Giw 70 - mars 2017

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Edito Il est difficile de faire un numéro pour le mois de mars tant les sujets à traiter sont nombreux. Entre la semaine Altigliss, le Festival de Géopo sur les villes, les passations associatives, les 3J et mon anniversaire, faut trouver les plus pertinents ! Du coup, dans un moment de déni exemplaire inspiré des performances de François Fillon et de ses supporters, l’équipe du GIW a choisi de traiter des sujets à l’opposé de ceux énoncés plus hauts mais néanmoins proches de l’actualité. L’objectif du GIW reste de divertir les étudiants en mal de divertissement, quel que soit le moment ! Quoi qu’il en soit la diversité d’articles de ce GIW aura pour mérite d’attirer tous les gémiens. Tu veux trouver l’âme sœur ? Découvre notre collection de sites de rencontre ! Tu veux savoir si Jul est le nouveau Brassens de notre temps ? Fonce page 28 ! Tu te demandes de quoi le futur sera fait ? Découvre les Cyberguerres page 16 ! Tu l’auras compris, tous les sujets sont traités depuis le début de l’année. Bonne lecture ! Nathan Hardy

Rédaction du Gem In Way Journal étudiant de GEM Publication Xpression Contact xpression@grenoble-em.com Rédacteur en chef Nathan Hardy Responsable Maquette Charlotte de Verdière Rédacteurs Maela Vincent Antoine Boulet Claire Maraval Emmanuelle Flahaut Joshua Mattei Pierre Jacquemin Albane van Hille Maquettistes Emeline Mauchaussé Antoine Boulet Clara Laugner Photos non contractuelles

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Sommaire La vie de l'école Business development et commercial............p.4 Retour sur l’innoweek..................................p.5 Interview de Nicolas Roux de Bezieux.....p.6-7 ASSOS Interview d’une Prez: Victoria Gomez.......p8-9 Sexe et politique, l’envers du décor...........p.10 Yes we can, yes we win !...........................p.11 Gardons nos pistes blanches....................p.12 La photo de Planètes................................p.13

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SOCIETE Les Cyberguerres : nouveaux terrains d’affrontements .................................p.16-17 Amour, gloire et Corée.............................p.18-19

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CULTURE

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Prague 1968........................................p.20-21 Minute cul(ture): le petit pont...................p.22 Bordels, et si on les rouvrait? ........................p.23 Star Wars.............................................p.24-25 Pour changer: le théâtre...................p.26-27 On a perdu la musique..............................p.28 Speed Kings................................................p.29 Mars, dieu de la guerre...............................p.30 Le joueur d’échecs, Stefan Zweig..................p.31 LIBRE Le cosmos, c’est nous...........................p.32-33 Tinder, c’est si «meetic» que ça ?.........p.34-35 Live to tell the undertale...........................p.36 Wesh Molière.............................................p.37 Les orphelins Baudelaire, la série............p.38 Café : psychotrope du quotidien................p.39 Notre BD............................................................p.40 Le jeu du mois............................................p.41 L’horoscope du gémien.........................p.42-43

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Ecole

EM Career Center

Les fonctions Business Development et commerciales ! Parcours vente à GEM Intéressé par un parcours vente à Grenoble Ecole de Management ? En plus du cours comportement vendeur, en tronc commun de 1ère année, le stage de première année permet à chaque étudiant d’expérimenter la place centrale de la vente dans le développement de l’entreprise. Par la suite, de nombreuses spécialités sont proposées en 2ème et 3ème année à GEM.

les offres à pourvoir Actuellement, 930 offres de stage et 322 offres d’emploi sont à pourvoir sur le GEM Career Center dans le secteur du commerce et Business Development. De nombreuses offres sont publiées quotidiennement, n’hésite pas à consulter régulièrement le site du Career Center et à te créer des alertes ! Quelques exemples de stages : • En 1ère année (minimum 6 semaines à partir de mai) : Merchandising en grande distribution, Assistant chef de rayon, Télévente,… • En 2ème ou 3ème année (minimum 13 semaines à partir de mai) : Chef de secteur, Ingénieur commercial junior, Chargé de développement commercial, …

concours de vente gem négocier GEM Négocier, c’est LE concours de vente de Grenoble Ecole de Management ! Cette année, 17 entreprises seront présentes le Jeudi 06 avril 2017 à GEM (Mars, Pepsi Co, Salesforce, Helpline, BASF Agro, Solocal, Crédit Agricole, …) Viens relever le défi auprès de professionnels de la vente et de la négociation, et peut-être te démarquer et décrocher un stage ! GEM Négocier en quelques mots : Cet événement est un challenge de vente dans lequel les étudiants en binôme font face à des professionnels venus leur donner la répartie à travers des jeux de rôle propres à leurs entreprises. Tu travailleras sur un cas fourni par l’une des entreprises présentes. Les rôles sont répartis de la manière suivante : les étudiants sont les vendeurs, les professionnels sont les acheteurs. Cet évènement sous une forme ludique vous permettra de vous démarquer auprès de professionnels de la vente, et qui sait, peut-être de décrocher un stage ! Toutes les infos et inscription sur www.grenoble-em.com/careercenter

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Ecole Retour

sur

l’Innoweek Le meilleur et le pire de GEM en une seule semaine !

L

’InnoWeek, la fameuse, cette semaine tant redoutée par les 2A à la rentrée de janvier et obligatoire sous peine de rattrapages et interdiction de PLE. Qu’en est-il vraiment ? L’Innoweek c’est d’abord un concept : Innover. C’est bien là le truc génial de cette semaine d’ailleurs. En quelques heures seulement on comprend que l’innovation est à la portée de tous. Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste de son secteur pour avoir une idée de ce qui peut marcher, il faut juste cultiver sa créativité et avoir conscience des contraintes d’une situation donnée. L’innovation, cette « chose » dont on nous rabat les oreilles depuis la première avec l’ami Schumpeter n’est finalement pas si compliquée que ça, mais elle ne tombe pas non plus du ciel : Une révélation !

lesquels on découvre des outils jamais vus auparavant en une heure puis dont nous devons nous servir pour le reste de la journée. Tout ça pour mieux vendre un projet qui, après réflexion, n’est pas du tout original ou faisable. On perd plus de temps à essayer de justifier notre projet et à apprendre à utiliser les outils qu’à réellement travailler dessus. L’ensemble devient vite insupportable jusqu’à la libération le jour de l’oral. Le bilan est malheureux puisque le désagréable dépasse de très loin l’agréable. Dommage.

« L’innovation [...] n’est finalement pas si compliquée que ça, mais elle ne tombe pas non plus du ciel : une révélation ! »

Nathan Hardy

L’Innoweek montre ça très bien en nous faisant jouer à un serious game dont raffolent Google et autres géants du secteur du numérique : Nous endossons le rôle d’une mère célibataire avec 3 enfants ayant pour habitude de perdre ses affaires entre tous ses sacs à main et qui cherche une solution. A nous de la trouver en nous servant de trois technologies, existantes ou non, obtenues aléatoirement ! Le mauvais point de cette semaine est malheureusement tout le reste. Nous avons quelques minutes pour trouver des projets innovants puis quelques minutes pour en choisir un parmi ceux-là qu’on va développer pendant 3 jours. 3 petits jours durant

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Ecole

interview d'

Nicolas Roux

GEM ES

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ? Etudiant à GEM j’ai été diplômé en 2015. J’étais Président de la JE en 2ème année en parcours asso. Au moment de choisir mes stages il y avait 2 voies qui semblaient logique étant donné ce que fait la JAI : Le conseil ou le marketing. J’ai fait une première expérience en conseil (beaucoup de négociation et de vente car je créais une nouvelle offre) puis ai essayé le marketing en prenant un stage chez l’Oréal en seconde partie de PLE. C’est celui-ci que j’ai préféré. En 3A j’ai fait un double diplôme avec l’IRIS et une alternance (oui c’était possible). Ensuite j’ai postulé au Graduate Program de l’Oréal (Pépinière). J’ai commencé par être sur le terrain (Commercial) dans la division des produits pharmaceutiques pour la marque Roger Gallet pendant 7 mois. Aujourd’hui je travaille au siège pour Sanoflore dans le Marketing développement et opérationnel.

Vous avez passé 7 mois sur le terrain en tant que représentant pharmaceutique pour l’Oréal, qu’est-ce que cela vous a apporté ? Pour l’Oréal, le terrain est très important : Même aujourd’hui alors que je suis au siège, je fais des « accompagnements » : Pendant une journée ou

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deux on part avec un commercial et on « travaille » avec lui. Le terrain nous permet de nous rendre compte de la réalité concrète des choses, des contraintes du commercial. Aller sur le terrain c’est donc un gain de temps pour le marketeur mais aussi un moyen de débusquer les biais avec lesquels il travaille. Par exemple en Marketing nous avons tendance à uniquement penser au client final mais nous pensons assez peu à convaincre l’échelon entre les deux : le distributeur (le pharmacien dans mon cas). Le terrain nous permet de mieux connaître ce dernier, le niveau de formation des personnes qui font le conseil en point de vente, le travail au quotidien des commerciaux, leurs difficultés… Ça nous permet de mieux les aider et aussi de bien nous rendre compte de ce que font nos concurrents. En quelques mots, le terrain nous apporte la sagesse.

Vous pensez que la négociation en interne est capitale pour que 90% de notre travail se passe bien lorsqu’on fait de la vente, pourriez-vous nous en dire plus ? Oui, quelle que soit la division pour laquelle tu travailles tu ne seras pas toujours d’accord avec le contrôle de gestion, le marketing, les commerciaux etc. Il faut donc tout un travail en interne pour convaincre ou persuader ces acteurs que la voie que tu veux choisir est la bonne pour que la marque aille mieux. C’est donc capital et il faut vite réaliser (Je m’en étais rendu compte grâce à la JE quand j’en étais président) que les gens avec qui tu travailles n’ont pas les mêmes motivations personnelles. La négociation en interne consiste donc à prendre en compte cette diversité et trouver des solutions qui satisfont tous le monde.


Ecole

'un alumni :

x de Bezieux

SC 2015

Recommanderiez-vous une expérience dans la vente pour premiers stages ? Je dirais que ça dépend de ce que vous voulez faire derrière. Les stages de fin d’année et de PLE sont très importants, ils déterminent les premiers emplois et le plan de carrière. Commencer par un stage en vente et continuer par de la vente risque de vous enfermer dans une carrière de commercial. Il est plus prudent et facile de commencer par du Marketing puis de passer en vente que l’inverse.

« Le terrain nous apporte la sagesse. »

La négociation et la vente ça se passe aussi en entretien, comment le Career Center vous a-t-il aidé pour trouver un stage / emploi ? Le Career Center m’a aidé indirectement à bien me préparer aux entretiens en me rappelant les bases. Je n’ai pas fait trop les ateliers CV et simulations d’entretiens avec ces derniers mais j’étais attentif aux conseils. Et surtout j’ai obtenu mes premiers stages grâce au JobTeaser de l’école !

Quelques conseils pour bien réussir ses entretiens ? - Laisse tomber tout ce qui est bateau, dis clairement pourquoi tu es différent - Quelles sont les 3 infos que je veux que les recruteurs retiennent ? - Il faut de la passion, même si ce sont des passions qui ne concernent pas la mission (et ce conseil là est selon moi le plus important)

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Asso Ce mois-ci, on en sait plus sur ImpAct !

victoria gomez presidente d'impact - interview

Bonjour Victoria, peux-tu te présenter en quelques mots ? Je m’appelle Victoria Gomez et suis Francoespagnole ! Avant GEM, j’ai fait un an de fac de sociologie puis un DUT Tech de Co (#Toulouse). Ah et je suis la Dixième présidente d’Impact ! Un petit rappel sur ce que propose Impact aux étudiants de l’école ? Impact est avant tout un incubateur d’entrepreneuriat social. Actuellement nous gérons 9 projets fonctionnant comme des start-ups : cela va de Recyclart qui propose des ateliers aux étudiants pour qu’ils créent leurs propres meubles en palettes à Electrip, un rallye de voitures électriques dans la région Rhône-Alpes en passant par des audits d’entreprises, d’évènements, du micro-crédit ou encore de la sensibilisation. Plus précisément, voici les projets gérés par Impact : Recyclart et Electrip présentés ci-dessous. Ecofest : Le « Green label » d’Impact déjà implanté dans 6 autres ESC. TousTIC : Toute l’année Impact donne des cours d’informatique à des personnes âgées et à des personnes en réinsertion sociale. Sensi jeunes : Projet commun à SOS, les Sensi vont dans des écoles Grenobloises pour sensibiliser des enfants au gaspillage, au développement durable, au droit des enfants etc… Panier terroir : Impact s’associe à des producteurs locaux pour proposer aux gémiens des produits du terroir de haute qualité à petit prix ! Dynamique RSE : Toute l’année, la team audite des PME grenobloises sur des critères environnementaux, sociétaux et économiques et réalise le bilan carbone de l’école.

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Financ’ethic : Ce projet commun à BIG représente GEM lors de la levée de fonds solidaire « The Rise », travaille avec l’ADIE en accompagnant des entrepreneurs vers l’obtention d’un microcrédit et envoie sa team réaliser un stage de 3 mois en Inde pour accompagner des femmes micro entrepreneuses. Handicapermis : Impact travaille pour donner la possibilité à des personnes handicapées de passer leur permis pour plus facilement. Certains projets sont ouverts et à destination des Gémiens notamment Recyclart et Electrip. D’ailleurs le rallye se déroulera le week-end du 22 et 23 avril, préparez le shotgun !

« Une des plus grosses asso de Gem avec 80 membres » C’est quoi, être présidente d’Impact ? Être présidente d’Impact c’est avant tout présider l’une des plus grosses assos de GEM avec 80 membres mais aussi une des associations d’entrepreneuriat social les plus développées de toutes les ESC ! Être présidente d’Impact c’est surtout faire partie d’une équipe super motivée et les aider à encore plus se réaliser au sein de l’asso, qu’ils puissent mener à bien ce qu’ils ont envie de réaliser, l’idée étant que chacun travaille parce que ça lui plaît ! Sinon, plus précisément, être prez d’Impact c’est des réunions hebdomadaires avec le Bureau de l’asso pour traiter des priorités de la semaine et soutenir les projets qui ont besoin d’une attention particulière.


Asso En tant que Présidente j’ai aussi une casquette extérieure. C’est moi qui représente l’asso auprès des partenaires, de l’administration, lors des évènements extérieurs… Par exemple Impact travaille beaucoup avec Jaclyn Rosebrook, la responsable RSE de l’école et je la rencontre très régulièrement. Pourquoi voulais-tu devenir présidente justement ? Je voulais surtout que l’association ait plus d’impact dans l’école, d’où le travail avec Jaclyn qui va permettre l’implantation de tri des déchets dans GEM et le Sullitest obligatoire pour tous les 1A qui rentreront à l’école. On est même en train de voir pour installer des ruches sur le toit de l’école ! Bon j’avoue, je voulais aussi assurer un gros recrutement pour passer de bons MACT (mardi impact), mission réussie ! Globalement je suis très satisfaite de notre travail cette année qui montre bien qu’Impact est une association d’entrepreneurs sociaux !

Comment vois-tu Impact dans 5 ans ? Impact aura moins de projets car certains seront (dans l’idéal) sortis de l’école et devenus des startups à part entière. Le but d’Impact à très long terme ? Ne plus exister quand toutes les autres assos et tous les étudiants auront inscrits dans leurs process et leurs manières de faire tout ce que nous défendons.

« Certains projets seront des start-up à part entière » Un dernier mot ? C’est pas parce qu’on est la plus petite de la promo qu’on peut pas devenir présidente !

Nathan Hardy

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Asso Sexe et politique, l’envers du décor

Vous vous souvenez tous de DSK sortant du commissariat d’Harlem, menotté et entouré par la police New-Yorkaise ? Des pérégrinations de ce même Dominique au Carlton de Lille ? Gem en débat vous embarque pour vous faire un tour d’horizon de ce que cachent les relations de nos plus grands dirigeants.

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evenons très loin en arrière. Imaginez un seul instant Louis XIV en train de fricoter dans un buisson. Cette vision peut vous paraître des plus loufoques et remet totalement en question le prestige que vous accordiez au Roi Soleil. Versailles, les dorures, le palais. Non, il s’agit d’un buisson. Sachez qu’il ne fut pas avare de cette pratique et que son amour pour les femmes fut démesuré. Parmi elles, les sœurs Olympe et Marie Mancini ou bien ses deux conjointes Marie-Thérèse d’Autriche et Françoise d’Aubigné. Après avoir dépeint ce portrait pour le moins désavantageux de Louis XIV, il s’agit de se demander comment interagissent sexe et pouvoir. Oscar Wilde disait : « Everything in the world is about sex, except sex. Sex is about power.» Il s’avère souvent vrai que libido élevée et conquête du pouvoir soient liées. Henri Kissinger affirmant même que « le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême ». En fait, la sexualité débordante des plus grands hommes politiques n’est que l’expression de leur pouvoir démesuré. John Fitzgerald Kennedy, l’un des plus grands président des Etats-Unis, avait par exemple une sexualité débordante. Plus proche de nous, Silvio Berlusconi multipliait les soirées « Bunga Bunga » dans ses villas. Il s’avère que le sexe devient une drogue pour ces hommes qui n’ont souvent pas les épaules assez larges pour supporter toute la pression qui leur incombe. Sexe et femmes deviennent un refuge rassurant et facile d’accès. En Chine, les empereurs puisaient leur longévité et leur vigueur dans leur activité sexuelle. Mao Zedong organisait par exemple le recrutement de ses courtisanes, âgées de 18 à 22 ans et vierges, à travers toute la Chine. De son côté, son médecin personnel lui prescrivait des injections de poudre de bois de cerf puis de la vitamine H3 nommée Novocaîne tout droit sortie de Rouma-

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nie, des aphrodisiaques très puissants. Ce cocktail détonant lui permettant de rester vif malgré son âge. La plus belle anecdote est sûrement à mettre

« De son côté, son médecin personnel lui prescrivait des injections de poudre de bois de cerf puis de la vitamine H3 nommée Novocaîne [...] des aphrodisiaques très puissants. » au crédit de Felix Faure, président sous la III République. Le président accueille comme d’habitude sa maîtresse Marguerite Steinheil dans le salon Bleu de l’Elysée après le conseil des ministres. Celleci connaît son penchant pour les fellations. Quelques minutes plus tard, son chef de cabinet découvre le président suffoquant, les cheveux de Marguerite Steinheil coincés dans son pantalon. Il est déclaré mort d’une congestion cérébrale provoquée par une forte émotion quelques heures plus tard. Plus trivialement, mort d’un AVC après s’être fait sucer. Mais qu’en est-il des femmes au pouvoir ? Malheureusement, elles sont le plus souvent victimes d’hommes toujours à même de faire une mauvaise blague ou plus certaines fois. L’accusation de Denis Baupain pour harcèlement sexuel de la part de différentes élues en témoigne. ●

L’équipe de GED


Asso Yes we can, Yes we win ! Et si ces petites phases répétées sans cesse par les candidats aux élections et écrites sur les pupitres lors de chaque meeting avaient plus d’impact qu’on le pense ?

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ar son slogan, un candidat cherche à faire passer un message et à résumer l’esprit de sa campagne : pensez à notre bon président François, « le changement c’est maintenant » n’a pas été choisi par hasard, il a voulu jouer sur la volonté de changement des français après la présidence Sarkozy. Bon il faut avouer que son régime a peutêtre un peu aidé. Aujourd’hui, un candidat est comme un produit, il faut réussir à le vendre et cela passe par d’abord par le slogan. Ainsi les candidats font appel à des agences de communication.

De plus, les français veulent du changement. En 1981, le premier président socialiste de la Ve République est élu avec « Changer la vie » et ce n’est pas un hasard si en 2012, François Hollande est élu avec « Le Changement c’est maintenant ». De même le slogan « Make America Great Again » de notre cher ami Donald rappelle celui de Reagan « America is Back ». A l’inverse, il peut être amusant de remarquer que Sarkozy qui avait choisi « une France forte » a connu en 2012 le même destin que Giscard en 1981 avec « il faut une France forte ».

Le marketing politique débute en 1952 avec la campagne victorieuse de Eisenhower et l’agence DDBO qui lance le slogan « I like Ike ». En France, en 1965 Jean Lecanuet passe de 4% d’intentions de vote à 15,6% grâce à Michel Bongrand qui invente le slogan « un homme neuf, une France en marche » et qui sera appelé quelques années plus tard par les gaullistes.

Cependant les candidats des extrêmes misent davantage sur l’opposition, le conflit que sur l’union des français par exemple « nos vies valent plus que leurs profits » (Besancenot, 2007) ou « prenez le pouvoir » (Mélenchon 2012).

« Yes we can »

Les slogans sont là pour fédérer, rassembler, aussi depuis 1965, ils contiennent souvent la « France » et même parfois deux fois comme « Pompidou, avec la France pour les Français » (1969) ou « la France en grand, la France ensemble » (Chirac, 2002). La présidence concerne tout le monde, on a donc « la France unie » (Mitterrand 1988), « la France pour tous » (Chirac, 1995), « ensemble tout devient possible » (Sarkozy 2007).

Mais le roi en la matière reste le tout juste retraité Barack Obama et son fameux « Yes we can » de 2008 qui a suscité un immense espoir pour une grande partie de la population américaine. Les électeurs se sentent concernés par ce « we ». Le but de ce slogan était d’offrir un contraste fort avec l’atmosphère pesante du 2ème mandat de Bush fils sous-entendu «yes we can do BETTER ». Pour Daniel Lindenberg ce slogan génial : « en lui-même l’essence du projet moderne tel qu’il s’est déployé de la Renaissance aux révolutions démocratiques ». D’ailleurs sa campagne a souvent été qualifiée de « meilleure campagne jamais réalisée». Aujourd’hui, la communication est partout en politique et le Big Data est venue s’immiscer pour mieux cibler de potentiels votants parfois au détriment du jeu politique … ●

Adrien Tallent

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Asso

Gardons nos pistes blanches

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uand il s’agit de ski, la plupart des amateurs préfèrent les couleurs noire et rouge. Les débutants, quant à eux, peuvent s’essayer au bleu. Toutefois, la couleur de la pente que nous devrions tous rechercher est le blanc. Malheureusement, si nous ne commençons pas à changer notre comportement sur les pistes et dans les stations de ski, finalement nous ne serons plus les bienvenus. Le ski peut apparaître comme une façon inoffensive et amusante de passer le week-end, mais de plus en plus, les gens endommagent les pistes par leur attitude. Des comportements apparemment inoffensifs, tels que de jeter des mégots par terre ou d’abandonner des déchets dans la neige, endommagent gravement les domaines skiables.

Par exemple, la station de ski Val Thorens a rapporté que jusqu’à 30 000 mégots sont retrouvés en dessous des télésièges. Des conteneurs de poche conçus pour contenir les mégots de cigarette se vendent à un prix réduit afin d’aider à éviter cette pollution. Parmi beaucoup d’autres, l’association ‘Mountain Riders’ gère un projet qui s’appelle Flocon Vert et qui a pour but d’encourager des pratiques écologiques dans les stations de ski, comme les économies d’eau et d’énergie. Elle supervise également des opérations pour se déplacer vers et depuis les pistes (par exemple, le covoiturage).

« La couleur de la pente que nous devrions tous rechercher est le blanc »

Altigliss a abordé la question du développement durable à la montagne. A ce sujet, l’association de GEM cite quatre conseils, qui sont : 1) Recycle, recycle, recycle 2) Ne jette pas tes paquets et mégots de cigarette par terre 3) Surveille le chauffage dans ton appartement 4) Ne prends pas ta voiture mais préfère la marche à pied Cela ne demande pas beaucoup d’efforts de notre part, mais cela nous permettra de profiter plus et plus longtemps des belles pistes de ski. Alors, éclatez-vous sur les pistes, mais essayez de ne pas les abîmer pour votre prochain séjour et pour les prochains skieurs !

Luke McFeeney

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Asso

La photo de planètes

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Société Ce mois-ci, on vous raconte la guerre de l’invisible

LES CYBERGUERRES: NOUVEAUX TERRAINS D’AFFRONTEMENT Plongée dans le cyberespace, au cœur des nouveaux enjeux de souveraineté pour les états.

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yberespace, cyberattaques, cyberguerres… Vous êtes quelque peu perdu face à ces termes barbares ? Pas d’inquiétude, nous sommes là pour expliquer au mieux ! La montée en puissance des attaques sur le Net fait émerger de nouvelles menaces pour les Etats, qui cherchent à la fois à se protéger et à avoir les moyens de riposter. Les accusations d’ingérence russe au sein du processus électoral américain montrent plus que jamais le caractère stratégique de ces nouvelles formes d’intimidation entre les Etats et une nébuleuse d’acteurs. Avant d’en venir aux conflits en eux-mêmes, un peu de pédagogie s’impose. Pour parler de cyberguerres, il faut déjà s’imaginer dans quel cadre celles-ci se développent. Ce cadre, c’est le cyberespace, que Pierre Lévy, spécialiste des questions relatives à Internet et au virtuel, définit de la sorte : l’univers des réseaux numériques comme lieu de rencontres et d’aventures, enjeu de conflits mondiaux, nouvelle frontière économique et culturelle. Depuis la fin des années 1990, les cas d’infection des réseaux numériques augmentent à un rythme croissant. Au-delà des virus et autres logiciels espions visant des particuliers, des formes plus inquiétantes apparaissent peu à peu et deviennent un véritable cheval de bataille (ou de Troie… C’était trop tentant…) pour les institutions : ce sont les cyberguerres ou les cyberattaques. L’utilisation d’Internet pour mener une guerre dans le cyberespace n’est plus aujourd’hui l’apanage de quelques pirates de haut vol mais concerne des acteurs diversifiés, comme par exemple le conflit opposant Anonymous à Daesh. Avec cette dernière

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opposition, nous pourrions encore élargir le spectre en parlant de « cyberterrorisme », menace elle aussi, croissante, et qui pourrait à elle toute seule faire l’objet d’un article. Mais revenons aux cyberguerres, qui englobent la plupart des conflits se déroulant sur Internet à l’heure actuelle. Le propre de ce type de conflit est qu’il se déroule bien souvent en sous-mains, en tout cas, pas officiellement. Les protagonistes sont souvent les mêmes (Etats-Unis, Russie, Corée du Nord, Chine…) et cherchent avant tout à sécuriser les « registrars », les annuaires d’adresses dont dépend le bon fonctionnement d’Internet. Un arrêt de ces serveurs provoquerait en effet l’arrêt de bon nombre d’activités humaines…

« Les cyberguerres apparaissent comme l’un des principaux modes de conflits du XXIème siècle » Mais qui peut donc bien en vouloir aux « registrars » ? Les protagonistes sont nombreux et diversifiés, c’est bien ce qui rend la tâche immense. Les menaces peuvent venir de pays, d’organisations criminelles et même de groupes terroristes. L’actualité récente nous prouve le caractère stratégique de ce type de conflits, qui dépasse de plus en plus les attaques contre les grands serveurs.


Société A l’occasion du processus électoral aux Etats-Unis, les Russes ont été accusés par les Américains d’avoir influencé l’élection en piratant les e-mails du Comité national démocrate, dans le but de décrédibiliser et d’affaiblir Hilary Clinton. L’opération a sans doute contribué à la défaite de la démocrate…

spécialistes en sont réduits à traquer « manuellement » les auteurs des attaques, en remontant patiemment les liens utilisés, jusqu’aux ordinateurs primo-attaquants, ou en reconnaissant la signature de groupes de hackers. Dans tous les cas, aucun Etat ne semble véritablement aujourd’hui épargné.

Les Etats doivent donc s’adapter à ces nouvelles menaces et une nouvelle diplomatie spécialisée dans ce type de conflit voit le jour. Mais les règles du jeu sont cependant assez éloignées des conflits dits « conventionnels ». Comment réagir et contrattaquer quand l’adversaire en face possède une véritable capacité à se dissimuler et à brouiller les pistes ? Le droit à la légitime défense devient caduc et toute tentative de dissuasion est dès lors difficile à mettre en œuvre. A l’heure actuelle, les

Vous l’aurez compris, nous tenons là un des grands enjeux de demain. Le rythme des attaques s’accélère et celles-ci prennent désormais de plus en plus d’ampleur. Après l’attaque de hackers russes contre le site internet de TV5 Monde en 2015, les piratages des serveurs du Parlement allemand en 2016, les cyberattaques ont démontré leur capacité à s’immiscer dans le processus démocratique de l’Etat le plus puissant de la planète. Et si le XXIème siècle était celui des cyberguerres ?

Pierre Jacquemin

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Société

Amour gloi Parce que quand y en

C

e mois-ci, on s’intéresse à la Corée du Sud et aux histoires qui secouent le « pays des matins calmes ». Cette fois, c’est la présidente Park Geun-hye qui se retrouve sur la sellette à cause d’un scandale impliquant principalement Choi Soon-sil, sa conseillère, et plusieurs « chaebol », ces entreprises coréennes toutes-puissantes – dont Samsung fait partie. Pour faire court, la présidente, autrefois appréciée des citoyens sud-coréens, se retrouve aujourd’hui avec une côte de popularité à peu près aussi basse que celle de François Hollande et depuis le 29 octobre 2016, des manifestations – les plus importantes de l’histoire du pays – ont lieu afin d’exiger sa démission. Ce mouvement, la Révolution des bougies, a poussé le Parlement à adopter une motion de destitution, soutenue par 234 votes sur 300, contre Park Geun-hye, qui a promis de démissionner avant la fin de son mandat. La question est de savoir comment et pourquoi la situation a autant dégénéré. Remontons donc à décembre 2012, date de l’élection de Park Geun-hye à la présidence de la République sud-coréenne. Sacré évènement, puisque c’est la première femme à occuper ce poste – pour info, elle est aussi… la fille de l’ancien dictateur militaire Park Chung-hee, qui a dirigé le pays entre 1961 et 1979. Ouais, c’est tout de suite moins glam’. Blague à part, une fois à la tête de son pays, Park Geun-hye a réformé son parti ( le GPN : Grand parti national, parti conservateur), aujourd’hui appelé le parti Saenuri, et a tenté de mettre en place une « démocratie économique – grosso modo, plus de social, réforme des « chaebols » et économie de marché équitable– ainsi qu’une politique de rapprochement pacifiste avec la Corée du Nord. Ah, je vois déjà Kim Jong Un et sa sympathique coiffure gigoter sur le Gangnam Style…

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C’est aussi la présidente qui a eu l’idée de relancer l’économie du pays – vulnérable au ralentissement économique de la Chine notamment– grâce à un plan d’« économie créative », fondé sur la culture (Psy en fait partie !) et des mesures afin de créer de l’emploi et de l’innovation. Il faut croire que ça fonctionne : la Corée reste la quatrième économie d’Asie, et si la croissance prévue pour 2017 n’est « que » de 2,6%, c’est toujours mieux que chez nous.

« Cette fois, c’est la présidente Park-Geun-hye qui est se retrouve sur la sellette » Cependant tout n’est pas rose : certaines dérives autoritaires du gouvernement ainsi que les abus des « chaebols » sont souvent dénoncés. Ces conglomérats, de vraies dynasties qui ont un pouvoir effarant sur l’économie du pays (Samsung représente à elleseule environ 17% du PIB #dab), sont fréquemment impliquées dans des scandales divers qui touchent parfois les dirigeants du pays. Et je ne parle pas des étranges habitudes de la présidente et de son gouvernement : viagra et autres produits disons… « suspects » seraient commandés en masse par la Maison Bleue, amenant les Coréens à se poser des questions. Le naufrage du Sewol qui a coûté la vie à 300 lycéens en 2014 a également grandement contribué à fragiliser l’image de Park Geun-hye.


Société

ire et Corée a plus, y en a encore !

Cependant, ce qui a fait pencher la balance, c’est le « Choi gate », l’énorme scandale mentionné au début de cet article.

Présidente de la Corée du Sud : Park Geun-hye

Sa conseillère : Choi Soon-sil

Tout a commencé avec une enquête, menée sur deux fondations créées en 2015-2016 par la conseillère Choi Soon-sil, afin de promouvoir « la culture et le sport ». Problème : ces fondations ont été abondamment financées par les « chaebols » et une partie de ces fonds sont allés directement dans la poche de Mme Choi et ce, au nez et à la barbe de la présidente. A la suite de cette révélation, de nombreux autres scandales ont éclaté : Choi Soonsil aurait un grand pouvoir sur la présidente, au point d’avoir accès à des documents confidentiels – alors qu’elle ne bénéficie d’aucune position officielle dans le gouvernement – et nombreux sont les citoyens qui estiment que leur présidente est manipulée par « Raspoutine » qui, à l’instar de son père, revendique sa condition de chamane. Aujourd’hui, Choi Soon-sil et d’autres conseillers sont inculpés pour abus de pouvoir, trafic d’influence et corruption. Park-Geunhye, quant à elle, a renvoyé son Premier ministre mais s’est vue suspendre l’exercice de ses pouvoirs en attendant le verdict de son procès, qui devrait être rendu avant le 13 mars. Quoi qu’il en soit, ce scandale est suivi de près par les Etats-Unis et la Corée du Nord : sans Park Geun-hye, l’alliance US/Corée du Sud pourrait en effet être fragilisée, menaçant les programmes mis en place pour contenir la montée en puissance de la Corée du Nord. Mais en même temps, les Etats-Unis soutiennent, depuis la fin de la guerre de Corée, les églises protestantes et, par définition, les sectes qui en découlent et qui sont particulièrement puissante, dont l’ « Eglise de la vie éternelle » dirigée par le père de Mme Choi. En Corée du Nord, ce genre d’histoire sert bien sûr la propagande – « Regardez cette présidente, marionnette d’une chamane, en plus d’être celle des capitalistes ! » ●

Emmanuelle Flahaut

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Culture Ce mois-ci, on essaie de comprendre l’art !

PRAGUE 1968 Ou comment une photographie représente parfaitement un moment clé de l’Histoire… 1968. Le monde se divise entre le bloc de l’Ouest, mené par les Etats-Unis, et le bloc de l’Est, sous influence de l’URSS. Les pays d’Europe centrale et orientale sont alors majoritairement gouvernés par des partis communistes suivant les préceptes de Moscou. Pourtant, les contestations se font de plus en plus nombreuses au sein de ces démocraties qui n’en ont que le nom. Huit ans après l’insurrection réprimée de Budapest, c’est au tour de la Tchécoslovaquie de protester contre ce régime autoritaire. Peu après son entrée au gouvernement en janvier 1968, le Premier ministre Alexander Dubček annonce la fin du contrôle sur la presse et la décentralisation progressive de l’économie. Loin d’être de simples annonces, ces mesures sont en fait mises en place très rapidement. Bien qu’elles séduisent la population tchécoslovaque, vous vous en doutez bien, l’URSS est un chouïa moins enthousiaste concernant ces changements.

Mais alors, quel lien avec cette œuvre produite par le photographe tchèque Josef Koudelka ? Et bien, nous sommes le 21 août 1968. Il est 18h03. La ville photographiée est déserte, vidée de ses habitants. Une ville fantôme et figée dans le temps en apparence. Après tout, la montre pourrait étayer cette théorie d’écoulement du temps. Sauf que nous sommes à Prague. Dans quelques minutes, les troupes du Pacte de Varsovie (RDA, URSS, Pologne, Hongrie et Bulgarie -la Roumanie et l’Albanie ayant refusé de participer à l’opération) vont envahir la ville et mettre un terme à ce que l’on appelle communément le Printemps de Prague. En effet, de peur de voir le phénomène tchécoslovaque se propager à d’autres pays et de connaître une baisse de son influence sur les gouvernements en Europe de l’Est, l’URSS planifie l’invasion de Prague dès avril 1968. 6300 tanks et 400 000 soldats sont déployés dans la ville.

Résultat des courses : des centaines de blessés et, surtout, une suppression des acquis des derniers mois. Une déception de plus dans un pays qui vit sous régime autoritaire depuis 20 ans (le « coup de Prague » de 1948 avait imposé un régime communiste autoritaire). Pourtant, la résistance s’organise, de manière pacifique au départ. De nombreuses manifestations, à l’initiative des étudiants avant que les ouvriers ne les rejoignent, sont planifiées. Elles sont rapidement réprimées et le mouvement s’essouffle en janvier 1969, peu après que l’étudiant Jan Palach se soit immolé le 16 janvier 1969. La « normalisation » telle que décrite par l’URSS se poursuit alors à vitesse grand V. Le contrôle de la presse est rétabli.

« Avouons-le, en regardant cette photographie, on s’attend tous au fond de nous à ce que l’aiguille passe à la minute suivante et à ce que quelque chose subvienne dans ce paysage immobile»

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culture

Mais revenons à notre photographie. Si à première vue, nous pouvions rester perplexes face à celle-ci, elle prend tout son sens une fois ces éléments historiques éclaircis. La ville n’est pas abandonnée, elle retient seulement son souffle. C’est l’attente d’un événement terrible, dont on sait pertinemment qu’il va arriver, mais dont le moment précis demeure incertain. Il est imminent, c’est la seule certitude ! Le photographe n’aborde pas forcément non plus l’écoulement du temps. Il s’agit en fait de photographier un événement majeur de l’Histoire de la Tchécoslovaquie de manière originale. Loin de se contenter de l’aspect artistique de la photographie, Josef Koudelka y ajoute une dimension informative. Durant toute sa carrière, il réalise de nombreux reportages (le plus célèbre ayant pour sujet les Tziganes). C’est par cette approche que nous pouvons voir cette photographie. Il aurait très bien pu photographier l’entrée des chars ou encore la prise du château de Prague, alors occupé par le gouvernement tchécoslovaque, par les forces du Pacte de Varsovie. Or plutôt que de montrer la violence d’une invasion, il montre l’angoisse qu’elle implique. Avouons-le, en regardant cette photographie, on s’attend tous au fond de nous à ce que l’aiguille passe à la minute suivante et à ce que quelque chose subvienne dans ce paysage immobile. A la dénonciation directe de cette invasion, Koudelka préfère la suggestion de ce qu’elle induit, à savoir l’angoisse des habitants et l’incertitude. Une manière différente en soi de percevoir et de rendre compte de cet événement historique.

Maela Vincent

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Culture

La minute cul(ture) : le petit pont Pourquoi ?!

L

a position du petit pont n’est pas une technique de football, c’est une position sexuelle à 5 étoiles de difficulté. Pourtant, alors qu’il semble impossible de dire qui l’a inventée, certains soupçonnent Pelé, d’autres Maradona. Une autre légende raconte qu’après avoir adopté la position du pont, Zizou aurait demandé à sa femme de le traverser dans la longueur, pour finir par l’intercepter avec son Zizi à mi-chemin. Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’une position qui force à se demander ce qui s’est passé dans la tête des gens qui l’ont inventée, et qui reste, pour le moins, improbable.

COMMENT ?

La meilleure façon pour expliquer par les mots comment mettre cette horreur en pratique est probablement la suivante : Monsieur, adoptez la position du pont. Madame, jouez à saute-mouton, mais sans sauter pour l’instant, contentez-vous de marcher, en partant de la tête, en allant vers le sud, les pieds. Monsieur, dès que Madame sera à mi-chemin, interceptez-la avec votre chibre. La femme est ensuite censée faire des mouvements du bassin, attention cependant, car si l’homme est trop grand et/ou la femme trop petite, elle risque de ne pas avoir pied, ce qui est handicapant, et aussi très ridicule,

puisqu’il n’y aura aucun mouvement, juste deux personnes se remettant en question dans un bain d’immobilité, de silence et de malaise.

POURQUOI ?

La grande question que se posent tous les couples après (si seulement ils y avaient réfléchi avant…) avoir essayé en vain de mettre cette position en pratique. Après un échec cuisant et une minute de honte silencieuse, les deux parties cherchent des réponses : certains, peut-être, essaient-ils de remettre du piment dans une relation qui s’essouffle ? D’autres encore se rassurent mutuellement en se disant qu’ils seront plus proches après cette expérience, comme la fois où tu coulais un bronze et que je suis rentré dans les toilettes par erreur, tu te souviens chérie ? Si l’on prend en compte le champ de vision des deux intéressés, l’homme fait face au mur derrière lui, et la femme, au mur en face d’elle. On a pas d’eyecontact, donc pas d’intimité, ce qui multiplie par dix le niveau de malaise provoqué par cette position. Malgré des efforts volontaires pour comprendre, aucune réponse ne les satisfait. Rien, Ô rien, ne sait justifier qu’ils aient essayé de faire le petit pont.

AVANTAGES • Vous l’aurez fait. (Enfin, vous aurez essayé.) INCONVÉNIENTS • Il faut un ratio précis de la taille de la femme divisée par celle de l’homme, et multipliée par le carré de l’organe de ce dernier, ce n’est donc pas pour tout le monde. • Aucun contact visuel, donc même ça, ça passe à la trappe. • Désagréable • Douloureux • Bizarre

Joshua Mattei

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culture

Bordels, et si on les rouvrait ? Traditions et féminisme ressuscités en un endroit emblématique.

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aisons closes, maisons de passe, de joie, de plaisir ou de tolérance, lupanars, autant de termes pour désigner des lieux plus ou moins officiels ou légaux où sont regroupées de jeunes et séduisantes personnes, dénommées par un vocabulaire incroyablement fourni, pratiquant la prostitution.

Le plus vieux métier du monde a son usine ou son temple, selon la manière de voir les choses. Partout à travers le monde et à travers le temps, on trouve des bordels. Certains sont de simples chambres louées à des prostituées, d’autres sont de véritables complexes dédiés au plaisir. La palme revient une fois encore au fameux « rationalisme allemand » pour avoir construit les plus imposants bordels, les « Eros-center ». Petit point juridique : depuis 1946, en France la loi « Marthe Richard » ferme les maisons closes, tôlé général chez les usagers et chez certaines prostituées. Mais qui est donc Marthe Richard qui se permet tout ? Une Anglaise ! La perfide Albion a encore frappé ! (On notera tout de même que la dame a été aviatrice puis espionne et enfin résistante pour la France). Nos chers confrères européens sont moins pudiques, il suffit d’évoquer le quartier rouge d’Amsterdam pour s’en rendre compte, les Belges, les Allemands, les Suisses emboîtent le pas. Seuls nos amis latins restent étonnamment frileux sur la question. Les lupanars à la française, c’est tout une époque. Ils voient leur âge d’or de la fin du XIXème jusqu’à 1946. Ce sont des lieux, où malgré quelques railleries, les prostituées sont traitées avec le plus grand des honneurs puisqu’on leur reconnaît une utilité sociale. Cette utilité, c’est d’être une soupape de sécurité à la gente masculine qui a tendance à devenir violente lorsqu’elle est trop longtemps loin des femmes. les lupanars plus connus deviennent des lieux « La palme revient une AdeParis, rencontre de la haute société, mêlant politiques, penseurs, le tout n’impliquant pas forcéfois encore au fameux artistes, ment de rapports sexuels puisqu’on y vient parfois ‘‘rationalisme allemand’’ accompagné de sa compagne. Ce sont des lieux qui n’ont rien à envier en clinquant aux grands cabarets. pour avoir construit les Ailleurs, il faut l’avouer, ils sont parfois glauques, les sont recrutées de manière crapuleuses et plus imposants bordels.» femmes parfois exploitées. Aujourd’hui, plutôt que de faire la chasse aux prostituées et aux clients, pourquoi ne pas réhabiliter ces lieux. Permettre l’hygiène et la sécurité des deux parties et permettre à notre Etat en faillite de récupérer d’importants revenus fiscaux…●

Charles Bazin

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Culture

Les origines et l’impact de la plus grande saga interstellaire du cinéma

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e rachat par Disney de Lucasfilm, maison mère des films Star Wars, n’a pas remis en cause le succès populaire de la saga intersidérale. Bien au contraire. Toutes les générations se sont ruées vers les salles à grand écran pour suivre les nouveaux opus, remettant ainsi au goût du jour 40 ans de science-fiction. Mais comment expliquer ce succès ? Qu’est-ce qui a permis à la saga de tenir aussi longtemps et d’imprégner pleinement la culture populaire ? Pour répondre à ces questions il faut étudier ce par quoi tout a commencé, à savoir l’épisode IV, « Un Nouvel Espoir », sorti en 1977. En dépit d’une histoire pas franchement révolutionnaire, c’est la mise en place de ce scénario qui a surpris. L’alchimie entre des plans subtils et des effets spéciaux révolutionnaires a remis sur le devant de la scène un genre cinématographique qui tombait en désuétude. Georges Lucas, le génial concepteur de

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l’univers, a su rendre crédible et passionnante une histoire de gentils et de méchants se battant dans l’espace. Dès l’ébauche du scénario il a vu grand, et a cherché le plus de moyens possibles pour réaliser son film. Après le refus de la plupart des maisons de production de faire le film, la 20th Century Fox a finalement accepté. Lucas a ensuite mis les grands moyens avec la création de deux entreprises qui révolutionneront le cinéma jusqu’à nos jours. La première, THX, s’est chargé de toute la partie sonore du film. Et à une époque où le numérique n’existait pas, les sons qui furent utilisés sont, à défaut d’être révolutionnaires, particulièrement bien pensés. Les ingénieurs du son travaillant sur le film sont allés jusqu’à enregistrer des sons de pingouins sur la banquise pour donner vie à certains des monstres du film. La seconde est la plus connue, car elle est toujours la référence mondiale en termes d’effets spéciaux, il s’agit d’Industrial Light & Magic (ILM).

un nouvel espoir

La menace phantôme

L’attaque des clones

L’empire contre-attaque

le retour du jedi

la revanche des siths


culture La magie de Star Wars est grandement due aux performances des gens qui y ont travaillé. Car lors de sa sortie en 1977, Star Wars était un surtout un film techniquement révolutionnaire. Utilisation de miroirs, superposition de plans, ébauches d’images de synthèse, la Trilogie Star Wars est un formidable défi technologique. Le livre « 365 jours » de John Knoll, superviseur des effets spéciaux, est absolument passionnant et révèle ainsi toutes les astuces imaginées pour réaliser les trois premiers opus (chronologiquement) de la saga, la Prélogie (I, II et III) étant elle le fer de lance du cinéma numérique et de l’image de synthèse. Le retour aux effets spéciaux plus authentiques et traditionnels pour l’épisode VII et le spin-off « Rogue One » a été particulièrement salué. Star Wars a donc été porté par l’imagination débordante de ces techniciens et ingénieurs qui a permis au film d’ouvrir les portes d’une nouvelle galaxie visuelle au cinéma. Pour comprendre l’impact qu’a eu Star Wars sur la culture populaire, il faut dépasser le seul cadre du succès ponctuel qu’ont rencontré les films lors de leurs sorties respectives. Star Wars, c’est d’abord une aventure intergénérationnelle, qui en est à son troisième recommencement. La première époque, c’est celle des débuts, de la Trilogie originale (IV : 1977, V : 1980, VI : 1983). Les films ont alors touché un public relativement jeune, mais c’est exactement ce qui, plus tard va donner à la saga toute sa splendeur. La deuxième époque, c’est celle

de la Prélogie (I : 1999, II : 2002, III : 2005). Les films ont ici muri avec leurs premiers fans et l’ambiance est plus sombre. Bien que moins appréciée par le public et souvent descendue par la critique, cette trilogie a vu revenir tous les fans de la première heure, mais a également séduit un nouveau public, jeune également.

« Star Wars, c’est d’abord une aventure intergénérationnelle » L’aboutissement du succès de Star Wars est arrivé avec le rachat par Disney et l’annonce d’une nouvelle trilogie. La sortie de l’épisode VII en 2015 a été un succès retentissant, tout comme le spin-off sorti cet hiver : « Rogue One ». Cette fois, c’est les fans des débuts qui ont pu emmener leurs enfants voir la mythique saga. Un cycle qui ne semble pas prêt de s’arrêter. Star Wars c’est un mythe, une odyssée fantastique où se croisent le plus grand des méchants du cinéma, la sage créature verte, les petits et les grands. Et à ce niveau, aucune autre saga ne peut prétendre rivaliser.

Antoine Boulet

rogue one

le dernier jedi

spin-off 3

le réveil de la force

spin-off 2

star wars 9

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Culture

Pour changer :

« Au théâtre, on joue ta vie, j’ai vu ton nom sur l’affiche/ L’histoire peut être riche vertige, de l’émotion/ Et qu’à la fin les gens se lèvent pour ta dernière ovation ».

A

près avoir vécu un moment particulièrement heureux ou intense, n’a-t-on jamais ressenti ce sentiment de nostalgie car il est fini, car il était éphémère ? L’éphémère, ce qui ne dure qu’un temps très court, est précieux, c’est aussi ce qui participe à la valeur et au génie du théâtre. Chaque représentation est unique tout comme chaque moment l’est. Pour le comédien, il n’y a qu’une seule chance, les risques sont nombreux car il ne faut pas se tromper mais il peut aussi improviser, et en cela, il semble plus authentique, plus à même de faire passer de réelles émotions. La proximité avec les acteurs qui sont de chair et d’os, nous les rendent également plus accessibles, on peut s’identifier plus facilement.

Activité phare des siècles précédents, le théâtre a pourtant perdu peu à peu du terrain face au cinéma et à sa démocratisation ainsi que face à la télé, aux séries et autres Netflix. Il devient même

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la sortie des privilégiés, abandonnée des jeunes. Pourtant, le théâtre est bien plus authentique et à même de nous faire ressentir des émotions. Voilà pourquoi il faut le remettre à l’honneur, plusieurs raisons :

Une expérience hors du temps : si votre vie est particulièrement ennuyante entre cours et routine, alors aller au théâtre tout comme aller au cinéma ou regarder une série, permet un temps d’y échapper. Ça peut même agir comme une catharsis (c’était d’ailleurs l’idée à l’époque des grecs) en nous empêchant de faire des choses irréfléchies seulement afin d’avoir quelques dramas dans notre vie. Le théâtre offre bien cette chance d’échapper au temps : on se retrouve facilement absorbé, plongé dans l’histoire et sans distractions possibles (oui, oui, on ne peut pas envoyer des messages ou checker Facebook dans la salle + c’est le moment de s’éloigner de toutes les technologies).


le théâtre

culture

e, faut pas que tu traînes, faut pas que tu triches/ Pour t’offrir de l’ivresse, du . L’originalité : afin de rivaliser avec les autres médias, le théâtre n’hésite pas à se réinventer et à innover en incluant les nouvelles technologies dans les représentations (comme le théâtre du Chatelet, grand adepte) mais surtout en faisant le pari de l’immersion, on parle de théâtre « immersif » ou de « promenade théâtre ». Outre les acteurs qui peuvent se rendre dans le public et interagir avec lui, il existe également des représentations où c’est le spectateur qui se promène dans les décors dans lesquels se trouvent des acteurs. Chaque spectateur peut alors vivre une expérience singulière et inédite (par exemple, Sleep no more, une réinterprétation de Macbeth par une compagnie londonienne à New York).

peu hype et surtout, elle vous fait directement passer pour un être cultivé, de quoi impressionner en somme. De plus, preuve majeure de cet engouement nécessaire pour la scène, le huitième épisode de la saga d’Harry Potter – Harry Potter et l’Enfant maudit, est mis en scène et rencontre un énorme succès !

A la mode : le théâtre c’est un peu comme le cinéma après tout : les thèmes abordés sont aussi divers que variés, les décors, le choix des acteurs, le scénario, les époques, les effets spéciaux… seulement, ça pèse un peu plus de dire « Je vais au théâtre ». Effectivement, cette phrase fait un

Les fights… : bah oui, au 18ème siècle, ils se tapaient dessus pour avoir les meilleures places ou si la pièce ne leur plaisait pas.

L’intemporel : en effet, il est possible de changer la mise en scène d’une pièce qui est souvent, à l’origine, un texte tandis qu’un film vieillot, de ceux avec des effets spéciaux archaïques resteront défraîchis malgré la qualité du scénario… Les classiques se réinventent par la représentation, et ça, c’est beau.

Bref, sois acteur de ta vie, décide d’être spectateur. ●

Albane Van Hille

« « Je vais au théâtre », cette phrase fait un peu hype et surtout, elle vous fait directement passer pour un être cultivé, de quoi impressionner en somme. »

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Culture

On a perdu la musique C’est pas Juli Juli

L

’espèce humaine est à la fois bénie et maudite par sa capacité à se contempler elle-même. C’est ce qui nous différencie le plus des autres espèces, cette capacité d’auto-évaluation. C’est grâce à cette capacité que la morale existe, et grâce à cette capacité qu’on peut progresser. Cependant il semblerait qu’aujourd’hui nous n’utilisions plus trop cette capacité à prendre du recul sur certaines choses. Je pense à notre production musicale, et surtout, à cette honte de Jul. Je vais aussi essayer honnêtement de lui trouver quelque chose. « Mais Jul c’est trop bien bâtard ! En résoi c’est l’enjaillade Jul ! » Non, Jul est une disgrâce aux oreilles de quiconque en possèdant. Jul est la honte de la France, et surtout la honte des parents des déchets qui adorent cette daube.

« Alors oui, je comprends, tu peux le mettre en soirée, mais pas plus d’une ou deux » Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu cette vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil, Sors le cross voler. Cherchez l’intrus. Et la faute qui est aussi SUR L’ALBUM, MAMMA MIA. Au passage, mes respects à Ronsard, et à son Ode à Cassandre, meilleur chineur d’antan.

Allez, on va lui donner une deuxième chance à notre Jul : Je sais par cœur toutes tes grâces Et pour me les faire oublier Il faudra que Saturne en fasse Des tours d’horloge, de sablier Et la petite pisseuse d’en face Peut bien aller se rhabiller… Te déshabille pas, j’vais t’violer.

Merci à Brassens pour Saturne, et cette leçon de classe. Jul, en revanche, fait tâche, comme toujours. On voit donc que ce n’est pas dans le texte qu’il faut chercher Jul.Où alors ? L’instru ? Oui, on se rend compte, effectivement, que l’instru de Jul est sympathique. Oui, elle est sympathique, comme une musique de jeu de Game Boy qu’on mettrait à fond sur des enceintes. Et c’est pas pour me moquer, en soi, ça sonne bien, c’est « dansant » pourrait-on dire. Alors oui, je comprends, tu peux le mettre en soirée, mais pas plus d’une ou deux, parce que ça devient du manque de respect pour ton pays et pour toute l’espèce humaine à la longue. Jul ne fait pas de l’art, il fait des bruits sympas avec des lyrics aussi nulles que ses pochettes d’album, qui sont juste à pleurer de rire. Donc, essaye de ne pas trop promouvoir ce genre de bouse, ouvre-toi à des trucs, non pas sympas, mais artistiques, y en a partout si tu sais chercher un peu … On a pleins de supers rappeurs français, surtout chez les anciens (Oxmo Puccino, Scred Connexion, MC Solaar), et en soi, comme il le dit si bien lui-même : « Je fais le fort mais j’suis faible. » - Jul -

Joshua Mattei

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culture

speed KINGS Tout le monde connaît sans forcément le savoir Deep Purple, si ce n’est que par le riff légendaire de Smoke on the water.

C

’est un morceau génial, personne ne dit le contraire, mais il serait réducteur de limiter Deep Purple à cela. Parce qu’avant d’être une machine à produire des mélodies entêtantes à la guitare, le groupe est avant tout un savant mélange de musiciens prodiges. Pour être plus précise, c’est surtout la rencontre de deux prodiges : Jon Lord à l’orgue Hammond et Ritchie Blackmore à la guitare. Si au cours de son existence le groupe a connu non moins de quatorze membres, c’est bien grâce à sa deuxième formation, « mark II », qu’il a atteint la reconnaissance du grand public. Au sein de celle-ci, l’excellent Gillan au chant ainsi que le bassiste Glover, rescapés d’Episode six, et les membres originaux du groupe : Ian Paice à la batterie, et les géniaux Jon Lord et Ritchie Blackmore.

qu’ils sont tellement incroyables qu’on rentre totalement dedans et qu’on arrête totalement de réfléchir. Honnêtement, si vous pouvez écouter une telle chanson tout en réussissant à ne pas être happé par la musique, vous n’avez sûrement ni cœur ni esprit. Globalement, à moins d’être mort de l’intérieur, impossible de ne pas ressentir une réponse viscérale à l’orgue Hammond de Jon Lord. Alors oui, Deep Purple ce n’est pas que Lord et Blackmore, mais le groupe n’aurait jamais autant expérimenté, et surtout n’aurait jamais atteint sa virtuosité sans ce duo. S’ils n’avaient pas grand-chose en commun mis à part le goût de la musique, c’est justement leur différence et leur complexité qui en ont fait un duo absolument incontournable de l’histoire du rock. Oscillant entre calme, violence, envolée lyrique et riffs tranchés, de la simple mélodie entêtante à leurs meilleurs solos, ces deux musiciens ont scellé le sort d’un des groupes les plus emblématiques de la seconde moitié du vingtième siècle.

« On sous-estime bien trop le pouvoir attractif du clavier, d’un bon vieux synthé et surtout, surtout de l’orgue »

Ritchie Blackmore était un cliché du génie incompris, opiniâtre et tyrannique. Il n’hésitait pas à pousser un ampli, des guitares et des caisses de matériel sur le public si celui-ci ne lui convenait pas. Face à lui, ou plutôt sur le côté de la scène, un musicien à l’égo plus mesuré, le légendaire John Lord. Ensemble, ils ont créé des dizaines de morceaux incroyables, flirtant avec le blues, le hard rock, le tout début du metal, mais aussi la soul et le funk. Véritables visionnaires, ils ont révolutionné l’art de leurs instruments, au même titre que des Keith Emerson, Richard Wright, Jimmy Page ou Eric Clapton. Si le côté sexyness de la guitare n’a plus à être prouvé, on sous-estime bien trop le pouvoir attractif du clavier, d’un bon vieux synthé et surtout, surtout de l’orgue. Sans aller chercher bien loin, il suffit d’écouter Highway Star ou Burn, pour être transcendé par l’orgue de Lord. On se retrouve vite à court de mots après l’écoute de tels chefs d’œuvre, parce

Ritchie Blackmore

Jon Lord

Claire Maraval

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Culture

Mars, dieu de la guerre

Portrait de l’activité récréative favorite des humains

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out part d’un simple constat, la Terre, lieu de batifolage de nos congénères, est limitée. Les ressources sont finies, par conséquent leur accaparement est sujet à convoitises. Mais ce n’est pas tout, parce que l’homme est une petite créature vicieuse, il cherche parfois juste à démontrer sa supériorité : canonnades pour un cailloux en pleine mer, tapis de bombes pour accueillir les « droits de l’homme ».

La guerre, c’est sale. Les blessures s’accumulent, ruinent la beauté naturelle de nos corps pour la recouvrir de sang, d’ecchymoses et de plaies béantes. Les cris de rage ou de douleur. Le bruit sourd des combats lointains ou des coups s’enfonçant dans la chair. Le sifflement de l’air fendu par les gestes et les projectiles. La terre souillée de cendres, de décombres et de cadavres. L’air vicié par les fumées et l’odeur caractéristique de la décomposition.

La guerre est aussi fascination. Les hommes se battent pour ce qui leur tient à cœur, leur amour viscéral pour leurs dieux, pour leur patrie, pour leur famille. Des idées, des concepts, pour lesquels ils sont prêts à laisser leurs tripes à l’air, grignotées par les corbeaux. Dans un gigantesque carnage apocalyptique, chaque guerrier, chaque soldat, chaque milicien est prêt à faire son devoir, la peur au ventre certes, mais aussi avec une volonté de fer de suivre ses camarades dans une noble chevauchée victorieuse. Les cris deviennent chants, le claquement des bottes devient métronome, les explosions deviennent percussions. Tous, bercés par cette mélodie forment un corps uni pour un instant commun, une âme unique, une transcendance partagée. La guerre transforme aussi son temps. La phalange d’hoplites a donné la riche civilisation grecque. L’acier et le chevalier ont donné la noblesse du Moyen-âge. La poudre à canon a fait étincelé les Etats. La guerre totale a été l’apogée des nations. La guerre chirurgicale continue de faire progresser les sciences.

« Les merveilles bâties ou potentielles sont perdues à tout jamais. »

Les hommes, les peuples, les civilisations peuvent y disparaître. Les merveilles bâties ou potentielles sont perdues à tout jamais. Les âmes des survivants restent alourdies du deuil des morts. Les paysages portent les balafres des plus ardents conflits, murailles, tranchées, plaines hérissées de petites croix comme autant de squelettes parcourant le sol.

Si elle a toujours été là, la guerre, son esthétique particulière, ne nous quittera jamais. A nous de la magnifier à défaut de l’esquiver. ●

Charles Bazin

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culture

le joueur d'echecs, stefan zweig

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près avoir récemment lu Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, j’ai eu envie de relire Le joueur d’échecs de Stefan Zweig. S’agissant de sa dernière œuvre avant qu’il ne se donne la mort en 1942, le récit ne déborde pas d’optimisme. Ce dernier décrit la rencontre fortuite entre deux génies du jeu d’échecs. D’un côté, Czentovic, champion du monde arrogant et ignare, dont le monde se réduit à 64 cases. De l’autre se trouve Monsieur B., illustre inconnu. On apprend alors que ses facultés incroyables pour le jeu résident dans son passé de captif de la Gestapo. Plusieurs mois durant, enfermé dans une chambre vide et privé de stimulation externe, il n’eut pour autre divertissement et échappatoire qu’un livre de parties d’échecs dans lequel il se perdit et sa raison avec lui. L’opposition entre les deux personnages, en apparence seulement rapprochés par leur monomanie des échecs, dévoile une critique à peine dissimulée de la montée du nazisme et du délitement de la culture européenne. Czentovic symbolise la marche mécanique du monde, froide et implacable, et l’homme d’esprit qu’est Monsieur B. est bien impuissant face à ce monde hostile.

Loin de se résumer à cette symbolique binaire (d’un côté les blancs, de l’autre les noirs), le livre est surtout intéressant pour son exploration de la psychologie humaine. S’appuyant sur des concepts freudiens et pascaliens, il aborde les thématiques de la folie, de l’aliénation par la dépendance, ainsi que la torture causée par le néant intellectuel, seulement palliée par l’autostimulation psychique dont fait preuve Monsieur B.. Le récit dans le récit fait par ce dernier est remarquable par la justesse de son analyse, et l’on se rend compte qu’il est le « joueur d’échecs » en question, le seul à cristalliser l’ambivalence de ce jeu royal. A la fois chronique de l’échec d’une civilisation, analyse des affects humains, ode au jeu d’échecs, cette longue nouvelle (ou petit roman) s’avère être d’une richesse et d’une complexité étonnantes. Superbement construite, la prose de Stefan Zweig saisit par sa finesse et son intelligence. D’une centaine de pages, elle ne saurait vous rebuter par sa longueur. Pas même besoin de maîtriser l’art du jeu d’échecs : il suffit de se laisser porter par le miracle de la narration et d’être sensible à la belle Littérature.

Warren Bonnard

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Libre Ce mois-ci, on s’envoit en l’air !

Le cosmos, nous Une toute nouvelle adresse cosmique !

A

u XVIème siècle, Copernic proposait au monde un nouveau mode de pensée, en proposant un nouveau modèle de l’univers : l’héliocentrisme. Modèle appuyé ensuite par les observations de Galilée, et peaufiné par le travail de Johannes Kepler, qui précisait l’adresse cosmique de la Terre au sein d’un système solaire qui se dévoilait de plus en plus. Cette transition marque un tournant majeur dans l’histoire de la psyché de notre civilisation. L’univers existait uniquement pour nous, humains, et nous nous blottissions en son sein, rassurés et enhardis par notre place d’honneur dans ce dernier. Premier pas vers une véritable révolution scientifique, durant laquelle la science pouvait enfin s’émanciper du carcan de la religion, cette découverte majeure nous obligeait finalement à regarder la réalité en face : nous n’étions plus le centre de l’univers. La Terre tourne autour du Soleil. Pas le contraire. Comme un enfant qui se rend compte qu’il n’est pas seul, qu’il n’est pas si spécial que cela après tout, l’humanité fut poussée malgré elle dans l’adolescence. L’adresse cosmique de la Terre se précisa ensuite jusqu’en 1980. A ce stade, et ce jusqu’à septembre 2014, voilà où nous en étions : La Terre. Le système solaire, composé d’une étoile principale, le Soleil, autour duquel gravitent 8 planètes, dont notre Terre (et peut-être même une neuvième planète, la « Planète 9 », dont l’existence reste encore à prouver). A noter : pour atteindre le Soleil depuis la Terre, la lumière met 8 minutes. La vitesse de la lumière étant de 300 000 km/s… La Voie lactée, notre Galaxie, un disque de 100 000 années-lumière de diamètre, composé

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d’environ 100 à 300 milliards d’étoiles, dont notre soleil. Entre deux galaxies, du vide. Notre galaxie voisine : Andromède. Le Groupe local de galaxies, ou Groupe local, groupe de plus de 60 galaxies auquel appartiennent la Voie lactée et sa voisine, Andromède. L’amas de la Vierge, qui est un amas de 1000 galaxies et qui contient notamment le groupe local. On en était là, jusqu’à récemment. Laniakea. En septembre 2014, la revue Nature fait part d’une découverte toute récente : l’amas de la Vierge est contenu dans ce que les experts ont décidé d’appeler Laniakea, « Paradis incommensurable » ou « Horizon céleste immense » en hawaïen. Mais Laniakea, c’est quoi ? C’est un supercontinent de galaxies qui en contient plus de 100 000. Difficile de se figurer une telle immensité...Souvenez-vous, la lumière met 8 minutes pour aller de la Terre au soleil. Elle met 500 millions d’années-lumière pour aller d’un bout à l’autre de ce superamas (ce qui correspond donc à son diamètre). Petit jeu… Voulez-vous essayer de vous figurer la taille de Laniakea par rapport à celle de la Terre ? Eh bien, si on réduisait la taille de la Terre à celle d’un atome, Laniakea ferait la taille de la Terre. Et Laniakea, c’est 0.5% de l’univers observable (estimé à 1%) aujourd’hui…


Libre

« On a une nouvelle adresse cosmique, et cette dernière nous rappelle à nouveau notre importance : très, très relative » Le Grand Attracteur. La découverte ne s’arrête pas là. En effet, Laniakea, comme la Terre à une échelle infiniment moindre, est attirée par une sorte de « Soleil ». Sauf que, cet attracteur n’a rien d’un soleil. On l’appelle le Grand Attracteur. Ce n’est pas un objet sphérique et mystérieux fait uniquement de matière noire. Cette sorte de gigantesque trou noir contient, en fait, au moins 13 amas (chaque amas étant riche de 1000 galaxies). Mais surtout, il s’agit d’une sorte de vallon plat très long, c’est plus une « vallée gravitationnelle » … Bref. La Terre est un point dans la galaxie. La galaxie fait partie du groupe local, qui est un point dans l’amas de la Vierge. L’amas de la Vierge est un point sur un des bras de Laniakea, qui n’est autre qu’un point

dans l’univers. On a une nouvelle adresse cosmique, et cette dernière nous rappelle à nouveau notre importance : très, très relative. La fragilité de la Terre est, par là-même, rendue évidente. Elle est précieuse, rien de plus qu’un tout petit pixel dans l’univers, et rien ne laisse à penser que quelque chose, ou quelqu’un, viendra nous sauver de nous-mêmes. Il est de notre responsabilité d’embrasser, sans s’emporter, sans en faire un drapeau ou une religion, un discours qui ferait lever nombre d’yeux au ciel, et qui nous implore d’arrêter de tout détruire, de nous entre-tuer, de nous haïr, ou même de nous prendre trop au sérieux, et ce à toutes les échelles, individuelle et internationale. Il est de notre responsabilité de protéger et chérir le petit point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue.

Joshua Mattei

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Libre

TINDER, C’EST SI “MEETIC” QUE ÇA ? Comment ça, t’es pas sûr ?

L

’année dernière, je prenais tranquillement le métro à Lyon, une fiche de formules mathématiques dans la main et la tête dans le pâté, quand soudain, j’ai vu un truc qui m’a sorti de mon demi-coma. Devant mes petits yeux ensommeillés, sur une grande affiche aux tons violets – couleur de la spiritualité et du mystère lol – étaient écrits ces quelques mots « Gleeden.com, le premier site de rencontre dédié aux personnes mariées. » Je dois dire que j’ai été légèrement choquée par leur audace, mais je rigole encore dès que je repense à l’une de leur nombreuses punchlines: « contrairement à l’antidépresseur, l’amant ne coûte rien à la sécu ». C’est plutôt vendeur je trouve. Bon, depuis, Gleeden a été traîné en justice par des gens qui ont estimé que cette joyeuse célébration de l’adultère était un « commerce illicite et antisocial ». Mais ce n’est pas ça qui nous intéresse aujourd’hui ! Si j’ai mentionné Gleeden c’est pour en arriver aux sites et applis de rencontre. Ça va paraître un peu naïf de ma part mais honnêtement, avant d’arriver à GEM, je n’avais pas réalisé que s’inscrire sur une ou plusieurs applications de rencontre était devenu une pratique si commune. Qui l’eut cru ? La validation 2.0 est en marche mes amis.

« c’est bien trop beau pour être vrai, ma fille ! » Tinder, Happn, Fundi, AdopteUnMec, Once, Grindr, Reel Me… Il y en a vraiment pour tous les goûts si j’ose dire. Certaines de ces applis vous proposent même de vous présenter grâce à une petite vidéo de 10 secondes ; disons que ça réduit les risques de fake (et encore…). D’autre utilisent des moyens un peu moins… conventionnels : Adopte est une sorte de supermarché (c’est pas une blague, ces mesdames mettent les profils qui les intéressent dans leur petit panier virtuel pour ceux qui ne connaissent pas le process) et Fundi fonctionne sur un système d’enchères. Apparemment, vous déposez une enchère sur la personne qui vous intéresse pour, ensuite, pouvoir discuter avec elle pendant 24 heures. Mais, parce qu’il y a toujours un mais, ce ne sera possible que si vous avez déboursé la plus grosse somme (bah oui).

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Libre Bref, chaque appli, chaque site a un fonctionnement bien particulier. Ce qui est intéressant, c’est de savoir qu’aujourd’hui, on ne décompte pas moins de 2000 sites et applis de rencontre rien qu’en France. DEUX. MILLE. Les créateurs de ces nouveaux moyens de rencontre arrivent à surfer sur nos besoins de rencontre, d’intimité et d’amour et il paraît que plus de 300 000 rencontres physiques sont permises par les sites et applis par jour. D’ailleurs, le saviez-vous ? Plus d’un français sur cinq aurait déjà consulté ou utilisé une application de rencontre, et les 18-25 ans sont les plus représentés (28%) sur ces sites/applis. Pourquoi ? c’est aussi la question que je me pose. Timidité, manque de confiance en soi, envie d’une meilleure visibilité sur – pardonnez-moi l’expression – le « marché » ? On peut aussi questionner disons, la « finalité » recherchée : si certains préfèrent les rencontres rapides – j’essaye vraiment d’être politiquement correcte et c’est difficile, croyez-moi – d’autres cherchent ce qu’on appelle l’« âme sœur ». Si vous êtes dans ce dernier cas, je suis au regret de vous annoncer que moins de 9% des couples se sont rencontrés sur internet mais sait-on jamais : vous ferez peut-être partie de ces chanceux que tout le monde déteste. Dans tous les cas, soyez prudents avec les sites et applis de rencontre. Entre les gens creepy, les trolls et les fakes, il y a de quoi faire. Personne ne voudrait finir comme ces pauvres âmes de l’émission Catfish, pas vrai ? Désolée si je parais un peu vieux jeu et pessimiste, mais ma maman m’a bien appris à ne pas parler à des inconnus, surtout quand ils affichent leurs pecs sur des applis de rencontre : « c’est bien trop beau pour être vrai, ma fille ! » m’a-t’elle dit – et elle considère que c’est la même chose pour les filles, vive la parité (je tiens à préciser que tout ce paragraphe n’est pas à prendre au sérieux). Mais outre ce fait, je lisais la dernière fois un article à propos d’une certaine application « de rencontre » piégée, développée afin de piéger des rebelles syriens. La première étape était de créer de faux profils féminins sur Facebook et d’engager la conversation. Seconde étape : leur demander de télécharger une application pour « chater » plus facilement. Cette fameuse appli contenait en fait un cheval de Troie, qui permettait aux personnes d’espionner les rebelles. Comme quoi, cher gémiens, même les outils les plus innocents – ou pas – peuvent se transformer en armes 2.0 aujourd’hui !

Emmanuelle Flahaut

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Libre

Live to tell the Undertale Tutut, ne passe pas tout de suite à la minute cul(ture), j’ai un truc cool à te montrer !

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ites « jeux vidéos PC » et la plupart des gens penseront automatiquement à LOL, WOW, Overwatch, Minecraft et autres classiques. C’est réducteur, je sais. Il y a des pépites dont on ne parle jamais, je sais. Et d’ailleurs, en parlant de pépite… Undertale, ça vous dit un truc ? Non ? Stay determined, le GIW est là pour vous. Et pour ceux qui connaissent déjà, vous n’aurez qu’à me dire si cet article est à la hauteur de ce jeu génial. Undertale est donc un RPG (« jeu de rôle ») développé par Toby Fox en 2015 et disponible en téléchargement sur Steam (même pour Mac et Linux, wouhou !). Il est payant mais les 6 ou 7 euros qu’il vous coûtera en vaudront largement la peine, croyez-moi. Et bonus, le patch français est sorti, alors même si vous parlez mieux la langue de Jul que celle de Shakespeare, vous n’aurez pas trop de mal à comprendre ce qui se trame dans l’« Underground». Bref, un coup de carte de crédit, deux-trois clics, des écouteurs et vous voilà prêts à vous plonger dans un univers complètement décalé mais qui vous donnera, j’en suis sûre, des frissons et ce dans tous les sens du terme.

Certes, le début est légèrement poussif, et l’histoire peut vous paraître un peu puérile au premier abord– un enfant, tombé dans le monde des monstres, dont le but est de sortir de là mais le jeu est loin d’être gentillet et vous mettra face à des situations parfois perturbantes et où votre morale sera testée sans même que vous n’en n’ayez conscience. « Many years later… Mt. Ebott 201X. » Dites-moi… Seriez-vous prêts à sacrifier quelques personnes pour « le bien de tous » ? La recherche de votre bonheur ne provoquera-t-elle pas le malheur des autres ? N’oubliez pas que vous êtes responsable de vos actes : Undertale vous donne la possibilité de combattre, mais à vous de décider si vos ennemis – si ennemi il y a – sont dignes de votre pitié et de votre miséricorde. Dans tous les cas, souvenez-vous de ça : il y aura toujours quelqu’un pour se souvenir de vos actes… Toujours.

« In this world, it’s killed or be killed. »

« Long ago, two races ruled over Earth : HUMANS and MONSTERS. One day, war broke out between the two races. »

« Legends say that those who climb the mountain never return. » ●

Undertale c’est un design un peu old school, tout en pixels, des musiques épiques qui, pour certaines, rappellent les musiques 8-bit des bornes d’arcade, des personnages tour à tour émouvants, plein d’humour, flippants – oh innocente petite fleur… – complètement WTF, et surtout, un scénario et des répliques absolument mémorables. « After a long battle, the human were victorious. They sealed the monsters underground with a magic spell. »

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Emmanuelle Flahaut


Libre

Wesh Molière «AVOIR UNE HIRONDELLE DANS LE SOLIVEAU»

Expression. Être fou, non à lier, mais à éviter. On peut également noter les variantes : avoir une écrevisse dans la tourte ou encore, avoir une écrevisse dans le vol au vent. (Alfred Delveau, 1867).

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erme de menuiserie. « Solive » est la forme diminutive de « soliveau ». C’est une petite jointure, sorte de chevron à tête fraisée qui supporte les planches et fixe les rainures et les languettes entre elles. Pour bien comprendre ce qu’une hirondelle et un soliveau ont à voir ensemble, il faut revenir au livre III du premier recueil des Fables de La Fontaine, à la page 165 de l’édition Claude Barbin & Denys Thierry et à la fable : Les Grenouilles qui demandent un Roi. La Fontaine dépeint une assemblée de grenouilles qui, lassées de leur Etat démocratique se voient attribuées un nouveau dirigeant, plus doux. Seul problème, celui-ci était inerte et se laissait porter par les flots. Les grenouilles, lassées, réclamèrent alors un nouveau dirigeant beaucoup plus sévère. Ce nouveau dirigeant, lecteur, n’est pas une vraie personne mais un soliveau. Un bout de bois gorgé d’eau. Un soliveau est donc une personne sans énergie et sans autorité. On trouve comme variantes à « soliveau » : Flamby, Nounours, Bisounours, Bonne Poire, Gros Tas, Boloss, Boulet, Bouboule. Avoir une hirondelle dans le soliveau image le fait d’avoir une tête comme ce bout de bois creux dans

lequel même une hirondelle pourrait y faire son nid. Cette expression argotique du XVIIIème siècle reprend donc la forme « A est dans B ». Rencontre improbable entre un animal, un objet et un support sans lien avec celui-ci. « Le beau » selon le Comte de Lautréamont est la « rencontre fortuite sur une table de dissection entre un parapluie et une machine à coudre ». Il serait intéressant de chercher si un lien existe entre cette expression et l’existence de courants artistiques comme le surréalisme ou le mouvement dada. On trouvera comme expressions similaires : avoir une couille dans le potage, avoir une couille dans le piano, avoir une couille dans le pâté, avoir une araignée au plafond, avoir un dérangement de la coloquinte, avoir un grain, avoir un petit pois dans le ciboulot, avoir un pépin dans le citron, avoir une case de vide, être piqué de la tarentelle, être piqué des vers (pas), être piqué des hannetons (pas). On trouve ensuite les variantes à un signifiant : fou, loufoquerie, cinglé, cintré, cinoque, dingue, braque, maboul, tapé, frappé, jeté, timbré, siphonné, louf, loufoque, maniaque. Et enfin les variantes cycliques : avoir un petit vélo dans la tête, pédaler dans la semoule ou encore pédaler dans la choucroute.

Samuel Chicheportiche

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Libre

Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire

« Ne lisez pas ces lignes, cher lecteur, tout y et noir est triste. »

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es Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, ce sont 13 tomes « pour la jeunesse » - parus entre 1999 et 2006, qui font partie de ces séries littéraires avec lesquelles notre génération a grandi, au même titre qu’Harry Potter. Mais là où cette triskaidécalogie – ou suite de 13 livres – se différencie vraiment d’autres épopées merveilleuses ou fantastiques, c’est par son côté drolatique et résolument pessimiste couplé à un style d’écriture vraiment particulier : un auteur qui nous décourage de finir le bouquin, une page blanche, une autre répétant la même phrase, des chapitres se terminant en queue de poisson…Pour parachever le tout, les bouquins regorgent de références culturelles en tout genre.

les enfants ont un côté sadique et il faut forcément l’être un peu pour aimer Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire. Comme souvent à la fin d’une série de livres, beaucoup comme moi avaient eu une sensation de vide et d’amertume. Eh bien, pour toutes celles et ceux qui s’étaient séparés à regret de Violette, Klaus et Prunille, vous serez ravis d’apprendre que Netflix nous gâte en nous offrant une série télévisée adaptant à l’écran les malheurs de nos orphelins préférés, 11 ans tout juste après la sortie du dernier tome. Après n’avoir fait qu’une bouchée de la première saison, je vous délivre ici mon humble conclusion : C’est absolument génial !!

« Cette série nous replonge dès les premières minutes dans l’univers fascinant des orphelins Baudelaire »

Nous suivons les unes après les autres les catastrophes qui ne cessent de tomber sur les épaules menues des trois orphelins Baudelaire, poursuivis par le Comte Olaf, personnage machiavélique prêt à tout pour mettre la main sur leur fortune. Au fil des pages, le lecteur oscille perpétuellement entre désenchantement, éclat de rire et pitié, tout en se demandant quelles aventures toujours plus affreuses leur réserve Lemony Snicket, l’hétéronyme méta-fictif de l’écrivain américain Daniel Handler. Tous

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Tout y est, des personnages plus barrés les uns que les autres (avec entre autres un comte Olaf interprété par Neil Patrick Harris), des commentaires impromptus dispensés par un auteur devenu narrateur, des décors chamarrés rappelant un certain film de Wes Anderson, des situations impromptues et tragicomiques…Cette série nous replonge dès les premières minutes dans l’univers fascinant des orphelins Baudelaire, et après chaque épisode, on en redemande ! Bref, foncez, si vous avez aimé les bouquins vous adorerez la série.

Cyril Carponcin


Libre

Café : psychotrope du quotidien Comment ce liquide brun amer remplit nos vies.

I

l y a ceux, les cheveux ébouriffés et le pyjama froissé, qui se réveillent en se plongeant la tête dans un grand bol. Il y a ceux, en terrasse, une cigarette à la main et d’opaques lunettes de soleil, qui s’affichent en buvant un expresso décapant. Il y a ceux, cravates ou talons aiguilles, qui profitent au milieu de leur journée de travail d’une pause devant la machine. Ces scènes vous rappellent quelque chose ? C’est parfaitement normal, nous sommes tous drogués au café. Bonne maman, dealeuse de drogue ? Les premières cultures du caféier, cette plante sans laquelle le monde s’effondrerait, ont eu lieu au Yemen. Les Yéménites lui préfèrent désormais le Khat, de l’amphétamine labellisée bio en quelque sorte. Les Colombiens s’y sont mis aussi, en restants attachés à la coca, plante de laquelle on peut tirer de la cocaïne… ou du Coca-Cola. Elle pousse désormais partout où les conditions lui plaisent, globalement dans les pays proches de l’équateur, ainsi, les plantations étant au centre du monde, tout le monde peut se servir.

l’autre, sans se soucier de son statut social, même si parfois, les castes sont restaurées en séparant ces lieux. Alors, après d’habiles coups de touillettes, des premiers trempages de lèvres prudents, la discussion se libère, tonique, énergique, prolifique. Dans les villes et les villages, on trouvera de nombreux lieux qui reprennent le nom de la boisson. A l’odeur particulière du percolateur, au son des tasses claquants de tables en plateaux et à la vue des derniers fantômes de vapeur qui s’échappent du liquide encore mousseux, toute une société est née. Des couples se forment ou se séparent, des penseurs se disputent ou s’admirent, des projets se bâtissent et disparaissent, des complots se fomentent et échouent. Un petit kawa ?

« Nous sommes tous drogués au café » L’intérêt primordial du café est la caféine. Cette molécule atteint rapidement le cerveau pour produire ses effets. Augmentation de la concentration, accroissement de l’endurance, atténuation de la fatigue. La caféine nous tient éveillés lors de longues nuits de travail, elle nous empêche de somnoler au volant, elle clarifie notre pensée. Attention toutefois de ne pas en abuser, grosses colères, gros tremblements, grosses diarrhées. Salles de shoot ? Comme la plupart des substances neuro-actives, le café est social. Les lieux de distribution sont des lieux de rencontres où chacun peut discuter avec

Charles Bazin

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Libre

Royal au Bar, Les comic strips de Samuel et Cyril

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Le jeu du mois

Libre

Si tu t’ennuies encore tu peux toujours essayer de chercher une recette qui contient tous les ingrédiens cachés ici, bon courage !

Mars sera le mois de la cuisine. Pourquoi ? Parce que. Enjoy, foodies #Millé #PanierTerroir #RestoAssoToussa #Xpression

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Libre

L'HOROSCOPE

Mais oui, il e

Verseau

L’alignement des planètes – ainsi que la carte de fidélité à laquelle vous avez souscrit au nouveau Burger King du coin – laissent penser que vous vous êtes physiquement ramolli, Verseau. Votre corps d’ordinaire énorme et sec n’est plus que l’ombre de luimême. Les OJO approchent, mettez-vous à la diète que diable !

Capricorne Est-ce qu’il n’y a qu’en Franche-Comté que l’on pratique l’inceste ? Apparemment non Capricorne et tu sais très bien pourquoi. D’ailleurs, va m’exploser ce vieux bouton blanc sous ton nez là, c’est franchement dégueulasse. Tu t’étonnes que plus personne ne te regarde dans les yeux ! Allez casse toi ducon et achète de l’eau précieuse !

Poisson

Ami poisson, pour vous Mars est marqué par les aveux. Sentant qu’il y a anguille sous roche, votre entourage ne cesse de vous cuisiner sur votre dernière choppe d’OB - surtout le vendredi - et vous ne cessez de noyer le poisson. Inutile de tourner autour du bocal plus longtemps, avouez-leur que vous avez choppé un thon.

Lion Tu aimes les fibres Lion, c’est bien, c’est frais, c’est bio. Et bien non. Tu fais beaucoup trop de gaz et ton entourage n’en peut plus. Dès que tu rentres quelque part, c’est la catastrophe nucléaire, Mirza est de sortie. Alors si tu ne peux pas t’empêcher de lâcher une Louise quand t’es en MQAD, sache qu’on te surnommera : « le pétomane », « l’usine à gaz », « le flingueur » ou encore « puduc ».

Bélier

Vous avez pensé à devenir rédacteur chez VDM Bélier ? Car ce mois-ci vous donnera matière à des pastilles particulièrement cocasses. Vous voguerez de disputes de couple en humiliations diverses et variées, sans oublier une mauvaise cuite qui mettra à mal votre foie – déjà considéré comme grand blessé de guerre – et vous clouera au lit plusieurs jours. Les astres ne vous ont décidément pas gâté !

Scorpion Bah alors Scorpion, reste pas planté là comme un cèpe ! Remue toi un peu les miches bon sang ! Déjà que t’as rien foutu au premier semestre. Puisque je te l’dis !! Ne me regarde pas avec ta gueule de con en plus ! Sauf que cette fois ça va pas être la même. C’est moi qui te l’dis. Pas d’bol, le bâton de berger est planté dans l’Uranus. Le tantrisme est de sortie. Méfie toi des trous d’air. Allez, salut !

Cyril Carponcin &

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Libre

E DU GEMIEN

est de retour !

Taureau

Vous vous déroberez à peu près à toutes vos responsabilités d’assos, de liste et de travaux de groupe. Les bonnes résolutions que vous aviez prises pour l’année 2017 sont devenues les résolutions de l’année 2023. Flemmard invétéré, vous ressortez à qui veut l’entendre votre éternelle rengaine : « Pourquoi bâcler aujourd’hui ce que je peux bâcler encore plus demain ? »

Vierge Coucou Vierge, ça va ? Tu m’a pas l’air bien fraîche ce matin. Peutêtre la grosse galette d’hier soir sur le canapé ? C’était pas beau à voir hein ? Et tous ces petits morceaux de tofu partout… Dis moi comment t’a réussi à faire un truc aussi immonde avec de la bouffe VEGAN ? On aurait dit de la terre, de la bouse et du gravier. Ca sentait le poulailler mais c’était du céleri et des oignons. C’est prodigieux.

Samuel Chicheportiche

Gémeau

Cancer

Vous ferez les frais de la circulation ultra-rapide des potins en école de commerce, plus rapide même que la connexion wifi 3.0 de GEM. Suite à cela vous ressentirez le besoin de vous recentrer sur vous-même et prendrez du recul avec l’école. Attention toutefois à ne pas trop prendre de recul gémeau, ou vous finirez à l’ESC Pau !

Tout vous réussit Cancer ! Vous chopperez à foison et votre niveau de popularité atteindra ce mois-ci des niveaux stratosphériques. Par-dessus le marché, vous dégoterez sous peu le stage de vos rêves. Félicitations, il semble que vous ayez le Mojo! Un seul conseil : « Le mojo... Tu devines quand tu l’as. Tu sais très bien quand il s’en va. Alors quand tu l’as, profite ta race... Fils de putschiste ». – Cokeman, 2012.

Balance

Sagittaire

« Ma graisse ! Rendez-moi ma graisse ! Oh je vous en supplie ! J’ai besoin de ma graisse ! ». Arrête de chialer Balance et va faire ta césure dans un cirque ! Et si lorsqu’on te voit on crie encore : « Bonbonne », « Tonneau », « Veau » ou encore « Bouddha », ne supprime pas le pain, l’alcool, les féculents et les sauces. Mais assume, paie ta graisse et fais pas chier !

Quand tu seras vieux Sagittaire, tu ne te rappelleras sûrement plus de la petite Sophie en OB. Pourtant c’était bien parti. La galoche au vomi et tout. Mais non, tu l’oublieras Sagittaire, car tu es alektophile. « Fourrer la dinde » pour toi n’est pas seulement une pratique alimentaire mais surtout sexuelle. Oh attends ! Sophie est une dinde, une belle dinde en fait! Alors, oublie ce que j’ai dit, t’as toutes tes chances ! Allez champion, bonne Saint Valentin en retard !

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Ne pas jeter sur la voie publique.


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