“Space cannot be considered neutral without qualitative properties. Form and its sensual content should be developed based on a holistic conceptual understanding of space and materials with all their complex environmental, phenomenological and sensual properties.” 1
Le caractère sensuel se détermine, non pas dans une expérience qui traite des sens, mais plutôt dans une expérience abordant un élément séduisant. La sensorialité conditionne l’étendue de l’expérience des sens, dans son aspect primaire et organique ; la sensualité, elle, se réfère à un plaisir psychique ressenti lors de l’expérience vécue.
L’attirance humaine qui qualife la tension existante entre toute chose nous rend sujet à cette sensualité, un enivrement qui transpose l’intérêt grandissant d’assouvir notre curiosité. Ce désir du plaisir des sens, propre à l’existence humaine, se manifeste dans un érotisme architectural, artistique, sous forme palpable, immatériel ou matériel.
Il est alors possible d’y attribuer ce concept d’aesthetic, appuyant toute son essence autour du beau, des émotions, de la sensualité. La vision contemporaine d’un designer s’attache à toutes les échelles : de l’étalement urbain d’une ville, au bâtiment architectural jusqu’à l’objet ; on ne s’attarde plus seulement à l’usage et la fonctionnalité mais beaucoup plus à la relation entre l’humain et l’ouvrage ; ce rapport à l’être s’illustre ainsi par cette tension spatiale, sensible, sensuelle.
Grâce à cette approche holistique, le processus créatif d’un designer s’intéresse à la notion qualitative où l’esthétique ne réside pas seulement dans la vue, le sens moteur, mais aussi dans tous les suivants. La phénoménologie d’un concept, annexée à l’audition, aux odeurs ou au toucher, due par exemple à la sensualité des diférentes textures et des formes, vient donc créer cette interaction entre le sujet et les individus, allant au-delà de celle conjecturée initialement. Cette nouvelle démarche conceptuelle vient alors stimuler nos sens jusqu’à nous faire éprouver une forme réelle de plaisir.
Ainsi l’espace, composé d’une mixité de « caractère environnemental » s’exprimant sous une distinction esthétique, qui s’appuie sur cette théorie de la perception, réside dans le caractère sensuel du lieu comme atout fondamental de séduction. Cette présence physique d’éléments, qui détiennent en eux-mêmes des qualités sensuelles, permettent par le biais d’une attirance, cette perception du lieu. La sensualité se transcrit donc dans un quotidien et par ce rapport au banal, doit s’inscrire dans la pratique du designer contemporain.
La sensualité, en architecture ou en design, peut d’autant plus s’afrmer tel une identité sexuelle conférée, dans un genre, à l’élément de type architectural ou de l’échelle de l’objet. Par cette qualifcation frivole, façonnée, s’imprégnant de l’espace urbain, on peut alors unir le genre architectural à une forme d’association et d’expression se rapportant tant à la masculinité qu’à une forme de féminité. Ici la sensualité, des courbes, des formes, des volumes, vient lier intrinsèquement le sexe et son corps, son image, son allure, à l’objet ou à l’espace.
Cette métaphore nous amène donc vers une réfexion autour du fantasme, désir conscient ou inconscient ; le contraste, à la fois puissant et très mince entre le sexe, l’art ou l’architecture transcende cette pratique en l’élevant au rang d’expression matérielle venant célébrer le corps. Finalement, cette tension et cette ambiguïté émanant de l’objet profté peuvent-elles apparaître comme étant une façon de cacher notre propre besoin de sensualité ?
