AUTOMNE-HIVER 2012
———— CULTURE TENDANCES & LIFESTYLE ————
HAUT-RHIN
NUMÉRO ZÉRO
BLOCH G EN S B U RG ER HOMME / FEMME
ADD ~ Cinzia Rocca ~ Crea ~ Esthème Cachemire ~ Isabel de Pedro ~ Poles ~ Rodika Zanian ~ Scapa Sports Weill ~ Cerruti accessoires ~ Florentino ~ Gardeur ~ Nanibon ~ Olymp ~ Saint James ~ Seidensticker
3 et 5 rue des Boulangers 68000 Colmar / 03 89 41 26 47
W W W. B L O C H - G E N S B U R G E R . F R
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PROCHAIN NUMÉRO ZUT ! 01
SORTIE PRINTEMPS 2013 ___
Photo : Olivier Roller, Fashion Week, octobre 2012, backstage défilé Stella McCartney www.olivierroller.com
Ou i, e l l e s ( i l s) son t beaucoup à gr im acer d e n e p a s ê t re en core dan s Z U T !. . . Si c’ e s t a u s s i v o t re c a s, voici les per son n es à con tacter p o u r ê t re e n f in p ré s en t dan s le prochain n um éro. ___ Bruno Chibane // Directeur de la rédaction & commercialisation / bchibane@chicmedias.com // 06 08 07 99 45 Emmanuel Abela // Rédacteur en chef / eabela@chicmedias.com // 06 86 17 20 40 Myriam Commot-Delon // Directrice artistique mode / myriamdelon@noos.fr // 06 14 72 00 67 Caroline Lévy // Développement commercial / levy_caroline@hotmail.com // 06 24 70 62 94 Céline Loriotti // Développement commercial / cloriotti@chicmedias.com // 06 64 22 49 57 François-Xavier Cheraitia // Développement commercial / fxcheraitia@chicmedias.com // 06 69 14 46 98 Philippe Schweyer // Développement commercial / ps@mediapop.fr // 06 22 44 68 67 brokism // Studio de création / hello@brokism.com // 06 22 76 68 32
OURS
DIRECTEUR PUBLICATION & RÉDACTION Bruno Chibane RÉDACTEUR EN CHEF Emmanuel Abela RÉDACTRICE EN CHEF MODE Myriam Commot-Delon RÉDACTEURS
Géraldine Bally, Cécile Becker, Charles Combanaire, Myriam Commot-Delon, Sylvia Dubost, Cécile Fassel, Anthony Gaborit, Xavier Hug, Caroline Lévy, Flora-Lyse Mbella, Régis Meyer, Etienne Rohmer, Sébastien Ruffet, Philippe Schweyer, Claire Tourdot, Joseph Valstar ASSISTANT GRAPHISME
Laurence Bentz STYLISTES
Myriam Commot-Delon, Caroline Lévy ASSISTANTES STYLISME
Laurence Bentz, Emmanuelle Chauvet PHOTOGRAPHES
Pascal Bichain, Aglaé Bory, Lucas Cournut, Alexis Delon / Preview, Hervé Kielwasser, Chrystel Lux, Marianne Maric, Olivier Roller, Christophe Urbain ASSISTANTS PHOTO
Gautier Ramin / Preview, Laurianne Rieffel-Kast / Preview
RESPONSABLE D’ÉDITION Sylvia Dubost
DIFFUSION Zut ! Team + Ultimatum COMMERCIALISATION & DEVELOPPEMENT
François-Xavier Cheraitia, Bruno Chibane, Caroline Lévy, Céline Loriotti, Philippe Schweyer DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL Roland Anstett STUDIO PHOTO / PREVIEW
28, rue du Général de Gaulle 67205 Oberhausbergen - 03 90 20 59 59 www.preview-tm.fr Ce trimestriel est édité par Chic Médias 12, rue des Poules - 67000 Strasbourg S.à.R.L. au capital de 12500 euros Direction : Bruno Chibane - Administration, gestion : Charles Combanaire
ILLUSTRATEURS
Impression : Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex
Laurence Bentz, Laetitia Gorsy
Tirage : 5000 exemplaires
STAGIAIRES COMMUNICATION ET DÉVELOPPEMENT
Dépôt légal : novembre 2012 SIRET : 50916928000013 ISSN : 1969-0789
Anthony Gaborit, Justine Goepfert RETOUCHE NUMÉRIQUE
Emmanuel Van Hecke / Preview POST-PROD
Camille Vogeleisen / Preview MANNEQUIN
Gabi / Studio KLRP MAKE-UP
Jacques Uzzardi COIFFURE
Alexandre Lesmes / Avila
ZUT ! 4
DIRECTION ARTISTIQUE brokism, Myriam Commot-Delon
Crédits couverture Photographe : Alexis Delon / Preview Mannequin Gabi / Studio KLRP www.studioklrp.com Chemise en popeline et pantalon en lainage à fines bretelles et ruban de satin Jean-Paul Knott, le tout chez K. Collections.
C D E 12 /13 C D E 12 /13 C D E 12 /13 La solidarité La différence La tolérance
start : 9.10.12 start : 9.10.12 start : 9.10.12 C D E 12 /13 C D E 12 /13 C D E 12 /13 La solidarité La différence La tolérance
start : 9.10.12 start : 9.10.12 start : 9.10.12 Comédie De l’Est Centre dramatique national d’Alsace
Direction : Guy Pierre Couleau
Réservation : 03 89 24 31 78 comedie-est.com
6 route d’Ingersheim 68027 Colmar
SOMMAIRE
12 ÉDITORIAL
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10 10 AU BON PARFUM Hommage au musc.
58 MODE Incognito.
12 OBJET DESIGN Le préau lumineux de Ionna Vautrin.
64 JEAN-PAUL KNOTT Décryptage d’un style.
14 COLMAR VU PAR Anne Le Guernec, Catherine Devriendt, Thomas Perraudin, Karin Colnat, Vanessa Lefakis.
66 MOONCHILD De délicieux pulls, créés par la Mulhousienne Pascale Koehl.
22 MULHOUSE VU PAR Moussa Sy, Laurent Mathieu, Christian Kintz, Fanfan, Anne Hubert.
68 JULIE PECCI Rencontre avec la créatrice des Belles épinglées.
L A U R E N C E
B E N T Z
70 TENDANCES ZUT ! Les sélections de la rédaction
38 LES ALSACIENS Un livre-objet événement revient sur 80 ans d’histoire.
L A U R E N C E
B E N T Z
40 CHRISTEL EHRETSMANN La photographe colmarienne présente un choix de 40 photos. 42 IVAN CAVALLARI Portrait du nouveau directeur du Ballet du Rhin.
76 NEWS DESIGN Les objets du désir. 78 FRED RIEFFEL Focus sur quatre créations du designer. 80 DECOBURO Du mobilier pointu à Zellenberg. B E N T Z
32 TOM BOROCCO Rencontre avec le descendant d’une longue lignée de lithographes colmariens.
75
82 DATCHAS-LODGES La Pologne au cœur de l’Alsace. L A U R E N C E
31
44 HIÉRO COLMAR Retour perso sur les 20 ans de la fédé.
84 L’AUBERGE DE L’ILL Portrait de famille.
48 CULTURE ZUT ! Les sélections de la rédaction
88 L’ATELIER DU PEINTRE Incursion chez l’étoilé colmarien. 90 OLD SCHOOL / LA VITRINE À Mulhouse, l’asso offre un espace à tous les créateurs locaux… notamment Poupet Pounket et Muriel Colin. 96 SRC COLMAR Le club de foot en route vers la Ligue 2. 102 LIFESTYLE ZUT ! Les sélections de la rédaction
ZUT ! 6
Mode de vie L’esthétique oriente le regard – Les systèmes d’aménagement USM allient élégance et fonctionnalité.
USM USM sera sera présent présent au au salon salon ORGATEC ORGATEC de de Cologne Cologne du du 23 23 au au 27 27 octobre octobre 2012. 2012. Hall Stand Hall 9.1, 9.1, Stand C29/B28. C29/B28.
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ÉDITO
—— I N B E D W I T H M É D I A P O P ——
Montage photographique : Jean-Pierre Léaud et Claude Jade lisent Îles grecques, mon amour de Philippe Lutz et Far Out! de Bernard Plossu (éditions médiapop) dans Domicile conjugal de François Truffaut.
Alors que le TER qui relie Colmar et Mulhouse s’ébranle doucement, je me lance à la recherche de la meilleure place possible. Pour voyager en bonne compagnie, mieux vaut attendre que tout le monde soit installé. Pas question de s’en remettre au hasard. Dans chaque voiture, des images animées défilent à toute allure sur les écrans des téléphones, des tablettes et des ordinateurs portables. Désormais, presque tous les passagers voyagent têtes baissées, totalement déconnectés du paysage qu’ils traversent. On pourrait installer la fontaine de Trevi, la Grande Muraille de Chine ou le Kilimandjaro dans la plaine d’Alsace, personne ne le remarquerait. Après avoir exploré cinq wagons, j’aperçois enfin une femme qui retient mon attention. À sa façon sensuelle de caresser la longue mèche de cheveux soyeux qu’elle serre entre son pouce et son index, je parie qu’elle est en train de lire quelque chose de bien plus consistant que Voici, Gala ou Closer. En effet, le livre qui semble lui procurer tant de plaisir est si volumineux qu’il pourrait lui permettre de faire l’aller-retour entre Colmar et Mulhouse pendant toute une année. En m’installant face à elle, je tire de mon sac un livre beaucoup plus mince, dans lequel je me plonge avec une délectation exagérée. Il faut
absolument qu’elle sache que nous faisons partie du même club, un club ultra sélect réservé aux membres d’une espèce en voie d’extinction : “les liseurs de livres”. Tout en vagabondant d’un paragraphe à l’autre, je guette un regard complice, un sourire de connivence, mais rien ne semble pouvoir la distraire de sa lecture. Je pourrais lui demander ce qu’elle lit puisqu’elle tient son livre de manière à ce qu’il me soit totalement impossible de voir sa couverture, mais ce serait beaucoup trop banal, une erreur irrattrapable. Tout en faisant mine de me replonger dans ma lecture, je pense à la fin de l’année qui approche, aux fêtes de famille qui se profilent et au traditionnel Nouvel an entre amis qui clôturera les festivités. Transporté par mon imagination, je me vois déjà passer les fêtes bien au chaud dans mon grand lit, avec quelques toasts, un peu de champagne et un gros livre dont je ne connais pas encore le titre. PS : Tout ça pour dire que vous tenez entre les mains le premier numéro de ZUT ! Haut-Rhin. Après avoir conquis Strasbourg et la Lorraine, le magazine ZUT ! démarre une nouvelle histoire dans le 68 et vous souhaite une joyeuse lecture… Prochain numéro au printemps !
Par Philippe Schweyer
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 T É R H b&b
E
T
LE
brasserie - bistrot
1 rue des Bains - 68000 COLMAR Réservations : 03 89 29 29 29
La Brasserie Le Théâtre a été élue Brasserie de l’année 2013 dans le Guide Pudlo Alsace. Merci à tous et à bientôt. Ouvert 7 j / 7
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CHRONIQUE
AU BON PARFUM
— Par Sylvia Dubost — Illustration Lætitia Gorsy
L’HEURE FAUVE
HOMMAGE AU MUSC
— Le musc est l’une des matières les plus fascinantes de la parfumerie, chargée de fantasmes, d’histoire et d’interdits. Complexe, ambiguë, sale et innocente, animale à faire rougir les plus prudes et bondir les hygiénistes, elle m’a toujours évoqué la figure de l’odalisque, cette esclave vierge des harems ottomans qui a tant inspiré l’occident pictural du XIXe siècle. Un corps blanc et rond alangui sur une fourrure sombre. L’odeur d’un chaton ou d’un fauve, d’une peau chaude légèrement imprégnée de sueur. D’un bouc mal lavé, diront ceux qui ne peuvent s’y accommoder… Le musc est sexuel, excrémentiel, suave, lumineux, voire légèrement fleuri. Si l’aspect animal m’a toujours, et de loin, plus intéressé que le côté propret, force est de constater qu’entre parfums dit « musqués », c’est parfois le grand écart… Mais alors, qu’est-ce que le musc ? Même s’il en existe différentes espèces aux qualités variables, une rose reste une rose. Or, il existe aujourd’hui des muscs, fruits de l’évolution parallèle de l’histoire de la parfumerie et de notre civilisation, qui, après moult va-et-vient, ont fini par créer le « musc propre ». Une aberration… Il n’en existait à l’origine qu’un seul, produit en période de rut par le chevrotin mâle des montagnes d’Asie. L’Occident en a longtemps raffolé, comme d’ailleurs d’autres odeurs d’origine animale, et les exhortations de Saint Jérôme à la fin du 4e siècle n’y ont rien changé. Vers le milieu du XVIIIe, assimilées à des substances putrides, les matières animales font l’objet d’un anathème médical. Par ailleurs entaché d’immoralité, on lui préfère alors les senteurs végétales et délicates des eaux de Cologne. Le XIXe, plus libertin que ne le laissent imaginer ses dehors corsetés, le dissimule au fond des parfums, qu’il réchauffe tout en en accentuant leur ténacité et leur sillage. Ainsi caché, il devient un élément indispensable de la parfumerie moderne, survivant à l’obsession de propreté d’un XXe siècle qui nie l’animalité du corps et développe ce qu’on appelle les muscs blancs, dont il charge les lessives mais qui au contact du corps exhalent cependant une sensualité certaine et clandestine. Interdit notamment par
ZUT ! 10
souci de protéger le bouc porte-musc, le musc animal est synthétisé depuis la fin du XIXe siècle. Depuis une vingtaine d’années, certaines marques de niche lui font à nouveau jouer le premier rôle dans des créations à ne pas mettre en toutes les narines… Éclairante histoire en tout cas que celle de cette matière symbolisant le combat entre pulsion et raison, fantasmes et codes sociaux. Dès lors, porter du musc ne peut plus être un acte anodin.
LES PLUS BEAUX MUSCS
(liste non exhaustive et parfaitement subjective)
Muscs Koublaï Khan, Serge Lutens (1998) Le plus animal et violent, qui finit, au fil d’une évolution magistrale, par ronronner comme un chat. www.sergelutens.com Musc ravageur, Maurice Roucel aux éd. Frédéric Malle (2000) À la fois bestial et gourmand, un musc beignet-cannelle bien beurré. Original Musk, Kiehl’s (1963) Plus fleuri que le Lutens, une animalité rare dans la parfumerie américaine. Bois et Musc, Serge Lutens (2005) Déclinaison de Féminité du bois, le musc enroule le cèdre de douceur et de suavité. www.sergelutens.com Fleur poudrée de musc, Les Néréides Un petit côté rétro pour un musc des plus puissants. www.olivolga.com Clair de musc, Serge Lutens (2003) Très beau musc blanc, propre et fleuri mais à l’évolution charnelle. White Musk, The Body Shop (1981) Une construction très similaire au précédent pour un prix bien plus modique. Préférer la version huile de parfum, sublime. Muschio oro, Santa Maria Novella Un musc blanc lumineux, doux, propre, un peu gourmand… un bonheur. Chez Amin Kader à Paris.
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Libérez vos yeux !
Pour tout savoir sur les différentes étapes de l’intervention, rendez-vous sur :
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Ce message a pour but de donner des informations sur la chirurgie au laser. Il s’agit d’une chirurgie corrective de confort, qui peut permettre de se substituer au port de lunettes ou de lentilles, autres méthodes de correction de la vue. Pour tout renseignement, consultez votre ophtalmologiste.
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CHRONIQUE
OBJET DESIGN
— Par Régis Meyer
MEHR LICHT* !
PRÉAU LUMINEUX
Design Ionna Vautrin, 2009
Souvenirs d’un jour de pluie, pendant la récréation à l’école primaire : tous les élèves se retrouvent sous le préau pour se défouler. Sensation étrange d’être dehors et dedans à la fois. Espace défini par un volume ouvert, protégé, mais non enfermé.
Ma rencontre avec le travail de Ionna Vautrin s’est faite par l’intermédiaire de son exposition à la Tools Galerie en avril 2009. Elle y présentait Préau lumineux, une lampe en forme d’abri léger, planche d’aluminium sous laquelle se dissimule une source lumineuse soutenue par des équerres en sycomore. Deux matières, rien d’autre (comme Poul Kjærholm dont on parlera bientôt). Microarchitecture bien plus que lampe, Préau lumineux invite, comme son grand frère éponyme, à se tenir en dessous. Mais à la différence du refuge des cours d’école, le dispositif joue sa propre cosmogonie, à l’intérieur de l’habitat : il protège de l’ombre, devient un havre propice à la lecture, éclaire un objet ou un tableau. Cette manière de designer un objet n’est pas étrangère aux Bouroullec avec lesquels Ionna Vautrin a collaboré. Des deux frères, on retiendra le Lit clos (édition Kréo, 2000), la Cabane (édition Kréo, 2001) ou encore Joyn Hut (Vitra, 2004) construisant des pièces dans la pièce, espèces de poupées russes, restructurant l’espace, jouant avec les pleins et les vides. Microarchitecture donc, Préau lumineux fixe ses limites fonctionnelles
ZUT ! 12
dans son caractère quasi immobile : la lampe forme un tout difficilement déplaçable. Une fois là, elle y reste pour longtemps. Dans le travail de Ionna Vautrin, singulier, la lampe peut devenir abstraction. En ce sens, Ionna Vautrin cherche à simplifier le trait, travaille sur l’épure pour atteindre l’essence même des objets. Mais ils ne sont pas arides, secs, dénués de matière. Au contraire, les productions de Ionna Vautrin respirent à travers leurs rondeurs bonhommes une chaleur peu commune. Préau lumineux est un objet qui invite à la réminiscence : celle des cours d’école, des odeurs de crayons fraîchement taillés, des ardoises et des craies… Réinterprétation ou réappropriation d’une forme commune, Ionna Vautrin navigue entre les deux tendances avec un franc succès. Et un vrai talent. *« Plus de lumière », dernières paroles prêtées à Goethe
www.ionnavautrin.com
ILS VIVENT, TRAVAILLENT, CRÉENT ET SORTENT DANS LE HAUT-RHIN. LES HOMMES ET LES FEMMES QUI FONT VIBRER LEUR VILLE NOUS FONT DÉCOUVRIR LEUR LIEU PRÉFÉRÉ. Coordination, stylisme et rédaction : Caroline Lévy Photos : Aglaé Bory, Christophe Urbain et Marianne Maric
ANNE LE GUERNEC
45 ans, comédienne / mercredi 7 novembre
OÙ ? COUR DU HAMEAU
Il s’agit du premier lieu que j’ai découvert à Colmar. Le principe du passage isolé qui révèle la face cachée d’une ville m’a toujours beaucoup plu… Cette cour intérieure nous plonge dans une autre époque, comme si le temps n’avait pas eu d’emprise sur l’espace.
ACTU ! Met en scène Un portrait par Giacometti de James Lord, regard d’un modèle sur le peintre, les 21 et 22 mars à la Comédie de l’Est à Colmar. www.comedie-est.com. Joue dans Tendre et cruel de Martin Crimp, mise en scène Brigitte JaquesWajeman, les 26 et 27 mars au Théâtre municipal de Colmar. Manteau Sessùn chez Dress Code Shop à Colmar.
ZUT ! 14
Photo Christophe Urbain
COLMAR VU PAR ...
15 ZUT !
CATHERINE DEVRIENDT
46 ans, directrice de l’hôtel Quatorze / mercredi 7 novembre
OÙ ? MAISON D’ARRÊT DE COLMAR
Depuis toute petite, ce bâtiment me fait penser à une construction vénitienne nichée en plein centre-ville, ce qui reste inédit pour une maison d’arrêt. Cela apporte une dimension humaine aux cellules souvent aseptisées à l’extérieur des villes. L’esprit totalement décalé du lieu avec le design de l’hôtel qui se trouve en face me séduit tout particulièrement.
ACTU ! Sélection de cosmétiques Aésop vendue en exclusivité en Alsace. Petits-déjeuners ouverts au public, avec des produits bios issus de fermes locales, tous les jours de 8h à 12h, 18€. www.hotelquatorze.com Gilet-veste bi-matières, top sans manche et pantalon en cuir Georges Rech, le tout chez Arina à Colmar.
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Photo Christophe Urbain
KARIN COLNAT
Photo Aglaé Bory
49 ans, gérante de la brasserie Le Théâtre / vendredi 9 novembre
OÙ ? LE THÉÂTRE MUNICIPAL
Au-delà de sa situation quasi attenante à la brasserie, il s’agit d’un monument magnifique et je déplore qu’il soit sous-exposé à Colmar… Son architecture magistrale lui confère une vraie âme que l’on perçoit également de l’intérieur. Un lieu de vie et de fête : une comédie permanente dont nous nous inspirons pour notre établissement !
ACTU ! Le Théâtre vient d’être élu Brasserie de l’année 2013 dans le Guide Pudlo Alsace. Changement régulier de la carte en conservant ses incontournables ! Une cuisine du marché dirigée depuis un an par son chef Vincent Guy. Prochainement : un menu de réveillon pour le 31 décembre et un menu spécial pour le Nouvel an russe, le 11 janvier 2013. 1, rue des Bains à Colmar - 03 89 29 29 29 - www.restaurantletheatre.net Manteau ceinturé A.F. Vandevost chez K.Collections à Colmar.
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THOMAS PERRAUDIN
40 ans, sculpteur et responsable de l’EACAM / jeudi 8 novembre
OÙ ? CLOÎTRE DES DOMINICAINS
Je suis arrivé à Colmar il y a peu et j’y ai découvert ce cloître par hasard, en sortant de réunion ! C’est un lieu d’histoire où la notion de temps est mise entre parenthèses. J’y suis très sensible notamment dans mon activité. Cet espace clos mais ouvert vers l’extérieur, en plein cœur de la ville, est propice à la méditation.
ACTU ! Responsable de l’Atelier de formation aux Arts plastiques de Colmar depuis octobre dernier. Exposition Rayon d’ombre de Fabrizio Corneli, jusqu’au 20 janvier 2013 à l’Espace d’Art Contemporain André Malraux à Colmar. www.colmar.fr. Participation à l’exposition collective autour de la photographie et de la céramique, jusqu’au 27 janvier 2013 au Musée de la faïence à Sarreguemines. Pull Nanibon et manteau Florentino, le tout chez Bloch-Gensburger à Colmar.
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Photo Aglaé Bory
1ER / 10 FÉV 2013 KINGERSHEIM
Rock ou baroque ? www.szenik.eu
Illustration : Elodie Lascar / alphabet Momix : Daniel Depoutot
LE MEILLEUR DES SCÈNES DU RHIN SUPÉRIEUR DAS BESTE DER BÜHNEN AM OBERRHEIN
24 et 25 NOVembre 2012 9h ¶ 18h parc des exposItIons www.salon-du-livre-colmar.com
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VANESSA LEFAKIS
42 ans, co-gérante de Henry-Soredi, sauna Klafs / vendredi 9 novembre
OÙ ? QUAI DE LA POISSONNERIE
Ayant grandi à Colmar, je garde un regard plein de tendresse et d’admiration, notamment sur ce coin que j’ai beaucoup fréquenté enfant. La petite Venise, avec son charme mythique, réveille en moi les vestiges d’une jeunesse heureuse ! Aujourd’hui, Colmar représente un petit Strasbourg à mes yeux…
ACTU ! Nouveau sauna Casena chez Klafs, au design innovant et technique. Nouveau projet de spa au sein de l’hôtel La Source des sens à Morsbronn-les-Bains, prévu pour le printemps 2013. www.klafs-sauna.com Veste Rodika Zanian, pull col roulé Scapa Sports et jean en coton huilé Gardeur, le tout chez Bloch-Gensburger à Colmar.
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Photo Aglaé Bory
Conception : Chicmedias / Photo : Preview
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Le Bouclier d’Or - Hôtel BBBB À la Petite France, dans le cœur historique de Strasbourg
1, rue du bouclier - 67000 Strasbourg 03 88 13 73 55 - contact@lebouclierdor.com
ANNE HUBERT 39 ans, créatrice de La cerise sur le gâteau / vendredi 9 novembre
OÙ ? MANUFACTURE 340
Il s’agit d’un lieu inédit et unique à Mulhouse, aux abords de la ville dans une ancienne usine aujourd’hui réhabilitée en lofts. Un environnement contemporain chargé d’histoire et totalement isolé du bruit, dans lequel je me sens bien. C’est aussi pour cela que j’y ai installé mon atelier !
ACTU ! Vente privée La cerise sur le gâteau le 8 décembre de 11h à 18h dans son atelier à la Manufacture 340 - 17, rue Quimper à Mulhouse. Minicollection pour Monoprix, autour du thème de Paris, prévue en mars 2013. La cerise sur le gâteau est en vente à l’Appart à Mulhouse et à l’Appart concept-store à Colmar. Nouveau site Internet avec un blog de conseils et astuces déco. www.lacerisesurlegateau.fr Pull en cachemire Brand Unique chez Elise à Mulhouse.
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Photo Marianne Maric
MULHOUSE VU PAR ...
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CHRISTIAN KINTZ
Architecte d’intérieur, propriétaire de Kintz collections / vendredi 9 novembre
OÙ ? LES ARCHES DE BUREN
Les Arches de Daniel Buren, permettant la signalisation de 26 stations de tramway dans la ville, demeurent une œuvre favorisant les passerelles entre les notions d’art, d’architecture et de design. Au-delà de leur usage initial, j’apprécie leur ligne et leurs couleurs vives, identifiables de loin. Les rayures sur la tranche de chaque arche se prolongeant sur le sol, marquent la signature de l’artiste, son motif de prédilection.
ACTU ! Pièces Marc Newson éditées à quelques exemplaires exposées chez Kintz collections. Nouveautés également dans les marques Moroso, Magis et Zanotta. Nouvelle collection Barrique : projet de San Patrignano – lieu de réinsertion en Italie – faisant appel à une trentaine de designers et architectes pour le recyclage des fûts en bois en mobilier contemporain. 8, passage de l’Hôtel de Ville à Mulhouse - 03 89 46 18 17 www.kintz-decoration-meuble-mulhouse.com Caban collection Marc Newson, chemise en denim et jean brut le tout G-Star.
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Photo Marianne Maric
MOUSSA SY
Photo Marianne Maric
35 ans, président de l’association Epistrophe et programmateur du bar L’Aventure / jeudi 8 novembre
OÙ ? PLACE FRANKLIN
Cette place demeure une bretelle d’accès entre le centre-ville et les quartiers plus populaires de Mulhouse. L’idée est de monter des projets pour faire croiser ces univers en rassemblant les gens, au travers d’événements culturels fédérateurs.
ACTU ! Sur les lignes : projet-performance mensuel mêlant littérature et musique, prochain rendez-vous le 27 novembre à L’Aventure à Mulhouse. Extrait d’aventures : soirées électro en collaboration avec l’association Electoscope, deux vendredis par mois à L’Aventure. Dans le cadre du festival GéNéRiQ, L’Aventure reçoit 7 groupes colombiens, du 28 décembre au 1er janvier. Organisation d’un marché des créateurs de mai à septembre 2013 sur la place Franklin, en collaboration avec l’association Epistrophe. www.facebook/laventure.bar Chemise et cardigan Franklin Marshall, veste en toile Obey et béret Brixton, le tout chez Impact à Mulhouse.
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LAURENT MATHIEU
47 ans, restaurateur / jeudi 8 novembre
OÙ ? QUARTIER FONDERIE
J’ai voyagé dans certaines capitales où j’ai été surpris par le nombre de bâtiments désaffectés qui sont ensuite réhabilités en lieux de vie. Je rêve d’un espace à Mulhouse qui s’en inspirerait et y intégrerait, pourquoi pas, un restaurant sur le toit ! Ici, c’est un quartier en devenir, véritable témoin du patrimoine de la ville auquel je crois beaucoup…
ACTU ! Ouverture depuis fin octobre du Engel’s Coffee à la Maison Engelmann, qui propose des cafés à emporter et des glaces maison dès le printemps - Rue des Moulins à Mulhouse - 03 89 36 80 03 Reprise des brunchs au restaurant La CanT’in, les dimanches de 10h30 à 14h - 17, rue de la Justice à Mulhouse - 03 89 51 13 64 Marinière WeSC et doudoune Penfield, le tout chez Impact à Mulhouse.
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Photo Marianne Maric
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Photo Marianne Maric
FANFAN
60 ans, impulseur culturel / vendredi 9 novembre
OÙ ? LE SOUDEUR, DER SCHWEISSER
Cette réplique du légendaire Schweissdissi réalisée par mon ami Yves Carrey fait partie intégrante de la ville de Mulhouse, où je suis ancré depuis toujours… Elle constitue, avec la Tour de l’Europe et la rue du Sauvage, une sorte de triangle – ADN de la cité. J’ai toujours été fan des reprises et réinterprétations des œuvres originales, un peu comme en musique !
ACTU ! Vient de fêter ses 60 ans au Noumatrouff, un événement ! Président de l’association Old School qui est à l’initiative de La Vitrine, boutique dédiée à la création, de la web radio libre MNE et d’ateliers numériques. Emission radio Stamala avec les acteurs culturels, politiques et associatifs de la ville dans un cadre plutôt underground, les vendredis à 18h et en podcasts. www.radiomne.com Et encore beaucoup de concerts en appartement à venir ! Blouson zippé en cuir, pantalon en toile et pull le tout G-Star.
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EXPOSITION DU 25-09-2012 AU 01-09-2013
Le Vaisseau 1 bis rue Philippe Dollinger 67100 Strasbourg 03 88 44 65 65
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la Poésie du Bol
ant amus e n s ’c h t S p a s s a ience L a s ce n s c h a ft m W is s
INSTITUT E UROPÉEN DES A R T S C ÉRAMIQUES
du 17 novembre au 26 décembre 2012
Musée Théodore-Deck GUEBWILLER (Haut-Rhin)
François
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Gilles
GHEZ
AVRIL > MAI
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Espace d’Art Contemporain André Malraux 4 rue Rapp 68000 COLMAR 03 89 20 67 59 adm. 03 89 24 28 73 artsplastiques@ville-colmar.com
> JUIN
Vladimir VELICKOVIC JUILLET > OCTOBRE
Vladimir
SKODA
NOVEMBRE > JANVIER
L’espace d’exposition est ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h le dimanche de 14h à 18h ENTRÉE LIBRE
VILLE DE COLMAR
la culture n’a pas de prix www.novomag.fr
L A U R E N C E
B E N T Z
ARTISANAT
LE DERNIER LITHOGRAPHE ? ——— Par Etienne Rohmer Photos Hervé Kielwasser ———
TOM BOROCCO REFUSE D’ÊTRE LE DERNIER DES LITHOGRAPHES. DESCENDANT D’UNE LONGUE LIGNÉE COLMARIENNE, IL ENTRETIENT UNE REL ATION QUASI FUSIONNELLE À SA PRESSE CENTENAIRE, ET CHERCHE À TRANSMET TRE SA PASSION ET SON SAVOIR-FAIRE TECHNIQUE AUPRÈS DES JEUNES ARTISTES DANS LE NOUVEAU CONSERVATOIRE DES ARTS ET TECHNIQUES GRAPHIQUES, À RIBEAUVILLÉ.
Ce jour-là, devant une foule de curieux au Salon du livre de Colmar, Tom Borocco évoque Aloys Senefelder, l’inventeur fortuit de la lithographie à la fin du XVIIIe siècle, une technique d’impression, ancêtre de l’offset, qui consiste à graver en plusieurs exemplaires un dessin créé sur une pierre calcaire. Depuis quelques années, le nomade de Jebsheim sillonne la France, ses foires et ses salons, accompagné de sa presse à bras qu’il démonte et remonte inlassablement : ses trajets incessants constituent une croisade pour ce missionnaire qui veut sauver de l’oubli cette technique. Il envoûte son auditoire par son charisme et sa gouaille, sans se montrer ni ennuyeux ni scolaire. On sent que la passion anime ce personnage ; elle le conduit à transmettre son savoir-faire avec sa presse centenaire, sa « bête à corne », comme il se plaît à la nommer. De son propre aveu, elle est un prolongement de son bras. Il rappelle volontiers son attachement à la matière première et à la fameuse pierre calcaire qui provient des entrailles de Solnhofen, en Bavière. Une pierre d’une pureté et d’une densité uniques au monde, sans coquillage ni fossile ; un cadeau de la nature offert à l’imaginaire des artistes.
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— Le ver est dans le fruit Tom Borocco est le dernier d’une longue lignée de lithographes. Au début du XXe, le grand Albert Jess incarnait l’imprimerie à Colmar. À la disparition de celui-ci, Andrée Jess reprit fort logiquement la tête de l’entreprise familiale que connaissait bien Edmond Borocco, le père de Tom. Les grands artistes sont passés dans les ateliers de la rue de Rouffach, à commencer par Jacques Rothmuller, le redoutable croqueur de châteaux forts. Jean-Jacques Waltz alias Hansi a lui aussi traîné ses guêtres dans cet atelier et imprimé un grand nombre de ses lithographies sur les presses colmariennes. Bon nombre d’artistes l’ont suivi : Albert Uderzo, Jacques Tardi, Milo Manara, ou encore les locaux Eugène Noack, Arthur Boxler, Raymond-Émile Waydelich. Francis Keller, et bien d’autres ont tous manié le crayon sur le calcaire, y compris Tomi Ungerer, lequel se faisait livrer la pierre tantôt à Strasbourg, tantôt dans la suite de son hôtel en Forêt Noire. Les presses auraient pu terminer leur vie chez le ferrailleur, vendues au poids, comme toutes ces belles machines industrielles qui ne trouvent plus preneur, mais Tom, dernier héritier de cette lignée de lithographes, ne
l’entendait guère ainsi. Sa passion ne date pas d’hier : il a commencé sa carrière à Paris en 1954, avant de poursuivre à l’Institut Diderot à Lille et de perfectionner son savoir-faire à l’École Estienne, de retour à Paris. Sa jeunesse fut marquée par l’ambiance et les odeurs de l’entreprise familiale Jess. À l’instar des frères Schlumpf qui avaient entreposé leurs trésors automobiles dans les dépôts de l’usine de Malmerspach, Tom Borocco a vite perçu la nécessité de préserver ce patrimoine : dès lors, il a décidé de disperser l’ensemble des machines et archives dans des hangars pour mieux les protéger. Il n’a jamais désespéré qu’un jour ces presses ressortent au grand jour et qu’elles revivent, car le credo de Tom est bien d’éveiller les curiosités à son art. Ce qui lui importe, c’est de trouver la façon appropriée de transmettre son savoir, avant de passer doucement la main.
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— Des abattoirs au conservatoire Après avoir traîné sa presse à bras au salon de l’Alsatique de Marlenheim, puis au salon de la bande dessinée d’Arlon ou d’Illzach, il a pris conscience de la nécessité de créer un lieu pour exposer et faire revivre tout ce patrimoine. Ces 84 tonnes de matériel qui dormaient tranquillement, disséminées dans la région colmarienne, attendaient bel et bien la promesse d’une résurrection. Ce fut la quête de Tom Borocco, peut-être le grand combat de sa vie. Il était écrit que Colmar ne lui offrirait pas ce lieu. Sa ville natale ne s’est pas donnée les moyens de lui proposer une friche qui, réhabilitée en écrin chargé d’histoire, eut été à la hauteur de ses trésors cachés. Peu importe, des interlocuteurs impliqués lui donnent raison. La municipalité de Ribeauvillé, fief des Seigneurs de Ribeaupierre, des Ménétriers, des grands Riesling et des sources Carola, décide d’accueillir Tom Borroco, d’investir 320 000€ et de saisir l’occasion de créer l’unique atelier de lithographie traditionnelle existant encore en France. Une information dans les quotidiens locaux en début d’année, puis une inauguration le 4 mai 2012 en compagnie de Raymond-Émile Waydelich et le tour est joué ! Les anciens abattoirs de Ribeauvillé renaissent enfin et se transforment en Conservatoire des Arts et Techniques Graphiques. Cet espace trait d’union entre les artistes et le public géré par une association ne coûte rien à la collectivité du point de vue de son fonctionnement. L’histoire se vit ici en direct, grâce à l’harmonie qui se dégage de l’ensemble : si chaque pièce a sa place, rien n’est pour autant statique, tout s’inscrit dans le processus lithographique.
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Les presses aujourd’hui inactives ne le resteront pas longtemps. Les boulons sont refaits à l’identique, les mécanismes révisés ; les odeurs d’encre de térébenthine ou de gomme arabique finiront par convaincre les plus sceptiques. La mémoire du lieu reste discrètement présente : la grande balance de pesée a été préservée et les quelques ouvertures le long du mur, fermées par des portes en métal, rappellent que les bouchers assermentés pouvaient y entreposer leurs outils. Une autre aile du bâtiment est en cours de réhabilitation et l’arrière sera bientôt accessible. Un ferronnier d’art a, par ailleurs, élu domicile dans l’enceinte du Conservatoire, ce qui participe d’autant plus à l’animation du site, tant sonore que visuelle.
— Le rêve d’une bibliothèque de pierres Tom n’en reste pas là : grâce à des dons, une ou deux presses supplémentaires sont sur le point d’être acquises. Il projette également de consacrer une partie de l’atelier à l’exposition d’ustensiles. Une autre idée du maître fait son chemin : l’ensemble des magnifiques pierres calcaires, matrices sur lesquelles reposent les travaux des artistes, va bientôt être mis en lumière ; entreposées pour le moment les unes sur les autres, blotties comme pour mieux se protéger des affres du temps, elles attendent depuis longtemps des jours meilleurs. Exposées à la verticale dans des niches, elles seront désormais visibles par tous dans ce que Tom Borocco appelle poétiquement sa « bibliothèque de pierres ».
Tom Borocco et Tomi Ungerer au travail, 2003
Raymond Waydelich, America, illustration pour le Salon du livre de Colmar, 2007
Une des toutes premières affiches du SRC Colmar, env. 1919
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— Je ne veux pas d’un musée… La démarche ne consiste par pour autant à entreposer des presses et des œuvres pour leur offrir une sépulture de luxe, immobile et sans âme. Tom Borocco n’a jamais voulu d’un musée. Avant d’être passeur, il est avant tout acteur : il ne subit rien, il œuvre et agit avec la même pureté que ses pierres dans la voie infiniment respectable qu’il s’est lui-même tracée. Le lieu en devient un espace pédagogique créé pour transmettre un savoir-faire en voie de disparition. Grâce à des stages et des journées de découvertes, l’espace se veut vivant. Tom le dit luimême : « Partant du principe que tous les jeunes ont un don caché, j’en initie certains à l’imprimerie. Je suis prêt à donner mon matériel à condition qu’il ne soit pas dévié de sa mission et qu’il participe activement à l’insertion des jeunes et à l’apprentissage de la lithographie. » C’est là l’un des vœux les plus chers de notre homme. Il accueille donc des jeunes stagiaires sortant de la section dessin à Épinal et met à leur disposition l’ensemble du matériel. Après quelques explications précises, il se retire pour leur laisser libre cours à leurs envies et reste dans l’ombre ; il
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observe et n’intervient que si nécessaire ou à la demande des étudiants. D’autres jours, de jeunes artistes encore anonymes viennent et parcourent les étapes de la création lithographique : au terme d’un stage de trois jours, ils récupèrent 15 épreuves sur vélin d’arches accompagnées d’un certificat d’authenticité. Il ne reste selon Tom Borocco que quelques personnes en France capables de transmettre la technique lithographique. Le Conservatoire des Arts et techniques graphiques est l’un des seuls en France ; il a été réalisé par la volonté farouche d’un homme qui cherche à transmettre le flambeau en toute humilité mais en vrai professionnel – à l’image de Tom le licencié du Ski Club Hautes Vosges qui a porté et transmis la flamme olympique à l’occasion des J.O. de Grenoble en 1968. Il le sait aujourd’hui, son pari est presque gagné : il ne sera pas le dernier des lithographes !
Conservatoire des Arts et techniques graphiques 15, rue de l'Abattoir 68150 Ribeauvillé 06 31 84 20 23
— Brève leçon de lithographie —
Tom Borocco se bat pour l’authenticité. Il ne rate jamais un moment pour évoquer les méprises, les confusions entre les sérigraphies ou zincographies et la vraie lithographie. Pour Tom, c’est la pierre qui fait parler l’artiste par le crayon gras, puis la presse. La première étape consiste à poncer la pierre calcaire. Cette opération est réalisée en frottant deux pierres l’une contre l’autre au moyen de grains de sable très fins. Une fois préparée et lavée, la pierre est proposée aux soins de l’artiste. Vient ensuite l’étape de l’encrage à l’aide d’un rouleau imbibé d’encre d’imprimerie. La magie opère à ce stade : c’est l’incompatibilité entre l’eau et la graisse, ce phénomène de répulsion qui permettra l’impression. Le technicien va ensuite talquer la pierre pour la sécher puis et passer sur le dessin une gomme arabique à l’aide d’un éponge. L’encre reste sur la pierre aux endroits imprégnés par le gras du dessin, tandis qu’elle est repoussée par l’humidité partout ailleurs. Lorsque la pierre est assez encrée, on pose le papier, on cale la presse et tourne la roue qui permet à la pierre d’avancer le long de la presse sous une pression de 400 kg. L’impression se déroule ensuite lentement. Pour imprimer en couleur, il faut recommencer l’impression de la même feuille, en redessinant à chaque fois, sur une pierre différente, le motif en fonction de sa couleur et en tenant compte éventuellement de superpositions de couleurs qui donneront des teintes mixte. On imagine aisément la difficulté de repérer exactement le positionnement de la feuille sur les pierres successives…
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ALSATIQUE
REDDE M’R ENDLICH DEVUN* ——— Par Charles Combanaire ———
* Parlons-en, enfin !
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LES ALSACIENS, LIVRE-OBJET ÉVÉNEMENT PARU FIN OCTOBRE AUX ÉDITIONS LES ARÈNES, REVIENT SUR 80 ANS DE L’HISTOIRE TOURMENTÉE DU “ PAYS D’ENTRE DEUX ”.
C’est sur une photo de famille que s’ouvre l’ouvrage. Devant leur auberge posent quatre générations, qui en 80 ans ont changé cinq fois de nationalité. Française en 1870, avant d’être annexée après la guerre contre l’Allemagne unifiée naissante. Redevenue française au lendemain de la Première Guerre mondiale, elle est de nouveau annexée par les nazis avant d’être libérée en 1945 et de retourner dans le giron hexagonal. Comme tous les ouvrages de la collection L’Histoire entre vos mains, qui préfère une approche documentaire aux longs discours, lettres, affiches, tracts ou photographies sont reproduits à l’identique, insérés entre les pages ou glissés dans des enveloppes de papier cristal. On retrouve, à côté des « têtes de boches » d’Hansi, une affiche nazie vantant les camps d’été des jeunesses hitlériennes, ou encore, une lettre d’un des cent milles Malgré-Nous, incorporé de force par les Allemands et fait prisonnier des Soviétiques. Mais au-delà des drames restent la population et la vie quotidienne d’une Alsace dont la vocation n’est pas d’être le théâtre de tous les conflits, mais de vivre, au rythme des vendanges, de Noël ou du théâtre alsacien. On retrouve à cette fin des fac-similés de menu ou un album de photo retraçant les vendanges de 1929, images furtives des temps heureux. Ces innombrables documents sont complétés par l’excellent texte de Claude Muller, professeur à l’université de Strasbourg et directeur
de l’Institut d’histoire d’Alsace qui, dans de petits encadrés, nous rappelle le contexte, les faits et l’origine des documents présentés. Au fil des sources, se dessine l’histoire complexe d’une région, sans raccourcis ni simplifications abusives. L’ouvrage dresse un panorama thématique de ce “pays d’entre deux” durant les heures parmi les plus sombres de 1870 à 1950. Du Reichland à l’annexion nazie en passant par l’entre-deux-guerres, il se conclut par le procès de Bordeaux jugeant la responsabilité des Alsaciens présents à Oradour, comme pour ne rien oublier, laisser les tabous de côté… pour que nous en parlions enfin.
Claude Muller et Christophe Weber, Les Alsaciens, Les Arènes
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PHOTOGRAPHIE
DÉTENTE & DES REGARDS L A PHOTOGRAPHE COLMARIENNE CHRISTEL EHRETSMANN PRÉSENTE UN CHOIX DE 40 PHOTOS QUI L A CARACTÉRISENT DE L’OBSERVATION DE L A NATURE AU VOYAGE, EN PASSANT PAR UN REGARD INTIMISTE SUR L A FEMME ET L’ENFANCE.
Caresse du soleil sur la crête au-dessus du Lac Blanc
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“ Dans l’instant fulgurant du déclenchement, s’inscrit une fusion de l’œil, du cœur et de la tête ” Edouard Boubat
Le Patriarche
La photographe Christel Ehretsmann dévoile son regard sur différents thèmes qui lui tiennent à cœur. La nature, des Vosges au Ried, et ses trésors dissimulés ici et là, occupe une place primordiale dans cette exposition. Des passages inattendus d’animaux, des plantes, insectes ou autres éléments de détails aperçus ici et là au beau milieu de la nature. Elle associe également des beautés qui pourraient sembler paradoxales, telles la jeune-fille et la mygale… Une exposition tout en couleurs, tant elles sont pour elle indissociables de la beauté de la nature. Le noir et blanc, en revanche, convient à merveille à ses portraits, en révélant l’intensité des regards. La partie qui, immanquablement, vous fera voyager loin, sera sans aucun doute celle créée lors d’un périple en Corée du Sud. Christel Ehretsmann montre qu’au-delà de l’américanisation à outrance de Séoul et des grandes villes, subsiste une Corée ancestrale et authentique de ses campagnes.
La Femme-coquillage
Christel Ehretsmann, exposition jusqu’au 7 janvier chez Céline K 31, rue des Jardins à Colmar www.celine-k.fr www.ipernity.com/home/51803 La Belle et la Belle
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SCÈNES
NO BORDER ——— Par Sylvia Dubost Photo Pascal Bichain ———
DEPUIS PLUSIEURS SEMAINES, IVAN CAVALL ARI FAIT DES ALLERS-RETOURS ENTRE MAYL ANDS EN AUSTRALIE ET MULHOUSE, OÙ IL SUCCÈDERA À BERTRAND D’AT À L A TÊTE DU BALLET DU RHIN, AU 1 ER JANVIER 2013. COMME BEAUCOUP DE DANSEURS, SON PARCOURS PROFESSIONNEL EST INTERNATIONAL, DEPUIS SA PRIME JEUNESSE. DÈS LORS, IL AIME LES BARRIÈRES QUAND ELLES SONT OUVERTES… INTERVIEW-PORTRAIT.
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À quel âge êtes-vous « tombé en danse » ? J’ai commencé la danse à 14 ans. Un peu tard, donc. Mais le désir a toujours été là. J’en avais parlé à mes parents, et mon père me disait de faire attention car c’est une carrière qui se termine tôt. Il voulait que j’étudie la littérature. Moi je voulais devenir danseur mais je ne savais pas ce que c’était… Ma mère m’a raconté plus tard que tout petit, j’étais resté collé devant la télévision avec ma tétine à regarder Gisèle avec Rudolf Noureev. Moi, je ne m’en souviens pas ! Lorsque vous avez commencé, vous êtes-vous rendu compte immédiatement que vous ne vous étiez pas trompé ? Dès le premier jour, c’est devenu presque une maladie. Je pensais toujours à cela. La professeur était très généreuse. Je suis arrivé, elle m’a dit : « Mets-toi derrière la fille et fais comme elle ! » Et j’ai tout fait ! Elle m’a dit : « D’accord, tu as du talent. Tu viens tous les jours, pas la peine de payer ! » Je l’ai suivi pendant ses stages d’été et j’ai rencontré Gabriel Popescu, sans savoir qu’il était prof à La Scala. Pour eux, j’étais trop vieux, mais comme j’avais vu Popescu, ils m’ont accepté à l’école. Après un an, la Scala m’a envoyé au Bolchoï. Je devais y rester trois ans mais je n’en ai fait que deux [de 81 à 83, ndlr]. Quels souvenirs gardez-vous de l’école du Bolchoï ? C’était la grande période du Bolchoï, avec toutes les stars : Olga Pavlova, Maïa Plissetskaïa… On avait l’entrée libre à tous les spectacles, j’en ai vu 1000. C’est incroyable pour un jeune danseur de 16 ans ! Il y avait entre 600 et 800 élèves, car c’était leur seule chance de sortir du pays. Même s’il n’y en avait que deux qui entreraient au Ballet. Physiquement, ces deux années m’ont donné de la force, c’est important quand on a commencé tard. Cela m’a permis de rattraper mon retard. Et quel souvenir gardez-vous de la Russie communiste ? Mon plus grand souvenir, c’est les queues devant les magasins. Heureusement que je n’avais pas besoin de chaussures ! Pour les filles de l’école, c’était très dur : elles devenaient toutes grosses car elles ne mangeaient que du beurre et des patates !
Vous êtes ensuite retourné à La Scala mais vous avez préféré partir pour le Ballet de Stuttgart… J’ai trouvé qu’il y avait trop de politique au théâtre. Ils étaient toujours en grève, en protestation. J’ai auditionné pour Stuttgart et j’y suis resté 14 ans, jusqu’en 2000. J’ai fait ma good-bye performance dans le rôle de Carabosse dans La Belle au bois dormant. Un rôle presque plus fort que celui du prince… C’était mon choix d’arrêter à 37 ans. C’était le moment de commencer autre chose, j’avais touché le toit. Quelles rencontres vous ont particulièrement marqué ? Marcia Haydée [directrice du Ballet de Stuttgart, ndlr], parce que c’est une grande artiste, dans tous les sens du terme. Egon Madsen m’a beaucoup aidé dans ma carrière. Beaucoup de fois, j’ai voulu quitter, je me disais : « Je ne suis pas bon, il faut que je change. » Egon m’a sauvé. Les situations négatives, dans notre vie privée et professionnelles, sont les plus importantes de notre vie d’artiste. C’est là qu’on apprend à se développer.
les danseurs, pour ne pas limiter la danse à une expression du corps, pour y attacher l’esprit. Et donner un peu de joie. Comment vivez-vous le fait de vous installer à Mulhouse, après avoir passé cinq années à Maylands ? Je suis très content ! En Australie j’étais très isolé, ici j’ai l’impression d’être au centre du monde ! C’est une bonne position, le ballet du Rhin. On parle beaucoup de globalisation, on regarde dans toutes les directions. L’Alsace m’intéresse beaucoup, surtout que dans la danse, il y a beaucoup de nationalités qui travaillent ici ensemble. La danse est un art qui peut unir les danseurs et le public. C’est symbolique de notre période !
— Ivan Cavallari en 5 dates —
Quelle danse aimez-vous ? Je suis très attaché à la narration, même dans un ballet abstrait. Il faut une idée, ça c’est clair. Je défends beaucoup le ballet narratif, même dans une interprétation contemporaine. Parfois, cela me fatigue de devoir lire le programme pendant une heure avant le spectacle. J’aimerais entrer dans le spectacle avec mes émotions.
1964 1981 1986 2007 2013
Et la danse contemporaine ? J’aime ça ! Je n’ai absolument pas de borders. J’aime ce qui est bien fait, qui me dit quelque chose. J’aime découvrir la poésie dans ce qu’on fait.
Prochain spectacle du Ballet du Rhin : Don Quichotte, chorégraphie Rui Lopes Graça – Marius Petitpa, les 2 et 3 février au Théâtre municipal de Colmar, du 9 au 12 février à La Filature de Mulhouse www.onr.fr
Quel est votre rôle en tant que directeur de compagnie ? Quand on danse, on est concentré sur soimême, on veut bien faire. Mais quand on devient responsable d’une compagnie, il faut penser de manière plus globale, on doit comprendre les danseurs. Je suis en train de découvrir les miens, et de me mettre avec toutes mes forces dans un pays dans lequel je n’ai pas encore travaillé. C’est important de rentrer dans cette mentalité. Et de goûter tout ce qu’on peut découvrir, tout ce qu’on peut faire. Et on prend à nouveau du plaisir à regarder. Danser ça consume. Regarder, ça consume moins. J’aime défendre une motivation. J’aime travailler comme ça avec
naissance à Bolzano (Italie) intègre l’école du Bolchoï entre au Ballet de Stuttgart prend la tête du West Australian Ballet officiellement directeur du Ballet de l’Opéra National du Rhin
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MUSIQUE
YOU GOT TA RUN RUN RUN ——— Par Joseph Valstar ———
L A FÉDÉ HIÉRO COLMAR FÊTE SES 20 ANS D’AGITATION CULTURELLE EN ALSACE. EN DEUX DÉCENNIES, ELLE A SU PÉRENNISER L A CONTRE-CULTURE LOCALEMENT TOUT EN RAYONNANT À L’ÉCHELLE RÉGIONALE, VOIRE CHEZ NOS VOISINS ALLEMANDS.
Le groupe Mecca normal au café des Trois colombes, le 4 février 1993
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Affiche de la première soirée de Hiero à la MJC de Colmar en 1992
Des débuts sur Radio Dreyeckland à Colmar et leur émission Torpédo, je conserve un souvenir des affiches collées sur les murs de la ville. Des noms de groupes qui ne passaient pas à la télévision mais qui bénéficiaient déjà d’une bonne réputation dans les fanzines et radio libres. Quelques années plus tard, Nicolas Jeanniard et Jean-Damien Collin, fondateurs de la fédération Hiéro Colmar avec l’aide du Mulhousien Jean-Luc Wertenschlag, décident de célébrer le Velvet Underground. Autant dire que cette première soirée pose les bases à la fédé pour les 20 années qui suivent. Investissant une friche industrielle, Hiéro propose ce soir-là des projections de films underground américains ainsi que des concerts réunissant quelques membres du Velvet, à savoir Moe Tucker et Sterling Morrison, les Dum Dum Boys et le Velvet Underground Revival, groupe tchèque ami de Vaclav Havel et fan de la première heure. Près de 600 personnes défilent et refont le monde. Les 90’s débutent bien… Défricheurs culturels Cinéma expérimental, groupes indépendants et lieux improbables sont au cœur des actions menées par l’association. Puis vinrent les résidences (Herman Düne, Bertrand Burgalat, Etienne Charry), la création d’un label (avec les enregistrements de Kat Onoma, de l’Herzfeld Orchestra ou de K-Swift), les concerts que l’on n’oublie pas (The Notwist, Papas Fritas, New Bad Thing…), les têtes d’affiche (Katerine, High Tone, Dominique A, Mono, Yo La Tengo, Miossec). Ces dernières années, Hiéro s’est recentré sur un défrichage culturel des plus pertinents, collant au plus près de l’actualité indie, mais pas seulement. Le public de Hiéro a évolué : au début, on croisait des étudiantes sérieuses, puis un public plus hédoniste à partir de la fin des 90’s ; aujourd’hui, la fédé brasse un public cosmopolite au sein duquel les chapelles musicales subsistent. C’est une question d’époque, je crois.
Une des forces de Hiéro Colmar est d’avoir su programmer différents styles musicaux tout en gardant une cohérence artistique, sans jamais tomber dans la facilité, autrement dit en cherchant à aller à l’essentiel. Le défrichage musical a toujours été une priorité. On se souvient notamment des débuts de Dominique A, seul à la guitare : dans le hall de la MJC, ancienne maison de Maitre aux boiseries sculptées et à la cheminée imposante, le chanteur évoluait sur la tangente, un peu impressionné par le décorum. Françoiz Breut l’accompagnait sur une toute dernière chanson... Avec Rodolphe Burger et Philippe Poirier de l’élégant groupe strasbourgeois Kat Onoma, l’intense relation artistique s’est concrétisée à travers de multiples collaborations tel qu’un CD-book live à la MJC de Colmar ou l’organisation de C’est dans la Vallée, à Sainte-Marie-aux-Mines, un festival qui a accueilli en 10 ans Laurent Garnier, Jacques Higelin, Daniel Darc, Tindersticks, Alain Bashung, entre autres...
En tous lieux L’appropriation de lieux non prévus à la diffusion de musiques amplifiées est une des constantes de l’association colmarienne. Je me souviens des salles 005 et 006 de la Manufacture de Tabacs de Colmar, dont les murs étaient habillés par les projections diapos, ou encore de l’Atelier ARN, ancienne serrurerie du centre ville ; les outils ainsi que le chaudron nous renvoyaient cinquante années en arrière, alors que les artistes déambulaient, souvent incrédules. Ils ne se sentaient pas moins chez eux, tellement à l’aise qu’il fallait les appeler pour qu’ils n’oublient pas de jouer… C’est dans ce lieu que je conserve le souvenir le plus émouvant : j’ai pu échanger avec Robert Breer, réalisateur et figure incontournable du cinéma d’animation expérimental ; ensemble, nous évoquions Manchester et certains de ses clips dont Blue Monday de New Order ou Take On Me d’A-Ha, dans lequel il mêle crayonnage et vidéo 3D.
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Fabrice Vonné et Nicolas Jeanniard
— Couzins, couzines —
Le Natala, ce parc idyllique situé à la sortie Est de Colmar, devait à l’origine accueillir le premier concert de la fédération en hommage au Velvet Underground. La soirée n’a jamais eu lieu mais le Natala et sa Beach party servent de base pour un festival qui, au mois de juillet, voit défiler groupes confirmés ou inconnus, tout en organisant des projections de cinéma en plein air et des attractions décalées. Les soirées se terminant généralement par les DJs de la Hiéro team. Devant faire face au succès grandissant, avec plus de 2000 personnes en 2001, la Beach Party se saborde un an plus tard, laissant place à un festival orienté cinéconcert plus respectueux de cet écrin naturel. Enfin, le Grillen, la salle de musiques actuelles de Colmar, tenue par la ville depuis 1999, doit son existence à Hiéro qui sut fédérer pour ce projet nombres d’associations. Seule ombre, le refus de Hiéro de gérer le lieu à cause d’un budget de fonctionnement proposé par la municipalité jugé trop limité. Dix ans plus tard, Hiéro investit le Grillen de manière occasionnelle, préférant des lieux plus insolites. Et puis, arrive le temps de l’émancipation, Hiéro programmant de plus en plus en dehors de sa ville natale, notamment à Fribourg grâce à un partenariat avec la Rockschule. Ainsi, le Cafe Atlantik, le Swamp ou le Rang Tang Tang accueillent régulièrement bon nombre de Colmariens et Colmariennes élevés au biberon Hiéro. On trouve encore trace de la fédé à Strasbourg où le festival Supersounds prend ses quartiers aussi bien à Stimultania qu’au MAMCS.
Des projets tous azimuts Il est impossible de ne pas citer les concerts en appartement. Ribeauvillé, Hunawihr ou encore Colmar, lieux de vie des bénévoles Hiéro, accueillent des artistes qui apprécient ces concerts intimistes. Ces expériences inhabituelles, Hiéro figure parmi les premiers à les importer des États-Unis où cette pratique est assez répandue. Les résidences d’artistes ont également été l’occasion de dépasser le rôle d’organisateur de concerts en s’inscrivant dans la production. De rencontrer le matin dans les rues de Colmar la tribu hirsute du groupe franco-suédois Herman Düne, entouré de la flopée d’artistes qui a enregistré avec lui les Colmar Tapes dans les rues de Colmar, reste un moment inoubliable. De même, croiser le producteur et musicien Bertrand Burgalat, venu taper le bœuf avec les Manson’s Child ou Jacques 136 dans leur local à la Manufacture... Mais le plus important n’est pas là. La politique du chiffre ne rentre pas en ligne de compte pour Hiéro, pas complètement en tout cas. Certains des concerts n’ont peutêtre attiré qu’une poignée de fans, mais ceux-ci ont été durablement marqués au point devenir à leur tour des activistes. On ne compte plus les anciens bénévoles ou permanents de la fédération, volant de leurs propres ailes à Toulouse, Perpignan, Poitiers, Metz et Rennes. On le sait, peu de gens ont acheté le premier disque du Velvet Underground, mais quasiment tous ont fondé leur groupe après l’avoir écouté. Il en va de même pour Hiéro, sauf que la fédé n’a pas attendu 20 ans pour connaitre le succès… www.hiero.fr
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Un beau fanzine construit par les copains et les copines de Hiéro Colmar (et quand même, un peu par eux aussi) comme un clin d’œil au Speeding Magazine que l’association avait terminé il y a 20 ans, mais jamais sorti. Une belle histoire déroulée en interviews, en tests, souvenirs, photographies et interventions d’artistes. « Ceux qui [les] aiment feront le plein », autant d’informations que d’anecdotes décalées. Ceux qui ne les aiment pas se marreront quand même ou passeront leur chemin sur le jeu de l’oie créé par Joan, le tout accompagné d’une petite tarte sur la joue, parce que quand même, faut pas pousser : les Hiéro Colmar nous ont organisé des concerts et projections mémorables. Une lecture sympathique au coin du feu. Plaisir d’offrir. (C.B.) Hiéro Colmar, 80p 10€+ 4€ de frais de port Offert pour toute adhésion 2013 ! www.hiero.fr Hiéro Colmar 7, rue de Lauch La Vitrine 53, avenue Kennedy à Mulhouse
MADAME PY CABARET
FESTIVAL
EXTATIQ ! Il a fait un détour du côté de la Colombie, il revient sur nos terres avec des groupes super ! La rime (bancale) passée, le festival Génériq fait quelques arrêts du côté du Noumatrouff à Mulhouse et de la salle des portes de Saint-Louis. Que faudra t-il aller voir ? À Mulhouse, notre chouchou folk-blues-country Thomas Schoeffler JR le 24 novembre, le grand monsieur du rap français Oxmo Puccino le 28, les rockeurs couleur nineties The Dandy Warhols le 30 et les petites mais déjà grandes suédoises First Aid Kit le 29 à Saint-Louis. On espère ne pas voir le générique de fin de sitôt. (C.B.) Génériq, du 21 novembre au 2 décembre dans le Grand Est www.generiq-festival.com noumatrouff.fr
« Py est poète, catho, gay, chanteuse », titrait La Libre Belgique à l’occasion de Miss Knife chante Olivier Py. Avec ce personnage de diva à plumes d’un autre âge, hybride de Marlene Dietrich et Barbara, l’auteur et metteur en scène, futur directeur du festival d’Avignon, livre sans doute ses spectacles les plus intimes. Avec humour et (auto-)dérision, mais aussi mélancolie, il/elle chante des romances douloureuses ou insolentes. Sur ses talons vertigineux, avec son maquillage outrancier et ses mélodies d’un autre âge, il se présente en chanteuse travestie, séduit et amuse. Le cabaret est pour Py une autre manière de poursuivre son travail d’auteur : moins lyrique et plus léger. Il est fort probable que le culot, l’émotion et la légèreté que distille Miss Knife convaincra même ceux que Py agace. (S.D.) Miss Knife chante Olivier Py, le 11 décembre à La Filature de Mulhouse www.lafilature.org
ILLUSTRATION
CARNETS DE VOYAGE
Il y a une extrême chaleur dans les images de Loustal. Qu’on les croise sous la forme de BD, d’illustrations ou dans des éditions, elles habitent notre univers mental avec une extrême familiarité. La belle exposition au Musée historique et au musée des Beaux-Arts de Mulhouse nous permet de faire le lien entre toutes les thématiques abordées par cet auteur prolifique, qui a débuté dans Métal Hurlant, puis (À suivre), avec comme scénariste Philippe Paringaux, l’ex-rédacteur en chef de Rock&Folk : l’Afrique, le jazz, le romantisme, le roman noir et bien sûr les États-Unis. On y découvre les cadres singuliers de cet ancien étudiant d’architecture et son goût prononcé pour une forme d’angulosité, entre expressionnisme et pop. (E.A.) Loustal, Un itinéraire en bandes dessinées, jusqu’au 21 janvier au musée des Beaux-Arts de Mulhouse - 4, place Guillaume Tell - 03 89 33 78 11 Musée Historique - Place de la Réunion – Hôtel de Ville - 03 89 33 78 17
ZUT ! 48
Photo : Alain Fonteray
First Aid Kit
CULTURE ZUT !
Shabnam Zeraati, Bitterness
ARTS
Bonjour la neige, ciné-concert de Mami Chan
CRÉATION RÉGIONALE
JEUNESSE
FESTI(F)VAL 10 jours, 30 compagnies, 40 représentations tous publics et 30 représentations scolaires… Ça va bouger cette année à Momix ! Pour sa 22e édition, le festival ouvre l’imaginaire du jeune public en l’initiant à la poésie et en lui transmettant les clés pour un monde plus beau et responsable. Du théâtre d’objets, du cirque, de la danse, mais aussi des expositions et une émission de radio (à écouter sur le blog du festival), de quoi satisfaire petits et grands enfants. Un beau moment de célébration et de rassemblement. (C.T.) Momix, festival international jeune public, du 1er au 10 février à Kingersheim et dans d’autres lieux d’Alsace. www.momix.org
Regionale est l’événement incontournable qui, chaque fin d’année, fait courir les curieux comme les professionnels, entre Bâle, Fribourg et Strasbourg, à la poursuite de ce(ux) qui fait (font) l’art de notre temps. Dans le Haut-Rhin, deux lieux participent à l’émulation de la création tri régionale : la Kunsthalle à Mulhouse et la FABRIKculture d’Hégenheim. Le premier dévoile tout un pan du renouveau très actuel de la pratique du dessin ; le second met en scène les liens entre les créateurs de part et d’autre du Rhin : un artiste invite un artiste qui en invite un autre… pour un passionnant dialogue transfrontalier. (X.H.) Regionale dans le Haut-Rhin Zeichnen zeichnen, toujours toujours, du 23 novembre au 13 janvier à la Kunsthalle de Mulhouse www.kunsthallemulhouse.com L’effet domino du 26 novembre 2012 au 6 janvier 2013, à la FABRIKculture d’Hégenheim www.fabrikculture.net www.regionale.org
SALON
Illustration : Laurence Bentz
BAZAR LIT TÉRAIRE
Comme tous les ans, Colmar fête la rentrée littéraire et célèbre cette année le chaos de la vie. Avec le thème Bazar, elle veut inviter à la rencontre, entre les univers et entre les genres. 25 000 personnes sont attendues, qui déambuleront entre les stands des libraires, assisteront aux cafés littéraires où l’on attend notamment Jean-Christophe Rufin, Patrick Raynal Maylis de Kerangal et Olivier Adam, et auront l’occasion de taper la discute avec éditeurs, auteurs, bibliothécaires, bouquinistes… bref, un joyeux bazar où tous les participants n’auront qu’un seul point commun : l’amour du livre et de la lecture. (S.D.) Salon du livre de Colmar, les 24 et 25 novembre au Parc des expositions www.salon-du-livre-colmar.com
49 ZUT !
Richard Brunck de Freundeck, planche de La Vita nova de Dante (Paris : Les Médecins Bibliophiles, 1950, n° 123/150). Eau-forte. B.M.C., L 139.
Carol Bove, Untitled, 2012, plumes de paon courtesy de Galerie Maccarone, New York et l’artiste
CULTURE ZUT !
ARTS
SE DÉPASSER
HÉRITAGE
ARTS
« Le plus grand graveur d’Alsace depuis la Renaissance », disait ses contemporains... S’attachant à promouvoir le patrimoine alsatique, la Bibliothèque de Colmar (fraichement renommée Bibliothèque des Dominicains) met à l’honneur l’œuvre de Richard Brunck de Freundeck. Influencé par le romantisme, l’artiste représentera la beauté rhénane tout autant que l’éblouissement méditerranéen. Il illustrera les écrits de Flaubert et de Victor Hugo avant d’atteindre la pureté dans ses gravures de la Vita Nova de Dante. (C.T.) Noir, blanc, gris… l’infini, œuvres de Richard Brunck de Freundeck, du 13 octobre au 13 janvier, à la Bibliothèque des Dominicains à Colmar www.bibliotheque.colmar.fr
ZUT ! 50
L’Homme peut-il maîtriser le monde ? Une question sans réponse qui tourmente les artistes depuis bien longtemps. En résonnance à l’œuvre du compositeur de jazz expérimental Conlon Nancarrow et du roman de Paul Valéry L’Homme et la Coquille, le CRAC Alsace a imaginé une exposition rassemblant une quinzaine d’artistes européens et américains. En distançant la connaissance de la technique et la nature, chaque création pousse, de façon inattendue, à un dépassement sensoriel, qu’il soit débridé ou intuitif. (C.T.) Coquilles mécaniques, jusqu’au 13 janvier au Centre Rhénan d’Art Contemporain (CRAC) d’Alsace à Altkirch www.cracalsace.com
Photo : Christophe Urbain
CINÉMA
TOUS À L A C OO P É !
FESTIVAL L'Ososphère à La Coop, du 7 au 16 décembre 1, rue de la Coopérative au Port du Rhin, à Strasbourg www.ososphere.org
Trop tard, vous êtes tombés dans le piège. Continuez de soutenir nos commerces de proximité mais allez aussi faire un tour dans l'un des entrepôts de la Coop au Port du Rhin à Strasbourg. Le festival de l'Ososphère investit un bâtiment vide depuis six années appartenant à cette place industrielle encore partiellement occupée par l'enseigne. Pourquoi y aller ? Tout simplement parce que l'endroit est à couper le souffle et parce que vous pourrez y voir expositions, performances et concerts. Le tout saupoudré de deux nuits électroniques les 14 et 15 décembre avec, entre autres, Etienne de Crécy, Breakbot, Pachanga Boys. Trois étages, trois dancefloors, des artistes avec de la suite dans les idées. Que vous faut-il de plus ? (C.B.)
COUPEZ !
CINÉMA
Frustrant d'écrire une brève sur le deuxième numéro de Cut tant il y aurait de bonnes choses à dire. Soyons brefs, soyons cash, soyons cut : c'est beau. Des raisons d'aller acheter cette revue concoctée par « des saltimbanques du cinéma » dans « toutes les bonnes librairies » ou sur le site de r-Diffusion ? Un entretien de Jean-Claude Brisseau évoquant Hitchcock, sa filmographie et la plastique du sexe, un portait posthume de River Phoenix, une analyse de l'alcool dans le cinéma, une enquête passionnante sur les préliminaires d'un film au cinéma ou une chronique de Jackie Berroyer. Il y a beaucoup – 132 pages pour être précis – de choses réfléchies et légères aussi, et sans pubs s'il vous plaît. Voilà, vous y allez maintenant ? (C.B.) Cut, la revue, 13€ cutlarevue.fr www.r-diffusion.org
CAPRA, C'EST PAS FINI ! L’Association Lézard remet le couvert avec La Vie est belle de Frank Capra, dans le cadre de sa programmation Vous reprendrez bien un petit classique ! Du haut des 65 ans qu’il fête cette année, ce chef d’œuvre incontournable de l’histoire du cinéma a été reconnu tardivement. Pas d’Oscar pour ce film indépendant que Capra destinait aux « alcooliques, aux drogués, aux prostituées, ceux derrière les murs d'une prison ou des rideaux de fer. Un film pour leur dire qu'aucun homme n'est un raté. » Plus d’un demisiècle plus tard, rediffusé en boucle à la télévision à Noël, le film est culte. Une occasion rare de le voir sur grand écran. (O.B.) La vie est belle de Frank Capra, jeudi 6 décembre à 20h15 au Colisée à Colmar www.lezard.org
51 ZUT !
CULTURE ZUT ! Morpho peruvianis, 2008, ballon de chimie et laiton - Photo : A. Siegel
THÉÂTRE
DOULEURS
FIAT LUX
ARTS
« La lumière est l’énergie qui crée les formes. » Fabrizio Corneli applique ce principe au pied de la lettre. Réactivant la technique de l’anamorphose utilisée par les maniéristes (la déformation d’une image par un système optique, comme un miroir courbe par exemple), l’artiste florentin projette des ombres à partir d’objets presque invisibles. Les images qu’il déploie renvoient à notre imaginaire collectif, et ces apparitions presque magiques dans un espace plongé dans la pénombre font de son exposition une expérience à la fois fascinante et inquiétante. (S.D.) Rayon d’ombre, exposition de Fabrizio Corneli, jusqu’au 20 janvier à l’espace André Malraux de Colmar - 03 89 20 67 59
Frank Morzuch, Table de Saturne - Arboretum national des Barres
ARTS
Cela commence comme une conférence. Un chercheur explique, avec passion et tout le sérieux que nécessite son rang, la vie et l’œuvre des termites. Au bout de 25 minutes, le spectacle bascule, et voilà que se mêlent à ces considérations scientifiques la violence des conflits, réels et intérieurs. Seul en scène avec deux musiciens, l’immense comédien et metteur en scène Josse de Pauw, grande figure du théâtre flamand, transmet toute la charge émotionnelle d’un séjour africain. Il s’appuie pour cela sur le magnifique texte de David van Reybrouck – auteur d’un tout récent et très applaudi Congo, une histoire, prix Médicis de l’essai – qui réunit La Vie des termites de Maurice Maeterlinck et les théories d’Eugène Marais, écrivain et poète, morphinomane et spécialiste des termites, que Maeterlinck a copieusement plagié. D’une grande simplicité formelle, tour à tour drôle, émouvant et brillant, L’Âme des termites est sans conteste l’un des plus beaux spectacles de ces dernières années. (S.D.) L’Âme des termites, les 6 et 7 décembre à la Comédie de l’Est à Colmar www.comedie-est.com
BRANCHES ET CAILLOUX Artiste visuel franco-canadien, Franck Morzuch questionne le paysage sous toutes ses formes, qu’elles soient naturelles ou construites. Apparenté au Land Art, il use de matériaux simples (branches, cailloux) associés à des dispositifs électriques et magnétiques pour dégager un point de vue, une vision autre. C’est ce travail sur la matière et la lumière qui confère à ses installations le pouvoir de tisser et défaire « l’étoffe du visible ». Introduction à un travail en gestation depuis dix ans, cette exposition s’accompagne de conférences et de projections. (C.T.) Franck Morzuch, du 11 janvier au 23 février à l’Espace Lézard de Colmar www.lezard.org
ZUT ! 52
Parklife Records Music Label Colmar
Pull Manson’s Child Herman Dune Flirt Son des Disco Jacques 136 Thee Three Zomics Fanzines Distro Party 2013
Log House parklife@calixo.net ou sur Facebook
Bruno Metzger - Photos : Christophe Urbain
Prada, collection automne-hiver 2012
CULTURE ZUT !
FÉE MAIN
ARTSIANAT
PRADA & PASTA A la table de Prada et Un festin d'étoffes, expositions jusqu'au 18 août 2013 au musée de l'impression sur étoffes 14, rue Jean-Jacques Henner à Mulhouse www.musee-impression.com
ZUT ! 54
TISSUS C’est tout naturellement que le musée de l'impression sur étoffes nous invite à la table de Miuccia Prada, la créatrice de la maison. Deux expositions raffinées sont programmées : l'une autour de la marque à travers une rétrospective visuelle des collections antérieures et vidéos de différents défilés. L'autre en forme de festin d'étoffes : torchons, linge de table ou de maison, tissus pour l'ameublement ou habillement présentant les richesses gastronomiques du 18e siècle à nos jours. La grande bouffe, oui d'accord, mais élégante alors. (C.B.)
Noël, c'est le temps de la magie et de l'émerveillement. En marge du marché de Noël de Colmar, la Fédération Régionale des Métiers d'Art d'Alsace (frémaa) montre le travail désormais rare, de ceux qui travaillent toute l'année pour remplir la hotte du père Noël, et plus si affinités. Avec Pièces d'exception, exposition de pièces uniques, le public découvrira une quarantaine d'artisans locaux passionnés et maîtres d'un savoir-faire unique. Idées cadeaux ? Découverte du patrimoine ? Tout y est. (C.B.) Pièces d'exception, du 23 novembre au 31 décembre à l'église des Dominicains à Colmar www.fremaa.com
Le grand
Choc E OUVERaTnUcRhes
les dim décembre
9, 16 et 23
www.daniel-stoffel.fr
La Chocolaterie Chocolaterie La
À Haguenau
À Ribeauvillé
50, route de Bitche - 67500 HAGUENAU Tél. 03 88 63 95 95
Route de Guémar - 68150 RIBEAUVILLE Tél. 03 89 71 20 20
OUVERT du LUNDI au SAMEDI de 9H à 18H30
OUVERT du LUNDI au SAMEDI de 10H à 19H
Chocolaterie du Sandhaas
Chocolaterie du Vignoble
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ÉTÉ 2012
ÉTÉ 2012
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N N
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LA CULTURE N'A PAS DE PRIX
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LORRAINE
NUMÉRO 1
STRASBOURG
LORRAINE —— —— CULTURE CULTURE TENDANCES TENDANCES & & LIFESTYLE LIFESTYLE —— ——
N°15
HAUT-RHIN
NUMÉRO ZÉRO
HAUT-RHIN
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LORRAINE
LORRAINE NUMÉRO ZÉRO NUMÉRO ZÉRO
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GRANDEST EST GRAND
STRASBOURG STRASBOURG
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C E N T R E
E U R O P É E N
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la culture n'a pas de prix
LORRAINE LORRAINE
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D ' A C T I O N S
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hors-série n°6 10 / 2012 Les 25 ans du CEAAC
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QUAI D'ISLY / 68100 MULHOUSE 1212 QUAI D'ISLY / 68100 MULHOUSE
L A U R E N C E
B E N T Z
Photographe Alexis Delon / Preview RĂŠalisation Myriam Commot-Delon
Coiffeur Alexandre Lesmes / Avila www.facebook.com/avilafactory
Mannequin Gabi / Studio KLRP Make-up artist Jacques Uzzardi www.jacquesuzzardi.com/
Assistant photo Gautier Ramin
Assistantes stylisme Emmanuelle Chauvet, Laurence Benz
Boutiques L’Altra (Strasbourg), Cartier (Strasbourg), K.Collections (Colmar) Ultima (Strasbourg)
ZUT ! 58
Post-prod Camille Vogeleisen / Preview
Top en coton et mancherons en soie MIU MIU, jupe en soie imprimĂŠe DOLCE & GABBANA, biker en cuir bicolore BALENCIAGA et bottines PRADA, le tout chez Ultima. Bague Nigeria, CARTIER.
59 ZUT !
ZUT ! 60
Top foulard en soie (plusieurs manières de le nouer) à liens en cuir surpiqués, veste et pantalon en lainage GUSTAVOLINS, bottines MAISON MARTIN MARGIELA, le tout chez K.Collections. Shorty CHANTELLE chez Alice LangeLe Boudoir. Escarpins DIOR et pochette en cuir verni à motifs appliqués PRADA, les deux chez Ultima.
61 ZUT ! 101 ZUT !
Robe en soie imprimée gansée de cuir, BARBARA BUI, chez L’Altra. Bague Nigeria et montre Tank en or blanc et diamants CARTIER.
ZUT ! 62
Chemise en popeline et pantalon en lainage à fines bretelles en ruban de satin JEAN-PAUL KNOTT, bottines à plateau en daim A.F VANDERVORST, sac en cuir à poignées cachées MAISON MARTIN MARGIELA, le tout chez K.Collections.
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CRÉATEUR
BLOC KNOTT
MAIS DE QUI EST LA CHEMISE BLANCHE EN COUVERTURE DE CE 1ER NUMÉRO DE ZUT HAUT-RHIN ? ——— Par Par Myriam Commot-Delon ———
Les créateurs belges ont toujours été le dada de Karine Goldschmidt, moelle épinière et propriétaire de la boutique colmarienne K.Collections. Après Martin Margiela et A.F Vandervorst, c'est cette saison au tour de JeanPaul Knott de rejoindre l’écurie de cette défricheuse instinctive de lignes pointues et de griffes anormales… Mais de quels troubles souffre exactement Jean-Paul Knott pour lui avoir tapé dans l'œil ? — D’une névrose : né en Belgique en 1966, Jean-Paul Knott a grandi à New York et y fait ses études avant de s’installer à nouveau à Bruxelles en 1999. — D’une obsession pour la ligne. Onze années passées chez Yves Saint Laurent aux côtés de Loulou de la Falaise n’ont certainement rien arrangé. — D'une affection particulière pour la Chambre syndicale de la Haute Couture dont il fut membre invité en 2008 et pour laquelle il défila aussi en 2010 lors du calendrier officiel de la Haute Couture.
ZUT ! 64
— D’une prédisposition au partage : avec Greg Van Rijck, en charge de ses collections homme depuis 2011, il a ouvert en 2006 la Block Knott Gallery à Bruxelles, une galerie dédiée à l’art contemporain — D’une épidémie graphique : dans ses collections printemps-été 2013, il a fait intervenir deux artistes. Une intervention scotchante de Pascal Durand a ponctué un vestiaire noir et blanc d’un rigoureux travail sur les lignes et de divines éclaboussures de peinture de Jacques Weemaels. — D’une dissymétrie – sans espoir de guérison –, typique de l’école belge. — D’une tendance pathologique à ne pas suivre les tendances et à préférer soigner son intemporalité : la même pièce évoluera suivant les années. Son travail ne s’inscrit pas dans une logique de maison qui capitalise tout sur ses défilés. Les présentations des collections se font en show-room ou différemment du schéma classique, avec l’art contemporain toujours en ligne de mire.
— D’un penchant pour la direction artistique. Il y a travaillé pour Krizia, Féraud et, de 2007 à 2009, pour Cerruti, où il a contribué à la révision des proportions tout en perpétuant la tradition et la recherche sur le tissage de la maison, indissociables d’une notion de confort. Une étape dans son travail, où la recherche sur le corps est au centre. — D’une addiction pour les collabs : des costumes pour le Béjart Ballet, une collection pour Beautiful People, la ligne guest-star de la marque Dim qui offre une carte blanche à un créateur (Isabel Marant, Paul & Joe…), la déco immaculée d’une chambre pour l’hôtel bruxellois Royal Windsor et même une collection pour les 3 Suisses en 2009… — D’une manie, dans son processus de création, à vouloir atteindre une élégance minimaliste. Une idée fixe, atemporelle, qui n’est pas pour nous déplaire et qui risque de vous séduire. Jean-Paul Knott chez K. Collections Cour Waldner Stefan 5, rue des Marchands à Colmar 03 89 23 07 06
MODE CRÉATEUR
EVERY THING ELSE
ZUT ! 66
——— Par Par Myriam Commot-Delon ———
Il y a quelques semaines, Justine, notre nouvelle stagiaire, me demandait si je connaissais la jeune griffe Moonchild. Et bien, Zut avait déjà craqué, l’hiver dernier, pour son fameux pull « biche » en alpaga jacquard, modèle phare de la tendance « S.P.A ». Je savais aussi qu’elle avait été la styliste de la marque April 77. Par contre, il me manquait une information cruciale : Pascale Koehl, la créatrice, est Haut-Rhinoise ! Ni une, ni deux, je frotte mes petites mains, pianote rapido sur ma tablette pour accéder à son site et fais ce constat imparable : je meurs toujours d’envie de porter un de ses pulls aux accents bohèmes chics ! Qu’ils soient en plus réalisés en 100 % alpaga, matière que je vénère depuis l’hiver (glacial) de mes 20 ans (passé chaudement enveloppée dans un manteau en poil de lama vieux rose), ne pouvait que me donner envie d’en savoir plus sur Moonchild. Derechef, je clame haut et fort au bureau que je suis fan de leur maille tissée au Pérou et Cécile, journaliste à ZUT !, la vingtaine insolente, portée par un look virtuose, mi-eighties, mi-print spirit, de se lamenter : « Rhaaaa, trop beau mais trop cher pour moi ! » Et là, intervient notre vénérable responsable d’édition, Sylvia D., (altière, enveloppée dans un poncho caramel et juchée sur 19 cm de talon) qui nous assène un : « Tu demanderas combien ils sont payés, les Péruviens qui tricotent les pulls. » Petit moment d’hésitation, je bredouille ne pas savoir, mais que dès que j’en saurai plus, je ne manquerai pas de lui répondre ! Et bien, pour commencer, si les it tricots de Moonchild peuvent, au premier abord, paraître un peu chers, c’est certainement dû à la conscience éthique de leur créatrice qui s’est lancée à corps perdu dans cette folle aventure. Et faire de Moonchild une marque aussi respectable humainement que d’un point de vue culturel et stylistique, tout en étant pile dans la tendance, n’était pas si facile… Toute la collection est réalisée manuellement selon un savoir-faire artisanal et ancestral, dans le respect du cadre de vie et du juste salaire des
—
Pascale Koehl, créatrice de MOONCHILD
— tisseurs, et garantit aussi un bon traitement des animaux utilisés pour la tonte. Les séries sont limitées et la production reste à ce jour artisanale. Ouf ! On est sauvés. Et quand on sait qu’au Pérou, les premières traces de trame et chaîne datent de l’époque dite « archaïque », c’est-à-dire vers 2800-2500 avant notre ère, on comprend aisément que le tricot occupe une place importante dans les Andes. Le tissage et la maille y sont, contrairement à nos contrées, considérés comme un matériau plus noble que la céramique et les métaux. Une importance culturelle indissociable de la démarche qui a conduit Pascale Koehl à produire sa collection là-bas. On imagine aussi aisément qu’une toute jeune griffe comme celle-ci implique des rôles multiples pour sa créatrice, qu’il n’est pas toujours simple à l’autre bout du monde, d’arriver à faire un produit pointu avec cette volonté éthique, sans que ça ne dérape en produit trop connoté « ethnique » ! D’ailleurs, les premiers prototypes reçus n’étaient pas vraiment ce qu’elle avait imaginé et elle a dû y retourner plusieurs fois afin obtenir ce qu’elle voulait exactement… Qualité et petite production ont un coût, ce n’est pas nouveau, et en cette période où il est de bon ton d’adhérer au Made in France, se positionner éthiquement comme Pascale Koehl était la bonne tangente à adopter. Et l’on sait aussi que pour accrocher dans sa garde-robe une pièce phare, un chouia cher, il suffit souvent de ne pas céder aux sirènes de trois ou quatre achats bas de gamme Made in China. Oracle, The Holy Mountain, E.C.H.O.E.S, des noms de collections à rêver et à voyager : offrir une relecture des motifs traditionnels est une chose mais y mêler spiritualité et onirisme en est une autre… Une valeur ajoutée, retranscrite avec justesse dans sa com, les photos ou les vidéos qui viennent soutenir cet univers très personnel. Des pulls qui donnent juste envie d’écouter en boucle la ballade folk de Syd Matters, Everything else… www.moonchild-paris.com
Un accessoire indispensable ? Un sac à main. Un jean évidemment, mais lequel ? Un jean taille haute, skinny, noir, de la marque April77. Une seule paire de chaussures ? Une paire de sandales type sabot que je porte hiver comme été et des boots western basses vintage. La playlist qui vous inspire cet hiver ? Toujours et encore Syd Barrett et Pink Floyd ! Et Tame Impala, Lee Hazelwood, Beach House, Mount Analogue, Black Sabbath, Jose & The Wastemen… Un look grand soir cool et futé à nous souffler pour la fin d’année ? Difficile, car je ne porte jamais de tenue de soirées. Je m'habille de la même manière la journée comme le soir. Je dirais une robe longue bleu irisé vintage que j'aime beaucoup : elle me fait penser à celle d’Emmylou Harris lors du concert de The Band, immortalisé dans le film de Scorsese, The Last Waltz, en 1978. Votre prochain voyage ? Un nouveau road trip aux USA (Texas, Nouveau Mexique, Arizona...) Un bruit ? Le vent dans les feuilles. En Alsace, un endroit qui vous fait rêver ? Les marchés de Noël. Pourquoi ce nom, Moonchild ? Ce nom évoque les communautés artisanales des tricoteurs péruviens qui réalisent mes modèles, perdus sur les bords du lac Titicaca à 4000 mètres d'altitude. Et je trouve ce nom très beau. Il a une dimension poétique, spirituelle mais aussi futuriste, proche de la science-fiction ; des valeurs que j'essaye de retranscrire dans mes collections. Le mot de la fin ? Merci !
67 ZUT !
MODE CRÉATEUR
RHUM & COCA COL A Portrait Marianne Maric ———
Photos : David Soyer
BURLESQUE, VINTAGE, LA PIN-UP EST SUR TOUTES LES LÈVRES. LA MARQUE DE JULIE PECCI, LES BELLES ÉPINGLÉES CRÉÉ IL Y A UN AN, EXPLORE CETTE MINE À IMAGE AVEC COCO DAS VEGAS, PRÊTRESSE DE L'EFFEUILLAGE À STRASBOURG. À PARTIR DE CETTE SOURCE D’INSPIRATION, ELLE CRÉE DE QUOI REMPLIR LA VIE ET LE SAC À MAIN D'UNE FEMME.
——— Par Cécile Becker
Quel est le concept de cette marque Les Belles Épinglées ? Avec mon mari, David Soyer, qui fait toutes les photos de la marque, nous avons toujours aimé le côté décalé et nostalgique de la pinup. Un jour, j'ai décidé de me mettre à mon compte et d'explorer cet univers graphique. Ce qui a tout déclenché, c'est cette rencontre avec Coco Das Vegas dont j'ai adoré le travail. J'ai eu en tête toute une série d'images, croisées avec des inspirations que je trouvais dans des magazines de mode ou de déco. Il y a un côté boudoir, j'aime bien l'idée de la femme célibataire qui s'assume. Comme nous avons été sélectionné pour le salon Maison & Objet l'année dernière, j'ai voulu décliner cet univers en différents produits : miroir, cabas, sac en toile, torchon, tablier, bijoux... Tous les produits sont conçus et assemblés en France, le plus possible dans la région, c'est important pour moi, et la qualité s'en ressent.
ZUT ! 68
D'où vous vient cette envie de créer ? Depuis que je suis toute petite ! Mon père est aquarelliste et j’allais aux cours du soir avec lui. J’ai fait les Beaux-Arts à Mulhouse et, dès la première année, le textile est devenu une évidence. Le numérique commençait à exploser, et comme j'adorais le médium photo, j'ai lié les deux. Aujourd'hui on peut tout faire, et les impressions tiennent un lavage à 90°C, ça ouvre beaucoup de possibilités ! Quels sont vos projets en 2013 ? Prendre quelqu’un pour m'aider [rires]. Cela commence à devenir difficile de gérer la création commandes, la comptabilité, le commercial... Sans parler des stocks partout dans la maison ! En janvier, nous serons de retour au salon Maison & Objet et en février, on commence la nouvelle collection, on a déjà quelques idées… Nous avons une série prévue avec Clairefontaine : des cahiers, des bloc-notes et des boîtes de rangement. Se développer, mais pas trop !
Les Belles Epinglées fait son marché de Noël, le 18 novembre de 10h à 19h au 8, rue Principale à Bergholtz-Zell et sera au marché de Noël de Colmar du 23 novembre au 31 décembre www.lesbellesepinglees.fr
cocktails • tapas • vin brunch à volonté le dimanche
4 avenue de la République 68000 Colmar 03 89 41 75 20
LUISA CERANO TRUSSARDI JEANS SEVENTY GEORGES RECH ESCADA ESCADA SPORT …
5 rue Mangold 68000 Colmar 03 89 24 58 67
TENDANCES ZUT !
MODE
SINGING IN THE RAIN Étanche, confortable, technique, modulable, esthétique… Les adjectifs ne manquent pas pour brosser le portrait de la géniale marque Urbahia, créée en 2005 par Guillaume Gaveriaux et Louis de la Bouillerie. Conçus pour protéger les usagers de deux roues de la pluie, de la neige et du froid, les modèles rivalisent d’ingéniosité et de praticité. Du pantalon pour scooter qui s’enfile et se scratche en quelques secondes – et qui ne vous fait pas ressembler à un spationaute de carnaval – au trench asymétrique Twiggy (un de leurs best-sellers) qui n’est pas sans rappeler un certain esprit Courrèges, leur collection s’étoffe comme leur succès. Les Parisiens roulant à deux roues en sont friands (oui, oui, c’est aussi vendu chez L’Éclaireur) et les citadins branchés raffolent de ce label qui rend enfin confortables et élégants les déplacements à moto, à vélo ou à pied. En Alsace, c’est la boutique Label Mag qui les distribue à Colmar, une très bonne adresse pour aller voir tout cela de plus près. (M.C.D) Urbahia chez Label Mag 3, rue Saint Nicolas à Colmar 03 89 41 70 20
ZUT ! 70
BELLE PL ANTE
COSMÉTO
Si l’adage « Sois belle et tais-toi » est pour le moins révolu – si si, on vous le jure ! -, la marque australienne de cosmétiques Aésop – du philosophe grec Esope – n’en finit pas ne faire parler d’elle dans les discussions beau-beau ! Pas de fioritures ni de promesses superflues, la marque ne revendique pas le label bio pourtant en vogue dans la cosmétique classique. Aésop place au cœur de ses préoccupations ce gage d’authenticité qui est lui cher et un design brut et inédit. On craque pour le clin d’œil local de sa gamme apaisante et nourrissante à la feuille de géranium, à dénicher en exclusivité à Colmar dans le seul point de vente alsacien : l’hôtel Quatorze. Allez hop ! (C.L.) Aésop, en vente à l’hôtel Quatorze 14, rue des Augustins à Colmar 03 89 20 45 20 www.aesop.com
BOUTIQUE
L’ÉCHOPPE EST BELLE
Visuel : Florentino
Une inscription sur le pavé colmarien de deux patronymes, comme témoin indélébile du patrimoine commerçant de la ville. Bloch-Gensburger est bien plus qu’une boutique, cette maison de prêt-à-porter qui sera centenaire en 2013 évolue avec son temps et adopte les codes de son époque. Sans trahir les valeurs originelles d’élégance de cette institution, on se laisse volontiers guider dans les deux univers dédiés à l’homme et à la femme. L’espace multimarques offre une large sélection de styles, allant de l’intemporel plus classique à des looks pointus dont les griffes sont souvent exclusives. On s’emballe pour les silhouettes féminines fluides et vaporeuses de Créa et les modèles plus structurés Rodika Zanian qui osent le mix des matières. Les messieurs ne sont pas en reste et vont succomber à la marque espagnole Florentino [visuel], dont la nouvelle collection revisite les codes du dandy moderne en douceur. Cocorico. (C.L) Bloch-Gensburger 3 et 5, rue des Boulangers à Colmar 03 89 41 26 47 – www.bloch-gensburger.fr
MODE
IMPRIMÉ TRENDY Pour chevaucher son scooter ou réchauffer l’encolure loose d’un pull-over trop échancré, un foulard de soie est indispensable. L’imprimé cubiste du moment et une belle soie lyonnaise convaincront les jeunes gens modernes. Et pour être encore plus pointu, rien de plus affuté que ces bijoux serre-foulards réalisés en série limitée par Harpo et fabriqués à la main en Arizona par un artiste Navajo. Si, si, c’est revenu… www.a-piece-of-chic.com
VA G A BONDE
MODE
Cette saison, la femme Sessùn ne fait pas tapisserie mais la porte en imprimé comme un étendard élégant que la boutique Dress Code Shop met en scène. Son vestiaire rétro adopte les couleurs de l’hiver et se pare de petits ornements délicieux, du col claudine quasi obsessionnel jusqu’aux accessoires ethniques aux mélanges de matières audacieux. L’allure se veut tantôt féminine, avec ses petites robes fluides pastel, tantôt preppy, en osant les mix de motifs et de couleurs. Vert sapin, grenadine ou tangerine, la sape Sessùn ne nous sape pas le moral, elle revigore au contraire nos cœurs frileux d’un bol d’air survitaminé. (C.L.) Sessùn chez Dress Code Shop 5, rue Mangold à Colmar 03 89 24 58 67 www.facebook.com/dresscodeshop
71 ZUT !
TENDANCES ZUT ! MODE Visuels : Escada
BOUTIQUE
NÉO CHIC Comment insuffler une nouvelle dynamique à cette institution de la mode à Colmar ? La boutique Arina, qui fête ses 40 ans cette année, fait twister les marques intemporelles qui habillent Madame depuis des générations avec de nouvelles griffes plus avant-gardistes. Ainsi, Burberry, Trussardi, Seventy et Luisa Cerano constituent l’ADN de la maison Arina, cher à ses clientes. Cette saison, la boutique accueille Escada et sa ligne Sport, qui sauront ravir la femme active en quête de lignes graphiques et structurées. Georges Rech vient également compléter l’offre et propose une silhouette à l’allure plus masculin-féminin, du smoking chic au blazer, le tout mixé avec du cuir pour jouer des matières. C’est sûr, la femme Arina n’a pas pris une ride et suit les tendances avec style et raffinement. (C.L) Arina 4, avenue de la République à Colmar 03 89 41 75 20 www.boutique-arina.fr
MADE IN ITALY
Visuel : Colmar Originals
Ici pas de vitrine racoleuse, mais bien un appartement au design vintage dans un ancien presbytère protestant datant de 1600. C’est en plein cœur de Colmar que, depuis un an déjà, Justine est à la tête de l’Appart concept store. La décoration y est composée d’éléments dénichés au gré des brocantes et remis en forme avec amour, et tout a un prix. Il y en a pour tout le monde, de Schmoove à Selected en passant par Armistice pour lui, de Gat Rimon à Lacoste Live pour elle. Petit point à souligner : en plus de retrouver la marque Seletti au rayon déco, on découvre avec joie la marque mulhousienne La cerise sur le gâteau. (A.G.) L'Appart Concept Store 11, Grand’rue à Colmar 03 89 24 31 22
MODE
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COMME CHEZ SOI
Adrien Klein et Valentin Bollino sont les deux jeunes propriétaires d’Insimio, une nouvelle enseigne de mode masculine et féminine proposant pléthore de griffes italiennes raffinées. ZZegna, Santoni, Patrizia Pépé, Cerruti 1881 ou encore les jeans premiums de Jacob Cohen, réalisés avec le fameux denim « kurabo japonais »… Leur choix est pointu et original. Impossible de résister aussi aux doudounes d’inspirations seventies de la marque Colmar Originals, une griffe dont la présence est ici plus que légitime… Mais n’y cherchez pas un lien quelconque avec la ville natale de Bartholdi, c’est une pure production italienne, bien connue des professionnels de la glisse et qui est en train d’opérer une entrée remarquée dans le clan haut de gamme des doudounes stars. De quoi crapahuter branché dans la jungle urbaine ou faire fureur cet hiver sur les pistes, avec ce twist « rétro-chic » qui nous emballe. (M.C.D) Insimio 8, rue des Marchands à Colmar 03 69 34 09 67
OBJETS ET MOBILIER CONTEMPORAINS
Hôtel contemporain de luxe situé au coeur du quartier historique de la ville de Colmar
Du 5 au 20 décembre 2012 Des offres, des remises exceptionnelles… Réservées aux lecteurs de ZUT ! 8 passage de l’Hôtel de ville à Mulhouse - 03 89 46 18 17 www.kintz-decoration-meuble-mulhouse.com
www.hotelquatorze.com
SAISON 2012 À MEISENTHAL : EXPOSITIONS DÉMONSTRATION—VENTE 10 NOVEMBRE—29 DÉCEMBRE SAUF 24 & 25—14H À18H POINTS DE VENTE EN LORRAINE NANCY—METZ—SARREGUEMINES—FORBACH AUTRES POINTS DE VENTE & EXPOS CIAV-MEISENTHAL.COM—03 87 96 87 16
médiapopéditions about rock, sex and cities far out ! de buffalo bill à automo bill songs to learn and sing small eternitY la faute aux dinosaures funkY boY
Un livre témoignage du photographe Bernard Plossu sur les années hippies… Libération
Un très beau livre mélancolique… Les Inrockuptibles
La Courneuve, Mémoires vives a une dimension d’hommage mais aussi de combat… Mediapart
la courneuve, mémoires vives raqa îles grecques, mon amour
David Le Breton signe la préface truffée de références au western d’un ouvrage présentant des photographies de son ami Bernard Plossu, qui fixa, entre 1966 et 1985, les signes de l’ancien « Far West », recyclés par la société de consommation américaine. L’Alsace
2 collections
médiapopéditions www.mediapop.fr + r-diffusion.org
livres
L A U R E N C E
B E N T Z
DÉCO
NEWS DESIGN Par Myriam Commot-Delon
O IS I F Désinvolte ou conventionnelle, l’utilisation de Gentry, l’un des derniers canapés dessiné par Patricia Urquiola pour l’éditeur italien Moroso, est à la convenance de chacun. On appréciera son revêtement déhoussable à choisir selon ses goûts : en lin pour un chic effortless, en jersey à grosse maille pour coller à la tendance tricot ou dans cette divine version cuir pour en faire l’axe central d’une décoration bourgeois-bohème. À compléter d’un tapis composé d’anciens tapis décolorés, coupés et recolorés avec des teintures végétales et d’un lampadaire aux lignes sophistiquées et innovantes dont la longue tige flexible et résistante permet de décentraliser l'éclairage de sa base… Un luxe sur mesure qui va ravir les adeptes d’ambiances cosy et arty. Canapé Gentry, design Patricia Urquiola et tapis patchwork, collection Vintage, MOROSO, lampadaire Twiggy, design Marc Sadler pour FOSCARINI, le tout chez Kintz Collections à Mulhouse. www.kintz-decoration-meuble-mulhouse.com ZUT ! 76
EMPI LE Z-MOI ! MIMI KOKE SHI WAL L A BY Designer star des années 50, Mathieu Matégot est le roi des meubles aériens aux formes organiques. Rééditée chez Gubi, son iconique petite table jaune et noir Kangourou apportera à votre déco un twist fifties imparable et sera une très jolie idée de cadeau pour débuter une collection de design.
Doll est la dernière-née des lampes de table de Ionna Vautrin. Inspirée par les Kokeshi Dolls, ces petites poupées en bois de tradition japonaise, elle va ravir parents et enfants et sera une lumineuse et sympathique solution pour enfin s’éclairer kawaï et design ! Doll, design Ionna Vautrin pour FOSCARINI.
Juno est la chaise parfaite que vous attendiez : gracile, ultralégère, en polypropylène et disponible en 5 couleurs. Design James Irvine pour ARPER chez decoburo, à partir de 132,75€.
Disponible en 4 couleurs. En vente chez Kintz Collections à Mulhouse.
Table basse Kangourou, design Mathieu Matégot pour GUBI, 299€, en vente chez Kintz Collections à Mulhouse.
LUG E LOUNG E
A DJ U GÉ ! Loop est un canapé déhoussable aux lignes fluides et architecturales, disponible en 2 ou 4 places, design Lievore Altherr Molina pour ARPER, à partir de 3025€. Disponible chez decoburo à Zellenberg.
Se prélasser allongé sur ce fauteuil est une excuse valable pour ne pas céder aux joies des sports d’hiver. Plusieurs revêtements disponibles, en cuir et tissu personnalisables. Catifa 70, design Lievore Altherr Molina pour ARPER chez decoburo, à partir de 1210,50€.
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D E C R Y P TA G E DESIGN
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BASIC I NSTINCT Par Myriam Commot-Delon
UNE TABLE D’APPOINT / TANDEM
Portrait : Ysé Rieffel
Cette rentrée déco ne se fera pas sans lui, autant vous prévenir tout de suite. Considéré dans la famille déco comme l’un des « bons » élèves de la jeune garde française, Fred Rieffel fait vraiment du « beau » design. Mais comment fait-il pour rendre sexy et désirable des meubles basiques ? Décryptage de ses quatre dernières réalisations.
S’il est un bien un petit meuble indispensable, c’est le bout de canapé ! Cette version propose une réflexion sur le bois qui travaille… Ceinturé d’un cerclage métallique, il saura garder la ligne pour accueillir votre dernier roman, ZUT !, vos lunettes, votre thé ou un luminaire d’appoint. Son plateau en lévitation épouse parfaitement un bloc de bois à la coupe nickel : un beau couple dans une jolie gamme de couleurs. Disponible chez Roche Bobois à Colmar et à Mulhouse www.roche-bobois.com Prix public : 641€
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1 UN FAUTEUIL / OBLIK Cette chauffeuse en épicéa huilé attendait gentiment depuis 2007 de trouver un éditeur. C’est chose faite depuis la rentrée : la belle endormie sera enfin présente à NOW en janvier prochain … En avance sur la tendance « bois de chantier, Batipin et OSB », qui ravit un fan-club avide de meubles écolo, en bois et sans chichis, Oblik va faire l’unanimité. Sa galette en lainage surpiqué adoucit son assise et apporte une belle touche de couleur, ce qui ne sera pas superflu cet hiver… Édité par Doow / www.doow.fr Prix public version de base : 935€
ZUT ! 78
2 UNE TABLE BASSE / CIRCUS UNE BIBLIOTHÈQUE / REZO On aime la pureté de ses lignes : des planches en bois d’épicéa + des supports graciles en acier laqué de trois couleurs. Simplissime et fonctionnelle, cette étagère n’en est pas moins sophistiquée : grâce à des gorges usinées dans les planches, les modules de jonctions se placent de manière intuitive… Chic, le montage va pouvoir se faire avec les kids ! Et sera beaucoup moins compliqué à monter qu’un meuble suédois en kit, c’est promis. Ce projet a bénéficié d’une aide à projets du VIA et est désormais édité par Doow www.doow.fr
La table basse est un meuble récurrent dans la production de Fred Rieffel, et ce modèle en verre coloré est déjà sa 7e création pour l’éditeur de mobilier contemporain Roche Bobois. Constituée de huit lames et de deux plateaux circulaires, on retrouve les codes chers au designer : du sens et de la fonction. Maline et d’une sophistication extrême, elle permet de ranger ses livres comme dans une bibliothèque circulaire… Donc de pouvoir lire la tranche des livres, ce qui est tout de même plus agréable pour les consulter que de les avoir empilés ! Disponible chez Roche Bobois à Colmar et à Mulhouse www.roche-bobois.com Prix public : 1750€ www.fredrieffel.com
photo : photonic
MAISON DE CARACTÈRE ET DE PRESTIGE EN ALSACE
RESTAURANT GASTRONOMIQUE B
1 étoile Michelin 2011
1 rue Schongauer 68 000 Colmar 03 89 29 51 57
www.atelier-peintre.fr
“ Les datchas-lodges vous invitent à passer un séjour d'exception dans un cocon de luxe et de bien être. ”
328, les plains champs - 68910 Labaroche 06 08 35 33 57 WWW.DATCHAS-LODGES.FR
DESIGN
LE DÉFI DESIGN
Photo : Chrystel Lux
——— Par Cécile Fassel ———
ZUT ! 80
Photo : Chrystel Lux
L A ROUTE DU VIN, SON TERROIR, SES PAYSAGES, SON VIN, SES SAVEURS, SON SAVOIR-FAIRE… ET SON DESIGN DE POINTE ! LES CRÉATIONS LES PLUS EN VOGUE DANS LE DOMAINE DU MOBILIER ET DE L’AGENCEMENT PROFESSIONNEL SE SONT NICHÉES AU CŒUR DE L A CAMPAGNE ALSACIENNE, CHEZ L’AGENCE DECOBURO. RENCONTRE AVEC SES DEUX INSTIGATEURS.
Au sommet du vignoble alsacien, à Zellenberg, un show-room pour le moins atypique invite à goûter aux dernières lignes de créateurs en matière d’agencement professionnel. Né de la volonté de recycler un mobilier professionnel, Geneviève et Lionel Klintz se sont façonnés un savoir-faire qu’ils ont su faire évoluer, de la vente vers le conseil puis à l’aménagement d’espace de bureau. Aujourd’hui référence incontournable sur le GrandEst en matière de design fonctionnel, ce service prend place dans un écrin chaleureux à taille humaine. Ici, show-room et home ne font qu’un ? L’idée a été de proposer un cadre agréable et confortable afin que le visiteur puisse facilement se projeter. Après l’expérience de plusieurs show-rooms, nous avons voulu privilégier l’accès à nos meubles : toucher, pouvoir manipuler le mobilier tout en offrant un cadre de dimension domestique, cela permet au visiteur d’identifier clairement ses besoins. De plus, cette localisation particulière invite à un moment à part. On s’offre une bulle de design dans un cadre chaleureux ; le client apprécie et déguste cette douce parenthèse… Quels services proposez vous ? Decoburo est une agence de conseil et d’agencement de bureau. En dialogue continu avec le client et les architectes en charge des projets, notre tâche consiste à répondre le plus précisément aux besoins spatiaux, techniques et technologiques que demandent ces espaces particuliers. Notre désir est de créer un espace adapté au travail, ainsi nous appuyons nos propositions sur un panel de marques de mobilier design conséquent, mais également d’éclairage et de décoration. De la prise murale à la lampe, notre souci est global…
Quelles sont ces marques ? De Sede, Arper, mais aussi Belux, Rucksthul, et surtout USM dont nous sommes les distributeurs exclusifs sur le Grand Est. Nous appuyons notre conseil sur des marques qui ont su prouver leur créativité au service de la technicité et de la qualité. USM fait évoluer ses produits en continu, il en est de même pour notre conception du service : adapter un projet aux nouvelles contraintes techniques et budgétaires. Votre service s’étend-il au particulier ? Oui, et pour notre plus grand plaisir. De l’accueil du client jusqu’à la livraison d’un projet, nous considérons chaque projet comme un défi unique pour lequel nous mettons tous les moyens à disposition du client. Ainsi, nous n’hésitons pas à changer de fournisseurs mais aussi de région pour satisfaire une demande. De l’Alsace, nous avons étendu notre activité sur Belfort, ainsi que sur les Vosges et la Franche Comté. Nous sommes récemment partis agencer une société au Maroc et des projets dans le sud de la France sont à venir… Le client apprécie ce service « clé en main » – du désir initial à la réalisation finale –, où nous coordonnons l’intégralité des étapes du projet. Votre passion pour le design est contagieuse… En effet, nous avons la chance de travailler avec des marques et des clients qui partagent cette sensibilité. USM est, par exemple, une référence de pureté et de sobriété caractéristique du design suisse. Exposée au Moma, il n’existe aucun équivalent au monde et les clients avertis recherchent cette fiabilité. Mais notre désir est de partager cette richesse, c’est pourquoi nous participons à l’organisation de la Nuit du Design à Colmar depuis 3 ans.
De quoi s’agit-il ? Inspiré des grands événements Design à travers l’Europe (Milan, Paris, etc.), la MEA, Maison Européenne de l’Architecture nous a conviés dès 2010 à participer aux Journées de l’Architecture. L’idée était de créer un parcours entre les différents points de vente design de Colmar, ouvrant ainsi les portes du Design au plus grand nombre. Fiers du succès des deux premières éditions, nous avons magnifié cette année l’événement en le situant en un lieu unique. Le Temple Saint-Matthieu, lieu de référence pour le Festival International de Musique Classique, s’est transformé pour une nuit… Le gothique épuré est devenu l’écrin du design. Avec pour thème Architectures sans Frontières, cette 12e édition nous a naturellement orientés vers les frontières du Design. Ainsi pendant une soirée, les artistes et artisans, les visiteurs ébahis par la majesté du lieu, luminaires et mobilier se sont mêlés le temps d’un « instant magique » de déambulation. C’était un moment fort pour nous car il souligne la dimension holistique du design… ——— decoburo 4, le Schlossberg 68340 Zellenberg 0 877 45 08 08 ———
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HÔTELLERIE
QUAND L A P O L O G N E S’INVITE CHEZ NOUS ——— Par Géraldine Bally Photos Christophe Urbain ———
ZUT ! 82
UNE DATCHA POLONAISE SUR UN FL ANC DE MONTAGNE, UN GÎTE DE CHARME IMPRÉGNÉ DE MAGIE, UNE MAISON EN BOIS OÙ IL FAIT BON SE RESSOURCER : BIENVENUE DANS LES DATCHAS-LODGES DE LABAROCHE. VISITE GUIDÉE AU CŒUR DE CETTE POLOGNE MINIATURE OÙ ART POPUL AIRE ET ST YLE CONTEMPORAIN COHABITENT AVEC HARMONIE.
Noëlle Bohrer
— Et au commencement était... Une vieille bâtisse délabrée dans le Sud de la Pologne, en contrebas de la chaîne de montagnes des Tatras, à Zakopane. Sa découverte n’était pourtant que le fruit du hasard. Un coup de foudre. Une envie d’ailleurs. Noëlle et François Bohrer tombent sous son charme et décident de la rapporter en Alsace. Achetée dans la foulée, la voici démontée, transportée à bord de deux semi-remorques, direction Labaroche. Une équipe de travailleurs polonais s’occupe de sa reconstruction qui nécessite une véritable technique. Il y a déjà deux ans et demi de cela, le pays barotché voyait fleurir sur ses hauteurs une véritable Datcha de 1934. « Elle a du vécu, elle détient une véritable âme entre ses murs », explique Noëlle, enchantée de la seconde vie qu’elle a pu offrir à cette maison. Et c’est bel et bien d’une seconde vie dont il est question ici. Décoratrice de profession, Noëlle avait dès le début une idée dernière la tête : voilà notre Datcha revisitée et transformée en deux gîtes de charme. — Entre design et tradition Une fois passée la porte d’entrée de la Datcha-Lodge, place à l’enchantement et au bien-être. Un vestibule commun, puis deux appartements. Un calme et une sérénité se dégagent de ces murs isolés à la paille de bois entièrement naturelle, disposée avec minutie entre chacune des poutres. Si l’on tend l’oreille, on y entend encore résonner des airs de mazurka polonaise. Pourtant, la Pologne est loin d’être le seul pays à s’être immiscé dans cette atmosphère cosmopolite. « Nous y avons incorporé des souvenirs de tous nos voyages, particulièrement ceux en Asie. » Des miroirs chinés en Inde, des bibelots de Zanzibar, des breloques japonaises, autant d’objets de collection qui permettent de s’écarter d’une tradition stricto sensu pour
s’ouvrir à une décoration plus contemporaine. De grandes fenêtres laissent deviner la luxuriante nature environnante en été, les doux crépitements du bois sec dans l’âtre envahissant le salon en hiver. « J’ai travaillé avec des artistes minimalistes notamment », précise Noëlle. Et cela se voit. On passe d’une cuisine moderne ultra équipée à des tabourets en peau de vache, d’une douche italienne à un imposant canapé gris anthracite. Une agréable alchimie se dégage de cette subtile alliance entre authenticité et design qui fait tout le charme de cette singulière demeure. — Fier d’un réel succès C’est d’ailleurs ce même charme qui fait le bonheur des hôtes. « C’est un environnement atypique qui donne envie aux gens de découvrir quelque chose de nouveau. Les clients sont totalement décalés face à un extérieur rustique et un intérieur intemporel », raconte Noëlle, chez qui les réservations se font d’ores et déjà d’une année sur l’autre. Qualifié de « charmant complexe haut de gamme », c’est aussi pour les beaux produits qui composent les deux gites Tatras et Carpates que des
clients du monde entier viennent profiter du cadre alsacien pour se ressourcer. Américains, Espagnols, Israéliens, Suisses... les nationalités sont aussi diversifiées que les mystères qui se cachent dans les recoins de cette demeure de caractère. « Nous avons fait le pari d’une maison de standing en jouant la carte des matériaux biologiques et naturels. Nous avons déjà une clientèle d’habitués qui viennent chez nous régulièrement pour ”se couper du monde”, tout simplement. » ——— Noëlle & François Bohrer 328, Les plains champs 68910 Labaroche 06 08 35 33 57 www.datchas-lodges.fr
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GASTRONOMIE
——— Par Flora-Lyse Mbella
L’I L L A U X ÉTOILES
Photos Christophe Urbain ———
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ILS LA CITENT TOUS EN EXEMPLE. LA DYNASTIE DES HAEBERLIN. LA FAMILLE AU SENS NOBLE. CELLE QUI RÉSISTE, QUI RESTE UNIE ET QUI DEMEURE AU SOMMET DE SON ART, TRAVERSANT LES ANNÉES ET LES GÉNÉRATIONS. DANS SON VILLAGE ET JUSTE UN PEU AU-DELÀ.
C’était un dimanche. Il faisait beau. On a découvert une plaque. Place des Frères Haeberlin, à Illhauesern, un village administré quatre mandats durant par Jean-Pierre Haeberlin, artiste et maître de la salle de l’Auberge de l’Ill pendant… combien d’années ? On l’ignore finalement car il est toujours là aujourd’hui, fidèle au poste. Ce n’est pourtant pas le chef de famille. Il aurait préféré que la plaque soit dédiée aux deux Pauls, Bocuse et Haeberlin, les frères amis de la gastronomie française. Le chef de famille, c’est le fils de Paul, Marc Haeberlin. Contrairement aux idées reçues, il ne représente pas la deuxième génération des aubergistes de sa famille. Il est issu de la quatrième. L’Arbre vert était un café de village, tenu par les femmes de la famille, avant d’être détruit par la deuxième guerre mondiale. À la fin du conflit, son père et son oncle ont rebâti une grange. Paul Haeberlin était à la cuisine et Jean-Pierre s’occupait du service après ses études aux arts décoratifs de Strasbourg : « Mon père m’a dit au bout de deux ans : On t’a laissé longtemps jouer l’artiste. Est-ce qu’enfin tu vas devenir sérieux ? Si oui, je vous donne l’affaire à ton frère et toi. Je suis allé à Paris apprendre le service, et c’était parti », se souvient-il. Après cinq ans, un bâtiment en dur est construit : c’est le vrai début de l’Auberge de l’Ill, qui obtient une étoile au guide Michelin en 1952, la deuxième en 1957 et la troisième en 1967, un an après la troisième breloque de « l’autre monsieur Paul », Paul Bocuse. Les deux maisons n’ont jamais lâché leur trois étoiles depuis toutes ces années : 45 ans en tout pour l’auberge alsacienne. C’est un véritable combat : « Ce n’est pas un concours ou un diplôme qui, une fois qu’on l’a eu, est garanti à vie. Il faut se battre tous les jours, à chaque service pour les conserver. C’est plutôt une épée de Damoclès car ce n’est pas un héritage. Mais c’est un stimulant puissant », confie Marc Haeberlin.
— 45 ans à trois macarons La famille Haeberlin, c’est bien évidemment cette histoire de succès, ces trois joyaux qui brillent mais pas seulement. C’est aussi Danielle, la sœur de Marc Haeberlin, qui dirige à ses côtés l'Auberge de l'Ill, et son époux Marco, qui tient l’hôtel des Berges, petit palace à la campagne pourvu de ses 5 étoiles. C’est aussi sa fille Laetitia, jeune maman d’un petit Gabin qui fait fondre le jeune grand-père et qui perpétuera peut-être l’envie de cuisine. En mai 2008, la disparition du très discret Paul Haeberlin faisait la Une partout, l’église de Colmar où ses funérailles ont été célébrées était pleine à craquer. Partout, des hommages, des éloges, des larmes… Pas une polémique, pas une récrimination. L’expression « Monsieur Paul » prenait alors tout son sens : Monsieur pour le respect qu’il inspirait à tous ceux qui poussaient la porte de L’Auberge, et Paul pour l’affection partagée avec ses troupes. Paul Haeberlin préparait le café de tous le matin et avait renoncé peu de temps avant sa disparition à cuisiner le repas des employés. Son buste en bronze veille toujours sur le travail de la brigade, en cuisine. Une présence rassurante et souriante pour chacun. « Monsieur Marc » avait repris le flambeau depuis longtemps. De l’extérieur, on se dit toujours que finalement, dans ce genre de contexte, la logique veut que le fils de la maison reprenne. Ce ne serait qu’une question d’atavisme familial ou peut-être une question qui ne se pose même pas car c’est écrit d’avance : le fils n’a tout simplement pas d’autre choix. Là encore, les Haeberlin se différencient : « Jamais on ne m’a obligé à prendre la suite. Jamais on ne m’a forcé la main, pas le moins du monde, martèle Marc Haeberlin. J’ai toujours aimé la cuisine, bien sûr, j’ai donné un coup de main très vite les jours de congés ou les week-ends, dès mes 12-13 ans. J’aimais ça car dans la cuisine, on produisait quelque chose : c’était déjà attirant. Mais surtout, Papa avait toujours un ou deux apprentis, des jeunes de mon âge, avec un ou deux ans de plus à ses côtés : je voulais produire des choses avec eux. Tout simplement. »
“ Pour moi, la cuisine, c’est partager ce qu’on aime avec les gens qu’on aime, clients, famille, amis. ”
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GASTRONOMIE
— Vocation presque naturelle Quand on évoque le mot dynastie, quand ce mot résonne aux oreilles de Marc Haeberlin, c’est le métier qui ressort, son enfance, son envie « presque naturelle. Je ne me suis jamais rendu compte que c’était une dynastie, ce n’est pas quelque chose qu’on a en tête quand on en fait partie. Je suis juste heureux et fier de continuer l’œuvre de mon père, mon oncle et de mes grands-parents ». Le designer Patrick Join ne s’y est pas trompé en exposant les photos de famille dans le hall de l’auberge, qu’il a entièrement relookée il y a quatre ans. « Je lui ai dit : mais on ne va pas me mettre en photo enfant avec un chien ?! et il a répondu : si si, ça, c’est l’Histoire. » Cette dynastie ne s’arrête pourtant pas à ceux qui sont des parents directs. Car Paul Haeberlin a beaucoup d’enfants, des fils spirituels qui ont appris le métier avec lui et qui finalement poursuivent son œuvre à travers le monde. Ce qui fait des Haeberlin une dynastie, ce qui fait qu’on la cite souvent en exemple, c’est peutêtre aussi cela : la famille s’étend bien au delà du lien du sang. « Beaucoup de confrères à travers le monde ont mon père comme mentor, comme père spirituel. Il avait cette fibre très paternelle pour tous les gens qui ont un jour travaillé ici, observe Marc Haeberlin. Parmi eux, il y a Jean-Georges Von Gerichten à New York, Hubert Keller à San Francisco et Las Vegas, Jean Joho à Chicago ou Eckart Witzigmann, un de ses préférés à Munich. En Alsace, aussi, il y en a beaucoup. » Marc Haeberlin reconnaît volontiers que cette ambiance à la fois familiale, bon enfant et rigoureuse dans le travail leur permet aussi de durer. « On ne peut pas vivre et travailler uniquement dans le stress ». Cette image familiale et cette longévité au sommet des constellations du guide Michelin auraient pu être exploitées davantage avec la société telle que nous la connaissons aujourd’hui. N’y a-t-il pas des concours de cuisine télévisés partout avec des professionnels qui viennent plus ou moins faire leur promotion personnelle ? N’y a-t-il pas des chefs qui créent des magazines, des lignes de casseroles, des produits pour l’industrie
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agro-alimentaire en touchant des sommes pharaoniques au passage ? Toutes ces sirènes ont beau déployer leurs chants les plus sonnants et trébuchants, Marc Haeberlin fait la sourde oreille. « On a toujours eu la chance de pouvoir dire non, nos finances nous le permettent. De fait, j’ai peur du contrôle de la qualité. Faire un plat une fois, le mettre sous vide ou le congeler, voilà tout. Mais reproduire ce plat à des milliers, voire des millions d’exemplaires, on ne peut pas contrôler que la qualité reste comme on la souhaite et surtout pas dans la durée. C’est aussi cela qui me fait dire non. » — L’autre Paul Marc Haeberlin a deux pères et un oncle. Ou trois pères, au choix. Il y a Paul, Jean-Pierre et l’autre Paul, Paul Bocuse, qui appelle plusieurs fois par semaine, à 8h du matin. L’icône de la cuisine française est celui qui a persuadé Marc Haeberlin de sortir un peu de sa cuisine. C’est lui qui l’a convaincu d’aller au Japon et de conclure une alliance avec le financier Hiramatsu, propriétaire des deux Auberges de l’Ill du bout du monde, à Nagoya et Tokyo, que la famille conseille. « Il y règne aussi une ambiance familiale. Ce sont toujours les mêmes employés. Ils viennent ici plusieurs fois par an se former, les plats proposés sont des copies conformes de nos créations. » Quel contraste cependant entre la médiatisation de la star de Collonges au Mont d’Or et
son confrère alsacien, qui a toujours cultivé sa discrétion. La gastronomie a plutôt emboîté le pas et le modèle de Paul Bocuse ces dernières années, Marc Haeberlin a réglé son pas sur celui de son père. Les interviews se font dans sa cuisine ou dans le petit salon du restaurant, les rendez-vous se prennent directement avec lui : les attachées de presse ne sont pas d’actualité. « On n’a même pas de pressbook ! Il y a certains jeunes chefs que je n’arrive même plus à joindre directement. C’est terrible, et je ne parle même pas des plus connus. Certains devraient quand même penser à cuisiner avant d’embaucher une chargée de communication. » En tout, malgré la profusion des émissions de télévision consacrées à la cuisine, Marc Haeberlin n’en a fait que deux, l’une produite par Guy Job, qui a longtemps travaillé avec Joël Robuchon et l’autre, l’année dernière : la finale du Dîner presque parfait, à la tête de l’association Les Grandes Tables du Monde, qu’il préside. « On m’en a énormément proposé mais c’est une arme à double tranchant. Au moindre petit grain de sable, les gens vont dire « il ferait mieux de rester chez lui qu’aller faire de la télé ». C’est ça qui me fait peur. Ce qui est surprenant, en revanche, maintenant, quand on interroge les Français sur les plus grands chefs hexagonaux, c’est Cyril Lignac ou Frédéric Anton, mais plus Bocuse, Robuchon ou Ducasse », constate-t-il, un peu dépité.
Le chef ne retrouve pas dans ces émissions plutôt taillées pour créer rapidement une célébrité qui restera toute relative à long terme. Cela ne correspond pas à son système de valeurs, surtout celles qui régissent sa cuisine : « Pour moi, la cuisine, c’est partager ce qu’on aime avec les gens qu’on aime, clients, famille, amis. Mais il faut aimer ce qu’on cuisine, avant tout. » Quand, pour la dernière question, on demande quelle dynastie Marc et Jean-Pierre Haeberlin admirent, impossible de faire comme les autres et de donner leur propre nom : il faut bien trouver autre chose. « Je n’y ai jamais pensé », s’étonne Marc avant de
citer les Hugel en viticulture et les Haag dans la brasserie pour l’Alsace, puis en France, les Pic à Valence, les Peugeot aussi, qui sont tous venus à l’Auberge, parfois même du temps de l’Arbre Vert des ancêtres. Une autre, celle des Michelin, est aussi venue dans les réponses mais ce sont surtout les visites et le ressenti de leurs employés qui font l’événement.
——— Auberge de l’Ill 2, rue de Collonges au Mont d'Or 68970 Illhaeusern 03 89 71 89 00
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GASTRONOMIE
L’A S T R E D U PEINTRE ——— Par Flora-Lyse Mbella Photos Christophe Urbain ———
APRÈS AVOIR FLIRTÉ AVEC LES FAMEUSES RÉCOMPENSES DU MICHELIN QUAND ILS VIVAIENT AU ROYAUME-UNI, LOÏC LEFEBVRE ET CAROLINE CORDIER ONT DÉCROCHÉ L A CONSÉCRATION EN RENTRANT EN FRANCE, À COLMAR, DANS LEUR ATELIER DU PEINTRE.
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La décontraction, c’est le maître-mot. Il ne faut surtout pas avoir peur de pousser la porte de ce restaurant au milieu des charmantes ruelles de la capitale haut-rhinoise, parées de leurs pavés. Ici, les oripeaux guindés habituellement repérés dans les établissements de la même catégorie ont disparu. Pas de nappes blanches, pas de couverts en argent, pas de maître d’hôtel engoncé : c’est le credo des maîtres des lieux. Installés en 2008, en pleine crise financière, le défi était pourtant de taille : le chef Loïc Lefebvre et sa compagne Caroline Cordier ont investi toutes leurs économies dans leur affaire. Sans publicité ni communication, ils ont d’abord conquis leur clientèle, puis le fameux guide rouge simplement grâce au bouche à oreille. L’étoile arrive en 2011, sans être vraiment attendue mais avec quand même un petit œil dessus : n’étaient-ils pas classés régulièrement parmi les espoirs lorsqu’ils travaillaient en Écosse ? — Le changement, pas pour maintenant Après avoir obtenu ce que certains considèrent comme la suprême consécration, que s’est-il passé ? « Rien », sourit le chef. Des choses ont tout de même changé mais de manière très subtile. Loïc Lefebvre et Caroline Cordier avaient prévenu en ce sens, à l’époque où leur téléphone sonnait presque 300 fois par jour, et ils ont tenu leur parole. L’étoile a un peu modifié la clientèle, plus internationale qu’autrefois. Le couple a aussi pu embaucher, les effectifs sont passés de 8 à 12 personnes en cuisine et en salle. Il a aussi investi dans un peu de mobilier, des rideaux par exemple, pour préserver l’intimité des clients du soir installés près de la baie vitrée. Ce qui a vraiment changé en fait, c’est le regard des autres, particulièrement celui des professionnels : « Une fois qu’on reçoit l’étoile, on entre clairement dans une sorte de confrérie, une famille, explique Loïc Lefebvre. On commence par recevoir une avalanche de félicitations et puis ensuite, on nous sollicite davantage pour des démonstrations, des soirées. Ça fait plaisir. » Le credo qui préside au concept de l’Atelier du Peintre, c’est la gastronomie, certes, mais décomplexée, y compris par le prix. Cela n’a pas changé non plus avec l’obtention de l’étoile : le menu du midi n’a pris que 2€, et c’est dû à l’augmentation des prix des matières premières alimentaires. Car oui, man-
ger dans un étoilé pour 20€, c’est possible. Le menu du midi à deux plats est à 20€ et 25€ pour l’entrée-plat-dessert. « Ce menu est vraiment un produit d’appel. On vient manger rapidement le midi, on découvre, et on revient le soir se détendre et faire un repasplaisir. » — Simplicité, naturel, chic La cuisine de Loïc Lefebvre est festive et pétillante. Elle est aussi très légère car le chef n’aime pas travailler les corps gras comme l’huile ou le beurre. Pas de vin non plus dans ses sauces. « Je fais la cuisine que j’aime manger, comme beaucoup de chefs. Je déteste la routine donc ça change tout le temps et j’aime aussi les défis posés par les produits frais que me recommandent mes fournisseurs et que je dois accommoder le mieux possible en les respectant. Car la star ne doit pas être la technique. La star du plat, c’est le produit. Ceux qui oublient cela n’ont rien compris », martèle Loïc Lefebvre. Pour illustrer cet amour du produit, il nous cite un exemple de saison : son traitement de la coquille SaintJacques. « Je dis bien coquille Saint-Jacques car je ne les achète qu’avec leurs coquilles. J’adore les ouvrir moi-même. La saveur des noix de Saint-Jacques qu’on extrait nousmême de leurs coquilles n’a rien à voir avec celles qu’on commande, même fraîches. » D’ailleurs, depuis l’étoile, comment a évolué
sa cuisine ? « Elle est plus créative, plus sophistiquée mais elle suit la même veine. Si on nous a donné l’étoile, c’est qu’elle plaît pour ce qu’elle est. » ——— L’Atelier du Peintre 1, rue Schongauer à Colmar 03 89 29 51 57 www.atelier-peintre.fr
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CRÉATEURS
SCHOOL IS COOL ——— Par Cécile Becker Photos Marianne Maric ———
Luana Bagnolini
Jean-Luc Wertenschlag
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TOUJOURS APPRENDRE, TOUJOURS SE BATTRE. UNE VISION PERFECTIBLE ET TRANSVERSALE DE LA CULTURE, C’EST LA BASE DU PROJET DE JEAN-LUC WERTENSCHLAG, PERSONNAGE HAUT EN COULEUR DE LA CULTURE MULHOUSIENNE. POLITIQUE, ART, MODE, MUSIQUE, RADIO : L’ASSOCIATION OLD SCHOOL SOUTIENT TOUTES LES FORMES D’EXPRESSION ET OFFRE, AVEC LA VITRINE, UN ESPACE À TOUS LES CRÉATEURS LOCAUX.
La culture, ça se revendique. La culture, ça se mélange avec toutes sortes de problématiques : espace public, politique, médiatique et surtout local. Jean-Luc Wertenschlag, rédacteur, ex-directeur de Hiéro Colmar et du Noumatrouff, se bat depuis les années 90 pour cette culture-là. En 2000, l’association Old School naît autour du groupe de hip-hop La Vielle École, afin de l’accompagner dans ses démarches administratives. Deux ans plus tard, Jean-Marie Le Pen est au second tour de l’élection présidentielle. L’association décide de réagir en lançant des cafés citoyens. Ce qu’elle souhaite : favoriser l’échange et le débat. Une action sur le terrain qui l’ancre dans le paysage local : Jean-Luc Wertenschlag et ses compères créent le festival de quartier L’Arsenal fait sa loi en 2003. Sur trois éditions, le festival invite habitants, commerçants, restaurateurs et artistes à mettre leur grain de sel dans la vie de la cité. Old School commence peu après à faire la tournée des lycées d’Alsace, sur invitation du Conseil régional, pour prôner le respect de l’autre. Slam, rap, radio WNE – qui deviendra plus tard radio MNE (voir encadré) –, tous les moyens d’expression sont bons pour faire comprendre l’utilité d’une société ouverte sur les individus et la culture. En 2011, enfin, l’occasion se présente de récupérer un local avenue Kennedy. Jean-Luc Wertenschlag s’y installe avec toute son équipe : bureau, radio et une vitrine. Il raconte : « Cette vitrine devait être la boutique culturelle des créateurs locaux. On grenouillait dans ce monde rempli d’artistes. C’était compliqué d’acheter ce qu’ils faisaient. À part dans les ateliers et les marchés de Noël à la maison, il n’y avait pas d’endroit où l’on peut toucher, renifler, acheter, découvrir une jolie sélection. Le créatif, créateur, créature d’ici, où est-ce qu’on peut le rencontrer ? Ce lieu nous a semblé indispensable pour la ville de Mulhouse, et ça devrait l’être pour toutes les autres villes du monde. » Aujourd’hui, l’association fait travailler six salariés, « souspayés » ajoute t-il, huit services civiques et entre 15 et 20 bénévoles. Conquérant, il l’est avec ses 1000 idées à la seconde. Il faut dire que le terreau mulhousien y est favo-
rable : « L’énergie est toujours là dans la création locale, dit-il. Il y a toujours des gens qui sortent de l’ordinaire et qui inventent des choses qui n’existent pas encore. » Heureusement, Luana Bagnolini, le visage de La Vitrine, responsable du projet de promotions des créateurs et des artistes depuis le mois de juin, est là pour canaliser toutes ces énergies et traduire envies en événements. … le lèche-vitrine, c’est cool aussi « MP3, cartes postales, t-shirts anarchistes ou pas, coussins, mobilier, bijoux, il y a tout à La Vitrine, mais ça manque de vêtements pour homme », regrette Jean-Luc Wertenschlag. Mode ? Jean-Luc Wertenschlag ? On aura tout entendu. Il plaisante : « Je rêve de pouvoir m’acheter des culottes, des chaussettes, des pantalons, mais il n’y pas ma taille. À chaque fois que Poupet Pounket amène des choses, je la tanne. » Les créateurs entrent ici comme dans un moulin et
c’est tant mieux. Chaque deuxième jeudi du mois a lieu l’apéro des créateurs, et de nombreux événements viennent ponctuer l’année. S’occuper de ce lieu, c’est finalement animer un réseau, ce que confirme Luana Bagnolini : « Nous fonctionnons par cycle, en ce moment c’est édition et illustration. Nous avons 60 créateurs et le lieu est petit, il faut donc trouver le moyen de varier les plaisirs et en même temps d’attirer la clientèle pour créer la rencontre. » Mais elle ne travaille pas seule, les créateurs sont logiquement très impliqués dans les projets et événements. Il existe d’ailleurs un comité artistique toujours à l’affût des nouveautés en matière de création et de discuter de la trajectoire de La Vitrine. Pour Pauline Munier, illustratrice et plasticienne, La Vitrine est une place de choix : « Ça me permet de vendre, de me montrer, d’exposer mon travail, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on est créateur local. On rencontre autant des clients que d’autres
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“ Le créatif, créateur, créature d'ici, où est-ce qu'on peut le rencontrer ? ”
créateurs avec lesquels on peut créer des liens, s’échanger des plans. Les artistes n’ont pas vocation à être enfermés dans leurs ateliers. » Luana Bagnolini les connaît tous par cœur : « C’est très important pour moi de pouvoir restituer ce que j’ai ressenti en chacun des créateurs. S’ils ne sont pas là, c’est à moi de les représenter. Faire comprendre aux clients que le prix est justifié même s’il est accessible, que ce sont des créations d’ici. C’est presque un travail de médiation. Il faut aussi faire rêver les gens, leur montrer que la création est un art vivant et humain et que le local a du bon. » Dans La Vitrine et dans les bureaux d’Old School, on respire la créativité. Lorsqu’en bas certains mettent en place le prochain événement, d’autres en haut sont en pleine réunion radio, tandis qu’un autre groupe encore travaille à la création du mistigri, un jeu de carte monté par l’association et dessiné par 18 illustrateurs du coin. « Le cadeau de Noël parfait », nous souffle t-on. D’autres idées ? Le SMS : système mulhousien de surprise, l’équivalent d’une AMAP de la culture avec un panier mensuel, trois possibilités de tarifs, présentant le meilleur de la création locale. Autre chose, Jean-Luc ? « J’aimerais transformer cet immeuble en immeuble créatif, aménager un beau studio radio, agrandir les stocks de La Vitrine... » Le voilà reparti à imaginer des projets fous. Et on se prend au jeu. Ce serait bien, non ? www.old-school.fr La Vitrine, du mardi au samedi de 11h à 19h 53, avenue Kennedy à Mulhouse 03 89 33 11 11 www.danslavitrine.com
— En décembre à la Vitrine — Soirée de lancement du SMS (système mulhousien de surprise), le 1er à 17h Atelier de création de perles d'art avec Sébastien Garrigue, souffleur de verre, le 6 à partir de 11h — Une après-midi dans le boudoir avec Mousseline et Chou D'Amour, lingerie sexy et vintage, le 14 — Journée Pétasse d’Alsace, le 15 Marché des mamans avec des créatrices spécialisées dans le secteur de l’enfance : vêtements et accessoires. Chocolat chaud et biscuits faits maison, le 19
— Clair et net Jean-Luc Wertenschlag, au-delà de toute velléité culturelle, est un homme de radio. D’abord directeur en 1989 de Radio Dreyeckland, où il rencontre Nicolas Jeanniard et Jean-Damien Collin de Hiéro Colmar, il fonde WNE en 2000 (Warum Net Experience), une web radio à vocation pédagogique. 10 ans plus tard, WNE se punkise. Il lui veut continuer à s’amuser et créé donc radio MNE (Mulhouse Net Experience), avec toujours des ateliers d’éducation aux médias en toile de fonds : accompagner les ados dans la compréhension du monde et les former à la technique. Avec eux, ils partent à la « Pêche aux sons », mais propose aussi des micros ouverts à ceux qui souhaitent s’exprimer. « J’ai toujours trouvé que la radio était un outil fabuleux pour rencontrer des gens, partager des choses, explique Jean-Luc Wertenschlag. MNE, c’est une antenne ouverte où n’importe qui peut venir faire n’importe quoi, mais pas n’importe comment. » www.radiomne.com
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— Couper décaler —
4e MNM, marché de Noël à la maison (avec Poupet Pounket, J'ai pas bu d'arc en ciel, Johanny Melloul...), le 8 décembre de 10h à 18h, 5 rue du Saule à Mulhouse L’atelier d’art mobile, exposition du 10 au 31 mai 2013 à l’espace Grün de Cernay et en juin 2013 aux Bains-Douches à Besançon atelierdartmobile.free.fr www.espace-grun.net www.besancon.fr
L’Atelier d’art mobile et Poupet Pounket, deux marques, deux mondes, deux créatrices que l’on croise souvent à la Vitrine.
Artiste plasticienne, designer textile, Muriel Hasse Collin aka Atelier d’art mobile pratique le collage, la photographie, les mosaïques et se déplace pour monter des ateliers pour enfants. Super Mumu à petits pois. D’ailleurs pourquoi ? « J’ai cette image en tête : quand j’étais petite, j’avais un couffin à pois. Je sais que les enfants sont très sensibles au contraste noir/blanc, c’est peut-être ça. Mais depuis toute petite j’adore ça. » Depuis, il y a eu les Beaux-Arts à Mulhouse, une spécialisation en design textile et beaucoup, beaucoup de collages, la base de son travail déclinée sur de multiples supports. Avant d’arriver à ses montres, ses miroirs, ses poufs ou ses badges, elle prend en photo, découpe et colle, souvent des femmes. « Au début, c’était la femme un peu objet, la pin-up, puis la pin-up déchue. J’ai eu mes périodes, d’égérie en égérie. Je suis passée par Bettie Page, Marilyn Monroe et Louise Brooks. J’aime aussi travailler sur la cuisinière et mère de famille qui s’épanouit et est fière de son corps. » À côté de ces sublimes créations, des fruits et légumes que Muriel Hasse Collin adore prendre en photo avant de fouiner dans sa boîte remplie de feuilles de couleur et d’images et de créer ses assemblages. Ses coups de maître ? Ses Poufs aux fruits créés pour l’espace VIP des Eurockéennes il y a deux ans, que le Conseil Général du territoire de Belfort utilise encore, et ses
tableaux prêts à accrocher présentant des collages directement imprimés sur toile. Poufs aux fruits, Montre-moi ou encore Miroirs, miroirs : elle adore jouer sur les couleurs, les formes et les mots. À mi-chemin entre le textile et le graphisme, en plein dans la décoration, l’Atelier d’art mobile pratique le design de surfaces à décrocher, accrocher et amener avec soi, mais en série limitée pour favoriser l’unicité et la créativité. Toujours dans l’action et en recherche de créations, elle file des coups de main à la fédération Hiéro (la couverture du fanzine Hiéro Colmar, c’est elle) et s’occupe une après-midi par semaine de La Vitrine. Sorte de maman pour tous les créateurs mulhousiens, elle adore monter de nouveaux projets : « Avec Poupet Pounket, nous avons créés les kits de robes pour enfants Fais la toi-même. Elles sont surjetées, découpées, ne reste plus qu’à les assembler. On aimerait bien continuer et sortir une version pour les ados. » Décrire son univers ? « J’ai envie de dire sexy ludique, de la couleur, des femmes, c’est appétissant. » Des fruits, des femmes, du flashy. Quand la déco se croque à pleine dents.
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CRÉATEURS
— Hey poupée ! — Des éclats de rire, des créations décalées, des projets fous : bienvenue dans le monde de Poupet Pounket, où les femmes s’assument en rollers, en talons aiguille ou en baskets. Derrière cette marque aussi douce que rock’n’roll se cache Estelle Specklin, Mulhousienne brièvement expatriée à l’atelier Chardon Savard, le temps d’un BTS mode. Dans le cadre de ses études, elle est partie trois mois à Londres, puis embarque vers Berlin où elle apprend les rudiments de la lingerie. Plus tard, elle fait un arrêt par la boutique de charme Concorde à Paris et dessine les premiers modèles de la franchise strasbourgeoise, rue du Faubourg National. « Je regrette ce temps, raconte t-elle, pleine de malice. Ma mission était de rhabiller les filles. Je me souviens avoir fait découvrir aux gens de Concorde le monde de la lingerie fine, en échange ils m’ont laissé une expérience géniale. » Elle garde de ses pérégrinations un goût prononcé pour la récupération, la provoc’, la débrouille et l’éthique. « Grâce à la vente de poupées que j’ai créées au Printemps Haussmann avec l’atelier Chardon Savard, je m’achète mes premières machines. Ça a été un carton. », raconte-t-elle. Le nom ? Poupet en référence à son premier succès, accolé à pounket pour punkette, un surnom que lui donnait ses amis. En 2006, elle lance sa marque de prêt-à-porter à Mulhouse et devient « la première jeune créatrice mulhousienne qui galère ». Entre quelques commandes et des interventions dans le cadre de chantier d’insertion – elle organise un défilé avec les employés des Jardins d’Icare et fabrique accessoires et bijoux avec les prostituées du mouvement du Nid –, elle trouve le temps de créer des modèles aussi élaborés que délirants. Elle sort sa collection Let’Rockoko, faite de matières locales ou récupérées : le modèle Betty dézippable à l’avant, sa chemise Rocka Red et sa large ouverture au niveau du cou, son sarouel composé d’une gaine au niveau de la taille sont des bestsellers. « Ce que j’aime, c’est mélanger des matières improbables, les couleurs et créer
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des formes inattendues. Mon problème, c’est que j’aimerais tout faire : lingerie, vêtements pour enfants, bijoux... J’essaie de me recentrer sur le prêt-à-porter. » Sa dernière création ? Une robe Tatiana-Claudine, col claudine en dentelles et dos nu, un modèle disponible à la Vitrine. Entre petite fille modèle, femme fatale et délurée : ne pas choisir.
— Pétasse d’Alsace
www.poupet-pounket.com
Qui est la Pétasse d’Alsace ? Née au détour d’une conversation délirante sur les clichés alsaciens entre Marianne Maric et Estelle Specklin, la Pétasse d’Alsace joue sur le thème de la potasse, autant sur le nom que dans l’esthétique déclinée sur t-shirts, body (le clou de la collection), boucles d’oreilles et sacs en toile. Forte de leur réputation sulfureuse (mais bon enfant), les Pétasses organisent régulièrement des attentats : danses sauvages, ventes sous le manteau ou séances de gymnastique improvisées. L’attitude Pétasse d’Alsace ? Une femme maligne qui s’assume et peut rigoler de tout comme d’elle-même. Révélation : même les hommes sont des pétasses puisque des modèles masculins sont disponibles. Elles sont belles, les pétasses d’Alsace ! www.petassedalsace.com
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SPORTS
LA
—— Par Sébastien Ruffet ——
CONSTRUCTION D’UN —— Illustration Laurence Bentz ——
ÉDI FICE —— Photos Lucas Cournut ——
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LE CLUB DU HAUT-RHIN EST AUJOURD’HUI LE PREMIER D’ALSACE. LONGTEMPS DANS L’OMBRE DU RC STRASBOURG, IL TENTE DE PROFITER DE LA PLACE LAISSÉE VACANTE POUR SE REFAIRE UN NOM ET UNE HISTOIRE. CHAQUE PIERRE A ÉTÉ MINUTIEUSEMENT POSÉE POUR AMENER LES SR COLMAR VERS LA LIGUE2. PEUT-ÊTRE MÊME DÈS CETTE ANNÉE.
Curieuse ironie de l’Histoire. En 1949, le RC Strasbourg manque de tomber en D2, et doit son salut aux SR Colmar qui vont délaisser le statut professionnel avec le décès de leur président-mécène d’alors, Joseph Lehmann. « J’en ai pleuré », se souvient aujourd’hui Gilbert Gress, alors âgé de sept ans et déjà accroc au Racing. Colmar va alors traverser la seconde moitié du XXe siècle coincée entre Strasbourg et Mulhouse. Pas seulement géographiquement. « Pas vraiment une ville de foot », affirme l’ancien entraîneur du Racing. Des Sports réunis de Colmar qui vont même se traîner pendant cinq décennies « l’image d’un club un peu hautain », estime Dominique Lihrmann, le directeur sportif et ancien entraîneur du club. C’est au tournant de l’an 2000 que tout s’accélère. Un nouveau président, Roland Hunsinger, arrive et voit grand. Pour lui, le destin des SRC doit être national. Avec ou sans « N » majuscule d’ailleurs. Le nouveau
millénaire, c’est donc un nouveau stade et un réseau étendu qui va permettre de rassembler des partenaires autour du projet. S’il n’est plus président, Roland Hunsinger reste aujourd’hui responsable du sponsoring. « C’est la force de Colmar depuis quelques années, commence Dominique Lihrmann, on ajoute des hommes et des compétences sans en perdre. Sous l’impulsion de Roland, le budget du club est passé de 300 000 à 1,8 million d’euros. L’installation dans le nouveau stade nous a aussi permis de générer des moyens supplémentaires. Mais il a fallu du temps pour mettre en conformité les ambitions et les moyens. » Cette saison, les SRC n’ont encore que le 14e budget de National et continuent leur apprentissage du troisième échelon français. « Passer une division, c’est à chaque fois un énorme palier. Du CFA2 au CFA, c’était déjà compliqué. On a pris le temps de prendre la mesure du championnat, de se stabiliser avant de monter. Pareil ensuite
du CFA au National, grâce aussi au travail de Jean-Louis Jaegli (vice-président) sur la partie administrative. La masse de travail a été multiplié par cinq ou par dix. » Pour l’anecdote, Lihrmann aime s’appuyer sur un chiffre : « En CFA, on est la meilleure équipe amateur de France, en mettant 17 buts sur coup de pied arrêté, avec la patte de Régis Kittler. On monte en National, on n’en met pas un seul en six mois. Régis les tirait toujours aussi bien, mais dans la surface, les autres équipes faisaient d’un coup dix centimètres de plus. Les grands d’en face étaient en plus aussi toniques que nos petits. Malgré un état d’esprit irréprochable, on ne pouvait pas exister. » L’ajustement se fait au mercato, avec notamment les arrivées de Benoît Haby et Cédric Liabeuf. « Forcément, quand t’as vu ça, tu ne vois plus le recrutement de la même manière. »
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Auxerre, Guingamp... Colmar ? Quatrième au moment où ces lignes sont écrites, dans la foulée d’un splendide match face au FC Metz conclus sur un 0-0 d’une injustice insondable, les SRC sont désormais placés sous l’autorité de Christophe Gryczka, jeune président qui ambitionne de découvrir la Ligue2 très prochainement. « La durée de vie d’un club en National, c’est sept ans, avance-t-il. Soit tu en sors par le haut, soit par le bas. Nous, on aimerait en sortir par le haut. » Et quand on lui pointe les manques financiers d’un club de ville moyenne, il a sa petite idée : « Pour moi, c’est plus facile de boucler un budget de Ligue2. Tu as les mêmes déplacements à travers la France, mais tu as 4 millions d’euros de droits télé qui tombent. Et comme on ne met jamais l’argent qu’on n’a pas, je suis persuadé qu’on pourrait tenir. » Lihrmann est sur la même longueur d’ondes : « On arriverait à trouver les moyens de mettre une voilure supplémentaire si on montait en Ligue2, comme on l’a fait pour les montées précédentes. » Venu en observateur avisé, Albert Gemmrich, le président de la Ligue d’Alsace de football, se dit « très fier du parcours de Colmar. De plus en plus de Bas-rhinois veulent venir à Colmar. Derrière, il faut que la mairie les soutienne. Colmar n’est pas une ville “pauvre“, et je suis sûr qu’elle a les moyens de jouer en L2. Auxerre l’a fait, Guingamp l’a fait, Colmar peut très bien le faire. » Dans les travées du Stadium, pas encore concerné par le « naming », le public vient de plus en plus nombreux, à mesure que les Liabeuf, Brahmia, N’Tir et autres Mezriche rééditent chaque semaine leurs exploits. « Si la L2 se présente, il ne faut pas la refuser », soutient Gilbert Gress, venu en ami, lui le mentor, le modèle de Damien Ott, le coach local. Sur son petit carnet, il a noté des phrases de son illustre collègue, champion de France 1979 avec le RC Strasbourg. Le plus difficile, pour lui : « rester sobre en fin de match pour être encore capable d’analyser dans les dernières minutes. Finalement, c’est difficile de jouer le haut de tableau à ce niveau, car il faut sans cesse trouver l’énergie pour gagner et gagner encore. » Vidé, épuisé, Damien Ott affichera un visage défait à l’issu du match nul face à Metz. « On avait tellement envie d’offrir une victoire… Les joueurs ont fait un match superbe, mais on n’a pas gagné… Qu’est-ce que je vais leur dire lundi ? » Peutêtre tout simplement que l’aventure ne fait que commencer.
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— Farez Brahmia La douche écossaise Nord de la Suisse. Fin d’après-midi. Un train qui se tortille doucement entre Bâle et Langenthal. La tête appuyée contre une vitre, Farez regarde défiler le paysage, l’esprit un peu embrumé. Joueur de quatrième division helvète, il se revoit, quelques mois plus tôt, le maillot du Racing Club de Strasbourg sur les épaules, arpenter les stades de Ligue2. Entendre la Meinau scander son nom après un énième coup de rein dévastateur. Entre temps, son club formateur a déposé le bilan. Son agent l’a envoyé en Roumanie et en Bulgarie, dans des clubs improbables. Et le voilà
ici, anonyme. Pendant six mois, la chute de Farez Brahmia a semblé sans fin. « C’est vrai que cette période a été très dure. Quand le Racing tombe en CFA2, j’hésite à revenir. Puis Colmar me veut mais ne peut pas me recruter tout de suite. Ensuite, ça doit se faire avec Reims, mais un problème administratif me bloque. Finalement, je me retrouve tout seul à l’hôtel en Bulgarie, en plein mois de janvier, avec une proposition du PFK Beroe. Et là je me suis dit, “si je reste, je pète un plomb“. » Retour en Alsace, du côté de Saint-Louis, en famille, pour se ressourcer. « Je voulais arrêter
le foot... » Son spleen, il le partage avec son voisin de palier, Virgil Boulehala, un ancien joueur qui a flirté avec le professionnalisme. « Il avait beaucoup de contacts en Suisse et faisait partie du FC Langenthal. Je lui ai demandé si je pouvais m’entraîner avec eux. Il me connaissait et m’a tout de suite fait signer une licence. »
Un abonnement de train comme prime à la signature Son seul privilège : un abonnement de train offert par le club pour qu’il puisse venir au stade. L’histoire du jeune prodige reprend ici son cours, en même temps que la passion pour le ballon rond. Et tout se joue dans la tête. « J’essayais de relativiser. J’avais toujours ma tête et mes deux jambes. » Les coups de fil de Damien Ott et Dominique Lihrmann, l’entraîneur et le directeur sportif des SR Colmar, lui seront aussi d’un grand secours. « Malgré une saison presque blanche, ils me promettaient une place pour la saison suivante. C’est comme ça que j’ai tenu. Je ne sais toujours pas comment les remercier. » Premier témoin de cette période noire, Emel, la femme de Farez, avec qui il partage son goût pour le cinéma et les séries TV. « Je l’ai soutenu du mieux que j’ai pu, je pense que ça l’a boosté. Ce qui est certain, c’est qu’il a pris beaucoup de maturité. Aujourd’hui, il veut avancer, se battre, se donner à fond pour lui et pour nous. » Pour eux deux, puis très bientôt pour eux trois, puisqu’une petite fille doit voir le jour dans quelques semaines. « Il veut prouver qu’il a sa place chez les pros et assurer notre avenir. » Farez le revanchard retrouve donc le Stadium de Colmar l’été dernier. « J’étais comme un gamin dans un pré, évoque de manière imagée Farez. Je courais partout, j’étais tellement heureux... » Joueur de National, marié, bientôt papa, Farez Brahmia se sent épanoui, ”posé”. « Ma famille me l’a dit, ils sentent que j’ai repris goût à la vie. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, ce que j’ai, c’est parfait ! » Chaleureux, Farez, 23 ans au mois de janvier, veut encore croire en sa bonne étoile. Celle qui l’a fait débuter un soir d’octobre 2009 sur la pelouse d’Angers avec le RC Strasbourg, en Ligue2. Celle qui l’a ramené à Colmar, dans un club qui peut lui offrir à nouveau cette douce sensation de jouer avec les meilleurs. « On n’a pas un effectif aussi large que Créteil ou Metz, mais on a un état d’esprit qui peut nous amener loin. » La descente aux enfers du Racing, la montée en puissance de Colmar, Farez Brahmia peut en être le dénominateur commun. Mieux que personne, il sait que « le foot, ça peut aller très vite dans les deux sens. Finalement, c’est quelque chose de magique. » Surtout quand la fin de l’histoire est belle.
Christophe Gryzcka, président des SRC
Damien Ott, entraîneur des SRC
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Bientôt un centre de formation ? Monter en L2, briguer le statut pro, cela signifie également que le club devra procéder à des ajustements énormes. D’abord le stade, tout juste en travaux pour se mettre en conformité avec le National. « On joue sous dérogation », précise Dominique Lihrmann. Deuxième chantier : le centre de formation. Discret sur le dossier, Christophe Gryzcka, président des SRC, reconnaît néanmoins que le club « a bien avancé sur le dossier. Un collège s’est déjà porté volontaire pour accueillir les jeunes du centre. Cette année, pour les U17, il nous fallait des renforts, et on a eu du mal à les scolariser. Monter un centre, c’est un grand partenariat entre la Ville, le département, l’éducation nationale... On est obligés de travailler là-dessus. Peut-être pour rien d’ailleurs, mais on doit être prêt à toute éventualité. » En cas de montée l’été prochain, le centre de formation pourrait donc déjà être opérationnel.
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Les bons conseils de Gilbert Gress « Je ne connais pas trop les SR Colmar, mais les membres du comité que j'ai pu voir sont des gens qui ont les pieds sur terre. Pour aller plus haut, il faudra travailler dans la continuité et se faire confiance. Il faudra aussi que le public puisse s'identifier aux joueurs. Si ce sont des joueurs du cru, c'est encore mieux, mais ça peut aussi être des joueurs qui vont rester quelques années et symboliser l'état d'esprit de l'équipe. Sans faire de grande comparaison, si on prend Barcelone, ce sont des joueurs qui se connaissent depuis longtemps. Il faut arriver à cela, même si on sait qu'aujourd'hui, avec l'arrêt Bosman, on a du mal à garder les mecs longtemps... Il y aura des passages à vide et il faudra les accepter sans tout remettre en cause. Si l'entraîneur n'est pas à la hauteur par exemple, tu le sais rapidement. Si l'équipe perd trois matchs, ça ne fait pas de lui un mec mauvais. Et s'il y a un peu plus de budget, il vaut toujours mieux prendre un ou deux bons joueurs en plus que de prendre un entraîneur des gardiens, un entraîneur des attaquants ou un entraîneur des remplaçants ! Dans le recrutement, un joueur de 31-32 ans peut encore rendre service, c'est très français de mettre un joueur au placard à 30 ans. Il faut juger les mecs sur leur rendement, et pas sur leur âge. »
— Tu me fends le cœur C’est une partie de carte que Marcel Pagnol a dû apprécier de là où il est. Le « bureau n°5 », sans doute le plus anonyme et austère de tous les bureaux de stade de foot, accueillait avant le match face à Metz une brochette d’amateurs de tarot de légende : Gilbert Gress, Albert Gemmrich, Dominique Lihrmann et Roland Gryczka, le père du président des SRC. Verbatim. Un peu arrangé. Gress : Dominique, si tu veux jouer dans la cour des grands, c’est-à-dire nous, il faut que tu apprennes à défendre tes points faibles. Lihrmann (en aparté) : Il est de mauvaise foi parce que je suis devant.
Gress (à Gryczka) : Je vais vous dire, vous êtes sans doute le premier Lorrain que j’apprécie.
Gryczka : Bon ? Tout le monde a passé ?
Gryczka : Enfin quelque chose de sympa ! (Aux autres) Mais il n’en croit pas un mot ! C’est parce que je le fais gagner…
Les trois autres : Mais personne n’a parlé encore ! Gryczka : Ah ? Il y a fausse donne alors ?
Gress : Pas du tout. Bon allez-y, changez de couleur. Du trèfle par exemple. (Il joue)
Gress : Dites-donc Papi, vous suivez un peu ?
Lihrmann : Et il joue du trèfle !
Gryczka : Papi ? Papi ? J’ai 84 ans, je ne suis pas un papi ! Gress (se tournant vers Gryczka) : 84 ans ? Vous ne les faites pas monsieur. Gemmrich : Monsieur ? Lihrmann : Il lui dit Monsieur quand il a joué comme lui voulait. Gress (faussement offusqué) : Pas du tout. Allez-y Papi, à vous de jouer. (Gryczka joue sa carte). Alors ça… Bravo monsieur.
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Lihrmann : Tu vois !
Gryczka : Tu voulais que je joue quoi ? Lihrmann : Pas quelque chose qu’il a demandé en tout cas ! Gemmrich : Bon, qui doit combien ? Lihrmann : Moi je gagne 24 euros. Gryczka : Je dois 250 euros ! Gemmrich : Allez les mettre dans la caisse des jeunes du club. Gryczka : Vous prenez la carte bleue ?
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L’Hôtel des Berges 4, rue de Collonges-au-Mont-d’Or – 68970 Illhaeusern 03.89.71.87.87 – message@hoteldesberges.com www.hotel-des-berges.com
LIFESTYLE ZUT ! DESIGN
HOT SCANDINAVE
DESIGN
La Maison Scandinave 5, quai des Pêcheurs à Strasbourg 03 88 22 08 03
MO S Q U ITO Il existe une adresse précieuse pour les fans de design nordique en Alsace : la Maison Scandinave. Nichée quai des Pêcheurs à Strasbourg, elle regorge des trouvailles qu’Anita nous apporte de sa Finlande natale : l’incontournable Marrimeko mais aussi les luminaires Louis Poulsen, les étagères String et plein d’autres trouvailles « typiques » comme les plaids Roros en laine de mouton des hauts plateaux norvégiens. Et comme l’enseigne est aussi plébiscitée « boutique prestige » par Iittala, la référence du design finlandais, vous comprendrez pourquoi il sera compliqué de ne pas inscrire cette adresse déco sur la liste des lieux où le père Noël peut aller se servir les yeux fermés. (M.C.D)
K PARTICULIER BIEN-ÊTRE
Mélanger du vintage aux toutes dernières créations design devrait est obligatoire ! Rien de plus inspirant que de créer un mix de genres et d’époques. Les perles pour booster votre déco se trouvent certainement chez cet antiquaire spécialisé en mobilier vintage des années 50 à 80, comme cette chaise Mosquito, juste sublime avec ce bois courbé patiné qui lui donne un supplément d’âme. Des vases à gogo, du design américain, des luminaires seventies, des fauteuils en bois et osier dans le goût de Perriand, du Eighties (parce que les pièces de cette décennie s’arracheront à prix d’or demain) : vous avez de quoi craquer et même lui demander une pièce que vous convoitez. Luc saura certainement vous la trouver. Le design vintage est décidemment un bon investissement plaisir, une valeur sûre en ces temps incertains… (M.C.D) Chaise Arne Jacobsen, modèle 3105, édité par Fritz Hansen (première édition disponible chez Original Design) 84, Grand rue à Colmar 03 89 23 22 48 - 06 11 49 17 54
En poussant la porte de ce bijou du bien-être et on a l’impression d’entrer dans l’antre de la détente. Un havre de paix retrouvé dans cette ancienne usine réhabilitée en spa contemporain dernier cri. Pari réussi pour Céline K., qui impulse à ce lieu éponyme une âme chaleureuse et réconfortante dans un cadre d’inspiration baroque du mobilier à la tapisserie. Cette spécialiste des cosmétiques de luxe nous invite dans son univers zen accompagnée d’une équipe de professionnels expérimentée dans le massage. Des formules à la carte adaptées à nos envies qui font appel à tous nos sens pour un moment unique à vivre en solo ou à deux : on craque littéralement pour le spa privatif ouvert les dimanches, pour un modelage en duo qui exaltera nos week-ends ! Céline K. 31, rue des Jardins à Colmar - 03 89 20 34 62 www.celine-k.fr ZUT ! 102
COUP DE BOL
CÉRAMIQUE
Quoi de plus banal qu’un petit bol en céramique ? Dans le cadre de la 4e édition de Noël Bleu, le musée Théodore Deck de Guebwiller accueille l’exposition La Poésie du Bol, montée en partenariat avec l’IEAC. Durant un peu plus d’un mois, c‘est une trentaine de céramistes de renommée internationale qui vont faire disparaître l’aspect industriel de ce travail, pour faire ressortir toute la poésie émanant de ce qui est sans doute l’une des toutes premières réalisations du céramiste. Toutes les techniques seront à l’honneur, et vous repartirez bien avec votre bol réalisé de mains de maître par Anima Roos, Dominique Dalloun ou Catherine Colomba. (A.G.) La poésie du bol, jusqu’au 26 décembre au Musée Théodore Deck à Guebwiller
SALON DE THÉ VERRE
À TOUTE ALLURE
SUGAR BABY LOVE
Depuis 1988, le CIAV, le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, offre un second souffle à sa production de boules de Noël : les designers se succèdent et rivalisent d’idées géniales pour relooker nos sapins. Cette année, c’est Thibaut Allgayer qui nous protégera des dérapages décoratifs douteux avec son increvable Wroum. À ressortir chaque hiver, comme vos pneus neige. (M.C.D)
Des douceurs à revendre et du bonheur régressif fait maison, c’est ce que propose Le Boudoir dans son antre coquet, qui vient tout juste de souffler sa première bougie. Josée et Céline, personal sweeters de leur état, proposent dans leur charmant salon de thé des créations pâtissières à se damner, le tout agrémenté du tsar du thé, Kusmi Tea, également en vente. On retrouve notamment des classiques joliment revisités, de la tentation fromagère exaltée dans leur célèbre cheesecake et des glaçages originaux qui viennent habiller muffins et cupcakes girly. Le Boudoir propose aussi des petits-déjeuners et une petite restauration pour les creux salés, sans oublier un plat du jour signé Patrick Fulgraff à l’heure du déjeuner. On a trouvé notre refuge gourmand pour affronter l’hiver ! (C.L)
www.ciav-meisenthal.fr Office de Tourisme de Colmar www.ot-colmar.fr
Salon de thé Le Boudoir 15, Grand’rue à Colmar 03 89 41 45 06 www.leboudoir-colmar.fr 103 ZUT !
Photo : Naohiro Ninomiya
LIFESTYLE ZUT !
ESTHÉTIQUE
LIEU DE VILLE
URBANISME
OUVREZ LES YEUX
Si en son temps Godefroy Engelmann était déjà précurseur en matière d’impression et qu’il demeure l’impulseur de la quadrichromie et de l’offset actuel, il ne se doutait sans doute pas qu’il donnerait un jour son nom à une maison au concept inédit à Mulhouse, près de deux siècles plus tard. La Maison Engelmann, fraîchement inaugurée, offre un lieu unique en son genre, dont le concept hybride mêle ingénieusement commerces de qualité et logements de standing. L’ancienne friche Casa/Coox a vécu une réhabilitation exemplaire sur 5 niveaux, initiée par la Ville et la SERM – Société d’Equipement de la Région Mulhousienne – et propose depuis son lancement une surface commerciale qui s’étale sur 700 m2 en rez-de-chaussée. Ce concept-store du bien-vivre regroupe une librairie à la sélection pointue – les ouvrages des éditions Médiapop y sont vendus ! – mais aussi un bistro-café, un caviste, un primeur, un fromager, une boucherie, une pâtisserie et un traiteur italien. En étages, la Maison Engelmann propose 12 appartements répartis sur trois niveaux de 95 à 145 m2, dans un espace de vie optimisé et totalement pensé pour le confort de ses habitants. Et pour s’adapter à tous les styles, chaque habitation peut choisir son ambiance : cosy, acidulé ou industriel, un intérieur quasi sur-mesure à composer à son image. Il y a de la vie dans la ville ! (C.L)
Porteurs de lunettes et de lentilles, vous êtes-vous un jour imaginés totalement libres ? Expert Vision Center propose des solutions adaptées pour que vos contraintes quotidiennes ne soient plus qu’un mauvais souvenir. Situé à Strasbourg, ce centre d’expertise spécialisé en chirurgie laser pour les yeux accompagne le patient dans toute sa démarche, des examens pré-opératoires à sa sortie. Grâce à une équipe de chirurgiens ophtalmologistes d’expérience et à un plateau technique à la pointe, le processus est simple, rapide et indolore : l’opération dure environ vingt minutes, le laps de temps nécessaire pour réussir à lire l’heure après intervention ! Une nouvelle résolution : franchir le pas pour enfin libérer vos yeux ! (C.L)
La Maison Engelmann 15, rue de la Moselle à Mulhouse - 03 89 41 45 06 www.maison-engelmann.com
Expert Vision Center clinique Sainte-Odile à Strasbourg 03 88 84 71 48 www.expert-vision-center.com
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Renseignements pour les logements 03 89 43 87 67
LUXE, BIO & VOLUPTÉ BEAUTÉ
SKIN PARTY La folle quête du cadeau parfait vient de commencer et ce premier soin cabine antiâge de la nouvelle marque de cosmétique bio haut de gamme Nature effiscience est à mettre en haut de votre it liste ! C’est au cœur du luxueux spa L’Écrin du Bien-Être de l’hôtel Le Bouclier d’or que vous allez pouvoir offrir à votre peau, fatiguée par ces derniers mois intenses, un avant-après visible avec cette heure de détente absolue ! Vous allez adorer les mains expertes d’Aurélie : kinésithérapeute spécialisée en massages et shiatsu, elle a travaillé dans les plus grands palaces en Belgique et officie dorénavant dans cette superbe bâtisse du milieu du XVIe siècle au cœur du centre historique de Strasbourg. En profiter pour passer une nuit à l’hôtel le Bouclier d’Or et flâner dans la ville illuminée pourrait être une suggestion pour compléter en beauté ce soin cosmétique juste parfait, avant d’entamer les fêtes de fin d’année. (M.C.D) Soin Bio-Effiscience, durée 1h, 95€ Spa L’Écrin du Bien-être à l’hôtel Le Bouclier d’or 1, rue du Bouclier à Strasbourg 03 88 13 73 55 www.hotel-le-bouclier-d-or-strasbourg.fr
CONCEPT
Des soirées où l’on profite à la fois du flacon et de l’ivresse dans un beauty spot choisi pour l’occasion ? C’est le concept innovant et girly de Fanny et Guillaume, de jeunes Mulhousiens qui transforment nos débuts de soirée en un moment de bien-être et de réconfort. On parle crème, hydratation, make-up et on teste à foison tout en sirotant un thé et autres joyeusetés culinaires. Ils sillonnent la France depuis six mois avec leur concept qui compte de plus en plus d’adeptes, comme leur dernier rendez-vous chez Relax and Go à Mulhouse avec la marque bio de cosmétiques Fun’Ethic. Pour avoir la chance d’être une beautystar, il faut préalablement s’inscrire à l’événement car les places sont limitées… Pas de soap opéra, nous on crie Amour, Gloire et Beauté ! (C.L) Prochain Apéro Beauté au Printemps Strasbourg, vendredi 23 novembre de 19h à 22h. www.aperosbeaute.com - www.facebook.com/aperobeaute
ARTISANAT
PASSE-MOI LE SAVON Maud Siegel fabrique des savons saponifiés à froid, kézaco ? À la différence de l'industrie, elle mélange plusieurs matières grasses 100% végétales associées à un alcali provoquant une réaction chimique qui conserve les propriétés hydratantes. Une démarche éco-responsable, des huiles locales, des savons uniques… On file sous la douche ? (C.B.) La savonnerie Maud Siegel sera au marché de Noël de Colmar, du 23 novembre au 31 décembre, place des 6 Montagnes noires à Colmar www.maudsiegel.com
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Photo : Johanny Melloul
LES COPAINS TOUJOURS
IN VINO VERITAS
BAR
C’est peut-être dû à la culture du houblon, mais les bars à vins ont eu du mal à s’implanter à Mulhouse. Que les amateurs se rassurent, l’Hardivin propose une cinquantaine de références dans un cadre étudié : des fûts pour les tables, un plafond orné de liège, des lustres embouteillés. Ici, rien n’est laissé au hasard et tout tourne autour des faveurs de Bacchus. Et puisque les propriétaires travaillent directement avec les viticulteurs, on est sûr d’être conquis ou surpris à chaque verre. Une petite restauration, sous forme d’assiettes de charcuterie et de fromages, permet de sublimer les arômes. Réservation fortement conseillée tant l’endroit convainc une large clientèle. L’Hardivin 25, rue des Tanneurs à Mulhouse 03 89 54 93 16
On peine à se souvenir de l’ancien lieu, tant les travaux effectués par les nouveaux patrons JP et Régine, anciens propriétaires du mythique Les Copains d’Abord, offrent à Mulhouse un nouveau bar qui fera date dans la mémoire de ses habitants. Un bar ? Bien plus que ça, un endroit chaleureux où les heures filent, confortablement calé dans un fauteuil, accoudé au bar ou rassemblés autour d’une partie de baby-foot. À moins qu’on ne préfère laisser divaguer son esprit en regardant les créations plastiques ou en écoutant les DJ sets. Une carte savoureuse, des trappistes belges aux flammakuacha en passant par des cocktails sirupeux, achève de classer le lieu comme incontournable. (X.H.) Le Gambrinus 5, rue des Franciscains à Mulhouse 03 89 36 96 75
NOURRITURES TERRESTRES
LIEU
Eyefood Factory est guidé par l’énergie de Jean-François Ehlinger et Jo Di Fabio, désirant transmettre leur passion pour le street art, le graphisme et la décoration d’intérieur. En dénichant des artistes et en leur donnant une opportunité de diffuser leurs œuvres, Eyefood Factory peut également contribuer à égayer votre intérieur en lui donnant un indiscutable cachet contemporain et une patte originale. Alors, Eyefood Factory, c’est quoi ? Une petite entreprise basée sur la reproduction de travaux sous formes de tableaux prêts à être accroché. Un système ingénieux qui permet pour une somme modique de faire rencontrer création contemporaine et quotidien douillet. www.eyefoodfactory.com
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Photo : Johanny Melloul
LIFESTYLE ZUT !
Venez rencontrer vos nouveaux voisins. BEmac : ouverture le 5 décembre 2012. Bienvenue chez BEmac. En tant qu’experts Apple, nous avons non seulement la gamme complète des produits et accessoires Apple, mais aussi les compétences nécessaires pour vous permettre d’en recevoir le meilleur profit. Alors, rendez-nous visite et faites la connaissance de la famille Apple.
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