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21 Le vert au cœur de la stratégie

LE VERT AU CŒUR DE LA STRATÉGIE Le vert est déjà au cœur de la stratégie de certaines entreprises du BTP

La décarbonation de notre pays est en marche et la nouvelle réglementation environnementale ira dans ce sens. Certaines entreprises du BTP ont su tirer parti de la situation pour ouvrir de nouveaux marchés et mettre en place des dynamiques. Rencontre avec David Bosch, président de la Société Dauphinoise de Charpente Couverture à Varces.

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David Bosch, président de l’entreprise SDCC.

SDCC est spécialiste de la construction de bâtiments en ossature bois et de charpentes. D’où provient votre matière première ?

David Bosch : Le bois massif provient à 80 % des massifs qui nous entourent : Vercors, Chartreuse et Belledonne. Nous travaillons avec trois scieries basées au Cheylas, à VeureyVoroize et à Marches (26). Les 20 % restants sont achetés en France (Rhône-Alpes, Vendée, Limousin), c’est une production 100 % française. Nous avons la chance d’avoir notre matériau disponible dans notre région et on ne passe pas à côté. C’est de l’emploi local, avec peu de transports.

Est-ce une exigence de vos clients de vous approvisionner localement ?

DB : Les maîtres d’ouvrage comme le Département de l’Isère, la Région AuvergneRhône-Alpes ou encore la Ville de Grenoble sont très sensibles à cette traçabilité locale (la certification Bois des Alpes). Mais la démocratisation de cette prise de conscience va crescendo depuis deux ans. De nouveaux acteurs, comme des promoteurs et des constructeurs, viennent nous rencontrer.

C’est donc un nouveau marché qui s’ouvre à vous ?

DB : Effectivement, ils sont ouverts à une proposition mixte, béton/ossature bois, mariant les atouts de chacun. La certification E3C2, qui concerne l’approche énergétique des bâtiments et l’analyse du carbone émis pour une construction, est à présent demandée. Cette mixité bois/béton est donc un très bon équilibre pour être en accord avec la réglementation. En revanche, nous devons être vigilants à la capacité des outils de production en place, mais aussi continuer d’exploiter les forêts de manière durable.

Peut-on parler d’une dynamique qui se met en place ?

DB : Oui, car nous avons désormais la chance de travailler avec les gros œuvres béton, nous mixons nos savoir-faire pour proposer des solutions aux maîtres d’ouvrage. C’est le cas avec la préfabrication des murs, où sont déjà installés fenêtres, brise-soleil, bardages extérieurs, qui sont « construits » en atelier dans des conditions de travail plus favorables qu’en extérieur. Nous sommes devenus gros œuvre bois, ce qui est un nouveau terme.

Les mesures de décarbonation imposent de nouvelles contraintes. Ne sont-elles finalement pas des opportunités pour votre filière ?

DB : De mon point de vue, c’est une réelle opportunité pour toute la filière bâtiment. Si demain, le bois permet de poursuivre les constructions, dans une approche faiblement « carbonée », avec peu d’émissions de CO², tout le monde sera gagnant. Je pense à l’avenir du béton, qui évitera ainsi un coup de frein dans ses commandes, mais également au métal, qui est bien en place. Nous ne sommes plus chacun de notre côté : partager les savoir-faire est un plaisir.

Comment voyez-vous les prochaines années ?

DB : Je suis optimiste. Grâce à cette mixité bois/béton, les bâtiments seront plus performants, avec un besoin de chauffage moins important. La préfabrication attire aussi une nouvelle main-d’œuvre : nous allons être source d’emplois dans nos ateliers et dans les scieries. Quand on a compris la magie de la photosynthèse, dans un monde où le carbone est au cœur de toutes les préoccupations, on s’attendait à un tel développement, mais pas aussi rapide. Avoir eu cette conviction que le bois était un matériau d’avenir se concrétise aujourd’hui. l

LE VERT AU CŒUR DE LA STRATÉGIE

Les salariés de Paret TP ont une coquille toute neuve

L’an dernier, Paret TP a vécu une petite révolution. Basée depuis 56 ans à Bourgoin, l’entreprise de travaux publics a déménagé pour Villefontaine. Une initiative que l’on doit à ses dirigeants Véronique Crouïgneau et Sébastien Bonnet-Gonnet, motivés avant tout par le bien-être de leurs salariés. Un parfait exemple de politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) guidée par la bienveillance.

Véronique Crouïgneau, dirigeante de Paret TP.

Paret TP était installée à Bourgoin depuis 1964, pourquoi avoir déménagé l’an dernier à Villefontaine ? Véronique Crouïgneau :

Dès mon arrivée chez Paret, j’avais l’ambition de vouloir changer les choses et de faire une « autre » entreprise. Notre métier du TP est dur, nous travaillons en extérieur: par tous les temps et cela ne changera pas. En revanche, j’avais en moi, l’idée de valoriser l’humain et la façon de collaborer avec nos compagnons, qui sont la force vive de notre entreprise. Notre PME est familiale depuis cinquante ans et il est inenvisageable de vendre à un grand groupe. Pour résister, il fallait donc une coquille comme siège social qui reflète notre image et notre savoir-faire.

À quoi ressemble cette coquille ?

VC: Nous avons construit deux bâtiments de 1000 m², un pour les véhicules et un autre abritant un atelier et 400 m² de bureaux et d’espace social. Ce dernier comprend des vestiaires mixtes, une salle de mise en route avec une machine à café et des frigos, mais aussi une salle de sport de 60 m² et même un terrain de boules en extérieur. Enfin, nous disposons d’une cantine qui propose des repas équilibrés, livrés par un traiteur et une salle de détente. Mon idée était que nos employés, qui sont partis toute la journée et qui ne peuvent pas rentrer le midi, bénéficient d’une véritable pause afin de pouvoir se reposer, se changer, se sécher s’ils sont mouillés, prendre une douche ou être au frais quand il fait chaud.

Comment vos salariés ont-ils accueilli cette petite révolution ?

VC: Pour certains, cela faisait trente ans qu’ils allaient à Bourgoin, et ils étaient inquiets de ce changement. J’ai donc voulu expliquer les choses, nous avons tenu des réunions et nous avons également organisé une journée de cohésion, chacun a ainsi pu exprimer ses inquiétudes. Petit à petit, l’idée a fait son chemin. Au moment du déménagement en juin, avec la découverte du site et de la qualité de son environnement, cela allait déjà mieux. Pour la cantine, c’est pareil : beaucoup étaient sceptiques et habitués à aller au restaurant. À présent, ils sont convaincus et ne voudraient absolument pas revenir en arrière.

Ce nouveau bâtiment a aussi été l’occasion de mettre en place le covoiturage…

VC: Auparavant, les véhicules utilitaires rentraient au siège le soir. Avec ce déménagement, chacun fait en moyenne 10 km de plus. Nous avons donc décidé de proposer la flotte de voitures aux salariés à condition qu’ils acceptent de covoiturer. Comme ils habitent tous à moins de 25 km de l’entreprise, des tournées ont donc été mises en place par secteur d’habitation.

Ce local offre-t-il d’autres avantages ?

VC : Il est normé avec des économies d’énergie à la clé. Nous avons aussi pu installer un nouveau serveur informatique en réseau, nous scannons et numérisons énormément, avec l’objectif d’imprimer le moins possible. Nous avons aussi installé deux cuves de 40000 litres pour récupérer les eaux pluviales pour l’arrosage et l’aire de lavage.

Avec cette politique RSE, sentez-vous qu’une nouvelle dynamique s’est mise en place ?

VC: Oui elle est là, mais malheureusement, elle est contrainte par la Covid. En tout cas, je constate que nos salariés sont plus reposés et moins stressés. Vous savez, ils ont participé à la création du site et c’est une grande marque de confiance de leur part: ils sentent que nous travaillons pour eux. Nous ne voulions pas qu’ils subissent leurs journées, mais qu’ils y participent. Cet enthousiasme fait gagner en productivité et en confiance. l

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