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CARBURANTS
Le tourisme des carburants bat son plein
Les remises sur le prix des carburants octroyées en France ainsi que les mouvements sociaux dans les raffineries de ce pays ont entraîné un rare va-et-vient des clients sur les stations frontalières de la Belgique et de la France. De quoi donner le tournis aux pompistes…
Si l’importante remise du Gouvernement allemand sur les prix des carburants a pris fin au 1e septembre, l’Etat français portait quant lui – à la même date – la remise de 18 centimes par litre, mise en place depuis le 1e avril, à 30 centimes par litre. Ceci aussi bien sur le diesel que sur l’essence. La remise carburant de l’Etat français devait en principe venir à échéance au 15 novembre dernier. L’automobiliste français pouvait en outre bénéficier d’un programme massif de réduction des prix dans toutes les stations-service de TotalEnergies en France. Du 1er septembre au 1er novembre, le prix du carburant dans ces stations-service était inférieur de 20 cents par litre au prix normal du marché et, du 1er novembre au 31 décembre, de 10 cents par litre. Concrètement, les automobilistes français ont ainsi payé environ 1,50 €/litre entre le 1er septembre et le 1er novembre, tandis qu’en Belgique, ils ont dû payer environ 2,00 €/litre. Cette différence de prix a poussé de nombreux automobilistes belges à faire le plein Outre-Quiévrain.
La situation s’est inversée lorsque, à la mi-octobre, des grèves dans plusieurs raffineries et dépôts français de TotalEnergies et EssoExxonMobil ont causé des problèmes d’approvisionnement voire des pénuries dans environ 30% des stations du pays au plus fort du mouvement. Le département du Nord, frontalier de la Belgique, a été particulièrement touché, puisque près de 40% des stations y ont rencontré des difficultés. Les stations-service belges situées près de la frontière avec la France ont alors enregistré des hausses de la demande pouvant aller jusqu’à 15 à 20%.
Situées à une vingtaine de kilomètres de la frontière française, les stations-service des Ets Brousmiche-Michelet de Chimay, Baileux et Virelles n’ont été que peu impactées par ce tourisme des carburants. Nous avons néanmoins constaté un léger fléchissement des ventes lorsque TotalEnergies France et l’Etat français ont annoncé des mesures d’aide, précise le gérant Christophe Brousmiche. Il faut dire que les médias belges ont aussi pas mal tambouriné pour expliquer que le caddy de courses était meilleur marché en France. Par la suite, hormis quelques professionnels (entreprises agricoles…) à la recherche de gasoil diesel et d’AdBlue, nos stations-service n’ont pas connu de retombées à la suite des mouvements sociaux en France car les Français ne viennent pas jusque chez nous. Tout en admettant que le système d’accises actuel permet aux stations-service frontalières de vendre, Christophe Brousmiche estime qu’une harmonisation européenne des accises lui permettrait d’élargir son rayon de distribution.
A la mi-octobre, la pénurie de carburants sur certaines stations-service françaises a poussé les frontaliers à venir faire le plein en Belgique.
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Frédéric Clause, responsable commercial des Ets Warin, a quant à lui constaté une baisse des volumes sur les stations frontalières de Hastière et Bièvre dès que des remises sur le prix des carburants ont été accordées en France. A la mi-octobre, les ruptures d’approvisionnement des stations françaises ont augmenté sensiblement la fréquentation des clients français sur les stations des Ets Warin. Les Français sont venus pour se dépanner avec des petites quantités en attendant que la situation se débloque dans leur pays, explique Frédéric Clause. Ce ne fut néanmoins pas le rush attendu, probablement parce que d’autres stations belges sont encore situées plus près de la frontière que les nôtres. Dans une direction comme dans l’autre, ce tourisme des carburants n’a donc que peu touché les stations des Ets Warin. En cette période de crise énergétique, Frédéric Clause remarque que l’automobiliste est principalement guidé par le prix. Il ne s’intéresse ni à la marque ni à la qualité du produit. Il va au moins cher.
Charlotte Tahon, gérante de Tahon Carburants, a relevé que 4 de ses 6 stations-service ont été impactées par le tourisme des carburants vers la France. Tous les automobilistes belges sont d’abord allés en France, mais ils sont revenus dès que nos voisins sont tombés à court de carburants. Le « coup de folie » est passé, note-t-elle. Aujourd’hui, il y a de nouveau un mouvement des clients vers la France et notre litrage diminue. En principe, à partir du 15 novembre, les stations françaises vont afficher des prix à la hausse. Je pense que l’on reviendra à un équilibre des prix d’ici le mois de janvier. Notre consœur ne pense pas qu’une harmonisation fiscale entre les pays soit la meilleure des solutions. Selon Charlotte Tahon, seule une diminution des accises sur les carburants pourrait remédier à cette situation tout en faisant rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat.
Avant les mouvements sociaux dans les raffineries françaises, Maxime Fournier, gérant du négoce Fournier-Cavos, comptabilisait logiquement beaucoup moins de Belges et plus aucun Français dans ses 3 stations-service frontalières. Les réductions de prix appliquées par l’Etat Français et TotalEnergies ont permis à une station-service française, proche de notre station de Menin, de vendre le carburant 30 centimes moins cher, explique-t-il. Actif aussi dans la distribution de mazout et de pellets, le négoce n’a pas eu trop à souffrir de cette situation. Les Français sont ensuite revenus en raison des pénuries en France, ajoute-t-il, mais cela n’a pas compensé les volumes perdus précédemment. Lors de l’affluence des automobilistes français sur ses stations, notre confrère a remarqué que l’essence se vendait plus vite que le diesel. Les automobilistes posent régulièrement des questions sur les fluctuations de prix et le moment où elles cesseront. Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre. Maxime Fournier estime que le prix des carburants devrait être réglementé au niveau européen.
Chez Romac Fuels, spécialiste de l’approvisionnement en diesel des camions sur ses stations de Furnes, Ostende et Houdeng, les réductions de prix sur les carburants en France ont engendré un ralentissement des activités. Entre 500 et 1000 camions viennent faire le plein chaque jour sur nos stations. Contrairement aux stations belges, beaucoup de stations françaises ne sont pas adaptées à de tels volumes. Notre station d’Ostende accueille beaucoup de routiers anglais, explique l’administrateur Mathieu Vander Paelt qui se dit favorable à l’application d’un taux d’accises minimum sur les carburants. Selon lui, tout le monde – à commencer par l’Etat belge – serait gagnant si l’on pouvait s’assurer que le plus grand nombre de transporteurs fassent le plein en Belgique. Chaque litre qui part en France représente une perte pour l’État, en termes de TVA et d’accises. J’espère que nos ministres vont aider le citoyen belge en plafonnant les accises au minimum, d’une part, et en faisant payer la TVA à chaque camion qui passe sur notre territoire sans y faire le plein, d’autre part. Ces recettes pourraient servir à subventionner le développement de panneaux solaires, des éoliennes et de l’hydrogène, par exemple.
Kristof Vandenbroucke ne tient pas un autre discours. L’entreprise PMO dont il est le gérant dispose de nombreuses stations-service le long de la frontière française, entre Adinkerke et Mons. La Belgique est un petit pays de transit, rappelle-t-il. Si notre pays pouvait s’assurer de ne pas vendre ses carburants plus chers qu’en France, il y aurait une source massive de revenus pour l’Etat. Et cela ne s’arrête pas aux stations-service, fait remarquer notre confrère qui vit à la frontière. En temps normal, les Français qui viennent faire le plein en Belgique s’arrêtent aussi dans les jardineries locales, les boulangeries et les restaurants. Lorsque les Français ne viennent plus sur les stations-service belges, d’autres commerces voient leurs revenus chuter. Quand les Belges vont faire le plein côté français, Kristof Vandenbroucke voit les volumes baisser dans ses stations-service qui se trouvent jusqu’à 15 ou 20 km de la frontière française. A contrario, ces stations se sont portées à merveille lors des problèmes d’approvisionnement en France. Le gérant de PMO espère un retour à la normale dès la fin des aides octroyées à l’automobiliste français. La Belgique, qui prétend vouloir défendre le pouvoir d’achat de ses citoyens, devrait adopter des mesures similaires au lieu d’instaurer des cliquets sur les carburants (déjà 6 cliquets sur les essences depuis le 10 septembre) !
Brafco a rappelé au Gouvernement la situation difficile des stations frontalières belges en raison de la distorsion de la concurrence et a demandé une réduction des droits d’accises au plancher européen.
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