Hybridation des pratiques architecturales

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HYBRIDATION DES PRATIQUES ARCHITECTURALES Rapprochement entre la pratique d’agence et associative pour promouvoir une architecture sociale et solidaire

ALEXANDRE GOURET MSP : RHIZOME, D’OCTOBRE 2018 A JUIN 2020 MSP : MORE, DE NOVEMBRE 2013 A JUIN 2020 TUTEUR MSP : JULIEN GUENEGUES DIRECTEUR D’ETUDES : SEBASTIEN PENFORNIS

PORTFOLIO - HMONP 2019-2020 ENSAB


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_REMERCIEMENTS Je tiens à remercier tout d’abord Thierry Dupeux et Julien Guénéguès pour m’avoir accueilli au sein de leur agence. Merci à l’ensemble de mes collègues Manuel, Alexia, Lauranne et Damien pour leur soutien, leurs expériences et leur amitié m’apportant du recul et des rires dans la pratique quotidienne de l’architecture. Mais également Glenn Desury ainsi que toutes les personnes ayant croisé l’Association More. Ces rencontres, échanges et expériences m’ont donné du sens à la vie et un rôle à jouer dans la société. Merci à Alice, Nathan et Emma pour leur présence, les débats sans fin et les moments de vie partagés. Merci à David, Amélie, Marvin, Leo et Louis pour leur bienveillance et le partage du quotidien. Je remercie évidemment mon directeur d’études Sebastien Penfornis, pour m’avoir encadré et conseillé lors de ma HMONP ; ainsi que mes camarades de formation pour ces moments de partage et d'échanges entre professionnels. Mon dernier remerciement est adressé à Antoine, ami et binôme depuis les premières années à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie (ENSAN) jusqu’au projet de fin d’études et aujourd’hui en agence. Merci pour le soutien, pour la compréhension, pour la remise en question, pour la force et pour nos projets futurs.

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_SOMMAIRE

_REMERCIEMENTS

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_00 AVANT-PROPOS

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00.1 – Présentation du contexte de la mise en situation professionnelle

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00.2 – Résumé des tâches et responsabilités au sein de la structure d’acceuil

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00.3 – Contexte d’intervention de l’agence et de l’association dans la fabrication de la ville en tant qu’objet de vie 10 _INTRODUCTION

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_01 RELATIONS ENTOURANT LE PROCESSUS DE PROJET

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1.1.Collaboration

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1.2.Coopération

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1.3.Pluridisciplinarité

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1.4.Transdisciplinarité

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_02 APPREHENSION DE LA VILLE EN TANT QU’OBJET DE VIE

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2.1. Coexistence

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2.2. Cohabitation

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2.3. Réappropriation

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_03 OUVERTURES ET PASSERELLES

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3.1. Bilatéralité / Réciprocité

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3.2. Symbiose / Hybridation

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_CONCLUSION

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_BIBLIOGRAPHIE

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_SITOGRAPHIE

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_ANNEXES

41 _FICHES DE PROJETS

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_CV

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_RAPPORT DE SUIVI DE MSP

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_00 AVANT-PROPOS 00.1 – Présentation du contexte de la mise en situation professionnelle J'effectue ma mise en situation professionnelle dans l'agence Rhizome, où je suis engagé depuis Octobre 2018 en CDD. Basée à Rennes, elle a existé sous différentes formes administratives. Thierry Dupeux s’installe en libéral en 1995 à Rennes. En 2012, Julien Guénéguès, alors chef de projet au sein de l'agence, devient cogérant. L'agence, en tant que SARL, prend alors le nom de Rhizome. L'agence est constituée de deux gérants Thierry Dupeux et Julien Guénéguès, d'une assistante de direction employée depuis huit ans, Corine Brasseur, d'un dessinateur, Damien Chapon, de deux chefs de projet, Manuel Lemonnier et Alexia Giboire, de deux conducteurs de travaux, Lionel Moal et Mathieu Pitel et de trois architectes diplômés d'état, Antoine Piel, Lauranne Bolzec et moi-même. L'agence étend son champ d'action sur le territoire breton principalement, tout en développant son influence sur un secteur plus large (Mayenne, Loire-Atlantique, …). Elle se tourne vers le logement social (intermédiaire et collectif en priorité). L'agence jouit d'une reconnaissance de la part de certains promoteurs en la matière et multiplie ses interventions sur l'ensemble de la métropole rennaise et ses alentours. Elle noue un lien fort avec les différents acteurs de la ville, tant auprès des promoteurs immobiliers et bailleurs sociaux que des services administratifs. Son deuxième champ d'intervention est celui de l'urbanisme pour lequel elle a un bon nombre de références et un savoir-faire conséquent. C'est à travers le chantier et son expérience que l'agence établit une réelle relation de confiance avec les particuliers et professionnels en lien avec le milieu de l'aménagement. L'agence se démarque également par quelques projets expérimentaux ainsi que par la démarche participative qu'elle met en place dans certains projets.

En parallèle, depuis 2013, je fais partie de l'Association More, structure associative dans laquelle j'agis en qualité de vice-président et de porteur de projet. Elle a été fondée en novembre 2013 par des amis venant de domaines divers et variés (marine marchande, commerce, ouvrier du bâtiment, architecte, etc.) partageant l’idée que la culture devait être l’outil adéquat pour fédérer une société à l’allure égarée. La diversité de nos formations est quelque chose d’essentiel afin de s’assurer de ne pas tomber dans les travers de l’entre-soi, mais également de s’assurer que nous sommes experts dans nos domaines respectifs. Cette pluridisciplinarité permet d’être compréhensible et accessible à tout type de personne et ainsi favoriser la rencontre, l’échange et la compréhension par tous. L’association porte le nom de l’écrivain et philosophe Thomas More qui, en 1516, développe la notion d’Utopie. L’Utopie représente l’esquisse d’un modèle de société dans laquelle l’épanouissement et le bonheur de chacun sont rendus possibles. More écrit son livre à une époque où le progrès pouvait être perçu comme source d’amélioration sociale. Mais au lieu de cela, il apporta malheur, misère et isolement pour une grande partie de la société. L’Histoire ne cesse de nous rappeler qu’évolution et émancipation ne sont pas toujours liées. Fort de ce constat, More décide de proposer un modèle de société nouveau, déconnecté d’une certaine forme de réalité, mettant ainsi en exergue les défauts de la société dans laquelle il évolue. Cette dimension alternative qu’est la collectivité autonome est pour nous une source pensée et réfléchie, donnant lieu à des actions positives. C’est ainsi que nous nous sommes mis à produire des événements culturels dans lesquelles les lieux, les médiums et les artistes offrent la possibilité de rencontre entre milieux, générations et cultures différentes. Ces projets n’ont pas d’échelle ni de lieu prédéfini. Ils se créent au gré des rencontres et des opportunités qui se présentent. La structure peut également soutenir des porteurs de projets extérieurs. Chaque projet offre des possibilités, permet d’apprendre, de transmettre, de partager, de s’enrichir. Son champ d'action se concentre sur des projets d'urbanisme, d'architecture, de scénographie, d’événements culturels ou encore de viticulture. C’est une association culturelle à but non lucratif qui vise à favoriser la rencontre et l’échange entre les milieux, les cultures et les générations afin de permettre une société plus respectueuse car plus consciente de l’autre. L'association est composée d'un bureau comprenant un président (Glenn Désury, architecte HMONP associé de la Serre d'Expérimentation des Ars), un vice-président (moi-même, architecte DE Rhizome), une trésorière (Léna Desury, gérante associée d'un vignoble dans le Gar) et d'un secrétaire (Tugdual Prigent, architecte HMONP Atelier Villermard Associés). Le bureau est élu par vote lors d'une assemblée générale annuelle. Les mandats peuvent varier d'une à deux années et chaque membre peut être réélu sans limite de mandats. L'association, étant ouverte au gré des porteurs de projets et personnes voulant y participer, ne présente pas un nombre 9


d’adhérents fixes. Mais nous estimons à 150 le nombre de collaborateurs et coopérateurs répartis sur une dizaine de pays allant du Mexique, à l'Espagne, en passant par l'Allemagne, la Belgique, la Grèce ou encore la France. Les décisions générales sont inhérentes au bureau, cherchant continuellement consensus, et tranchées par le président, responsable légal de l'association. Les décisions internes aux projets sont, de la même manière que le bureau, attaché aux porteurs de projets et de leur équipe. Chaque porteur de projet présente un dossier complet de candidature soumis à la validation du bureau. Sur certaines questions projectuelles, l'avis du bureau peut être requis (économique, réseaux, orientation éthique, etc.).

00.2 – Résumé des tâches et responsabilités au sein de la structure d’accueil Il m'a été donné de travailler sur de nombreux sujets durant ma mise en situation professionnelle. Le premier de ces sujets étant celui du logement social. En effet, je suis le responsable et l'interlocuteur principal de quatre projets de logements collectifs et intermédiaires. L'un prend place à la ZAC de la Vigne à Thorigne Fouillard, les autres à la Zac de la Massaye à Guichen, chemin de la forge à Chateaubourg, lotissement le Chesnot à Breteil. Ces projets, de tailles similaires (20 logements pour le premier, 24 pour le second, 40 pour le troisième et 25 pour le dernier) se différencient par le mode de passation de la commande (concours pour le premier, commande privée pour les autres) ainsi que le type de maîtrise d'ouvrage (bailleur social pour le premier, promoteur privé pour les autres). Le deuxième sujet duquel je me suis emparé est celui de l'urbanisme. J'ai été désigné pour la prise en main d'un projet d'aménagement urbain à Montfort sur Meu. Dans la continuité de mon activité de gestion de projet à l'agence, j'ai participé au développement d'une micro architecture participative répondant à un agrément à l’aménagement urbain d'une ZAC à Betton. Cependant malgré la diversité de phases auxquelles je participe, je n'ai pas encore été confronté directement au suivi de chantier en tant qu'unique interlocuteur des entreprises. Ceci est d'abord dû à la configuration des rôles de chacun dans l'agence mais également dû à l'objectif de pratiquer cette tâche sur des projets sur lesquels j'ai travaillé. Ces projets ne sont pas encore arrivés à la phase de chantier. D'autre part, à travers l'association More, j'ai porté et participé à un certain nombre de projets associatifs allant de concours d'urbanisme (Europan), la création d'une galerie d'art éphémère et de sa programmation, de projets de scénographies pour des événements culturels, la création d'un vignoble en Côtes d'Armor ou encore l'organisation d’événements culturels. Enfin et depuis trois ans maintenant, je participe à un projet de construction d'une maison bioclimatique à Plédéliac à travers la conception mais également via le chantier participatif.

00.3 – Contexte d’intervention de l’agence et de l’association dans la fabrication de la ville en tant qu’objet de vie L'agence Rhizome traite la question du logement social dans différents cadres d’interventions : que ce soit en ZAC ou dans le « diffus », en démarche participative ou en s'associant avec d'autres agences. A travers la confrontation des multiples réglementations (PassivHaus, Bbio, Cerqual) elle tente de questionner trois aspects : qualité d'usage, impact environnemental, qualité plastique. Cette pluralité d'intervention a permis à l'agence de créer des liens étroits avec les bureaux d'études les plus fréquemment consultés (Ouest Structure, Kanopés, Cabinet Desmonts, etc.) et ainsi, une gestion de projet commune et partagée. L'association More aspire à favoriser la rencontre et l’échange entre les milieux, les générations et les cultures. Afin de mener à bien ce souhait, nous avons fait le choix d’utiliser la culture comme vecteur pour favoriser ce dynamisme. Elle est pour nous, à la fois une racine commune, mais également la constituante même de chaque individu. Comprendre son prochain, c’est prendre conscience des richesses que peuvent engendrer nos différences par leur mise en commun. Le respect de celles-ci offre un potentiel d’épanouissement, personnel et collectif, pouvant se démultiplier de façon exponentielle. De cette manière nous nous situons dans une économie de la connaissance où l’échange enrichit chaque individu. Quel que soit le territoire, la création d’un cadre favorisant le rassemblement, la discussion et le partage autour de différents points de vue est toujours bénéfique ; ses bienfaits sont constatés. Certains environnements en ont davantage besoin, l’important étant que chacun puisse y trouver une possibilité d’initiative.

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Certaines rencontres ont été le point de départ d’amitiés pérennes, d’autres de collaborations professionnelles, d’accueil de services civiques ou de stagiaires d’horizon variés allant du commerce à l’architecture en passant par la communication. Ces projets nous ont aussi permis de rencontrer un grand nombre d’acteurs sur les territoires, nous offrant des clés de compréhensions de leurs fonctionnements. Ces projets sont également l’occasion d’expérimenter de nouvelles manières de faire. Dans les deux cas, l'agence et l'association portent leur intérêt sur les villes et les territoires. A travers leurs divers projets, des relations sociales se développent et leur participation dans la construction urbaine différent. Qu'est ce qui oppose ces deux pratiques collectives dans la question du social ? Comment considèrent-elles la ville en tant qu'objet de vie ? Quelles passerelles peut-il y avoir ?

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_INTRODUCTION Ce mémoire professionnel est une opportunité de faire la synthèse de mes activités menées depuis 2013, lorsque j'étais encore étudiant à l'ENSAN, date à laquelle j'ai commencé à prendre part à des projets collectifs reliant spatialité, relations sociales et culture. C'est également une opportunité de dresser un bilan de mes trois premières années de pratiques en agence (une année à la Serre d'Expérimentation des Ars (SEA) en période de césure, deux années à l'agence Rhizome en étant diplômé). Mettre en parallèle mes deux pratiques, en association et en agence traditionnelle, a pour but de dresser des critiques pour l'une et l'autre mais également, et surtout, voir où l'on peut s'inspirer des relations sociales que génèrent la pratique en association, pour l’appliquer à la pratique d'agence. J’ai essayé de définir, sans sectoriser, me donner une posture d’architecte d’un côté et d’artiste de l’autre, ce que je suis, ce qu’est mon idéal de vie, mon authenticité. En ce sens, je me sens comme un citoyen urbain, que ce soit rouennais lors de mes années d'études à l'ENSAN, ou briochin lors de mon année de césure à Saint-Brieuc et aujourd'hui rennais. Appartenant à une société humaine, où la diversité de mes pratiques (peinture, musique, scénographie, associatif, architecture, etc.) sont des moyens d’introspection (processus personnel), d’expression (processus personnel qui vise à s’ouvrir) et de sociabilisation (processus commun). C’est cette diversité de pratiques qui me définit et qui définit ma place dans la société. Dans cette approche, l’architecture est un moyen d’expression et non une finalité, comme un peintre a ses supports. Pour reprendre les mots de Mickaël Labbée, dans son ouvrage Reprendre Place 1 dans son omniprésence quotidienne, l’architecture est une pratique sociale qui s’offre à la vue de tous d’une manière quasi implacable. Tandis qu’il est, au moins en théorie, possible à chacun de ne pas être exposé à la peinture ou à la musique s’il ne le souhaite pas. En ce sens, l’architecture, art politique par excellence, ne concerne pas uniquement un public hautement spécialisé, mais tous les Hommes en tant que membres du corps social. L’art architectural n’est pas tant le fait d’individus recherchant dans la solitude de leur parcours créatif à objectiver leur idiosyncrasie subjective dans la matière de l’œuvre, mais également une œuvre impersonnelle et collective fortement imprégnée du rapport au passé, à l’Histoire et à la tradition, qui doit s’insérer dans un tissu préexistant. Pour rédiger ce mémoire je me suis appuyé sur deux ouvrages en particulier interrogeant les relations sociales que nous pouvons entretenir et qu'il s'agit de réinterroger pour transformer notre profession. Je n'hésiterai donc pas à citer ou reprendre des propos de Laurent Eloi (L'impasse collaborative) et Mikaël Labbé (Reprendre place) afin de structurer et étayer mes propos ainsi que de donner plus de profondeur à ma jeune expérience. Également, pour l’écriture et la formalisation de ce travail, je sollicite mes amis, mes proches (philosophes, artistes, architectes, artisans, entrepreneurs, etc.) ainsi que mes patrons, collaborateurs, collègues pour enrichir et développer un travail coopératif. Cette méthodologie tente de compléter l’enseignement de la formation HMONP mais également de pallier aux difficultés de coopération que représentent les conditions actuelles de formation : Le confinement obstrue nos possibilités d’apprentissage, de partage de connaissances, d’expériences avec l’ensemble de mes camarades de promotion, représentant, à mon sens, un réel approfondissement de cet apprentissage. De plus, la période de confinement, ouvrant sur la pratique du télétravail, m’a montré que ce que j’aimais étaient les relations de collaboration, parfois de coopération, présentes au sein de l’agence. Cela comblait l’inadéquation éthique des projets et les relations de collaboration (sous pression) avec certains maîtres d'ouvrage (MOA) ainsi que l’ensemble du processus de construction. Cette période me prive surtout des échanges sociaux et des moments de partage. Ma vie, la vie associative est en stand-by. Nous faisons face à un sentiment de crise de la profession de l’architecte qui appelle à réinventer (révolutionner) sa structuration, manière de faire, et de développer de nouvelles intelligibilités, organisations, rapports sociaux. Mais également et plus largement, nous vivons une crise démocratique et environnementale invitant les architectes à développer de nouvelles manières de faire et de développer de nouveaux objets d’exercice démocratique. Comme le souligne Laurent Eloi, dans son ouvrage L'impasse Collaborative2, éducation, recherche, monde du travail, politique : tous ces domaines illustrent bien la crise de la coopération que nous vivons sous les apparences d’une société de plus en plus collaboratrice. Cette crise s’est cristallisée sous trois formes. Premièrement, la montée non pas de l’individualisme, mais de la solitude, qui signifie notamment que le monde du travail ne prémunit pas contre l’isolement et ne répond pas aux besoins de socialisation. Cette question de l'isolement concerne directement les architectes de plus en plus seuls dans le processus de construction de la ville mais aussi les habitants, trop rarement consultés dans la fabrique de la ville amenant à isoler les populations les plus modestes.

Deuxièmement, Laurent Eloi énonce que l’avènement, encouragé par la puissance publique, des nouveaux passagers clandestins qui maximisent leurs bénéfices en socialisant leurs pertes, car ils raisonnent avec les biens communs comme avec des objets de consommation. Nous ferons ici référence à la privatisation de la ville au profit de la promotion immobilière privée. Troisièmement, la guerre contre le temps, qui inaugure une crise des horizons collectifs du fait d’une transition numérique hypertrophiée et d’une transition écologique atrophiée, la première multipliant les lieux de collabo-

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- LABBE, Mickaël Reprendre place p26/28 Pour l’architecture Payot, 2019 - ELOI, Laurent, l’impasse collaborative p18/19 Le jeu de l’intelligence collective Les liens qui libèrent, 2018

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ration, mais retirant à la coopération ce qu’elle a de plus essentiel (la longévité), ce qu’accentuent encore les crises écologiques dangereusement négligées. A Rennes, ville dans laquelle j'évolue depuis bientôt deux ans, le marché du logement collectif est le suivant3 : la métropole a pour objectif annuel la construction et mise à disposition d’environ 4000 logements dans son agglomération, dont 1000 dans Rennes même. Comme évoqué par Emma Réal-Molina dans son mémoire de HMONP4 : « Au-delà d’une volonté politique de logement et d’accueil sous différentes formes (différents types d’accession, localisations variées, interventions en ZAC ou en diffus, et promoteurs privés – bailleurs publics multiples), cet objectif pose la question de la rapidité et du nombre de projets de logements à devoir sortir de terre chaque année. Cette considération sous-entend ainsi une grande pression foncière peu de temps pour l’élaboration d’ateliers d’expérimentations permettant de redéfinir le paysage résidentiel de l’agglomération rennaise ». Laurent Eloi ajoute « Il faut souligner pour finir les dégâts de la politique déterminée d’affaiblissement des institutions de la sociabilité et de la coopération sociale que sont les territoires et les associations menée ces dernières années par les gouvernements successifs, et avec une ardeur particulière par l’actuel gouvernement d’Edouard Philippe. L’austérité imposée depuis cinq ans aux communes, communautés de communes, départements et régions les frappe directement, mais elle affecte par ricochet les associations. En un an, ce sont 65 000 contrats aidés qui ont été supprimés l’équivalent d’un milliard d’euros de subventions en moins pour le secteur associatif. Face à cette réalité les discours incantatoires sur la « société de confiance » relèvent de la pensée magique : la confiance se construit d’abord et surtout en assurant la continuité des institutions de la coopération, dont fait également partie le système fiscal et social. »5 Nous pourrions dresser, face à ce constat, des convergences d'intérêts entre agence d'architectures et associations permettant de développer des modèles économiques vertueux et ainsi engager la reconquête de la fabrique de la ville par les architectes et les habitants-citoyens. La question du logement social dans l'architecture est quelque chose de très congestionné où certains vortex peuvent émerger. Comment faire du logement social sans éthique sociale partagée entre les différents acteurs du processus de projet ? Comment le rôle de coordinateur social de l'architecte peut-il être la clé d'une architecture plus sociale ? Comment intégrer un champ social plus large dans la fabrique de la ville pour tous ? A travers ces questionnements, c’est bien la dimension politique de l’architecte que je questionne, dans la fabrique de l’urbain et le processus de fabrication d’architectures. En situant ainsi l'objet de ma réflexion dans le cadre des relations sociales entourant le projet de fabrique de la ville, nous répondrons à la question suivante : En quoi la pratique d'agence et la pratique associative peuvent-elle converger dans la reconquête du droit à la ville ? Dans un premier temps, nous analyserons les relations sociales entourant le processus de projet, puis, dans un second temps nous nous intéresserons à la ville en tant qu'objet de vie. Enfin dans un troisième et dernier temps, nous envisagerons des ouvertures et passerelles pour une architecture plus sociale et démocratique pour favoriser la conception de la ville comme écosystème. C'est cette notion d'écosystème et son aspect dynamique qui m'intéresse tout particulièrement. Il s'agit d'un ensemble formé par une communauté d'êtres-vivants, animaux, végétaux et du milieu dans lequel ils vivent. Ces composantes sont en interaction constante. Quand un écosystème est en crise, il s’écroule. Mon positionnement sur deux structures (Rhizome et More) me permet d’envisager des changements de manière optimiste et de combattre l’idée d’impasse. Il existe en effet une certaine résonnance entre ces deux structures. De la même manière, j'ai interrogé des termes, des notions clés. Tout comme le terme d’écosystème, j’ai commencé à définir un lexique entourant mes pratiques, ce qui les relie et, au contraire, ce qui les oppose. Je retiens ainsi les termes de communauté de pratique (engagement mutuel, entreprise commune, répertoire partagé), utopie (intégrant le dépassement de cette utopie, hétérotopie), mais encore bien d’autres, de sorte de me constituer un champ lexical en adéquation avec ma conception de la vie tout simplement. Ainsi, une liste (non exhaustive) se dresse, devenant le terreau du développement de mes écrits (et de ma pensée) mais aussi des mots clés de recherche bibliographique : Coopération - Collaboration – Pluridisciplinarité – Transdisciplinarité – Liberté - Lien social - Communauté de pratiques – Authenticité – Paradoxe – Bifide – Écosystème – Utopie – Dualité – Empathie – Sensibilité – Inventivité - Approche poétique – Schizophrénie – Écologie – Réification – Complémentarité – Contradiction. J’observe avec attention la présence, à plusieurs reprises du préfixe co. Par définition, il marque l’idée d’union, de réunion, d’adjonction, de groupement. Concernant l’apport bibliographique, j’ai fait le choix de m’orienter vers des ressources n’ayant pas forcément un lien direct avec l’architecture (écrits d’architectes, livres d’architecture, magazines spécialisés) mais au contraire, dépasser ce cadre en interrogeant les notions pré-citées. Néanmoins la question spatiale et architecturale se retrouve prédominante.

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- Intervention de Pascal Masson,, KEREDES, Session HMONP n°2 - REAL-MOLINA, Emma, Le logement collectif en question s’extraire de l’étranglement. Nécessité de résistance face aux exigences économiques d’une maîtrise d’ouvrage privée Mémoire HMONP, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne, 2019. 5 - ELOI, Laurent, l’impasse collaborative p14/16 L’épidémie de solitude Les liens qui libèrent, 2018. 4

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Enfin, nous nous appuierons sur des projets auxquels j'ai participé au sein de l'agence Rhizome et que j’ai porté avec l'association More afin de donner plus d'authenticité à mes propos.

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_01 RELATIONS ENTOURANT PROCESSUS DE PROJET

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1.1. Collaboration « On pourrait penser que collaboration et coopération sont simplement synonymes et qu’il est inutile artificiel voir fallacieux de chercher à les distinguer. Trois éléments essentiels soulignent au contraire la nécessité de le faire : 1) La collaboration s’exerce au moyen du seul travail tandis que la coopération sollicite l’ensemble des capacités et finalités humaines ; 2) la collaboration est à durée déterminée tandis que la coopération n’a pas d’horizon fini ; 3) la collaboration est une association à objet déterminé tandis que la coopération est un processus libre de découverte mutuelle. » ELOI, Laurent l’impasse collaborative p4/7 introduction, Les liens qui libèrent, 2018.

Durant ces deux années à l’agence Rhizome, je travaille principalement avec un promoteur privé : Cap Accession. Ce promoteur concentre la majorité de son activité dans le logement social. Les rapports de forces parfois présents, tendent notre relation devenant une simple collaboration où la sensation de prestataire, parfois d’« esclave » est ressentie. Le projet de quarante logements collectifs à Chateaubourg (35) est un exemple intéressant. Pour ce projet, et contrairement aux autres, les bureaux d'études nous sont imposés par le MOA. Les intérêts convergent entre MOA et bureaux d'études : ils sont économiques et non relatifs à la question des qualités spatiales ou environnementales. Ils n’hésitent pas à emmètre leur jugement ouvertement : « avant que l’un des habitants (PSLA PLS) soit architecte je ne pense pas que ça leur importe d’avoir du bois ou ce genre d’élément ici et là ». L'économiste n’hésite pas à jouer sur ma jeune expérience pour m’expliquer la réalité, comme si j’avais des lubies d’architecte, alors que je m’efforce de respecter les règles d'urbanisme en vigueur : imperméabilisation du sol, préconisations sur l'utilisation de tel ou tel matériaux, etc. On passe d’un projet d’architecture à un projet de vente, de profit. J'essaie d'être compréhensif, coopérant tout en leur faisant comprendre mon point de vue sur les questions d’implantations et d'intégration paysagère. La qualité architecturale doit être accessible à tous, les plus modestes n’en font pas l’exception. De plus, le projet s’insère dans un tissu de centre bourg, où l’écriture architecturale doit être discrète et conforme aux tissus historiques existants. Le risque ? La stigmatisation et la difficulté d'intégration des populations qui habiteront cette opération si elle déplaît et perturbe les habitants existants. Cela met en lumière l’intérêt d’avoir la liberté de choix de son équipe de travail, d’être dans des rapport de coopération et non de collaboration. Cela soulève également l'importance de la synergie et de l’impartialité dans la qualité d’un projet ainsi que la gestion des honoraires. Le rôle de l’architecte, par sa position centrale dans le projet, doit être solide, compréhensif mais aussi être intransigeant afin de jouer le rôle de garde-fou éthique. La question du logement social et de la mixité sociale en est un exemple parmi d’autre (questions environnementales, écologiques, politiques, etc.). Cette situation de rapport de force s’est également présentée à moi sur un autre projet partagé avec ce maître d’ouvrage. Ce projet de logements sociaux s'insère dans la nouvelle ZAC de la Massaye, à Guichen (35), dans un environnement naturel et patrimonial privilégié. Le CRAPE de la ZAC va dans le sens de la préservation et l'intégration paysagère. Il préconise notamment l'utilisation du bois, favorise l’épannelage et les volumétries vernaculaires tel que la toiture à double pan. Le projet se décompose en trois bâtiments : deux bâtiments de logements intermédiaires et un bâtiment de logements collectifs. Les volumétries et choix architecturaux tendent à aller dans le sens du CRAPE et de la volonté des élus, à savoir une alternance entre toiture plate et doubles pan donnant un aspect de maison de village au projet, et l'utilisation généreuse du bois en bardage de façade afin d'intégrer au mieux le projet au paysage champêtre. A la suite d'une réunion avec l'aménageur, l’urbaniste de la ZAC, le MOA et moi-même, le projet est validé avec quelques préconisations paysagères telles que la limitation de l'imperméabilisation du sol, la dissimulation de la rampe de sous-sol par des talus plantés, etc. A la suite de cette réunion, le MOA dresse une série de remarques visant à modifier le projet : optimisation du sous-sol afin de créer de nouvelles places de parking, rationalisation des logements. Ces modifications entraînent un surcoût du projet (la structure du bâtiment ne plombe pas avec le sous-sol, l'alignement des menuiseries supprime les effets de rythme en façade). Nous n'étions plus dans l'enveloppe budgétaire, le MOA ne voulait rien entendre, il fallait trouver des pistes d’économie. Les pistes étaient les suivantes : suppression de l'ascenseur, plombage du bâtiment et du sous-sol au profit de places de parking supplémentaires à l'extérieur, etc. Toutes ces pistes d'économie sont jetées à l'eau par le MOA qui commence une déconstruction du projet : suppression du bardage bois, limitation des cabanons de jardin en bois au seul cache vue bois anecdotique, suppression d'éléments paysagers, suppression de bordures, utilisation d'enrobé, etc. C'était une désillusion. La dépose du permis de construire a conduit à une réunion entre le maire, le service d'urbanisme, le MOA, l'aménageur et moi-même. Ils ne comprenaient pas que le projet puisse être aussi différent que ce qui avait été acté précédemment. Le MOA, en vendant ses arguments commerciaux, ses questions 17


d'économie tel un philanthrope, m’a mené à m’interroger sur la présentation de pistes d’agréments pour le projet, pour montrer notre volonté de conservation de l’intégration paysagère : utilisation du bois sur le local vélo, en façade par les pare-vues, etc. Je me retrouve complice du MOA dans son objectif de maximisation de profit alors que nos intérêts ne convergent pas. Le projet sera finalement accepté et nous continuerons les études, avec des façades en enduit, et un maximum de places de parking en sous-sol...

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1.2. Coopération « Il ne peut espérer cette aide s’il demeure rivé à l’utilitarisme social qui considère les autres comme des moyens et non comme des fins. C’est avec Emile Durkheim que l’étude de la coopération franchit le pas conduisant de la division du travail qui isole à la division du travail qui rassemble. Pour Durkeim c’est la division sociale du travail qui est au cœur des sociétés contemporaines et non comme chez Smith sa division technique. La division du travail loin de séparer les femmes et les hommes renforce leur complémentarité en les conduisant à coopérer. Chacune acquiert par son travail le sentiment d’être utile à l’ensemble. La collaboration se mue en interdépendance et l’interdépendance en coopération. » ELOI, Laurent, l’impasse collaborative p9/19 Le jeu de l’intelligence collective, Les liens qui libèrent, 2018. En 2017, avec l’association More nous lancions le projet FMR. Il tire son nom à la fois de l’adjectif « éphémère » qui est le principe même de cette réalisation mais aussi d’un acronyme signifiant « Forme Mobile de Refuge ». Le refuge étant un endroit où l’on se met en sûreté pour faire face à un ennui ou un danger qui nous menace. Sa vocation à abriter des projets, à dimension culturelle, permet de fuir l’ennui. Le manque d’accès à la culture étant potentiellement un danger qui nous menace. Ce projet ayant une dimension scalable, les espaces tentent de répondre aux manques ou aux besoins des territoires, en particulier ici celui de Saint-Brieuc (22). Nous utilisons pour cela deux conteneurs assemblés et transformés en un espace autonome pouvant accueillir tout type d’événement favorisant la rencontre et l'échange entre les générations, les milieux et les cultures. Cet espace mobile a vocation d’abriter des projets à dimension culturelle, qui permettent un « moment échappatoire », favorisant l'ouverture d'esprit tout comme l'introspection ; la culture pouvant nous avertir de certains dangers. Il s’agit d’un lieu accueillant des événements éphémères. C'est un lieu à plusieurs facettes mais également un outil. Il accueille des œuvres, expositions, à la façon d’une galerie d’art, événements à thèmes, conférences, débats citoyens, lectures publiques, performances artistiques, projections vidéo, concerts. Mais peut aussi se transformer en atelier, cuisine, hébergement, bibliothèque, espace de sport, ou toute autre appropriation souhaitée. Quatre expositions se sont succédées, sur un format de deux semaines chacune autour desquelles différentes animations se sont greffées. Le souhait est de créer un écosystème autonome dans lequel chacun puisse participer : associations, citoyens, entreprises, collectivités... Être force de proposition, avoir une réelle capacité d'initiative tout comme être contributeur par simple adhésion au projet. Le financement se fait en partie par les fonds propres de l’association ainsi que par l’investissement d’entrepreneurs locaux. En effet l’association More a la chance de s'entourer d’entrepreneurs locaux, soucieux de la santé économique et culturelle de leur territoire. Nous travaillons donc main dans la main afin de participer au dynamisme culturel et socioéconomique de notre bassin d’activité et lieu de vie. Il s’agit d’un engagement citoyen, tous conscients que nous vivons dans un cadre de vie et dans un environnement privilégié où les actions et l’envie d’entreprendre peuvent participer à faire évoluer la société positivement et de manière bienveillante. C’est ainsi qu’architectes, maitre d’œuvre, artisans, élus, citoyens de tout âge et étudiants se sont retrouvés autour d’un projet de co-construction sur une période de six mois comprenant différentes phases similaires à une pratique d’agence traditionnelle : trois mois d’études, de programmation culturelle et de faisabilités administratives, une phase de réalisation et de chantier d’un mois et une phase de gestion et ouverture au public de deux mois. La phase de chantier fut épanouissante puisque la participation des artisans pouvait se faire de différentes manières : apport de matériaux, mise à disposition d’atelier et d’outils, contribution humaine et partage des savoirs. Ces échanges ont sollicité l’ensemble des capacités et finalités propres à chacun. Même si le projet a un caractère éphémère, il a ouvert des horizons communs infinis. Enfin, par un processus libre de découverte mutuelle, nous étions tous dans un rapport de coopération.

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1.3. Pluridisciplinarité Nous pourrions avancer l’idée que l’une des conditions sine qua non à la coopération peut résider dans la pluridisciplinarité. Rhizome possède une double casquette : architecte et urbaniste. Cette pluridisciplinarité peut être un atout dans un projet d’architecture, dans les choix de projet et de mener à bien ses objectifs éthiques. A l’inverse des projets de Chateaubourg où l’équipe de maîtrise d’œuvre nous était imposée et sur le projet de Guichen où le maître d’ouvrage a déconstruit le projet initial, le projet de vingt-six logements à Breteil s’est déroulé d’une toute autre façon. Ici, Rhizome est urbaniste de la ZAC, ce qui a permis de définir les recommandation architecturales et paysagères (cahier des prescriptions). Cela facilite la mise en œuvre du projet architectural, sans anicroche. Cette position de force permet ainsi d’influencer le MOA sur des choix de matériaux, d’expositions, et de volumétrie au profit des futurs habitants. Néanmoins, la spéculation et la fluctuation des avis des bureaux de contrôles nous ont apporté une difficulté supplémentaire. Par exemple, l’utilisation du bac acier en toiture d'habitation pose problème car elle provoque beaucoup de sinistres. Elle est acceptée dans les documents d’urbanisme (PLU, CRAPE) mais refusée par certains bureaux de contrôle. Ce refus a provoqué un rallongement notable de la période de DCE jusqu’à ce qu’un compromis soit trouvé, maintenant l’utilisation du bac acier en toiture froide et non en toiture chaude. A terme le bac acier sera accepté. Il ne s’agit ici d’une question de responsabilité concernant les sinistres. Lors de la formalisation des plans de ventes, le MOA n’hésite pas à nous demander d’enlever certains éléments qualitatifs du projet comme par exemple les bordures en bois, pare vue en bois, marquises, etc. Il n’a aucun scrupule à tenter de nous duper sur la raison de cet appauvrissement du projet initial au profit de l’économie de projet. La double casquette urbaniste – architecte est intéressante dans la maîtrise du processus de projet et la qualité de la réponse architecturale. Ce double rôle place l'architecte en rapport de force face au promoteur, permettant ainsi de répondre à l'intérêt général : harmonie paysagère, respect environnemental, performances énergétiques et confort des habitants. Malgré les hésitations du bureau de contrôle, la recherche de consensus, par le dialogue permet de déboucher sur des solutions et des compromis. Pour cette étape, j'ai eu la chance d'avoir un économiste compétent sur qui compter, toujours dans la recherche de la meilleure solution pour le projet et non simplement pour l'unique valorisation économique de celui-ci. Le rôle de l'économiste est primordial, car son expertise a permis de rassurer le MOA lors du rallongement du calendrier du DCE et la levée des avis du RICT. Nous avons la chance à l’agence d’avoir dans nos locaux Cédric Desmonts, économiste indépendant, permettant un travail simultané au quotidien et ainsi enrichir les compétences de chacun. Il est cependant à noter que même lorsque le projet est maîtrisé avec une équipe coopérative et compétente, permettant de rentrer dans l'objectif économique, le promoteur cherchera toujours à découdre quelques éléments de projets afin d'anticiper des économies et de générer des marges supplémentaires...

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1.4. Transdisciplinarité Le projet Réveille ta Moelle s’inscrit dans la lignée du projet FMR présenté précédemment. Il s’agit là d’un projet véritablement transdisciplinaire. En 2018, suite à quelques productions scénographiques pour des collectifs de musiques électronique rennais, un porteur de projet a sollicité More. Il s’agit de réaliser une scénographie pour l’évènement de clôture d’un festival de sensibilisation au don de moelle osseuse. Cet évènement rassemblant musiciens, graphistes, community manager, journalistes, web designer, scénographes, médecins, bénévoles et étudiants se déroula à la salle de concert l’Ubu à Rennes et fut un réel succès : ce regroupement de compétences et de leurs réseaux respectifs (chaque collectif de DJ et association attirant son public) bénéficia à la cause commune. La réussite fut totale puisque les résultats de la campagne de recrutement de donneur de moelle dépassèrent les attentes. C’est en effet l’équivalent d’un recrutement annuel qui fut réalisé sur trois jours. Cet engouement nous a naturellement conduit à nous structurer afin de poursuivre l’aventure. Basée à Rennes, l'association Réveille Ta Moelle participe à la promotion du don de moelle osseuse via l'organisation de rencontres pour informer, sensibiliser et inviter les jeunes à s’inscrire pour le don. A Rennes, il existe à l’heure actuelle trop peu d’associations qui assurent la promotion du don de moelle osseuse. Moelle Ticolore et ADOT 35 partagent cet effort à nos côtés. Réveille Ta Moelle, quant à elle, est la seule organisation à avoir fait le choix de s’associer avec des acteurs culturels locaux bien identifiés, pour retrouver et sensibiliser les jeunes via des événements ludiques et festifs. Cette particularité de notre projet et la diversité des membres de notre équipe font l’originalité de l’association. Bien entendu, notre projet n’aurait pas pu voir le jour sans l’implication et le soutien de nos partenaires : L’EFS de Rennes, l’Agence de la Biomédecine, l’Asso More, Pulse MSC, ÖND, Turtle Corporation, Flou, Organisme Texture, Chevreuil. Le projet consiste donc au décloisonnement entre culture et santé autour d'un événement festif de sensibilisation. Chaque partenaire et acteur partage ses compétences au profit d'un projet commun, transdisciplinaire : les médecins apportent leurs connaissances et compétences autour du don, les bénévoles à travers la médiation, les collectifs musicaux par leur savoir-faire dans l'organisation événementielle et leurs compétences artistiques et l'association More par ses qualités de scénographes, commissaires d'expositions, gestion de projet, rayonnement social et forces vives. Notre mission de coordination et de gestion d'espace nous amène à définir le format de l’événement, la gestion de l'espace à travers l'appropriation des lieux et l'organisation des usages et enfin la production artistique permettant de faire lien entre le but de l’événement et l'image qu'il renvoie. Ce projet citoyen a pour particularité de réunir des acteurs autour de valeur de coopération et de transdisciplinarité. Chaque compétence est mise en valeur et au profit d'un projet commun. La capacité d'initiative et l'échange de compétences en interne rend possible un projet caritatif et attractif pour le plus grand nombre. L'exploitation de lieux publics par un processus d'appropriation est offerte gratuitement au public, découvrant un projet qualitatif favorisant la rencontre et l'échange. Les compétences de l'architecte sont ici une clé pour la coordination et la réalisation du projet : mise en réseau d'acteur, maîtrise des règles sécuritaires et législatives, constitution de pièces graphiques nécessaire à la communication, consultation de bureau de contrôle et sollicitation d'entreprises, artisans mettant à profit leur savoir-faire, gestion d'équipe et suivi de chantier. Ces projets associatifs favorisent le lien social, l’appropriation d'espaces de la ville par ses habitants, mais aussi proposent une offre culturelle au plus grand nombre et donnent l'occasion à chacun de s'investir autour d'une cause universelle : la santé. Ces valeurs défendues sont un terreau fertile pour un retour du droit à la ville et à la vie.

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Première édition de Réveille ta Moelle à l’Ubu Rennes.

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_02 APPREHENSION DE LA VILLE EN TANT QU’OBJET DE VIE « L’inhabitable : la mer dépotoir les côtes hérissées de fils de fer barbelés la terre pelée la terre charnier les monceaux de carcasses les fleuves bourbiers les villes nauséabondes L’inhabitable : l’architecture du mépris et de la frime la gloriole médiocre des tours et des buildings les milliers de cagibis entassés les uns au-dessus des autres l’esbroufe chiche des sièges sociaux. L’inhabitable : l’étriqué l’irrespirable le petit le mesquin le rétréci le calculé au plus juste L’inhabitable : le parqué l’interdit l’encagé le verrouillé les murs hérissés de tessons de bouteilles les judas les blindages L’inhabitable : les bidonvilles les villes bidons L’hostile le gris l’anonyme le laid les couloirs de métro les bainsdouches les hangars les parkings les centres de tri les guichets les chambres d’hôtel Les fabriques les casernes les prisons les asiles les hospices les lycées les cours d’assises les cours d’école L’espace parcimonieux de la propriété privée les greniers aménagés les superbes garçonnières les coquets studios dans leur nid de verdure les élégants pied-à-terre les triples réceptions les vastes séjours en plein ciel vue imprenable double exposition arbres poutres caractère luxueusement aménagé par décorateur balcon téléphone soleil dégagements vraie cheminée loggia évier deux bacs (inox) calme jardinet privatif affaire exceptionnelle On est prié de dire son nom après dix heures du soir.

»

PEREC, Georges Espèces d’espaces, Galilée, 1974

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2.1. Coexistence Avec Rhizome nous sommes sollicités par des promoteurs privés afin de réaliser des faisabilités. Le but de celles-ci peut, parfois, se résumer à une expression : projet pompe à vélo. En effet, la plupart du temps, les promoteurs nous présentent une ou plusieurs opportunités foncières qu’ils définissent comme intéressantes dans la « valorisation du foncier ». Il n’y a rien de valorisant à proprement dit si ce n’est une valorisation marchande. En effet le but est de maximiser le nombre de logements en répondant aux règles d’urbanisme en vigueur afin que le promoteur puisse savoir s’il peut prendre ce risque économique. Une chose déplorable est l’absence à tout niveau de concertation des habitants de ce quartier : savons-nous s’ils ont une affection particulière au quotidien des éléments présents sur cette parcelle ? Le développement d’un projet immobilier sur cette zone ne bouleverserait-il pas l’équilibre du quartier ? Pire encore, à qui profitera ce projet ? La privatisation et la gentrification en sont des réponses régulières. « Sous l'effet de la gentrification […] une telle privatisation de l'urbain aboutit ainsi incontestablement à un appauvrissement de la diversité sensible qu'est la ville à une perte tangible et palpable des modes d'habitation et d'êtreensemble. C'est la bigarrure du monde urbain toute la diversité qui en fait un mode d'existence incomparable à tout autre qui sont systématiquement évincées sous l'effet d'un immense mouvement de normalisation non seulement économique mais également foncièrement moral. » LABBE, Mickaël Reprendre place p11/22 Privatisation Payot, 2019 En effet, dans une ville ainsi « archipelisée », on ne cherche plus à ménager l'espace d'une cohabitation possible, mais à aménager une pure et simple coexistence fondée sur le principe du minimum de contacts. On joue la coexistence contre la cohabitation. On n'existe plus ensemble, mais simplement les uns à côtés des autres. L'espace n'est plus le lieu d'un partage, mais celui d'une fragmentation. Un principe de mise à distance plutôt qu'une manière de se relier aux autres. On fait le choix délibéré de l'entre-soi, de la reproduction sociale et du maintien des limites tranchées entre entités spatiales homogènes. Pour l’un des projets que nous avons réalisé à la ZAC de la Vigne à Thorigné Fouillard pour Kermarrec, une forme de concomitance existe. Nous avons réalisé un bâtiment passif de trente-trois logements. Les logements les plus qualitatifs, présents en attique, sont réservés à la vente à des personnes internes à la MOA, tandis que le reste des logements dans les étages courants, étriqués, petits et mono-orientés, sont eux dédiés à la vente pour autrui. Ce bâtiment, certes intéressant sur ses performances, la gestion de ses coûts, pose cependant question d’un point de vue éthique. Que propose-t ’on aux foyers les plus modestes, en termes de qualité d’espaces, d’usage, et donc de qualité de vie ? Les marges exorbitantes sur les prix de vente faites par le promoteur sont évidemment une piste dans ce questionnement moral. Autre exemple de coexistence sur la ZAC de la Vigne à Thorigné Fouillard est cette fois le lot C22. Un exemple parmi plusieurs autres projets. Le projet consiste en la réalisation de trente logements comprenant de l’accession et du locatif social. L’une des demandes du maître d’ouvrage est d’avoir une cage d’ascenseur et d’escalier différentes pour l’accession et le locatif social. « On coexiste tant bien que mal. Plutôt bien pour certains plutôt mal pour ceux qui sont exclus de toute forme d'accès à la centralité urbaine ou relégués dans des ensembles architecturaux vétustes et surpeuplés. C'est là l'antithèse absolue de ce que représente aujourd'hui encore l'expérience urbaine authentique le sens même de ce que peut signifier « vivre en ville » : la possibilité d'une confrontation avec la diversité des manières de vivre une forme d'aventure dans l'invention de soi une déliaison des assignations à résidence identitaire la nécessité d'avoir à exister tant bien que mal avec d'autres que soi l'accession à une pluralité de possible à la fois choisis et subis. Habiter en ville c'est avoir à cohabiter. Et c'est dans la ville et par la ville que nous apprenons cela. Pour cohabiter nous devons apprendre à partager un lieu commun avec ceux qui ne sont pas comme nous à nous confronter à un ensemble de différences qui parfois nous incommodent : âges ; nationalités langues milieux sociaux etc. » LABBE, Mickaël Reprendre place, p21/22 Privatisation, Payot, 2019

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2.2. Cohabitation L’une des particularités de Rhizome est sa sensibilité à l’environnement et sa culture écologique. En effet sur l’ensemble des projets menés par l’agence nous nous efforçons de faire cohabiter l’humain, l’animal et le végétal. Ainsi, par petites touches, nous intégrons des nichoirs à oiseaux, utilisons du grillage à mouton grosse maille en clôture afin que la faune puisse parcourir et circuler librement dans ces espaces anthropisés. Ces petites interventions sont une forme de résistance, qui à notre sens participe au bien vivre. Dans ces détails qui constituent les projets immobiliers et d’aménagement nous nous efforçons de développer des trames vertes, et d’intégrer de la biodiversité. Également, l’agence a développé des passages à micro faune pour qu’ils soient intégrés aux clôtures mailles serrées au sein des lotissements, cimetières et autres espaces publics.

Tout une cohabitation : passage à micro-faune trame verte propice au pâturage nichoirs à oiseaux et maternité à chauve-souris…

Une autre forme de recherche de cohabitation que développe Rhizome est le participatif. Ayant déjà mené à bien des projets d’architecture par la participation et la concertation, Rhizome est aujourd’hui de plus en plus identifié comme tel par les maîtres d’ouvrage. L’un des derniers exemples en date est la sollicitation de groupe Giboire sur la Zac de la Plesse à Betton. Pour ce projet nous ne sommes pas urbanistes de la ZAC, mais le maître d’ouvrage est venu chercher l’agence afin de réaliser des ateliers participatifs avec les futurs habitants afin de cerner leurs besoins et leurs envies. Trois ateliers participatifs se sont déroulés et il en résulte l’envie d’un lieu commun, où l’esprit de communauté de quartier se développe. Ainsi, à travers l’outil du participatif, avant même que les habitants habitent la ZAC, naît un sentiment d’appartenance au groupe, une culture commune. Cohabitation contre coexistence : tel est aujourd'hui l'un des enjeux majeurs de la lutte pour la définition du modèle de ville que nous désirons.

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De la même manière, dans sa recherche constante de cohabitation, More utilise une méthodologie participative dans ses projets. C’est l’exemple d’Europan : Nous avons fait le choix de participer au concours Europan 13 dans la ville de Saint-Brieuc. Nous sommes, pour une certaine partie de l’association, originaires de cette ville. Notre souhait était de questionner les pratiques de l’architecture. Comment concourir ? Avec qui ? Comment constituer une équipe pluridisciplinaire ? Où trouver les compétences ? Comment arriver à définir une méthode de travail et quelles orientations prendre ? Nous avions le souhait de travailler depuis le territoire en utilisant au maximum la concertation citoyenne afin de comprendre les besoins et trouver les réponses les mieux adaptées. Au total un groupe d’une douzaine de personnes s’est constitué : architectes, urbanistes, paysagistes, graphistes et designers sont venus des quatre coins de la France. Nous avons utilisé la structure associative afin de lancer un appel à candidature sur différents réseaux. La structure associative, ses projets, nous ont permis de gagner la confiance des gens et également de mettre en avant une certaine philosophie de projet. A travers cela nous avons pris conscience que chaque action menée à bien apporte du crédit à la structure, rend légitime un discours et favorise la naissance de projets plus complexes. A travers ce projet nous avons développé des outils de concertations, d’écoutes et d’échanges, que nous réutilisons sur d’autres projets. Cette aventure de quatre mois nous a permis d’expérimenter une posture d’architecte tournée vers le plus grand nombre. Nous avons réellement coconstruit un projet avec la population locale. Cette démarche et ces rencontres ont, par la suite, débouché à des réalisations concrètes d’architecture.

Atelier de concertation citoyenne lors du concours Europan à Saint-Brieuc

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2.3. Réappropriation Il n'y a pas à chercher ailleurs que là où nous sommes déjà pour trouver des alternatives à l'aliénation de la vie urbaine. Les solutions sont dans les plis des villes ; là sous nos yeux. Habiter, c’est s’approprier un espace. Rapportée à la satisfaction des besoins sociaux, l’appropriation désigne non pas une possession individuelle mais bien plutôt un usage collectif d'un bien commun. A travers nos différents projets avec More, nous exploitons principalement l’espace public, le pratiquons et tentons une appropriation de l’espace de la ville. Comme le projet FMR précédemment cité, par l’implantation de conteneurs de bateaux transformés en galerie d’art éphémère sur le Port du Légué à Saint-Brieuc, le projet Give me More en est un nouvel exemple. Le concept de ce projet est simple : permettre la rencontre et l’appropriation dans différents lieux autour d’une programmation culturelle éclectique ouverte à tous. Cette série d’évènements met à contribution des restaurateurs, bars, disquaires et sollicite la participation d’entrepreneurs locaux, l’adhésion des élus au projet pour y avoir les autorisations nécessaires. C’est ainsi que des itinéraires culturels se développement permettant une découverte de la ville pour certains, une redécouverte pour d’autre, une appropriation pour et par tous. Afin que ce projet puisse être offert gratuitement à tous, les établissements privés ouvrent leurs portes au public, accueillent les expositions, les concerts que nous programmons à travers notre réseau d’artistes. Tout le monde y est gagnant et une culture commune émerge. Fait assez original pour le souligner : l’offre et le rayonnement culturel de Saint-Brieuc est moindre comparativement à Rennes, ce sont pourtant des Rennais, par dizaines, qui viennent se joindre aux briochins, lamballais, brestois, morlaisiens et autres bretons.

Première édition de Give me More sur le port du Légué à Saint-Brieuc

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_03 OUVERTURES ET PASSERELLES « Par « hétérotopie » Michel Foucault entend désigner à la fois des « utopies localisées » ou « situées » qui ont un lieu et un temps réels et précis (ce qui distingue des utopies au sens strict) et des espace-temps qui sont en même temps des lieux absolument différents et des contre-espaces. L'hétérotopie c'est un espace autre ou un contre-espace qui inscrit une rupture ou une discontinuité dans l'espace social majoritaire sous la forme d'une contestation d'un tel espace dans et par son altérité même. Ce sont des « lieux réels hors de tous les lieux ». Distinguant entre utopie et hétérotopie on assiste en quelque sorte à une prolifération utopique dans le réel. « Si l'utopie n'est sans doute nulle part l'hétérotopie est partout dans toutes les sociétés partout et toujours dit Foucault. » LABBE, Mickaël Reprendre place, p6/34 Des espaces nôtres, Payot, 2019

3.1. Bilatéralité / Réciprocité Comme nous avons pu le voir au travers ces quelques exemples précités, More et Rhizome entre en résonnance sur bien des points : empathie, sensibilité à l’homme et l’environnement, méthodologie, etc. Cette réciprocité ouvre déjà des projets communs. Le projet de micro architecture pour la ZAC de Betton que nous avons pu précédemment introduire constitue un premier projet. En effet, afin de poursuivre dans une logique de projet participatif, Rhizome a sollicité More pour mener à bien la réalisation de ce projet à travers une mission de pilotage, de médiation, d’ingénierie et de suivi technique par la réalisation d’un partenariat. En effet More est coutumier de ce genre de projets avec notamment des réalisations de scénographie pour le Couvent des Jacobins ou encore pour les salles de concert UBU et Antipode à Rennes. Nous avons vécu une aventure exceptionnelle avec le CFA de Plérin (22) autour de la formation aux métiers de la métallurgie lors de la réalisation de mobilier urbain. C’est dans ce cadre que nous avons étudié deux pistes, complémentaires, afin de mener à bien ce projet : la première s’inscrit dans une démarche participative et collective par la recherche de partenariats avec fournisseurs et professionnels afin de mutualiser matériaux, machines, savoirs faires, locaux et ainsi assurer une faisabilité économique du projet. Dans ce sens nous avons commencé à faire un appel à projet autour de notre réseau : charpentier, compagnons, menuisiers, maçons, architectes, etc. La deuxième piste s’inscrit dans le prolongement de cette démarche par la sollicitation d’établissements de formation type CFA ou encore centres de réinsertions. Un partenariat avec un cycle de formation aux métiers du bois apporterait une dimension sociale au projet et assurerait de bonnes conditions de fabrication et d’économie de projet.

Le projet de micro-architecture destiné à la vie de quartier de la nouvelle ZAC de la Plesse à Betton.

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Depuis quatre ans maintenant avec More, nous entretenons un terrain mis à disposition à Pordic (22) sur lequel nous avons planté un vignoble expérimental. Les vignes sont cultivées en biodynamie dans un cadre géographique et climatique particulier. Les vendanges et autres moments forts du processus de vinification offrent des événements collectifs et multi générationnels. La conception et fabrication d'un chai à vins est l’occasion, cette fois de solliciter Rhizome et génère un processus de projet riche : workshop pluridisciplinaire (architectes, paysagistes, vignobles, agriculteurs, biologistes, retraités, etc). Il s'agit là d'une réflexion autour des matériaux biosourcés locaux et leur utilisation dans un bâtiment aux usages contraignants énergétiquement. Ces projets rendus possibles par le partenariat More – Rhizome, deviennent des supports d’expérimentations et un terreau fertile au développement de chacune des entités. La mutualisation de lieux (terrain, locaux) et de pratiques (architecture, urbanisme, ingénierie, culture) favorise la cohésion sociale, l’apprentissage continue et le partage de connaissances.

Le vignoble de More et la première cuvée

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3.2. Symbiose / Hybridation La question de la pratique de l’architecture s’est posée pour certains dès la sortie des études : comment pouvoir à la fois exercer notre métier tout en gardant la possibilité de faire ces projets associatifs en parallèle. Ces projets non lucratifs, nous ont questionné sur le modèle économique adéquat. Nous avons opté pour un modèle économique autonome permettant de préserver notre environnement naissant. Afin que ces événements soient accessibles au plus grand nombre, la plupart des projets se basent sur la gratuité ou sur la participation volontaire. Le «free-lance» a permis de mettre en place des moyens permettant de développer et de pérenniser la structure. Malgré sa précarité, cette forme de travail permet d’entreprendre facilement et ce légalement. Le but étant d’apporter la capacité d’initiative à l’ensemble de la population ainsi que d’allier l’acte de s’associer et d’entreprendre. Au sein de cette dualité le nombre de projets a été multiplié. L’expérience des projets associatifs, nous a montré que la complémentarité entre individus permet de créer un cadre épanouissant. De ce contexte et par les connaissances acquises à travers les projets menés, nous avons fait le choix de nous lancer dans l’aventure entrepreneuriale : La Serre d’Expérimentations des Ars. A travers celle-ci, l’entreprise crée des moyens pour la structure associative. Une structure hybride est donc née. Les deux structures sont distinctes mais intimement liées. L’entreprise héberge la structure associative. Par cette proximité, les échanges et les suivis de projets se sont simplifiés. Avoir un lieu permet d’être identifié et favorise la rencontre de personnes curieuses. L’entreprise partage les moyens qu’elle a tel que les traceurs, le réseau internet, les espaces de travail et de réunions, offrant de bonnes conditions de travail. Par sa capacité de rassemblement lors des différents événements, l’association nous permet de rencontrer de potentiels maîtres d’ouvrages. Cela nous amène à produire des projets, parfois atypiques, où nous utilisons notre formation d’architecte. L’ensemble offre à la structure un large champ de réalisations allant d’une pratique de l’architecture d’agence, à une pratique associative ou collective. Dans cette relation hybride, le développement de chaque partie favorise l’épanouissement de l’autre.

Avec More nous avons eu la chance d’être invité à donner des conférences au sein des ENSA sur notre pratique de l’architecture et sur notre conception du rôle politique et social de l’architecte comme ici à l’ENSA Normandie.

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L’entreprise crée une économie impliquant d’autres entreprises ou artisans. Connaissant cet environnement, ces entreprises peuvent participer aux projets associatifs, que ce soit à travers leurs savoir-faire ou d’un point de vue financier. A travers cela elles ont une véritable implication vis à vis des projets culturels, alors que dans un premier temps, elles pouvaient se sentir éloignées de certaines formes de sensibilités. Lors des événements ces entrepreneurs sont mis en avant par une communication positive. Par une attitude positive et par la concertation, cette synergie entraine une reconquête des rapports sociaux entre les différents acteurs d’un projet. Elle intervient dans un contexte de fracture au sein des métiers du bâtiment où les défis sont nombreux (RT2020, énergie grise, accessibilité pour tous, etc). Il s’agit de créer des liens qui favorisent les échanges dans le cadre professionnel. Cela permet de générer un environnement positif et développer ce même potentiel avec les maîtres d’ouvrages. La plupart des projets sont transdisciplinaires et révèlent la réelle utilité de l’architecture dans son rôle de synthèse. Cet exemple de transition favorise une société meilleure, dans laquelle le respect et la compréhension de l’autre, de l’environnement seraient intégral. Le projet d’architecture apporte une sensation d’utilité concrète par la diversité de projets, de budgets, de matériaux. Les projets associatifs, professionnels, expérimentaux et d’autres dimensions, apportent une interdépendance entre différents éléments constitutifs. Ensemble, ils forment un écosystème.

Nous avons été invités lors de la Biennale d’Architecture de Lyon en 2017. A travers ces échange nous avons intégré le réseau ENSA Eco et participé à la co écriture de l’Appel de Lyon : pour l’enseignement de la transition écologique dans les écoles d’architecture et de paysage avec des pratiques pédagogiques collaboratives et bienveillantes.

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Dans le prolongement de ces rencontres et ateliers nous nous sommes positionnés comme relais de diffusion. En effet la quatrième exposition de notre projet FMR était consacré à l’Appel de Lyon et nous a permis de faire un travail de sensibilisation auprès de la population.

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_CONCLUSION Au début de l'écriture de ce mémoire, j'envisageais de développer des possibilités pour agir avec l'association More exclusivement, pensant en effet que ces deux pratiques (agence et association) étaient antinomiques. Mais c'est à travers l'identification de leurs champs d'action et ce qui les oppose que je me suis rendu compte à quel point elles pouvaient se nourrir l’une l’autre. En favorisant leur interdépendance on peut développer des relations de coopérations propices à l’innovation et l’intelligence collective. Mon champ d'action, en tant qu'architecte ne peut donc se réduire à cette pratique associative, mais bien sur le travail conjoint entre association et entreprise. C'est ainsi que des ouvertures se créent et de liens se tissent entre Rhizome et More, dans la fabrique de la ville. Déserter le secteur du logement et de la promotion immobilière serait un abandon. Y rester n'est en aucun cas une résignation, mais bien une forme de résistance et de combat pour le droit à la ville. La recherche de liens entre association et entreprise c'est essayer de reconsidérer le rôle citoyen et politique que l'architecte peut ou doit jouer. La formation HMONP apporte des connaissances dans la gestion administrative, juridique ou encore comptable. Ces éléments sont essentiels pour cerner quel type de structure correspond à quel type de projet et quels rapports que cela peut induire. Elle m’a apporté un éclairage indispensable sur les montages entourant la fabrique de la ville, les interlocuteurs, les acteurs. L’intervention de Vincent Rouiller, expert-comptable passionné, m’a donnée des clés de compréhension et de projection pour la suite. J’ai également pu découvrir des techniques, méthodes nouvelles et originales nécessaires dans la vie d’un projet ou d’une agence. Je pense ici plus particulièrement à l’intervention « management et communication – communications interpersonnelle et dans les groupes » de Maryline Pujol. Cette intervention a directement fait écho à une situation de tension avec un maître d’ouvrage que je vivais en association ou en agence et m’a apporté une prise de recul nécessaire à la bonne poursuite du projet. Je pense aussi à la matinée passée avec Marika Frenette, facilitatrice d’intelligence collective, qui m’a apporté de l’optimisme complémentaire et des méthodes utiles aussi bien personnellement que collectivement. Enfin je retiens l’intervention de Nicolas Duverger, membre du CAUE29, qui m’a ouvert les yeux sur des acteurs motivés et engagés à travers des pratiques collectives et culturelles. Je vois là des partenaires inspirants pour la suite. Pour la suite de mon projet professionnel, j’envisage de continuer dans un premier temps, à tisser des liens entre More et Rhizome afin de nourrir et développer ces deux structures mais aussi de consolider ma posture hybride. Cette continuité s’inscrit également dans mon envie de découvrir le chantier avec Rhizome sur les projets que j’ai commencé à dessiner lorsque je suis arrivé à l’agence. Cet apprentissage m’apportera des compléments à cet enseignement de HMONP en mise en situation professionnelle et me donnera plus de consistance et d’expérience pour me lancer dans une aventure entrepreneuriale. Je vais biensûr continuer mon étroite collaboration avec la Serre d’Expérimentation des Ars, fruit issu de More et en pleine expansion. Dans le prolongement de toutes ces expériences et dans une suite logique, j’envisage de développer une structure coopérative rassemblant architectes, charpentiers, maçons, scénographes, artistes ou encore paysagistes afin de mutualiser les « savoir-faire », les énergies, les moyens et un lieu commun. La structure hybride est pour moi un moyen d’entreprendre, de s’exprimer et d’expérimenter. A travers l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité, elle développe un environnement favorable à la créativité et à l’intelligence collective. Ces projets, ouverts au plus grand nombre, permettent la transmission, le partage de connaissances par un apprentissage expérientiel. Ces réalisations concrètes de projets favorisent la rencontre et l’échange entre les milieux, les cultures et les générations. Le point commun de ces projets est la mise au centre de la culture comme vecteur de création d’environnements propices aux buts recherchés. L’ensemble constitue un écosystème favorisant la prise d’initiatives de nombreux acteurs apportant leurs sensibilités, leurs expériences. Chaque personne a sa spécificité et a besoin des compétences des autres. Cette interdépendance forme à une petite échelle une société en transition basée sur une économie de la connaissance et du savoir. L’ensemble de cette démarche vise à réinterroger la place de l’architecture dans notre monde et à se demander quel rôle doit jouer l’architecte face aux mutations sociales qui accompagnent notre évolution. Vers un avenir radieux et des lendemains qui chantent : Tout écosystème est inhérent à un territoire, une échelle. Le phénomène de globalisation sur ces différents milieux a entraîné avec lui une somme innombrable d’inégalités. L’échelle locale, à taille humaine, pourrait donner le droit et la possibilité à tous d’agir sur son environnement. Ainsi, cette transposition d’échelles pourrait engendrer de nombreuses transitions : la propriété laisserai place à l’accessibilité, l’imposition à la concertation ou encore le statut à la compétence. Ces changements de paradigmes requestionnent le rôle de l’architecture dans le monde et repositionnent la place de l’architecte au sein de notre civilisation. Ce phénomène nous permet d’esquisser un futur allant vers une économie de la connaissance et du savoir. Nous pourrions imaginer une société qui tolère et favorise l’initiative. L’architecte ne serait-il pas le médiateur capable de coordonner et guider notre société vers une certaine symbiose, garante d’un nouvel ordre démocratique et social ? Une société qui ne lutte pas contre le vent mais qui l’utilise à bon escient. 36


D’OU JE VIENS

RELATIONS ENTOURANT LE PROCESSUS DE PROJET

AGENCE

ASSOCIATION

COLLABORATION

COOPERATION ECHO

PLURIDISCIPLINARITE

TRANSDISCIPLINARITE

LA VILLE EN TANT QU’OBJETR DE VIE

COEXISTENCE RESONNANCE COHABITATION

RAYONNEMENT

ECOSYSTEME DE PROJETS

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_BIBLIOGRAPHIE ARENDT, Hannah La crise de la culture Editions Gallimard, 1972 BENYUS, Janine Biomimétisme : quand la nature inspire des innovations durables L’écopoche, 2017 DAMASIO, Alain Les furtifs La Volte, 2019 DURKHEIM, Emile De la division du travail social Quadrige, 2013 GRISOT, Sylvain Manifeste pour un urbanisme circulaire : Pour des alternatives concrètes à l'étalement de la ville Dixit.net, 2020 ELOI, Laurent L’impasse Collaborative : pour une véritable économie de la coopération Les liens qui libèrent, 2018 ELOI, Laurent Sortir de la Croissance : mode d’emploi Les liens qui libèrent, 2019 HUXLEY, Aldous Le meilleur des mondes Pocket, 2017 LABBE Mickaël, Reprendre place contre l’architecture du mépris Payot, 2019 MORE, Thomas L’Utopie Librio, 2018 ORWELL, Georges 1984 Folio, 1972 PLATON, La République Flammarion, 1966 REAL-MOLINA, Emma Le logement collectif en question s’extraire de l’étranglement. Nécessité de résistance face aux exigences économiques d’une maîtrise d’ouvrage privée Mémoire HMONP, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne, 2019 ROUSSEAU, Jean-Jacques Du contrat social Flammarion, 2001 SMITH, Adam La richesse des nations Flammarion, 1999

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_SITOGRAPHIE Légifrance, service public de la diffusion du droit

➢ www.legifrance.gouv.fr ➢

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales www.crntl.fr Larousse, encyclopédie et dictionnaire

➢ www.larousse.fr

Ordre des Architectes, Conseil National

➢ www.architectes.org

L’Enseignement de la Transition Ecologique en école d’Architecture

➢ www.ensaeco.fr

Le Bruit du Frigo

➢ www.bruitdufrigo.com Collectif Etc

➢ www.collectifetc.com Yes we camp

➢ www.yeswecamp.org Collectif Fil

➢ www.collectif-fil.fr La Friche Lucien

➢ www.lafrichelucien.org

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_ANNEXES

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_FICHES DE PROJETS

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Architecture • A1710 – RENNES – Logement rue de Lorient – GROUPE JEULIN Construction de logements (logements collectifs) Phases : FAISA • A1714 – CHANTEPIE – Logements – ARCH’IMMOBILIER Construction de 90 logements (8 maisons individuelles, 82 logements collectifs) ainsi que des surfaces commerciales Phases : APD – PC – PRO – DCE • A1801 – BRETEIL – Lotissement Le Chesnot – CAP ACCESSION Construction de 26 logements (16 maisons individuelles, 10 logements collectifs) Phases : ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE • A1804a – THORIGNE FOUILLARD – Zac de la vigne – NEOTOA Construction de 20 logements (20 logements collectifs) Phases : APS – APD – PC – PRO - DCE • A1804b – THORIGNE FOUILLARD – Zac de la vigne – NEOTOA Construction de 30 logements (30 logements collectifs) Phases : APS – APD – PC – PRO - DCE • A1804c -THORIGNE FOUILLARD – Zac de la vigne – KERMARREC Construction de 35 logements (35 logements collectifs) Phases : APS – APD – PC - PRO • A1807 – CHATEAUBOURG – Les Océanides – CAP ACCESSION Construction de 40 logements (40 logements collectifs) Phases : ESQ – APS – APD • A1826 – LA MEZIERE – 25 Logements – ACP IMMO Construction de logements (12 logements collectifs) Phases : FAISA – ESQ – APS • A1827 – GUICHEN – La Massaye – CAP ACCESSION Construction de 24 logements (24 logements collectifs) Phases : ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE • A1911 – BETTON – La Plesse – GIBOIRE Construction d’une micro architecture Phases : FAISA – ESQ – APS • PLEDELIAC – La Goudais – PARTICULIER Construction d’une maison individuelle Phases : ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE – DET • VERN-SUR-SEICH – 40 Logements – CREDIT AGRICOLE IMMOBILIER Construction d’une maison individuelle Phases : FAISA

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Scénographie • FMR – SAINT BRIEUC - 2017 Réhabilitation de containeurs en galerie d’art éphémère • LES ABYSSES – RENNES – PULSE MSC - 2017 Scénographie pour le collectif Pulse MSC au Jardin Moderne • LE RADEAU DE LA MEDUSE – RENNES - PULSE MSC - 2018 Scénographie pour le collectif Pulse MSC à la Basse Division • LE SERPENT – RENNES – PULSE MSC – 2018 Scénographie pour le collectif Pulse MSC à l’Antipode • LE LABO – RENNES – REVEILLE TA MOELLE - 2019 Scénographie pour le festival Réveille ta Moelle à l’UBU • INTERSTELLAIRE – RENNES – LE CIRCUIT DES TETES DE L’ART – 2019 Scénographie pour l’association le Circuit des têtes de l’art au Couvent des Jacobins • LA CANOPEE – RENNES – REVEILLE TA MOELLE – 2020 Scénographie pour le festival Réveille ta moelle à l’Hôtel Dieu • - DOUR – 2020 Conception et réalisation d’un pavillon pour le festival Dour (Belgique)

Urbanisme • MOREUROPAN – SAINT BRIEUC - 2015 • U1501 – BRUZ – GIBOIRE Phases : PA – VISA • U1701 – MONTFORT SUR MEU – Le clos du petit saloir – CM-CIC Phases : AVP – ESQ – PA

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_01 / THORIGNE FOUILLARD – LOT C21


_01 ZAC DE LA VIGNE – LOT C21 – LOGEMENTS COLLECTIFS _Maîtrise d’œuvre / RHIZOME _Maîtrise d’ouvrage / NEOTOA _BET / Le Coz (Structure) Kanopés (Fluides & Thermique) Cabinet Desmonts (Economiste) _Obtention de la commande / Concours – 2018 _Lieu / ZAC de la Vigne, 35000 THORIGNE FOUILLARD _Programme et objet de la mission / 20 logements _Enveloppe financière / 1.866 M€ _Surfaces – ampleur de l’opération / SDP : 1.486m² _Objectifs environnementaux / RT 2012, BBio -20%, NF Habitat


_01 ZAC DE LA VIGNE – LOT C21 – LOGEMENTS COLLECTIFS ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise

− En charge de ce dossier de la phase APS à DCE. − Échanges avec l'équipe de maîtrise d’œuvre (MOE) sur les choix architecturaux (structure, isolation, énergie, économie) et synthèse. − Organiser planning et assurer les réunions avec les bureaux d'études. − Assurer les échanges avec la maîtrise d'ouvrage (MOA) et reprises des remarques. − Échanges avec service instructeur ainsi que les élus. − Rôle de coordination entre la MOA et la MOE − Constitution du dossier PC et des pièces complémentaires − Réalisation du DCE et échanges avec le bureau de contrôle, le SPS. Le projet de la zone d'aménagement concerté (ZAC) de la Vigne a été le premier sur lequel il m’ait été donné de travailler (et c’est d’ailleurs pour celui-ci que j’ai été engagé à l’agence en premier lieu sous le motif contractuel suivant : « renfort pour accroissement de charge de travail »). Il s'agit d'un concours remporté par l'agence qui comprend trois lots. C'est également la première fois que j'ai travaillé sur cette échelle de projet (logements collectifs) ainsi que sur ce type de logements (logements sociaux). Premièrement, il a fallu prendre un temps pour la passation du projet et de sa mémoire. Ma première mission a d’abord été de m’investir dans la compréhension des enjeux du projet : quelle équipe, quelle maîtrise d’ouvrage, quelle phase, quelles missions, quelles attentes immédiates ? Il s'agissait là pour moi d'une mise en jambe, d'une entrée en matière, les typologies, formes et implantations des lots étant déjà définis. Il a fallu prendre en main le logiciel et le fichier ArchiCad correspondant afin d’entrer véritablement dans le projet. Ensuite, durant la phase APS et APD, j'ai assuré la gestion des plannings, des réunions de MOE et la coordination avec le MOA tout en faisant évoluer le projet au fur et à mesure des échanges, selon les choix en découlant. Une fois le projet fixé, j'ai pu produire les pièces constitutives du PC après une dernière relecture du cahier de recommandations architecturales, paysagères et environnementales (CRAPE) et du plan local d'urbanisme (PLU).

02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre Le projet du lot C21 de la ZAC de la Vigne m’a fait prendre conscience d’abord de la complexité de la gestion d'une équipe de MOE ainsi que la coordination avec le maître d'ouvrage : synthétiser les documents, gérer les échanges, ainsi qu’avoir un œil sur le projet dans sa globalité. Les allers-retours avec les différents bureaux d’études ainsi que la nécessité de donner un rythme à l’équipe a pu être éprouvant, mais m’a permis de me responsabiliser très vite et d’endosser le rôle d'architecte. Supervisé et accompagné par mon collègue Manuel Lemonnier, j’ai pu apprendre à être rigoureux et à mettre un point d’honneur à la nécessité d’organisation dans le temps. Car au-delà d’être un projet chronophage menant à la fameuse « charrette », monnaie courante lorsqu’on veut bien faire, le projet de la ZAC de la Vigne est surtout un projet sur lequel j’ai pu apprendre à tous points de vues, qu'ils soient techniques, administratifs, architecturaux, professionnels, politiques et sociaux… Premier permis de construire déposé avec cette agence, premier permis de construire accepté, une victoire symbolique pour un jeune architecte et, en prime, une bonne intégration au sein d'une équipe.



_02 / THORIGNE FOUILLARD – LOT C22


_02 ZAC DE LA VIGNE – LOT C22 – LOGEMENTS COLLECTIFS _Maîtrise d’œuvre / RHIZOME _Maîtrise d’ouvrage / NEOTOA _BET / Equipe Ingénierie (Structure) Equipe Ingénierie (Fluides & Thermique) Cabinet Desmonts (Economiste) _Obtention de la commande / Concours – 2018 _Lieu / ZAC de la Vigne, 35000 THORIGNE FOUILLARD _Programme et objet de la mission / 30 logements _Enveloppe financière / XX M€ _Surfaces – ampleur de l’opération / SDP : 2.258m² _Objectifs environnementaux / RT 2012, BBio -20%, NF Habitat


_02 ZAC DE LA VIGNE – LOT C22 – LOGEMENT COLLECTIF ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise − − − − − − − −

En charge de ce dossier de la phase APS à DCE. Échanges avec l'équipe de MOE sur les choix architecturaux (structure, isolation, énergie, économie) et synthèse. Organiser planning et assurer les réunions avec les BE. Assurer échanges avec MOA et reprises des remarques. Échange avec service instructeur ainsi que les élus. Rôle de coordination entre MOA et MOE. Constitution du PC et des pièces complémentaires. Médiation et coordination entre élus, MOA et instructeur.

Pour ce second lot (C22), j'ai rencontré davantage de difficultés : la forme du bâtiment imposée par le CRAPE rentrait en inadéquation avec le PLU d'une part ainsi qu'avec l'attente des élus sur les performances énergétiques du bâtiment d'autre part. En effet, la forme préconisée par l'architecte urbanise décomposait le bâtiment en trois parties rendant difficile l'objectif passif voulu par les élus lors du concours. S'agissant de logements sociaux, différentes alternatives ont été étudiées (isolations par l'extérieur, VMC double flux, etc) mais ne rentraient pas en adéquation avec l'enveloppe économique du MOA. Il a ainsi fallu échanger avec les élus, faire le médiateur avec le MOA et multiplier les réunions avec les bureaux d'études pour trouver une solution et trouver des compromis. De plus, les préconisations du CRAPE nous imposaient un nombre de niveaux et implantations qui étaient contradictoires avec le PLU, ce qui nous a valu une demande de pièces complémentaires auxquelles nous ne pouvions pas répondre. En effet le PLU autorisait une hauteur de 7m à l'égout de 9m au faîtage, or le CRAPE nous imposait un bâtiment en R+2+Attique. Là aussi, il a fallu organiser des réunions entre élus et instructeurs, parfois tendues. Le maître d’ouvrage étant un bailleur social et le plan local d'urbanisme intercommunal (PLUi) arrivant en application dans les mois qui suivaient, il fut alors décidé d’attendre la seconde dépose du permis de construire afin que le projet puisse être conforme aux réglementations en vigueur. En effet, le PLU sur lequel nous nous étions appuyés pour le dépôt du permis de construire originel insistait sur la notion de hauteur maximale du bâtiment, tandis que le PLUi avançait quant à lui la notion de nombre maximum de niveaux… Malgré le fait de devoir redéfinir les bases de ce projet face à ces nuances réglementaires, nous avons tout de même engagé la phase PRO, où l’incertitude face à l’instruction ne nous permettait pas d’avancer sans crainte de retour en arrière / de modifications significatives pour le projet. 02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre Ce deuxième lot de la ZAC de la Vigne m'a montré une facette du métier d'architecte : celle de la coordination et du compromis. La capacité d'un architecte en tant que médiateur dans la coordination des élus, instructeurs, urbanistes MOA et bureaux d'études est essentielle. Cerner l'ensemble des attentes des différents acteurs, se faire comprendre et utiliser le vocabulaire adéquat, apaiser les tensions et réussir à garder tout le monde unis pour un seul objectif : la réalisation du projet. Cette coordination a été facilitée par le travail avec un bailleur social. La difficulté de la concordance du cahier des prescriptions et du PLU demande une certaine expérience des textes juridiques et des mécanismes entourant les documents d'urbanisme. L’instruction et les règles d’urbanisme vont à l’encontre de la faisabilité du projet ; Le MOA étant un bailleur social, il est d'accord pour attendre la mise en vigueur du PLUi plus laxiste sur les questions urbaines (notion de niveau et non de hauteur). Il faut quand même noter, l'incohérence de certaines règles d'urbanisme très strictes et non flexible provoquant ce genre d'incohérences. La forme du bâtiment et l’enveloppe économique ne permettaient pas d’atteindre les objectifs du passif. Les élus avaient pour objectif le développement de la ZAC et donc acceptent de faire des compromis. Se pose donc la question du mot « passif » et de « tendre vers le passif » utilisé à des fins politiques : l'instrumentalisation de l’architecture pour des intérêts politiques. Les objectifs publics fixés lors du concours ne sont pas respectés au profit du développement économique de la ville. A travers ce genre de choix, on ne peut nier l'outil politique que représente l’architecture.



_03 / THORIGNE FOUILLARD – LOT C23


_03 ZAC DE LA VIGNE – LOT C23 – LOGEMENTS COLLECTIFS _Maîtrise d’œuvre / RHIZOME _Maîtrise d’ouvrage / Kermarrec _BET / Equipe Ingénierie (Structure) Equipe Ingénierie (Fluides & Thermique) Cabinet Desmonts (Economiste) _Obtention de la commande / Concours – 2018 _Lieu / ZAC de la Vigne, 35000 THORIGNE FOUILLARD _Programme et objet de la mission / 35 logements _Enveloppe financière / 3.106M€ _Surfaces – ampleur de l’opération / SDP : 2.161m² _Objectifs environnementaux / RT 2012, BBio -30%, Passiv’House


_03 ZAC DE LA VIGNE – LOT C23 – LOGEMENTS COLLECTIFS ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise − − − − − − − −

En charge de ce dossier de la phase APS à DCE. Échanges avec l'équipe de MOE sur les choix architecturaux (structure, isolation, énergie, économie) et synthèse. Organiser planning et assurer les réunions avec les BE. Assurer échanges avec MOA et reprises des remarques. Échange avec service instructeur ainsi que les élus. Rôle de coordination entre MOA et MOE. Constitution du PC et des pièces complémentaires. Médiation et coordination entre élus, MOA et instructeur.

Les difficultés rencontrées pour le lot C22 se sont également présentées ici mais deux éléments ont permis de les outrepasser : la forme du bâtiment et le type de maîtrise d'ouvrage. Premièrement la forme du bâtiment, un parallélépipède rectangle, de forme compacte donc, permet d'atteindre les objectifs fixés, à savoir : un bâtiment passif. Cependant, dans le cadre de logements sociaux, la contrainte budgétaire reste forte. Il a fallu, pour atteindre ces objectifs, ne pas hésiter à remettre en cause certaines préconisations des bureaux d'études. Deuxièmement, il s'agit ici d'un promoteur privé. Nous avons donc déposé un PC respectant les règles du PLU tout en continuant avec un projet qui ne les respecte pas. L'entrée en vigueur du PLUi se faisant quelques mois plus tard, nous déposerons donc un PC modificatif. Cette faille permet au promoteur de mettre ses logements en vente plus rapidement et donc maximiser les profits, sans perte liée au planning, malgré la non-conformité avec le PLU. 02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre Atteindre des performances données demande des efforts coopératifs, plutôt qu’isolés. L'architecte doit jouer ce rôle de leader. Il faut pour cela outrepasser les intérêts personnels de chaque corps composant la MOE et, ensemble cumuler nos savoir, sans rester sur ses acquis, afin d'atteindre des performances de confort et de respect environnemental.

Les intérêts économiques entre le promoteur et les élus sont ici mis en lumière : ils ont influencé l’instruction du permis de construire, en cherchant les brèches potentielles dans la temporalité du projet et dans sa conformité avec la réglementation, et donc avec la loi. De plus, les logements les plus qualitatifs, présents en attique, sont réservés à la vente à des personnes internes à la MOA, tandis que le reste des logements dans les étages courants, étriqués, petits et monos orientés, sont eux dédiés à la vente pour autrui.

Ce bâtiment, certes intéressant sur ses performances, la gestion de ses coûts, pose ceci dit question d’un point de vue éthique. Que propose-t ’on aux foyers les plus modestes, en termes de qualité d’espaces, d’usage, et donc de qualité de vie ? Les marges exorbitantes sur les prix de vente faites par le promoteur sont évidemment une piste dans ce questionnement éthique.



_04 / GUICHEN


_04 LES TERRASSES DE LA MASSAYE - ZAC DE LA MASSAYE – LOT F0 – LOGEMENTS COLLECTIFS _Maîtrise d’œuvre / RHIZOME _Maîtrise d’ouvrage / CAP ACCESSION _BET / Cabinet Desmonts (économiste) Le Coz (Structure) Kanopés (Fluides & Thermique) _Obtention de la commande / Commande privée– 2018 _Lieu / ZAC de la Massaye – Guichen _Programme et objet de la mission / 24 logements Mission complète _Enveloppe financière / 2.6M€ _Surfaces – ampleur de l’opération / SDP : 1.543 m² _Objectifs environnementaux / RT 2012


_04 LES TERRASSES DE LA MASSAYE - ZAC DE LA MASSAYE – LOT F0 – LOGEMENTS COLLECTIFS ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise − − − − − − − − −

En charge de ce dossier de la phase APS à DCE. Échanges avec l'équipe de MOE sur les choix architecturaux (structure, isolation, énergie, économie) et synthèse. Organiser le planning et assurer les réunions avec les bureaux d'études. Assurer échanges et réunions avec MOA et reprises des remarques. Échange avec service instructeur ainsi que les élus. Rôle de coordination entre MOA et MOE Constitution du dossier PC et des pièces complémentaires Réalisation du DCE et échanges avec le bureau de contrôle, SPS. Médiation et coordination entre élus, MOA et instructeur.

Ce projet de logements sociaux s'insère dans la nouvelle ZAC de la Massaye, dans un environnement naturel et patrimonial privilégié. Le CRAPE de la ZAC va dans le sens de la préservation et l'intégration paysagère. Il préconise notamment l'utilisation du bois, favorise l’épannelage et les volumétries vernaculaires tel que la toiture à double pans. Le projet se décompose en trois bâtiments : deux bâtiments de logements intermédiaires et un bâtiment de logements collectifs. Les volumétries et choix architecturaux tendent à aller dans le sens du CRAPE et de la volonté des élus, à savoir une alternance entre toiture plate et doubles pan donnant un aspect de maison de village au projet, et l'utilisation généreuse du bois en bardage de façade afin d'intégrer au mieux le projet au paysage champêtre. A la suite d'une réunion avec l'aménageur, l’urbaniste de la ZAC, le MOA et moi-même, le projet est validé avec quelques préconisations paysagères telles que la limitation de l'imperméabilisation du sol, la dissimulation de la rampe de sous-sol par des talus plantés, etc. A la suite de cette réunion, le MOA dresse une série de remarques visant à modifier le projet : optimisation du sous-sol afin de créer de nouvelles places de parking, rationalisation des logements. Ces modifications entraînent un surcoût du projet (la structure du bâtiment ne plombe pas avec le sous-sol, l'alignement des menuiseries supprime les effets de rythme en façade). Nous n'étions plus dans l'enveloppe budgétaire, le MOA ne voulait rien entendre, il fallait trouver des pistes d’économie. Les pistes étaient les suivantes : suppression de l'ascenseur, plombage bâtiment et du sous-sol au profit de places de parking supplémentaires à l'extérieur, etc. Toutes ces pistes d'économie sont jetées à l'eau par le MOA qui commence une déconstruction du projet : suppression du bardage bois, limitation des cabanons de jardin en bois au seul cache vue bois anecdotique, suppression d'éléments paysagers, suppression de bordures, utilisation d'enrobé, etc. C'était une désillusion. La dépose du permis de construire a conduit à une réunion entre le maire, le service d'urbanisme, le MOA, l'aménageur et moi-même. Ils ne comprenaient pas que le projet puisse être aussi différent que ce qui avait été acté précédemment. Le MOA, en vendant ses arguments commerciaux, ses questions d'économie tel un philanthrope, m’a mené à m’interroger sur la présentation de pistes d’agréments pour le projet, pour montrer notre volonté de conservation de l’intégration paysagère : utilisation du bois sur le local vélo, en façade par les pare-vues, etc. Je me retrouve complice du MOA dans son objectif de maximisation de profit alors que nos intérêts ne convergent pas. Le projet sera finalement accepté et nous continuerons les études, avec des façades en enduit, et un maximum de places de parking en sous-sol... 02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre Là aussi le rapport Elus – MOA est intéressant. Cette fois les intérêts ne convergent pas forcement, mais le MOA usera de tous ses arguments commerciaux pour faire passer le projet au service d’urbanisme. Présent à cette réunion, l’architecte se retrouve complice d’un appauvrissement qualitatif du projet au profit de sa réalisation (le bois ici qu’en parement anecdotique au profit d’un surcoût de non plombage de sous-sol car une place de parking rapporte au promoteur). L'utilisation du bois pour un projet « vert » plus environnemental. Mais dans la réalité, l’intérêt pécuniaire du MOA privé priorise le parement bois plutôt qu’une utilisation mesurée et adaptée à la nécessité de penser des projets plus « verts ». C'est une vraie limite, un verrou au développement de vrai projets environnementaux. C'est avec regrets que des choix économiques pour la vente sont retenus au détriment des qualités spatiales, thermiques et environnementales. Je m’interroge encore sur le fait que l’on construise encore en RT2012, sans besoin de certification, en béton… Le MOA n’hésitera pas à faire le bon samaritain en disant « C’est un beau projet, on construit pour les plus modestes ». L’équipe de MOE rit jaune, sachant que l’intérêt du MOA reste la vente et donc le profit. Cette instrumentalisation de la question du logement social au profit marchant est repoussante. Pourquoi les gens modestes ne se retrouvent-ils pas dans des logements de qualité, avec des matériaux bio-sourcés ?



_05 / BRETEIL


_05 LES HIRONDELLES - LOTISSEMENT LE CHESNOT – TRANCHE 2 – LOGEMENTS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS _Maîtrise d’œuvre / RHIZOME _Maîtrise d’ouvrage / CAP ACCESSION _BET / Cabinet Desmonts (économiste) Le Coz (Structure) Kanopés (Fluides & Thermique) _Obtention de la commande / Faisabilité _Lieu / Lotissement Le Chesnot – Breteil _Programme et objet de la mission / 26 logements Mission complète _Enveloppe financière / 1.9M€ _Surfaces – ampleur de l’opération / SDP : 1.987m² _Objectifs environnementaux / RT2012


_05 LES HIRONDELLES – LOTISSEMENT LE CHESNOT – TRANCHE 2 – LOGEMENTS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise − − − − − − − −

En charge de ce dossier de la phase APS à DCE. Échanges avec l'équipe de MOE sur les choix architecturaux (structure, isolation, énergie, économie) et synthèse. Organiser planning et assurer les réunions avec les bureaux d'études. Assurer échanges et réunions avec MOA et reprises des remarques. Échange avec service instructeur ainsi que les élus. Rôle de coordination entre MOA et MOE Constitution du dossier PC et des pièces complémentaires Réalisation DCE et échanges avec le bureau de contrôle, SPS.

A l’inverse de la ZAC de la Vigne à Thorigné Fouillard, l’agence est urbaniste de la ZAC, ce qui a permis de définir les règles d’urbanisme (cahier des prescriptions). Cela facilite la mise en œuvre du projet architectural, sans anicroche. Cette position de force permet ainsi d’influencer le MOA sur des choix de matériaux, d’expositions, et de volumétrie au profit des futurs habitants.

Néanmoins, s'est présenté à nous une difficulté face à la spéculation et la fluctuation des avis des bureaux de contrôles. Par exemple, l’utilisation du bac acier en toiture d'habitation pose problème car elle provoque beaucoup de sinistres. Elle est acceptée dans les documents d’urbanisme (PLU, CRAPE) mais refusée par certains bureaux de contrôle. Par conséquent, ce refus a provoqué un rallongement notable de la période de DCE pour finalement trouver un compromis sur l'utilisation du bac acier en toiture froide mais non en toiture chaude. A terme le bac acier sera accepté, il s'agit juste là une question de responsabilité sur les questions de sinistralité.

Lors de la formalisation des plans de ventes, le MOA n’hésite pas à nous demander d’enlever certain élément qualitatif du projet comme par exemple les bordures en bois, pare vue en bois, marquises, etc pour prévoir des gains économiques. Le MOA n’hésite à tenter de nous berner sur la raison de cet appauvrissement du projet initial au profit économique.

02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre La double casquette Urbaniste – Architecte est intéressante dans la maîtrise du processus de projet et la qualité de la réponse architecturale. Ce double rôle place l'architecte en rapport de force face au promoteur, permettant ainsi de répondre à l'intérêt général : harmonie paysagère, respect environnemental, performances énergétiques et confort des habitants.

Malgré les hésitations du bureau de contrôle, la cherche de consensus, par le dialogue permet de déboucher sur des solutions et des compromis. Pour cette étape, j'ai eu la chance d'avoir un économiste compétent sur qui compter, toujours dans la recherche de la meilleure solution pour le projet et non simplement pour l'unique valorisation économique de celui-ci. Le rôle de l'économiste est primordial, car son expertise a permis de rassurer le MOA lors du rallongement du calendrier du DCE et la levée des avis du RICT.

Il est cependant à noter que même lorsque le projet est maîtrisé avec une équipe coopérative et compétente, permettant de rentrer dans l'objectif économique, le promoteur cherchera toujours à découdre quelques éléments de projets afin d'anticiper des économies...



_06 / CHATEAUBOURG


_06 LES OCEANIDES – LOGEMENTS COLLECTIFS Maîtrise d’œuvre / RHIZOME Maîtrise d’ouvrage / CAP ACCESSION BET / CIRTEC AFTI Obtention de la commande / Commande privée – 2018 Lieu / Chateaubourg Programme et objet de la mission / 40 logements Mission complète Enveloppe financière / 3.638M€ Surfaces – ampleur de l’opération / SDP : 2.424m² Objectifs environnementaux / RT2012


_06 CHATEAUBOURG LES OCEANIDES – LOGEMENTS COLLECTIFS ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise

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En charge de ce dossier de la phase APS à DCE. Échanges avec l'équipe de MOE sur les choix architecturaux (structure, isolation, énergie, économie) et synthèse. Organiser planning et assurer les réunions avec les bureaux d'études. Assurer échanges et réunions avec MOA et reprises des remarques. Échange avec service instructeur ainsi que les élus. Constitution du dossier PC et des pièces complémentaires

Pour ce projet, et contrairement aux autres, les bureaux d'études nous sont imposés par le MOA. Les intérêts convergent entre MOA et bureaux d'études : économique et non question des qualités spatiales ou environnementale. Ils n’hésitent pas à sortir des phrases du style « avant que l’un des habitant (PSLA PLS) soit architecte je ne pense pas que ça leur importe d’avoir du bois ou ce genre d’élément ici et là ». L'économiste n’hésite pas à jouer sur ma jeune expérience pour m’expliquer la réalité, comme si j’avais des lubies d’architecte, alors que je m’efforce de respecter les règles d'urbanisme en vigueur : imperméabilisation du sol, préconisations sur l'utilisation de tel ou tel matériaux, etc. On passe d’un projet d’architecture à un projet de vente, de profit. J'essaie d'être compréhensif, coopérant tout en leur faisant comprendre mon point de vue sur les questions d’implantations et d'intégration paysagère. La qualité architecturale doit être accessible à tous, les plus modestes ne font pas exception. De plus, le projet s’insère dans un tissu de centre bourg, où l’écriture architectural doit être discrète et conforme aux tissus historiques existant. Le risque ? Stigmatisation et difficulté d'intégration des populations qui habiteront cette opération si elle déplaît et perturbe les habitants existants. 02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre

Cela met en lumière l’intérêt d’avoir la liberté d’avoir son équipe de travail, d’être dans des rapport de coopération et non de collaboration. Cela soulève également l'importance de la synergie et de l’impartialité dans la qualité d’un projet ainsi que la gestion des honoraires.

Le rôle de l’architecte, par sa position centrale dans le projet, doit être solide, compréhensif mais aussi être intransigeant afin de jouer le rôle de garde-fou éthique. La question du logement social et de la mixité sociale en est un exemple parmi tant d’autre (questions environnementales, écologiques, politiques, etc.)



_07 / MONFORT SUR MEU


_07 LOTISSEMENT LE CLOS DU PETIT SALOIR – LOGEMENTS INDIVIDUELS ET COLLECTIFS Maîtrise d’œuvre / RHIZOME Maîtrise d’ouvrage / CM-CIC immobilier BET / AMCO Aires IOA SENN Obtention de la commande / Commande privée – 2018 Lieu / Montfort-sur-meu Programme et objet de la mission / Construction d’un lotissement de 25 lots Mission complète Enveloppe financière / xx€ Surfaces – ampleur de l’opération / NC


_07 MONFORT SUR MEU LOTISSEMENT LE CLOS DU PETIT SALOIR ESQ – APS – APD – PA – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise − − − − − −

En charge de ce dossier de la phase ESQ à PA. Production des éléments graphiques (plans, coupes, volumétries). Assurer échange les bureaux d'études et synthétiser les choix de projets. Assurer échanges avec le MOA et reprises des remarques. Échange avec le service instructeur ainsi que les élus. Constitution du PA et des pièces complémentaires.

Le projet de lotissement à Montfort-sur-Meu est le premier véritable projet d'urbanisme auquel je participe (ma première expérience est celle du concours Europan). Il s'agit d'une commande de faisabilité par un groupe de promotion privée qui débouche sur la formalisation d'un permis d'aménager. J'ai pu y découvrir les différentes phases du processus de formalisation d'un projet d'aménagement, les contraintes réglementaires et les relations avec les différents acteurs : aménageur, VRD, paysagiste, concessionnaire. Exécutant pour mon tuteur qui prenait le temps de m'expliquer les choix qu'il proposait ou qu'il retenait, j'ai pu découvrir le découpage parcellaire, la répartition des surfaces entre les lots, le choix des dessertes, etc. J'ai également pu découvrir l'attitude de la promotion privée dans un projet d’aménagement, qui est semblable à celle d'un projet d'architecture. Très vite, le projet d’aménagement paysagé laisse place au projet « pompe à vélo ». Une fois le gabarit réglementaire établi, il s'agit de densifier et de maximiser le nombre de lots. L'ensemble du projet est constitué de 23 lots individuels et d'un lot collectif. Ce projet se situe dans un secteur soumis aux architectes des bâtiments de France (ABF) et dans une zone PPRI. L’opposition de l’ABF à la réalisation d’un bâtiment d’habitation collectif en bord de rive du Meu mettait en péril le projet. Il a fallu organiser des réunions entre élus, MOA (favorable au développement du projet) et l'ABF afin de trouver un compromis. Des échanges houleux nécessitaient l'expérience de mon tuteur afin de jouer le rôle de médiateur et se reconcentrer sur la faisabilité du projet. De plus, après avoir maintes et maintes fois épluché les documents d'urbanisme, nous avons trouvé une « faille » permettant l'implantation de foyer logements sur pilotis en zone PPRI et permettant ainsi de justifier la possibilité de la réalisation du projet. Afin de rassurer l'ABF et obtenir son accord, il nous a été demandé d'aller plus loin dans le dessin de ce bâtiment collectif. Sous condition de l'obtention du PA, la construction de ce bâtiment a été léguée à un bailleur social, désireux que l'architecte retenu soit l’urbaniste du lotissement. D'une pierre, deux coups, nous lancions la faisabilité du projet et dressions des plans, coupes et volumétries en accord avec les préconisations de l'ABF et l'objectif donné par le bailleur social. Après plusieurs rebondissements, le PA a finalement été accepté. 02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre A travers ce projet d’urbanisme, j’ai pu découvrir une autre échelle de projet, demandant un recul plus important que pour un projet d’architecture : vision du projet dans son ensemble (de l’échelle urbaine aux détails de matériaux) avec notamment l’écriture du CRAPE. Il faut tout anticiper. Cette compétence exige une connaissance parfaite des textes de lois en vigueur et de savoir s'appuyer sur les co-traitants, le MOA, qui sont souvent sachant à ce propos.

La rigidité de certains textes de lois ou encore de certaines interprétations de la part de l’ABF provoque parfois des incohérences projectuelles et politiques (ici la mairie a besoin de logements pour accueillir de la population active mais l’ABF s’y oppose catégoriquement). Ici, encore, la faculté de médiation de l’architecte est nécessaire afin de trouver consensus. Sa crédibilité est mise à l’épreuve et nécessite pour cela, parfois des remises en question.



08 / BETTON

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_08 MICRO ARCHITECTURE – CONCERTATION ET PARTICIPATIF Maîtrise d’œuvre / RHIZOME Maîtrise d’ouvrage / GIBOIRE BET / Cabinet Desmont Obtention de la commande / Commande privée – 2019 Lieu / Betton Programme et objet de la mission / Création d’une micro architecture Mission complète Enveloppe financière / 20.000€ Surfaces – ampleur de l’opération / NC


_08 BETTON MICRO ARCHITECTURE – CONCERTATION ET PARTICIPATIF ESQ – APS – APD – PC – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise − − − −

Synthèse des résultats des ateliers participatif. Production des éléments graphiques (plans, coupes, volumétries). Échanges avec les bureaux d'études. Assurer les échanges avec le MOA et reprises des remarques.

Ce projet de micro-architecture prend place dans le cadre du projet de ZAC de Betton avec un promoteur privé. Le phasage de la construction de la ZAC s’effectue en trois temps. Certains habitants habiteront dans un environnement en chantier durant les premières années. Le MOA avait pour volonté d’apporter un agrément aux habitants. L’agence a proposé de mettre en place des ateliers participatifs afin de fédérer les futurs habitants dès les premières phases d’études, et ainsi, d’en faire émerger un projet commun. A la suite de trois ateliers participatifs se sont dégagées des intentions, des volontés et des références, se matérialisant par la création d'un lieu commun où se retrouver et partager des usages : échanges de livres, jardinage, atelier, terrasse, jeu de boules. En interne, à l'agence, nous avons donc nous aussi saisi l'occasion pour organiser un atelier participatif sur le thème de la micro architecture. Il s'agissait pour chacun de produire une micro architecture hors contexte dans un premier temps, puis dans un second temps, de produire une proposition de micro architecture en lien avec la parcelle du projet et les volontés des habitants. A la suite de cet atelier, il a fallu synthétiser l'ensemble des propositions de façon rationnelle, effective et correspondant au budget donné. Une fois le projet validé par le MOA, il a été transmis pour devis à l'entreprise s'occupant de l'aménagement paysager de la ZAC.

02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre Ce genre de projet est intéressant dans la question de l'habiter. Par la mise en place d'ateliers participatifs, les habitants ont une possibilité d'appropriation de l'espace qui sera le leur, à savoir la ZAC. Il pourrait-être intéressant d'aller encore plus loin en faisant un chantier participatif en lien avec une association où l'indemnisation pourrait servir à l'animation de quartier, ou autres besoins collectifs : développement culturel, achat de matériel, visites et ballades architecturales, etc. La récupération de ce projet par le MOA en arguments commerciaux sur leurs plaquettes peut laisser entrevoir une possibilité d'influencer les promoteurs de façon vertueuse : favoriser la consultation habitante systématique, les ateliers participatifs, le financement d'associations pour développer le vivre ensemble et la culture citoyenne.



_09 / SAINT-BRIEUC


_09 L’FMR – GALERIE D’ART EPHEMERE Maîtrise d’œuvre / MORE Maîtrise d’ouvrage / MORE Obtention de la commande / Proposition culturelle – 2017 Lieu / Saint-Brieuc Programme et objet de la mission / Construction d’une galerie d’art éphémère Mission complète Enveloppe financière / 20.000€ Surfaces – ampleur de l’opération / NC


_09 SAINT-BRIEUC L’FMR – GALERIE D’ART EPHEMERE ESQ – APS – APD – PA – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise

− En charge de ce dossier de la phase ESQ à AOR. − Gestion de projet et développement d'une structure économique de projet (recherche de partenaires, production de dossier de sécurité, de demande d’autorisation, de partenariat, etc.) − Organiser planning et assurer les réunions avec les bureaux d'études et entreprises. − Organisation et participation au chantier. − Commissariat d'exposition et programmation culturelle. − Participation en tant qu'artiste lors de la deuxième exposition. − Médiation culturelle. − Organisation, communication événementielle. − Échange avec les élus et autorités locales. − Constitution du dossier et des pièces graphiques. Le projet FMR tire son nom à la fois de l’adjectif « éphémère » qui est le principe même de cette réalisation mais aussi d’un acronyme signifiant «Forme Mobile de refuge». Nous utilisons pour cela deux conteneurs assemblés et transformés en un espace autonome pouvant accueillir tout type d’événement favorisant la rencontre et l'échange entre les générations, les milieux et les cultures. Cet espace mobile a vocation à abriter des projets à dimension culturelle, qui permettent un moment échappatoire, favorisant l'ouverture d'esprit tout comme l'introspection ; la culture pouvant nous avertir de certains dangers. Il s’agit d’un lieu accueillant des événements éphémères. C'est un lieu à plusieurs facettes mais également un outil. Il accueille des œuvres, expositions, à la façon d’une galerie d’art, événements à thèmes, conférences, débats citoyens, lectures publiques, performances artistiques, projections vidéo, concerts. Mais peut aussi se transformer en atelier, cuisine, hébergement, bibliothèque, espace de sport, ou tout autre appropriation souhaitée. Quatre expositions vont se succéder, sur un format de deux semaines chacune autour desquelles différentes animations vont se greffer. Le souhait est de créer un écosystème autonome dans lequel chacun puisse participer : associations, citoyens, entreprises, collectivités, ... Être force de proposition, avoir une réelle capacité d'initiative tout comme être contributeur par simple adhésion au projet. Le financement se fait en partie par les fonds propres de l’association ainsi que par l’investissement d’entrepreneurs locaux. En effet l’association More a la chance de s'entourer d’entrepreneurs locaux, soucieux de la santé économique et culturelle de leur territoire. Nous travaillons donc main dans la main afin de participer au dynamisme culturel et socioéconomique de notre bassin d’activité et lieu de vie. Il s’agit d’un engagement citoyen, tous conscients que nous vivons dans un cadre de vie et dans un environnement privilégié où les actions et l’envie d’entreprendre peuvent participer à faire évoluer la société positivement de manière bienveillante.

02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre Ce projet s'est développé non pas à partir d'un appel à projet ou un concours, mais à partir une envie. En effet, il s'agissait de développer un projet réunissant le plus grand nombre d'acteurs différents : association, artiste, élus, citoyens, artisans, touristes, étudiants, etc. Afin de développer ce projet, il s'agissait de réfléchir à une organisation, une structure économique pouvant rendre cet événement gratuit et accessible à tous mais également soutenable pour une association non lucrative refusant les subventions. Il s'agit là de mettre en lumière la nécessité d'initiative afin de créer et de favoriser la rencontre et l'échange entre cultures, milieux et générations. Afin de s'approprier l'espace publique de la ville et de ne pas attendre des pouvoirs publics ou des initiatives privées pour faire corps avec la ville, notre ville. La réussite de ce projet est due à un réseau d'entrepreneurs, de professionnels et de bénévoles. Cette mise en réseau, cette recherche de consensus n'est possible qu'à travers des relations de coopérations basées sur le long terme, l'échange de connaissances et l’épanouissement collectif. C'est ici que l'architecte peut jouer ce rôle de coordinateur, de chef d'orchestre afin que chacun puisse participer à la vie en collectivité.



_10 / RENNES


_10 COMMISSARIAT ET SCENOGRAPHIE D’UNE EXPOSITION D’ART Maîtrise d’œuvre / MORE Maîtrise d’ouvrage / Le Circuit des Têtes de l’art BET / ATEBA Obtention de la commande / Concours – 2019 Lieu / Rennes Programme et objet de la mission / Commissariat et scénographie d’une exposition de 150 œuvres d’art Mission complète Enveloppe financière / 15.000€ Surfaces – ampleur de l’opération / NC


_10 RENNES COMMISSARIAT ET SCENOGRAPHIE D’UNE EXPOSITION D’ART ESQ – APS – APD – PA – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise − En charge de ce dossier de la phase ESQ à AOR. − Gestion de projet et développement d'une structure économique de projet (recherche de partenaires, production de dossier de sécurité, de demande d’autorisation, de partenariat, etc.) − Organisation du planning et assurance des réunions avec les bureaux d'études et entreprises. − Organisation et participation au chantier. − Commissariat d'exposition. − Assurer les échanges avec le bureau de contrôle, la sécurité du Couvent des Jacobins, échanges avec MOA. − Recrutement et gestion des bénévoles lors du montage. − Constitution du dossier et des pièces graphiques. L'association Le Circuit des Têtes de l'Art est une association de galeristes et artistes organisant chaque année une déambulation entre chaque galerie partenaire gratuite et ouverte à tous. Pour fêter ses 10 ans, l'association prend possession du Couvent des Jacobins afin d'y produire une exposition rétrospective de 150 œuvres le temps d'un week-end. C'est dans ce cadre que nous sommes sollicités lors d'une mise en concurrence afin d'assurer une mission de commissariat d'exposition et de scénographie. Afin de répondre à cette sollicitation il nous fallut produire une note d'intention et un devis, sur lesquels nous avons obtenu ce projet. L'intention générale est de produire une expérience physique au spectateur. Vivre sa propre expérience de l'art autant dans la déambulation (circuit) que dans son rapport au lieu, à l’architecture. Dans un premier temps il s’agit d’ouvrir l'art au grand public il s’agit de faciliter la compréhension par une approche ludique. Puis dans un second temps, il s'agit de questionner le point de vue que l'on a par rapport aux œuvres d'art, d'en faire une vraie problématique d'exposition. D'une manière générale les musées sont des lieux où les codes demeurent élitistes et les explications dissimulées. Le Couvent des Jacobins n'y déroge pas : une entité très présente dans la ville mais floue pour les citadins car rarement accessible et praticable par le grand public. Les choix scénographiques de cette exposition tendent à donner une liberté d'impression, d'interprétation et de déambulation au spectateur, lui permettant de s'accaparer l'exposition, avec ses propres codes, interprétations et émotions. Cette sensibilité architecturale, notre ambition technique et spatiale et la connaissance du processus de projet ont séduit la maîtrise d'ouvrage et permis que cet événement puisse arriver à son but. Nous nous sommes entourés d'un jeune artiste-artisan métallier, issu de l'EESAB pour la fabrication et d'un BE structure briochin, fief de l'association. Le bureau de contrôle choisi est un partenaire avec qui j'avais déjà eu l'occasion de travailler à l'agence Rhizome. L'ensemble du projet s'est bien passé, jusqu'au dernier paiement après réception de l'ensemble du projet. En effet, après que l’événement se soit passé, le MOA a émis des réserves hors contrat et ne nous a pas versé le dernier paiement (33% du coût de fabrication). Après des échanges tendus et stressants, nous avons décidé de ne pas engager de procédure de mise en demeure, frileux, car les financeurs du projet étaient majoritairement des notaires, et découragés. 02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre Ce projet fut très contrasté et plein d'enseignements. Premièrement et sûrement le plus important à retenir est l'importance de la rédaction du contrat. En effet, ici nous avions rédigé un contrat en règle, mais peut-être trop succinct. En effet, lorsque le MOA nous a retenu le dernier paiement, ses arguments pour le faire n'étaient pas présents dans le contrat. Nous aurions dû croire en nous et en ce contrat rédigé par les deux parties et engager une procédure de mise en demeure. Une réunion de débriefing avec le MOA et leurs partenaires (grands notaires rennais) eut un effet d'intimidation. Nous ne sommes pas ici dans de la promotion privée mais dans le marché de l'art, très mondain et il semble que les valeurs et méthodes modus operandi soient similaires... C'est ici le deuxième enseignement de ce projet : le choix de ses partenaires. Premièrement le MOA. Nous étions ici très ambitieux et l'occasion pour nous d'investir le Couvent des Jacobins avec un projet « carte blanche » était une opportunité importante. Néanmoins, nous avons peut-être fait preuve de manque de lucidité, peut-être par notre jeune expérience. En effet, la structure économique de cette association et de ce projet repose sur le mécénat et la défiscalisation. Les valeurs de partage et d'échange n'étaient pas les mêmes. Notre naïveté à mis en lumière nos différences partenariales : nous étions dans un rapport de coopération, tandis qu'eux étaient dans un rapport de collaboration.



_11 / RENNES


_11 CREATION ET SCENOGRAPHIE D’UN EVENEMENT CULTUREL Maîtrise d’œuvre / MORE Maîtrise d’ouvrage / Réveille ta Moelle Obtention de la commande / Partenariat – 2019 Lieu / Rennes Programme et objet de la mission / Création d’un festival de sensibilisation et d’un évènement culturel Mission complète Enveloppe financière / 10.000€ Surfaces – ampleur de l’opération / NC

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_11 RENNES CREATION ET SCENOGRAPHIE D’UN EVENEMENT CULTUREL ESQ – APS – APD – PA – PRO – DCE – DET – AOR 01_Missions de l’ADE et expérience acquise − En charge de ce dossier de la phase ESQ à AOR. − Gestion de projet et développement d'une structure économique de projet (recherche de partenaires, production de dossier de sécurité, de demande d’autorisation, de partenariat, etc.) − Organisation du planning et assurance des réunions avec les bureaux d'études et entreprises. − Organisation et participation au chantier. − Commissariat d'exposition. − Assurer les échanges avec le bureau de contrôle, la sécurité de l'UBU et de l'Hotel Dieu, échanges avec MOA. − Recrutement et gestion des bénévoles lors du montage. − Constitution du dossier et des pièces graphiques. Basée à Rennes, l'association Réveille Ta Moelle participe à la promotion du don de moelle osseuse via l'organisation de rencontres pour informer, sensibiliser et inviter les jeunes à s’inscrire pour le don. A Rennes, il existe à l’heure actuelle trop peu d’associations qui assurent la promotion du don de moelle osseuse. Moelle Ticolore et ADOT 35 partagent cet effort à nos côtés. Réveille Ta Moelle, quant à elle, est la seule organisation à avoir fait le choix de s’associer avec des acteurs culturels locaux bien identifiés, pour retrouver et sensibiliser les jeunes via des événements ludiques et festifs. Cette particularité de notre projet et la diversité des membres de notre équipe font l’originalité de l’association. Bien entendu, notre projet n’aurait pas pu voir le jour sans l’implication et le soutien de nos partenaires : L’EFS de Rennes, l’Agence de la Biomédecine, l’Asso More, Pulse MSC, ÖND, Turtle Corporation, Flou, Organisme Texture, Chevreuil. Le projet consiste donc au décloisonnement entre culture et santé autour d'un événement festif de sensibilisation. Chaque partenaire et acteur partage ses compétences au profit d'un projet commun, transdisciplinaire : les médecins apportent leurs connaissances et compétences autour du don, les bénévoles à travers la médiation, les collectifs musicaux par leur savoir-faire dans l'organisation événementielle et leurs compétences artistiques et l'association More par ses qualités de scénographes, commissaires d'expositions, gestion de projet, rayonnement social et forces vives. Notre mission de coordination et de gestion d'espace nous amène à définir le format de l’événement, la gestion de l'espaces à travers l'appropriation des lieux et l'organisation des usages et enfin la production artistique permettant de faire lien entre le but de l’événement et l'image qu'il renvoie. 02_Observations concernant la pratique de la maîtrise d’œuvre Ce projet citoyen a pour particularité de réunir des acteurs autour de valeur de coopération et de transdisciplinarité. Chaque compétence est mise en valeur et au profit d'un projet commun. La capacité d'initiative et l'échange de compétences en interne rend possible un projet caritatif et attractif pour le plus grand nombre. L'exploitation de lieu public par un processus d'appropriation est offert gratuitement au public, découvrant un projet qualitatif favorisant la rencontre et l'échange. Les compétences de l'architecte sont ici une clé pour la coordination et la réalisation du projet : mise en réseau d'acteur, maîtrise des règles sécuritaires et législatives, constitution de pièces graphiques nécessaire à la communication, consultation de bureau de contrôle et sollicitation d'entreprises, et artisans mettant à profit leur savoir-faire, gestion d'équipe et suivi de chantier. 89


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_CV ALEXANDRE GOURET 17/07/1993 1 BIS RUE DE LA MABILAIS, 35000 RENNES 0033 (0) 6 65 36 05 58 CURSUS SCOLAIRE 2006 – 2008 / 2008 – 2011 / 2011 – 2018 / 2019 – 2020 /

LAMBALLE Collège Sacré Cœur LAMBALLE Lycée Henri Avril – Série Economique & Social, Spé Math, Option Arts Plastiques ROUEN Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Normandie RENNES HMONP en cours – Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne

DIPLOMES 2011 / 2015 / 2018 /

Baccalauréat Economique & Social – Admis mention B Licence en Architecture – DEEA – ENSAN Diplôme en Architecture – ADE – ENSAN

EXPERIENCES PROFESSIONNELLES 2008 / 2011 / 2017 2011 / 2017 2013 – 2020 2013 2013 2014 2015 / 2015 / 2017 / 2018 2017 – 2020 2017 – 2020 2017/ 2017/ 2017/ 2017/ 2017/ 2017/ 2017/

Stage Emploi Emploi Association Exposition Exposition Exposition Stage Concours Stage Participatif Association Exposition Conférence Exposition Exposition Conférence Conférence Colloque

2018/ 2018/ 2019/ 2019/ 2019/ 2020/

Scénographie Scénographie Scénographie Scénographie Exposition Scénographie

2020/ 2020/ 2020/ 2020/ 2020/ 2018 – 2020 /

Colloque Scénographie Concours Exposition Exposition Emploi

LAMBALLE Yvon Guyomard Architecte LAMBALLE Travaux saisonniers : Industrie (La Coorperl) , grande distribution (E.Leclerc, Intermarché) ROUEN Travaux étudiants : Commerce (APPLE) , Administration (CROUS, Cabinet médical) ROUEN – SAINT-BRIEUC - RENNES Chargé de projets de développement culturel Association More ROUEN LE CHANT DU VILLAGE Exposition peinture ROUEN MI BARRIO Exposition peinture ROUEN LA FEE TORCHETTE Exposition peinture LAMBALLE Colas Durant Architectes SAINT-BRIEUC EUROPAN 13 SAINT-BRIEUC La Serre d’Expérimentation des Ars PLEDELIAC Conception et construction d’une maison bioclimatique en chantier participatif SAINT-BRIEUC – RENNES Vice-président Association More ROUEN LES FAITS PAPILLONS Exposition recherches & expérimentations sonores LYON BIENNALE D’ARCHITECTURE Conférence & coécriture de l’Appel de Lyon SAINT-BRIEUC FMR#01Création d’une galerie d’art éphémère, commissariat d’exposition, exposition SAINT-BRIEUC LA VILLE CHANTE-T-ELLE ? Exposition recherches & expérimentations sonores VERSAILLES STRUCTURE HYBRIDE : La Serre d’Expérimentation des Ars / Association More ROUEN STRUCTURE HYBRIDE : La Serre d’Expérimentation des Ars / Association More PARIS ASSISES NATIONALES DE LA QUALITE DE L’ENVIRONNEMENT SONORE Recherches & Expérimentation sonores RENNES LES ABYSSES Scénographie pour le collectif Pulse MSC au Jardin Moderne RENNES LE RADEAU DE LA MEDUSE Scénographie pour le collectif Pulse MSC à la Basse Division RENNES LE SERPENT Scénographie pour le collectif Pulse MSC à l’Antipode RENNES LE LABO Scénographie pour le festival Réveille ta Moelle à l’UBU SAINT BRIEUC GIVE ME MORE Exposition peinture RENNES INTERSTELLAIRE Scénographie pour l’association le Circuit des têtes de l’art au Couvent des Jacobins PARIS ECOUTE & ARCHITECTURE Colloque avec Nicolas Frize RENNES LA CANOPEE Scénographie pour le festival Réveille ta moelle à l’Hôtel Dieu DOUR LE NUAGE Conception et réalisation d’un pavillon pour le festival Dour (Belgique) RENNES BAREXPO Exposition peinture RENNES INSTITUT MERE ENFANT Exposition peinture RENNES Rhizome

LOGICIELS ••••• •••• ••••• ••••• ••••• ••• •••••

LANGUES AutoCad ArchiCad Sketchup Photoshop InDesign Illustrator Word – Excel

C2/ C1/ B2/

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Français Anglais Espagnol


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_RAPPORT DE SUIVI DE MSP

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