W-Fenec Mag 13

Page 62

LES DISQUES DU MOIS

HEROD

They were none (Mighty Music) clinique qui, entre martelage rythmique glacial voire aliénant et riffing mastodonte, distille des ambiances de fin des temps avec une efficacité redoutable («Inner peace»). Alors fatalement, quand Herod sort la grosse artillerie, un morceau du calibre de «Northern lights» fait office de bulldozer émotionnel (mais aussi sauvagement burné) qui pratique la stratégie de la terre brûlée. Là où les Suisses passent, rien ne repoussent sinon un sentiment latent de désolation décharnée («Sad Hill Part I»). Le désespoir qui prend aux tripes également («Albert Fish») et qui sous-entend chez le groupe une noirceur plus que palpable.

Malmö, en Suède pour les nuls en géographie, année 2006. Pierre, musicien suisse de passage, achète une guitare baryton qu’il accorde six pieds sous terre histoire de s’amuser avec le vieil enregistreur 4 pistes qu’il a sous la main. Inspiré par le climat local et la morosité scandinave de l’instant, il compose une dizaine de morceaux dans son coin dans le cadre d’un projet solo baptisé Herod. Sans suite immédiate. Ce n’est qu’après être rentré au pays puis rencontré, quelques années plus tard, Fabien et David que le groupe prend définitivement forme avant de se rendre au Studio Mécanique de La-Chaux-de-Fonds en compagnie de Julien Fehlmann (Coilguns, The Ocean, Unfold, etc...) pour mettre en boîte son premier album. Intitulé They were none, celui-ci sort au printemps 2014 chez le danois Mighty Music, alors que le trio est entre-temps devenu quatuor avec l’arrivée en son sein de Bertrand comme deuxième guitariste. Une affinité somme toute logique avec l’Europe du Nord et des influences nordiques qui résonnent à plein volume dès les premières mesures d’un album qui, avec «The fall» ou «The glory north», renvoie invariablement l’auditeur vers les figures tutélaires du Hard scandinave que sont Breach, Cult of Luna ou Switchblade. Autant dire qu’on cause ici metal/hardcore/prog’ à la froideur

62

Question sauvagerie brute, They were none, en tient également une belle couche («We are the failure», «Betraying Satan»), démontrant par là-même qu’Herod sait aussi ravager les membranes en jouant sur les plates-bandes d’un Terra Tenebrosa (Suède toujours...) mais avec encore une fois cette foudroyante capacité à mettre une puissance de feu salvatrice et implacable dans ses impacts, en termes de lourdeur abrasive également. En témoignent les ogives thermonucléaires «Watch’em die» ou «No forgiveness for vultures» scellant définitivement le sort de ce premier album dévastateur («Sad hill part II»). A tous les niveaux.. et surtout à celui d’une maestria formelle et artistique béton. Aurelio


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.