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Les initiatives et le passage à l’action

LES INITIATIVES L’aventure d’une entreprise part toujours de l’initiative de son dirigeant

Bruno Pinjon ne voulait pas être un maçon comme les autres. Depuis la création de sa société au début des années 2000 aux Abrets-en-Dauphiné, il s’est tourné vers les matériaux biosourcés. Bruno Pinjon est aujourd’hui un expert dans la rénovation de maisons en pisé, typiques de sa région.

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Bruno Pinjon, gérant de Bruno Pinjon Bâtiment EURL.

Comment est venue cette initiative de vous lancer dans la rénovation de maisons en pisé ?

Bruno Pinjon : Avant de créer mon entreprise, je m’occupais d’ouvrages d’art chez Vinci, mais j’avais déjà été sensibilisé à la rénovation de maisons. J’ai eu une opportunité et je me suis lancé. Nous sommes devenus spécialistes de la rénovation de maisons en pisé, très nombreuses dans notre région. Nous avons commencé il y a près de vingt ans, mais la demande est de nouveau très forte depuis dix ans, et j’ai senti qu’il y avait une occasion à saisir. Actuellement, notre délai d’intervention est d’un an. Nous avons désormais affaire à une clientèle avertie, qui s’intéresse en amont à la question et parfois est même plus pointue que nous.

Quelles qualités demande l’utilisation de matériaux biosourcés comme le pisé ?

BP: C’est un savoir-faire artisanal où nous apportons notre propre patte. C’est passionnant car nous ne faisons jamais la même chose : prendre des initiatives et avoir un esprit créatif sont nécessaires. Au fur et à mesure, nous avons amélioré nos techniques. Depuis une quinzaine d’années, nous proposons de l’isolation extérieure ou intérieure en chanvre, avec des blocs que nous achetons à La Mure. Plus récemment, nous avons aussi utilisé des bottes de paille. Enfin, je travaille la terre crue pour les enduits, c’est une terre d’ici, couleur pisé. J’affine les choses en testant d’autres terres, afin de varier les couleurs comme le blanc ou l’ocre. Nous sommes l’une des rares entreprises à proposer ce procédé, tout particulièrement pour des très grandes surfaces.

Pourquoi vous êtes-vous orienté vers ces matériaux naturels ?

BP: Je ne voulais plus travailler avec du polystyrène, mais plutôt utiliser de la matière locale, disponible ici. C’était également l’occasion de nous démarquer des autres et à mon sens de tirer le métier vers le haut. En termes de recyclage, c’est aussi beaucoup plus simple. Si pour les constructions « classiques », il faut trier de nombreux matériaux différents, en revanche le pisé est directement déposé sur place, dans la terre. Il peut même être réutilisable. J’ai cette sensibilité : par exemple, j’ai initié le tri sélectif dans mon entreprise depuis près de vingt ans. À cette époque déjà, il était hors de question pour moi de faire du feu sur les chantiers.

Quelles sont vos contraintes ?

BP : Tout d’abord, elles sont climatiques. Nous ressentons directement le réchauffement des saisons et nous sommes réellement impactés. Au cours de ces derniers étés, nous avons été confrontés à de très grosses chaleurs et les chantiers sont devenus difficiles. Nous sommes contraints de commencer plus tôt et je réserve désormais les travaux d’intérieur en juin ou juillet, plutôt que l’hiver. Enfin, il est clair que le contexte actuel est beaucoup plus tendu. Avec la Covid, nous sommes sur un fil, nous pourrions fermer du jour au lendemain, même si depuis un an, dans l’ensemble, nous avons été épargnés. Notre carnet de commandes est pour le moment bien plein. l

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