

En 2017, une pétition de l’Assemblée nationale de plus de 48 000 noms exigeant le remboursement avait même été menée et déposée par la députée de CAQ, Chantale Soucy, au bureau du ministre libéral responsable d’Hydro-Québec, Pierre Arcand. 50 % DES TROPPERÇUS La Régie de l’énergie avait tenté, en 2014, de mettre en place un mécanisme pour mieux partager les trop-perçus chez les clients d’Hydro-Québec. Or, le gouvernement Couillard avait imposé un décret retardant la mise en œuvre de ce partage après l’atteinte de l’équilibre budgétaire. Le gouvernement libéral a par la suite fermé la porte à tout remboursement éventuel aux clients de la société d’État. Hydro-Québec a décidé de remettre à partir de cette année 50 % des trop-perçus annuels à sa clientèle. Selon la porte-parole du

gouvernement, «le premier ministre s’est déjà engagé à remettre rapidement de l’argent dans le portefeuille des Québécois et à ne pas hausser les tarifs d’électricité plus haut que l’inflation». RECOURS COLLECTIF Une demande de recours collectif a été déposée il y a un an au Palais de justice de Montréal. La Coalition Peuple allumé réclame un remboursement de 1,2 milliard $ des trop-perçus aux clients de la société d’État.

Si tout va comme prévu, une audience est déjà prévue pour le printemps prochain afin d’entendre la demande menée par le cabinet d’avocats Archer de Granby. «Ça ne peut que me décevoir», dit le président de la Coalition Peuple allumé, Freddy Molima. Ce dernier estime que si les contribuables ne reçoivent pas un montant directement d’Hydro-Québec, il aimerait voir les factures diminuer et les augmentations cesser.

«C’est maintenant une habitude : chaque année, HydroQuébec nous parle d’augmentation», déplore-til. Chez Hydro-Québec, on entend contester vigoureusement cette demande de recours collectif devant les tribunaux. «Hydro-Québec fera valoir ses arguments», a indiqué un porte-parole de la société d’État, Louis-Olivier Batty.

Taxe sur les services numériques

Le Royaume Uni va imposer les GAFA Le Royaume-Uni pourrait devenir la première grande économie du monde à taxer les géants de l'internet, au moment où les négociations européennes et mondiales traînent en longueur pour imposer les "Gafa" (Google, Amazon, Facebook et Apple). L'austère ministre des Finances britannique, Philip Hammond, a peu l'habitude de secouer le cocotier. Conservateur convaincu, il ne jure habituellement que par la réduction d'impôt et accueille toujours les entreprises à bras ouverts. Mais ce mois-ci, il a frappé les esprits en annonçant au Parlement une "taxe sur les services numériques" à la fin d'un discours budgétaire fleuve. "Un accord international est la meilleure solution à long terme. Mais les progrès sont incroyablement lents et nous ne pouvons perdre trop de temps en palabres. Nous allons donc lancer une taxe sur les services numériques au Royaume-Uni", a-t-il lancé sous les

vivats des députés. Il s'agira d'une taxe de 2% sur certains services numériques bien identifiés: "moteurs de recherche, réseaux sociaux et galeries marchandes en ligne", d'après le Trésor. Elle ne s'appliquera qu'aux entreprises générant plus de 500 millions de livres de chiffre d'affaires annuel (560 millions d'euros). Lancée en avril 2020, cette taxe pourrait rapporter autour de 400 millions de livres par an d'ici à 2022. Sans les nommer, elle vise directement les géants américains du numérique, les "Gafa" (Google, Amazon, Facebook, Apple), dont la faiblesse des impôts payés au Royaume-Uni déchaîne régulièrement la presse à scandale. Mardi, veille d'Halloween, le Sun publiait un photo-montage en vampire du patron de Facebook, Mark Zuckerberg, et se réjouissait de voir les géants du net "se faire sucer le sang à leur tour".

Au-delà de l'effet d'annonce, les experts se grattaient la tête pour identifier l'impact de cette taxe.

vigueur. Le gouvernement espagnol a de son côté proposé il y a dix jours de taxer les géants du net afin de récolter jusqu'à 1,2 milliard d'euros par an.

"C'est une mesure importante et surprenante. Vous auriez tendance à éviter d'agir de façon unilatérale, vu la nature internationale des flots d'argent concernés... Vous courrez le risque de voir votre pays perdre en compétitivité", a jugé Tej Parikh, économiste à l'Institute of Directors sur la BBC.

Mais des discussions ont surtout été ouvertes à l'échelon continental depuis mars: la Commission européenne a proposé, à l'initiative de la France, un impôt de 3% sur le chiffre d'affaires des géants du numérique, le temps qu'une solution soit négociée à l'échelle mondiale au sein de l'OCDE.

EN CHANTIER À L'OCDE Peu de pays se sont lancés. En Asie, Singapour a annoncé une taxe numérique mais d'ampleur très limitée et l'Inde travaille à un impôt sur les Gafa, tandis que la Malaisie pourrait dévoiler sa propre taxe très prochainement.

La nécessité d'obtenir l'unanimité dans l'UE pour toute réforme de la fiscalité rend le consensus difficile cependant. Plusieurs pays européens restent opposés à ce projet, à l'image de l'Irlande, où plusieurs géants du numérique ont installé leur tête de pont européenne.

En Europe, les députés italiens ont voté en fin d'année dernière une taxe sur des transactions internet mais la loi n'entrera finalement pas en

"Dans ce paysage complexe les gens ont des intérêts contradictoires et donc des positions contradictoires" souligne Pascal Saint-Amans, directeur du cen-

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tre de politique et d'administration fiscale de l'OCDE. D'après lui, "la solution globale c'est de changer toutes les conventions fiscales, y compris avec les États-Unis, les Chinois, les Japonais...de manière à pouvoir taxer une entreprise qui n'a pas d'activité physique chez vous et au-delà de pouvoir attribuer des profits significatifs à cette entreprise". Réticents du temps de Barack Obama, les États-Unis de Donald Trump font d'ailleurs preuve d'un "soutien actif et engagé" désormais, selon M. SaintAmans, pour une taxe étendue au-delà du seul numérique toutefois. En attendant un éventuel accord mondial, des patrons de sociétés numériques européennes comme Spotify, Booking.com ou Zalando ont déjà exprimé leur "grave préoccupation" face à l'éventuelle taxe de l'UE, dans une lettre aux ministres des Finances européens.


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Consommation

La Belle bleue, toujours digne de confiance… Un avis recommandant de ne pas consommer les produits vendus par la boulangerie-pâtisserie La Belle Bleue, située sur la rue Jean-Talon Est, dans VilleraySaint-Michel-Parc-Extension a été émis il y a quelques jours. C’est le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) en a avisé la population en début de soirée, dans une déclaration écrite, EN COLLABORATION AVEC la Division de l’inspection des aliments de la Ville de Montréal et LA BOULANGERIE ELLE-MÊME, QUI A PROCÉDÉ VOLONTAIREMENT AU RAPPEL DE SES PRODUITS. Une certaine presse a saisi l’occasion pour manifester son habituel acharnement contre tout ce qui est différent, y compris lorsqu’il s’agit de personnes ou d’entreprises dont les services sont d’utilité publique. Le cas la Belle bleue n’a pas échappé à cette triste règle. Quelques heures après la diffusion de la nouvelle, L’AVERTISSEMENT du MAPAQ A ÉTÉ LEVÉ. Ce qui est généralement le cas lorsque les autorités ont la preuve que les aliments visés sont retirés des tablettes et que la situation qui a justifié l’avertissement a été levée. Signe que l’«infraction» n’avait rien de majeur. Les media qui avaient amplifié le fait reproché à la Belle bleue ont «oublié» de faire le nécessaire et de remettre les faits dans leur cours normal. Ils ont au passage «oublié» aussi de faire état d’une autre information de même nature, mettant en cause une filiale de Loblaws (voir texte encadré par ailleurs). Ils ont également omis de mettre les faits en contexte et de signaler que, dans un souci parfaitement légitime de protéger la santé des consommateurs, Selon les services de l’inspection des aliments à Montréal, plus de 400 contraventions ont été constatées seulement entre janvier et septembre 2018, et que le cas la Belle bleue n’a donc rien d’isolé ou de particulier. La Belle Bleue a néanmoins convenu avec la MAPAQ et la Ville de Montréal de diffuser la mise en garde au grand public, «par mesure de précaution», même si la nouvelle lui fait mauvaise presse. Les autorités ont précisé que les produits qui ont fait l’objet de la mise en garde ont été offerts à la vente jusqu’au 6 novembre inclusivement, et ce, uniquement à l’établissement de la rue Jean-Talon Les personnes pourraient avoir l’un de ces produits en leur possession sont donc avisées soit de le retourner à l’établissement où elles l’ont acheté ou encore de le jeter. Signalons enfin qu’au moment où nous mettions sous presse, AUCUN CAS DE MALADIE ASSOCIÉE À LA CONSOMMATION DE CES ALIMENTS N’A ÉTÉ SIGNALÉ au MAPAQ. Nous considérons donc, pour notre part, que La Belle bleue demeure digne de notre confiance.

Point de vue sur l’affaire la Belle bleue

Un incident, sans plus… Par Marouane de Castel*

Propriétaire de la boulangerie Castel, et prenant en compte que la boulangerie Belle bleue est mon concurrent direct, étant confronté aux exigences d’hygiène et de salubrité du ministère du MAPAQ je déclare être solidaire avec mon concurrent et je sollicite notre communauté et les administrateurs des pages des réseaux sociaux d’aider cette entreprise à surmonter la crise née d’un incident assurément amplifié à l’excès RESTEZ SOLIDAIRES! Je demande à mes compatriotes algériens marocains et tunisiens, de ne tirer pas sur vos commerces qui sont devenus des emblèmes de réussites commerciales. La boulangerie la Belle bleue a plus de 13 ans de pratique et est l’une des plus anciennes plus anciennes de la place, créée trois plus tôt que Castel. Durant toutes ces années, on n’a jamais entendu parler d’un quelconque scandale, ni d’hygiène et salubrité ni autre aspect commercial, alors s’il vous plait, chers compatriotes, restez solidaires avec la Belle bleue. L’industrie de la boulangerie-pâtisserie est une industrie très exigeante et très difficile. Elle est présentement en difficulté. Aidez la Belle bleue à résister à cette crise en demeurant ses fidèles clients. Il n’y a d’ailleurs aucun risque à ce faire puisque le MAPAQ, satisfait par les mesures correctives mises en place par la Belle bleue, a déjà levé la sanction et n’a pas vu de danger à laisser la boulangerie ouverte et en fonction. Il n’y a donc plus place pour le moindre soupçon ou la moindre prévention et à l’évidence, plus aucun risque pour les consommateurs. Il ne tient donc qu’à vous d’aider la Belle bleue à surmonter cette crise. Faites en sorte qu’elle reste en vie à votre service et qu’elle continue de résister aux difficultés que connait notre secteur d’activité. Rappelez-vous à cet effet le cas de la Pâtissière Gascogne qui possédait 6 succursales à travers le grand Montréal et qui a quand même fait faillite. La Gascogne était la boulangerie la plus prestigieuse du Québec et donc du Canada la Gascogne, elle était la référence dans notre industrie. Souvenez-vous aussi que la Boulangerie Première Moisson vient tout juste de fermer deux de ses succursales sur la Rive Nord et certaines rumeurs font état de la possible fermeture de deux autres succursales. POURQUOI CET ACHARNEMENT CONTRE LA BELLE BLEUE? Un fait étonnant est également à rappeler. Le mois dernier, deux boulangeries pâtisseries et une pâtisserie traditionnelle

ont vu leurs portes scellées par le service d’hygiène et salubrité, mais on n’a pas vue de scandale pareil sur nos réseaux sociaux ni dans les médias d’envergures. Alors je me pose des questions… Pourquoi s’acharne-t-on sur la Belle bleue pour finalement si peu. Le MAPAQ parle de contamination et de rappels de ses produits, c’est toute l’histoire. Cela c’est produit aussi des grands industriels de l’alimentation du plus grand calibre comme Costco, MaxI, Métro. C’est d’ailleurs de bien moins grande acuité que ce qui s’est produit chez le géant Mapple leaf, avec des morts causés par une contamination beaucoup plus dangereuse LEAF ( par la bactérie E Coli si ma mémoire est bonne). De par mon d’après mon expérience dans l’industrie de l’alimentation acquise en 20 ans de pratique au Québec, je peux donc vous dire que si la boulangerie la Belle bleue n’a pas été fermée par le MAPAQ, c’est parce que la contamination – si contamination il y a eu – a été neutralisée, les produits suspectés détruits et toutes les recommandations et exigences du MAPAQ exécutées soigneusement. Laissez-moi vous dire aussi que j’étais client chez la Belle bleue avant d’ouvrir ma Boulangerie Castel; je n’y étais plus retourné depuis. Mais par solidarité, je serais de nouveau leur client car je leur fais confiance et je fais confiance à leurs produits. Je vous invite tous, chers compatriotes, à faire pareil.

Un cas qui n’a pas fait de bruit

Épicerie No Frills : Une souris vivante dans un sac de pain La compagnie Loblaw a dû s’excuser après qu’une cliente de Hamilton, en Ontario, a découvert une souris vivante dans un sac de pain qu’elle voulait acheter.

Sur la photo partagée sur les réseaux sociaux, on peut voir la souris semblant emprisonnée dans le sac de pain tranché, le tout dans un panier d’épicerie de la chaîne No Frills, propriété de Loblaw. «J’étais en train de discuter avec la caissière tout en déposant les produits à la caisse pour payer. J’allais attraper le sac de pain quand j’ai vu cette souris VIVANTE dans le pain», a raconté sur Facebook Michelle Hill. «J’étais choquée et dégoûtée», a-t-elle confié, soulignant que les caissiers et d’autres travailleurs l’étaient aussi. Loblaw s'est excusé auprès de la cliente et le fabricant de pain lui a envoyé une carte-cadeau. La compagnie a déclaré que le magasin avait pris des mesures pour que l'incident ne se reproduise plus, notamment en inspectant chaque jour les produits de la boulangerie.

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Migrations

Les sens cachés de la guerre des chiffres « 35 000 » ? « 40 000 » ? « 50 000 » ? La campagne électorale a fini par prendre la tournure d’une véritable guerre de chiffres sur la quantité d’immigrants que le Québec devrait accueillir. Un débat que plusieurs considèrent comme stérile et qui camoufle des décennies d’échec des politiques d’immigration. Régionalisation, francisation, intégration. Les partis ont multiplié leurs promesses en immigration autour de ces thèmes pendant la campagne électorale. Mais ils en parlaient déjà il y a plus de trois décennies. En 1990, dans l’Énoncé de politique en matière d’immigration, le gouvernement libéral d’alors soulignait l’importance de préserver le français au Québec et parlait déjà de régionalisation pour soutenir le développement économique et « faciliter l’intégration des nouveaux arrivants ». Or, la régionalisation n’a pas fonctionné, la francisation est un échec, comme l’a démontré la vérificatrice générale l’an dernier, et l’intégration des immigrants au marché du travail est toujours un immense défi. En quoi le Québec a-t-il failli ? « On ne peut pas dire qu’on a complètement raté l’immigration, mais selon le contexte politique et économique, ça varie entre échecs et succès », soutient Micheline Labelle, sociologue émérite de l’UQAM qui a beaucoup étudié les politiques d’immigration dans une perspective historique. Au fil des ans, le Québec a néanmoins réussi à rapatrier d’importants pouvoirs appartenant au fédéral, notamment celui de sélectionner ses immigrants de la catégorie économique — ceux des catégories réfugiés et réunification familiale relevant toujours d’Ottawa. En 1991, sous les libéraux, l’Accord CanadaQuébec relatif à l’immigration, conclu entre Barbara McDougall et Monique Gagnon-Tremblay, les deux ministres de l’Immigration, consacrait définitivement ces pouvoirs au Québec par des transferts fédéraux.

Problèmes dans la sélection Mais si le Québec a désormais le privilège de sélectionner ses travailleurs qualifiés, encore faut-il que le processus soit adéquat. Anne Bernard, qui a travaillé près de quarante ans dans la fonction publique et qui a terminé sa carrière comme conseillère à la sélection au ministère de l’Immigration, a connu la machine de l’intérieur. Son constat ? Les gouvernements ont tranquillement laissé aller la sélection, sans en corriger réellement les travers. Par exemple, au cours des cinq dernières années, tous les professionnels qui rencontraient les travailleurs qualifiés immigrants en entrevue, afin d’évaluer leur admissibilité, ont été éliminés. Cette étape importante permettait pourtant de « planter le décor » et d’ajuster les attentes des immigrants, dit-elle. De plus, le critère de l’« adaptabilité », qui permettait d’évaluer la connaissance que possédait un immigrant du marché du travail et du Québec, a vu son importance graduellement réduite, pour finalement ne plus valoir aucun point. Immigrer sans parler français Les ratés du processus de sélection ont eu, au fil des ans, des impacts directs sur la francisation. Avant 2011, la grille de sélection accordait des points pour le français, même pour un niveau très sommaire. Cela permettait à l’immigrant de se soumettre à un test avec des questions telles que « comment vous appelez-vous ? », « qu’avez-vous fait en fin de semaine ? », pour obtenir le petit nombre de points qui lui manquait pour se qualifier. « On a fait ça pendant des années, jusqu’à ce que Diane De Courcy [ministre de l’Immigration pendant le gouvernement péquiste de 2012-2014] exige l’atteinte d’au moins un niveau intermédiaire avancé pour pouvoir avoir des points », soutient Mme Bernard.

Autre biais de sélection : les domaines de formation. Le Québec produit une liste des emplois en manque de maind’oeuvre, assortis d’un nombre substantiel de points. « C’est ce critère qui vient le plus déjouer le français dans la grille », avance Mme Bernard. Il est donc toujours possible, si notre score est très haut dans les autres critères, de nous qualifier sans avoir besoin de parler la langue de Molière. D’ailleurs, pour les immigrants économiques de la sous-catégorie des « investisseurs », l’exigence de parler le français, ne serait-ce qu’un peu, est encore inexistante. Même chose pour les travailleurs temporaires, régis par Ottawa, qui finissent par échapper à cette exigence. Échec de la régionalisation Quant à la régionalisation, elle est demeurée un voeu pieux. Montréal et sa région accueillent encore aujourd’hui environ 85 % des immigrants, alors que c’était 87 % il y a trente ans. « Ça n’a jamais marché, même si dans les années 1980-1990, dans tous les énoncés politiques, on parle de la pertinence d’envoyer les immigrants en région », soutient la sociologue Micheline Labelle, connue pour ses positions souverainistes. « S’il n’y avait pas de structures d’accueil suffisantes et de communautés organisées […]

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les gens revenaient à Montréal. » Pour Anne Bernard, sans mesures particulières pour les attirer ou les contraindre, les immigrants n’iront pas s’installer en région. Lorsqu’elle les recevait en entrevue, elle constatait effectivement que plusieurs d’entre eux n’avaient pas cette intention. La majorité ne pouvait même pas situer le Québec sur une carte vierge du Canada. « Alors, leur demander de pointer une région… » Rien pour aider, le gouvernement libéral a fermé ces dernières années tous ses bureaux régionaux d’immigration. Depuis, impossible pour les fonctionnaires du ministère de l’Immigration, désormais centralisé, de savoir ce qui se passe avec l’intégration sur le terrain, avait dénoncé la vérificatrice générale. Le gouvernement Couillard a récemment indiqué qu’il allait les redéployer. Défauts et défis de l’intégration en emploi Un beau principe que celui d’arrimer le domaine d’emploi d’un nouvel arrivant aux besoins des entreprises d’ici, croit Mme Labelle, anciennement titulaire d’une chaire de recherche en immigration à l’Institut d’études internationales de Montréal. Mais face aux besoins criants, le processus d’immigration demeure

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tellement laborieux. « Ce ne sont pas tous les gouvernements qui ont voulu pratiquer l’emploi réservé, parce que choisir un immigrant pour venir combler un besoin spécifique ne se fait pas en quelques semaines. » La surqualification des immigrants est aussi un problème, car, certes, le Québec a besoin d’ingénieurs et de médecins, mais pas que de ça. Sur le site d’Emploi Québec, la liste des 97 emplois pour lesquels les besoins sont les plus criants en présente un grand nombre qui ne requièrent pas d’études supérieures. « On cherche toujours le fameux soudeur ou le mécanicien en machinerie. Mais ce ne sont pas eux qui postulent. En quatre ans au ministère, si j’en ai rencontré une dizaine, c’est beau. » Par leur nouveau Règlement sur l’immigration entré en vigueur en août dernier, les libéraux ont montré leur intention d’en finir avec ce décalage, notamment en mettant en place un système de déclaration d’intérêts, qui permet désormais une sélection des travailleurs selon les besoins du Québec et non pas selon la règle du « premier arrivé, premier servi ». Trop peu trop tard ? Chose certaine : après des décennies de surplace, le nouveau gouvernement devra montrer qu’il sait faire des miracles.


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Santé

Paralysie flasque aiguë (PFA), une maladie paralysante qui s'attaque aux enfants

Plusieurs cas confirmés au Québec Des médecins montréalais s'inquiètent d'une augmentation de cas de paralysie flasque aiguë (PFA), une maladie virale qui cause la paralysie et qui s'attaque principalement aux enfants.

Pédiatre spécialiste des maladies infectieuses à l'Hôpital de Montréal pour enfants, Christos Karatzio fait remarquer qu'en temps normal, un grand hôpital comme le sien voit environ un cas de PFA par an. Or, son établissement a diagnostiqué trois cas de PFA au cours des trois derniers mois seulement. « Le troisième patient est arrivé, et je me suis dit : "Quelque chose ne va pas" », raconte le médecin, qui ajoute que deux autres cas sont actuellement traités au CHU Sainte-Justine. DES CAS PLUS NOMBREUX QUE LA MOYENNE… Le nombre de cas signalés en Ontario et aux États-Unis est également plus élevé que la moyenne. Rien qu'aux ÉtatsUnis, 62 cas ont été confirmés

au cours des dernières semaines.

Les médecins ne savent pas ce qui cause la maladie et ne connaissent pas la raison à l'origine du nombre important de cas signalés récemment. Ils ne savent pas non plus pourquoi ce sont les enfants qui en sont victimes dans la grande majorité des cas. Environ 90 % des cas sont diagnostiqués chez des enfants qui souffrent de faiblesse musculaire ou de paralysie, notamment au niveau du visage, du cou, du dos ou des jambes et des bras.

Justine.

« La PFA est associée depuis longtemps à la famille des entérovirus », explique-t-il. « C’est une famille de virus qui inclut les virus de la poliomyélite et qui sont très fréquents. » «Tous les virus de cette famille ont le potentiel de causer la PFA, mais sur un très petit pourcentage. Il s’agit donc d’une complication très rare d’une infection à un virus fréquent» dit le Dr Christian Renaud.

Les premiers symptômes à se manifester sont de la fièvre et des maux de tête.

Les symptômes de la PFA apparaissent généralement de manière rapide, comme a pu le constater Marie-Lynne Émond.

SEMBLABLE À LA POLIO, MAIS PLUS RAPIDE… Ces symptômes sont semblables à ceux de la polio, dont le virus est issu de la même famille que celui qui cause la PFA, souligne Christian Renaud, infectiologue au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-

Sa fille Geneviève, âgée de seulement 4 ans, est récemment rentrée de l'école avec une forte fièvre. Lorsqu'elle a eu de la difficulté à se tenir debout le lendemain, ses parents ont soupçonné un problème plus grave. Elle a été transportée d'urgence de sa ville natale de Maniwaki, en Outaouais, à l'Hôpital de

Montréal pour enfants, où elle gardée en observation. Elle est aujourd'hui incapable de bouger ses bras et ses jambes.

créer de la panique dans la population, mais souhaite tout de même que les parents soient vigilants.

« On ne comprend pas nousmêmes, alors comment peuton lui demander de comprendre? », soupire-t-elle.

« Si vous commencez à voir des symptômes de visage qui s'affaisse, si l'enfant commence à se plaindre que ses mains et ses pieds sont engourdis, si soudainement il a des faiblesses, si votre bambin marche le mardi puis ne marche plus le mercredi, ma recommandation est d'aller à l’urgence », dit-il.

Il n'existe pas d'antibiotique à l'heure actuelle pour contrer la PFA, mais les patients finissent généralement par retrouver l'usage de leur corps. Le Dr Karatzios ne veut pas

Addictions

Autant de Canadiens fument du cannabis que des cigarettes… Les résultats de l'Enquête canadienne sur le tabac, l'alcool et les drogues (ECTAD) de 2017 révèlent que la proportion de Canadiens âgés de 15 ans et plus ayant déclaré fumer la cigarette était similaire à celle des Canadiens ayant consommé du cannabis au cours des 12 derniers mois, soit 15 %.

Ces résultats de l'ECTAD ainsi que ceux de l'Enquête nationale sur le cannabis sont les derniers à avoir été recueillis avant la légalisation du cannabis pour usage non médical au pays, le 17 octobre dernier. L'ECTAD montre que près de 4,6 millions de Canadiens ont déclaré fumer la cigarette en 2017 et près de 4,4 millions avaient déclaré fumer du cannabis.

Diverses enquêtes menées en 2017, dont l'Enquête nationale sur le cannabis, illustrent qu'environ 6 % des Canadiens consomment du cannabis tous les jours, ou presque tous les jours, comparativement à 11 % qui fument la cigarette quotidiennement.

que de femmes ont consommé du cannabis, du tabac et d'autres drogues illégales. De plus, le taux de consommation tend à être plus élevé chez les 20 à 24 ans que chez les 15 à 19 ans et chez les 25 ans et plus.

autres pays, le cannabis demeure la drogue la plus consommée. Les chercheurs établissent un lien entre cette consommation et la probabilité accrue de consommer d'autres substances comme l'alcool, le tabac et d'autres drogues.

%). Le taux de tabagisme était aussi trois fois plus élevé chez les consommateurs de cannabis (38 %) que chez les nonconsommateurs (11 %).

TAUX DE CONSOMMATION PLUS ÉLEVÉ CHEZ LES 20 À 24 ANS En ce qui a trait aux drogues illégales, l'an dernier toujours, 3 % ou près de 990 000 Canadiens ont affirmé avoir consommé au moins une drogue autre que le cannabis. La catégorie « drogue illégale » inclut la cocaïne, l'ecstasy, les méthamphétamines, les hallucinogènes, les inhalants, l'héroïne et la salvia.

Au sujet de l'alcool, 78 % des Canadiens ou près de 23,3 millions ont déclaré avoir consommé de l'alcool au cours des douze derniers mois. Près du quart d'entre eux étaient de grands buveurs, c'est-à-dire qu'ils avaient bu plus de quatre boissons alcoolisées ou plus (chez les femmes) ou cinq boissons alcoolisées ou plus (chez les hommes) lors d'une même occasion, au moins une fois par mois, au cours de la dernière année.

Enfin, près des deux tiers des Canadiens qui ont déclaré utiliser du cannabis le font pour des raisons non médicales seulement.

Un plus grand pourcentage d'hommes

Au Canada, comme dans de nombreux

PLUS DE GRANDS BUVEURS CHEZ LES ADEPTES DU CANNABIS Les chercheurs ont aussi constaté ce qui suit : L'alcool était la substance la plus souvent consommée autant chez les consommateurs de cannabis (92 %) que chez les non-consommateurs (76 %). La proportion de grands buveurs était plus de trois fois supérieure chez les utilisateurs de cannabis (56 %) que chez ceux qui n'en avaient pas consommé (17

À noter que l'ECTAD est une enquête bisannuelle menée par téléphone auprès de la population en général. Les données ont été recueillies de février à décembre 2017 inclusivement. Le taux de réponse de l'ECTAD a été de 35,7 % ce qui représente un échantillon de 16 349 répondants.

Des avertissements sur chaque cigarette? Le Canada pourrait être le premier pays où une mise en garde serait écrite sur chaque cigarette individuelle: Santé Canada poursuit sa réflexion et vient tout juste de lancer une consultation publique sur cette possibilité.

Le ministère fédéral de la Santé trouve important d'explorer d'autres avenues pour bien informer les citoyens des risques associés au tabagisme, a expliqué en entrevue téléphonique Saira David, directrice du Bureau de l'étiquetage et de la banalisation des

emballages au sein du ministère.

De plus, les règles sur l'étiquetage n'avaient pas été mises à jour depuis longtemps, a-t-elle ajouté. Selon cette responsable, l'initiative n'a pas été lancée parce que les emballages actuels — des avis sur les paquets de cigarettes avec des photos montrant par exemple des poumons noircis et atrophiés — n'atteignent pas l'objectif recherché. Il était tout simplement temps de regarder d'autres idées, a-telle souligné.

Pourtant, de récentes données de Statistique Canada démontrent que le nombre de fumeurs au pays a augmenté. Selon les plus récents chiffres datant de 2017, 15 pour cent des Canadiens ont déclaré être des fumeurs — occasionnels aussi bien que quotidiens — ce qui est en hausse par rapport à 2015, qui n’en comptait alors que 13 pour cent, un creux historique. D'écrire de tels avis sur chaque cigarette serait-il plus efficace? Des

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recherches récentes, mais limitées, montrent que les mises en garde qui figurent directement sur le produit pourraient être efficaces pour le rendre moins attrayant auprès des utilisateurs, a confié Mme David. Cela serait un rappel sur une base régulière, pour le fumeur comme pour ceux qui se trouvent à proximité. De quoi auraient l'air ces cigarettes? Mme David a signalé que rien n'était décidé encore. Mais le document accompagnant la consultation donne

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en exemple des cigarettes où il est écrit en noir sur la partie blanche de la cigarette: «Fumer cause le cancer». La consultation, lancée récemment, portera aussi sur d'autres aspects de l'étiquetage, comme des rotations d'avertissements, pour qu'ils soient constamment renouvelés. Le public, et toute organisation concernée, auront jusqu'au 4 janvier 2019 pour faire part de leur opinion et de leurs commentaires.


Environnement

Afin de «Sauver la planète

500 personnalités appellent les Québécois à s'engager pour le climat Hubert Reeves, Catherine Potvin, Guy Laliberté, Laure Waridel, Gilles Vigneault, Véronique Cloutier, Fred Pellerin et Diane Dufresne sont quelques-unes des 500 personnalités qui sonnent le tocsin et appellent les Québécois à se mobiliser pour « sauver la planète ».

Regroupées au sein du mouvement du « Pacte pour la transition » écologique, initiative du metteur en scène Dominic Champagne, ces personnes invitent les Québécois à rejoindre leurs rangs en s’engageant, pour une période de deux ans, à poser des gestes concrets pour contrer les changements climatiques. Issues des mondes artistique et scientifique ainsi que de la société civile, ces personnalités sont convaincues qu'il est nécessaire de se mobiliser afin d'éviter le désastre écologique annoncé par de nombreux scientifiques internationaux. Les signataires du pacte pour la transition répondent ainsi à l'appel du secrétaire général de l'ONU, qui a incité la société civile de tous les pays à se mobiliser derrière cet objectif. « Nous avons deux ans pour agir sous peine de conséquences désastreuses », a déclaré Antonio Guterres en septembre dernier. Dominic Champagne souhaite récolter un million de signatures au cours des prochains mois. Empruntant une analogie guerrière, le metteur en scène compare la lutte contre les changements climatiques et la consommation de pétrole à l’effort de guerre fourni par ses grands-parents lors de la Deuxième

Guerre mondiale.

« La combustion du pétrole et le carbone qu’on pellette dans l’atmosphère », sont les ennemis contemporains, a-t-il lancé devant un parterre de célébrités québécoises venues appuyer le mouvement. « On a notre effort de guerre à faire. » Les citoyens sont invités à s'enrôler et à signer un engagement de deux ans afin de mener la bataille climatique sur les cinq fronts suivants : Le pétrole; La consommation; L’alimentation; L’empreinte énergétique; L’engagement citoyen. Les instigateurs du Pacte pour la transition invitent leurs concitoyens, par exemple, à limiter leur utilisation de la voiture et de l’avion pour prioriser la mobilité durable, le covoiturage, l’autopartage, le transport collectif et actif. Ils leur enjoignent aussi de réduire la consommation énergétique de leurs habitations et de ne plus investir leurs épargnes dans le secteur des énergies fossiles. « NOUS SOMMES TOUS DROGUÉS AU PÉTROLE » Évitant de s'ériger en modèle, les 500 signataires insistent sur l'importance de solliciter le plus grand nombre de citoyens pour qu'ils fournissent leur effort « à la hauteur de leurs moyens ». « Il ne s’agit pas de se poser en purs et durs, on n’est pas là pour faire la morale, a prévenu Dominic Champagne. Les réalités sont différentes si on vit au nord de Sept-Îles ou si on vit à Montréal. Le transport collectif n’est pas adapté

pour toutes les situations. » « Ici, il y a à peu près juste Laure Waridel de parfaite », a-t-il lancé, à la blague. Il a opposé la célèbre militante altermondialiste au milliardaire Guy Laliberté – « le plus grand pollueur individuel que je connaisse », a-t-il souligné, moqueur –, également signataire du pacte, afin de démontrer que tout le monde devait fournir son effort. «On est tous complices dans le crime, on est tous drogués au pétrole» affirme Dominic Champagne Reconnaissant l’importance du pétrole dans le développement économique des pays industrialisés, M. Champagne soutient qu’il est temps de s’en séparer en soulignant que le Québec est dans une position enviable pour effectuer la transition énergétique vers l’électricité. Sur les fronts de la consommation et de l’alimentation, les volontaires sont encouragés à abaisser leur consommation globale en diminuant leur production de

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déchets. Ils sont également appelés à réduire leur consommation de plastique et de viande d’élevage tout en favorisant les produits locaux et biologiques. « Il est possible de manger un cheeseburger sur deux », illustre M. Champagne. Les participants doivent évaluer leur empreinte écologique grâce à un outil mis à leur disposition sur Internet, et développer leur propre stratégie pour la réduire au maximum de façon permanente. UN EFFORT COLLECTIF INSUFFISANT « La somme de nos gestes individuels ne suffira pas », reconnaît toutefois M. Champagne en présentant le second volet du pacte qui vise à contraindre les décideurs politiques à penser à l'environnement dans chacune de leurs lois et de leurs décisions. Les signataires s’engagent donc à recruter leurs proches afin de grossir les rangs du mouvement et d'ainsi accentuer la pression

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politique. Ils doivent également « utiliser leur pouvoir citoyen (pétitions, lettres, implication communautaire et manifestation) pour accélérer la transition écologique dans la collectivité et au sein des entreprises ». « Notre peuple, notre société a besoin que la société civile se lève » afin de s’assurer que nos gouvernements atteignent et dépassent leurs cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Malgré les milliards dépensés, on a eu assez peu de résultats, a souligné l’expert en énergie Normand Mousseau. C’est pour ça qu’une partie du pacte vise à dire qu’on doit restructurer, s’assurer que toutes les actions du gouvernement vont dans la même direction pour s’assurer que chaque effort, chaque dollar, chaque poussée qu’on fait nous amène vers le but recherché. » L’ESPOIR DE LA TRANSITION Les 500 signataires estiment que le salut de la Suite à la page 25


Environnement

Afin de «Sauver la planète

500 personnalités appellent les Québécois à s'engager pour le climat Suite de la page 24

planète passe par une alliance entre la science et la politique. « Nous avons actuellement les technologies et la science pour amorcer la transition, a lancé Catherine Potvin, sommité canadienne en matière de réchauffement climatique. C’est un problème social, politique, économique qui a besoin de tout le monde. » « La transition énergétique va passer par l’électrification, avec une électricité propre, et au Québec on part donc gagnant », a poursuivi Mme Potvin en faisant

référence à la richesse de la province en hydroélectricité.

Cette transition énergétique peut s’effectuer sans que l’économie en souffre, selon les deux scientifiques. « Notre compétitivité économique va bénéficier d’être à l’avant-garde du mouvement, opine Mme Potvin. Donc, il n’y a rien à craindre, il y a simplement à mobiliser nos connaissances. » « Les coûts ne cessent de diminuer pour agir, poursuit Normand Mousseau. On n’a pas de barrière économique, on n’a pas

de barrière technique. On a une barrière sociale, psychologique qu’il faut franchir, et dès maintenant. »

Les signataires se donnent rendez-vous dans deux ans, lors du sommet mondial sur le climat. Ils comptent mesurer, à ce moment, « l’impact de leur engagement envers eux-mêmes et les nations ». PACTE POUR LA TRANSITION : PRÈS DE 150 000 SIGNATURES Le Pacte pour la transition avait recueilli près de

150 000 signatures samedi midi. L'objectif est d'en récolter un million. Vendredi, l'un des porteparole, le metteur en scène Dominic Champagne, a rencontré le premier ministre François Legault dans ses bureaux à Québec. « On a convenu de mettre la science au cœur des décisions politiques », a affirmé M. Champagne à l'antenne d'ICI RDI à la suite de la rencontre. Le premier ministre Legault n'a pas pris d'engagement officiel, mais il devrait préciser la

position de son gouvernement le 27 novembre à la rentrée parlementaire. « Le fait que le premier ministre ait reçu Dominic Champagne fait qu’il a maintenant un engagement moral de livrer quelque chose », analyse Karel Mayrand. Yves-Marie Abraham a toutefois tenu à rappeler aux signataires du pacte qu'« il existe, parmi nos concitoyens, des gens pour qui ces gestes sont inaccessibles, alors leur demander ça comme engagement, ça n'a pas de sens ».

Terre de toutes les désolations…

La Planète a déjà perdu la plupart de ses contrées sauvages …

Les dernières contrées sauvages terrestres sont en train de disparaître à un rythme alarmant. Aujourd'hui, plus de 75% des terres ont été modifiés par les activités humaines. Un bilan qui, selon les chercheurs, appelle à mettre en place des objectifs de conservation internationaux. L'empreinte de l'Homme n'est pas uniquement carbone. Elle se manifeste aussi dans les modifications que celui-ci fait subir aux écosystèmes terrestres et marins. Ces dernières décennies, les territoires sauvages ont été poussés dans leurs retranchements par l'activité humaine, amenant des chercheurs à poser la question : "que reste-t-il ?". Il y a un siècle, environ 15% de la surface terrestre était utilisée pour l'agriculture et l'élevage. Aujourd'hui, suite à l'expansion de la population, une économie délocalisée, l'amélioration des conditions de vie mais aussi l'augmentation du gaspillage alimentaire, ce sont désormais 77% des terres (sans prendre en compte l'Antarctique) et 87% des océans qui ont été modifiés par les effets directs de l'activité humaine, confinant les derniers bastions de la vie sauvage

aux régions polaires. Ces contrées sauvages sont pourtant des forteresses indispensables dans notre lutte contre le changement climatique et d'autres impacts néfastes de l'Homme. Pourtant, selon les auteurs d'une nouvelle étude parue dans Nature "jusqu'à présent, la contribution des écosystèmes intacts n'a pas été une cible explicite des cadres stratégiques internationaux tels que le plan stratégique pour la diversité des Nations Unies, ou l'accord de Paris sur le climat. Cela doit changer si nous souhaitons préserver les écosystèmes intacts de la Terre de l'extinction complète." LÀ OÙ NUL HOMME NE SAURAIT VIVRE

La carte dressée par les chercheurs est éloquente. Un simple regard permet de constater que les dernières régions sauvages sont tout simplement inaccessibles, inhabitables ou impossibles à cultiver pour l'Homme. Profondeurs insondables des jungles amazonienne, malaisienne et africaine, étendues glacées du Canada et des contrées scandinaves et sibérienne, régions montag-

neuses partagées entre la Chine et la Mongolie, et déserts brûlants saharien et australien.

À eux seuls, la Russie et le Canada au froid polaire, l'Australie désertique, les États-Unis et leur chaîne de montagnes encore intacte et le Brésil au feuillage dense contiennent plus de 70% des dernières contrées sauvages au monde. Cette carte vient compléter un premier travail de recherche mené en 2016, en ajoutant cette fois-ci les écosystèmes marins et océaniques à l'équation, avec une résolution au kilomètre carré. Un travail de titan pour un problème titanesque. DES ZONES CRUCIALES Les écosystèmes intacts sont un réservoir crucial de biodiversité et de diversité génétique au sein des espèces. Ils agissent comme un refuge pour les formes de vie chassées par l'activité humaine et montrent une meilleure résilience face à celle-ci. "Par exemple, une étude de 2009 a démontré que les récifs coralliens des

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Caraïbes avec un faible taux de pollution et de pression liée à la pêche se remettaient jusqu'à 4 fois plus vite du blanchissement des coraux", expliquent les auteurs.

De nombreuses régions sauvages jouent également un rôle critique dans la capture du dioxyde de carbone atmosphérique. Bien que l'on pense souvent à l'Amazonie, la forêt boréale canadienne retient à elle seule un tiers du carbone terrestre au niveau global. Une capacité de rétention bien supérieure à des environnements similaires mais dégradés. "Dans l'océan, les prairies sous-marines dégradées [...] cessent de capturer le carbone et commencent au contraire à devenir des sources d'émissions", ajoutent-ils. QUE FAIRE ? "Nous pensons que les territoires terrestres encore sauvages peuvent être protégés seulement si leur importance est reconnue au sein des cadres stratégiques internationaux", écrivent les chercheurs. "Dans la plupart des nations, ces territoires ne sont pas

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formellement définis, cartographiés ou protégés" et personne n'est jugé responsable de leur conservation sur le long terme. Aujourd'hui, de nombreux sites sont classés pour leur beauté ou la biodiversité qu'ils abritent, mais leur rôle fondamental, leur importance pour l'environnement et le climat, ne sont pas reconnus. Selon l'équipe, il existe de nombreuses façons de s'atteler au problème, à commencer, pour chaque pays, en documentant la capacité de ces territoires à capturer le carbone. Ces recherches pourraient fournir un socle à un ensemble de mesures visant à sanctionner toute forme de dégradation et encourager la préservation de ces zones. "De notre point de vue, une cible ambitieuse mais réalisable consiste à définir et conserver 100% des écosystèmes intacts restants."


Environnement

Afin de «Sauver la planète»

Une mobilisation citoyenne sans précédent

« Le message, c’est d’abord de reconnaître l’urgence climatique », a souligné François Geoffroy, un des porte-parole du collectif. « Le secrétaire général de l’ONU nous l’a dit : "On a moins de deux ans pour agir". » À Montréal, les organisateurs estiment que 50 000 personnes se sont rassemblées pour la marche, qui commençait à 14 h à la Place des festivals et qui s'est terminée vers 16 h 45 au gazebo Mordecai Richler, au pied du mont Royal. Des politiciens de divers horizons étaient présents pour l'occasion, dont les ministres caquistes MarieChantal Chassé, Chantal Rouleau et Christian Dubé. Pierre Arcand et Dominique Anglade, du Parti libéral du Québec, Ruba Ghazal et Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, ainsi que Catherine Fournier, du Parti québécois, ont notamment été aperçus. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, était égale-

ment au nombre des marcheurs.

ner. Il faut transformer le système.

Le milieu artistique était lui aussi bien représenté, entre autres, par Emmanuel Bilodeau, Richard Séguin et Christian Bégin. Vers 15 h, en guise de symbole et malgré le froid, les marcheurs se sont étendus au sol et sont restés immobiles pendant plusieurs minutes pour simuler la mort.

Yves-Marie Abraham, professeur agrégé au département de management de HEC Montréal M. Abraham a tout de même laissé paraître une pointe d’optimisme. « Il fait froid, je suis gelé, mais au fond du cœur je garde espoir. »

« La vie périt, elle est dans un état de dégradation, et ça m'inquiète beaucoup », a confié une manifestante. Croisé pendant l'événement, Yves-Marie Abraham, professeur agrégé au département de management de HEC Montréal, a déclaré vouloir signifier son « inquiétude face à la catastrophe qui est en cours » et son « ras-le-bol » devant le fait que « rien ne se passe au niveau environnemental ». Fondamentalement, comme le disait le ministre démissionnaire français Nicolas Hulot, dans le système actuel, ça ne peut pas fonction-

La ministre québécoise de l'Environnement, MarieChantal Chassé, était sur place. Elle a profité de l'occasion pour rappeler qu'elle était en poste depuis 23 jours seulement et qu'elle en était encore à analyser les meilleures approches pour « réduire les gaz à effet de serre ». Elle n'a toutefois pas voulu donner de date précise pour d'éventuelles annonces gouvernementales. « Il faut que ça bouge, ça s'en vient », s'est-elle contentée de dire. À l'heure du midi, les manifestants étaient invités à fabriquer leurs propres pancartes à la Maison du développement durable, située à proximité du lieu de rassem-

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blement. Des marches ont aussi lieu à Québec, à Sherbrooke, à Trois-Rivières, à Rimouski et dans d'autres municipalités du Québec. LE GOUVERNEMENT DOIT « PRENDRE LE RELAIS » La Coalition avenir Québec (CAQ) a été critiquée pendant la campagne électorale pour ses politiques peu ambitieuses en matière d’environnement. François Geoffroy se réjouit toutefois d’un changement de ton de la part du premier ministre François Legault, mais prévient qu’il faut aller plus loin. « On semble assister à une petite ouverture de la part du gouvernement depuis quelques semaines, mais rien à la hauteur de la crise actuelle, estime-t-il. On parle du troisième lien, de l’ouverture à l’exploitation pétrolière et gazière… » [L’environnement] est au cœur des préoccupations de

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citoyens, certainement, mais pas au cœur des préoccupations des politiciens. François Geoffroy, porteparole du collectif La planète s'invite au parlement Karel Mayrand, directeur Québec et Atlantique de la Fondation David Suzuki, croit que des actions comme celles de samedi forcent les dirigeants à tendre l’oreille. « Ce sont des gestes qui permettent aux gens de se rassembler et de sentir qu’ils ont un pouvoir commun », ajoute-t-il. Selon François Geoffroy, les citoyens « font ce qu’ils peuvent » depuis des années, et le temps est venu pour les différents ordres de gouvernement de piloter des « initiatives collectives ». Cette mobilisation citoyenne survient trois jours après le lancement du Pacte pour la transition, une initiative qui invite les Québécois à rejoindre les rangs du mouvement, en s’engageant à poser des gestes concrets pour contrer les changements climatiques.


Environnement

L’empreinte de l’homme…

La Terre a perdu 60% de ses animaux sauvages en 44 ans

Mammifères, oiseaux, poissons... sous la pression de l'homme, la Terre a vu ses populations de vertébrés sauvages décliner de 60% entre 1970 et 2014, dénonce le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans un bilan encore plus alarmant que le précédent. "Préserver la nature ce n'est pas juste protéger les tigres, pandas, baleines, que nous chérissons", souligne le directeur du WWF, Marco Lambertini.

"C'est bien plus vaste : il ne peut y avoir de futur sain et prospère pour les hommes sur une planète au climat déstabilisé, aux océans épuisés, au sol dégradé et aux forêts vidées, une planète dépouillée de sa biodiversité." Le WWF, créé en 1961, suit depuis le déclin accéléré des populations animales sur Terre. Tous les deux ans, l'ONG publie un rapport "Planète vivante". Voici les cinq grandes conclusions de ce dernier rapport, auquel ont contribué une cinquantaine d'experts et qui reprend aussi de grandes études scientifiques publiées sur le sujet. LES EFFECTIFS DE VERTÉBRÉS S'EFFONDRENT De 1970 à 2014, le nombre de vertébrés sauvages - mammifères, poissons, oiseaux, reptiles, amphibiens - s'est effondré de 60%. Le déclin des animaux d'eau douce atteint même 83%, en raison de la surexploitation, parfois involontaire comme pour les dauphins de rivière (prises accidentelles en filets), et de la perte des habitats.

anciennes. De manière générale, le taux d'extinction des espèces est de 100 à 1.000 fois supérieur à ce qu'il était il y a seulement quelques siècles, avant que les activités humaines commencent à altérer la

sants de l'humanité sur les "systèmes terrestres". Ces derniers ont un seuil critique au-delà duquel le monde entre en territoire périlleux. Pour le climat, ce seuil est +1,5°C de réchauffement (par rapport au niveau pré-industriel), ont souligné les experts climat de l'ONU en

Quant aux polluants chimiques, de type pertubateurs endocriniens, métaux lourds et plastiques, nous ne savons pas encore quel est le seuil critique. Les technologies et une meilleure gestion des sols ont légèrement amélioré la capacité de

Mondialement, seuls 25% des sols sont exempts de l'empreinte de l'homme ; en 2050 ce ne sera plus que 10%, selon les scientifiques de l'IPBES (le "Giec de la biodiversité"). Entre 2000 et 2014, le monde a perdu 920.000 km2 de forêts intactes, une surface quasi égale à la France et l'Allemagne réunies. Selon des données satellitaires, ce rythme a crû de 20% de 2014 à 2016 par rapport aux 15 ans précédents.

Globalement la dégradation des habitats représente la menace la plus signalée. Le rapport est basé sur le suivi de plus de 16.700 populations (4.000 espèces) : recensements par caméras (tapirs du Costa Rica, tigres en Inde), suivis des traces (lynx de Russie), programmes de recherche ou sciences participatives... Par exemple, la population d'éléphants dans la zone de Selous-Mikumi, en Tanzanie, a diminué de 66% entre 2009 et 2014. Depuis 1976, l'espèce a subi un déclin de 86%, du fait du braconnage en premier lieu. DE NOMBREUSES ESPÈCES EN VOIE DE DISPARITION L'index d'extinction montre une très forte accélération pour cinq grands groupes : oiseaux, mammifères, amphibiens, coraux et cycadales, une famille de plantes

Paris), la forêt amazonienne rétrécit toujours plus, comme la savane du Cerrado, au profit du soja et de l'élevage bovin. Près de 20% de la forêt amazonienne, la plus grande du monde, a disparu en 50 ans. Dans le monde, les forêts tropicales continuent de reculer, principalement sous la pression des industries du soja, de l'huile de palme et de l'élevage.

LES OCÉANS S'ÉPUISENT

biologie et la chimie terrestres.

octobre.

Ce qui, pour les scientifiques, signifie qu'une extinction de masse est en cours, la 6e seulement en 500 millions d'années.

A ce stade, nous avons déjà franchi deux autres "limites planétaires", avec les pertes d'espèces et le déséquilibre des cycles de l'azote et du phosphore (résultant de l'usage d'engrais et de l'élevage intensif). Pour la dégradation des sols, l'alerte est au rouge. L'acidification de l'océan et la ressource en eau douce n'en sont pas loin.

LES "LIMITES PLANÉTAIRES" SONT ATTEINTES En 2009, les scientifiques ont mesuré l'impact des besoins crois-

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renouvellement des écosystèmes, note le WWF, mais cela n'a pas compensé l'empreinte écologique de l'homme, trois fois plus marquée depuis 50 ans. LES FORÊTS SONT EN DÉCLIN Au Brésil, qui vient d'élire un président dont le programme n'évoque ni la déforestation ni le réchauffement (et qui souhaite mettre des conditions à l'accord de

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Depuis 1950, plus de 6 milliards de tonnes de produits de la mer ont été pêchées. Devant l'effondrement du stock, les prises ont atteint leur maximum en 1996, et depuis déclinent doucement. "Nous sommes la première génération à avoir une vision claire de la valeur de la nature et de notre impact sur elle. Nous pourrions aussi être la dernière à pouvoir inverser la tendance", prévient le WWF, qui appelle à agir d'ici 2020, "un moment décisif dans l'histoire", "une fenêtre


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Cultures

Journée culturelle «Les langues et les cultures à travers le cinéma»

Participation marocaine Dans le cadre de ses actions en matière de la diplomatie publique, le consulat du Royaume du Maroc à Montréal a participé à la journée culturelle sur le cinéma arabe sous le thème « Les langues et les cultures à travers le cinéma », organisée le 08 novembre 2018, par l’Université de Québec à Montréal en collaboration avec le Centre culturel Arabo-Canadien. Cet événement culturel auquel ont pris part des jeunes cinéastes, des universitaires et des diplomates a été marqué par la diffusion d’un documentaire sur le Festival international du film de Marrakech. Un choix initié par le Consulat

Général du Maroc pour démontrer que ce rendez-vous annuel qui a acquis une reconnaissance internationale effective est devenu désormais, une plate-forme prestigieuse entièrement dédiée au 7e art et à ses talents. La participation marocaine a été, également, distinguée par l’organisation d’un stand intégré dédié au cinéma marocain. Une occasion qui a permis aux participants, mais aussi aux visiteurs de s’informer sur l’industrie cinématographique au Maroc ainsi que les grandes avancées réalisées par le Royaume dans le domaine du 7

è art tant sur les plans de la réalisation, de la production, que sur celui de l’interprétation. Cette journée thématique qui a été rehaussée par la présence effective de Mme Habiba Zemmouri, la Consule Générale. Un panel a été organisé sur la diversité linguistique et culturelle dans le cinéma avec la participation de jeunes critiques et cinéastes arabe et canadiens en plus de la diffusion d’un long métrage égyptien en noir et blanc illustrant l’âge d’or du cinéma arabe. Communiqué du Consulat du Maroc

Dans le cadre de la 16ème semaine québécoise des rencontres interculturelles

La culture marocaine à l’honneur à Saint-Jean-sur-Richelieu Le Centre culturel marocain Dar Al Maghrib continue à jouer la proximité au Canada. Après avoir soutenu et organisé des activités cultuelles à Toronto, à Granby, Drummondville, à Laval, à Québec et Hochelaga Maisonneuve à Montréal, l’établissement se rapproche de nouveau de son public multiculturel en s’associant à la journée culturelle de Saint-Jean-sur-Richelieu organisée le 10 novembre 2018. Cette rencontre culturelle coorganisée avec les instances de la ville de SaintJean-sur-Richelieu, est ainsi la septième du genre dans le vaste programme culturel du Centre culturel marocain Dar Al Maghrib. Cet évènement interculturel placé sous le slogan « Pour un enracinement sans déracinement » s’inscrit dans le cadre de la 16ème semaine québécoise des rencontres interculturelles. Cette fête interculturelle MarocQuébec de Saint-Jean-sur-Richelieu s’inscrit également dans le cadre la célébration du 43ème anniversaire de la Marche verte et le 62ème anniversaire de la fête de l’indépendance du Maroc.

L’heure était à la fête sur la place publique, aux couleurs marocaines et québécoise, à travers la mise en place d’une tente sahraoui marocaine, l’exposition de produits artisanales et de beaux ouvrages du patrimoine marocain. Au programme également, la danse et la musique québécoises, la simulation d’un mariage marocain, un défilé de caftan marocain et une cérémonie de tatouage au henné. Le tout aux sons des tambours et kraquebes de la musique Gnaoua. La gastronomie et l’art de vivre marocain étaient aussi mis de l’avant à travers une cérémonie traditionnelle de thé accompagnée de dégustations de gâteaux marocains.

Le Centre culturel du Royaume du Maroc souhaitait que cette journée culturelle maroco-québécoise de Saint-Jean-sur-Richelieu, placée sous la présidence effective du Maire de la Ville, soit une magnifique opportunité pour promouvoir le mieux vivre ensemble et une occasion pour agir en faveur du rapprochement interculturel, ainsi que de souligner les valeurs communes de respect mutuel, de dia-

logue, d’ouverture et de tolérance. A noter que cet événement s’inscrit à plus d’un titre dans les missions du Centre culturel marocain Dar Al

pour l’établissement de montrer ainsi qu’il est au service de la promotion du vivre ensemble et qu’il constitue un outil facilitateur pour une intégration

Colloque et séance de signature de livres Le jeudi 15 novembre de 18h à 21h à Dar Al Maghrib

Les musulmans et le bien-vivre ensemble au Québec

Avec: Rachida M'faddel, écrivaine, conférencière. Aoua Boucar Ly-Tall, sociologue, consultante internationale. Radouane Bnou-nouçair, ingénieur, écrivain-journaliste. Siegfried Mathelet, docteur en philosophie, chercheur. Hassan Guillet, ingénieur, avocat à la retraite, écrivan, imam Entrée gratuite Maghrib. C’est en effet devenu une tradition pour le Centre culturel marocain Dar Al Maghrib de jouer la proximité dans son programme d’activité en participant régulièrement à l’enracinement des marocains du Canada dans la société d’accueil sans se déraciner de ses origines. Il s’agit

positive de la communauté marocaine. Soulignons dans ce contexte, que le Centre Culturel Marocain Dar Al Maghrib, créé par le département chargé des Marocains résidant à l’étranger a été inauguré en 2012 par SA la Princesse Lalla Hasna, est

Des artistes algériens privés de visa canadien Par Wahid Megherbi

Nous avions pensé que le refus de visa pour les algériens désirant séjourner au Canada n’était que partiel voir temporaire mais force est de constater que les autorités canadiennes ont durcit les conditions d’octroi du sésame d’entrée au pays de l’érable pour les ressortissants algériens.

la moitié des demandeurs de visas algériens ont été déboutés durant le premier semestre de l’année 2018. Peut-on y voir un alignement sur la politique européenne qui tendrait ces derniers temps à rendre la vie difficile aux nombreuses familles incapables de recevoir leurs parents pour une courte visite. Au Canada, ce durcissement semble se confirmer.

d’orchestre Kamel Maati et son groupe n’ont pu obtenir leur visa d’entrée malgré leurs innombrables voyages de par le monde et la grande notoriété dont ils jouissent. Le refus cette fois-ci fut collectif et sans appel. Aucun motif pertinent n’a été donné aux responsables du Festival du Monde Arabe de Montréal organisateur du spectacle auquel devait participer nos artistes .

Un récent article révélait que presque

La chanteuse Nada Al Raihane, le chef

Nada Al Raihane et Kamel Maat

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devaient célébrer l’hommage à la mémoire de l’icône de la chanson arabe » Warda El Djazairia » prévu le 10 Novembre à Montréal .Ce n’est que partie remise. Le spectacle aura bien lieu mais avec une autre cantatrice. Cet malencontreux épisode doit éveiller l’attention sur une probable politique canadienne qui pourrait nous révéler, au fil des jours, de futures surprises qui confirmeraient ou infirmeraient la réelle

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ouvert à tous, sans distinction d’origine ou de religion. Dans le cadre de son engagement éducatif et pédagogique, la Maison du Maroc propose un programme d’activités, d’ateliers, de thématiques et d’outils visant à partager les richesses culturelles et civilisationnelles du Royaume du Maroc, de l’Afrique et du monde arabe d’ici et d’ailleurs. Le tout en faveur de la promotion du mieux vivre ensemble. L’événement rassembleur de saint Jean sur Richelieu est justement pour l’établissement l’occasion de promouvoir au Canada le Royaume du Maroc. Comme ce fut fait dans d’autres villes, il s’agit de présenter la diversité culturelle du Maroc et ses différentes traditions en mettant en exergue les multiples facettes et richesses du Royaume. Il s’agit enfin de vivre ensemble les diversités du Québec et de contribuer au rayonnement du Maroc en terre d’accueil.

politique gouvernementale d’octroi de visas pour les citoyens Algériens et Maghrébins Nous n’omettrons pas de préciser que l’Algérie représente le 1er partenaire économique du Canada en Afrique et au Moyen-Orient. Par conséquent, la circulation des biens et des personnes doit être prise en conséquence. Affaire à suivre.


Sports

Karaté - Championnats du monde

Cinq médailles dont une en or pour Adam Chaoui Adam Chaoui était début novembre 2018 pour les championnats du monde de Karaté. Et il ne s’est pas déplacé pour rien! CINQ MÉDAILLES, DONT L’OR… Il revient avec pas moins de cinq médailles : trois de bronze, une d’argent et la cinquième … en or. Autrement dit, Adam Chaoui est champion du monde. Et il a réalisé cet exploit en n’étant pas au mieux de sa forme puisqu’il relevait d’une maladie virale qui l’avait grandement affaibli à la veille du début de la compétition. LA REVANCHE DE 2016 Ces résultats on les attendait cependant depuis 2016. Du 29 Octobre au 4 Novembre de cette année en effet, aux championnats du monde qui s’étaient tenus à Dublin, Adam, auréolé de son titre de Champion Canadien de l’année, s'était déjà démarqué avec force et détermination en remportant deux belles médailles d'Argent et deux médailles de Bronze, devant plusieurs adversaires internationaux, ce qu'il lui avait donné la chance de montrer sur le podium à quatre reprises. Les exploits ne Adam ne doivent rien au hasard : il travaille avec acharnement et avec une volonté extraordinaire. Et il n’a pas fini de nous étonner… Avec cette performance, Adam a honoré son style, son pays, sa communauté, ses amis et sa famille, merci Adam de nous donner cette sensation de fierté, tu mérites tous ces résultats, tu as travaillé très fort pour monter sur le podium et voilà, mission accomplie, tu rentres au pays la tête haute.

Aïman Benkhadra champion panaméricain 2018 Six fois champion canadien et champion panaméricain de karaté Shotokan, Aïman Benkhadra a offert tout un cadeau aux karatékas de l'institut Shotokan de Sept-Îles. Pour la première fois, un champion a entraîné athlètes et grand public au karaté sportif. Il y avait deux groupes cette fin de semaine, explique Aïman Benkhadra. Il y a avait un groupe plus avancé, un groupe plus débutant. Avec le plus avancé, j'ai pratiqué la stratégie, avec les débutants, plus la technique. Et çe cours-ci, c'est le cours pour tous. On va travailler quelque chose qui va être utile pour tout le monde, peu importe que tu commences ou que tu sois plus avancé, c'est les jeux de jambes. On n'est même sanctionné si on frappe trop fort au visage de nos adversaires, dit-il. «Le karaté, c'est souvent vu comme quelque chose de très traditionnel, très carré, très droit, très structuré, mais ça peut être le fun. C'est le fun! C'est

comme ça que je veux l'amener» dit Aïman. UN TITRE OLYMPIQUE EN 2020? Le karaté fera son entrée parmi les sports olympiques en 2020. Troisième au Championnat du monde de karaté Shotokan en 2016, Aïman Benkhadra s'entraîne en espérant pouvoir y participer. Son entrée dans le sport n'a cependant pas été de tout repos, constate-t-il. «J'ai vomi à mon premier cours de basket. Je déteste nager. J'ai essayé le judo. Je n'étais pas fait pour le judo à cette époque-là. Donc c'est vraiment sur le karaté que j'ai accroché, vu que c'est un sport un peu plus centré sur soi. Il n'y a pas le contact, tu as la liberté de bouger comme tu veux. Parce que j'étais très gêné comme enfant » raconte-t-il en riant. C'est à Sept-Îles que se déroulera cette année la compétition régionale de

karaté pour les Jeux du Québec. L'institut de karaté Shotokan de SeptÎles espère que ce genre d'activité pourra attirer et retenir les karatékas nord-côtiers.

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«En plus d'être un sport, c'est aussi une philosophie. C'est, je pense, quelque chose qui est très populaire à Sept-Îles, on peut en témoigner avec

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quatre dojos de karaté Shotokan » assure l'instructeur-chef de l'institut de karaté Shotokan de Sept-Îles, Marco Coulombe.


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