5 minute read

FULL METAL JACKET

Next Article
EYES WIDE SHUT

EYES WIDE SHUT

FULL METAL JACKET

FULL METAL JACKET

Advertisement

Production : Warners Bros. Pictures Scénario: Stanley Kubrick, Michael Herr, Gustave Hasford Acteurs : Matthew Modine, Adam Baldwin, Vincent D’Onofrio, R. Lee Erney Année de sortie: 1987 Durée: 116 minutes Genre: Drame, Guerre Nationalités : Britannique, Américain

RÉSUMÉ

Les premières classes James Davis (Joker), Robert Evans (Cowboy) et Léonard Lawrence (Baleine), subissent les foudres du sergent Hartman qui doit les préparer au combat.Hartman va d’ailleurs se montrer très sévère avec Baleine qui n’a pas le niveau. Joker devient responsable de Baleine. Hartman punit le groupe au moindre écart de Baleine. La méthode fonctionne:les soldats se vengent la nuit suivante. Baleine progresse et montre de belles aptitudes au tir. Sauf qu’il a perdu les pédales. Joker essaie de le ramener à la raison. Sans succès. Léonard tue son sergent avant de se suicider. Au Vietnam, Joker rejoint Stars and Stripes en tant que journaliste. Il se dispute avec son chef à propos du journal, lui reprochant de servir la propagande américaine sans reporter ce qui se passe réellement. Puni pour son effronterie, Joker est envoyé au casse-pipe à Phu Bai. Joker tombe par hasard sur Cowboy. Il va suivre sa division alors qu’elle progresse vers Hué. La patrouille se fait tirer dessus par un tireur VietCong. Cowboy est touché à la poitrine. Le groupe finira par trouver le sniper qui se trouve être une jeune fille. Lors de l’assaut, Joker perd le contrôle de son fusil et se fait sauver par son collègue Rafterman. Grièvement blessée, la jeune fille agonise. La Brute qui voulait la laisser mourir à petit feu autorise son exécution à la condition que Joker s’en charge. Il lui tirera une balle dans la tête. Joker avoue que bien qu’il soit dans un monde de merde, il est content d’être en vie. Et il n’a pas peur. En tout cas c’est ce qu’il dit.

ANALYSE

Full Metal Jacket est le troisième film de guerre de Kubrick. Le film est distinctement scindé en deux parties, il nous plonge d’abord dans le champ d’entraînement des marines de Paris Islande, avant de s’envoler avec les soldats fraîchement diplômés pour la guerre du Vietnam. Aux Gauches droites, gauche droite, et à la violence de l’endoctrinement du sergent instructeur Hartman se succèdent des plans montrant l’horreur des combats. C’est en visionnant «R.A.S» de Yves Boisset que Kubrick eut l’idée de réaliser un troisième film de guerre. Il aurait été impressionné par l’esthétique quasi documentaire du réalisateur français. Après un long et laborieux processus d’écriture marqué par le croisement de deux oeuvres (Le Merdier, récit autobiographique du vétéran Gustav Hasford, et dispatches, autre récit vécu sur la Guerre de Vietnam, écrit cette fois-ci par Michael Herr), Stanley Kubrick débute le casting. Même si l’envie de travailler avec Arnold Schwarzenegger ou encore Bruce Willis, Kubrick décide de choisir des acteurs moins, voir pas connu. Dans le rôle du sergent instructeur Hartman, il finit même par engager R. Lee Emery, un vétéran qui devait à la base officier en tant que conseiller technique sur le tournage. Dans le rôle de l’engagé Baleine, il fait confiance à Vincent D’Onofrio, un inconnu à qui il demande de prendre trente-deux kilos pour figurer l’embonpoint emprunté du personnage.

LA DIMENSION DOCUMENTAIRE DU FILM ÉTANT À LA BASE DU PROJET, STANLEY KUBRICK ET SON PERFECTIONNISME REMPLISSENT DES DIZAINES DE BOÎTES DE DOCUMENTATION.

Kubrick décide de tourner tout le film en Angleterre. À l’aide de deuxcents palmiers espagnols et de cent-mille arbres en plastique importés de Hong Kong, il transforme une usine désaffectée de la banlieue de Londres en village Viet-Cong défiguré par les bombes. L’armée américaine refuse de prêter du matériel à cause de la dimension antimilitariste du scénario, Kubrick est obligé de faire appel à des collectionneurs. Ce décor méticuleusement reconstitué, associé à la steadycam, très importante pour le réalisateur, permet de parvenir au sentiment d’extrême immersion désiré par Kubrick. En postproduction, il habille le film d’une bande-son pop où se côtoie Nancy Sinatra, The Trashmen et l’imparable Paint It Black de The Rolling Stones. Quant à l’auteur de la musique qui accompagne les scènes de combat, il s’agit de la fille de Kubrick, Vivian, ici dissimulée sous le pseudonyme d’Abigaïl Mead. Après sept ans de dur labeur, Full Metal Jacket sort enfin en salle.

MALGRÉ DES DÉCORS ÉPOUSTOUFLANTS, FULL METAL JACKET TERMINE À LA 23E PLACE DU BOX-OFFICE AMÉRICAIN EN 1987.

Absent de la très autoritaire liste des 100 meilleurs films de l’histoire, Full Metal Jacket est un peu le mal aimé de sa dense filmographie. Un film qui vaut pour ses scènes de dialogues cultes, mais dont la dimension artistique n’atteint pas celle de ses autres films. Au-delà des parties comiques, le film suit le trajet de la plupart des films de Kubrick. C’est un inexorable cheminement vers le monstrueux, vers l’inhumain. Si la fabrique de soldats du capitalisme, d’hommes dociles, insensibles, cruels, misogynes et homophobes dégoûte dans un premier temps et semble acheminer le film vers un propos antimilitariste, sa conclusion dresse un constat bien plus retors : en chaque homme se cache un tueur de sangs froids, un monstre ridicule et implacable, un butor capable de tout par folie, par luxure, ou par nécessité de survie. C’est la dualité de l’homme.

FULL METAL JACKET EST PEUT-ÊTRE LE FILM QUI CERNE AU PLUS PRÈS LA MISANTHROPIE PROFONDE DE STANLEY KUBRICK.

Cette posture versatile et complaisante, mi-figue, mi-raisin, a toujours posé problème dans les films de Kubrick qui valent plus pour la perfection de leur construction et leur pouvoir de sidération visuelle que pour l’intérêt de leur discours sur l’être humain. Tels un soldat d’élite et son fusil, il est passé maître absolu dans la manipulation de la caméra et la construction d’un film, mais a opéré une prise de distance vis-à-vis de l’humain. Full Metal Jacket lui a permis d’aller jusqu’au bout de son idéal de détachement et d’abstraction.

This article is from: