

En 2016, par l’entremise de Jean-Michel Wilmotte, j’ai fait la connaissance de Fabrice Hyber. Désormais doté d’un chai à la pointe de la technologie, le Château, magnifiquement enchâssé par l’architecte dans son écrin de verre, attendait de voir ses murs prendre vie. La rencontre s’est déroulée de manière conviviale, comme il est de tradition à Pédesclaux, en présence des équipes, dans la salle à manger, autour d’un repas accompagné de vins soigneusement choisis : moment de simplicité, d’échanges et de partage comme je les aime.
Quelques mois plus tard, Fabrice nous contactait pour une visite à l’atelier. Il avait réalisé cinq grands formats. Françoise et moi avons été immédiatement conquis. Au-delà de la qualité formelle des œuvres, de la compréhension des lieux à investir – chaque tableau avait son emplacement attitré – Fabrice avait su saisir, non seulement la complexité du travail que requiert la fabrication du vin, mais aussi les valeurs qui animent la production de celui-ci et qui me sont chères : respect de l’environnement, rigueur et professionnalisme pour atteindre l’excellence, implication et enthousiasme du travail en équipe.
En 2020, l’acquisition de six nouveaux tableaux permettait de développer les questions liées au climat, au sous-sol et au terroir. En 2023, les thèmes des saisons, de l’histoire du vin d’avant et les propositions poétiques d’un vin du futur venaient compléter l’ensemble. Du hall d’accueil à la salle à manger, en passant par les salons, la collection offre aux collaborateurs et aux visiteurs une vision créative à la fois inventive et réaliste du travail de la viticulture et de la vinification. Les peintures forment un cycle exceptionnel. Je me réjouis et suis fier de cette collaboration avec Fabrice, homme d’une grande générosité, engagé dans son temps. Il est à mes yeux sans conteste une figure majeure de la scène artistique contemporaine.
Jacky Lorenzetti
La première visite du domaine du Château Pedesclaux en 2015 avec Jean-Michel Wilmotte était décisive. La rencontre de Jacky et Françoise Lorenzetti puis la visite du Château et du chai m'ont permis de découvrir un monde nouveau qui balayait les idées vagues que j’avais d’un vignoble : la fabrique du vin comme je ne l’avais jamais vue. Tous les ingrédients sont ici décortiqués, redéfinis, recomposés avec bonheur et joie. Il me semblait nécessaire d’écrire mes impressions qui me permettaient d’apprendre du vin et de les transmettre.
Sans hésiter j’ai rapidement à mon retour dessiné, décortiqué, redéfini et recomposé mes impressions. Les climats et les histoires passées et futures, l’équipe, les surprises, les phénomènes, la gourmandise, la maîtrise, l’organisation, le cep et la grappe, la vinification, les couleurs, les personnalités tout est un sujet. Le vin ne supporte pas le vide. Il habite totalement son contenant jusqu’à l’air et le sol environnant.
Fabrice Hyber
Créé spécialement pour les salons de réception du Château Pédesclaux, cet ensemble panoramique de peintures de Fabrice Hyber s’inscrit dans une longue tradition de l’art qui reconnait dans la vinification une formidable invention dont l’alchimie accompagne le désir même de peindre. À la Renaissance, nombreux ont été les peintres, parmi les plus grands, de Titien à Caravage, qui ont croqué les scènes de délectation du vin. C’est là tout un pan festif de la peinture occidentale, dignement inspiré par Bacchus, dieu de l’ivresse, génie de la fertilité mais aussi symbole de l’inspiration créatrice.
De la fertilité de la nature à l’invention artistique, il n’y a qu’un pas qui glisse de la vigne vers le pinceau, du jus de raisin vers le lavis des pigments. L’arôme du vin éveille et stimule l’imagination. Depuis l’Antiquité, Bacchus est le « guide des muses ». Horace parle de furor bacchicus ; Ovide assure que les poètes peuvent trouver inspiration dans le vin, avant que Rabelais, plus tard, n’évoque « l’unique enthousiasme » de la divine bouteille. Certains peintres, comme Caravage, se représentent sous les traits de Bacchus, devenu le modèle idéalisé de l’inspiration, une grappe de raisin à la main, en lieu et place du pinceau (possible clin d’œil à l’histoire mythique des premiers temps de la peinture, à commencer par le mythe de Zeuxis qui convoque la virtuosité d’un peintre figurant un jeune homme avec une grappe de raisin si ressemblante que les oiseaux cherchaient à en picorer les grains illusionnistes). L’invention du trompe-l’œil s’amuse de la profusion des formes.
Cette abondance se retrouve dans le dessin de Fabrice Hyber, son goût des ramifications, calqué ici sur l’armature réticulaire du cep de vigne. Mêlant dessins, écritures et peintures, avec des effets de superpositions qui mettent chaque fois à nu la prolifération des formes et de la pensée, Hyber joue sur l’éventail des possibilités d’interventions sur la matière organique. Il croise les techniques, les échelles et les disciplines (chimie, géologie, topologie, optique, astronomie, etc.) pour mieux coller à la mobilité des hypothèses sur la transformation physique des ingrédients, ici celle du raisin dans le processus de sa vinification. La somptueuse résine avec laquelle il recouvre ses peintures − c’est là une des marques de fabrique de l’artiste − incarne à la fois la coagulation des matières qui entrent en jeu dans le frottement des techniques (dessins, huiles, crayons gras, etc.) et l’assimilation de nouvelles informations qui naissent de la rencontre inopinée des motifs dessinés.
D’où, la récurrence des alambics dans son œuvre, en particulier dans le goût prononcé pour l’analogie entre le circuit de digestion et les méandres du cortex cérébral. Ces alambics nomment la cuisine artisanale du peintre (son goût pour la mixture des pigments, les effets de liants, etc.) ; ils sont aussi la métaphore du cheminement complexe de la pensée, passant par divers états avant de trouver la formule de connaissance la plus juste. Au Château Pédesclaux, un des ensembles majeurs de
sa production picturale, Fabrice Hyber revient sur une tradition de l’iconographie de la vendange : la technique de vinification dialogue avec l’alchimie du peintre qui scrute et analyse les règles d’équilibre instable des formes et des colorations. Car il y a bien une féerie chromatique dans le vin, à commencer par les irisations du grain de raisin et de son jus. Du clair (diaphane) et de l’obscur (opaque) dans lesquels se frayent des saveurs qui ne demandent qu’à se révéler. Mais Fabrice Hyber, dont l’exercice virtuose de la peinture va plus loin qu’un simple commentaire sur les formes existantes, ne s’arrête pas à ces jeux de surfaces visibles des couleurs. Ses nuanciers réinventent méthodiquement les formules de fabrication du vin, au contact de la grande organisation du Monde. Le terme domaine prend ici tout son sens, pour qualifier un territoire, sa géographie et sa géologie, ses ressources calcaires et minérales, mais aussi tout un monde technique de savoirs et de savoirfaire. En découvrant Pédesclaux, l’artiste Fabrice Hyber a immédiatement perçu ce réseau immatériel qui unit un terroir naturel à des compétences œnologiques, et où la tradition de la fabrique savante du vin rejoint une approche expérimentale, calibrée sur-mesure pour optimiser la qualité gustative des millésimes.
Dans la séquence narrative des tableaux qui se répondent tels des vases communicants, Hyber décline le cycle de production du vin. Il livre le récit d’une transformation sur une suite intuitive d’agencements et de rencontres. Décortiquer le vin, c’est d’abord décomposer des éléments primaires (soleil, lumière, terre, eau), des atmosphères (air iodé de l’océan, effluves de la Garonne, entrées marines) et des qualités (couleur, chaleur). C’est aussi revenir à l’origine de sa formation en cépage (racines, ceps, terre, paysage, feuilles, grappes), avec un rythme propre de croissance et de progression (« tout est naturel dans un cep ») puis dévoiler, peu à peu, les traces d’intervention de ce que l’équipe humaine du Château apporte à ce développement naturel (robe, fruit, parfum). Le vin est une matière ardente qui ne s’arrête pas de bouger ; il faut le restabiliser en permanence, ce que l’artiste cherche ici à rendre au moyen d’un large panorama traversant les pièces du rez-de-jardin, donnant à voir, sous une forme synthétique, une suite d’équilibres à la fois fragiles et permanents qui animent le rythme de cette transformation en images. Cela passe par le motif d’un paysage, car le vin est d’abord né dans un terroir qui forme un paysage. On retrouve donc, tout naturellement, des arbres, des ciels, des nuages, des flaques d’eau, mais aussi des constellations d’astres, des soleils, des lunes, marqueurs d’une horloge biologique qui raccorde les règnes et les échelles (macro/micro).Terre et ciel s’interposent dans un jeu à parts égales qui prend la configuration cosmique de grands cycles. Une Terre en forme circulaire de barrique, cernée par un ballet de lunes et de soleils qui orchestrent l’ordre copernicien des saisons, des jours et des nuits. Mais aussi des soleils qui deviennent des grains de raisin (et vice versa), comme si tout revenait à confondre les échelles pour mieux les faire dialoguer sur un plan physique et matériel partagé.
Pour Hyber, le vin est par nature insaisissable − voire incompréhensible − car il dépend d’un amalgame de multiples informations qu’il est difficile de cerner. Il faut donc trouver un équilibre dans ce surplus d’informations qui débordent, en partant tout simplement de la relation organique qui unit, dans le temps et par une analogie formelle à peine fortuite, le grain de raisin au soleil. L’exposition au soleil fait le raisin, elle induit sa grosseur, sa teneur, son odeur, elle nourrit son parfum. D’où un festival de soleils, des soleils-fleurs qui forment un bouquet pour mieux signifier l’ascendant botanique dans l’éclosion des arômes, des soleils-vignes qui forment des grappes pour mieux rappeler le penchant héliotrope du raisin en ces terres bordelaises. Le paysage est météorologique, balayé par des courants d’air et des échelles ambiantes de températures.
Il est aussi habité et transformé par la technique. Des chais flambants neufs (sur une architecture de Jean-Michel Wilmotte), mêlent barriques en fûts de bois et amphores en terre cuite, isolées dans une forêt d’immenses cuves métalliques. Le contraste est saisissant, dans son mélange des âges qui balaie, d’un trait, l’écart entre le monde ancien et le nouveau pour nous rappeler combien la technique ancestrale de vinification n’est pas fixée, encore moins quand elle désire se soustraire au régime de dénaturation du jus en se projetant dans le futur du bio (« BIO -TOP »). Dans ses tableaux aux surfaces organiques, Hyber souligne les vertus de ce « bain de culture » en installant joyeusement le vigneron dans la barrique, les pieds, à l’ancienne, dans le raisin qui dégorge le jus de sa pulpe transformée en un moût fait d’eau, de sucres et d’acides à l’alliage lunatique.
L’humain refait surface. Déjà, il pointait du doigt sous la forme de ces raisins anthropomorphes, affublés de deux pépins en forme d’yeux pétillants : des raisins
rieurs, regroupés sur une grappe qui formait squelette, le sarment en guise de colonne vertébrale, la rafle, sa partie ligneuse ramifiée, en forme de bras ouverts, les pédicelles sur lesquelles se raccordent les grains singeant les doigts d’une main. Chaque grappe est un être à part entière, bien vivant, avec son histoire et son devenir (« ce qui reste de la grappe devient un personnage »). Chaque grappe se joue à passer du fruit perdu dans la masse végétale de la vigne, à l’individu doté de son grain de « peau », qui clame son autonomie avant de rejoindre le bain fusionnel de son devenir-jus.
Nature morte au verre de vin, 1656, Jan Van de Velde
Hyber donne à ces grains une valeur picturale (pour les cépages à pellicule noire et pulpe noire, ne parle-t-on pas de « cépage teinturier » comme pour mieux signifier le passage de la couleur). Dans le raisin, la fine pellicule qui enveloppe le grain est recouverte d’une surface légèrement granuleuse. Elle marque la présence, à peine visible, plutôt tactile, d’une infracouche pelliculaire qui la recouvre, appelée la « pruine », dont la fonction organique est de rendre le grain imperméable. Le peintre sait ici rendre l’effet soyeux de cette protection à fleur de peau. Il sait aussi nous dire, dans de subtils effets de coulures, combien cette couche invisible participe activement au processus de transformation du grain en jus (la pruine, qui retient les levures, intervient dans le processus de fermentation du vin). Mais la présence de l’humain n’est pas le seul fait d’un raisin humanoïde qui clame sa « raison d’être ». Elle est aussi le fruit d’un collectif − cette fois bien humain − qui anime l’équipe viticole et œnologue. Fabriquer un vin, nous dit Hyber, c’est monter une équipe. La grappe de fruit rouge mute en un agrégat de ballons, clin d’œil à la passion rugbystique du propriétaire du vignoble. L’analogie est aisée.
La rondeur oblongue du raisin ressemble à la forme du ballon. Le rugby est un sport d’équipe, et sa figure de jeu, le regroupement fédérateur de la mêlée, rappelle le contact bord à bord des raisins dans la grappe. Hyber file la métaphore. Une équipe esquissée en silhouettes formant un château de cartes, ressemble à un cep de vigne, renversé − « dans univers, il y a vin (à l’envers) ». La cohorte des viticulteurs et œnologues associés par leur savoir-faire au processus technique de vinification se moule, par mimétisme, dans la trame vivante de la vigne.
Pourtant, dans cette transformation du raisin en vin, soulignée par un passage de couleur dont nous parle ici le nuancier en diptyque (de l’indigo sombre − une couleur elle-même fermentée qu’Isaac Newton présentait comme la « septième couleur » de l’arc-en-ciel − au rouge grenat − une couleur composée de pigments naturels reconnue pour la densité sombre de ses reflets), le regard pénétrant de l’artiste nous invite à dépasser l’écorce apparente des choses pour rejoindre un ordre physique infra-visible, infinitésimal (l’infiniment petit, après les grands cycles cosmiques) . C’est là une permutation qu’Hyber prend la liberté d’associer au langage de la physique quantique quand cette dernière décrit le comportement de la matière au niveau des particules et des atomes (nous quittons la mécanique newtonienne) et du mouvement qu’elle déplace dans un champ d’énergie électromagnétique (la polarité ⁺⁄ et ses figures de double). Le vin, dans la complexité de sa formule jamais nouée, rejoint
une dynamique des résonances et des champs. D’où la présence des ondes qui virevoltent et circulent dans ce paysage viticole, des ondes qui transmettent des énergies bouleversant l’ordre aléatoire des particules. D’où aussi des effets d’intrication d’espaces qui signalent combien une interaction physique en un endroit du cycle de production peut avoir une répercussion simultanée dans un autre endroit. En décortiquant la fabrique du vin à l’échelle macro et micro, en soulignant le contact élémentaire entre terre, air et eau, en insistant sur le rôle névralgique de la photosynthèse dans l’exposition du raisin au soleil, Hyber nous rappelle combien le vivant peut tirer parti de cette agitation désordonnée des particules.
Le Château Pédesclaux et ses chais gravitaires deviennent sous le pinceau de Fabrice Hyber un alambic géant où circulent des énergies humaines, végétales et minérales, dans un brassage des règnes ( humain/non-humain) et des raisonnements (induction/déduction) qui se refuse à séparer les informations au profit d’une « écologie mentale ». La recherche d’un bien-être de la vigne précède et conditionne la délectation gustative du palais. Les ceps attirent les courants d’eau comme les papilles absorbent les vapeurs d’alcool. De l’amont à l’aval d’une production viticole respectueuse de l’environnement, tout fonctionne en écho, en rapport, en équilibre, comme ces nappes d’ondes aquatiques qui jonglent sur les bras démultipliés d’un cep monumental. Les rayons qu’elles dispersent dans l’écosystème de la vigne sont à l’image des multiples figures énergétiques de circulation (courants d’air, fréquences ondulatoires, frémissements sismiques) qui traversent les paysages de Pédesclaux revus et corrigés par la rétine « quantique » d’Hyber. Des flèches détournées, des ellipses et beaucoup plus rarement des tracés rectilignes, comme pour mieux coller à la distinction ancienne qui, chez les Grecs, opposait l’épistémè ( le chemin rectiligne de la raison et de la connaissance scientifique) à la métis (le chemin tortueux du savoir-faire de la technique). Hyber a su rendre, dans le désordre calculé du tracé au crayon gras et des couleurs, l’écologie souterraine du « BIO -TOP » de Pédesclaux.
Pour les salons de réception du Château Pédesclaux, l’artiste Fabrice Hyber, Lion d’Or de la Biennale de Venise, a produit et réunit un ensemble exceptionnel de quinze toiles. Elles forment un paysage panoramique dans lequel le peintre a souhaité « décortiquer » la complexité technique du processus de vinification au sein d’un domaine viticole engagé dans le respect de l’environnement. À la fois une histoire humaine et un paysage naturel. Ces peintures adoptent aussi bien le genre du portrait (le couple des propriétaires du vignoble est dépeint en « robe rouge » et « raisin noir » ; l’équipe des viticulteurs et œnologues, comparée à une équipe de rugby, l’autre passion de la famille Lorenzetti) que le style d’un paysage allégorique illustrant l’énergie du milieu ambiant (les grains de raisin assimilés, par analogie formelle, à des disques solaires, dans une danse des astres qui rappelle les grandes compositions cosmiques de la Renaissance). L’artiste brouille les genres et les disciplines (biologie, géologie, œnologie, topologie, astrologie, etc.) dans le but de mieux cerner ce qui n'est pas fixé dans la tradition ancestrale de fabrication du vin.
La résine avec laquelle Fabrice Hyber recouvre ces toiles invite à découvrir, dans l’épaisseur lumineuse des surfaces, les étroites relations qui unissent, au propre et au figuré, la technique de vinification et la pratique de la peinture : coulures et fermentation, couleurs et nuanciers, transparence et opacité. Hyber déconstruit le cycle de production du vin pour mieux réécrire l’histoire d’une matière vivante. D’abord décomposer des éléments primaires (soleil, lumière, terre, eau), des atmosphères (air iodé de l’océan, effluves de la Garonne, entrées marines) et des qualités (couleur, chaleur), avec un rythme propre de croissance et de progression (« tout est naturel dans un cep ») puis dévoiler les traces d’intervention de ce que l’équipe technique du vignoble fait, par une savante alchimie, à ce développement naturel (robe, fruit, parfum). Ou comment donner au visiteur du Château une vision globale et synthétique d’un processus complexe de transformation fondé sur une suite d’équilibres fragiles qui demandent, à chaque saison, d’être repensés à nouveaux frais. C’est sa manière, pleine d’écritures, de déclinaisons de mots et d’inventions formelles, de penser le caractère vivant et organique de l’écosystème de Pédesclaux.
(Entrée) l'hiver, la nuit, 2023, fusain, peinture à l'huile, résine époxy, 250 × 250 cm
Durant la saison hivernale, la grappe hiberne. Elle attend sans être inactive ; elle accumule ses ressources dans une mémoire gravée dans la sédimentation des states du sol. Le vin est en dormance ; il grandit par ses racines dans un sous-sol qui forme la base de son inconscient. Il projette ses rêves dans le ciel et forme une nouvelle constellation : la constellation de la grappe.
(Entrée) le vin du futur, 2023, fusain, peinture à l'huile, résine époxy, 180 × 180 cm
Le vin du futur pourrait être adapté au goût de chaque personne, à la forme de chaque palais. Un vin interactif, formaté à nos mémoires, à nos histoires individuelles. La grappe de molécules du vin pourrait être décomposée en éléments d’informations, à géométrie variable, pour fournir les modèles fluides de cette adaptation. Un vin froid, chaud ou humide, qui s’adapte aux envies du moment.
(Entrée) le vin du passé, 2023, fusain, peinture à l'huile, résine époxy, 180 × 180 cm
Dans le dialogue entre le fruit (le contenu) et le flacon (le contenant), l’histoire ancienne de la conservation du vin et de son transport retrace le bal des matières - terre, céramique, bois, verre – pour préserver au mieux le goût et les parfums du vin. Retour aux origines, le vin fermente dans une jarre de terre qui engrange l’énergie ayant nourri la croissance des raisins et la légende solaire de la découverte du vin.
(Entrée) le jour, l'été, 2023, fusain, peinture à l'huile, résine époxy, 250 × 250 cm
Un cep florissant, des grains qui mûrissent, avec des variations de couleurs et de teintes qui reprennent la fluctuation des nuances lumineuses de la journée suivant la courbe du soleil. La croissance entre ciel et terre.
36 - 37
(Premier salon) l'équipe, 2015, fusain, papier marouflé, peinture à l'huile, résine époxy, 300 × 205 cm
Première pièce du panorama, L’équipe est un tableau rassemblant toutes les hypothèses de recherche sur le cycle de fabrication du vin. Il met en évidence la combinaison des éléments naturels et des facteurs humains. L’analogie formelle entre la grappe de raisin et un bouquet de ballons rappelle combien l’esprit d’équipe du Château Pédesclaux est lié à une histoire humaine, la passion du rugby de la famille propriétaire du vignoble.
38 - 39
(Premier salon) les vases communicants, 2015, fusain, peinture à l'huile, résine époxy, 300 × 200 cm
Le vin est d’abord une vigne. Le Château commence donc par l’architecture vivante, aérienne et souterraine, du cep répondant à son environnement (arc en ciel, atmosphère, courants d’air et d’eau)
Respecter le raisin, c’est identifier les circuits vertueux de nutrition de son milieu ambiant. Le cep de vigne fait penser à un réservoir qui récupère l’eau par capillarité, figurant les liens organiques qui unissent les différents éléments, terre, ciel et eau.
(Premier salon) bio-top, 2020, fusain, papier marouflé, peinture à l'huile, résine époxy, 100 × 200 cm
Une grappe en forme de ballons de baudruche. L’équipe viticole et œnologue (ils sont une vingtaine en période normale à Pédesclaux) se retrouve dans la joie festive des vendanges, moment de culmination d’une saison qui a réuni patiemment les compétences techniques du cycle de production.
(Deuxième salon) bien-être , 2020, fusain, peinture à l'huile, résine époxy, 120 × 200 cm
Le maître de chai plongé dans la barrique rappelle les techniques ancestrales de la vinification. Un bonhomme vert, régisseur et gardien des recettes, illustre la part savante du savoir-faire s’adossant sur les lois de la nature : la douelle en bois de la barrique reprend la courbure de la Terre.
(Deuxième salon) barrique planétaire, 2020, fusain, peinture à l'huile, résine époxy, 120 × 200 cm
La Terre est un vaste territoire circulaire de fermentation. Elle prend la forme d’une barrique, plongée dans un espace où les planètes deviennent des grains de raisin projetés dans l’échelle cyclique du cosmos.
(Deuxième salon) le vin quantique, 2015, fusain, peinture à l'huile, résine époxy, 300 × 220 cm
Le développement du raisin répond au cycle naturel des expositions à la lumière. Le circuit calendaire du soleil autour de la Terre prend la forme d’une grappe de raisin. Pourquoi « quantique » ? Parce qu’à chaque fois qu’un nouveau paramètre entre en jeu (un degré d’ensoleillement, une pluie d’orage, une saison de chaleur), il redéfinit la formule du vin. La physique quantique, qui ne fixe pas les états, intègre la mobilité de la vie dans tous ses dérèglements.
(Salle à manger) raisin noir, robe rouge, 2020, fusain, papier marouflé, peinture à l'huile, résine, 200 × 200 cm
Portrait des propriétaires du domaine, Françoise et Jacky Lorenzetti. Elle est en rouge, lui en noir, déclinant les couleurs de la vinification. En gardiens des vignes, ils sont littéralement habités par un paysage avec lequel ils fusionnent. Tels des caméléons, ils absorbent la forme du raisin, aidés par des anges « naturellement humain(s) » qui animent et protègent la passion du terroir.
(Salle à manger) architecture de la grappe ⁄ la grappe de raisin nu, 2020, fusain, papier marouflé, peinture à l'huile, résine époxy, 100 × 200 cm ⁄ 120 × 200 cm
Pour comprendre la composition savante du vin, il faut décortiquer la grappe de raisin. Dépecée de ses grains, elle révèle un squelette aux allures anthropomorphes, très humaines : « ce qui reste de la grappe, devient un personnage ».
56 - 57 (Salle à manger) nuancier de la grappe nuancier du vin, 2015, fusain, peinture à l'huile, résine, 150 × 200 cm
Sous la forme d’un diptyque, la déclinaison des couleurs du raisin et du vin. Elle n’est pas identique, rappelant le travail chromatique de la fermentation. La couleur du raisin varie autour du bleu indigo, avec de subtiles variations de teintes, en fonction du jour et le la nuit. La couleur du vin fluctue autour d’un rouge grenat, à partir d’un pigment naturel reconnu pour la densité sombre de ses reflets.
Fabrice Hyber
Né à Luçon en 1961
Vit et travaille à Mareuil, Vendée
Lion d’Or 47e Biennale de Venise
Officier des Arts et des Lettres
Promu Chevalier dans l'ordre national du Mérite
Élu à l'Académie des beaux-arts
Nommé ambassadeur du fonds
ONF-Agir pour la forêt
Nommé Chevalier de la Légion d’honneur
principales réalisations
Le mètre carré de rouge à lèvres
L’homme de Bessines
Le plus gros savon du monde, 1re Biennale de Lyon
Initie le processus de La Vallée en semant plus de 300 000 arbres d’espèces variées
Création de UR - Unlimited Responsibility
69 hommes de Bessines, Lisbonne
Changement de temps : inconnu. net, célébration pour l’an 2000,
Arc de Triomphe, Paris
Création de l'éclairage public
3 Raüme, 3 Flüsse, Hann-Münden
Chaosgraphie et costumes POF, pour la pièce Les 4 saisons, ballet Angelin Preljocaj
L’Artère - Le Jardin des dessins, La Villette, Paris
TedHyber, Gare d'Osaka
Le Cri, l’écrit, Jardin du Luxembourg, Paris
49 hommes de Bessines, Shanghaï
Sans gêne, Institut Pasteur, Paris
Création du programme
Les Réalisateurs (2012-2017) en partenariat avec l’École supérieure des beaux-arts et l’École de commerce Audencia, Nantes
Transplantation, Beaupassage, Paris
Verrière de l’hôtel Lutetia, Paris
Coool TedHyber, Gare d’Osaka
L’Artère 2021 - Le Jardin des dessins, La Villette, Paris
L'homme de bois, Jardin des plantes, Nantes
Mutations, Maison de l’Avocat, Nantes
Fabrice Hybert : œuvres de 1981 à 1993, CAPC, Bordeaux Programme d’entreprise indéterminée, Musée d'art de Nantes
Traduction, tour du savon dans
Centres E.Leclerc
Fabrice Hybert, Centre d’art contemporain, Moscou
Plus lourd à l’intérieur, Musée d’art moderne et comtemporain, Saint-Etienne
L’Hybermarché (1-1=2), Arc, Musée d’art moderne, Paris
Eau d’or, eau dort, ODOR, Pavillon français, 47e Biennale de Venise
Diététique, Confort Moderne, Poitiers
Fabrice Hybert, Jack Tilton Gallery, New York
Citoxe, Fondation De Appel, Amsterdam
Certificat, Université de Kanazawa
Spiral TV - POF-shop, Wacoal Art Center, Tokyo
At Your Own Risk, Bergen Kunstmuseum, Bergen
Inconnu.net, Ace Gallery, Los Angeles
C’hybert rallye, Tokyo
Vassivière C’hybert rallye, Centre international d’art et du paysage, Île de Vassivière C’hybert rallye, Paris
POF Cabaret, Musée d’art moderne de la ville de Paris
Météo, Villa Arson, Nice
Nord-Sud, Frac des Pays de la Loire, Carquefou Voix d’eaux et +, MABA, Nogent-sur-Marne
Pétrole, Galerie Jérôme de Noirmont, Paris
Les éclats, Musée d’art contemporain, Herzliya C’hyber rallye La Réunion, Artothèque de la Réunion, Saint-Denis
Matière à penser, Le Laboratoire, Paris
See and Grow (je s’aime), Musée d’art contemporain Watari-Um, Tokyo
Pasteur’Spirit, Institut Pasteur, Paris
Essentiel : peintures homéopathiques, Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence
POF : Prototypes d’objets en fonctionnement, 1991‒2012, MAC/ VAL, Vitry-sur-Seine
Matières premières, Palais de Tokyo, Paris
Raw Materials, Baltic Center for Contemporary Art, Gateshead
La forme des mots, MHKA, Anvers
2 716, 437 95 m2, CRAC Languedoc-Roussillon, Sète Maison des POF, École supérieure des beaux-arts, Nantes hyberDUBUFFET, Galerie Nathalie Obadia, Paris
Equilibrium, Sendaï Prototypes, L’Appartement 22, Rabat
Fabrice Hyber/Pablo Picasso, Palais idéal du facteur Cheval, Hauterives
Inéditions, Galerie Telmah Art Contemporain, Rouen Habiter la forêt, Galerie Nathalie Obadia, Paris
Fresh Air, Galerie RX, New York
Fabrice Hyber, Lasécu, Lille
La Vallée, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris
Les Hommes de Bessines, Domaine national du Palais-Royal, Paris
La foresta invisibile, espace
Louis Vuitton, Venise
On apprend le silence, The Corridor, Reykjavik Ruminé, Galerie Duchamp, Yvetot
La fabrique du climat, MASC, Les Sables-d'Olonne Humeurs, Villa Cavrois, Croix
vin sur vin
Fabrice Hyber
Château Pédesclaux
Cet ouvrage , dessiné par Vincent Chappuis, en Garamond et en Arial, a été achevé d'imprimer le 14 août 2024 sur les presses de Media Graphic à Rennes, et relié en ses ateliers. Les papiers utilisés pour ce tirage proviennent de la gamme Fedrigoni Special Papers cette première édition hors commerce comprend 2000 exemplaires.
Texte : Pascal Rousseau
Reproductions des œuvres : ©Marc Domage
Crédits : ©Rodolphe Escher, p. 5, 6, ©Anaka, p. 10,
©Marc Domage, p. 27, 28, 33, 35, 40, 43, 45, 46, 51, 52
Papiers : Imitlin Tela Neve, 120 g/m2
Arena White Smooth, 120 g/m2
Arena Bulk Natural, 90 g/m2
X-PER White, 120 g/m2
Remerciements à Agnès Musetti pour le suivi de l'ouvage.