WAS Magazine 03 / We Are Strasbourg

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We Are Strasbourg


JEUX D’EAU ET DE LUMIÈRES > du 8 juillet > à la fin août JUILLET : À 22H30 AOÛT : À 22H

PRESQU’ÎLE MALRAUX

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/ Photo : Geneviève Engel

SPECTACLE GRATUIT


u OURS

WAS Magazine DIRECTEUR DE PUBLICATION / RÉDACTEUR EN CHEF Mathieu Wolfersperger (mathieu@wasmagazine.eu) DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE Vincent Muller (vincent@wasmagazine.eu) CHEF DE PUBLICITÉ Céline Debes (celine@wasmagazine.eu) RÉDACTRICE EN CHEF MODE Marie-Catherine Brandstetter (marie.catherine@wasmagazine.eu) STYLISME Marie-Catherine Brandstetter / Bettina Brignano RELECTURE / CORRECTION L’Équipe WAS

Ours/

Les Contributeurs STAGIAIRES COMMUNICATION Valentin Thomas / Emmanuel Gentner STAGIAIRES RÉDACTION Katia Prokhorenko / Charlaine Grosse-Lopez GRAPHISME WAS / Sven Lallart / Yves Herrbrecht / Alban Secula RÉDACTEURS Candice Soler-Couteaux / Rachel Sturtzer / Timothy Dusseault Nicolas Parisot / Katia Prokhorenko / Aneline Mannella Laetitia Keller / Mathieu Wolfersperger Vivien Zell Marie-Catherine Brandstetter / Thomas Rahoual / Lucas Zanoni ­Thibault Dutt / Éric Genetet / Valentin Thomas PHOTOGRAPHES Michaël Lehmberg / Ignacio Haaser / Julien Haushalter Bartosch Salmanski « M4TIK » / Aneline Mannella / MnémoZyne Pix ILLUSTRATEURS Vanessa Ganzitti / Agathe Demois / Laura Riedinger Franck Rausch / INKTIE / Hélène Vincent MAQUILLAGE Pauline Hauck (Candice Mack) COIFFURE Xavier Thammavongsa (Extatic) MODÈLES Véra Bossiak-Christ (Zénith Models) / Matthieu Artzenhoffer Ouverture mode : Meggy Alexydze / Vincent Jenny Mise en beauté ouverture : Emeline Vogel (Candice Mack) DIFFUSION L’Équipe WAS / Les contributeurs CRÉDIT COUVERTURE Illustration par : Laura Riedinger (http://laurariedinger.tumblr.com) Ce bimestriel est édité par : Untamed’Press 10, Place Saint-Étienne - 67000 Strasbourg SARL au captital de 2 000 euros Ce bimestriel est imprimé par : Tezida Print 10, Rue Viskyar Plania - 1407 Sofia - Bulgarie Dépôt légal : Juin 2012 / Exemplaires : 9 000 SIRET : 533 89266700023 / ISSN : 2119-7520 info@wasmagazine.eu +33 (0)9 530 449 29 91B, Route des Romains - 67200 Strasbourg S



Sommaire/

u SOMMAIRE

06/10 Ours / Édito

14/19 86/93 Elle & Lui

94/107 Mode

Sélection

20/27 Strasbourg by WAS 22. Les Ponts Couverts 24. Le Pont des Deux Rives 26. La Chronique d’Outre-Rhin

122/127 28/43 Agathe Demois

Rencontres

108/121 44/51 Hip-Hop

Culture

112. REQ / Gab 114. Dj Nelson / Macia Crew 116. Art District 118. Urban Shooz / Freckles Wear 120. Kadaz / La Playlist RAP&CO

46. La Chronique d’Éric Genetet 48. La Marque « Alsace » 50. Two Days in Paris

128/

54. Stéphane Hessel 58. François Weyergans 60. Eric Fottorino 62. Daniel Pennac / Abd Al Malik

Les mots de Rachel

LITTÉRATURE

MUSIQUE 66. Les Chroniques 73. Plus Guest 76. Hermetic Delight ART 80. La Semencerie


être différent Source indépendante et familiale

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u ÉDITO

Édito/

Juin Juillet 2012 S

WAS GOING ON ? « L’été qui s’enfuit est un ami qui part » disait Hugo, alors ­profitez-en, avant qu’il ne soit déjà le temps de la rentrée. Concédons qu’il est doux ce temps de l’été. Aux abords de parcs déroulant leur verdure et leurs ombres de jeunes filles en fleurs. On se prélasse un bouquin à portée de main, ou pourquoi pas un magazine portant sur la culture émergente. On sirote un verre en ­terrasse avant de sortir dîner et de poursuivre la fête jusqu’ à l’aurore. Il est doux ce temps de l’été. Baigné de soleil, tanné, on travaille sa posture lunettes de soleil sur le nez, un vocabulaire ­estival qu’on chantonne en se baladant dans les ruelles chaudes. C’est le temps des rencontres surprenantes aux abords des quais, des promenades infinies. Le temps de la séduction ­propice à l’infini. La nuit de l’été est elle aussi, malgré sa frénésie, d’une douceur réconfortante. Après une journée de soleil, elle déploie une ­fraîcheur salutaire, enveloppant de sa brise les corps échaudés. L’équipe de WAS Magazine vous souhaite un très bon été. S Propos par : WAS


Crédit photo : ©Alex Mahieu

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NOM /


BIANNUEL // N°01 // ÉTÉ 2012

Hors Série Disponible!


u SÉLECTION

Sélection/

Ozma

Voilà des semaines que vous êtes plus tendus que l’arc de ­Pocahontas, la faute aux avalanches d’H2O qui vous terrassent, à la vilaine moustache terroir de José Bové et aux rediffs qui vous rappellent les vieilles sitcoms bavaroises des années 70. À défaut d’emmener votre clique et votre labrador en virée all inclusive à Goa, laissez s’épanouir vos chakras, en écoutant ce son qui fait du bien aux oreilles.

OZMA, quartet strasbourgeois, voit son nom naitre d’un ­projet de la NASA, visant à explorer les confins de l’Univers, en envoyant des ondes sonores çà et là à travers la galaxie. À l’image de leur musique, quoi. Le groupe débarque avec son 4ème album, « Peacemaker », dont le nom en dit long sur leurs aspirations positives. Les enfants des années 80 sont déjà ­lauréats du concours national de Jazz à la Défense. Leur univers est influencé par David Lynch et Jim Jarmusch, mais aussi par des sons grunges, jazz et pop/rock qui ont poussé Stéphane Scharlé (batterie), Adrien Dennfeld (­guitare), Édouard Serro-Guillaume (basse) et David Florsch (­saxophone) à rechercher l’onirisme sonore en Inde à ­Ahmedabad, où une étroite collaboration avec des musiciens ­traditionnels de D ­ arpana est née. OZMA se revendique lui-même d’être à « mi-chemin entre une ­fanfare mutante et une jungle sonore ». Faire se ­rencontrer deux univers ­musicaux aussi éloignés que la musique ­carnatique indienne et le jazz ­contemporain présente un authentique défi artistique. La dimension culturelle et ­sensible de la fusion de deux cultures prend tout son sens, et cette ­aventure humaine fait éclore une musique intemporelle, fauve, éclectique. Une ­tournée de 8 concerts y a été programmée, alliant danse et échange sonore. En juin 2013, c’est Darpana qui découvre ­l’Alsace, où deux concerts sont déjà prévus, à l’Espace Django Reinhardt de Strasbourg et au ­festival Ramp’Art festif à ­Wissembourg. Il ne vous reste plus qu’à planter votre Quechua et attendre gentiment l’explosion de liberté et d’énergie, la soif de vivre contagieuse. Qu’espérer de plus ? S Propos par : Katia Prokhorenko / Photo par : DR



u SÉLECTION /

Exposition Xenia Hausner

Si vous ne vous êtes pas encore pris le temps de vous y rendre, l’exposition qui s’y tient jusqu’au 2 septembre en vaut ­vraiment le détour. Tout l’été, le musée Würth expose l’artiste autrichienne Xenia Hausner. Cette femme, âgée d’une soixantaine d’années, ­berlinoise d’adoption, a suivi des études de scénographie et ne se consacre à la peinture que depuis les années 90. L’artiste se sert de son expérience dans le domaine du ­spectacle vivant pour mettre en scène des modèles et ainsi raconter une histoire. Au centre de ses œuvres, où la femme règne en maître, nous retrouvons le corps, photographié puis magnifié grâce à la peinture ou le collage. Xenia Hausner manipule l’image, la transforme et y ajoute des éléments afin de donner une charge émotionnelle ­supplémentaire au personnage. Le regard est mis en valeur, il nous captive de part son ­expressivité et son ­intensité. Le spectateur est interpelé avec force et découvre ce que l’on appelle le réalisme expressif. Une exposition riche en couleurs et en émotions qui mérite franchement le déplacement jusqu’à Erstein ! S Propos par : Candice Soler-Couteaux u Horaires d’ouvertures du mardi au dimanche de 11h à 18h www. musee-wurth.fr

Une histoire de drogues de A à Z... Inutile de nous faire croire que vous n’avez même jamais abordé le sujet, lors d’un dîner entre amis ou autour d’un verre. Et ne pensez pas ne pas être concerné, vous êtes, comme tout le monde, consommateur de drogue. Cigarette, café, ­médicaments, Tous accroc ! Le sujet de la drogue est de tout temps sensible et tabou, Arnaud Aubron se penche depuis 15 ans sur la question, nous interrogeant sur ce que nous savons vraiment de la question des drogues hormis l’éternel discours qui dit : c’est mal ! Savez-vous que la noix de muscade est un hallucinogène puissant ? Que Steve Jobs (R.I.P) fut un consommateur d’acide ? Que le nom de Coca-Cola tient ses origines de la feuille de coca ? Qu’au premier temps de la cocaïne on pensait qu’elle ­servirait à décrocher de la morphine et qu’elle serait un remède miracle pour les troubles digestifs, de l’érection etc... Arnaud Aubron m’a accordé une interview téléphonique au sujet du dico de la ­drogue. Lui qui a récemment crée Rue89, rédacteur en chef des Inrockuptibles, publie ce dictionnaire rock historique et politique des drogues. Ne cherchez pas les clichés ni les faux arguments de la politique, ne cherchez pas non plus une ode à la débauche et la dépravation. Il s’agit d’une succession d’anecdotes, de définitions, de citations. De quoi s’instruire sur les pratiques, l’historique, la nomenclature des drogues. De toutes les drogues. N’ayez crainte, vous pouvez vous taper une ligne de ce livre sans risque, et même faire tourner. S

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u Drogues Store aux Éditions Don Quichotte - 2012 www.donquichotte-editions.com


L’accessoire indispensable de votre sac à main ? Le rouge à lèvre vibrant ! ­Négligemment caché dans votre trousse à maquillage au milieu de vos lipsticks habituels, ce petit rouge à lèvre se sort discrètement en toute occasion et clic-clac en un tour de main, voilà qu’il vibre ! Nous ne vous ferons pas l’offense de vous livrer ici le mode d’emploi mais ne vous inquiétez pas, c’est très intuitif et surtout… très addictif. S u Zoé ! Loveshop 17, Rue des Moulins 67000 Strasbourg

du lundi au samedi de 18 h 00 à 01 h 30 modern borders/27 juin electro experimental/uk/fr

Du ‘dwich !

celeste&oak/ 6 juillet rock/hard rock/fr

strange hands/9 juillet garage rock/fr the resignators/10 juillet ska punk/australie

Quoi de mieux qu’on bon sandwich dans le pays de la baguette ? Le savoir culinaire de Victor saura ravir les papilles les plus exigeantes. À base de pain artisanal, ses sandwichs sont agrémentés de sauces maisons et de légumes frais. Pour les plus gros mangeurs, vous pouvez tester les charcuteries à la coupe ou encore les antipastis, avec une petite salade de saison en complément. Mangez bon, mangez Victor ! Ouvert tous les jours à partir de 11h00. S u 19, Rue des Frères 67000 Strasbourg contact@victor.fr

nuit libre: mudd club dj’s /13 juillet past & future beats thomas schoeffler jr.&dirty deep + mr.mow//21 juillet future&past beats/rootdown/compost/freiburg

the headlines / 4 septembre punk rock/suede


u RETOUR SUR / Artéfacts

Crazy Vibes Propos recueillis par : Marie-Catherine Brandstetter Photo par : Vincent Muller

Selah Sue est une jeune chanteuse belge dont la voix groovy résonne sur toutes les ondes en ce moment. Vous avez sûrement déjà entendu sa première chanson « ­Raggamuffin » aux influences tant pop que ­reggae avec une touche de rap. Voici ­l’occasion d’en savoir plus sur son auteur.

WAS : Vous venez souvent en France ? Selah Sue : Oui, j’ai joué énormément de fois en France, je viens de Belgique, j’ai toujours aimé venir en France, surtout pour des concerts. Je joue au Grand Journal cette semaine, je garde un très bon souvenir de mon premier passage dans cette émission. WAS : J’ai vu que vous aimez la musique de Flying Lotus, avezvous envisagé de créer quelque chose dans ce genre musical voire à faire une contribution un jour ? Selah Sue : Oui, bien sûr, je travaille dessus. J’en suis à mon premier album, il n’est pas encore sorti au Royaume-Uni ni aux Etats-Unis mais parallèlement, je suis occupée avec de ­n ouveaux projets, je travaille autour de nouveaux sons, je cherche à créer une nouvelle atmosphère. Mon second album sera complètement différent. WAS : Comment est composé votre groupe ? Selah Sue : (compte) Nous sommes cinq sur scène. WAS : Comment avez-vous rencontré vos musiciens ? Selah Sue : En fait, je ne voulais surtout pas avoir cette ­configuration de la fille qui chante sur le devant de la scène avec des musiciens insignifiants derrière elle comme on le

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voit souvent, c’était vraiment la dernière chose que je désirais. Je cherchais quelque chose de différent donc j’ai commencé avec un joueur de basse qui connaissait le joueur de clavier qui connaissait… et on a tourné comme ça. De plus, on parle tous le flamand, ma langue maternelle et ils sont tous jeunes, super sympas. C’est important pour moi de savoir qu’ils peuvent tous être généreux et ouverts, il n’y a pas de bataille d’égo sur scène. C’est pourquoi je les ai tous choisi. WAS : Vous êtes Belge, avez-vous joué au festival Werchter ? Selah Sue : Oui, j’y ai joué l’année dernière et je compte y retourner cette année, le 28 juin. J’adhère totalement aux valeurs de ce festival, dans le choix des artistes mais aussi dans l’organisation, le côté naturel, etc. WAS : Qu’est-ce que ça fait d’être sur une si grande scène, pour un festival mondialement connu et de pouvoir parler sa langue maternelle avec le public ? Selah Sue : C’est toujours une expérience très différente lorsque je joue dans mon propre pays, vous connaissez les valeurs du festival, vous savez que vos amis et votre famille seront là, c’est toujours beaucoup plus intense de jouer pour des gens que vous connaissez et dans des lieux que vous connaissez que dans un festival dont vous n’avez jamais entendu parler.


WAS : Est-ce que vous auriez un souvenir particulier de concert que vous aimeriez partager avec nous ? Selah Sue : Non, ce serait plutôt un patchwork de souvenirs à partir de tous ces moments où j’étais très heureuse de jouer. Ces moments dépendent de différents facteurs comme l’humeur du groupe lorsque nous passons un moment ­inoubliable ensemble, qu’il y a une bonne énergie sur scène, que le son est bon, que nous pouvons ressentir l’énergie du public, qu’il y a vraiment un bon feeling. Ce sont tous ces éléments qui font qu’un moment peut être magique et que vous vous en souviendrez pour le reste de votre vie. WAS : Quelles sont vos influences musicales ? Selah Sue : Il y a quelques années, lorsque j’avais 14 ans, ­j’écoutais Lauryn Hill, elle a été ma plus grande inspiration mais aussi Erykah Badu et des artistes un peu plus hip-hop comme The Fugees ou de la musique plus reggae comme Damian Marley. Je pense que toute la musique que j’ai ­écoutée, je l’ai absorbée et, même si c’est inconscient, je m’en inspire, elle m’influence.

suis contente de voir et pour demain, j’espère pouvoir assister au concert de Nneka (ndlr : Selah Sue est fan de Nneka depuis des années et est vraiment très enthousiaste à l’idée de la voir sur scène). Il y avait Skrillex hier, j’aurais bien voulu le voir. Et KY-Mani Marley est un artiste incroyable, ­surtout sur scène. WAS : Et pour vous, comment ressentez-vous la scène ? Selah Sue : C’est toujours très différent, des fois vous jouez dans de minuscules bars à l’ambiance très intime puis vous vous retrouvez dans un énorme festival. On n’a pas la même approche des festivals en extérieur et en intérieur non plus, chaque petit détail fait la différence. De manière générale, si mon son est bon et que je me sens bien sur scène, c’est un bon concert, que je sois devant quelques personnes ou des milliers. S u Selah Sue Because Music - 2011 www.selahsue.com Nous remercions Selah Sue, Because Music, le festival des Artefacts et la Laiterie qui nous ont permis de réaliser cette interview.

WAS : Et durant les Artefacts, y-a-t-il des artistes que vous avez prévu d’aller voir ? Selah Sue : En fait, je viens seulement de découvrir la ­p rogrammation il y a quelques minutes en arrivant, c’est ­dommage il y a une programmation géniale ! Aujourd’hui il y a Charlie Winston qui est vraiment cool, c’est un artiste que je

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STRAS BY WAS/

u STRASBOURG BY WAS



Les Ponts [C]ouverts

Situés à l’entrée de la Petite France, les Ponts Couverts sont un lieu incontournable du patrimoine touristique strasbourgeois. Depuis le XIIIème siècle, ils n’ont cessé d’évoluer pour devenir un témoin majeur de l’Histoire et de l’expansion de la ville de Strasbourg… UN PEU D’HISTOIRE :

La construction des Ponts Couverts débute au XIIIème siècle en réponse à une explosion démographique. En effet, à cette époque, les risques de surpopulation poussent les autorités à réfléchir à l’agrandissement de la cité Strasbourgeoise. La ville étant bâtie sur une ellipse insulaire, l’Île Sainte-Hélène, la seule opportunité d’expansion se trouve de l’autre côté des berges de l’Ill. Cependant, ce projet d’agrandissement entraîne un ­questionnement quant à l’aspect défensif de la cité. La rivière qui jusque là représentait un obstacle naturel à une éventuelle attaque, devient un point d’entrée difficile à protéger. Les architectes et les ingénieurs militaires décident de la construction d’un pont fortifié, qui permettra d’assurer à la fois la liaison avec la nouvelle partie de la ville et la défense des accès par l’embouchure de l’Ill. Le chantier débute en 1230 pour durer vingt ans. Il pose dès lors un véritable défi technique, tant sur la conception de ­l’édifice que sur la largeur de rivière à franchir.

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Quatre ­imposantes tours en briques sont érigées selon un plan carré. Elles n’étaient pas surmontées de toits comme aujourd’hui mais se terminaient par une plate-forme crénelée où les sentinelles montaient la garde. La tour de gauche était surnommée la Tour du Bourreau, on parlera ensuite de la Tour des Chaînes ou des Galériens, en référence aux prisonniers jetés aux fers. Ces quatre nouvelles tours viennent compléter les quatrevingt-dix qui composent déjà la ligne de fortification de la ville. Elles sont reliées par un réseau de passerelles qui ­assurent la jonction entre les rives de l’Ill. Ces premiers ponts sont alors édifiés en bois, technique de construction courante pour l’époque. La particularité de ces Ponts Couverts Strasbourgeois ­provient de l’épaisse toiture en bois qui recouvre l’ensemble de ­l’ouvrage, et à laquelle on doit leur dénomination. Cette méthode devait permettre de protéger les habitants, et de maintenir les ponts en état en cas d’assaut ennemi.


u STRASBOURG BY WAS / Les Ponts Couverts

Par la suite, des herses en fer sont installées dans les quatre bras de l’Ill, condamnant définitivement l’accès par la rivière. Des travaux de défense furent encore entrepris en 1567, sous la conduite de l’illustre architecte militaire Daniel Specklin. La ville vivait alors dans l’angoisse d’une attaque imminente du roi de France Henri II, qui projetait d’envahir Strasbourg. Après une réunion le 3 octobre 1681 sous Louis XIV, la ­rénovation des fortifications de Strasbourg devient une ­priorité pour la défense des nouvelles frontières du Royaume de France. Le projet de nouvelles fortifications est alors confié au meilleur spécialiste de l’époque, Sébastien Leprestre de Vauban, mieux connu sous le nom de « Marquis de Vauban », ou « Ma couille » pour les intimes.

Une nouvelle ligne de fortifications typiques de ­l’architecture militaire de Vauban devient le rempart principal de la ville. Les Ponts Couverts perdent alors leur fonction défensive au ­profit du Barrage Vauban qui assure désormais seul la défense de l’embouchure de l’Ill. Les ponts n’ayant plus de réelle ­u tilité militaire, ils sont ­redonnés à la vie civile, puis ­débarrassés de leur toiture en 1784. Ils seront finalement entièrement ­reconstruits en pierre entre 1860 et 1870. Les tours seront quand à elles utilisées comme zone de quarantaine ou comme prison au fil du XIX eme siècle.

Des premiers ponts en bois aux édifices actuels, les Ponts Couverts nous racontent l’histoire de la ville de Strasbourg. De nos jours ils sont ­considérés comme un symbole du patrimoine alsacien et sont un des sites les plus appréciés des touristes du monde entier. AUJOURD’HUI :

Les Ponts Couverts sont le départ idéal pour flâner, ­découvrir et se ­laisser ­entraîner dans les ruelles typiques de la Petite France. Ils sont un des lieux favoris des touristes, qui ­apprécient le charme et l’atmosphère particulière qui y règne. De nombreux petits ­restaurants proposent une cuisine ­régionale qui vous plonge définitivement dans l’univers alsacien. Le lieu est également très fréquenté des Strasbourgeois qui viennent ­p rofiter des deux squares, le Parc Louise Weiss et le Parc des Moulins, situés sur deux presqu’îles. Étudiants en quête d’un peu de soleil, familles en ballade, tous viennent ­profiter de l’ambiance et de la beauté de ce cadre unique. Afin de contempler au mieux les Ponts Couverts ainsi que le quartier de la Petite France, rien de plus simple ! Rendez-vous sur la terrasse ­panoramique du Barrage Vauban où le point de vue vaut vraiment le détour. Néanmoins, il faudra être patient, le barrage étant actuellement en travaux pour une rénovation complète et une mise en sécurité des installations. Alors, bonne ballade et enjoy comme on dit en Alsace ! S

Propos par : Timothy Dusseault & Nicolas Parisot Photos par : Michaël Lehmberg

023 / We Are Strasbourg


Le Pont des Deux Rives À la fois œuvre d’art et ­monument symbolique, la ­Passerelle des Deux Rives est un élément central, non ­seulement de Strasbourg, mais aussi de la ­coopération transfrontalière entre la France et l’Allemagne. Propos par : Katia Prokhorenko Photos par : Ignacio Haaser

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Gérard de Nerval, grand écrivain, parlait déjà du Rhin, ­frontière captivante et éminemment romantique, comme il a pu ­l’expliquer : « Vous comprenez que la première idée du ­Parisien qui descend de voiture à Strasbourg est de ­demander à voir le Rhin. Mais bientôt, il apprend avec stupeur que le Rhin est encore à une lieue de la ville. Quoi ! le Rhin ne baigne pas les murs de Strasbourg, le pied de sa vieille cathédrale ? Hélas ! non. Le Rhin à Strasbourg et la mer à Bordeaux sont deux grandes erreurs du Parisien sédentaire. Mais tout moulu qu’on est du voyage, le moyen de rester une heure à Strasbourg sans avoir vu le Rhin ? Alors on ­traverse la moitié de la ville... On marche longtemps encore à travers les diverses fortifications, puis on suit une chaussée d’une demilieue, et quand on a vu disparaître enfin derrière soi la ville toute entière, qui n’est plus indiquée à l’horizon que par le doigt de pierre de son clocher, quand on a traversé un ­premier bras du Rhin, large comme la Seine, et une île verte de ­peupliers et de bouleaux, alors on voit couler à ses pieds le grand ­fleuve rapide et frémissant, et portant dans ses lames grisâtres une ­tempête éternelle. » Après l’annexion de l’Alsace, Louis XIV veut fermer la ­frontière du Rhin. Avec la fin de la guerre de la ligue d’Augsbourg (16881697), le Rhin devient la frontière politique et juridique entre France et Empire ; Louis XIV cède alors Kehl, qui faisait ­partie initialement de Strasbourg, et réciproquement ­l’Empereur ­reconnait l’annexion de Strasbourg de 1681. Les rapports entre habitants des deux rives restent actifs, et les mariages ­extrêmement nombreux.


u STRASBOURG BY WAS / Le Pont des Deux Rives

De nos jours, cette idée a radicalement changé : cela grâce au Jardin des Deux Rives et sa célèbre passerelle. Celuici est créé par l’équipe du paysagiste allemand Rüdiger Brosk, 56 ­hectares divisés par le Rhin. Escaliers, eau, cascades ­impressionnantes le composent et le sculptent en forme ­circulaire, évoquant l’Europe. Le pont, lui, est inauguré le 23 avril 2004 et construit par ­l’architecte parisien Marc Mimram, qui a déjà à son actif ­plusieurs créations de ponts. Pourtant, ce projet titanesque n’a pas été évident dès le départ : le changement de ­municipalité à Strasbourg donne des inquiétudes quant à la réalisation du projet, et les travaux en France ne commencent qu’en novembre 2004, alors que l’Allemagne prend une avance considérable en débutant dix mois auparavant.

« Garten der zwei Ufer », en allemand, est avant tout un lieu symbolique, poussé à son paroxysme : c’est l’alliance entre deux peuples longtemps ennemis, d’où une charge humaine et émotionnelle forte. En effet, après avoir été une coupure, le Rhin est maintenant un trait d’union entre deux nations, une réconciliation entre la France et l’Allemagne, par le biais de Strasbourg et de Kehl. Les deux municipalités désiraient se rapprocher, et ainsi valoriser les rives du Rhin.

Le pont est considéré comme une œuvre d’art moderne et contemporaine. De type pont suspendu, il est composé de deux tabliers reliés en son centre par une plateforme de 177 m, qui offre une vue imprenable sur le Rhin et ses alentours. C’est l’élément phare du Jardin : il n’est accessible qu’aux piétons, aux personnes à mobilité réduite et aux vélos.

Lors du sommet de l’OTAN de 2009 qui se tenait à ­Strasbourg et à Kehl, les chefs d’État conduits par la chancelière ­allemande Angela Merkel se retrouvèrent le 4 avril au milieu de la ­passerelle des Deux Rives, où les attendait Nicolas Sarkozy, arrivé du côté français. Cette passerelle a ainsi inspiré le logo du sommet.

Les questions environnementales et la protection de la nature font partie de ses enjeux majeurs : la création de ce ­nouvel espace public est rentable en terme touristique, en développant les quartiers Port du Rhin, mais aussi écologique, à l’image des deux villes.

Le Pont des Deux Rives est donc bien ancré dans l’idée d’une coopération transfrontalière ; destiné à marquer la force des échanges franco-allemands, il prolonge la tradition ­Humaniste et incarne l’allégorie d’un nouveau pas vers une Europe plus unie. S

u 1688-1697 Le Rhin devient la frontière politique et juridique entre France et Empire, avec la fin de la guerre de la ligue d’Augsbourg. u 23 AVRIL 2004 Inauguration du Pont des Deux Rives, crée par l’architecte parisien Marc Mimram. u 177 MÈTRES Longueur de la titanesque plateforme du pont suspendu, avec de deux tabliers la reliant, et régalant ainsi les visiteurs avec une vue imprenable sur le Rhin et ses alentours. u 56 HECTARES Le Jardin des Deux Rives avec la passerelle, créée par l’équipe du paysagiste allemand Rüdiger, sa forme circulaire évoque les contours de l’Europe. u 4 AVRIL 2009 Sommet de l’OTAN, qui se tenait à Strasbourg et à Kehl, durant lequel se retrouvent Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, au milieu de la passerelle des Deux Rives.

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u Chronique / La chronique d’Outre-Rhin

Rien à déclarer ? Première étape de notre périple germanique : l’ancien poste frontière de Neulauterburg, à la pointe de l’Alsace. Aujourd’hui transformé en restaurant ­asiatique, l’ex pavillon douanier abrite néanmoins un minuscule musée retraçant l’histoire de ce passage obligé entre la France et l’Allemagne. Propos recueillis par : Aneline Mannella Photos par : Aneline Mannella

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u Chronique / La chronique d’Outre-Rhin

Jadis, Neulauterburg, en Allemagne, et Lauterbourg, en France, ne faisaient qu’un. C’était sans compter sur l’instinct belligérant des chefs d’État, toujours en quête de nouveaux territoires ! Ainsi, en 1815, une frontière est établie entre la Bavière et la France. Un bureau de dédouanement est installé côté bavarois. Seulement voilà, qui dit frontière dit contrebande ; et si le trafic existait déjà à l’époque, cette ­nouvelle délimitation amplifie considérablement la circulation frauduleuse de vin, de tabac, d’huile, de céréales ou encore de quincaillerie. Pour enrailler ce phénomène, une gendarmerie est établie à Neulauterburg en 1830. Une goutte d’eau dans l’océan, puisque les truands trouvèrent d’autres moyens pour passer d’un pays à l’autre. Plus d’un siècle plus tard, en 1948, la France et l’Allemagne, éreintées par la deuxième guerre mondiale, doivent se reconstruire. Détruit lors des affrontements, notre poste frontière de Neulauterburg est lui aussi rebâti : une cabine de 5m2 érigée sur les fondations de l’abri détruit. Très vite, cette superficie s’avère insuffisante et de nouveaux travaux sont entrepris. La douane aménage alors ses nouveaux locaux de service au 7 de la rue de Kandel.

Dans les années 60, le trafic frontalier s’intensifie. Pour faciliter le contrôle des passagers et le stationnement des camions, la route départementale 554 est élargie sur 4 voies. Au milieu, un îlot est installé pour faciliter le travail des douaniers. Une décennie plus tard, la cabine de dédouanement est modernisée et aménagée pour que les douaniers allemands et français puissent travailler ensemble. La toiture est quant à elle étendue de sorte qu’elle puisse couvrir toute la chaussée. Le 27 av r i l 1 9 8 5, à m i d i , l e b u re a u d e s d o uanes de Neulauterburg met la clé sous la porte. Une mesure d’anticipation en vue de la signature entre l’Allemagne, la France et le Benelux de la première convention de Schengen promulguant l’ouverture des frontières entre ces pays. Pour autant, l’histoire ne s’arrête pas là. Si aujourd’hui le ­bâtiment a perdu sa fonction initiale, il continue à voir ­passer Allemands, Français et d’autres nationalités grâce au bar-­ restaurant qui occupe les lieux. Toutefois, n’espérez pas y déguster les meilleurs flammekueches, choucroutes ou autres schnitzels de la région car la nourriture est essentiellement asiatique. Rien ne vous empêche cependant de vous ­attabler le temps d’une bière, d’un ballon de rouge ou d’un maotai. Prost ! S

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RENCONTRES/

u RENCONTRES /



u RENCONTRES / INKTIE

L’encre et la cravate Lorsqu’un collectif de graphistes s’associe à des experts du ­marketing, ça donne souvent des projets de qualité. Concernant INKTIE, vous ­pouvez découvrir par vous-même la série de t-shirt dessinés main et sérigraphiés en Alsace. INKTIE, PLUS QU’UNE MARQUE, UNE HISTOIRE DE RENCONTRES : Celle tout d’abord de Julien Boyon, 25 ans, originaire de Troyes et de Costel Hoegy, 25 ans également, d’origine polonaise. Le premier, trouvant sans intérêt le cursus scientifique dans lequel il s’était perdu, dessinait dans les marges de ses copies de cours. Le second dessine depuis l’âge de 10 ans, date d’un voyage en Pologne où il s’est ­découvert cette passion. Leurs envies graphiques les mènent tout d’abord à l’­Université de S ­ trasbourg puis à LISAA où ils se retrouvent dans la même classe de BTS ­Communication Visuelle. Devenus amis et trouvant leurs idées et leurs graphismes complémentaires (tout en restant bien distincts), ils décident de créer un collectif de graphisme au sortir du BTS. Ce n’est qu’en 2010, en rencontrant Louison Magne, 21 ans, originaire de Marseille et en BTS Communication à l’ISCOM Strasbourg, que le projet de lancer une marque de T-shirts voit le jour. Interpellé par les visuels, appréciant les deux graphistes, ­Louison leur propose de s’associer à lui pour monter une marque de T-shirts originale et par ce biais un univers graphique propre au collectif ­désormais nommé INKTIE. Manquant de mains pour satisfaire à la partie commerciale de la ­création d’un tel projet, INKTIE se dote alors d’un quatrième membre, ­Sylvain ­Grosrey, 24 ans, le seul alsacien de souche de la marque, étudiant à l’époque en ­section Administration ­Économique et Sociale à l’­Université de Strasbourg et emballé par les travaux des deux ­graphistes et l’idée de monter ce ­projet entre amis. C’est ainsi que la première collection et le lancement de la marque devint ­possible, Costel et Julien aux commandes de la partie ­graphique, ­Louison et ­Sylvain en charge de la partie marketing.

Propos recueillis par : WAS Photo par : Vincent Muller Illustrations par : INKTIE

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u www.inktie.com Partenaires de Deaf Rock


WAS : Pourquoi INKTIE ? INKTIE : Nous avons choisi le nom INKTIE pour expliquer le positionnement que nous avons au niveau graphique, à savoir un mélange entre l’encre (INK) utilisée dans le ­dessin, le tatouage par exemple, qui représente notre culture visuelle en général, et la cravate (TIE) qui souligne notre recherche ­d’élégance et de finesse dans nos oeuvres. Vouloir plaire quelque soit l’âge ou le style de l’acheteur, c’est notre objectif, car cette marque n’a pas de message propre ni de ­revendication, pas d’idées ou d’idéologies, si ce n’est que nous aimons le graphisme et que nous voulons essayer ­d’apporter un maximum de plaisir à nos clients. Nous voulons vendre du graphisme de qualité, et qui reste dans un courant actuel car nous sommes connectés au monde de la mode par le biais des T-shirts que nous proposons. Par ailleurs, INKTIE est pour nous plus qu’une marque de T-shirts. Nous voulons que cette marque devienne un ­véritable univers graphique applicable à différents supports de ­communication, de l’exposition au ­projet d’édition en ­passant par l’affiche, etc. Nous voulons utiliser notre polyvalence afin de répondre au plus de demandes possibles, et ainsi amplifier le mouvement ­INKTIE au maximum. Autant du point de vue professionnel qu’humain, c’est une belle aventure qui se profile. WAS : Quelle est l’identité de la marque, et que voulez-vous véhiculer à travers elle ?

s­ auvage ou de travail exclusif sur ordinateur : tous nos visuels sont à l’origine un dessin fait main et nous essayons à chaque fois de garder cet aspect artisanal. Nous voulons véhiculer notre amour du graphisme et la passion qui nous habite en proposant des visuels forts, travaillés et qui peuvent plaire à toutes les couches et sous-couches de la population, car nous ne cherchons pas à intégrer une catégorie de population ou de style en particulier. WAS : Quels sont vos objectifs à travers ce projet, comment travaillez-vous pour les élaborer ? INKTIE : Nous espérons que le succès sera au rendez-vous et que grâce à lui nous pourrons nous diversifier et ­devenir un ­collectif graphique total, capable de répondre à toute demande, sur tout support. Nous espérons pouvoir utiliser notre polyvalence apprise sur les bancs de LISAA, qui nous a formé à être efficace et ­cohérent dans nos travaux. WAS : Où pourra-t-on se procurer vos t-shirts, quels en seront les prix ? INKTIE : Les T-shirts seront vendus sur le shop en ligne du site (www.inktie.com) qui s’est ouvert le 4 mai à minuit, c’est à dire pendant la soirée de lancement. Nous les vendons 30€ pièce, pour un t-shirt 100% coton sérigraphié. S

INKTIE : INKTIE se différencie des autres parce que notre ­t ravail respire le fait main, pas question de vectorisation

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« JE ME CONSIDÈRE COMME UN ARTISAN DE L’IMAGE, DE LA LIGNE, DU POINT. MES PROPRES MOTS NE POURRONT JAMAIS EN DIRE AUTANT SUR MOI QUE MON TRAVAIL. NE ME LISEZ PAS, MAIS VOYEZ PLUTÔT ».

www.ln20100.com Propos par : Hélène Vincent graphiste conceptrice

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u RENCONTRES / Anne Thomahsowski

Hic&Nunc LES BIJOUX : Bracelet Silver Mademoiselle Felee : 78€ Broche en bronze Mademoiselle Felee : 45€ Broche avec contour brodé Whiskers Lane : 30€ Broche entièrement brodée Whiskers Lane : 35€ Collier (cheval) en porcelaine Nach : 135€ Collier (éléphant) en porcelaine Nach : 135€ Bague en porcelaine Nach : 63€ Plastron à perles avec ruban Marie Leonetti : 40€ Bulles d’oreilles Galatée Pestre : 60€ Badge (gourmande) La Belette Rose : 4€ Badge (dog à moustache) La Belette Rose : 4€

Ici et maintenant en latin. Hic & Nunc Store propose des ­b outiques éphémères, boutiques pop-up apparaissant et ­disparaissant dans Strasbourg, laissant juste le temps de créer le buzz autour du concept et une traînée de poudre glamour parsemant la ville. La reine de ce concept, c’est Anne. Sa première vente a eu lieu en décembre 2009 mais le projet mûrissait depuis bien ­longtemps sous sa couronne. En effet, pour cette ancienne médiatrice culturelle, l’envie d’un projet personnel ­intégrant des créateurs de mode bouillonnait de plus en plus, telle une évidence prête à exploser. On y ajoute le besoin de ­proposer une nouveauté à Strasbourg ; s’il se passe tant de choses ailleurs, pourquoi pas ici ? L’envie de secouer les pavés ­strasbourgeois avec un concept-store itinérant était plus que tentante. Si ce concept est purement strasbourgeois, les créatrices en revanche viennent de partout, même d’Australie pour une des dernières recrues, Whiskers Lane. Aucune des pièces ­proposées par Hic & Nunc Store n’est distribuée ailleurs en ville et elles sont très souvent uniques ou en série limitée. Anne suit ses coups de cœur, ce qui explique que chaque créatrice ait son identité propre et bien trempée. Ce sont elles qui fixent leurs prix, offrant à Anne une gamme large, comprise entre moins de 10€ et plus de 100€.

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Les formules de stores sont plus ou moins éphémères, ­toujours dans des endroits différents et atypiques tels qu’une ­galerie d’art ou une agence web. Une boutique en ligne s’y est ­rapidement greffée, permettant de patienter entre deux ventes et, pour les Strasbourgeois intra muros, de se faire livrer son précieux colis à vélo. Pour les autres ce sera par la poste, manquant le privilège d’une rencontre avec la très ­discrète Anne, toujours ravie de présenter ses petits protégés à leurs acquéreurs. Pour les mois d’été, Hic & Nunc Store vous réserve une ­nouvelle collection très ensoleillée ainsi que des accessoires voire quelques vêtements. Fidèle à son esprit novateur et afin de proposer toujours plus de nouvelles créations, le store ­envisage de poser ses valises mais pour l’instant, saisissez l’opportunité d’une boutique lorsqu’elle éclot, l’effervescence n’en sera que plus grande. S Propos recueillis par : Marie-Catherine Brandstetter Photos par : Vincent Muller u www.hicetnunc-store.com hicetnuncstoreleblog.blogspot.fr www.facebook.com/hicetnuncstore.page


u Merci à Ephedéco & H.Koncept


Julia Janson Elle a bientôt 23 ans, est ­originaire du Sud de la France et pratique la danse depuis l’âge de 4 ans. Danseuse de ­formation contemporaine, elle est sortie du Conservatoire de Montpellier avant de venir à Strasbourg. Propos recueillis par : WAS Photos par : Vincent Muller Merci au Cinéma L’Odyssée

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WAS : Depuis combien de temps pratiques-tu la danse ? Julia : J’ai commencé à danser à l’âge de 4 ans, suivant des cours par-ci, par-là dans des écoles pour ensuite faire un Bac TMD, sorte de sport étude pour les disciplines artistiques en relation avec le Conservatoire. WAS : Qu’est-ce qui t’as amené à la danse contemporaine et comment la définirais-tu ? Julia : La danse contemporaine est la base de ma formation. J’ai commencé toute petite par ce style de danse, comme si c’était inné. Ça m’est apparu comme une évidence dès mon plus jeune âge, je ne me suis jamais posé de questions. Pour définir la danse contemporaine, c’est bien plus ­difficile. ­Historiquement, la danse contemporaine procède au « ­cassage » des codes ­instaurés par la danse classique (tutus et pointes sont bannis). Mais pour moi et mon travail, et pour avoir aussi ­expérimenté la danse classique pendant plusieurs années, je dirais que c’est une manière d’aborder le travail corporel différemment. Techniquement, c’est tout aussi rigoureux : les « codes », les façons de travailler le corps selon tel ou tel chorégraphe, selon tel ou tel concept... Mais disons que c’est au niveau de ­l’intellect et aussi (et surtout !) de la forme que la différence est ­flagrante. Par exemple, dans la tradition du ballet ­classique, il y a une trame dramatique à respecter, des codes de ­costumes, une ­h iérarchisation des danseurs alors que dans la danse


u RENCONTRES / Julia Janson

­ ontemporaine, tout cela s’efface, pour laisser une plus grande c liberté à l’expression artistique, qu’elle soit ­chorégraphique, ou même théâtrale. On peut d’ailleurs vraiment voir ça avec de plus en plus de ­chorégraphes qui travaillent sur des ­spectacles dits pluridisciplinaires dans lesquels on trouve une mixité ­foisonnante, avec des danseurs de hip hop, des danseurs ­classiques, des ­c ircassiens, de la vidéo, des comédiens, et ça donne des choses ­complètement folles mais très intéressantes et cela ne ­dénature pas pour autant la valeur de la danse !

WAS : Quels sont tes objectifs ? Julia : Mon objectif premier, évidemment, c’est de pouvoir vivre de mon art, de ma passion, ce qui reste relativement ­difficile de nos jours. Ensuite, je cherche vraiment à faire vivre le milieu artistique et culturel local, donc mon envie de création se porte directement sur les artistes du coin, et plus je peux proposer des rencontres, des échanges qui aboutiront à des projets, mieux c’est ! S

Je pense qu’actuellement, avec toutes les formes de danse et d’art qu’il existe, la danse contemporaine n’est pas un genre en lui même, mais une pluralité d’expressions. WAS : Penses-tu que l’image que les gens peuvent avoir de la danse contemporaine ne reflète pas la réalité ? Julia : Est-ce que tu veux parler de l’image qu’ont la ­plupart des gens de la danse qui passent sur ARTE ? (rires) Très ­honnêtement, la réalité de la danse contemporaine est déjà tellement riche que ça dépend beaucoup des goûts de chacun. Pour peu que l’on s’y intéresse bien entendu. Certaines personnes qui regardent un peu trop certaines chaines dont je ne citerai pas le nom ont ­tendance à me dire quand je leur parle de danse ­contemporaine « Ah oui, comme Un, dos, tres la série », ou « Ah oui, l’émission Danse avec les Stars »... Super n’est ce pas ? Du coup, je pense que ça dépend vraiment de l’intérêt qu’on y porte, c’est quand même un milieu (le monde ­chorégraphique) qui a mis du temps à se démocratiser, à se populariser, et je pense au fond de moi qu’on a encore du chemin à faire. À mon goût, la danse reste un art un peu trop élitiste autant pour le public que pour les personnes désireuses de ­s’engager dans cette voix. WAS : Que dirais-tu pour donner envie aux gens d’aller voir des spectacles ? Julia : De s’intéresser à tout ! Car dans chaque ville, et surtout à Strasbourg, il y a de petites pépites à trouver au niveau chorégraphique ! Des spectacles de l’Opéra à la programmation de Pôle Sud ou du Maillon, en passant par les petites compagnies qui distillent des choses géniales, il faut ouvrir les yeux, les oreilles, et aller dans les lieux adéquats bien entendu... Et pour donner envie, la danse, c’est vraiment l’art de tout raconter et de tout dire sans engager la parole, et cette manière de voir les choses est tellement chouette et géniale qu’on ne peut qu’adhérer ! Plus sérieusement, que ce soit un spectacle de danse ­classique, contemporaine, hip-hop ou encore destiné aux enfants, la danse raconte des tas de choses, tristes, belles, drôles et ce serait dommage de passer à côté de ça.

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Maman est en haut,

fée du Gâteau ! ab Propos recueillis par : Valentin Thomas Photo par : DR

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n deux décénies environ, après l’âge du berceau et des hochets, on nous demande de choisir un métier. Certains l’ont choisi depuis la primaire, sont pompiers ou vétérinaires. D’autres l’ont trouvé lors d’un salon d’orientation au lycée, par hasard, parce que bien souvent on n’y fait que fumer des clopes en buvant du coca sur le parking. Et puis il y a aussi tous les autres, ceux qui n’ont pas pu choisir, qui ne savent pas très bien ce qu’ils font là, ceux qui veulent se faire du fric et ceux s’en foutent tant qu’il y a du pain dans l’assiette. Mais le métier de Gaëlle n’est pas à ses yeux un métier. Si vous lui dites qu’elle est pâtissière, elle répondra simplement « Non, je fais des gâteaux ! »

Vous recherchez des gâteaux faits avec amour pour vos fêtes, mariages ou réunions professionnelles ? Vous êtes restaurateur sans pâtissier en cuisine et vous recherchez des desserts de qualité ? Gourmand(e) et maniaque de la propreté, vous êtes prêts à effectuer des tâches ménagères rémunérées en gâteaux ? Contactez Fée du Gâteau et Maman est en haut sur Facebook : Gaëlle se fera une joie de répondre à votre requête.

Et si vous deviez mettre un nom sur son activité, ce serait : mère au foyer professionnelle. Le nom de son entreprise « Maman est en haut » n’est pas là pour dire le contraire. Fée du gâteau est une fée du logis avant tout. Jeune maman, elle s’est consacrée entièrement à ses enfants et c’est pour pouvoir être avec eux qu’elle a choisi de travailler à domicile. Après avoir vendu ses pâtisseries sur les marchés pendant quelques mois, elle a abandonné la froide solitude de son petit stand avec parasol pour la chaleur de son foyer. Le manque de clientèle, les pertes qui s’en suivent et l’impact des saisons sur ses ventes (on a plus tendance à manger des glaces que des gâteaux en été) l’ont

fait jeter l’éponge. Mais c’est surtout parce que ses enfants ne la voyaient plus sans son tablier qu’elle a cherché à vendre ses créations autrement. Aujourd’hui, vous pouvez vous procurer ses gâteaux à la commande, pour des événements professionnels ou pour une fête, un mariage… Ce qui lui laisse l’occasion de profiter de ses enfants pendant que vous dégusterez ses merveilles. À titre d’exemple, elle a réalisé un buffet sucré lors de la soirée de lancement de l’album “bloubloublou” et un goûter pour les enfants musiciens de la ville de Strasbourg.

u mamanestenhaut@live.fr We Are Strasbourg / 040


À propos de Gaëlle...

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r « J’ai des goûts assez classiques. »

ans aucun autre diplôme en poche que le Bac, elle s’est lancée dans cette aventure suite aux retours de son entourage sur ses gâteaux. Cette gourmande émérite prenait en effet plaisir à préparer toutes sortes de pâtisseries pour sa famille et ses amis... Et au moins autant à les déguster avec eux. Elle a commencé par rire quand on lui disait « Tu devrais les vendre ! », puis à force de répétition, la blague a muté en projet. Si le temps de confection varie en fonction de la complexité de la recette, elle ne compte pas les heures passées à donner vie à ses créations. Derrière chaque recette se cache une histoire (et, cela va sans dire, des dizaines de gâteaux engloutis), un clin d’œil et l’influence d’un de ses proches sur sa cuisine. « J’ai des goûts assez classiques », pour moi le plus simple est le meilleur. Mes proches me permettent d’utiliser des ingrédients auxquels je n’aurais jamais pensé, et ça donne toujours de bonnes surprises ! ». Pour exemple « Sawa », un muffin aux pommes et framboises acidulées, dédié à une amie éponyme (à quelques exercices d’articulation près) pleine de peps et de joie de vivre.

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S

a carte, étoffée d’une trentaine de recettes différentes de muffins, cookies et autres « P’tits mœlleux », elle songe à élargir ses horizons. Beaucoup lui conseillent spontanément d’ouvrir un salon de thé, mais les responsabilités qu’un tel établissement engendrerait seraient une barrière à sa vie de famille. Impensable donc pour cette maman poule, qui tient à couver ses petits dans la chaleur et les bonnes odeurs des gâteaux qui cuisent dans le four. Un peu bohême, elle se rêve au volant d’un camion de glaces artisanales itinérant pour accompagner ses gâteaux d’une touche de fraîcheur l’été venu. Plusieurs recettes sont en préparation et peut-être verrons nous un jour « Maman est en haut » descendre dans la rue et circuler pour devenir « Maman est au volant »... Cela dit, contrairement au chocolat dans ses muffins, l’argent ne coule pas à flot pour Fée du Gâteau. Elle ne peut pas encore se targuer de véritablement

“vivre” de son activité. Son statut étant peu commun, rares sont les commerçants ayant souhaité mettre en avant ses pâtisseries. Le peu de restaurants qui ne font pas de desserts eux-mêmes font souvent appel à des produits industriels, plus faciles à conserver et bien sûr moins onéreux. « C’est sûr que le “fait maison”, c’est moins accessible ». Mais c’est “fait maison, quoi” ! Y’a du vrai chocolat, et quand t’en manges un, il est pas gonflé à l’hélium ou encore à moitié congelé ! ». À l’heure actuelle, seul le bar à tapas « Tapas Toro » a mis à l’essai ses merveilles, malheureusement de manière confidentielle. En effet ils n’étaient pas à la carte et seulement proposés par les serveurs... À tel point que même ses amis, au courant de ce partenariat, se demandaient où étaient ses gâteaux. L’appel est passé, maintenant à vous d’y répondre ! En tout cas la rédaction de WAS est conquise et si vous apercevez des muffins lors d’une de nos soirées, il y a fort à parier que vous connaîtrez la fée qui les a fait apparaître... 041 / We Are Strasbourg


u RENCONTRES / Julie Lacour

Julie Lacour, talentueuse créatrice, nous a ouvert les portes de son atelier avec un sourire et une gentillesse sans pareils. Entre deux piles de tissus, une vieille poussette et des canapés vintage, elle nous a conté son incroyable aventure... u http://www.100x-ni-loi.com 100 x Ni L’oie, 9 rue des Mineurs 67000 Strasbourg

« Depuis toute petite j‘adore dessiner, bricoler des trucs. Mon parcours a été un peu chaotique. À la fin de ma troisième, je débordais d‘imagination, que je voulais mettre à profit aux Arts Appliqués. Malheureusement, je n’avais pas le niveau ; je me suis donc retrouvée dans un BTS collaborateur d’architecte, après une seconde générale qui n’a pas marché, au Corbusier. Après ça, je ne sais pas bien comment, je me suis vu faire un BEP Couture Industrielle, et j’ai trouvé par ce biais là un moyen d’exprimer ma créativité, en suivant parallèlement des cours d’art. Après cela, j’ai fais un bac STI en Couture puis une école de stylisme : deux ans à Lyon, un an à Paris à Esmod. Mon parcours assez riche m’a permis d’avoir pas mal d’avance sur les autres en école de stylisme. Celle-ci était ­internationale, j’ai eu l’énorme chance de partir étudier à Esmod Jakarta, durant deux mois. Sortie de là, un peu perdue, j’ai fais six mois de stage au Coq Sportif. Celui-ci était particulièrement instructif, mais rester devant l’ordinateur toute la journée ne faisait pas partie de mes aspirations. J’avais besoin de toucher les matières, mettre à profit mon inventivité, ça me démangeait. Malgré ça, ce stage m’a beaucoup appris sur l’entreprise, le marketing, des choses qu’on apprend pas forcément en école de stylisme, mais qui sont essentielles. Après six mois de stage et six mois de CDD, ils m’ont fait une proposition que j’ai refusée… « les gars c’est gentil mais j’ai fais le tour… » J’ai arrêté un vendredi, et le lundi j’ai commencé à coudre à la maison, en migrant vers le fond d’un dépôt, celui du père de mon ex. Une place entre les frigos et les tronçonneuses à chaîne m’a suffit pour bosser pendant quatre, cinq mois. Puis l’hiver a bousculé mes plans, et j’ai trouvé un atelier à ­Mulhouse, au 23 Passage des Augustins, où je suis restée ­pendant quatre ans.

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Propos recueillis par : Katia Prokhorenko Photos par : MnémoZyne Pix / Vincent Muller

Strasbourgeoise d’origine, j’ai eu envie d’un retour aux sources du jour au lendemain, en novembre dernier. J’ai cherché, et j’ai trouvé un petit bijou : j’ai commencé à me renseigner sur ­l’endroit par curiosité, à lire pas mal de bouquins dessus. Le propriétaire des mines de Sainte-Marie-aux-Mines a fait construire l’endroit, en 1557, comme on le voit écrit dans les voûtes en chiffres romains. C’était des archives, et j’ai même trouvé un coffre-fort ­planqué dans le mur, que je n’ai jamais réussi à ouvrir… Après quelques ­travaux, j’ai pu m’installer en temps que créatrice, le 25 février dernier. Ce métier n’est pas très lucratif… Je fais ça ­évidemment par passion. Ma marque existe depuis le 27 novembre 2007 ; je cousais tous les soirs comme une folle, puis je me suis dis « Mais tu fais quoi là ? » et j’ai décidé de mettre à profit tout ce désir de ­c réation en inventant 100 X Ni L’oie : en sortant du Coq ­Sportif, il me semblait évident qu’une marque devait avoir son emblème, son logo. Je me suis donc inspirée des yeux de petits doudous, des monstres gentils que je fabriquais. Je trouvais ça ­totalement illogique de penser des fringues à un endroit, les fabriquer dans un autre, et les vendre encore ailleurs... Je cherchais donc pour le nom quelque chose de rebelle, contre le système classique : mais rigolo et ludique, et qui me corresponde à la fois. Une nuit d’insomnie et 100 X Ni L’oie est né. Je crois que L’oie est un reste de ma période au Coq Sportif… Toutes mes pièces sont uniques, j’essaie de créer des vêtements exclusifs. Une seule fois j’ai dérogé à la règle, en cousant cinq fois la même jupe, tellement elle a cartonné. D’ailleurs je m‘en suis voulu, ça m’a posé un véritable problème de conscience…

Les habits sont réglables et modulables, j’ai beaucoup de ­lassage ; le style est difficile à définir… Je dirais à mi-­chemin entre le retro et mes folles idées. J’adore me poser et ­observer les gens, leur façon de s’habiller. C’est un mélange de plein de choses dans ma tête. Je fais ­également un petit peu de customisation à partir d’habits qui existent déjà, par exemple des pantalons que je transforme en jupes, ou cette robe que j’ai créée à partir d’uniformes d’agents de la police. Mettre les prix n’est vraiment pas évident, dans la mesure où les heures passées sur un vêtement ne ­pourront jamais correspondre au prix indiqué. Je peux passer des jours sur une pièce pour au final la vendre peu cher, et inversement. ­J’essaye d’avoir un style assez large, afin de toucher un grand nombre de personnes. Je revois aussi des besaces de l’armée, que j’ai racheté dans un stock, et que j’ai customisé à ma sauce ; ici — me dit-elle en indiquant un coin entre un pouf et un tapis vintage ­oriental — j’ai des sacs que je fais à partir de vestes en cuir et de soie dénichée dans les affaires de ma mère : j’aime beaucoup l’effet patiné qui en ressort. Je fais également des guêtres, et des vêtements sérigraphiés : je sérigraphie artisanalement, j’ai mes écrans. J’aime par exemple ce bavoir imprimé grenade, car les enfants en sont l’image, toujours prêts à exploser. Cet été, je fais d’ailleurs une démonstration de sérigraphie. Tous les mois, j’invite un artiste ou créateur à venir exposer dans mon atelier : ce mois-ci c’est Clémentine Martinez, qui peint avec du café, et qui fait également des lampes originales. À partir de juin, des créateurs pour hommes, Hiatus, seront à l’honneur : leur concept est décalé, car ils créent des jupes pour hommes, en coton bio. On a fait un défilé le 8 juin, avec ContreTemps. Voilà, je crois que j’ai un peu trop parlé… S

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CULTURE/

u CULTURE



u CULTURE / La 4ème chronique d’Éric Genetet

Ma Wasine... Éric Genetet est l’auteur de : « Le fiancé de la lune » aux éditions Héloïse d’Ormesson et « Chacun son Foreman » aux éditions Le verger. Son troisième roman sortira cette année.

Je me souviens de mai 81, de l’élection de Mitterrand, de ­l’endroit exact ou je me trouvais, comme lors des évènements qui ont marqué ma vie. Même ceux qui ne sont pas des accros gardent intacts en mémoire les buts de Zidane lors de la finale de la Coupe du monde 98. On n’oublie pas les soirées entre amis devant un plat de nouilles à refaire le monde, les premiers instants d’une histoire d’amour, ces instants où tout change, ou presque, car rien ne change vraiment, enfin, moins vite que nos espérances. Je me souviens du jour où « ma wasine » a ­emménagé, elle était si belle au milieu des cartons. J’ai toujours espéré qu’un jour elle me choisirait au suffrage universel. J’en rêvais chaque matin en me rasant, dans ma salle de bain au dessus de sa salle de bain. Je me souviendrais de ce dimanche 6 mai 2012. J’étais chez « ma wasine » avec une dizaine de « wasins » des deux sexes et des deux bords, de sensibilités différentes. Elle portait une robe bleue, mais ça n’avait rien à voir avec ses opinions ­politiques. Sarkozy ou Hollande ? Avant vingt heures, chacun y allait de sa petite phrase. On commentait les twitts, DSK a voté, alors Ségolène hésite… La différence entre ­Hollande et Sarko ? Marine Le Pen… On connaissait les résultats, les réseaux sociaux donnaient Hollande vainqueur. Plus de suspens, les sondages nous avaient déjà privés de ça… Du coup, les proSarko se ­sentaient un peu en position de faiblesse, oubliant rapidement que cinq en plus tôt, c’était l’inverse. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pas rencontré « ma wasine ». Ça ne change pas la face du monde, mais le côté pile de mon petit environnement à moi. Je la regardais intensément, lorsqu’un « wasin » compatible avec l’agressivité parla très fort : « On n’est pas dans la merde, avec Hollande et son charisme de distributeur de yaourt au caramel, la France n’est pas prête de s’en sortir ».

We Are Strasbourg / 046


« Ma wasine » a répliqué, du tac au tac, en mode débat du ­deuxième tour : « Sortir de quoi ? Il a fait quoi Sarko depuis dix ans ? Mais je ne veux pas entrer dans ce débat, l’attaque ­systématique du candidat du camp adverse, parce qu’il est du camp adverse, m’exaspère. » L’autre ajouta : « Vous verrez, les gens diront qu’il était bien Sarko, un grand homme d’État, ça sera confirmé pour les historiens, vous allez le regretter ». « Tu dis ça parce que tu es de droite, ce clivage gauche/droite est vieux comme les talonnettes de l’arrière grand-père de Sarko, répliqua une autre wasine qui portait une robe Léopard. Déjà que ça m’a gonflé de les avoir tous les matins dans ma salle de bain pendant des mois. » À quelques minutes avant­­­vingt heures, « ma wasine » surprit ses invités en déclarant que l’eau était en train de bouillir et qu’elle allait y jeter les spaghettis. Et puis LE moment est arrivé très vite. François Hollande est élu Président de la République. Oh ! Sans blague ? Autour de la télé, les sympathisants de gauche n’ont pas exprimé plus qu’un sourire de satisfaction, sans doute par respect pour ceux de droite, en imaginant qu’ils auraient fait la même chose en cas de victoire. Entre personnes bien ­élevées, aucun risque de voir la soirée dégénérer, un bel exemple de démocratie, malgré les cadavres de bouteilles de vins qui s’accumulaient dans la cuisine et notre taux d’alcoolémie qui grimpait. En acceptant l’invitation de « ma wasine », j’étais pourtant convaincu du contraire. J’étais sûr d’assister à un pugilat, tant la politique avait rendu ­agressifs les politiciens eux-mêmes en cette période de campagne, mais aussi les citoyens de tous bords, qui, avec les réseaux sociaux, peuvent manifester des opinions qui restaient auparavant dans des sphères strictement privées. À 20h12, le silence régnait dans le salon de « ma wasine », quand, tout à coup, elle cria : « Merde, les pâtes ! » Inutile de préciser qu’elles étaient immangeables. 18 minutes au lieu de 7 dans de l’eau bouillante, c’est fatal. Il a fallu que quelqu’un se dévoue pour aller chercher des trucs chez le seul ­commerçant qui travaillait plus pour gagner plus (je l’aime bien cette ­expression oui…), une épicerie ouverte un soir d’élection, ça ne court pas les rues. J’ai traversé la ville déserte pour les beaux yeux de « ma wasine » et pour avoir la paix aussi. J’en avais marre de cette campagne, de ces émissions de télé sans saveur. Depuis le début, je n’étais pas à l’aise. Je ne sais pas pourquoi, quelque chose me dérangeait, comme si je ne croyais plus à rien. Aucun des deux candidats ne m’enthousiasmait. J’étais vidé, comme après la lecture d’une encyclopédie sur les tortues de mer.

Je suis revenu avec les courses, au début du discours de Sarkozy. C’était émouvant, une « wasine » de gauche ­pleurait, les « wasins » de droite avaient la gorge serrée. Sarkozy a réussi sa sortie, « C’est ce qu’il a fait de mieux en 5 ans » ironisa « ma wasine ». Il fut digne. Aurait-il pu l’être beaucoup plus tôt ? Au cinéma ou en littérature, une bonne fin sauve généralement ce qui peut l’être. Mais là, il était trop tard, les Français avaient choisi. L’ambiance commençait à se détendre, « ma wasine » chanta « Au revoir président, au revoir… » Un « wasin » de droite répliqua : « Tu crois que vous avez gagné au loto, c’est ça ? » « Ma wasine » répondit : « Allez, donne-moi ton verre, nous allons trinquer à l’avenir tout rose de l’hexagone. » Ensuite, nous avons dîné, des spaghettis al dente cette fois, puis le nouveau président a parlé. Il n’a pas oublié de dire que ses valeurs seront portées en France, mais aussi en Europe et dans le monde, qu’au-delà des élections de notre pays, c’est une planète que nous devons protéger. Cela servirait à quoi de penser qu’à notre petite chapelle, si partout ailleurs le chaos règne. Il termina son discours sous les acclamations de sa ville, puis, n’ayant pas envie de partir sans un sourire, il est revenu devant le micro, plusieurs fois même, pour avouer, avec beaucoup d’humour, qu’il en avait rêvé. Au moment où j’ai repris des pâtes, mes « wasins » de gauche ont concédé qu’il n’avait pas le droit de se tromper, parce que la gauche, qui n’est plus au pouvoir depuis dix ans, joue sa ­crédibilité. Hollande doit réduire la dette, les chiffres du ­c hômage, faire en sorte que la France traverse les crises sans y laisser ses plumes et sa démocratie, au risque de faire ­grimper encore plus un bleu nauséabond. Au risque d’­anéantir ­l’ambition légitime de ceux qui s’engagent pour faire avancer la cause de la liberté et de la paix. Il a bien commencé, en étant ouvert, disponible, en répondant à l’invitation de Sarko pour le 8 mai, cela donna une très belle image d’un pluralisme à la ­française. François Hollande a remporté sa Coupe du Monde, mais il le sait, dans cette France Black, Blanc, Beur, il doit en gagner une par semaine, et c’est maintenant. Rentré chez moi, j’ai pris une douche et j’ai attendu, devant France 2, que le nouveau Président arrive Place de la ­Bastille. Il est arrivé, j’ai éteint la télé. Quelqu’un sonna. C’était « ma wasine ». Elle s’approcha de moi et m’embrassa sur la bouche. Nous étions prêts pour le remake de La Belle et Le Clochard, ­chacun à l’autre bout du spaghetti. Pour moi aussi, le ­changement c’est maintenant. S

047 / We Are Strasbourg


u RUBRIQUE / Elsass Brand !

Elsass Brand ? Depuis quelques temps, on assiste à une compétition inter régions, qui essaient par divers moyens de développer leur attractivité. Elles font appel à des professionnels du marketing territorial pour créer une ­dynamique de promotion. Philippe Richert, Président du Conseil Régional et Ministre des collectivités territoriales, a décidé d’en faire de même pour ­l’Alsace et s’est entouré de Nathalie Roos, Conseillère ­Régionale ainsi que du Cabinet Co Managing.

Concrètement, cette marque a été créée pour remplir un ­objectif bien précis : développer l’attractivité de notre région afin d’attirer de nouvelles entreprises et une nouvelle ­clientèle touristique.

Pour mener à bien cette campagne marketing, Co ­Managing a dressé le portrait identitaire de notre région afin d’en ­déterminer les pôles d’attractivité. La participation de ­nombreux professionnels locaux et du Club des ­Ambassadeurs d’Alsace a permis d’aboutir à un projet qui connaît un véritable succès d’adhésion.

Si le concept vous séduit, il vous est possible de devenir ­p artenaire et d’utiliser la charte graphique proposée (à ­condition de satisfaire certains critères). Toutes les démarches à suivre sont sur le site (www.marque-alsace.fr). Seul bémol et énorme paradoxe, en consultant le site on a le sentiment que cette marque ne s’adresse qu’aux alsaciens. On peut se demander si le succès souhaité sera au rendez vous... En tout cas, nous espérons que la stratégie fonctionnera !

La création de cette marque Alsace privilégie cinq domaines : l’innovation, la jeunesse, l’économie, la qualité de vie, le ­tourisme et la culture. Cette marque dédiée se veut le porte drapeau de la stratégie d’attractivité alsacienne. Des outils de communication, certes plutôt classiques, ont été mis en place pour valoriser les points forts de l’Alsace. Le logo, sorte de blason modernisé, est à un A dans un bretzel. Pas sûr qu’il suffise à enrichir l’image de l’Alsace, mais c’est un bon début ! Il faut reconnaître que l’on a le privilège d’avoir une identité culturelle forte, tandis que sur le plan économique nous peinons à ­donner une image attractive et positive. Il est important de gagner en visibilité, en notoriété et en compétitivité.

We Are Strasbourg / 048

En attendant le label d’excellence qui viendra compléter la démarche (et oui l’Alsacien est fier !), il est certain que les ­touristes continueront d’affluer dans nos rues et vignobles ! S u www.marque-alsace.fr Propos par : Candice Soler-Couteaux


u CULTURE / Week-end parisien

Two days in

Paris

Un week end à Paris différemment, qu’en pensez vous ? L’été strasbourgeois est souvent chaud et rude, pourquoi ne pas vous accorder un weekend parisien histoire de voir du pays ? Grâce à Laeti, découvrez les bons plans de l’été parisien Propos par : Laetitia Keller Illustrations par : ANK

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u CULTURE / Week-end parisien

Le 4 ème

Le quartier cosmopolite

Take the bus Un sightseeing pour moins de 2 euros par personne, qu’en dites vous ? Grâce au bus 38, vous traverserez la ville en ­passant par les grands boulevards (Sébastopol, du Palais...) ce qui vous ­permettra déjà d’observer l’incontournable Centre ­Pompidou, le majestueux Hôtel de ville (avec ses ­manifestants), ­l’impénétrable Palais de Justice et sa chapelle jusqu’à l’entrée du quartier latin ! Si l’envie de continuer le tour de la ville vous prend, sortez à l’arrêt Saint Michel-Saint Germain et rejoignez l’arrêt SaintGermain-Odéon (2 minutes de marche) pour prendre le bus 63. Vous aurez l’occasion de passer devant le Bon ­marché, de voir la rue Solférino, de scruter le passage de députés devant l’Assemblée Nationale, d’observer la magnifique esplanade des Invalides pour finir au Trocadéro. Pour résumer, tout va dépendre de vos envies : le bus 38 pour découvrir Paris du Nord au Sud ou le bus 63 pour ­voyager d’Est en Ouest. S

Cet arrondissement du centre de Paris est incontournable. L’Hôtel de ville propose des expositions gratuites tout au long de l’année. De juillet à octobre 2012, venez découvrir ­l’exposition « Les enfants cachés, déportation et sauvetage des enfants juifs à paris, 1940-1945 ». À côté de l’Hôtel de ville, se trouve le mythique BHV de la Rue de Rivoli. Si le shopping vous tente, n’­hésitez pas à continuer votre chemin pour entrer dans le célèbre Quartier du Marais. On y trouve des accessoires tendances pour toute la famille : de la grand mère au chien ! Continuez votre promenade vers la Place des Vosges et ses nombreuses galeries d’art. À ­présent vous n’êtes plus qu’à quelques mètres du Quartier de la ­Bastille, le lieu idéal pour passer une bonne soirée... S

Le 11 ème

Oberkampf Ce quartier est l’incontournable de votre vendredi soir. Rendez vous au Barbershop pour l’apéro suivi d’un dîner entre amis (ou amoureux), le décor de l’établissement vaut le déplacement. Si une ambiance internationale vous tente, le bar Udo devrait vous plaire. On y sert que des boissons allemandes mais pas besoin d’être germanophone pour communiquer avec les serveurs. Dans le décor bavarois, on rencontre des personnes du monde entier (Canada, Israël, Monaco, Schiltigheim). Comme le lieu est petit, pensez à venir tôt pour espérer obtenir des places assises... S

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u CULTURE / Week-end parisien

Le 5 ème

Le quartier latin

Le 16 ème

Le quartier culturel chic De l’extérieur, on voit ce quartier comme une simple zone résidentielle hors de prix. Fausse impression ! Que ce soit au niveau de la danse, du théâtre ou de l’art, le 16 ème est incontournable ! Pour les évènements de cet été, les offres artistiques sont riches. L’exposition « de l’underground à la Genèse » du dessinateur Robert Crumb au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en est la première illustration. On y découvre plus de 700 dessins de l’artiste (affiches, couvertures de magazine, croquis), mais aussi des photos du maître de la bande dessinée et un film documentaire dont il est le protagoniste. L’artiste entraîne les visiteurs dans le trash, le vulgaire, le provocateur mais aussi dans sa vision critique de l’Amérique. Après une pause sur l’agréable terrasse du musée, vous pouvez enchainer avec l’exposition du Palais de Tokyo. Ce palais a rouvert ses portes le 20 avril après 10 mois de travaux. La surface d’exposition a triplé. En 2012, on parle « d’un lieu de vie et d’expression artistique » qui regorge d’oeuvres en lien avec l’art contemporain. La triennale 2012 a lieu au sein du Palais de Tokyo mais aussi dans sept autres lieux parisiens. Le projet Intense Proximité pour le Palais de Tokyo se retrouve dans un contexte historique et géographique spécifique. Des œuvres de tout genre (photos, dessins, peintures, assemblages floraux...) sont exposées. On y trouve des artistes du monde entier en partant d’une œuvre française de Daniel Buren en passant devant une photographie du sud africain Guy Tillim pour finir sur une vidéo d’une artiste du Bénin. Le voyage est aussi temporel, il se fait sur plus d’un siècle. Un conseil, regardez partout autour de vous. S

Le cœur de Paris est devant vous. Vous n’avez qu’un pont à franchir pour atteindre une des plus célèbre cathédrale au monde : Notre Dame de Paris. L’autre monument à ne pas manquer dans cet ­arrondissement est le Panthéon qui se trouve au sommet de la Montagne Sainte Geneviève. Mais n’ayez crainte, l’ascension se fait en plusieurs étapes. Sur le trajet, vous aurez la possibilité de vous ­ressourcer. Il y a par exemple le Pub Saint Hilaire avec ses ­cocktails du jour à tomber, le Piano vache avec son ambiance underground ou The Bombardier pour déguster bières et cidres en pratiquant votre anglais. Attention aux horaires, la dernière entrée pour ce monument national est 17h45 en été. Pour dîner, prenez le temps d’explorer les petites ruelles aux alentours. Vous aurez peut être la chance de manger près d’une personnalité de la chanson. Universal Music France étant dans le quartier, on y croise souvent des célébrités. S

Le 6 ème

Le quartier Saint Germain À Saint Germain, on a toutes les sortes de boutiques. Pour les mets, on a les fameux macarons. Il y a ceux de notre célèbre colmarien Pierre Hermé et ceux de Ladurée. On y trouve aussi d’autres produits comme du parfum, des habits, du thé... Ne manquez pas la Rue de Buci et la librairie de la célèbre maison d’édition allemande Taschen. Si l’envie d’un apéritif vous tente, ne manquez pas la rhumerie de Saint Germain. Vous vous croirez aux Antilles en plein Paris, le dépaysement est assuré. Pour le dîner, il vous suffira de vous rapprocher du q ­ uartier de l’Odéon pour trouver une multitude de restaurants. La célèbre « rue princesse » regorge de bars divers et variés. Pour finir votre soirée, vous n’aurez qu’à choisir selon vos envies (irish pub, chic, bobo). Une alternative est toutefois possible au Frog & Princess : le 3 en 1 (apéro, diner, bar). S

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LITTÉRATURE/

u LITTÉRATURE



u LITTÉRATURE / Stéphane Hessel

L’Éxigence de justice Propos recueillis par : Mathieu Wolfersperger Photos par : Vincent Muller



u LITTÉRATURE / Stéphane Hessel

En mars dernier, le monument Stéphane Hessel, co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, auteur du très célèbre « Indignez-vous », nous a fait l’honneur de sa présence. Il était alors accompagné d’Elias Sanbar, actuellement ambassadeur de Palestine auprès de l’Unesco, avec lequel il signe « Le Rescapé et l’Exilé » aux ­éditions Don Quichotte. WAS : Le propos de vos échanges avec Elias Sanbar pose ­l’exigence de justice. La justice passe dans le livre par le ­dialogue et la confrontation de points de vues géopolitiques. Chacun de vous a vécu, participé, pensé la question d’Israël dans des contextes totalement différents. Suivant la chronologie de l’Histoire et du livre, revenons s’il vous plaît à ce 25 Novembre 1957, et à l’établissement de l’État d’Israël. Stéphane Hessel : Le 25 novembre 1957 est en effet la date de l’établissement d’Israël. J’ai à ce moment-là 30 ans, ­tandis qu’Elias vient de voir le jour. Se pose à ce moment de ­l’Histoire le problème de la Shoah, de la destruction des Juifs ­d’Europe. La question que le monde se pose alors est : comment va-ton donner aux Juifs un lieu où ils peuvent pour la première fois depuis Salomon avoir un État, au sens moderne du terme, c’est à dire un territoire consacré, avec des frontières. État qui serait membre des Nations Unies, comme le sont déjà 54 autres à l’époque. Je suis à cette époque à New York et participe indirectement à la réflexion concernant cette terre qui s’appelle la Palestine, qui n’est pas un État, et est placée sous mandat britannique depuis la fin de la Première Guerre Mondiale. À ce moment-là, la Palestine est peuplée de 5 à 6% de Juifs entourés d’Arabes Musulmans ou Chrétiens. On se demande alors comment ­d iviser cette petite terre pour donner un État aux Juifs et donner aux Palestiniens la possibilité de se ­déplacer vers d’autres États Musulmans. Le partage se fait selon le pourcentage suivant : 55% de la ­Palestine pour Israël, 45% pour les autres. Et de 1948 à 1967, pendant 20 années, cela fonctionne comme ça à ­l’insatisfaction de tout le monde. Les Israéliens en veulent plus, car ils n’ont que la moitié de Jérusalem comme capitale unique, l’autre appartenant aux Transjordaniens. Et de l’autre autre côté les Palestiniens ont du partir de leur territoire pour laisser la place à Israël. WAS : Cette situation qui n’est pas idéale est pour vous, à cette époque et depuis l’endroit ou vous la voyez, la plus juste. C’est la question centrale de vos échanges avec Elias Sanbar : la ­justice. De fait, vous vous dites à cette époque que la Palestine faisant partie de ­l’immensité du monde musulman sans être un État, les habitants seraient largement accueillis. Vous espérez alors que les Palestiniens ­n’auront pas de problème à trouver

We Are Strasbourg / 056

un pays voisin pour poursuivre leur vie. Car selon vous la question de l’appartenance à une terre ne vous vient pas d’emblée. C’est simplement une question de territoire. Et en effet, malgré l’insatisfaction générale, pendant 20 ans cela tient. C’est en 1967 que tout commence a basculer. Stéphane Hessel : Tout à fait. Jusqu’en 1967, j’étais à New York ou à Alger. Ce n’était pas idéal, je le disais alors moi même, mais c’était bien tout de même, peut être le plus réalisable. Le plus proche du juste. Car le monde est à cette époque en perpétuel mouvement, tout le monde se déplace. Les mouvements de l’Histoire sont actifs, il s’agissait de les stabiliser pour éviter le mal. Le mal commence avec la tentative du colonel Nasser de se ­dresser contre l’État d’Israël et d’essayer de reconquérir pour les Arabes une partie des terres qui ont été attribuées aux Juifs, c’est comme cela que les conflits commencent. La réponse d’Israël s’avère foudroyante, et une ­occupation de Gaza, du Sinaï se met en place. Israël ne ­s’arrête pas là mais considère qu’elle peut étendre désormais son pays plus ­vastement que ce qui a été prévu en 1948. C’est là que commence une ­politique de colonisation et d’occupation contraire à ce que les Nations Unies dans leurs conseils de sécurité considèrent comme légale et légitime.

À partir de ce jour et pendant les 45 années qui vont suivre la question se pose à nouveau : faut-il négocier une sortie du ­problème ? Veiller à ce que les résolutions soient mises en oeuvre ? Elles qui disent qu’Israël a droit à des frontières désormais étendues à 78%. Cela dure depuis 45 ans et les négociations n’ont jamais donné lieu à un résultat probant. Blocage dû à la succession de ­dirigeants Palestiniens qui ne veulent pas négocier, au fait que les Israéliens sont divisés entre eux, et parce que les alliés ­d’Israël et les États-Unis ne font rien pour que les ­négociations aboutissent.


ELIAS SANBAR : Elias Sanbar est né en 1947 à Haïfa. Il est historien, poète et essayiste palestinien. Il est aujourd’hui rédacteur en chef de la Revue d’Études Palestiniennes. Il a aussi été membre du Conseil National Palestinien et du Comité de Parrainage du Tribunal ­Russell sur la Palestine. Depuis quelques années, il est ambassadeur de Palestine auprès de l’UNESCO.

WAS : Durant la lecture du livre, on prend conscience de ­l’importance de la temporalité et du recul par rapport aux prises de décisions politiques de l’Histoire. On tend vers la justice par nécessité, mais avec le temps, on se rend compte que la ­solution adaptée à un moment peut découler vers de l’injustice un temps plus tard. La vision géopolitique est d’une importance capitale, on voit que la notion de justice peut ­évoluer dans le temps. Stéphane Hessel : C’est l’intérêt de ce petit livre. Elias et moi sommes en accord, bien que nous n’avons pas la même ­expérience vécue. Ce qui rend le livre intéressant, c’est que la vision d’un grand Palestinien qui a assisté à toutes les prises de décisions et les temps forts de cette question du conflit israélo-palestinien apporte au lecteur, parce qu’il est en ­discussion avec moi, un homme qui se bat pour le respect du droit ­international. Voilà pourquoi je recommande à tous ceux qui ont un soucis avec le conflit de lire cet ouvrage, car ils ­pourront comprendre la complexité du problème, les ­difficultés auxquelles tout un chacun est confronté pour résoudre le problème. Mais l’autre vertu de ce livre, c’est aussi la possibilité de ­solution. Car la solution n’est pas rejetée comme impossible. Nous avons le point commun de croire que la solution est possible.

WAS : La manière que vous avez choisi pour traiter ce sujet, avec l’aide de Farouk Mardam-Bey historien réputé, est elle aussi symbolique. puisque que vous passez par le dialogue. Et la médiation ? Stéphane Hessel : Nous devons cela à Farouk ­­Mardam-Bey, qui est un historien fabuleux. Il nous a fait dialoguer car il a pu mieux que quiconque suivre le ­développement années après années, décennies après ­décennies, l’évolution d’un problème encore non résolu. S u Le Rescapé et l’Exilé aux Éditions Don Quichotte - 2012 www.donquichotte-editions.com

057 / We Are Strasbourg


IL FALLAIT CONTRIBUER À LA CAUSE DE L’OPTIMISME.


u LITTÉRATURE / François Weyergans

François Weyergans Royal Roman ! Weyergans, un duffle-coat, une paire de lunettes et une plume sans fioritures. Son prix Goncourt de 2005 pour « Trois jours chez ma mère » puis son élection le 26 mars 2009 à l’­Académie Française l’ont classé définitivement au rang des plus grands écrivains contemporains. C’est la dégaine décontractée, à sa sortie d’un TGV, que j’ai ­rencontré François à l’­H ôtel ­C athédrale, avec l’escorte ­habituelle des anges gardiens de la ­Librairie ­Kléber. Il s’installe, tout le monde se détend, on papote, il ­commande un whisky, le meilleur de la maison. Au bout de quelques phrases, lorsque je lui demande ­pourquoi il a choisi de faire naître son narrateur, Daniel Flamm, à ­Strasbourg, il me parle d’une carte de France que ses doigts ont parcouru à la recherche d’une ville dont il n’avait pas encore parlé dans un de ces nombreux précédents livres. Il a vécu à Strasbourg lui-même et a visité un appartement en location Quai des Bateliers. Il y installe donc la soeur de son narrateur. L’histoire commence à Strasbourg, puis voyage à Montréal, Paris... Daniel Flamm donc, écrivain reconnu, s’envole pour ­Montréal lorsqu’il décroche un poste dans le papier. Mais ce que fait Flamm est pourtant sans importance. Ce qu’il faudra retenir, c’est qu’il a deux filles, une femme, qu’il aime voyager et par dessus tout la compagnie, la plus abondante possible, des femmes. À Montréal il rencontre Justine qui le fait succomber. Demie actrice d’un érotisme ravageur, est à la fois crue et candide, passant du visionnage de films porno à la lecture de grands classiques. Flamm en perd la tête. Mais Justine ne reste pas

l’unique femme qui le possède bien longtemps, d’autres ­aventures s’enchevêtrent, se cumulent. Florence notamment, efface presque les fesses rebondies de Justine qui ne tarde pas à revenir subitement, déclenchant la dégringolade du ­narrateur, le confrontant à lui même dans une succession de pages écrites avec la grâce et la sécheresse littéraire de ­Weyergans. Une petite chute bien dosée, coupée à la hache, ­incisive, qui fait place nette à une écriture chirurgicale. Un roman précis qui ne se décrit pas. Car un bon livre ne se raconte jamais : on le garde pour soi, secrètement. Le choix de rester volontairement vague et confus dans cette ­c hronique, de parler le moins possible du livre, de ne pas retranscrire une seule ligne de l’entretien passé avec l’auteur tient du fait que son oeuvre se suffit à elle seule. « Royal Romance », c’est chez Julliard. S u Royal Romance aux Éditions Julliard - 2012 www.julliard.fr Propos recueillis par : WAS Photo par : Vincent Muller

059 / We Are Strasbourg



u LITTÉRATURE / Éric Fottorino

Éric Fottorino Rencontre avec un maître du Monde. Il a tenu Le Monde entre ses mains, autant dire qu’en matière de journalisme, Éric Fottorino est un mastodonte. Depuis peu à la retraite, il se consacre pleinement à ­l’écriture, qui lui est depuis des années indispensable. Ni ­substitution ni complément au journalisme, le roman travaille son ­introspection, tandis que le journalisme cultivait son envie de connaître le monde...

C’est le parcours d’un homme digne, droit. Qui n’a accédé à son rang qu’à force de travail, préférant rester discret et ­efficace plutôt que de prendre place dans les batailles sans fins de la rivalité égocentrique. Un parcours d’homme guidé par ­l’écriture, toute l’écriture, celle du quotidien, exercice quasi scolaire, et celle plus profonde, éprouvante, de l’écriture du roman. S

Dans son « Tour du Monde » aux éditions Gallimard, Éric fait le récit des différentes étapes de sa carrière au journal Le Monde. C’est en 1986 qu’il y entre, il y publiera plus de 2 000 articles. D’abord journaliste spécialiste des matières premières et du continent africain, il devient Grand reporter de 1995 à 1997, puis rédacteur en chef en 1998. En juin 2007, « Fotto » comme il est appelé dans le milieu parisien, devient Directeur du Monde.

u Mon tour du « Monde » aux Éditions Gallimard - 2012 www.gallimard.fr Propos recueillis par : WAS Photo par : Vincent Muller

Dans ce récit, il retrace son ascension au sein de cette énorme machine du quotidien, bercée d’une part par les égos, les idéaux et acculée d’autre part par le temps qui fuse et procure l’adrénaline du bouclage. Mais il est aussi question de remémoration. Ses souvenirs, au premier jour de ce nouvel univers, dans l’ascenseur qui le mène à son nouveau lieu de travail. Souvenirs aussi des ­premiers mots dans l’écriture, tandis qu’il doit à Érik Orsenna la confiance nécessaire à l’achèvement d’un roman.

061 / We Are Strasbourg


u LITTÉRATURE / Daniel Pennac

Daniel Pennac Propos recueillis par : Candice Soler-Couteaux - Photo par : Vincent Muller

C’est lors de son passage à la Librairie Kléber pour une rencontre avec ses lecteurs que le monument de la littérature française nous a reçu. Daniel Pennac nous a accordé un entretien à propos de son dernier ouvrage : « Le journal d’un corps ». Petites lunettes rondes, pull rouge, l’auteur est ponctuel et décontracté. Avec plus de 25 ans de succès, il reste ­accessible tant au travers de ses livres qu’en tant que personne. ­L’auteur revient, quatre ans après « Chagrin d’École » et son prix ­Renaudot, avec un nouveau roman « Journal d’un corps ». Suite à un traumatisme enfantin, le narrateur décide de tenir un journal intime à l’âge de douze ans. Il souhaite partir à la conquête de son corps, dans le but d’en finir avec cette peur qui l’angoisse. Peur d’être seul dans son corps. Il parle, de manière tout à fait légitime, de la profonde solitude physique qu’il ressent et des aventures qu’il fait vivre à son organisme. Au fil des années, il découvre que son corps s’adresse toujours à l’esprit sous les hospices de la surprise et que cette peur ontologique n’a pas lieu d’être. Dans ce carnet, nous apprenons à connaître un homme engagé culturellement qui semble s’apaiser avec le temps et l’âge. Jusqu’à ses 87 ans, l’homme tient avec assiduité son journal pour y retranscrire, parfois de manière touchante, d’autre fois de manière crue, ses sensations, ses angoisses, ses joies. Daniel Pennac, « Le moins tour d’ivoire des écrivains. », comme il se décrit, a besoin de soumettre ses idées à son entourage mais garde cette capacité à ne pas être influencé. Dans « Journal d’un corps », il nous livre un roman rempli d’émotions, accompagné de réflexions et de situations qui ­permettront à chaque lecteur de se reconnaître. S u Journal d’un corps aux Éditions Gallimard - 2012 www.gallimard.fr

We Are Strasbourg / 062


u LITTÉRATURE / Abd Al Malik

Abd Al Malik Propos recueillis par : WAS - Photo par : Vincent Muller

C’est avec discrétion et humilité qu’Abd Al Malik a intégré les sphères intellectuelles du pays. Les livres succédants aux albums l’ont hissé au rang des penseurs du XXIe siècle.

Philosophe, écrivain, rappeur, chanteur ou encore poète, il est difficile de qualifier cet homme de 37 ans, qui a vécu au ­Neuhof, et qui compte parmi les représentants de notre ville au sein des plus grandes instances culturelles. Il aura fallu attendre la quatrième parution de WAS Magazine pour avoir enfin la chance de rencontrer un des plus brillants porte parole de notre ville. Abd Al Malik nous a accordé quelques minutes, après une séance intense de dédicace à la Librairie Kléber pour la ­parution de son livre « Le dernier Français ». Depuis NAP et son livre « Qu’Allah bénisse la France » Abd Al Malik est devenu un des défenseurs des lettres et de la ­pensée libre dans le paysage intellectuel français. Cultivant la ­langue et travaillant ses textes, ce n’est pas un hasard si c’est le ­pianiste de Jacques Brel qui l’accompagne sur scène. De l’Islam à la ­philosophie. Artiste et poète, Abd Al Malik ne sépare pas les arts ; la musique et la littérature se ­mélangent, s’associant à l’imagination, aux souvenirs. Dans ce livre qui est en partie constitué de textes de son album « Gibraltar », il lie la musique aux livres. L’essentiel étant ­toujours la recherche d’une émotion, d’une sensation, il embraque le lecteur tantôt dans les rues de Strasbourg, ­tantôt dans des paysages lointains. Préfacé par Mazarine Pingeot, « Le dernier Français » est un complément à sa musique, un moyen de renforcer la puissance de ses textes, qu’il travaille comme un poète. S

u Le dernier Français aux Éditions Le Cherche-Midi - 2012 www.cherche-midi.com

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MUSIQUE/

u MUSIQUE



u MUSIQUE / La Sélection WAS

Musicales Raaaah ils m’auront énervé ! Vous les avez vu passer aussi j’en suis sûr, et ­ omment les rater d’ailleurs… Tous ces statuts Facebook regorgeant d’idées c toutes meilleures les unes que les autres pour contenter tout le monde suite aux résultats du second tour ! Et puisqu’au final il suffit de regarder Le Petit ­Journal et les Guignols tous les jours pour pouvoir prétendre tout ­comprendre à la ­politique et avoir les capacités de diriger un pays comme la France, je laisse donc le soin aux nouveaux génies politiques (et il y en a des caisses apparemment) de prendre la relève pendant que moi je continue à ­écouter des disques avec mes copains. Bande de cons. S

Propos par : Vivien Zell Chroniques par : Vivien / Lucas / Thibault

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Meilleur Album DEATH GRIPS - The Money Store : Alors que beaucoup de groupes indés maîtrisent l’art du teasing rendant les gens accros bien avant une quelconque ­sortie d’album et formant une espèce de buzz autour d’un potentiel bon groupe alors qu’ils sont juste bons en marketing, Death Grips, eux s’en branlent. S’affranchissant ­volontairement de toute démarche trop ­promotionnelle autour de leurs ­sorties ils compensent ­largement l’art du business avec juste la classe. Et ils en ont à revendre ! Zach Hill est un taré, mais il est sympa dans le fond parce que les groupes comme Death Grips qui donnent la moitié de leur album sur le net (oui, oui « donne » ça existe encore en 2012) sont très rares. Du coup c’est génial parce que des ­milliers de personnes vont devenir complètement ­schizophrènes et ­paranos totalement gratuitement à force d’écouter cet album en boucle. Attention c’est vraiment super violent mais ­beaucoup plus accessible que leur premier album. Grâce notamment à des approches plus rythmées voire ­complètement dance (encore plus fourbe). Death Grips séduira un plus large public pour le tabasser tout aussi gratuitement que précédemment. Et tant mieux ! Les loups dans la bergerie : ce sont eux, ne vous méprenez pas, ils ne vous veulent aucun bien. Tout ça en plus emballé sous un artwork qui sent bon les secrétions des soirées orgiaques dans une cave allemande, impossible de résister. C’est pour mieux te manger mon enfant… Alors le seul problème quand on fait un truc à la fois gratos et super bien, c’est que le public ­s’élargit, et puisque l’écoute ne peut pas laisser indifférent, ben on se ­coltine les ados ­attardés qui écoutent 65000 fois le titre « ­Hacker » (comme je les ­comprends…) et ­commentent des atrocités du genre « I came » ou « Eargasm » à tout va. Alors pour ça Death Grips je ne te dis pas merci car tu es la chose qui me rapproche le plus de cette génération, toi et ma paire de Vans. S u 01 DEATH GRIPS http://thirdworlds.net u 02 THE TING TING http://www.myspace.com/thetingtings u 03 PAUL MCCARTNEY http://store.paulmccartney.com/ram/eur.php

Propos par : Vivien

Propos par : Vivien

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02/ Pire Album THE TING TINGS - Sounds From Nowheresville : Une étude de Martha McClintock datant de 1971 a montré que si on laisse plusieurs femmes entre elles assez longtemps, leurs cycles menstruels se synchronisent. Cet album devrait avoir le même effet en quelques minutes sur tous les gros cons. Rien que le titre évoque tout de suite le néant complet auquel The Ting Tings se préparait sans doute bien avant d’enregistrer… Néant que laisse pour seule ­impression l’écoute de cette merde ultime. S

03/ PAUL MCCARTNEY - Ram (réédit) : Au début des années 70, peu après la séparation des Beatles, Paul McCartney sortit cet album, aujourd’hui oublié des grands classiques de la pop. Pourtant, il représente certainement la meilleure création du Beatle en solo. Avant d’être accompagné par les Wings et de pondre des hymnes délicats calibrés pour une Oktoberfest, Macca était capable d’allier mélodies et productions élégantes. « Ram » est époustouflant, les mélodies s’entremêlent et ­forment une œuvre dense et touffue. McCartney était encore le maître de la pop à cette époque. Précurseur du mouvement lo-fi, c’est un disque fait de bric et de broc où le ukulélé côtoie la ­symphonique. D’ailleurs Lennon saura s’en inspirer avec génie pour son album « Imagine » puisque sur l’une des photos qu’il renferme on peut le voir, à défaut des cornes d’un bélier, tenir les oreilles d’un délicat et dodu petit cochon. S Propos par : Lucas

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u MUSIQUE / La Sélection WAS

Propos par : Thibault

04/ JACK WHITE – Blunderbuss : Passons-outre la pochette immonde de style 4 eme album de The Rasmus pour en venir aux faits. Meilleure résolution de l’année pour Jack : arrêter de se faire chier avec les autres et faire tout seul. On a là le premier album solo d’un des meilleurs artistes de la décennie qui nous balade dans les méandres du standard américain avec des morceaux si classiques et efficaces qu’on croirait l’avoir depuis déjà 5 ans dans sa bibliothèque. La question pour un jeune groupe reste souvent de faire du Foals ou du Josh Homme, pourquoi pas du Jack pour une fois ? Haha The Rasmus elle est bonne celle-là, je garde ! S

Propos par : Vivien

07/ MR OIZO – Stade 3 : Ce mec a la classe 3000. Il doit être un des seuls au monde à jouir d’une réputation de génie artistique tout en mettant en avant ses productions musicales avec des titres tels que « ­Chiffon », « Gay Dentist » ou encore « WC ». Il a même eu le bon goût de donner son dernier EP sur son site en nous ­remémorant nos vieux minitels. Qu’est ce que tu veux faire avec ça… Ben fonce et va écouter l’EP, il est bien au dessus de son dernier album et de tout ce qu’Ed Banger a pu produire ­dernièrement en fait… Cette production possède cette faculté unique et propre à Mr Oizo qui est de te faire couler le ­cerveau par le nez sans pour autant que tu ne comprennes grand chose à ce qui se passe d’un coté ou de l’autre de tes oreilles. S

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TORCHE – Harmonicraft :

Propos par : Lucas

Être attiré par une si belle pochette, un si beau nom et se retrouver piégé par une sorte de stoner rock moderne aussi ignoble me rend las. Comment rester aussi longtemps passionné par un style aux codes aussi restreints et où l’ombre des Foo Fighters et des Queens Of The Stone Age est omniprésente groupe après groupe… Comment ne peut-on pas avoir eu sa dose depuis le temps ? Au moins les métalleux ont compris un truc, c’est qu’on peut faire d’autres trucs. S

08/ BRIAN JONESTOWN MASSACRE – Aufheben : Enregistré à Berlin, « Aufheben » représente la suite de « Who Killed Sgt Pepper ? » du stakhanoviste en herbe Anton ­Newcombe. Définitivement moins rock que leurs anciennes productions comme « Take It from the Man !», les Brian ­Jonestown Massacre veulent dorénavant donner un aspect plus psychédélique à leur musique tout en y introduisant des éléments minimalistes. Dans la langue de Kraftwerk, « Aufheben » est un terme ambigü pouvant signifier aussi bien abroger que conserver. Ce disque est une fois de plus anachronique par rapport aux productions actuelles. Dommage qu’Anton Newcombe ne fasse pas un peu plus preuve d’humour ou d’autodérision. S

Propos par : Thibault

Propos par : Thibault

05/

06/ ASAP ROCKY - Goldie : Le rappeur des temps modernes ne sort plus de CD, il mixtape et swag dans une nouvelle vidéo tous les 4 mois. Du coup la chronique basique en prend un sacré coup quand tu touches à son format de prédilection. Mais passer à côté de la vague Odd Future et compagnie serait une grave erreur. Ces jeunes entrepreneurs du renouveau Hip-Hop US pondent des titres tellement géniaux que pour la ­première fois de ma vie j’ai envie d’essayer la casquette et le Harlem Style comme nombre de mes copains. S

u 04 JACK WHITE http://thirdmanrecords.com u 05 TORCHE http://www.myspace.com/torche u 06 ASAP ROCKY http://www.liveloveasap.com u 07 MR OIZO http:// www.oizo3000.com u 08 BRIAN JONESTOWN MASSACRE http://www.brianjonestownmassacre.com

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u MUSIQUE / La Sélection WAS

Propos par : Thibault

09/ JAPANDROIDS – Celebration Rock : Il est évident que les deux Japandroids ont intercepté les lettres au Père Noël des nombreux désespérés du style. Le style dont on ne prononce pas le nom car devenu trop ­ringard. Celui qui faisait crier, scander, lever le poing et ­cracher. Celui que l’on a trop longtemps dénigré dans l’inteligentsia indie prouteuse de Brooklyn et qui nous revient avec joie dans la gueule aujourd’hui. Ce second album possède la patate garage du moment avec le potentiel de réveiller la jeunesse. Quoi de plus simple après 5 secondes de trouver cet album génial et de célébrer avec eux le R**K ? S

Propos par : Vivien

12/ SIGUR RÓS – Valtari : Un nouvel album du groupe islandais « Sigur Rós » est ­toujours un ­événement, et même si on atteint sans doute pas le niveau d’un « Agaetis Byrjun » (et je me demande encore si c’est ­faisable, à l’instar d’un « Kid A » de Radiohead, en fait…), cet album est magistral ! En plus l’Islande commence tout juste à se remettre d’une belle merde économique, alors achetez leur disque bordel ! Ça doit être une des meilleures choses qu’ils peuvent exporter avec les steaks de baleine (ils ont bien essayé avec Björk l’année ­dernière, mais bon) alors j’espère bien qu’on pourra trouver « Valtari » dans tous les supermarchés du coin. Et en plus, ça fera bien chier Bayrou ! S

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BEST COAST – The Only Place :

Propos par : Lucas

« So cute » le dernier Best Coast ! C’est le moment de faire sa réservation en ligne chez Vacances Martine et de penser à ces longues heures de route en compagnie de sa brune. À cramer dans la bagnole sur 900 km pour se retrouver dans un bungalow qui ne ressemble en rien à la photo du site et qui pue le moisi. Finir par se prendre la tête pour une paire de ­serviettes oubliées à la maison et arriver sur une plage bondée où les mioches braillent comme des demeurés. Ah ! Enfin ce premier moment de joie où vous lancerez l’album en ouvrant votre Inrock spécial sexe sur votre serviette trop petite en face de la belle bleue. S

13/ DR JOHN – Locked Down : Que donne un album créé par le légendaire pianiste de la ­Nouvelle-Orléans et arrangé par Dan Auerbach ? Une cérémonie Vaudou sous amphétamine. La traduction de cette métaphore idiote peut se définir par le choc de deux cultures. Le boogie-woogie et la culture vaudou de la ­Nouvelle-Orléans et le son si particulier de carburateurs ­déglingués et de tôles froissées propre aux villes industrielles du nord. L’alchimie des deux univers fonctionne et rend le swing du doc infernal, nous enfermant dans un état hypnotique. Un gumbo des plus explosifs. L’atmosphère est suffocante. Un disque au charme vénéneux. À noter que le docteur ­donnera sa ­consultation le jeudi 5 juillet au palais de la Musique et des Congrès. S

Propos par : Vivien

Propos par : Thibault

10/

11/ ZAMMUTO – Zammuto : Je ne sais pas ce qu’il prend, mais brûlant toutes les ­conventions Zammuto impose (en solo cette fois) une vraie révolution sonore, encore une... S’enlisant encore plus loin dans les bricolages conceptuels de sa pop psyché qu’il aura déjà bien creusée auparavant avec son compère Paul de Jong sous le nom de « The Books », Nick Zammuto sort son premier essai et réussit le pari d’envoyer l’auditeur encore plus loin dans les hautes sphères de son esprit complètement barré. On est bien hors des sentiers b ­ attus ici mais sur le bon chemin avec cette œuvre expérimentale aussi marginale que magistrale : l’OVNI pop de 2012. S

u 09 JAPANDROIDS http://japandroids.com u 10 BEST COAST http:// www.myspace.com/bestcoast u 11 ZAMMUTO http://zammutosound.com u 12 SIGUR RÓS http://www.sigur-ros.co.uk u 13 DR JOHN http://www.nitetripper.com

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Propos par : Vivien

u MUSIQUE / La Sélection WAS

14/ RICHARD HAWLEY – Standing at the Sky’s Edge :

u 14 RICHARD HAWLEY http://www.richardhawley.co.uk u 15 BEACH HOUSE http://www.beachhousebaltimore.com

Propos par : Thibault

Trois ans après l’élégant « Trulove’s Gutter », le crooner de Sheffield revient pour nous offrir quelques ballades au clair de lune. La nouveauté de cet album se situe dans la volonté de tendre ou de se distendre vers une couleur ­psychédélique. Ce disque nocturne est un fondu entre Sinatra et Pink Floyd. Ressuscitant et modernisant les Cash, Orbison ou Walker, il apporte une touche de grandiloquence à ses ­compositions ­intimistes sans jamais y donner un caractère pompeux. C’est un disque aventureux, où la texture sonore est ­travaillée comme un artiste et sa sculpture, donnant une ­atmosphère rêveuse à l’ensemble. Richard Hawley est un homme de ­c aractère, fidèle et intègre. Il continue discrètement son ­bonhomme de chemin et balise un parcours sans faute. S

15/ BEACH HOUSE – Bloom : Groupe un tantinet chiant que l’on ne pensait pas revoir avec un second album. Et pourtant ça en vaut presque la peine. Beaucoup plus touffu, plus intéressant. Toujours un peu gnan gnan mais on ne change pas une recette aussi bonne. C’est comme un bon frühstük de lendemain de cuite. Mais à volume pas trop fort attention. Du « dark » s’est abattu sur les Beach House et ce n’est pas pour nous déplaire. S

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u MUSIQUE / Plus Guest

Plus Guest Propos recueillis par : Vivien Zell Photos par : Ignacio Haaser

Une Release Party à la Laiterie en bonne et due forme pour Plus Guest qui vient tout juste de sortir son nouvel album Prime Time, plusieurs dates à venir et des tournées en fin d’année : moment opportun pour aller à la rencontre d’un des groupes phare du label strasbourgeois Deaf Rock en terrasse, entre deux bières et avant une averse printanière avec Julien (Chanteur) et Thibault (Guitariste).

WAS : Alors choisir Plus Guest en tant que nom de groupe ça peut être à double tranchant. Soit les mecs qui ne vous connaissent pas ne vous voient pas sur une affiche parce que « Plus Guest » fait référence la plupart du temps à des groupes de moindre impact sous une tête d’affiche, soit ceux qui vous connaissent pensent à vous en voyant toutes les affiches où « Plus Guest » ne ferait pas forcément référence à votre groupe. Donc au final : humilité ou soucis d’ubiquité ? Julien : En fait on jouait en rêvant de faire une fois une première partie pour The Elektrocution et on voulait arrêter ensuite. Manque de bol on s’ennuyait. Donc on a continué de faire de la musique. Mais pour répondre à ta question, aujourd’hui c’est un peu les deux. On reçoit de temps en temps des mails ­improbables où on nous demande si c’est bien nous en ­première partie d’un groupe à San Diego, pendant que d’autres nous envoient des mails pour nous dire qu’ils ne savent jamais où on va jouer ! Ca devait être éphémère comme nom, les gens pensaient ­vraiment à une blague, mais on l’a gardé. Alors c’est vrai que ça demande une vraie démarche d’aller se renseigner au final. Et puis bon on arrive aussi au pire des scénarios, c’est la tête d’affiche Plus Guest… Thibault : Avec ça on a aussi fait exprès de garder une typo neutre qu’on retrouve généralement pour annoncer ce genre de choses. Et avec le nouvel album on avait envie de changer. Cela dit, ça fonctionne pas mal puisque les gens se souviennent de nous, c’est différent que tous ces groupes avec des Bears, Gold ou des Youth à tout va ! Et ça, ça fait plaisir.

073 / We Are Strasbourg


WAS : Entre votre premier single « Awesome », le clip de « Find My Place » et la sortie maintenant de votre album « Prime Time » il y a une paire d’années (et même un bassiste) qui se sont écoulées. Là l’album sort peu de temps après que vous avez eu les clés d’un nouveau studio. Ca accélère vraiment beaucoup les choses ?

Thibault : Les groupes sont super indépendants. Nous avons quand même un minimum de discussion après ­concernant les ­supports qu’on cherche à multiplier mais on tombe souvent d’accord. Le choix du vinyle par exemple est réfléchi tandis que celui du CD est quasiment obligatoire lors d’une tournée pour les gens et les fans.

Thibault : C’est évident, même si notre album n’a rien à voir directement avec l’acquisition du studio.

WAS : C’est vrai que dans ce milieu indépendant, le vinyle marque presque plus l’identité d’un groupe.

Julien : Je pense que le studio nous permet d’envisager les sorties différemment. Si on veut produire c’est vraiment ­possible avec le studio, en sortant par exemple un single dans la foulée. C’est super moteur pour le groupe mais aussi pour tout le label !

Julien : Pour tout ce qui est merchandising le but est de créer le contact entre le groupe et les gens qui ­s’intéressent. Ils sont là pour ça principalement.

Thibault : Cette année le studio va nous permettre de sortir au moins un titre encore ! Julien : Entre la création et la sortie c’est quand même super long, mais avec ce système (sortir un single) on peut offrir quelque chose de plus instantané aux gens. WAS : Quand vous sortez un bel album super beau avec un packaging qui sent le travail et l’artwork soigné qui va avec, et qu’à coté de vous les ESC sortent une cassette de leur musiques 8 bits fait-maison limité à 20 ex, ça ne vous fait pas penser qu’il y a un décalage entre les groupes du label ­concernant leur ligne directrice artistique ? C’est voulu ?

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Thibault : Tu as beaucoup de fans qui veulent soutenir le groupe qu’ils aiment et donc achètent directement quel que soit le support. Julien : C’est autant pour nous que pour les fans au final, les gens sont contents d’acheter des choses pour nous soutenir. WAS : Qu’est ce qui vous démarque d’autres groupes indie rock pop actuels ? Julien : J’ai vu des groupes dont j’étais vraiment fan mais qui ne dégageaient rien en live et j’ai trouvé ça assez triste.


u MUSIQUE / Plus Guest

Thibault : Humainement dans les gros festivals où on se ­retrouvait souvent avec d’autres groupes rock, les gens nous voyaient un peu comme les punks du festival de par notre expression scénique. Beaucoup font du copier-coller avec le même état d’esprit, les mêmes affiches, là où nous on arrive à voir notre propre identité. Julien : Généralement si un live me plaît, je vais suivre le groupe. Les gens nous disent systématiquement que le live apporte ­vraiment quelque chose et reste bien au-dessus de la simple écoute du disque. WAS : C’est pour ça qu’une marque d’habits vintage vous ­propose de porter ses t-shirts en coton ? Julien : Ils ont accroché et cherchaient des gens sur ­Strasbourg, donc on a dit oui ! WAS : La playlist du magasin en ligne comprend des artistes comme Justice, The Do, Mickey Moonlight ou encore Lana Del Rey… C’est très actuel, mais super pop ! Julien : Ce n’est pas impossible qu’ils nous voient comme un groupe pop ! Thibault : Mais je ne pense pas qu’on sera un jour dans cette playlist. Même si la mode et la musique sont quand même très proches, ça nous fait plaisir de porter leurs fringues.

WAS : Toi Thibault avec Julien (l’autre Julien, batteur du groupe), vous vous occupez aussi du label et donc des moments clés des autres groupes où vous devez être ­présents la plupart du temps. C’est pas trop compliqué comme double étiquette ? Thibault : On peut penser beaucoup plus stratégiquement en travaillant nos sorties et nos lives. Mais il nous arrive aussi du coup de manquer de recul et de reléguer certains projets au second plan par rapport à d’autres. En fait c’est comme du management, ça prend beaucoup de temps mais on compense avec de nombreuses rencontres. WAS : Lors de votre dernier concert à la Laiterie pour la ­sortie de votre nouvel album, Julien est descendu dans le public pour taper sur sa batterie. Là j’ai des amies qui se sont ­carrément fait jeter par des groupies parce qu’il fallait qu’elles soient juste a coté ! Ça vous inspire quoi ? Julien : On est vraiment désolé pour tes amies. Thibault : Même si les gens peuvent penser qu’on est un groupe à groupies, ce n’est pas vraiment le cas. Mais ça fait plaisir, tant mieux ! WAS : Et j’ai entendu parler d’un clip à venir ? ­Toujours en ­partenariat avec la cité de la prod ? Ça ­ressemblera à quoi ? Julien : Oui, on a deux ou trois projets vidéo.

WAS : Vous tourniez un peu moins ces derniers temps, je ­suppose à cause de l’enregistrement. Une tournée de ­prévue prochainement pour répondre à la frustration des fans ? Thibault : On a eu besoin de se retrancher. Entre les temps de composition, de mixage et d’enregistrement, on espère qu’on ne pourra que tourner plus efficacement maintenant ! Julien : Oui ça ne nous plairait pas de reproposer le même live… Les gens perçoivent la différence quand même. Thibault : Et ce n’est pas sans enjeu, il faut réfléchir un ­minimum. Comme la release party à la Laiterie, on en a eu besoin pour poser la base. Il s’agit d’un moment clé pour le groupe.

Thibault : En gros on aura un clip live de notre tournée au ­Québec réalisé par La Cité de la prod, puis deux autres normalement. Yves Brua s’occupera de mettre des images sur « Prime Time » et « Confederacy of the Dunces » dans la lignée de « Find My Place ». Julien : On va essayer de multiplier les projets vidéos qui restent le meilleur moyen de partager et de diffuser notre musique. Thibault : Oui, faut pas se planter parce que c’est tout une image et ça nous permet aussi d’évoluer. S

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Hermetic Delight Encore un tour en terrasse (décidemment) pour rencontrer le quintet post punk qui monte. Hermetic Delight se remet doucement d’une tournée et de plusieurs autres dates dans la région et prépare son futur avec une envie déconcertante de reprendre la route. Checkpoint ! Propos recueillis par : Vivien Zell Photos par : Ignacio Haaser

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WAS : Hermetic Delight ça sort d’où ce nom ? Ça définit votre musique ? Geoffroy : En fait on a commencé des morceaux sans noms avec un groupe sans nom. Mais on aime l’idée de la jeunesse ­éternelle d’ou la notion d’herméticité. Une sorte d’alchimie entre deux notions antinomiques au final. Atef : Dans la forme aussi notre musique est violente mais tout en restant soft. Bob : Ouais c’est un peu comme se faire dominer par une femme. WAS : Hermetic Delight c’est un son super lourd et froid qu’on appelle post punk, mais portant une voix en décalage avec le style musical. Elle apporte plutôt des touches plus pop aux musiques que vous créez ou une touche plus profonde et froide à votre musique afin de repousser les limites d’un genre musical. Delphine : On y pense pas vraiment en fait, on essaie ­rarement d’analyser ce qu’on fait, surtout avant ou pendant qu’on ­compose nos morceaux. On a rarement le recul et les gens peuvent interpréter comme ils veulent. Bob : Oui, on a tous des influences personnelles, mais finalement on a très souvent tendance à aller dans la même direction.


u MUSIQUE / Hermetic Delight

Zeynep : On écoute énormément de musique tous les jours et avec notre vécu personnel on arrive à un mélange de toutes nos histoires. C’est surement ce qui apporte la particularité à la musique de notre groupe. Atef : Bien qu’on parle de post punk, ça devient presque de la musique populaire ! C’est beaucoup moins de la musique de niche comme il y a quelques années, regarde des groupes comme Joy Division, aujourd’hui tout le monde connaît et a déjà entendu au moins une fois Unknown Pleasures ou écouté Love Will Tear Us Appart ! De toute façon, mon truc, c’est faire de la musique que j’écouterais volontiers dans mon autoradio.

Delphine : Là bas il y a vraiment énormément de groupes de reprises ouais. Le public se déplace en masse pour ce genre de concerts c’est assez dingue ! Zeynep : Le point central à Istanbul par exemple reste le Peyote qui est un bar brassant beaucoup de musiques alternatives. C’est un peu l’équivalent d’un CBGB si tu veux. Atef : On a joué là-bas, les gens chantaient nos paroles. C’était dingue parce qu’on ne les a jamais publiées nulle part ! C’est vraiment des gens qui ont écouté nos musiques en boucle jusqu’à les connaître, et on avait jamais vu ça même à ­Strasbourg ! C’est clair, Istanbul reste mon vrai coup de cœur.

Zeynep : L’album dans son ensemble reste assez bien ­calibré, et on essaie de rendre nos live plus profonds, ce sont eux qui évoluent, et c’est au sein des performances sur scène que Hermetic Delight évolue. Nous sommes un groupe de scène avant tout.

Zeynep : Je conseille vraiment à tous les groupes d’y aller s’ils en ont l’occasion. C’est une scène unique et elle possède déjà tout de la nouvelle capitale pour toutes les musiques ­alternatives comme c’était déjà le cas pour Londres ou Berlin.

WAS : Un peu comme votre dernier concert à la laiterie ?

Bob : Et les gens sont super.

Zeynep : Oui exactement, les gens ont adoré ce concert dans son ensemble, on a eu d’excellents retours.

WAS : Quoi de beau pour la suite ? Un album peut-être ?

Geoffroy : Oui on avait un super son pour le coup et la grande scène nous a vraiment permis de nous exprimer complètement. Et les lumières étaient dingues ! On était des cobayes à ce niveau je crois bien mais ça a fait son effet et c’était génial !

Atef : Ben là on vient d’enregistrer un titre, puis un autre arrive, qu’on enregistrera à Green Valley Records. Mais la nouvelle ­saison s’annonce beaucoup plus sous le signe de la route ! Bob : Oui, on se sent vraiment bien en tournée.

WAS : Là, vous avez sorti un EP : Universe Like Thousands of Red Alternatives. Alors c’est quoi le principe ? Chacun a pris une lettre pour U.L.T.R.A. et lui a attribué un mot ?

Atef : Et le Collectif Kim nous aide beaucoup à nous ­développer et à faire ce qu’on a envie en nous aidant à trouver des dates pour boucler une tournée et ce genre de petites choses importantes.

Atef : On avait composé une musique qu’on trouvait ­vraiment… Comment dire… Ben ultra quoi, et on a essayé de composer là dessus.

Zeynep : Mais on va aussi essayer de trouver le temps pour ­composer et faire un album suites aux différentes expérimentations qu’on aura pu tester au cours de nos concerts. Plus tard.

Zeynep : Avec une forte influence science fiction quand même, on adore les univers qui ont quelque chose en particulier, de décalé et mystique comme Blade Runner ou d’autres !

Geoffrey : Parce que beaucoup d’étapes se font dans des petits endroits comme des bars par exemple où on ne peut pas ­forcément trouver notre son. On cherche quand même à s’exprimer pleinement mais la place ne le permet pas ­toujours comme on le voudrait, du coup on réfléchit à la manière de trouver le meilleur son dans chaque endroit. Ce qui parfois nous apporte quelques bonnes surprises.

WAS : Vous avez aussi beaucoup tourné ! Et chose anodine vous étiez quelques temps en Turquie, et apparemment la scène là bas est dingue ! Vous pouvez m’en parler ? Zeynep : Il y a toujours eu une scène musicale très active depuis les années soixante où elle comprenait beaucoup de groupes psychédéliques notamment. Dans les années quatre-vingt beaucoup de punk et de métal et pas mal d’émergences plus alternatives aussi. Mais après c’est vrai qu’il y avait ­énormément de groupes de reprises, et que les gens adoraient ça et qu’ils sont encore très présents aujourd’hui. C’est l’une des principales différences avec ce qui peut se passer ici par exemple, mais c’est aussi une limite à la créativité de la scène.

Atef : Oui, même si je pense que le prochain disque ne sera pas pour tout de suite, dans l’immédiat on va essayer de reprendre la route et tourner. C’est vraiment comme ça qu’on arrive à s’épanouir. Geoffrey / Delphine : On veut repartir ! u www.hermeticdelight.com www.myspace.com/hermeticdelight u Retrouvez Hermetic Delight : Le 6 juillet au Décibulles Le 12 juillet au Festival Natala

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ART/

u ART



La SemenceRIE PÉPINIÈRE D’ARTISTES ÉPHÉMÈRES



Propos recueillis par : Aneline Mennella Photos par : Vincent Muller

Nichée entre deux voies de ­chemins de fer dans le ­q uartier Gare de Strasbourg, La ­Semencerie ne paye pas de mine. Pourtant, ­derrière ces murs ocres à la peinture écaillée se cache un vrai trésor : un espace de création artistique occupé par 25 artistes à l’imagination aussi riche que fertile.

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Véritables témoins de l’Histoire, les murs de La Semencerie ont vu passer nombre d’individus et de corps de métiers. Tout commence à la fin du XIXème siècle lorsque l’armée ­prussienne fait construire le bâtiment en vue d’un manège à chevaux pour ses militaires. Entre temps, avant que l’artillerie ne cède la place à l’art, ces lieux furent occupés par un garage, une société de ferronnerie métallique ou encore un atelier d’architecture. Depuis une quarantaine d’années, c’est l’entreprise ­Nungesser semences qui possède le site. En 2008, l’établissement de vente de céréales décide de déménager son entrepôt de ­stockage à Erstein. « Nous ne pouvions plus rester dans ces vieux locaux, explique Bernard Heitz, le propriétaire. Nous ­avions besoin d’un espace plus grand et plus moderne. » À l’époque, l’homme n’est pas encore prêt à vendre et, suivant les conseils de son frère, il lance un appel à projet artistique. « Nous voulions avant tout éviter le squat, se souvient le chef d’entreprise. Nous avons donc opté pour la location à titre plus ou moins gracieux. » En clair, les nouveaux occupants ­n’auront à payer que l’assurance des murs et les charges. En avril 2008, l’association IMF Art emménage au 42, Rue du Ban de la Roche. Celle-ci n’occupant pas la totalité du lieu, elle propose à des artistes de s’y installer. Tous ensemble, dans une grande économie de moyens, entreprennent de ­réhabiliter ­l’endroit en amenant l’eau et l’électricité. La toiture et les fenêtres sont calfeutrées à l’aide de matériaux de récupération. Un an plus tard, IMF Art plie bagage. Les artistes décident de rester et de créer leur propre collectif. Une nouvelle convention est signée et l’association La Semencerie voit le jour.


u ART / La Semencerie

« Le but premier de La Semencerie, c’est l’atelier  ! raconte Annie Sibert, présidente de l’association. Donner un espace de ­travail aux artistes qui en ont besoin. » Et quel espace ! Une bâtisse industrielle de 1600 m2 entourée d’un jardin. Sous la charpente métallique, les ateliers s’imbriquent en enfilade dans un arc-en-ciel de couleurs et de matières. Les anciens bureaux, en dur, sont occupés par les premiers ­arrivants. L’un d’entre eux a cependant été transformé en ­studio d’­enregistrement et de répétition. Au fond, une mezzanine a été édifiée pour profiter de la ­colossale hauteur sous plafond. Une cuisine a même été ­élaborée dans une ancienne caisse de camion. Véritable labyrinthe à géométrie variable, le tout est desservi par une allée centrale encombrée d’objets et de créations en tout genre. « L’installation s’est faite petit à petit, souligne-t-elle, et elle bouge encore ! Certains ont déménagé, d’autres sont ­arrivés et ont complètement réaménagé l’espace. Là un atelier vient d’être détruit pour être reconstruit un peu plus loin. C’est en perpétuel mouvement! Il n’y a pas de règle. »

UNE BÂTISSE INDUSTRIELLE DE 1600 M2 ENTOURÉE D’UN JARDIN À la fois association, collectif, lieu de création et d’­exposition, La Semencerie possède un mode de fonctionnement ­collégial et autonome. Tous les mardis, les artistes se réunissent pour discuter de leur travail, de leurs perspectives, de l’accueil de nouveaux résidents permanents ou temporaires, de la construction ou de la destruction d’un atelier... L’hiver, les réunions se font plus rares en raison du froid. Pas facile, en effet, de chauffer une telle superficie, surtout lorsqu’elle est mal isolée. Les rendez-vous sont alors fixés dans des ateliers clos à grands renforts de bottes fourrées, ­doudounes et autres chauffages d’appoint. Le 1er avril dernier, La Semencerie a fêté son quatrième ­anniversaire. Une célébration teintée d’appréhension car les conditions de la convention signée avec le propriétaire sont claires : dès lors que les murs seront vendus, les artistes auront quatre mois pour quitter les lieux. Or, aujourd’hui, La ­Semencerie est à vendre. « On est content que les locaux soient occupés par ces artistes, convient Bernard Heitz. Mais ça ne durera pas éternellement ! Un beau jour ces locaux seront vendus et probablement détruits ; et si demain on trouve un acquéreur, on vend ! » Mais quand ? « C’est la grande question ! » s’interroge Annie Sibert.

En tout état de cause, le collectif a d’ores et déjà monté un ­dossier et fait appel à la Communauté Urbaine de Strasbourg pour un relogement futur. Une relocalisation qui ne va pas sans certaines contraintes, à commencer par l’espace nécessaire : au moins 1600 m2. Du coup, chaque année, quelques artistes ­candidatent pour intégrer le Bastion ou d’autres ateliers. La Semencerie est donc en sursis, mais n’allez pas croire que la morosité a entaché le moral des troupes. Carpe diem ­écrivait Horace. Amen ! répondent les ­architectes, ­s cénographes, peintres, graveurs, forgerons, sculpteurs, ­performeurs, dessinateurs et autres créateurs qui n’ont de cesse de poursuivre leur travail. Tous veulent profiter au maximum du formidable champ des possibles que leur ouvre La Semencerie car demain, peut être, il sera trop tard. S u www.lasemencerie.org lasemencerie@gmail.com

« Aux dernières nouvelles, nous devons quitter le bâtiment fin décembre 2012. » Faux, rétorque le propriétaire, « Ce n’est absolument pas à l’ordre du jour ! »

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u ART / La Semencerie

Annie Sibert Propos recueillis par : Aneline Mennella Photo par : Vincent Muller

Son rêve le plus fou serait de créer des bijoux avec des nuages. Curieuse, passionnée, déterminée, Annie Sibert ne se fixe comme limites que celles de son imagination. Cet appétit de découvertes remonte à son enfance, à ­Mulhouse, quand ses parents l’emmenaient au musée, au théâtre ou dans la nature. C’est donc en toute logique qu’elle opte pour la filière musiquearts plastiques au lycée et s’oriente, par la suite, vers l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg. « Assez vite, j’ai élu domicile à l’atelier bijoux de l’école ainsi qu’à l’atelier métal, se souvient-elle. Je suis tombée ­amoureuse de cet espace avec tous ces outils magnifiques. » Des instruments qu’elle utilise notamment pour créer une série de bagues si imposantes qu’on ne peut les porter trop longtemps. Une fois retirées, celles-ci deviennent des ­sculptures, indépendamment de la main qui les portait. L’expression « ­porter un bijou » prend alors tout sons sens. Annie Sibert s’attache avant tout à donner du sens et du poids aux objets qu’elle conçoit. Parmi ses projets figure celui qu’elle a baptisé « L’architecture comme bijou ». Un doigt glissé dans la fissure d’un immeuble et c’est le bâtiment tout entier qui devient bague ! « Depuis longtemps j’ai aussi envie de faire des bijoux pour l’architecture. », confit-elle. En témoigne la gourmette géante qu’elle a fabriquée pour La Semencerie lors de son arrivée au sein de l’association. Ou encore ce projet de collier en tuiles destiné à orner une maison. Artiste prolifique et multitâche, Annie Sibert mène de front une dizaine de projets : des pièces uniques, des séries, des ­expositions, des sculptures... Elle est aussi présidente de l’association La Semencerie et joue de l’alto dans le groupe La Brèche. Mais ce n’est pas ça qui paye le loyer. « À l’heure actuelle je ne vis pas de mon art, regrette la créatrice. En revanche, je survis grâce à lui dans le sens où j’en ai besoin pour me sentir bien et heureuse. » Elle fait donc du gardiennage et de la médiation à La Chaufferie à Strasbourg ainsi qu’à La Cour des Boeklin à Bishheim. Il y a quelques mois, Annie Sibert a répondu à un appel à projet lancé par la Compagnie Luc Amoros. À la clé : douze semaines de résidence dans différents centres d’art ­dramatique ainsi qu’une tournée. « Si je suis prise, je vais sûrement devoir ­suspendre certains de mes travaux, admet l’artiste. Mais je trouve génial de pouvoir faire quelque chose comme ça une fois dans sa vie. » Et quand bien même ça ne marcherait pas, il y a fort à parier que ce projet ne soit pas le dernier auquel la jeune femme aura l’occasion de participer. S

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PETIT À PETIT J’AI DÉCOUVERT MON AMOUR POUR LES OBJETS, LES FORMES ET LES MATIÈRES.



Elle

&

Lui Si les rapports masculins-féminins peuvent parfois être tendus, ils n’en restent pas moins de formidables sujets d’observation scientifique. C’est pourquoi WAS s’est penché sur la question, tentant d’analyser cet obscur objet du désir qui nous relie. Pour cela, voici le portrait type d’une journée d’été entre copines ainsi que son équivalent masculin. Il arrive parfois que les deux se croisent, s’entremêlent, s’effleurent sans jamais se toucher mais, toujours, s’influencent.


VouS SaVEz tout du programmE d’unE fiLLE En un Long wEEk-End futiLE aprèS unE durE SEmainE dE traVaiL à SauVEr La pLanètE, réSoudrE dES équationS au troiSièmE dEgré, dESignEr L’obJEt dE dEmain, parcourir LE mondE En Louboutin,Etc. à préSEnt, L’été approchant, pLongEz danS LE farniEntE au féminin ou commEnt tout SaVoir Sur L’art dE La tErraSSE En mini-JupE SanS S’imprimEr LE cannagE dE La chaiSE Sur LE cuiSSot.

Elle, Sea Jolie...


maiS JE rêVE, où EStcE qu’ELLE a chopé cES boucLES d’orEiLLES cEttE garcE ?

arfois, le mâle se demande si la jeune fille fait exprès de faire remonter sa jupe en même temps que grimpe le thermomètre, suivant l’adage bien connu que « moins t’en mets, plus tu te fais mettre », mais non, la douce brebis innocente qu’est la jeune fille ne se livre jamais à ce genre de jeu pervers, embêtée qu’elle est à vaciller en compensés sur les pavés de la PMG. Néanmoins, la chaleur étant, elle n’a d’autre choix que de s’adapter, et même en lisant les bons conseils mode de son magazine préféré sur ce qu’on peut mettre ou pas pour garder le style par 30°C, l’attitude qui se doit de l’accompagner est parfois ambigüe.

par forte chaleur,... ... il est recommandé de s’hydrater régulièrement. Vous la visualisez la fille qui prends un diabolo en terrasse parce que « ne me laissez pas trop boire, je deviens très entreprenante » ? Elle est loin. Aujourd’hui la donzelle attaque le milkshake au rhum dès 11H du matin pour le brunch et sirote tranquillement son mojito au soleil tout le reste de la journée, pour s’hydrater à faibles calories, levant ses yeux aux cils mêmes pas maquillés au-dessus de ses lunettes de soleil fumées, observant négligemment le paysage citadin avec sa « besta » (« elle a des jambes plus longues que moi la cajole là-bas ? » « Mais non ma chérie, tu es magnifique, elle, elle a le cul en goutte d’huile »).

garde la ligne dans ton slim En été, vous avez déjà pu constater ce phénomène étrange dans la façon féminine de se nourrir. Au réveil, de l’eau tiède additionnée de jus de citron et un demi-pamplemousse. Au déjeuner, du concombre assaisonné de yaourt 0% et… allez, une fraise, soyons fous. Puis vient le reste de la journée, semant doute et effroi chez leur homologue masculin, cherchant comment est-il décemment possible d’engloutir autant de glace noyée dans la sauce chocolat-caramel, essayant de comprendre quelle est cette règle d’équilibre durant les pique-niques qui fait qu’une tomate cerise engloutie = possibilité de manger une demibaguette accompagnée de l’équivalent en fromage et son poids en muffins…


Elément de survie n°1 : le shopping Finies les heures interminables en cabines mêmes pas climatisées où de toute façon tout le monde sait que le miroir est amincissant, laissant trompeusement croire que la cellulite est miraculeusement absorbée par le vêtement essayé. Désormais, afin de shopper en bande, les filles ont trouvé le truc : http://www.westgatepark.fr/, marque locale de T-Shirt à l’irrésistible french touch qui n’est pas encore vendue en boutique donc on en profite avant que ce ne soit trop couru. Et vu que les filles sont d’adorables créatures, elles font aussi un rapide détour par l’e-shop Hommes pour dénicher un T-Shirt bien coupé au graphisme tendance à leur moitié (qui, reconnaissez-le, serait affreusement mal habillée sans une présence féminine pour lui rappeler les règles de base). Puis, lorsqu’elles se décident à daigner refaire une apparition en ville, elles se dirigent vers la Petite France où, avant de pique-niquer au soleil, elles s’arrêtent chez Zoé Love Shop, boutique glamour à souhait nichée sur les bords de l’Ill, où elles trouvent l’amour de leur vie ; petit objet évoquant étrangement la forme d’un canard ou d’un lapin, allez savoir pourquoi… Mais point de plaisir égoïste, dans une démarche extrêmement altruiste, la fille prendre soin de choisir un petit cadeau à partager avec son cher et tendre, des menottes Swarovski par exemple.Elles iront à merveille avec ses boucles d’oreilles.

finaLEmEnt, paS bESoin dE mon Lapinou dE chEz zoé LoVEShop...

coup de théâtre final Profitons du parc de la Petite France pour pique-niquer sous les rayons du soleil couchant, ce sera également l’occasion de peaufiner sa manucure en cas de soirée impromptue. Et là, une nouvelle fois, après s’être prélassées toute la journée, les filles déploient un effort de guerre resté inenvisageable jusqu’alors et sortent l’artillerie lourde. Si jusqu’à présent, il leur a fallu une dizaine d’heures pour : enfiler une robe, boire un smoothie, faire du shopping, ne rien faire au soleil, subitement elles sont l’efficacité même et, tel un essaim d’abeilles, se ruent sur leur salle de bain passant en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire d’un visage rougi par le soleil à un maquillage cléopâtresque accompagnant à merveille leur maxi-dress. C’est à partir de ce moment M que la magie opère. Instantanément, les caprices et étrangetés qui ont pu avoir cours dans la journée sont oubliés des Hommes, absorbés qu’ils sont par leur beauté (ou ce que les verres de bières ingurgités au cours de la journée, seul gage de patience pour attendre ce moment, veulent bien leur laisser croire). L’attitude féminine qui en découle se résume en un geste très simple : se poster en bande et attendre que les prétendants défilent, régissant leur manège d’un simple battement de cils, maquillés cette fois. L’issue de la soirée, c’est elle qui la décide. La journée d’été s’achève, un air de Souchon flottant dans l’air trop lourd : Elles, dans l’suave, la faiblesse des hommes, elles savent que la seule chose qui tourne sur terre, c’est leurs robes légères. S


c

c

courS touJourS, mon Lapin !

Euh... non.

c LES garS, JE SEnS quE J’VaiS pécho cE Soir.

Lui,

le mauvais dragueur en quelques points


L’homme et sa quête de transparence Les hommes entretiennent avec le soleil un rapport étrange. Il s’agit d’un lien purement scientifique. Bien sûr, ce qui lie les hommes au soleil, ce ne sont pas ses caractéristiques, son éloignement de la Terre, ou encore son rôle dans la galaxie. Le rapport des hommes avec le soleil est disons plus... anatomique. L’homme attend le soleil pour servir ses sens. Lunettes de soleil noires sur le nez, l’homme attend, posté sur une terrasse (souvent sur la Place du Marché Gayot), les premiers rayons de cette chère étoile. Le soleil est porteur de débardeurs moulants, de jupes courtes, de cheveux attachés, de jambes qui défilent sur les pavés de Strasbourg. Le soleil met les femmes en confiance, parfumées, légèrement vêtues, elle paradent pour le plus grand plaisir des mecs assis durant des heures autour d’une bière bien fraîche à guetter. La chasse est ouverte ! Si souvent les hommes finissent par rentrer non seulement saoûls, mais aussi bredouille, ils ne perdent jamais espoir et se retrouvent à la même place le lendemain, avec le même espoir. Légèrement pathétique, souvent attendrissant, il regarde, rêve, attend, tente un regard par ci, un verre par là, il désespère, et attend l’arrivée de l’automne pour se sevrer de l’alcool. Soudain en voilà une qui passe, portant un petit short et un top blanc transparent. Il commande un pichet, ses yeux sont verrouillés. L’homme sait rendre grâce au soleil.

whaa ! quELLE robE canon ! J’La VEux.

manger

J’ai La daLLE, moi. paS toi ?

c mmh ?

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Il arrive un certain moment ou l’on oublie la bouée de graisse qui se dessine sous le T-shirt (le marcel pour les plus has-been). L’envie de se faire plaisir prend le dessus sur les 5 fruits et légumes par jours et les résolutions qu’on a cru tenir en ressortant son maillot de bain de l’été dernier... Quand on a faim, on veut du lourd, du goût, du vite-fait, du qui tient au corps ! Direction 231 East Street aux abords de la Place St-Étienne (ce qui permet de ne pas trop s’éloigner du terrain de chasse qu’est la Place du Marché Gayot) ! Un maxi burger servi dans un cadre unique et à l’ambiance musicale agréable ! Le menu 231 à 9,90€ saura rassasier les plus affamés d’entre nous ! En accompagnement ? Une bonne Bud bien fraîche !


Si L’hommE a été créé aVant La fEmmE, c’ESt pour Lui pErmEttrE dE pLacEr quELquES motS ! ok ?

ELLE nE pEut paS êtrE dE Lui cELLE-Là, iL ESt trop idiot !

boire L’effet de l’alcool est chez les hommes assez étrange. Il agit dans un premier temps au niveau du cerveau. Il désinhibe, il ouvre les portes de la drague, facilite le dialogue, rend brillant. Ensuite il descend légèrement pour se placer au niveau de la vessie. Car la boisson par excellence, pour l’homme, c’est la bière. Et en 50 cl s’il vous plait ! C’est au moment où il se lève pour « vidanger » qu’il se rend compte qu’il en a consommé quelques litres. En sortant des toilettes, l’effet de l’alcool s’est à nouveau déplacé légèrement plus bas, au niveau du caleçon. La chasse reprend, avec des tentatives désespérées et désespérantes il s’acharne à tenter de « pécho » la nana du bar qui l’a remballé deux heures auparavant. L’alcool poursuit ensuite son chemin, pour descendre jusqu’aux chevilles, provoquant des mouvement saccadés et déséquilibrés. L’homme n’arrive plus à marcher droit, il parle fort, veut parfois casser la gueule à des « types », ou « lever une minette » pardonnez l’expression.

dormir

vivre en couple

Il est beau, l’homme, lorsqu’il rentre de soirée. Il a souvent perdu quelque chose, une écharpe, une paire de lunettes de soleil, sa carte bleue... Il enlève ses chaussures à la hâte une fois chez lui, ne se brosse pas les dents, ne se déshabille pas. Et là, l’impression d’être à Europapark dans une attraction qui fait tourner son lit ! Ça tangue ! Alors il allume la télé, qu’il a dans sa chambre. Il est trop tard pour trouver quelque chose d’intéressant, il est même trop tard pour un porno. Il va falloir s’armer de patience. Il a faim, mais le frigo est trop loin, il a envie de faire pipi, mais les toilettes sont inaccessibles. S’armer de patience. Il se jure que lors de sa prochaine soirée, il ne rentrera pas seul. Et parfois cela arrive !

« Si l’homme a été créé avant la femme, c’était pour lui permettre de placer quelques mots ! » Tels étaient les propos, machistes en effet, de notre célèbre Jules Renard. Alors, lorsqu’on a besoin de fraîcheur et de calme, ne trouvant pas d’alternative, il nous arrive, à titre très exceptionnel, de vous proposer un peu de shopping... Bien que l’on déteste y aller, parce que l’on se voit forcer de vous suivre comme des petits chiens perdus, vous qui faites des allerretour, vous qui avancez, qui reculez, comment voulez-vous que l’on vous... suive. Le pire, c’est que vous faites du shopping pendant deux heures, vous essayez, vous inspectez tout, pour ne rien acheter au final. Et en plus, vous sortez souvent des magasins avec la déprime. « Trop grosse, trop petite,

trop grande, pas bronzée, jambes pas épilées, et que j’aurais pas dû manger de glace hier soir, et que demain on va courir. » Nous, on fait profil bas, on dit oui, on dit « mais nan, t’es super belle attends ! » et on espère secrètement que ça va passer vite, qu’on se pourrisse pas tout le samedi à cause d’une robe qui était pas dessinée pour vous. Si le shopping était pareil que nous, ce serait vite réglé : on entre, on essaie, on achète et on s’en va, quitte à acheter n’importe quoi, il faut que ça aille vite. S

Propos recueillis par WAS


Contributeurs : Photos : Vincent Muller Modèles Do/Don’t : Véra Bossiak-Christ (Zénith models), Matthieu Atzenhoffer Ouverture : Meggy Alexydze (Zénith Models), Vincent Jenny Mise en beauté Do/Don’t : Coiffure : Xavier Thammavongsa (Extatic) Maquillage : Pauline Hauck (Candice Mack) • Mise en beauté Ouverture : Emeline Vogel (Candice Mack)


Do / Don’t En bon Strasbourgeois, vous avez appris à maîtriser les codes vestimentaires de ­l’hiver comme personne, c’est normal, survie (fashion) oblige. L’été venu, vous voilà fort dépourvu, le thermomètre grimpe, vous faisant parfois osciller entre sudation dans vos basiques ou look Martine à la plage. Afin d’éviter tout faux pas, suivez le guide DO / DON’T pour capter toutes les tendances de l’été…ou inversement. Avouons que le rôle du beauf qui passe la tondeuse n’est pas désagréable.


u MODE / Don’t ! Dans les années 20, une célèbre marque inventa l’ambre solaire, permettant aux bidochons d’éviter le style “merguez” et autres traces de marcel. À bon entendeur ! Un paréo Bob (RIP), brassards, ­rougeurs... Des accessoires pour être toujours parés. Graou !!!

Vous aviez perdu votre slip de bain du CP au moment où vous avez choisi votre cycliste de bain ?

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u MODE / Do !

Le panama pour garder le style même à la plage. Slide Box, Chapeau de paille “Brixton”, 48€

Slide Box, Serviette de plage “Volcom”, 49€

Le short de bain à rayures dégradées, moderne mais abordable. Slide Box, Short de bain “Volcom”, 65€

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u MODE / Don’t ! Même si on a vu le retour de l’oeil turquoise sur les défilés, le maquillage sirène est déconseillé, ça fait mi-femme mi-thon. Porter son masque de plongée sur la tête, genre “je me suis fait un head-band sur le thème marin” ne vous sauvera pas de votre fashion naufrage.

Il y a différentes façons de transposer son style à la plage, le blouson à franges au dessus du deux-pièces Gold n’en est pas une.

Si marcher dans le sable en stilettos était possible, on vous le dirait.

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u MODE / Do !

On reste naturelle, c’est ainsi qu’on attrape le soleil mais pas les loosers !

On tente le maillot de bain façon lingerie, succès garanti ! Guipure, “Ermanno Scervino”, 330€

Des espadrilles oui, mais compensées pour allonger la jambe. “JB Martin - Caire”, 109€

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u MODE / Don’t ! En ville, votre coeur oscille entre une tenue légère et un style, attiré par des éléments qui faisaient fureur dans votre enfance, lorsque Maman vous habillait. Ah, que de souvenirs !

Le T-shirt à dessin humoristique délavé est à bannir. Il en va de même pour le gilet Framboisier des Musclés.

La banane à pin’s : On sait que vous êtes nostalgiques d’une certaine époque, nul besoin de le rappeler

Le mini-short de bain en ville (ou de manière générale) est à proscrire.

Honteux ! : Des tongs en ville / des sandales d’une célèbre marque teutonne / un mélange des deux.

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u MODE / Do !

Lunettes de soleil. Maurice Frères, Hackett, 250€ La chemise à carreaux, incontournable. Le Placard, Chemise Scotch & Soda, 78€

Le sac en cuir, un sac à la fois travaillé et masculin, tout en étant pratique et original Le Placard, Cowboy Bag, 183€

Le pantalon en chino qui allie structure et légèreté, dans une couleur estivale. Le Placard, Scotch & Soda 105e

Les espadrilles, parfaites en été pour activités tout-terrain (terrasses, vélo, pavés, dancefloor...) Le Placard, Koster, 18€

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u MODE / Don’t ! C’est l’été, vous avez chaud, nous aussi. Néanmoins, vous balader en mini vêtements à motifs tropicaux en tentant de plagier la silhouette de Paris Hilton n’est pas une solution envisageable pour assurer en ­terrasse. Doit-on vous rappeler que le chouchou est mort quelque part dans les années 90 ?

Opter pour une ­matière éponge en cas de grosse chaleur ne résoudra en rien vos problèmes de sudation.

Ne jamais montrer son décolleté, ses jambes et son nombril. On choisit un élément, de préférence pas le nombril, qu’on découvre de manière subtile.

Ne jamais associer jupe courte et talon haut.

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u MODE / Do !

On rehausse la robe d’été d’éléments colorés comme les derbys et la maxi-besace, idéale pour les longues journées d’été Le Placard, Robe “Sessun”, 148€

Lunettes de soleil “Thierry Lasry”, Maurice Frères, 255€

Gloss, Maxi Besace en cuir, Sessus, 115€ On use de la corde avec cette ceinture tressée qui accessoirise la robe. Le Placard, ceinture en cuir tressée « Sessun», 20€

Le Placard, Derbys “Anniel”, 79€

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u MODE / Don’t ! En soirée on pourrait penser naïevement que la veste est de rigueur, assortie d’une belle cravate et d’accessoires pour impressionner les filles, téléphone dernier cri dans sa pochette high-tech, touche «fun» sur la chemise...

À proscrire : la casquette en soirée (kaou ya du soleil)

Les personnages sur la chemise : eux aussi ont normalement disparus quelque part dans les années 90

Èviter aussi de tenter des petites touches originales pour se démarquer

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Se dire qu’avec une veste et une cravate on ne peut être qu’élégant n’est pas une bonne idée, surtout si la veste est mal taillée


u MODE / Do !

Le T-shirt qu’on ne retrouve pas sur tout le monde INKTIE, T-shirt, 30€

Le blazer à capuche et empiècements en cuir, à la fois élégant et décontracté, parfaitement adapté à un look de soirée Vend’homme, Blazer à capuche et empiècements en cuir “Bill Tornade”, 415€

L’indispensable slim noir Vend’homme, Jeans “Eleven Paris”, 89€

Le Placard, Chaussures en daim “Swear“, 110€

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u MODE / Don’t ! Être maquillée comme un camion volé n’a jamais rien arrangé. On met l’accent sur une belle bouche ou sur les paupières et on remplace le blush par une poudre « effet soleil » à petite dose, le vrai soleil s’occupe du reste. Pour éviter l’effet sapin de Noël : ne jamais accumuler boucles d’oreilles et collier.

Veste avec fourrure + robe zèbrée fendue + escarpins vernis rouges = too much.

Même en bord de mer : Le sac écailles de poisson est à proscrire.

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u MODE / Do !

Les boucles d’oreille sont légères, on accessoirise sans alourdir. Gloss, L’atelier des Dames, 36€

La pochette en python ajoute la touche élégante à cette tenue de soirée. Le Placard, 110€

Le blazer structure l’ensemble et réchauffe les épaules tout en gardant la légèreté de l’été. Gloss, Blazer See U Soon, 87€ Gloss, Top See U Soon, 54€

Le short plutôt qu’une jupe permet d’associer des talons hauts. Gloss, Short en lin, See U Soon, 45€

Sandales JB Martin, Modèle Hawaï, 128€

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WAS THAT ?/

u WAS THAT ?



u WE ARE STREET / Was the F..k !

Définir le Hip-Hop en quelques mots s’avère aussi complexe que d’en présenter la scène strasbourgeoise en quelques pages. En effet, cette culture ainsi que notre scène locale, se définissent avant tout par la multiplication de ses facettes. Le Hip-Hop a connu un bouillonnement dans les années 90 mais si certains y ont vu un « âge d’or », la qualité des artistes actuels, que ce soient des rappeurs, des DJs, des danseurs, des graffeurs, des entrepreneurs, montre que le mouvement affiche une vitalité insolente. Insolente, cette culture peut l’être notamment envers les cadres de la société, qu’ils soient politiques ou médiatiques. Les tentatives de faire taire une culture gênante se sont multipliées ces dernières années ; du procès de la Rumeur, en passant par la polémique Youssoupha/Zemmour ou la proposition du député UMP Michel Raison de faire censurer certains groupes de rap, jugés « trop violents ». Mais ces tentatives ont échoué et n’ont fait que démontrer que cette culture, reflet de notre société, continue d’effrayer et de bousculer les hautes sphères de notre pays. En parallèle de cet aspect revendicatif, le Hip-Hop est avant tout un art qui se pratique et qui se transmet. Le Hip-Hop c’est l’élévation de soi, l’ambition d’atteindre le sommet de son art. Le microcosme strasbourgeois représente parfaitement la multiplicité et les valeurs du mouvement entre critiques acerbes de notre société, partage, recherche constante d’originalité notamment en terme de musicalité et réinvention constante de son art. Ce dossier n’a évidemment pas la prétention d’être exhaustif ou d’avoir fait une sélection des meilleurs. Il vous présente simplement une partie, une facette cohérente de cette mine d’or qu’est Strasbourg. Notre ville regorge d’artistes talentueux de Fréro de La Mixture en passant par Mess Bass, Lacro, le Drug Store ou Onirik, mais il faudrait plus de cinq pages pour tous les citer. Cependant, il y a un point commun entre les artistes présents dans ces pages et ceux qui ne le sont pas, la passion d’une culture élevée en art de vivre. Entre Strasbourg et le Hip-Hop, c’est une grande histoire d’amour !

Retrouvez toute l’actu Hip-Hop graâce à Thomas Rahoual sur son blog Rap & Co u www.rapandco.wordpress.com Illustrations par : Yves “Bonzer” Herrbrecht Propos par : Thomas Rahoual

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u WE ARE STREET / REQ

REQ, c’est l’histoire de trois amis animés par l’envie de ­redonner au Hip-hop des années 90 ses lettres de noblesse. Tout commence en 2009, lorsque Mister E et Rhum One d’Art District et Dj Q de Lyre le Temps s’unissent pour la première partie de Jeru The Damaja à Mulhouse. Le combo créé pour cette date est une vraie réussite et sur la proposition de Rhum One, ils décident de former REQ en reprenant l’initiale de ­chacun des membres. C’est l’envie de faire un Hip-hop sans concessions et d’avoir davantage de liberté artistique dans leur groupe respectif qui les pousse à s’investir dans cette aventure. Pour eux, c’est un véritable défouloir, pour le public, la redécouverte du Hip-hop de « l’âge d’or » à travers des sonorités modernes. REQ représente la formation hip-hop originelle, un Mc, un Dj et un Beatmaker, chacun apportant sa spécialité. Dj Q s’occupe des scratchs, Mister E des rimes et Rhum One compose des beats à base de Boom Bap, de samples, mais également d’éléments plus modernes. Le groupe a pu ­compter sur de très belles premières parties comme celles de Suprême Ntm, Gift of Gab de Blackdelicious, Youssoupha ou encore Raekwon, pour se produire et se développer. REQ est une affaire qui roule puisqu’ils ont remporté le tremplin musical Superbowl 2011 après avoir été plébiscités par le public.

Propos recueillis par : Thomas Rahoual Photos par : Vincent Muller

La musique qui ressort de cette rencontre est un hip-hop épuré. Les deux premiers morceaux, le jazzy « Music is my mother » et le déménageur « Kick » sont les assemblages de ces influences nineties, de samples et de musique actuelle. Cependant, il est très difficile pour les membres de REQ de s’y consacrer pleinement puisque chacun est très occupé dans son groupe respectif. Mais dès qu’ils se retrouvent en studio ou sur scène, ils exercent leur art avec énergie et ­plaisir. Sur scène, toute l’instrumentale est jouée en live par Rhum One qui tape sur sa MPC, les scratchs de Dj Q accompagnant le flow de ­Mister E. Un vrai régal pour le public ! S u www.req.mu www.facebook.com/req


u WE ARE STREET / Gab Da Eklectik B WAS : Ton premier album, « Coup d’Maillet », est sorti le 16 mars, comment l’as-tu préparé ? Gab : Ça va faire un peu plus d’un an que je suis dessus. En fait, j’ai arrêté de travailler avec mon ancien beatmaker, avec lequel je bossais sur un projet qui n’est jamais sorti. Pour m’en remettre je devais kicker un album et surtout faire quelque chose de complètement différent. C’était un besoin de créer de nouvelles choses étant donné qu’un projet tombait à l’eau. WAS : Le premier clip de l’album est « Coup d’Maillet » dans lequel l’influence d’Eminem se fait clairement ressentir. Vous avez dû beaucoup vous amuser sur le tournage ? Gab : On a beaucoup rigolé en tournant ce clip qu’on a filmé en partie au Mudd club avec Dj Nelson et des potes. Je voulais qu’on remarque qu’on s’était amusés, je n’aime pas me prendre au sérieux, ce que je reproche souvent aux ­rappeurs français. Il y aura au moins encore un clip, qui devrait sortir prochainement. WAS : À quoi peut-on s’attendre pour ce premier effort ? Gab : C’est un album qui parle un peu de tout  ! Il n’a pas de réel fil conducteur, les thèmes sont extrêmement différents. Je peux parler aussi bien de la pluie, qui est très présente dans nos contrés nordiques, de Strasbourg, que taper sur l’État et le monde en général. Je fais également pour la première fois de l’egotrip. Avec cet album, on pourra avoir un aperçu de mes univers car chaque morceau est très différent. WAS : Au niveau des productions, retrouvera-t-on des ­p roducteurs strasbourgeois ? On aperçoit également Dj ­Nelson dans ton clip… Gab : L’album est 100% strasbourgeois. Il y a deux beatmakers sur le projet, Gaston de la Fanfare en Pétard et Kayo, qui faisait partie du groupe A-SAI. Les prods sont très différentes. Celles de Gaston sont plutôt électro et celles de Kayo c’est jazzy à fond. Il y a Dj Nelson au scratch sur l’album. Il a été ­enregistré et masterisé à Strasbourg par Dj Rectape et sera pressé ici. WAS : Qu’attends-tu de cet album ? Gab : J’espère vraiment que les gens apprécieront. Au-delà de mon cas personnel, ce serait bien que l’on reconnaisse la scène alsacienne. Parce que à part NAP, les gens ne ­connaissent pas grand chose alors qu’il y a une scène importante en Alsace et particulièrement à Strasbourg. Finalement,« Coup d’Maillet » c’est un peu un amuse-gueule pour le second album qui est déjà en préparation. S

u L’album Coup d’Maillet est disponible dans les shops street wear de Strasbourg. www.facebook.com/gab.eklectik.b


u WE ARE STREET / Dj Nelson

C’est officiel, depuis octobre 2011, Strasbourg apparaît sur la carte du Hip hop mondiale. La faute à Dj Nelson, le scratcheur aux mains d’or ! Né en Allemagne, il devient rapidement fan de musique ­notamment via la chaîne allemande Viva. Si dans un ­premier temps il se passionne pour Mickael Jackson et le milieu grunge, en particulier Nirvana, il découvre le Hip-hop en écoutant Cypress Hill, House of Pain. Sa première claque rapologique, il la prendra en 1993, avec « 36 Chambers » du Wu Tang Clan. Paradoxalement, c’est le clip « Jam » de Michael Jackson qui lui fait découvrir le scratch. Intrigué par cet art qui allie dextérité et inventivité, il mène ses propres recherches et apprend que le son provient de l’action des mains du Dj sur le disque vinyle.

S’il fait ses premières soirées des booms ou à ­l’occasion de fêtes de lycéens, il mixe rapidement lors de ­soirées en club et dans des bars musicaux à Strasbourg ­notamment avec Dj Tekila. À chaque fois, c’est le même constat : les salles sont pleines à craquer. La rencontre d’Azdine de la radio RBS, au magasin Zik’sound en 1998, va lui donner une nouvelle dimension. Celui-ci l’invite régulièrement dans son émission pour mixer et un an après, la radio lui donne son émission, Streetbeats, qui perdure encore aujourd’hui. Il entre dans le monde ­impitoyable des battles en 2003 et après avoir récolté des succès ­d’estime, il gagne en 2005 son premier titre, la TKO. Les années suivantes ne sont qu’un fil continu de victoires et de titres : le Who’s the King en 2006, à nouveau la TKO en 2007 ainsi que cinq Championnats de France. Il ne lui restait plus qu’à conquérir le titre suprême, les DMC. Après deux premières participations en 2008 et 2009, où il parvient à être vice-champion du monde, Dj Nelson repart en secret à l’entrainement, conscient des ses forces, de ses ­faiblesses et bien décidé à l’emporter la prochaine fois. Il fait son grand retour au DMC en octobre 2011 à Londres et cette fois-ci, grâce à l’univers inattendu qu’il apporte lors des battles mais également grâce à sa parfaite gestion de la ­technique, il est sacré Champion du Monde à l’unanimité.

Après avoir récupéré les vieux tourne-disques de son père ainsi qu’une table de mixage d’un ami, Nelson apprend de façon autodidacte les différentes techniques de scratch. Si dans un premier temps c’est un loisir et qu’il n’imaginait pas en faire son métier, il y met toute son énergie et dévore les cassettes vidéos de Dj Q Bert et des DMC, la plus importante ­compétition pour un Dj. Après quelques années dans l’underground allemand ­passées à scratcher dans sa chambre, il arrive à Strasbourg vers 18 ans et rencontre Dj Nox et Dj Def. À partir de là s’organisent des sessions de scratch, dans l’appartement de chacun, qui sont le plus souvent accompagnées par un ami rappeur.

Pour lui, ce qui l’a fait gagner, c’est d’avoir été encore mieux préparé que les autres années et d’avoir su mélanger ses ­différentes influences musicales et professionnelles (puisqu’à la différence de certains scratch Djs, il officie également dans des clubs). Modeste, le bonhomme l’est, alors on pourrait ­é galement ­rajouter que sa motivation sans faille, son eternel envie ou besoin de se surpasser ainsi que la constante réinvention de son art y sont aussi pour quelque chose. Occupé, il l’est également, puisqu’il prépare un vinyle avec ­Gaston de la Fanfare en Pétard ainsi qu’une mixtape dont le nom résume à elle seule Dj Nelson, The Rest is Future ! S Propos recueillis par : Thomas Rahoual Photo par : Vincent Muller


u WE ARE STREET / Macia Crew

Fin ’88, alors que certains français se préparent à ­f êter “leur ” révolution, et que d’autres croyaient disparue à tout jamais la mode du “Break Dance”, à Paris et un peu partout dans les grandes métropoles françaises, des adolescents de tous milieux se regroupent en bandes et attaquent le béton à coup de markers et autres bombes de peinture. À S t ra s b o u rg i l s p o r te ro n t e n t re a u t re s l e n o m d e “K.R.Posse“. Ses membres, inspirés par deux ouvrages restant encore aujourd’hui une référence incontestable en la matière (“Subway Art” de M. Cooper et H. Chalfant et “Spraycan Art” de H. Chalfant et J. Prigoff) et par de nombreux voyages à Paris (alors victime de la 1 ère grosse vague de tags et graffitis), commencent à recouvrir les murs gris de Strasbourg de couleurs et de coulures sous la houlette entre autres de Bonzer et St’one... De son côté, Mahon crée le “M.A.C“ avec ses compères Crone et Ozone. ­­­­ Quelques mois plus tard, Bonzer et Mahon, décident de créer leur propre équipe : le MACIA, issu de la fusion du “KRP“ et du “MAC“. Distingué par ses peintures, ses sujets, ou son style, le crew ne laisse pas indifférent. Peest (originaire de Toulouse) les rejoindra en 1997, Slider , Wok, et Rockse un an plus tard, originaires, eux, de Dresden. Ce n’est qu’au ­c ourant de l’année 1999 que Peest rencontrera Isham (issu du “ATM“, vieux crew de Lille ayant suivi plus ou moins le meme parcours) qui intégrera quelques mois

plus tard le MACIA. Toutes ces individualités sont autant d’atouts complémentaires qui forment le groupe. La musique et le graffiti, s’inspirant tour à tour l’une et l’autre, ont toujours fait pleinement partie du crew. Le crew avait son groupe et que ce soit du Rap, du Hardcore ou du Punk, le mélange et l’engagement dans les textes restaient l’idée de base (en 1995, le Macia enregistre un maxi 3 titres qui ne sortira jamais, mais en 2001, le groupe sort un EP “On vient des grandes zones urbanisées“ sur le label UTSM avec Mahon, Lawak, Lacro et L2O au chant et Bonzer à la production). Aujourd’hui nos protagonistes sont toujours actifs. Ils peignent un peu partout à travers le monde et ­t ravaillent en tant que graphistes et illustrateurs pour l’édition, ­l ’i n du str i e mu s ic a l e, l a m o de e t l a p ub li c ité au sein d’agences de communication ou en tant que freelance. Ils ont également ouvert à Strasbourg en 2008 une ­b o u t i q u e d u n o m d e “ M a c i a S to re “ d a n s l a q e l l e i l s ­v e n d e n t l e u r s c r é at i o n s , l e u r m a rq u e d e vê te me n ts “­M acia Orginals“ ainsi que des bombes et des markers. Vour pouvez découvrir leur actualité sur leur site. Photo par : Slider u www.macia-crew.com


u WE ARE STREET / Art District

En cinq ans d’existence et avec un album au compteur, Art ­District est devenu un groupe incontournable de la scène ­musicale strasbourgeoise, et ce bien au-delà du Hip-hop. Art District est à la confluence de différents styles musicaux et se revendique autant de The Roots que de Herbie ­Hancock. Ses productions, loin des standards actuels du rap, sont le résultat d’assemblages musicaux originaux. Une réussite qui se ressent à travers la multiplication des concerts. « AD » a notamment été Découverte du Printemps de Bourges et se produira le 29 juin prochain aux Eurockéennes de Belfort. Pour en savoir un peu plus sur ce groupe pas comme les autres, on est parti à la rencontre de Rhum One, le Beatboxer et M ­ ister E, le Mc. WAS : Comment s’est formé le groupe ? Rhum One : Les membres du groupe se sont rencontrés sur différentes scènes ­strasbourgeoises, principalement au barconcert La Grotte. Le premier coup de cœur a eu lieu entre Joe (le batteur) et moi, parce qu’on trouvait super ­intéressant d’allier le beatbox à la batterie. Puis au fil du temps, se sont greffés un Mc, un claviériste, un bassiste, un saxophone et une trompette. WAS : Vos influences sont très éclectiques et balancent entre Jazz, Soul, Rock et Hip-hop. Les «Districts» font référence aux différents courants musicaux du groupe ? RO : Oui, ça représente un endroit où toutes les cultures ­artistiques peuvent se retrouver. Le concept vient des ÉtatsUnis, ce sont des quartiers dédiés à l’art que ce soit de la ­p einture, de la musique, de la sculpture… C’était donc la meilleure manière de définir le groupe. E : C’est ce melting-pot qui se retrouve dans un endroit ­s pécifique, le hip-hop pour nous, mais qui se nourrit de ­différents courants musicaux. Ce carrefour c’est « AD », on est « Influenced by everything around ».

Propos recueillis par : Thomas Rahoual Photo par : Bartosch Salmanski “­­M4TIK”


WAS : Finalement pourquoi s’être fédéré autour du Hip-hop ? RO : C’est une direction que Mister E et moi avions forcément déjà mais c’était aussi le seul point commun qu’on avait tous. Comme le Hip-hop vient du sample et se sert de toutes sortes de musique, c’était le style musical le plus souple pour intégrer nos différentes influences. Finalement ces différents points de vue c’est ce qui fait notre force. WAS : Est ce que l’on peut dire que votre musique est à contre courant de ce qui se fait actuellement dans le rap ? E : Oui et non. Je pense que, dans une certaine mesure, notre créneau trouve encore une visibilité en 2012, on le voit bien avec la reformation des Black Star et le onzième album de The Roots. Mais c’est clair que les tendances commerciales et radiophoniques ne sont pas forcément celles-là. WAS : Comment se déroule la composition d’un morceau ? RO : Il n’y a pas de formule magique. Chacun ajoute ses idées, on en discute, on prend notre temps. L’EP a quasiment été ­réalisé en répétition mais actuellement avec des emplois du temps chargés on avance petit à petit. On veut que chaque morceau soit parfait, que ce soit le beat ou les textes de Mister E. WAS : La scène c’est quelque chose que vous aimez ? E : C’est la base du métier et si Art District veut encore monter d’un cran ce sera à travers les prestations scéniques. On tourne bien mais on en veut toujours plus.

WAS : L’année dernière vous avez sorti votre premier album « Live In The Streets ». Avec le recul comment voyez-vous ce premier opus ? E : Je pense qu’on est tous très fiers de cet album sachant qu’être indépendant c’est beaucoup de boulot. Nous avons quasiment tout fait de A à Z. Il n’a pas mal vieilli même s’il y a une différence entre les morceaux enregistrés en 2009 et ceux réalisés en 2011. WAS : Qu’est-ce-qu’on peut attendre d’Art District à l’avenir ? E : On commence à bosser sur le second album mais on n’est pas prêt de le finir. RO : On ne se précipite pas, on n’a pas de date. On veut prendre le temps de faire quelque chose qui claque dix fois plus et comme on est indépendant il y a plein de choses à gérer et ça prend plus de temps. Pour l’instant, la grosse priorité c’est de défendre l’album « Live In The Streets » sur scène qui on l’a vu, se défend très bien. On a de très bons retours des gens qui nous découvrent sur scène, ça ouvre des perspectives. E : On va fêter les cinq ans du groupe avec la nouvelle version de Moz’Art District : nouveaux couplets, nouveau son le tout accompagné d’un clip. u www.facebook.com/artdistrictband www.artdistrictband.com


u WE ARE STREET / Urban Shooz

Propos recueillis par : Thomas Rahoual Photos par : Vincent Muller

La sneakers a fait irruption dans la culture Hip-hop avec le tube de Run Dmc « My Adidas » et depuis, l’histoire d’amour ­perdure entre les marques et les différents acteurs du ­mouvement. Depuis une trentaine d’années un véritable culte est dédié à cet objet de consommation, certains modèles étant devenus mythiques. Situé Rue des Frères, Urban Shooz est un mélange de ces différentes influences et est devenu depuis quelques années le lieu de rendez-vous des addicts. Ce shop de sneakers est également complété par une gamme textile et accessoire tels que des casquettes, des casques audio ou des montres. Cet assemblage culturel se retrouve ­notamment dans le nom du shop qui se voulait fort et explicite. À sa création par Farès en 2007 la boutique se trouvait Rue de l’Écurie mais en 2011, il a fallu s’agrandir. C’est donc rejoint par Julien qu’Urban Shooz déménage Rue des Frères. Le magasin composé de deux espaces décline la basket sous toutes ses formes et va de la dernière Jordan à la Puma Clyde en passant par des modèles en toiles de Lacoste, Supra ou de Vans. Les maîtres mots sont originalité et exclusivité, comme ce fut le cas dernièrement pour la Kamikaze III de Reebok, Urban Shooz étant le seul magasin de la région à la distribuer : « On veut que le client puisse se démarquer et qu’il ne retrouve pas sa paire à tous les coins de rue, on veut proposer des ­produits que tout le monde n’a pas. » Mais au-delà du côté commerçant, c’est une véritable passion qui anime les deux associés. Une passion qui démarre pour le premier en 1989 avec la découverte de la Reebok Pump, pour le second en 1993 avec la Jordan VIII.

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Pour eux la sneakers est intemporelle et son culte se ­transmet de génération en génération. À l’image de notre société de consommation, les différents modèles sont des points de repères pour chaque génération : « Il y a des paires mythiques comme la Jordan 1, interdite au départ, et qui a marqué une génération. » Si le mythe de la basket est dans un premier temps lié à des grands sportifs comme Walter « Clyde » Frazier ou Mickael ­Jordan, elle est devenue un objet de mode avec la naissance du mouvement Hip-hop : « La basket s’est faite connaître par la rue via des sportifs, des danseurs et des rappeurs comme par exemple Run Dmc qui enlevait les lacets de leur Adidas en ­référence aux taulards qui n’en avaient pas, ce sont des images qui marquent. » Le lien est donc devenu fort et le ­caractère interdit de certains modèles ont certainement accentué ­l’engouement d’une culture qui se voulait résolument rebelle. En définitive, Urban Shooz c’est un peu comme un musée en perpétuelle évolution, où des modèles à l’histoire riche se mélangent aux plus actuels, le tout dans une ambiance urbaine et hip-hop où chacun y trouvera son compte. Pour Farès et Julien, l’objectif ultime est de devenir le shop de référence « baskets ». Néanmoins, on peut dire sans aucun doute qu’Urban Shooz est, à Strasbourg, le sanctuaire de la basket et de toute la culture qui en découle. S u www.urbanshooz.fr www.facebook.com/urban.shooz


Le hip-hop en tant que force créatrice est au cœur de cette marque de street wear aux concepts novateurs. Freckles Wear c’est un peu comme un voyage StrasbourgNew York. Avec une réelle philosophie hip-hop doublée d’une vraie recherche esthétique, elle ravira autant les accros de cette culture que les mordus de la mode. La genèse : Sa jeune fondatrice Claire, élevée à la culture Hiphop par son grand frère et passionnée par l’aspect créatif de celle-ci, cherche un moyen d’apporter sa pierre à l’édifice. Le déclic ? Elle l’aura lors d’un voyage à New York, fascinée par une culture et un pays où tout est possible. De retour à ­Strasbourg, elle dépose le nom de la marque en 2009. Le nom : Freckles (tâche de rousseur en anglais) est un clin d’œil à la créatrice de la marque. Son message, Just be ­Yourself ! « Quand tu es plus jeune on peut se moquer de ta ­différence. Il ne faut pas avoir peur de ses différences, il faut les montrer et en être fier. Finalement, elles deviennent un atout ».

Il y a une seconde forme de collaboration avec des musiciens dont le premier a été DJ Nelson ». Les artistes qui représentent : Les Strasbourgeois Dj ­Nelson, Art District, Gab, le Turntableast Crew, Takezo et Kayo, mais aussi Les Sages Poètes de la Rue, Rocé, Sticky Fingaz et ­Frédro Starr d’Onyx. Où trouver Freckles Wear : Dans la plupart des évènements hip-hop régionaux, où Claire a un stand, sur le site internet de la marque et dans les shops strasbourgeois notamment Store 67 et Vend’homme. L’avenir : Une nouvelle collaboration est en préparation, street artiste ou musicien ? Surprise ! S u www.freckleswear.com www.facebook.com/freckleswear Comptez 20€ pour un T-shirt

La ligne de vêtements : Freckles Wear se veut urbain ! Des coupes classiques pour un style et des graphismes en ­perpétuel renouvellement, de quoi attirer un maximum de ­personnes. Dès le départ une collection femme a été créée « C’est important de représenter les femmes car elles font ­également partie du mouvement. Je voulais aussi une ­collection que je puisse porter ». Le concept : Cultiver sa différence à travers des collections ­limitées en collaboration avec des artistes urbains. « Je fais appel à des graffeurs, des graphistes ou des street artistes comme Dan23, Chifumi ou Y84 et je leur propose de ­m’illustrer une phrase issue d’une chanson.

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u WE ARE STREET / Kadaz “La Mixture”

Propos recueillis par : Thomas Rahoual Photo par : Vincent Muller

WAS : Comment l’aventure la Mixture a-t-elle débuté ? Kadaz : La Mixture c’est le premier groupe de rap à Strasbourg. C’est l’assemblage de deux groupes : le Color et le Royal. Le Color, qui était formé de Dj Zoom, Fréro et Tombe, c’était vraiment la configuration d’époque avec un dj, un toaster, un danseur, un rappeur et même un peu de graff’ avec Mice. Moi, je faisais partie du groupe Le Royal avec Dj Haze et Mariano. Nos deux groupes étaient très proches et vers 93-94, les choses de la vie ont fait que certains membres ont arrêté la musique. On s’est donc rassemblés en créant la Mixture. La formation initiale était composée de Fréro, Mozart, Dj Antar et moi-même.

WAS : C’est donc avec cette formation que vous avez réalisé le Maxi « Les Têtes à Abattre » ? Kadaz : On l’a sorti en auto production et uniquement en vinyle. Après, tout s’est enchainé très vite : on a fait « Dos au Mur » pour Cut Killer, la collaboration sur l’album de la Fonky Family et dans les années 95-97 ça a vraiment décollé, on a enchaîné avec la tournée. La seule erreur a été de ne pas ­enregistrer l’album à la suite de ces succès car avec un album, on serait dans le paysage du rap français et on vivrait peut-être de notre musique. Mais si on avait signé à l’époque, on n’aurait peut-être pas gardé la tête sur les épaules. Au final, je ne regrette pas du tout mais c’est dommage. u www. kadaz.fr www.facebook.com/kadazarafat


WAS : Comment vois-tu la scène Hip-hop strasbourgeoise ? Kadaz : La chance que nous avons eu à Strasbourg c’est d’avoir été épargnés par Skyrock. On s’est formé une identité propre avec des cassettes qui ­arrivaient au compte goutte de New York. Ici le rap est né dans le centre ville, pas dans les quartiers. Tous les courants du Hiphop ont toujours été représentés que ce soit le rap, le graff’ ou la danse avec Magic Electro par exemple.

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Pour moi, la scène locale est magnifique car variée et de ­qualité. Je pense qu’aujourd’hui un auditeur pourrait n‘écouter que du rap strasbourgeois, parce qu’il y en a pour tous les styles.

WAS : Ton premier album « Le Boulevard de la Paix » devrait bientôt sortir. Tu en es où dans le projet ? Kadaz : « Le Boulevard de la Paix » est fini depuis huit ans mais je n’ai jamais été satisfait à 100%. C’est une perle cet album, je n’avais pas envie de le sortir comme ça. J’ai sorti trois clips, « 3G » avec Akhenaton, « Mess Bass, Stéphane » et « ­L’amertume de l’Ancien ». Ces trois morceaux seront sur le pré-album « L’Amertume de l’Ancien » avec huit autres morceaux, principalement des ­f eaturings, dont un auquel je tiens particulièrement ­humainement et artistiquement, il risque de faire jaser. Je vais garder l’Amertume de l’Ancien et Stéphane plus trois, quatre nouveautés. « Le Boulevard de la Paix » sortira en fin d’année si tout va bien. WAS : Dans le morceau « Stéphane », tu racontes l’histoire de ce sans-abri ? Kadaz : Non, en fait j’avais envie d’écrire un morceau sur les sans-abris en me mettant dans leur peau. J’avais écrit le ­premier couplet et le refrain il y a six ans. Je ­n’arrivais pas écrire le deuxième couplet car je ne voyais pas ce que je pouvais rajouter sans tomber dans le misérabilisme. Après, j’ai voulu mettre un comique derrière mais ni Devos, ni Bedos n’avaient traité le sujet, Coluche l’avait fait mais ça ne me plaisait pas. C’est en me baladant sur le site des Enfants de Don Quichotte que je suis tombé sur le témoignage de S ­ téphane. Ça m’a ­touché parce qu’à 18 ans il a plus vécu que moi. Je lui ai donc proposé de terminer le morceau. WAS : Qu’attends-tu de cet album ? Kadaz : J’aimerais beaucoup refaire des scènes avec cet album. Même si je me balade avec IAM, La Rumeur ou Demi ­Portion, j’aimerais bien présenter l’album sur scène avec un show ­spécial Kadaz. S

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u LE MONDE BY / Agathe Demois

Agathe Demois Après mes études aux Arts Décoratifs de Strasbourg et un DMA (Diplôme de Métiers d’Art) Typographie à Paris, ainsi qu’une expérience comme graphiste dans la presse jeunesse chez Bayard, je travaille désormais à mon compte comme graphiste et illustratrice. Maniant autant le papier découpé, les petits traits, la typographie ludique, que l’informatique en nuage, je me plais à expérimenter différents univers. Ces images de portfolio sont des exemples de répertoires d’images que j’expérimente suivant la tonalité des projets. Prochainement, des affiches desssinées à quatre mains avec Vincent Godeau seront exposées à la galerie : My ­Monkey à Nancy, lors de l’exposition « Pastiche mais presque » du 15 juin au 17 aout . u www.agathedemois.fr agathedemois.tumblr.com

Illustrations par : Agathe Demois

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u LE MONDE BY / Agathe Demois

« Les Passants » Les passants

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u LE MONDE BY / Agathe Demois

« Se fondre dans le décor » Le laveur.

We Are Strasbourg / 124


u LE MONDE BY / Agathe Demois

« Se fondre dans le décor » Le tableau

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u LE MONDE BY / Agathe Demois

« En série » Cas n°1

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u LE MONDE BY / Agathe Demois

« En série » Cas n°4

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u WAS THAT ? / Les mots de Rachel

L’investissement amoureux se mesure-t-il à la taille des bourses ? Propos par : Rachel Sturtzer Illustration par : Laura Riedinger

C’est en me plongeant dans la réflexion de cette traduction de proverbe chinois sur l’évidence des rencontres amoureuses qu’immédiatement, instantanément, l’idée vint. La voilà sortie de son deuxième rendez-vous chez le dentiste qui recommençait de bout en bout le travail fait sur sa molaire capricieuse et qui aurait dû être réglé par son prédécesseur il y a quelques mois déjà. Seulement voilà. Coucher avec son dentiste ne vous apporte aucun avantage sérieux et ceci quand bien même il vous le ferait croire. Celuici, probablement bien plus motivé par l’image de sa patiente bouche bée devant ses instruments en oublie sa ­fonction ­première, à moins que l’une ne soit la motivation de l’autre, ce qui causerait des dommages irréparables, tant ­affectifs que relationnels. Car il ne s’agit pas là, contrairement à ce que l’on pourrait croire, d’une simple histoire de fesse. Du moins c’est ce qu’elle ­pensait. Quoi qu’il en soit, force est de constater qu’elle se retrouve ici, après avoir rêvé d’une belle histoire qui ­pourrait évoluer, à feuilleter les pages jaunes rayon dentistes, avec une rage de dent carabinée. Dans cette affaire, nulle ­compétence n’est à blâmer. C’est la générosité elle-même qui est à chercher. En effet, elle avait été gracieusement soignée, le temps que cela a duré. Et la voilà, coincée entre désœuvrement ­affectif et perte de son dentiste, à se mordre les doigts d’y avoir succombé. Ce qui en vient directement à ma question : Les mecs radins sont-ils forcément des bons coups ?

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« Radin, radin en tout. » dites-vous ? Pas si sûr. Depuis quelques mois maintenant, mon amie Laura a un ­nouveau mec. Il a une très bonne situation et sait en faire valoir. Il vient chez elle tous les soirs, généralement sans avoir dîné et en demandant ce qu’elle a à manger, pour la câliner, ­dormir chez elle, prendre sa douche, son café, le croissant qu’elle aura acheté et repartir. Il ne prend jamais la peine de lui ­ramener quoique ce soit, ni pizza, ni sushis, ni bouteille de vin, ni ­chocolats, rien d’autre que sa performance sexuelle. Un soir, nous voilà attablés avec quelques amis autour d’un verre lorsque le serveur vient encaisser les boissons. C’est là que Jules compte ses petits sous et lui lance un « Ma chérie, je ne vais pas pouvoir te payer ton jus de fruit. » La voilà, en rade de monnaie, contrainte de sortir sa carte bleue pour 3 euros. Mais le pire vient après. Alors que, gorge nouée, elle a du mal à tirer sur sa paille, son homme a quant à lui a déjà payé deux tournées de pintes à ses potes d’ivresse. Devant ma consternation, une révélation : « Quand on aime on ne compte pas. » « Ben c’est qu’il ne m’aime pas alors ? » C’est ce qui s’appelle être un plan cul à son insu. S u Réagissez, commentez et racontez vos histoires à Rachel. rachel@wasmagazine.fr


u CONCOURS / Bling Bling !

Pimp me I’m a bitch ! Limousine Hummer pour humeur clinquante, fourrure de rigueur et talons vertigineux pour ces gagnants au swag presque religieux. Un grand bravo à Morgane Rabineau et Fabien Fuhrmann, vainqueurs du concours bling bling ! Outre ce magnifique cliché réalisé par Vincent Muller avec les vêtements mis à disposition par Le Léopard, ils ont remporté :

2 sessions au Kart Indoor Chrono de Fegersheim 2 t-shirt offerts par Slidebox Des bijoux de chez «Une boutique gargantuesque» Des places de ciné au STAR Des places de théâtre au TNS Un an d’abonnement à WAS Magazine dans leur boîte aux lettres Et des menus de chez Bagelstein

Félicitations également à Elina Blum et Cédric Garcia, qui ont décroché les deux places offertes par le festival de Hip Hop Universal Dancers ! Grâce à notre partenaire la Compagnie Mistral’est ils ont pu notamment admirer les ­performances de Vagabond Crew, Double vainqueurs du BOTY International (­championnats du monde de danse HipHop en groupe).

Un merci particulier à La Royale Cars pour le tour en Hummer Limousine. www.laroyalecars.com

Vous les retrouverez en interview dans l’article retranscrivant tout l’événement sur le blog de WAS Magazine. Et vous avez intérêt à le lire, sinon le présentateur des battles (qui aurait pu gagner le concours haut la main, au vu de son collier digne de Barracuda) viendra lui-même pour vous taper... l’adresse dans la barre de naviagation. S

www.wasmagazine.fr Photo par : Vincent Muller

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u CARNET D’ADRESSES

Carnet d’adresses Auto-école Campus 15, Avenue Général de Gaulle - 67000 Strassbourg Auto-école Campus 89, Route de la Wantzenau - 67000 Strasbourg Celtic 58, Route de Bitche - 67110 Niederbronn-les-Bains Chez Victor 19, Rue des Frères - 67000 Strasbourg La Laiterie 13, Rue du Hohwald - 67000 Strasbourg La Librairie Kléber 1, Rue des Francs-Bourgeois - 67000 Strasbourg Le Leopard 8, Rue des Veaux - 67000 Strasbourg Le Mudd Club 7, Rue de l’Arc-en-Ciel - 67000 Strasbourg NRJ 15, Rue des Francs Bourgeois - 67000 Strasbourg Store 67 64, Grand Rue - 67000 Strasbourg Ville et la communauté urbaine de Strasbourg 1, Parc de l’Étoile - 67076 Strasbourg Urban Shooz 7, Rue des Frères - 67000 Strasbourg Zoé ! Loveshop 17, Rue des Moulins - 67000 Strasbourg

GALERIES D’ART La Laiterie 13, Rue du Hohwald - 67000 Strasbourg Musée Würth France Rue Georges Besse - 67158 Erstein Touch Arts 2, Impasse des Pénitents - 67000 Strasbourg

MODE / BOUTIQUES Gloss Rue de l’Ecurie - 67000 Strasbourg Guipure 27, Quai des Bateliers - 67000 Strasbourg JB Martin 25, Rue des Hallebardes - 67000 Strasbourg Le Placard 4, Ruelle des Pelletiers - 67000 Strasbourg Maurice Frères 40, Rue des Hallebardes - 67000 Strasbourg Slide Box Rue Gustave Doré - 67000 Strasbourg Vend’Homme 3, Rue de l’Epine - 67000 Strasbourg

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Beauté

E d i t o r i a l

Design graphique : E. Rocchi

Mode

P u b l i c i t é

www.zenithmodels.com www.zenithmodels.com

A G E N C E D E M A N N E Q U I N S I N T E R N AT I O N A L E COMÉDIENS DE PUBLICITÉ HOMME - FEMME - ENFA N T

TEL : 03 88 56 20 40 - FAX : 03 88 56 38 39 - 20 rue Sainte Madeleine 67000 Strasbourg info@zenithmodels.com - www.zenithmodels.com


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