N° 47 - Juin 2022

Page 6

société

Paysans de montagne Comment offrir et demander du soutien ?

Ê

tre paysan de montagne ? Un rêve pour certains, un cauchemar pour d’autres… Ceux qui en rêvent imaginent une ferme de taille humaine, familiale, avec son petit lot de vaches rustiques, d’ânes à l’épaisse fourrure, de chevaux agiles, d’antiques chèvres, d’abeilles butinant les fleurs sauvages, de moutons d’anciennes variétés presque disparues, de poules endurcies au froid ou même de curieux alpagas, dans un décor de carte postale, de sommets scintillants et d’air pur, avec en prime la liberté des grands espaces et la convivialité des fêtes de village. Ceux qui en cauchemardent voient les durs terrains en pente à faucher, la neige qui surprend au milieu des récoltes, le bétail qui s’abime dans les escarpements du terrain, le gel qui décime les pousses, le renard qui gobe les poules et le loup qui croque les moutons. Quel que soit notre imaginaire, la difficulté d’être cultivateur ou éleveur en altitude est bien une réalité. Le programme d’entraide de CaritasMontagnards est né de cette prise de conscience : il faut soutenir ces agriculteurs en leur apportant des bras supplémentaires, ceux de bénévoles solidaires curieux de découvrir ce qui se cache derrière la viande qu’ils achètent au supermarché. Ce programme existe en Suisse depuis plus de quarante ans. Il a été créé suite à de violentes intempéries qui ont eu lieu en Suisse allemande. L’ampleur des dégâts avait alors déclenché un véritable élan de solidarité envers les populations paysannes de montagne. Cette météo destructrice avait mis

Durs travaux sur les chemins - photo Caritas Suisse

en évidence le fait que les agriculteurs montagnards ont souvent besoin d’aide et qu’ils doivent composer avec les sécheresses, les coups de froid, tous les aléas climatiques qui engendrent d’importants dégâts, des coûts additionnels difficiles à supporter et un surplus de besogne pour des exploitants déjà saturés. Le travail agricole est plus difficile en montagne, car on peut moins utiliser de machines sur les terrains en pente, et on a donc plus besoin de main d’œuvre. Comme l’explique Jessica Pillet, chargée de projets Caritas-Montagnards, la population paysanne de montagne est vieillissante, souvent isolée, et elle a moins de revenu que celle des plaines. Caritas, qui a comme mission de lutter contre la pauvreté et de favoriser le lien social, a mis en évidence les besoins de cette population-là et a réalisé des actions très concrètes pour l’aider. L’idée simple et efficace du programme Caritas-Montagnards est de mettre en contact des fermiers dé-

-6-

bordés avec des bénévoles désireux de les soulager. Pour pouvoir s’inscrire, les fermiers doivent travailler en montagne et avoir leur revenu principal dans l’agriculture, même s’ils ont une activité annexe. Certains s’occupent de vaches sur l’alpage, d’autres cultivent des fruits et légumes bio, d’autres encore élèvent des moutons. Seules les familles qui n’ont pas les moyens d’engager un ouvrier agricole sont aidées, car les finances de Caritas, qui ne fonctionne qu’avec des dons privés ou institutionnels, sont limitées. Le soutien est aussi accordé pour des périodes ponctuelles de surcharge de travail, comme par exemple en été lorsque se cumulent la montée à l’alpage, les foins et le travail à la ferme, ou lorsque des travaux de rénovation ou de construction doivent être réalisés. Mais l’aide peut aussi être nécessaire lorsque la famille paysanne vit une situation de crise, comme une maladie, un accident ou même une grossesse, qui peuvent apporter des difficultés supplémentaires même


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.