Zut Hors-série — L'artisanat dans l'Eurométropole de Strasbourg

Page 61

À venir Que raconte la nouvelle génération d’apprentis, à deux pas du marché du travail ? Rencontre avec deux d’entre eux, menuisiers en formation au CFA d’Eschau, qui croient dur comme fer en l’avenir de leur métier. Par CÉCILE BECKER Photo CHRISTOPHE URBAIN

Loïc Wickersheim et Jean-Christophe Kern ont 17 ans, tous deux jouent les prolongations : après avoir passé un CAP Menuiserie, ils poursuivent en ébénisterie. « L’ébénisterie est un métier d’art, elle vient nourrir la menuiserie et améliore notre pratique. » Apprentis, ils partagent leur temps entre le CFA d’Eschau (centre de formation de la Chambre de métiers d’Alsace – son président y a sa place de parking dédiée) et leur entreprise. Loïc travaille chez MLT Bois Concept à Willgotheim, entreprise située à quelques mètres de son domicile, et Jean-Christophe dans l’entreprise de son père, la menuiserie Kern à Hattmatt. Pour ce dernier, rejoindre son père était naturel : « J’allais déjà l’aider les samedis. Mon père ne m’a pas poussé à choisir ce métier. Mais c’est ce que je veux faire. Pour moi, c’est un vrai métier et il y a une diversité : on ne fait jamais la même chose. Loïc continue : « C’est un travail physique, parfois, il faut travailler dans le froid, mais rien de tel que de travailler avec ses mains, d’autant que dans ces métiers-là, t’es sûr de trouver du boulot. » Pour les deux camarades, l’apprentissage et l’artisanat 61

sont un moyen de trouver leur « indépendance ». Indépendance financière bien sûr, mais aussi intellectuelle : « Ici, on apprend à faire tout à la main avant de passer sur machines, ça nous permet de bien comprendre le bois. » Au CFA d’Eschau, la main est essentielle – ce n’est pas le cas dans tous les centres de formation où certains apprentis ne sont confrontés à la matière qu’en entreprise. Robert Dussap, qui lui s’est formé chez les Compagnons du devoir, enseigne depuis 1991 ici. Il a vu les choses changer : « Avant, les jeunes qui venaient se former étaient souvent enfants d’agriculteurs, ils avaient déjà travaillé. Aujourd’hui les jeunes vivent autrement et ont moins de pratique, ceci dit ils arrivent avec une culture numérique que nous n’avons pas et qui vont leur servir. La donnée supplémentaire c’est que 80% de jeunes qui

arrivent sont dyslexiques, ça nous pousse à adapter nos manières d’enseigner, à prendre le temps, à les valoriser aussi – c’est important – alors que dans les cursus généraux on a tendance à les dévaloriser. J’estime moi aussi apprendre à leur contact. Ils nous poussent à évoluer. » L’avenir, Loïc et Jean-Christophe l’envisagent sereinement : pour le premier, qui ne se voit pas derrière un bureau, ce sera « sur les chantiers », pour le second, ce sera chaque chose en son temps. Il a bien conscience, qu’un jour, il reprendra l’entreprise familiale. Centre de Formation d’Apprentis d'Eschau 21, rue des Fusiliers Marins www.cfa-eschau.fr


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
Zut Hors-série — L'artisanat dans l'Eurométropole de Strasbourg by Zut Magazine - Issuu