Zut Hors-série — L'artisanat dans l'Eurométropole de Strasbourg et en Alsace #7

Page 1


L’artisanat

dans l’Eurométropole de Strasbourg et en Alsace

Valoriser l’apprentissage

Photo Christophe Urbain

Apprendre ou à laisser

Dans un monde qui se radicalise, se numérise, se dématérialise, on a plus que jamais besoin des personnes auxquelles ce numéro rend hommage. Faisons le pari qu’aucune application ne remplacera les gens faisant partie de ces catégories de métiers qui sont aussi celles du concours des Meilleurs Apprentis de France (MAF), dont nous parlons largement dans nos pages : « Accompagnement soins et service à la personne », « Agent de propreté et d’hygiène des locaux », « CharcutierTraiteur, « Enseignant d’équitation », « Barman », « Poissonnier-Écailler », « Métiers du pressing », « Prothèse dentaire », « Optique-Lunetterie », « Installation thermique », « Maçonnerie », « Art et technique de la bijouterie », « Tapisserie d ’ameublement », « Art du bois option marqueterie »…  Efficaces et sincères, c’est les MAF qu’on préfère… Et plus généralement les personnes – diplômées de hauts lieux de formation du territoire –qui enchantent notre quotidien grâce à des savoir-faire qui se transmettent et se réinventent dans les domaines des métiers d’art et de l’artisanat.

La septième édition du hors-série Zut Artisanat, réalisée en partenariat avec la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, a pour ambition de valoriser les actions menées pour la formation de jeunes méritants. Et de replacer l’humain au centre ? Oui, mais pas que : la terre, l’eau, le feu et l’air. Les animaux, les plantes, le bois, le fer, le verre… Saluons la démarche et l’engagement de celles et ceux qui renouent avec la nature… et bien plus encore. Présent dans nos colonnes, Xavier Noël, cheville ouvrière de la Fédération des métiers d’art d’Alsace (frémaa), œuvre, grâce à son travail, à « renforcer ce lien qu’on a parfois avec les choses inanimées qui nous entourent ». Car il ne s’agit pas simplement de beauté du geste, mais de reconnexion – voire de réconciliation – avec l’univers.

Saluons-les. Et osons en profiter pour nous féliciter, nous, rédactrices et rédacteurs, photographes, graphiste et correctrices. Et remercier chaleureusement celles et ceux qui ont co-construit ce projet éditorial à nos côtés. F**k la fast-fashion / food / life / thinking qui continue d’infliger des maux irréparables à la planète et la société, au bon sens et au bon goût. Big up à l’Intelligence Artisanale !

Bonne lecture !

Redécouvrez un Noël authentique, artisanal, local, responsable, solidaire et inclusif.

Préparez votre visite et retrouvez toute la programmation sur noel.strasbour g .eu

26 nov.

24 déc. 2025

Les

10 Retour vers le futur par Bruno Chibane

12 Trombinoscope

Qui fait Zut Artisanat ?

L’équipe prend la pose et se dévoile

23 Apprendre

24 DOSSIER MEILLEURS APPRENTIS DE FRANCE

25 Bruno d’Alberto

Le Meilleur Ouvrier de France est à la tête du concours Un des Meilleurs Apprentis de France dans le département.

26 Portraits MAF

— Élodie Hoffarth, peintre en carrosserie

— Nathan Cronimus, peintre — Lucie Stempfler, fleuriste

— Cacilie Guillemin, fleuriste — Eline Saglibene, coiffeuse

49 Offrir

50 SÉLECTION

L’Imagier

Bande-dessinée, illustration, design, photo… Sélection des sorties récentes de l’édition strasbourgeoise.

75 Régaler

76 DOSSIER PÂTISSERIE

La gastronomie sucrée s’impose désormais comme un langage à part entière. Décryptage et florilège de nos stars locales.

80 REPORTAGE

Domaine Harjane Haroon Rahimi, vigneron venu d’Afghanistan, a choisi de vivre pleinement sa passion du vin.

84 PORTRAIT

Elisa Klur

L’artiste construit des mobiles inspirés de la vinification qui s’opère autour d’elle.

16 L’artisanat vu par

— Ambre Weber

— Louis Rosenthal

— Lorine Boudinet

— Odile Lassère

— Guillaume Christmann et Xavier Nachbrand

32 DOSSIER LES ÉCOLES

33 Auréa Bloch

Encore étudiante, la toute jeune styliste continue son ascension dans le milieu de la mode.

35 Lycée ORT

Avec le DN MADE, une nouvelle pédagogie se met en place dans les parcours Mode du lycée.

36 La HEAR

Visite des ateliers de l’option

Art-Objet de l’école aux parcours artistiques d’excellence.

40 Atelier MOZE

Focus sur Malia (ex-HEAR) et son atelier de nail-art MOZE à Strasbourg.

42 CFA Bernard-Stalter

Visite du centre de formation à Eschau, haut lieu de l’apprentissage des métiers artisanaux.

48 CEFPPA Adrien-Zeller

Rencontre avec Sébastien Malgras, directeur du CEFPPA d’Illkirch, qui forme les futurs professionnels de l’hôtellerie-restauration.

56 SÉLECTION

Cadeaux

Produits de l’artisanat à disposer élégamment sous le sapin ou sur une tablée de fête (ou à garder jalousement pour soi).

86 REPORTAGE

Koug by Heiligenstein

La pâtisserie de la rue Kuhn se réinvente en mettant la fabrication des kougelhopfs à l’honneur.

88 DOSSIER SPICY NOËL

Zaatar, safran, cannelle, badiane… les épices s’invitent aux fourneaux avec Sarah Kanj et Anaïs Meyer.

92 REPORTAGE

Brasserie Perle

Jamais à court d’innovations, la brasserie de Christian Artzner continue d’animer le quartier de Cronenbourg.

94 REPORTAGE

Maison Georges Bruck Institution du foie gras, l’emblématique entreprise familiale flatte nos papilles depuis le xixe siècle.

98 FOCUS

Cafés Omnino

Avec un nouvel établissement à Colmar, les cafés Omnino poursuivent leur conquête de l’Est.

100 ACTUS

Nouvelles tables

Foudre Feu, Zurigo, La Knackerie, les nouvelles adresses à tester à Strasbourg.

105 Fabriquer

106 DOSSIER ÇA ROULE !

Low-tech, upcycling, réparation itinérante, à Strasbourg, le vélo devient terrain d’innovation et de reconversion.

112 PORTRAITS

Girls Flower

Atelier Divines, Étamine,

Maison Rose et Rouge et La Petite Marchande de Fleurs.

116 PORTRAIT

Mahina Huot

Motifs uniques ou en série, avec sa Stampfelfabrik, elle redonne vie à l’art du tampon.

118 PORTRAIT

Marie-Claire Erny

À Mulhouse, la designer imagine, peint et imprime sur étoffes des motifs où la nature prend vie.

120 REPORTAGE

La Forge de l’arbre flamboyant

Dans l’atelier centenaire de la plaine des Bouchers, Yann Marticou façonne des lames et des outils forgés.

122 DÉCRYPTAGE

Tango & Scan

Khaled Farah et Magali Fischer présentent le dispositif Tango & Scan porté par la structure accro.

135 Prendre soin

136 REPORTAGE

Savonnerie du Cèdre

Frédéric Schwartz fabrique ses savons bio et naturels chez lui à Kilstett.

138 PORTRAIT

Maud Steininger

Décollage réussi pour Alcedo, sa marque de cosmétiques 100 % bio fabriqués en Alsace.

140 ZOOM KTAZ

Avec sa culture bio et locale, le producteur de chanvre s’impose dans la filière du CBD.

142 REPORTAGE

Nids des Vosges

À plusieurs mètres du sol, des cabanes en bois construites en harmonie avec la nature.

126 PORTRAIT

Marie Froehlicher

Avec Kelschtomi, l’artisane modernise et apporte une touche pop au kelsch.

128 DÉCRYPTAGE

L’upcycling en bijouterie-joaillerie

Pour faire du neuf avec du vieux, une pratique aussi ancienne qu’innovante qui s’impose.

130 FOCUS

Éric Humbert

Le joaillier dévoile les coulisses de la création de Tsavo

132 FOCUS

Le Parc animalier de Sainte-Croix

Engagé pour porter haut les couleurs de l’artisanat local.

Ce hors-série du magazine Zut est édité par Médiapop 12 quai d’Isly 68100 Mulhouse Sàrl au capital de 1 380 €

Direction Philippe Schweyer ps@mediapop.fr - 06 22 44 68 67 mediapop.fr

Tirage 5 000 exemplaires Dépôt légal décembre 2025 SIRET 507 961 001 00017 ISSN 2261-7140

Numéro réalisé en partenariat avec l’Eurométropole de Strasbourg

Ce magazine est entièrement conçu, réalisé et imprimé en Alsace

IMPRESSION

Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex

DIFFUSION

Impact Media Pub et Zut Team

CRÉDITS COUVERTURE

(1) Photo phi – Séverine Voegeli

(2) Photo Mayssa Jaoudat

(3) Photo Guy Rebmeister

144 PORTRAIT

Thierry Strauss Depuis 1984, il a construit avec le Pressing von Elsass son empire du clean.

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

REMERCIEMENTS

—Jeanne Barseghian, Maire de Strasbourg  Pia Imbs, Présidente de l’Eurométropole, Maire de Holtzheim

Anne-Marie Jean, Conseillère municipale déléguée, Vice-présidente de l’Eurométropole et Conseillère de de Strasbourg

Joël Steffen, Adjoint à la Maire de Strasbourg en charge du commerce, de l’artisanat, du tourisme et de la vie nocturne

—Cécile Marter, Chargée de la communication économique de l’Eurométropole de Strasbourg

Votre entreprise est

UNIQUE

et la gestion de votre image de marque aussi.

Depuis 40 ans, DALIM SOFTWARE conçoit et distribue des solutions sur-mesure pour la gestion de projets et de documents numériques, l’optimisation et la production de fichiers digitaux. Nos logiciels accompagnent les marques, la grande distribution, les institutions, les agences de communication et les imprimeurs.

Des entreprises renommées comme Pierre Fabre, Fleury Michon, Urgo, Le Conseil de l’Europe, Glénat, Armani, Lidl, Europa-Park ou Leroy Merlin utilisent nos solutions pour générer, modifier, comparer, publier et gérer automatiquement leurs contenus : PDFs, images, posts, emballages, vidéos, catalogues, sites web et d’e-commerce, fichiers 3D, AR/VR, mailings et bien plus encore.

UNE EXPERTISE LOCALE D’ENVERGURE MONDIALE

Contactez-nous ou rendez-nous visite à Kehl autour d’un café, pour découvrir comment nos solutions peuvent optimiser la gestion de vos contenus numériques.

Difficile de prendre la parole après la fin d’une aventure de plus de 16 ans. Que dire qui n’a pas déjà été formulé ?

Alors voilà : le 21 juillet dernier, le tribunal de Strasbourg a prononcé la liquidation judiciaire de notre maison d’édition Chicmedias. THE END. Fin de l’utopie.

En 2008, nous avions créé le magazine Zut à Strasbourg avec une équipe constituée de journalistes indépendants, de photographes et d’illustrateurs. Nous nous connaissions tous, puisque nous avions débuté, avec certains d’entre eux, notre aventure éditoriale commune au début des années 1990 avec la revue culturelle Limelight ; d’autres nous ont rejoints lorsque nous éditions les magazines Polystyrène , Polystyles puis Poly. Avec Zut, nous voulions élargir le regard que nous portions alors sur la culture à la mode et à d’autres formes de création, afin de proposer un vrai city mag. Un titre freemium – contraction de free (gratuit) et premium (haut de gamme) – qui renouait avec une certaine idée de la presse : apporter des contenus de qualité à un lectorat curieux… C’est ainsi qu’est sorti, au début du mois de décembre 2008, le numéro zéro de Zut Strasbourg, avec une série mode réalisée au ciné-bal de l’Aubette. De 2008 au printemps 2025, ce sont 62 numéros au total qui seront publiés.

Dans la foulée, Novo, « le magazine qui se prend pour une revue » (coédition Chicmedias et Médiapop), est créé au printemps 2009, 78 numéros au compteur à ce jour. Nombreux sont ceux qui nous disent que c’est le plus beau mag culturel de France… En tout cas, au-delà de l’actu culturelle, c’est un espace où retrouver chroniques et cartes blanches, portfolios et entretiens fleuves. Il est aujourd’hui édité par Médiapop.

Très vite, nous avions entrepris de créer et développer de nouvelles éditions du magazine Zut. Il y a d’abord eu Zut Lorraine – 26 numéros, de l’été 2012 à l’automne 2021.

Puis nous avons tenté une incursion dans le Sud-Ouest avec Zut Bordeaux : l’idée était alors de créer des filiales – 5 numéros, de l’hiver 2013 au printemps 2015 – trop tôt, trop loin… Enfin, Zut Oberrhein, titre bilingue franco-allemand – 11 numéros, de l’automne 2012 à l’hiver 2019 – stoppé net par les confinements successifs…

Pour autant, jusqu’à ce printemps, le journal – grand format – Zut Alsace du Nord, créé à l’hiver 2016, aura tiré son épingle du jeu et proposé un regard différent sur ce territoire, un titre très apprécié des lecteurs. 21 numéros auront été publiés.

Chicmedias, c’était de la presse gratuite mais aussi des magazines vendus en librairie et chez les marchands de journaux.

Un hors-série dédié à Tomi Ungerer sort en décembre 2011, à l’occasion de son 80 e anniversaire et de l’ouverture de son musée. L’équipe de Zut s’est penchée sur son œuvre dans un hors-série trilingue, un grand format de près de 300 pages. On y retrouve des entretiens, des rencontres, des portfolios et des collages – 200 dessins et illustrations – un projet que nous avons mené main dans la main avec Tomi et sa fille Aria.

Et je citerai également la collection Zut Racing –« Un seul amour et pour toujours ». Créée en 2020, il n’était pas question, au départ, d’une série de magazines annuels mais de faire un truc un peu fou : la bible du Racing, 436 pages consacrées à mon club de cœur. Et puis trop de sujets, trop d’envies… et voilà 5 ans que ça dure !

Il y a eu aussi des hors-séries en collaboration avec des entreprises, des institutions, des associations, des structures culturelles ou des villes… Je remercie tout particulièrement, pour leur confiance renouvelée depuis 2019, Caroline Gomes et l’Eurométropole de Strasbourg, pour ces sept éditions consacrées à l’artisanat en Alsace.

Il y a eu également deux magazines consacrés à L’Industrie Magnifique, puis des éditions sur les musiques actuelles dans le Grand Est – soutenues par la Région et la DRAC Grand Est – pour la Haute École des arts du Rhin, à l’occasion des 10 ans du plus grand Zénith de France, ou encore pour les 15 ans de Citiz, ainsi que deux hors-séries dédiés à l’économie régionale en collaboration avec l’ADIRA (Agence de Développement d’Alsace).

L’ADN de Chicmedias, c’était l’édition !

En sus des magazines, nous avons publié vingt-cinq livres.

De manière spontanée, au gré des rencontres : monographies d’artistes, hommages et collections spéciales. Ainsi ont été mis à l’honneur les photographes Olivier Roller et Nicolas Comment, le cinéaste André S. Labarthe, les artistes Anne-Sophie Tschiegg ou Christophe Meyer, les chanteurs Daniel Darc et Étienne Daho…

Et puis, des projets de conception éditoriale sur mesure, la réalisation d’ouvrages de A à Z : pour les 190 ans de la SAAMS (Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg), les Carnets de Bains, entre magazines et livres illustrés (pour accompagner le chantier des Bains municipaux)

Retour vers le futur

avec les éditions 2024, le Journal de la COOP, le magazine ZAP de l’École d’architecture et PDR, le journal participatif du Port du Rhin…

Pour toutes ces publications, la même exigence éditoriale, la même culture de l’image, des maquettes aux identités graphiques marquées. La qualité des contenus, la liberté de ton, la pertinence et l’impertinence des projets.

Une marque, un label, un savoir-faire. Une fidélité à des artistes, à des auteurs. Des dizaines de milliers de pages. Tellement de rencontres !

Ce combat pour un média indépendant, une maison d’édition exigeante, c’est le pari fou que nous avons su relever pendant 16 années. Ça n’a jamais été chose aisée, ça a même toujours été compliqué : on en a affronté des turbulences, des tempêtes ! Et, après toutes ces années d’engagement, Chicmedias n’a plus pu faire face à ses échéances.

Suite à la crise du Covid qui a tout bouleversé, et après des années à lutter pour préserver notre indépendance, force a été de constater notre incapacité à continuer seuls.

Le « love money » a ses limites, et nous n’avons pas réussi à convaincre milliardaires, grosses fortunes alsaciennes, éditeurs nationaux ou régionaux d’investir dans le capital de l’entreprise.

Face à de gros soucis de trésorerie, nous avons dû nous rendre à l’évidence cet été.

Mais la fin d’une société, c’est d’abord 4 salariés qui perdent leur emploi, ce sont plus de 20 indépendants qui se retrouvent avec moins d’activité… Je pense d’abord à eux !

Jusqu’au bout l’équipe est restée soudée, engagée et agile, un mot doux pour Gwenaelle Lecointe moine-soldat de l’administratif et ma compagne Léonor Anstett, cheffe d’édition du journal Zut Alsace du Nord, correctrice de toutes nos publications et responsable du digital.

Un été à défaire tout ce que l’on avait patiemment construit, étape après étape – un été passé à trier, jeter, donner, vider. Goodbye nos supers bureaux, et la Vitrine Chicmedias.

Je pense aux rédacteurs, photographes, illustrateurs, graphistes, commerciaux…

Des gens passionnés qui se sont évertués à donner le meilleur d’euxmêmes et à faire en sorte de vous proposer des publications exigeantes. Quelques-uns d’entre eux ont fidèlement accompagné notre aventure collective depuis le début et sont toujours présents aujourd’hui : Philippe Schweyer, le Citizen Kane de Mulhouse ; Myriam Delon, directrice artistique de Zut jusqu’au printemps ; Caroline Lévy, couteau suisse de la rédaction ; et les photographes Pascal Bastien et Christophe Urbain. Et j’ai une pensée émue pour mes amis les photographes Alexis Delon et Olivier Metzger, ainsi que pour Lionel Shili, graphiste, tous partis trop tôt…

Je pense à tous nos clients, annonceurs, partenaires, qui, pour certains, nous ont accompagnés depuis le début de l’aventure.

Je pense aussi à nos fournisseurs : comment ne pas citer l’imprimerie Ott, et Henrique Monteiro, qui a toujours été là pour nous.

Je pense à tous ceux qui, au fil des années, ont choisi d’investir quelque argent dans le capital de l’entreprise : nos familles, nos amis – notamment Michel Bedez et Jean Hansmaennel – et autres collaborateurs.

Je pense à tous les lecteurs qui se sont mobilisés, une première fois en 2023 puis à nouveau ce printemps.

Je pense à notre communauté sur les réseaux et aux nombreuses

manifestations d’amitié et de solidarité qui nous ont fait chaud au cœur à l’annonce de la fin de la société.

Et comme c’est quand tout paraît foutu que tout devient possible : Chicmedias, c’est fini, mais l’aventure continue.

C’est Médiapop et mon ami Philippe Schweyer qui éditent le magazine que vous avez entre les mains. En effet, la marque Zut m’appartient en nom propre, et le tribunal a validé notre proposition financière de reprise.

Les livres n’iront pas au pilon et seront prochainement à nouveau disponibles, et nous allons continuer à vous proposer de nouveaux projets, de nouvelles publications Zut

Malgré un sentiment d’essoufflement du modèle et des hommes, malgré les difficultés globales de la presse écrite et à une époque saturée de distractions numériques, je suis convaincu que la presse papier a de l’avenir.

Elle offre un répit bienvenu, un moment à soi pour se plonger pleinement dans l’expérience tactile de la lecture.

Un objet que l’on garde, que l’on collectionne, un canal par lequel les histoires et les voix de nos contributeurs trouvent un écho auprès du public.

Je crois au pouvoir de l’imprimé pour favoriser les conversations et les échanges, page après page.

J’ai toujours délibérément choisi de donner la priorité au papier comme principal moyen de communication avec nos lecteurs.

Nous allons continuer à créer, à innover, à raconter, à mettre en lumière et à tisser du lien.

Plein d’idées, plein d’envies… ou comment rêver plus grand, autrement !

Merci à toute la Zut team qui s’est mobilisée pour vous proposer ce super magazine, une tribu qu’on vous présente page suivante – parce qu’elle le vaut bien ! Big up à Séverine Voegeli, notre directrice artistique pour cette nouvelle charte graphique et à Emmanuel Dosda, rédac’ chef de choc !

Prochain rendez-vous en février avec la parution d’Une vie en bleu, le sixième opus de la collection Zut Racing – « Un seul amour et pour toujours » !

À bientôt pour de nouvelles aventures,

Bruno Chibane

LA DRINK TEAM.

CAROLINE GOMES – NOTRE DOUDOU(NE) VILLE ET EUROMÉTROPOLE DE STRASBOURG RESPONSABLE DE L’ARTISANAT

On aime son dynamisme, sa joyeuse compagnie, sa doudoune blanche (elle seule peut la porter avec élégance), sa passion pour une thématique qui l’anime ! Sept numéros réalisés à ses côtés ! « Le lien entre l’édition et l’artisanat est évident car dans les deux domaines il faut sans cesse se renouveler, se questionner, s’adapter. » Vivement le #8 !

-> TEAM ZUT.

PHILIPPE SCHWEYER – LE CITIZEN KANE DU 68 ÉDITEUR

Jeune homme, Philippe rêvait d’un destin de footballeur professionnel ou de guitar hero. Devenu éditeur presque par hasard, il exerce avec passion un métier beaucoup plus sportif et rock’n’roll qu’il n’y parait, à la tête des éditions et label Médiapop et du magazine Novo

BRUNO CHIBANE – BIG BOSS DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Ce grand manitou crée des magazines depuis plus de 30 ans : Limelight , Poly , Novo et enfin, Zut . C’est grâce à lui que beaucoup ont été « débauchés », un soir d’apéro, pour écrire leurs premiers papiers, publier leurs premières photos ou mettre en page leurs premières maquettes. Il a la presse indépendante dans le sang et n’est pas loin de la préférer à une assiette de côtes d’agneau bien grillées.

EMMANUEL DOSDA – LA PENDERIE

RÉDACTEUR EN CHEF

Tiens v’là Dosda au ciné, au théâtre, au musée, en vernissage, en after ou derrière des platines ! Les backstages des institutions culturelles n’ont aucun secret pour lui. Non, son bonnet n’est pas trop petit, c’est sa signature !

SÉVERINE VOEGELI – L’ÉPAULE TATTOO

DIRECTRICE ARTISTIQUE

Grâce à Séverine, nous avons changé de regard sur le métier de graphiste, qui ne se résume pas à hurler après la rédac’ pour lui demander de « couper ces p… de 13 456 signes en trop » ! Séverine aligne, adapte, zoome, charte, recadre, colomètre ou céèmjiène avec son éternel large sourire.

MANON LANDREAU – LA LOI

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION

Quand elle n’est pas en train de jongler avec le chemin de fer du Zut Artisanat ou corriger l’accord de l’imparfait du subjonctif dans les pages de Novo, Manon joue les multitâches : correctrice, graphiste ou éditrice, elle nourrit une passion pour les caractères bien crénés, les phrases bien tournées et les pages bien alignées.

LÉONOR ANSTETT – LA TOUCHE-À-TOUT CORRECTRICE

Aux côtés d’Arthur H chez Tao pour un duo improvisé au piano, avec Quincy Jones à Montreux autour d’une fondue ou en vacances chez Tomi en Irlande… Léonor, née dans un pot de com’ est passée par des agences de pub bien en vue. Elle a assuré — entre autres missions web et de développement — la direction de la rédaction du Journal Zut Alsace du Nord.

ÉMILIE MÉNYÉ – LA TRANSFORMISTE COMMERCIALE

Avec Émilie, c’est comme si on changeait de commerciale quotidiennement. Pas un jour sans une nouvelle coupe ! Lorsqu’elle ne part pas en prospection, Émilie travaille avec une entreprise qui apporte de l’eau potable en Afrique subsaharienne.

ANNE WALTER – LA PASSION COMMERCIALE

Elle sillonne les routes de la région, qu’elle connaît par cœur, pour faire connaître notre magazine. Grande voyageuse et bonne vivante, elle apprécie les virées au Panama et en Argentine en Harley Davidson. Un savant mélange de franc-parler, d’humour et de passion !

-> RÉDACTION.

NATHALIE BACH-RONTCHEVSKY

– L’ESPACE

Nathalie est comédienne et auteure. Elle participe amoureusement à chaque numéro de Novo dans lequel elle tient également une chronique. L’idéologie est aussi une histoire de cœur. Tout ça en pensant qu’écrire la soustrairait au trac des planches.

VALÉRIE BISSON – LES MOTS

C’est au creux de l’enfance qu’il faut chercher la source de l’agitation qui la tient en éveil. Du passage du bibliobus à celui du générique de Pépin la Bulle, ses goûts agissent lors de découvertes de livres, musiques… Chargée de cours en sciences du langage (Unistra), autrice et dirigeante de sa petite entreprise (Le Mot & le Geste), vous la trouverez là où vous ne l’attendiez pas.

LUCIE D’AGOSTO – CLASSE MANNEQUIN

Mi-beurre salé, mi-bretzel, Lucie n’a jamais tranché entre la Bretagne et l’Alsace. Après avoir roulé sa bosse, elle atterrit dans la presse spécialisée en agriculture et viticulture où elle parle de tracteur et de pinard. À ses heures perdues elle est mannequin. Caméléon capillaire, elle change de coupe et de couleur plus souvent que de mot de passe.

TATIANA GEISELMANN – LE VENTRE

Ex-correspondante pour Europe 1 et Le Point (nobody’s perfect…). Rédactrice pour Masterchef magazine et animatrice / reporter pour toute une tripotée de médias. Son plat préféré ? La Knödelsuppe de sa grand-mère. Ou les encornets à la sétoise de son papa. Ou plutôt l’osso buco alla milanese de sa maman…

HAJAR OUHSINE – LA NAVIGATRICE

Elle a grandi loin des vagues, mais son âme, elle, a toujours eu le mouvement de la mer. Ingénieure de formation, écrivaine de passion et rêveuse par nature, Hajar aime rencontrer les artistes, les regarder créer, les entendre parler, puis donner une seconde vie à leurs mots sur la page. Elle écrit pour retenir l’instant, célébrer la culture et donner une voix à ces vies qui restent souvent tues.

FANNY LAEMMEL – LE CONTENU

Journaliste de solutions, elle raconte les initiatives citoyennes sous forme de vidéos, podcasts, diaporamas sonores ou encore d’articles. Fanny écrit aussi pour la presse jeunesse, culturelle et locale. Les médias où on a pu la croiser ? Le Monde, Rue89, Reporterre, Novo et bien sûr Zut Artisanat. À côté, elle partage et vélo-cargotte !

CAROLINE LÉVY – LES VEUCHS Podcasteuse, modeuse ou journaleuse reconnaissable à son incroyable chevelure (même lorsqu’elle sort de chez Esther), Caroline est la meuf la plus célèbre de la cité, grâce à son crew, Les Grandes Girls, ou à ses émissions pour l’Office de tourisme, où elle pédale de lieu en lieu à Strasbourg.

CORINNE MAIX – LA B TO B Rédactrice indépendante et productrice de contenus basée à Kaléidoscoop, Corinne apporte « une plume bien trempée » dans les objectifs de communication de ses clients, institutions ou entreprises, vers le grand public ou en business to business. Pour notre hors-série, pas de B to B, mais des articles en B sur le bien-vivre, la beauté…

JIBÉ MATHIEU – CORTO MALPRESSE

Super-héros jusqu’à ses 13 ans, écrivain maudit jusqu’à 25, JiBé s’est rangé en pigeant pour un quotidien local, plusieurs hebdos et magazines, avant de créer le sien qu’il a revendu pour s’installer en Alsace. Un temps marin à Plobsheim, il s’essaye depuis à bonzaïfier des géraniums tout en s’attelant à une thèse sur les interactions dans le métavers entre amateurs de bière et de vin.

AURÉLIE VAUTRIN – L’AVENTURE

Quand elle était petite, elle voulait être Lara Croft ou Indiana Jones. Journaliste, animatrice, monteuse, rockeuse, curieuse, baroudeuse, passionnée par le cinéma, la littérature, la musique, la culture et la contre-culture. Aussi à l’aise avec un crayon, un Mac ou une caméra, elle adore écrire, lire et courir – mais pas les trois à la fois.

-> PHOTOGRAPHIE.

PASCAL BASTIEN – L’EXPÉRIENCE

Une choucrouterie de Krautergersheim pour Zut, des reportages pour Libé ou Télérama

Sans cesse on the road, il ramène des clichés de Paris (France), Toulouse (Haute-Garonne), Lisbonne (Portugal), d’Arizona (USA) ou d’Uttenheim (67). Pascal a publié plusieurs ouvrages, dont quelques-uns chez Médiapop Éditions.

ROMÉO BOETZLÉ – IL COURT, IL COURT

Après un BTS dans l’audiovisuel en région parisienne, Roméo est devenu photographe pro, travaillant pour la presse (DNA et AFP).

« Je ne sors jamais de chez moi sans un boîtier autour du cou ; c’est un signe distinctif, en plus des cheveux longs ... » affirme-t-il.

« À côté de ça, je pédale et je cours… »

CLÉMENT CHANAUD-FERRENQ – POUM CHAC

Encore un musicien ! Toujours un Polaroïd en tournée ou en voyage depuis un bail. Un minuscule 35 mm dans la poche. Travail de l’instant, clic-clac, la drum et les synthés. Deux rencontres le poussent à aller faire des portraits, en dehors de sa chambre, de La Chambre.

PAOLA GUIGOU – PLANCHE CONTACT

Portraitiste, Paola cherche surtout à communiquer avec les sujets de ses images pour leur conférer tout leur éclat. Des planches et autant de contacts. Elle s’inspire des histoires, des visages pour créer des icônes d’aujourd’hui. À l’Atelier collectif M33 ou en reportage, l’ex-HEAR et Gobelins glisse de la poésie et de la vitalité dans les moments qu’elle capture.

CHRISTOPHE URBAIN – LE TYRAN

Pour les affiches de JAZZDOR et de ST-ART, il aurait fait poser son modèle fétiche dans des conditions extrêmes… Le photographe (pour l’Opéra de Rouen, l’Orchestre national d’Île-de-France, la Cité musicale de Metz ou Hermès) aurait fui à l’étranger, sans doute en Nouvelle-Orléans où il a ses habitudes… -> HÔTE.

KARMEN CAMINA – LE SPOT

Sur le rooftop, au café, en terrasse ou lovés dans les gros canap’ à l’étage, le Karmen a été notre bureau / salle de réu / espace de conf de rédaction… pour la réalisation de ce numéro.

13 & 14

MATINÉE PORTES OUVERTES 28 MARS 10H - 13H

L’Artisanat

PAR CAROLINE LÉVY
PHOTOS PASCAL BASTIEN vu par

À la découverte de celles et ceux qui, sans être artisans, font vivre les savoir-faire via leurs propres métiers. Architecte, designer, cheffe de service, conservatrice de musée ou acteur de l’événementiel, tous collaborent avec des mains expertes, s’appuient sur des gestes transmis, valorisent des techniques inscrites dans l’histoire locale. À travers leurs regards et leurs pratiques, l’artisanat devient un langage commun, un moteur de création, un héritage qu’ils contribuent à faire rayonner et réinventer au quotidien.

Ambre

CHEFFE DE SERVICE

DES ATELIERS PERRUQUES ET MAQUILLAGE DE L’OPÉRA

NATIONAL DU RHIN

« Je dirige un des rares ateliers où le métier d’art de perruquier continue de vivre. C’est un métier ancien qui raconte le patrimoine et l’histoire du spectacle. Nous ne sommes que trois ateliers en France dans des maisons d’opéra, et je me sens privilégiée de pouvoir encore transmettre ce savoir-faire. L’équipe de six artisanes permanentes, à laquelle s’ajoutent parfois des intermittents, crée des perruques sur mesure, qu’elles soient artistiques, naturelles ou historiques. Les metteurs en scène perçoivent tout de suite la subtilité qu’apporte la main de l’artisan : une coupe très réaliste, un rendu qu’on peine à distinguer du réel. Chaque production demande maquettes, essais et parfois la fabrication de plus de cent perruques.

Aujourd’hui l’équipe s’active pour finaliser celles de Hansel et Gretel, notre spectacle de fin d’année. Dans une démarche de réemploi, nous conservons près de cinq cents références pour avoir la possibilité de donner une seconde vie à ces créations. Mon rôle est de défendre ce métier d’art, pour qu’il perdure, reste visible sur scène et, à l’instar du cheveu, ne meure jamais ! »

operanationaldurhin.eu

Weber

CRÉATEUR D’ÉVÉNEMENTS

À LOURO EVENTS

« Créer des événements, c’est imaginer des univers et leur donner une forme concrète, sans perdre de vue la dimension artistique. Avec Louro, je conçois des décors où la direction artistique, la technique et le travail des artisans se rencontrent.

J’ai été formé en école de commerce, ce qui m’a appris les bases du marketing et la rigueur. Mais c’est en collaborant avec des menuisiers ou des ateliers spécialisés comme Grinta! Studio que mes idées prennent vraiment corps. Revisiter l’usage du tronc d’arbre, façonner un coffrage bois, assembler aluminium ou structures sur mesure… chaque projet, comme ceux réalisés dernièrement pour l’Espace H, naît de ce dialogue. Je mets en scène lumières, sons et matières, mais ce sont leurs gestes qui donnent vie à mes intentions. L’artisanat m’oblige à être précis, à écouter, à ajuster. C’est là que mes scénographies deviennent de vraies expériences. »

louroevents.com

Lorine Boudinet

DESIGNER

« Dans mon atelier à la Virgule Coop, je conçois des objets où la création s’incarne autant dans l’idée que dans le geste. Je dessine, je façonne parfois, mais je travaille surtout dans un dialogue constant avec les artisans. Pour chaque projet, je vois ce que je peux réaliser moi-même, puis j’ouvre un espace de recherche partagé : on échange, on teste, on ajuste. En ce moment, pour un projet de mobilier autour d’une figure de l’Ondine de Jean Giraudoux, je travaille avec le forgeron Geoffroy Weibel installé de l’autre côté du site de la Coop. Guidés par notre attrait commun pour ce médium, nous avons choisi l’aluminium ensemble, en intégrant les contraintes liées à la fabrication. Malgré un cadre défini, beaucoup de choses se décident dans l’atelier et dans l’instant. Ce travail collaboratif, que je retrouve aussi au sein du collectif IDeE, m’aide à sortir de ma zone de confort et donner un souffle nouveau à mes objets de design. »

lorineboudinet.com

Odile Lassère

DIRECTRICE DU MUSÉE HISTORIQUE

DE LA VILLE DE STRASBOURG

RENCONTRES « UN JOUR, UN MÉTIER » AU MUSÉE HISTORIQUE

16.01 — 12 H 10

AVEC LES COUTURIÈRES ET UNE HABILLEUSE DE L’OPÉRA NATIONAL DU RHIN

06.02 — 12 H 10

AVEC UNE BRODEUSE AU FIL D’OR 2 RUE DU VIEUX-MARCHÉAUX-POISSONS, STRASBOURG

« Au Musée historique, les collections racontent comment Strasbourg s’est construite et combien les métiers ont façonné son identité. Au cœur de ce parcours, on montre notamment comment la société civile s’organisait déjà autour de ces savoir-faire constitués en corporations. Modèle qui perdure encore aujourd’hui, grâce au droit local. L’histoire du cortège de 1840, créé pour l’inauguration de la statue Gutenberg, qui célébrait 400 ans d’imprimerie, en est un symbole fort. Trois jours de fête, des dizaines de métiers qui ont défilé et plus de 100 000 visiteurs. Cet événement qui a marqué l’histoire de Strasbourg a d’ailleurs fait l’objet d’une exposition, « Place à Gutenberg », dans le cadre de Strasbourg Capitale Mondiale du Livre 2024, et qui a été le point de départ des rencontres « Un jour, un métier ».

Depuis, grâce à ma collègue Isabelle Bulle, chargée des publics du musée, nous faisons dialoguer artisans d’hier et d’aujourd’hui en les invitant à transmettre leur savoir-faire auprès du grand public. » musées.strasbourg.eu

Guillaume Christmann et

ARCHITECTES À CNB.ARCHI

« À la Caténaire, l’espace hybride qui accueille toute l’équipe de l’agence, nous construisons dans nos pratiques d’architectes un dialogue permanent avec les artisans – menuisiers, serruriers, maçons, etc. On compte parfois jusqu’à vingt artisans mobilisés sur un même projet. Nous pensons l’objet comme nous pensons le bâtiment : tout commence par le dessin, le prototypage et l’échange. Pour le projet à la brasserie Météor à Strasbourg ou Marseille, comme dernièrement au Fût Gourmand à Hochfelden, nous concevons aussi tables, escaliers et espaces en nous appuyant sur le savoir-faire des artisans, leurs retours et leurs contraintes.

La rénovation, qui représente environ 90 % de notre activité, est pour nous une évidence et l’avenir de l’architecture, avec pour mot d’ordre le réemploi. Une démarche que nous développons notamment avec BOMA (Les BOnnes MAtières), qui remet la main-d’œuvre qualifiée au centre, réduit considérablement les déchets et préserve l’âme des lieux. C’est là que l’artisanat devient essentiel : il donne du sens et offre de la durabilité et de l’humanité à chaque projet. »

cnbarchitectes.fr

Depuis 2020, l’équipe de Zut fait vivre, illustre et raconte la passion qui entoure aujourd’hui le Racing, ce club singulier, en Alsace et au-delà. Un magazine annuel grand format qui donne la parole aux supporters, aux acteurs du club, à des anciens joueurs ainsi qu’à de nombreux artistes, illustrateurs et photographes…

Bruno Chibane bruno.chibane@ plaisirdesmarges.com 06 08 07 99 45

Emilie Ményé emilie.menye@gmail.com 06 66 22 79 29

Anne Walter anne.walter@free.fr 06 65 30 27 34

AP PRE N DRE

DOSSIER Tradition & innovation. L’artisanat continue de séduire les jeunes talents en quête d’excellence. Technique, créativité, rapidité d’exécution… les concours incarnent la scène idéale pour mesurer et célébrer l’étendue des savoir-faire. La finale d’Un des Meilleurs Apprentis de France s’est tenue à Strasbourg en juin dernier : elle a confirmé que la nouvelle génération d’artisans brille déjà.

les mains De l’or dans

PAR NATHALIE BACH, LUCIE D’AGOSTO, EMMANUEL DOSDA
PHOTOS CLÉMENT CHANAUD, CHRISTOPHE URBAIN

2025 : les chiffres de la 40e édtion

Inscriptions

→ 6 474

Lauréats départementaux

→ 4 430

Lauréats régionaux

→ 1 842

Finalistes tous métiers

confondus

→ 1 149

Lauréats nationaux

→ 393

LA BOUCLE EST BOUCLÉE

Coiffeur ayant travaillé pour la couture, il porte haut la flamme artisanale en tant que responsable départemental du concours Un des Meilleurs Apprentis de France. Rencontre avec Bruno D’Alberto, boss des MAF, dans son salon – « juste en-dessous du Club de la Presse » – place Kléber.

PREMIÈRE, DEUXIÈME, TROISIÈME GÉNÉRATION. Dans le sillage de ses parents et grands-parents, Bruno D’Alberto évolue, parmi pinces et épingles, dans le monde du lissage et du balayage, du chignon ou de la coloration. Si nous voyons Bruno aujourd’hui, ça n’est, hélas, pas pour un soin capillaire. Non, l’objet de notre venue dans son prestigieux salon (créé en 1938) concerne son engagement, en tant que Meilleur Ouvrier de France Coiffure (2004), à la tête du concours annuel des MAF dans le département. Il a grandi des ciseaux à la main, ou presque. « J’ai eu beaucoup de chance car mon trajet était tout tracé avec l’affaire familiale. Mais ça n’est pas facile pour tout le monde et j’ai aujourd’hui envie d’aider les jeunes à se lancer. » Celui qui a repris le flambeau d’Umberto & Marthe et de Richard & Yvette parle de transmission de « valeurs humaines du bassin rhénan » à destination de la nouvelle génération grâce à Un des Meilleurs Apprentis de France, concours professionnel initié par Paul Labourier, MOF 1979 en chaudronnerie.

C’EST DE LA ZINGUERIE ! Coiffure mixte, jardinage-paysagisme, peinture en carrosserie, cordonnerie, sellerie, tournage sur bois, mode et chapellerie, zinguerie, soufflage de verre au chalumeau, tonnellerie, aéronautique option structure, poissonnerie, toilettage canin… Les jeunes sont rassemblés par catégories de métiers et sélectionnés, en local, puis en national. Bronze, argent ou or. Pour avancer dans le concours, il faut obtenir la médaille d’or. Et atteindre 18/20 à l’examen final pour devenir MAF. Faire partie du palmarès, le graal tant convoité ! Un combat sans merci ? « Pas du tout ! C’est leur travail qui est jugé, pas eux, et le principe est de favoriser l’échange, l’entraide, la concertation. » La camaraderie. C’était il y a une grosse poignée d’années, mais Bruno se souvient de ses exercices – figures imposées et expression libre – comme si c’était hier : « Pour réaliser une mise en boucle du cheveu, je me suis inspiré de la technique du forgeron en travaillant des volutes, partant de la pointe, imitant son geste avec le fer. » La rencontre des arts… D’ailleurs, la coiffure l’a

souvent conduit loin de son écrin strasbourgeois : il a collaboré avec les griffes Issey Miyake, Christian Dior ou Chantal Thomass pour des défilés parisiens ou encore en tant que coiffeur studio pour des séries photographiques de mode. « Les lignes bougent », se réjouit Bruno. D’abord quant à la place des filles, croissante, dans l’artisanat en général et des domaines comme la chaudronnerie ou la plâtrerie par exemple. Et aussi pour la mise en lumière de métiers manuels – au-delà de ceux de bouche, médiatisés et convoités – qui attirent de plus en plus de jeunes femmes et de jeunes hommes. Apprentissage. Démarrage. Et des MOF tels que Bruno D’Alberto pour accompagner leur décollage. ( E. D.)

D’Alberto

10 place Klé ber, Strasbourg dalberto.fr

Photo Clément Chanaud

Ils et elles sont jeunes, passionné·es et déjà récompensé·es pour leur travail dans leurs domaines respectifs. Portraits de cinq jeunes talents au parcours d’excellence, médaillé·es d’or lors de la finale nationale du concours Un des Meilleurs Apprentis de France.

ÉLODIE HOFFARTH

La peinture en carrosserie : mêler art et automobile

Elle vient d’avoir dix-huit ans. D’emblée, on perçoit à la chaleur et la précision de sa voix qu’Élodie Hoffarth est une personne de cœur et, sans nul doute, de confiance. C’est à mi-chemin entre cette décontraction de l’enfance et l’extrême sérieux de ceux pour qui tout est important qu’elle trace sa route, c’est peu de le dire. « Dans ma famille, il y avait beaucoup de mécanos. Petite, je faisais du stock-car avec mon frère et mon père. J’ai commencé avec mon stage de troisième, mais j’avais envie de faire quelque chose entre l’art et l’automobile. Alors, j’ai fait un premier stage dans la peinture carrosserie et ça m’a vachement plu. Avec ma famille, nous nous sommes dit qu’un apprentissage serait mieux. Après mon CAP peinture, j’ai continué avec la carrosserie. » Un CAP où sur vingt apprentis, seulement trois sont des filles. La jeune femme balaye les souvenirs dans un grand éclat de rire. « Oh, pour moi ça allait très bien, les garçons, je leur tenais tête ! Mais on avait quand même des remarques du style : “les femmes, ça reste à la cuisine”. Bon, ils ont dit avoir regretté. C’étaient un peu des petits cons, à toujours vouloir se rendre intéressants. Je ne sais pas s’ils avaient quelque chose à prouver, mais ça n’a pas marché ! »

Carrosserie Schwarzentruber 13 rue du Périgord, Wittenheim carrosserieschwarzentruber.com

AVEC AMOUR Ce qu’Élodie veut, elle l’obtient. Après s’être présentée une première fois au concours national des meilleurs apprentis de France en 2024, elle réitère l’année suivante, mieux préparée, particulièrement attentive à éprouver l’amélioration de son niveau. Cette fois, c’est la médaille d’or. « J’ai fait ce concours avec plaisir, tout en étant surprise du résultat ! » On songe tout à coup à Marilyn Monroe disant ne pas se soucier de vivre dans un monde d’hommes tant qu’elle pouvait y être une femme. « C’est profond », remarque Élodie. Et inspirant : « Ça donne du courage. Les femmes qui font mon métier ne courent pas les rues. C’est encore inhabituel pour beaucoup de gens et leur regard peut être bizarre. C’est vrai que physiquement cela peut être dur, il faut énormément bouger, se tenir dans des positions peu agréables pour atteindre certains endroits et les journées peuvent être très longues. Mais si on a la volonté, on peut tout faire ! Mon vrai plaisir, c’est de m’occuper d’une voiture à priori complètement irréparable, de me donner à fond et de la rendre comme neuve. Réaliser toutes les modifications que l’on peut faire, ça donne des idées infinies. Une voiture, ce n’est pas seulement un objet qui amène d’un point A à un point B, c’est vraiment une chose sentimentale dont il faut prendre soin comme d’une personne. » Plus tard, Élodie aimerait transmettre sa passion et fonder sa propre entreprise. Avec son père et son frère. Évidemment. ( N. B.)

Photo Marie Chotin

NATHAN CRONIMUS

En peinture, la meilleure des écoles ?

Celle de son père !

Chez les Cronimus, pas de potion magique, mais une recette bien plus durable : celle de la peinture. Toute la famille est tombée dans la marmite, du grand-père à l’oncle en passant par le père, avant que Nathan, le petit dernier et désormais champion en or des MAF, ne suive à son tour le même chemin. En formation de CAP, Nathan estime être « à la meilleure des écoles », celle de son père, l’entreprise Toma Peinture. « À ses côtés, j’apprends toutes les ficelles du métier. C’est lui qui m’a parlé du concours, il a l’habitude d ’aller regarder les finales, alors j’ai d écidé de m’inscrire », raconte le jeune peintre. Pour décrocher l’or, Nathan a d û réaliser deux panneaux : « L’un en papier peint avec des doubles coupes pour faire des motifs et l’autre en peinture. » Il a alterné le travail directement au pinceau sans guide et l’utilisation de scotch pour l’aider. « Tout ce que j’ai fait, je l’ai appris pour le MAF. La peinture, je connaissais, mais le papier peint avec des motifs, moins. J’ai plus l’habitude des raccords simples. »

UNE PASSION QUI SE TRANSMET Son ouvrage a été réalisé sur les conseils attentifs de son père. Mais devant le jury, plus question de retoucher. Malgré la tension, son travail et son guide technique ont fait la différence. Nathan savait que pour accéder à l’échelon national, il fallait décrocher l’or, et qu’en finale, seuls les premiers seraient retenus. « Participer à ce genre de sélections rapporte beaucoup. Déjà, de la fierté pour le travail accompli et puis de l’exp é rience suppl émentaire. J’ai d écidé de refaire le concours MAF cette fois en décoration et puis, bien plus tard, j’espère devenir Meilleur Ouvrier de France mais c’est un tout autre niveau, il faut avoir un peu de bouteille. »

Toma Peinture

1 rue Blaise-Pascal, Hœrdt tomapeinture.com

Le jeune peintre a pris goût aux concours. Il envisage également de préparer le brevet professionnel puis le b revet de maîtrise. « Tout me plaît dans mon travail. Il y a une vraie satisfaction de voir l’évolution d’un chantier, tu vois d’abord du placo qui devient tout fini, tout beau… On participe à cette évolution et on peut échanger avec tous les corps de métiers de finition, on est tous un petit peu en même temps sur le chantier pour aboutir à un résultat réussi », conclut Nathan. ( L. D’A.)

LUCIE STEMPFLER

Les fleurs comme une évidence

Dans sa famille, personne n’était dans le domaine des fleurs. Pourtant, à tout juste 14 ans, Lucie effectue ses premiers stages dans ce milieu qui l’a toujours attirée. Elle n’a pas vraiment les mots pour l’expliquer, si ce n’est que cette décision était instinctive. Un beau matin, après avoir œuvré déjà une semaine par-ci, une semaine par-là chez différents fleuristes, elle pousse la porte de chez Sophie Frick, Les Pensées de Sophie à Rixheim, et se retrouve très rapidement embarquée en apprentissage.

UN TALENT PRÉCOCE ET UNE PRÉPARATION MILLIMÉTRÉE Quand on lui parle du concours MAF à l’école, elle se dit « pourquoi pas ». « Les jeunes d’aujourd’hui ne sont plus stressés », plaisante sa patronne. Pour la qualification départementale et régionale, les créations tournent autour de Salvador Dalí. « On devait concevoir une structure inspirée du tableau de Gala, réaliser une sculpture représentant les Montres molles et créer un nœud papillon ou une cravate fleurie pour Dalí », explique Lucie. Le choix des fleurs est libre et comme il s’agit d’un budget conséquent pour la jeune apprentie, elle et sa tutrice bénéficient d’un partenariat avec leur fournisseur Heemskerk Flowers.

Le concours national, quant à lui, porte sur le thème de l’Art déco avec un paravent à fleurir. Pour remporter l’or, il ne suffit pas d’aimer les fleurs, il faut aussi être sensible à l’art et à l’esthétique, tout en travaillant sa culture générale. « Lucie est une apprentie très appliquée, donc elle a regardé des films sur le sujet et s’est sacrément préparée », complète Sophie. La seconde épreuve consiste à réaliser une coiffe. Même si elle ne connait pas toutes les fleurs, la plus jeune lauréate s’en sort avec brio et remporte la médaille !

Ce n’est que le début d’une longue histoire : en septembre, elle a déjà participé à un autre concours lors de la Foire européenne de Strasbourg, qu’elle a remporté. « Lucie est faite pour ça. Elle a la motivation et le potentiel alors je la laisse aussi s’entraîner sur ses heures en boutique », conclut sa tutrice. Du haut de ses 15 ans, la jeune fleuriste compte bien poursuivre son brevet professionnel, puis un brevet de maîtrise : « Et après, on verra ! » Une chose est sûre, ses idées et sa créativité lui garantissent déjà un avenir pavé de réussite. ( L. D’A.)

Les Pensées de Sophie 6 avenue du Général-de-Gaulle Rixheim

FB : lespenseesdesophie.rixheim

CACILIE GUILLEMIN

Trois cents tiges pour un bouquet d’or

Originaire de Savoie, la jeune femme était venue à Strasbourg pour des études en licence de langue. Ne s’y retrouvant pas, elle décide rapidement de se réorienter. « Je voulais exercer un métier plus manuel et apprendre en travaillant », explique-t-elle. Après un premier stage en ébénisterie – un milieu un peu trop masculin à son goût –, elle s’oriente finalement vers les fleurs. Elle obtient son CAP chez Monceau Fleurs, avenue des Vosges et poursuit aujourd’hui avec un brevet pro chez Maison Groll. Pour faire ses preuves, Cacilie s’inscrit, dès sa première année d’apprentissage, au concours MAF. Elle repart avec la médaille de bronze en départementale, mais ce qu’elle convoite, c’est l’or.

Photo Christophe Urbain

ENTRE RIGUEUR ET CRÉATIVITÉ Dans sa catégorie cette année, les concours départemental et régional sont combinés. « Pour l’épreuve départementale, j’avais déjà l’expérience de ma première tentative. Pour les nationales, par contre, c’était une autre histoire, c’était stressant mais c’était de la bonne pression et toutes les personnes de la boutique m’ont beaucoup aidée et m’ont permis de bien m’entraîner avant de me lancer. »

Maison Groll

3 rue du Temple-Neuf, Strasbourg @maisongroll

Pour ce concours, une seule épreuve peut être préparée à l’avance. « Tout le reste, c’est découverte le jour J. » La première partie consiste à fleurir une structure préparée en amont. S’ensuivent un bouquet de 300 tiges, une composition piquée et un bijou floral. « Pour le bouquet, les tiges étaient très épaisses et, au vu du nombre, c’était complexe et ça faisait mal aux mains. Quand l’épreuve est préparée à l’avance, on sélectionne nos fleurs et on les ramène. Là, comme les épreuves sont inconnues, les essences sont imposées, mais on est

justement entraîné·es pour faire face aux imprévus. Je n’ai pas de fleurs préférées : elles ont toutes leurs particularités et leur façon de s’utiliser. »

Pour le bijou floral, Cacilie réalise une coiffe pour Céline Dion, « extravagante et qui se voit sur scène. J’ai adoré ! On aborde des techniques dont on n’a pas l’habitude, c’est très enrichissant. »

Son titre de MAF désormais en poche, la jeune fleuriste de 21 ans compte bien continuer à se challenger : prochain rendez-vous pour elle, le concours Oscar de l’Artisanat ! ( L. D’A. )

ELINE SAGLIBENE

La coiffeuse prodige qui aime la compét’

Elle n’a que 17 ans et pourtant, Eline Saglibene, étudiante au CFA de l’Artisanat à Mulhouse, a déjà un coup de ciseau prometteur et une main experte. Habituée des compétitions, elle réussit d’abord un concours pour les collégiens en 3 e, puis participe au Beauté Sélection à Lyon en 2023 où elle remporte le deuxième prix pour son chignon aux mille et une tresses. Un an plus tard au même concours, elle décroche le premier prix en catégorie sans diplôme pour son chignon thème gala. « J’ai aussi participé aux championnats d’Alsace catégorie CAP et remporté le concours », glisse-t-elle, le plus simplement du monde, en énumérant ses nombreux trophées.

DE LA COUR DE RÉCRÉATION À LA CONSÉCRATION Eline a toujours su qu’elle voulait travailler dans la coiffure. Pour celle qui coiffait déjà ses amies à la récré, aucun doute sur l’orientation : c’est le début d’un rêve qui se concrétise. Mais pour aller encore plus loin, elle veut valider ses compétences et se faire plaisir avec les concours. Elle s’inscrit à l’épreuve MAF départementale qu’elle remporte avec une mise en boucle et une coupe brushing artistiques, puis à l’épreuve régionale avec un chignon sur modèle. Pour sa participation à la finale nationale, la jeune prodige est à bonne école : elle a été coachée par Maxime Dubois, Meilleur Ouvrier de France à Rixheim. Elle s’entraîne quotidiennement chez elle, fait appel à ses amies comme modèles et, quand personne n’est disponible, travaille sur tête malléable. Pour le

jour J, Maxime lui prête deux de ses modèles ; la jeune femme est particulièrement sensible à leur investissement. « Je tiens d’ailleurs à remercier mes modèles Audrey, Jules et Lenie. C’étaient des épreuves stressantes et leur présence était plus que bénéfique », confie la coiffeuse. Le très beau palmarès d’Eline n’est pas prêt de désemplir : « J’adore l’univers des concours, je vais continuer à en faire. » Elle ajoute : « Au salon, ce que j’aime le plus, c’est toute la partie créativité, entre les chignons, les balayages, les couleurs, j’aime tout ! » Soutenue par ses proches, elle compte poursuivre ses études jusqu’à son brevet de maîtrise, tout en continuant à se challenger sur de nouvelles épreuves. Son nom ne manquera pas de continuer à faire les titres dans les prochaines années. Peutêtre qu’un jour, elle aussi pourra se parer du col tricolore ! ( L. D’A.)

Art Moni Coiffure

27 rue de la Paix, Riedisheim @artmoni_coiffure

DOSSIER

À chacun sa manière d’entrer dans le geste, la matière et la création. Pour faire éclore les vocations artisanales, les écoles innovent et s’adaptent à la multiplicité des parcours. Études post-bac ou formations professionnelles, de l’hôtellerierestauration au stylisme en passant par les métiers d’art et d’atelier, exploration d’un paysage éducatif en pleine effervescence.

Au programme : immersion dans quatre établissements de référence et portraits de deux (ex-) étudiantes modèles.

de la c

Premiers classe

PAR VALÉRIE BISSON

L’ART DE LA JOIE

Auréa Bloch est en dernière année d’études au lycée ORT de Strasbourg. Elle y achève son DN MADE Mode et Textiles qui se clôturera par la rédaction d’un mémoire et la création d’une collection inspirée par les riches heures des traditions alsaciennes autour du tissage et du costume.

Un travail fouillé alliant étude anthropologique et sociologique et l’observation des arts populaires réinterprétés et modernisés par le regard et le savoir-faire d’Auréa qu’on se réjouit de découvrir. Sous l’image d’une jeune fille de 20 ans ancrée dans son époque et étudiante modèle, passionnée et excellente, se cache à peine la profusion d’un talent créatif qui n’a pas attendu son heure pour se lancer dans l’action. C’est dès l’âge de neuf ans qu’Auréa tente le passage de ses idées en 3D avec une aiguille et du fil puis s’exerce sur une machine de la grande distribution avant de cré er, trè s spontan ément, un partenariat avec Singer qui va lui fournir des machines à la hauteur de son audace et de son appétit. Auréa n’a qu’une idée en tête : exp érimenter sa créativité dans la forme du vêtement. Textures, motifs, formes, thèmes, rencontres, tout est bon pour mettre en mouvement son inspiration.

UN M É LANGE D ’ENTHOUSIASME ET DE DÉTERMINATION Auréa est une joie. La joie d’une force intuitive qui ne la conduit que là où elle rêve d’aller. Ce sera New York et Tahiti pour commencer et ce n’est qu’un début. Elle crée sa première robe de mariée à 14 ans, et avoue n’avoir alors aucune technique, ni de patronage, ni d’assemblage. Qu’à cela ne instagram.com/aurea_creation tienne, elle teste, mesure, assemble, ajuste, recommence. Et apprend la technique du moulage sans le savoir, autodidacte de ses impulsions, mademoiselle Jourdain de la couture floue.

Embarqu ée par son geste, elle participe alors à plusieurs salons sur le thème du DIY. Confinée, elle va retourner 2020 comme un gant, investir l’enfermement pour imaginer une collection sur le thème du voyage et de la liberté. Elle a 16 ans et de l’é nergie à revendre. Elle coud et organise l’événement pour son défilé. Ce qu’elle réitérera puisque l’artiste est aussi doublée d’une

communicante hors pair. Les partenaires la suivent et ne la lâchent plus et elle compte aujourd’hui parmi ses fidèles Singer, Carola, Gross ou Kryss et bien sûr l’école l’ORT.

Auréa a pu s’exercer et élargir ses techniques lors de plusieurs stages chez des artisanes d’excellence telles que la couturière spécialisée en robes de mariées Carole Birling, la cré atrice Adeline Ziliox et la corseti ère Claire Brandin. En 2023, un nouveau défilé inspiré de l’élégance à la fran çaise se montre dans les jolis jardins de l’Orangerie à Strasbourg. Repérée par les organisateurs de la Fashion Week de Brooklyn à New York, elle s ’envole outre-Atlantique en avril 2024 pour présenter une collection nommée Démesure. Elle garde malgré tout la tête froide et transforme chacune de ses expériences en matériau de création. Déterminée, elle obtient son baccalauréat et fait une classe préparatoire à l’Institut français de la mode de Paris et un stage chez le styliste alsacien Victor Weinsanto.

ÉLÉ GANTE MATURIT É Toute en contrastes, Auréa choisit de revenir à Strasbourg afin de se former à l’ORT via le DN MADE Mode et Textiles où elle ajuste ses connaissances en arts plastiques, dessin, philosophie de la mode, techniques de couture, modélisme, expérimentation textile, création de collection ainsi qu’en droit et management. L’ORT lui offre un accompagnement bienveillant et porteur qui lui permet de s’envoler durant quinze jours pour New York ou de participer à un échange scolaire de trois mois avec le DN MADE de Tahiti. Elle y découvre les techniques traditionnelles telles que le tissage ou le tressage de matières naturelles.

Fille de son époque, Auréa porte une grande attention à la réutilisation des tissus, aux labels écologiques, au recyclage des matériaux ainsi qu’à la préservation des méthodes traditionnelles. Aucun doute que son désir pétillant, ses belles valeurs et son sens inné du contact la porteront sur tous les chemins qu’elle choisit d’emprunter, le hasard faisant le reste. Elle pré pare d ’ailleurs, pour juillet 2026, une exposition temporaire au Musée textile de Wesserling qui a sélectionné quelques tenues de son cinquième et élégant défilé Réflexion présenté dans la cour de l’hôtel des Haras en juillet 2025. Ces morceaux choisis seront accompagnés de textes revenant sur la dé marche créative de l’artiste avec comme fil rouge le voyage intérieur, ses reflets inté riorisés et l’infini recommencement. U ne d émarche qui brille par son élé gante maturité et sa sobriété maîtrisée.

MODE D’EMPLOI

Les parcours Mode et Éditorial du lycée ORT de Strasbourg, sanctionnés par un Diplôme national des métiers d’art et du design (DN MADE), sont uniques en France. Divisé en deux filières : Mode et Édition / Mode et Textiles, ce diplôme vise autant la maîtrise d’un savoir-faire technique que l’acquisition d’un savoir-être réflexif et autonome dans les métiers de la mode.

ORT

14 rue Sellé nick, Strasbourg ort-france.fr/strasbourg

Loin du glamour, il faut faire un petit détour par l’Histoire pour envisager la réalité de l’actuel lycée ORT. Le bâtiment, construit en 1926 sous la commande de Laure Weil et Fanny Schwab sur un terrain offert par la municipalité, a alors vocation à accueillir des jeunes filles issues de milieux défavorisés ou réfugiées des pogroms de l’Est ainsi que de jeunes Allemandes fuyant les nazis. Le récit s’assombrit lorsque le lieu est réquisitionné pour devenir le siège de la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale Au lendemain de l’armistice de 1945, Laure Weil et Fanny Schwab réintègrent les lieux et réparent les dégâts, le Home peut à nouveau accueillir des jeunes filles dès novembre 1946. Dans les années 80, le bâtiment s’est dégradé et le nombre de pensionnaires a sensiblement baissé, amenant le Home à louer ses locaux à l’ORT (Organisation, Reconstruction, Travail) qui, pour un loyer symbolique, s’engage à prendre en charge les travaux. Si l’ORT est chargé de la gestion des locaux, le Comité du Home Laure Weil poursuit alors son rôle social auprès des résidentes.

ORGANISATION Orienté jadis vers les métiers de la couture et celui de tapissier, le lycée a aussi accueilli la Corporation des tailleurs et couturières d’Alsace qui dispensait des cours du soir de perfectionnement. Aujourd’hui, sur les bases de ses traditions, l’ORT continue à se réinventer. Pour preuve ce DN MADE unique en France. Validé à partir de l’ancien BTS Mode, ce diplôme national excelle dans une pédagogie orientée projet, individuel ou en groupe, qui se place au centre des enseignements. Les ateliers de création, véritables classes préparatoires à la pratique professionnelle, s’inscrivent dans un double objectif de préparation aux univers du travail en France et dans le monde anglo-saxon ou d’une poursuite d’études en master, DSAA ou DNSEP.

RECONSTRUCTION Le Parcours Mode et Textiles met l’accent sur l’exploration des propriétés sensorielles, techniques et innovantes des matériaux qui

comprend la recherche, la création technique, la manipulation, le patronage et le montage. Le Parcours Mode et Éditorial fait le lien entre la culture de la mode, sa production graphique et la communication visuelle en abordant les outils fondamentaux de la construction d’une image et en développant une pratique expérimentale propice à la réflexion sur l’iconographie et sa sémantique.

TRAVAIL Audrey Hueber, responsable de la filière de 2008 à 2022, a beaucoup œuvré pour permettre la transformation de l’ancien BTS en DN MADE, avec son système de notation ABCD et son mode d’enseignement propre aux écoles d’art, une démarche relativement empirique et quelque peu révolutionnaire dans un lycée privé. Une toute nouvelle pédagogie a pu se mettre peu à peu en place autour du DN MADE, portée par l’ambition d’en faire un diplôme bac +3 reconnu à l’échelle européenne et aligné sur un diplôme d’école d’art, tout en consolidant un partenariat avec l’Université. Aujourd’hui, Audrey Hueber continue à enseigner les matières qui lui sont chères et passe prochainement de l’autre côté du miroir en lançant sa propre marque de maroquinerie artisanale. Le lycée ORT demeurant un work in progress bénéfique à tous les futurs créateurs de demain.

L’ART ET LA MATIÈRE

Visiter les ateliers de l’option ArtObjet de la Haute École des arts du Rhin (HEAR), c’est un peu comme redonner du sens au cycle tout entier de la vie ; de la terre au soleil, sous l’action de la main, les ateliers Verre, Métal, Terre-Céramique, Bois, Bijou et Livre s’inscrivent dans une boucle vertueuse et infinie. Un travail des matières qui s’écrit dans un pur et parfait respect du vivant.

En réaffirmant son engagement pour une formation artistique exigeante, ouverte et critique, en phase avec les enjeux contemporains, la HEAR, é cole sup érieure sous tutelle pédagogique du ministère de la Culture associée à l’Université de Strasbourg, promeut un modè le original d ’enseignements artistiques favorisant la porosité et la synergie des arts. Elle regroupe, depuis 2012, sur deux villes, Strasbourg et Mulhouse, et trois sites, près de 750 étudiants et 190 enseignants. Tout au long de son histoire, l’école a fait des choix pédagogiques et elle oriente aujourd’hui ses priorités vers les transitions, l’attention aux vulné rabilit és et aux questions sociétales afin de former au mieux les artistes et designers de demain.

Sur le site de Strasbourg, au 1 rue de l’Acad émie, le bâtiment classé de l’ancienne École sup érieure des arts décoratifs, inauguré en 1892, abrite quelques-uns des plus anciens ateliers de l’établissement. L’option Art-Objet, née d’une tradition où la matérialité et le geste artisanal occupaient une place centrale dans le processus créatif, forme aujourd’hui des artistes singuliers à travers la pratique expérimentale de diff érents médiums qui se déclinent en six ateliers spécialement équipé s.

TERRE, BOIS, MÉTAL : LE CŒUR DU SUJET L’entrée en matière se fait dans le cœur palpitant des ateliers Art-Objet. Direction le sous-sol où Vincent Chevillon et Lucille Uhlrich me conduisent vers une salle aux airs de petit atelier de Vulcain. Plusieurs fours sont maintenus en activité et chauffent l’atmosph ère pour attendrir ou cuire les matières aux aspects indomptables qui sont ici objets de transformations stupéfiantes.

Responsable de l’atelier Terre-C éramique depuis octobre 2024, Lucille Uhlrich évoque son travail de céramique et d’assemblage qui mêle références antiques, modernes et contemporaines. « La mention Art-Objet s’inscrit dans la continuité de l’origine des arts décoratifs qui est liée aux savoir-faire et à leur caractère appliqué, mais nos questionnements esthétiques sont ouverts aux enjeux contemporains, c’est à dire plus ou moins conceptuels, plus ou moins liés à l’exp érimentation et aux propriétés de la matière. Sophie Irwin, qui est assistante de l’atelier, complète mon enseignement par son excellence technique. De mon côté, je propose également un cours transversal, hors de l’atelier, qui questionne la notion d’influence dans l’art : qu ’il s’agisse de modes, d’écoles, d’amour, d’amitié ou de rivalité, les artistes créent sous l’influence d’un précédent artistique – une œuvre, une époque, un style, etc. Ces influences occasionnent des histoires drôles et terribles qui ont la faveur de révéler qu’un artiste ne crée jamais seul, mais qu’il dialogue, de manière imaginaire ou réelle, avec ceux qui restent dans sa tête. Pour moi, ce cours a pour but de créer de la curiosité et du commun »

Chaque atelier de l’option Art-Objet est composé d’un PEA (Professeur Enseignant d’Art) et d’un AEA (Assistant Enseignant d’Art). Dans une même attention au collectif et aux matériaux, Vincent Chevillon, responsable des ateliers Bois et Métal, précise : « L’option va se teinter et se transformer sous l’influence des personnes qui y évoluent. Pour ma part, je suis tout nouveau dans l’option . Si mes recherches convoquent des savoirs hérités de l’artisanat, je suis avant tout sculpteur. L’option Art-Objet est singulière, ce qui fait sa force et son caractè re in édit et unique en France, c’est l’héritage des enseignements, des espaces, l’inscription très forte dans un territoire et la présence exceptionnelle d’outils et de savoir-faire autour des matières. Ce que j’observe, c ’est que, si traditionnellement on y travaille le bois, aujourd’hui, on y interroge aussi l’arbre, les insectes, les racines. Ceci est lié à un certain nombre de questionnements contemporains et à l’apparition de nouveaux objets et outils qui étaient auparavant a priori é trangers à l’atelier. »

BIJOU ET LIVRE : LUXE ET VOLUPTÉ Il faut gravir quelques marches pour accéder aux étages supérieurs et pénétrer dans les ateliers baignés d’une lumière pâle de novembre filtrée par les immenses fenêtres des salles dédié es. L’atelier Bijou, dirigé par Sophie Hanagarth et Florence Lehmann, est un écrin de mondes engloutis et de contemporanéité. « Un atelier Bijou dans une é cole d ’art, c’est très particulier ! Celui-ci a été le seul et unique en France jusqu’en 2004. Le directeur des Beaux-Arts

de Limoges a créé un atelier suite à un passage ici. Ce sont les deux seuls ateliers Bijou en France tandis qu’on en trouve facilement en Europe. Présent à l’origine de la fondation de l’école durant la période allemande, c’est initialement un atelier d’orf èvrerie . Il demeure lié au bijou bien qu’il déborde sur les multiples et complexes questions de l’objet en lien avec le corps, support d’exp érience qui va au-delà de l’objet décoratif. Ici se pose la question du bijou comme signe distinctif, objet de croyance, d’appartenance, de gestuelle… mais aussi comme ornement. »

Travailler le bijou soulève nombre de questions anthropologiques, par le support et également par l’outil ; qualité du métal, forge, frappe, dinanderie émaillage, ciselage, construction, soudure, association au textile, au cheveu, au bois, au verre, sont autant de gestes et de pratiques qui engagent le créateur. « À la HEAR, on peut accéder à la céramique, au verre, au papier… En Art-Objet, nous travaillons avec la même pédagogie et en transversalité, cela ouvre à la richesse des pratiques et au regard critique. Je travaille dans les traditions du métal à la recherche d’expression plastique radicale, tandis que ma collègue Florence Lehman n développe un travail

prospectif de définition du bijou, le plus souvent à partir de résine ou de différents plastiques de couleur revalorisés, associés ou non à du métal. Notre assistante, Manon Pourcher, est diplômée de l’école et interroge quant à elle une vision animiste du bijou. Des questionnements en lien avec l’engagement du corps dans la nature, le paysage, le vivant ; des questions fondamentalement contemporaines. » Historiquement ancrée dans une approche qui valorise le savoir-faire et l’exp érimentation des matériaux, l’option Art-Objet perpétue une relation intime entre l’artiste et la matiè re, h éritée des ateliers d’art et des écoles d’art appliqué du xx e siècle. Aujourd’hui, cette relation s’est modernisée sans perdre son essence. En poussant la porte juste en face, l’atelier Livre, dirigé par Ju-Young Kim , responsable, et Rémi Levaufre, assistant, offre un contraste paisible et le silence propre à la lecture. Seuls quelques coups de massicot viennent nous sortir de la rêverie de l’intime pour nous rappeler la superbe maté rialité de cet objet céleste. « L’atelier Livre a été créé dans les années 1920 et formait des relieurs. Nous étions alors dans la pure tradition des métiers d’art. L’école préparait aux brevets de compagnon et de maîtrise. La direction artistique est arrivée beaucoup plus tard avec une vision trè s acad émique. Dans les années 1990, l’option Art-Objet a été créée avec la transformation de l’atelier en section Livre. La tradition bibliophile et classique a peu à peu cédé sa place à la dimension du livre d’artiste. Ce glissement de la tradition sur bien des niveaux a pris du temps. Quand je suis arrivée en 2000, comme étudiante, il y avait encore peu de femmes enseignantes et des

Historiquement ancrée dans une approche qui valorise le savoir-faire

et l’expérimentation

des matériaux, l’option Art-Objet perpétue une relation intime entre l’artiste et la matière

coutumes bien ancrées. Tout cela a beaucoup changé ces dernières années. L’atelier Livre amène ses étudiants résidants à explorer le livre dans ses dimensions conceptuelles et matérielles, ses divers statuts et supports, à interroger son histoire, ses développements et évolutions jusqu’aux expérimentations les plus actuelles. Unique en France, il confronte savoirs et savoir-faire traditionnels aux enjeux de la création contemporaine, il envisage le livre comme médium d’expression artistique à part entière, avec ses spécificités, son histoire, ses théoriciens et critiques, ses lieux et circuits de diffusion, galeries, librairies, ses centres d’art et institutions spécialisées, son public et ses collectionneurs. »

VERRE ROYAL Matériaux vivants, organiques ou recyclés, techniques ancestrales et technologies contemporaines créent ainsi un dialogue entre tradition et innovation. La main et le geste restent au cœur de cette pratique, non seulement comme outils de fabrication, mais aussi comme vecteurs d’une pensée en acte. Le matériau n’est plus simplement un support ; il devient un partenaire actif dans l’élaboration de la réflexion artistique, où chaque manipulation, chaque erreur ou découverte tactile devient une étape essentielle dans la construction de l’œuvre. Retour au soussol pour une démonstration fascinante et dynamique autour des possibilités et de la grande technicité du

verre. Rencontrer Yeun-Kyung Kim, responsable de l’atelier, revient à s’immerger dans une formule quasi alchimique avec ce que le matériau a à nous dire. Il fait chaud, tout bouge en permanence et passe d’un état à un autre en temps réel : « Le verre m’a questionné comme sculpteur, le matériau me résistait, j’ai voulu en savoir plus. Le verre a des visages multiples, il a l’air transparent et fragile et il est aussi tout le contraire. Le verre est ambigu et paradoxal, unique pour questionner notre rapport au monde contemporain. Ici, l’étudiant décortique le caractère du verre pour pénétrer dans son travail d’artiste. Il devient ensuite autonome avec la matière. L’atelier est unique en France, c’est un espace précieux. Il y a le travail à la cire perdue avec la pâte de verre, le moulage, le soufflage, la sérigraphie, la grisaille, le thermoformage, le filigrane… Le travail d’Antoine Brodin, assistant de l’atelier, est aux frontières de l’artisanat et de l’art contemporain. Il joue, avec une grande maitrise technique, avec les états solide et liquide inhérents au matériau verre, il s’est formé chez des verriers de renoms à Venise et à Tokyo et il est maître dans l’art du souffleur. On développe aussi des partenariats, on a fait des workshops

HAUTE ÉCOLE

DES ARTS DU RHIN  Une école, six lieux de création

—1 rue de l’Académie, Strasbourg (Art, Art-Objet, Design Réhabitant, Didactique visuelle, Illustration…)

—3 quai des Pêcheurs, Mulhouse

—La Chaufferie 5 rue de la Manufacture des tabacs, Strasbourg

—Bibliothèque de la Manufacture 11 cour des Cigarières, Strasbourg

—Manufacture des tabacs 2 rue de la Manufacture des tabacs, Strasbourg

—Cité de la musique et de la danse 1 place Dauphine, Strasbourg

hear.fr

avec Lalique et Meisenthal et, pour la première fois cette année, avec les cristalleries Saint-Louis. Cela nous permet d’interroger les situations traditionnelles, de déconstruire les systémies et aussi d’utiliser leurs outils, de taille par exemple. Saint-Louis et Saint-Gobain nous fournissent en matière première et nous leur devons beaucoup pour notre pérennité. »

L’atelier Verre est un cadre unique en France, il n’est ouvert qu’à onze étudiants et pousse le langage de la matière dans ses propres retranchements expérimentaux : recyclage, mousse de verre, dialogue avec d’autres densités…

Les approches sensorielles et expérimentales des ateliers Art-Objet reflètent une philosophie où la création est indissociable de l’engagement physique et intellectuel avec la matière, un lieu où le geste et le matériau vivant redéfinissent sans cesse les frontières de l’art contemporain. Ainsi, la HEAR réaffirme sa place singulière parmi les écoles d’art en France et en Europe tout en assumant son ancrage territorial.

RUBIS SUR L’ONGLE

Après la HEAR, que deviennent les diplômés ? C’est au cœur de Strasbourg, chez Neu Scab, que Malia, ex-étudiante, a ancré son univers. Son atelier, MOZE, décoré avec soin, respire l’amour et la passion pour un art audacieux et inspirant… jusqu’au bout des doigts.

L’histoire de Malia – pseudo artistique : Malia Terra Alba –, réunionnaise d’origine, d ébute bien avant les études d’art. Les mercredis de son enfance, passés à se déguiser et se maquiller avec ses cousines dans la costumerie de sa grand-mère professeure de théâtre, ont semé les graines de sa créativité. Avec une mère maquettiste, un père artisan et une arrière-grandmère couturière, l’art était une affaire de famille. « Tout ce que je fais aujourd’hui est un mix de ce que j’ai expé rimenté avec elles et eux », confie-t-elle.

Griffe féministe À la HEAR, Malia a d éveloppé une pratique artistique mêlant photographie, écriture, édition et performance. Au centre de son discours : les questions féministes et une démarche intersectionnelle. Elle aime créer des « objets narratifs » qui célèbrent des « personnalités hyperféminines aux histoires singulières et sensibles ». Son projet de fin d’études illustre cette quête : un conte de fées autobiographique sur son alter ego bimbo, ancré dans ses origines réunionnaises. Un sujet qui aborde des problématiques de genre, de race et de classe, qui démontre comment l’hyperféminité peut être « un outil de lutte et de résistance contre les injonctions patriarcales », en dé-stigmatisant celles qui refusent d’ê tre discrètes. L’art, pour Malia, est un

Chez Neu Scab

« regard critique », une invitation à se questionner. C’est en explorant l’hyperféminité que les ongles deviennent pour elle une passion. En expérimentant avec son alter ego bimbo et des autoportraits, elle imagine des faux ongles extravagants. « J’adore l’attitude que ça donne et la puissance que ç a d égage d’avoir comme des bijoux au bout des doigts », explique-t-elle. Aujourd’hui, Malia combine nail art, photo et édition en concevant des projets complets

18 quai des Pêcheurs, Strasbourg @mozenailzzz

où ses médiums « dialoguent » pour créer une narration. Elle intervient aussi dans des projets de mode, imaginant des faux ongles pour des collections, souvent avec ses amies Romane et Lilia du collectif Bitchass Agressives. Son message : « On mérite tous et toutes de se sentir briller. » Son processus artistique est collaboratif, puisant dans les inspirations variées de ses clientes et clients (films, musiques, mode) pour des créations uniques.

Moze NailArt

Se lancer dans l’entrepreneuriat après ses études fut une évidence dictée par le destin. L’annonce du concept store Neu Scab – où elle s’installera –le jour mê me o ù elle quittait l’é cole, a été perçue comme un signe. La rencontre avec Juliette et Axel, à l’origine du lieu, fut décisive. Les débuts, notamment administratifs, ont été facilités par le soutien du conseiller juridique de la HEAR et l’appui psychologique et financier de son entourage. Si certains s’interrogent encore sur son « vrai métier », Malia défend la légitimité de l’art et de l’esth étique. Le nom MOZE, pour sa boutique, n’a pas été choisi au hasard. C’est son deuxième prénom, un hommage vibrant à son arri ère-grand-mère. MOZE est un point de convergence pour ces influences familiales, ancrant l’identité de sa boutique dans une histoire personnelle riche.

Une artiste primée

La sc ène artistique strasbourgeoise est une source d’inspiration constante pour elle. Des lieux comme le CEAAC et le Phare Citadelle, avec leur ambiance unique et leurs événements dynamiques, nourrissent sa créativité. Cette immersion dans le milieu artistique local a porté ses fruits : lauréate 2025 du Prix d’Art de la Ville de Strasbourg, elle a bénéfici é d’un financement qui l’a aid ée à acquérir le maté riel n écessaire au lancement de son activité. Aux jeunes artistes, elle conseille de ne pas hésiter à suivre leurs centres d'intérêt, même si les débouchés sont moins évidents, et de changer de cursus si nécessaire : « Ça ne sera jamais une perte de temps » Sur l’entrepreneuriat, elle cite une de ses professeures : « Si les structures existantes ne nous correspondent pas, il ne faut pas hé siter à en créer de nouvelles » Malia aspire, simplement, à « vivre de ce qu’elle aime ». ( H. O.)

Photo phi –Séverine Voegeli
Photos Pascal Bastien

AUX PORTES

DU SAVOIR-FAIRE

À Eschau, le centre de formation

Bernard-Stalter prépare chaque année près d’un millier de jeunes aux métiers de l’artisanat. En compagnie de sa directrice et ses enseignants, itinéraire au cœur d’un lieu dédié à la transmission.

Ici, le bruit des outils se mêle aux parfums de sciure, de cacao et de pain fraîchement sorti du four. Bijouterie-joaillerie, ébénisterie, menuiserie, boulangerie- pâtisserie, fact ure d’orgues, art floral , proth èse dentaire, boucherie- charcuterie-traiteur et métiers de la coiffure composent les neuf pôles du centre de formation Bernard-Stalter. Cr éée en 1979 et géré par la Chambre de Métiers d’Alsace, cette véritable ruche du savoir-faire forme les artisans de demain par la voie de l’apprentissage depuis plus de quarante ans.

Car le métier s’acquiert d’abord par le geste, « nos apprentis sont salariés : ils passent une partie de leur temps seulement au CFA, le reste se fait en entreprise, explique la directrice du centre, Anne Keller.  C ’est donc au contact du terrain qu ’ils deviennent des professionnels. » Le principe est simple : l’entreprise recrute le jeune, signe avec lui un contrat d’apprentissage et le CFA se charge de la formation technique et générale – des maths et du français à la prévention santé, en passant par la technologie ou le dessin professionnel. « Nous les préparons à l ’examen selon la filière et le métier. Ici, plus d ’une trentaine de diplômes sont enseignés par l ’apprentissage et l ’alternance, des CAP, bac pro et brevet technique des métiers, jusqu ’au brevet de maîtrise qui est l’équivalent d ’un BTS. » Parmi les élèves, la plupart sont des apprentis âgés de 15 à 22 ans, l’apprentissage étant réservé aux jeunes sortant de 3e et au-delà. « Mais nous proposons d ’autres modalités pour les adultes en reconversion ou des contrats de professionnalisation, voire des contrats à titre individuel », nuance la directrice.

« On prend le temps avec chaque jeune de peaufiner le geste. C’est un devoir de transmission. Ils sont l’avenir de notre métier »
JEAN-BAPTISTE

PREISS, RESPONSABLE DU PÔLE BIJOUTERIE-JOAILLERIE

14 000 m 2 pour l’apprentissage

Au CFA Bernard-Stalter, bien qu’intimement réunis au sein d’un mê me b âtiment de 14 000 m 2 , chacun des pôles cultive sa spé cificit é. À l’é tage, dans l’atelier de bijouterie-joaillerie, on apprend le sertissage et le polissage mais aussi le dessin gouaché ou l’histoire de l’art. « On prend le temps avec chaque jeune de peaufiner le geste. C ’est un devoir de transmission. Ils sont l ’avenir de notre métier », confie Jean-Baptiste Preiss, responsable du pôle, fort de trente ans d’exp érience en tant que professionnel. « Notre vocation est d ’abord de les amener à l ’examen, mais aussi de les faire grandir humainement », assure encore l’enseignant.

La visite se poursuit au rez-dechaussée, où le parfum du bois emplit l’atmosphère de l’atelier. Là, de futurs ébénistes et menuisiers conçoivent meubles et agencements de magasins. « Les débouchés sont excellents : nous disposons d ’un beau maillage d ’entreprises en Alsace. Elles recrutent et les salaires augmentent. Les jeunes l ’ont bien compris et le métier redevient attractif », souligne Julien Schnee, professeur d’ébénisterie au sein du pôle où plus de 150 apprentis peaufinent leur pratique en apprenant en parallèle le dessin technique ou le maniement de machines à commandes numériques. Autre discipline surprenante mais cousine dans la précision du geste : la prothèse dentaire. « Nos proth ésistes utilisent les mêmes techniques de coulée, de polissage ou de modelage que les bijoutiers », explique PierreAntoine, enseignant du pôle, avant que plus loin une nouvelle porte nous conduise vers un autre univers professionnel.

Cœur historique du CFA, le secteur alimentaire concentre à lui seul près de la moitié des effectifs : boulangerie, pâtisserie, chocolaterie, mais aussi boucherie et charcuterie traiteur. Les apprentis y produisent chaque jour pains, entremets et charcuteries fines dans des laboratoires aux normes européennes dotés de machines dernier cri. Côté production, rien ne se perd : les produits sont revendus à prix coûtant en interne ou donnés à des associations et le chocolat est refondu pour servir à d’autres réalisations. À l’ instar d ’ailleurs de ce qui se passe au sein du pô le art floral o ù ce jour-là, le petit groupe placé sous la responsabilité de Jonathan Bailly réalise couronnes de l’Avent et pièces de deuil. « Nous partons de matières premières que l ’on retravaille pour éviter le gaspillage. Les couronnes d ’automne sont à base de végétaux séchés ou de glane. » Parmi les formateurs du CFA, le fleuriste en activité à Barr fait office d’exception : la plupart des enseignants ayant rendu leur tablier avant d’entamer une carrière dans la transmission de leur savoir.

CMA Formation Bernard-Stalter 21 rue des Fusiliers-Marins, Eschau eschau-formation.alsace

Un tremplin pour l’avenir

Outre un confortable taux d’obtention des diplômes de 84 %, l’apprentissage favorise également une insertion rapide : « En moyenne, 72 % de nos apprentis trouvent un emploi dès la fin de leur formation. Et souvent dans l ’entreprise qui les a formés », souligne Anne Keller. Un chiffre qui témoigne de l’efficacité de ces formations, d’où l’on sort « complètement opérationnel » selon les enseignants. Ici, chacun veille à ce que les élèves trouvent leur voie. D’ailleurs, les enseignants parlent avec fierté de leurs protégés médaillés aux concours WorldSkills, dont le CFA est centre d’excellence international. Cette année, à Marseille, le pôle boulangerie a glané deux médailles : une en or pour Yohann Segaux en parcours Abilympics, une première, et une autre en bronze pour Corentin Klein, déjà de retour à l’étude pour disposer ses réalisations du jour sur le plan de travail en attendant le verdict de son professeur. Des présentations jugées essentielles pour « apprendre à valoriser son travail, car le client achète d ’abord avec les yeux ».

Fort de quelque 500 nouveaux apprenants chaque année, le CFA Bernard- Stalter s’impose comme un acteur clé de la transmission des métiers dans le Bas-Rhin, et même au-delà dans toute l’Alsace. Dans une région où l’apprentissage est une tradition bien ancrée, le centre d’Eschau perpétue un héritage fait de rigueur, de passion et de précision dans le geste. « Chaque matin, o n part de quelques ingrédients et, le soir, on a un travail fini entre les mains. C’est une école de la fierté ! » Et une mission : faire en sorte que beauté et savoir-faire continuent de se transmettre. De génération en génération. (J. M.)

L’artisanat au service de l’engagement

social

Acteur alsacien de l’hébergement solidaire : rénover localement, accompagner humainement.

SERVICE COMPRIS

À Illkirch, le CEFPPA Adrien-Zeller

forme depuis bientôt 40 ans les professionnels de l’hôtellerierestauration à un degré d’excellence reconnu très au-delà des frontières régionales. À compter de la rentrée 2026, l’établissement s’apprête à ajouter un nouveau chapitre passionnant à sa déjà longue histoire.

CEFPPA Adrien-Zeller 4 rue Eugénie-Brazier Illkirch-Graffenstaden cefppa.eu

Au commencement vint l’idé e. S’appuyant sur la loi de 1988 qui pose les bases de l’alternance moderne, les professionnels du secteur de l’hôtellerie et de la restauration du Bas-Rhin s’allient avec la Chambre de commerce et d’industrie, la région Alsace d’alors et l’Éducation nationale pour créer le CEFPPA Adrien-Zeller en 1989. Leur ambition est claire : faire face aux besoins croissants du secteur, avec pour objectif de transformer des jeunes motivés de 16 à 25 ans en professionnels accomplis, en combinant formation th éorique à l’école et expérience pratique en entreprise.

Dès le départ, le CEFPPA se distingue aussi par ses formations pour adultes : qu ’ils soient en reconversion ou professionnels désirant perfectionner leur technique. « Nous sommes connus pour nos stages courts à forte valeur ajoutée », assure Sébastien Malgras, directeur général en poste depuis 2019. « À l’époque, nous accueillions environ 500 jeunes… Aujourd’hui, nous en avons près de 800, avec notamment un fort développement des BTS », détaille encore le responsable du CEFPPA. Du niveau CAP au BTS, en passant par les brevets professionnels et les bacs pro, le CEFPPA propose une carte exhaustive de 15 formations diplômantes en alternance dans les domaines de l’hôtellerie-restauration, avec de nombreuses options (management, hébergement, sommellerie, bar, etc.)

Avec Ferrandi, l’excellence en ligne de mire

À nouvelle réforme, nouvelle ambition. Depuis 2020, s’appuyant sur la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », le CEFPPA est engagé dans un projet de 25 millions d’euros soutenu par la Ré gion Grand Est, l ’Eurométropole et la Collectivité européenne d’Alsace destiné à doubler la surface de son campus. À terme, pas moins de 4 000 m2 de plateaux techniques, 6 laboratoires de cuisine et de pâtisserie, un amphithéâtre de 80 places et une salle de mixologie et de sommellerie, mais aussi deux restaurants, dont un restaurant d’application ouvert au public, et une offre hôtelière de cinq chambres qui permettront aux élèves de poursuivre leur formation face à de véritables clients.

Pour assoir et renforcer son rayonnement, le CEFPPA s’est associé à Ferrandi Paris, prestigieuse é cole d ’hôtellerie-restauration afin d’offrir, à partir de la rentrée 2026, deux bachelors de niveau bac +3 en arts culinaires et entrepreneuriat ainsi qu’en management hôtelier et restauration à ses élèves en quête de poursuite d’études supérieures. « S’associer avec Ferrandi Paris, c’est garantir aux étudiants un haut niveau d’accompagnement pédagogique. Le plus de Ferrandi Paris réside aussi dans la reconnaissance de ses diplômes du supérieur par la Conférence des grandes écoles », rappelle Sébastien Malgras qui n’exclue pas d’accueillir des masters dans un avenir proche. « Nous avons toujours travaillé l’excellence », poursuit le directeur, rappelant les nombreuses participations de l’école aux concours prestigieux de la profession. Avec notamment les victoires au Troph ée Mille en service et sommellerie en 2024 ainsi que la récompense aux WorldSkills France en hébergement remportée cette année par Juliette Kop, sacrée médaille d’or lors de la 48 e compétition nationale des métiers.

Partenariats ambitieux et débouché s garantis

L’autre marqueur fort du CEFPPA, c’est son taux d’embauche très élevé. Preuve, s’il en fallait, des compétences techniques de ses élèves mais aussi de leur maturité professionnelle, forg ée à travers leur présence en entreprise tout au long du parcours d’apprentissage. Pour parvenir à ses fins, le centre de formation a toujours su s’appuyer sur une communauté d’experts : chefs étoilés, ma îtres artisans et professionnels reconnus dans leur domaine, afin de faire du centre d’alternance une pépinière de talents dont on retrouve aujourd’hui les anciens élèves partout dans le monde, à des postes parfois prestigieux.

Cette communauté, Sébastien Malgras et François Golla, président du CEFPPA, souhaiteraient désormais lui donner corps sous la forme d’une association des anciens.

« S’associer avec Ferrandi Paris, c’est garantir aux étudiants un haut niveau d’accompagnement pédagogique »
SÉBASTIEN MALGRAS, DIRECTEUR GÉNÉRAL

Profond ément ancré en Alsace, creuset de talents et tourné vers l’international ; fidèle à l’apprentissage et modernisé par des infrastructures de pointe et des partenariats ambitieux, ainsi apparaît le CEFPPA Adrien-Zeller. Pour les jeunes qui rêvent d’une carrière dans l’hôtellerie ou la restauration, c’est une passerelle vers la réussite. Et pour les plus ambitieux, la promesse de tenir haut le rang de la gastronomie et de l’excellence à la fran çaise. (J. M.)

R IR F

Strasbourg, terre d’illustration, de dessins, d’édition…

Sélection de sorties récentes sous forme de portfolio.

L’imagier

UNE HISTOIRE DE RIEN DU TOUT (1)

Toujours chics, les individus de Marie Dorléans ont la semblance des personnages de Tati. Son dernier ouvrage décrit une vie moderne façon Playtime, immod érément saturée. Ses planches dé bordent. Pleines « à craquer », elles sont submergées d’objets, parfois volants et non identifiés. Dans cet univers de l’amoncèlement, un inventeur parvient à créer une pompe à vide… Ça fait du bien car le Rien n’est pas vain. Une histoire de rien du tout de Marie Dorléans éditions Seuil jeunesse seuiljeunesse.com

(1)

LOOK AT JAZZ (2)

Le célébrissime label Blue Note est exemplaire dans le soin porté à son image, faisant résonner musique et graphisme, mélodie et infographie. Tout comme le studio Helmo qui, depuis un quart de siècle, signe

l’ identit é visuelle de Jazzdor. Une fidélité artistique dont témoigne Look at jazz, invitation à admirer les partitions avec les yeux. 80 pages pour une sélection qui donnent le tempo. Le sacre du tympan et de la typo en un beau livre réalisé par le duo. Look at jazz de Helmo, éditions B42 editions-b42.com

LUMIÈRES SUR LE VIVANT (3)

Nils Frahm. Piers Faccini. Nick Cave. PJ Harvey. Timber Timbre. La BO proposée par le natif de la nature vosgienne est habitée, quasi religieuse. Le photographe Vincent Munier propose une contemplation de la faune « profonde », pleine d’« humilité », à l’occasion de la réouverture du Musée zoologique, instaurant un fécond dialogue entre ses images et une sélection d’œuvres du musée des Beaux-Arts. Un ara péruvien faisant de l’œil au perroquet sur fond d’or de Jean-Baptiste Oudry, le congrès claustrophobique d’oiseaux d’un anonyme fran çais du xvii e siè cle – une de mes toiles favorites du musée depuis toujours –converse avec une grue du Japon, un macareux huppé ou un albatros fuligineux. « Être ici, dehors, c’est être vivant. » Lumières sur le vivant de Vincent Munier éditions des Musées de Strasbourg

EXPOSITION ÉPONYME jusqu’au 27.04.26 au musée des Beaux-Arts

strasbourg.eu

(2) (3)

IDEE – 20 ANS D’ÉCHANGES ET DE DESIGN

(1)

Depuis deux décennies, IDeE initie des collabs entre design et artisanat. L’engagement du collectif (Les Ateliers RTT, Sonia Verguet, Alix Videlier…) : « Une fabrication française et indépendante, en lien avec le territoire », comme avec le CIAV, ou la pâtisserie Goehry, par exemple. L’Atelier Contreforme a mis en page vingt années de boulot é colo et intello, humano-ancré et non urbano-centré. ideeboutique.company.site

SYNCHRONICITÉ

(2)

Improbable… On a du mal à croire à la véracité des images du serial photographer tant « personnages » – badauds, individus assis aux terrasses de cafés… – et « décors » – trottoirs, rues, murs placardés d’affiches… – sont accordés : couleurs se répondant, lignes géométriques faisant écho, burlesque des situations… Pas de mise en scène, ici, jure Fabrice Mercier, la main droite posée sur son livre retraçant quatre ans de « pérégrinations urbaines » à la recherche d’heureux hasards du quotidien, de ceux qui rendent le monde plus beau et la vie ludique.

SynchroniCité – Strasbourg 2021-2024 de Fabrice Mercier fabricemercier.com

IL SE PASSE DES CHOSES

(3)

Trois cent pages de haïkus visuels ! De son trait façon fil de fer, son style « volutes de cheveux magiques », son coup de crayon effet cordon élastique, Chauchat croque le quotidien dans ce qu’il a de plus « paranorbanal ». Il se passe des choses dans ce vertigineux saut dans le vide tout en courbes. Il se passe des choses (intégrale) de Guillaume Chauchat, éditions 2042 (ex-éditions 2024) editions2042.com

QUI VOIT LÀ ? (4)

Dans les bois, ça jacasse fort, ça jappe, ça brame, ça hulule… Après avoir rendu visite à la famille ours avec son Boucle d’Or, Caroline Gamon (ex-HEAR) poursuit sa confrontation entre espèces grâce à Qu i voit là ?

Chaque animal, représenté sous forme de masque peint, raconte et « montre » sa vision de l’« autre », forcément si étrange et « extraordinaire ». On voit – littéralement – à travers le regard du hérisson, de la limace, du blaireau ou de la grenouille…

Qui voit là ? de Caroline Gamon éditions Hélium helium-editions.fr

LA TRÈS VIEILLE

(5)

Les travaux de Céline Delabre sont autant de paysages vallonnés ou accidentés, traversés par des êtres qui, parfois, deviennent eux-mêmes des espaces à explorer. La peau ridée de La très vieille dame est une friche riche en récits. Son corps est creusé comme une planche de bois gravée. La femme âgée « regardait le soleil danser derrière ses paupiè res closes ». Pénombre, éclat du jour.

La très vieille de Céline Delabre éditions Esperluète esperluete.be

(4) (5)

IMC ? Un drôle (drone) de roman-photo orwellien de Claude Grétillat, un comics situationniste riche en additifs qui sent le graillon ultra-capitaliste, mais se dévore comme un aspic géant de boudin noir. On se prend une grosse paire de knacks !

IMC de Claude Grétillat éditions Presque Lune presquelune.com

BONJOUR BÉBÉ

(2)

Un format riquiqui (15x21 cm) pour un livre destiné à un jeune public (à partir de 1 an) qui sera surexcité comme une nuée de pucerons ! Marie Mirgaine déroule un chapelet de petits êtres filant découvrir un nouveau-né, minus divin enfant… bien plus grand qu’eux tous. Bonjour Bébé de Marie Mirgaine éditions Les Fourmis rouges editionslesfourmisrouges.com

LES OREILLES D’HARIETTE (3)

« Tûûûh ! Tûûûh ! Tûûûh ! », « Fuiii Fuiii Fuiii. » « Bim ! Bam ! Boum ! » « Tac Tac Tac. » Les onomatopées grondent mais Hariette n’entend rien, pas même les cris de Cécile la souris ! Ses grandes oreilles se sont fait la malle durant la nuit : la lapine et sa copine filent à leur recherche dans un IMC (1)

brouhaha devenu monde du silence… Crayonnée par Marion Puech, cette fable risque de booster la vente de boules de mousse auditives pour s’extraire du bruit permanent et de la fureur environnante. Les oreilles d’Hariette de Marion Puech, éditions Les Fourmis rouges editionslesfourmisrouges.com

PAVEL ET MOUSSE (4)

Il est huit heures du mat’ et l’air humide rafraîchit le museau de Pavel qui découvre un bébé dans les fougères. Pouss é par une tendresse inédite, il adopte la créature qui bientôt le dépasse : Mousse n’est pas un lapin, mais un panda que Pavel câline comme son propre enfant. On songe à l’histoire du Vilain Petit Canard ou à Kung Fu Panda tout au long de ce récit coloré et doux où Aurore Petit continue à interroger la parentalité sous tous ses angles.

Pavel et Mousse d’Aurore Petit éditions Les Fourmis rouges editionslesfourmisrouges.com

(1) (4)

La vie ne fait pas de cadeaux ?

Nous, si !

C’est

LE RYTHME DE LA TERRE (1)

Non, juré, je ne fais pas de focus sur Mathilde Rébillard uniquement car c’est ma voisine du dessus et pour faire pardonner mes tapages nocturnes et autres moments de sono poussée à fond… Diplômée de la HEAR (en verre) et d’un CAP tournage en céramique à Aubagne, elle façonne au tour des objets colorés en grès – qui parfois s’embo îtent – pour une existence ludique et pratique. « La notion de jeu est importante dans mon travail. L’idée de créer des objets qui accompagnent les gens dans leurs rituels journaliers me plaît beaucoup. À l’atelier, le

32 € / 35 € LES TASSES

26 € LES GOBELETS

90 € LE PICHET

cadeau

atelier. brochette@ gmail.com quotidien est rythmé par les processus de fabrication, les temps de séchage et de cuisson. La terre donne le rythme. C’est difficile d’être céramiste indépendante, mais mettre les mains dans la terre, tourner des objets, recycler et construire un répertoire de formes sont plutôt des choses ludiques et joyeuses. » Mathilde Rébillard 2 cour du Brochet, Strasbourg @mathreb

MATHILDE ENSEIGNE ÉGALEMENT LA CÉRAMIQUE

wecandoo.fr/ artisan/ strasbourgartisanceramistemathilde

(1) / Photos Mayssa Jaoudat

L’AVIS D’ADÈLE (2) (Dé)boutonné·e·s est un love shop qu’Adèle a lancé avec… sa maman. Vendre des sextoys et autres joujoux pour adultes en famille, est-ce bien raisonnable ? Adèle nous répond !

UN BUSINESS COQUIN AVEC SA MÈRE, C’EST COCASSE…

Eh bien déjà, il faut avoir une famille avec une certaine ouverture d’esprit et l’envie de monter un projet insolite !

QUELLES SONT LES CONDITIONS ? Ne pas être gênée par le sujet de la sexualité. Avec ma mère, parler de sexualité n’a jamais été tabou, qu ’ il s ’agisse des notions de plaisir, consentement, protection, communauté LGBTQIA+... Pas de NOS sexualités.

VOUS VOUS SUPPORTEZ DANS LE CADRE PROFESSIONNEL ?

Alors, ça, on en avait aucune idée au début, mais ça va faire cinq ans et ça se passe très bien ! Pour être honnête, on a un peu eu l’idée pendant un apé ro o ù on se disait que c’était chouette que la parole se libère autour de ce sujet et que de plus en plus de personnes souhaitent explorer leur sexualité...

IL

MANQUAIT

UN LIEU À STRASBOURG

? Après l’apé ro, c ’est parti en étude de marché, en préparation, et en 2020 la boutique est arrivée ! Alors oui, au début, parler de plug anal, de lubrifiant ou de matos BDSM avec sa mère, c’est un peu étrange, mais en vrai, au fil du temps, tu oublies presque le sujet. De là à dire que ça nous fait le même effet que si on vendait des carottes… Mais au fond ça reste un commerce et c’est ça qui est chouette. Parce que ce qui nous plait le plus c’est fouiner pour dégotter des produits cool et conseiller, accompagner la clientèle… (Dé)boutonné·e·s 5 rue du Marché, Strasbourg deboutonnees.com (2)

22,90 € LA BOUGIE BASSE TEMPÉRATURE INTENSITÉ 4 DES ATELIERS WÖLFLING

89,90 € LA LICORNE KRAPULLE

Le choix d’Adèle : deux produits d’artistes du Grand Est que (Dé)boutonné· e·s « adoooooore »

→ Les sextoys de Krapulle (David Gros-Jean) Des sextoys fabriqués à la main, avec un silicone d’une qualité incroyable. David conçoit ses produits, puis crée les moules en impression 3D avant de les couler individuellement. Il sort de plus en plus de modèles et on peut personnaliser ses couleurs. Un de ses produits était même au Louvre cette année !

→ Les bougies des Ateliers Wölfling (Missy) Missy fait plein de choses, mais nous avons en magasin ses bougies spécial BDSM. Ce sont des bougies de températures (et de formes) différentes qui permettent les jeux de cire. Le Wax Play, c’est le fait de faire couler de la cire sur le corps de quelqu’un : ça peut aller du picotement gentil... au bien moins gentil. C’est coloré, accessible, et ça plaît beaucoup !

LES 4 SAISONS

(1)

30 € LE COUPON

280 € LE PANIER EN OSIER

45 € LE BOL

La maison façon Primavera est « un lieu de vie chaleureux et un espace de ressourcement », selon Mathilde et Marine, à la fois collègues et belles-sœurs, « toutes deux conscientes de l’importance de transmettre un héritage artisanal ». Mathilde, DA et co-directrice, insiste sur la nécessité, dans un univers mondialisé, de défendre les savoir-faire traditionnels : « Je pense que les gens se rendent bien compte qu’il faut consommer autrement. Le vé ritable challenge, c ’est de “rééduquer” sur la question du prix et de la qualité, le reste suivra naturellement », affirme-t-elle, optimiste. Panier à légumes en osier blanc, tissu « Chant d’oiseaux » dessiné par Mathilde, tissé et imprimé dans les Vosges, ou bol en porcelaine orné d’un délicat mont vosgien, coulé et émaillé en Alsace : les créations de Maison Primavera « s’adaptent à tous les âges de la vie » et à chaque saison… La dernière collection, Origines (textile et vaisselle), rend hommage aux motifs traditionnels de la région. Maison Primavera (boutique en ligne) maisonprimavera.fr

MÉFIE-TOI DE TES RÊVES…

(2)

… car parfois, ils se réalisent de Bekir Aysan. Un si fol espoir d’Emmanuel Abela sur son rapport fort au Racing Club de Strasbourg. Lettres d’Alsace, déclarations d’amour de Philippe Lutz à sa ré gion. Tu gères la fougère du collègue Pascal Bastien. Les titres des livres édités par Médiapop sont autant de mantras de l’autosuggestion positive. Pas de méthode Coué, ni d’ouvrages dédiés au développement personnel dans le catalogue de notre pote éditeur Philippe Schweyer, mais des livres intimes et justes. Après La poudre d’escampette, Pascal sort le second volume de ses « confidences photographiques ». Des images carrées en noir & blanc et des commentaires perso comme « Ma mère a toujours eu un côté boute-en-train et sale gosse. Aujourd’hui, on essaye tous de porter notre langue à notre nez, c’est la seule de la famille qui a ce pouvoir. »

Tu gères, Pascal. Toi aussi, Philippe.

Tu gères la fougère de Pascal Bastien éditions Médiapop mediapop-editions.fr 25 € LE

(1) (2)

TIRÉ AU CORBEAU

(3)

Idéalement situé, à trois pas de Notre-Dame et « à mille lieues du pragmatisme », Le Palais du Corbeau est le repaire du minutieux duo de céramistes, Sarah Calba & Olivier Crocitti, sans aucun doute inspiré par les pièces en trompe-l’œil de la famille Hannong du xviii e siè cle, exposées non loin, au rez- de- chaussée du Palais Rohan. Ici, pas de terrine en forme de tête de sanglier ou de dindon mais des fleurs de faïence ou des êtres hybrides mi-lièvre / mi-tortue pour faire tourner La Fontaine en bourrique. « Aperitivo di Faenza » (set d’apéro en céramique, avec olives vertes et tranches de saucisses), que vous êtes joli ! « Boîte d’allumettes pour brûler les étapes », que vous me semblez belle ! Fabuleusement fake.

VIVRE AU CROCHET

Le Palais du Corbeau 2 rue des Veaux, Strasbourg lepalaisducorbeau.fr à partir de 19 €

(4)

En 2024, le Parc naturel régional des Vosges du Nord a fêté ses 50 ans. Bon anniv ’ et rendez-vous en 2026 pour bien d’autres projets et événements tel le festival

Au Grès du Jazz qu’on like ! D ’ ici l à, faisons le plein de cadeaux à L’Accueil-Boutique du Château pour des produits garantis « 100 % Vosges du Nord ». Céramique, kelsch, bois… « La valorisation des savoir-faire et des ressources locales est une mission majeure du Parc. »

Coup de cœur pour les joujoux légumiers ou fruitiers, tricotés ou crochetés par Bénédicte Bouriez (Bitche) de L’Atelier Carré.

Maison du Parc / Château du Parc naturel régional des Vosges du Nord 2 place du Château, La Petite-Pierre parc-vosges-nord.fr

LE HOCHET GRELOT
38 €
LE PETIT FRUIT
(3) / Photos phi – Séverine Voegeli
(4)

ÇA, C’EST PALLAS ! (1)

Visiter l’atelier de Petit Pallas s’apparente à pénétrer dans une fonderie : la scie cisèle la matière, le feu forge le fer, les maillets frappent le métal en fusion… Visiter l’atelier de Petit Pallas ressemble également à l’exploration de l’histoire du textile alsacien : Camille brode, coud, tresse et tisse des liens avec la mémoire de notre région : certaines de ses pièces s’inspirent du traditionnel kelsch et sont l’empreinte de tissages en fils de broderie DMC. « Le métal comme mémoire du textile », selon Camille dont les bijoux entament un fécond dialogue « intime entre la main et la matière, à mi- chemin entre la poésie des fleurs dansantes et une rigueur géométrique ».

Petit Pallas rue d’Obernai, Strasbourg petitpallas.fr

C’EST UN HOHNER ! (2)

Le festival Musica s ’amuse bien avec son merch’ : après l’écharpe façon club de basket et le maillot de foot, l’équipe du festival, toujours en première division, propose son harmonica en hommage à Tristan Perich. Il est fabriqué à Trossingen par l’usine Hohner, fondée en 1857 en Forêt-Noire. Joue-la comme Dylan ! festivalmusica.fr

620 € LE COLLIER MÉDAILLON, ARGENT 950, INSPIRÉ DU TRESSAGE DES CANNAGES

25 € HARMONICA MUSICA
(1) (2)

850 € à 2 100 €

LES PIÈCES GRAND FORMAT

ÉVEILLEZ-VOUS (1)

« Élever des matériaux simples au rang de précieux et faire de chaque élaboration une création unique. » Tel est le leitmotiv d’Isabelle Fustinoni qui ne cesse de faire gonfler son catalogue de bagues, boucles, broches ou boî tes. Isabelle a également conçu

des sculptures lumineuses comme « Les Éveilleurs », faits d’ébène ou de noyer, de laiton verni, de coquilles d’oursin, de coquillages ou de cocons de soie. Tels des êtres rassurants, ils nous protègent le soir venu. fustinoni-creations.wixsite.com/isafusti-creation

LA DOLCE VITA (2)

Julie Linari vit la dolce vita à l’alsacienne, créant notamment de « crémeuses » bougies en cire végétale de soja, parfumées avec ses propres huiles essentielles fleurant la pomme de pin, le romarin ou le citron de Sicile Du beau e basta  dubeauebasta.fr

MINIMAL COMPACT (3)

MINIMAL. Les Percussions de Strasbourg font vivre la création contemporaine. Lors de lives ou d’enregistrements. Simple. Ici, l’ensemble la joue minimaliste en rendant hommage au « Mallet Quartet » de Steve Reich. Sur le disque, il y a aussi le rigoureux « Avant, pendant, et pourtant », une commande passée par l’ensemble à Camille Pépin, et deux autres titres de Nik Bä rtsch et de Shelley Washington. Basique. Minimal des Percussions de Strasbourg percussionsdestrasbourg.com

Photo Sylvana Ru2G
(2)
(3)
(1)

ARTISANS POP (1)

Du nom Hermetic Delight, ne gardons que le second mot. Plus pop que jamais, le groupe strasbourgeois sort un nouvel opus fait de mélodies d’humeur vagabondes qui accompagnent nos rêves d’ailleurs, d’Ankara.

Ça vous étonne, mais c’est comme ça… Questions à Atef Aouadhi, guitares, basses et boss du label.

COSTUMES, ÉLÉMENTS SCÉNOGRAPHIQUES, ACCESSOIRES… OCTOBER TONE, AU-DELÀ DE SON ENGAGEMENT MUSICAL, DÉVELOPPE UN UNIVERS VISUEL HYPER-SOPHISTIQUÉ, MAIS TOTALEMENT DIY. VOUS ÊTES DES ARTISANS DE LA POP ? Oui, sans doute. Aujourd’hui, on ne peut plus penser une DA uniquement musicale. Le rapport au visuel fait partie intégrante du geste artistique : les artistes y sont attentifs, le public aussi. October Tone est une structure métamusicale, attentive à la résonance entre le son, l’image et le geste. On travaille avec peu de moyens, donc tout est fait maison. C’est ce qui rend les choses à la fois précises et imparfaites. C’est peutêtre ça, être des artisans de la pop ?

J’AI L’IMPRESSION QU’AVEC SON DERNIER ALBUM, HERMETIC DELIGHT CONTINUE À TRACER SA ROUTE EN TRITURANT LE CATALOGUE 4AD, MAIS QUE LE GROUPE PASSE D’ UN MIX ENTRE PIXIES ET THIS MORTAL COIL, À UN MÉLANGE ALDOUS HARDING/BREEDERS/BLONDE REDHEAD (SURTOUT BLONDE REDHEAD). MOINS DE LYRISME RAGEUX, PLUS DE MÉLODIES. ET LA VOIX DE ZEYNEP KAYA PLUS POSÉE. J’AI JUSTE ? On est ce qu’on mange et on absorbe ce qu’on écoute, forcément. Le groupe porte cette culture-là, celle d’un instrumentarium guitare-basse-batterie-clavier-voix, avec ce que ça implique d’héritages. Les Pixies, This Mortal Coil, Blonde Redhead : c ’est notre terrain d’origine. Aldous Harding, c ’est une lecture extérieure pertinente, même si je me sens plus proche de la démarche

de Cate Le Bon. Zeynep y déploie une voix plus calme, plus assurée, qui donne au disque une clarté nouvelle. C’est un album sans posture, concentré sur la musique et les mots.

CE SOIR, ON VOUS METS

(2)

Le chef du Chambard, Olivier Nasti, deux étoiles et Meilleur Ouvrier de France, ainsi que son pâ tissier, Jordan Gasco, ont concocté des mets à déguster à la maison : calendrier de l’Avent  sous forme de village sucré (on reconnait les rues de Kaysersberg), manalas au choco ou, notre préf’, la croustillante bûche nommée « L’Âme du Foyer » au goût châtaigné et vanillé. Nos papilles en feu avec ce grand chambardement gourmand !

Produits disponibles à la chocolaterie Skulptur (rue du Tir, Kaysersberg) et en livraison, commande sur la boutique du Chambard : lechambard.fr

99 € LE CALENDRIER DE L’AVENT

15 € LES 5 MANALAS

105 € LA BÛCHE « L’ÂME DU FOYER »

QUE RACONTE LE MORCEAU « ANKARA PUNK » SOUS SES ALLURES DE BALLADE COOL FAÇ ON BELLE AND SEBASTIAN ? « Ankara Punk » est né de l’envie d’écrire une vraie ballade, quelque chose qu’on n’avait encore jamais tenté. L’esprit se situe quelque part entre MGMT et Teleman, et la comparaison avec Belle and Sebastian me plaît beaucoup. La chanson parle d’Ankara dans les années 90, de la jeunesse de Zeynep. On a écrit le texte à partir d ’une longue discussion où elle replongeait dans ses souvenirs. Les références sont réelles : les groupes Street Dogs ou The Losers ont existé, le Parliament Park est un vrai lieu, le disquaire a fermé mais la personne qui le tenait a ouvert un café aujourd’hui. Quand le morceau est sorti, j’ai vu des réactions venant d’Ankara, de gens qui reconnaissaient leur propre histoire. Ça m’a frappé. J’en parlais sans l’avoir vécu et soudain cette réalité me répondait. Pour la première fois, des paroles touchaient directement des gens. Vagabond Melodies d’Hermetic Delight, éditions October Tone octobertone.com

23 € LE VINYLE

70

19

24

VOIS LÀ QUE ÇA RECOMMENCE (1)

La mode à Paris (Manon) et l’industrie textile en Alsace (Julie) : deux copines, deux trajets, une passion partagée et, depuis une poignée d’années, une petite entreprise commune. Et voilà, c’est l’histoire de Vois là, griffe d’éléments de déco pour les intérieurs coquets. Nappe en coton de la collection Voisinage « habitée » par des maisonnettes alsaciennes, torchon « Alsace POP » en coton absorbant aux coloris flashy, cabas « L’Abeille noire » au style piquant pour butiner à l’heure du marché… Tout est fabriqué dans le secteur.

Julie Fouilland, co-fondatrice, nous confie : « Sur l’aspect production et logistique, nous sommes engagées localement afin de limiter notre impact sur l’environnement. Notre gamme textile est tissé e, imprim ée et partiellement confectionnée dans les Vosges, le reste étant fait par nos soins dans notre atelier à Strasbourg. Notre gamme papeterie est imprimée en France sur des papiers certifiés. »

L’enjeu est de créer des collections pleines de sens. « Notre démarche est engagée sur le volet créatif : chaque motif illustre la thématique sociale ou environnementale d’une association choisie (La Cloche…). Un pourcentage des ventes est reversé à l’asso partenaire pour soutenir ses actions. » Vois là  voisla.fr

EN VENTE

→ Strasbourg

Le Générateur, L’Office de Tourisme, Hôtel Holiday Inn Express

→ Illkirch S’Bretzel

→ Sélestat

L’Authentique Boutique de créateurs

→ La Petite-Pierre

La Boutique du Parc naturel régional des Vosges du Nord

LE VIN DE STRASBOURG (2)

Blanc, sec et minéral, le vin coule dans les veines strasbourgeoises par hectolitres. L’ouvrage de l’historien Georges Bischoff et de nos compagnons Hervé Lévy et Stéphane Louis, respectivement journaliste et photographe, témoigne de l’importance culturelle et commerciale des breuvages issus de la Couronne d’or ou de plus loin, depuis cinq siècles, dans la cité. Le vin est stocké dans la capitale alsacienne, incontestable haut lieu de l’export via les réseaux d’eau. Magnifiquement illustrée (vanités de Stoskopff, photos d’anciennes winstubs…), la première partie –  historique – de l’ouvrage se poursuit par une « errance urbaine sur les traces du vin » encore visibles (et visitables) aujourd’hui : La Cave des Hospices civils, la rue des Tonneliers ou l’ex-Chambre de commerce et d’industrie « où certaines affaires viticoles étaient traitées ». On en apprendra bien d’autres dans ce livre, sur la « méthode par le test du slip en coton » ou sur quelques adages viticoles comme celui-ci : « Ce n’est pas en restant le cul sur le tracteur qu’on bouge. »

Le vin de Strasbourg de Georges Bischoff, Hervé Lévy et Stéphane Louis, éditions EBR A ebra-editions.fr

Le choix de celui qui sait ! Hervé Lévy, coauteur, nous livre son top 5, entre poésie rock et assemblages volcaniques.

→ Domaine Brand & Fils, Ergersheim

« La Chimère, solera de riesling issue des coteaux du Kefferberg. Vin nature ultra-structuré : assemblage des récoltes 2017, 2018 et 2019, histoire d’exprimer la puissance du terroir en faisant voler en éclats la notion de millésime. C’est vif et ça fouette les sangs ! »

→ Domaine Bohn, Reichsfeld

« Orange Volcanique , assemblage de cinq cépages sur terroir grésovolcanique pressé, après une macération de 12 mois sur baies entières dans de vieilles barriques, mis en bouteille sans filtration ni collage. Dans une zone éthérée improbable entre thé et églantine… »

→ L’Ambre blanc, Lutzelhouse

« Pangea (assemblage de riesling, muscat, pinot blanc, pinot gris et gewurztraminer) vinifié en kvevri qui nous rappelle les mots de Giono dans Faust au village : “Il ne faut pas que le vin blanc soit comme de l’eau ou de l’alcool ; il faut qu’il ait une teinte. Et, de Dieu ! Si celui-là en a une. C’est un mélange du vert le plus bleu et de l’or le plus doux.” »

→ Nìderwind, Strasbourg

« La Chambre (un gewurztraminer de pressurage direct vinifié en barrique ancienne, une touche de gewurztraminer macéré et un soupçon de riesling) faisant référence à la chanson de Kat Onoma dont “elle épouse le caractère doux et velouté, presque soyeux.” »

→ Domaine Fritsch, Marlenheim « Marlemer, ze pinot noir comme on l’aime. »

(2)

FOU D’ART, FOOD ART

(1)

Les arts, culinaire et digital, se croisent et se mettent ensemble à table grâce à l’artiste multi-casquettes et poly-toques Julien Voarick. Au cloître des Récollets de Saverne, il propose ses diners nommés « Opus », repas immersifs avec projection d’univers vidéo, plats en plusieurs actes et mapping sur assiette. Des menus atypiques pour des accords mets/vins/light-shows fantastiques.

En décembre, au cloître des Récollets, Saverne o431.fr

MÉDAILLE D’OR

(2)

Le carré dort ? Pas du tout. Et quel meilleur spot pour une bijouterie que d’avoir (en toute discrétion) pignon sur rue dans le Carré d’Or, à quelques encablures de Notre-Dame ? Dans son é crin, Julie

Schon-Grandin, historienne de l ’art et gemmologue, veille sur sa sélection de précieux bijoux de seconde main. Elle propose également une gamme de copies de modèles anciens, réalisées en argent 925 ou argent 925 doré. Coup de cœur pour les modèles en argent 925 et cristaux Swarovski d’inspiration Art dé co.

Antiquités Julie Schon-Grandin 9 rue du Chaudron, Strasbourg schon-grandin.com

(1) (2)

MESSE POUR LE TEMPS PRÉSENT

(3)

Il est question de jeux qui ne laissent pas de place au hasard, de rituels en haute mer, de vie et de mort. De changement. Enfin, je crois… Difficile de saisir Zoe, de situer la musique folk et la poésie folle de cette artiste strasbourgeoise hors du temps, cependant hyper- moderne. Sonorit és d’hier, voire d’avant-hier, usage d’instruments ancestraux (la vielle à roue de Lise Barkas…), chant parlé à la Nick Cave (avec cette majesté dans la voix)… Balkanique. Liturgique. Magnétique.

LOVE SCOBY (4)

My Scoby, c’est une love story, une histoire d’amour de micro-organismes qui matchent, d’atomes crochus DIY Il s ’agit d’une aventure lancée en 2020 par Cléo et Axel. Une petite entreprise qui fermente d’année en année : aujourd’hui, elle compte sept personnes (et un couffin), réunies autour d’un projet audacieux, comme nous le ré sume Cléo : « Permettre à toutes et tous de reprendre le contrôle de leur alimentation par le faire-soi-même, la gourmandise et les probiotiques. »

Another Kind of Suicide de Zoe Heselton & Sister Outsider, éditions Teenage Menopause Records teenagemenopause.bandcamp.com 26,50

Proquoi ? En clair, My Scoby propose des kits de kéfir (qui a un goût de limonade) et de kombucha (qui s’apparente à un cidre doux), deux boissons bio désaltérantes et pétillantes sans alcool, qui se fabriquent « à l’infini » grâce à un ferment produit par l’équipe, dans son labo strasbourgeois. Cléo : « Cet amour commun de la fermentation vient de notre gourmandise ! Gourmandise que l’on veut en adéquation avec nos valeurs. La fermentation est un exhausteur de goûts efficient sans être é nergivore. »

My Scoby (boutique en ligne) my-scoby.com

20 € LE VINYLE
© Pauline Gouablin
(3)
(4)

BUT I ’ M A G RIP ! (1)

Si la nouvelle boule de Meisenthal est un peu bizarre, un peu « weirdo », c’est à cause de son maladroit d’auteur, le designer Lucas Lorigeon qui casse tout ce qu’il touche ! Voilà pourquoi il a créé une boule de

Noël pour les malhabiles – c’est malin ! – munie « d’excroissances ergonomiques qui lui conf èrent une parfaite prise en main ». GRIP, pour des fêtes de fin d’anné e antid érapantes ! GRIP

Centre international d’art verrier, Meisenthal ciav-meisenthal.fr

28 € / 32 € LA BOULE DE COULEUR ROUGE

+ 5 € sur les points de vente extérieurs

MODELAGES & TRAVAUX (2)

Carine Wohlhuter, co-fondatrice, et sa Manifik équipe mettent « du cœur à l’œuvre » au sein de leur Céramic Café Crème, vaste et bel espace dédié aux loisirs créatifs simples et accessibles. Le concept ? Un coffee shop o ù ont lieu des « séances de peinture sur céramique ainsi que de ateliers de modelage » en vue de réaliser soi-même des totems graphiques et colorés dans l’esprit Memphis, des silhouettes animalières poétiques ou des bougeoirs féeriques de Noël. Le principe n’est pas nouveau… à l’international : « Cela fait une trentaine d’années qu’il y des cafés créatifs au Canada. »

à partir de 18 €

LES BOXES CRÉATIVES

À EMPORTER

18 € / 60 € LES CÉRAMIQUES

PRÊTES À PEINDRE

Un concept qui se développe en France depuis peu et en Alsace grâce au duo de responsables –  Carine Wohlhuter/Evelyne Wagner – deux anciennes camarades de classe (marketing et communication) qui se sont lancées dans cette aventure DIY qui ne fait que commencer.

Manifik Céramic Café Crème 7 quai de Paris, Strasbourg manifik-ceramic-cafe.com

OUVERTURE

Début 2026, deux autres espaces vont voir le jour, à Rivetoile et à Colmar.

(1)
(2)

100 € / 7 000 €

LE VENGEUR MASQUÉ (3)

Vice-président de la Fédération des métiers d’art d’Alsace (frémaa), Xavier Noël produit, entre autres créations colorées, des pièces décoratives carnavalesques qui fichent le smile. De quoi combattre la morosité.

TU AS DES COULEURS DE PRÉDILECTION : LE BLEU KLEIN OU LE DORÉ BYZANTIN… C’est une association de couleurs qui fonctionne à merveille, de celles qui massent le nerf optique ! J’utilise de l’outremer pur, qui est un peu plus clair que l’International Klein Blue mais qui y fait référence sans nul doute.

CONTRAIREMENT À CEUX – GÉNÉRALEMENT FLIPPANTS – DES CARNAVALS ET AUTRES CÉRÉMONIES, TES MASQUES ONT LE SMILE. TU COMPTES VRAIMENT EFFRAYER LES MAUVAIS ESPRITS AVEC DES SOURIRES ? Je suis assez animiste dans l’âme et en mettant des yeux sur un objet décoratif, j’espère renforcer ce lien qu’on a parfois avec les choses inanimées qui nous entourent. Le motif du masque s’est imposé à moi il y une dizaine d’années et depuis, je l’explore constamment. J’espère qu’ils envoient leurs meilleures ondes et qu’ils donnent le smile à celles et ceux qui vivent avec !

(3)

QU’EN EST-IL DE TES ENGAGEMENTS À LA FRÉMAA ? En 2010, j’ai appris mon métier de doreur à la feuille grâce au dispositif de transmission des savoir-faire rares de la frémaa. Depuis deux ans maintenant, je suis très fier d’en être vice-président parce que je dois tout à la frémaa qui œuvre sans relâche pour offrir aux artisans et artisanes d’art les meilleurs moyens de vivre de leur activité. Les retours hyper positifs qu’on a des visiteurs et des exposants pendant un salon comme Résonances nous vont droit au cœur : on se sent bien dans notre travail dans ces moments-là !

Xavier Noël atelierxaviernoel.fr

OZ L’EXPO-VENTE jusqu’au 22.12.25 Grande Salle de l’Aubette, 1er étage, place Kléber, Strasbourg

OZ LA BOUTIQUE jusqu’au 03.01.26

Les Boutiques de L’Aubette, 4 rue de la Haute-Montée, Strasbourg fremaa.com

Des ateliers sont proposés à la boutique OZ tout au long du mois de décembre

SIBERT ATTAQUE (1)

Le travail d’Annie Sibert consiste en un rapport engagé, « direct et sans artifice, avec la matière », une série de manipulations et d’expérimentations, une conversation avec les métaux, un dialogue inspiré de son séjour à Séoul. En 2015, elle y apprend le damasquinage coréen, savante technique traditionnelle d’ornementation que nous ne saurions expliquer ici… Annie poursuit son cursus en créant des broches de la série Memory Fabric, qui « évoquent l’histoire des chevelures en Corée, avec des fils d’argent ». Lighting Score ? « Des broches composées d’une mosaïque de fragments d’argent découpés puis brasés, formant des surfaces vibrantes qui réfléchissent la lumière. À cette trame métallisée s’ajoutent des éclats d’ébène – comme des silences dans une partition – qui viennent rythmer et contraster la matière, inscrivant dans la brillance un langage tactile, presque musical. »

Annie Sibert anniesibert.com

Lighting Score, chiaroscuro 1 Ébène, argent 925 8,7 x 5,2 x 0,9 cm, 2025

© Pierre Frigeni

à partir de 50 € LES CÉRAMIQUES

à partir de 55 € LES CARTES CADEAUX POUR UN ATELIER

SILENCE, ÇA TOURNE ! (2)

Ateliers, workshops et stages. Cours de modelage et de tournage. Emmanuelle Giora transmet son savoir-faire en son atelier, le Studio Fumo. Aussi, Emmanuelle réalise et vend des bols colorés, mugs « effet gribouillé », tasses aux anses XXL ou théières aux excroissances serpentines. Quelque part entre Memphis et Wallace & Gromit… Emmanuelle Giora / Studio Fumo emmanuellegiora.bigcartel.com studiofumoceramique.com

LES BOTANISTES (3)

24 € LA BOUTEILLE (70 CL) DE SPRITZ NATURE

60 € L’ATELIER CRÉATION D’UN APÉRITIF BIO DE 3 H

Chloé (as de l’aromathérapie et l’herboristerie) et Arnaud (expert en distillation et liquoristerie) ont fondé Hyca pour « se désaltérer sainement » avec des boissons – softs ou alcools – où la plante est reine : Schnaps arrangé framboise & verveine, Liqueur aux fleurs des champs ou Limonade au citron combava à la lavande. Exit les ingrédients et arômes artificiels ! Hyca hyca.fr

Regarder l’art et la nature avec Vincent Munier

Loup arctique, Ellesmere Island, Nunavut, Canada, 2013
Photo
Vincent Munier. Graphisme
Rebeka Aginako

RÉ LER GA

La pâtisserie a quitté les coulisses des cuisines pour devenir un véritable terrain d’expression. Signatures visuelles, mise en scène du geste, starisation des chefs… La gastronomie du sucré s’impose désormais comme un langage à part entière. Une certitude : elle n’est plus qu’une affaire de goût mais incarne une manière de raconter la société. Décryptage et petit florilège de nos stars locales.

La

crème pâtissière

PAR CAROLINE LÉVY

Autour d ’un petitdéjeuner d’exception signé Nicolas Multon, la cheffe Sarah Abitan, pâtissière et consultante tout terrain en France et à l’international, décrypte une profession qui a profondément changé de visage.

COMMENT VOIS-TU L’ÉVOLUTION DU MÉTIER DE PÂTISSIER ? Un chef ou une cheffe, aujourd’hui, ne peut plus se contenter de faire des bonnes pâtisseries pour fonctionner. Son identité de marque doit être forte et reconnaissable facilement. On pense spontanément à Cédric Grolet avec ses fruits en trompel’œil ou à Maxime Frédéric avec ses créations tout en délicatesse et précision.

EXISTER PUBLIQUEMENT, EST-CE LE SEUL MOYEN DE FAIRE LA DIFFÉRENCE ? Oui, car le pâtissier et la pâtissière ne se cachent plus, sortant de leur labo pour venir à la rencontre des clients. Les gens veulent ê tre séduits d è s le premier regard et l ’esthétique prend parfois le dessus sur le goût.

LES RÉSEAUX SOCIAUX PARTICIPENT À CETTE BASCULE ? Totalement. C ’est même devenu la premi ère vitrine. Les chef·fes y mettent en scène leur travail, leur personnalité, leur geste. Grolet a même transformé la découpe de ses desserts en un rituel de communication. Aujourd’hui, être présent en ligne est presque aussi important que la technique.

CETTE MISE EN LUMIÈRE CHANGE AUSSI LA RELATION À LEUR LIEU DE PRODUCTION, DANS LEUR LABORATOIRE… Avant, on restait dans l ’ombre ! La pâtisserie était un peu le parent pauvre de la cuisine. Désormais, le labo s’ouvre sur la salle, c’est un phénomène qui se généralise dans la gastronomie. Dans une pâ tisserie ou un restaurant, le client vient pour vivre une double expérience : voir faire et déguster. Dans cette quête de sens et d’émotion, les gens ont aussi besoin de cette transparence, du geste à la technique jusqu’au sourcing des produits.

QUELS EFFETS PEUT-ON OBSERVER SUR LA SUREXPOSITION DE CE MÉTIER D’ARTISANAT ? La surm édiatisation provoquée par les émissions de télé spécialisées et les réseaux sociaux a surtout permis une valorisation du métier de pâtissier et suscité de nouvelles vocations, voire une féminisation dans les labos. Mais attention, on peut aussi entretenir des fantasmes sur le métier et rapidement déchanter. Ce que les réseaux sociaux ne montrent pas, c’est la réalité de cette profession : la charge de travail, des horaires à contre-temps et des saisons très intenses.

OÙ SEULS LES VRAIS PASSIONNÉS RÉSISTENT… En quelque sorte ! C’est aussi un métier artistique qui procure du plaisir. Pour reprendre les mots de l’illustre Bernard Stalter : « Dans le mot Artisanat, il y a Art » et on le ressent de plus en plus. Un chef doit raconter une histoire en un coup d’œil, son storytelling doit être clair. La pâtisserie est devenue un langage et aussi le reflet de l’époque.

Photo Fabrice Hirmance

Nicolas Multon, homme de goût

La rencontre se fait un jour férié de novembre. Dans cet écrin alsacien de plusieurs étages, les stores sont fermés, les vitrines vidées, mais l’âme du lieu conservée. Nicolas Multon y a ouvert il y a moins de six mois une pâtisserie hybride pensée comme un comptoir gastronomique de desserts. La promesse est alléchante. On saisit l’instant de ce calme ambiant, propice aux confidences sucrées.

À 45 ans, il a l’assurance et l’humilité de ceux qui ont traversé vingt-cinq ans de haute gastronomie sans jamais perdre de vue l ’essentiel : le goût, le produit et la recherche du geste juste. Originaire du Berry, formé comme cuisinier dans un lycée hôtelier, il préfère finalement la précision sucrée aux grandes brigades de cuisine. Il se forme en autodidacte puis forge son identité de pâtissier à l’Auberge des Templiers dans le Loiret.

LA TÊTE DANS LES ÉTOILES S’ensuivent un premier passage en Alsace, au Buerehiesel d’Antoine Westermann, puis en Bretagne où, à seulement 22 ans, il devient chef pâtissier dans un restaurant deux étoiles où il restera sept ans. Il rejoint L’Arnsbourg, à Baerenthal, puis participe en janvier 2015 à la création de la Villa René Lalique. Il évolue presque dix ans au cœur de cet établissement devenu emblématique, travaillant aux côtés de Jean-Georges Klein et développant une approche mêlant gastronomie, design et exclusivité. Pendant cette période déterminante, il imagine des collections de chocolats et de pâtisseries en séries limitées, inspirées de l’univers du luxe.

L’ÉMANCIPATION DEVIENT ÉPONYME

Nicolas

Multon quitte la Villa Lalique fin 2024, habité par l ’envie d ’un projet personnel. Sa première idée, un projet de pop-up sur un bateau, ne se concrétise pas. Le destin le mènera en 2025 à deux pas de la cathédrale de Strasbourg, dans un lieu chargé et inspirant qu ’ il transformera en restaurant-pâtisserie. Ouvert en juillet dernier, son concept éponyme ressemble à son propriétaire : élégant et exigeant « parce que je ne sais pas faire autre chose », confie-t-il. « L’idé e avec cet établissement, c’était d ’amener quelque chose de différent ». Promesse tenue. Dans un format inédit, les desserts sont servis à l’assiette, assemblés à la minute et imaginés comme des plats gastronomiques.

LE PRODUIT PHARE Son mantra : « Tout part du produit. » Dans l’univers de Nicolas Multon, un dessert à la figue doit laisser le goût de la figue en bouche ; un plat végétal doit avoir la même architecture qu’un entremets. Lorsqu ’ il marie coing et bergamote, c ’est pour créer un twist déroutant mais respectueux de l’origine. Certains plats salés reprennent d’ailleurs les codes de la pâtisserie : pâte à croissant ou encore tarte revisitée. Ses inspirations sortent de sa mémoire gustative : « Toute la vie, on emmagasine des goûts et des émotions. Ici, je propose une combinaison vivante de cet assemblage. » Une invitation au voyage à travers des desserts imaginés comme des œuvres multisensorielles.

L’ART DU MOUVEMENT Chez Nicolas Multon, on vit des expériences, du petit-déjeuner servi toute la journée aux événements privés et collaborations exclusives – avec l ’ hôtel Maison Rouge, dernièrement, et d’autres formats insolites prévus en 2026. L’objectif est clair : construire une marque haut de gamme et cohérente avec l’ADN du chef. Pourtant, pour cet éternel insatisfait, la remise en question est permanente. L’humilité reste pour Nicolas Multon une des valeurs essentielles en pâtisserie, car malgré l’exigence et la reconnaissance : « Il ne faut pas oublier qu’on ne fait que des gâteaux ! »

Nicolas Multon 31 rue du Vieux-Marché-aux-Poissons, Strasbourg nicolasmulton.com

Les nouvelles cheffes pâtissières qui font fondre

Strasbourg

ALICIA SZEFNER

La jeune talent révélée au public par l’émission Le Meilleur Pâtissier a enfin ouvert son adresse. Chez Maison Alicia, elle transforme le cookie en événement. Dans son salon de thé moderne et chaleureux niché sur les quais, le cookie se déguste mi-cuit et servi chaud avec le topping de son choix. Madeleines retravaillées, gâ teaux trompe-l’œil et douceurs de l’enfance revisitées font de cet écrin le nouveau refuge des becs sucrés.

Maison Alicia 37 quai des Bateliers @maisonalicia_

LAURA SCHNEIDER

Ancienne professeure des écoles devenue autodidacte du sucré, Laura Schneider a tout quitté pour suivre sa passion. En 2022, elle lance sa micro-entreprise, encha îne les ventes flash, ateliers et commandes personnalisées. Le succès est immédiat, inattendu m ê me. Quand elle ouvre Jaune Citron, son cookie devient la pi èce emblématique de la maison. Mais Laura se réinvente sans cesse : saisonnalité, sucre maîtrisé, entremets précis et son fameux trompe-l’œ il citron, d ésormais son dessert signature. À chaque rentrée, elle revisite un dessert d’enfance, comme un clin d’œil à sa première vie. Il y a quelques semaines, elle a ouvert une seconde boutique Grand ’Rue pour gagner en espace et développer brunchs, tea time, plats salés… et une collection permanente de 17 cookies. Rien que ça ! L’ann ée marque aussi son prestigieux prix

« La Liste » de meilleure pâtisserie à explorer en 2025. Le graal des récompenses pour cette grande cheffe autodidacte.

Jaune Citron

17 rue de l’Ail

39 Grand’Rue patisserie-jaunecitron.fr

CEYDA GUNERKAVAL

À la tête de la pâtisserie GC, la cheffe Ceyda Gunerkaval impose un style tout en finesse : entremets aux lignes nettes, tartelettes ultra-soignées, goûts francs et équilibrés. Elle mêle technique précise et esthétique contemporaine. Son succès fulgurant l’a conduite à ouvrir une seconde boutique, en plein cœur du centre-ville, où elle déploie une gamme plus large encore. Mention spéciale pour son flan décliné de toutes les façons. Un poème !

Pâtisserie GC 55 avenue des Vosges 26 rue de la Mésange patisserie-gc.fr

Laura Schneider / Photo Paola Guigou

Chez Haroon Rahimi, au domaine Harjane à Niedermorschwihr, interdiction d’avoir un verre vide. Pour parler de lui, il faut savourer ce qui l’anime : son vin. De l’Afghanistan à l’Alsace : la rébellion en bouteille, selon Haroon.

Le vin comme doux refuge

Domaine Harjane

72 rue des Épis

Niedermorschwihr harjane.fr

Né à Mazar-ê-Charîf en Afghanistan, il quitte définitivement son pays à 18 ans parce que l’avenir de la jeunesse y est rythmé par les bombardements, la drogue et un système éducatif inéluctablement bancal. « Quand tu entends aux informations qu’il y a eu des attentats à droite à gauche, moi je vivais là-dedans. À quatre ans, je me mettais dans un coin de la maison parce que ça tirait partout, quel enfant mérite ça ? » Ses nuits sont encore marquées par les souvenirs de la guerre : « Quand je me réveille, pendant quelques secondes je me demande où je suis. Je suis en France depuis neuf ans, et quand je le réalise chaque matin que c’était juste un

cauchemar, je remercie Dieu. » Toujours en retard, Haroon aime raconter que cette mauvaise habitude lui a sauvé la vie : un jour, son école a été attaquée… mais il était à la bourre et y a échappé. Depuis, il écoute attentivement son instinct et marche seul.

Le piège du vin

Déjà de passage en 2012 en France avec sa mère et son petit frère, il apprend un peu la langue. La famille fait un détour par les Pays-Bas, mais leur demande d’asile est refusée. Alors, à 13 ans, Haroon décide de retourner seul en Afghanistan rejoindre son père. Cinq ans plus tard, il ressent comme une histoire incomplète avec la France : il lui faut encore écrire des pages dans ce pays. Il entame un CAP hôtellerie-restauration à Paris. « C’est comme ça que je suis tombé dans le piège du vin… un bon piège ! » Il lit énormément à propos de la viticulture et de l’œnologie et, en parallèle des cours, travaille tous les week-ends aux côtés de sommeliers. Il enchaîne donc avec une spécialisation dans le domaine.

La première gorgée de rébellion

Sa première rencontre avec le vin remonte à une dégustation illégale, à la bougie, dans l’atelier d’un artiste peintre en Afghanistan. La boisson avait fermenté dans un seau. « C’était incroyable. Les nuances et les arômes m’ont fait voyager et rêver tout en restant sur place. Si on m’avait dit que j’avais le droit, je n’aurais peut-être pas essayé. Mais là, créer une bulle et défier tout le pays, c’était un acte de rébellion. Je risquais la prison. Si tu ne connais pas quelqu’un pour te faire sortir, c’est délicat… et pour celui qui produit, c’est encore pire. »

« Les nuances et les arômes m’ont fait voyager et rêver tout en restant sur place »

Une fois ses études terminées, Haroon cherche à s’installer. Pourquoi la France, pourquoi l’Alsace ? « Et pourquoi pas ? » lance le vigneron qui confie avoir choisi l’Est pour son amour des vins nature et parce qu’il aspire à devenir le meilleur. Apprenti au domaine de Laurent Bannwarth à Obermorschwihr, il propose de lancer une production. « Je leur ai dit : “Écoutez, je n’ai pas d’argent, mais j’ai cette idée. Investissez sur mon projet et, en six mois, je vends tout le stock sous votre nom et je vous rembourse.” » Le domaine le suit. Il vend toutes ses bouteilles en trois mois. L’argent qu’il lui reste sert à investir pour créer son domaine, mais les débuts sont rudes : « Personne n’a osé venir m’insulter, mais dans les yeux ça se voit. Un Afghan qui cherche à s’installer et à construire sa carrière dans un petit village, ça peut amener de l’hostilité. C’était dur… » Vaillant, il persiste et finit par trouver une location à Niedermorschwihr avec une cave et quelques parcelles autour. « J’étais tellement décidé que j’étais prêt à m’installer dans un cabanon, directement dans les vignes si nécessaire ! »

Naissance d’Harjane

En 2023, il commence avec 4 000 bouteilles. Tout se vend. Son millésime 2024 est presque épuisé et celui de 2025 est en préparation. Aujourd’hui, avec 2,5 hectares de vignes, il produit environ 6 000 bouteilles mais vise plus haut. « Je ne me suis jamais vraiment soucié des questions d’argent, mais je ne peux pas me permettre de rater mes bouteilles. » Entre une météo désastreuse et une vague d’oïdium, il accuse, en 2024, 30 % de perte… mais parvient à sauver les meubles. « J’ai pris quelques claques : il y a beaucoup d’injustice dans ce monde, surtout quand on est jeune. » S’il n’aime pas être redevable, Haroon reconnaît toutefois l’importance de Bannwarth : « Sans lui, mon chemin aurait été bien plus long. J’ai fait le voyage, en avion entre l’Afghanistan et la France, grâce au domaine. »

Côté technique, Haroon prend particulièrement soin de ses vignes : « Je préfère moins de production parce que je ne veux pas les épuiser. Elles sont bientôt centenaires… Tu ne demandes pas à un ancien de porter un sac très lourd. » Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, le cœur du vigneron bat pour ses vignes presque aussi fort que pour ses enfants. « Cette rigueur est nécessaire. Ne pas le faire, c’est comme dire à un enfant : “Je t’ai fait venir au monde, mais je ne te veux plus parce que c’est difficile.” Tu ne peux pas dire ça à un enfant, ni à une vigne. »

Jarres et barriques

En parallèle, Haroon se passionne pour les jarres. Ces techniques ancestrales lui rappellent son pays. C’est tout un bout d’histoire et un privilège de faire son vin dans des matières nobles. Il investit dans des jarres en grès, en céramique et en terre cuite. Le grès se marie à la perfection avec les cépages alsaciens : « C’est un peu comme le verre donc le vin reste pur. » La céramique, elle, sublime les pinots noirs d’Alsace, en leur apportant la juste nuance. « Et les barriques, c’est mon côté petit Gaulois ! Ces vins me rappellent le premier que j’ai bu dans l’atelier. » Ses cépages sont aussi variés que ses jarres : « Je ne veux pas que deux bouteilles se ressemblent, d’une année à l’autre chaque production est différente, elle devient un livre relu, il faut innover. »

La foi, le divin

HORAIRES

D’OUVERTURE

À défaut de pouvoir rentrer chez lui en Afghanistan – bien qu’il espère un jour le faire en sécurité –, il voyage via ses vins. Cet amour lui vaut beaucoup de critiques. « Ce qui est interdit par la religion, c’est l’excès. Je préfère être ouvert d’esprit : je m’autorise certaines choses plutôt que de le faire en cachette. Quand je reçois des menaces de mort, j’ai envie de dire : vous n’avez pas bien compris le Coran, comme beaucoup. Je ne dis pas que je suis né pour parler mais j’ai mes arguments. Je n’ai pas fait de mal ni manqué de respect, au contraire, je donne du bonheur avec mon travail. Je fais sourire. Pour moi la vraie religion, c’est l’amour, le respect et l’honnêteté. J’adore la France, le fromage, le vin, et je ne me priverai pas de manger de la charcuterie et je suis convaincu d’aller au paradis. Je pense que je coche de belles cases. Ceux qui se permettent de tuer ou de violer au nom de Dieu, eux, je ne suis pas certain qu’ils y aillent. » Haroon ne veut pas parler de réussite, mais il espère que sa persévérance inspirera d’autres jeunes à faire leur chemin, eux aussi. Il devra prochainement faire renouveler ses papiers. Quoi qu’il arrive, il restera dans ses vignes. « Il faudrait m’éliminer de la Terre, j’y serai jusqu’à mon dernier souffle », conclut le passionnant déraciné.

AU PUBLIC

lun. / dim. 10 h à 18 h

→ réservation par téléphone

07 58 88 95 82

POUR

COMMANDER

DU VIN

→ catalogue 2025 à retrouver sur harjane.fr

Viticultrice et plasticienne, Elisa Klur conçoit des vins biologiques et biodynamiques sur son domaine familial de Katzenthal… où elle construit également des mobiles à la Calder, aux motifs rappelant le pétillant du vin, la rondeur du raisin, la couleur de ses cuvées. Questions à celle qui cultive sa fibre artistique.

Mobile. Home.

Comment passer de l’atelier à la vigne et inversement ?

J’ai toujours baigné dans la vigne, mais en grandissant dans un petit village comme Katzenthal, j’ai voulu aller voir ailleurs. Après ma licence en arts plastiques à Strasbourg, j ’ai senti le besoin de compenser la théorie en retournant vers une pratique manuelle de transformation de la matière et j’ai été reçue à la Goldschmiedeschule à Pfor zheim en Allemagne (bijouterie et orfèvrerie). Au milieu de la seconde année, l’é cole a ferm é les ateliers en raison du Covid, les frontières se sont closes et je suis revenue dans mon village natal. J’ai redécouvert le domaine familial à travers un nouveau prisme et décidé d’installer un atelier sur ce micro-vignoble d’un peu moins de deux hectares. J’ai créé Tack&Glou : « tack tack » pour le bruit des outils dans l’atelier et « glou glou », le bruit des vins en fermentation dans la cave. Un métier inventé de toutes pièces associant deux facettes de la créativité.

Tu construis des mobiles à la Calder, aux motifs rappelant le pétillant du vin, la rondeur du raisin, la couleur des cuvées, comme c’est le cas pour Imagin’air… Il s’agit d’un dialogue entre tes deux passions ? Oui, tout à fait ! Le trait d’union, c’est la magie de la fermentation ! Ma volonté dès le dé part a été d’associer mes deux passions : création et vins naturels sans intrants ni sulfites en biodynamie. Je me suis plongée dans le travail de la vigne, bien sûr, mais aussi la vinification avec mon père-coach qui a plus de 40 vendanges à son actif. Les modes de fermentation me fascinent. Observer comment le raisin se transforme en vin complexe reflétant le climat de l’année, le terroir, tout cela sous notre œil attentif mais non-intrusif, a été une révélation.

Cot é atelier, j’ai test é diff érentes matières, les vrilles, le tartre, les pépins puis, en 2024, j’ai commencé à créer des matières tissées par la fermentation, translucides et coloré es. L à aussi, je ne fais qu’accompagner le processus qui évolue à son rythme. Je mets cette matière en valeur dans des structures mobiles qui font davantage écho au mouvement et aux bulles se créant durant la fermentation qu’aux baies de raisin. Il suffit d’un souffle d’air pour mettre le mobile en mouvement, et c’est aussi le cas pour les fermentations qui sont sensibles à la température et à l’ambiance : elles ont besoin de beaucoup de soins et d’attention ! J’essaie de traduire ces processus pour les rendre plus visibles. Je les appelle les « Bulbiles », contraction entre les bulles de ma fermentation et les mobiles, en hommage à leur inventeur Alexander Calder.

LA STUB DES CRÉATRICES

Le vignoble Klur ouvre ses portes pour une boutique éphémère de Noël avec 6 créatricesartisanes dont Elisa Klur. Cela aura lieu au coin du feu dans la stub du domaine viticole, avec une collation de saison évidemment !

sam. jusqu’au 27 décembre 9 h / 18 h

Tu fais partie des diVINes. Qu’est-ce que ç a signifie, être une femme dans le domaine du vin ?

Les d iVINes d ’Alsace, association fondée il y a plus de 10 ans, regroupe des femmes de la vigne et du vin, vigneronnes, cavistes, sommelières et d’autres casquettes. On organise diffé rents événements tout au long de l’année pour promouvoir les vins d’Alsace. Je les ai rejointes il y a trois ans et je m’y suis tout de suite sentie à l’aise ! Il y a beaucoup d’entraide, de partage et surtout du dynamisme ! C’est très motivant de faire partie d’un groupe de femmes comme ça et j’espère pouvoir apporter une touche singulière et créative au groupe.

22 / 34 €

DÉPART CAVE

POUR LES VINS

150 / 400 €

POUR LES MOBILES

Vignoble Klur

105 rue des Trois-Épis, Katzenthal klur.net

« Questionner les liens aux lieux dans notre manière d’habiter le monde » : telle est la mission du collectif dont tu fais partie, Katz&Co. Kesako ?

Dans ma famille, les idées fusent... On a toujours cultivé les réseaux, le mouvement, les questionnements quant au mode de culture de la vigne, la manière de construire, d’accueillir... Ce collectif est né de la rencontre entre plusieurs personnes qui entretiennent des liens particuliers avec des lieux, comme nous d’ailleurs. Dans le domaine de l’art, de la recherche, de la construction, du théâtre, c’est très ouvert, mais notre but est avant tout d’organiser et d’accompagner des artistes en résidence qui interrogent les terroirs par des expériences créatives.

Kougel by Heiligenstein, c’est l’histoire d’un artisan pâtissier, qui se réinvente pour écrire une nouvelle page à son histoire pâtissière familiale, débutée en 1966, à deux pas de la gare de Strasbourg. Nous avons mis la main à la pâte à kougelhopf.

Koug de maître !

Transformation réussie pour l’institution de la rue Kuhn, qui a régalé plusieurs générations de Strasbourgeois. Le nom a changé, mais le maître pâtissier reste le même. Le décor, lui, s’est réinventé et la gamme s’est resserrée autour d’un produit star, le kougelhopf. Mis en difficulté par le poids croissant des charges, de treize salaires et d’une trop grande diversification d’activités, Stéphane Heiligenstein a eu le courage d’interroger son modèle d’entreprise pour s’adapter aux attentes de consommateurs en quête de traditions et d’expériences. « Nous avons toujours fait du kougelhopf, cette recette emblématique de l’Alsace, que seuls les anciens savent encore faire maison », explique l’artisan. Dans sa boutique entièrement repensée et délicieusement modernisé e, la magie opère désormais derrière la verriè re, o ù des amateurs s’ initient à la préparation de la célèbre brioche, avec les conseils du maî tre.

Une expérience toute chaude

Nous sommes huit pâtissiers d’un jour, affublés de charlottes et de tabliers, prêts à malaxer longuement la pâte qui garnira les moules. À force de travail, le gluten se transforme sous nos yeux, le pâton devient plus souple et élastique. Le tour de main ne s’acquiert pas aussi facilement que ne le laisse penser le geste assuré de Stéphane. Les ingrédients collent aux doigts, les bras chauffent pour reproduire le bon geste. Quel bonheur de voir la matière se transformer sous nos yeux, de comprendre la chimie de la pâtisserie. Les

Kougel by Heiligenstein 20 rue Kuhn, Strasbourg patisserie-kougel.fr élèves comparent la texture de leur pâte et se filent des petits coups de main, sous les encouragements joviaux de Stéphane, qui passe de l’un à l’autre… Vient enfin le moment de garnir le moule, généreusement graissé. Chacun fabrique un gros donut de pâte pour

épouser la forme du plat. « Un kougelhopf ne se fait jamais en un jour. Il faut lui laisser le temps de mûrir et de pousser », confie Stéphane en enfournant une série de gâteaux préparés la veille. Les nôtres seront cuits demain, mais les plus pressés pourront déjà en emporter un ce soir. Avec l’exc édent de pâte, nous apprenons à réaliser des mannele, à cuire demain matin à la maison. Un délice !

On va déguster

L’atelier s’ach ève autour d’une dégustation bien méritée. Le kougelhopf que l’on partage est chaud, parfumé, léger. On sent le plaisir sincère de transmettre qui anime le pâtissier, jamais avare d’astuces et d’anecdotes. Seul, en couple ou en mode teambuilding, l’expérience mérite le détour. D’autant que chaque mois, quatre nouvelles recettes redonnent un coup de jeune à la sp é cialit é. Épices de Noël et agrumes confits, marrons et dés de jambon fumés… On adore !

Ateliers kougelhopf les vendredis après-midi et bredele les samedis

Coup de chaud sur les papilles, l’Orient se révèle au détour d’une rue. À Strasbourg, le bretzel se poudre de zaatar, les chocolats s’acoquinent avec la cannelle et le safran grandit sur les toits.

Spicy Noël

PAR EMMANUEL DOSDA, CAROLINE LÉVY ET CORINNE MAIX

LA DAME DU LEVANT

Fondatrice de Levanthym, Sarah Kanj a ouvert son premier restaurant : un spot de streetfood libanaise à la touche alsacienne qui fait flotter les parfums de son zaatar sur les quais de Strasbourg.

Dans la lumi è re de la vitrine du quai des P ê cheurs, Sarah Kanj se tient derri è re son comptoir bleu é clatant, un bretzel au zaatar encore tiède à la main. L’image pourrait être un manifeste : celui d ’une cuisine levantine qui rencontre l’Alsace sans jamais perdre son âme. Avec l’ouverture de Levanthym, pensé comme un restaurant streetfood à la sauce libanaise, Sarah offre enfin aux Strasbourgeois le lieu qu ’ ils attendaient : un espace o ù ses é pices aux saveurs de la M éditerran ée trouvent ancrage sur sa terre d’adoption.

UN PARCOURS É PIC É Au c œ ur du projet, il y a une poudre verte dont elle parle comme d ’un membre de la famille : le zaatar, un m élange de thym sauvage, de sumac et de s é same torré fi é . En M é diterran é e, il accompagne tous les repas ; au Liban, il ne s ’ach è te

La man’ouché : star des rues libanaises

pas, il se transmet. Sarah est imprégn é e par cette tradition. Sa recette, héritée de sa grand-mère, traverse le temps, les générations et désormais les frontières. La jeune femme, ancienne ingénieure en télé com, a fait le choix radical de refaire ce geste ici, en Alsace, artisanalement et à la main. Loin d’être anodin, créer ses épices exige de la patience, une exigence méthodique et un rapport presque charnel aux matières premières. Les feuilles sont tri é es, les graines grillé es, les poudres assemblées à la cuillè re. Ce t h é ritage, Sarah l’a d é fendu seule au d é but, en plein Covid, portée par une énergie qui lui ressemble et guidée par son authenticité. Petit à petit, ses pots ont circulé dans les cuisines des restaurants et chez les particuliers, tous unanimes sur la qualité de sa préparation.

UN

LIEU

QUI CÉLÈBRE LES FEMMES

Levanthym, c’est avant tout une histoire de femmes. Sarah, bien s û r, qui porte l’id é e et la vision . Mais aussi sa m è re, gardienne de la m émoire culinaire et plus récemment Ghina, qui a aussi rejoint l’équipe sur la partie mezzés. Chaque matin, elle apporte ses plats faits maison et en famille : moutabal, labn é, taboulé, houmous, desserts libanais, etc. Autant de recettes généreuses incarnées par celles qui portent le lieu. Ici, on cuisine comme on parle et comme on vit, en partageant.

ARTISANAT ET INCLUSION, LES INGRÉDIENTS DE LA RÉUSSITE L’artisanat est partout chez Levanthym. Dans la mani ère de m élanger les é pices de zaatar ou de sumac, dans les hydrolats distill é s à Strasbourg, dans les me zz é s du jour, mais aussi dans la cha î ne

Chez Levanthym, on goûte à la cuisine de rue comme à Beyrouth avec l’incontournable man’ouché : une galette cuite sur pierre (saj ), dont la p âte a été lé gèrement adapté e et s’inspire de celle de la tarte flamb é e. Une exclusivité que les Strasbourgeois peuvent déguster au Marché de Noël depuis 2021.

Levanthym 7 quai des Pêcheurs, Strasbourg levanthym.fr

de production elle-même. Depuis 2023, la fabrication, le conditionnement et l’étiquetage des produits sont confi é s à l’ ESAT de Schiltigheim, dans une d é marche inclusive qui fait é cho aux valeurs de Sarah : travailler avec des personnes en situation de handicap pour c é lé brer l’humain plus que la perfection. Un engagement qui donne au projet une profondeur supplémentaire : une cohérence totale entre ce qui est cuisiné, ce qui est fabriqu é et la mani è re dont c ’est fait. Avec le geste et le cœur. (C.L.)

LA SAFRANIÈRE PERCHÉE

Rendez-vous avec Anaïs Meyer sur le toit du parking Starlette, dans le quartier DeuxRives, pour découvrir une plantation de Crocus sativus, dont les fleurs produisent l’épice la plus chère du monde : le safran.

Safran de Strasbourg

Au Marché de Noël Off, place Grimmeissen, Strasbourg safrandestrasbourg.fr

C’est la seconde récolte d’Anaïs, qui a lâché son métier de prof agrégée pour vivre plus près de la nature, des saisons et de ses valeurs. La culture du crocus à safran, qui a trouvé en

Alsace un terroir qui lui convient parfaitement, ne nécessite ni arrosage, ni engrais ni énergie fossile. « De la plantation au séchage des brins, tout se fait à la main. Le prix du safran, c’est le prix du temps », confie la productrice qui ne compte pas ses heures. Il faut planter l’équivalent de la surface d’un terrain de foot pour récolter les 150 à 200 000 fleurs qui produiront un kilo de safran séché ! En octobre, pleine période de récolte, Anaïs peut cueillir jusqu’à 9 000 fleurs par jour. S’ensuit un travail de fourmi, pour recueillir au cœur de chaque fleur les trois filaments de safran.

Des récoltes qui grimpent Après un coup de foudre végétal pour cette plante à faible impact écologique, puis un test de plantation dans un jardin partagé au Neudorf, Anaïs suit une formation dans la Creuse pour professionnaliser sa reconversion. « Quand la Ville de Strasbourg a accepté de me céder un premier terrain agricole de 1 700 m2 à la Robertsau, mon projet a pu se concrétiser. » Les 15 000 premiers bulbes ont permis de récolter 180 grammes de safran l’an dernier, sans doute le triple cette année. Le Crocus sativus est une plante généreuse, qui produit chaque année jusqu’à sept bulbilles, qui donneront d’autres fleurs. Pour pérenniser son activité, la jeune agricultrice urbaine a obtenu une deuxième parcelle municipale sur ce toit terrasse, qui lui fournit des conditions optimales, sans limaces ni rats taupiers qui peuvent détruire une grande partie des récoltes.

Le safran s’invite pour Noël

La coopérative d’entrepreneurs Antigone, située à Kaleidoscoop, dans le même quartier, lui a ouvert de belles rencontres et des débouchés. Car vendre aux restaurateurs strasbourgeois ne suffit pas. Safran de Strasbourg sera présent au Marché de Noël Off, une vitrine pour les producteurs locaux et l’économie sociale et solidaire. « J’y vendrai mon miel au safran, mes gelées de fruits safranées pour accompagner le foie gras, un sirop et même des crackers apéritifs réalisés en collaboration avec Terre et Pain, une artisane boulangère qui travaille des blés anciens et locaux. » Autre projet mûri par Anaïs : une gamme de cosmétiques antioxydants pour utiliser au maximum les composants de cet or rouge. (C.M.)

Photos Roméo Boetzlé

À la table de Noël, les épices sont reines. Canelle, badiane, gingembre et épicéa s’invitent aux fourneaux pour pimper les classiques de saison.

STAR-SYSTEM

La pâtisserie Amande & Cannelle cultive sa différence, notamment en revendiquant un fécond dialogue entre Orient et Occident. Un délicieux jeu d’alliances – é pic ées, colorées, étoilées et sucrées – à déguster lors des fêtes de fin d’année avec les Étoiles à la cannelle de Michel-Jean Amiel, décrites par le maître pâtissier comme des « biscuits croustillants au cœur moelleux aux amandes brutes » au glaç age rosé, blanc neige ou or. ( E.D.)

Pâtisserie Amande & Cannelle 8 rue du Travail, Strasbourg amandecannelle.fr

EN GARE, GARNEMENTS !

La Gare’mandise est une boulangerie- pâtisserie / salon de thé engagée : pour la qualité  de ses produits et le respect de l’environnement. Portée par Sylvain Ruhlmann – chef multirécompensé – cette maison propose des pains au levain ou nature, certifiés bio ou Label Rouge, ainsi que des pâtisseries, viennoiseries ou sandwiches. Pour Noël, le patrimoine alsacien est sublimé grâce aux b utterbredele, anisbredele, schwowebredele, zimtsterne ou spritz, à ses pains d’épices classique ou à l’orange... ( E.D.)

8 place de la Gare, Strasbourg lagaremandise.fr

ÇA SENT (BON) LE SAPIN !

Georges Colin glisse un peu de forê t vosgienne dans les fê tes. La maison alsacienne revient à l’essentiel avec des créations qui sentent l’hiver, le givre et la cuisine qui réconforte. Dans les  nouveaut é s, Mon Bon Sapin joue les chefs d’orchestre : un m élange à base d’épicéa qui réveille gibiers, légumes rôtis ou desserts fruités. Plus douce, l’infusion Sapin Enchanté réunit orange, cannelle, gingembre et aiguilles d’épicéa pur un parfum de march é de Noël dans une tasse. Et pour les soiré es qui s’étirent, le nouveau m élange pour vin chaud remet à l’honneur cannelle, badiane et é corces d’agrumes, à infuser dans vins et jus de fruits. La magie continue avec le calendrier de l’Avent Georges Colin x Christian, 24 chocolats grands crus parfum és aux é pices, dont dix exemplaires cachent un mannele en céramique collector. Une fa çon d élicate de rappeler que, chez Georges Colin, chaque épice raconte un morceau d’Alsace. (C.L.)

Georges Colin 5 rue Gutenberg à Strasbourg georgescolin.com

Depuis deux ans, Perle est installée à Cronenbourg : devenue véritable lieu de vie, la brasserie de Christian Artzner anime le quartier tout en continuant à innover et à tarte-flamber !

Et si on s’enfilait des Perle ?

Un peu d’histoire…

Christian Artzner a repris le flambeau de son arrière-arrière-grand-père ayant créé l’entreprise en 1882. Située à Schiltigheim, la brasserie connut ses heures de gloire maltée et houblonnée jusqu’aux années 1970 et la mondialisation galopante qui a mis fin à ses activités. Il faudra attendre 2009 et la passion de Christian pour que renaisse la saveur de la pils Perle originale. Diplômé maître brasseur-distillateur à Édimbourg, il parcourt le monde et rencontre sa femme, Anne, en Écosse dans… une brasserie. L’envie de relancer la maison familiale fermente dans sa tête depuis longtemps : il s’installe à la Meinau durant huit ans avant de s’établir en « un lieu davantage adapté, permettant de renouer avec l’ambiance brasserie et de partager notre savoir-faire ». La nouvelle bâtisse est l’œuvre de Christophe Köppel avec sa structure 100 % bois et l’utilisation « de beaux matériaux donnant un sentiment de bien-être, dans un esprit à la fois épuré et robuste ». Exit le moût !

Un véritable pôle alimentaire

Avec son biergarten et sa stub, Perle est à la fois lieu de vente, de consommation sur place ou à emporter. Pour répondre à la demande de sa clientèle, la brasserie a fait appel à un chef et est passée de la petite restauration au comptoir à un service en salle, notamment en proposant des knacks du boucher-charcutiertripier Atelier H ou des flammekueches compos ées de produits soigneusement sélectionnés : charcuterie de Thierry Schweitzer (Mittelhausbergen), crème de la Ferme Saint Ulrich (Durningen) ou encore fonds de tartes de l’Espace Tartes Flambées (Krautergersheim).

Visite guidée

Brasserie Perle

être écologiquement exemplaires », insiste Christian qui privilégie les matières premières locales et/ou de grande qualit é pour ses recettes de brassins : malt d’orge bio d’Alsace, jus de raisin pour la fruitée « Dans la vigne », Moka Sidamo é thiopien torréfié par Reck pour la Kaltimoka, plantes des Vosges cueillies par Daniel Zenner pour la Perle Zen. La brasserie organise régulièrement des visites guidées (les samedis et sur rendez-vous) permettant de découvrir la fascinante mécanique de la fabrication des boissons et de goûter aux dernières nouveautés (la HOP – Red Grape Ale), bibines de saison (la Perle de Noël) ou encore les sans-alcool : la blonde non-filtrée Perlita et l’infusion de houblons Perlito.

Un acteur local et artisanal Christian Artzner et son équipe ont pour ambition de faire vivre le quartier, la cité, notamment en accueillant des événements insolites comme On the Mississippi Music Festival . « La bière mixe lien au terroir, sciences, technologies et convivialité. Elle est universelle et a accompagné toutes les civilisations sédentarisé es. » Trinquons !

10 place de l’Abattoir, Strasbourg biere-perle.com

Dans le bâtiment de 1 500 m 2 : un silo de 25 tonnes pour stocker le grain en vrac, une imposante salle de brassage de 40 hectolitres, neuf cuves de fermentation et de garde… Un système de revalorisation de l’eau, un bâtiment à ossature bois passif et une unité de froid optimisée permettent de largement réduire la consommation d’énergie. « Nous voulons

HORAIRES D’HIVER

Mer. + jeu. – 17 h / 23 h

Ven. – 16 h / 23 h

Sam. – 10 h / 23 h

VISITES GUID ÉES SUR R ÉSERVATION

Visites individuelles en français :

sam. 11 h + 14 h 30 + 16 h 30

Durée de la visite :

1 h 30 pour la visite avec dégustation

12 €/pers (6 €/pers sans dégustation, gratuit pour les moins de 15 ans)

Pour les visites en groupe (hors samedi) sur réservation : visite@biere-perle .com

La Maison Georges Bruck – récemment labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant – avec ses Foies gras de Strasbourg ne révolutionne pas ses recettes, mais continue à flatter nos papilles depuis le xixe siècle grâce à l’application et l’implication de Vincent Heusch, directeur, qui s’apprête à prochainement léguer l’entreprise familiale du centre-ville à sa fille, Pauline.

Il fait un foie de canard

LA BOUTIQUE

26 rue des Orfèvres, Strasbourg

LA MANUFACTURE (pour les professionnels)

7 rue Friesé, Strasbourg

bruck-foiegras.com

Oubliez le cliché du senior du Sud-Ouest à casquette vissée sur la tête, armé de son Opinel, s’apprêtant à tartiner son foie gras sur une grosse tranche de pain paysan. « Notre produit se déguste sur assiette et à la fourchette », insiste, intransigeant, Vincent Heusch, dirigeant d’une entreprise familiale créée en 1852. Charlotte sur la tête, blouse blanche sur le dos et inélégantes sur-chaussures à usage unique aux pieds, nous déambulons dans le laboratoire où les

cuisiniers manipulent des foies de canard (à la couleur beige / rosée) et d’oie (plutôt jaune) qui sont dénervés, malaxé s, sal és et é pic és manuellement avant d’être mis à cuire dans un moule. Tout est fait main ici, de la préparation au conditionnement ! Les foies sont assaisonnés grâce à une ancestrale mixture faite de sel et d’arômes « qui confèrent une empreinte gustative inimitable ». Nous essayons de percer le secret, mais Vincent Heusch, directeur cachotier, ne lâche rien, ou pas grand-chose, quant à la compo des douzes épices de sa potion magique. Il y a du basilic, du poivre blanc, du clou de girofle… Et ? « Et ainsi de suite. » Laconique.

Il était une foie dans l’Est L’oie et le canard, oiseaux migrateurs, ont des facultés biologiques à stocker des graisses. Leur foie gras – « à la texture délicate et laissant une légère amertume en fin de bouche » pour le premier (le préféré de Vincent et sa fille Pauline) et « plus fort en goût mais plus doux » pour le second – est préparé le plus simplement possible. La Maison Bruck commercialise bien du foie gras truffé – avec le « diamant noir du champignon » débarrassé de son écorce pour davantage de fondant, sans aspect granuleux –, mais elle dé fend l’authenticité et la « neutralité » du produit, avec sa saveur musquée et équilibrée, son fondant et son doux parfum.

Pétales de rose, café, fève de cacao, asperge…  Vincent a fait quelques expériences culinaires, mais favorisera toujours les basiques de la maison, qu’ils soient en croûte, dans des pots de terre ou des boîtes métalliques. Pas d’extravagance inutile, mieux vaut connaître ses classiques et « maîtriser sa production » sans chercher à prospérer plus que de raison. « Il s’agit d’un mets festif, consommé en moyenne 1,6 fois par an par personne. » La clientèle préfère l’authenticité à l’excentricité. « Cet aliment se suffit à lui-même », escorté, pourquoi pas, d’un Confit de pinot noir d’Alsace maison.

Dynastie

Le chaud, le froid. Parmi fours et frigidaires, dans le discret laboratoire du centre de la cité, pas d’« opérateurs ou d’opératrices », mais de « vrais cuisiniers » (avec au minimum un CAP en poche) qui « connaissent la chanson ». La notion de transmission est essentielle dans cette manufacture familiale, la dernière de Strasbourg, pour une soixantaine au xix e siècle. Des savoir-faire respectés depuis plus de 170 ans, une

philosophie (la formation en interne des apprentis, le circuit court…), un ancrage territorial et une excellence gastronomique récompensés par le précieux label d’État « Entreprise du patrimoine vivant » en 2025. C’est un trésor national que Pauline, la fille de Vincent Heusch, se prépare à reprendre. Après un double cursus – ingénieure en agro-alimentaire et commerce – à l’École supérieure des technologies et des affaires de Belfort, la jeune femme de 27 ans ne cache pas sa motivation et son « envie de participer à cette belle aventure » dynastique. Pauline sera la première fille à avoir son portrait dans le couloir d’entrée de la manufacture. Une sixième génération, féminine, et déterminée à faire perdurer, telle « une gardienne de la tradition », les valeurs de l’entreprise artisanale à taille humaine. « J’ai pour ambition de faire rayonner et évoluer notre maison, en travaillant le marketing ou la com’ », mais toujours en respectant l’héritage qu’on me lègue. Foi de Heusch.

DES POURCENTAGES

LA MAISON

GEORGES BRUCK, DES CHIFFRES, DES LETTRES, ETC.

DES DATES

1852 — Georges Bruck crée la société

1867 — Philippe Schmidt reprend l’affaire

1902 — Son gendre, Robert Heusch, rejoint l’aventure

1927 — Son petit-fils, Éric, prend le relais

1940 — L’occupant nazi expulse la famille Heusch

1947 — Fin de la guerre, l’aventure reprend, difficilement, puis de plus belle, avec une reconnaissance internationale croissante

1956 — L’approvisionnement en foie gras hongrois est compromis par la mainmise soviétique, mais Philippe Heusch entre dans l’entreprise, combatif

1974 — Philippe Heusch succède à son père, rejoint par son fils, Vincent, en 2000

2013 — Vincent, épaulé par sa sœur Valérie, reprend le flambeau

2023 — Pauline rejoint son père Demain — Pauline assurera la direction de l’entreprise et continuera à écrire les pages de cette grande dynastie familiale gastronomique traditionnelle

100 % nature — Les foies crus proviennent d’oies et de canards fermiers, élevés en plein air et alimentés de manière 100 % naturelle, avec un ré gime strict : maïs, blé… 100 % de « petits » élevages — Les exploitations agricoles, à taille humaine, garantissent un foie gras savoureux et le respect du bien-être animal

100 % manuel — Toutes les opérations sont faites à la main par des cuisiniers de formation qui savent sélectionner les foies, travailler le produit avec délicatesse, veiller aux températures et temps de cuisson

DES GAMMES

Foies gras — Oie ou canard, frais, mi-cuits ou cuits au torchon, nature ou truffés, en bocal ou en pain, en lobe au gewurztraminer vendanges tardives ou au sauternes, en escalope à poêler…

Pâtés fins — Terrine de canard aux écorces d’oranges confites, pures rillettes de canard…

Accompagnements — Gelée au muscat d’Alsace, confit de figues à l’ancienne, confit de gewurztraminer au marc d’Alsace…

DES CHIFFRES

1,6 fois par an et par personne : telle est la conso moyenne de foie gras par an et par personne en France

1 fourchette : le Foie Gras de Strasbourg ne se tartine surtout pas au couteau – sacrilège ! – mais se déguste à la fourchette, par bouchées 0 OGM , of course !

0 changement depuis 1852 quant à la recette originelle d’épices

173 ans de savoir-faire artisanal strasbourgeois

1 entreprise de foie gras en France à détenir le label « Entreprise du patrimoine vivant »

1 manufacture familiale strasbourgeoise indépendante en milieu urbain maîtrisant l’authentique « Foie Gras de Strasbourg », la dernière.

LA SOLIDARITÉ EST UN CHOIX,

PAS LA PAUVRETÉ.

Votre don peut changer nos vies !

caritas-alsace.org

Du coffee shop itinérant au kiosque, en passant par les cafés-boutiques de Strasbourg, Mulhouse et désormais Colmar, Omnino continue d’essaimer sa philosophie. Avec toujours une mission : démocratiser le café de spécialité.

Grain par grain

« Un jour, on s’est rendu compte que ce que nous vendions n’était pas un produit, mais une démarche », se souvient François Lesage, cofondateur d’Omnino, la marque de café née juste avant le Covid dans une pépinière d’entreprises de Hautepierre. Aujourd’hui, le barista en chef est heureux de pouvoir proposer son café dans toute l’Alsace. Une prouesse réalisée étape par étape.

Après s’être fait connaître au volant de leur café itin érant –  un Citro ën Type H des années 70 –, Omnino a pris racine à Strasbourg, en ouvrant un premier café-boutique rue des Drapiers, puis rue du Renard-Prêchant, avant d’investir le kiosque du Bar des plantes place Saint-Pierre-le-Vieux. « Nous l’appelons notre café- oasis ! » Suivront deux nouveaux établissements à Mulhouse, dont le « café-troquet » avec une offre de restauration pour précéder l’instant café. Depuis ce printemps, les voilà bien installés à Colmar, dans un café-boutique rue Morel. « Nous avons pris l’habitude de donner un petit nom à tous nos établissements : celui-là, nous l’avons appelé Petit à Petit » Comme l’oiseau qui fait son nid.

Artisan commerçant

« Avec le développement de partenariats avec d’autres coffee shops à Bouxwiller, Saint-Louis ou Barr qui utilisent notre café pour leurs extractions mais le commercialisent aussi en sachets, c’est le premier hiver où Omnino est vraiment présent régionalement », se réjouit le fondateur. D’autant que c’est aussi notre premier marché de Noël à Colmar. Nous aurons donc, pendant cette période, sept établissements pendant six semaines et une équipe de 30-35 personnes ponctuellement étoffé e. C ’est une autre é chelle ! » Malgré tout, François Lesage reste fidèle à sa d émarche des petits pas et conserve le plaisir d’être à la fois commerçant et artisan. « On essaye de bien faire les choses en internalisant au maximum ce que l’on fait. » Ainsi de l’offre biscuiterie qui accélère, elle aussi. « Nous proposons des cookies maison dans l’ensemble de nos établissements et les chiffres sont en hausse. » Preuve d’une recette qui fait mouche.

Prochaine étape, la brûlerie ? « On continue à prospecter. L’idée serait de faire de notre brûlerie un artisanat visible, capable d’accueillir du public, sur le modèle de certaines micro-brasseries. » En attendant, une rencontre est désormais possible avec les spé cialit és d’Omnino du nord au sud de l’Alsace. C’est nouveau et c’est en toute saison !

Omnino

17 rue des Drapiers

6 rue du Renard-Prêchant

Place Saint-Pierre-Le-Vieux

Strasbourg

@bonjour_omnino__strasbourg

PAR JIBÉ MATHIEU

Les métiers d’art dans le Grand Est...…

3000 ateliers + de 200 spécialités : vannerie, cristal, céramique, lutherie, bois …

5 pôles de compétences 50 centres de formation

Découvrez des formations uniques, des savoir-faire d’exception qui se perpétuent, se réinventent et font rayonner le Grand Est au niveau international !

d’Infos +

Feu

Le jeu de mot est facile mais l’adresse le mérite : coup de foudre assuré pour la cuisine créative de Foudre Feu, le nouveau restaurant bistronomique du quartier de la Krutenau. Installé dans le mythique bâtiment du Pont-aux-Chats, l’établissement est géré par un trio de trentenaires : Pauline Schirmer, en salle, Emmanuelle Verger Monteil et Brice Murit en cuisine, trois anciens du Cafoutche, le bistrot du TNS, qui ont décidé de s’associer pour ouvrir leur propre adresse.

Cuisine néo-grand-mère

Au menu : des plats régressifs et gourmands, à dominante végétale, comme ce tofu d’Alsace poêlé aux épices et aux coings, ce risotto de courge et châtaignes,

rehaussé de pesto, ou cet effiloché de porc snacké et sa viennoise au cheddar alsacien. Une cuisine « néo-grand-maman », comme la qualifie le trio, des classiques de la gastronomie française joliment dépoussiérés et accompagnés d’une belle sélection de quilles majoritairement naturelles.

Formule moitié-moitié

Le midi, la carte reste courte, façon formule du marché : 2 entrées, 2 plats, 2 desserts, avec toujours une option végé. Le soir, les six plats proposés se déclinent en petit ou grand format, pour permettre aux indécis de tout goûter ou aux grandes tablées de tout partager.

« Les recettes évoluent au fil

des saisons et des envies , précise Pauline Schirmer Nous travaillons uniquement avec des produits frais et locaux. »

Winstub dépoussiérée

Côté décor, l’ambiance est chaleureuse avec de magnifiques vitraux dans l’entrée, un plafond en bois marqueté et des murs blancs aux poutres apparentes. Un style mi-chic, mi-bistrot pour une adresse lumineuse où on aime s’attabler. Mention spéciale pour les chaises, d’un grand confort (et c’est rare !). Aux beaux jours, une terrasse est dé ployée dans la cour privative du resto. Et pour la fin d’année, un menu spécial Saint-Sylvestre sera proposé.

Foudre

Zurigo

NOUVELLE TABLE

Il avait tiré le rideau onze mois à peine après son ouverture initiale. L’élégant restaurant italien Zurigo a rouvert ses portes au 44 rue de Zurich, à quelques numéros seulement de son ancienne adresse. En plus de la partie restauration, l’établissement s’est doté d’une grande épicerie proposant les meilleurs produits de la grande botte. « L’idée c’est que tout ce qu’on achète, on peut le manger sur place et tout ce qu’on mange sur place, on peut l’acheter ici », explique Bruno Angioni, le gérant. Une manière pour ce Strasbourgeois de naissance, mais Italien d’origine, de reproduire le modèle des trattorie de son enfance, où on venait manger, boire un café et faire ses courses, à toute heure de la journée.

Mi-pizza, mi-pinsa Dans l’entrée, un petit salon a été aménagé pour prendre l’apéritif et picorer quelques antipasti. La salle du restaurant, plus vaste que la précédente, a gardé l’élégance, la sobriété et l’ambiance intimiste de son aïeul. Surtout, la cuisine familiale et généreuse est toujours au rendez-vous, avec une carte intentionnellement restreinte qui suit le fil des saisons, quelques plats typiquement italiens (osso-bucco et aubergine à la parmigiana par exemple) et une petite sélection de pâtes aux recettes inventives. La grande spécialité de la maison c’est aussi la scrocchiarella romaine, une variante de la pizza et de la pinsa, à la mie alvéolée et aérienne, garnie ici des meilleurs produits de l’autre versant des Alpes.

Pasta et cetera

Côté épicerie : des pâtes, des biscuits, des vinaigres balsamiques, des huiles, des fromages, de la charcuterie et beaucoup de vin. Des pépites italiennes que Bruno Angioni a sourcées directement auprès des producteurs. « En revanche, il n’y a pas de sauces car on les prépare directement sur place. » Le chef propose aussi un service traiteur, avec des plats à emporter le midi et le soir, ainsi que des antipasti, arancini et autres polpette.

La Knackerie

NOUVELLE TABLE

Installée entre la cathédrale et la place Gutenberg, la Knackerie est le nouveau (et le seul !) comptoir à manger de street-food alsacienne. On vient y picorer des bébé- knacks, ébouillantées minute et servies en cornet à la manière de frites, le tout pour seulement 5 € . C’est au détour d’une conversation avec des touristes belges que Laure Flesch a eu l’idée de lancer cette enseigne : « C’était un couple venu pour la journée et qui cherchait un lieu où manger des spé cialités alsaciennes sur le pouce. » Ne sachant pas vers où les orienter, l’ancienne décoratrice d’intérieur s’est mis en tête d’ouvrir l’adresse qui leur manquait.

Saucisses façon bouchère Soucieuse de mettre en avant les artisans du coin, Laure Flesch a sélectionné des produits « 100 % alsaciens et en circuit court ». Les knacks sont élaborées par Atelier H, un artisan bouchercharcutier installé à Reichstett qui, en plus de la version classique au porc, confectionne pour la Knackerie une version à la volaille.

Côté sauce, place à la marque alsacienne Alélor. Raifort à l’ail des ours, moutarde au pain d’é pices, mayo et ketchup bio, plus d ’une vingtaine de sauces sont disponibles au total, dont deux imaginées par des chefs étoilés alsaciens (elles changent à intervalles réguliers). Pour accompagner le tout, la Knackerie propose des bretzels cuits sur place, une salade de pommes de terre et des bières de la brasserie Météor.

Yes, we knack !

Au vu du succès de son enseigne strasbourgeoise, un an à peine après son ouverture, Laure Flesch ambitionne désormais d’ouvrir un second restaurant à Paris dans le Marais. L’Alsacienne d’origine rêve m ême de développer son concept à l’étranger : « La knack est une super manière de faire connaître la cuisine alsacienne.

C’est de la restauration rapide, mais version gastronomique. »

Elle a d’ores et déjà reçu une dizaine de demandes pour implanter son concept à l’étranger, notamment à Dublin et même du côté de Dubaï.

Entrepreneur.e de Demain.

Vous avez un projet de création d’entreprise ?

Gestion & Stratégies relance sa websérie sur la création d’entreprise !

Postulez et faites-vous accompagner gratuitement pendant toute la première année de vie de votre entreprise.

Pour postuler : avant le 1er février 2026, adressez aux membres du jury composé de professionnel.les, par e-mail entrepreneur.dedemain@gestion-strategies.fr, votre projet détaillé en un dossier de 5 pages maximum, en veillant à répondre à ces questions :

1. Qui êtes-vous ?

2. Quel projet portez-vous ?

3. Quels sont vos atouts et vos éléments de différenciation pour réussir ?

4. Quelles sont les questions que vous vous posez pour vous lancer ?

5. Pourquoi vous recontacter ?

www.gestion-strategies.fr

Nos implantations

STRASBOURG

18 avenue du Rhin 67100 STRASBOURG

Tel. 03 90 20 05 80

METZ

3 rue Théodore Monod 57140 NORROY-LE-VENEUR

Tel. 03 87 66 31 32

Votre projet, Nos expertises

FAB QU ER RI

À Strasbourg, le vélo ne se contente plus d’être un moyen de transport : il devient un terrain d’innovation et de reconversion.

Rencontre avec quatre artisans qui ont fait des deux- (et trois-) roues leur métier et leur passion. Conception de cargos, solutions low-tech pour les pros, réparation itinérante et upcycling : portrait d’une scène vélo dynamique et engagée.

Ça roule  !

CAMILLE PÉDALE

POUR LE LOCAL

À Hautepierre, Camille Mettemberg conçoit des vélos cargo haut de gamme et 100 % locaux : Kambikes.

La location selon S’Cargo

Brigitte Cargo, Frida Cargo, Fidel Cargo ou encore Cargoline de Monaco : avec de tels noms, difficile de ne pas sourire. Ce sont les fiers destriers de S’Cargo, une association née en 2023 pour rendre le vé lo cargo accessible à tous les habitants de l’Eurométropole. Biporteurs, triporteurs ou longtails : ces montures grand format transportent enfants, courses ou matériel. Une adhésion annuelle (45 € ou 15 € en tarif solidaire) permet d’emprunter l’un de ces cargos pour une durée allant jusqu’à trois jours.

Tous les modèles ont été rachetés, retap és et repeints dans des couleurs joyeuses, certains même customisés par des artistes locaux. Et pour ceux qui hésitent encore, S’Cargo organise des sessions d’initiation pour apprivoiser ces drôles de deux- (ou trois-) roues. Une autre façon, plus douce et coloré e, de (re)découvrir la ville.

s-cargo.fr

et démarre avec des biporteurs (des cargos à deux roues) avant de sortir un modèle de triporteur (à trois roues, dont deux à l’avant). En 2025, 68 vélos Kambikes sont en circulation, « quasiment tous à Strasbourg », précise-t-il. Le local est un argument clé pour ses clients. Les cadres sont soudés dans son nouvel atelier à Hautepierre où il assemble également tous les vé los. Camille a privil égié des fournisseurs régionaux : tubes métalliques de Hoch felden , protections de pluie par Libre Objet, sérigraphies par Papier Gachette (tous deux à Strasbourg), roue 100 % française...

CADRE SUP ! Le haut de gamme et l’innovation technique convainquent aussi. « Sur le triporteur, j’ai invent é un système de direction. Les gens aiment la stabilité de ce type de cargo mais réalisent vite que ce n’est pas facile à conduire. » En effet, ces vélos à trois roues impliquent de prendre de larges virages. Le triporteur Kambikes résout ce problème ! « C’est un gros argument » pour son bestseller ! Autre atout : la durabilité. « Tout est réparable : le cadre en acier, la caisse en bois. Ce n’est pas toujours le cas avec d’autres marques. » Camille a également développé un modèle de triporteur PMR pour emmener en promenade des personnes à mobilité réduite. Côté pro, des vélos cargo avec caisses fermées permettent aux médiathèques et boulangeries, entre autres, d’effectuer des transports plus écologiques dans l’Eurométropole. Et le petit dernier : le longtail, ce vé lo cargo allong é qui permet de transporter plusieurs enfants à l’arrière.

Kambikes, c’est Camille Mettemberg, Strasbourgeois originaire de Wissembourg. Après quinze ans comme ingénieur mécanique à la maintenance du TGV, il se réoriente vers une activité plus manuelle. Formation de soudeur en poche, il fabrique son premier vélo cargo en 2018. L’année suivante, il crée son entreprise Envie de tester ? Il est possible de louer un modèle d’exposition directement auprès de Kambikes pour trois jours. Pour un essai plus long, trois modèles de la gamme « famille » sont empruntables chez Vélhop, qui a commandé quatorze cargos à l’entreprise strasbourgeoise. Délai de livraison pour un achat : moins d’une semaine pour la gamme courante. De quoi pédaler local d ès demain !

kambikes.fr

À TOUTE ÉPREUVE

Reconverti après une maladie chronique, Laurent Flecksteiner a réinventé sa vie à vélo… et en salopette.

Il arrive en salopette de travail, tout sourire. Laurent Flecksteiner, originaire de Sélestat, est Lolo Vélo. Le mécanicien cycle itinérant a commencé sa carri ère comme charpentier, puis maçon. Une maladie chronique découverte il y a neuf ans – la spondylarthrite ankylosante – le force à changer de métier. Réorienté vers la mécanique cycle, il part en formation à Lyon

en 2023 où il est repéré par l’équipe de France des Abilympics, la compétition des métiers des travailleurs handicapés. Une expé rience m émorable : « Nous avons eu une vraie préparation avec un coach et un s éminaire à Paris. J’ai été entrainé tel un athlète ! » L’épreuve consiste à remonter un vélo totalement dé mont é en 4 h 30 maximum. Il fait partie des deux seuls concurrents qui réussissent et obtient la médaille d’or. « On prend beaucoup de confiance quand on gagne un tel concours », se remémore avec fierté le mécanicien.

En septembre 2023, il crée son entreprise Lolo Vélo et opte pour la réparation en itiné rance. Équipé de son vélo et sa remorque, il se déplace auprès de ses clients dans toute l’Eurométropole. En dehors de Strasbourg, il va souvent chez des personnes âgées « qui ne sont pas en forme pour se déplacer. Je suis équipé pour les intempé ries, j ’ai l’habitude d’être dehors. Quand je suis trop longtemps en atelier, j’ai besoin de prendre l’air », détaille l’artisan qui travaille une partie de la semaine à la boutique Vélos O’city, à Strasbourg.

LOLO + VÉLO = LOVE Ce passionné de mécanique se dit connu pour les réparations difficiles, « tout ce que les autres refusent ». Il aime les défis et trouve souvent une solution grâce à son réseau de « petits artisans » capables de lui fournir une pièce sur mesure introuvable dans le commerce. Il répare aussi poussettes et fauteuils roulants, apprécie les rencontres et se rend disponible en urgence pour dépanner ses clientes infirmières. Une fois par an, il invite même sa clientèle à boire un verre chez lui, à Ostwald, « pour

les remercier ». La convivialité est dans sa nature : « Dès que je n’ai rien à faire, je retourne chez mon ancien patron, on boit le café, on répare des vé los... » La recette du bonheur selon Lolo Vélo.

lolovelo.fr

ÇA SE REMORQUE

?

Les pros troquent l'utilitaire contre le vélo avec les remorques sur mesure de Papalotec, une solution low-tech imaginée par l'artisan strasbourgeois Augustin Couchoud.

Les habitués des Vélorutions l’ont probablement déjà croisé derrière le stand de la Billiguette, crê perie ambulante qu ’il a créée avec deux amis cyclistes. Cette remorque équipée est le premier projet conçu par Augustin Couchoud, Breton install é à Strasbourg. « On cherchait un gros vélo pour y mettre une billig, j ’ai fabriqué cette remorque, ça a bien marché », se remémore le trentenaire. Constatant l’intérêt du public, il y voit le potentiel pour lancer une activité. Ingénieur mécanique formé à la charpente, il apprend ensuite la soudure « tout seul, en testant ». « Je cherchais ma voie pour contribuer à la transition écologique, dans le bâtiment ou la mobilité », explique l’artisan.

NOMADISME Son entreprise, Papalotec, voit le jour en 2023. Sa spécialité : concevoir des remorques tout équipées pour animations et stands ambulants. Imaginez une remorque avec un meuble d’où s’ouvrent des tiroirs, se soulève un couvercle pour devenir une table, se déplie un parasol... On y découvre parfois un évier, un four électrique rechargé par panneaux solaires. Augustin a à son actif huit réalisations sur mesure : des stands pour l’Eurométropole (les Particyclettes), une remorque complète pour L’Archi Végétale (traiteur strasbourgeois), un stand café pour le Labo des Partenariats et bientôt une cuisine ambulante pour le SINE de Bussierre. « On se met autour de la table, ils décrivent leurs besoins. Chaque rencontre est un nouveau projet ! »

ÉNERGIE CYCLIQUE

Papalotec conçoit et fabrique des cadres métalliques, des caissons en bois ou en composite d’aluminium et adapte les roues et les fourches. Les remorques à trois roues (à peine plus d’un mètre de large sur un à deux mètres de long) se conduisent sans effort grâce à l’assistance électrique et un timon fixable sur n’ importe quel vé lo. « Je suis toujours content de voir des gens faire leur transition énergétique, sourit Augustin. Quand des clients qui transportaient tout en utilitaire le font maintenant à vélo, avec en plus un stand de travail, je suis heureux ! »

papalotec.fr

Papalotec a reçu le label « Éco-défis » des artisanes et artisans

MÉCANICIENNE

UPCYCLEUSE

Stéphanie Wiss ne jette rien, elle transforme. Portrait d’une artisane qui donne une seconde vie à tout ce qui roule.

C’est une des rares mécaniciennes cycle de Strasbourg. Depuis neuf ans, Stéphanie officie chez CityzenBike, rue du Faubourg-de-Saverne.

La trentenaire rêvait de travailler avec ses mains, mais ses bonnes notes l’ont propulsé e direct à la fac. Entre deux cours, elle se forme en mode autodidacte grâce à YouTube et devient la mécanicienne officieuse de son immeuble. Elle répare les vélos de ses voisins et voisines. Stéphanie se forme via un CQP en mécanique cycle et intègre l’équipe de CityzenBike où elle rencontre sa mentor, « la meilleure mécano de Strasbourg », avec qui elle partage toujours l’atelier. Au début, il faut s’accrocher. « Les vieux mecs me faisaient des commentaires. Des clients entraient en demandant à parler à un mé cano », raconte-t-elle en rigolant.

FÉLICITATIONS, MADEMOISELLE ! Aujourd’hui, les mentalités ont évolué. « Une dame âgée m’a félicitée. J ’ai trouvé ça hyper émouvant. » Ce qu’elle préfère ? Résoudre l’impossible. Dégotter LA pièce introuvable, planquée

dans son stock perso « au cas où ». Et puis il y a ce petit rituel zen : « Dévoiler des roues, avoir du silence, écouter la roue qui frotte... » Mais Stéphanie ne fait pas que réparer. Dès le départ, elle travaille à temps partiel pour développer son projet : Re-C ycle- On, sa marque d’upcycling. « Je stockais les pneus chez moi et je me suis dit : pourquoi pas fabriquer des objets avec ? » Première création : une ceinture en pneu.

BEAU COMME UN MAILLON Solide, durable, stylée. Puis vient la révélation des chaînes de vé lo. « C’est beau, un maillon de chaîne ! » s’enflamme-t-elle. Avec, elle crée des porte-clés, bracelets, boucles d’oreilles, décos de sapin, fidgets... Aujourd’hui, elle ré cup ère aussi des tuyaux de lance à incendie, des tabliers de scooter, des chambres à air de tracteur. Résultat ?

Des portefeuilles et pochettes de ceinture coloré s. « J’adore les couleurs et les diffé rents touch és ! » Ses créations se vendent en ligne, dans des boutiques strasbourgeoises et sur les marchés. Sa philosophie ?

Ultra simple : « C’est juste normal de ne pas jeter. Chez moi, on a toujours réparé et réutilisé. »

re-cycle-on.fr

Logements aidés – Résidences séniors

Résidences pour étudiants – Logements à loyer libre

Assistance à Maitrise d’Ouvrage – Etc. UN ENSEMBLIER DE L’HABITAT, UN HABITAT POUR TOUS !

EN ALSACE

Alsace Habitat est une Société d’Economie Mixte rattachée à la Collectivité européenne d’Alsace

| contact@alsacehabitat.fr

C’est le bouquet ! Elles ont choisi de faire de l’éphémère leur nouvelle assurance vie. Car pour ces faiseuses du beau, la fleur raconte, transforme et réalise. Quatre cheffes d’entreprises se sont réinventées en prenant le chemin de l’artisanat. Cap sur la fine fleur de la création florale made in Strasbourg.

Girls Flower

Ça sonne généralement vers la trentaine et pour quelques retardataires un peu plus tard. Qu’importe les motivations, souvent, le déclic s’impose à elles : « Et maintenant, je fais quoi ? » Pour de nombreuses femmes, cette interrogation se transforme en un véritable tournant : un besoin d’aligner métier et sens, d’incarner un « faire » plus concret et une relation plus directe à la matière. L’artisanat, et plus spécifiquement l’univers floral, appara ît alors comme une voie d’épanouissement nouvelle, loin du tout-digital, de l’hyperconsommation et du tout-standardisé. Dans ce dossier, quatre profils se font miroir : chacune de ces femmes a quitté ou transform é une trajectoire professionnelle, assumé un changement d’orientation, pour s’engager dans le design floral. Leurs parcours sont singuliers, parfois tardifs, parfois impulsés par une rupture ou une opportunité, mais convergent vers le désir de transmettre et de créer.

(1) — MAISON ROSE ET ROUGE, FLEUVISTE INSPIRÉ

Dès qu’on pousse la porte de Maison Rose et Rouge, quelque chose se passe : un parfum de fleurs fraîches, des objets déco et, au détour des étagères, des bouteilles qui attendent leurs accord s. Ninon Kopff a créé cet endroit avec la complicité de son mari Marc, expert en vin, pensé comme un écrin où deux univers pourraient co-exister en parfaite harmonie. Ensemble, ils sont « fleuvistes », appellation déposée pour affirmer leur singularité. Une destiné e à laquelle rien ne prédestinait Ninon, qui a évolué dans les ressources humaines, gravissant les échelons jusqu’à diriger une agence d’intérim. Un parcours solide, rationnel, presque tracé.

De la tête, du cœur et de l’intuition À l’aube de ses 30 ans, la jeune femme ressent le besoin incompressible de faire quelque chose de ses mains en laissant parler sa créativité. Alors elle s’offre un cadeau un peu fou : une formation au Greta d’Illkirch, loin de ce qu’attendait son entourage. Elle avance, déterminée, portée par cette conviction intime que l’artisanat mérite mieux que l’étiquette qu’on lui colle. Ce qu’elle d écouvre, c’est un métier qui exige de la tête, du cœur, et une solide intuition. De la technique, aussi. Et cette joie d’être au contact des gens, de façonner un bouquet qui leur donnera de l’émotion. Son chemin la conduit chez Ver t Clair, la boutique de son enfance, celle devant laquelle elle passait comme on passe devant une confiserie, fascinée par les couleurs. Elle y effectuera son stage, avant d’en reprendre l’espace et d’y écrire sa nouvelle histoire en famille.

Accords fleurs et vin Avec Marc, dont le parcours dans la restauration et dans le vin faisait déjà germer l’idée, le concept devient limpide : fleurs et vins. Deux matières vivantes, deux métiers d’artisans, deux façons d’émouvoir. Le projet s’impose : Maison Rose et Rouge naît en 2021. Aujourd’hui, le duo alimente une cave riche d’environ 400 références en vins et une centaine de spiritueux, en développant ensemble des scénographies pour

des événements d’entreprise ou des collaborations avec des hôtels et commerces. Ils ont notamment signé l’Executive Lounge du Hilton Strasbourg et ont décoré une trentaine de façades pour Noël. Ninon parle aujourd’hui volontiers de ce que l’artisanat lui apporte : « Une manière de se prouver à soi-même, en fabriquant et transformant la matière, tout en donnant de l’émotion. C’est ce qui nourrit mon épanouissement professionnel ! »

11 boulevard de la Dordogne, Strasbourg maisonroseetrouge.com

(2) —ÉTAMINE, SCÉNOGRAPHE DU VÉGÉTAL

On imagine parfois la reconversion comme un virage tranquille. Pour Carine Esquirol, ce fut un arrêt net. Après des années dans le prê t- àporter à sillonner la région, une vie rythmée par les collections et les directives de maisons de mode. Elle décide de ne plus courir derrière les tendances, ni d’appliquer des planches de merchandising. À quarante ans, elle choisit de rompre avec un univers qui ne lui ressemble plus. Elle le sait depuis longtemps : ce qui l’appelle, c’est créer de ses mains. Composer, assembler, imaginer des formes, des couleurs, des matières. Les fleurs, bien sûr, mais toujours pensées dans un ensemble. Du vase à l’objet déco en passant par l’ambiance olfactive. Un regard façonné par sa vie d’avant, devenu aujourd’hui sa véritable empreinte : une façon d’associer le visuel et la senteur.

(1) Photo Bartosch Salmanski

(3)

Reconversion passion Carine se forme « sur le terrain », pas à pas, notamment à Haguenau où elle ouvre deux boutiques. Reprendre É tamine à la Robertsau, une institution depuis vingt-cinq ans, s’impose alors . Fleurs fraîches, objets choisis avec exigence, bougies, pi èces artisanales d’exception venues d’Europe… la dirigeante donne un nouveau souffle au lieu. Elle sait ce qu’elle veut mais s’impose de suivre la validation concertée de ses équipes, essentiellement féminines. Parmi elles, certaines ont aussi fait le choix de la reconversion, mûrie et assum é e. « À 40 ans, c’est une reconversion passion, un vrai choix professionnel. On fantasme parfois le métier de fleuriste mais on déchante vite si la passion n’est pas là », confie l’artisane.

Fleurir le Parlement É tamine s ’inscrit aujourd’hui dans un groupe de cinq boutiques indépendantes en Alsace (deux à Haguenau, une à Wissembourg et une à Strasbourg). À la Robertsau, l’atelier à proximité permet de composer des pièces sur mesure, tandis que les projets se multiplient : abonnements hebdomadaires pour des entreprises et le Parlement européen, faç ades de No ël, commandes pour des restaurants

étoilé s. On retrouve cette même é nergie, celle d’une femme qui a choisi de changer de vie pour faire enfin quelque chose de ses mains et qui a du sens.

72 rue Boecklin, Strasbourg etamine-boutique.fr

(3) — LA PETITE MARCHANDE DE FLEURS, L’ART DE LA SECONDE VIE

Dans le quartier Finkwiller à Strasbourg, La Petite Marchande de Fleurs n’a pas encore fêté sa premiè re ann ée d’existence mais elle a déjà trouvé sa place. Aux commandes, Pénélope Crochetet, qui a longtemps enseigné les arts plastiques dans les collèges et lycées avant de faire le pari d’une reconversion tardive, autour de la quarantaine. Un changement déclenché par un achat symbolique chez son fleuriste Bernard Deutsch, figure strasbourgeoise bien connue. Une fois chez elle, son bouquet de géranium s rose s en main, le déclic est immé diat : elle sera elle aussi fleuriste ! Geste, matière, couleur, quelque chose s’est cristallisé. Pénélope se forme avec détermination chez son fleuriste devenu son maître de stage, puis chez É tamine, à la Robertsau. Autodidacte, elle construit peu à peu son nouveau métier comme une composition : avec patience, curiosité et sensibilité.

(2)

(4)

Bouquets à chiner

Très vite, elle sait qu’elle veut un lieu à elle. Un atelierboutique, un espace vivant où les fleurs cohabiteraient avec des objets chinés, des matières brutes, des meubles de ré cup ération. Et surtout : elle veut investir son quartier, Finkwiller Dans ce nouvel écrin, les fleurs s’ouvrent sur un projet plus large qu’elle imagine comme un lieu de transmission. Elle organise des ateliers pour adultes et adolescents : couronnes de l’Avent, décorations de Noël, compositions créatives. Elle invite aussi des artisan·es et des artistes qui entretiennent un dialogue avec les fleurs : aquarelle, tufting, broderie, tatouage. Environ deux fois par mois, la boutique se transforme en laboratoire intime où l’univers végétal inspire d’autres pratiques collectives.

Du local en vitrine

Pour Pénélope, privilégier la fleur locale et de saison devient un geste éthique dont elle a fait sa signature. Elle a fait le choix de se fournir quasi exclusivement en Alsace. En cette période de fêtes, La Petite Marchande de Fleurs s’expose à Strasbourg : en vitrine de pâtisseries et restaurants, à travers des compositions chaleureuses qui portent son empreinte.

39 rue Finkwiller, Strasbourg lapetitemarchandedefleurs.fr

(4) — ATELIER DIVINES, L’ARTISTE FLORALE

La silhouette est gracieuse, la casquette vissée sur la tête pour mieux se fondre derrière les bouquets majestueux qu’elle compose. Avant de fonder Atelier Divines au printemps 2024, Salomé Bellanger évoluait dans l’univers de la mode et plus récemment du digital. Pendant des années, au sein du showroom Balenciaga à Paris, elle a affûté un regard marqué par l’esth étique, la justesse des lignes et le pouvoir des matières. Cette sensibilité, nourrie par l’art et la mode, s’est naturellement glissée dans sa pratique florale actuelle, où chaque composition devient une pièce unique, pensée comme une œuvre.

Semer les graines

À Paris, ce sont plusieurs rencontres qui ont façonné son imaginaire : un fleuriste événementiel dont les installations monumentales accompagnaient les Fashion Weeks et la boutique Muse près de chez elle, où les bouquets semblaient raconter une histoire. Ces inspirations se mêlaient déjà à celles de son enfance dans le Sud, bercée par les senteurs et les couleurs de lavande et de mimosa . Salomé commence déjà a affûter son rapport instinctif à la nature. C’est plus tard qu’elle se forme au design floral avec Nebbia Studio, avant de franchir le pas et lancer son projet avant ses quarante ans. Avec Atelier Divines, elle revendique et laisse s’exprimer son âme d’artiste. Salomé préfère laisser planer un certain mystère et s’effacer derrière ses créations, préférant que l’on reconnaisse sa signature d’un coup d’œil.

Tableaux fleuris

Installée dans un atelier près de la place de Bordeaux, Salomé travaille en totale autonomie. Fleurs fraîches ou séchées, objets chinés : elle compose avec ce qui la touche, mais surtout avec l’espace. Lorsqu’elle intervient sur un événement, le lieu devient sa première matière. Elle observe, s’imprègne, puis crée d’un geste instinctif, presque viscéral. La proposition artistique naît de ce dialogue entre environnement et intuition. Ses créations, toujours uniques, s’adaptent aux saisons, aux budgets, aux envies. Elle ose les combinaisons originales avec des fruits, des légumes ou des textures inattendues, imaginant ses compositions comme des tableaux vivants. Atelier Divines habille désormais des hôtels comme Maison Rouge ou des événements privés, du banquet à la scénographie de grandes tables, comme le dîner des Grandes Girls devenu un vrai rendez-vous.

@atelier_divines

De sa première petite imprimerie, qui l’a tant amusée enfant, à l’atelier où elle fabrique des merveilles de tampons, Mahina Huot aurait pu collectionner les signes qui allaient la mener à cet artisanat rare. À commencer par son prénom, qui signifie « Je n’oublierai pas » en malien. La Stampfelfabrik laisse son empreinte.

Personne ne s’en tamponne !

Ing énieure designer, passionné e d ’ateliers et de techniques d’imprimerie, Mahina rencontre un meuble incroyable en fabriquant son fairepart de mariage. Un tr ésor de

quelques tonnes, rempli de caractères typographiques en plomb et d’une des dernières compositions de l’ imprimerie Stempelfabrik de Colmar. « On a toutes et tous en nous le geste du tampon, qui ne nécessite rien d’autre que la main ; un geste juste, sans perte de temps, ni d’énergie », s ’enthousiasme Mahina. Une aventure professionnelle malheureuse lui donne le cran de changer de voie. Puisque le geste du tampon l’a reconstruite, elle décide de partager son trésor.

Des séries à caractère unique

Pour faire perdurer ce patrimoine artistique vivant, elle réveille des archives, multiplie les recherches graphiques et les collages de photos pour constituer une douzaine de collections de tampons, inspirés de la fin du xixe si ècle. Botanique, bestiaire, curiosités, Crystal Palace de l ’Exposition londonienne de 1851… les motifs se combinent et créent un univers bien à elle.

« Pour les séries, je fabrique un moule en caoutchouc, pressé à chaud, sur lequel j’encolle un pied en bois. On est davantage limité par la taille des encreurs que par la taille du tampon », confie-t-elle.

Pour partager son savoir-faire et ce geste libérateur du tampon, elle crée aussi des modèles uniques, à tamponner sur un objet, un emballage ou du textile. Le motif se reproduit à l’envi, d’un geste assuré qui marque les esprits. « Je fé dère des artisans, des entrepreneurs, des passionnés qui cherchent à se différencier ou à authentifier leurs créations. » Céramiste, maroquinier, sculpteur, libraire, maison d’h ôte… mais aussi la manufacture de papiers peints Zuber, un fondeur de cloches suisse ou le m usée du Quai Branly. « Mes clients sont sensibles au beau, aux outils de marquage, ils ont le sens du détail. »

Se reconnecter à la joie

Pour donner plus d’espace à cet artisanat à fa ç on, Mahina d é m é nage dans une ferme typique de Fré land, qu ’elle restaure pour installer son atelier dans l’ancien grenier à foin. D ès le printemps, elle proposera des mini-résidences créatives à ceux qui veulent imager leur identité avec beaucoup de poé sie. « Les gens ont toujours envie de pousser la porte de mon atelier, de respirer son atmosphè re Ce sera un creuset idéal pour une rencontre avec la matière, pour créer ensemble des images qui ont une â me. » Toujours dans un esprit de partage, Mahina imagine aussi des interventions plus événementielles, qu’elle colporte avec son cabinet mobile de curiosités dans les allées du Festival du Livre de Colmar ou de la Fête des Plantes au p arc de Schoppenwihr. Un plaisir ancré dans nos gè nes, bien encré, que l ’on aime aussi pour ses petits alé as d ’ impression.

stampfelfabrik.com

PAR CORINNE MAIX

A l’accueil-boutique de la Maison du Parc, une cinquantaine d’artisans, de créateurs, d’artistes du territoire et de la région sont réunis. Des pièces uniques ou réalisées en petite série, du fait main avec des matières nobles, naturelles et durables.

Et toutes les infos du Parc naturel régional des Vosges du Nord.

Carterie/Papeterie

Jouets

Illustrations

Livres

Luminaires

Musique

Textile

Tisanerie

Ouvert en décembre : du mardi au dimanche : 10h-12h30 et 14h-17h. A partir de mi-février : du mardi au vendredi : 10h-12h30 et 14h-17h. + d’infos : parc-vosges-nord.fr

Château de La Petite Pierre Maison du Parc naturel des Vosges du Nord Boutique : 03 88 01 49 64 parcvosgesnord

Designer textile à Mulhouse, Marie-Claire Erny imagine et peint des motifs où la nature prend vie. Pour donner corps à son univers, elle mise sur les circuits courts et les matières naturelles.

À fleur de tissu

Fleurs, plantes, poissons et oiseaux ornent coussins, trousses, kakémonos et paravents. Derrière ces œuvres : Marie-Claire Erny, peintre en décors et ennoblisseuse textile, termes exacts de la nomenclature des métiers d’art (elle fait partie de la frémaa, la Fédération des métiers d’arts d ’Alsace). Son processus créatif ? Des pinceaux, de la peinture textile et des supports naturels : coton, lin ou ramie, ce tissage traditionnel coréen qu’elle affectionne particulièrement. « Je commence par une idée puis je me laisse toute la latitude pour que le dessin fasse sa propre vie C’est juste ma main et mes idées », explique l’artisane.

Ses créations célèbrent la nature mais n’excluent pas l’abstraction géométrique, oscillant entre motifs traditionnels et contemporains. Chaque peinture est photographiée, puis le motif s’imprime sur textile pour devenir objet du quotidien, parfois agrandi en tapisserie. « Le textile c’est comme la cuisine, cela pourrait paraître anodin, c’est pourtant important au quotidien, dans notre environnement direct. On le retrouve partout dans le monde, c’est universel ! »

Couleurs locales

Mulhousienne d’adoption depuis 25 ans, Marie-Claire Erny a choisi la capitale du textile alsacien, où elle avait étudié aux Beaux-Arts, pour y développer son activité. « J’aime cette ville dynamique et brute de décoffrage. J’ai l’impression qu’il y est plus simple de monter des projets et de trouver les moyens de les concrétiser. » Elle collabore exclusivement avec le microcosme local : « Les filatures reprennent, le lin se relocalise, je travaille avec des artisans de la vallée : couturières, imprimeurs... » En 2023, Mulhouse l’a sélectionnée pour créer le motif imprimé du marché de Noël. Une fierté pour la designer. Ses créations sont en vente au musée de l’Impression sur étoffe de Mulhouse et dans divers dépôts-vente de la ville, ainsi qu’à Épernay et dans le Jura. Les Strasbourgeois peuvent les découvrir à la boutique OZ jusqu’au 3 janvier 2026. Elle réalise aussi, sur commande, des peintures sur mesure : paravent, kakémono, tenture ou encore tête de lit. De quoi sublimer son intérieur avec des pièces uniques confectionnées localement.

lebonmotif.fr

CRÉATIONS DISPONIBLES CHEZ

→ OZ, boutique éphémère des métiers d’art de la frémaa jusqu’au 3 janvier 2026.

Galerie de l’Aubette 4 rue de la Haute-Montée, Strasbourg

Dans une cour discrète de la plaine des Bouchers, un atelier centenaire vibre à nouveau sous les coups de marteau de Yann Marticou, qui redonne vie à des savoir-faire en voie d’extinction. Rencontre avec un artisan qui n’a froid ni aux yeux… ni aux mains.

La braise au cœur

Yann Marticou est fèvre, taillandier, coutelier et métallurgiste. Autant de titres qui poussent parfois à une petite recherche en ligne, mais pour faire simple : Yann façonne des lames, des outils forgés sur mesure et des coupe-choux, pour les particuliers comme pour les professionnels en quête d’outils à la pointe, du tailleur de pierre au tailleur de bois. Avant, il dirigeait une colonie de vacances, jusqu’à ce qu’un bouleversement personnel le pousse à une remise en question profonde. « Je voulais faire de l’artisanat et je me suis dit : j’ai toujours eu un couteau en poche, aimé taper sur des trucs et mettre le feu », raconte-t-il

tout sourire.

En 2018, il part se form er dans le Tarn, au Centre de formation aux métiers et transmission des traditions (CFMTT), un lieu unique en Europe pour les artisans des métaux chauds. Sa formation terminé e, il monte un premier atelier à Quatzenheim et en 2021, lorsqu’il s’en sent les épaules, il s’installe en plein cœur de la zone industrielle, dans un hangar strasbourgeois de plus d’un siècle. « Ce bâtiment a longtemps été une forge, c’était les tôleries de Strasbourg, ils faisaient des lampadaires pour la ville, de la rambarde de bâtiments publics, même des pièces d’aviation. Apr ès, une entreprise d’ascenseurs y a pris place. Le dernier occupant était un forgeron métal et bois. Je l’ai rencontré en sortie de Covid, mais il n’avait plus vraiment le feu… Nous avons travaillé ensemble, puis j’ai pris la relève il y a deux ans. » Plutôt que de rester dans sa bulle, Yann transforme le

gigantesque espace en atelier partagé : charpentiers, menuisiers, designers, bijoutière, spécialiste du vélo… un véritable foyer créatif.

Un atelier hors du temps

Au fond du vaste local désormais plein de vie, Yann s’enfonce vers son antre, noircie par le charbon et peuplée de colossaux engins d’un autre temps. Une fraiseuse, une grugeuse rectifieuse, une marteleuse, autant d’outils monumentaux qui trônent au centre de la pièce.

« Je me demande si l’atelier n’a pas été construit autour d’eux. Tant de machines sont parties chez le ferrailleur juste pour le poids… J’aimerais les sauvegarder, c’est du patrimoine, ça fait partie de l’âme du lieu ! » confiet-il en portant un sac de charbon.

Sur son établi, les outils racontent eux aussi leur histoire. Une montagne de pinces, qui auraient fait fantasmer à coup sûr les dentistes d’antan, lui permet d’avoir une tenaille adaptée à chaque profil pour tenir le métal chaud. Il y a de la ré cup’, des trésors de brocante, des fabrications maison, et parfois des dons : « Au fil des rencontres on me dit : ‘‘Oh, mon grand-père était forgeron ! J’ai encore des outils qui dorment au grenier…’’ »

Yann Marticou propose des stages pour apprendre à battre le fer et concevoir sa propre lame. Des formules de quelques heures à deux jours, en fonction des créations.

Le feu parle et le métal répond Il est l’heure de plonger dans le feu de l’action. Ici, pas de flammes hollywoodiennes façon Michael Bay, mais un foyer précis, contenu, maîtrisé, presque méditatif. Tel un chef d’orchestre, Yann fait chanter la braise. Il sait ce qu’il fait, de ses doigts il n’y a laissé que le duvet ! Pour démarrer, il suffit d’une étincelle, littéralement, l’artisan frotte un silex. Il travaille avec un modèle traditionnel japonais, une forge simple faite d’un creuset, d’oreilles et d’un système de ventilation. Le tout fonctionne uniquement

PAR LUCIE D’AGOSTO PHOTOS CHRISTOPHE URBAIN

au charbon de bois, un combustible qui respecte mieux la matière. « C’est l’une des conceptions les plus simples. Elle permet un travail très fin de la température et de la chimie du feu », explique-t-il en attisant le foyer où il plonge ensuite le fer. Pas de lapin tiré du chapeau, mais une pierre, plusieurs heures plus tard, devient une lame élé gante monté e sur un manche en bois noble. « C’est très intense comme processus. Tu nourris une cheminée de minerai et de charbon pour sortir une masse à 1 300 degrés. Tu t ’en prends plein la gueule, mais c’est la naissance d’une matière précieuse. Pour 4 kg de matière finie, il faut près d’une centaine d’heures. »

Sous ses coups, un morceau incandeswde la pointe au manche. Le tranchant est poli, mais le haut garde le brut de forge, c’est la peau du fourneau. Les explications du forgeron sont interrompues par un crépitement derrière lui. « Oh, ça crame ! » lâche-t-il en tirant la lame du feu, une dernière fois. Il est temps de le laisser attiser ses braises en paix et refermer la porte de l’atelier. Derrière elle, le métal continuera de chanter pour celui qui est animé par cette passion incandescente.

La Forge de l’arbre flamboyant 31 route de la Fédération, Strasbourg laforgedelarbreflamboyant.com

En 2026, le dispositif Tango & Scan, porté par la structure accro (Action pour le développement créatif des organisations), signera sa quinzième édition. D’ici là, faisons le point avec le duo défenseur des initiatives innovantes et vertueuses, Khaled Farah / Magali Fischer.

Un plan sans accro

De la menuiserie participative aux applications inventives, en passant par la relecture du traditionnel kelsch (voir l’article sur Kelschtomi p. 128 ) : Tango & Scan est une sorte d’« agence de développement » qui finance et conseille des projets regroupant plusieurs profils : studios de design & tiers - lieux, entrepreneurs de la tech & communicants numériques, kinésithérapeutes & entreprises écoresponsables… « Nous sommes une communauté qui connecte industries créatives et secteurs économiques traditionnels », selon les porte-parole d’accro qui, dans le cadre du programme d’accompagnement qu’elle pilote, a déjà soutenu 282 projets concernant environ 630 entreprises. Speed dating avec Khaled Farah, directeur de la structure accro, et Magali Fischer, Responsable Économie créative à la Ville et Eurométropole de Strasbourg.

Culture et innovation sont des mots qui vont très bien ensemble… On pense à des mouvements comme le Bauhaus qui mêlait, dans sa définition même, archi, art, design … Pourtant, aujourd’hui, cette synergie entre les écosystèmes industriels et culturels semble avoir besoin de leviers dont le dispositif Tango & Scan fait partie. Est-ce une manière de pousser et d’accompagner des collaborations, mais aussi d’ouvrir la voie et montrer le champ des possibles dans le monde de l’innovation ?

Khaled Farah Tango & Scan est n é exactement de cette intuition-là : si on veut que l’innovation sorte de ses silos, il faut créer des cadres très concrets où des mondes qui se croisent peu vont se rencontrer pour faire ensemble. La ré férence au Bauhaus est intéressante parce que ce mouvement a montré que lorsqu’on m élange arts, techniques et usages, on ne fait pas qu’embellir le monde, on transforme en profondeur la manière de concevoir les objets, les espaces et les services.

Magali Fischer Le concept même d’un rapprochement de ces diffé rents é cosystèmes, c’est de permettre l’incorporation de diffé rents réactifs pour obtenir une formule unique : une dynamique qu’on retrouve aussi avec les dé marches de design thinking et d ’art thinking par exemple, de plus en plus populaires dans des organisations qui souhaitent repousser leurs limites et se challenger.

K. F. Tango & Scan oblige à constituer des binômes ou des équipes hybrides – un acteur des industries culturelles et créatives + un acteur de l’économie « classique » – et il cofinance une phase de prototypage ou d’expérimentation en donnant un cadre, une méthode, un accompagnement pour tester rapidement une idée.

M. F. Tango & Scan, c’est un peu comme une thérapie de couple pour des acteurs économiques souhaitant booster leur quotidien entrepreneurial. Chaque nouvelle collaboration entraîne dans son sillage autant de projets inspirés qui vont venir transformer le territoire et la vie de la cité. Parce que l’innovation n’est pas seulement d’ordre techno mais peut aussi être sociale, esthétique, ou encore d’usage. Concrètement, Tango & Scan offre un cadre et des moyens pour concrétiser toutes ces idées. C’est un levier d’hybridation entre économie et culture, une opportunité d’expérimenter.

PHOTO

Quels projets de ces dernières années vous ont particulièrement marqué s, dans leur exemplarité quant à ce dialogue art / sciences / économie ?

M. F. Difficile de choisir ! Ce qui m’a positivement étonnée, c’est le fait que chaque année, un thè me diff é rent a é té d éfini et que nous n’avons aucune difficulté à obtenir des candidatures en adéquation avec ces thématiques pourtant trè s vari ées. Depuis mon arrivée sur ce poste, nous avons mis à l’honneur le spatial en 2021, les transitions écologiques et sociales en 2022, la lecture en 2023, l’intelligence artificielle en 2024 et les métiers d’art l’an passé... pour n’en citer que quelques-uns. Peu d’appels à projets permettent une ouverture aussi vaste à des sujets aussi diversifiés. Les candidatures de projets à dominante artistique restent encore modestes à chaque édition : la question du modè le économique reste charnière pour ces acteurs qui ont davantage besoin d’être accompagn és en amont.

K. F. Spontan ément je pense au climatiseur adiabatique de Camille Morin : en croisant design, céramique et principes physiques de refroidissement passif, elle transforme un enjeu très technique – la climatisation sobre – en un objet désirable, artisanal, qui peut réellement changer nos usages domestiques. La collection Tadam! de Robin Pfrimmer illustre une autre facette de cette hybridation : livres audio interactifs pour enfants, technologies vocales, cré ation sonore et édition jeunesse se conjuguent pour réinventer le rituel de lecture, sans écran, en renforçant le lien parent / enfant et l’imaginaire. Enfin, JobTaste de Raphaël Schatz montre comment les codes du jeu vidéo et l’intelligence artificielle peuvent servir des enjeux économiques très concrets : découverte des métiers, orientation, attractivité des filières avec une expérience immersive et sensible pour les jeunes. Ces projets ont un point commun : ils prouvent que les industries créatives ne sont pas un supplément d’âme mais un véritable levier de transformation pour l’innovation, au plus près de la vie quotidienne.

accro

Au Digital Village

7 cour des Cigarières, Strasbourg accro-grandest.fr/tangoscan

* Lire l’article dans le dernier hors-série Zut Artisanat 6 portant sur les m étiers du livre.

« Les métiers d’art peuvent être au cœur de l’innovation : on part d’un héritage, on le branche sur des technologies contemporaines et on en fait un levier économique vivant pour le territoire. »
KHALED FARAH

En 2025, la filière des métiers d’art a été valorisée par le dispositif, notamment dans le but de défendre les savoirfaire locaux…

M. F. Absolument. Tu as sans doute entendu parler d’Agoratrium* ? C’est un projet ambitieux qu’on a imaginé dans cet esprit-là avec tout un réseau de partenaires en réponse à un appel à projets du ministère de la Culture : Imagine… dans cinq ans, un nouveau lieu qui émergerait dans le quartier du Port du Rhin !

Plus qu’un tiers-lieu, ce sont des synergies d’acteurs qui prendraient la forme d’un pôle fédérateur réunissant artisans, industriels, designers et chercheurs au sein d’un écosystème durable des métiers de l’imprimerie, des arts graphiques et des industries culturelles et créatives.

K. F. C’est un enjeu absolument central pour moi. On oublie trop souvent que les métiers d’art ne se résument pas à de beaux objets : c’est une véritable économie, qui pèse en France plus que l’industrie pharmaceutique. Quand on parle d’artisans d’art, on parle donc de culture, d’emplois, d’export, d’attractivité touristique et de fierté territoriale. Soutenir ces savoir-faire, c’est ancrer l’innovation dans le réel en travaillant avec des professionnels qui maîtrisent les matériaux, la réparation, la durabilité et qui savent concevoir des objets et des espaces que l’on garde et que l’on transmet. C’est aussi donner un avantage compétitif à notre territoire : un produit, un bâtiment, un service pensé avec un artisan d’art n’a ni le même visage ni la même valeur. Avec Tango & Scan, lorsque nous avons choisi cette thématique en 2025, nous n’avons pas cherché à faire de l’ornement ; nous affirmons que les métiers d’art sont, eux aussi, des moteurs essentiels de développement économique.

M. F. Agoratrium connectera artisans, acteurs des industries culturelles et créatives et industriels au sein d’un projet commun dont l’offre de service permettra de stimuler la formation, l’expérimentation, la production et la création, en enrichissant chacun de ces domaines et en ouvrant de nouvelles perspectives de développement économique et d’innovation. Certains de ces métiers sont en effet confrontés à de profondes mutations, notamment induites par l’essor du numérique : développement du prototypage rapide, de l’impression 3D, etc. Ces nouvelles technologies sont autant d’opportunités de fabriquer des pièces uniques ou à un coût raisonnable, tout en s’inscrivant dans des process plus vertueux, et permettent par la même occasion de réinventer et transmettre des gestes traditionnels.

Quel regard portez-vous sur Kelschtomi , qui mixe geste artisanal et technologies numériques ?

M. F. J’adore ce lauréat de l’édition 2025 de Tango & Scan qui a pour ambition de réinventer le kelsch, un magnifique tissu symbole de la tradition alsacienne, tout en préservant l’intégrité du travail artisanal en atelier.

K. F. C’est le type de projet qui me réjouit. Le kelsch est un symbole fort de notre patrimoine textile et également un savoir-faire qui est en train de s’éteindre. Ce que fait Marie Froehlicher, ce n’est pas du folklore : elle prend au sérieux ce tissu comme matière d’avenir.

M. F. L’intégration de nouvelles technologies permet de concevoir de nouveaux motifs, répondant ainsi aux évolutions du marché et aux attentes d’une clientèle en évolution.

K. F. On ne trahit pas le kelsch, on le dépoussière et on le rend à nouveau désirable pour une clientèle plus jeune, plus exigeante, qui cherche du sens, de la qualité et une histoire à porter. Pour moi, Kelschtomi montre très concrètement que les métiers d’art peuvent être au cœur de l’innovation : on part d’un héritage, on le branche sur des technologies contemporaines et on en fait un levier économique vivant pour le territoire.

Saison musicale

Janvier — Mars 2026

Les étudiant·es de la HEAR — Musique proposent un programme éclectique et généreux. Entrée libre et gratuite.

Cité de la musique et de la danse, Strasbourg

Janvier

Wind Ensemble — Sam. 10 et dim. 11

Concert des doctorant·es au MAMCS — Mer. 14

Vendredi de l’orgue — Ven. 16

Midi de la musique de chambre — Jeu. 22

Février

Vendredi de l’orgue — Ven. 6

Orchestre symphonique — Ven. 6 et sam. 7

Voyage de la musique ancienne — Mar. 10

Midi de la musique de chambre — Jeu. 12

Mars

Orchestre baroque à l’Égl. S te -Aurélie — Dim. 8

Midi de la musique de chambre — Jeu. 19

Accroche Note — Mar. 31

Quai de Scène, Strasbourg

Soirées jazz — Les mardis 27 janvier, 10 février et 10 mars

Horaires et infos sur www.hear.fr et également sur Instagram : hear.musique

© Photo : Concert Résonances américaines / Alexandre Schlub, 2025

Faire un don

Parmi les créateurs épaulés par le dispositif Tango & Scan, Marie Froehlicher modernise le kelsch, avec ses combinaisons infinies de carreaux écrus, rouges et bleus. Place aux créations pop d’une petite filière artisanale, bien décidée à faire revivre la traditionnelle étoffe alsacienne.

Kelsch belle idée

Le Bazar de Suzanne et Émile 115 route du Polygone, Strasbourg gotfertomi.alsace

Dans une ancienne limonaderie amoureusement rénovée du Neudorf, son atelier respire l’attachement au patrimoine et le goût des belles matières. Lieu de vie et de création se répondent : plaques émaillées de cafés d’un côté, objets de mercerie de l’autre. Le chien Achille circule d’un espace à l’autre, s’installant sur les coussins brodés d’expressions alsaciennes imaginés par sa maîtresse.

L’art et la matière

Depuis vingt ans, Marie exerce son art de la restauration. Alors qu’elle termine sa thèse d’arts plastiques consacrée au bois, elle ressent le besoin de travailler la matière de ses mains et se forme au métier de tapissière-décoratrice. Parce qu’elle a grandi en Alsace, entourée de meubles traditionnels, et qu’elle a dormi sous des édredons en kelsch, Marie a un attachement particulier à cet art de vivre alsacien. Sa grand-mère Charlotte, couturière, lui a transmis sa passion pour les tissus et les belles matières. Ses grands-pères lui ont soufflé quelques expressions qui allaient devenir sa marque de fabrique, Gotfertomi, qu’elle a écrit en phonétique pour adoucir son côté juron . Dès 2020, elle crée une gamme d’objets du quotidien siglés de ces clins d’œil populaires : coussins Schmoutz ou Hopla, tasses à café Bierbüch du Neudorf ou Maïdele de la Krutenau, réalisés en collaboration avec la poterie Beck…La collection, amusante et décapante, se vend comme des petits pains.

À DÉCOUVRIR

→ au Marché de Noël Off de Strasbourg

→ à la Boutique éphémère Gnooss de Caroline Boeglin 15 rue des FrancsBourgeois, Strasbourg (jusqu’au 24 décembre)

PAR CORINNE MAIX

Même Mamama va l’adopter

Depuis un an, Marie mûrit une autre idée, à la croisée de ses deux amours : la décoration d’intérieur et les traditions alsaciennes : elle se met en tête de moderniser le kelsch et d’y apporter une touche pop pour séduire une clientèle plus jeune, sans rien renier de ses qualités. « C’est une matière incroyable, tissée de deux fibres naturelles, le coton et le lin. C’est local et durable, ça résiste au lavage comme au temps ! » Elle le sait : les artisans maîtrisant encore ce savoir-faire sont rares. Elle déploie une énergie folle pour recréer une petite filière, taillée à sa mesure, afin de produire en petites quantités pour sa première collection.

Marie trouve les fils de lin dans le Nord, les fait teindre à Côme en Italie, avant de livrer les bobines à Cédric Plumey, qui a installé sa manufacture à Étupes, près de Montbéliard. Elle se souvient du jeu de piste pour retrouver la trace de ce passionné, qui a fait ses armes avec Michel Gander, le tisserand de Muttersholtz qui avait redonné ses lettres de noblesse au kelsch. Les « vieux métiers du maître » sont désormais sous sa protection pour produire, à partir d’une incroyable installation de bobines, cette

étoffe qui nécessite 3 200 fils sur une largeur de 160 centimètres. Il manquait un dernier maillon à cette chaîne : le designer textile Francis Boissenin fait passer les créations de kelsch de Marie du stade de dessin au stade logiciel. Après tissage, le tissu est enfin envoyé à Saint-Étienne pour être lavé.  « Une étape indispensable pour que le tissu ne dégorge pas sa couleur et qu’il ne rétrécisse plus, car il perd 20 % de sa taille au premier lavage », explique la créatrice.

Trouver le courage de se lancer

En septembre 2025, Marie présente sa première collection Kelschtomi, composée de quatre motifs baptisés des prénoms de ses grands-parents : Charlotte et Étienne en rose et vert, Joséphine et Charles en jaune et bleu. Avec l’aide d’un atelier adapté de Strasbourg, elle confectionne coussins, serviettes, torchons et nappes en kelsch fraîchement pimpé. « Pour un artisan qui a une idée neuve, la grande difficulté, c’est de se lancer. Une fois les défis techniques résolus, il reste le pari financier. La plupart des fournisseurs m’imposaient de grosses commandes de fil et de tissage. » Grâce à Cédric Plumey, elle limite sa première commande à quatre fois 60 mètres de tissu. Surtout, elle décroche un soutien de 20 000 € de Tango & Scan, qui l’aide à financer ses premiers investissements. « Cette aide aux métiers d’art a été précieuse. Elle m’a rassurée : cette idée plaisait ! » En décembre, les créations de Marie seront proposées au Marché de Noël Off et dans la boutique éphémère Gnooss de la blogueuse déco Caroline Boeglin. On trouve aussi un joli échantillon de sa gamme au Neudorf, au Bazar de Suzanne et Émile, pour un achat garanti zéro kilomètre.

Marie pense déjà à la suite : deux nouveaux kelsch mêlant noir, jaune et bleu sur fond de lin naturel. Elle espère vendre son tissu aux professionnels de la décoration d’intérieur, idéalement via un grand éditeur. Le Kelschtomi ne fait que commencer son voyage hors des frontières alsaciennes.

Entre acte écologique et valorisation des souvenirs, l’upcycling s’impose en bijouterie-joaillerie. Plus accessible, la pratique offre de transformer une pièce du passé en un nouveau bijou chargé d’histoire.

Second-éclat

Des bagues un peu datées, une chaî ne cass ée, une broche que l’on n’ose plus porter… On a tous des bijoux qui dorment au fond d’un tiroir, passés de mode ou reçus en héritage. Des trésors de famille dont il est bien difficile de se séparer –trop d’histoire, de liens, de souvenirs. Et si on pouvait les transformer sans les trahir ? C’est l’idée d’un mouvement aussi poétique qu’écologique : l’upcycling bijoutier. Si le mot sonne ultra-tendance, la pratique est pourtant très ancienne : les bijoutiers fondent et refaçonnent l’or depuis des siè cles . Ou comment utiliser l’or du passé pour illuminer le présent.

Faire du neuf avec de l’émotion

Quand il est question d’upcycling, on pense souvent à la mode ou au mobilier : réutiliser le tissu d’une chemise pour en faire un crop top, relooker un vieux meuble de cuisine en buffet tendance… La pratique attire déjà ceux qui cherchent à consommer autrement dans un monde dominé par le tout-jetable. Alors pourquoi ne pas faire la même chose en offrant une seconde vie à ses bijoux sans rompre le fil de l’émotion ? Arnaud Greulich, bijoutier-joaillier à Strasbourg et président de la Corporation des bijoutiers du BasRhin, défend cette idée avec passion : « La transformation, c ’est le cœur de notre activité aujourd ’hui, explique-t-il. Les clients viennent avec leurs bijoux, cassés ou hérités, et notre rô le, c ’est de les écouter, de comprendre ce qu ’ils veulent garder – la pierre, l ’or, le symbole – pour imaginer ensemble une nouvelle pièce qui leur ressemble. » Résultat : un bijou unique, totalement personnalisé, à la fois moderne et chargé d’histoire. Une création qui dit autant qui l ’on est que d ’où l ’on vient

Entre respect du passé et liberté cré ative, « l’équilibre, c ’est le client qui le décide , confie Arnaud Greulich. Certains veulent garder la matière exacte de leur bijou d ’origine : faire fondre une ancienne boucle d’oreille solo pour en faire un pendentif, c’est tout à fait possible. D ’autres clients préfèrent changer complètement de couleur, de forme, de matériau parfois. On fonctionne alors par équivalence. » Chaque transformation est une co-construction, où l’artisan capte l’essence du souvenir tout en insufflant son propre regard : il propose, dessine et adapte selon les envies et les contraintes techniques. « On est un peu les artisans des instants précieux, sourit-il. On partage un moment de vie avec nos clients, une émotion, une histoire. Beaucoup de jeunes qui viennent nous voir pour créer leur première bague, ou leur alliance, adorent l ’idée de réutiliser de la matière familiale. Ça donne une dimension symbolique incroyable à l ’objet »

L’or recyclé, un choix éthique et malin

Pour Nathalie de Riz, secrétaire générale de l’Union des corporations artisanales d’Alsace (UCA), l’upcycling permet également de modifier la façon dont on perçoit les produits de luxe : « Beaucoup de gens pensent que les bijoutiers-joailliers, c ’est forcément quelque chose d’inaccessible, beaucoup trop cher et pas pour eux. Mais quand on apporte sa propre matière première, ça change tout. On ne paye plus que la création et le savoir-faire. Cela devient très abordable ! » Il suffit en effet de jeter un œil sur le cours actuel de l’or pour comprendre que l’argument de l’upcycling dépasse la seule dimension sentimentale : il est aussi économique. Pour les clients, comme pour la planète, réutiliser l’existant permet d’éviter

l’achat de matière première neuve, coûteuse et polluante. « On met souvent en avant l’appellation “or équitable” dans la vente des bijoux. Effectivement, c ’est très bien puisque cela permet une traç abilit é complète du matériau, de la mine jusqu ’au produit fini. Mais ça reste de l’or extrait, précise Arnaud Greulich. L’or recyclé, c ’est bien mieux : zéro pollution, zé ro extraction, pas d’impact sur l’environnement, pas de produits toxiques, pas de conditions de travail douteuses. Et comme l ’or est une matière éternelle, elle ne perd jamais sa valeur. »

Pourtant, malgré son bon sens et sa beauté, l’upcycling bijoutier reste peu connu. « Les gens voient partout des enseignes de rachat d ’or, mais personne ne leur dit qu ’ils peuvent aussi le recycler », déplore Nathalie de Riz. D’où la mission de l’ UCA d ’aider la profession à mieux communiquer sur cette alternative. « C ’est une démarche qui mérite d’être valoris é e. En plus d’être local, artisanal et durable, c ’est une belle histoire à raconter. » Arnaud Greulich confirme : « On n ’est pas des usines à bijoux ; on fabrique des pièces uniques, à la main. On voudrait que les gens sachent qu ’ils peuvent pousser la porte d ’un bijoutier même avec un tout petit projet. »

Atelier Greulich

15 bd de Nancy, Strasbourg greulich.fr

Corporation des Bijoutiers, Horlogers, Joailliers, Orfèvres et Sertisseurs du Bas-Rhin

UCA 67 - Espace Européen Entreprise 2 allée d’Oslo, Schiltigheim

Un peu d’âme et beaucoup d’amour

Dans une époque marquée par la (sur)consommation sans limite et les objets éphémères fabriqués à l’autre bout du monde, donner une seconde vie à un bijou ne serait-il pas une sorte d’acte militant ? « Je n’irais pas jusqu’à parler d ’acte de résistance, sourit Arnaud Greulich , m ais c ’est vrai que choisir le durable, c ’est aller à contre-courant. » Ce retour à la transformation traduit donc cette fameuse prise de conscience applicable à bien d’autres sujets dans notre société : consommer moins, consommer mieux. « On sent un vrai changement, raconte Nathalie de Riz. Les gens veulent consommer différemment : ils cherchent du sens, de la proximité, une histoire derrière ce qu ’ils portent. On parle de circuits courts, de seconde main, de recyclage. Finalement, le bijou upcyclé, c ’est tout ça à la fois – mais avec de l ’or et des émotions. On a tous des pièces qu ’on garde pour la mémoire, mais qu ’on ne met jamais. Là, on garde le souvenir tout en lui redonnant une vie. Je trouve ça très beau. » Ainsi, chaque bijou recyclé porte une part d’héritage, un peu d’âme et beaucoup d’amour. « C ’est ça, l ’artisanat, conclut Arnaud Greulich. Des mains, des histoires et des gens. Et chaque bijou, au fond, est un petit morceau de vie » Et si c’était la voie à emprunter pour l’artisanat de demain ?

Le globe-trotter Éric Humbert n’a de cesse de remplir ses carnets d’inspirations… auxquels il donne vie et forme. Sa dernière œuvre à la couleur mentholée met de la joie joaillière autour de nous. Le maître nous livre les secrets de sa création. L’idée et l’esquisse. Voici comment naît un bijou : l’histoire de Tsavo, en trois épisodes…

Uncut Gems

É ric Humbert

46 rue des Hallebardes, Strasbourg eric-humbert.com

Préambule

« Je vais vous faire découvrir les coulisses de cette création : du métal au sertissage, de l’atelier à la pièce finale. Je vous invite à suivre chaque étape de la croissance et la métamorphose de Tsavo. »

Épisode 1

« Tout commence dans l’intimité d’un échange : une cliente me parle de son envie d’un collier court, tout en dé licatesse, o ù le vert serait à l’honneur. Je l’écoute, j’imagine, je traduis son désir en lignes, en volumes. La premiè re esquisse na î t, guid ée par cette couleur profonde et vivante. Pour l’incarner, deux tsavorites soigneusement choisies lors de mon dernier voyage en Inde – éclats de jungle et de lumière – que j ’associe à deux brillants pour révéler toute leur intensité. Le dessin est posé. Il ne reste plus qu’à le faire passer du papier à la matiè re. »

Épisode 2

« Le dessin devient matière : après l’esquisse vient le moment décisif, celui où le bijou quitte le papier pour entrer dans la matiè re. Le collier Tsavo passe à l’atelier. Le m étal est découpé, mis en forme, soudé avec pré cision. Chaque geste est mesuré, chaque courbe pensée pour accueillir les pierres comme un é crin vivant. Le bijou prend corps… et l’histoire continue. »

Épisode 3

« Tsavo, un bijou né d’un échange et d’un rêve : le collier est terminé. De l’idée à la matière, de l’esquisse au bijou, Tsavo a pris vie, guidé par l’envie d’une cliente et le travail de l’atelier. Un bijou sur mesure, pensé pour elle, raconté pour vous ! »

Épilogue

« Je me pré pare à découvrir de nouveaux horizons pour d’autres précieux talismans à faire étinceler ! »

Alors que la deuxième édition des « Lumières d’Hiver » enchante ses allées, le Parc animalier de Sainte-Croix dévoile une autre facette essentielle de son identité : celle d’un ancrage territorial profond et d’un engagement authentique envers le savoir-faire de ses voisins.

Nature

Afaite main

Parc animalier de Sainte-Croix

Route de Sainte-Croix, Rhodes parcsaintecroix.com

u-delà de ses vastes étendues naturelles et de la faune qu’il abrite, le Parc animalier de Sainte-Croix, niché au cœur de la Moselle, se révèle être un fervent défenseur et un acteur majeur de l’artisanat et de l’é conomie locale. Au-delà de la conservation animale, sa philosophie irrigue chaque initiative, comme le souligne Mandy Schmitt, Responsable Communication : « Le Parc animalier de Sainte-Croix est depuis 45 ans, profondément ancré sur son territoire. Nous mettons un point d’honneur à faire travailler les entreprises locales et artisans. » Un engagement qui se traduit par des partenariats durables, à l’image de celui avec l’entreprise Bati Rénov, spécialisée dans le travail du bois. Leurs charpentes et constructions en bois, véritables œuvres d’art architecturales, ponctuent le parc, témoignant d’un « savoir-faire unique » et d’une collaboration historique.

Pour les visiteurs, satisfaits de voir que « l’économie et les artisans locaux sont sollicités », la démarche fait mouche. Cette harmonie créée entre environnement naturel, culture locale et développement durable « s’inscrit dans les valeurs du parc »

Lumières sur le terroir

La période hivernale, avec l’événement féerique « Lumières d’Hiver », offre une vitrine é clatante à cet engagement. Cette année, une nouveauté marquera les esprits : l’installation de chalets de Noël, fabriqués par l’entreprise alsacienne Rustyle, pour accueillir une sélection de produits mosellans. Mandy Schmitt explique : « En tant que site partenaire de l’événement ”Les Noëls de Moselle“, il était évident pour nous de proposer une offre complémentaire en lien avec les fêtes de fin d’année et une sélection de produits ancrés dans l’artisanat local. »

La s élection des artisans se fait avec soin, en privilégiant le l abel qualité MOSL, gage d’authenticité et de provenance territoriale. Parmi les trésors proposés aux visiteurs, on trouve une riche palette allant des confitures artisanales de l a Hoube (coffrets de confitures, pâtes à tartiner, calendriers de l’Avent) aux créations de la Cristallerie Lehrer ( boules de Noël), en passant par les saveurs de La Corbeille Lorraine (confitures aux épices de Noël). La Distillerie artisanale du Castor régale avec ses coffrets de rhums et bières arrangés, tandis que L’Atelier Ginko propose des bougies et Hélè ne Cr éations des bijoux sur le thème de Noël. C’est une immersion gourmande et sensorielle au cœur du savoir-faire mosellan.

Engagé tout au long de l’année

Concernant l’évolution de l’offre artisanale, la Responsable Communication est optimiste : « Actuellement l’installation de chalets de Noël est une première en hiver, donc on a choisi de fonctionner en dépôt-vente. » S’ils ne sont pas physiquement présents, les artisans sont mis en avant « sur site ». Et l’engagement du parc envers l’artisanat ne se limite pas à la p ériode des fêtes : tout au long de l’année, la boutique du parc dispose d’un « espace dédié aux produits qualité MOSL », La recherche de nouveaux producteurs pour enrichir l’offre prouve que la valorisation des artisans locaux est une constante dans la dynamique d’ouverture du parc.

La construction est un autre pilier de cet engagement continu. Un projet d’envergure a récemment pris forme avec la reconstruction de la Maison d’Yvonne, « une ferme mosellane en pan de bois qui a été remonté e pi èce par pièce au parc et reconstruite avec des techniques d’éco-construction ». Cette bâtisse traditionnelle, qui sera « dé corée pour Noël », est un exemple éloquent de la pérennité d’un savoir-faire ancestral. En travaillant avec « de nombreuses entreprises du territoire », le Parc de Sainte-Croix contribue à un accroissement de l’économie locale et régionale. Bien plus qu’un lieu de loisirs, c’est en véritable ambassadeur de la Moselle qu’il se place. La nature, la culture et l’ ingé niosité humaine s’y entrem êlent pour créer une expérience unique et profondément enraciné e.

Notre équipe est à vos côtés pour vous aider, vous guider, vous conseiller et installer vos fenêtres, portes, volets et autres solutions de menuiseries extérieures et intérieures avec le sourire.

Nos partenaires

Un regard différent sur votre gestion

UN ACCOMPAGNEMENT

SUR-MESURE

Expertise comptable

Commissariat aux comptes & audit

Gestion de la paie

Ressources humaines & droit social

Conseil juridique et fiscal

Accompagnement international

Formation professionnelle

Conseil marketing & communication

Conseil aux particuliers

Économie durable & RSE

Coaching professionnel

Des bureaux de proximité

Haguenau, Val-de-Moder, Saverne, Sarre-Union, Wissembourg

Contactez le bureau le plus proche de chez vous !

www.groupe-fiba.fr

LA FORCE D’UN RÉSEAU DE PROXIMITÉ

Votre mutuelle en Als ce depuis 1938

SANTÉ - PRÉVOYANCE - RETRAITE PROTECTION JURIDIQUE ASSURANCES DOMMAGES

3 POINTS D’ACCUEIL EN ALS CE

STRASBOURG COLMAR MULHOUSE

83 avenue de la Forêt Noire

67000 STRASBOURG

Tél : 03 88 45 91 60

Mail : info@la-prevoyance.com

Créée et Administrée par des Artisans, Commerçants pour des Artisans, Commerçants

PREN SOI D RE N

Avec ses produits naturels et bio, tout doux pour la peau et pour la planète, la Savonnerie du Cèdre peut se faire mousser. Son histoire et ses soins solides racontent qu’il est possible de changer de vie.

Bulles de douceur

C’savonnerieducedre.com

est l’histoire d’une reconversion qui mêle bulles de savon, résilience et pouvoir de la famille. Lassé de soigner l’eczéma de sa fille Pauline avec des produits à base de cortisone, Frédéric Schwartz, la cinquantaine,

commence à fabriquer dans sa cuisine des savons les plus doux possible. Le bénéfice est immédiat : les irritations s’apaisent, ses proches adorent et, en 2016, il se lance sur les marchés locaux. Frédéric a des paillettes dans les yeux quand il parle de la magie de la fabrication du savon. Un savoir-faire qu’il a très vite professionnalisé par une formation dans la Drôme. « Le plus gros morceau portait sur la réglementation cosmétique

et ses normes », se souvient-il. Pour la fabrication, c’est tout vu, il opte pour la saponification à froid. « C’est le procédé le plus écoresponsable, puisqu’il consomme un minimum d’énergie et ne produit ni rejets, ni déchets », se réjouit le savonnier. Un argument qui touche quand on sait que le secteur des cosmétiques est le deuxième plus polluant après celui du textile.

Une recette, beaucoup de magie

Son atelier de fabrication occupe le rez-de-chaussée de sa maison à Kilstett. Le sol est un peu glissant, le parfum du cèdre embaume, chaque zone est bien délimitée et on est surpris du peu de place et de matériel nécessaires à sa production. Une cuve suffit pour mélanger en quelques minutes 150 kilos de matière grasse et de soude. Mixées, les substances se combinent et quand le mélange épaissit, on ajoute les huiles essentielles pour le parfum, puis on coule la préparation dans un moule le temps de la saponification. 24 heures plus tard, le gros cube de savon naturel est démoulé, puis découpé à la lyre, une étape assez physique puisque tout est fait manuellement. « J’ai enchainé 18 productions au cours du dernier mois. Ce qui prend le plus de place c’est le séchage des savons. » Sagement empilés dans des caisses, ils attendront six semaines avant d’être emballés et vendus. Le temps leur apporte un fort pouvoir moussant et une densité qui les fait durer plus longtemps.

Que des ingrédients naturels

En réserve, le beurre de karité et de coco, l’huile d’olive et de ricin, les flacons d’huiles essentielles attendent leur tour. Fidèle à ses valeurs, la Savonnerie du Cèdre adhère au Label Nature et Progrès, le plus exigeant sur le choix de matières premières 100 % bio. Ici, pas d’huile de palme, pas d’additifs chimiques. Son beurre de karité, issu du commerce équitable est brut, sans blanchiment, sans raffinage. Son huile de coco est garantie sans maltraitance des singes que certains producteurs affament pour cueillir les noix. Tout le secret de la douceur de ses produits vient de cette forte teneur en beurre de karité, au minimum 35 %,

qui laisse la peau douce et hydratée. Le procédé de saponification apporte d’autres vertus : le surgras et la glycérine sont conservés dans le savon, contrairement à la recette marseillaise et aux méthodes industrielles. « Dans l’industrie, on la retire pour la valoriser sous forme de crème de soin. Du coup, le savon n’en contient presque plus ! »

Circuits courts

La gamme dédiée aux peaux sensibles compte aujourd’hui une trentaine de références : shampooings, dentifrices, huiles, baumes, sticks à lèvres, déodorants, démaquillants… Pour aller au bout de sa démarche vertueuse et se consacrer exclusivement à la fabrication, Frédéric confie l’emballage de ses produits à l’ESAT de Schiltigheim. « Entre nous, c’est un coup de foudre réciproque et une histoire qui dure », se réjouit le savonnier qui a fait le pari du carton pour ses emballages : un simple bandeau coloré autour des savons, des tubes pour ses démaquillants et ses déodorants solides… Seuls les baumes, plus gras, nécessitent des contenants en aluminium léger et recyclable. Pour la préparation des commandes en ligne, l’expédition et la livraison à quelque 200 points de vente en Alsace et en Lorraine, il a trouvé un logisticien à Wissembourg, tout proche.

La crise qui pique

POUR TROUVER LES PRODUITS

→ le site Internet de la savonnerie

→ quelque 200 points de vente : magasins, épiceries bio et vrac d’Alsace et de Lorraine, magasins Naturalia partout en France…

→ au Marché de Noël Off de Strasbourg, place Grimmeissen

Épaulé par sa sœur Sylvie, qui a développé le réseau de distribution, Frédéric savoure chaque jour son changement de vie. Mais tout n’est pas rose : le ralentissement du bio et la hausse du prix des matières premières bousculent le fragile équilibre du “100 % fait main”. « Il faut beaucoup de persévérance, participer aux foires et salons pour gagner en visibilité, trouver sans cesse de nouveaux distributeurs » , explique Frédéric qui ne regrette rien de cette aventure et s’apprête à participer pour la deuxième fois au Marché de Noël Off de Strasbourg. En compagnie d’autres producteurs et artisans locaux, engagés pour le respect de la planète et de l’humain, il a assurément trouvé sa juste place.

De la micro-savonnerie du début à son installation prochaine dans un laboratoire plus grand pour développer sa gamme de soins naturels et bio, Maud Steininger a parfois l’impression de courir un marathon. La douceur de ses produits

Alcedo Cosmétiques cache une ardeur sans faille à faire décoller son entreprise artisanale.

La course au naturel

alcedocosmetiques.fr

À DÉCOUVRIR

→ au Marché de Noël Off de Strasbourg, place Grimmeissen

est un voyage en Amérique centrale qui a tout déclenché. Huit mois dans une ferme agrobiologique lui ouvrent les yeux sur les ingrédients naturels ; elle commence à fabriquer ses premiers savons à froid et prend plaisir au geste artisanal. De retour en France, elle se forme auprès d’un pharmacien de la Drôme et peaufine sa technique chez un savonnier de Majorque. En 2020, à 30 ans, elle lance son activité sous le nom d’Alcedo, nom scientifique du martin-pêcheur, ce bioindicateur qui vit à proximité des cours d’eau du Parc naturel régional des Vosges du Nord.

L’utilisation de l’eau de la source celtique, la Liese, est une évidence pour Maud qui installe son premier laboratoire à Niederbronn-lesBains. Car une eau minérale n’est pas inerte, elle apporte ses bienfaits aux produits de soins. « Très vite, je découvre la complexité de la réglementation cosmétique, surtout pour les produits à base d’eau », se souvient Maud, qui a aussi choisi l’un des labels les plus exigeants, Cosmos Organic. Si certains processus s’automatisent, beaucoup se font encore à la main, dans son petit atelier où s’activent aujourd’hui quatre personnes.

Changer d’échelle sans perdre l’essentiel

Saponification à froid économe en énergie, sourcing des matières naturelles bio les plus locales possible, dons de savons à une association venant en aide aux femmes en précarité, Maud ne transige pas avec ses valeurs quand elle lance La Ligne Bleue, sa gamme destinée à la grande distribution. En 2023, lauréate du Réseau Entreprendre Alsace, elle est parrainée par Éric Colin des épices éponymes. « Être accompagnée par un dirigeant m’a aidée à oser une stratégie de diversification. » Elle investit pour grandir et embaucher, et participe à des salons professionnels pour trouver des distributeurs. BPI France, la Région Grand Est, Initiatives Nord Alsace soutiennent le développement de la marque et de nouveaux produits : deux crèmes et un sérum.

❶ Soins pour le visage, pour le corps et les cheveux… Alcedo est une marque de cosmétiques fabriqués en Alsace avec 100 % d’ingrédients bio et naturels.

Maud ne manque pas d’air

Pour asseoir son positionnement premium, elle opère un rebranding : le martin-pêcheur laisse place à des vaguelettes et les flacons, désormais en aluminium léger et recyclable à l’infini, gagnent en élégance. « C’est difficile de vendre un produit nu, mais les écorecharges souples vont me permettre de rester cohérente avec mes valeurs. J’ai tout appris en faisant, mes voyages m’ont appris l’adaptabilité, mais on n’imagine pas le marathon que représente la création

d’une entreprise. » Soutenue par son père, lui-même chef d’entreprise, celle qui souffle dans la trompette d’une fanfare à ses heures perdues ne manque pas d’air. Habituée des chemins de Compo stelle – qu’elle bouclera cet été – elle ne manque pas d’endurance non plus.

PAR CORINNE MAIX

Immobilier & Conseils

LE VENEZIA

Livraison prévue avril 2026

• PRESTATIONS HAUT DE GAMME

√ TRIPLE VITRAGE AVEC VOLETS

ÉLECTRIQUES

√ CHAUFFAGE AU SOL

√ CARRELAGE GRAND FORMAT

√ DOUCHE À L’ITALIENNE

Garages en sous-sol

Ascenseurs

Charges faibles

Aménagement sur-mesure

Renseignez-vous

Ktaz fait pousser une surprenante culture à 20 minutes de Strasbourg : le Cannabis sativa. Récolté pour ses fleurs, ce chanvre biologique apaise et permet même à certains de se débarrasser de leur addiction.

Le champ des partisans

Le retour du chanvre en Alsace

« On a commencé la culture en 2021, quand c’est devenu autorisé en France », expliquent Stéphane Michel et Baptiste Hardier, deux amis de longue date. « Ce qui nous distingue c’est la culture bio et locale. » Les graines qu’ils ont sélectionnées contiennent moins de 0,3 % de THC et un taux de CBD compris entre 8 et 10 %, conform ément à la loi, procurant des bénéfices apaisants et relaxants. Sur une parcelle de 500 m2, Baptiste, maraîcher bio, cultive ces plants, ainsi qu’une cinquantaine de légumes. L’activité reste annexe, même si elle donne de très bons rendements. La tonne de fleurs récoltée chaque année produit une cinquantaine de kilos de fleurs séché es.

Silence, ça pousse

Cette plante à croissance très rapide ne nécessite pas d’arrosage et piège un maximum de carbone. Tout son cycle se déroule sur quelques mois. Semée en mai, la plante atteint deux mètres en août avec de lourdes grappes de fleurs, que l’on coupe à maturité entre septembre et novembre. Les fleurs sont ensuite gardées six semaines, dans un séchoir spécialement aménagé. « La récolte nécessite pas mal d’étapes pour ‘‘manucurer’’ la fleur, la laisser maturer en fûts pour développer ses arômes, puis effectuer un nouveau tri sur tamis pour calibrer les fleurs »,

expliquent les deux entrepreneurs. Les plus belles finissent en pot, les autres aromatisent des tisanes, des huiles ou servent à confectionner des sticks destinés aux fumeurs. « Nos clients ont de 18 à 90 ans, ils cherchent un apaisement de leur stress ou de leurs douleurs, sans risque addictif ni effet planant. »

Un décret fumeux

Avec quelque 200 producteurs français, la filière chanvre pourrait alimenter tous les CBD shops du pays, à tarifs compétitifs. Mais le secteur est dans le collimateur des pouvoirs publics qui envisagent, avec un décret de la prochaine loi de finances, de restreindre la vente de produits à base de CBD aux bureaux de tabac et à de futurs établissements agréés. Une restriction commerciale qui toucherait également directement les producteurs tels que Ktaz qui écoule actuellement une grande partie de sa production en ligne et dans quelques boutiques de la région. À suivre…

ktaz.fr

Même culture, autres débouchés

Guillaume et David Kalms ont fondé Chanvr’eel en 2019 avec l’idée de remettre au goût du jour la culture traditionnelle du chanvre dans le Ried Alsacien. Aujourd’hui, avec une quinzaine de partenaires – agriculteurs, artisans… –ils cultivent 160 hectares en bio et transforment leurs graines de chanvre en huiles, produits alimentaires et soins naturels. chanvreel.fr

PARC ET LODGES EN MOSELLE

Dans la forêt du village de Champdray, non loin de Gérardmer, en plein cœur vosgien, est niché un lieu où se ressourcer… à plusieurs mètres du sol. Les Nids des Vosges : des cabanes en bois construites par des artisans locaux, en harmonie avec la nature. Et si on se faisait un petit spa dans les airs ? Vertigineux !

Vision panoramique

Les cabanes perchées des Nids des Vosges ont chacune leur singularité : structure pyramidale pour l’une, cylindrique pour l’autre ou agrémentée d’un dôme transparent. Avec leurs baies vitrées donnant sur la canopée et leur terrasse traversée par d’imposants sapins dont certaines accueillent un bain finlandais, le dépaysement est assuré. Il y a L’Observatoire, située à 11 mètres du sol, L’Avancée Nature, accessible aux personnes à mobilité réduite, Le Repère, blotti dans les branches d’un majestueux frêne centenaire ou La Fun qui comblera les enfants avec son long pont suspendu et son échelle. La prouesse architecturale réside dans les cabanes Deluxe, condensés d’élégance au design impeccable. La Deluxe Bien-Hêtre possède notamment un sauna privé, tout comme la Deluxe Les Deux- Sapins : deux cabanes avec terrasse en commun.

Retour à la nature

Avant de lancer Nids des Vosges, Yvan et François, les deux fondateurs, avaient à cœur de créer un lieu « qui apporte du rêve aux gens, en alliant l’insolite de cabanes perchées, le cadre fabuleux de la forêt et le bien-être de logements haut de gamme et tout confort. » Passer un séjour dans une cabane perchée au milieu des arbres n’est pas anodin. Les larges branches forment un cocon protecteur et oxygénant dans lequel tous les sens sont aux aguets. La forêt ici est maîtresse et évolue au fil des saisons, offrant une atmosphère mystique en temps brumeux, féérique lorsqu’elle se pare d ’un manteau blanc…

Du pur délire d’architecte

Yvan et François ont également ouvert les portes de la Villa Forêt et Spa. Difficile de décrire cette conception monumentale créée par l’agence Sonar Architectes tant elle est atypique. Installée sur un terrain boisé, la maison de 120 m² est surmontée de trois imposantes cabanes sur pilotis. Sa mezzanine accueille un billard tandis qu’un espace bien-être propose hammam et jacuzzi en inox. Ce dernier s’ouvre sur un deck qui donne accès au bain finlandais situé à l’extérieur et surmonté d’un sauna cylindrique panoramique sur pilotis avec, sous le bel érable, des chaises longues où se détendre. Nids des Vosges propose aussi des stages de sylvothérapie coachés par une accompagnatrice en montagne brevetée d’État !

Nids des Vosges

46 route de Laveline-du-Houx, Champdray nidsdesvosges.com

Votre don peut changer ma vie !

caritas-alsace.org

De l’électricité certifiée 100 %

Une garantie de prix fixe* pour une durée de 1 an

Des services gratuits pour gérer vos contrats en toute simplicité

Au cœur de la culture alsacienne, Thierry Strauss incarne l’âme du Pressing von Elsass. Depuis 1984, il a tissé une histoire familiale et entrepreneuriale où tradition et innovation se côtoient, construisant un empire du clean.

C’est du propre

Au-delà des machines et des textiles, Thierry insiste sur une valeur fondamentale : l’humain, qu’il s’agisse de sa clientèle ou de ses salariées et salariés. Son aventure commence il y a 40 ans, loin des cuves et des machines à laver. Prothésiste dentaire, il nourrit déjà une soif de contact humain qui le pousse à chercher un autre chemin. C’est le hasard qui le mène vers un ancien entraîneur de basket, devenu propriétaire d’un pressing. « Je cherchais un métier et en passant par Austerlitz, il y avait mon ancien entraîneur de basket qui tenait un pressing. Je lui ai dit : “Je cherche un métier.” Il m’a dit : “Je vends mon pressing, je suis à la retraite.” » En trois mois, l’apprentissage est fait. Thierry démissionne de son poste de prothésiste et embrasse ce nouveau chapitre. « Le métier m’a tout de suite beaucoup plu, car nous sommes tout le temps occupés. Le contact client est court, mais il existe. »

Blanchiment and co.

L’héritage familial se mêle rapidement à cette nouvelle passion. Son père l’a toujours guidé : « Il faut toujours qu’on parle en bien de toi. » Ce conseil, Thierry l’a fait sien, cultivant une communication décalée et audacieuse. « Aujourd’hui, c’est un peu inné chez moi. Dès que je vois une publicité quelque part ou autre chose, j’essaie toujours de la reformater sur le pressing. » C’est cette même audace et ce désir de partager son savoir-faire qui ont poussé Thierry à investir les réseaux sociaux. Avec des podcasts retraçant ses débuts et son évolution, des photos

Le Pressing von Elsass

11 rue Geiler

37 rue Finkwiller

131 rue Boecklin

24 rue de Zurich, Strasbourg lepressing.alsace

Lessive Le Strauss lestrauss.fr

PAR HAJAR OUHSINE

sur Facebook et Instagram, et une chaî ne YouTube riche de 280 vidéos, il démystifie le métier. « J’ai not é que les clients ne savent pas ce qu’est un pressing, c’est quoi un nettoyage à sec, par exemple ? Alors je vais faire des vidéos pour répondre. » Une démarche éducative et transparente qui a fidélisé une clientèle attendant avec impatience chaque nouvelle édition de sa newsletter o ù anecdotes et blagues côtoient l’ADN de l’entreprise. Thierry, qui se décrivait avant comme un « grand timide », a trouvé dans les vidéos un moyen d’expression et de connexion.

Le linge sale en famille

Au fil des années, le Pressing von Elsass s’étend, comptant aujourd’hui quatre établissements stratégiquement implantés à Strasbourg – Robert sau, Orangerie, Petite France et Krutenau – ainsi qu’un cinquième point de ramassage et livraison à domicile, un service gratuit à partir de cinq piè ces. L’entreprise qui emploie dixhuit personnes, dont Thierry, a su se réinventer, allant au-delà de la blanchisserie pour offrir des services professionnels de livraison, répondant aux besoins d’une clientèle exigeante.

Cette quête d’excellence et d’innovation a récemment mené au lancement de sa propre lessive professionnelle, Le Strauss. Une idée germée avec la commercialisation d’un produit utilisé en interne depuis longtemps et l’appui de son fils Logann, qui a conçu le packaging. « Pendant longtemps, mon père, quand on lui demandait son nom, il disait Strauss, comme le musicien. Moi, j’aimerais que dans 20 ans, quand on dira Strauss, les gens pensent à la lessive », s’amuse-t-il. Composée à 99 % de plantes, cette lessive promet 33 lavages ou plus et offre un service client direct. Deux lessives, un adoucissant et un détachant composent déjà la gamme. Si elle est vendue aux professionnels et commence à intégrer les supermarchés, la prochaine étape est de la rendre encore plus accessible en ligne et en grandes surfaces. « Ce qui me rend fier aujourd’hui, c’est que clientes et clients me font confiance et reviennent. »

Thierry Strauss – qui s’apprête à passer le flambeau à sa fille, Marine –, l’éternel apprenti, reste garant de la qualité. Une philosophie qui assure l’avenir du Pressing von Elsass, fort de sa tradition et résolument tourné vers l’innovation.

CONCERTS DU NOUVEL AN

FLORILEGE LYRIQUE

Mercredi 31 décembre 20h

Jeudi 1er janvier 17h

Palais de la musique et des congrès

Borodine

Orchestre philharmonique de Strasbourg

Direction Aziz Shokhakimov

Soprano Barno Ismatullaeva

Ténor Xabier Anduaga

Chœur de l’Opéra national du Rhin

Chef de Chœur Hendrik Haas

40 ans de magie chocolatée au cœur de l’Alsace

La Chocolaterie Jacques Bockel a vu le jour en 1985 à Saverne (67, Alsace). Véritable institution dans le Grand Est, on compte aujourd'hui des milliers de choco'addicts.

L'humain et le respect de l'environnement sont au coeur de nos préoccupations avec les programmes Cocoa Horizons et Cacao Trace.

La Chocolaterie Jacques Bockel c'est plus de 40 ans de savoir-faire, 6 marques déposées et des dizaines de distinctions reçues en France et à l'International !

À la Chocolaterie

MONSWILLER • SAVERNE centre ville • OBERNAI

STRASBOURG centre ville • STRASBOURG HAUTEPIERRE

COLMAR • MULHOUSE • KINGERSHEIM • CERNAY

METZ centre ville • METZ AUGNY • MONDELANGE • GOLBEY

SARREBOURG • CREUTZWALD • STIRING-WENDEL • VAGNEY

Et en ligne :

EN CONTINU ET SANS RÉSERVATION WEEK-END PORTES OUVERTES

de Monswiller

Le 30 novembre et le 7 & 14 décembre de 13 h 30 à 17 h 30

Nos ateliers de la chocolaterie seront OUVERTS AU PUBLIC. Vous pourrez visiter en accès libre notre atelier de chocolat et celui de Nut’Alsace®.

AU PROGRAMME

Visites libres & dégustation (gratuit) Atelier enfant (6,50 €/ personne) Tablettes personnalisées (4 €/ personne) Animations & Projection

Je consulte la liste détaillée des boutiques et leurs horaires

COMMERCES, RESTOS, MUSÉES, EXPOS, FLÂNERIES...

LA VILLE EST À VOUS

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.