Stratégie d’allocation d’actifs:
une alternative au modèle du fonds de dotation de Yale EDITH SOUTHAMMAKOSANE, ETF SECURITIES
Depuis 1950, la stratégie de portefeuilles a traversé trois phases et la crise de 2008 semble avoir marqué le début d’une quatrième génération de modèles de portefeuilles.
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asée sur la théorie moderne du portefeuille, la première phase s’étend du début des années 1950 jusqu’au milieu des années 1990. Cette stratégie obéit au principe selon lequel les pondérations optimales devraient être de 60% pour les actions et 40% pour les obligations. Sur ces dix dernières années, ce modèle 60/40 a permis d’obtenir à un ratio de Sharpe de 0,435, deux fois supérieur à celui de l’indice MSCI World, grâce à la faible volatilité du modèle (de 9,7% contre 16,9% pour l’indice MSCI World). Au début de ce millénaire, le bureau des placements de l’Université de Yale lança l’idée selon laquelle une stratégie de diversification incluant d’autres classes d’actifs telles que le private equity ou les hedge funds permettrait d’améliorer les performances et d’accroître le niveau de diversification du portefeuille. En effet, d’après les gérants du fonds de Yale, les actifs alternatifs sont moins liquides, de ce fait moins volatils et donc moins sujets à des corrections de marché de forte amplitude. La surperformance du fonds de Yale a contribué à la popularité de son modèle au sein de la communauté des investisseurs institutionnels. GESTION ACTIVE OU PASSIVE Le fonds de dotation de Yale
a été créé dans le but d’aider les étudiants à financer leurs études et de contribuer au bon fonctionnement de l’université. Ce fonds, géré activement, a augmenté progressivement son exposition aux actifs alternatifs, passant de 15% 76
en 1950 à plus de 75% aujourd’hui. En juin 2014, le fonds détenait 15,4% d’actions, 8,4% d’obligations et 76,2% d’actifs alternatifs (dont 33% en private equity, 17,4% en hedge funds et 25,8% en immobilier). Sur dix ans à fin juin 2015, il a réalisé une performance annuelle de 10% contre 7% pour le modèle 60/40. Lors de la crise financière (de juin 2008 à juin 2009), le fonds a toutefois sous-performé. Pour 2016, ses pondérations-cible sont quasiment identiques à celles de 2014: 18,5% en actions, 8,5% en obligations et 73% en actifs alternatifs. Pour des investisseurs sensibles au risque tels que les caisses de retraite, le modèle de Yale peut sembler trop agressif et difficile à mettre en œuvre du fait du coût élevé de réplication d’un portefeuille aussi peu liquide. En outre, les caisses de retraite investissent des volumes de capitaux plus importants que les fonds de dotation avec des horizons d’investissement plus courts. UNE ALTERNATIVE AU MODÈLE DE YALE Géré activement,
le fonds de Yale investit dans des fonds fermés et non cotés, un modèle qui ne peut être aisément répliqué. Partant du même principe, nous avons construit un portefeuille alternatif composé de 20% d’actions, 5% d’obligations et 75% d’actifs alternatifs liquides répartis équitablement entre private equity, hedge funds et immobilier. Sur une période de dix ans, de mars 2005 à mars 2016, ce portefeuille alternatif affiche une performance annuelle moyenne de 8%, soit de 39% supérieure à celle du modèle 60/40. En outre, l’intégration d’un panier de métaux précieux dans ce portefeuille accroît sa performance de 19%: elle passe ainsi d’une moyenne annuelle de 8% à 9,5%. Son profil rendement/ risque s’en trouve de ce fait amélioré, le ratio de Sharpe progressant de 0,359 à 0,524. Les investisseurs sensibles aux risques peuvent cependant opter pour un portefeuille plus attrayant de type «core/ satellites» qui détiendrait 70% dans des actifs dits «core» tel