WAS Magazine 05 / We are Strasbourg

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We Are Strasbourg



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Impression : Tezida Print 10, Rue Viskyar Plania - 1407 Sofia - Bulgarie Dépôt légal : Décembre 2012 / Exemplaires : 9 000 / SIRET : 533 89266700023 / ISSN : 2119-7520


- Illustration : Amandine Piu

Capitale de Noël

Pays hôte : la Géorgie Du 24 novembre au 31 décembre 2012 www.strasbourg.eu


SOMMAIRE

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STRASBOURG BY WAS

RENCONTRES

Salope Clothing, Claire Barberot Franck Rausch, Rockin’Squat Steeve Josch, Sonic Impact Records Sophie Muller, Erminia Mazzoni, Polaroid3, Agnès Bouyé

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WAS THAT ? Le top des séries Le marché de Noël À juste titre !

84

Les coins insolites de Strasbourg vus par WAS

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CULTURE

Littérature Musique Art …

92 MODE Chic en Intérieur, Un week-end élégant à deux Ma shopping liste !



Voilà quelques mois déjà qu’ont été repris les cartables, les réveils, les embouteillages et les tasses de café à répétition dans les couloirs sombres des bureaux à l’éclairage artificiel. Comme un goût de cannelle déjà, dans les ruelles endormies de Strasbourg, qui se repose encore avant la frénésie d’un nouveau marché de Noël hystérique et chinois; avant la profusion de crêpes au nutella, de vin chaud et autres jus d’orange chaud. Il fait nuit du matin au soir semble-t-il, et on se dope déjà aux vitamines pour tenter de passer l’hiver. On grelotte fébrilement en remontant un col de veste, épongeant une goutte froide qui coule de notre narine ankylosée. Pas de panique, car si seule la douleur persiste à celui qui n’a pas d’espoir, WAS se sent bien et compte vous communiquer son enthousiasme ! À suivre de nouvelles rencontres, portraits de héros de la ville, un soupçon d’Histoire, un petit voyage outre-Rhin et bien évidemment vos chroniques musicales, littéraires, et les inexplicables de WAS That ? Ouvrez vos yeux sur l’actualité, WAS #05 vous emmène découvrir les secrets de Strasbourg et de ses habitants !



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NOM /



u SÉLECTION //

Des petits gâteaux. Des petits gâteaux est un site parfait pour toutes les pâtissières à leurs heures perdues. Vous pourrez y trouver d’adorables kits pour décorer vos délicieux cupcakes ou muffins, mais aussi votre table avec des assiettes, des guirlandes ou des serviettes à imprimés enfantins et légers. http://despetitsgateaux.bigcartel.com

Cooking time. Mimi Thorisson a beaucoup voyagé et ainsi, elle a pu goûter aux plats des meilleurs chefs de la planète.` Après ses nombreux déménagements d’un continent à l’autre, elle s’est installée avec son mari, leurs cinq enfants et leurs 17 chiens, à Médoc, en Aquitaine. C’est là qu’elle a décidé de partager avec nous toutes ses découvertes culinaires à travers son blog mimithorisson.com, intitulé Manger. N’utilisant que les produits de saison qu’elle se procure chez les agriculteurs et artisans locaux, Mimi nous charme avec son univers rustique, idyllique et surtout très appétissant (blog en anglais mais les recettes sont faciles à comprendre).

http://mimithorisson.com

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Fumer électronique. 1000x moins nocive que la vraie cigarette, moins chère, et autorisée dans les lieux publiques, pourquoi ne changez-vous pas pour Écono’clope ? Depuis le 8 octobre dernier, à deux pas de la Place Kléber s’est ouverte une seconde boutique vendant ses cigarettes électronique révolutionnaires. Découvrez vite la gamme de cigarettes électroniques, parfums, modèles, au 46 Rue du Vieux Marché aux vins. Familiarisez-vous avez ce produit novateur constitué d’une batterie rechargeable et d’un e-liquide qui produit un brouillard d’eau, reproduisant ainsi la sensation la plus proche de celle de la vraie cigarette. Écono’clope : 112, Avenue de Colmar 67000 Strasbourg 46, Rue du Vieux marché aux vins 67000 Strasbourg http://www.econoclope.com

Chef à domicile. Et si on se faisait une petite flam’ maison ce soir ? Avec les fours à bois Omniflamme, alliez l’utile et l’agréable au beau ! Grâce à un design et une ergonomie particulièrement soignés, vous réussirez toutes vos recettes, des plus délicates aux plus efficaces ! Des pizzas aux tartes flambées, des pains aux poissons, revivez le goût de la cuisine authentique, conviviale et naturelle ! Avec des tarifs à partir de 399€, vous pouvez enfin savourer sans vous ruiner. http://www.fours-au-feudebois.com

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u SÉLECTION //

L’Appel de la Forêt.

Exposition au Musée Würth. Propos par : Candice Soler-Couteaux Photos par : DR

Tantôt majestueux, tantôt effrayant, parfois fantastique, ce lieu est empli de mystères. Nous avons tous des souvenirs de nos promenades réveillant nos sens. Les odeurs de sous bois, les bruits des animaux, la couleur des feuilles rendent cet endroit intemporel. La forêt nous donne l’impression de ne pas vieillir, de se régénérer à chaque saison. Les nuances de tons qu’elle nous propose sont saisissantes avec ces dégradés de vert au printemps et de rouge orangé en automne. Elle nous donne l’illusion d’être féérique. La nouvelle exposition proposée par le Musée WÜRTH, « L’appel de la Forêt–Arbres et Forêts de la collection WÜRTH », nous fait partager ce sentiment de grandeur et de sérénité. Grâce à une large sélection d’œuvres, cette échappée dans la forêt se fond dans l’histoire de l’art moderne et contemporain. Au travers de ce parcours, le spectateur vit une aventure visuelle, de part les jeux de lumière et de texture de ces tableaux appartenant tous à la collection WÜRTH. Cette exposition nous ouvre un peu plus les yeux sur ce monde végétal qui nous entoure et nous offre la possibilité de sortir de notre cadre si citadin. Elle nous fait prendre conscience de l’importance de préserver notre nature et remet en cause notre rapport à l’écologie. Cette sortie au musée est une véritable occasion d’explorer les chemins forestiers sans se faire mouiller ! Elle se tiendra jusqu’au 19 mai 2013. S

Horaires : Du mardi au dimanche De 11h à 18h Renseignements supplémentaires : http://www.musee-wurth.fr


Pause café !

Au Café de l’Europe, c’est avant tout un blog qui commente, explique, provoque des débats sur l’actualité européenne. Crée il y a tout juste un an par Pauline Armandet, étudiante à Sciences Po Strasbourg, le blog vit aujourd’hui grâce aux contributions de plusieurs étudiants. En collaboration avec la radio nantaise Eur@dio Nantes, Au Café de l’Europe a pu créer son émission de radio éponyme. Désormais, tous les premiers jeudis de chaque mois, sur 101.3 FM, le blog a une voix. Au programme : des comptes-rendus des sessions parlementaires à Strasbourg, des interviews d’eurodéputés et autres professionnels de l’Europe, de l’information sur l’actualité européenne. Les thèmes abordés seront aussi larges que la démocratie en Europe, l’écologie, l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, le fédéralisme européen... Cette toute jeune émission est animée par Pauline Armandet et Estelle Delaine, et préparée en coulisses par Pierre Antoine Klethi, Émilie Stumpf et Jean-François Gérard ; étudiants en master à l’Institut d’Études Politiques. S http://aucafedeleurope.wordpress.com http://www.euradionantes.eu


u SÉLECTION //

Rendez-vous Image, le salon photo de Strasbourg réunit au palais des Congrès une exposition de haut niveau reflétant les tendances actuelles de la photographie. 200 photographes ont présenté un portfolio, 50 auteurs et 20 livres ont été sélectionnés par la directrice artistique Jane Evelyn Atwood. Du 25 au 27 janvier, entrez dans l’univers passionnant des 50 auteurs présentés et de 20 livres exposés. Certains des fabricants de produits et services photographiques seront aussi présents à Rendez-vous Image pour conseiller et orienter les visiteurs. Pour le plaisir d’offrir et d’initier, de nombreux stages allant de la maîtrise d’un appareil à la construction d’une série/d’un travail d’auteur seront proposés, ce qui permettra à tout un chacun de découvrir les facettes du métier. Toutes les infos pratiques et bien plus encore sur le site. http://www.rdvi.fr

L’Ososphère habite La Coop au Port du Rhin L’Ososphère revient à Strasbourg du 7 au 16 décembre prochain. La manifestation habitera de manière exceptionnelle le site de La Coop, au Port du Rhin, après avoir ouvert au public le Môle Seegmuller en février 2011.

Au programme, un parcours artistique présentant plus d’une trentaine d’œuvres en arts numériques sur les trois niveaux du bâtiment de la Cave à Vin, accompagné de performances et d’installations performatives. On y retrouvera plusieurs artistes déjà présents les années précédentes tels que Cécile Babiole, Antoine Schmitt ou LAb[au], et de nouvelles collaborations verront le jour avec notamment Robotlab,Jean-François Laporte et Ryota Kuwakubo. Le café-conversatoire, espace dédié aux arts de la conversation et axé sur les principes d’échange et de convivialité, présentera plusieurs DJ-sets sourdine. L’Ososphère invitera également les spectateurs à participer à des croisières sonores, appelées « Echos Flottants », qui portent, au centre de la ville, un travail de création sonore qui fait écho aux paysages traversés. Enfin, deux Nuits Électroniques qui rappelleront celles développées sur le site de La Laiterie jusqu’en 2009 proposeront concerts et DJ sets sur le site de La Coop, les 14 et 15 décembre, réparties sur 3 dance floors différents. On y verra notamment : Étienne de Crécy, Kavinsky, Kode9 et Crystal Distortion. L’accès au site par les transports publics depuis le centre ville sera facilité.S

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NOUVEAU

Bar

fat caveau !!!

devient encore plus avec l’ouverture prochaine du


STRASBOURG BY WAS Embarquez pour un nouveau voyage au coeur du Strasbourg de WAS Magazine. Du marché de Noël au Strasbourg au Parlement Européen, découvrez les secrets de votre ville. Strasbourg et ses artistes vus par Ivan Brunel, originaire du Mexique pour une plongée dans l’univers de Gustave Doré, c’est aussi par ici... Bienvenue à bord !

Propos reccueillis par : WAS Illustration : Vanessa Ganzitti



STRASBOURG BY WAS / Erminia

Mazzoni du Parlement Européen

La Commission des Pétitions

Rencontre avec Erminia Mazzoni du Parlement Européen Le droit de pétition, ancré dans le traité sur l’Union Européenne, est un droit fondamental indissociable de la citoyenneté européenne. C’est un moyen important et souvent efficace de permettre aux citoyens d’être directement associés aux activités du Parlement et de voir leurs inquiétudes, leurs propositions ou leurs plaintes examinées par les membres de la Commission des Pétitions du Parlement Européen. Pour bien mesurer l’importance du droit de pétition ouvert aux citoyens européens, il est important de comprendre ce qu’est la citoyenneté européenne. Depuis le traité de Maastricht (1992) « Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un État membre ». Sa définition a été complétée par les traités successifs et aujourd’hui, au terme de l’article 9 du Traité sur l’Union européenne « Est citoyen de l’Union toute personne ayant la nationalité d’un État membre. La citoyenneté de l’Union s’ajoute à la citoyenneté nationale et ne la remplace pas. » La citoyenneté européenne confère des droits aux citoyens européens, tel que le droit de pétitions, peu connu, qu’il nous a semblé important de vous faire connaitre. WAS Magazine a eu l’honneur de rencontrer Erminia Mazzoni, présidente de la Commission des Pétitions du Parlement Européen pour mieux comprendre le fonctionnement, les enjeux et l’importance de cette institution souvent ignorée du grand public.

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La Commission des Pétitions protège les droits des citoyens européens. Elle est reconnue dans les traités (Art. 227 traité sur l’Union européenne) et donne l’opportunité à tous les citoyens et résidents européens, individuellement ou en groupe, de soumettre des pétitions au Parlement Européen concernant des violations prétendues ou une application incorrecte de la législation européenne par les États membres. Par ce système, les citoyens européens qui abordent la commission des pétitions peuvent entamer un débat direct avec les institutions européennes ou les autorités nationales afin de faire connaitre leurs doléances. La procédure mise en place au sein de la commission des pétitions donne de la substance aux droits des citoyens européens en les plaçant au centre des procédures législatives et nonlégislatives de l’Union européenne. C’est un outil fondamental dans le processus d’intégration européenne. L’objectif de la commission des pétitions étant posé, il nous faut vous présenter Erminia Mazzoni ainsi que les fonctions qu’elle exerce. Erminia Mazzoni est une députée européenne italienne membre du parti populaire européen, elle est présidente de la Commission des Pétitions du Parlement Européen.


En tant que telle, elle mène la politique d’action de la commission, préside les sessions. Sa mission ne s’arrête pas là, en dehors des sessions de la commission, Erminia Mazzoni représente la commission des pétitions, en est le porte parole. Pour mener à bien son action, la Commission des Pétitions se réunit onze fois par an, soit deux jours tous les mois (sauf celui d’août, pour cause de vacances parlementaires. Comme nous l’a expliqué Erminia Mazzoni, tout citoyen européen peut adresser une pétition à la commission en cas de violation de la législation de l’Union européenne par un État Membre. Une question se pose alors, pourquoi ne pas saisir les organes juridictionnels de l’Union Européenne ? En effet, une telle action en justice est le moyen le plus simple et le plus efficace de lutter contre la violation de la législation européenne par les États Membres de l’Union. Cependant, dans des domaines très politiques (sens noble de la politique), il faut plus de flexibilité pour arriver à trouver une solution au problème, flexibilité qu’offre la commission des pétitions alors que la cour de justice n’est qu’une solution de dernier ressort dans un tel cas. Afin de traiter les plaintes, la commission a adopté des méthodes efficaces comme faire pression sur les autorités compétentes, ou encore la possibilité d’enquêter directement sur le sujet de la plainte et de stimuler des procédures législatives. Cette procédure permet de faire pression sur les États membres coupables de violation du droit du l’Union européenne. En moyenne la Commission des pétitions met de 6 à 9 mois pour trouver une solution à un cas qui lui est soumis. La procédure peut durer plusieurs années, selon les priorités des différents acteurs politiques et la complexité de l’affaire (cela reste cependant moins long qu’une procédure juridictionnelle.)

Les suites données aux affaires portées devant la commission. Evidemment, la question se pose car aucun jugement contraignant n’est délivré par la commission qui n’est pas un organe juridictionnel de l’Union. Erminia Mazzoni nous explique qu’à la fin de la procédure devant la commission, après qu’elle a investigué et testé toutes les solutions possibles, elle s’efforce de trouver une issue favorable à l’affaire. Cependant, il est des cas dans lesquels la commission aboutit à la conclusion qu’aucune solution ne pourra être trouvée à cette affaire. Dans une telle situation, une lettre est adressée au pétitionnaire lui expliquant les raisons qui ont mené à cette issue.

Propos recueillis par Sasha Kaesser / Photos DR Remerciments à : Francesco Callazzo/Erminia Mazzoni

Il est important de souligner que pour la plupart des affaires soumises à la Commission, celle-ci trouve une issue favorable pour faire respecter la législation européenne et les droits des citoyens européens. Cela est rendu possible par la force de pression de cette institution sur les États membres mais aussi par le fait qu’il est plus avantageux pour un Etat, d’un point de vue pécuniaire, de modifier sa législation litigieuse avant tout contentieux judiciaire qui pourrait mener à une condamnation et à de lourdes amendes. S

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STRASBOURG BY WAS / Le

marché de Noël

Get Ready for... the « Marché de Noël »

Propos par : Caroline Toussaint / Photos par : Ignacio Haaser

L’Alsace est une terre riche de légendes et de traditions, alors quand vient Noël, les legs du passé revivent dans toute la région. Toutefois, c’est sans prétention que Strasbourg se proclame « Capitale de Noël », puisqu’en organisant son fameux marché, coutume vieille de près de 5 siècles elle attire toujours des visiteurs venus des quatre coins du monde. Véritable institution, le Marché de Noël de la ville de Strasbourg est parfois plus connu que le Parlement Européen ou d’autres lieux célèbres de la ville. Mais qu’a-t-il de si particulier ? Des cabanons en rang d’oignons sur toutes les grandes places de la ville, des sapins, des santons, des boules de Noël, une odeur enivrante de vin chaud, et surtout, des touristes en masse qui viennent profiter de l’ambiance festive. Ce que l’on trouve dans bon nombre de grandes villes, à vrai dire. Oui mais... L’on raconte que les premiers marchés de Noël ont eu lieu en Saint Empire Germanique, au Moyen-Age : Les Klausenmärik, ou Marchés de la Saint-Nicolas, ressemblaient davantage à des foires qu’à des marchés. Le Saint-Nicolas, patron des écoliers, offrait des cadeaux aux enfants sages, alors que le Père Fouettard (ou Hans Trapp), se chargeait de punir ceux qui n’avaient pas été raisonnables pendant l’année. Cette foire sera remplacée en Alsace par le Marché de Noël que l’on connaît tous : Le Christkindelmärik. En 1570, l’Église luthérienne décide de perpétuer la tradition du marché, mais d’en supprimer le caractère catholique : on ne célébrera plus les saints, mais le Christkindel, l’Enfant-Jésus. Le Marché de Noël à Strasbourg se déroule alors Place du Château, 8 jours avant Noël, jusqu’à la messe de minuit.

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Le sapin de Noël et ses décorations sont aussi originaires d’Alsace. Au Moyen-Âge, lorsque l’on représentait l’histoire de la création du monde, un sapin garni de pommes rouges faisait office d’arbre du paradis. Et lorsqu’une année, les pommes vinrent à manquer, on créa des boules en verre soufflé pour décorer le sapin.

Un des plus vieux marché de Noël de France Un bouquet de traditions, que la région s’attache à perpétrer. Toutefois, depuis le XVIè siècle, le Marché de Noël s’est étendu, et ne ressemble plus tout à fait au premier Christkindelmärik. Désormais, c’est Place Broglie que le marché trouve son coeur, et chaque place importante de la ville de Strasbourg accueille de petits cabanons en bois, signes d’un village de Noël.



STRASBOURG BY WAS / Le

marché de Noël

Un manque d’authenticité du Marché de Strasbourg ? Malgré la réputation et le développement du marché, certains s’insurgent devant ce qu’ils appellent le manque d’authenticité qui semblerait devenir une course au profit. Aujourd’hui, le marché s’étend du premier dimanche de l’Avent jusqu’au 31 décembre, et chaque année, la ville ne désemplit pas. Les touristes sont bien sûr charmés par l’atmosphère chaleureuse qui émane de toutes parts, mais aussi par la possibilité de trouver des objets insolites , de l’ouvrage ancestral au gadget made in China (de plus en plus, malheureusement). Comme le veut la tradition : il faut trouver de quoi gâter ses proches, ainsi, il y a de quoi plaire au plus grand nombre. Le marché évolue donc de façon à allier tradition et modernité.


Noël avant l’heure Chants de Noël, petits bonshommes de neige, froid glacial et odeur de pain d’épice sous les étoiles en lampions, tout est réuni pour que l’ambiance soit la même que celle de la veillée de Noël. Touriste ou Strasbourgeois établi, on prend plaisir à visiter la ville illuminée, et on retrouve nos yeux d’enfant impatient d’ouvrir ses nombreux cadeaux. On croise des musiciens qui entonnent des « Vive le vent » déguisés en Père-Noël, on profite des spectacles au pied du grand sapin des Vosges qui surplombe la Place Kléber, et on se goinfre de bredele. Et même si l’on peine à se frayer un chemin entre les touristes émerveillés, on finit par se prendre au jeu. C’est kitsch, mais c’est aussi pittoresque et convivial : bref, la magie opère et fait de Strasbourg « The place to be » pour célébrer un petit Noël chaque jour du mois de décembre.

Un mélange de traditions Le Marché de Noël de Strasbourg a cela d’unique qu’il s’étend dans toute la ville. En effet, pour visiter le marché dans sa globalité, il ne faut pas se contenter du centre-ville ; d’autres lieux plus en retrait accueillent aussi les exposants. Chaque emplacement a son thème, il est donc possible de trouver des services et des produits différents selon le lieu où l’on se rend. Si les chalets de la place de la Cathédrale abritent des artisans aux savoir-faire variés, d’autres places se verront plus

spécialisées dans l’art culinaire, la vente de sapins, etc. Le point fort de ce Marché de Noël, c’est que malgré une tradition alsacienne dominante, on célèbre aussi d’autres cultures et leurs coutumes. Ainsi, les années précédentes, on a pu apprécier des sculptures inuites ou encore des spécialités culinaires suisses. Un véritable mélange de traditions, pour découvrir d’autres folklores, talents et marchandises.

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Chronique d’outre-Rhin / Gustave Doré

Gustave Doré Entre proses et rêverie Propos par : Ivan Brunel / Photos par : Musées de Strasbourg

Ivan Brunel est originaire de Guadalajara (Mexique). Arrivé en France il y a environ 1 an, il collabore pour un magazine mexicain et a contacté l’équipe de WAS Magazine pour vous proposer son regard sur Strasbourg. Il a choisi de nous parler de Gustave Doré. Entre Histoire et métaphores poétiques, Ivan propose un Doré entre prose et rêverie.

Gustave Doré est l’un des plus importants illustrateurs du XIXè siècle. Strasbourgeois, il a réalisé plus de dix-milles œuvres et a exercé une forte influence sur de nombreux artistes. Définir son oeuvre est difficile, la critiquer est certes plus compliqué.

Autoportrait

Pendant cette époque il y a eu des changements dans l’art : de nouvelles tendances sont apparues pour devenir plus tard les mouvements et les avantgardes du XX è siècle. Je me permets de dire que Doré est resté attaché à l’historicisme, sa perfection lui a permis d’illustrer de grands ouvrages, tels que Don Quichotte et la Divine Comédie. Son travail de dessins et de gravures a été publié dans différents pays européens. Son œuvre pourrait paraître issue de la Renaissance, venue de l’obscurantisme ou simplement achevée par les dieux. Les images précises des contes, histoires et romans sont tellement profondes qu’elles submergent le spectateur dans une danse de clair-obscur, où les traits ondulants l’emmènent jusqu’aux nuages, pour boire le thé avec les anges.

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Le romantisme le couvre de cette passion des contrastes ; une note donne comme résultat la tragédie, l’extase, l’orage, la joie. Ses dessins montrent parfaitement les nuances romantiques et agissent dans le couloir d’authentiques poèmes épiques, qui ne seront guère compris par la plupart des âmes. Il ne faut pas interpréter les formes car leur figuration est évidente ; c’est un manuscrit si complet que son admiration est une grande prise de risque, le risque de pleurer, de rire. Le calme que Gustave Doré utilise surprend l’œuvre elle-même, les yeux qui regardent les histoires sont attaqués par des frissons tandis que l’acteur de l’imagination exprime ses idéaux, en gardant pour lui le plus important. Ce qu’il révèle est plus vaste que la possibilité de le comprendre. Ainsi est-il, le dessinateur dessiné par l’image de ce monde, immortalisé avec réalisme. S Remerciements : Musée d’Art Contemporain de Strasbourg


Nadar

Pierrot Grimaçant

Enfance de Pantagruel

Ruelle de Gray’s Inn

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RENCONTRES

Depuis plus d’un an, WAS Magazine a rencontré de nombreuses personnalités de tous bords. Pour ce Numéro 05, passez un tête à tête avec Rockin’Squat, mais aussi avec des Sophie Muller, Le créateur de Salope Clothing ou encore le groupe Polaroid3. Entrez dans l’intimité créatrcie des artistes.

Propos reccueillis par : WAS Illustration : Vanessa Ganzitti



RENCONTRE / Polaroid3

3

Polaroid

Alternative electric pop

Polaroid3 c’est pas bien compliqué. Prenez trois passionnés de musique, pas prétentieux malgré leur bagage musical commun, accessibles et précis. Propos par : WAS/ Photo par : Vincent Muller

Prenez simplement des artistes qui se retrouvent naturellement pour jouer ensemble et qui montent. Polaroid3 c’est surtout une interrogation : comment est-ce possible que vous ne connaissiez pas encore ? WAS : Que signifie Polaroid3 et quelle vision se cache derrière ce nom ? Polaroid3 : Un jour, alors qu’on cherchait un nom de groupe, on est tombé sur une image polaroid d’Andy Wahrol. On a trouvé que le côté instantané collait bien à notre musique et l’idée d’utiliser un terme lié à l’image pour un groupe de musique nous plaisait. Ce nom évoque aussi un côté pop (Pop Art), un aspect vintage, et il se trouve qu’on utilise pas mal d’instruments vintage (synthés analogiques, effets).

ment, c’est-à-dire que j’accordais plus d’importance au son qu’au texte par exemple. Je cherchais des textures, des timbres et j’ essayais d’élargir le plus possible ma palette sonore. Puis j’ai commencé à composer, à écrire des textes aussi. C’est toujours difficile de parler de ses influences ou sources d’inspiration (j’en oublie toujours !) mais pour citer quelques noms qui ont été déterminants dans mon parcours : Meredith Monk, Laurie Anderson, Roof, The Necks, Robert Wyatt, The Ex… Francesco et Christophe sont des musiciens qui ont joué souvent ensemble dans plusieurs formations (dont Chip, leur duo) et continuent à être des musiciens reconnus sur la scène jazz et post-jazz pour leur inventivité! Ils composent beaucoup aussi, dans leurs groupes respectifs, et parfois pour le théâtre. WAS : Comment définiriez-vous votre musique ?

WAS : Comment et quand votre groupe s’est-il formé ? Polaroid3 : Polaroid3 s’est formé il y a 3 ans mais nous sommes des amis de longue date et on avait déjà joué ensemble dans d’autres contextes. Le groupe est né de notre envie d’aller vers des formes plus pop, alors que nous venons plutôt du jazz et des musiques improvisées. Nous nous sommes réunis tous les trois par complicité humaine et musicale. WAS : Pouvez-vous rapidement présenter chacun d’entre vous, ses influences et son parcours musical ? Christine : Comme je le disais je viens plutôt du jazz, des musiques improvisées et expérimentales. Avant Polaroid3 j’utilisais beaucoup ma voix comme un instru-

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Polaroid3 : Alternative electric pop, c’est ce qu’on met sur notre site. À part ca, c’est une musique à la fois sombre et lumineuse, profonde, sincère (ça se dit ça une musique sincère ? Bon ben on le dit quand même)… WAS : Comment composez-vous ? Qui écrit les textes ? Polaroid3 : C’est Christine qui apporte la matière première des morceaux, textes et mélodies, une grille d’accords, un riff de basse, une idée… Puis on travaille en répets et on écrit les arrangements ensemble. Parfois la version finale est très très loin du point de départ ! On est très perfectionniste...


http://www.polaroid3.com http://soundcloud.com/polaroid3

PROCHAINES DATES : (booking en cours pour la tournée de février 2013). 08/12 - Le 114 à Paris 13/01 - Le Grillen, émission Découverte Live de TV7 à Colmar 06/02 - Les Mercredis du Boeuf à Lons 09/02 - L’Étable de Monsieur + à Louvenne 14/02 - Le Tremplin à Beaumont (option) 16/02 - La Passerelle à Belleville-sur-Meuse 28/02 - Rock School à Pristina (Kosovo) 29/02 - Seven Art à Mitrovica (Kosovo) 05/04 - Festival Silent Friday à Stuttgart (Allemagne) + de dates à venir…

WAS : Votre clip You must go on a été très remarqué, comment l’avez vu conçu et pensé ? Polaroid3 : C’est notre ami Philippe Savoir, artiste graphiste et photographe, qui nous a aidés à créer l’image de Polaroid3 (photos, couleurs, mise en scène, objets, costumes…) et qui a fait la direction artistique. On voulait créer une atmosphère à la fois trouble et envoûtante, voire obsédante, à l’image du morceau You must go on. Marc Linnhoff a réalisé le clip et fait un très beau travail de montage. WAS : Quels sont vos projets à venir ? Sorties d’EP, concert, festivals ? Nouveau clip ? Christine : Un deuxième E.P est en préparation et sortira début 2013, avec un nouveau clip aussi. L’idée est de réaliser 3 E.P, comme une sorte de feuilleton qui aboutira à un album complet, en espérant être soutenus d’ici là par une maison de disque (pour l’instant c’est de l’auto-prod !). S

Polaroid3 E.P « Rebirth of Joy » - 2012

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RENCONTRE / Franck Rausch

Franck Rausch La face cachée. 26 septembre. 11h du matin. J’ai rendez-vous avec et chez Franck Rausch, 22 ans, artiste strasbourgeois en devenir. C’est une de ces journées grises et pluvieuses, typique de Strasbourg. Propos par : Kamila Beyessembaeva / Photo par : Vincent Muller

Le genre de journée où la seule chose qu’on ait envie de faire est de rester chez soi, de préférence devant une cheminée, avec un verre de whisky (oui, oui à 11h du matin, vous ne faites pas ça vous ?) et un bon livre de philosophie bien déprimant pour réfléchir sur la condition humaine. C’est donc avec beaucoup de joie et de bonne humeur que je me dirige, sans parapluie, chez Franck. Informée la veille que sa sonnette ne marche pas, j’attends devant la porte d’entrée pendant que les éboueurs vident les poubelles à côté. La journée ne pourrait commencer mieux. Franck arrive avec quelques minutes de retard, de la direction opposée de l’immeuble. M’attendant à le voir arriver par la porte, je ne prête pas vraiment attention à ce grand garçon, maigrichon, habillé en jeans slim avec un petit trou au genou, un pull large et un bonnet, se dirigeant vers moi. Panoplie du parfait hipster. J’ai horreur des hipsters. Une fois les présentations faites, on monte dans son appartement. Pour respecter le cliché de l’artiste, Franck et ses collocs semblent cultiver le bordel organisé, avec la bonne dose de hype et juste la bonne dose de crado artistique. L’appartement est TRÈS grand. Disons qu’en tant qu’étudiante qui habite dans une maison qui ressemble plus à un squat qu’à quelque chose de viable, j’étais assez impressionnée. Maintenant que j’y pense cet appart’ ressemblait pas mal à un squat aussi, mais un squat d’artistes en plein centre-ville. Pour passer de l’entrée vers le salon, on passe par un corridor étroit, barré par une espèce de carton géant. « C’est pour que le chat ne passe pas. » Ca, c’est réglé. Une fois l’obstacle franchi, on arrive dans le salon. Imaginez à quoi pourrait ressembler un squat si vous remplacer les junkies par des hipsters. Vous avez le salon.

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La pièce, dans le genre old-school-j’appartenais-à-desbourgeois-et-maintenant-je-souffre-la-tyrannie-bordéliqued’une-bande-d’étudiants-arty a de grandes fenêtres qui laissent passer la lumière naturelle pour que celle-ci puisse se poser délicatement sur le bazar environnant : une table recouverte d’objets divers et variés : cendrier, verres, papiers ; deux canapés pleins, de ce que j’espère être, des poils de chat, un tableau, un tas d’objets non identifiables ici et là, un tourne-disque sur la cheminée et la collection de vinyls qui traîne pas loin. « Ca te dérange si je mets de la musique ? Ça va les Velvet ? » Plus hipster, tu peux pas. D’ailleurs ce n’étaient pas les cassettes, les new big things ?. Cependant on commence à discuter et je me surprends à penser que finalement ce Franck n’est pas si mauvais que ça et je lui pardonne ses travers hype. Qui est donc Franck Rausch ? Excepté l’artiste qui essaie d’organiser des évènements qui feraient enfin de Strasbourg une capitale européenne que la ville essaie péniblement de devenir, Franck est aussi un fervent fan du romantisme et un ex-graffeur rebelle des rues de Mulhouse. Pour la petite bio, Franck naquit et grandit à Mulhouse. Étant enfant unique, l’ennuie le pousse à dessiner. Comme tout adolescent indie qui fera un bon hipster dans le futur, il découvre ensuite la culture de rue, en particulier le street art, a.k.a. le graffiti. Mais cet art illégal et bien trop peu apprécié par les autorités finit par lui causer des ennuis le jour où il se fait arrêter. Suite a cet incident et surtout parce que l’ambiance dans le milieu à Mulhouse est peu amicale, Franck arrête. Le temps file et Franck se retrouve au lycée, section S, plus par contrainte que par choix


Cependant l’art le rattrape le jour de son anniversaire, lorsque ses amis lui offrent une toile blanche, grand format. Apres avoir passe six mois, cachée derrière un radiateur, la toile en question finit par faire son effet et Franck se met à peindre. Il réalise enfin que c’est ce qu’il a envie de faire et se lance alors dans une formation artistique.

Mais là où il puise le plus est sans doute dans la rue. Rencontrer des gens, les regarder, épier leurs habitudes, leur évolution, leur façon de communiquer, leur perception du monde.

L’exposition chez Avila est un peu un coup de chance. Durant les nombreuses soirées organisées par les collocs du jeune artiste, ce dernier finit par sympathiser avec un des voisins. Il s’avère que le voisin en question s’occupe de la programmation artistique chez Avila, le coiffeur/galeriste au centre ville de Strasbourg. Pour ceux qui ont raté l’expo, le style de Franck est assez intéressant mais encore un peu brut, un peu jeune, inexpérimenté. C’est indubitablement un début prometteur et les thèmes traités par l’artiste (sexe comme moyen de communication, la modification du corps dans le monde contemporain, le grand classique des masques et de l’hypocrisie) ont du potentiel. Il lui faut juste creuser l’idée de façon plus profonde. Les inspirations du jeune artiste sont très disparates. On y trouve de façon plutôt évidente lorsqu’on connaît son travail, Basquiat ou Julian Schnabel, mais aussi Hell’O Monsters, collectif belge qui travaillent sur des illustrations à la plume à quatre mains. Un peu plus surprenant, le travail des artistes romantiques, qui fascine Franck. Il admet pouvoir rester des heures subjugué devant Le radeau de la méduse, de Theodore Géricault.

En parallèle de son travail artistique, Franck mène également d’autres projets. Depuis janvier dernier, Franck et quelques uns de ses amis, ont créé une association, Apenposse, qui permet de mettre en valeur le travail d’autres artistes, français d’abord, mais de plus en plus, européens. Ainsi ils avaient exposé un artiste Berlinois, organisé un concert d’un dj Luxembourgeois, le tout dans une ambiance plus intime et « home made » que d’autres grands évènements, avec pour but de permettre aux artistes et au public de discuter et éventuellement se créer un réseau, plutôt que venir se montrer et voir qui est le plus hype.

« Je fonctionne un peu comme une éponge. Je me pose à un endroit, je regarde, j’absorbe et puis je recrache tout. »

Au final, la leçon tiré de cet rencontre est : Ne pas juger les hipsters trop vite, parfois ils peuvent se relever intéressants. Devenir ami avec Franck et sa bande de potes aussi, parce que je me dis que les soirées organisées dans ce squat über-cool doivent être pas mal. S Apenposse : http://www.facebook.com/apenposse Hell’O Monsters : http://hellomonsters.wordpress.com Avila : http://www.avila-coiffure.com

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u RENCONTRE // Rockin’ Squat

Rockin’ Squat « Kick That Shit » Après le succès de sa tournée précédente (Les enfants du siècle tour 2009-2011) Rockin’ Squat leader du groupe Assassin depuis plus de vingt ans revient avec « La tournée 2012 » ayant bien sur prit soin de s’entourer d’artistes aussi éclectiques que légendaires. C’est à l’occasion de sa venue à la Laiterie le 25 octobre pour un concert exceptionnel que nous l’avons rencontré.

WAS : Vous avez formé le premier label Indépendant de Rap Français en 1992, était-ce une volonté particulière ou par défaut ?

l’agriculteur bio qui combat les grandes surfaces ? Sauf que c’est contre les majors à mon niveau. WAS : Quelles sont vos influences musicales ?

Rockin’ Squat : À l’époque quand on a monté Assassin Production c’était parce que dans notre discours et dans notre attitude on ne voulait pas se faire arnaquer par les majors ! Les quelques contrats qu’on nous a proposés le prouvaient, donc faute de mieux, on a été obligé de s’autoproduire. Ça a été assez compliqué parce qu’il a fallu tout faire par nous-mêmes. J’ai dû me transformer en avocat, en producteur, manager, tourneur. J’ai dû apprendre à faire des fiches de paye, à gérer les relations publiques, le marketing… Ça a ajouté beaucoup de cordes à mon arc. Ça nous a évité de perdre du temps avec des gens qui ne comprennent rien à notre musique, mais ça nous a mis aussi beaucoup de bâtons dans les roues. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’on n’a pas décollé à l’époque, à l’inverse de groupes comme NTM ou IAM. WAS : Vous êtes souvent qualifiés de rappeurs conscients/ politiques, quel est votre positionnement selon vous ? Rockin’ Squat : Je fais de la musique c’est tout ! Je n’ai pas d’étiquette. Je suis un artiste, artisan, comme un boulanger ou

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Rockin’ Squat : Ça va de l’afro beat au free jazz, de la soul des 70’s au reggae en passant par le straight Hip hop… Là je tourne avec les musiciens de Santana, Georges Clinton ou encore Steevie Wonder. Je ne reste jamais figé sur un style de musique spécifique. WAS : Vous êtes beaucoup impliqués dans la lutte contre le sectarisme, le sexisme, les conditions d’emprisonnement et autres bavures policières, comment expliquez-vous que les médias « mainstream » vous boudent à ce point ? Rockin’ Squat : Simplement parce qu’il y a plein de gens qui n’ont pas forcément envie d’entendre les réalités qui dérangent ! Et le simple fait de mettre le doigt dessus, sans être agressif, sans insultes… Rien que d’en parler en connaissant son sujet, c’est beaucoup plus dangereux que quelqu’un de très énervé qui crache sa haine, son dégoût à la tête des gens. Et surtout ce n’est pas une fatalité, derrière tous ces problèmes il y a des responsables !


WAS : Vous aviez dit un jour que le rap n’est pas une finalité mais en moyen d’aborder des sujets cruciaux, que pensez-vous du coup du rap dit « commercial » ? Rockin’ Squat : Moi je suis très ouvert. Je suis un mec qui travaille, donc logiquement je respecte le travail, que ce soit le rap de radio, de la pop ou de la chanson française, qu’importe, tant qu’il y a du travail derrière. Si tu veux faire de la pop, fais de la pop, si tu veux faire de la merde, fais de la merde, après tu en assumeras les conséquences. Il faut laisser les gens faire leur truc. WAS : Vous avez sorti un best of d’Assassin en 2006, vous faîtes quoi désormais à part de la scène ? Rockin’ Squat : Le best of était là pour réunir la crème d’Assassin les dix-sept titres les plus connus. Depuis 2004 , année où j’ai créé mon label Livin’ Astro, je fais pleins de projets solos. A côté de ça on continue de faire de la musique, et puis on en sortira d’autres des best of ! WAS : Que pensez- vous de la nouvelle scène Rap française, notamment 1995 qui se sont fait connaître par aucune maison de disque ? Rockin’ Squat : Aujourd’hui on est arrivé à une telle saturation dans l’industrie du rap français, avec internet et tout, que si tu ne travailles pas et ne sais pas rapper tu ne passes pas. Et même, les maisons de disques ne signent plus d’artistes. La plupart des rappeurs aujourd’hui font dans l’underground à l’instar de rap countender. Je suis surtout sur la scène ricaine que ce soit ASAP Rocky, Odd Future, tous ces nouveaux groupes, mais c’est évident que ça ramène de la fraicheur ; de toute façon le Hip Hop est une musique qui s‘est toujoursrégénérée depuis son arrivée à la fin des années soixante-dix. Ça reste un des mouvements les plus créatifs dans les quartiers les plus défavorisés du monde, que ce soit en Afrique, en Amérique latine ou aux Etats-Unis, parce les mecs ont quelque chose à dire et surtout besoin de s’exprimer ! C’est pareil dans la danse, le break dance de nos jours c’est limite des super héros « Marvell » ! WAS : Sinon de la scène ricaine entre Nas, NWA, Wu Tang, Mobb Deep, une préférence particulière ? Rockin’Squat : Non, ce sont tous de très grands artistes, le mec qui n’aime pas Nas ou Mobb Deep…etc, qu’il aille écouter la danse des canards (rires) !

WAS : Vous avez collaboré avec de grands artistes américains comme Immortal Technique ou encore ODB (old dirty bastard – R.I.P.), que retirez-vous de ces diverses expériences ? Rockin’ Squat : Le morceau avec Immortal Technique (démocratie fasciste 4) était sur un sample que Wu Tang avait pris, il a tourné vraiment partout, sur pleins de mixtapes aux Etats Unis. C’était vraiment un gros classique. Quant à ODB c’était un des derniers morceaux qu’il ait enregistré, si ce n’est le dernier, parce que malheureusement il est mort quelques mois après. J’ai fait des morceaux avec RZA aussi mais ils ne sont jamais sortis. En tout cas c’est très intéressant de collaborer avec ce genre de personnes, car c’est très enrichissant, tant humainement que musicalement.

http://www.livinanstro5000.com Propos par : Maxime Labat / Photo : Vincent Muller

WAS : Pour finir, Booba ou Rohff ? Rockin’Squat : Pareil, ce sont deux grands rappeurs qui sont là depuis longtemps, se régénèrent continuellement et gèrent bien leur carrière. Booba a des punchlines terribles, mais il dérange. Parce qu’en France on n’est pas habitué à se faire bousculer comme ça, et c’est sûr que quand le mec il arrive en mode beau gosse, musclé, tatoué, « je vous encule tous et je fais des millions de dollars » le français moyen il n’aime pas. Rohff est un très grand artiste aussi qui est là depuis le début de la Mafia K1fri et rappait déjà au début des années 90.On peut compter sur eux dans le rap français. Tout comme Kerry James ou Oxmo Puccino, ce sont de gros bosseurs qui perdurent dans le temps et se renouvellent continuellement, ce qui est plutôt rare. Ce sont de vrais artistes que j’apprécie et qui ont sortis de sacrés classiques ! S

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RENCONTRE / Sonic Impact Record

Sonic Impact Records

Propos par : Julie Duverger / Photo par : Vincent Muller Remerciments à : Babylon Fucker (graffiti) / Élise Barbier (maquillage)

Nouveau venu dans le paysage musical strasbourgeois, Sonic Impact Records sort en cette fin d’année sa première compilation : Phonic Riot #1. Nous avons voulu en savoir plus sur ce tout jeune label, qui met à l’honneur Hip-hop et musiques électroniques. Rencontre avec Thibault, Shakeem et Enigmatik.

Sonic Impact Records a vu le jour au printemps 2012. Ce label associatif indépendant entend produire et promouvoir de jeunes talents issus du milieu hip-hop et électro dont la majeure partie provient de Strasbourg. Thibault, le créateur du label, voit dans cette nouvelle association la possibilité de créer un espace de rencontre et d’échange – sans négliger l’ouverture internationale – entre des artistes reconnus et émergents. Ancien technicien plateau, il est producteur et coordinateur du label. Après avoir fréquenté la scène Punk/Hard-Core et organisé plusieurs festivals Ska/Reggae en Europe de l’Est, il s’est plongé dans le milieu plus underground du hip-hop et de l’électro. La liste des influences est longue et hétéroclite : Immortal Technique, Roots Manuva, Gunshot, Beastie Boys, Cypress Hill, High Tone, Zenzile, Asian Dub Foundation, Assassin... Même si le label n’en est encore qu’à ses frémissements, le créateur entend mettre à profit son expérience dans le milieu musical afin de produire un son exigeant, engagé et de qualité. Il s’est entouré pour Phonic Riot#1 d’un certain nombre d’artistes et parmi eux Shakeem et Enigmatik. Shakeem, ancien membre du groupe Klaxatip, mène désormais une carrière solo. Rappeur et poète dans l’âme, il a collaboré, entre autres, avec DJ Nelson. En 2008, il créé son propre label, I.M.P (Impopulaire Music Production).

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En parallèle à sa participation au projet Phonic Riot, il travaille la sortie de son prochain album, prévue fin 2013. L’écriture et la manipulation du verbe sont au cœur de sa démarche. Cette passion forgée dès l’enfance s’est développée avec la découverte dans les années 1990 de la musique assistée par ordinateur. À l’aide de ses beatmakers, MPC, platines et synthés, Shakeem conçoit également les mélodies qui accompagnent son flow. Dans une ambiance calme et mélancolique, son ambition est d’éveiller voire « réveiller » l’auditoire. Opposé au « bling-bling » qui comme il le précise, colle souvent à la peau du milieu Rap/Hip-hop, Shakeem cherche à rompre avec le conformisme ambiant véhiculé par la culture mainstream. Sa musique tente donc de susciter le dialogue, l’échange et ainsi de créer un débat. Il cite en référence, Nas, Mobb Deep, Georges Brassens, ou encore Jacques Brel... Autant dire que Shakeem est un véritable catalyseur de courants éclectiques. Dans un registre différent, Romain, alias Enigmatik, travaille quant à lui sur des sonorités plus électro. Ayant délaissé sa guitare et sa batterie pour les platines, son goût pour la composition électronique remonte à une dizaine d’années. L’occasion pour Thibault d’insister sur le caractère à la fois performatif et instrumental propre à la manipulation des platines.


Ayant baigné dans les milieux Techno Underground, Tribe, Reggae et Drum’n Bass, il fut notamment l’un des membres de l’association Les Insaisissables, spécialisée dans l’organisation de soirées électro-dub. En outre, il a collaboré avec Jean Sachs, violoniste de formation classique , mais aussi avec Karma, artiste strasbourgeoise. Dans son approche, il revendique ses influences Tribe, Dub, Hip-Hop, et Trip-hop en citant des groupes comme Massive Attack ou Portishead. Enigmatik, compose intégralement ses morceaux. Il associe et sculpte les sons principalement grâce à son synthétiseur et son MPC. Cela lui permet ainsi d’approcher la composition de manière plus ludique, voire presque mathématique sans nier pour autant l’impact émotionnel de la composition mélodique.

Infos pratiques : pour retrouver de plus amples informations sur le label, rendez-vous sur la page Facebook. https://www.facebook.com/SonicImpactRecords Pour retrouver l’actualité de Shakeem et d’Enigmatik : http://www.deezer.com/fr/artist/76912 http://soundcloud.com/enigmatik116

La compil, dont l’élaboration a commencé en novembre 2011, a été mixée au Jarring Effects, à Lyon. (label indépendant ayant produit des artistes comme High Tone, Ezechiel, etc...) Nous aurons donc prochainement le plaisir de découvrir 7 titres, associés au visuel de Dabuten Tronko, graffeur Barcelonais. Le logo que nous pouvons déjà découvrir a quant à lui été réalisé par Babylon Fucker, graffeur strasbourgeois. L’émeute est proche. Ne fuyons pas et savourons. S

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RENCONTRE / Steeve Josch

Steeve Josch Portrait d’un portraitiste Propos par : WAS / Photos par : Steeve Josch

Jeune photographe de 27 ans, se décrivant lui-même comme plus ou moins autodidacte, cet artiste originaire de Colmar, mais vivant à Strasbourg depuis 3 ans, nous a accordé un entretien. Portrait d’un portraitiste passionné d’image bien sûr, mais aussi de cinéma et de musique.

WAS : Comment es-tu devenu professionnel de la photo ? Ton parcours ? Qu’est-ce qui t’as amené à la photo ?

WAS : Qu’est-ce qui différencie ton travail de celui des autres photographes ? As-tu des influences ?

Steeve : C’est à l’occasion de l’anniversaire de mes 18 ans que tout a commencé : mes parents m’ont offert le cadeau à la mode à l’époque : un simple compact numérique. Mon coup de cœur pour la photo à débuter au fil des jours qui ont suivi. Je me suis renseigné alors sur les écoles photo dans ma région et ai suivi 3 ans d’enseignement à l’école de photo La Providence à St-Dié où j’y ai appris de bonnes bases.

Steeve : Par rapport aux autres photographes, je ne sais pas trop, j’essaie de ne pas être ancré dans un style, j’essaie vraiment de varier les approches de mes différentes réalisations autant par le style que par la lumière qui est centrale dans mon travail. Ça ne m’intéresse pas de faire 36 shoot pour faire 36 fois la même photo.

J’ai aussi fait quelques stages dans divers studio photo autant à Paris qu’en Alsace. Mais 80% de ce que j’ai appris était après l’école de photo, en pratiquant, en me donnant des objectifs de lumière à réaliser par exemple.

De bons réglages de lumière et de l’appareil, le moins de Photoshop possible plutôt que l’inverse. Ne jamais stagner, toujours évoluer et s’améliorer. Je n’ai pas trop d’influences mais j’apprécie particulièrement le travail de Lachapelle. WAS : Comment définirais-tu ton style ?

Depuis 3 ans je travaillais dans un studios de pub à Strasbourg à temps plein où je réalisais principalement de la photo de bijoux et montres de luxe tout en continuant mon activité en freelance à côté. Depuis quelques mois, je n’y travaille qu’à mi-temps, ce qui me laisse plus d’opportunités pour d’autres projets/travaux que je ne pouvais accepter auparavant. WAS : Tu pratiques donc la photo depuis 8 ans ? Steeve : En effet j’ai découvert la photo à l’aide d’un compact numérique il y a 8 ans. L’année suivante j’ai découvert l’argentique, le développement, le tirage, le moyen format et la chambre et cela fait disons 4 ans que je pratique la photo à titre professionnel autant pour des particuliers que des professionnels.

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Steeve : J’ai ma touche personnelle, mais j’essaie de rester en constante évolution. Mes inspirations viennent de différents horizons artistiques tels que le cinéma ou encore la musique. On baigne dans l’image à notre époque donc je pioche parfois à droite à gauche et j’y apporte ma patte. Il arrive souvent aussi que l’image prenne forme dans ma tête et j’essaye de la reproduire par la suite. WAS : Qu’essaies-tu de retranscrire dans tes images ? Steeve : J’essaie de retranscrire une ambiance naturelle ou de créer une ambiance artificielle à partir de rien. Donner du mouvement à un sujet, mettre en valeur autant une personne qu’un objet.


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RENCONTRE / Steeve Josch

WAS : As-tu des projets personnels qui vont voir le jour ?

WAS : As-tu réalisé des expositions ? Y en a-t-il à venir ?

Steeve : Du point de vue projet photographique, j’ai commencé une série en diptyque sur les 7 péchés capitaux qui est fini à 85% environ avec une approche assez décalée en général. Une fois cette série finie, j’aimerais en faire autant sur le thème des contes célèbres. Je découvre depuis peu de temps la vidéo, mon appareil photo me le permettant. J’ai donc réalisé quelques vidéos pour une artiste burlesque, nous avons réalisé des ambiances en studio, monté des décors, faux mur, papier peint, pour recréer son univers.

Steeve : Pas vraiment d’expositions mise à part la Biennale Internationale de l’Image de Nancy. Je ne suis pas trop friand d’expositions.

WAS : Quelle est ton approche du numérique ? Travailles-tu avec de l’argentique ? Steeve : Bien que j’ai appris en argentique (tirages, labo etc) ça ne m’attire plus vraiment. Je ne travaille plus qu’en numérique. Par contre je me refuse à tout montage non réalisable en direct. Je préfère me casser la tête à la prise de vue pour réaliser des trucages ou effets plutôt qu’en post prod. WAS : As-tu un studio ? Steeve : Je dispose en effet d’un studio sur Strasbourg pour réaliser mes travaux que ce soit des portraits, de la mode, des packshots, de la publicité ou des bijoux.

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WAS : Quels sont tes thèmes favoris ? Steeve : Je préfère tout ce qui est photo portrait ou mode, Je préfère le N&B sauf si vraiment la couleur est nécessaire. Mais je travaille aussi différents domaines comme le bijou/ horlogerie de luxe, le reportage et même la photo de mariage qui, à la base, ne m’attirait pas du tout. J’essaye de proposer une approche beaucoup plus créative et décalée pour ce genre de photos beaucoup trop classique à mon goût ! WAS : Comment réussis-tu à te démarquer des photographes amateurs qui usent de instagram et autres supports pour se prétendre photographes ? Steeve : Est- ce que ça existe réellement les gens qui se prétendent photographe en prenant en photo leurs repas de midi ? Plus sérieusement je ne considère pas du tout ça comme une concurrence, tout comme la plupart des faux-tographes du web et autres réseaux sociaux. S


RENCONTRE / Steeve Josch

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RENCONTRE / Claire Barberot

Claire Barberot Le juste milieu entre l’art et la mode ?

Claire Barberot l’a trouvé. Cette jeune créatrice de vêtements imagine des parures uniques et innovantes, à la frontière entre œuvres d’art et mode au quotidien. Dans un atelier plein de tissus aux couleurs vives et chatoyantes, nous avons rencontré celle qui souhaite faire de chacune de ses créations une véritable pièce unique.

Au milieu des mannequins en bois qui portent fièrement de sublimes collerettes à la fois vêtement et bijou, s’est installée Claire Barberot, une créatrice qui a lancé sa marque de vêtements en 2004. Pour Claire, qui toujours s’est intéressée aux Arts autant qu’à la mode, la frontière est très mince entre ces domaines.

Aujourd’hui, fini les gants de toilettes massacrés, Claire choisit de sublimes tissus, et en fait des merveilles. Elle travaille avec des fournisseurs français, japonais, italiens, et n’hésite pas à mélanger des galons indiens, de la soie, du coton brut, du cuir et d’autres matières.

« J’ai commencé par étudier l’histoire de l’art. J’ai toujours été passionnée par la peinture, mais aussi par les matières, le textile, les plis des vêtements des statues grecques, et les lignes minimalistes de certaines architectures contemporaines. Je souhaitais faire un mémoire sur les rapports entre art et mode, or j’ai très vite eu envie de quelque chose de plus concret, de créer, toucher la matière et apprendre un métier. »

« Pour le moment, je ne fais que des vêtements de femmes, pour lesquels je m’inspire beaucoup d’autres époques, de diverses cultures et de plusieurs créateurs contemporains dont j’admire le travail. J’aime bien les lignes épurées des coupes japonisantes par exemple, mais je vais redessiner le kimono, l’adapter à notre style de vie occidental, lui ajouter une capuche, des empiècements en cuir… Le but, c’est de pouvoir porter mes créations en tant que vêtement de tous les jours. Je souhaite créer une mode élégante, féminine, qui respecte la personnalité de chacune, dans laquelle on puisse bouger, vivre ! »

Alors pendant un an, Claire a endossé le rôle d’assistante costumière à l’Opéra National du Rhin à Strasbourg. « C’était magique. Les costumiers faisaient faire des tissus spéciaux, chaque chanteur avait sa propre paire de souliers, c’était hallucinant ! Néanmoins, il fallait choisir : soit on dessinait les vêtements, soit on les fabriquait. Je n’avais pas envie de trancher, je voulais tout faire de A à Z, du dessin à la conception, jusqu’au contact avec la personne qui va s’approprier ma création. J’ai alors décidé de fonder ma propre marque de vêtements. » Pour autant, lorsque l’on demande à Claire si elle s’amusait déjà à coudre des habits à ses poupées étant petite, elle répond en riant que non. « Je me vois gamine, en train de faire un trou dans un gant de toilette. Je ne crois pas avoir été capable de mieux. Souvent, on entend que ce sont les grands-mères qui apprennent à coudre à leur petite-fille… Mais moi je préférais dessiner, faire des collages… C’est après que j’ai commencé à coudre. »

« Robe parachute » : Robe de mariée sur mesure, à partir de 1500 euros.

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clairebarberot.over-blog.com Tél. : 06 18 24 30 86 Créations en petite série : Accessoires à partir de 65 euros. Vêtements à partir de 120 euros.

Robes, sacs, manteaux, Claire a aussi réalisé une collection « Tiger Lily » en collaboration avec l’illustrateur Nikosan. Ce dernier a dessiné des motifs directement imprimés sur les vêtements que Claire façonne, qui sont à chaque fois des pièces uniques ou des petites séries. « Il m’est impossible de reproduire les mêmes plis, d’ailleurs, je n’en ai pas envie. Sur chaque modèle, même s’il se veut similaire au précédent, je fais une petite modification au niveau du tissu, ou d’un détail. Les clientes qui achètent une de mes pièces savent que leur vêtement n’est pas identique à celui des autres femmes. Lorsque je travaille avec Nikosan, il imprime ses linogravures sur le tissu, et il est impossible d’avoir exactement le même motif à chaque fois. Ce côté « pièce unique », c’est quelque chose qui plait beaucoup. » De même, Claire revendique cela dans les habits qu’elle réalise sur mesure. « Certaines clientes passent me voir à l’atelier pour que je leur fasse une robe sur mesure. Prenons le cas des robes de mariée : en général, les clientes vont d’abord voir mon site, et si ce que je fais leur plait, elles me disent alors ce qu’elles aiment en général, quel sera l’esprit de leur mariage, si elles veulent du volume, de la longueur,

une couleur particulière… À partir de là, je réalise un croquis, puis on discute pour voir si ce que j’ai pensé leur convient. C’est un véritable dialogue, un projet à deux ; mais il faut clairement qu’elles aiment mon style, car je ne vais pas leur copier une robe d’un magazine ! Je souhaite créer la robe qui leur ressemble, en fonction de leur physique, leurs goûts, mais aussi l’histoire qu’elles ont envie de raconter ce jour-là. » Mais Claire ne s’arrête pas là. Si elle crée des pièces à porter, elle s’amuse aussi parfois à inventer des robes en papier, des costumes « pleins de fils, pas finis », bref, de véritables pièces d’exception qui vont raconter l’histoire de la collection dont elles découlent. En s’inspirant de ces prototypes « un peu fous », Claire invente une collection de vêtements et d’accessoires plus accessibles, mais qui néanmoins gardent leur remarquable singularité. Toujours en quête de collaborations et de nouveaux projets, Claire accueille toute personne intéressée dans son atelier, il suffit de prendre rendez-vous ! Et en ce qui concerne les projets plus concrets, Claire va à nouveau collaborer avec Nikosan pour une collection « Tiger Lily » Hiver, et elle sera présente lors de l’exposition 10-19 des Métiers d’Art, qui se déroulera du 7 au 16 décembre à la résidence Charles de Foucauld à Strasbourg. S Propos par : Caroline Toussaint Photos par : Marie Prunier (Robe) / Vincent Muller

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RENCONTRE / Salope Clothing

Propos par : WAS Photos par : Vincent Muller

Matthieu a créé sa marque au nom qui peut choquer : Salope Clothing fait des émules, rencontre avec le créateur polémique !

WAS : Tout d’abord, quelques mots sur toi, qui es-tu ? Quel est ton parcours ? Matthieu : Je m’appelle Matthieu, j’ai grandi dans la Somme, près d’Amiens, c’est là où j’ai commencé la guitare, le dessin, tout ce qui est art & création. Ma mère est à fond dans la récup’ de meubles et d’autres objets du genre, la broderie au point de croix, et aussi la couture. Ça m’a toujours intéressé mais je suis resté dans ce cliché qui prétend que « c’est pour les femmes ». Mon truc c’est vraiment la musique et je n’ai jamais considéré la couture comme une opportunité d’avenir ! Mais après mon bac je suis parti à Strasbourg où j’ai tourné un peu en rond... Fac d’arts visuels, fac d’anglais, petits boulots, une vie un peu au jour le jour.

L’idée d’une insulte ou plutôt d’un gros mot a germé dans ma tête et Salope m’est tout de suite venu à l’esprit. C’est devenu un mot presque banal dans les conversations, il est presque humoristique ; c’est pas comme pute, enculé qui sont des mots qui ne sont pas agréables à entendre. C’est un peu de la linguistique qui se cache derrière la marque et je suis sûr que le mot Salope sera de plus en plus ironique et peut être qu’il sera associé à mes vêtements un jour, qui sait ! En tout cas à ceux qui pensent qu’il s’agit d’un message antiféministe ou d’une insulte envers les femmes, je les invite à réfléchir plus profondément sur le pourquoi du comment et à regarder mes créations pour se rendre compte que je veux juste attirer l’oeil du public avec audace et humour !

Mon but était de faire un truc en rapport avec la photo mais cela m’a vite découragé. C’est ma copine qui m’a appris les bases de la couture et je me suis mis à l’aider dans sa confection de matériel d’équitation pour laquelle elle a créé son entreprise. Puis je me suis demandé ce que j’allais faire et j’ai décidé de faire comme elle, de la création textile. On peut dire qu’elle m’a beaucoup aidé et c’est encore le cas aujourd’hui ! On travaille à la maison, quand on veut, et je peux dire que travailler de cette manière est vraiment apaisant et propice au bonheur ! WAS : On peut dire que le nom de ta marque est pour le moins éloquent, peux-tu nous l’expliquer ? Matthieu : C’est très choquant même, mais c’est une décision que je n’ai pas eu de mal à prendre ! On parle de psychologie et de communication là... Je me suis rendu compte que si je voulais des highlights sur ma production, je devais tout de suite attirer le regard. Le nom est un point de départ important pour moi, les gens se font une idée de la marque à partir de ça !

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WAS : Quand et pourquoi as-tu créé cette marque ? Matthieu : J’ai commencé fin 2011 en créant un pantalon pour moi à partir d’une nappe ! Ca a été un succès et je me suis dit que c’était tout à fait à ma portée. Rien n’est impossible !


WAS : Comment te positionnes-tu par rapport aux différentes autre marques ? Matthieu : Je me place en directe concurrence ! Je sais que ce n’est pas la même envergure mais je me rends bien compte que les gens aiment ce qui est fait par une personne du coin et avec soin ! Il y a une histoire derrière chaque produit et c’est ça qui me plait et qui plait à mes clients. Je pense qu’ils sont fiers d’avoir un vêtement Salope, fait main, dans le Bas Rhin, sur mesure en général et qui correspond vraiment à leurs attentes. Cette nouvelle façon de vendre des vêtements se développe, certains restent dans l’idée d’acheter chez des grandes multinationales mais on ne peut qu’observer l’augmentation des créateurs de mode très talentueux en Alsace, en France et dans le monde entier évidemment .Et ça, ça veut forcement dire quelque chose. WAS : As-tu créé Salope Clothing pour la développer ou pour t’amuser et habiller tes potes ? Matthieu : Les deux ! Autour de mes amis ça a forcément fait rire et c’est aussi grâce à eux qu’aujourd’hui Salope marche bien. Ils se sont passé le mot, ils sont les premiers à avoir acheté des Saloperies et ils sont devenus malgré eux des panneaux publicitaires ! C’est une image assez capitaliste mais c’est quand même grâce à eux, et je les en remercie mille fois. WAS : Quel est selon toi l’avenir de Salope Clothing ? Matthieu : Je pense souvent à l’avenir mais j’essaie de ne pas m’attarder sur ces pensées ! J’aime admirer le présent sans trop

savoir ce qu’il va se passer, c’est comme ça que je vis. Mais ça n’empêche pas des idées et des projets qui poussent dans ma tête pour devenir durables ! J’aimerai ouvrir une boutique avec ma copine avec par exemple un étage pour elle et un pour moi où j’y exposerai toutes les créations, où les gens pourraient venir voir comment je travaille, prendre un café ou une bière, et pourquoi pas organiser des concerts ! Je vois vraiment un endroit convivial et joyeux. J’aimerais aussi devenir un employeur pour des gens qui ont été comme moi un jour dans la galère et leur montrer que la mode et la couture peuvent être un filon d’avenir ! D’ailleurs je lancerai un appel aux stages pour les lycéens à la fin de l’année scolaire et j’espère que quelques jeunes y répondront, et ils verront qu’on peut apprendre à coudre très rapidement avec un peu d’intérêt et de curiosité. WAS : Où peut-on se procurer tes produits et à quels prix ? Matthieu : Au jour d’aujourd’hui on peut aller à Mulhouse, à La Vitrine (avenue Kennedy) pour y trouver des tee-shirts, des trousses, des robes... J’espère que je pourrai poser mes vêtements bientôt dans une boutique à Strasbourg, c’est en projet ! Sinon je suis très présent sur facebook évidemment où je publie ce que je fais et les gens savent qu’il peuvent venir chez moi, à Eichhoffen pour essayer, parler, ou alors ils commandent par mail et j’envoie les produits par la Poste. u

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RENCONTRE / Salope Clothing

Tous les prix sont affichés sur facebook, ils sont vraiment raisonnables quand on sait qu’il y a des heures de travail derrière ! Tu parlais des concurrents tout à l’heure, et je trouve que par rapport à des grandes marques made in India, je suis absolument compétitif comme dirait l’autre ! WAS : Quelles sont tes influences en matière de conception et de création ? Matthieu : Je m’intéresse beaucoup à toutes les civilisations, les cultures, et à l’Histoire. Je crois que quand je crée un tee-shirt rayé, mes pensé se tournent vers les marins qui on inventé ce motif ! C’est fascinant de se dire que quand je fabrique un jean, je me mets au même niveau que les chercheurs d’or de Californie qui cherchaient un habit solide et robuste pour mieux travailler !

WAS : Réalises-tu tout toi même ? Matthieu : Oui tout est cousu à la main et à la machine à partir de patrons achetés à Emmaüs ou dans les magasins spécialisés. Je fais même les patrons moi-même des fois. Je sérigraphie chez un pote sinon. Je lui développe ses pellicules et lui me sérigraphie mes pulls ou tee shirts. C’est de l’échange de bons procédés. WAS : Combien de temps consacres-tu à chaque pièce qui est, me semble-t-il ,unique ? Matthieu : Ça peut être très rapide ou très long ! En général ça se ressent dans le prix et oui chaque pièce est unique, même si elle est faite en série ou plusieurs fois, il y aura toujours un détail qui fera qu’elle est différente des autres. Et puis quand je couds des séries de vêtements je les numérote pour qu’il ait une traçabilité.

J’accorde une importance extrême à l’utilité première d’un vêtement. D’ailleurs petite exclu : je compte créer un ou deux imper’ pour l’automne/hiver, et si le produit ne correspond pas à l’attente première, en l’occurrence être chaud et imperméable, c’est inutile que je le mette en vente !

WAS : La prochaine collection de Salope Clothing, c ‘est pour quand et ça ressemblera à quoi ? Matthieu : Pour le moment il fait froid, on reste dans les jeans, le bleu et les vêtements chauds, c’est difficile de se projeter vers une prochaine collection mais je peux te dire qu’elle correspondra à ce qu’on évoquait tout à l’heure, l’Histoire, les civilisations... Et puis ça dépendra de ce que je trouverai en matière première ! C’est vrai que je dépends un peu des fabricants de tissu mais j’arrive quand même à faire ce que je veux en général ! Je me débrouille pour trouver des tissus de bonne qualité en Allemagne, dans le Nord Pas de Calais, berceau du textile, sur internet surtout. S http://facebook.com/ilovesalope

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Crédit photo : ©Alex Mahieu

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RENCONTRE / Sophie Muller

Voyage Solidaire ? Rencontre avec Sophie Muller Propos par : Candice Soler-Couteaux / Photos par : Vincent Muller

Vous en avez assez de partager votre mètre carré de serviette sur les plages surpeuplées ? Vous n’êtes pas spécialement adepte des cocktails au bord de la piscine ? Vous avez besoin de vous sentir utile ? WAS vous a trouvé l’alternative idéale pour vos prochaines vacances ! L’agence de voyage solidaire Double Sens, créée en 2006 par deux amis d’enfance, propose des séjours au Bénin, Burkina Faso et en Équateur durant lesquels vous participerez à des missions d’aide au développement. Sophie, une ancienne voyageuse, nous a raconté son aventure au sein d’un centre de rééducation pour enfants handicapés. 2 semaines à aider les autres et à découvrir les richesses locales, ça change ! À tel point qu’elle a décidé de prendre le relais sur Strasbourg et le Grand Est afin de développer une proximité avec les futurs voyageurs. Pour elle, cette mission a été une véritable expérience de vie et de partage. Cependant, elle nous précise bien de réaliser qu’on ne part pas pour changer le monde. Double Sens apporte une autre dimension au voyage car vous serez en immersion au cœur de la vie locale. L’occasion pour vous de découvrir le pays de l’intérieur. Votre séjour combine, au minimum, 2 semaines de mission. Durant celles-ci, vous pourrez, en fonction des besoins sur place, faire du soutien scolaire ou des activités créatives. Les week-ends vous partirez en excursion à la découverte de l’Afrique, accompagné d’un guide local.

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Sur place, vous logerez dans une villa, avec tous les services ménagers, en colocation avec les autres voyageurs. Pour l’instant 200 personnes participent, chaque année, à l’aventure, entourée par une vingtaine de coordinateurs sur l’Afrique. Ils assurent au quotidien la continuité de la mission afin qu’il y ait un véritable suivi pour les populations locales. Le tarif est tout de même assez élevé. Il faudra compter entre 1390 et 1790 euros, sans les billets d’avion. A savoir que 70% du prix de ce voyage sera reversé pour aider au développement de l’économie locale, par le biais de création d’emplois locaux. Sur Strasbourg, des réunions sont organisées chaque mois. Vous pourrez poser toutes vos questions à Sophie et rencontrer d’autres participants. S www.doublesens.fr Page Facebook : Double-Sens-Voyage-Solidaire


Il y a un an, Sophie, 31 ans a décidé de faire un voyage utile. Elle est partie avec l’agence Double Sens au Bénin pour s’occuper d’enfants dans un centre de rééducation. Elle nous raconte son expérience. WAS : Qu’est ce qui t’as poussé à partir au Bénin ? Sophie Muller : L’envie depuis mon adolescence de faire un voyage utile, de découvrir l’Afrique noire, sa culture, partager réellement leur quotidien, échanger avec les locaux et vivre immergé avec eux. WAS : Quelle est la différence avec un voyage classique ? Sophie Muller : Cela n’a rien à voir avec un autre voyage car on est quotidiennement au contact des populations locales et nous échangeons beaucoup. Lorsqu’on côtoie une trentaine d’enfants âgés de 3 à 18 ans, on crée des liens vraiment forts. Il est même difficile de partir après 2 semaines passées à leur côté.

WAS : Pourquoi as tu décidé de prendre le relais de l’agence Double Sens dans l’Est ? Sophie Muller : En rentrant, j’avais tout simplement envie de poursuivre l’aventure et de faire découvrir cette façon de voyager à d’autres personnes. On n’y pense pas forcément mais ce sont des rencontres vraiment enrichissantes et c’est une façon de se rendre utile auprès de populations qui en ont vraiment besoin. Pouvoir combiner la découverte d’un pays et la rencontre avec les locaux, de partager leur histoire est une aventure incroyable. WAS : Quelle est la différence avec un voyage classique ? Sophie Muller : Grâce à tous les liens que l’on a consolidé avec les enfants, on revient totalement changé ! Ces gens ont une joie de vivre incroyable alors qu’ils n’ont rien, cela nous permet de relativiser beaucoup de choses et cela fait du bien ! Et maintenant, je suis marraine de deux enfants au Benin ! S Sophie Muller Sophie.doublesens@gmail.com 06 84 50 96 10

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RENCONTRE / Agnès Bouyé

Agnès Bouyé Dans l’intimité du parfum Propos et photos par : Caroline Toussaint / Portrait : Stéphanie Soum / Photos DR : Egofacto

Subtil ou entêtant, le parfum est une sorte d’accessoire de tous les jours qui nous permet de nous sublimer, mais aussi de nous démarquer. Agnès Bouyé se donne pour mot d’ordre de permettre au grand public de mieux connaître le monde des odeurs et, grâce à ses ateliers, d’entrer dans l’intimité du parfum.

C’est dans une magnifique pièce de l’hôtel La Cour du Corbeau qu’Agnès Bouyé organise ses ateliers Evanessence, qui nous font plonger au coeur de l’univers olfactif. Cette passionnée a fait partie de la société de création de parfums Quest Love (à l’origine des fragrances Angel de Thierry Mugler, J’adore Dior ou encore Le Mâle de Jean-Paul Gaultier. Depuis, la société a été rachetée par Givaudan). « Comme toutes les petites filles, j’étais attirée par le monde de la mode, du parfum. Pour autant, il me semblait qu’il fallait avoir un don, un « nez » ou qu’il fallait avoir été élevée à Grasse dans une famille de parfumeurs pour avoir la chance d’intégrer ce milieu très fermé. Le hasard a voulu que je rencontre une personne qui travaillait dans le domaine de la parfumerie et qui m’a encouragée à envoyer mon CV. J’ai alors pu intégrer le service marketing de la société Quest Love. » Agnès avoue que c’est là qu’elle a pu développer son odorat. « Des 5 sens, l’odorat est le plus méconnu. J’étais totalement néophyte au départ, puis j’ai été formée à l’intérieur de la société, en travaillant avec les parfumeurs et en sentant quotidiennement leurs créations. » Dès lors, Agnès réalise que son domaine d’activité reste énigmatique aux yeux des non-initiés. « Mes amis me posaient beaucoup de questions sur mon métier. Ils étaient intrigués et j’ai compris que c’était un milieu secret, inconnu. »

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Et lorsqu’elle quitte Quest Love, Agnès se rend compte que cet univers d’art et de senteurs lui manque. L’idée de créer un atelier afin de faire découvrir les secrets de la parfumerie émerge alors. « Aujourd’hui, deux tendances se développent. La première, c’est que l’on entend de plus en plus parler des parfumeurs, de leur métier ; mais c’est un milieu qui reste magique et mystérieux. La seconde tendance, c’est celle des ateliers. Alors, quand j’ai déménagé en Alsace, je me suis dit que c’était l’occasion de créer quelque chose autour du parfum, pour dévoiler les coulisses de sa création, et partager mon expérience. »


RENCONTRE / Agnès Bouyé « Aujourd’hui, deux tendances se développent. La première, c’est que l’on entend de plus en plus parler des parfumeurs, de leur métier ; mais c’est un milieu qui reste magique et mystérieux. La seconde tendance, c’est celle des ateliers. Alors, quand j’ai déménagé en Alsace, je me suis dit que c’était l’occasion de créer quelque chose autour du parfum, pour dévoiler les coulisses de sa création, et partager mon expérience. » À travers diverses activités, des jeux olfactifs, Agnès nous permet de découvrir des senteurs, des parfums, et les émotions que ceux-ci nous procurent. On commence par sentir des arômes familiers, comme la vanille, puis on apprend à différencier les odeurs naturelles des odeurs synthétiques. Certaines, par leur rareté, ne peuvent être utilisées naturellement. Il faut alors créer des effluves qui leur ressemblent afin de pouvoir les utiliser sans modération. Puis Agnès nous fait découvrir des odeurs que l’on connaît moins : le Vétiver qu’on ne peut garder sous le nez, le Musc blanc ou encore la Fêve tonka... Tout est réuni pour que l’on décèle les ingrédients qui composent de nombreux parfums, dont nos élixirs fétiches. Car selon elle, le parfum, c’est aussi « Une signature, le prolongement de la personnalité. » C’est ainsi que, lorsqu’elle demande à chacun des participants de se présenter, ceux-ci donnent leur prénom, puis le ou les parfums dont ils usent le plus souvent. Agnès n’hésite pas à personnifier le parfum :

« C’est un peu comme un compagnon dont on dispose de manière tout à fait personnelle. Certains d’entre nous ne peuvent pas sortir sans parfum sous peine de se sentir nus, alors que d’autres oublieront de s’en asperger sans que cela ne les ennuie. Et puis il y a des gens qui sont fidèles à un seul parfum : tel un coup de foudre, plus aucun flacon ne pourra désormais leur correspondre... D’autres personnes aimeront changer de parfum selon leur humeur, l’occasion. Pour ma part, j’aime alterner les parfums, mais je serai toujours attirée par la Fleur d’oranger qui me rappelle mon enfance dans le Sud. » Matières premières, famille olfactive, nos parfums préférés n’ont plus de secrets pour nous, et il est donc possible de mieux les comprendre. « Les parfums que l’on porte sont composés de différentes notes : il y a les notes de tête, de coeur, et de fond. C’est très dur à distinguer, surtout que les notes de tête sont vouées à ne « vivre » que quelques minutes. Alors surtout, quand vous désirez acheter un parfum, portez-le d’abord sur votre peau une journée entière, car son odeur évolue ! Il faut connaître un parfum pour le choisir, c’est « L’ultime, l’indispensable accessoire », comme disait Mademoiselle Chanel. »

Aujourd’hui, Agnès adresse ses ateliers à tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur le parfum, mais elle travaille aussi avec des professionnels, principalement des marques niches (des marques de créateurs), ce qui lui permet de toujours développer ses connaissances. Désireuse de permettre à un large public d’appréhender le monde des odeurs, elle organise ses ateliers une fois par mois à l’hôtel La Cour du Corbeau (inscription nécessaire). Toutefois, il est aussi possible à des entreprises ou des particuliers de privatiser son atelier, afin d’organiser une activité éducative, ludique et agréable. Et pour ceux qui souhaitent trouver LE cadeau original en cette période de Noël ? Plutôt que d’offrir l’éternel flacon de Chanel No5, ou le Chrome d’Azzaro, pourquoi ne pas passer par l’onglet Bon Cadeau sur le site de l’atelier Evanessence ? L’occasion de passer un bon moment plein d’odeurs qui s’entremêlent, et d’en apprendre sur ces élixirs essentiels et passionnants ! S http://www.atelier-evanessence.fr

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LITTÉRATURE

Dans cet opus, rencontre avec le monstre de la littérature et du journalisme Bernard Pivot ! Récit de la prise d’otage de 547 jours avec Hervé Qhesiquière. Mais aussi revisite de classiques avec Maupassant, sans oublier la très attendue chronique de notre ami Éric Genetet et sa WASine...

Propos reccueillis par : WAS Illustration : Vanessa Ganzitti



LITTÉRATURE / La Chronique d’Éric Genetet

Ma Wasine

Éric Genetet sortira son troisième roman en janvier 2013. « Je viens de voir passer les voitures du Rallye d’Alsace. Je n’aime pas ce tapage ridicule, ces types qui conduisent des bagnoles bariolées qui polluent la verte campagne, ça me fait mal aux yeux et à la tête. Et puis, ce n’est pas mon genre, Sébastien Loeb avec son air de ne jamais y toucher… » Lorsque j’ai croisé ma Wasine sur mon palier, elle était de mauvaise humeur et en talons aiguilles. Je revenais de mon footing, mon tee-shirt « J’aime Sébastien Loeb. » offert par ma famille à Noël, mouillé comme le pare-brise de Laure Mamaudou. Bon, je dois vous l’avouer d’emblée, je ne peux pas écrire tout ce que pense vraiment ma Wasine de l’Alsacien neuf fois champion du monde, je risquerai de tomber d’un étage et de perdre toutes mes chances de remporter un jour un Bretzel d’or. Même si et de toute façon, comme l’affirme ma Wasine, j’ai moins de chance de gagner un Bretzel d’or qu’elle de rentrer dans le club des Femmes Leaders Mondiales. La partie alsacienne de cette association qui met les femmes en lumière est présidée par Yolande Haag, la patronne de la brasserie Météor. Un groupe éclairé de la gent féminine qui trouve que la complémentarité homme/femme est indispensable à la bonne marche de l’humanité. C’est bien ce que j’ai « vendu » à ma Wasine en l’invitant chez moi pour l’apéro. À ma grande surprise, elle accepta immédiatement, ce qui marquait un changement dans son attitude habituellement glaciale depuis notre dernière soirée au restaurant. J’ai mis des bières au frais, pris une douche et préparé des Bretzels pour faire avancer l’humanité. Deux heures après, elle était en retard. Elle n’est pas comme moi, un malade de l’exactitude bercé trop près du carillon. Je n’avais pas l’intention de faire une croix sur mon Bretzel d’or, ni sur ceux de l’apéro. J’avais la dalle. Par correction, j’avais attendu l’heure du rendez-vous pour me jeter sur les Boehli. Vingt minutes plus tard, elle a frappé. J’ai ouvert la porte qui titubait beaucoup, et une quatrième Météor jusqu’à la mort, elle, hopla, une Fischer. La température extérieure avait chuté, on avait les pieds et les mains glacés, le syndic de l’immeuble n’avait pas encore allumé le chauffage. Je n’avais qu’un plaid, je l’ai laissé à ma Wasine. Avec elle, je m’efforce d’être un gentleman, je n’ai pas fait la moindre réflexion sur son retard. Le problème c’est que la bière et les bretzels, ça fait gonfler le bide, le mien n’avait pas besoin de ça. À la cinquième canette, je ne me sentais pas en grande forme. Je priais pour qu’elle ne choisisse pas ce moment-là pour avoir envie de moi, je ne sais pour quelle raison d’ailleurs, mais avec les filles, il faut s’attendre à tout. J’étais affalé sur mon canapé, impossible de bouger ou de répondre à mon téléphone, qui de toute façon ne vibrait pas.

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Comme l’ambiance était à la déconne, j’ai tenté d’attraper le nouveau catalogue Ikéa sur la table basse, mais j’ai renoncé rapidement. J’ai voulu allumer la télé, mais ma Wasine me l’a interdit, en affirmant qu’on avait toutes les chances de tomber sur le Rallye d’Alsace ou sur une publicité pour l’Iphone 5 et qu’elle refusait qu’on la prenne pour un jambon. Un peu plus tard, elle s’est levée, m’a dit « bouge pas, je connais le chemin ». J’ai terminé mon stock de charcuterie et de Bretzels tout seul et j’ai commencé le nouveau roman de Boris Cyrulnik, « Sauve-toi, la vie t’appelle ». Le lendemain, le temps était devenu navrant. J’avais encore froid partout, j’étais aussi blême que le ciel gris d’octobre, j’avais déjà ma gueule d’hiver. Ma Wasine, c’était le contraire, un rayon de soleil qui transperçait mon cœur glacé, mais un rayon qui restait toujours de marbre devant mes yeux doux. J’étais chocolat, yayayaya, comme les petits pains que j’achète tous les matins chez Mohamed, le commerçant le plus sympa du coin, un type souriant, c’est rare dans le quartier. De plus, ça sent bon dans sa boutique, l’odeur des croissants français se mélange à celle des pâtisseries orientales, on voyage, en cinq secondes on est à l’autre bout du monde, on parle de tout et de rien, et on ressort de chez Mohamed avec la banane et des légumes plus frais que chez Grand Frais. Un dimanche mon réfrigérateur était vide. Quand je suis arrivé chez Mohamed, ma Wasine était à la caisse. J’ai été chercher un pain de mie et je me suis précipité vers la sortie. Elle avait déjà filé, j’ai payé Mohamed et je l’ai rattrapé. Elle était en jogging noir des pieds à la tête, mais sexy quand même. J’ai dit bonsoir, elle a répondu « ça va ? » J’ai répliqué « ça va et toi ? », elle a dit « bof ». Là, j’ai voulu être original et je n’ai pas demandé pourquoi. Devant l’immeuble, elle ne trouvait pas ses clés. Elle cherchait au fond de son sac, je restais là comme un abruti, comme si ce n’était pas ma porte à moi aussi, en espérant qu’elle ne trouve pas ses clés et que du coup, elle ne sache pas chez qui dormir. C’est là que je lui ai demandé pourquoi bof. Elle a retrouvé son trousseau et ne m’a pas répondu. J’ai regardé son cul dans l’escalier et j’ai bafouillé que ça serait bien qu’elle vienne prendre l’apéro, vu que c’était l’heure de l’apéro. Je ne sais toujours pas pourquoi, devant ma Wasine, je perds la totalité de ma capacité à articuler les mots normalement, bien rangés les uns derrière les autres. Je me transforme en footballeur : j’crois que j’vais travailler à l’entrainement le plus important c’est l’apéro je vais prendre les sticks les uns après les autres. Je parlais comme Ribéry, mais elle accepta de passer à la maison, pour la deuxième fois en quelques jours. J’étais sur la bonne voie, sauf que je n’avais rien à boire. J’ai dit « attends-moi là, j’en ai pour une minute. » Je lui ai ouvert la porte de mon appartement et je suis redescendu


en courant chez Mohamed. Y’avait les infos sur son téléviseur suspendu : Jean François Copé évoquait les petits pains au chocolat et le ramadan. Mohamed m’a regardé et tranquillement, il a dit : « ils n’ont toujours pas compris que marcher sur le terrain des extrêmes pour aller chercher des électeurs c’est pas bon, ça donne des votes aux extrêmes… Tu te rends compte ? Il dit qu’un jeune collégien français s’est fait voler son petit pain au chocolat devant son collège par des musulmans et que les jeunes ont dit qu’on ne mange pas pendant le ramadan. Il la sort d’où son histoire ? Sait-il que le ramadan c’est pour enseigner la patience, la modestie et la spiritualité, et que cette année comme l’année dernière c’était en plein été… » J’ai dit que j’étais d’accord avec lui, que c’était plus possible, que les hommes politiques devraient travailler au lieu de passer leur temps devant des micros de radio ou de télé à dire qu’ils sont les sauveurs du monde et que les autres sont nuls comme une boîte de petits pois. Mohamed a sourit et m’a offert six petits pains au chocolat, des cornes de gazelle et des loukoums, « pour ton p’tit déj’ avec la jolie fille de tout à l’heure », il a dit. Je suis remonté chez moi, ma Wasine était plongée dans le Boris Cyrulnik. Je lui ai raconté pour Mohamed, mais, plongée dans sa lecture, elle ne m’écoutait pas. J’ai avalé un gâteau et allumé la télé. Copé était encore là, à l’ouvrir à tire-larigot, à en faire des tomes. Pour plaisanter, j’ai dit à ma Wasine qu’avec sa phrase, il avait certainement voulu relancer un secteur d’activité qui n’avait pas encore mangé son pain blanc. Un bide. Elle a posé Cyrulnik et elle a ajouté que Marine Le Pen devait se frotter les mains, « Copé bosse pour elle et surfe sur le thème du racisme anti-blanc avec l’intelligence et la pugnacité d’un pitbull élevé au Redbull. » Elle était à fond, à la limite de la crise de nerfs : « Je ne défends personne, je ne dis pas que le racisme n’existe pas, je dis simplement que Copé et bien d’autres avant lui, font de la liberté d’expression une arme favorisant la haine de l’autre et la peur des

différences. C’est irresponsable. Ce type devrait perdre son job avec des propos pareils. » On a zappé et on est tombé sur Sébastien Loeb, champion du monde pour la neuvième fois, yayayaya. Elle a dit : « non pas lui, je ne peux plus », j’ai pensé à mon Bretzel d’or, j’ai re-zappé. Y’avait une pub pour Mennen avec le même Sébastien Loeb sur la chaîne suivante : grâce à son baume énergisant, sa peau se réveille en cinq secondes. Pendant ce tempslà, la grande majorité des Français essayent de la sauver, leur peau. Il a du bol, non ? Je vais penser à son baume pour transformer ma gueule d’hiver. Mais bon, je ne me rase jamais avec Mennen, en fait, je ne rase pas tout court. Faut que je fasse gaffe au racisme anti-blanc pas rasé, on va bientôt me traiter de voleur de petits pains au chocolat. Il était vingt heures, ma Wasine avait sommeil. Elle a dit « bouge pas, je connais le chemin », mais de toute façon, je ne pouvais pas, j’avais bu deux bières et mangé tous les petits pains et les pâtisseries de Mohamed. Elle a claqué la porte, je me suis glissé sous mon plaid qui sentait bon ma Wasine et j’ai regardé « L’amour est dans le pré » sur mon Ipad, l’émission qui dégoute de l’ambition d’être en couple et qui déculpabilise d’être célibataire à 40 ans, sauf que moi, je n’ai pas l’intention de céder à la facilité. J’y crois à l’amour, j’ai envie d’essayer le couple, de nager à contre-courant, au moment où l’on se sépare en cinq secondes la peau pas réveillée. C’est vrai, j’ai encore de la route à faire pour conquérir ma Wasine. Ça tombe bien, celles d’Alsace sont débarrassées des bolides du Rallye de France, je vais pouvoir tourner à plein régime, en évitant les virages trop serrés, la bière, les bretzels et les petits pains au chocolat. Après tout, je suis potentiellement en couple avec ma Wasine… On ne va pas chipoter pour un étage... S Propos par : Éric Genetet Crédits illustration : Fotolia

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LITTÉRATURE / Guy de Maupassant

Guy de

MAUPASSANT AUTEUR FARCEUR

Propos par : Widad Mai

C’était en hiver 2002 que j’ai lu Maupassant pour la première fois. La Parure me parut alors un ornement démesurément surévalué par l’auteur ; et n’en parlons pas d’Une Vie, portrait revisité, morne et sordide, d’Emma Bovary, l’instruction et les amants en moins.

L’

adolescente que j’étais ne comprenait pas qu’il « faut peindre bien le médiocre », comme l’avait dit Flaubert, ne sachant lire qu’au premier degré ces textes naturalistes. Ce n’est que quelque temps plus tard que je lus les récits fantastiques du normand moustachu. C’est alors que je découvris sa biographie, sa décennie de carrière kaléidoscopique, riche en thèmes et en styles qui dévoilent la biographie d’un homme atteint par la folie, attaché à son célibat décadent et dandy fier de sa réputation d’auteur provocateur. Contextualisons l’écrivain. C’est un normand dont la mère séparée était une proche de Flaubert, et dont la détermination l’avait poussé à instruire et faire de son petit Guy un auteur. Jeune, il s’emmerde. « Il n’est sans doute pas le seul à trouver le temps long, sous cette IIIe République conçue dans la défaite militaire […] bien qu’issu d’une famille plutôt aisée, il a dû travailler tôt pour assurer son existence »*. Alors quand il a fini son travail au Ministère de la Marine et quand il achève de se moquer de ses semblables, il sort, il galvaude et s’amuse en attendant la maladie. Flaubert, son mentor, ne tarde

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pas à le rappeler à la tâche : « Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que ça […]. Trop de putains, trop de canotage ! Trop d’exercice ! ». De temps à autre, moi aussi, lorsque je suis lasse des contes des vies de bourgeois et bourgeoises de Normandie, de la description de la naïveté de Jeanne la vierge, de la ruse de la prostituée de la rue Drouot, du malheur de la légère Boule de Suif, alors je rends visite à Maupassant aux vaudevilles et aux maisons closes. Là se situent ses satires les plus exquises et ses dialogues les plus provocateurs. Le plus chatoyant scénario se déroule à La Feuille de Rose, Maison Turque. Passons sur la signification de la première partie de l’intitulé : caresses buccales effectuées sur l’orifice de l’anus. La seconde partie du nom en dévoile bien assez sur la nature orientale et exotique de la maison. Mais l’orientalisme de la pièce de théâtre n’est que le décor d’une farce dont la lubricité moqueuse est destiné à déchoir les plus hautes figures sociales de leur respectabilité et qui choquerait encore nos contemporains. Il s’agit donc d’une comédie satirique qui fut représentée pour la


LITTÉRATURE / Guy de Maupassant

« ENTENDONS-NOUS, MAUPASSANT RACONTE PRESQUE TOUJOURS LA MÊME VIEILLE HISTOIRE, NOUS LIVRANT UNE LEÇON AUX ALLURES AUSSI ORDINAIRES QUE SES TEXTES, MAIS TRISTEMENT ABSOLUE. »

première fois en 1875 à Paris. En voici la description officielle : « La scène se passe à Paris de nos jours dans un salon de bordel. Un salon, tenture d’Orient, trois portes au fond, divans à droite à gauche ». Y travaillent trois jeunes prostituées, agréables créatures bien qu’à beauté inégale et surtout, femmes farceuses au verbe facile ; leur mac, homme pressé et connaisseur ; et enfin le garçon de bordel, un bouffon soumis aux humiliations des trois filles de joie. Neuf clients et la femme de l’un d’eux se succèdent à la maison close, déguisée en hôtel respectable. Ils s’y croisent, et leurs récits s’entrelacent jusqu’au plus confus malentendu. Les membres du corps et les scènes obscènes y sont décrites simplement, ordinairement par des personnages représentant tantôt l’autorité : un maire, un sapeur, un capitaine, tantôt le fortuit : un touriste anglais, un bossu ou un marseillais. Entendons-nous, Maupassant raconte presque toujours la même vieille histoire, nous livrant une leçon aux allures aussi ordinaires que ses textes, mais tristement absolue : s’il y a bien un moyen de

survivre dans la société, c’est de respecter son hypocrisie. Feuille de Rose, c’est la pièce dans la pièce : nous arrivons au théâtre afin de regarder une représentation qui elle-même dépeint la mise en scène de la vie quotidienne, ses codes, ses faux-semblant, et surtout les écarts, ou plutôt les abîmes qui existent entre l’image que revoit un statut social et la réalité quotidienne de celui qui le porte. Feuille de Rose va même au-delà de la simple farce. Sa plus fine opération est celle d’ôter aux hommes leurs statuts et de les mettre à nus, au propre et au figuré. Entre ses murs, il nous est enfin autorisé de scruter et de rire à la bigoterie d’une société hypocrite. S *Joël Gayraud, dans la postface de A la Feuille de rose, Maison Turque.

Feuille de rose, Maison Turque est disponible sur plusieurs sites internet.

059 // We Are Strasbourg


LITTÉRATURE / Hervé Ghesquière

Hervé

GHESQUIÈRE 547 JOURS EN ENFER

Propos par : WAS / Photo par : Vincent Muller

C’est quelques heures avant sa conférence à la Librairie Kléber que j’ai eu le plaisir de rencontrer Hervé Ghesquière. À 11h00, la rencontre eut lieu dans les studios de RBS pour une interview croisée avec Stéphane Bossler, en direct. Les réminiscences des flash infos et des photos publiées en chaque fin de JT, montrant les portraits d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier refont surface à quelques seconde du début de cet entretien. Rencontre avec un ancien otage d’Al-Qaïda.

Un jour, dans une de ces « cellules », Hervé Ghesiquière entend un bruit assourdissant au plafond, il y découvre une grosse masse noire, il s’agit de centaines de mouches agglutinées. En une heure, il en tuera 180 et les comptera pour passer le temps.

Ce 30 décembre 2009, Hervé Ghesquière partait pourtant confiant. Les paysages magnifiques de ce pays sauvage qu’est l’Afghanistan l’éblouissaient encore, après près d’un mois passé à arpenter les lieux, surveillé par l’armée française, son escorte. Mais sa vision du journalisme et son instinct de ne jamais prendre pour argent comptant ce que l’on veut bien lui raconter poussent Ghesquière et Taponier à partir seuls à la rencontre de la population locale, pour les interroger sur leur ressenti.

Mais si le récit de cette captivité est des plus intéressants, démontrant l’organisation terroriste, la logistique, le déroulement des opérations, il comprend aussi un récit parallèle, qui prend souvent le dessus sur la prise d’otage ; il s’agit d’une mise au point avec les autorités de l’État et de l’armée française.

Sur la route en construction de la Kapisa, sensée améliorer le transport des marchandises et de population, un contrôle vire au guet-apens et fait de deux journalistes ainsi que de Reza, leur interprète, des otages. S’en suit un périple de maison en maison, de geôlier en gardien, de cachot en caves glaciales pendant des semaines. Alors qu’ils ne se doutent pas que la captivité va durer 547 jours, ils restent optimistes, s’imaginent rentrer très vite, s’accrochent comme ils le peuvent, font du sport pour évacuer l’angoisse. We Are Strasbourg // 060

N’ayant pas digéré les critiques des militaires à son encontre, accusant son acte d’insensé et d’irresponsable, on sent la révolte du journaliste, qui pose même la question de se souvenir qui sont les bons des méchants, les ravisseurs et les otages. On lui reproche le coût des opération de sauvetage, de logistique et le temps perdu à s’occuper de cette affaire qui n’avait pas lieu d’être.

Hervé Ghesquière - « 547 Jours » Éditions : Albin Michel - http://www.albin-michel.fr



LITTÉRATURE / Bernard Pivot

Bernard

PIVOT UNE QUESTION DE MOTS

Propos par : Arthur Ségard / Photo par : Vincent Muller

On ne présente plus Bernard Pivot, l’ex-littéraire du service public, le grand chef en son temps d’Apostrophes et de Bouillon de Culture. Bernard Pivot, l’homme qui parla ethnologie avec Lévi-Strauss, poésie avec Yourcenar, histoire de l’Humanité avec Soljenitsyne, porno et alcool avec Bukowski, rêves de jeunesse avec Nabokov, art mineur avec Gainsbourg, bien ou mal avec Burgess, Belle du Seigneur avec Cohen. L’homme de lettres qui devint homme de mots et écrivit des romans d’amours sous forme de dictionnaires. Et bien sûr le journaliste à la pointe de tout depuis quarante ans et l’un des derniers poètes de Twitter avec Gaspard Proust et Régis Jauffret. Il faut avouer que Pivot, l’increvable, a encore frappé. Un récit, un roman, une enquête, un témoignage, on ne sait pas très bien ce qu’il nous offre pour sa rentrée littéraire, ce genre de long texte vaguement théorique, plutôt subjectif, que les journalistes adorent écrire pour se défouler depuis Thompson et Las Vegas Parano, oui, mais quelle est la question ? Un titre piqué à Woody Allen pour un livre où l’on décèle un peu de son influence dans sa drôlerie angoissée, un peu de Pennac aussi dans la joie enfantine de la littérature, mais avant tout beaucoup de Pivot. L’ouvrage, élégamment conçu par quelqu’un qui en a vu d’autres, s’occupe d’abord de tracer la vie, publique comme privée, de l’intervieweur professionnel Adam Hitch (où il est tentant de voir un avatar de l’auteur), puis de poser la question de la question.

We Are Strasbourg // 062

De la question en général, de toutes les questions, futiles ou existentielles, qui, « Comme les brins d’herbe, […] sont une multitude ». Pourquoi le pourquoi ? On fait le tour de la question, pour ainsi dire. On frôle parfois l’essai, voire le manifeste du point d’interrogation. Un manifeste qui évidemment n’en n’a pas l’air, et que Pivot nous glisse sans qu’on s’en aperçoive vraiment, sur le ton de la conversation. Et c’est tout son art. Si Bernard Pivot est un philosophe, il le cache bien derrière un souci d’orfèvre à trouver le mot juste et un souci d’horloger à dynamiser la formule. Et surtout, surtout derrière cet immense plaisir qu’il semble prendre à interagir avec le lecteur, à lui narrer les vicissitudes de ceux qui en posent trop, des questions, puis à lui en adresser un florilège en style direct — plaisir partagé. Un livre qui remplit sa tâche puisque malgré sa simplicité apparente, on en sort avec plus de ? qu’on en compte à la première page. Alors même que ces petits hameçons sont la base de tout. « Le point d’interrogation, a tweeté Pivot, est beaucoup plus qu’un signe de ponctuation : c’est le signe de la curiosité. Le signe de la vie. » S Bernard Pivot - « Oui, mais quelle est la question ? » Éditions : NiL - http://www.nil-editions.fr


« Le point d’interrogation est beaucoup plus qu’un signe de ponctuation... »


MUSIQUE

Inutile de vous résumer ce qui va suivre ou de tenter de vos donner l’eau à la bouche. Vous connaissiez déjà les cultissimes chroniques de Vivien et de ses acolytes. Pour parfaire de petit dossier consacré à la musique, rencontre avec des artistes... On ne vous en dit pas plus, bonne lecture !

Propos reccueillis par : WAS Illustration : Vanessa Ganzitti



MUSIQUE / Les chroniques

Musicales Propos par : Thibault / Lucas / Ein Bisschen Love / Vivien Introduction par : Vivien

Tout va trop vite. La transition au temps hivernal s’effectue en quelques jours sur Strasbourg infligeant toutes sortes d’épidémies concernant l’un ou l’autre orifice, voire les quatre en même temps (aucun problème, Death Grips vous en bouchera au moins un). Un mec saute depuis la stratosphère et inflige une réelle déflagration aux réseaux sociaux qui n’en peuvent plus de faire pleuvoir le prénom de Félix à toutes les sauces. Instagram, Twitter, Facebook, Youtube, Maxgif, 9GAG, allez on fout des putains de chats avec et c’est trop bien ! LOL XD ! Et pendant ce temps, Ty Segall sort encore un album. Pris de court dans cette spirale infernale, on vous cravache de quelques albums pour faire une pause indie, ne plus penser à rien, faire le vide avant l’arrivée imminente de la fin du monde (entendez par là, la mise en place du marché de Noël).

Dernières sélections peut-être avant la date fatidique ponctuée entre autres par l’arrivée journalière de cortèges germaniques incommensurables. Mais nous on s’en fout, car beaucoup de bons albums seront sortis d’ici là. Vous n’aurez pas besoin de nous pour savoir que de grands albums ont vu le jour : de Grizzly Bear à Godspeed You ! Black Emperor, en passant par le très attendu Tame Impala: la toile indie se porte bien. Au fait, on a un nouveau copain : Ein Bisschen Love, et lui aussi il aime bien la musique et il est là pour vous en parler toujours avec Thibault, Lucas et moi. À lui l’honneur. Bisous ! S

Electric Electric http://electricelectric.fr Bob Dylan http://www.bobdylan.com/us Die! Die! Die! http://www.myspace.com/diediedienz Peace http://peacevancouver.bandcamp.com

We Are Strasbourg // 066


01/

Propos par : Lucas

Propos par : Ein bisschen Love

MUSIQUE / Les chroniques

Ce n’est pas la pire chose que Strasbourg nous ait apporté, Electric Electric. Après Sad Cities Handclappers, voilà que le groupe nous fustige d’un second album adoubé par les écuries Herzfeld, Kythibong, Africantape et Murailles Music.

Alors que les Rolling Stones s’enorgueillissent de nous offrir deux titres inédits pour leurs cinquante ans de carrière, Bob Dylan, au même stade, nous en délivre une dizaine. Humblement, tel un artisan, loin de l’hystérie des célébrations. Le folksinger revient raconter ses histoires de trahison, de mort, d’épisode biblique, encadrées par des accords blues. Icône des sixties, son jeune public rêve de voir sur scène une égérie Kooples mais le dandy rocker n’est plus depuis bien longtemps. Il s’inscrit dorénavant dans la grande tradition blues, country ou folk du début du siècle dernier. Un troubadour, voguant de villes en villes, chantant ses complaintes sans âges à qui veut l’entendre. Comme il dit « Les arbres grandissent, les feuilles tombent, les rivières s’assèchent et les fleurs se fanent, la vie ne s’arrête jamais. » Tout le monde vieillit, même Bob. S

Je m’en souviens comme si c’était hier... Le sapin avait fière allure dans la suprême collocation des quatre mecs que nous étions en 2008. Et me voilà sur l’ordi du salon, oui comme chez papa maman, à chercher du neuf à écouter... Une chronique NME de Promises Promises des Die! Die! Die! nous a amené à fouiller un peu plus loin pour trouver quelque chose à écouter alors que nous étions encore à l’âge de pierre du streaming. Puis on a commencé à se mettre des lattes dans la tronche et à vouloir casser des trucs au fur et a mesure des écoutes compulsives. C’était un peu la révolution dans le post punk inexistant de nos playlists de l’époque. Puis le trio néo-zélandais a sorti deux nouvelles galettes du même acabit et nous voilà en possession d’une véritable discographie de la trempe, d’un vent frais pour les mandales gratuites. C’est compulsif et puissant, sans retenue et ça nous a fait grandir un peu.. S

Propos par : Thibault

Propos par : Thibault

De quoi foutre la pression. Seulement voilà ; l’album est plutôt excellent. Vite, Robin, enfile ton justaucorps. Avec « Discipline », Electric Electric t’emmène te dandiner sur un dancecore tantôt tropical, tantôt glacial. Mention spéciale à La Centrale et xx2 qui vont ravir les fans de coldwave. Et on sait que ça existe à Strasbourg, surtout pendant le marché de Noël. En revanche, Robin, si ton truc, c’est la discipline, tu risqueras de ne pas savoir sur quel pied danser. S

03/

02/

04/ Je suis frustré, je ne ressens rien. L’équation se présente pourtant face à nous avec une inconnue relativement facile à estimer, des résultats qui devraient laisser naître une courbe suffisante à rester dans le positif. Laisser deux, trois notes en dessous de zéro mais ça devait rester au dessus ! Quand bien même la solution est à base de produits de synthèse empruntés à des travaux qui ont déjà été effectués un paquet de fois, on devait y trouver un intérêt ! Je suis donc dans le regret de vous fournir la conclusion de ces travaux de recherches avec des résultats équivalents aux effets d’un coup de bâton dans l’eau. PEACE ! S

067 // We Are Strasbourg


Propos par : Lucas

MUSIQUE / Les chroniques

05/ Tame Impala est sûrement l’un des groupes les plus excitants de ces dernières années. Surgissant d’une métropole perdue au fin fond des terres australes, leur deuxième album creuse un peu plus leur domination sur la scène indépendante et leur donne accès à la postérité. Sculptant des pièces- montées psychédéliques, la musique étoilée de Tame Impala est aventureuse et imprévisible. Les références s’entrechoquent, mélangeant les genres et les époques. Évidemment tout ça est digéré et maîtrisé, procurant à l’auditeur une expérience sensorielle hypnotique d’un bout à l’autre du disque. La voix cristalline de leur génial leader Kevin Parker est noyé dans un océan de reverb’ et d’écho, traversé par des riffs stratosphériques tonitruants. Un bloc de lave en fusion. « A steady flowing psychedelic groove rock band that emphasizes dream-like melody. » est la définition du groupe donné par ce dernier. À méditer. S

Tama Impala http://www.tameimpala.com Swans http://swans.pair.com Breakbot http://www.myspace.com/dothefunkybot Dreath Grips http://thirdworlds.net/main/index2.php

Melody’s Echo Chamber http://melosechochamber.tumblr.com

Propos par : Ein bisschen Love

Toy http://toy-band.com

08/ Comment dire ? Ça fait plaisir. Je n’aurais même pas eu à dire que ça sentait le sapin. Plus de 25 ans de carrière et pas une ride. Il n’est pas pour demain, le chant du cygne. En fait, « The Seer » est un de mes albums préférés du groupe après ceux de leurs débuts, c’est fou. Post genre, rock expé avec des points d’expé, art rock, difficile de donner un style sans y laisser des plumes. Et tailler dans le lard aussi. Parce que les Swans, c’est du lourd ! On sent qu’ils ne se sont privés de rien, qu’ils n’ont pas été leurs propres censeurs. On sent aussi que les mecs, ils ont un peu plus le temps qu’à une certaine époque où l’urgence de la jeunesse dictait leur conduite. Il suffit d’écouter le titre qui ouvre l’album, « Lunacy », pour comprendre. On a envie de s’installer, de fonder une famille… De tatouer les gamins à la naissance, tout ça. Hyper bien. S

We Are Strasbourg // 068


06/

Propos par : Thibault

Propos par : Lucas

MUSIQUE / Les chroniques

09/ Qu’est ce que tu veux faire avec ça ? Toujours et encore, chaque sortie du groupe se révèle faire un buzz incommensurable sur la toile (et partout ailleurs aussi). Alors quand cette foisci ils sortent leur album sans rien demander à leur maison de production (qui découvre l’album en même temps que tout le monde), ça les propulse direct au rang de ces groups cools qui n’en ont rien à foutre de rien. Au point d’écrire le nom de l’album « No Love Deep Web » au marqueur sur sa bite et d’en faire la pochette. Il y a quand-même une version censurée, et c’est sans doute celle à laquelle vous aurez droit ici (version qui m’a d’abord fait penser à un artwork de Jamie XX). La musique évolue aussi, après la grosse claque du petit dernier : « The Money Store » on pouvait difficilement en espérer une plus grosse de leur part, mais en fait si. Et pourtant la demande était bien présente, preuve supplémentaire de l’étroite liaison entre douleur et plaisir chez la plupart des personnes. Les tirs de barrage de cet opus montent encore d’un cran dans la violence de leur musique qui aura suffit à calmer le peuple… Jusqu’au prochain. S

Moi aussi Primary Colors et Skying m’avaient sacrement touché et inspiré mais là c’est tout de même un sacré fossé de bégonias et d’orties dans lequel vous avez balancé mémé les mecs ! C’est même pas un peu The Horrors, c’est carrément les B Sides que les Toy sont allés voler. Alors je ne vais pas en parler plus que ça et simplement vous conseiller chaleureusement « I Was A Teenage Satan Worshipper » en attendant le retour des chevelus en slims. En gros j’ai eu la même sensation que lorsque j’ai essayé d’autres bonbons à la sève de pin que les Vosgiennes… Ils squattent encore sur le bureau, c’est les collègues qui s’en occupent pour moi.. S

Propos par : Vivien

Propos par : Vivien

Ayant connu le succès avec le morceau « Baby I’m Yours », utilisé dans le très « populaire » Grand Journal de Canal+, Breakbot décide de passer au format album. Signant des morceaux dans la grande tradition de la musique eighties, croisant le funk produit par Quincy Jones et la musique laid back californienne, le disque arrive à toucher son but. Production ultrasophistiquée, mélodies léchées pour un son ensoleillé et dansant, la musique pour terrasse par excellence. Chemises à fleurs, néons roses, costards blancs, les titres sont chics et sucrés. Aucune trouvaille dans ce disque superficiel mais insouciance et volupté se diffusent agréablement. S

07/

10/ Après un bon viol par un Zach Hill sous crack dans Death Grips, c’est Melody qu’il te faudra écouter pour prendre soin de tes oreilles (j’ai été gentil) fumantes. Une petite musicienne pop made in France et fan de Tame Impala, ce qui est toujours une bonne chose. Séduite par leur live elle aurait demandé à Kevin Parker du groupe australien de mixer son album parce qu’elle se lassait de ses sonorité trop lissées (comme on la comprend). Elle a donc demandé à Kevin de tout péter son travail, et dans tous les sens parce que c’est bien plus drôle ! Un peu de mixage plus tard c’est un premier album « Éponyme » qui en ressortira, et sur lequel on retrouve tous les éléments niais de la pop la plus facile mais avec une production acidifiée qui rend la chose beaucoup plus intéressante et appréciable sur le long terme. Mais c’est quand même gonflant au final ces espèces de compromis trop simplistes entre deux idées antagonistes du type « Youpi, je suis triste », et ça me fait vraiment penser à l’amour d’une collégienne pour un t-shirt Emily the Strange. « Nan mais j’suis trop dark, tu voaaaaa. ». S

069 // We Are Strasbourg


Propos par : Ein bisschen Love

MUSIQUE / Les chroniques

11/ Un jour, on apprend que le chanteur de feu du groupe Asyl (l’époque où on disait « rock français » sans complexe) montait une carrière solo. Bon, bon. Ensuite, on découvre un morceau, comme ça, l’air de rien qui s’appelle La Forêt, qui -Etienne Daho et Taxi Girl en témoigneront- est assez énorme, certes. Dans le même EP, on peut écouter Tokyo la Nuit. Là, on se dit qu’il va falloir bien s’accrocher. PAF, premier octobre, premier album et, avant même de l’avoir écouté attentivement, j’entends tout le monde se déchaîner à son sujet dans tous les sens. Mélange d’appréhension et d’impatience, j’y vais tout de go. Et ouais, bon, ce n’est pas ÇA. ÇA, ce truc qu’on avait dans les morceaux susnommés (qui figurent tout de même dans l’album). N’empêche que dans l’absolu, c’est un bel album, vraiment. Moralité : mesdames et messieurs les auditeurs, à la vue d’une belle bande annonce, calmez vos ardeurs. Après, faut pas s’étonner de débander. S

Lescop http://www.myspace.com/LescopLescop Cat Power http://www.catpowermusic.com Woods http://www.myspace.com/woodsfamilyband The Gaslamp Killer http://www.thegaslampkiller.com The Soft Pack http://www.myspace.com/thesoftpack

Propos par : Lucas

Black Moth Super Rainbow http://www.myspace.com/blackmothsuperrainbow

14/ Cat Power, 5 ans après son album de reprises remaniées « Jukebox », revient avec ce disque déroutant. Connaissant la belle depuis ses débuts, nous ne pouvons qu’être surpris par cette production sophistiquée. Le coupable est Philippe Zdar, producteur français ayant collaboré avec Phoenix entres autres. Chan Marshall livre des morceaux en phase avec leur temps, résolument moderne dans leur orchestration. Loin des rivages folk lorgnant parfois du côté de la soul du Memphis des années 60-70, les titres sonnent maintenant pop et clinquant. Et c’est très bien comme ça. Remettant son titre en jeu, Cat Power réussi son pari, les mélodies sont là et sa voix chaude s’incorpore élégamment dans ces territoires inconnus. Changement de look, changement de son, la diva gère avec brio sa crise de la quarantaine. S

We Are Strasbourg // 070


12/

Propos par : Thibault

Propos par : Vivien

MUSIQUE / Les chroniques

On le savait depuis leur précédent album, Woods ne les construit pas comme tout le monde. Qu’on s’entende dès lors, l’album est complètement génial. Brisant les ersatz de codes de construction émanant de la sphère des musiques indépendante actuelle, Woods impose une écoute singulière qui a tout pour plaire. Alors par contre le problème lorsqu’on met le meilleur morceau en ouverture du disque c’est que le reste risque de paraitre assez fade suivant la réelle explosion de bonheur qu’est « Bend Beyond ».

13/ Eux aussi pris dans la tournante générale du revival « garage » il y a deux ans, les Soft Pack ont du chercher plus loin pour accoucher de « Strapped ». Du coup les chroniques les gratifient d’un 6 ou 7 sur 10 pour l’effort alors que cet album est plutôt audacieux. C’était pourtant pas gagné d’avance en s’appelant The Muslims, mais les faux grades aux pulls qui sentent la fripe sous le soleil de San Diego ont réussi à troquer deux années supplémentaires sur les routes avant d’enfin pouvoir profiter de leur bagage scolaire conséquent dans une vie professionnelle future. « Ah, tu te souviens des tournées Tom ? » Ne m’en parlez pas... S

15/ C’est rare, les noms d’artistes qui tuent, sans y chercher le quinzième degré, la subtilité ou la performance du ridicule ou du nom le plus long. Beaucoup de critiques pourraient s’arrêter là, finalement. Avec un son sorti tout droit de L.A., « Breakthrough » est un premier album dans le genre réussi. Sorti en septembre, je l’écoute encore en décembre. CQFD. Pour le coup, tu seras dans la place si tu aimes le psyc’hiphop du futur à la sauce Amon Tobin (du futur aussi). Et si t’es dans le coup, tu pourras apprécier toutes les collaborations : entres autres, Gonjasufi (contrexemple du nom d’artiste qui tue), Shigeto, Dimlite, etc. Alors, OK, le gazier tient le Low End Theory (club mythique à Los Angeles) et s’est fait un petit nom çà et là, mais je tiens à souligner que ce n’est que son premier album. À retenir, définitivement. S

Propos par : Vivien

Propos par : Ein bisschen Love

On aura du mal dans un premier temps à écouter tout le reste de bout en bout qui épuisera notre plaisir petit à petit. Un peu comme les Dragibus, en fait, ces trucs sont bons 10 secondes. La solution reste la même : en reprendre un nouveau à chaque fois, jusqu’à l’écœurement. Et recommencer. Encore. S

16/ J’ai toujours été amateur de leur ambiance légère psyché-pop éthérée au possible. La vraie musique du dimanche matin postteuffe. Il aura pourtant fallu l’attendre leur album faisant suite à « Eating Us » (2009). Toujours autant perdus entre shoegaze et dancefloor, les BMSR ont joué la carte de l’indie totale en passant par Kickstarter pour sortir Cobra Juicy. Kickstarter reste pour moi le site qui permet d’aider un artiste de manière la plus directe : en finançant directement son projet. Alors bon, du coup ils en ont profité en faisant payer certains fans 3000 dollars pour du merch à vie, et des offres à 10.000 balles pour (au choix) passer un weekend chez eux et visiter des maisons hantées (ils habitent à Pittsburg…), ou venir faire du patin à glace avec eux sous pizzas ad libitum. Fis des masques, stickers et autres fioritures sur VHS, leur album n’en est pas moins excellent. On y retrouve à nouveau tout ce qui aura fait le succès du groupe depuis « Dandeliun Gum ». Leur parterre de fans ne cesse de croître, et Cobra Juicy y sera pour quelque chose en cette fin d‘année.. S

071 // We Are Strasbourg


MUSIQUE / Echomatic

Echomatic That’s all folk.

Propos par : Ellen W. / Photo par : Ignacio Haaser

La musique d’Echomatic résonne depuis novembre 2011 dans les bars, les restos et les salles de concert de la région. Belle envolée pour ce trio de musiciens passionnés ! Le son est chaud, acoustique et envoûtant.

Echomatic est un groupe qui se vit. Votre plongée dans l’Echomaticworld (nom de leur morceau le plus emblématique) ne vous laissera pas indifférent ! Leur concept : le chromatisme. Sur scène, chaque morceau a sa propre couleur. Ce petit détail a de grandes conséquences sur l’ambiance générale du concert. La diversité des morceaux se trouve complétée par la variété des impressions colorées. Pour terminer le tout, une vieille télé diffuse des visuels liés au chromatisme. Les membres du groupe sont en symbiose, les regards et les sourires fusent entre eux, le spectateur lui, savoure chacune des sonorités de la guitare, découvre les créations rythmiques de la batterie et s’émeut face au timbre particulier de la voix.

À la batterie, vous retrouverez Guillaume Koch (Guiz pour les intimes) professeur à plein temps, il vit de sa passion, a étudié au Conservatoire et au Music Academy International de Nancy, et a crée un studio (GK Studio) qui a permis au groupe d’enregistrer son premier EP. Il est riche de plusieurs expériences en tant que batteur au sein des groupes Kéréon, Mr Fly, Evi Anton et Sarah H.

Erik Walter, responsable secteur dans l’automobile le jour et guitariste la nuit et les week-ends a déjà fait vibrer les cordes de sa guitare pour Divyam, Création, Evi Anton et Sarah H. Guitariste passionné depuis plus de 10 ans, il offre au groupe son savoir-faire en enchaînant arpèges, solos et accompagnement rythmique. Jérémie Clamme est éducateur spécialisé dans la vie. Sur scène, il est le chanteur du groupe. Ses projets antérieurs (Métrophone, Myrtille) lui ont permis d’acquérir une aisance naturelle. Son chant s’entremêle et se superpose parfaitement à la musique. Echomatic a enregistré un EP de 5 titres disponible en téléchargement libre sur les réseaux sociaux. Récemment ils ont rejoinstle Label 1978 Record et vous trouverez toute leur actualité concert sur leur site ou sur leurs page Facebook. http://www.echomatic.net

We Are Strasbourg // 072



ART Parler d’architecture, c’est aussi parler d’art. Dans WAS 05, outre la rencontre avec Flore Schneider, qui nous a fait l’honneur de nous accorder une interview, découvrez les secret d’une station de tram strasbourgeoise...

Propos reccueillis par : WAS Illustration : Vanessa Ganzitti



Flore Schneider Propos par : Thierry Zambaux / Photo par : Vincent Muller (Portrait)

Flore Schneider, artiste plasticienne d’origine strasbourgeoise : un parcours atypique. Elle nous explique comment en seulement 6 ans, elle réussit à passer de l’anonymat à l’ exposition programmée en avril 2013 à New York, dans le quartier de Chelsea. WAS : Racontez-nous votre parcours qui vous a conduit à devenir une artiste professionnelle !

WAS : Comment avez-vous fait pour vous faire connaître en tant qu’artiste plasticienne ?

Flore Schneider : Depuis mon enfance déjà était inscrite en moi une irrémédiable envie de créer, de m’exprimer. C’est un besoin viscéral qui est ancré au plus profond de mon être.

Flore Schneider : J’ai commencé à exposer mes premières peintures un peu à l’arrache à la Place des Arts à Strasbourg (Place Broglie) en 2007, 4 fois par an. Et finalement, à force de côtoyer le milieu artistique, cela m’a permis d’être au courant des autres manifestations d’art dans la région et par la suite j’ai pu exposer dans d’autres pays comme le Luxembourg et l’Allemagne. Et depuis l’année dernière, j’ai commencé à faire un large plan de communication via internet notamment grâce aux réseaux sociaux et j’ai également démarché les innombrables galeries d’art à Paris. Et récemment j’ai été la lauréate de la Palme d’Or à l’exposition ARTOULOUSE 2012.

J’ai beaucoup dessiné étant enfant mais n’ayant pas un contexte familiale ouvert à l’art, je n’ai pas pu intégrer l’École des BeauxArts. J’ai enfoui cette passion tout au fond de moi jusqu’à ce qu’elle resurgisse en 2005, quand j’ai finalement pris des cours du soir aux Beaux-Arts. Cette année m’a véritablement procuré le déclic et le courage pour enfin vivre ma passion.

En retrouvant ma voie, j’ai mis ma vie entre parenthèses, et je me suis lancée corps et âme dans la création artistique pour trouver mon style, ma patte, et cette quête, au cours de laquelle j’ai également réalisé des bijoux en plexiglas, m’a pris deux bonnes années. WAS : Que faisiez-vous avant ce changement radical de vie ? Flore Schneider : J’ai fait plein de boulots différents, j’ai même failli rentrer dans la police nationale. J’ai, à la base, une formation en comptabilité et mon dernier emploi était dans une entreprise de logistique au service Recouvrement, à mille lieux de ma vie actuelle.

We Are Strasbourg // 076

WAS : Vous avez désormais une côte officielle sur le marché de l’art… ? Flore Schneider : Oui, en effet, je suis répertoriée à la cotation Drouot et en 2013 je serai présente dans le Larousse Diffusion avec les grands peintres. WAS : Quels artistes vous ont-ils influencée ? Flore Schneider : Sans aucun doute Picasso et Dali, d’abord pour l’ensemble de leur œuvre très avant-gardiste, et aussi parce que ce sont des artistes peintres contemporains qui ont réussi à vivre de leur art de leur vivant.


ART / Flore Schneider WAS : Quel est votre style et vos des techniques personnelles ? Flore Schneider : Mon univers est la rêverie, l’évasion et la féérie. Une envie de me connecter à mon âme d’enfant. J’aime également beaucoup représenter le nu féminin à travers des lignes douces et subtiles, légèrement abstraites et très épurées, et en utilisant, pour matérialiser leur formes, de la peinture phosphorescente, sur un support en altuglas transparent. Une matière qui me permet de peindre à l’arrière selon le principe de la peinture sous verre, avec des lignes épurées et phosphorescentes ce qui fait que vous avez un second visuel qui se lit également la nuit, deux oeuvres en une ! WAS : Vous avez désormais une côte officielle sur le marché de l’art… ? Flore Schneider : Oui, en effet, je suis répertoriée à la cotation Drouot et en 2013 je serai présente dans le Larousse Diffusion avec les grands peintres. WAS : Quand vous commencez un tableau, avez-vous déjà une idée précise du résultat final ? Flore Schneider : En fait, j’ai une trame de base dans ma tête, une esquisse initiale, et ensuite il y a un total lâcher- prise et je me laisse envahir par ma création avec tout ce qu’il y a au plus profond en moi, ma pure émotion. C’est un vrai apprentissage que d’arriver à se retranscrire et se révéler ainsi. WAS : Quelle est la différence entre un artiste peintre classique et un artiste plasticien ? Flore Schneider : Le plasticien va à la rencontre de différents matériaux dans ses créations, il explore une multitude de supports et de textures comme l’aluminium, le bois, l’altuglas, la phosphorescence, l’effet du relief, etc.

WAS : Vos endroits préférés à Strasbourg ? Flore Schneider : Je suis littéralement sous le charme du centreville, et je me verrais bien dans un immense appartement/atelier sur les toits de strasbourg. WAS : Quels conseils donneriez-vous à un jeune artiste qui voudrait se lancer ? Flore Schneider : Tout simplement qu’il faut s’accrocher, aller au bout de soi-même afin d’exprimer totalement sa passion. Oser, risquer et surtout ne pas avoir peur de réaliser maintenant ses rêves les plus profonds. WAS : Vos projets à venir ? Flore Schneider : Au niveau de la peinture, mes prochaines créations porteront sur des techniques sous-verre avec un encadrement discret et des couleurs un peu plus vives. Sinon, une exposition permanente à la galerie Artitude à partir de fin octobre dans le VIII ème arrondissement à Paris, et surtout pour le mois de mai prochain, une expo’ à NewYork dans le quartier de Chelsea en plein cœur de Manhattan. Et toujours mes portes ouvertes à Strasbourg, dans mon appartement-galerie. S Profitez de mes portes ouvertes dans mon appartement/ galerie : Les samedis 1ier et 15 Déc. de 16h à 19h. Au 20 Rue Curie (RDC) - 67200 Strasbourg Tél. 06 07 19 54 75 http://schneider-flore.artistes-cotes.com Exposition permanente Galerie Aptitude. À partir d’octobre 2012 4 Avenue Paul Déroulède - 75015 Paris Exposition à New York. Du 7 mai au 14 mai 2013 Montserrat Art Gallery (Chelsea)

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ART / Arte Povera

Arte Povera Une révolution artistique

Propos par : Kamila Beyessembaeva / Photos par : Wilfried Petzi - Barbara Deller-Leppert

Le Kunstmuseum de Bâle exposera du 09 septembre au 03 février les œuvres de quelques artistes les plus emblématiques de « l’Arte Povera » ou l’Art Pauvre en français.

Ce mouvement d’avant-garde italienne des années 60 s’oppose à l’art minimal qui se développe au même moment aux ÉtatsUnis. À travers l’utilisation de matériaux pauvres comme la terre, le sable, le verre, le bois ou les objets récupérés (vêtements, chiffons, cordes, etc), les artistes défient la société de consommation et poussent le spectateur à avoir une attitude critique envers la technologie, l’industrie et le modernisme.

Le terme Arte Povera a été trouvé par le critique Germano Celant en 1967 et qui s’exprime ainsi...

Les artistes d’Arte Povera non seulement critiquent la nouvelle façon de vivre qui se développe à ce moment, mais promeuvent aussi des valeurs anciennes comme le respect et le souvenir du passé, de la localité, des mythes et des traditions.

Le mouvement est constitué de 12 artistes italiens : Giovanni Anselmo, Alighiero Boetti, Pier Paolo Calzolari, Luciano Fabro, Jannis Kounellis, Mario Merz, Giulio Paolini, Pino Pascali, Giuseppe Penone, Michelangelo Pistoletto, Emilio Prini et Gilberto Zorio, et ne survivra qu’une dizaine d’années, après quoi ces artistes prennent des directions différentes.

« Ceci signifie disponibilité et anti-iconographie, introduction d’éléments incomposables et d’images perdues venues du quotidien et de la nature. La matière est agitée d’un séisme et les barrières s’écroulent ».

Les œuvres exposées proviennent de la collection Goetz, la collection la plus complète du mouvement au monde. Parmi plus de 100 œuvres exposées, vous pourrez voir des versions d’Igloo de Mario Merz (1925-2003). La première version, l’Igloo de Giap, est réalisée en 1968, en réponse à la guerre du Vietnam et nommé d’après le général vietnamien Võ Nguyên Giáp. Ce qui intéresse Mario Merz dans l’idée de l’igloo est le fait que cela soit à la fois un abri temporaire et une forme organique, ne faisant qu’un avec l’environnement qui l’entoure. Contrairement à l’igloo de glace traditionnel, l’Igloo de Giap est construit avec des sacs remplis de terre, accompagné d’une citation du général Giap, inscrite en spirale et tubes de néon... « Si l’ennemi se concentre il perd du terrain, et si l’ennemi se disperse, il perd sa force ». Ainsi l’Igloo est à la fois une contestation politique et un rappel des valeurs de la Renaissance.

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ART / Arte Povera

1. Michelangelo Pistoletto Orchestra Di Stracci Vetro Diviso - 1968 2. Mario Merz Igloo - 1968 3. Alighiero Boetti Mappa - 1988 4. Pier Paolo Calzolari Senza Titolo - 1972 5. Jannis Kounellis Senza Titolo - 1959

De ce fait, les couleurs des tissus et des fils ont été choisis par les artisans et on peut voir sur certaines cartes des océans roses, ou l’absence d’Israël ; son existence n’étant pas reconnue par le régime afghan de l’époque. Les cartes sont bordées de textes : signature de l’artiste, citations ou poèmes soufis.

L’artiste montre, de façon très claire, son soutien au Vietnam à travers la représentation de la force du général et dénonce la guerre. Alors que la spirale est une forme géométrique parfaite, où chaque nombre est la somme des deux précédant, et est également une figure naturelle, symbole de proportion et d’harmonie, valeurs véhiculées par les artistes de la Renaissance. Après l’Igloo de Giap, Mario Merz réalise plusieurs versions de l’igloo dans des matières variées mais toujours simples et modestes. Vous aurez également la chance d’admirer quelques cartes de la série la plus célèbre d’Alighiero Boetti (1940-1994) : Mappa. Chaque élément de la série est une carte du monde brodée, où chaque pays et ses territoires sont représentés par le drapeau national. Alighiero Boetti commença sa série en 1971 et continua de l’agrandir jusqu’à sa mort en 1994. Les cartes étaient réalisées par des artisans locaux en Afghanistan ou au Pakistan, à qui Boetti laissait plus ou moins carte blanche quant à leur réalisation.

Ainsi ces mappemondes ne sont plus seulement un témoignage des changements géopolitiques, mais aussi un travail d’artisanat, empreint de culture locale. L’Arte Povera reste un mouvement toujours d’actualité. Les idées véhiculées par ses artistes sont peut-être même plus pertinentes aujourd’hui que dans les années 60. Dans un monde où il est devenu impossible de survivre sans son téléphone et coupé des réseaux sociaux divers, cela fait du bien de faire une pause et de revenir à la nature pour se questionner sur certaines valeurs. À voir en complémentarité avec l’exposition d’Annette Messager au Mamcs. S Kunstmuseum Basel St. Alban-Graben 16, CH-4010 Bâle http://www.kunstmuseumbasel.ch/fr Horaires d’ouverture Mardi - Dimanche : 10h – 18h Fermé le lundi

079 // We Are Strasbourg


ART / Hoenheim Gare

Hoenheim Gare Excepté pour quelques initiés, la station de tram Hoenheim Gare est malheureusement peu connue à Strasbourg. Trop loin, présentant peu d’activités intéressantes, c’est pourtant un endroit qui mérite qu’on y porte plus d’attention. zaha-hadid.com

En effet, le terminus est une beauté architecturale développée par nulle autre que Zaha Hadid. Elle est l’une des figures majeures de l’architecture contemporaine dont le nom résonnera encore longtemps dans le milieu. Zaha Hadid est une légende vivante. Née en 1950 à Bagdad, Irak, Zaha Hadid fait ses études à l’Architectural Association School of Architecture (connue également sous le nom de AA) à Londres, l’une des écoles d’architecture les plus prestigieuses au monde. Après ses études, elle crée son agence en 1980 dans la capitale britannique, tout en enseignant dans diverses écoles réputées, dont AA, Harvard, l’université de l’Illinois à Chicago ou encore Colombia. Au cours de sa carrière, Zaha Hadid obtient des nombreuses récompenses pour ses créations, dont la plus significative reste sans doute le prix Pritzker, reçu en 2004. Elle est la première femme et la première musulmane à recevoir le prix récompensant un architecte vivant ayant su montrer son talent tout en faisant un apport significatif à l’humanité, prix d’architecture équivalent au prix Nobel. Un autre hommage significatif de son travail, est incontestablement la rétrospective de son œuvre au Guggenheim, New York. Zaha Hadid est la deuxième, après Frank Gehry, à avoir eu cet honneur. Zaha Hadid est non seulement une architecte à la renommée internationale, mais c’est aussi une personnalité influente dans le monde. En 2008 elle est classée 69e sur la liste des 100 femmes les plus puissantes du monde par le magazine Forbes.

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En 2010 le Time magazine la désigne comme une philosophe influente dans leur centième numéro anniversaire. La même année, le New Statesman la classe 42e dans leur liste annuelle des 50 personnalités les plus importantes dans le monde. Le style de Zaha Hadid est audacieux, innovant et incroyablement contemporain. Les croisements de lignes, courbes et angles, la superposition des plans et l’utilisation de matériaux nouveaux donnent à ses œuvres très organiques, de la légèreté, de la complexité et de l’originalité. La station Hoenheim Nord n’échappe pas à la règle. Le projet voit le jour en 1998, lorsque la ville de Strasbourg décide de développer une nouvelle ligne de tram, la ligne B, pour encourager les habitants à laisser leurs voitures et utiliser les transports en commun pour se déplacer au centre-ville. Zaha Hadid est alors invitée à concevoir le projet de la station de tram et d’un parking abritant environ 800 voitures. La station est un ensemble de lignes horizontales, verticales et diagonales qui créent un ensemble dynamique. Les trajectoires des différents véhicules (trams, voitures, vélos, piétons) engendrent des plans statiques et paradoxalement en constante évolution, puisque les transports suivent toujours le même parcours.

La transition entre les transports est interprétée à travers les matériaux et la disposition spatiale de la station. Celle-ci comprends des espaces d’attente, un parc à vélo, des toilettes et magasins, marqués par les jeux de lignes : sur le sol, le mobilier urbain (lampadaires) ou les lignes de lumière sur les plafonds, créant un espace accueillant et énergique, clairement défini en termes de fonction et circulation. L’impression de dynamisme du parking est transmise par la délimitation des espaces réservées aux voitures, représentées par des lignes blanches sur un sol noir et des lampadaires diagonaux. L’ensemble forme une ligne curviligne et crée un champ magnétique qui transmet une notion de voiture en tant qu’élément éphémère et en constante évolution. Le désir des architectes était de flouter les limites entre les éléments naturels et artificiels de la station en articulant les transitions entre le paysage naturel, ouvert et l’espace intérieur, pour développer une nouvelle notion de nature artificielle. La station offre une vision incroyable le soir, à mi-chemin entre féerie et futurisme. Le projet vaut à sa créatrice le prix de l’Union Européenne pour l’Architecture Contemporaine : Mies van der Rohe, décerné en 2003 et une mention spéciale au Prix de l’Équerre d’argent en 2001.

Propos par : Kamila Beyessembaeva Photos par : Ignacio Haaser

Parmi les nombreux projets de Zaha Hadid, on peut trouver la Caserne de pompiers du site industriel Vitra à Weil-am-Rhein, le siège de la CMA-CGM à Marseille, le Centre financier à Dubaï ou encore l’Opéra de Cardiff. S

081 // We Are Strasbourg


MODE

Un week-end chic, à deux, dans une prestigieux hôtel... Idéal pour se retrouver, pour savourer un moment d’intimité et de calme. En fin d’aprèsmidi, au sortir d’une journée de shopping, avant une soirée au restaurant, que porter cet hiver ? La réponse dans les pages qui suivent. WAS Magazine remercie le Sofitel de Strasbourg pour son hospitalité.

Propos reccueillis par : WAS Illustration : Vanessa Ganzitti



Chemise en jeans “Jack & Jones”, Vintage Store, 39€95

Parka, “Bleu de Paname”, Rzostore Slim, Lodge, 69€95

Sac de voyage, « Veja », Rzostore, 147€

Slippers, Eden, 95€ Chaussures “Vans”, Slide Box, 85€


CHIC

MODE / Chic en intérieur

en

Intérieur

Sautoir, “L’Atelier des Dames”, Gloss, 85€

Top bi-matière, “Debi Debo”, Gloss, 75€

Manteau, “Sessun”, Gloss, 210€ Slim en simili cuir, “MKT”, Gloss, 109€

Sac à main en cuir, Gloss

Low Boots, Eden 110€

085 // We Are Strasbourg


MODE / Chic en intérieur

Montre, “Nixon”, Rzostore, 200€

Veste, “Antony Morato”, Lodge, 149€

Chemise, “Antony Morato”, Lodge, 45€

Moufles en lapin, Eden, 30€

Pantalon, “ Antony Morato”, Lodge, 79€

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Parfum “Fou d’Absinthe”, L’Artisan Parfumeur, 80€

Robe bi-matière, “Debo Debo”, Gloss, 145€

Sac à main en cuir, “Kevim”, Gloss, 110€

Escarpins vernis, Eden, 85€


MODE / Shopping

Ma

SHOPPING LIST de noël

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MODE / Shopping

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1. Pull col rond, Berenice “Cerf Deer Love”, 189€//2. Écharpe réversible polaire, polaire Glove Me (6 coloris disponibles), 21,50€//3. Gants mouton retourné de Nouvelle Zélande, Glove Me (9 coloris disponibles), 108€ 108€//4. Coque IPhone 4, Berenice, 19€//5. Tee-Shirt manche longue, Berenice “Hiboux”, 69€// 55 chez Baptiste et Garance//7. Coffret cigarette électronique, 6. Suspension Zèbre, Bibib & Co (Panda, Ours, Lion, … également disponibles), 55€ CARTO, 59€ chez Econo-Clope//8. « Hydrate Effect » de Nature Effiscience jour/nuit, tous types de peaux, ressource et reprogramme l’hydratation naturelle de la peau, prévention des rides, 65€//9. Montre G-Shock Black/Gold, boitier résine, garantie 1 an, 150€ chez Urban Shoes//10. Collier Ofir Shlomit, plaqué argent, 57€ chez Mirabilé.

089 // We Are Strasbourg


MODE / Storks

Storks La marque née en Alsace. Fortement ancrés dans les traditions de notre chère région, attachés aux valeurs qui sont les nôtres, ils ont voulu créer une marque accessible à tous, à la créativité unique. Leur logo, un échassier tricolore, transmet selon leurs propres propos des valeurs « d’authenticité et d’originalité » qui se reflète dans leur gamme à la fois moderne et singulière. WAS apprécie ce genre de démarche entrepreneuriale et créative, démontrant que la production et le développement d’une marque textile en France restent possibles. Lutter contre la délocalisation en travaillant avec des acteurs soucieux du maintien du tissu industriel et du savoir-faire Made in France comptent parmi les principes les plus chers. Ainsi le tissage, la teinture, l’assemblage de leurs t-shirts et la confection de leurs chaussettes sont réalisés dans l’Aube, puis sérigraphiés et brodés en Alsace. Mais n’oublions pas l’écologie dans tout ce programme qui s’inscrit dans une démarche citoyenne remarquable : les fournisseurs sont locaux le plus souvent, français la majorité du temps, on évite le gaspillage et l’emballage inutile. De ce fait, Storks participe au développement local, à la création d’emplois, et s’engage à provisionner 5% de ses bénéfices nets et à les affecter à une oeuvre caritative locale. De quoi donner du sens à vos achats. S

Pour la Sain t -Valentin...

http://storks.fr

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Amour, fard et houpette. L’école de maquillage professionnel Candice Mack propose une formule mise en beauté le soir de la Saint-Valentin ! Venez-vous faire maquiller pour le tarif exceptionnel de 29€ ! Quelque soit votre style : naturelle, glamour, sophistiquée, tendance, pin-up… Nous saurons vous mettre en valeur ! Rendez vous le 14 février de 16h à 19h30 dans les locaux de l’école, 20 rue Seyboth à Strasbourg, uniquement sur réservation par téléphone au 03.88.22.55.11 ou par mail elise@candice-mack.fr !S


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WAS THAT ?

Le marché de Noêl... On trouve autant d’avis dessus que de Strasbourgeois dans notre chère ville, on vous a donc demandé votre avis. On a aussi fait un tour sur le Net, pour y trouver À juste titre, vous allez comprendre ! Détendez-vous, c’est du WAS That !

Propos reccueillis par : WAS Illustration : Vanessa Ganzitti



WAS Magazine aime faire participer ses lecteurs et ceux qui nous suivent sur notre page Facebook. Pour ce nouveau numéro, la rédaction a proposé le jeu concours suivant :

* Terminez le phrase «Pendant le marché de Noël, je ne supporte pas…» * Non pas que chez WAS Mag’ on n’aime pas notre cher marché de Noël local… Sélection de vos meilleures réponses :

«...les stands de guirlandes qui passent pour un stand de tuning pour épileptiques» (Sweetcandy Bou)

«...les grèves de la CTS»

«...les bonnets de Père Noêl en forme de cigogne» (Claire Tourdot)

(Cherry Fizz Création)

«...Les touristes qui pensent que plus on met de monde dans un tram plus il est extensible… et le vin chaud sans vin, mais avec de l’eau, à 4€ évidemment» «...Noêl»

(Ophélie Riegert)

«...de marcher»

(Julien Gérard) (Jean-Christophe Wahart)

«...les hypocrites qui disent qu’ils n’aiment pas mais qui y vont quand même» (Ramiro Daluta)

«...les strasbourgeois qui pestent contre les touristes» (Sébastien Lopez)

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WAS THAT / Le Marché des strasbourgeois

* «...les chinois qui viennent en France «...les chinois qui viennent en France acheter produits Made in China» acheter des des produits Made in China» (Lisa Frering)

«...la foule» (Eaglle Nnatramh)

«...le vin à l’eau, chaude» (Michaël Lehmberg)

«...le mauvais vin chaud»

«... ces touristes qui portent des slips en laine (moi je supporte pas les slips en laine, ça gratte)»

(Clément Simono Dreisker)

(Benjamin Pugliese)

«...le vin chaud trop chaud ! Mais trop froid quand il faut le finir» (Jacques Mougenel)

«...ces touristes qui s’arrêtent en plein milieu la rue «...ces touristes qui s’arrêtent en plein milieu de laderue des Hallebardes déjà bondée pour prendre une photo» des Hallebardes déjà bondée pour prendre une photo» (Nicole-Krim VonHell)

«... d’avoir à me greffer un GPS dans le cerveau, pour changer mes itinéraires habituels afin d’éviter les troupeaux de touristes» (Anne Donzel)

«...les touristes quisavent ne savent oùvont ils vont et bloquent les rues et arrêts de tram» «...les touristes qui ne pas pas où ils et bloquent les rues et arrêts de tram» (Pierre Pataki)

«...les trams bondés» (Camille Caiphe Caitlin)

«...les knäkes» (Julie Garcia)

«...les churros (aucun rapport)» (Imane Dieuba)

«...ces touristes qui parlent de « tradition» en buvant un verre de vin chaud fait à partir de restes de Beaujolais Nouveau (etc…) en hésitant à acheter un bonnet cigogne clignotant Made in China» (Guillaume Verstraete)

«...les gosses qui braillent, le faux glauque jeune, «...les gosses qui braillent, le faux PèrePère NoëlNoël glauque troptrop jeune, ses Converse et sa barbe dégueu…» ses Converse et sa barbe dégueu…» (Joël Henninger)

*

bisous

095 // We Are Strasbourg


WAS THAT / À Juste Titre

À juste titre Suivre l’actualité, mais différemment WAS Magazine surveille de près le tumblr «À juste titre» pour rester connecté à l’actu de manière décalée. En sélectionnant les titres les plus étranges, ce petit bijou vous promet bien des fou rires. Petite sélection WAS des titres les plus borderline !

«Avant de quitter le salon de coiffure, les cambrioleurs se coupent les cheveux» *La Dépêche* «Grande-Bretagne : 3.000 blaireaux à tuer» «Tout nu dans le jardin, il voulait partir sur la Lune» Le Courrier Cauchois *Le Figaro* * * «Un homme braque le bureau de poste avec une tronçonneuse» *Ouest France* «Un homme déplace avec ses voisins un arrêt de bus pour être tranquille» *Courrier Picard*

«Il meurt en faisant le poirier contre un lampadaire» *Le Dauphiné*

«Sale temps pour la circoncision» *Le Monde*

«On lui refuse un verre d’eau, l’adolescent tente de faire sauter le restaurant» *Le Progrès* «Il se tire une balle dans le dos par accident» *Dordogne Libre*

«Brûlé et sodomisé avec une raclette» *DHNet*

«Nantes : Un prof change de sexe pendant les vacances» *La Dépêche*

«Kaka poussé vers la sortie» *Le Figaro*

«Un chinois frôle la mort en s’envoyant par la poste» *Direct Matin* «Un homme publie une petite annonce pour faire violer sa femme» *Le Nouvel Observateur* «En Corse, mort pour un cubi de rosé» *Le Monde* «Angleterre, le mangeur de sièges de bus recherché par la police» *Le Monde* «Il appelle 130 fois les gendarmes pour les insulter» *La Dépêche*

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WAS THAT / À Juste Titre

«Agacé par son cochon, un néo-zélandais agresse sa femme à l’oeuf d’autruche» *La Dépêche* «Il confond son fils avec un singe et le tue» «Tirs de joie lors d’un mariage : le marié tué» *Le Figaro* *Le Dauphiné Libéré* «Après une barbecue arrosé ils lâchent 40 truites dans la piscine et les chassent à la carabine et l’arc à flèches» *Sud Info*

«Sélectionné pour les Jeux Paralympiques, il se fait voler sa prothèse» *LCI* «Il jouait de la guitare avec son sexe devant ses enfants» *Le Dauphiné* «Brûlé à cause d’un feu d’artifice...entre ses fesses» «Le violeur de Gland sous les verrous» RTL * * *Le Matin* «Six mois ferme pour un pipi et des menaces» *La Nouvelle République* «Il parvient à faire évader son sperme de prison» *20 Minutes* ««Des vacances de malade mental» : Babybel présente ses excuses aux handicapés» *MCE*

«Des scientifiques ont découvert le serpent bite» *Rue89*

«La chanteuse Lââm sera à la fête des moules» *Ouest France*

«Les dinosaures pratiquaient la levrette» «Une britannique mange des pierres pour aller mieux» *Yahoo* *Atlantico* «Au bac, les Madeleine dominent les Kévin» *Le Monde*

«Le chemin de croix du curé qui avait un amant cocaïnomane» *Le Figaro*

«Il viole un poulet et se suicide» *7sur7* «Le champignon était en fait un sex-toy» «L’étrange cas du canard homosexuel nécrophile» Le Monde *20 Minutes* * * «La séance de kiné dérape : il lèche la culotte de sa patiente» *La Dépêche* «Drogué, il mange un chien» «Concours de « Miss Holocauste» en Israël» *Le Matin* *Le Figaro* «Sniffer la Bible ? Proprement stupéfiant» *Courrier International*

«Essonne : il tue sa mère avec son dentier» *Le Parisien* «Un enfant de 8 ans agresse deux policiers avec un marteau» *LCI* http://ajustetitre.tumblr.com

«Une femme mise enceinte par un calamar» *Sud Ouest*

097 // We Are Strasbourg


HUIT SÉRIES AVANT L’APOCALYPSE celles qu’il faudra regarder pour absoudre enfin ses péchés télévisuels

Extraits bibliques : L’histoire de la naissance des séries télévisées est analogue à celle de Rosemary’s baby à rebrousse-poil. Une poignée de scénaristes à l’aide de leurs voisins, les chaînes de production, transforment le monde télévisuel suite à un accouchement particulier : des entrailles du monstre diabolique déprécié et destructeur de culture qu’est le petit écran, naquit un nouveau genre culturel, jeune et radieux. Telle Rosemary. La genèse de ce nouveau genre est généralement attribué à Twin Peaks. Lynch imagine une ville brumeuse aux frontières du Canada où s’ennuient dans leur échafaudage d’infidélités et de liaisons affairistes des personnages que l’on prendrait pour Brandon et Brenda Walsh de Beverly Hills 90210. Dans cet Eden ennuyeux, le meurtre de Sara Palmer donne naissance à une suite d’événements surnaturels tournant autour de l’enquête du très spécial agent du FBI, Dale Cooper, être solitaire et supérieurement intelligent. Qui a donc brutalement tué Sara Palmer ? Puisque le meurtrier n’en était pas un, cette question est d’une impertinence telle que Lynch mettra 30 épisodes à y répondre. Y répondra-t-il vraiment ? Suite au péché originel, une fois sur terre, d’autres séries sont apparues. Des frontières se sont crées très rapidement, dessinées par le juge partial que sont les Emmy Awards. Ainsi, malgré la consécration universitaire, The Wire, jugée inaccessible au grand public, ne bénéficia d’aucun prix. Néanmoins, elle reçut une excellente critique et divers prix journalistiques, et est considérée meilleure série de l’histoire de la télé. La faute à sa grandeur, à son approche littéraire digne de Dickens qu’elle rata les prix ? Certainement, puisque Bourdieu disait qu’« il y a simplement une trentaine d’années, et ça depuis le milieu du XIXe siècle, depuis Baudelaire, Flaubert etc., dans le milieu des écrivains d’avant-garde, [...] le succès commercial immédiat était suspect : on y voyait un signe de compromission avec le siècle, avec l’argent... ». The Wire rétablit non seulement les règles nostalgiques des littéraires maudits, mais réussit également à pratiquer l’autopsie urbaine de Baltimore la déchue, personnage principal de la série et sombre théâtre d’une réalité américaine inavouable. On y suit d’un côté la trame des investigations policières minées par les exigences du chiffre, les divers gangs noirs de banlieue et leurs relations avec le pouvoir institutionnel. De l’autre côté, on découvre la crise des docks et de leurs syndicats réduits à peau de chagrin, l’effondrement du système éducatif et le magouillage médiatique. Le tout joué par des personnages confrontés sans cesse à des dilemmes moraux, Omar Little en tête, cet effrayant et éloquent Robin des Bois homosexuel. Série à charge? Ce n’est qu’un portrait, ou plutôt une nature morte où l’on peut apprécier une odyssée sinistre et déchiffrer les subtils éléments de lutte pour l’accès au pouvoir politique ou criminel dans le milieu urbain. A contrario, Les Sopranos est un apôtre béni. Cette série ne compte plus ses Emmy Awards. Tony Soprano est le chef officieux de la mafia italienne du New Jersey. Entre les disputes avec ses lieutenants dans son bar

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WAS THAT / Les séries apocalyptiques

à strip-tease et des plans de détournement de camion de marchandises luxueuses, Tony passe son temps au cabinet de sa psy pour soigner ses crises d’angoisse, chercher un sens à ses infidélités et surtout régler son Œdipe... Le Godfather moderne n’est qu’un homme blanc chauve et bedonnant habitant la banlieue de New-York qui prend du Prozac et peine à établir l’autorité paternelle face à ses deux adolescents. Et puis il y a cette description du purgatoire qu’est Oz, série sur le milieu carcéral de haute sécurité qui fait passer Prison Break pour Disney Land. Au sein de la prison Oz, gît un avorton de projet visant la réinsertion des criminels les plus violents du pays. La violence quotidienne est dédramatisée par les monologues faussement philosophiques d’un prisonnier en chaise roulante enfermé dans un cube transparent à propos de sujets hautement improbables. Qu’en est-il des autres mythes en cours de production? Ai-je vraiment besoin de vous pitcher Mad Men ? Non, car il me faudra une formule élégante et tournée avec perversité, rappelant des formules à la Don Draper, publicitaire en diable et connard attachant pour réussir mon entreprise. Breaking Bad est une éloge à la vengeance. Walter White est un professeur de chimie surqualifié qui passe ses journées à transmettre sa science à des lycéens désabusés pendant que ses pairs à l’université jouissent de leurs renommées et capitaux académiques. Son cancer du poumon en phase terminale le sort de sa léthargie : il doit maintenir sa femme enceinte et son enfant handicapé dans leur position de classe moyenne sup. Pour ce faire, il lui faut assurer le remboursement des prêts immobiliers et universitaires, les soins de son fils et autres finances quotidiennes. Avec l’aide d’un ancien élève, il produit la meilleure métamphétamine de la contrée, se fait pousser les bourses et arrache le rêve américain de son côté de plus illégal. Mais le cru de l’illégalité se boit à Atlantic City, et il date de 1920, de la période de la Prohibition aux États-Unis : interdiction de produire, de commercialiser et de consommer de l’alcool. Boardwalk Empire est la promenade balnéaire d’Atlantic City, gérée par son trésorier, Enoch Thompson, fournisseur principal d’alcool illégal de la ville, et dont le succès ne tarde pas à lui attirer des rivalités meurtrières. Ce n’est pas Sodome, mais tout y est : la vanité du style vestimentaire des années 20, trafic d’alcool et de drogues dures, orgies joyeuses et homosexualité, adultère et bâtardise, inceste Oedipal et polio contagieuse, résidus d’esclavagisme et racisme meurtrier. Néanmoins, son plus vil défaut est la carence de jazz. Le jazz ,d’ailleurs, d’autres s’en chargent. David Simon reconstitue la vie les habitants de Treme, un quartier de la Nouvelle-Orléans après le déluge. Nous sommes en 2005, suite au passage de l’Ouragan Katrina, la galère des musiciens, des restaurateurs, des professeurs, et de leurs familles est narrée dans une mélancolie subtile rythmée de sonorités jazz, tantôt grands classiques, tantôt originalités locales. Seul drame, l’Ouragan Katrina n’est pas encore l’Apocalypse. Et puisqu’il est imminent, ne perdez pas de temps, surtout que d’autres mythes sont déjà en production.

(Et une dernière prière, j’ai aussi dit Amen à Six Feet Under, Carlos et Rome.)

Widad MAI

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DOSSIER / Tattoo World

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TATTOOS Dossier par : Maxime Labat / Photos par : Vincent Muller

À TRAVERS LES ÂGES Ce n’est qu’en 1770 avec les explorations du Pacifique Sud de James Cook notamment, que l’on redécouvre cet art pigmentaire qui n’a quant à lui jamais disparu de la culture Maori en Nouvelle Zélande, ou encore en Chine et en Inde.

D

ans notre culture ce sont les marins qui vont participer de son renouveau puisque par définition un marin est amené à voyager et de fait à le diffuser. Plus tard, le tatouage sera utilisé comme système d’identification puisqu’avant même l’arrivée de la photographie, il sera un moyen sûr et efficace pour le renseignement des fiches de police sur la pègre. Pas étonnant dès lors que jusqu’au dix-neuvième siècle chaque tatouage identifié est référencé et décrit précisément pour permettre l’identification systématique des criminels. Un autre exemple d’utilisation dévoyée est celui des camps de concentration puis d’extermination. Les Allemands mirent en effet en place l’identification Ka-tzetnik pendant la seconde guerre mondiale, consistant au tatouage d’un numéro de matricule sur l’avant-bras du détenu. Les tsiganes quant à eux étaient tatoués d’un simple Z (comme Zigeuner, tsigane en allemand). Cette pratique participait d’une véritable entreprise de déshumanisation qui n’est pas sans rappeler le tatouage des animaux évoqué plus avant. Par ailleurs les Waffen SS euxmêmes eurent recours à ce procédé puisque ces derniers se faisaient tatouer La Kainsmal (marque de Caïn) soit la lettre de leur groupe sanguin. Après la Guerre, cela aida grandement à l’identification et la traduction en justice de certains d’entre-eux. Enfin, un dernier exemple d’utilisation est celui évoqué plus haut relatif aux criminels. De nombreuses bandes du crime organisé y ont recours de manière symbolique. On peut citer les Yakuzas au Japons, les voleurs sans loi de la mafia russe ou encore les membres des Maras originaires du Salvador (Mara Salvatrucha, MS13…). Ces organisations ont même recours au tatouage forcé sur certains de leurs membres, souvent pour raisons punitives.

Au Japon, un Yakuza ayant manqué à son devoir à le choix entre se mutiler un doigt ou subir un tatouage déshonorant ! En Russie le « tatouage-punition » est souvent obscène voire pornographique contraignant l’individu sanctionné à la honte. En 1891, Samuel O’riley inventa la machine à tatouer électrique et permis alors un développement considérable du tatouage, moins douloureux, plus rapide et d’une exécution plus fine. Aussi, vers les années 1970 le tatouage se démocratise-t-il pour tendre vers un engouement considérables dans les 90’s. Dans ce mouvement de vulgarisation, tout le monde est touché voire séduit, tant le cadre que le médecin ou encore l’artiste ou l’ouvrier. Le tatouage n’est plus uniquement un signe d’appartenance à un groupe, une tribu, il se mue en une revendication d’individualité, une volonté esthétique, un rite de passage dans certaines occurrences, une provocation même. L’exemple parfait que celui de l’adolescent qui, devenant majeure et cherche à s’affranchir de sa condition passée et cherche à marquer le coup, s’affirmer par là même… Notons aussi que le tatouage n’est pas limité dans son utilisation puisque ce dernier sert aussi bien à titre esthétique que cosmétique (tatouage permanent sur les paupières ou les mamelons) ou même à titre thérapeutique, notamment en radiothérapie externe. S’il sert aussi à l’identification des animaux dans une optique de traçabilité, tatouer son cochon dans un unique but décoratif est le plus souvent interdit par la Loi, alors lâchez ce hamster tout de suite !

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DOSSIER / Tattoo World

ANTOINE BERNHART Antoine Bernhart, originaire de Strasbourg est un artiste atypique et multi-facettes, peint des scènes de sadisme et “crimes sexuels” que d’aucuns qualifieraient d’obscènes. Après avoir collaboré à des nombreuses publications, créé affiches (notamment pour Iggy Pop) et autres jaquettes pour des groupes de rock garage-psycho, il expose désormais à travers la France et l’Europe. Pour notre plus grand plaisir il sera à la Tattooworld au printemps prochain...

WAS : Pouvez-vous nous raconter vos débuts dans l’art, comment tout s’est mis en place ? Antoine Bernhart : Je me rappelle quand j’allais aux fêtes foraines au Neuhof vers 8 ans, j’ ai commencé à être fasciné par les mecs qui rangeaient les autotamponneuses, avec la banane, les tatouages, et tout cela sur fond de rock ! J’ai toujours dessiné étant gamin en fait. Un jour en 68, un type de Strasbourg nous a demandé à Christian Bernard (très bon ami à moi et directeur du Mamco à Genève) et moi de faire un bouquin, donc Christian a écrit les poèmes et moi j’y ai ajouté mes dessins. C’était des dessins automatiques que j’avais réalisés entre seize et dix huit ans, mais déja psychés et avec un contenu érotisé ! De là tout a vraiment démarré : on a commencé à cotoyer des surréalistes et collaborer avec divers personnes et magazines, notamment Phases. Et puis, je me suis dis que je voulais vivre mes rêves de gamin avant de crever ; alors, je me suis totalement impliqué là-dedans.

WAS : Peintures de crimes sexuels avec visions obscenes et sadiques... Pourquoi ces sujets en particulier ? Antoine Bernhart : Je n’ai jamais l’ angoisse de la feuille blanche, mes images me tombent dessus, par flashs, j’ai toujours un carnet de notes sur moi dans lequel je les écris et les dessine par la suite. C’ est un univers obsessionel qui fatalement le restera toujours. Il n’ y a pas de volonté particulière, cela me vient naturellement. WAS : Comment en êtes-vous arrivé à faire de l’ero guro ? Est-ce bien votre style ou le développez-vous à votre sauce ? Antoine Bernhart : J’ai toujours été attiré par faire des trucs assez noirs. Pour moi, c’est mon petit monde enchanté, mon terrain de jeu onirique, là où je m’éclate. En général, les gens essaient toujours de classer les choses dans un domaine, alors c’est sûr que l’ero guro, c’est évidemment le style dans lequel on me catalogue ; après moi je m’ en fous, je fais ce que j’aime dans mon domaine, mon univers.

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WAS : Qu’est ce que vous utilisez comme supports et outils, techniquement parlant ? Antoine Bernhart : J’utilise toujours du papier avec, de l’ encre noire pour mes dessins en noir et blanc, soit j’utilise des couleurs traditionnelles japonaises (que ma belle mère m’avait envoyées un jour) à frotter sur la porcelaine, et je rehausse parfois à la gouache ou à l’aquarelle pour intensifier ou modifier les couleurs. Ce sont souvent ces petites expériences qui orientent ta pratique ou ton style. Mais l’univers restera toujours le même, car il est quand même obsessionnel !

WAS : Pourquoi cette exaltation du grotesque et du cruel ? Quel en est le but ou est-ce par simple plaisir personnel ? Antoine Bernhart : Je ne le fais absolument pas parce que je voudras faire cela à une femme, c’est juste que je prends un plaisir particulier à dessiner ces images. Je ne le fais pas pour compenser ou par frustration de mes fantasmes inassouvis. Mes réalisations sont tout autres, c’est vraiment un plaisir spécifique à faire ce type de dessins. Cela s’arrête là.

WAS : Vous avez fait beaucoup de publications à l’étranger : en Italie, à Berlin, à San Francisco, au Japon et partout en Europe... Y-a-t-il une raison particulière ? Est-ce mieux accepté dans les autres pays ? Antoine Bernhart : Je traînais beaucoup à Camden, un quartier de Londres. J’ y ai rencontré Nick Garrard, premier manager des Meteors, chez qui j ai vécu un moment. On allait souvent au pub et on rencontrait plein de personnes de la scène Rock/Punk, et de fil en aiguille, j’ ai commencé à réaliser plein de jaquettes et flyers pour ces groupes. Sinon, un jour Trevor Brown (artiste lui aussi), installé au Japon, avait créé un fanzine tiré à environ 70 exemplaires ; il m’a demandé s’il pouvait utiliser des dessins à moi, j’ai bien sûr accepté. Suite à cela, une boîte italienne Mondo Bizzaro a remarqué mes dessins et m’ a demandé de faire un bouquin, puis un deuxième l’année suivante et on a fini par faire une exposition chez eux en Italie avec Trevor.


DOSSIER / Tattoo World

WAS : Pouvez-vous nous raconter vos débuts dans l’art, comment tout s’est mis en place ?

WAS : Qu’est ce que vous utilisez comme supports et outils, techniquement parlant ?

Antoine Bernhart : Je me rappelle quand j’allais aux fêtes foraines au Neuhof vers 8 ans, j’ ai commencé à être fasciné par les mecs qui rangeaient les autotamponneuses, avec la banane, les tatouages, et tout cela sur fond de rock ! J’ai toujours dessiné étant gamin en fait. Un jour en 68, un type de Strasbourg nous a demandé à Christian Bernard (très bon ami à moi et directeur du Mamco à Genève) et moi de faire un bouquin, donc Christian a écrit les poèmes et moi j’y ai ajouté mes dessins. C’était des dessins automatiques que j’ avais réalisés entre seize et dix huit ans, mais déja psychés et avec un contenu érotisé ! De là tout a vraiment demarré : on a commencé à cotoyer des surréalistes et collaborer avec divers personnes et magazines, notamment Phases. Et puis, je me suis dis que je voulais vivre mes rêves de gamin avant de crève ; alors, je me suis totalement impliqué là-dedans.

Antoine Bernhart : J’utilise toujours du papier avec, de l’ encre noire pour mes dessins en noir et blanc, soit j’utilise des couleurs traditionnelles japonaises (que ma belle mère m’avait envoyées un jour) à frotter sur la porcelaine, et je rehausse parfois à la gouache ou à l’aquarelle pour intensifier ou modifier les couleurs. Ce sont souvent ces petites expériences qui orientent ta pratique ou ton style. Mais l’univers restera toujours le même, car il est quand même obsessionnel !

WAS : Peintures de crimes sexuels avec visions obscènes et sadiques... Pourquoi ces sujets en particulier ? Antoine Bernhart : Je n’ai jamais l’ angoisse de la feuille blanche, mes images me tombent dessus, par flashs, j’ai toujours un carnet de notes sur moi dans lequel je les écris, et les dessine par la suite. C’ est un univers obsessionel qui fatalement le restera toujours. Il n’ y a pas de volonté particulière, cela me vient naturellement. WAS : Comment en êtes-vous arrivé à faire de l’ero guro ? Est-ce bien votre style ou le développez-vous à votre sauce ? Antoine Bernhart : J’ai toujours été attiré par faire des trucs assez noirs. Pour moi, c’est mon petit monde enchanté, mon terrain de jeu onirique, là où je m’éclate. En général, les gens essaient toujours de classer les choses dans un domaine, alors c’est sûr que l’ero guro, c’est évidemment le style dans lequel on me catalogue ; après moi je m’ en fous, je fais ce que j’aime dans mon domaine, mon univers.

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WAS : Pourquoi cette exaltation du grotesque et du cruel ? Quel en est le but ou est-ce par simple plaisir personnel ? Antoine Bernhart : Je ne le fais absolument pas parce que je voudras faire cela à une femme, c’est juste que je prends un plaisir particulier à dessiner ces images. Je ne le fais pas pour compenser ou par frustration de mes fantasmes inassouvis. Mes réalisations sont tout autres, c’est vraiment un plaisir spécifique à faire ce type de dessins. Cela s’arrête là.

WAS : Vous avez fait beaucoup de publications à l’étranger : en Italie, à Berlin, à San Francisco, au Japon et partout en Europe... Y-a-t-il une raison particulière ? Est-ce mieux accepté dans les autres pays ? Antoine Bernhart : Je traînais beaucoup à Camden, un quartier de Londres. J’ y ai rencontré Nick Garrard, premier manager des Meteors, chez qui j ai vécu un moment. On allait souvent au pub et on rencontrait plein de personnes de la scène Rock/Punk, et de fil en aiguille, j’ ai commencé à réaliser plein de jaquettes et flyers pour ces groupes. Sinon, un jour Trevor Brown (artiste lui aussi), installé au Japon, avait créé un fanzine tiré à environ 70 exemplaires ; il m’a demandé si il pouvait utiliser des dessins à moi, j’ai bien sur accepté. Suite à cela, une boîte italienne Mondo Bizzaro a remarqué mes dessins et m’ a demandé de faire un bouquin, puis un deuxième l’année qui suivante et on a fini par fair une exposition chez eux en Italie avec Trevor.



DOSSIER / Tattoo World

LIONEL FAHY Lionel Fahy tatoue depuis bientôt trente ans, et outre ses talents en la matière, ce dernier s’adonne aussi à la musique, l’illustration ou encore la sérigraphie. En attendant sa venue à la Tattooworld, il sillonne les villes du monde entier pour s‘adonner à ce qui reste avant tout sa passion. Pour ceux qui ne peuvent attendre, il vient d’ouvrir en ligne une boutique de toutes ses œuvres -Out Of Step Editions- en éditions limitées.

WAS : Depuis combien de temps est-ce que vous exercez ce métier, qu’est-ce qui vous as poussé à le faire, et pourquoi avoir choisi de pratiquer cet art sur le corps humain au lieu de simplement dessiner sur papier ?

Lionel : Je tatoue depuis que j‘ai 15 ans. Ensuite je m’y suis remis très sérieusement sur le tard à 25 ans. J’ai commencé à tatouer parce que c’était comme un rite de passage et un acte vital de pouvoir s’exprimer. On s’accapare son propre corps en choisissant la manière dont on l’orne.

WAS : Comment définiriez-vous votre style, et pourquoi celui-ci en particulier ?

Lionel : C’est un style qui mélange une vision onirique de la vie dans laquelle j’évolue, une vie pleine de magie et de choses très belles.

WAS : Quelles sont vos influences artistiques et où puisez-vous votre inspiration ? Lionel : Mes plus grandes influences sont mes enfants qui me montrent au quotidien des choses fantastiques dans leurs livres, leurs histoires, leurs jeux. De nombreux illustrateurs jeunesse me touchent au plus haut point, dont certains strasbourgeois tels que Laurent Moreau ou Tomi Ungerer...

lioneloutofstep.blogspot.com

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WAS : Quels sont les artistes ou tatoueurs qui vous influencent ou vous ont le plus inspiré dans votre manière de tatouer ?

WAS : Quels sont les tattoos les plus extravagants que vous ayez eu à faire ? Lionel : Ahahah, je pourrais écrire un livre à ce

Lionel : Très probablement des artistes comme Sacha Lehne de Primitive Abstract qui attache une immense importance à raconter une histoire à travers un dessin plûtot que d’essayer de faire une jolie image qui est là pour faire plaisir à tout le monde...

sujet !

WAS : Considérez-vous avoir jamais raté un tatouage, et pour quelle raison ? Lionel : Oui si la personne le regrette a posteriori.

WAS : Avez-vous vu une certaine évolution dans le

C’est la raison pour laquelle je prends énormément le temps à discuter avant de tatouer.

tatouage depuis que vous travaillez là-dedans ? Et quelle évolution voyez-vous pour l’avenir ?

WAS : Qu’est-ce que l’expérience de la Tattooworld vous a apporté ?

Lionel : Cet univers se démocratise avec internet et les informations qui traversent la planète en une fraction de seconde. Tout va très vite, le tatouage n’est plus underground, c’est devenu un business comme tout le reste. Et nous, on sera has been très prochainement avant de devenir vintage. WAS : Est-ce qu’il y a une certaine corrélation entre un type de tatouage particulier et des catégories socio-professionnelles particulières ?

Lionel : Concernant ma clientèle pas du tout. Les gens viennent me voir par rapport à mon style graphique un peu particulier. Ils viennent de tous les horizons : des proxénètes aux présidents de bananeraies australes... WAS : Y a t’il des tatouages que vous refusez de faire ? Si oui, pourquoi ?

Lionel : Oui, quand je pense ne pas être la bonne personne pour réaliser le projet, j’envoie la personne vers une autre adresse plus adéquate.

Lionel : J’ai eu mon poignet de fracturé à cause d’un concours de bras de fer. Les alsaciens sont trop forts à ce jeu là ! Surtout Rocky, le géant intermittent du spectacle qui m’a marave...

WAS : Justement est-ce que la dite convention vous ouvre d’autres horizons, et le fait de collaborer avec d’autres tatoueurs est-il important pour vous ?

Lionel : Oui blague mise à part, cette convention est une des mieux organisée que je connaisse, tout le monde est heureux de se voir, de se côtoyer et de s’amuser ensemble ! J’ai hâte d’y être ! WAS : À part le « dessin » est-ce que tu touches à un autre art ? Si non, quel art t’attire, et pourquoi ? Lionel : Alors oui je fais également de la musique avec Copenhagen et Granit 665 et je passe beaucoup de temps à faire des illustrations ! Allez voir mon blog en attendant ! S

http://lioneloutofstep.blogspot.fr

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DOSSIER / Tattoo World

USAGE PRATIQUE ET ANECDOTIQUE DU TATOUAGE LE LETTRÉ NUBIEN Les Grecs tatouaient une chouette sur le front des esclaves, les Romains quant à eux marquaient la première lettre du nom de famille du propriétaire. Cette pratique atteste par ailleurs d’une des rares trace d’humour – esclavagiste –, Suétone rapporte ainsi un des bons mots de l’époque : « Il n’y a pas plus lettrés que les Nubiens. » (la Nubie étant un grand vivier d’esclaves pour la Rome antique)… S

LES MARINS EUROPÉENS Les marins avaient pour habitude, non sans arrière-pensée, de se tatouer un crucifix sur tout le dos. En effet, défigurer une image pieuse étant un crime, un tel tatouage les prémunissait ainsi de la flagellation ; ne restait que la mise aux fers ! S

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BILLY GIBBY Il est un homme prénommé Billy Gibby aka The human billboard boxeur de son état, qui n’a pas trouvé plus intelligent ni lucratif que de se faire tatouer des logos d’entreprise.Depuis le début de sa carrière il a collecté vingt-six tatouages de sociétés, notamment Liberty Tax Service, Homevideo.com et Pléthore des sites pour adultes… Classe ! S


DOSSIER / Tattoo World

LE TATOUAGE OCULAIRE OU L’ÉVASION CARCÉRALE Les prisons sont un terrain fertile pour les tatoueurs en herbe, ainsi même avec une machine à tatouer artisanale, faite d’un bic et d’une radio, les prisonniers rivalisent d’imagination quant aux motifs ou aux endroits tatoué.Un peu trop même puisqu’une pratique récente consiste à se faire tatouer le globe oculaire. Au choix le noir pour les ténébreux, le rouge pour les albinos… S

SKIN LE LIVRE À TATOUER Une histoire de peau… Skin, c’est le nom du dernier récit de Shelley Jackson. Ce livre a pour particularité d’être tatoué mot par mot sur des bénévoles. Ceux-ci n’ont pas le choix du mot qu’il leur sera tatoué à l’encre noire sur la peau, ni le choix de la police. À tout le moins peuvent-ils se targuer d’avoir participé à la publication d’un roman ! S

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DOSSIER / Tattoo World

MÉLANIE (LEMM ROLL ICKING) 26 ANS EFFEUILLEUSE BURLESQUE TATTOO : BRETZEL TATTOO CLUB LUCKY -ELECTRIC TATTOO

JULIE 28 ANS INFIRMIÈRE LIBÉRALE TATTOO : REYNALD ( ASPHALT JUNGLE )

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JÉRÔME 35 ANS CORSETIER TATTOO : CONTRASEPTIK

MORGANE 26 ANS DOCTORANTE EN BIOLOGIE TATTOO : REYNALD ( ASPHALT JUNGLE )

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CHARLOTTE 22 ANS ÉTUDIANTE EN MARKETING TATTOO : BRETZEL TATTOO CLUB - TOYA - TAZ

XAV « LE PIRATE » 26 ANS METALLIER TATTOO : SACHA - HERBERT HOFFMANN SE TATOUE AUSSI LUI-MÊME

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DOSSIER / Tattoo World

CYRIL 26 ANS AGENT IMMOBILIER TATTOO : CONTRA-SEPTIK ENDORPHINE

ANNE-CATHERINE (MISS CHERRY) 28 ANS ESTHÉTICIENNE TATTOO : CED-INK - CLOCKWORK NEEDEL ALAIN GILBERTIN ALEX MISTER P. LUCHO MORANTE...

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DOSSIER / Tattoo World

JULIEN « JUBSSS » 29 ANS TATTOO : TATOUEURS : KOFI - LEOKEEPA GRAPHIX - DWAM MAURI

JULIETTE 28 ANS CROUPIÈRE TATTOO : NATHAN ( CRAZY TATTOO FAMILY )

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JEREMYA 40 ANS INTERMITTENT - MUSICIEN TATTOO : LEANKA SACHA - FRED FABA - VINCENT TATTOO BRETZEL

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CAHIER D’ARTISTE / Laura Riedinger

Laura Riedinger Critériums et papier Laura, illustratrice strasbourgeoise de 24 ans, présente son travail sous le nom de Cheyenne.

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CAHIER D’ARTISTE / Laura Riedinger

2012 - Crayon.

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CAHIER D’ARTISTE / Laura Riedinger

2012 - Crayon.

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CAHIER D’ARTISTE / Laura Riedinger

2012 - Crayon.

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CAHIER D’ARTISTE / Laura Riedinger

Histoire illustrée pour Simone Magazine. 2012 - Crayon et aquarelle.

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CAHIER D’ARTISTE / Laura Riedinger

2012 - Crayon.

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CAHIER D’ARTISTE / Laura Riedinger

C’est après 2 ans à l’école MJM en graphisme et 2 ans de Fac d’Arts Visuels que j’ai fait le choix de me lancer en tant que freelance. Tout d’abord, pour le graphisme (associé à un projet de magazine pour enfants, j’ai en charge toute l’identité graphique) et c’est petit à petit, par des rencontres qui m’ont encouragée à développer mon coup de crayon que je me suis concentrée sur ce que j’aime le plus, l’illustration. Aujourd’hui, en plus de mes projets personnels, (séries d’illustration, boutique en ligne) une exposition perso est en cours de préparation mais rien n’est encore défini. Des expositions en collaboration sont prévues pour l’année prochaine. Mes projets professionnels se développent de plus en plus ; illustrations d’articles pour des magazines ainsi qu’une collaboration avec une marque de boissons et de longboards sont en cours. Ma manière de travailler est la suivante : dans un premier temps je fais beaucoup de recherches en images, significations, symboles, je m’inspire du quotidien, des rêves, de ce qui m’entoure, de la musique, des mots que je note et des émotions. C’est après des recherches aux traits rapides dans mon carnet que je pose la composition sur du papier ou encore du bois. Le papier et les critériums sont mes outils de base, souvent accompagnés par une touche de couleur à l’aquarelle ou numérique. Je prends aussi plaisir à travailler sur du bois au stylo à bille, notamment sur les petites planches de skate redécoupées. Ce qui me prend environ 5 à 15 heures par illustration partie du propre. S

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CAHIER D’ARTISTE / Laura Riedinger

2012 - Crayon et Photoshop pour la couleur.

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WAS THAT / Les (bons) conseils d’Anaïs

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WAS THAT / Les (bons) conseils d’Anaïs

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Carnet d’adresses :

Mode Chic en Intérieur

Auto-école Campus : 89 Route de la Wantzenau, 67000 Strasbourg 15 Avenue du Gal de Gaulle, 67000 Strasbourg

Baptiste & Garance 6 Rue des Veaux 67000 Strasbourg

Écono’clope : 112 Avenue de Colmar, 67100 Strasbourg Eden : 39, rue des Arcades 67000 Strasbourg Extatic : 9 Rue du Dôme, 67000 Strasbourg Gloss : Rue de l’Epine 67000 Strasbourg Guipure Lingerie : 27 Quai des Bateliers, 67000 Strasbourg Kunstmuseum : St Alban-Graten 16, CH-4010 Bâle La Lucarne : 18, Quai des Bateliers 67000 Strasbourg L’Artisan Parfumeur : 3, Rue de l’Outre 67000 Strasbourg Lodge : 5 rue des Soeurs, 67000 Strasbourg Mem’Mode : 115, Grand Rue 67000 Strasbourg Musée Wurth : Rue Georges Besse, 67158 Erstein Rzostore : 15 bis rue des Juifs, 67000 Strasbourg Slide Box : 5, Rue Gustave Doré, 67000 Strasbourg Sofitel Strasbourg Grande Ile : 4 Place Saint-Pierre le Jeune, 67000 Strasbourg Urban Shooz : 7 Rue des Frères, 67000 Strasbourg Vintage Store : 1 Place Saint Étienne, 67000 Strasbourg

Bérénice 26 Rue de la Mésange 67000 Strasbourg École de maquillage CandiceMack 20, rue Adolphe Seyboth 67000 Strasbourg Glove Me 26 passage de la Mesange 67000 Strasbourg Mirabilé Visu 5 Rue des Veaux 67000 Strasbourg Salope Clothing fr-fr.facebook.com/ilovesalope Storks http://storks.fr


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