Vontobel Portrait 2014 sur le thème du courage

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Courage Vontobel Portrait 2014

Courage et investissement s’accordent-ils? Le

courage sans

risque est-il possible?

Confiance

en la

réussite. Le courage s’apprend-il? Physique, moral ou psychologique: qu’est-ce que le

courage?


A propos de Vontobel Nous nous sommes fixé pour objectif de protéger et d’augmenter sur le long terme les avoirs confiés par les clients. Spécialisés dans la gestion de fortune active et dans les solutions de placement sur mesure, nous offrons un conseil responsable et prévoyant. Ainsi, nous nous engageons à délivrer un service de qualité suisse et performant. La famille propriétaire s’y engage, de par son nom, depuis des générations. Nos compétences clés Protéger et augmenter les actifs: nous souhaitons protéger et augmenter sur le long terme les avoirs confiés par les clients. Ainsi, nous conseillons nos clients de manière prévoyante et responsable de génération en génération. Gérer activement la fortune: en pratiquant une gestion de fortune active, nous créons une plus-value financière pour nos clients. Pour ce faire, nous élaborons des solutions de qualité visant à optimiser le rendement et à gérer les risques. Appliquer des solutions de placement sur mesure: nous appliquons des solutions de placement sur mesure pour nos clients. Notre recherche prévoyante ainsi que nos compétences en matière de produits et de processus font de nous le partenaire idéal. Nos valeurs entrepreneuriales Nous pensons avec prévoyance, nous agissons de manière responsable et nous travaillons avec excellence pour nos clients. A fin décembre 2013, les avoirs confiés par nos clients s’élevaient à quelque CHF 163 milliards. Vontobel emploie environ 1 400 collaborateurs dans le monde répartis sur 21 sites. Les actions nominatives de Vontobel Holding AG sont cotées à la SIX Swiss Exchange. Les familles Vontobel et la Fondation Vontobel possèdent la majorité des actions et des voix. > Lire ou partager le «Vontobel Portrait 2014» sous www.vontobel.com/portrait


Chère lectrice, cher lecteur, Demandez autour de vous ce qu’est le courage et vous obtiendrez des réponses très diverses. Car ce trait de caractère est non seulement très individuel mais encore les situations qui exigent de faire preuve de courage varient énormément. Si le courage consiste parfois à oser, il peut être parfois plus sage de renoncer. Cette diversité nous a incités à en faire le thème du «Portrait 2014». Thème que nous avons largement ouvert afin d’aborder également des territoires inconnus. Diplomate suisse de pointe et envoyée spéciale de l’Onu, Heidi Tagliavini nous relate ce qu’elle a vécu lors de négociations dans des zones de conflit. Les membres de Médecins Sans Frontières aussi doivent affronter de gros problèmes. Ils sont partout où des catastrophes humanitaires nécessitent une aide médicale d’urgence. Le récit de Bruno Jochum, Directeur général de MSF Suisse, se déroule immédiatement avant et après un voyage en Syrie afin d’évaluer la situation. La question du courage ne se pose pas seulement dans des situations limites. Elle surgit aussi dans la vie quotidienne et au travail. Le psychologue allemand Hans-Werner Bierhoff, de l’Université de la Ruhr à Bochum, s’occupe depuis des années de courage civil, d’équité et de comportement prosocial. Au cours d’un entretien, il explique la nature du courage, comment il naît, quand il est opportun et quand il est plutôt déconseillé. Quant au cascadeur Oliver Keller, qui a fait du courage

Herbert J. Scheidt Président du Conseil d’administration

sa profession, il considère que son travail n’est courageux que dans des circonstances particulières. Car quand il double des acteurs connus, tout est planifié dans les moindres détails. Le courage a en effet de multiples facettes. Il est du ressort de la conviction, de la détermination, de l’auto-responsabilité et aussi de l’optimisme. Toutes qualités dont nous avons besoin quand nous voulons progresser, mais également quand nous plaçons ou investissons notre argent. En effet, bon nombre des certitudes qui imprégnaient ces activités aujourd’hui vacillent. Désormais, même les investisseurs qui souhaitent uniquement conserver leur fortune ont besoin de beaucoup de courage pour prendre leurs décisions. Ainsi fautil non seulement du courage mais aussi une nouvelle prise de conscience du risque. Il est tout aussi important d’avoir un partenaire qui agit sur le long terme et avec mesure. Quelqu’un qui a aussi le courage de dire non quand tous disent oui. Notre indépendance nous y autorise car elle repose sur la solidité d’un actionnariat qui vise le long terme. Vontobel souscrit depuis toujours à des valeurs claires. Quand les défis s’accumulent, celles-ci nous permettent de garder le cap en suivant une route sûre créant les conditions nécessaires pour protéger et augmenter votre fortune.

Dr Zeno Staub Chief Executive Officer

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Sommaire 06

Dr Zeno Staub Le courage de l’indépendance.

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Prof. Hans-Werner Bierhoff Le courage est contagieux.

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Axel Schwarzer Courage et investissement, une antinomie?

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Dr Heidi Tagliavini Le courage dans la diplomatie de crise.

Conflits, missions de paix et la Suisse. Faits et chiffres

Christophe Bernard Tous les regards sont rivés sur la banque centrale américaine.

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Georg Schubiger Investir demande du courage.

Dr Hans Vontobel Confiance en la réussite.

Oliver Keller La planification prime sur le courage.

Roger Studer Oser sortir des sentiers battus.

Bruno Jochum Plus que l’audace, le courage civique.

Médecins Sans Frontières dans le monde. Faits et chiffres

Herbert J. Scheidt Plaidoyer pour le courage.

Vontobel en chiffres.


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«Nous ne devrions être courageux que lorsque nous sommes prêts à assumer les conséquences de nos actes.»

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Dr Zeno Staub est, depuis 2011, CEO de Vontobel. Il a été d’abord directeur financier (CFO) de Vontobel dont il a ensuite dirigé successivement l’Investment Banking et l’Asset Management. Zeno Staub a obtenu un doctorat en économie de l’Université de St-Gall.

Le courage de l’indépendance. Interview du Dr Zeno Staub Chief Executive Officer «Le secret du bonheur, c’est la liberté; le secret de la liberté, c’est le courage», nous dit l’historien grec Thucydide. Bonheur, liberté, courage sont-ils effectivement liés? Oui, je le pense. Thycidide décrit une époque dans laquelle étaient considérés comme courageux ceux qui luttaient pour la liberté. De nos jours également, il est juste de défendre la cause de la liberté. Toutefois, au bonheur, à la liberté et au courage, il convient d’ajouter encore des éléments qui les relient. Qu’entendez-vous par là? La liberté relève du possible. Car le courage, c’est d’être prêt à se décider, parmi de nombreuses options, en faveur d’une possibilité précise. Cependant, le courage ne mène au bonheur que si ce que l’on ose réussit. Dès lors, ce n’est que lorsque nous examinons les résultats de nos actions, qu’il nous est possible de déterminer s’ils ont produit du bonheur ou du malheur. Nous associons souvent un comportement physique au courage. Or, celui-ci est beaucoup plus que cela. Tout entrepreneur a besoin d’avoir du courage dans son quotidien, sans qu’on le perçoive vraiment de l’ex-

térieur. C’est pourquoi souvent seuls les analystes ou les connaisseurs de la branche peuvent évaluer le courage qu’il faut pour mettre en place une nouvelle stratégie. Le courage n’est-il pas lié aussi à la responsabilité? Certes, mais c’est surtout la liberté qui doit être mise en rapport avec la responsabilité. En fait, nous ne devrions être courageux que lorsque nous sommes prêts à assumer les conséquences de nos actes. Si nous ne le sommes pas, nous agissons de manière téméraire, c’est-à-dire sans réfléchir et sans être responsables. Pourquoi a-t-on de la peine à admettre qu’il faut du courage civique dans l’économie? Parce que les stratégies entrepreneuriales sont complexes et que leur mise en œuvre prend du temps. Leur succès ou leur échec n’est pas immédiat, comme celui d’un funambule qui s’élance sur le fil sous les yeux du public. Pour évaluer le courage d’un entrepreneur ou d’un directeur, il faut attendre deux ou trois ans et procéder à des analyses approfondies. Les managers ne disposent pas toujours d’autant de temps. C’est effectivement le cas. Je regrette cette évolution vers l’éphémère,

qui empêche une évaluation équitable. Dans ma sphère d’influence, je m’efforce, chaque fois que c’est possible, de respecter le principe d’équité et de donner suffisamment de temps à quelqu’un pour qu’il puisse faire ses preuves. Quelles décisions requièrent-elles de la bravoure de votre part, en tant que CEO de Vontobel? Fondamentalement, toute décision implique des impondérables. Personne n’a toutes les cartes en main au moment où il doit la prendre, il lui manquera toujours certains éléments. En outre, une partie des informations disponibles reposent sur des scénarios et des probabilités. Ensuite, toute décision portant sur des êtres humains est très ardue. C’est notamment le cas des réorganisations et des changements profonds. Je sais que, dans ce cas, mes actions auront des conséquences immédiates sur la vie d’autres personnes. Aussi ces décisions doivent-elles être soigneusement pesées pour qu’elles puissent aboutir à des actions responsables. Toute personne responsable de la conduite et des décisions connaît des moments où elle sait comment décider et pourtant recule. Parce qu’elle manque de cran? Pas nécessairement. Dans de telles situations, le cran n’a rien à voir. Il est

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Repousser les frontières physiques et mentales de la performance demande aussi du courage.

«Le courage de rester fidèle à soi-même nous guide et nous aide à poursuivre notre propre chemin.» plus important de savoir et d’avoir l’expérience que, dans le quotidien d’une entreprise, il arrive parfois qu’il n’y ait plus d’autre alternative. Dans ce cas, il ne sert à rien de différer sa décision. Ressentez-vous souvent une pression de l’extérieur pour vous obliger à décider? Cette pression, tous les managers la ressentent. Ils doivent la supporter, car décision et conduite vont de pair. Le responsable apprend très vite qu’il y a des situations dans lesquelles ni les actionnaires, ni les parties prenantes ne lui permettent de se soustraire à une décision. Finalement, c’est aussi pour prendre des décisions, même si elles sont impopulaires, que les managers sont payés. Dans chaque branche, il y a des qualités qui sont nécessaires et d’autres, souhaitables. S’agissant du courage, est-il nécessaire, souhaitable ou superflu dans la banque? Dans notre secteur, nous devons prévoir, prendre des dispositions et agir de manière responsable. Le courage est parfois nécessaire, mais il est d’un autre genre que celui dont nous avons parlé jusqu’à présent. Par exemple, si nous songeons aux placements, nous 8

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pourrions dire qu’il serait courageux de tout miser sur une seule carte en prenant tous les risques. Ce serait pure témérité et ce n’est pas pour cela que le banquier est payé. Notre courage réside dans notre capacité à anticiper, à analyser en profondeur et à en déduire des mesures sensées et pertinentes qui seront ensuite mises en œuvre de façon cohérente. Intégrité et sens des responsabilités font également partie intégrante du courage et c’est d’ailleurs ce qu’à bon droit les clients exigent. Voyez-vous actuellement dans le secteur bancaire des approches permettant de prévenir des développements erronés et d’ouvrir de nouvelles voies? Je pense qu’aujourd’hui il faut avoir le courage de continuer à défendre la place financière suisse et d’insister sur le fait que la Suisse reste un endroit prééminent pour exercer une gestion de fortune professionnelle et internationale. Nous ne devons pas nous laisser acculer dans une impasse et ne pas hésiter à passer à l’offensive quand nous sommes confrontés à des reproches injustifiés. En se focalisant sur certaines problématiques, l’opinion publique occulte le fait qu’il existe des tâches dans lesquelles les banques suisses font preuve d’excellence.

Que représente le secteur bancaire suisse de nos jours? Compétence, performance, service, fiabilité, tels sont les points forts du «Swiss banking». Il s’agit d’une prestation hors du commun, si l’on veut bien ôter ses lunettes idéologiques. Il n’y a aucune raison pour que les banques suisses soient clouées au pilori. Les services que nous fournissons en tant qu’asset managers et gérants de fortune sont à la pointe et n’ont pas à rougir de la comparaison avec leurs concurrents européens, américains ou asiatiques. Les banques suisses doivent-elles se réinventer? Non, nous devons revenir aux éléments que nous avons toujours très bien maîtrisés, à savoir un conseil global capable de protéger et d’accroître le patrimoine de génération en génération. A cet égard, nos compétences prennent toute leur importance pour gérer activement ce patrimoine et mettre en œuvre des solutions de placement sur mesure. Par dessus tout, les clients attendent de la sécurité juridique et de la fiabilité. Une banalité? Certainement pas. Surtout quand on voit l’appétit insatiable du fisc dans de nombreux pays et qu’il reste des régions en nombre où la propriété n’a


que peu de valeur, voire est constamment menacée par des conflits armés. Dans un autre registre, on apprend du côté des banques que les clients et investisseurs, rechignant à investir, disposent actuellement d’importantes liquidités. Sont-ils frileux? La majorité des investisseurs pense à tort que les catégories de placement sont aussi risquées les unes que les autres. Leur attitude repose sur les prémisses suivantes: les liquidités sont sûres, les obligations sont relativement sûres, les actions, peu sûres. Cette perception se fonde certes sur des expériences, mais qui ont été faites au cours des 20 dernières années. Or, il y a très peu de chances que cette appréciation reste valide à l’avenir. Pourquoi? Parce que la typologie des risques s’est profondément modifiée. En dernière analyse, le risque mesure toujours la propension d’un individu à supporter certaines fluctuations de la valeur. Aucun investisseur ne peut faire l’impasse sur la détermination du risque qu’il est prêt à assumer. Peut-être que nous autres banquiers avons ça et là noyé nos clients sous un flot de notions techniques, parfois difficilement compréhensibles, en ne

parlant plus que de volatilités, de budgets de risque, de «maximum drawdowns» ou de «lower partial moments 1–3». On s’est alors rendu compte qu’il fallait revenir à plus de simplicité et retraduire le tout en termes faciles à appréhender. On a par exemple dit au client: «Vous êtes un investisseur prudent, alors, nous vous recommandons 20% de liquidités, 20% d’obligations et 20% d’actions blue chip.» Nombre de clients et de banques ont ainsi été piégés par de tels schémas. Comment en sortir? Nous sommes bloqués dans un environnement de taux obstinément bas, que les Anglo-Saxons qualifient à juste titre de «financial repression». Les Etats occidentaux maintiendront cette politique aussi longtemps que possible. Il faut reconnaître qu’ils n’ont malheureusement pas de meilleure solution, car il semble que ce soit le chemin le moins périlleux pour sortir d’une crise de la dette. Pour les investisseurs, la situation peut cependant devenir inconfortable. En effet, les principes qui ont prévalu ces 20 dernières années sont devenus tout à coup obsolètes. Croire, dans un tel contexte, qu’investir dans des placements nominaux, autrement dit des obligations, offre une sécurité, vit dangereusement. Sauter l’obstacle des anciennes certitudes

demande du courage de la part des investisseurs privés, des banques et même des autorités réglementaires. Dans cet environnement, Vontobel emprunte-t-il des voies différentes de celles des autres banques? C’est ce que nous essayons de faire. Mais nous aussi subissons les aléas de la situation et découvrons combien il est difficile d’aller à contre-courant des mécanismes et convictions habituels du marché. Je suis persuadé que ce marché atypique demeurera une préoccupation majeure dans les mois à venir et qu’il recèle de nombreux défis tant pour les clients et pour nous-mêmes. Pour les relever, nous tous aurons besoin de courage et d’agilité mentale. Nous avons parlé de quelques formes de courage. Y en a-t-il une qui vous tient à cœur? Certainement. Il s’agit du courage de rester fidèle à soi-même et de ne pas tourner comme une girouette au gré des vents. Vontobel peut se permettre cette indépendance parce qu’avec les familles Vontobel, nous avons un actionnaire majoritaire solide. Ce courage nous guide et nous aide à poursuivre notre propre chemin, avec optimisme, pragmatisme et sans avoir peur de l’avenir. <

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Š Serge Hoeltschi, 13photo

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Heidi Tagliavini a occupé les fonctions d’ambassadrice de Suisse et d’envoyée spéciale de l’Onu et elle a acquis une riche expérience diplomatique dans de nombreux mandats bilatéraux et multilatéraux en Suisse et à l’étranger, principalement dans les pays de l’ex-Union soviétique. Depuis 1995, elle a assumé de hautes responsabilités au sein de l’Onu et de l’OSCE dans le cadre d’opérations de maintien de la paix dans des régions en conflit au nord et au sud du Caucase. Sur mandat du Conseil de l’Union européenne, elle a élaboré, après la guerre d’août 2008 en Géorgie, un rapport d’investigation visant à en clarifier les circonstances ainsi que les tenants et les aboutissants de ce conflit. Sur mandat de l’OSCE/BIDDH, elle a dirigé différentes missions d’observation des élections en Ukraine, en Russie et en Arménie. En 2010, les Universités de Bâle et de Berne lui ont décerné le titre de Dr honoris causa. Elle a également reçu en 2013 le Prix des droits de l’homme de la Société Internationale des Droits de l’Homme (Suisse) et le grand insigne du Mérite en or de la République autrichienne. Heidi Tagliavini est membre du Comité International de la Croix Rouge.

Le courage dans la diplomatie de crise. Dr h.c. mult. Heidi Tagliavini Comment auriez-vous réagi si, à la fin d’une journée de travail ordinaire, l’on vous avait dit: «On t’attend demain avec cinq autres diplomates – tu seras membre d’une mission de paix – au Siège principal de l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) à Vienne et après-demain vous vous envolez pour Moscou où vous recevrez de plus amples informations; et de là vous allez directement dans la zone de conflit au Caucase…» La guerre faisait rage en Tchétchénie. La ligne de front se situait juste au sud de Grozny, la capitale de la petite république. J’ai accepté. Etait-ce du courage? Etait-ce de la présomption, de la témérité, voire de l’inconscience? Peut-être un peu de tout cela, car la guerre c’est la guerre. L’on avait demandé à plus d’une douzaine de Suisses (tous des hommes), mais personne n’était disposé à participer à cette mission. Pour moi, qui étais depuis 13 ans dans le service diplomatique suisse, ce qui primait, c’était de faire quelque chose d’utile dans un environnement qui m’était familier du point de vue de la langue, de la culture et de l’histoire. Et qu’est-ce qui pouvait être plus utile à mes yeux, que de faire de la médiation dans une guerre, d’apporter un soutien aux victimes d’un conflit, d’être à leur côté? Mais, à l’époque, je ne savais pas encore ce que cela veut dire la guerre. Etre courageux, qu’est-ce que cela signifie? Je n’ai pas l’intention de vous donner une définition de fond du courage. Pour moi, le courage est une chose très personnelle, une attitude. Pour savoir ce que signifie le courage, il faut tout d’abord avoir fait une première fois l’expérience dans sa vie de ce que sont le «bien» et le «mal», de ce qui est «juste» et «faux» au contact avec les gens. L’on a besoin d’avoir un système de valeurs auxquelles on adhère et pour lesquelles on s’engage concrètement. Pour moi, le courage

c’est assumer une responsabilité tout en étant conscient des éventuelles conséquences négatives. Le courage, c’est aussi de faire ce qui nous paraît juste à un moment donné nonobstant tous les inconvénients personnels. Mais le courage dans une guerre me semble être encore une fois autre chose; il comporte toujours une part existentielle. Nous avons donc atterri en avril 1995, avec un hélicoptère militaire, dans un aéroport en ruines. Nos bagages, environ 600 kg, contenaient des lits de camp et des sacs de couchage, deux ordinateurs, un petit générateur, des équipements techniques ainsi qu’une sorte de nourriture pour astronautes (en cas d’urgence), et bien sûr, de l’eau. Dans mes bagages, il y avait aussi une lourde veste pare-balles ainsi qu’un casque. On nous a conduits à une maison privée située au centre de la ville bombardée, quasiment vidée de ses habitants. Un bâtiment sans fenêtres, sans portes, mais tout de même avec un toit, sans tables et ni chaises, sans meubles, sans eau, sans électricité, sans gaz. Sans allumettes et sans lampes de poche – enfouies quelque part au fond de nos bagages. Donc dès le premier soir, nous étions plongés en pleine guerre dans l’obscurité, illuminée seulement de temps à autre par des feux d’artillerie à balles traçantes. Nos tâches, au cours de cette mission OSCE, consistaient à promouvoir une solution pacifique, à contribuer à la restauration d’un Etat de droit, à apporter un soutien à la distribution de l’aide humanitaire, à travailler au retour des personnes déplacées ainsi qu’à observer la situation des droits de l’homme. Très vite, j’ai subi la première épreuve: lorsque, dès la première semaine, mes cinq collègues se sont rendus dans un village éloigné. Ils n’ont pas réussi à revenir avant la tombée de la nuit et étaient donc absents, sans avoir pu m’en informer (les téléphones portables n’existaient pas encore). Ainsi, je me suis retrouvée seule dans notre maison sans fenêtres et sans portes, entourée d’un feu d’artillerie ininterrompu au-dessus

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«Que ce soit en temps de guerre ou de paix, les valeurs fondamentales et la façon dont on les défend importent.»

«Le village de Serzhen-Jurt. Lorsque notre délégation s’y rendit au printemps 1995, toutes les maisons avaient été amorcées et incendiées une à une. En septembre, lorsque nous y repassâmes, des seaux de pommes étaient en vente devant presque chaque porte, la seule richesse à avoir grandi et muri malgré la guerre et la destruction.» Tirées du livre «Zeichen der Zerstörung» (Signes de destruction), photo: Heidi Tagliavini

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de la ville et au milieu des escarmouches tout autour de la maison. Ça n’a certainement pas été le moment le plus glorieux de ma vie. Et je ne me sentais pas très courageuse. Mais pour moi, c’était parfaitement clair, je n’allais pas renoncer. Dans un tel contexte, il faut toujours du courage. Les missions de paix vous posent toujours des défis surprenants et exigent des actes de courage inattendus. Dans nos nombreuses interventions, il n’était pas toujours possible d’évaluer les risques; comme par exemple lorsque en route, nous nous sommes retrouvés en plein milieu d’un village mis à feu dans un acte de représailles, et que nous ne savions plus comment nous en sortir. C’était aussi risqué, lorsque nous nous

rendions derrière la ligne de front en tant qu’escorte OSCE des partenaires tchétchènes aux négociations; car, en fait, les soldats avaient ordre de tirer au moindre doute. De même, les feux d’artillerie, parfois très proches, qui se déclenchaient quotidiennement dès la tombée de la nuit, nous rappelaient toujours où nous nous trouvions et à quel point la situation était précaire. Le courage, nécessaire pour continuer en dépit de tout, ne vient pas tout seul; il faut constamment le rassembler à nouveau. Le courage n’est pas inné. Avec le temps on devient fragile, même si, au milieu des destructions, une routine peut s’installer: j’étais toujours étonnée p.ex. à quel point les jeunes femmes tchétchènes malgré les atrocités et la frayeur, malgré les décombres et les ruines qui nous entouraient, s’habillaient du mieux qu’elles pouvaient, se maquillaient et faisaient attention à leur apparence. Le courage demande beaucoup de sérénité Par la suite, j’ai toujours eu besoin de courage dans mes négotiations lors de divers conflits. Dans les missions de paix, il s’agit toujours de faire en sorte, avec diplomatie et doigté, que la vérité émerge, sans pour autant mettre en danger le succès de la mission. Mais comment faire comprendre à des hommes politiques de haut rang, qui ne tolèrent d’habitude aucune objection, que l’on sait très bien qu’ils ne disent pas la vérité? D’autant plus que dans un conflit l’on ne peut faire ce travail de négociateur sans leur assentiment. Il faut du courage pour contredire. Il faut aussi une habileté diplomatique pour agir sans qu’on vous montre immédiatement la porte. Avec le temps, on se forge une technique pour s’en sortir au mieux dans des situations de ce genre. «Vous ai-je bien compris, Monsieur le Président? Vous êtes certain que c’est l’autre partie qui porte la responsabilité?» L’on avale mieux ça que «Vous mentez!». En diplomatie, il s’agit toujours de ne pas perdre la face. Dans les conflits où l’on a à faire aussi bien aux coupables qu’aux victimes, il faut faire très attention à cela. C’est un acte d’équilibrisme entre le courage de ne pas laisser une situation s’enliser et une habileté verbale accompagnée de la mimique appropriée (neutre et sans émotion si possible), d’un langage (poli) et d’une attitude (calme) permettant de faire comprendre à son interlocuteur qu’on ne partage pas entièrement son avis. Souvent les parties au conflit considèrent que le médiateur est un peu naïf. Il ne faut alors surtout pas perdre son sang froid, mais il convient néanmoins leur faire comprendre que cela vaut mieux pour elles que nous, les médiateurs internationaux, fassions en sorte qu’elles ne soient pas abandonnées à elles-mêmes dans leur conflit apparemment sans solution, et par conséquent que les victimes restent à la merci de l’arbitraire.

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«Seule fenêtre d'un long bâtiment de plusieurs étages à ne pas être entièrement détruite. Avec ses arrondis et ses couleurs douces, elle réveilla les souvenirs d’un autre monde empreint de formes et de couleurs multiples, celui de l’Art nouveau.» Tirées du livre «Zeichen der Zerstörung» (Signes de destruction), photo: Heidi Tagliavini

Expériences et destins Revenons à la Tchétchénie. Que le courage dans des situations de guerre ait parfois des conséquences tragiques pour un individu, c’est ce que montre l’exemple du général russe Romanov. Il avait été détaché à Grozny par le commandement général russe pour faire appliquer l’accord de cessez-le-feu que nous avions péniblement obtenu et signé en été 1995. Concrètement, cela signifiait qu’il fallait en expliquer le contenu conjointement avec le colonel tchétchène Maskhadov, à la population locale, c’est-à-dire que dès maintenant, les combats et tirs devaient cesser et que les armes allaient être collectées. Il fallait également inciter la population au calme et à la retenue, ce qui a réussi pendant quelques semaines; il n’y avait plus de tirs la nuit: quel soulagement! Nous, les membres de la mission OSCE, accompagnions les deux militaires de haut rang dans leur tournée à travers la république tchétchène, comme observateurs internationaux et en qualité de soutien à l’accord. Avant l’un de ces vols en hélicoptère, le général nous a mis en garde contre des tireurs embusqués et nous a laissés libres de l’accompagner ou non. Nous avons tous décidé de faire ce vol vraiment inquiétant, à environ 50 m au-dessus du sol, les portes ouvertes, sur le pas desquelles étaient postés des soldats avec leur kalachnikov scrutant le terrain pour voir s’ils y voyaient d’éventuels tireurs embusqués à éliminer. Quant à savoir si cela nous aurait sauvé d’une chute en cas d’attaque, la question reste sans réponse. Etait-ce du courage? De la témérité? Aujourd’hui, je n’en suis plus si sûre, surtout en sachant ce qui est arrivé peu après au général Romanov qui pourtant bénéficiait de la confiance de tous. Lui, à qui les journalistes avaient une fois demandé dans un entretien comment il se protégeait contre les embuscades ou autres risques, puisqu’il était particulièrement exposé en tant que général russe, avait répondu qu’il considérait que 14

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c’était une illusion que de vouloir se protéger vraiment; et il a déclaré qu’il avait dans la poche de son pantalon une grenade à main en cas d’urgence, mais même dans un moment critique, les meilleurs dispositifs de sécurité ne seraient pas à même de le protéger. Peu de temps après sur l’un de ses chars d’assaut, au centre de Grozny, il a été victime d’une attaque brutale: depuis lors, cela fait 18 ans, il est dans le coma! Cet attentat a aussi marqué la fin de l’accord de cessez-le-feu. La guerre a repris de plus belle et la peur, qu’il fallait constamment surmonter, s’est réinstallée; elle m’a marquée durablement jusqu’à présent. Faire preuve de courage peut être une expérience positive et source de force. J’en ai souvent fait l’expérience. Et pourtant le courage du général Romanov n’a pas été récompensé. Sous nos latitudes, l’on considère que c’est courageux de se rendre en mission dans des zones de guerre. On me


«Faire preuve de courage peut être une expérience positive et source de force.» demande souvent pourquoi je troque la Suisse et sa sécurité contre une zone en conflit. Comparées à ce que vit la population civile, nos interventions se déroulent avec des risques calculés. Elles sont limitées dans le temps, nous travaillons avec des dispositifs de protection diminuant ces risques et nous ne sommes généralement pas des cibles directes. Il en va autrement pour la population vivant dans une zone de conflit qui est habituellement exposée sans protection à l’arbitraire et à toutes sortes d’atrocités. Ce n’est qu’une fois sur place que j’ai pu constater ce qu’est le courage véritable.

L’intervention de Ramsan pour l’école demandait un courage véritable. Il émanait de sa conviction qu’il fallait donner aux jeunes un avenir et des perspectives. Il était prêt à supporter des humiliations et des difficultés, même à risquer sa propre vie. Son journal intime que nous avons publié en 2000 dans un ouvrage collectif a ému beaucoup de gens à l’époque, y compris une ministre européenne des affaires étrangères; cela lui a rapporté non seulement une reconnaissance internationale, mais aussi une bonne somme d’argent pour pouvoir rénover son école.

Du cran ainsi que du courage civique, voilà ce dont a fait preuve Ramsan, p.ex.; directeur d’école qui, après un hiver de guerre et une évacuation, est retourné à Grozny, pour rouvrir son école, ou du moins ce qu’il en restait, pour recommencer à enseigner. Ce qu’il a trouvé, c’était un bâtiment partiellement détruit par un tir de mortier, les deuxième et troisième étages s’étaient effondrés, toutes les vitres étaient brisées et les portes arrachées par le souffle des explosions.

Ce qui importe Lorsqu’après ces mois difficiles, au plus profond de l’hiver, j’ai quitté la Tchétchénie en passant par un aéroport de Moscou, un monsieur sur le vol s’est adressé à moi en me tendant un bouquet de fleurs: «Merci, Heidi, au nom du peuple tchétchène, je vous remercie de ce que vous avez fait pour nous! Vous étiez le visage humain de cette mission.» Cette rencontre émouvante, m’a rappelé une fois de plus: que ce sont les valeurs fondamentales qui importent et la façon dont on les défend, que ce soit en temps de guerre ou de paix. J’ai dû abandonner des gens avec leurs problèmes et je pouvais revenir à notre vie douillette et libre. Je me suis rendu compte quel privilège c’est de vivre en paix. J’ai aussi compris que le vrai courage, n’est pas franchement ce que l’on exige des diplomates internationaux; mais du courage, c’est ce dont doivent faire preuve les gens qui vivent au quotidien dans ces zones de conflits dans les conditions les plus injustes qui soient afin de préserver pour eux-mêmes et pour les autres un minimum d’humanité. <

Sans hésitation aucune, Ramsan s’est mis au travail avec les parents et les enfants, il a commencé à enseigner dès que les plus gros dommages avaient été réparés. D’abord il comptait 120 élèves, puis 147, ensuite 475. Tous les parents, tous les enfants voulaient revenir à la normalité et à un rythme scolaire plus ou moins régulier. Jusqu’au jour où un matin, Ramsan voit arriver des véhicules blindés et des troupes à la recherche de résistants. C’est en vain, qu’il leur explique qu’il n’y en a pas. Sa description: «… derrière chaque clôture, il y avait des tireurs d’élites qui nous tenaient en joue. L’un d’eux visait les fenêtres (…). Je m’avance vers lui, me présente (comme directeur de l’école) et dis: «Je vous en prie, ne tirez pas sur les fenêtres, il y a des enfants et des instituteurs à l’intérieur, vous pourriez les effrayer.» La réponse: «Mais je ne tire pas.»

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Conflits, missions de paix et la Suisse. Faits et chiffres

Baromètre des conflits en 2012 Il y a eu en 2012, 396 conflits politiques évalués comme suit:

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crises très violentes

crises violentes

crises non violentes

396 conflits, 311 ont été intraétatiques et 82 interétatiques Sur

Répartition des conflits par région et degré de violence bas haut Europe 45 1 Afrique subsahar., Afrique 34 19 Amériques 22 4 Asie, Océanie 63 10 Proche-Orient, Maghreb 24 9

Source: Heidelberger Institut für Internationale Konfliktforschung

Opérations de maintien de la paix en 2012

Les dix pays les plus paisibles et les plus belliqueux au monde*

Source: SIPRI, Yearbook 2013

Source: The Economist, 2013 *Classement de 162 Etats à l’aide de 22 critères

233’642

personnes engagées dans les opérations multilatérales de maintien de la paix

paisible Islande 1. Danemark 2. Nouvelle-Zélande 3. Autriche 4. Suisse 5. Japon 6. Finlande 7. Canada 8. Suède 9. Belgique 10.

17

opérations de maintien de la paix en Afrique

15

opérations de maintien de la paix en Europe

16

Vontobel Portrait 2014

53

opérations de maintien de la paix en cours dans le monde

belliqueux

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10.

Afghanistan Somalie Syrie Irak Soudan Pakistan Congo-Kinshasa Russie Corée du Nord République centrafricaine


La Suisse dans le Monde – le Monde dans la Suisse Source: Département fédéral des affaires étrangères DFAE

⁄3

1

des diplomates suisses sont

des femmes. Le DFAE représente la Suisse

La Suisse est membre de plus de

100 pays.

100 organisations internationales.

dans

Il emploie

350 diplomates et

500 collaborateurs consulaires.

Depuis plus de

100 ans, la Suisse abrite

des organisations internationales.

1–2 visites d’Etat par 2014 – l’OSCE présidée par la Suisse Résolue à «construire une communauté de sécurité au service des individus», la Suisse souhaite apporter des contributions tangibles aux objectifs suivants:

an ont lieu en Suisse.

170 pays ont un ambassadeur accrédité auprès du Conseil fédéral.

Renforcer la capacité d’action de l’OSCE. Améliorer les conditions de vie des individus.

Avec

Promouvoir la sécurité et la stabilité.

25 organisations internationales,

la Suisse a conclu un accord de siège. 22 sont installées à Genève, deux à Berne et une à Bâle.

Source: Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe

Vontobel Portrait 2014

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Christophe Bernard est stratège en chef de Vontobel. En tant que Président du Comité d’investissement il est responsable de la stratégie d’investissement de la banque. Christophe Bernard bénéficie de plus de 20 ans d’expérience en matière d’investissements.

Tous les regards sont rivés sur la banque centrale américaine. Christophe Bernard Stratège en chef de Vontobel Six ans après le début de la crise financière, l’économie mondiale reste fragile et tributaire des apports de liquidités des banques centrales. La dette publique reste élevée – une situation rendue supportable uniquement grâce à des taux réels extrêmement bas, voire négatifs. En 2013, l’activité économique a fortement pâti des politiques budgétaires restrictives des Etats-Unis et de la zone euro. Toutefois, la bonne nouvelle est que les effets négatifs sur l’activité vont s’estomper en 2014 et au-delà. Une observation attentive des différentes régions économiques montre toutefois de grandes disparités. Aussi les investisseurs doivent-ils opérer de manière différenciée selon qu’ils investissent aux Etats-Unis, dans la zone euro, au Japon ou dans les pays émergents. Par ailleurs, il ressort de plus en plus clairement qu’en termes de politique budgétaire et monétaire des divergences apparaissent d’un pays à l’autre. L’Europe sans «masterplan»: l’Allemagne comme locomotive Commençons par la zone euro: sous l’égide de Mario Draghi, la Banque centrale européenne (BCE) a, jusqu’à présent, réussi à endiguer les risques systémiques, ceci grâce à un net recul des taux dans les pays dits périphériques. C’est 18

Vontobel Portrait 2014

l’une des conditions de base pour assurer une stabilisation de l’économie. En parallèle, l’origine de la crise de la zone euro, à savoir les déséquilibres marqués des balances des paiements des différents pays, a pu être traitée. Ces succès ont toutefois un prix: la hausse brutale du chômage dans la périphérie, c’est-à-dire dans le sud de l’Europe. En 2014, nous tablons sur une croissance économique de près de 1.2%, contre un recul de 0.4% en 2013, sachant que c’est de nouveau la dynamique économique allemande qui battra la cadence. Bien que les décideurs européens aient réussi à écarter les menaces qui planent immédiatement sur la monnaie unique, ils doivent encore mettre sur pied un «masterplan» pour relancer la croissance à long terme. Compte tenu d’une croissance du PIB de seulement 1% avec un taux d’inflation de moins de 1%, l’endettement public ou le chômage ne peut guère être réduit. Avec le temps, une telle constellation pourrait conduire à un mécontentement de la population – avec ses conséquences funestes pour les grands partis politiques et pour le projet européen, y compris pour l’euro. La Suisse reste la star Tandis que la zone euro a connu un ralentissement économique en 2013, la Suisse est parvenue à décliner une croissance de 1.9%. Pour 2014, nous attendons une croissance de 2.2%. Ces chiffres témoignent de la capacité concurrentielle et de la pertinence du modèle économique suisse.


«Etats-Unis, Canada et Mexique seront les moteurs de l’économie mondiale.» La croissance du Japon se poursuivra-t-elle? Sous la direction du premier ministre Shinzo Abe, le Japon essaye de briser le cycle de déflation dévastateur. Le changement de paradigme pour la politique monétaire de la Banque du Japon fut tout simplement inouï. Il a eu des conséquences immédiates et importantes pour le yen japonais (dévaluation) et pour les actions japonaises (hausse). L’économie a connu un rebond marqué et les bénéfices des entreprises ont été révisés fortement à la hausse. Les politiciens doivent désormais initier des réformes économiques pour soutenir la croissance à long terme et contrôler la dette publique. Il faudra toutefois patienter pour savoir si les changements seront suffisamment profonds. Ce projet est toutefois rendu plus difficile par une évolution démographique défavorable – la population japonaise vieillit rapidement. Par ailleurs, des groupes d’intérêt influents défendent le statu quo. Les pays émergents ont déçu Les pays émergents ont déçu la communauté des investisseurs en 2013, les perspectives de croissance ayant été fortement réduites au cours de l’année. Certains pays ont dû faire face à une baisse des prix des matières premières tandis que d’autres ont été confrontés à un resserrement des débouchés dans les pays industrialisés. La plupart ont été gagnés par la complaisance et n’ont pas assez entrepris pour attirer les capitaux étrangers. Les pays enregistrant une détérioration de leur balance des paiements comme l’Afrique du Sud, l’Inde, l’Indonésie, la Turquie ou le Brésil sont confrontés au dilemme suivant: s’ils dévaluent leur monnaie, l’inflation augmente; s’ils augmentent les taux pour stabiliser leur monnaie – comme l’a fait la Turquie – ils mettent en danger la croissance de leur économie. Toutefois, étant donné que les pays industrialisés renouent avec la croissance, les perspectives d’exportation de ces pays aux balances des paiements déficitaires se sont améliorées. Nous tablons par conséquent sur une stabilisation de la conjoncture. Sans compter que tous ces pays connaîtront dans les douze prochains mois des élections qui pourraient conduire à une amélioration de la politique monétaire et budgétaire. A ce stade, tout cela reste bien entendu aléatoire. Plan de réforme ambitieux pour la Chine La Chine, l’usine des pays occidentaux, est un cas à part. Après une hausse spectaculaire des investissements et une croissance soutenue par la dette depuis 2009, le pays souhaite désormais opter pour un modèle plus équilibré et se soumettre davantage aux forces du marché. Des mesures globales dans des domaines aussi variés que les retraites et la propriété des

terres, la libéralisation des taux et des monnaies, la lutte contre la corruption et la promotion de l’Etat de droit doivent stimuler le potentiel de croissance et le rendre durable. Comme toujours, le point critique est l’application des mesures alors que l’influence de puissants groupes d’intérêt ne doit pas être négligée. Politique hasardeuse des Etats-Unis sans conséquence Aux Etats-Unis, malgré le combat de coqs sans merci entre démocrates et républicains au sujet du budget et de la limite maximale d’endettement, nous estimons que l’économie américaine connaîtra une reprise et enregistrera une croissance de 2.9% en 2014 (2013: 1.8%). Le besoin de rattrapage en matière de logements et d’automobile devrait continuer de soutenir la croissance, d’autant plus que les entreprises devraient enfin consentir à augmenter leurs dépenses d’investissement, fournissant un support précieux pour l’emploi et la croissance. Par ailleurs, le boom du pétrole et du gaz de schiste ainsi que de l’extraction off-shore dans le Golfe du Mexique contribueront non seulement à la croissance mais amélioreront grandement la capacité concurrentielle de l’économie américaine grâce à une réduction des prix de l’énergie. Selon nous, les Etats-Unis ainsi que le Canada et le Mexique devraient, ces prochaines années, endosser le rôle de locomotive pour l’économie mondiale. Les actions devraient poursuivre leur hausse Les marchés actions se sont très bien comportés en 2013 alors que l’essentiel des gains s’explique par un renchérissement des multiples de capitalisation, c’est-à-dire par une hausse du cours des actions et non pas par une augmentation des bénéfices. La politique de taux zéro et les injections de liquidités («quantitative easing») des banques centrales qui exercent une pression à la baisse sur la courbe des taux, ne laissent guère d’autres choix aux investisseurs friands de rendement que d’augmenter les risques. Un tel contexte favorise des valorisations élevées, voire des bulles d’investissement. Nous restons confiants quant à une nouvelle progression des marchés actions en 2014 mais sommes toutefois conscients que les valorisations, d’un point de vue absolu, ne sont plus attractives. Toutefois, tant qu’il n’y aura pas de véritable alternative aux actions, cela ne devrait pas poser de problème. Une réduction des achats des obligations de la part de la banque centrale américaine, et, finalement, une augmentation des taux aux Etats-Unis, devraient constituer un test significatif pour le mouvement de hausse qui a débuté en mars 2009. < Prévisions basées sur les informations disponibles en février 2014.

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Prof. Hans-Werner Bierhoff est professeur à l’Université de la Ruhr à Bochum (Allemagne) où il dirige la Faculté de psychologie sociale. Ses centres d’intérêt comprennent le comportement prosocial, les relations étroites ainsi que l’équité et la justice. Ses nombreuses publications comportent des ouvrages de référence et des publications spécialisées portant notamment sur le courage civil, le narcissisme, le stress ou la solidarité à l’ère de la mondialisation.

Le courage est contagieux. Interview du Prof. Hans-Werner Bierhoff Multiple est le courage. Au quotidien, chacun le perçoit différemment: s’il se dérobe à certains, d’autres n’ont aucune peine à avoir du courage. Pourquoi en est-il ainsi? D’ailleurs, qu’est-ce que le courage? Le professeur Hans-Werner Bierhoff enseigne la psychologie sociale à l’Université de la Ruhr à Bochum. Depuis de nombreuses années, sa recherche portant sur le courage lui a permis d’accumuler un vaste savoir sur les facettes théoriques et pratiques de ce phénomène. Professeur Bierhoff, qu’est-ce que le courage? Le courage est une vertu humaine qui se présente sous trois aspects, physique, moral et psychologique. Les philosophes grecs déjà, Socrate, Platon et Aristote, l’avaient abondamment traité. Le courage moral signifie s’en tenir à la vérité et avoir ses propres convictions. Le courage physique s’exprime par la bravoure, comme celle affichée par les pompiers luttant contre un incendie. Un autre aspect, qui trouve son origine dans le domaine de la psychothérapie, s’attache au courage psychologique, qui décrit la capacité à surmonter sa peur grâce à sa détermination et à sa persévérance malgré des circonstances adverses. 20

Vontobel Portrait 2014

Le courage se manifeste-t-il surtout face au danger et à la peur? Pas uniquement. Le courage peut aussi se manifester dans n’importe quelle situation au quotidien. Le chef de département doit-il suivre l’avis de la majorité ou donner la préférence à son évaluation personnelle? La maîtresse doit-elle vouloir le bien de ses écoliers ou suivre aveuglément les directives? Outre le courage moral, le courage psychologique peut être requis quand la santé est en jeu ou qu’il faut accepter d’endurer un stress pour atteindre un objectif ambitieux. En surmontant sa phobie des serpents pour en saisir un, le patient aussi fait preuve de courage. Le courage moral tend-il souvent à adopter un comportement qualifié d’héroïque ou d’exceptionnel? Le courage peut certainement déclencher des actes que la société considère comme héroïques et sortant de l’ordinaire. L’histoire nous en fournit de multiples exemples. Pensons au Mahatma Gandhi et à Nelson Mandela qui ont imposé leurs convictions démocratiques malgré de grandes résistances du public. Au temps du national-socialisme en Allemagne, nombre de héros silencieux ont fait preuve d’un courage moral impressionnant. De manière plus générale, celui-ci se manifeste également dans le courage civil qui s’oppose à la violence et à l’injustice. Dans ce sens, le

courage moral n’est pas une exception mais s’affirme en tout temps quelles que soient les circonstances. Où et comment le courage psychologique entre-t-il en jeu? Le courage psychologique peut être activé pour maîtriser des faiblesses profondément enfouies que d’autres ne perçoivent généralement pas. Par exemple, le passager qui prend l’avion malgré sa peur de voler. Ou l’orateur qui, en dépit de son trac, fait un discours devant un large public. Par contre, celui qui ne parvient pas à rassembler son courage se retire dans sa coquille, souffrant de son impuissance. En revanche, celui qui se montre courageux peut relever les défis par ses propres moyens et se voit récompensé par le sentiment d’avoir accompli un exploit. Le courage psychologique intervient également lorsqu’il s’agit de viser une excellente performance ou de s’attaquer à une invention importante. Le courage semble être de nature individuelle, est-il transmissible? L’acte courageux qui consiste à sortir autrui d’une situation d’urgence ou en atténuer les effets crée un sentiment d’élévation morale. C’est notamment le cas quand une personne faisant preuve de courage civil donne l’exemple à d’autres, qui s’en inspirent en devenant courageux à leur tour.


Š Thomas Schweigert, 13photo

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© Ullstein

Les modèles exercent en effet une grande influence sur les observateurs qui sont alors enclins à les imiter. Autrement dit, il suffit que quelqu’un montre l’exemple pour que le courage se répande parmi les personnes présentes.

propre identité et à la connaissance de soi qui lui est liée. Ce mécanisme peut être illustré par l’identité morale. Celleci prend d’autant plus d’importance que les principes moraux sont au centre de la connaissance de soi.

En se montrant courageux, l’individu n’agit-il pas dans son propre intérêt? Oui, bien sûr. Faire preuve de courage est une sorte d’accomplissement, car nous nous sentons bien quand nous avons fait ce qui est juste. Or, ce sentiment surgit quand nous avons surmonté nos peurs et nos réticences. Vivre une élévation morale est possible lorsque nous, ou d’autres, nous engageons courageusement en conformité avec des critères moraux. De tels actes, dont on entend parler, sur lesquels on lit ou que l’on observe en étant présent peuvent remplir la fonction de modèle moral. Parce que ces actes suscitent de l’admiration et font chaud au cœur, car ils nous confortent dans la notion que l’être humain est bon. Savoir que d’autres sont courageux aide les observateurs à respecter même les besoins d’autrui. De manière générale, on voit donc que le courage est contagieux. Des décisions audacieuses seront d’autant plus une source d’inspiration pour autrui qu’elles s’attacheront à la question de sa

Faut-il alors comprendre que chacun peut devenir courageux? En principe oui. Mais il y a fréquemment un fossé entre les bonnes intentions et la dérobade passive, surtout quand il s’agit de passer à l’acte. Ainsi, il y a ceux qui, affrontant la violence quotidienne dans leur environnement social, souhaitent s’y opposer pour finalement repousser leur intervention. Nombre d’inventeurs manifestent au fil du temps l’intention de créer leur propre entreprise, mais rares sont ceux qui la mettent en œuvre. Une planification insuffisante ou une volonté faible bloque très souvent les meilleures intentions.

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D’où proviennent ces velléités? Ce blocage peut, par exemple, survenir quand celui qui veut agir avec courage est le seul de son entourage qui l’observe. Cette réticence sociale entrave le courage, contrairement à l’attitude qui préconise que chacun devrait pouvoir agir conformément à ses

idées. Qui souhaite en effet être écartelé sa vie durant entre ce qu’il pense et ce qu’il fait. Cet écart est irritant, car il donne au sujet le sentiment de ne pas pouvoir agir en étant lui-même, authentique. Car, au fond, son action est en permanence guidée par des tiers. Pour se libérer de ce rôle qui consiste à toujours réagir aux exigences de la situation sans pouvoir réaliser ses propres idées, il faut avoir le courage de faire ce que l’on estime juste. Est-il difficile de surmonter ces blocages et ces entraves? En psychologie sociale, il existe la notion de motivation «Fais-le» qui répond à cette difficulté. Il s’agit en quelque sorte de se donner à soi-même l’instruction d’agir comme on le souhaiterait et surtout si l’on considère que c’est juste. Nombreux sont ceux qui ne parviennent que tardivement, voire jamais, à se réaliser dans la vie en adoptant une attitude positive. Pourtant, cette motivation conduit au sentiment d’exister pleinement. Certes, il n’est pas toujours possible d’atteindre cet idéal qui consiste à mettre constamment ses actes en accord avec ses pensées. En effet, il peut être plus intelligent sur le plan tactique de le mettre en sourdine dans certaines situations quand les


Doués d’un courage peu commun, le Mahatma Gandhi (1869–1948) et Nelson Mandela (1918–2013) ont provoqué de profonds changements, devenant un exemple pour le monde entier.

© Reuters

«Le courage implique d’agir de manière réfléchie.» obstacles sont trop hauts pour être franchis. Mais ce que l’on peut au moins atteindre, c’est d’agir de plus en plus fréquemment de manière à satisfaire ses propres aspirations et valeurs. Peut-on dire que le courage s’apprend? Le sentiment d’être compétent et la détermination de celui qui est plein d’assurance jouent un rôle important dans les trois variantes du courage, physique, moral et psychologique. Avec de l’entraînement, le taux de réussite de l’action courageuse augmente. Par des exercices répétés, dont le degré de difficulté augmente progressivement, on apprend à maîtriser des situations difficiles. Quel est le déclencheur d’un acte de courage? Les gens courageux ne réagissent pas toujours avec détermination devant chaque menace ou défi imaginable, mais surtout quand ils se trouvent dans des situations qui leur donnent le sentiment d’être fortement sollicités. C’est ainsi qu’un sauveteur fera preuve de courage lors d’une catastrophe naturelle. Ou qu’un autre, particulièrement sensible au sort des personnes handicapées, s’opposera à toutes formes de discrimination. Ou encore, qu’une personne adore réaliser

d’excellentes performances dans des situations compliquées, car elle a suffisamment confiance en elle-même pour croire à ses capacités et à son succès. Sur le plan neurologique, le cerveau est-il stimulé ou modifié par le courage? Cette question ne peut faire l’objet que d’une réponse indirecte, car les liens ne sont pas encore clairement établis. Les connaissances acquises sur des phénomènes connexes, comme l’esprit d’aventure ou l’optimisme mettent en évidence le rôle des neurotransmetteurs. On pense que la modification de l’activité dopaminergène du cerveau est liée à un comportement courageux. On soupçonne que d’autres processus neurologiques sont à l’œuvre, aussi en fonction du courage physique, moral ou psychologique. Nous le savons, le courage a aussi ses excès. Le courage en soi ne tient pas compte des risques. Cependant, s’il n’existe pas de guide sur la façon d’agir en la matière, il est tout de même possible de formuler quelques principes. D’une part, on peut se demander s’il vaut la peine d’être courageux, par rapport aux valeurs de la société ou à ses

propres valeurs. D’autre part, il est intéressant de réfléchir à la manière de mettre en œuvre son courage, que ce soit dans des situations relevant de la sphère privée ou publique, sans se mettre en danger, sans commettre des erreurs ou subir des revers qui pourraient être évités. On aboutit ainsi à une notion de courage calculé susceptible de guider raisonnablement notre action. Déconseillez-vous la témérité, autrement dit le courage aveugle? La témérité, c’est-à-dire une action dépourvue de réflexion et de prudence, est toujours le produit d’une réaction impulsive, généralement plutôt contreproductive. Alors que le courage implique d’agir de manière réfléchie, autrement dit de peser les risques. Il s’agit de trouver, parmi toutes les solutions qui se présentent, celle qui présente le moins de danger tout en étant efficace pour exécuter la décision. <

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Georg Schubiger dirige Private Banking depuis 2012 et est membre de la Direction du Groupe Vontobel. Auparavant, il a assumé pendant dix ans des fonctions dirigeantes auprès de la Danske Bank à Copenhague et du Groupe Sampo à Helsinki. Il a étudié la finance et la comptabilité à l’Université de St-Gall où il a obtenu une licence en économie, et un master en sciences politiques au Collège d’Europe à Bruges.

Investir demande du courage. Georg Schubiger Responsable Private Banking De nos jours, investir demande plus de courage que jamais. La dynamique grandissante des marchés financiers a rendu la création de fortune privée plus compliquée et la prise de décision plus risquée que dans le passé. Telle est la leçon à tirer des difficultés causées par la récente crise. Le surendettement de nombreux Etats a, par exemple, transformé des emprunts considérés comme sûrs en papiers à risque. Les taux d’intérêt bas ont de surcroît affaibli les stratégies de placement conservatrices, voire entraîné des effets contraires à leur objectif. Investisseurs confrontés à des défis entièrement nouveaux D’une ampleur inouïe, la mondialisation des marchés ne cesse de créer de nouvelles interdépendances, de sorte que la complexité et la dépendance des économies entre elles ont fortement augmenté. Cette interconnexion internationale croissante conduit en outre à un flux toujours plus dense d’informations. Parallèlement, les nouvelles technologies numériques accélèrent de manière exponentielle non seulement l’échange d’information mais encore les possibilités et la vitesse des transactions. Dès lors, les acteurs du marché se trouvent devant la tâche toujours plus ardue de traiter rapidement la masse des informations qui leur parviennent et de les interpréter correctement. En bref, il s’agit à la fois de conserver une vue d’ensemble et de rester concentré. Il convient également de citer l’influence plus importante que jamais que la politique et les banques centrales exercent sur les marchés des principales régions économiques. Ce qui rend la situation encore plus difficile, d’autant plus que nombre des mesures et annonces rendent les marchés très 24

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volatils, déstabilisant l’investisseur. Il s’ensuit que, depuis quelques années, diversifier un portefeuille de manière satisfaisante est tout sauf facile. Car les marchés mondiaux sont maintenant tellement interconnectés que jamais la corrélation entre les différentes classes d’actifs n’a été aussi forte. L’analyse individuelle du risque est primordiale Sur cette toile de fond, celui qui veut protéger ou augmenter son patrimoine ne saurait échapper à ces changements, qu’il soit un investisseur privé ou institutionnel. Car le développement que nous avons esquissé offre des chances mais recèle aussi des risques considérables. Ceux-ci exigent une analyse encore plus pointue des objectifs individuels, de la capacité et de la propension à prendre des risques ainsi que des décisions courageuses. Raison pour laquelle nous affirmons qu’investir demande du courage.


Pour bien des personnes, le courage a trait aux émotions et aux sentiments. Pour tirer un parallèle avec les décisions en matière de placement et d’investissement, ces deux aspects du courage se traduisent par la capacité et la propension à prendre des risques. Ces deux paramètres sont absolument déterminants. Or, il est possible de définir objectivement la capacité de prise de risque d’un portefeuille. Sur ce point, un investisseur est courageux quand il la connaît et l’exploite pleinement. Car alors, sa propension à prendre des risques correspond à sa capacité réelle. Par contre, celui qui excéderait nettement cette dernière s’avérerait bien téméraire. L’expérience montre en effet que l’investisseur peut nettement mieux réaliser ses objectifs à long terme quand sa capacité et sa propension à prendre des risques se recouvrent parfaitement. Tout dépend du partenaire Dès lors, il importe à cet investisseur d’avoir à ses côtés un partenaire prévoyant et pleinement responsable qui le conseille et l’accompagne dans ce processus. Car le but est de protéger et d’augmenter sa fortune. Fortune qui s’est constituée grâce aux efforts d’une vie pendant une ou plusieurs générations. Il est par conséquent d’autant plus important que le client réfléchisse à bien choisir le bon partenaire pour cette tâche. Un partenaire qui, quand il s’agit de prendre des décisions primordiales concernant les avoirs du client, sache collaborer avec lui à long terme de manière fiable et professionnelle. Il faut donc aussi examiner de près les valeurs et les compétences qui font qu’une banque sera ou non à la hauteur.

Chez Vontobel, nous mettons tout en œuvre pour être ce partenaire. Fidèles à notre promesse «Performance creates trust», nous sommes le conseiller personnel et fiable du client exigeant: • vos intérêts sont pour nous absolument prioritaires, sans compromis aucun; • votre conseiller personnel prend le temps qu’il faut pour s’occuper de vos affaires. De concert avec vous, il analyse à fond vos objectifs, votre propension et votre capacité à prendre des risques. Il est toujours à votre disposition, dans un dialogue constant; • l’indépendance de notre conseil est garante d’une solution optimale, en parfaite cohérence avec vos besoins. Pour protéger et augmenter vos avoirs et assurer le succès de vos placements, nous coordonnons le meilleur des compétences globales de Vontobel en matière d’investis sement en y associant une gestion des risques des plus modernes; • une de nos forces est de proposer des idées claires pour investir activement. En élaborant des solutions sur mesure pour optimiser les rendements et répartir les risques, nous créons une plus-value financière pour nos clients. Notre objectif est de surpasser vos attentes, surtout dans un environnement de marché ardu, afin de construire une relation de long terme et tournée vers l’avenir. <

«Capacité et disposition à prendre des risques doivent être en harmonie.»

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Confiance en la réussite. Dr Hans Vontobel Président d’honneur «Mille choses avancent; neuf cent quatre-vingt-dix-neuf reculent: c’est là le progrès.» Je partage pleinement cette pensée pour trois raisons. Premièrement, son auteur est Henri-Frédéric Amiel (1821–1881), écrivain et philosophe, qui a vécu toute sa vie à Genève, la ville où j’ai passé les années 1942–1943, durant mon apprentissage de banquier. Deuxièmement, cette pensée est empreinte de la sérénité, du pragmatisme et de la sobriété que l’on attribue aux Suisses en général et aux Genevois en particulier. Troisièmement, Amiel met le doigt sur la nécessité pour toute société de lutter pour progresser. Sans courage, pas de progrès. Ma ville natale, Zurich, en a fait la démonstration en 1856, quand elle a décidé, malgré la résistance de nombreux citoyens, d’installer l’éclairage au gaz. Tout à coup, l’obscurité a disparu des rues et des places, au grand dam des adversaires du gaz qui appréhendaient de voir le jour remplacer la nuit. Bien vite, on se rendit compte que la lumière apportait un gain appréciable de sécurité et de confort. En 1881, la société du gaz et les autorités organisèrent une fête pour célébrer le 25e anniversaire de cet éclairage. Le directeur de cette société s’est réjouit de pouvoir éliminer bientôt complètement le pétrole pour cet usage en ajoutant qu’«étant donné la situation de Zurich, nous n’avons rien à craindre de notre second concurrent, la lumière électrique. Je doute fort que l’éclairage au gaz soit jamais menacé par une concurrence sérieuse.» Le directeur avait tort. La société du gaz s’est certes maintenue encore quelques années, mais plus le prix de l’électricité baissait et le rendement des ampoules électriques augmentait, plus rapidement les perspectives commerciales de l’éclairage au gaz se détérioraient. Si le responsable avait été plus audacieux en 1881 en diversifiant à temps, l’entrée de sa société dans le XXe siècle aurait été une réussite. Malheureusement, 26

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en s’agrippant à une technologie qui ne sera bientôt plus compétitive, il a fourvoyé la société du gaz dans une impasse dont elle ne pourra plus sortir. Pourquoi raconter cette histoire? Parce qu’elle est exemplaire de l’imprévisibilité du progrès. Le directeur n’avait pas tort de vanter la qualité de l’éclairage au gaz. En effet, sur le plan technique et artisanal, ce genre d’illumination est effectivement extrêmement robuste. Mais il ne possédait pas l’imagination qui lui aurait permis d’évaluer correctement le potentiel infiniment plus grand de l’électricité. Il ne se rendait pas compte que le rythme du progrès laisse sur place, parfois à tout jamais, ceux qui sont d’une prudence excessive. Il y a eu des ruptures de tout temps et dans toutes les branches. C’est le cas de la banque actuellement. Au moment du changement, ce ne sont pas toujours les acteurs qui dictent le tempo. Souvent, les éruptions surgissent à l’extérieur, obligeant les responsables d’une entreprise à les affronter. Les contraintes sont importantes, les délais pour procéder aux adaptations, serrés et les défis stratégiques, énormes. C’est dans de telles situations qu’une entreprise montre sa capacité réelle de survie et d’innovation. Survol d’un siècle Mes 97 ans ne sont pas un mérite mais un bonheur. Ils me permettent de transmettre les expériences accumulées au cours de nombreuses décennies. Le regard que je porte sur cette longue période fait que rares sont les événements actuels à me surprendre profondément. Certes, l’histoire ne repasse jamais les plats, mais nombre de modèles demeurent très semblables. C’est ainsi que le progrès économique, technique et culturel passe presque toujours par trois phases. Dans la première, il est très disputé: les uns sont euphoriques, l’appelant de leurs vœux, les autres s’y opposent avec virulence. Une fois que le progrès s’est imposé, il devient, dans une deuxième phase, une évidence. Tout le monde en bénéficie et


personne ne le remet en question. Quand, dans une troisième phase, le cycle de vie d’une innovation est arrivé à son terme ou s’en approche, étonnamment, celle-ci est de nouveau diabolisée. Tout ce qui était bon jusqu’alors est désormais systématiquement déprécié et balayé. Ce principe se déroule dans de nombreux domaines. Ce que l’éclairage au gaz de Zurich a subi il y a 125 ans, l’aviation, l’automobile, la génétique, l’industrie alimentaire, les entreprises de matières premières et même la médecine conventionnelle en sont aujourd’hui la proie. Plus la médecine soigne de maladies, plus certains éléments de la société tendent à penser que c’est la médecine elle-même qui est malade.

Cette constatation ne me rend pas pessimiste. Au contraire, les résistances et les frictions sont autant d’aiguillons à repenser et à modifier ce qui existe ou à chercher d’autres solutions. Quand on assume des responsabilités, on sait qu’il n’est pas possible d’avoir longtemps du succès en agissant contre une majorité de la société. Cependant, les gros problèmes de notre temps ne nous permettent pas de nous croiser les bras en attendant que l’orage s’éloigne. A défis nouveaux, courage nouveau et confiance renouvelée. Si nous avons le courage d’être parfaitement lucides au sujet de nos capacités d’oser ce qui est bien et raisonnable, alors la confiance en la réussite reviendra également. J’en suis profondément convaincu. <

«Sans courage, pas de progrès.»

Dr Hans Vontobel a étudié le droit à l’Université de Zurich. Pendant des décennies, il a présidé aux destinées de la banque Vontobel. Aujourd’hui, âgé de 97 ans, il est Président d’honneur du Conseil d’administration.

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Oliver Keller est l’un des cascadeurs les plus demandés à Hollywood. Après avoir achevé sa formation à l’école des cascadeurs, il débute sa carrière dans des productions réalisées en Allemagne et en Suisse. En 1999, il s’établit à Los Angeles, où il vit toujours avec sa famille. C’est en 2002, qu’il perce à Hollywood dans la superproduction Spiderman, comme double de Joe Manganiello. Aujourd’hui, il ne se contente pas de doubler de grandes stars, mais il dirige également KStunts, la principale école de cascadeurs de Suisse, et est l’un des entraîneurs en chef de Stundsquad, l’école suisse de cascades.

La planification prime sur le courage. Interview d’Oliver Keller Très hardi, le héro du film se lance dans le vide d’une hauteur incroyable. Sauf que ce n’est pas l’acteur qui ose ce saut de la mort, mais un cascadeur comme Oliver Keller qui fait partie des doublures les plus recherchées d’Hollywood. Il nous raconte sa vie au quotidien et son approche des risques. Cascadeur n’est pas un métier courant. Comment en avez-vous eu l’idée? J’avais sept ans quand, en zappant à la télé, je suis tombé sur la série américaine «L’Homme qui tombe à pic», une série culte des années 1980, dont le héro est un «stuntman» qui est accessoirement chasseur de primes. Ce n’est pas tant l’histoire proprement dite qui m’a fasciné mais les scènes d’action. J’ai su immédiatement ce que je voulais devenir. Tous pensaient que c’était un rêve de gosse, sauf ma mère, Elle m’a pris au sérieux et m’a envoyé, à 17 ans, dans une école de cascadeurs. Ce qui n’a, dans un premier temps, pas changé l’opinion de mon entourage. Même mon conseiller d’orientation s’est moqué de moi: «Oublie! Apprend un vrai métier.» Je suis fier de pouvoir dire que je n’ai malgré tout jamais dévié de mon objectif. Aujourd’hui, je tourne avec des cascadeurs de légende comme Tim Gilbert, qui doublait autrefois l’acteur 28

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principal de la série qui a déterminé mon destin. Etiez-vous un enfant ou un jeune courageux? Courageux? Je ne sais pas, mais j’ai été un enfant très sportif. J’ai participé à de nombreuses courses de BMX et été membre de l’équipe de ski junior du «Züri Leu». C’est à l’adolescence que j’ai commencé à m’intéresser aux films et à ceux qui les font. Aujourd’hui, je suis un passionné de cinéma. Faut-il du courage pour être cascadeur? Il est important, même vital, de rester calme et concentré dans les situations difficiles. Car, que l’on saute d’un hélicoptère sur un train en marche, soit transformé en torche vivante ou franchisse une rampe à 100 km/h, la plus petite erreur peut avoir des conséquences fatales. La planification prime sur le courage. Alors, qui considérez-vous comme courageux? Pour moi, les pompiers, les démineurs, les unités spéciales de la police ou les Navy Seals sont vraiment des gens courageux qui risquent leur vie pour sauver celle des autres. Ils s’impliquent dans des situations dont ils ne connaissent pas l’issue. Le danger les accompagne en permanence et ils

travaillent sans filet. Dans mon métier, en revanche, on peut estimer les incertitudes. Il suffit de les connaître, de s’y préparer et d’avoir un plan B si les choses tournent mal. Les cascadeurs sont des durs. Quand vous laissez-vous aller? C’est un cliché que de croire que les cascadeurs sont des durs. Comme tout un chacun, j’ai mes forces et mes faiblesses. Ma fille de sept ans connaît bien ces dernières et sait comment les utiliser à son avantage. Votre famille a-t-elle peur pour vous? Non, car elle a confiance en mes capacités et connaît ma méthode de travail. Cela fait plus de vingt ans que j’exerce ce métier et, comparé à d’autres, je n’ai eu que peu de blessures. Qu’est-ce qu’une simple cascade et quand devient-elle réellement dangereuse? Une cascade n’est jamais simple. Par exemple, je devais faire semblant de me battre avec un acteur dans un show TV. Une scène classique comme on les voit par milliers dans les films. Normalement, les mouvements sont parfaitement synchronisés. En fait, les combattants ne se touchent pas et le coup ne devait pas me frapper. Mais, cette fois ce fut le cas avec pour résultat immédiat un œil au beurre noir,


Š Serge HÜltschi, 13photo

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alors que j'avais encore un tournage devant moi. N’avez-vous jamais refusé d’exécuter une cascade, voire simplement une idée? Autant que je m’en souvienne, c’est arrivé une seule fois. Les cascades sont souvent réalisées à la fin d’une journée de tournage. Nous devions rouler à grande vitesse sur une rampe avec un véhicule tout terrain pour entrer en collision avec un mobil-home. Il se faisait fort tard dans la nuit quand le producteur nous a dit qu’il ne restait plus que 30 minutes avant l’aube et qu’il fallait absolument que cette scène soit dans la boîte avant. Pour moi, le délai était trop court pour que nous puissions la tourner en toute sécurité, et j’en ai averti le producteur. Heureusement, cet homme était un pro et il s’est contenté de dire: «Safety first, man! Whatever you say, we trust you.» Quand avez-vous pris des risques dans la vie? Quand j’ai épousé ma femme! (rires) Dans mon métier, il est impossible de tout prévoir à 100%, même avec la meilleure planification. Dans une production où je doublais Jim Caviezel, j’ai exécuté en toute conscience un exercice périlleux. Il s’agissait de me battre à reculons sur un ponton pour finalement tomber dans une rivière. Comme nous tournions dans un ranch d’alligators, j’ai demandé s’il y a en avait encore dans l’eau. On le l’a confirmé en me conseillant de ne pas y rester trop longtemps. Je lui demandai alors ce qu’il entendait par «trop longtemps». Il me répondit:

«Tu plonges et ressors illico.» Pourtant, le metteur en scène a exigé que je reste dans l’eau. J’ai eu l’impression que ce moment durait une éternité. Je regardais autour de moi pour détecter tout mouvement suspect. Heureusement que ce jour-là les alligators n’avaient pas faim. En 1999, à l’âge de 24 ans, vous avez décidé de poursuivre votre carrière aux Etats-Unis. Cette décision a-t-elle été difficile à prendre? Absolument pas, j’étais très heureux d’émigrer aux Etats-Unis. C’était une aventure et en tout état de cause une étape importante dans ma carrière. Quels obstacles avez-vous dû surmonter pour pouvoir suivre votre propre voie? En arrivant à Los Angeles, j’ai dû repartir à zéro, malgré les expériences que j’avais récoltées jusque là. Il m’a fallu constituer un nouveau réseau de connaissances et devenir membre de l’Union Screen Actors Guild of America. Alors que la plupart des gens attendent des années pour pouvoir y entrer, j’ai été admis au bout de six mois déjà. Puis je me suis mis en quête d’un agent qui propose mes services aux producteurs. Cela a pris deux ou trois mois, mais finalement l’une des meilleures, Michelle Braverman, m’a pris sous son aile. Certes, sur le plan financier, les premières années ont été très dures. Mais j’ai persévéré et travaillé accessoirement comme chauffeur dans un service de limousines sans jamais cesser de croire à mon rêve. Aujourd’hui, je sais que j’ai eu raison.

«Dire que les cascadeurs sont des durs est un cliché.» 30

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Vous faites partie des meilleurs cascadeurs du monde. A quoi votre réussite est-elle due? Au professionnalisme. Il faut travailler durement, avoir de l’endurance et une volonté de fer. Non seulement vous êtes cascadeur, mais encore écrivez des scénarios, coordonnez les prises de vues de cascades et dirigez une école de cascadeurs. Comment faites-vous pour mener toutes ces activités de front? Je travaille beaucoup et avec assiduité. J’ai aussi la chance de pouvoir compter sur une super équipe, en Suisse également. Mais malgré tout ce travail, ma fille Geneva occupe la première place. Depuis deux ans, elle participe à des courses de go-kart et fait partie des meilleurs. Elle a donc besoin de son papa presque chaque week-end en tant que chef d’équipe et mécanicien. Quels souvenirs marquants avez-vous conservés depuis le début de votre carrière? J’ai dû apprendre à me contenter de peu d’argent et de peu de confort matériel. Les expériences glanées en Suisse m’ont aidé, car à la maison, je devais souvent bricoler mon équipement moi-même. A Los Angeles, il existe des ateliers d’effets spéciaux qui préparent les véhicules pour des cascades. Or ça, je sais le faire, ce qui m’a permis de faire des économies au début de ma carrière. En outre, je suis fier d’être le premier, et à ce jour le seul, à proposer des cascades en Suisse.


© Vera Hartmann, 13photo

© Serge Höltschi, 13photo

Tel père, telle fille, Oliver Keller et sa fille partagent la même passion pour la vitesse. Sans oublier la sécurité, bien sûr.

Avez-vous subi des échecs? «There is no business like show business.» C’est particulièrement vrai à Hollywood. Ici, tout le monde essuie des revers. On tombe, on se relève et on continue. Il faut beaucoup d’ambition, de professionnalisme et de talent pour réussir. Y a-t-il pour vous des situations décourageantes? Pas vraiment. On ne vit qu’une fois et doit tout donner. Sur les plans privé et professionnel. Pour la série TV «Grimm» ou pour la superproduction «Need for Speed», vous voyagez hors de l’Europe. Vous arrive-t-il de tourner en Suisse? J’étais l’été dernier sur le barrage de Verzasca au Tessin, d’où Pierce Brosnan, incarnant James Bond dans «Golden Eye», s’était lancé dans le vide. Nous y avons tourné l’ultime scène d’action de «Dhoom:3», la production la plus

chère de toute l’histoire de Bollywood, le pendant indien du centre historique du cinéma américain. Comme le lieu de tournage en Arizona n’était pas disponible, j’ai proposé ce cadre spectaculaire aux metteurs en scène. Ils ont été tellement enthousiasmés qu’ils ont amené toute l’équipe, comptant 80 personnes y compris Aamir Khan, le Tom Cruise indien, en Suisse. En tant que coordinateur des cascades, je disposais d’un budget de dix millions de dollars. J’espère pouvoir bientôt attirer de nouveau une production de cette envergure en Suisse, car tourner dans ma patrie est pour moi un grand privilège. De nos jours, les cascades ne sont plus seulement réelles, mais souvent réalisées à l’aide d’écrans verts et d’un ordinateur. Votre métier ne risque-t-il pas de disparaître? J’en discute souvent avec des collègues qui réalisent des scènes au moyen d’une infographie en 3D. Comme moi,

ils sont de l’avis que les cascadeurs seront toujours utiles, car en dépit de la technologie, une scène n’a l’air vraie que si elle a été réellement tournée. Arnold Schwarzenegger, Jim Carrey, Ashton Kutcher, Sacha Baron Cohen, Joe Manganiello, Jim Caviezel ne sont que quelques-unes des stars à votre palmarès. Y a-t-il un acteur pour qui vous n’avez encore jamais travaillé et que vous souhaiteriez doubler? Je suis très reconnaissant d’avoir pu collaborer aux plus grandes réalisations et rencontrer tant de gens intéressants. Avec qui aimerais-je tourner? Ce serait passionnant de travailler avec Robert Redford, Steven Spielberg ou Mark Wahlberg. Je suis sûr que cela arrivera dans un proche avenir. <

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Axel Schwarzer dirige Asset Management et est membre de la Direction du Groupe Vontobel. Avant de rejoindre Vontobel en 2011, il a assumé plusieurs fonctions dirigeantes pour la Deutsche Bank à Francfort et à New York. Axel Schwarzer a étudié le droit à Mainz et à Francfort.

Courage et investissement, une antinomie? Axel Schwarzer Responsable Asset Management Courage et investissement sont de prime abord deux termes que tout oppose. Ils peuvent cependant être mis en relation si l’on considère d’autres aspects tels que le risque, le dialogue et la confiance. L’audace ou «le bon tuyau» constituent à coup sûr une base erronée pour décider d’investir son propre argent. Mais si nous associons le courage et la conscience du risque, comme dans la vie en général, nous sommes alors au cœur du sujet: connaît-on les conséquences éventuelles d’une décision de placement? La conscience du risque est l’élément essentiel qui doit être déterminé lors de tout entretien-conseil.

«Une collaboration basée sur la confiance requiert de la clarté.» 32

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Discussion réaliste et franche Deux groupes d’investisseurs doivent faire preuve du courage d’investir mentionné précédemment: l’investisseur privé et le gérant de fortune professionnel. Pour le client, tout commence par un entretien-conseil, au cours duquel les perspectives de rendement et le budget de risque doivent être définis. Même si le souhait d’un rendement élevé sans risque est souvent exprimé, il faut formuler des attentes réalistes en la matière et exposer les risques liés à la décision d’investissement. En d’autres termes, les deux parties doivent avoir le courage de la clarté et le sens des réalités. Les restrictions souhaitées doivent être abordées tout aussi résolument, car elles ne sont pas toujours pertinentes et peuvent entraver la constitution du portefeuille adéquat. On sait d’expérience que des restrictions telles que l’exclusion de classes d’actifs, de certains titres ou des parts bien précises compliquent souvent la réalisation de l’objectif de placement. Il faudrait dans tous les cas les considérer par rapport à la fortune globale et en tenir compte au mieux dans ce contexte. En matière patrimoniale, il est essentiel dans une collaboration basée sur la confiance que toutes les parties prenantes aient l’honnêteté d’examiner de manière constructive les conséquences et les résultats de la décision de placement. Tirer parti des connaissances du marché Pour le gérant de fortune professionnel, la question du courage prend un tout autre aspect, notamment lorsqu’une gestion active de la fortune est souhaitée. Un gérant de fortune engagé doit avoir le courage de ses convictions et celui d’acquérir sa propre opinion sur les marchés ou d’autres sujets. Les décisions de placement consensuelles qui tentent de


«Des restrictions excessives entravent l’élaboration professionnelle du portefeuille et l’évolution de la valeur.»

se rapprocher autant que possible de la valeur de référence ou de l’indice ne fournissent généralement aucun résultat satisfaisant. Mieux vaut générer des rendements supplémentaires ou minimiser le risque du marché en se basant sur ses propres convictions.

get de risque et d’une politique de placement aussi exempte de restrictions que possible constitue la pierre angulaire d’une gestion de fortune réussie. Le courage d’investir devrait alors être couronné de succès. <

Chaque entretien-conseil devrait reposer sur une discussion impartiale concernant les classes d’actifs, l’élaboration du portefeuille et le budget de risque. L’évaluation commune de ces points est une condition relativement simple, mais indispensable à une collaboration dans laquelle le client fait confiance à son gestionnaire de fortune pour élaborer un portefeuille prometteur. A titre d’exemple, dans un restaurant gastronomique, les conseils demandés ne visent souvent qu’à marier au mieux les mets et le vin, mais on ne va pas en cuisine pour dire au chef comment travailler. Chez Vontobel, nous sommes convaincus que la définition commune d’un objectif de placement réaliste, d’un bud-

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Roger Studer dirige, depuis 2008, la division Investment Banking et est membre de la Direction du Groupe Vontobel. Il travaille depuis près de 25 ans en tant que senior manager chez Vontobel. Il a précédemment assumé des fonctions dirigeantes auprès de DG Bank, ABN Amro et Swiss Life. Roger Studer a obtenu un MBA de Rochester-Berne.

Oser sortir des sentiers battus. Roger Studer Responsable Investment Banking S’engager dans une nouvelle voie demande de l’audace. Le courage déclenche les impulsions nécessaires pour avancer. Mais les actes audacieux ne sont pas dénués de risques. Ainsi, on vise un objectif en sachant qu’il ne sera pas facile à atteindre. Ce constat peut s’appliquer à de nombreux domaines comme par exemple les placements financiers, qui s’accompagnent en principe d’un risque plus ou moins important. Indépendamment de la propension au risque de l’investisseur, l’achat d’un produit financier, sans tenir compte de l’analyse et de l’évaluation préalablement nécessaires, demande toujours une certaine dose de courage. Personne ne peut prédire l’avenir ni dire avec certitude si le placement sera couronné de succès. Réaliser des visions, rester fidèle aux stratégies Il en va de même pour les décisions des entreprises. Pour renforcer leur compétitivité sur le long terme, elles doivent prendre des décisions stratégiques et réaliser des investisse34

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ments au quotidien. Elles anticipent les situations de marché futures mais ne peuvent prédire avec certitude les évolutions dans un environnement dynamique. Malheureusement, les visions fortes et les bonnes idées ne suffisent pas. Pour s’engager dans une nouvelle voie, encore faut-il posséder le courage et la ténacité nécessaires pour les mettre en œuvre. Sortir des sentiers battus ne signifie pas être imprudent et prendre des risques à la légère. Au contraire, toute initiative doit être mûrement réfléchie. Ce constat s’applique également à la finance qui évolue dans un environnement de plus en plus complexe et doit donc adapter ses modèles d’affaires en permanence. Il faut du courage pour considérer les normes réglementaires à venir comme une opportunité et renforcer sa position dans ces domaines ou encore occuper des niches là où d’autres se retirent. Il en faut aussi pour rester fidèle aux stratégies fixées et aux marchés cibles en période difficile et réagir aux exigences de plus en plus élevées des clients tout en respectant ses engagements envers eux.


C’est pourquoi Vontobel a posé dès 2008 les premiers jalons stratégiques du développement de l’activité US. Avec une société agréée par les autorités américaines, les clients privés sont pris en charge. L’environnement fluctuant en Amérique avait alors posé d’immenses défis aux instituts financiers. Du point de vue de Vontobel, il a donc fallu une analyse minutieuse et une bonne dose de courage pour aller à l’encontre de la tendance et établir durablement la prise en charge autorisée de la clientèle américaine. Bien entendu, cette décision a été mûrement réfléchie. Les taux de croissance élevés prouvent aujourd’hui que c’était la bonne décision. Remettre en question les acquis Pour résister à la concurrence, il ne suffit pas d’emprunter des sentiers battus et de choisir la facilité. Si l’on cherche à jouer un rôle de pionnier et à occuper une position de marché forte, il faut «former» le marché. Plus encore que d’innover, il s’agit de sortir des sentiers battus. Avoir du courage signifie donc remettre en cause ses acquis, faire les choses différemment des autres et créer une valeur ajoutée durable pour les clients en marquant continuellement sa différence. Dans cette optique, le positionnement de marché et le timing sont les clés du succès. Il est donc souvent nécessaire d’adapter son offre et ses processus opérationnels. Il faut effectuer de nombreux investissements dans le savoir-faire, les talents ainsi que dans les systèmes et ne pas négliger l’approche anticyclique. Les nouveaux modèles d’affaires peuvent également se traduire par un développement massif des modèles d’infrastructure de haute technologie, des coûts fixes et en fin de compte des risques importants. Se détacher des conventions et faire confiance aux autres Vontobel est connue pour ses innovations qui créent de la valeur ajoutée durable sous forme de solutions produits et processus. Un bon exemple est deritrade®, la plateforme d’émission pour les produits structurés créée par Vontobel, qui avait été initialement développée pour un usage interne. En 2008, elle est finalement ouverte aux autres intermédiaires financiers. L’idée: fournir aux prestataires financiers un outil permettant de créer et de finaliser des solutions de placement sur mesure pour leurs clients de manière autonome et en temps réel, y compris pendant un entretien de conseil. Dans la mesure où l’acceptation par le marché de ce nouveau modèle d’activité était incertaine, il a fallu du courage pour prendre

cette décision stratégique. Il s’est avéré une nouvelle fois que défendre ses convictions en valait la peine. Les attentes ont même été dépassées: Vontobel fait aujourd’hui figure de pionner avec sa plateforme multi-émetteurs entièrement intégrée dans le domaine des produits structurés. Plus de 4000 utilisateurs en Europe et en Asie se servent régulièrement de Vontobel deritrade® pour créer des solutions de placement adaptées à leurs clients en toute autonomie. Le modèle d’affaires de Vontobel deritrade® associe activement les prestataires financiers au développement de produits. Vontobel délègue ainsi des étapes de processus importantes et une partie de son contrôle sur le développement. Ainsi, le segment clientèle des prestataires financiers est considéré comme un partenaire et un élément fixe de la chaîne de processus, une approche peu conventionnelle qui demande du courage. Les avantages sont évidents: les prestataires financiers peuvent structurer leurs processus plus efficacement tout en se concentrant davantage sur leur compétence de base, le conseil à la clientèle. Deritrade® leur offre donc une excellente qualité de conseil et simplifie les processus grâce à l’«industrialisation» d’éléments importants de la chaîne de création de valeur. Défendre ses convictions Vontobel deritrade® a accédé au statut de «plate-forme multi-émetteurs», ouvrant ainsi des alternatives de distribution intéressantes aux autres émetteurs. Des émetteurs tiers sont progressivement intégrés, si bien que l’utilisateur de deritrade® peut accéder à l’offre de différents prestataires et réaliser la solution optimale pour son client en bénéficiant des meilleures conditions. Deritrade® garantit une véritable transparence pour les clients et l’égalité des chances pour les émetteurs intégrés. En d’autres termes, l’émetteur qui offre les meilleures avantages l’emporte. Une vision bien plus audacieuse sous-tend le concept de deritrade®: considérer ses concurrents comme des partenaires. Seule cette approche permet au final de créer des produits structurés à l’attention de la clientèle privée fortunée qui sont parfaitement adaptés aux besoins de chacun. Enfin, elle correspond à la vision fondamentale de Vontobel qui aspire à proposer à ses clients la meilleure solution possible. <

«Pour réaliser de bonnes idées, il faut du courage et de la persévérance.» Vontobel Portrait 2014

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Bruno Jochum Après ses études de sciences politiques à Strasbourg et à Paris, Bruno Jochum a obtenu à la Sorbonne et à l’Université de Nancy des masters dans les domaines «Relations internationales» et «Droit international public». Depuis juin 2011, Bruno Jochum est Directeur Général de Médecins Sans Frontières (MSF) Suisse. Avant cela, il a travaillé cinq ans comme Directeur des opérations du centre opérationnel MSF de Genève, en charge de la structuration des programmes d’aide dans 21 pays.

Plus que l’audace, le courage civique. Bruno Jochum Le courage civique et la volonté de s’engager en faveur des populations en détresse, voilà sans nul doute ce qui anime au quotidien les équipes de Médecins Sans Frontières. Je reçois souvent des témoignages de reconnaissance pour cet engagement «sans frontières». J’aimerais partager avec vous les aspects que je considère les plus emblématiques de cet engagement. Le courage au quotidien Cela fait douze années que je travaille pour Médecins Sans Frontières, et depuis 1993 dans le domaine de l’action humanitaire médicale, d’abord au Soudan, au Congo et au Rwanda puis en Iran et en Afghanistan. Avant d’être Directeur Général, j’étais pendant de nombreuses années Directeur des Opérations, en charge des projets de terrain de l’organisation. Au sein des acteurs de l’aide, MSF a toujours représenté pour moi l’alliance d’une action locale efficace avec une pensée critique, prenant si nécessaire ses distances avec les idées reçues sur l’humanitaire. Bien au-delà des images d’Epinal sur le courage physique des volontaires agissant au péril de leur vie, c’est plus particulièrement la volonté de surmonter les nombreux obstacles et de se confronter à la négligence envers les populations les plus vulnérables qui constitue le véritable socle du courage chez MSF: ne pas baisser les bras mais comprendre l’immense différence que peut faire une action de secours pour des êtres humains, qui avaient perdu le courage d’agir. Chaque jour, nos équipes travaillent dans des conditions précaires et agissent constamment avec pour seul but de porter assistance aux plus négligés, que ce soit dans le cadre de conflits, de pandémies, de désastres naturels ou d’exclusion sociale. Par exemple, en Syrie, nous sommes l’une des rares organisations internationales présentes au nord du pays où les structures de santé sont fréquemment ciblées par des at36

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taques armées pour empêcher les actes de soins aux blessés. Nous sommes également actifs depuis de nombreuses années dans l’est de la République Démocratique du Congo, à la fois terre riche de minerais précieux et véritable désert sanitaire où les habitants sont confrontés à des conflits incessants et à des épidémies meurtrières. Au total, ce sont près de 70 projets dans plus de 30 pays que nous menons chaque année dans plusieurs zones sensibles, tels que les quartiers défavorisés de Tegucigalpa au Honduras ou les camps de réfugiés syriens au Liban et en Irak. Nos médecins, infirmières, sages-femmes, logisticiens, administratrices, chauffeurs, toutes nos collaboratrices et tous nos colllaborateurs s’exposent souvent à des situations d’insécurité. Ils le font en connaissance de cause et dans le respect de notre Charte qui stipule que «volontaires, les médecins sans frontières mesurent les risques et périls des missions qu’ils accomplissent». Cela vaut tout autant pour le personnel expatrié, de toute nationalité, que pour notre personnel local, recruté dans les pays d’intervention et qui constitue plus de 90% de nos collaborateurs dans le monde. Action de témoignage, au cœur de l’ADN de MSF Cet engagement «sans frontières» ne se traduit pas uniquement dans la capacité de prendre des risques en travaillant dans des zones dangereuses. A la volonté d’agir s’ajoute le courage de négocier avec les autorités responsables et parfois de prendre des positions publiques. Sur ce dernier point, MSF agit parfois à contre courant du politiquement correct, mais toujours dans l’objectif d’améliorer le sort des populations. Il faut se souvenir que Médecins Sans Frontières a été fondée en 1971 par des médecins et des journalistes, durant la guerre du Biafra au Nigeria. Ce contexte clarifie la raison d’être de l’organisation. Il s’agit non seulement d’aider et de soigner, mais aussi de témoigner du sort des populations en détresse


Š SÊbastien Agnetti, 13photo

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lorsque toute aide est bloquée ou alors instrumentalisée à d’autres fins. Nous prenons la parole pour critiquer les insuffisances du système de l’aide, tenter de faire sortir une crise de l’oubli, alerter l’opinion publique sur des exactions commises loin des caméras. Nous nous exprimons aussi lorsque l’aide est détournée de son objectif premier pour servir les intérêts politiques des parties en conflit. C’est dans l’esprit de ce rapport que le Dr Orbinski, Président de MSF lorsque l’organisation a reçu le prix Nobel de la paix en 1999, avait profité de la cérémonie de remise du prix à Oslo pour dénoncer publiquement les bombardements des forces russes qui s’abattaient au même moment sur la ville tchétchène de Grozny. C’est également pour cette raison que parallèlement à notre intervention médicale auprès des civils depuis le début de la crise syrienne, nous n’avons cessé de dénoncer publiquement les attaques répétées contre les structures et le personnel de santé et, à défaut d’un respect du cessez-le-feu et d’une solution politique pérenne, nous avons réclamé le respect de l’intégrité des blessés, des médecins et des structures de santé. En juin 2013, nous avons également invité la communauté internationale, notamment les Etats bailleurs de fonds réunis à Genève, à assumer sa responsabilité vis-à-vis des milliers de victimes civiles. Enfin en août dernier, nos équipes ont considéré qu’il était de leur devoir éthique de publier immédiatement les informations dont elles disposaient directement concernant l’utilisation d’agents neurotoxiques sur la population civile. Nous avons appelé, à titre exceptionnel, à ce que l’enquête internationale de l’Onu sur l’utilisation des armes chimiques puisse se réaliser rapidement pour documenter l’évènement. Des soins médicaux pour tous Refusant l’idée d’une médecine au rabais pour les pays pauvres, MSF a notamment été pionnière dans la prise en charge des patients séropositifs dans les pays en développement. C’est pourquoi l’argent obtenu avec le prix Nobel de la paix en 1999 a été utilisé pour lancer la «campagne mondiale pour l’accès aux médicaments essentiels». Son but est d’obtenir des compagnies pharmaceutiques une diminution des prix de leurs produits, en particulier les médicaments contre le VIH/sida, et les rendre ainsi accessibles à tous les patients, y compris ceux des pays pauvres. C’est ce qui a permis à MSF, entre autres et contre toute attente, de garantir aujourd’hui un traitement antirétroviral à plus de 300’000 patients séropositifs. Des patients qui ont ainsi non seulement survécu, mais mènent aussi une vie de meilleure qualité et contribuent activement aux projets de leurs communautés. Depuis de nombreuses années, MSF appelle aussi ouvertement l’industrie pharmaceutique à favoriser l’accès pour tous aux médicaments essentiels, en diminuant leurs prix et en rendant public ses brevets. Nous demandons également le développement de nouveaux traitements contre des ma38

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ladies tropicales telles que l’ulcère de Buruli, la maladie du sommeil ou le Kala-azar, et nous contribuons à la mise en place de stratégies ou techniques médicales innovantes. Si ces maladies sont heureusement inconnues chez nous, il est inacceptable qu’elles continuent à faire tant de victimes en Afrique et ailleurs, faute d’investissement dans la recherche. L’action de MSF, comme son indépendance d’action et de parole, repose essentiellement sur la générosité de ses milliers de donateurs privés. En Suisse, ce sont plus de 200’000 personnes qui nous soutiennent, année après année. Grâce à eux, MSF dispose d’une autonomie rare dans le domaine humanitaire. Elle nous permet de déterminer nos priorités d’intervention sur la base de nos propres évaluations et nos propres réflexions, en fonction des besoins réels des populations sinistrées, au-delà de tout enjeu ou intérêt géopolitique que peuvent impliquer les financements publics. Reconnaître ses limites Le courage, c’est savoir reconnaître ses limites. Cet été, nous avons dû prendre une des décisions les plus douloureuses de l’histoire de MSF, en renonçant à notre présence en Somalie. Présent dans le pays depuis plus de 30 ans aux côtés de la population civile, victime d’une guerre interminable, nous avons décidé de nous retirer suite aux trop nombreux incidents et attaques sur notre personnel. Nous avons notamment dû faire face à l’assassinat de deux collaborateurs en décembre 2012 tandis que deux de nos infirmières ont été séquestrées pendant 21 mois. Après leur libération en juillet dernier, nous avons réalisé que ce sont précisément ceux avec qui nous avions négocié des garanties minimales de sécurité qui ont toléré et admis les attaques contre les travailleurs humanitaires. Nous avons donc décidé d’arrêter

Charte Médecins Sans Frontières Les Médecins Sans Frontières apportent leurs secours aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes d’origine naturelle ou humaine, de situation de belligérance, sans aucune discrimination de race, de religion, philosophique ou politique. Œuvrant dans la neutralité et l’impartialité, les Médecins Sans Frontières revendiquent, au nom de l’éthique médicale universelle et du droit à l’assistance humanitaire, la liberté pleine et entière de l’exercice de leur fonction. Ils s’engagent à respecter les principes déontologiques de leur profession et à maintenir une totale indépendance à l’égard de tout pouvoir, ainsi que de toute force politique, économique ou religieuse. Volontaires, ils mesurent les risques et périls des missions qu’ils accomplissent et ne réclameront pour eux ou leurs ayants droit aucune compensation autre que celle que l’association sera en mesure de leur fournir.


© Francesco Zizola, Keystone

Médecins Sans Frontières fournit une aide médicale d’urgence dans des pays où les structures de santé se sont effondrées ou ne sont pas suffisamment accessibles à certaines catégories de population.

«Nos équipes travaillent quotidiennement dans les conditions les plus difficiles.» d’exposer nos volontaires, malgré les besoins criants de la population. A l’avenir, nous négocierons avec chacun des acteurs les conditions de notre présence. Reconnaître ses limites, c’est faire des choix, souvent douloureux. Nos ressources n’étant pas extensibles à l’infini, nos équipes opérationnelles doivent chaque année décider des programmes qui sont les plus utiles pour les populations. Forcément frustrant, cet exercice de priorisation, et donc de limitation de l’aide, nous rappelle à chaque fois l’obligation d’excellence à laquelle nous devons nous tenir dans chaque projet que nous mettons en œuvre, ainsi que la nécessité de nous améliorer à travers la formation, les leçons que nous tirons de nos échecs et l’évaluation de nos programmes médicaux.

Guerres, maladies, catastrophes naturelles: cela fait plus de 40 ans que les équipes de Médecins Sans Frontières répondent à l’urgence. Même si certains parlent de courage à ce sujet, je tiens surtout à souligner le formidable engagement qui les anime au quotidien pour apporter une aide médicale d’urgence aux plus vulnérables. Et je veux encore remercier tous nos donateurs sans qui nous n’aurions pas les moyens d’agir. Ensemble, ayons le courage de faire la différence! < www.msf.ch

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Médecins Sans Frontières dans le monde. Faits et chiffres

Médecins Sans Frontières (MSF) – partout dans le monde pour aider Aide humanitaire impartiale, sans considération de sympathies, de frontières nationales ou d’intérêts politiques

Source: Médecins Sans Frontières

Médecins Sans Frontières international, 74 pays Médecins Sans Frontières Suisse, 20 pays

90%

des collaborateurs sont recrutés dans les régions de crise. Ils sont soutenus par un petit nombre d’assistants internationaux.

1971

1999

MSF est créé à Paris.

MSF reçoit le prix Nobel de la paix.

Kirghizstan

Irak Liban Niger

Myanmar

Haïti

Philippines

Mexique Guatemala Honduras

Djibouti

Guinée

Soudan

Nigeria Tchad Cameroun

Kenya

Congo Mozambique Swaziland

372

projets en 2012

30’000

Env. assistants dans le monde entier: médecins, infirmiers, sages-femmes, psychiatres, psychologues, épidémiologistes, pharmaciens, laborants, logisticiens, ingénieurs en hydraulique, administrateurs.

40

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4.6 mio. 55%

des engagements en 2012 se sont déroulés dans des zones instables.

de donateurs privés ont assuré, en 2012, 90% des recettes de MSF international.


Médecins Sans Frontières (MSF) – les spécialistes de l’aide d’urgence Source: Médecins Sans Frontières (Rapport annuel international 2012)

78’500 interventions chirurgicales

690’700 personnes vaccinées contre la rougeole

8’316’000 traitements ambulatoires

1’642’800 cas de paludisme traités

784’500 conseils aux femmes enceintes

74

197’000’000 litres d’eau distribués

pays

Médecins Sans Frontières Suisse

Pays ayant la plus forte et la plus faible densité de médecins Nombre d’habitants par médecin

Source: Médecins Sans Frontières Suisse

Source: The Economist, 2014

142 Monaco

149 Cuba

162 Grèce

68’027 Colombie

71’429 Liberia

125’000 Tanzanie

Vontobel Portrait 2014

41


Herbert J. Scheidt est, depuis 2011, Président du Conseil d’administration de Vontobel. De 2002 à 2011, il a dirigé l’entreprise en tant que Chief Executive Officer. Auparavant, il a occupé durant deux décennies différentes fonctions dirigeantes internationales à la Deutsche Bank.

Plaidoyer pour le courage. Herbert J. Scheidt Président du Conseil d’administration Comme tout ce qui est digne d’efforts en ce monde, le courage est une qualité rare. Il en faut une bonne dose dans les périodes difficiles, car les défis importants ne sauraient être relevés sans courage. Aborder des sujets complexes et épineux nécessite chaque fois des décisions d’envergure, efficaces sur le long terme, pour assurer l’avenir de l’économie, de l’Etat et de la société. J’aimerais exposer ici quatre thèses sur le type de courage requis pour répondre concrètement aux défis actuels de la société et d’une entreprise. Thèse 1: avoir le courage d’affronter la réalité Cela peut sembler banal, mais la capacité – et surtout la volonté – de regarder la réalité en face constitue l’une des principales aptitudes pour assumer une responsabilité économique, politique ou sociale. Des périodes politiques ou économiques troublées désorientent les personnes et remettent en question leurs valeurs morales. Elles s’accompagnent de grands revire42

Vontobel Portrait 2014

ments d’opinion, et le risque de nier la réalité est grand, car il est déplaisant d’affronter celle-ci. On a aujourd’hui de plus en plus l’impression que les faits sont embellis par simple calcul politique, pour pouvoir éviter des mesures vraiment impopulaires. Car la peur des grands bouleversements est profonde dans nos sociétés. Observons à titre d’exemple la situation en Europe, où la majorité des pays doivent relever concrètement et résolument des défis considérables: • • • •

changements démographiques, qui impliquent d’assurer l’avenir des systèmes de prévoyance; endettement public important, qui requiert des mesures structurelles drastiques; chômage élevé et dynamique économique insuffisante dans certains des principaux pays européens, qui en- gendrent de grandes tensions sociales; protection et subventionnement des industries nationales, qui empêchent toute adaptation nécessaire à la concurrence internationale.


Or le temps est compté. Les décideurs, mais également chaque personne au nom de la responsabilité individuelle, doivent appréhender entièrement les faits, c’est-à-dire avoir le courage de formuler des vérités difficiles à entendre, de les accepter et de les étudier. Cela vaut également pour une entreprise: quiconque souhaite aujourd’hui rallier le peloton de tête malgré la vive concurrence mondiale doit s’adapter plus rapidement qu’auparavant aux changements et aux réalités du marché. C’est la clé pour prendre les bonnes décisions porteuses d’avenir. Thèse 2: avoir le courage de sortir des sentiers battus John Maynard Keynes a très justement dit: «La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes.» Le changement peut être freiné, canalisé, voire entravé, mais on ne peut pas l’arrêter sur la durée, car les pulsions motrices de l’humanité sont trop puissantes. La curiosité, la joie de la découverte, l’assiduité, l’ambition, la soif de savoir, l’esprit d’entreprise et bien d’autres qualités encore contribuent à prolonger indéfiniment le courage de changer les choses et d’en essayer de nouvelles. Plus un pays promeut et renforce la soif d’innovation de ses habitants, plus il est capable de s’organiser et de réussir. En revanche, s’il mise uniquement sur l’immobilisme, la préservation des acquis, les intérêts particuliers et l’isolement, il vit de sa substance et perd peu à peu sa compétitivité et sa prospérité. Dans les pays industrialisés d’Europe occidentale, cela se manifeste par des peurs diffuses vis-à-vis des forces irrévocables de la mondialisation, qui imposent de manière existentielle une ouverture et une libéralisation des marchés. A moyen terme, la peur et l’immobilisme face aux réalités du monde globalisé des flux financiers, des échanges de biens et de la main-d’œuvre conduisent à un déclin économique et à l’isolement, dès lors que ces réalités ne sont ni acceptées, ni appréhendées résolument. Thèse 3: avoir le courage de dire non Les changements offrent des opportunités, mais recèlent également des risques. De l’expérience et le sens de la mesure sont donc requis. Notre branche présente, elle aussi, régulièrement des tendances très intéressantes et soi-disant lucratives, qui sont suivies avec euphorie par de nombreux prestataires de services financiers à la recherche d’un gain rapide. Les subprimes – et feu Lehman – en sont le parfait exemple; comme chacun le sait, cela s’est mué en une crise financière mondiale qui a presque conduit certains Etats à la faillite. Là encore, de nombreux acteurs se sont laissés aveugler par un profit élevé à court terme. Les risques éventuels ont été sciemment ou négligemment ignorés. Dans ces périodes d’euphorie générale, l’expérience et un certain sens de la mesure permettent d’analyser la situation et de s’opposer avec conviction à ces tendances. Cela exige du courage. Chez Vontobel, nous avons adopté cette position à l’unanimité. Pendant cette phase difficile, Vontobel a pris les bonnes décisions, n’a enregistré aucune perte et a progressivement accru ses fonds propres. Il faut défendre résolument

les principes et les valeurs éprouvés lorsqu’ils sont remis en question. Je pense notamment à la protection de la sphère financière privée individuelle, qui ne doit pas être abandonnée. Il convient de protéger la propriété individuelle, car nous savons pertinemment que si ce régime est menacé, les libertés fondamentales seront très rapidement en danger. Thèse 4: avoir le courage de ses convictions Le courage doit s’accompagner d’une conviction profonde, d’un système de valeurs précis et d’un objectif. Ces éléments agissent comme une boussole clairement orientée. Vontobel y accorde une grande importance depuis toujours. Notre activité repose sur la confiance, qui constitue notre atout le plus précieux. En tant que partenaire à long terme, nous agissons de manière responsable et clairvoyante, dans l’intérêt de nos clients, de nos collaborateurs et de nos actionnaires, et gardons toujours à l’esprit l’équilibre entre les rendements et la propension au risque. Nous avons le courage de saisir les chances qui se présentent, mais également de refuser une opportunité à court terme ou une affaire. Même si notre branche doit affronter de profonds changements et relever de nombreux défis, grâce à aux valeurs qui constituent notre boussole, nous pouvons façonner l’avenir avec énergie et assurance. Cela tient à la structure stable et plutôt familiale de notre actionnariat, dont les principaux acteurs sont axés sur le long terme et pensent comme des entrepreneurs. C’est ainsi que Vontobel allie depuis 90 ans la libre entreprise et le succès. <

«Plus un pays promeut la soif d’innovation, plus il est couronné de succès.»

Vontobel Portrait 2014

43


Afflux record de nouveaux capitaux – potentiel de gain durable. Vontobel en chiffres, 2013

L’année 2013 restera dans les esprits comme celle des prémices du changement. Le marché des actions a de nouveau enregistré des afflux de capitaux considérables pour la première fois depuis cinq ans. La relance économique mondiale, la politique monétaire expansionniste, la faible inflation et la solide rentabilité des entreprises ont permis aux bourses d’afficher de nouveaux records historiques. En revanche, les pays émergents qui tiraient la croissance sont actuellement au cœur des préoccupations. De plus, comme la crise de l’euro n’est pas encore surmontée sur le plan structurel, le redressement durable espéré s’accompagne de risques. Par ailleurs, le secteur financier mondial opère un changement structurel fondamental, qui requiert une grande volonté correspondante des acteurs concernés. Vontobel a identifié cette situation de manière précoce et a déjà anticipé de nombreuses évolutions. Dans cet environnement en pleine mutation, Vontobel a réalisé en 2013 un résultat consolidé respectable de CHF 122.3 millions, qui s’établit au niveau de l’année précédente. Ce résultat a cependant été impacté par des coûts uniques significatifs de l’ordre de CHF 20.7

millions pour l’adaptation du modèle d’affaires transfrontière, l’impôt libératoire avec le Royaume-Uni et le programme américain. Il faut souligner que les activités de gestion de fortune, qui associent le Private Banking et l’Asset Management, ont contribué à 74% du bénéfice du groupe. L’afflux net record de nouveaux capitaux de CHF 9.1 milliards reflète l’attrait de notre entreprise pour les investisseurs, qui repose sur la compétitivité de nos produits, notre compétence en matière de placements et de risques et notre orientation-clientèle cohérente. Le rendement des fonds propres, dont la base est très élevée, a atteint une valeur solide de 7.6%. Le ratio BRI de Vontobel de 25.5% représente plus du double des exigences réglementaires. Le Conseil d’administration proposera aux actionnaires un dividende de CHF 1.30 par action lors de l’Assemblée générale du 1er avril 2014. Ce relèvement proposé du dividende traduit le potentiel de gain et la stabilité de notre entreprise et la confiance du Conseil d’administration dans la stratégie adoptée.

Chiffres clés

31.12.2013

1.95

Dividende par action (CHF)

1.30 2

1.20

1.10

Fonds propres par action en circulation au jour de clôture du bilan (CHF)

25.67

24.49

22.84

Cours du jour de clôture du bilan (CHF)

36.95

28.20

21.00

7.6

8.3

7.5

80.8

79.9

80.0

8.3

7.4

7.7

Charges4/produits d’exploitation (%) Rapport entre les fonds propres et la somme du bilan (%)

25.5

27.2

23.3

1’338

1’383

1’413

Ratio BRI des fonds propres de base Tier 1 (%)

5

Effectif (en unités de travail à plein temps)

2 3

1.78

1.92

Rendement des fonds propre (%) 3

1

31.12.2011

31.12.2012

Résultat du Groupe par action (CHF)1

Non dilué; base: moyenne pondérée du nombre d’actions Selon proposition à l’Assemblée générale Résultat du Groupe en % de la moyenne des fonds propres (valeurs mensuelles)

4 5

Charges d’exploitation hors correctifs de valeur, provisions et pertes Fonds propres de base durs en % des positions pondérées des risques

Résultat du Groupe

Avoirs des clients

Nouveaux capitaux nets

Fonds propres

en mio. CHF

en mrd CHF

en mrd CHF

en mrd CHF

163.1 160

160 140 120

124.1

140 122.3

113.8

149.6

9

8.2

8.6

9.1 1.60

8

131.6

1.20

6

100

100

80

80

60

60

40

40

2

0.40

20

20

1

0.20

0

0

0

44

2011

2012

Vontobel Portrait 2014

2013

1.00

5

0.80

4

0.60

3

2011

2012

2013

1.63

1.40

7

120

1.55 1.45

2011

2012

2013

0.00

2011

2012

2013


Private Banking Notre banque professe une orientation clients qui se focalise sur ses compétences en matière de conseil et de service ainsi que sur ses capacités éprouvées dans la gestion de fortune. Grâce au succès des initiatives relatives à la gestion des coûts et aux rendements, l’unité Private Banking a amélioré sensiblement sa rentabilité et augmenté significativement ses nouveaux capitaux en 2013. L’approche transfrontière cohérente, qui repose sur une plate-forme de comptabilisation et d’investissement centralisée en Suisse, a généré des gains d’efficacité notables. Le résultat du segment s’établit dès lors à CHF 59.4 millions, affichant une hausse remarquable de 56%, et l’afflux net de nouveaux capitaux, qui proviennent principalement d’Europe centrale et d’Europe de l’Est, atteint le niveau réjouissant de CHF 1.4 milliard. Nous entendons poursuivre cette croissance organique en engageant de manière ciblée de nouveaux conseillers à la clientèle. Le segment Private Banking présente une base solide en vue d’une future croissance organique.

Asset Management Concernant l’afflux net de nouveaux capitaux, Asset Management de Vontobel a poursuivi sur sa lancée, après un exercice précédent extrêmement réussi. Dans le même temps, le segment d’activité a sensiblement accru son bénéfice pour le porter à CHF 103.3 millions (+37%). L’unité contribue de nouveau substantiellement au bénéfice et se présente sur le marché institutionnel comme un gestionnaire de fortune actif, axé sur l’international et doté d’un concept multiboutique éprouvé. L’équipe domiciliée à New York a élargi l’assise de la gamme de produits Quality Growth et renforcé le développement dans le domaine Global Equity. A Zurich, nous avons investi dans l’extension des deux boutiques Fixed Income et Multi Asset Class. Enfin, un partenariat a été conclu avec Australia and New Zealand Banking Group Limited (ANZ) afin d’intensifier les activités dans la région Asie-Pacifique. En 2014, Asset Management continuera de donner la priorité à la qualité de la performance des placements et à la diversification des gammes de produits dans le cadre du concept multiboutique.

Investment Banking Vontobel Financial Products conserve sa position d’émetteur leader de produits structurés dans le segment cible des investisseurs suisses ordinaires et privés. L’activité est cependant marquée par l’évolution modeste des volumes sur le marché. La plate-forme d’émission deritrade® développée par notre entreprise s’est bien établie auprès des principaux fournisseurs et des investisseurs professionnels. En Allemagne, le segment continue de gagner des parts de marché et compte désormais parmi les sept premiers émetteurs. Les affaires avec les gérants de fortune externes (EAM) affichent une croissance continue et notable. Dans l’ensemble, le résultat d’Investment Banking recule de 18%. En 2014, l’unité prévoit de lancer sa plate-forme deritrade® au niveau international et de poursuivre le développement de l’EAM Desk.

Private Banking

Investment Banking

Asset Management

Résultat avant impôts en mio. CHF

Résultat avant impôts en mio. CHF

Résultat avant impôts en mio. CHF

59.4

60 50 40

100

95.1

80 33.6

56.6

60

60

30 20 10 0

2011

2012

2013

40

40

20

20

0

2011

2012

75.5

80

69.1

38.0

103.3

100

2013

0

36.7

2011

2012

2013


Vontobel en chiffres Faits et chiffres au 31 décembre 2013

Avoirs des clients (en mrd CHF)

163.1

109.6 actifs sous gestion 46.5 avoirs en dépôt 7.0 produits structurés en circulation

Fonds propres (en mrd CHF)

Ratio des fonds propres de base BRI (tier 1) (en %)

1.63

25.5

Afflux net d’argent frais 2013 (en mrd CHF)

9.1

Notation Bank Vontobel AG: Moody’s: A1 Standard & Poor’s: A+

Pour en savoir plus: www.vontobel.com


Prix Les prix que nous avons obtenus en 2013 témoignent de l’étendue de notre expertise. Celle-ci couvre tous les secteurs d’activité bancaires, nous permettant de créer une plus-value durable pour nos clients.

Rajiv Jain a reçu la prestigieuse distinction «Global Equity Fund Manager of the Year» de Morningstar en Europe.

Vontobel a été distingué «Equities Manager of the Year» lors des UK Pensions Awards 2013.

Vontobel Fund – New Power remporte le prix «Best Clean Energy Fund» décerné par les ESG Investment Awards 2013.

Vontobel Fund – Global Equity primé en tant que «Meilleur fonds de la catégorie ‹Actions Monde› sur les trois dernières années» en Autriche, en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne, en France et aux Pays-Bas.

Vontobel occupe la première place dans toutes les catégories, et donc dans l’évaluation globale, de la Thomson Reuters Extel Pan-European Survey 2013.

«Swiss Derivative Award – Top Service 2013»: pour la troisième année consécutive, le jury a distingué Vontobel pour ses prestations exceptionnelles s’agissant de la qualité de ses services.

«Best in Switzerland»: prix de la «Meilleure banque de Suisse pour les produits dérivés 2013» attribué à Vontobel par le magazine réputé Structured Products Europe.

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Nos sites Suisse Zurich Vontobel Holding AG Gotthardstrasse 43 CH-8022 Zurich Téléphone +41 (0)58 283 59 00 www.vontobel.com Bank Vontobel AG Gotthardstrasse 43 CH-8022 Zurich Téléphone +41 (0)58 283 71 11 Vontobel Swiss Wealth Advisors AG Tödistrasse 17 CH-8022 Zurich Téléphone +41 (0)44 287 81 11 Vontobel Fonds Services AG Gotthardstrasse 43 CH-8022 Zurich Téléphone +41 (0)58 283 74 77 Vontobel Securities AG Gotthardstrasse 43 CH-8022 Zurich Téléphone +41 (0)58 283 71 11 Harcourt Investment Consulting AG Gotthardstrasse 43 CH-8022 Zurich Téléphone +41 (0)58 283 54 00 www.harcourt.ch Bâle Bank Vontobel AG Succursale Bâle St. Alban-Anlage 58 CH-4052 Bâle Téléphone +41 (0)58 283 21 11 Berne Bank Vontobel AG Succursale Berne Spitalgasse 40 CH-3011 Berne Téléphone +41 (0)58 283 22 11 Genève Banque Vontobel SA Succursale Genève Rue du Rhône 31 CH-1204 Genève Téléphone +41 (0)58 283 25 00 Vontobel Swiss Wealth Advisors SA Succursale Genève Rue du Rhône 31 CH-1204 Genève Téléphone +41 (0)22 809 81 51

Lucerne Bank Vontobel AG Succursale Lucerne Schweizerhofquai 3a CH-6002 Lucerne Téléphone +41 (0)58 283 27 11 Chine Hong Kong Vontobel Asia Pacific Ltd. 3601 Two International Finance Centre 8 Finance Street, Central HK-Hong Kong Téléphone +852 3655 3990 Vontobel Wealth Management (Hong Kong) Ltd. 3601 Two International Finance Centre 8 Finance Street, Central HK-Hong Kong Téléphone +852 3655 3966 Allemagne Francfort-sur-le-Main Bank Vontobel Europe AG Succursale Francfort-sur-le Main WestendDuo Bockenheimer Landstrasse 24 D-60323 Francfort-sur-le-Main Téléphone +49 (0)69 695 99 60 Vontobel Financial Products GmbH WestendDuo Bockenheimer Landstrasse 24 D-60323 Francfort-sur-le-Main Téléphone +49 (0)69 297 208 11 Hambourg Bank Vontobel Europe AG Succursale Hambourg Sudanhaus Grosse Bäckerstrasse 13 D-20095 Hambourg Téléphone +49 (0)40 638 587 0 Cologne Bank Vontobel Europe AG Succursale Cologne Auf dem Berlich 1 D-50667 Cologne Téléphone +49 (0)221 20 30 00 Munich Bank Vontobel Europe AG Alter Hof 5 D-80331 Munich Téléphone +49 (0)89 411 890 0

Grande-Bretagne Londres Vontobel Europe S.A. Succursale Londres 3rd Floor, 22 Sackville Street GB-Londres W1S 3DN Téléphone +44 207 255 83 00 Italie Milan Vontobel Europe S.A. Succursale Milan Piazza degli Affari, 3 I-20123 Milan Téléphone +39 02 6367 3411 Liechtenstein Vaduz Bank Vontobel (Liechtenstein) AG Pflugstrasse 20 FL-9490 Vaduz Téléphone +423 236 41 11 Luxembourg Luxembourg Vontobel Europe S.A. 2–4, rue Jean l’Aveugle L-1148 Luxembourg Téléphone +352 26 34 74 1 Vontobel Management S.A. 2–4, rue Jean l’Aveugle L-1148 Luxembourg Téléphone +352 26 34 74 60 Austriche Vienne Vontobel Europe S.A. Succursale Vienne Kärntner Ring 5–7/7 A-1010 Vienne Téléphone +43 (0)1 205 11 60 1280 Suède Stockholm Vontobel Europe S.A. Succursale Stockholm Norrlandsgatan 22, Box 7046 SE-103 86 Stockholm Téléphone +46 8 611 0670 Singapour Singapour Vontobel Financial Products (Asia Pacific) Pte. Ltd. 8 Marina View, Asia Square Tower 1, Level 07-04 SGP-Singapour 018960 Téléphone +65 6407 1170

Espagne Madrid Vontobel Europe S.A. Succursale Madrid Paseo de la Castellana, 95, Planta 18 E-28046 Madrid Téléphone +34 91 520 95 95 Etats-Unis New York Vontobel Asset Management Inc. 1540 Broadway, 38th Floor New York, NY 10036, USA Téléphone +1 212 415 70 00 www.vusa.com Vontobel Securities AG Succursale New York 1540 Broadway, 38th Floor New York, NY 10036, USA Téléphone +1 212 792 58 20 Dallas Vontobel Swiss Wealth Advisors AG Inc. Succursale Dallas 100 Crescent Court, 7th Floor Dallas, TX 75201, USA Téléphone +1 214 459 3250 Emirats Arabes Unis Dubaï Vontobel Financial Products Ltd. Liberty House, Office 913, Dubai International Financial Centre P.O. Box 506814 Dubaï, Emirats Arabes Unis Téléphone +971 (4) 703 85 00


Illustration de la couverture: Getty Images Mentions légales Le «Vontobel Portrait 2014» n’a qu’un but informatif. Par conséquent, les données et opinions qu’il contient ne constituent nullement une incitation, une offre ou une recommandation en vue de solliciter un service, d’acquérir ou de vendre des instruments de placement ou d’effectuer une quelconque transaction. En outre, nous attirons votre attention sur le risque que les prévisions, pronostics, projections et résultats décrits ou impliqués dans des déclarations à caractère prospectif peuvent se révéler inexacts. Les données et déclarations concernant le résultat financier révisé ainsi que la Corporate Governance sont exclusivement disponibles dans les rapports annuels 2013 de Vontobel Holding AG qui peuvent être obtenus à l’adresse www.vontobel.com ou sur demande par la Poste. L’opinion exprimée par les auteurs externes dans la présente publication ne correspond pas nécessairement à celle du Groupe Vontobel.

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