Magazine juillet 2018

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Association Professionnelle Nationale Militaire

Gendarmes & Citoyens LE Magazine

PROTECTION JURIDIQUE Le mot des vice-présidents, rapport de la commission d’enquête, exactions coupe du monde, un officier blâmé, le jour où tout a basculé...

N° 105 - JUILLET 2018 - AG&C®


Permanence téléphonique AG&C Vous êtes toujours plus nombreux à nous contacter pour obtenir des renseignements, des conseils, de l’aide, ou tout simplement une oreille attentive sans jugements et faux semblants. Si l’équipe AG&C s’en félicite, car cela démontre que nos méthodes sont les bonnes, que notre utilité n’est plus à démontrer, cela génère néanmoins beaucoup de travail en plus pour les gendarmes de terrain que nous sommes. Alors n’hésitez pas à nous contacter via ce numéro unique, un membre de l’équipe AG&C est toujours à votre écoute ! 0 986 453 008 02


L’édito Les gendarmes n'échappent pas à cette période de chassé-croisé estival. Certains vont revenir et prendre la relève des partants. Pour ma part, je vais profiter pleinement en famille de cette 3ème période qu'il me tarde de voir arriver, cet été étant comme les autres, fatiguant et contraignant au niveau professionnel. Vous trouverez dans le magazine de ce mois-ci un dossier particulièrement intéressant sur la protection juridique et l'importance qu'elle revêt de nos jours. Dans une société de plus en plus « judiciarisée », il est primordial de se prévaloir et de se protéger en cas d’incident. Nous rencontrons hélas, encore trop de gendarmes se retrouvant démunis devant une situation qui parfois les dépasse. Également à lire, le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur l’état des forces de sécurité intérieures durant laquelle j’avais eu l’honneur d’être entendu par les Sénatrices et Sénateurs constituant cette commission. Nous avions reçu une oreille plutôt attentive et bienveillante, et le rapport démontre par ailleurs que les problématiques ont bien été identifiées et relevées par la commission. L’avenir nous dira s'il aura un impact sur les futures décisions gouvernementales. Enfin, quelques tribunes libres qui démontrent encore une fois que la liberté d’expression des militaires n’est pas quelque chose d’acquis et qu’il reste du chemin à parcourir. J’en profite pour saluer le départ du Général ARVISET ( nommé le 1 er août ) du poste de Secrétaire Général du CFMG avec qui nous avons eu d’excellents rapports, des échanges toujours francs et constructifs, et dont le but a toujours été l’intérêt collectif des gendarmes et de l’Institution. Je suis certain que son successeur, le Colonel GASPARI continuera en ce sens. Nous lui souhaitons, dès à présent, la bienvenue. Je terminerai en remerciant l’ensemble de l’équipe AG&C qui œuvre au quotidien sur son temps libre pour apporter des réponses à toutes celles et ceux qui sollicitent des conseils, et qui réfléchissent sur les thématiques qui préoccupent l'avenir de la Gendarmerie. La journée de cohésion où la majorité a répondu « présent » malgré les contraintes de services, a démontré que nous sommes un peu plus qu’une association professionnelle. Un grand merci à Jérémy, notre Directeur Technique, et à son épouse Alexandra, notre trésorière, pour nous avoir accueillis une nouvelle fois sous leur toit. Je vous souhaite une bonne reprise pour les rentrants et surtout, de bonnes vacances pour les partants ! Le Président 03


Le sommaire 2 – Contactez-nous, n’hésitez plus ! 3 – L’édito du président 6 – Le mot des vice-présidents Mdlc Lionel DELILLE Gnd Ludovic LACIPIERE 10 – Dossier « L’assurance de protection juridique » 16 – Rapport de la commission d’enquête sur l’état des forces de sécurité

LE MAGAZINE

20 – Les exactions en marge de la coupe du monde !

ASSOCIATION

22 – Un officier blâmé pour son talent d’analyse ? 24 – Week-end cohésion du conseil d’administration - Remerciements ! 28 – Le jour où tout a basculé par JF CHARRAT « Histoire tragique d’un quotidien ordinaire » 34 – Nous rejoindre !

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Le mot des vice-présidents Les astreintes en Gendarmerie, vaste sujet qui fait souvent polémique. Chez AG&C on a souvent porté une idée qui était que le militaire de la Gendarmerie ne devait pas être d'astreinte jour et nuit, mais jour OU nuit. On a beau être militaire, jouir d'un ''somptueux'' logement concédé par nécessité absolue de service, il est désormais complètement décalé d'affirmer aux gendarmes de terrain que la contrepartie de cette lourde contrainte est lissée par ce logement parfois vétuste. Déjà parce que le compte n'y est pas, clairement. Un gendarme opérationnel c'est 107h00 de disponibilité par semaine dans un pays où la majorité des gens n'accordent que 35h00 à leur travail. Je rajoute, et je persiste dans cette direction, que bon nombre de gendarmes n'ont aucune nécessité absolue de service à mettre en face de leur concession de logement. Les gendarmes qui ont quitté le terrain et ses ''avantages'' les gardent en épousant une carrière sédentaire où tous les soirs, ils sont libres, les week-ends compris. Comme nous ne pouvons pas demander à ces militaires qui n'ont plus les contraintes de ce statut d'abandonner ces ''avantages'' dès qu'ils quittent le terrain, il est logique que ceux qui font un travail astreignant aient une contrepartie. Je suis sûr que vous situez bien cette population qui continue à vous parler de « militarité », tout en vous expliquant pourquoi ils ont quitté la brigade parfois avant d'avoir totalisé 10 ans de service. Il faut avoir quelques échantillons sur soi, si on veut faire la leçon aux autres, sinon on se tait. Dernièrement, la cour de cassation a estimé que l’obligation de rester connecté équivalait à une astreinte et impliquait un dédommagement. En clair, le fait de demander à ses salariés d’être disponibles 24 heures sur 24 est bien entendu légal mais ne pas les dédommager est contraire à la loi. (décision de la Cour de cassation du 12 juillet dernier pour les curieux) Je rappelle également que par endroit, des commandants d'unité imposent à leurs subordonnés d'emporter avec eux leur NéoGend, même en permission.

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La coupure numérique ça existe aussi en France avec le droit à la déconnexion. À bon entendeur... Dans cette affaire qui a été jusqu'en cassation, l’employé devait donc garder son téléphone allumé, en dehors des heures de service, ce qui constitue obligatoirement une astreinte. L'article L.13121-5 du Code du travail a été pris comme référence même si ce fameux code du travail ne s'applique pas aux militaires (là aussi il faudra m'expliquer un jour). L’entreprise a tout de même été condamnée à verser plus de 60.000 euros à son employé. La Cour de cassation a notamment rappelé qu'un employeur ne pouvait pas solliciter l'un de ses salariés hors de son temps de travail, sans que celui-ci , de fait, en astreinte, ne soit rémunéré. L'astreinte se définit comme une "période pendant laquelle le salarié, sans être sur son lieu de travail et sans être à la disposition permanente et immédiate de l'employeur, doit être en mesure d'intervenir pour accomplir un travail au service de l'entreprise", précise l'article L.3121-9 du code du travail. Tout système d'astreinte doit être fixé par accord d'entreprise ou de branche. Une simple mention sur le contrat de travail ne suffit absolument pas ! Car rester disponible impose une contrepartie. La loi prévoit des compensations pour tout salarié contraint de rester ainsi joignable et mobilisé par son emploi. Puisqu'il s'agit de "temps de travail effectif", il faut une contrepartie "versée soit sous forme financière, soit sous forme de repos". La loi travail du 8 août 2016 (loi El Khomri) a revu la définition du droit d'astreinte en ôtant la mention précisant que le salarié devait être chez lui ou dans les alentours. Les facilités d'échanges grâce au mobile et à l'ordinateur portable dans la vie professionnelle sont désormais prises en compte par la loi comme étant une possibilité d'être d'astreinte. Une fois que j'ai détaillé tout ça, où est-ce que je veux en venir ? À chaque fois que je discute de ça avec des camarades, certains me sortent le couplet habituel du ''si t'es pas content, tu changes de taf...'' ou du très connu ''t'as signé, c'est pour en chier...'', l'argumentaire ne va jamais au-delà en général. J'ai effectivement signé pour faire un métier, celui de gendarme. C'est un métier passionnant mais contraignant et risqué. C'est une profession atypique et là où la rémunération du pandore suffisait à nourrir une famille il y a 30 ou 40 ans, le compte n'y est plus. Je précise, pour les réfractaires au changement, qu'il y a 30 ou 40 ans (certains n'ont pas connu cette époque mais en parlent comme s'ils y étaient encore), les QL n'existaient pas, qu'il n'y avait qu'un jour de repos hebdomadaire et que la descendance c'était 06h00 puis 08h00 avec aucun compteur pour récupérer donc c'était perdu si ce n'était pas pris. Moi je trouve que notre système actuel de récupération a quand même bien évolué contrairement à notre système de rémunération. On va me dire ''oui mais tu es militaire'', et c'est vrai, depuis 20 ans. Sauf que je ne fais pas la guerre, je n'ai jamais combattu l'ennemi sur des théâtres d'OPEX et que concrètement mon travail est organisé. Je travaille le jour à heures fixes et je déborde si événement. Je fais ça le jour mais aussi la nuit car on peut chez nous commencer à 08h00 du matin et finir le lendemain à la même heure sans avoir dormi et en pensant toujours être très opérationnel. 07


Le mot des vice-présidents C'est bien entendu faux, nous ne sommes plus du tout opérationnels au bout d'une longue période de travail. Le militaire est rustique... il est surtout humain et justiciable plus que les autres. Une erreur de jugement et c'est notre vie et celle de notre famille qui bascule. Je précise que le DGGN himself (c'est le patron pour ceux qui continuent à faire comme si les textes qui arrivent ne s'appliquent pas à eux) a demandé en mars dernier une baisse de 30% des astreintes. Je ne pense pas que l'effort ait été réalisé partout. La vision du DGGN, pour en avoir discuté avec lui, c'est qu'on a un système d'astreinte archaïque et peu audacieux. Je sais que le Major Général enfonce le clou à chaque commission GD (la dernière fois en juin 2018) et il faut absolument que les gendarmes qui conçoivent le service comprennent que la configuration jour et la configuration nuit sont différentes. Mettre la nuit un gradé de permanence (GP), un adjoint au GP, un OPJ de permanence, une équipe de premiers à marcher (avec OPJ parfois) voire une seconde équipe (PAM2) juste au cas où, c'est totalement hallucinant et contraire à ce qui est demandé. On ne dort pas bien lorsqu'on est d'astreinte, là aussi niveau santé au travail, il y aurait à dire. Les secteurs jour sont ce qu'ils sont mais la nuit, on peut casser et remodeler les secteurs. Les astreintes GP/OPJ/PAM doivent être cumulées car il faut arrêter de se cacher derrière son petit doigt et prendre des astreintes fictives. Si on ne connaît plus son travail de base, on change de travail (moi aussi je peux sortir ce genre de phrases toutes faites). Pour ceux qui ont l'argument que ce qui s'applique dans le civil ne s'applique pas aux militaires, j'ai quand même l'impression que les réformes qui arrivent s'appliqueront à tous les citoyens notamment en matière de retraite. Il faut arrêter le sketch à un moment donné. Nous sommes des citoyens comme les autres quand il faut passer à la caisse. Pour conclure, soit on change de système pour permettre au gendarme de terrain de concilier vie professionnelle, vie personnelle, vie familiale en allégeant ses astreintes (le déplafonnement des QL devrait le permettre sans difficulté)... soit on rémunère mieux le gendarme qui prend ces astreintes... soit ceux qui n'ont plus d'astreinte arrêtent de nous parler de militarité, d'abnégation et rendent les clefs de leur logement, ça dégagera quelques économies. Il y a plusieurs métiers qui ont nos contraintes, les pompiers professionnels par exemple, et ce n'est pas le statut militaire qui les rend efficaces ou qui leur insuffle le don de soi et du service public... c'est un état d'esprit, pas un statut qui fait le gendarme. Je suis attaché à nos traditions, à notre statut, mais il faut valoriser les gens de terrain qui sont parfois épuisés physiquement et moralement. Je précise qu'il arrive à beaucoup de gendarmes de prendre des permanences sur leurs jours de repos (moi y compris) et j'aimerais que la DGGN se penche sur cette problématique qui va encore au-delà du système d'astreinte classique. “Le travail est un trésor. Le travail des autres, cela va de soi.” de Henri Jeanson MDC Lionel DELILLE - Vice-président 08


En ce mois de Juillet, une partie d’entre vous a déjà pu profiter de ses permissions estivales, d'autres attendent leur tour qui approche à grands pas. Pour certains GM déplacés en OM, c'est bientôt l'heure de la relève et de retrouver leurs familles, pour profiter, d'indisponibilités et de permissions bien méritées. En ce mois de juillet, il faut aussi rappeler, par exemple que pour la seule Nouvelle Calédonie trente-neuf gendarmes ont été blessés au cours des six derniers mois, dont une vingtaine victimes de coups et blessures. L'ambiance et le climat social en OM sont particulièrement instables ces dernières années, comme les mouvements sociaux récents en Guyane, à Mayotte, le référendum approchant de Nouvelle Calédonie, les tensions après le passage de l'ouragan Irma à Saint Martin et Saint Barthélémy etc. Les missions ne sont pas de tout repos, de plus en plus dangereuses. Une grande partie des agressions contre les gendarmes, avec ou sans armes se déroulent dans ces Outre mers. Je tenais donc, en cette période de relèves des escadrons déplacés outre mer, vous souhaiter à tous un bon séjour. Bien évidemment, soyez prudents et n'oubliez pas que la mission première du gendarme est de rentrer en vie. N'oublions pas également de souhaiter du courage aux familles qui restent trois mois seules pour affronter le quotidien de la vie, mais aussi de bonnes retrouvailles aux épouses et époux qui sont sur le retour. Je profite de cet édito ciblé sur les déplacements Outre mer, pour adresser mes pensées sincères et attristées à la famille du gendarme Mathieu Caizergues, disparu à la Réunion, ainsi qu'à ses camarades de l'escadron de Saint Amand Montrond. Pour ma part, je rédige cet édito en me dirigeant avec mon unité vers l'aéroport, afin de m'envoler pour trois mois de déplacement outre mer également. L’éloignement ne m’empêchera pas de rester actif au sein de l'APNM et continuer à œuvrer pour le bien et l’intérêt commun. De grands changements sont à venir pour la mobile, et nous restons attentifs à ces évolutions. Je terminerai maintenant cet édito ultra-marin par cette citation d'un célèbre footballeur français, qui s'applique à tous les gendarmes mobiles. « C'est seulement à l'instant de les quitter, que l'on mesure son attachement à un lieu, à une maison ou à sa famille… » Éric Cantona Gendarme Ludovic LACIPIERE Vice-président GM 09


L’ASSURANCE de PROTECTION JURIDIQUE Avant de commencer, je vous cite un chiffre. 70 % des Français ont déjà été confrontés à un litige (accidents divers, dégât des eaux, etc...).

Il y a quelques temps de cela, le rédacteur en chef du magazine gendarmes et citoyens me permettait de vous faire partager un article sur « la protection fonctionnelle », notamment son objet, son étendue et ses limites. Il m'a semblé important de compléter cette « primoprésentation » par l'assurance de protection juridique. C'est en effet, une disposition que désormais chaque militaire de la gendarmerie se doit d'avoir dans sa besace pour faire face aux éventuels litiges de la vie quotidienne, d'ordre privé et/ou professionnel. Dans un monde qui se judiciarise, c'est une précaution pertinente qui va vite se révéler indispensable dans le cadre de vos fonctions, si d'aventure vous deviez être poursuivi (faux, vol, violences, etc...) ou être victime de faits répréhensibles (outrages, rébellions, injures etc). Vous me rétorquerez, mais dans ces cas il y a la protection fonctionnelle ! C'est exact, sauf que son bénéfice n'est pas automatique, ne comporte pas forcément l'assistance d'un conseil et peut se limiter à de simples suggestions ou à une aide psychologique. Et en ces temps de disette comptable, chaque sou sera économisé. Vous pourriez apprendre à vous passer de l'essentiel et ne pas vous attarder sur l'accessoire. Pour illustrer mon propos, il me vient à l'esprit quelques exemples, parfois anciens, définitivement clos et qui font partie de l'expérience de vie de chacun d'entre nous.  Un militaire de la gendarmerie lors des opérations de sécurité liées à la réintégration de son arme, tire une cartouche à côté du tube à sable. Cinq camarades (ou collègues comme vous voulez !) sont blessés suite à ce départ de feu par des éclats de l'ogive qui a percuté le sol en béton et par les conséquences du traumatisme sonore. Les blessures avec ITT sont constatées par un médecin et plusieurs gendarmes déposent plainte contre l'auteur des faits pour blessures involontaires par négligence ou inobservation d'une règle de sécurité, aggravées par les ITT. Les victimes et même l'auteur malheureux peuvent dans quelques années frappés d'inaptitude médicale au service et (r)accompagnés à la porte. 10


Un autre, est placé en garde à vue pour des faits présumés de viol. Directeur d'enquête pour des faits de cambriolage mettant en cause des mineures caucasiennes, ces dernières affirmaient lors de leur comparution devant le procureur de la République de céans, avoir été victime d'attouchements durant leur interrogatoire. Les expertises confirmaient que de l'ADN des mineures était présent sur les manches du blouson de cet enquêteur vite mis en difficulté devant cet indice scientifique indiscutable... C'est son avocat, qui va permettre de comprendre ce qui s'est passé. Les mineures à chaque rotation d'audition profitaient de quelques secondes d'inattention de l'enquêteur pour essuyer leurs mains souillées de leurs sécrétions vaginales sur le blouson laissé accroché au dos de la porte du local.

Un dernier exemple, un accident de la vie courante. Le chien de l'adjudant ...X … pourtant d'ordinaire gentil, mord sérieusement le petit garçon du gendarme … Y … qui jouait dans la cour de la caserne. Il s'en suit une vive et rapide dégradation des relations de voisinage, puis la présentation des reproches (règlement de caserne), l'intervention des assurances respectives et l'obligation pour la hiérarchie de prendre des mesures radicales par la production de rapports pour motiver une mutation d'office dans l'intérêt du service. Je vous fais grâce de la procédure pénale volontairement dissociée du volet civil.

Rien n'est gratuit ! Vous serez toujours le seul maître à bord de votre navire face à l'adversité. Il y aura autour de vous, des conseilleurs, rarement des payeurs, ces gens qui à votre place feraient ceci ou cela. 11


L’ASSURANCE de PROTECTION JURIDIQUE Il me vient à l'esprit cette maxime que citait un homme célèbre, contesté mais courageux. « celui qui n'a pas le courage de se rebeller, celui-là n'a pas le droit de se plaindre » Dans le cas d'espèce, il ne s'agira pas de vous rebeller, mais juste de ne pas appréhender les événements comme un fruit mûr, juste avec le sens aiguisé de la procédure et du droit. Car dans ces affaires, aucun cadeau n'est fait et le moins préparé est souvent celui qui passe à la caisse. Un camarade me dit souvent, « Ne sous-estime jamais la perversité de l'adversaire et la timidité de l'administration ». J'en profite pour le saluer cordialement ! Si vous faites partie de gens qui sont sûrs que rien ne leur arrivera jamais, cet article n'est pas pour vous. Il s'adresse aux hommes et aux femmes qui savent que la vie d'aujourd'hui peut nous exposer à des situations compliquées, personnelles ou professionnelles et qu'il convient de se prémunir qu'il ne serve jamais, à l'instar du guerrier qui ajuste son gilet pare-balles à chaque départ en patrouille. Un jour, un chef affirmait qu'il n'y a de richesse que celle partagée. Il avait raison ! On apprend beaucoup aux côtés de gens intelligents et parfois visionnaires. Je vous fais partager en toute modestie quelques éléments factuels qui vont vous permettre de saisir et de comprendre l'intérêt de souscrire un contrat d'assurance de protection juridique, que vous soyez militaire de la gendarmerie ou simple agent de l'administration centrale ou territoriale. C'est une présentation vulgarisée que je vous fais partager afin de ne pas donner une lourdeur technocratique et indigeste à mon récit qui se veut court, clair et percutant. Je vous remercie dès à présent de votre indulgence. 12


Ainsi donc la protection juridique peut s'articuler sous trois formes de contrat. Un premier type de contrat dit spécifique. Comme indiqué dans le titre, il s'agit d'un contrat d'assurance qui inclut tous les risques relevant du droit en général (consommation, pénal, administratif*, immobilier...). Il couvre l'ensemble des litiges de la vie courante selon les termes employés. Pour ma part, je dispose d'un tel contrat depuis des années pour environ 12 euros par mois (largement amortis). Un autre type de contrat est dit segmenté. Il comporte cette disposition qui peut ainsi être incluse dans un autre contrat de type automobile ou dans le cadre de certaines prestations (carte bancaire, contrats de location, assurance-vie etc...). Les interventions sont clairement définis et les contrats GMPA et AGPM comportent des clauses pénales qui vous offrent des garanties gratuites dès lors que l'incident listé est d'ordre professionnel. Le public concerné est cité : gendarmes, policiers et pompiers. J'ai eu l'occasion de tester au moins une fois, une telle disposition et je peux vous dire qu'il y a de la réactivité et au bout du fil, du répondant. 13


L’ASSURANCE de PROTECTION JURIDIQUE Pour terminer, la dernière prestation est le contrat multirisques habitation ou automobile qui peut comporter des clauses défense pénale et recours, avec un inventaire d'événements assurés ou pas (en général les exclusions sont listées). Il peut s'agir du cambriolage, du dégât des eaux, des bris de vitre, mais aussi les incidents de la vie quotidienne qui causent un dommage (votre jardinière tombe et défonce le toit du véhicule garé en dessous, du skate bord de votre adolescent qui occasionne une chute dans l'escalier de votre voisin lequel se brise une jambe et porte plainte, à l'instar de la sécurité sociale, contre l'auteur présumé des faits). Mais quelles sont les prestations proposées alors ? Nous sommes dans le monde de l'assurance. On parle de prestations contractuelles et non pas de droit au sens, j'ai le droit de bénéficier de ceci ou de cela. Votre assurance peut vous délivrer des informations juridiques (connaissez-vous la différence entre la légalité interne et la légalité externe ?), vous accompagner dans une démarche amiable ou judiciaire et in fine, prendre en charge le financement des frais liés aux procédures engagées pour résoudre le litige. Cette prise en charge comprend généralement les honoraires de l'avocat (proposé par l'assurance ou choisi par vous), les frais d'expertise et les frais de procédure. Bien entendu, elle prévoit certains domaines de litige, certaines zones territoriales (France métropolitaine par exemple), un seuil et un plafond de prise en charge, une franchise et un délai de carence. Merci de votre attention. Capitaine Marc ROLLANG Conseil d'administration APNM Gendarmes et Citoyens Sources : GMPA – AGPM – GMF, MACIF 14


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RAPPORT COMMISSION SENATORIALE Rapport de la commission d'enquête sur l'état des forces de sécurité intérieure Le rapport au nom de la commission d’enquête sénatoriale relative à l’état des forces de sécurité intérieure est tombé. Il dresse un état des lieux très objectif et complet des difficultés rencontrées au quotidien par les membres des Gendarmerie et Police Nationales. Gendarmes et citoyens, par la voix de son président, y avait été entendue au mois de mars 2018. Un état des lieux sans concession. Le rapport, articulé en trois grandes étapes, consacre une large partie du diagnostic au malaise des fonctionnaires en tenue de la Police Nationale. Les risques psycho-sociaux (RPS) sont largement développés. Les chiffres sont édifiants et les personnes interrogées relèvent l'absence de prise en compte de ce phénomène inquiétant, tant dans la Police que dans la Gendarmerie. Beaucoup mettent sur le compte de certains chefs de service une indifférence et un manque d'empathie. La solidarité et la coexistence des militaires de la Gendarmerie sont des vecteurs plus prégnants d'appréhension des RPS. Comme le gendarme vit en caserne, il semble que les situations, même si elles restent préoccupantes, sont mieux appréhendées. Si la manière de « manager » les gendarmes n'appelle aucune remarque particulière par les différents interlocuteurs auditionnés (membres CFMG, APNM, échelons concertés), l'état de vétusté des infrastructures et des moyens affectés fait l'objet d'une analyse reflétant parfaitement la réalité. Les propositions qui sont faites pour remédier rapidement sont pertinentes, mais irréalisables financièrement. Le rapporteur le reconnaît tout au long du document. Les retards budgétaires accumulés, en dépit des annonces fracassantes du ministre de l'intérieur et du Président de la République, ne seront jamais rattrapés, notamment pour le parc automobile et la réalisation de nouveaux casernements. Le rapport omet de souligner au passage l'obsolescence inacceptable du parc informatique. Peut-être s'agitil d'un oubli volontaire ? 16


Des relations compliquées avec les membres du ministère de la Justice. Le rapporteur met l'accent sur les relations compliquées avec les membres des autres administrations et en premier lieu avec les magistrats du ministère de la justice. Le constat est sidérant mais révèle les incompréhensions liées à certaines décisions judiciaires et aux carences de certaines juridictions concernant des pratiques révolues ou une absence de volonté de mettre en œuvre des procédés d'assouplissement des taches telles que la dématérialisation ou la visioconférence. De façon juste et fine, le rapporteur indique que la procédure pénale, complexifiée et rigoureuse, oblige les enquêteurs à passer la majeure partie de leur temps à la rédaction de procès-verbaux au détriment d'une présence sur le terrain. Il souligne que les deux institutions sont touchées par ce phénomènes et que 2600 policiers ont fait le choix de « rendre leur qualification d'officier de Police Judiciaire » à ce jour. Le malaise concernant les relations tendues avec les magistrats transpirent tout au long de ce diagnostic. Le rapporteur note que des mesures de simplification ne sont pas entrées en application, si bien que les agents les réclament toujours (circulaire de 2016) ! « Il faut tout de même regretter une certaine inertie de la police et de la gendarmerie nationale, qui n’ont mis en œuvre ni la possibilité de déroger à la règle selon laquelle tout acte doit donner lieu à un PV, ni celle de réaliser un PV unique de diligences pour la garde à vue, alors que les décrets ont été adoptés depuis deux ans ! » Les missions qualifiées d'indues par les intervenants, sont également détaillées. Allant de l'établissement des procurations en passant par les « impossibilités de faire » de l'administration pénitentiaire en matière de transfèrements de détenus, le constat est à l'image des dysfonctionnements qui remontent du terrain. Le Général Lizurey a d'ailleurs déclaré : « ... dans de nombreux cas, on demande quand même aux gendarmes de l’assurer. Nous avons au quotidien des magistrats qui emploient des termes menaçants à l ’égard des commandants de groupement ou de région, avec des termes discourtois, ce qui influe indéniablement sur le moral des troupes. » La franchise de tels propos tenus devant les sénateurs par le Directeur Général est à souligner. Si le statut des Polices municipales est évoqué, il faut retenir que le rapport dresse un tableau plutôt sombre de leurs compétences. Les relations entre les maires, chefs de la police sur leur commune et les forces de sécurité sont, par endroit, tendues ou inexistantes. 17


RAPPORT COMMISSION SENATORIALE Le fossé s'est creusé entre les forces de sécurité et les organes de presse et la population.

Le troisième volet de l'analyse aborde l'image que renvoie la presse de « soit-disant bavures policières » et plus généralement des relations entretenues avec la population. Là aussi, l'analyse faite par les intervenants est sans appel. L'uniforme n'est plus respecté. La Gendarmerie ne semble pas avoir été sollicitée puisque cette partie ne concerne que la Police Nationale.

Des propositions pertinentes dont quelques-unes seulement concernent la Gendarmerie.

Outre la qualité des entretiens réalisés à l'occasion de cette commission d'enquête, on doit retenir que sur les 30 propositions rédigées par les sénateurs, seules quelques-unes concernent la Gendarmerie Nationale. Le malaise qui monte chez les fonctionnaires de la Police Nationale pourrait s'apparenter à ce qui a été vécu en 1989 et en 2001, dans l'Arme. Et même si certains hauts responsables des deux Institutions ont estimé que le malaise ne gardait qu'un caractère ponctuel, l'inquiétude demeure toutefois sur plusieurs volets qui ont été largement développés. Les risques psycho-sociaux sont par nature liés à l'activité professionnelle. Ils sont abordés d'une manière différente dans les deux composantes du ministère de l'intérieur. Un véritable plan « Marschall » doit être mis en œuvre très rapidement. L'état de vétusté de certains logements et plus généralement la gestion aléatoire d'une région de gendarmerie à une autre des infrastructures immobilières doivent être pris en compte d'urgence. La multiplication des taches dites « indues », le sentiment d'exercer souvent un métier dont l'utilité prête à caution et la subordination à une Justice dont on ne comprend plus certaines décisions doivent conduire le gouvernement à passer aux actes. Enfin, le manque de considération de la part des organes de presse et plus généralement de la population, élus inclus, doit faire l'objet systématiquement d'une réponse ferme de la part du Ministre de tutelle, en cas de mise en cause d'un membre des force de sécurité.

Une application immédiate de certaines propositions pour redonner confiance.

Gendarmes et Citoyens salue la qualité des échanges et la relation qui est faite des auditions circonstanciées de chaque intervenants. Elle souhaite que les propositions formulées dans ce rapport soit d'application immédiate et qu'il ne faille pas encore attendre que d'autres commissions les décortiquent durant plusieurs années. Gendarmes et Citoyens regrette que la réforme en cours des retraites n'ait pas été abordée dans ce rapport. Selon les décisions qui seront prises à ce sujet, bon nombre de gendarmes s'interrogeront sur la pertinence de poursuivre leur mission sans réelle compensation. Il importait de clarifier les mesures qui sont projetées pour les membres des forces de sécurité qui exercent un métier contraignant, difficile et impliquant leur intégrité physique. 18


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Tribune libre Tribune libre ! Les exactions en marge de la coupe du monde !

Est-il déjà trop tard ? Événements ! Incidents ! Débordements ! Accrochages ! Échauffourées ! C'est par ces mots, en marge de la victoire de l'équipe de France de football en Russie, que la presse a qualifié le climat de guerre civile dans de nombreuses communes de France. Mansuétude coupable d'élites qui ne veulent pas voir la vérité en face ! La victoire ne fut pas belle, en terme de spectacle footballistique, mais elle devait, dans l'esprit des observateurs, être l'occasion de fédérer un peuple multicolore autour d'une équipe dont le sélectionneur avait su insuffler une âme collective de combattant. L'incantation, l'espoir, le vœu, appelez cela comme vous voulez, n'ont pas été suivis par une frange de notre société, dont le seul fait d'arme est de trouver n'importe quel prétexte pour assouvir ses sombres projets. Ne plus respecter aucune règle, aucune valeur, aucune autorité, c'est devenu la devise de parasites nuisibles. Par peur de plonger dans une stigmatisation malsaine et par un mutisme bienveillant, certains médias, soutenus par des politiques, omettent volontairement d'en analyser les conséquences. Il n'y aura plus jamais en France de fêtes sans caillassages, saccages, pillages, agressions ou autres exactions en bande organisée. Comme une espèce de couvre-feu pour les honnêtes gens qui aurait été décidé par les canailles. En se gargarisant de chiffres (les 110.000 membres des forces de l'ordre déployés sur le territoire attendent encore des ordres précis et fermes ! ) l'exécutif s'imaginait que les malfaisants qui avaient décidé, quel que soit le résultat de la finale d'ailleurs, de « s'amuser » aux dépens de ceux qui travaillent, allaient se tenir tranquilles. Quelle naïveté ! Il sont responsables des dizaines de blessés parmi les secouristes, les gendarmes, les policiers et ceux qui voulaient juste célébrer une victoire. Ils font, à chaque fois, les frais de leur coupable manque de courage. Il ne s'agit plus de maintenir l'ordre républicain, nos forces de sécurité sont confrontées à une véritable guerre civile. Et ce dont elles sont sûres en s'engageant, c'est d'être lâchement abandonnées en cas de ripostes violentes mais légitimes. 20


La peur a changé de camp depuis bien trop longtemps ! Les gendarmes et les policiers n'osent même plus entrer dans certains quartiers. Lorsqu'ils doivent interpeller un individu, ils sont dans l'obligation de déployer des dizaines d'enquêteurs, pour éviter les dégâts collatéraux liés à leur seule présence. Ils savent, qu'au final, ce travail qu'ils accomplissent pour la très grande majorité comme un sacerdoce, a toutes les chances d'être dévalorisé à la moindre erreur. Ils seront donnés en pâture à toute la bien-pensance, qui se précipitera devant les micros ou les caméras pour dénoncer des exactions inacceptables. Pour eux, le crin de cheval de l'épée de Damoclès a été remplacé par un fil invisible et fragile. Il ne reste plus qu'une seule solution mais elle ne sera jamais utilisée. Que ceux qui dirigent les destinées de la France rendent coup pour coup, en assumant les risques de dérapages liés à la conquête des territoires perdus. Aujourd'hui, le monde rural, plutôt habitué à des querelles avinées est également touché par ce sentiment d'impunité. Demain, les quelques gendarmes servant encore dans ces territoires auront comme seule défense, les mots vides de sens de leur ministre. Le risque est grand que des citoyens, las d'autant de laxisme, s'organisent en milices et tentent de faire régner une tranquillité dont l’État est pourtant la garante. Appel à se secouer et à reprendre pied à pied toutes les valeurs qui fondent la République Française ! Les mots ne suffisent plus. Et s'il n'est pas déjà trop tard, les actes doivent guider toutes les actions de l'exécutif. Pas de soignants sereins, sans sécurité ! Pas d'école apaisée et formatrice, sans sécurité ! Pas de festivités réussies sans sécurité ! Pas de vie, tout simplement, sans sécurité ! Donnons les moyens juridiques et matériels aux forces de l'ordre de rendre la paix dans la cité. Et s'il faut en passer par là, que ceux qui promettent depuis tant d'années un retour au calme, prennent les mesures autoritaires qui s'imposent. Mais n'est-il pas déjà trop tard ? CNE (er) Jean-François CHARRAT - Rédacteur en chef / conseil d’administration

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Tribune libre Un officier blâmé pour son talent d’analyse ! Le 27 juin 2018, le Conseil d’État a confirmé le blâme infligé le 12 mai 2017 à un capitaine de gendarmerie pour avoir publié sur internet des analyses géostratégiques écrites sous le nom de plume d’Hadrien Desuin. Qu’on les approuve ou non, reconnaissons que ses textes résolument gaulliens sont intéressants, bien écrits, sérieux, et diffusés sur des supports de qualité : le Figaro, la Revue des Deux Mondes, Causeur, sans oublier un livre aux Éditions du Cerf. On est loin, très loin, d’un agité qui se défoulerait sur internet comme au café du commerce ! Et pourtant.... Jean-Hugues Matelly, Bertrand Soubelet, Pierre de Villiers, maintenant Hadrien Desuin. Je trouve inquiétante et regrettable la volonté de l’Exécutif de s’octroyer le monopole de la réflexion sur les sujets de défense et de sécurité, et d’empêcher les militaires de nourrir le débat public et citoyen de leur expérience et de leur expertise. A l’heure où l’on ne cesse de s'inquiéter des « fake news » et où les idéologies exacerbées tentent de se substituer aux faits objectifs, la vision militaire, fermement ancrée dans le réel, serait pourtant plus que jamais nécessaire. A l’heure où des jeunes en quête d’un idéal et qui refusent de subir peuvent se laisser tenter par l’islam radical ou la contestation violente, le monde militaire offre l’exemple d’un engagement constructif, citoyen et crédible au service de tous, dans l’éthique et dans l’action. Ou oserait-on prétendre que les compagnons d’armes d’Imad Ibn Ziaten et Arnaud Beltrame n’ont rien à dire à la France ? N’est-il pas plutôt temps que le pouvoir politique laisse parler les militaires au lieu de parler en leur nom au-dessus de leurs cercueils ? Devoir de réserve, me dira-t-on. Certes. Mais n’avons-nous pas aussi un devoir de vérité visà-vis du seul et unique détenteur de la souveraineté, c'est à dire le peuple français, et vis-àvis de ses représentants légitimes, c’est-à-dire le Parlement ? Notre loyauté n’est pas envers l’État, mais envers la Nation (n’oublions pas justement Charles de Gaulle), mais que devient cette loyauté si nous laissons le gouvernement (de quelque bord politique qu’il soit) s’accaparer la parole et la pensée sur des sujets majeurs pour lesquels nous sommes les « sachants » par excellence ? De quel droit le gouvernement pourrait-il empêcher les parlementaires d’entendre d’autres visions et d’autres idées que les siennes ? De quel droit le gouvernement pourrait-il empêcher les citoyens de nourrir leur réflexion à d’autres sources que la sienne ? Tant qu’il qu’il n’y a ni désinformation, ni atteinte à l’honneur de l’Armée, ni révélation de secrets stratégiques, ni déloyauté vis-à-vis de la France. Or, autant que je sache et si j’en juge à ce que j’ai lu de leur plume, Jean-Hugues Matelly, Bertrand Soubelet, Pierre de Villiers et Hadrien Desuin n’ont toujours cherché qu’à servir la France, qu’à alimenter des débats nécessaires et parfaitement légitimes, qu’à informer les citoyens pour les encourager à prendre leur citoyenneté à bras le corps en s’intéressant à des sujets majeurs pour notre destin collectif.

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On nous parle beaucoup, et à juste titre, de l’importance stratégique du « lien ArméeNation ». N’est-il pas censé être au cœur de la PSQ ? Or, de Sun Tzu à Clausewitz en passant par Ibn Khaldoun, on sait que tout divorce entre le peuple et ceux qui ont pour mission de le défendre est une catastrophe. Le peuple se retrouve moralement désarmé face aux ennemis de la Nation, et les détenteurs de la force légitime se démotivent ou pire, en arrivent à mépriser ce qu’ils finissent par percevoir comme une « populace » qui ne les comprend pas et ne les soutient plus. Est-ce ce que nous voulons ? Ne nous méprenons pas. Il n’est pas question pour nous de faire de la « politique politicienne », en soutenant servilement ou en critiquant mécaniquement tel camp ou tel parti plutôt que tel autre. Mais avons-nous encore le droit de laisser nos concitoyens dans l’ignorance des faits que nous constatons ? L’opinion publique est le centre de gravité stratégique des démocraties libérales. N’est-il pas de notre devoir de renforcer la résilience de ce centre de gravité, non pas évidemment en lui faisant croire que nous seuls détiendrions la vérité, mais en lui apportant notre expertise pour alimenter et encourager sa réflexion, pour l’aider à ce que cette réflexion et ses décisions soit les plus lucides possible ? La citoyenneté est une responsabilité encore plus qu’un ensemble de droits, et les Français méritent mieux que du pain et des jeux : ils méritent qu’on les pousse à s’interroger sur la complexité du monde contemporain, à s’impliquer dans les choix essentiels qui conditionnent l’avenir de notre Nation. Et gageons qu’une telle prise de conscience collective servirait aussi à rendre sa crédibilité à la classe politique, ou du moins aux hommes et aux femmes politiques qui servent la République plutôt que de se servir d’elle – j’ose croire qu’il y en a, et plus sans doute qu’on ne le dit parfois ! Mieux nos concitoyens pourront se former et s’informer sur les enjeux de défense et de souveraineté, mieux ils comprendront le poids des responsabilités qui pèsent sur leurs élus, et pourront apprécier leur engagement et même accepter leur humaine faillibilité. Je ne partage pas forcément les analyses, les opinions ou les propositions de Jean-Hugues Matelly, Bertrand Soubelet, Pierre de Villiers ou Hadrien Desuin. Mais j’estime qu’ils n’ont rien fait d’autre que défendre par la plume ce qu’ils avaient fait serment de défendre par les armes. Le Conseil d’État a fait précéder sa décision de la mention « Au nom du Peuple Français. » Eux quatre ne prétendent peut-être pas avoir agi en son nom, mais au moins ont-ils agi à son service. Lieutenant-colonel David MAITROT OAC du groupement du Haut-Rhin Membre du CFMG 23


REMERCIEMENTS Week-end cohésion du conseil d’administration

Le week-end du 9 et 10 juin 2018 s’est tenu le rassemblement cohésion du conseil d’administration à DONZAC dans le Tarn et Garonne (82). Moment historiquement réservé à notre assemblée générale annuelle, cette dernière s’étant déroulée à la Direction Générale de la Gendarmerie le 2 février 2018, le champ était libre pour un rassemblement moins « institutionnel ». La principale difficulté d’une association professionnelle nationale est évidemment l’éclatement de ses membres sur l’ensemble du territoire, notre conseil d’administration étant composé à 80 % de militaires du terrain. Rassembler « l’équipe » est d’autant plus compliqué… Libérés du poids de l’organisation d’une assemblée générale c’était donc l’occasion de convier à ce week-end de cohésion les familles. Chacun participe à l’organisation de l’événement, un peu à l’image des barbecues brigades avec comme objectif de nous revoir, de faire connaissance avec des nouveaux membres et d’échanger dans une atmosphère détendue sur les travaux de l’association ou de la profession en général. Le directeur technique nous recevait pour la 4eme fois dans son petit coin de Sud-Ouest avec au programme musique, piscine, denrées locales… Ce Week-end de retrouvailles aura tout de même compté environ 200 couverts au gré des amis militaires et leurs familles de passage... 24


Le samedi matin fut l’occasion de tenir une table ronde avec les membres présents, et de faire connaissance avec les nouveaux. Avant la tournée des permissions cela permet de faire un point sur l’avancée de nos travaux. Nous avons pu, par exemple, évoquer quelques dossiers en cours en mettant l’accent sur les relations toujours plus efficaces avec l’ensemble des niveaux de la concertation de la Gendarmerie. En juin nous étions déjà à plus de 250 dossiers traités, ce qui démontre la confiance vers un système, propre à AG&C, de liens directs et sans contraintes de hiérarchie avec l’ensemble des outils institutionnels. Enfin, les divers projets de réunions à Paris pour la rentrée et les risques psycho-sociaux, dont le nombre d’actes d’autolyses lors des 6 premiers mois de l’année, est alarmant, ont été abordés. L’équipe AG&C remercie l’ensemble des autorités de la Gendarmerie du département de TARN & GARONNE pour leur visite tout au long du week-end ainsi que Monsieur Jean-Paul TERRENNE, maire de DONZAC. Nous saluons également les prestations de qualités fournies par les artisans locaux « La Boucherie BILOTTE » et « La Table du Boucher » de GOLFECH. Le restaurant « CC PIZZA » et la boulangerie de DONZAC. 25


REMERCIEMENTS

« Boucherie BILOTTE » 8 Avenue du Midi 82400 GOLFECH *** « La Table du Boucher » 10 Avenue du Midi 823400 GOLFECH *** « CC PIZZA » 1414 Avenue du Brulhois 82340 DONZAC

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Le jour où tout a basculé par JF CHARRAT Histoire tragique d'un quotidien ordinaire.

17 juin 2012 Dimanche 6 heures 45, le réveil diffuse un tintement léger. La chaleur est supportable en cette mi-juin. Ce sera son premier été dans cette région du Var. Sa femme est descendue des alpes pour le week-end et elle se lève avant lui. Depuis son affectation le 1er août 2011 en qualité de capitaine commandant la communauté de brigades, Antoine et Catherine vivent géographiquement séparés. Leur fille de 17 ans a choisi de terminer son année de terminale dans les Alpes et ils ont estimé qu'elle avait raison. Cette journée s'annonce longue. C'est le second tour des élections législatives. Les plis de chaque bureau de vote seront regroupés et récupérés dans la soirée pour être ensuite acheminés vers TOULON. Les oiseaux exotiques de leur voisin accueillent cet homme de 55 ans sur la terrasse par leurs chants lancinants, diraient certains, mais qu'il trouve mélodieux. Le petit-déjeuner avalé, il prend connaissance des informations télévisées. La gauche au pouvoir va faire un carton à l'assemblée nationale. Après avoir pris sa douche et avoir enfilé son uniforme, il file au bureau. Il est 7 heures 45. Comme il le fait depuis 30 ans, il va prendre son service. Le soleil est déjà très haut et les allées des logements des familles sont pleines de senteurs. Les familles ont investi dans des arbustes méditerranéens gavés d'odeurs. Il est le premier arrivé dans les locaux. 28


Il prend connaissance des interventions de la nuit. Rien de bien important sur le secteur de surveillance. Les trois gendarmes en patrouille de nuit sont intervenus pour un différend entre conjoints, mais la fête votive de la commune n'a pas généré de troubles. Il aime cette atmosphère calme et reposée du dimanche matin, les bureaux vides. Il imagine déjà l'arrivée de chacun des 9 personnels qui travaillent avec lui ce jour là, quatre jeunes femmes et cinq hommes. Il a programmé une surveillance à l'ouverture des bureaux de vote et deux gendarmes masculins arrivent peu après lui. Les salutations d'usage expédiées, ils prennent un café ensemble et discutent des interventions de la nuit. Petit à petit les gens arrivent et il y a maintenant un petit groupe devant la machine automatique de boissons. A la dernière instruction mensuelle d'une seule voix, ils ont décidé de solliciter la mairie à qui appartient la caserne, de casser un mur pour agrandir la petite salle qui leur sert pour les réunions. Une fois les travaux faits par des maçons, deux jeunes femmes ont pris les choses en main : Anna et Aurélie. Elles ont passé une partie de la semaine à peindre et aménager la salle nouvellement réalisée. Dans la bonne humeur et avec le sourire, elles n'ont pas ménagé leur peine pour que tout soit prêt avant le retour de repos d'Antoine et elles y sont arrivées. Les deux pièces ainsi rejointes, font un bel espace, spacieux et pratique. Elles n'en sont pas peu fières. Chacun prenant un véhicule pour le service quotidien, il occupe les premières heures de cette matinée à organiser un service pour le lendemain. Il répond aux diverses demandes des échelons hiérarchiques. Cet officier aime concevoir les services en fonction des disponibilités et des contraintes du moment. C'est un mélange de satisfaction personnelle et un sentiment de «puissance» dans le sens noble du mot. Bien que les textes réglementaires prévoient que le service du lendemain soit programmé avant 18 heures, la hiérarchie dans ce département, qu'il ne connaît pas encore, a décidé, arbitrairement, que les commandants d'unité devaient l'adresser par mail avant 9 heures chaque matin. Comme si à 9 heures du matin, on pouvait prévoir ce qui allait se passer le lendemain ? Malheureusement la preuve de cette inutilité va surgir plus vite que prévue. Anna, l'adjudante et Aurélie, la cheffe, sont déjà parties faire « le tour » des bureaux de vote. On les entend à la radio indiquer au permanent de sécurité que tout se passe bien dans les bureaux qu'elles visitent. Elles ont la voix claire et chantante et elles prennent la parole à tour de de rôle.

Vers 10 heures, le Centre opérationnel de TOULON, signale de la musique forte dans un chemin escarpé de la circonscription. Certainement une « rave-party ». Antoine décide de se rendre sur les lieux, avec quatre autres gendarmes. Mais au préalable, il appelle à la rescousse l'équipe de « premiers à marcher » composée d'Anna et Aurélie*. * Les premiers à marcher, sont ainsi dénommés parce qu'ils constituent la première équipe d'intervention sur les lieux d'un événement. 29


Le jour où tout a basculé par JF CHARRAT Arrivés sur place, ils découvrent quelques véhicules et quelques jeunes gens manifestement « fatigués » par trop de musique, d'alcool et certainement d'herbes exotiques. Les gendarmes relèvent leur identité et l'immatriculation de leurs véhicules. Ils sont quelques-uns, hirsutes à vouloir braver les deux gars qui leur demandent de décliner leur nom. Ils sont vite remis à leur place et n'insistent pas. Les gendarmes sont moins nombreux mais bien plus déterminés. Un coup d’œil circulaire leur donne vite l'impression que la fête est terminée. Il n'y a plus le traditionnel camion à musique et le site est relativement propre. Anna et Aurélie arrivent, souriantes comme à leur habitude. Après avoir sommé les quelques « raveurs » de finir de nettoyer le site et les avoir mis en garde de ne pas reprendre la route tout de suite, le capitaine décide de faire le chemin inverse avec elles. Il apprécie particulièrement ces moments où l'adrénaline grimpe en flèche, juste avant l'intervention, puis laisse la place au sentiment du devoir accompli. Celui qui n'a jamais fait de terrain ne peut pas comprendre. On doit être vigilant tout en étant ferme et professionnel. C'est ce qu'ils viennent de faire. Le chemin du retour est très déformé et les ornières les font sauter sur leur siège. Avec amusement, Antoine prévient Anna de conduire moins vite, car il va finir par vomir son petit déjeuner dans le cou d'Aurélie, assise devant lui. Une voix d'homme à la radio, avec humour, demande à Anna de « retirer le frein à main » L'ambiance est excellente et ils en rient sans aucune gêne.

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La soirée de la veille est évoquée. Aurélie n'a pas pu participer à ce repas des voisins, parce qu'elle recevait ses parents. Anna avait égayé de sa jovialité cet instant. Elle avait fait la connaissance de Catherine et elles avaient convenu de se retrouver le mardi suivant pour aller au club de danse. Il a su qu'elle avait fini tard et qu'elle avait sorti quelques bouteilles de spiritueux de sa lorraine natale. L'ambiance aidant, il la revoit s'exclamer: « moi, je crains dégun », comme un présage !


Un après-midi sans encombre. La surveillance de nuit programmée doit être effectuée par trois personnels féminins. Anna, Aurélie et Linda. Comme les gars ont travaillé jusqu'à la fermeture complète des bureaux de vote, leur commandant de brigade décide de couper la patrouille en prélevant Linda pour l'accompagner et relever les plis électoraux. L'équipe composée du capitaine et de Linda prend place à bord d'un véhicule à partir de 19 heures. Ils font le tour des différents bureaux de vote, cinq au total, les cinq communes qui composent la communauté de brigades de PIERREFEU DU VAR. A chaque fois reçue avec amabilité, elle prend en compte les enveloppes contenant tous les plis, échangeant ça et là quelques banalités avec les élus. 31


Le jour où tout a basculé par JF CHARRAT Le score de la gauche semble bon et certains ont le sourire. Ces missions électorales sont chronophages, acceptées par l'institution « gendarmerie » plus pour faire plaisir aux préfets que par réelle obligation. Il faut savoir que par le passé, les élus transportaient eux-mêmes leur plis, mais à la suite de quelques incidents et parce qu'un gendarme, ça ne coûte pas cher, pratiquement toutes les préfectures aujourd'hui font récupérer les enveloppes et les font transporter dans leurs locaux. Et gare à celui qui n'aura pas rempli le bordereau avec les mentions réglementairement décidées unilatéralement. D'ailleurs, un « indispensable » de cette vieille dame qu'est devenue la gendarmerie, n'a-t-il pas décidé de faire rédiger un autre bordereau de remise, en plus de tous ceux existant déjà, au cas où... Chemin faisant, Antoine indique à Linda qu'il iront faire un tour à la fête votive du village, pour « contrôler » Anna et Aurélie. En fait dans son esprit, c'est juste pour passer un moment avec elles dans une ambiance bon enfant ! Le capitaine a beaucoup d'affection pour Aurélie avec laquelle un lien particulier s'est tissé depuis un an. Elle est celle qui trouve les mots pour réconforter les victimes et quand il l'observe, toujours calme, écouter des heures les petits malheurs des justiciables, il est admiratif. Anna est tout aussi rayonnante, bien que plus jeune. Elle vient d'arriver et elle a tout de suite pris sa place dans le groupe. Enfin, munis de ces précieux documents, ils parviennent à HYERES. Il les remettent au secrétariat de la compagnie qui les fera ensuite acheminer par les motards sur TOULON. Mission accomplie ! Les Chefs et les autorités administratives sont rassurés. Sur le retour, Linda lui glisse au détour de la discussion que l'un de ses camarades lui a prêté son logement pour la journée et la nuit. Son mari et son bébé sont venus pour l'occasion, car cela fait plusieurs jours qu'elle ne les a pas vus. Elle est gendarme-adjoint, militaire sous contrat et sous-...payé pour faire pratiquement le même job que les gendarmes d'active. Elle est logée dans un studio elle a l'obligation de l'occuper quand elle est de permanence, ce qui est le cas ce soir. Arrivés à proximité de PIERREFEU DU VAR, Antoine indique à la conductrice de prendre le chemin de la brigade, il est 21 heures 45 ! Elle ne comprend pas, le questionne et il finit par lui dire que cela fait quatre jours qu'elle n'a pas vu sa famille, qu'elle rentre les rejoindre, les filles se débrouilleront bien sans eux. 32


Le véhicule stationné dans le garage de la gendarmerie, le capitaine rédige le compte rendu de la mission de ramassage de plis électoraux. Il ferme la boutique et il rentre à son domicile. Il fait chaud. Il prend une douche fraîche. Au passage, il allume le téléviseur. Les résultats sont probants. La gauche a gagné les législatives, prolongeant ainsi les élections présidentielles qui a installé François HOLLANDE, à la tête de la France. La sonnerie du téléphone de service le tire de ses réflexions. La voix blanche de Francine, à peine audible : « un gendarme à terre à COLLOBRIERES . Des coups de feu ont été entendus ». Un gendarme à terre ? Qui ? Elle ne sait pas ! Il lui donne l'ordre d'appeler tous les gendarmes d'astreinte, dans premier temps, puis tout le personnel disponible, présent à la caserne. Il se rhabille, vite, très vite et court vers les locaux de la brigade. Deux gradés sont avec le permanent de sécurité. Ils s'affairent dans la chambre forte où sont stockées les armes d'intervention. Antoine demande à chacun des gradés de prendre un pistolet mitrailleur. Son adjoint Michel est en train de lire la prévision de service du lendemain. A sa vue, il le questionne du regard. Antoine est livide. Il lui répond qu'il n'en sait pas grand chose, qu'un gendarme serait blessé. Le visage de Michel change de couleur. Ce gendarme à terre ne peut être qu'Anna ou Aurélie. Il lui demande de rester pour gérer les personnels en repos ou en vacances qui ne vont pas manquer d'arriver et les familles aussi. L'information va rapidement se répandre dans la caserne. Les personnels enfilent les gilets pare-balles et partent sur les chapeaux de roues. Ils sont deux par voiture. Il en reste encore pour ceux qui viendront plus tard. Une Clio démarre vite, très vite devant l'officier. Elle emporte la première équipe. Cédric qui conduit le véhicule du capitaine ne parvient pas à la suivre malgré les signaux sonores et lumineux. Ils passent en trombe dans le centre du village. Les gens se poussent sur leur passage. Cédric appuie sur l'accélérateur dès la sortie et ils sont largement en excès de vitesse. Les lumières du village de Collobrières scintillent déjà au loin… 33


Nous rejoindre ! Cher(e)s ami(e)s, chers camarades, Association Gendarmes & Citoyens® travaille depuis 2008 à défendre les intérêts de la Gendarmerie et du quotidien du gendarme et de sa famille en particulier. Association à caractère professionnel depuis bientôt 10 années, elle a subi plusieurs transformations jusqu’à devenir en 2016, une Association Professionnelle Nationale Militaire ! Si le décret sur les APNM n’est finalement pour AG&C qu’une appellation juridique, tant elle s’est démenée au cours de toutes ses années pour faire remonter au plus haut niveau les défaillances conduisant à compliquer la vie professionnelle et personnelle des militaires de la Gendarmerie, il n’en demeure pas moins que ce dernier institutionnalise un concept de la concertation inventé et construit pas à pas par cette dernière ! Il officialise aux yeux de la loi, le droit qu’a chaque gendarme d’influer sur son quotidien et protège ce dernier dans son engagement associatif. La structure professionnelle AG&C n’a jamais caché ses méthodes de fonctionnement, ce n’est pas un substitut, un copié/collé ou un remplacement de la concertation interne déjà existante. C’est un organe légal et agréé, indépendant, destiné à favoriser les échanges, en remontant les informations sans filtre mais surtout sans les dénaturer, afin que l’ensemble des décideurs ait un regard plus large sur les réalités du terrain. La principale activité de l’association reste l’écoute et l’entraide dans le cadre de ce que nous appelons des « dossiers individuels ». Les prises de contact avec l’équipe associative sur des thématiques plus variées les unes que les autres, les renseignements divers, les problèmes statutaires, sociaux, les harcèlements, discriminations, non-respect ou non applications des textes comme par exemple avec l’IP 36132, les conseils dans le cadre de recours sont autant de sujets que nous avons à examiner et à faire en sorte qu’ils remontent au plus haut niveau de l’institution mais demeurent l’image de notre quotidien à tous. Cela représente plusieurs dizaines d’heures par semaine pour l’équipe AG&C avec des demandeurs ou interlocuteurs de tous grades et de tous corps mais c’est de loin notre activité associative la plus valorisante, car elle influe directement et positivement sur le quotidien de nos camarades et de leurs familles. Suite à ces retours nous pouvons intervenir directement sur place en prenant attache avec les conseillers- concertation ou quand cela est plus « complexe » avec les autorités, en passant par les compagnies, ou régions, parfois jusqu’à la Direction Générale. L’intérêt principal étant la protection du « demandeur » : agir au nom d’un groupe professionnel impersonnel ayant de bonnes relations avec les « autorités », cela permet d’obtenir satisfaction à tous les coups, à condition que la demande soit juste. D’un aspect plus collectif, AG&C, c’est près de trois mille communiqués depuis sa création, une centaine de magazines, interviews télés, à la radio ou sur presse écrite... toujours dans l’intérêt commun et loin des propagandes ou revendications que nous pouvons constater régulièrement avec les syndicats d’autres institutions. L’équipe AG&C est composée de gendarmes en activité de service, principalement en unités de terrain. Le temps donné à l’association est en plus du temps de service, il n’y a pas de « crédit temps », de postes privilégiés aux portes capitonnées proches des palais Parisiens. Chacun peut prétendre rejoindre l’équipe AG&C pour y apporter sa contribution, son expérience de vie professionnelle et personnelle. AG&C est une association d’individualités générant un pot commun de ce qui fait l’essence de l’institution. On ne rejoint pas AG&C pour obtenir, pour quémander, pour « râler ». On rejoint AG&C avant tout par soutien, par idéologie professionnelle, cette idéologie propre à la « militarité » qui fait que notre institution est une des dernières avec les armées en général à encore véhiculer des valeurs républicaines que certains dans notre société taxent d’un “autre temps”… Adhérer pour contribuer ou par simple soutien est un acte institutionnel, en adéquation avec la défense de nos valeurs militaires. Plus nous serons nombreux, plus nous serons « représentatifs », plus nous aurons de marges de manœuvres pour améliorer nos quotidiens ! 34

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