Hors-série Novo — Le Manège Maubeuge — Festivla VIA 2019

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MANÈGE

MAUBEUGE

SCÈNE NATIONALE

CONCERTS — SPECTACLES — EXPOS — ARTS URBAINS

07 > 19 MAI 2019

HORS-SÉRIE N°18


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Directeur de la publication Bruno Chibane Rédactrice en chef Sylvia Dubost Direction artistique Clémence Viardot Rédaction Cécile Becker Valérie Bisson Sylvia Dubost Julie Friedrichs Mylène Mistre-Schaal Antoine Ponza Aurélie Vautrin Relectures Léonor Anstett — Couverture Fugue VR | Michel Reilhac sur une chorégraphie de Yoann Bourgeois Imprimeur : Ott Imprimeurs Dépôt légal : mai 2019 ISSN : 2105-6331 Tirage : 3000 exemplaires Ce hors-série du magazine Novo est édité par Chicmedias et Médiapop — Chicmedias 12, rue des Poules 67000 Strasbourg 03 67 08 20 87 www.chicmedias.com Mediapop 12, quai d’Isly 68100 Mulhouse

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Entretien avec Géraud Didier, directeur du Manège, Scène Nationale, et du festival Supervia

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THÉÂTRE

DANS LA RUE / THÉÂTRE

La Reprise – Histoire(s) du théâtre Milo Rau

La plus petite fête foraine du monde Charlie Windelschmidt

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EXPOSITION

DANSE

DANS LA RUE / CABARET

UNSS danse & Pôle espoir

Fleur Fred Tousch

EXPOSITION

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Fugue VR

THÉÂTRE

DANS LA RUE / THÉÂTRE ART URBAIN

Pierrick Sorin

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Je suis invisible Dan Jemmett

10 EXPOSITION

Le festival Supervia bénéficie du soutien des partenaires suivants :

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L.I.R (Livre in Room)

22 CONCERT

Hoshi

12 EXPOSITION

Dans la peau de Thomas Pesquet

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Vidéo Mapping Festival

14 THÉÂTRE

Bon débarras ! Compagnie Alula

Festival soutenu par la Région Hauts-de-France Action soutenue par le Département du Nord 3

30 DANS LA RUE / CIRQUE

Les Étoiles #6 Méandres Compagnie Les Colporteurs

CONCERT

Fergessen

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MAPPING

La Tortue de Gauguin Compagnie Lucamoros

32 DANS LA RUE / PARADE

Ethno-Parade

DANS LA RUE

Ring Battle + concerts de rue

25 CONCERT

7 Son @ to

34 DANS LA RUE / PYROTECHNIE

Paysage Axiome Groupe F


En quoi c’est Super ? Pour le nom, on voulait garder le lien avec Via. C’est une ligne artistique qui nous est chère et qu’on défend : le spectacle toujours réinventé par des formes insolites, qui est ici vraiment disponible pour tous. Et puis super, parce que c’est plus grand, et c’est décontracté ! Et puis on vit dans un monde super, n’est-ce pas ? [rires]

Décollage immédiat Propos recueillis par Sylvia Dubost

Via + 3D = Supervia. Un nouveau festival né de la fusion de deux autres, et un nouveau RDV XXL dont Géraud Didier, directeur du Manège Maubeuge, Scène Nationale, nous dresse le portrait. Supervia, c’est quoi ? C’est un nouveau festival grand format, qui brasse à la fois les arts numériques et les arts urbains. Pourquoi ? L’idée était de concentrer nos moyens pour affirmer une ambition nouvelle. Réunir deux festivals, c’est proposer un RDV renforcé en terme d’intensité, avec davantage de propositions artistiques, et de durée, puisqu’il s’installe sur deux semaines. Supervia donne ainsi plus de choses à voir, de matière à éprouver, en rendant disponible à la fois des formes accessibles, à caractère familial, et des propositions liées à la création contemporaine et aux nouvelles technologies, le tout sur un mode festif, qui est toujours un moyen plus ouvert de vivre le rapport aux artistes. Il nous permet aussi de jouer dedans et dehors, dans des lieux de spectacles mais aussi hors des murs du théâtre, pour aller à la rencontre des habitants et des visiteurs en proposant des rendezvous dans la ville. Le public du festival Via était déjà fidélisé à la scène nationale, à l’inverse le festival de printemps faisait venir à nous d’autres spectateurs. Décloisonner les choses va peut-être amener quelqu’un qui va voir un spectacle de théâtre forain à voir une exposition d’art numériques. Cela va aussi renouveler l’impact et l’envie. 4

Supervia, c’est pour qui ? C’est pour tout le monde, sans préalable et sans distinction. Il n’y a pas de prérequis pour venir au festival, qui est destiné à toutes les personnes que l’expérience artistique intéresse. Toutes celles qui cultivent la curiosité, qui veulent être connectées aux choses qui se créent, avec l’idée que la création raconte quelque chose de la manière d’habiter le monde, joueuse et un peu réflexive, car cela va donner à penser. Nous sommes fidèles à la tradition des rendez-vous en extérieur, et à leur gratuité. De manière générale, les tarifs de la billetterie sont peu élevés, pour que la question monétaire ne soit pas une démotivation, d’autres propositions sont clairement offertes au public. Faut-il se préparer ? Il faut toujours se préparer en terme de tenue vestimentaire, avec des lunettes de soleil, un ciré s’il pleut, de bonnes chaussures pour marcher et se déplacer de place en place. Pour le déplacement artistique, il suffit d’un brin de volonté ! Faisons le portrait chinois du festival. Si Supervia était une couleur ? Le bleu. Parce qu’à l’occasion de l’exposition d’art numérique, il y aura une relation au ciel, aux étoiles et à la lune puisqu’on pourra se glisser dans la peau de Thomas Pesquet, vivre en immersion virtuelle la préparation des cosmonautes et voir la terre depuis la station. C’est connu, la terre est bleue comme une orange ! On pourra également voir l’installation On the Moon de Pierrick Sorin où l’artiste rejoue le premier pas de l’homme sur la lune – dont on fête cette année l’anniversaire – qui devient non sans humour le sien. Et puis c’est bien connu, Maubeuge est la ville du clair de lune ! Si Supervia était une destination ? Ce serait les horizons célestes, entre ciel et terre, pas très loin de la lune. Le festival explore la question du déplacement, du voyage, où il s’agit d’expérimenter des choses qu’on n’a pas l’habitude de vivre. On parlait tout à l’heure de tenue : la panoplie de l’apprenti cosmonaute est fortement recommandée ! Pour se détacher de la gravité du monde et des choses, planer un peu, le temps d’un festival. Il y a vraiment dans cette édition de Supervia cette idée de vertige, de planer entre ciel et terre. Si Supervia était un sentiment ? La découverte.


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ŠPosedesign / Le Manège


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© DR


7.05 → 19.05 Vernissage le 7.05 à 19h

Salle Sthrau Maubeuge

TARIF — 4€

EXPOSITION

Pierrick Sorin Sur terre ou dans la lune, ses théâtres optiques nous confrontent à une réalité plurielle au charme burlesque. Par Mylène Mistre-Schaal

Avec ses théâtres optiques, images filmées incrustées dans un décor tangible, Pierrick Sorin jongle avec les échelles et les dimensions. En véritable dompteur d’hologrammes, il joue avec le vrai et le faux. Souvent poétique, parfois absurde et toujours drôle, il fait vivre ses petits êtres de lumière dans des décors bricolés où se croisent personnages farfelus, crocodiles en plastique et charmants bidouillages. « Ces œuvres dégagent une dimension ludique incontestable. Les concevoir relève d’un plaisir tactile proche des jeux de l’enfance », nous raconte l’artiste. À Maubeuge, il présente neuf de ses théâtres optiques miniatures, petites boîtes dans lesquelles s’activent des personnages holographiques de 30cm de haut. Des Lilliputiens mis à l’épreuve de son imagination débridée, quelque part entre le cinéma expressionniste, la science-fiction et l’humour de Jacques Tati. Créateur d’illusions, Pierrick Sorin aime laisser planer le doute. Ce rapport singulier aux images, c’est sa manière à lui d’interroger la facticité et les pouvoirs trompeurs de la représentation. « J’ai toujours aimé piéger le spectateur. Mais je veux surtout lui faire comprendre comment ça marche. L’amener à réfléchir aux processus, finalement très matériels, qui se cachent derrière l’image animée. »

Plus récente, Pierrick and the Moon (2018), installation vidéo à échelle 1, poursuit le jeu facétieux de la déconstruction de l’image, mais grandeur nature. Élaborée autour du thème des premiers pas de l’Homme sur la lune, elle s’empare du mythe de la conquête spatiale. On suit d’abord les tribulations d’un astronaute, sur l’écran crachotant d’une vieille télévision, tout droit sortie des années 70. Malgré le comportement incongru du personnage principal, on croit un instant à des images d’archives. Mais au fil du parcours, la mise en scène lunaire se révèle être une supercherie : ce n’est que l’incrustation d’un hologramme dans une maquette. À nouveau, l’envers du décor se dévoile. L’illusion est certes levée, mais elle se déplace, réservant d’autres surprises… Artisan de l’image, vidéaste humoriste, poète de la caméra, Pierrick Sorin est aussi un peu magicien. Un magicien qui n’hésite pas à dévoiler le secret de « ses processus pour créer de l’imaginaire ».

Pierrick Sorin Artiste vidéo, Pierrick Sorin s’est fait connaître dans les années 90 avec les Réveils, courtmétrage dans lequel il capte l’absurdité du quotidien. Adepte de l’auto-filmage, il ne cesse dès lors de se mettre en scène sous forme d’hologramme dans ce qu’il appelle les théâtres optiques. Plus récemment il a mis son talent de scénariste au service du théâtre et de l’opéra.

Pierrick on The Moon — Production Festival Images de Vevey / Pierrick Sorin Production — Mini-théâtres - Production Remora Films

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7.05 → 19.05 Vernissage le 7.05 à 19h

Salle Sthrau Maubeuge

Fugue VR

Une réinvention virtuelle et vertigineuse d’un spectacle iconique, à (re)vivre dans un casque VR.

TARIF — 4€

Par Valérie Bisson

Michel Reilhac sur une chorégraphie de Yoann Bourgeois

Fugue VR est une réécriture de la pièce de Yoann Bourgeois, Fugue/Trampoline, une série de « petites danses » entre un homme et un escalier ne menant nulle part. Sur une musique de Philip Glass, le chorégraphe proposait ainsi un moment d’apesanteur absolu entre cirque, danse et poésie en revisitant les fondamentaux de l’équilibre. Chutes, élans et envols dessinaient le moment furtif où l’objet – ici, le corps jonglé par le trampoline – atteint son apogée, l’instant de tous les possibles, le présent absolu. Cette chorégraphie complète le projet que mène

Photo : Small Bang

EXPOSITION

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Michel Reilhac / Yoann Bourgeois

Photo : Small Bang

Yoann Bourgeois depuis quelques années autour du désamorçage du temps, en entrant dans un processus de création ininterrompu, qu’il a lui-même intitulé « tentatives d’approches d’un point de suspension »… Michel Reilhac, qui est également danseur et producteur de tournées pour de grandes compagnies de danse, avait envie d’immerger les spectateurs au cœur de cette expérience et leur faire vivre le « vertige » intrinsèque à ce mouvement infini. Entièrement réinterprétées par sa magie virtuelle, ces Fugues prennent une nouvelle dimension et entraînent le spectateur dans une troublante mise en abîme. Fugue VR est le résultat de l’étroite collaboration entre les deux hommes. Diptyque composé d’un film en réalité virtuelle et d’une expérience de réalité mixte, l’œuvre est conçue pour 2 danseurs-médiateurs et 10 participants pourvus de casques Gear VR. Le spectateur entre alors dans une expérience collective au-delà de ses limites d’observateur puisqu’il devient à son tour danseur, tissant un lien entre les mondes réels et virtuels, brouillant les pistes d’une danse que Yoann Bourgeois aime à décrire comme un « jeu de vertige existentiel ».

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Diplômé du Centre National des arts du Cirque de Châlon-en-Champagne, Yoann Bourgeois devient ensuite artiste permanent du Centre Chorégraphique National de Rilleux-la-Pape, Cie Maguy Marin, puis fonde sa propre compagnie en 2010. Il dirige aujourd’hui le Centre Chorégraphique National de Grenoble aux côtés de Rachid Ouramdane. Michel Reilhac est réalisateur de films en Virtual reality, il est un des pionniers en récits immersifs, participatifs et interactifs. Il est aussi directeur des études au Collège Cinéma de la Biennale de Venise. Réalisation Michel Reilhac — Chorégraphie Yoann Bourgeois Assistant réalisateur, montage, VFX, étalonnage Fouzi Louahem Direction de la photographie Emmanuel Théry — 3D music design Côme Jalibert — Assistant caméra et post-production Martin Bessin Stitching Timothée Lestradet — Motion design Yannis Naamane Régisseur général Nicolas Picot — Crédit photographique D.R. Production Small Bang — Coproduction la Maison de la Danse, la Biennale de la danse de Lyon 2018, le CCN2 - Centre Chorégraphique National de Grenoble, Auvergne-Rhône-Alpes Studios — Avec le soutien de CNC - Centre National du Cinéma et de l’Image Animée, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Fondation BNP Paribas.


EXPOSITION

7.05 → 19.05

Salle Sthrau Maubeuge

Vernissage le 7.05 à 19h

TARIF — 4€

L.I.R (Livre in Room) Joris Mathieu et Nicolas Boudier Compagnie Haut et Court

Une bibliothèque d’un genre nouveau, et un projet aux frontières de la littérature, des arts visuels et de la technologie. Par Mylène Mistre-Schaal

Acronyme porteur de sens, L.I.R (Livre in Room) nous évoque d’abord le cocon protecteur dont chacun s’entoure lorsqu’il se plonge dans un livre. Cette parenthèse intime et confortable que fabrique notre imaginaire. Installation et espace immersif à la fois, L.I.R est une micro-bibliothèque d’un genre nouveau. Véritable îlot de lecture, on y entre seul pour y choisir un ouvrage parmi une sélection pointue qui rassemble Virginie Despentes, Madame de La Fayette, Cervantes ou encore Raymond Carver. Dans la douce pénombre de l’installation, débute alors la lecture augmentée d’un extrait de l’ouvrage sélectionné. Comme par magie, un comédien apparait sur un écran holographique et incarne le texte tout en le racontant. Une porte ouverte sur la littérature, un face à face visuel et sonore intimiste. Pour Joris Mathieu, metteur en scène et concepteur du projet avec la compagnie Haut et Court, « L.I.R est une forme artistique à part entière, qui offre une réelle lecture des œuvres, c’est-à-dire une interprétation subjective des livres choisis ». Plus qu’une installation interactive, L.I.R est aussi un « espace de service » dédié à la découverte et à la promotion de la littérature dans l’espace public (notamment au sein de bibliothèques municipales). En phase avec son époque, elle est une sorte de teaser multisensoriel qui incite à cultiver et à développer son goût pour la littérature. Notamment auprès des plus

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jeunes, qui pourront re-découvrir les textes de Marie-Aude Murail ou de Timothée de Fombelle. En répondant à la question de la place de la littérature dans une société de plus en plus numérique, L.I.R prouve que nouvelles technologies, art et littérature peuvent trouver des points de convergence. « Notre recherche est guidée par la volonté d’articuler un dialogue entre une tradition, un héritage (l’objet livre) et l’innovation, ses nouveaux usages et ses nouveaux supports. Le flux numérique ne s’oppose pas au papier », affirment ses créateurs. Effectivement, l’écran et le papier trouvent dans cette « biblio-tech » un terrain d’entente plutôt réussi.

Haut et Court La compagnie lyonnaise, fondée il y un peu plus de 20 ans, revendique une écriture de plateau singulière. Elle développe une pratique théâtrale innovante nourrie d’influences diverses mêlant littérature, illusions d’optique, musique et nouvelles technologies. Joris Mathieu, fondateur et metteur en scène, travaille en étroite collaboration avec Nicolas Boudier (scénographe) et Nicolas Thévenet (compositeur) pour créer des univers scéniques interactifs et porteurs de sens.


© Siegfried Marque Conception et scénarisation Joris Mathieu en compagnie de Haut et Court — Conception du dispositif Nicolas Boudier, Joris Mathieu — Création vidéo Siegfried Marque — Création lumière Nicolas Boudier — Développement Loïc Bontems — Création musicale Nicolas Thévenet — Distribution française Line Wiblé, Vincent Hermano — Philippe Chareyron, Marion Talotti, Rémi Rauzier — Distribution serbe Nina Mrdja, Nada Macankovic, Mirko Jokic, Marko Petrovic Pendula, Jean-Baptiste Demarigny — Distribution roumaine Razvan Oprea, Valentina Zaharia, Adriana Butoi — Distribution allemande Viviane Balsiger, Heiko Buchholz, Blandine Costaz, Martin Prill, Aurélie Rousselet — Remerciement à Recep Erel Sélection des textes Alexandra Badea, François Beaune, Frédéric Boyer, Ivana Hadzi-Popovic, Lancelot Hamelin, Lorris Murail, Falk Richter, Antoine Volodine — Construction Un Point Trois — Régie générale Stephen Vernay / Guillaume Lorchat — Production Théâtre Nouvelle Génération - Centre dramatique national de Lyon — Coproduction Compagnie Haut et Court, Théâtre Les Ateliers, l’Espace Jean Legendre de Compiègne, Le Grand R - Scène Nationale de la Roche-sur-Yon — Avec le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de la politique “Culture et numérique“, de l’Institut français, de l’Institut français d’Allemagne et du Bureau du Théâtre & de la Danse, de l’Institut français de Roumanie, de l’Institut français de Serbie, du réseau Teatroskop, du programme transARTE et du Ministère de la Culture et de la Communication — Avec la participation de l’Institut français, de la Ville de Lyon et du Ministère de la Culture et de la Communication/DGCA et dans le cadre de Francfort en français - France invitée d’honneur à la Foire du Livre de Francfort 2017.

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EXPOSITION

7.05 → 19.05

Salle Sthrau Maubeuge

Vernissage le 7.05 à 19h

Dans la peau de Thomas Pesquet – VR

TARIF — 4€

Du centre d’entraînement à la Station spatiale internationale, un documentaire sur le voyage de Thomas Pesquet en réalité virtuelle. Par Antoine Ponza

Recruté en 2009 par l’Agence spatiale européenne pour ensuite intégrer le Corps européen des astronautes, Thomas Pesquet, à l’orée de ses trente ans, débute alors une formation plurielle. En 2016, en tant qu’ingénieur de vol, il rejoindra la mission Proxima, qui occupera la Station spatiale internationale (ISS) pendant six mois. La rencontre entre le spationaute (terme français) et la société de production, de distribution et d’événementiel La Vingt-Cinquième Heure a été longuement exploitée, sous la forme de trois longs métrages ; le premier souligne la dimension peut-être onirique et spirituelle d’un voyage extraterrestre et s’intitule 16 levers de soleil. Les images des deux autres, davantage documentaires, L’Étoffe d’un héros et Envoyé spatial, suivent la dernière année de la préparation puis l’envol de Thomas Pesquet. Elles ont été réutilisées pour la création, en partenariat avec France Télévisions, de deux vidéos associées à un dispositif de VR – réalité virtuelle. D’une chambre d’enfant bleutée parsemée de constellations phosphorescentes au mythique centre spatial Lyndon B. Johnson de la NASA, au Texas, le dispositif permet au spectateur d’être plongé à 360° dans l’intimité du spationaute, voire de se glisser dans sa combinaison. On peut alors imaginer, au plus près, le rêve de gosse de devenir un explorateur de la galaxie, notamment grâce à la musique originale des films, composée par Guillaume Perret, inoculant à la réalisation une touche de poésie. Cela ne saurait faire oublier, à l’évidence, le long parcours de l’astronaute, certes singulier, qui le mena in fine à un entraînement intensif dans les modules de l’ISS reproduits grandeur nature, à Houston, puis dans l’espace infini. L’expérience de la réalité virtuelle confère à ce voyage interstellaire l’impression effectivement bien réelle que la Terre se dérobe sous nos pieds.

Pierre-Emmanuel Le Goff et Jürgen Hansen

© DR

Avec Thomas Pesquet, Peggy Whitson, Oleg Novitski — Production La Vingt-Cinquième Heure, Prospect TV, France Télévisions, DVgroup — Réalisateur Pierre-Emmanuel Le Goff — Directeur de la photographie Matthias Bollinger — Montage Julien Munschy, Pierre-Emmanuel Le Goff — Musique originale Guillaume Perret.

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9.05 22H

Façade Salle Sthrau Maubeuge

Video Mapping Festival #2

non-support. Le film est projeté sur un écran mais celui-ci disparaît, ce n’est pas le sujet. Ici, le rapport est différent puisqu’on est dans l’espace public ou dans un environnement qui compte, au contraire, dans l’œuvre. Le support fait partie intégrante de la création. Il peut apparaître, disparaître, créer des effets visuels ou de sens. Un video mapping est donc toujours contextualisé. C’est un film d’animation contextualisé et spatialisé.

Piloté par l’association Rencontres audiovisuelles, le festival itinérant s’arrête à Maubeuge avec une création pour la façade Art déco, nouvellement restaurée, de la Salle Sthrau. Propos recueillis par Sylvia Dubost

Comment sont composées les mappings du festival ? Chaque projection est une création spécifique pour un lieu. Il faut tirer profit des spécificités de l’écriture mapping, avec un propos connecté au territoire, au bâtiment. Pourquoi le video mapping a-t-il autant de succès ? Il est clair que le mapping monumental est un peu l’arbre qui cache la forêt, alors on essaye dès que possible de montrer d’autres formes, notamment des formes en salles. Mais on a du mal à toucher un public plus large, alors que dans l’espace public la rencontre se fait instantanément. C’est un peu le nouveau feu d’artifice. À côté de ça, le mapping touche aussi un public de cinéphiles et d’art contemporain, qui s’intéresse à l’architecture et au patrimoine. C’est une forme qui fait vraiment converger les publics.

© DR

Qu’est-ce que le mapping ? Le mapping, c’est tout simplement la projection d’images sur les volumes. Le support le plus connu est la façade d’un bâtiment, mais cela peut aussi se faire en intérieur. Techniquement, c’est une image déformée pour s’appliquer sur un support, mais c’est aussi une écriture. Le cinéma, par exemple, est un

© DR

— Questions à Antoine Magné, directeur et programmateur

MAPPING GRATUIT

Projections réalisées pour le festival 2018

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10.05 10H + 14H

11.05

Théâtre du Manège Maubeuge

16H

DURÉE — 1H TARIFS — 4/6€ + 8 ANS

Bon débarras ! Compagnie Alula

© Geoffrey Mornard

JEUNE PUBLIC

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Que se cache-t-il dans le débarras d’une maison familiale ? Qui s’y réfugie ? Sans doute les plus jeunes de ses habitants, avec les modestes secrets de leur vaste univers. Par Antoine Ponza

L’histoire commence par la fin. En 2017, à Liège, Niels et Bouchra, issus d’une famille recomposée, découvrent un débarras au papier peint « préhistorique ». S’il n’est pas tout à fait sûr que leur nouvel habitat ait connu l’ère paléozoïque, s’y nichent bien, devine Bouchra, « au moins cent ans » de vies. Car en 1906, les jumeaux en jupe et culotte courte Éléonore et Joseph y vivaient déjà et habitent encore le cœur de cette maison, comme des empreintes du temps qui passe. Sandrine Bastin, co-créatrice du spectacle Bon débarras ! et marionnettiste, explique la chronologie « bousculée » qui a été choisie par la volonté d’opérer « des allers-retours entre les événements » afin de permettre la comparaison entre les différentes époques qui composent le tout. Un équilibre se crée avec le décor, « un lieu fixe inspiré par la bande-dessinée de Richard McGuire, Ici, dont la rythmique et les plans sont adaptables en marionnettes ». Sur scène, foin de la représentation d’événements phares, on discerne plutôt en toile de fond une trame historique et des

exemples censés représenter la « multiculturalité des classes sociales ». Telle Maubeuge d’ailleurs, Liège se trouve dans un bassin minier. « Autrefois, on y parlait le wallon, qui a été banni des écoles et des administrations, comme d’autres langues en France. » Outre « l’uniformisation du langage », la diaspora italienne dans les années 1980 ou encore le rapport des enfants aux adultes, « le plus grand thème, c’est peut-être l’évolution des droits de la femme », décliné par la découverte du corps, les vêtements, les liens entre les frères et les sœurs… La marionnette à vue – dont les actrices apparaissent sur scène – impose un rapport à la fois intime et distancié au conte et donne ici corps à l’Histoire, sous la forme d’un voyage dans le temps à travers la perception des enfants.

Compagnie Alula Jeune compagnie jeune public wallone fondée par Sandrine Bastin et Perrine Ledent, Alula s’attache à explorer l’intime pour atteindre l’universel au travers d’une écriture marionnettique contemporaine. Pour cela, elle s’entoure de créateurs lumières, de scénographes, de constructeurs de marionnettes et de créateurs sonores pour des créations collectives qui se nourrissent des univers de chacun.

Création collective — Idée originale Sandrine Bastin — Mise en scène Muriel Clairembourg — Assistanat mise en scène Margaux Van Audenrode — Scénographie Sarah de Battice — Marionnettes Jean-Christophe Lefèvre, Annick Walachniewicz — Lumière Dimitri Joukovsky — Son Michov Gillet — Distribution Sandrine Bastin, Perrine Ledent, Chloé Struvay — Régie Mathieu Houart, Loïc Scuttenaire — Construction décors Ateliers Berton, Sarah de Battice, Raphaël Michiels — Graphisme Anne Crahay Diffusion Margaux Van Audenrode — Avec le soutien de la Fédération Wallonie- Bruxelles et de Wallonie-Bruxelles Théâtre Danse Avec l’aide des Centres Culturels de Waremme, Braine l’Alleud, Chênée, Tintigny-Rossignol et Remicourt. — Merci à Alexis Nachtergael, Geoffrey Mornard, Olivier Palgen, Jean-Marc Delhausse, Éric Gierse, la Cie Dérivation.

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© Hubert Amiel


16.05 20H

17.05 19H

Espace Casadesus Louvroil

DURÉE — 1H40 TARIFS — 9/12€

THÉÂTRE

La Reprise – Histoire(s) du théâtre Milo Rau

À partir d’un fait divers homophobe particulièrement atroce, un spectacle uppercut sur la violence et sa représentation. Par Sylvia Dubost

Une histoire de la violence « Là où la compréhension s’arrête, le théâtre de Milo Rau commence. » De toute la littérature publiée sur le travail de Milo Rau, cette assertion d’un journaliste de la Neue Zürcher Zeitung est sans doute l’une de celles qui décrit le plus justement son travail. La presse n’est effectivement pas à court de qualificatifs concernant ce metteur en scène, Suisse et prolifique, qui apparaît sur la scène européenne au début des années 2000 : « le plus influent », « le plus intéressant », « le plus ambitieux »… D’aucuns le décrivent comme polémique (on préfère le qualificatif de transgressif), mais s’il arrive à Milo Rau de choquer, ce n’est qu’un effet collatéral. Il dérange, souvent, parce qu’il remet en question notre façon de penser et de regarder le monde, en nous mettant face à ce qu’on ne veut pas voir. D’abord journaliste et accessoirement élève de Pierre Bourdieu, Milo Rau pratique une écriture de plateau à partir de sujets ancrés dans l’histoire récente : la Roumanie de Ceaucescu, l’affaire Dutroux, le génocide du Rwanda, les migrations… Ses spectacles où se croisent acteurs professionnels et amateurs de 17

tous milieux mêlent tragédie humaine, réflexion sociale et/ou géopolitique, suivant les sujets, et explorent toutes ces formes de violence –violence physique, sociale, économique – qui sont les fondements de nos sociétés. Sa compagnie, fondée en 2007, il l’a nommée IIPM – International Institute of Political Murder, un nom qui vaut programme… À la tête du NT Gent depuis mai 2018, il a immédiatement publié un manifeste, un Dogma du théâtre dont le premier commandement édicte : « Il ne s’agit pas de représenter le monde mais de le changer. » Et pour cela, il faut aussi changer le théâtre. Avec La Reprise, Milo Rau débute d’ailleurs un nouveau cycle de pièces, une « enquête performative sur la plus ancienne forme d’art de l’humanité. » Un fait divers atroce En 2012, le meurtre à Liège d’un jeune homosexuel par un groupe de jeunes hommes, sans raison apparente, avait secoué toute la ville. Sortant d’un bar où il fête un anniversaire, Ihsane Jarfi croise d’autres jeunes gens. On ne sait ce qui s’est passé, ce qui s’est dit, ce qui fait basculer la situation. « Il est entré par hasard dans leur voiture, raconte un comédien, ils l’ont déshabillé, tabassé à mort et abandonné à la sortie de la ville. » Son agonie a duré 4h. Aussi cruelle qu’absurde, elle est la conséquence de la rencontre morbide du désœuvrement, de la bêtise et de l’alcool. Toujours selon le comédien qui relate les faits, ce meurtre est le symbole de la décadence de cette ville, qui suit de près la fermeture des


deux derniers hauts fourneaux. « Aujourd’hui, si tu habites à Liège, raconte-t-il, tu as de fortes chances d’être chômeur… sauf si tu joues dans les films des frères Dardenne. » Deux ans plus tard, le procès qui a duré 4 semaines et demie n’a livré aucune clé sur les raisons de cet acte. Un théâtre documentaire ? Pour Milo Rau, il y a là une contradiction dans les termes, car le théâtre est toujours une transposition, et ne peut donc être documentaire. « Parce qu’il aime vraiment s’immerger dans un sujet », le sien s’appuie en revanche très largement sur le témoignage, que le témoin soit source d’information ou qu’il monte sur scène pour porter son récit. Chaque sujet ainsi incarné devient une affaire de destin et de regards, forcément multiples et donc complexes, et leur coexistence sur le plateau instaure tour à tour le doute, le malaise, la compassion, la sidération, l’incompréhension. Le dispositif scénique est toujours un peu similaire : une scénographie minimale, des acteurs qui partagent leur récit face caméra, et un très grand écran qui nous plonge dans leurs visages. « C’est une question qui m’a toujours intéressé : comment montrer une vraie émotion ? » La part documentaire se situe peut-être là… Dans La Reprise, le point de départ, c’est la préparation d’un spectacle à partir de la mort de ce jeune homme. On retrouve sur scène un comédien qui a suivi le procès, a enregistré les débats en cachette et noirci une dizaine de carnets de notes, mais aussi une proche de la victime, qui a accepté de monter sur scène pour jouer sa mère. Se croisent des récits où il est question de ce drame, mais aussi de parcours de vie, du contexte, d’interrogations sur ce que peut le théâtre, qui tricotent une histoire de violence, une histoire de LA violence et un questionnement sur sa représentation.

Une histoire du théâtre « La violence au théâtre commence avec Eschyle, avec Euripide. » Milo Rau rappelle que le théâtre est une expérience rituelle et collective des crimes primitifs. Et comme la fonction cathartique, la question de l’irreprésentabilité traverse toute l’histoire du théâtre. La mort, la souffrance, la vraie détresse, comment les rendre palpables ? Doit-on le faire ? Pourquoi ? Ici, il devient vite clair que le spectacle s’achemine lentement vers une représentation du meurtre, pire, de l’agonie d’Ihsane Jarfi. C’est effectivement insoutenable, et c’est tout l’enjeu du spectacle, comme l’annonce déjà le titre. Le réel au théâtre, c’est faire en sorte que « la représentation devienne réelle pour le spectateur, même si c’est un scandale. » Que peut-on montrer, comment, par qui, et surtout, pourquoi ? Est-ce que cela nous aiderait à comprendre, quand il n’y a rien à comprendre ? « Jusqu’où iriez-vous pour le théâtre ? », demandait déjà une voix dans son spectacle Five Easy Pieces. Sur la scène, un acteur, une corde autour du cou, fait référence à une citation de Wajdi Mouawad sur l’acte le plus radical qui pourrait advenir sur un plateau : menacer de se pendre, pour voir si quelqu’un, parmi les spectateurs, viendrait le sauver. Milo Rau éprouve les limites : celles du théâtre, de ce qu’on peut y montrer, de ce qu’on est capable de voir et d’entendre, mais aussi plus largement nos limites morales et intellectuelles, notre capacité à comprendre la complexité des situations et nos valeurs en tant qu’individu et que société.

Concept et mise en scène Milo Rau — Texte Milo Rau et ensemble — Jeu Tom Adjibi, Suzy Cocco, Sara De Bosschere/Kristien de Proost, Sébastien Foucault, Fabian Leenders, Johan Leysen/Sabri Saad el Hamus — Recherche & dramaturgie Eva-Maria Bertschy Collaboration dramaturgique Stefan Bläske, Carmen Hornbostel — Scénographie & costumes Anton Lukas — Vidéo Maxime Jennes et Dimitri Petrovic — Light design Jurgen Kolb — Soundesign et direction technique Jens Baudisch — Production Mascha EuchnerMartinez, Eva-Karen Tittmann — Caméra Maxime Jennes et Moritz von Dungern — Équipe technique en tournée Pierre-Olivier Boulant (vidéo, son), Sylvain Faye et Sebastian König (plateau, lumière), Jim Goossens Bara (caméra) — Assistance de mise en scène Carmen Hornbostel — Assistance de dramaturgie François Pacco — Assistance de scénographie Patty Egge-rickx — Chorégraphie de combat Cédric Cerbara — Professeur de chant Murielle Legrand — Arrangement musical Gil Mortio — Relations publiques Yven Augustin — Décor et costumes Ateliers du Théâtre National Wallonie-Bruxelles — Figuration Mustapha Aboulkhir, Stefan Bläske, Tom De Brabandere, Elise Deschambre, Thierry Duirat, Stéphane Gor-nikowski, Kevin Lerat, François Pacco, Daniel Roche de Oliveira, Laura Sterckx, Adrien Varsalona — Production International Institute of Political Murder (IIPM), Création Studio Théâtre National WallonieBruxelles, avec le soutien de Hauptstadtkulturfonds Berlin, Pro Helvetia, Ernst Göhner Stiftung et Kulturförde-rung Kanton St.Gallen, en coproduction avec le Kunstenfestivaldesarts, NTGent, le Théâtre Vidy-Lausanne, le Théâtre Nanterre-Amandiers, Tandem Scène Nationale Arras Douai, Schaubühne am Lehniner Platz Berlin, le Théâtre de Liège, Münchner Kammerspiele, Künstlerhaus Mousonturm Frankfurt a. M., Theater Chur, Gessnerallee Zürich, Romaeuropa Festival. Avec la collaboration de l’ESACT Liège.

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15.05 20H

La Luna Maubeuge

DURÉE — 1H15

UNSS Danse & Pôle Espoir Afid Zekhnini

Un projet autour du groove et du Hip-Hop avec des danseurs amateurs, sous la houlette du chorégraphe Afid Zekhnini. Par Valérie Bisson

DANSE GRATUIT

Également investi sur le défilé Ethnoparade (lire page 32) qui clôture Supervia, Afid Zekhnini déploie son énergie dans les danses urbaines et la création de liens entre plusieurs cultures. Et ce projet, le chorégraphe s’y est engagé avec générosité. Une expérience enrichissante pour des jeunes qui se cherchent encore dans leur façon de bouger et d’appréhender le mouvement. Avec lui, on enchaîne les répétitions rythmées, on swagge, on rit sous cape et on se fait des Give me 5 quand on a réussi sa choré. Sous des airs bon enfant, l’investissement est intense, c’est ainsi qu’il conçoit son métier, entre plaisir passionné et exigence renouvelée. Danseur autodidacte, soliste, chorégraphe, directeur artistique du collectif 6e Boulv’art, Afid Zekhnini est mondialement reconnu pour la richesse et la diversité de son travail chorégraphique. Après l’émission Graines de Star sur M6 en 1998, il participe à plusieurs clips comme ceux des Black Eyed Peas ou du Saïan Supa Crew. Il varie les plaisirs avec des représentations à l’Opéra de Lille, des inaugurations de festivals, des plateaux télé, le cinéma avec Luc Besson… Diversité des danseurs, niveaux différents, Afid aime à s’adapter et à réitérer les propositions, il dit lui-même aimer « appliquer une pédagogie ludique et faire travailler les élèves sans qu’ils s’en rendent compte. Je viens avec des bases hip-hop mais ce qui me plaît, c’est le métissage des cultures et des arts. » Fédérer est aussi un mot qu’Afid aime à employer pour définir son travail ; en réalisant un spectacle avec des jeunes collégiens et lycéens n’ayant pas forcément accès à la culture, il utilise le prétexte de la culture hip hop pour les emmener vers quelque chose de beaucoup plus large et les ouvrir à la vidéo, au mapping, à la 3D mais aussi aux arts du cirque et aux autres cultures puisqu’il travaille dans le monde entier et transmet à la jeunesse son enthousiasme foisonnant.

Afid Zekhnini Il débute la danse Hip-Hop en 1993 et rejoint rapidement la compagnie Melting Spot dirigée par Farid Berki. Il y collabore avec des artistes d’horizons divers, comme les danseurs du Ballet du Nord ou les comédiens du Cirque du Prato… En 2000, il devient directeur artistique de la compagnie Avalanch’, dont le noyau dur des danseurs est aujourd’hui réparti dans de grandes compagnies telles que R.A.F crew, Käfig, Amenzulu Family… Il a notamment collaboré aux Folies de Maubeuge et à la parade de Lille 3000. 19


THÉÂTRE

17.05 21H30

Théâtre du Manège Maubeuge

DURÉE — 1H45 TARIFS — 9/12€

Je suis invisible D’après Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare Compagnie Les Monstres de Luxe / Dan Jemmett

Une version insolente et décalée du fantasque classique de Shakespeare. Par Aurélie Vautrin

Entre William Shakespeare et Dan Jemmett, l’histoire d’amour dure depuis plusieurs nuits déjà – d’été évidemment, mais d’hiver et de printemps aussi. Et après Shake, La Comédie des Erreurs, Presque Hamlet ou encore Les Trois Richard, c’est désormais au mythique Songe d’une nuit d’été que s’est attaqué le so british et so prolixe metteur en scène londonien… En usant une nouvelle fois de son humour anglais aussi singulier que débridé. « Je pense que, quelque part, j’ai toujours eu envie de mettre en scène cette pièce, ou du moins une version de la pièce. J’ai donc attendu patiemment des années que vienne l’inspiration, une inspiration qui pourrait me guider vers un point de départ ou peut-être m’ouvrir une porte à minuit, au clair de lune, dans une forêt enchantée. » Faisant fi des codes et des conventions, Dan Jemmett s’est donc amusé à jouer avec les mots de son illustre confrère, en partant de la réplique qui donne son titre à la pièce. « Je suis invisible, c’est ce que dit Obéron [le roi des fées, ndlr] au public quand il veut se soustraire aux regards afin de mieux observer les ébats des amants. Cette phrase si simple évoque pour moi un aspect très important du monde théâtral de Shakespeare. Son théâtre ici est ludique, presque enfantin, et invite le public à une participation active et imaginative dans la création avec les acteurs de la réalité à laquelle il nous faut croire. C’est une invitation à la danse, une valorisation du désir naturel et irrépressible de l’être humain de s’émerveiller collectivement de l’univers. » 20

Alors, dans sa folle envie de bousculer les grands classiques, Dan Jemmett a choisi de placer les répliques du maître anglais dans l’atmosphère d’une comédie US des 40’s, façon My Little Chickadee (Mon Petit Poussin chéri in french). « C’est un film un peu stupide, l’histoire d’un couple semant la pagaille dans une petite ville de l’Ouest, avec Mae West et W.C. Fields, que mon père aimait beaucoup. Et il y a une longue séquence sur un train au début du film qui m’est revenue inopinément à l’esprit. J’ai regardé la scène à nouveau, et ce faisant, j’ai commencé à imaginer une version du Songe où Mae West et W.C. Fields joueraient Titania et Obéron dans et autour d’un vieux wagon de train ou d’un combi VW, qui se trouverait mystérieusement planté au cœur d’une forêt la nuit. Trois autres acteurs avec eux dans le train, et tous joueraient cette pièce magique de Shakespeare la nuit durant, jusqu’à s’asseoir ensemble à l’aube à une table du wagon-restaurant pour le petit déjeuner. » Et c’est en partant de cette idée délicieusement loufoque que Dan Jemmett a imaginé une pièce transgenre et fantaisiste, parfaitement en accord avec la philosophie de la compagnie des Monstres de Luxe qu’il a monté avec Valérie Crouzet : renouer avec une forme de théâtre ouverte et généreuse, basée sur un franc et direct échange avec le public.

Dan Jemmett Formé à Londres, Dan Jemmett s’installe en France dès 1998 où il commence par pratiquer les arts de la marionnette. Après avoir fréquenté les textes de Heiner Müller, Bertolt Brecht et Franz Kafka, il se concentre tout particulièrement sur le théâtre de Shakespeare (avec toutefois quelques incursions réussies dans le champ de l’opéra) qu’il démonte et remonte avec un humour décapant et une énergie contagieuse.


© DR Mise en scène Dan Jemmett — Texte français Meriam Korichi — Interprétation David Ayala, Valérie Crouzet, Mathieu Delmonté, Camille Figuereo, Joan Mompart — Scénographie Dick Bird — Costumes Sylvie Martin Hyszka — Création lumière Arnaud Jung — La compagnie Les Monstres de Luxe est artiste en production déléguée au Théâtre de Nîmes. Production Théâtre de Nîmes, Scène Conventionnée d’Intérêt National — Coproduction Théâtre Carouge - Atelier de Genève, Les Bords de Scènes Athis-Mons, Théâtre National de Nice, Espace Jean Lurçat Juvisy-sur-Orge.

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11.05 20H

La Luna Maubeuge

TARIFS — 15/20€ Pour les 2 concerts

Hoshi

Une soirée, deux concerts

À 22 ans, Hoshi fait déjà honneur à son nom de scène, signifiant “étoile” en japonais. Des castings de The Voice à son premier grand tube, Ta marinière, la jeune femme dévoile une personnalité affirmée. Par Sylvain Freyburger

Photo : Yann Orhan

CONCERTS

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Influencée dans son adolescence par Jacques Brel, Noir Désir, Serge Gainsbourg ou Patti Smith, Hoshi a choisi à l’âge de 14 ans de se « réaliser dans la musique ». Ses reprises postées sur le net ont été la première étape d’un chemin qui l’a rapidement conduit dans les castings de The Voice... Une aventure qu’elle a préféré abandonner avant d’avoir à chanter le charmant Petit Bal perdu de Bourvil (« pas mon style ») ! Ce renoncement lui a paradoxalement apporté un début de médiatisation, alors qu’elle avait 16 ans à peine. Hoshi a ensuite enchaîné les petits concerts tout en travaillant dans un restaurant japonais, ce qui n’est pas un hasard : de son pseudonyme à son style vestimentaire, elle ne manque jamais d’affirmer sa passion pour le pays du Soleil levant. La pochette de son premier album, Il suffit d’y croire, sorti l’an dernier, y fait également allusion. L’album s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires, faisant de Hoshi l’une des révélations de l’année. La chanson Ta marinière, donnée « à bouffer aux poissons », l’a portée en première division de la scène française : le morceau entêtant souligne parfaitement sa voix rauque et mature, servie par un sacré bagout. Avec son clip, les dizaines de millions (!) de vues s’accumulent sur les plateformes vidéo, et d’autres chansons comme Femme à la mer se lancent facilement dans le sillage du tube. On la retrouve aussi en compagnie de Gaëtan Roussel en duo acoustique sur « Je vous trouve un charme fou ». La jeune femme monte désormais à l’assaut des grandes scènes, comme l’Olympia au mois de mai, au cours d’une tournée aux allures de consécration, jouant régulièrement à guichets fermés à travers la France. Auteure et compositrice douée, chanteuse attachante, Hoshi n’en est qu’au début de son ascension : aucun doute, on retrouvera un jour la jeune étoile au sommet du Fuji-yama !


11.05 20H

La Luna Maubeuge

TARIFS — 15/20€ Pour les 2 concerts

Fergessen Une soirée, deux concerts Entre énergie rock, sons electro et textes qui parlent de nos vies et de notre temps, le duo a trouvé la formule magique. Propos recueillis par Sylvain Freyburger

Depuis une douzaine d’années, David et Michaëla marient leurs voix et leurs plumes pour proposer une pop énergique, taillée pour la scène. Avec son troisième album L’Été, sorti l’an dernier, le duo élargit son public grâce à un son electro-rock efficace sculpté par Antoine Essertier (Vianney, Boulevard des Airs...). Il revendique l’union entre basses synthétiques et chansons écrites dans les règles de l’art, en français comme en anglais. Fergessen est un duo, restez-vous à deux sur scène ? On s’est longtemps produit à deux, avec des machines et des samples. Maintenant, on a un vrai batteur qui nous procure une énergie supplémentaire, plus de liberté… L’essentiel pour nous, c’est d’arriver à communiquer avec les gens : on crée nos chansons pour les jouer devant un public ! Le concert est raté s’il n’y a pas d’échange. On est heureux de constater que le public retient facilement nos nouvelles chansons, chante avec nous dès le deuxième refrain même quand il ne nous connaissait pas du tout avant.

Artwork : Julien Cuny — Photo : Berengère Valognes

Dans quel esprit avez-vous conçu L’Eté ? C’est notre album le plus lumineux, il nous permet d’élargir notre public, qui reste adulte mais de plus en plus jeune. On a fait des choses plus sombres et oniriques sur nos albums précédents. Là, le son est plus électronique, il nous paraît normal qu’un artiste évolue avec son temps… On aime bien Gaëtan Roussel pour sa manière de mêler rock, électronique et chanson. Parce qu’on aime toujours les bonnes chansons faites dans la tradition du genre ! Une bonne chanson, c’est aussi un bon texte : que nous racontez-vous dans les vôtres ? On parle de nos vies, de ce qu’on observe, des rapports humains, de tout ce qui fait réfléchir. On reste très personnel tout en essayant de parler à tout le monde, de la jeunesse, de la guerre, de la mélancolie… On a cherché à clarifier notre propos, à le rendre plus lisible, et le public a l’air de suivre !

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DANSE GRATUIT

11.05

Parvis du Théâtre du Manège Maubeuge

17H → 20H

Le Ring Battle Secteur 7

© Secteur 7

Dans la culture hip-hop, comme dans d’autres cultures populaires, le Battle est un rituel. Si à l’origine on s’affrontait pour marquer sa suprématie (un peu comme dans la boxe, mais version chantée ou dansée), il est aujourd’hui devenu un événement clairement festif (et néanmoins restant sérieux). Organisé par Secteur 7, centre de formation à la danse de Maubeuge, le Ring Battle est le plus célèbre de la région des Hautsde-France, qui intègre pour sa 14e le programme du festival Supervia. (S.D.)

CONCERT GRATUIT

17.05

18.05

19H → 00H

19H → 01H

Concerts de rue Incontournable de tout festival festif qui se respecte, et de ceux initiés par le Manège en particulier, les concerts de rue ne manqueront pas non plus au programme de Supervia. Deux soirées pour découvrir, retrouver, chanter et danser, portés par des artistes d’ici ou d’ailleurs aux univers éclectiques et singuliers. Des moments musicaux à partager sans modération, en famille ou entre amis. (S.D.)

© DR

Au programme : Ralph of London — Kelvin Bowl — Jug — Tobazco Wild Band — Père & Fils — Kermesz A L’est — Big Horse — Aux Petits Oignons — Da Ez’ Shake — Pldg—Roye Kinke & Bbq — Freddy Loco — Soundtruck… (liste non exhaustive)

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Centre-ville Maubeuge


19.05 17H

Kiosque place Verte Maubeuge

DURÉE — 1H15

CONCERT GRATUIT

7 Son @ To Par Sylvia Dubost

© DR

Né pendant la période de l’esclavage, le gwo ka est un genre musical typiquement guadeloupéen. Il tire son nom (en tout cas c’est une hypothèse) de la déformation créole de grosquart, qui indique la contenance des tonneaux que les esclaves utilisaient comme instruments. Ses sonorités s’enracinent évidemment dans les musiques africaines que les esclaves cherchaient à perpétuer. Le gwo ka s’est depuis étendu à toute la société guadeloupéenne, jusqu’à devenir un élément emblématique de son identité, ce qui a contribué à son classement au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2014. Rythmes et chants envoûtants, danse à la fois terrienne et enlevée, on l’entend et le voit beaucoup dans les rues des îles de Guadeloupe, mais aussi partout où les Guadeloupéens ont élu domicile.

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Les jeunes musiciens de 7 Son @ To font partie de cette génération qui perpétue cette institution en lui insufflant une tonalité contemporaine. Les membres fondateurs de ce septuor se sont rencontrés au fil des rassemblements culturels, et se sont lancés dans une opération de revitalisation du gwo ka, notamment au travers de textes percutants et sans concession sur la situation de la Guadeloupe. Leur nouvel album, La Nou yé, explore toujours plus profondément les racines de cette musique, et met en relief les relations et interactions entre les différents postes de « la ronde » du gwo ka : tambours rythmiques (boula), tambour soliste (makè), chanteur, danseur, chœurs (répondè) et chacha. Un son vivifiant et toujours festif, et un projet enthousiasmant pour clore le festival !


THÉÂTRE FORAIN GRATUIT

10.05

17H Place des Nations Maubeuge

18H30 Place Vauban Maubeuge

11.05

10H Marché Place Wattignies

La plus petite fête foraine du monde à l’heure donnée, tirant leurs kiosques sur des vélos. Ils installeront, « en complicité, devant des témoins plus que des spectateurs », huit kiosques reprenant chacun couleurs criardes, lumières clignotantes et brouhaha. Approchés, approchant, les témoins pourront vivre chaque proposition des kiosques – par exemple, passer la main à travers un trou pour se la faire masser – tout en se laissant dire, par l’intermédiaire d’un casque audio, des textes de Charles Pennequin. « Il s’agira de mettre en action les objets et interprètes présents dans les kiosques, en même temps qu’ils mettront en voix cette parole littéraire. Le poète Charles Pennequin est quelqu’un qui, toujours avec des mots simples, arrive à toucher le sensible. Ce qui nous intéresse justement, c’est de réussir avec un attirail tout simple à créer le débat. On interroge ce qu' est le théâtre, ce qu'est le groupe, mais aussi quelle place trouver en tant qu’individu, en tant qu’humain. Mais aussi ce que c’est que le politique, le public, l’espace public. » Interroger le tout et l’intime en jouant sur deux registres : le divertissement et la quête de sens. Vaste programme.

Compagnie Dérézo / Charlie Windelschmidt

Une fête foraine intime où l’on susurre les textes de Charles Pennequin. Par Cécile Becker

« On préfère parler d’espace commun plutôt que d’espace public », explique Charlie Windelschmidt, metteur en scène de la compagnie Dérézo. Cet espace commun se déploiera à Maubeuge et invitera à se réapproprier la ville, dans laquelle on prend trop rarement le temps de s’arrêter. La plus petite fête foraine du monde, c’est en fait jouer sur les motifs empruntés aux grandes foires et les appliquer, à plus petite échelle, au principe de « place de village » sur un rayon de 15 mètres. 7 interprètes professionnels arriveront au point de rendez-vous,

Compagnie Dérézo

© Dérézo

Du théâtre Dérézo, on dira qu’il est « hors cadre » et hors format, non seulement parce que s’il se joue souvent où on ne l’attend pas forcément : la place, la rue, la ville et parce qu’il propose un autre rapport aux textes et aux interprètes. Depuis mai 2000, la compagnie brestoise propose de poser un regard critique sur notre époque tout en ne renonçant jamais à l’esprit de fête – et profondément démocratique – du théâtre.

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Mise en scène Charlie Windelschmidt — Assistant à la mise en scène Simon Le Doaré — Conception lumière Stéphane Leucart — Création son Gwenole Peaudecerf — Construction Chloé Gazave — Avec 7 interprètes en alternance Alexandre Alberts, Kévin Chappe, Anais Cloarec, Adèle Csech, Anne-Sophie Erhel, Louise Forlodou, Véronique Héliès, Cléa Laizé, Chloé Lavaud, Alice Mercier, Ronan Rouanet et Valéry Warnotte + 10 habitants participants — Administration et production Sophie Desmerger et Agathe Calament — Diffusion Louise Vignault — La Compagnie Dérézo est conventionnée avec le Ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Bretagne, la Ville de Brest, la Région Bretagne, et le Département du Finistère. Dérézo est accompagnée par deploY, programme international de Spectacle Vivant en Bretagne.


18.05

16H + 19H

Place Verte Maubeuge

DURÉE — 1H15

THÉÂTRE GRATUIT

Fleur Fred Tousch – Le Nom du Titre

Conte musical à dépoter les esprits et décoincer les zygomatiques, une ode réaliste ET absurde à la futilité. Par Antoine Ponza

La compagnie occitane Le Nom du Titre porte avec Fleur un projet déjanté dans la lignée de ses spectacles précédents. Fondée par le comédien Fred Tousch, qui a entretenu notamment une collaboration avec le comédien et humoriste François Rollin, la compagnie compte à son actif des créations de longue durée, comme les Rendez-vous de la cervelle, au sein de la métropole rouennaise, ou les Opérations spéciales, dans toute la France. Avec comme fil conducteur une inspiration dadaïste, explique le créateur de la pièce. « Notre spécialité, c’est d’être sur une ligne surréaliste, de travailler l’absurde avec un fond de réalisme. Ça a l’air délirant, mais il y a quelque chose ! » Fleur, en particulier,

revendique « un travail sur l’utilité » et pose la question suivante : « où placer le curseur de la futilité et de l’utilité ? ». Non sans ancrage social, car la pièce se veut contextuelle, interrogeant également un recours très systématique au réel et au matérialisme comme valeurs cardinales. « Dans notre société, tout a une fonction, on a besoin de rationnaliser », souligne Fred Tousch. Mais au fond, « pourquoi aurait-on besoin de choses ? » Une mise en scène signée par Émilie Horcholle et Bertrand Lenclos sert ces idées directrices, très sérieuses au demeurant, et l’histoire en surgit « sous la forme d’un conte ». L’ensemble rappelle les heures les plus colorées du flower power et ses tuniques psychédéliques. La présence essentielle du chant et d’un soleil tout puissant, comme le Sarastro de la Flûte enchantée, tiennent aussi de l’opéra (rock). Enfin, son aspect conceptuel et satirique évoque certainement la new wave, tendance électronique, par exemple celle du groupe DEVO et ses extraterrestres très terriens. Si peut-être la fleur « ne sert admirablement à rien », Fleur diffuse ici un parfum humoristique tandis que le rien lui insuffle ses nutriments poétiques.

Le Nom du Titre Agité par Fred Tousch et Fabienne Quéméneur, Le Nom du Titre produit les spectacles à caractère iconoclaste et surréaliste de Fred Tousch depuis 2001 (Oui je suis Poête, Benoît de Touraine 1 et 2, Le Cabaret Philosophique, La Foirce, Le Retour du Grand Renard Blanc et Maître Fendard), et invente des rendez-vous curieux tels que les Enchoufflichures à la Roche Jagu (Côtes d’Armor) en 2009 et 2011, Le Retour du Grand Saumon dans la vallée de la Sioule en 2014 et les RendezVous de la Cervelle à Rouen depuis 2010.

© DR

Mise en pot Frédéric Fort — Interprétation Fred Tousch, Bertrand Lenclos, Émilie Horcholle — Composition florale Sophie Deck Paysagiste Fabrice Deperrois — Co-productions / résidences les CNAREP Le Moulin Fondu à Noisy-le-Sec, La Paperie à Angers, Ateliers Frappaz à Villeurbanne, les scènes conventionnées L’Archipel à Granville, Le Séchoir à Saint-Leu (La Réunion), la Communauté de Communes Océan-Marais de Monts, la Ville de Notre-Dame-de-Monts, les Festivals Musicalarue et La Déferlante. Soutien DRAC Normandie, Région Normandie, Département de Seine-Maritime, Ville de Rouen, la SPEDIDAM.

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THÉÂTRE - ARTS URBAINS GRATUIT

18.05 22H

Parvis de l'Arsenal Rue de la Croix - Maubeuge

DURÉE — 1H

La Tortue de Gauguin Compagnie Lucamoros

Texte, peinture, musique et vidéo pour une performance plastique et théâtrale en direct. Par Julie Friedrichs

Peut-on réitérer un geste artistique ? Reproduire une œuvre ? Luc Amoros en fait le pari, depuis des années. Il partage et transmet sa passion pour l’art, avec des spectacles vibrants de formes et de couleurs. Ses créations en direct, par des artistes plasticiens, révèlent autant de moments uniques reproduits à chaque représentation. La compagnie Lucamoros s’emploie, à sa manière toute singulière, spectacle après spectacle, avec toujours d’autres développements, à interpeller le public, à parler directement aux sens, à captiver par les émotions, séduire et interroger. Sa vision singulière de la peinture, éphémère et éternelle, non marchande, libre toujours, est résumée dans ce titre intriguant : La Tortue de Gauguin (Polyptique en mouvement). En préambule, Luc Amoros explique son intention avec ces mots : « J’ai entendu dire que lors de l’un de ses séjours aux Marquises, Paul Gauguin eut l’idée de peindre à même la carapace d’une jeune tortue vivante, égarée sur une plage. Je me plais à penser que grâce à la longévité dont jouit cette espèce, une œuvre du peintre, tout en échappant ainsi à la cupidité des spéculateurs, continue, aujourd’hui encore, de sillonner les grands fonds dans son petit musée ambulant. » Et l’artiste d’ajouter : « Quelle anecdote plus appropriée pour illustrer notre désir de proposer au public une vision singulière de l’art, en particulier de la peinture ? » Troisième partie d’une trilogie, après Page Blanche (2009) et Quatre Soleils (2013), La Tortue de Gauguin, créé en 2017, résulte d’un travail de longue haleine, « une suite dans les idées ». L’œuvre explore – toujours – le monde des images et propose, sur une structure de 9m de haut et 4 28

étages, telle un chevalet géant, la création d’une toile monumentale et éphémère. Sur des bâches translucides, les interprètes plasticiens créent en direct, et on reconnaîtra certaines images qui font partie de l’histoire de l’art et/ou de l’imaginaire collectif. Entre elles, des liens parfois évidents, d’autres qu’il appartient au spectateur de tisser. Mais surtout, il s’agit de « ressentir une émotion esthétique avant de se l’expliquer ». Elle grandit, s’associe à la musique qui en direct accompagne tableaux. Elle vit sa vie, développe ses chapitres, propose des moments de vibrations collectives, des euphories, des questionnements existentiels et s’achève en un cercle, infini par nature... Aucune toile n’est conservée, toutes sont détruites à l’issue des spectacles. Simplement parce que « la disparition fait partie de notre création. »

Luc Amoros Luc Amoros a commencé comme montreur d’ombres… « J’ai parcouru le monde avec mes figurines plates… » Au départ avec Michèle Augustin, il s’attache ensuite à réunir arts plastiques et théâtre dans des spectacles-performances à l’esthétique tout à fait singulière, et qui ont fait le tour du monde. Toujours installé à Reipertswiller, dans le Parc Naturel des Vosges du Nord, où il accueille aussi « un public éloigné des grands centres culturels », il poursuit désormais son aventure artistique avec sa propre compagnie, de plus en plus attachée à la transmission.


© Jean-Pierre Zanotti

Texte et mise en scène Luc Amoros — Composition musicale Alexis Thépot — Interprétation Sylvie Eder, Lou Amoros-Augustin, Brigitte Gonzalez, Itzel Palomo, Thomas Rebischung, Lea Noygues, Emmanuel Perez — Musicien Ignacio Plaza Ponce — Direction Technique Vincent Frossard — Régie lumière Sebastian Dalphrase — Régie son Thomas Kaiser — Costumes Pauline Kocher — Chorégraphie Éric Lutz — Administration Mathieu Desanlis — Résidences et aides à la création Le Fourneau - Centre National des Arts de la Rue Brest, Atelier 231 - Centre National des Arts de la Rue Sotteville-lès-Rouen, Le Parapluie - Centre international de création artistique Aurillac, Le Moulin Fondu - Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public, Les Ateliers Frappaz - Centre National des Arts de la Rue et dans l’espace public Villeurbanne, Cadhame - collectif de la Halle Verrière de Meisenthal avec le soutien du Conseil Départemental de la Moselle (57) — Avec l’aide de la DGCA Collège arts de la rue, l’Adami, la SPEDIDAM et le Fonds SACD Musique de Scène. La Compagnie Lucamoros est conventionné par le Ministère de la Culture et de la communication-DRAC Grand Est, et soutenue par la Région Grand Est et le Conseil Départemental du Bas-Rhin.

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CIRQUE GRATUIT

18.05

17H + 20H

19.05

Place des Nations Maubeuge

16H

Les Étoiles #6 Méandres Les Colporteurs

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Une œuvre visuelle et sonore pour mât chinois et fil de fer à la technicité impressionnante, qui raconte un voyage à la découverte de soi-même. Propos recueillis par Julie Friedrichs

— Entretien avec Antoine Rigot, fondateur de la Compagnie et metteur en scène Méandres est une histoire de collaborations artistiques ? Oui : Molly, la fildefériste, avait rencontré Sandrine [Juglair, chorégraphe et acrobate au mât chinois, ndlr] au Cirque Plume… Ensemble, on a défini ce sur quoi on voulait travailler : une espèce d’introspection. Méandres, c’est une femme seule avec sa conscience, son imaginaire… L’idée est de prendre un temps pour soi, de se poser, et tout à coup se faire interpeller par soi-même. Cela se met en mouvement dans une danse très lente au départ : cette femme aperçoit sa conscience, la suit et la rencontre se fait, la discussion s’ouvre. C’est un petit parcours, peut-être une traversée, qui l’emmène jusqu’à un apaisement. Mais ça, c’est notre fil à nous ; on ne veut pas forcément que les choses soient narratives : chacun fait son chemin. Et la musique ? J’avais fait une rencontre avec un compositeur-musicien italien [Titiano Scali, ndlr] qui travaille sur la vibration. Il a posé des micros sur les trois fils et sur le mât, ce qui fait qu’on entend les frottements, sur lesquels il vient poser des notes, en live. Il construit une musique et une rythmique qui se réinvente à chaque fois, à partir de l’écoute du mouvement…

et une grande maîtrise technique, mais pour moi, ce n’est pas parce qu’il y a une exigence artistique et que le sujet n’est pas « léger », que les enfants n’entrent pas dedans… C’était aussi un challenge intéressant de mettre Méandres dans la rue : comment arrive-t-on à capter l’attention avec des moments poétiques, lents ? Il faut une intensité, une puissance pour accaparer le public dans l’agitation générale de l’extérieur. L’espace public, trop souvent, est synonyme – et je comprends en même temps parce que j’aime beaucoup ça – de spectacles légers avec beaucoup d’humour. Là, il y a de l’humour aussi, mais d’une autre manière. Pour le festival, vous jouez toujours la même version du spectacle ? [Rires] J’avoue que j’ai hâte de voir comment ça mûrit : Sandrine et Molly le reprennent, donc cela va évoluer. Les spectacles s’ouvrent toujours… Ce sont des artistes et des interprètes très affûtées… elles s’approprient… mettent les choses en place… J’ai hâte !

Les Colporteurs « La compagnie a commencé en 1995… sous chapiteau… À l’époque, on avait eu le grand prix national du cirque avec Agathe et on avait bien compris que si on avait un projet de compagnie ou un projet personnel, on serait soutenus - en fait c’était peut-être quand même une époque un petit peu moins compliquée qu’aujourd’hui pour se lancer dans des aventures... En tout cas, notre travail avait été remarqué et récompensé et du coup des portes se sont ouvertes, on a pu créer la compagnie et faire ce chapiteau. »

Vous vous adressez à des spectateurs de quels âges ? Justement, il n’y a pas de limite ! C’est intéressant de faire des choses qui ont une profondeur. Les artistes ont de grandes qualités

Chorégraphie et interprétation Sandrine Juglair et Molly Saudek — Mise en scène Antoine Rigot — Conseil artistique Agathe Olivier — Musique Antonio Vivaldi, Tiziano Scali — Costumes Anaïs Clarté — Direction technique Pierre-Yves Chouin Scénographie Patrick Vindimian, Antoine Rigot — Construction Patrick Vindimian, Sylvain Georget — Production Cie Les Colporteurs Coproduction La Cascade - Pôle National Cirque Ardèche Auvergne-Rhône-Alpes, Pôle régional cirque Le Mans, Les Subsistances Lyon — Résidences La Griotte/Cirque Trotolla, La Cascade - Pôle National Cirque Ardèche Auvergne-Rhône-Alpes, Pôle régional cirque Le Mans, Les Subsistances Lyon, Plateforme 2 Pôles Cirque en Normandie / La Brèche à Cherbourg, Cirque-Théâtre d’Elbeuf Avec le soutien de la SACD et de l’Académie Fratellini - Processus Cirque.

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PARADE GRATUIT

18.05

Centre-ville Maubeuge

À partir de 22H30

Ethno-Parade Raquel Silva avec les complicités de Saoulé Hallez, Afid Zekhnini, Bougez Rock, Idem+arts

Sous-titrée Figures du sauvage, une déambulation participative qui renoue avec des coutumes européennes oubliées. Par Antoine Ponza

Parmi les coutumes européennes oubliées, les costumes zoomorphes (autrement dit : qui ressemblent à l’animal) ont noué au fil du temps un lien essentiel à notre origine et à notre environnement. Au même titre que la disparition progressive de certains langages, l’art des costumes traditionnels semble désormais exclu des villes. L’Ethno-Parade ravivera et actualisera leur signification le temps d’une déambulation. Raquel Silva, la metteuse en scène de l’événement, a eu l’idée de ce projet au détour d’une recherche à la bibliothèque. « J’ai découvert le livre du photographe Charles Fréger Wilder Mann [2012, ndlr], un répertoire de costumes qui existent dans toute l’Europe [le photographe rencontra 18 communautés à cette occasion, ndlr], qui comportent des variations mais ont une caractéristique archaïque, parfois même une certaine violence. Ils représentent la nature humaine, ambivalente. Ces costumes réels existent encore d’une autre manière, par exemple au Portugal, dont je suis originaire. » Elle a eu envie de comprendre la fonction de ces costumes (l’étymologie du mot se confond d’ailleurs avec celle de «coutume») et d’évoquer à son tour « l’ambiguïté troublante » des personnages qu’ils incarnent, « à la fois animaux 32

et humains ». Il lui a fallu réfléchir à une manière de « rendre active cette tradition perdue dans un nouveau contexte ». Maubeuge, en l’occurrence, a déjà l’habitude d’une parade annuelle, à la forme changeante. Raquel Silva a donc souhaité « ramener ce défilé à une tradition plus ancienne », sous la forme de « tableaux vivants » dont les gestes « rendront plus immédiate la lisibilité des figures ». L’alliance des deux coutumes est doublée par une participation de la population, par le biais d’ateliers mettant à profit son « savoir-faire manuel », où auront été « construits et confectionnés » les 80 costumes de la parade, elle-même animée par quelques comédiens professionnels et une majorité de volontaires. Cela confère une dimension « changeante et vivante » au projet, augmentée par l’utilisation de matériel de récupération (fourni notamment par les associations Emmaüs et Saint-Vincent-de-Paul). « Dans cette optique de prêts ou de dons, certains matériaux attachés à la vie rurale deviennent difficiles à trouver, comme les sacs à pomme de terre ou les cloches de bétail. C’est la réponse des objets à un éloignement effectif d’une vie proche de la nature. » Si ce travail évoque peut-être une certaine « nostalgie de l’authenticité », c’est parce que « nous resterons toujours, au fond, des animaux ». Sans s’astreindre à recréer « une époque ou une zone géographique », la manifestation constitue une « réinvention » et tient pour objectif de satisfaire « le pur plaisir des yeux ». Suivie par un spectacle pyrotechnique du Groupe F (lire page suivante), elle sera d’abord accompagnée du quatrième élément, qui éclairera sa marche : le feu, héritage ancestral, constitutif à la fois des temps anciens et modernes.


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© Charles Fréger


PYROTECHNIE GRATUIT

18.05

Centre-ville Maubeuge

À partir de 22H30

Paysage Axiome Groupe F Des artificiers et artistes de génie mettent le feu au ciel de Maubeuge.

autour de la Sambre, ils seront surtout les grands maîtres du feu d’artifice qui suivra le défilé des étranges créatures. Un feu d’artifice, oui, mais « pas ordinaire », nous explique Éric Travers, directeur artistique du Groupe F depuis de nombreuses années. « Avec par exemple un générateur de flammes installé sur un toit… On va faire ce feu à notre façon. Comme toujours, le but n’est pas de se cantonner à quelque chose de purement festif, mais d’écrire une histoire qui va générer des émotions, esthétiques, collectives, individuelles. » Vous vous souvenez de la ola de feu qui suivait celle des spectateurs du Stade de France lors de la clôture de la Coupe du Monde 1998 ? C’était eux. Du jamais-vu pour l’époque… Et pour cause : souvent qualifié de novateur – voire carrément futuriste –, le Groupe F s’est toujours joué des conventions, tentant des associations de produits, cherchant perpétuellement à se renouveler pour continuer à surprendre son public. « C’est un challenge, qui d’ailleurs n’est pas toujours facile à réussir, mais c’est tout l’intérêt de ce travail… » Le spectacle du 18 mai, Éric Travers l’a pensé comme la continuité de l’Ethno-Parade qui précédera. Intitulé Paysage Axiome, il jouera à la fois sur le tableau de l’ancien et du moderne, avec l’idée de « mêler l’ancestral, la flamme comme outil vital, la veillée autour du feu, et l’époque actuelle. Une opposition que l’on trouvera à la fois dans le design, le graphisme du feu et les produits utilisés. »

Par Aurélie Vautrin

Cela fait plus de 25 ans que le Groupe F ajoute des étoiles colorées aux cieux du monde entier. De la tour Eiffel à la tour Burj Khalifa, des JO de Barcelone, Turin, Athènes ou Rio, de Mexico à Istanbul, de Doha à Djeddah… Les artificiers camarguais ont déjà touché des millions de cœurs autour de la planète. Et cette année encore, ils reviennent à Maubeuge en fidèles habitués : co-organisateurs de l’Ethno-Parade

Groupe F

© DR

« La nuit est belle », telle est sa devise. Cette structure de production s’est spécialisée dans les événements à très grande échelle, où se mêlent feu d’artifice, performance théâtrale, mapping vidéo et création sonore. Dans des œuvres toujours contextuelles, les artistes du Groupe F jouent avec le feu, l’eau, le ciel, mais aussi l’architecture, la culture et l’histoire de chaque lieu où ils interviennent.

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CALENDRIER SUPERVIA

TARIFS SPECTACLES 4/6/9/12€ TARIFS CONCERTS 15/20€ TARIF EXPOSITION 4€

MAI 2019

MAR

MER

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JEU

VEN

SAM

DIM

LUN

MAR

MER

JEU

VEN

SAM

DIM

9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19

Exposition : Pierrick Sorin

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Exposition : Fugue VR

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Exposition : L.I.R (Livre in Room)

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Exposition : Dans la peau de Thomas Pesquet

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Vidéo Mapping Festival

GRATUIT

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Bon débarras ! La plus belle fête foraine du monde

GRATUIT

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Hoshi

Fergessen

UNSS Danse & Pôle Espoir

GRATUIT

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La Reprise - Histoire(s) du théâtre

Je suis invisible Concert de rue Méandres

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GRATUIT

La Tortue de Gauguin Fleur

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GRATUIT

GRATUIT

GRATUIT

Ethno-Parade

Paysage Axiome 7 Son @ To

GRATUIT

GRATUIT

GRATUIT

Le Manège Maubeuge - Scène Nationale CS 10105 - Rue de la Croix 59600 Maubeuge (F) / T. +33 (0)3 27 65 65 40 billetterie@lemanege.com www.lemanege.com Facebook : Le Manège Maubeuge

Horaires des expositions Les 8, 9, 10, 14 et 15 | 10h → 12h / 14h → 18h Les 11, 12 et 19 | 14h → 18h Le 16 | 10h → 12h / 14h → 20h Le 17 | 10h → 12h / 14h → 22h Le 18 | 14h → 22h


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