Article publié à l’origine dans Pathways Été 2023. Tous droits réservés 2023. Partenariat canadien du lymphœdème. Diffusé avec la permission de l’éditeur. Adaptation : Anne-Marie Joncas – Graphisme : Catherine Boily
LE SAVIEZ-VOUS ?
L’impact de l’obésité sévère
Les taux d’obésité augmentant partout dans le monde, nous avons comparé les patients atteints de LO (LO) avec et sans diagnostic concomitant d’OS (OS), en fonction de leurs caractéristiques démographiques de base, de leurs caractéristiques liées à la santé, de leurs plans de traitement et de leurs résultats. Conception : Cohorte d’observation rétrospective.
MÉTHODES : La base de données IBM MarketScan a été analysée (2013-2019) pour les patients ayant reçu un nouveau diagnostic de LO. Sur les 60 284 patients atteints de LO, 6 588 présentaient une OS définie par un IMC> 40 kg/m2. Les données démographiques et les autres caractéristiques de l’OS ont été mises en parallèle avec celles des patients atteints de LO sans OS.
RÉSULTATS : Le diagnostic d’OS et de LO a été multiplié par deux entre 2013 et 2019. Les patients atteints de LO avec OS étaient plus jeunes (57,8 contre 60,8 ans) et comprenaient plus d’hommes (37,7 % contre 24,9 %) que les patients atteints de LO sans OS. Davantage de comorbidités ont été observées chez les patients atteints de LO avec OS par rapport aux patients atteints de LO sans OS (diabète 46,0 % contre 24,9 %, insuffisance cardiaque 18,3 % contre 7,4 %, hypertension 75,0 % contre 47,6 %, maladie rénale 24,8 % contre 11,9 %). L’utilisation de diurétiques dans le groupe LO avec OS était plus importante, soit 57,6 % contre 38,0 %. Les patients atteints de LO avec OS présentaient un risque plus élevé de cellulite, soit 34,5 % contre 13,5 %. Le traitement spécifique au LO a été administré plus souvent aux patients atteints d’OS, 66,3 %
contre 64,3 %. Cette différence est significative pour le drainage lymphatique manuel, 46,6 % contre 40,0 % et la thérapie physique, 55,4 % contre 51,6 %, mais pas pour les vêtements de compression, 18,2 % contre 17,7 %. Cependant, plus de patients atteints d’OS ont bénéficié d’un traitement par compression pneumatique, 20,9 % contre 13,7 %.
CONCLUSION : On note une augmentation du LO associé à l’OS. L’incidence de la cellulite est multipliée par 2,5 chez les patients atteints d’OS, ce qui entraîne une augmentation significative de l’utilisation des ressources médicales et des coûts. Néanmoins, les patients atteints de LO et d’OS reçoivent des traitements moins spécifiques, telle la compression qui s’est avérée réduire l’incidence de la cellulite.
Source : Clinical impact of severe obesity in lymphedema. Eur J Vas Endovasc Surg. 2022 Nov 17: S1078-5884(22)00759-6. Doi: 10.1016

La télésanté à des fins d’éducation et de suivi
OBJECTIF : L’objectif principal de cette étude était de comparer les taux de participation à une formation de groupe sur le lymphœdème et à un rendez-vous de suivi individuel le même jour entre les soins par télésanté (TS) et les soins en personne (SP) auprès de participantes ayant subi une chirurgie du cancer du sein (CS). Les objectifs secondaires comprenaient l’évaluation de la satisfaction des participantes et des coûts entre les deux modèles de service. MÉTHODES : Les participantes ayant subi une dissection des ganglions axillaires ont assisté à une formation de groupe sur le lymphœdème et à une séance de suivi individuel
le jour même par la méthode de leur choix (TS ou SP). Les taux de participation, la satisfaction et les coûts ont été consignés pour les deux cohortes, ainsi que les problèmes techniques et la satisfaction des cliniciens pour la cohorte TS.
RÉSULTATS : Cinquante-cinq personnes ont participé ; les 28 participantes ayant choisi les SP se sont présentées, tandis que 22 des 27 participantes ayant opté pour la TS ont assisté au rendez-vous. Dans l’ensemble, l’expérience des participantes a été positive, sans différence significative entre les cohortes. Les cliniciens se sont déclarés très satisfaits de l’éducation (médiane = 4 [IQR 4-5]) et de l’évaluation individuelle (médiane = 4 [IQR 3-4]) assurés par la TS. Les coûts médians de participation individuelle étaient de 39,68 $ australiens (Q1-Q3 28,52 $ 68,64 $) pour la TS et de 154,26 $ australiens (Q1-Q3 81,89 $ 251,48 $) pour la cohorte SP.
CONCLUSION : L’éducation et l’évaluation du lymphœdème par la TS pour les personnes ayant subi une chirurgie du CS ont été associées à une satisfaction positive, à des économies de coûts et à des problèmes techniques minimes malgré un taux de fréquentation plus faible que pour les SP. Cette étude contribue aux preuves de plus en plus nombreuses en faveur de l’éducation et de l’évaluation du lymphœdème par TS et de son application potentielle à d’autres populations présentant un risque de lymphœdème relié au cancer.
Source : Evaluating telehealth for the education and monitoring of lymphoedema and shoulder dysfunction after breast cancer surgery. Support Care Cancer. 2023 Mar 28;31(4):239. doi: 10.1007/s00520-023-07693-8.
Les changements saisonniers
Le lymphœdème relié au cancer du sein (LRCS) est une séquelle fréquente du traitement du cancer du sein. Des recherches anecdotiques et qualitatives semblent indiquer que la chaleur et les périodes de canicule provoquent une exacerbation du LRCS, mais peu de preuves quantitatives viennent étayer cette thèse. Cet article étudie la relation entre les variations climatiques saisonnières et la taille des membres, le volume, la distribution des fluides et le diagnostic chez des femmes après un traitement contre le CS.
MÉTHODES/RÉSULTATS : 25 Australiennes de 38 à 82 ans ont été recrutées. Les participantes ont été soumises à des mesures anthropométriques, circonférentielles et par bioimpédance, ainsi qu’à un sondage à trois reprises : novembre (printemps), février (été) et juin (hiver). Les critères diagnostiques de >2 cm et >200 ml de différence entre le bras atteint et le bras non atteint, et un rapport de bioimpédance positif de >1,139 pour un bras dominant et de >1,066 pour un bras non dominant ont été retenus pour les trois prises de mesures effectuées.
CONCLUSION : Il n’y a pas eu de variation statistiquement significative de la taille des membres, du volume ou de la distribution des fluides dans cette population entre le printemps, l’été et l’hiver, bien que des tendances liées à ces valeurs aient été observées. Le diagnostic de lymphœdème a cependant varié d’une participante à l’autre au fil de l’année. Cette constatation a des implications importantes pour la mise en œuvre et le début du traitement et de la prise en charge. Des recherches plus approfondies portant sur une population plus importante et sous des climats différents sont nécessaires pour explorer la situation des femmes en ce qui concerne le LRCS. L’utilisation de critères de diagnostic clinique communs n’a pas permis d’obtenir une classification diagnostique cohérente du LRCS pour les femmes participant à cette étude.
Source : Seasonal variations in upper limb size, volume, fluid distribution, and lymphedema diagnosis, following breast cancer treatment PMID:36812466 | DOI:10.1089/lrb.2022.0017 Lymphat Res Biol. 2023 Feb 22.