À l’approche de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (du 17 au 21 novembre 2025), nous consacrons ce supplément à l’inclusion. Il naît d’une conviction simple : mieux informer, c’est déjà agir.
Vous y trouverez des portraits et des témoignages qui montrent comment le handicap peut devenir une force.
Mais aussi des repères pratiques : droits, dispositifs, contacts utiles pour accéder ou se maintenir dans l’emploi.
Sans oublier des solutions concrètes pour le quotidien au travail : formation, aménagements, outils et accompagnements.
Changer le regard et faciliter la vie de chacun, telle est la raison d’être de ces quelques pages.
Portraits des talents, des forces, des histoires P7
L’inclusion une construction du quotidien
P9 Handicap invisible un obstacle bien réel
Céline Gerny a arrêté sa carrière sportive, mais pas de transmettre sa passion à des cavaliers qu’elle prépare à la compétition.
Avec le soutien de
Ces innovations qui changent la vie P12
Les aidants, ces héros du quotidien
P10
Cassandre Loré va courir des Ardennes à Paris.
Supplément du journal L’union du 12 novembre 2025. Éditeur de la publication : journal L’union. Directrice générale et directrice de la publication : Géraldine Baehr-Pastor.
Éditeur délégué : Nicolas Fostier.
Direction artistique et conception : Prémédias du journal L’union. Régie publicitaire : Rossel Conseil Médias Est, 6 rue Gutenberg, 51083 Reims. CPPAP n° 0430 C 86339. ISSN 0751 6134. Imprimé sur la rotative du journal L’union, 6, rue Gutenberg à Reims.
Géraldine Baehr-Pastor, Directrice générale du journal L’union.
Votre vie va changer
LE HANDICAP BOULEVERSE, QUESTIONNE, TRANSFORME. IL FAIT VACILLER NOS CERTITUDES
MAIS OUVRE AUSSI NOS CŒURS.
CETTE SEMAINE DU HANDICAP, NOUS LA VOULIONS À NOTRE IMAGE : HUMAINE, OUVERTE, ENGAGÉE.
POUR PARTAGER, COMPRENDRE, ET RAPPELER QUE LA DIFFÉRENCE
PEUT DEVENIR UNE FORCE.
Il y a des regards compatissants ou étonnés. Des bouches bées, des silences. Parfois de très longs silences, et nos tripes qui se nouent, nos yeux qui s’embuent quand cette réalité vous revient en pleine figure.
Quand le handicap s’invite dans une vie, c’est tout un monde qui bascule. Des murs se dressent, des diagnostics s’enchaînent, des bras s’ouvrent, des mots manquent, un tsunami emporte tout et laisse place à l’incertitude.
« Votre vie va changer », m’a dit, droit dans les yeux, le professeur qui confirmait le handicap de mon bébé qui n’avait que quelques mois.
« L’inclusion ne se décrète pas, elle se construit jour après jour »
À L’OCCASION DE LA SEMAINE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DES PERSONNES HANDICAPÉES, MONIQUE DORGUEILLE, VICEPRÉSIDENTE DU DÉPARTEMENT DE LA MARNE EN CHARGE DU HANDICAP, REVIENT SUR LES 20 ANS DES MAISONS DÉPARTEMENTALES DES PERSONNES HANDICAPÉES (MDPH) ET LES ACTIONS MENÉES POUR RENFORCER L’INCLUSION.
Quel regard portez-vous sur les MDPH vingt ans après leur création ?
Elles restent un maillon essentiel de la politique publique du handicap. Dans la Marne, nous avons fait de cet anniversaire un moment d’écoute et de partage. Le Tour du Département, via des cafés des usagers, a permis de mieux cerner les besoins.
Nous avons aussi organisé des portes ouvertes, une exposition photo. On clôture le 1er décembre avec l’avant-première du film « Elle n’entend pas la moto » à l’Opéraims, en présence de la réalisatrice Dominique Fishbach. Une politique du handicap ne peut se construire sans les personnes concernées. Le Département tire les enseignements de vingt ans d’expérience pour adapter les services, simplifier les démarches et garantir l’accès aux droits.
Comment ?
On veut améliorer l’accueil et simplifier le parcours. Les
locaux de la MDPH seront réaménagés pour un accueil sans rendez-vous, plus chaleureux et confidentiel. Nous modernisons aussi nos outils : un accompagnement est proposé à l’usage du portail « MDPH en ligne », une borne informatique sera bientôt installée et la refonte complète du site internet sera réalisée en 2026 avec la participation des usagers.
L’accès aux établissements médico-sociaux reste complexe...
Nous déployons dans la Marne le Dossier unique d’admission. Ce dispositif simplifie la vie des familles en leur permettant de constituer un seul dossier valable pour plusieurs établissements.
Un exemple d’innovation marnaise ?
Nous travaillons actuellement au déploiement de l’application gratuite Handivisible, destinée aux titulaires d’une carte d’invalidité ou de priorité. Ce dispositif permet de signaler sa présence discrètement dans certains commerces ou services publics, et d’être reconnu dans ses droits sans avoir à se justifier.
Votre message pour la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées ? Que l’inclusion ne se décrète pas, elle se construit, jour après jour, avec les personnes concernées. Le Département de la Marne, au travers de la MDPH, est et restera pleinement mobilisé pour garantir à chacun sa place dans la société, quelles que soient ses fragilités. C’est une question de justice sociale, mais aussi de regard porté sur l’autre. Et ce regard, nous voulons qu’il soit bienveillant.
Je le savais au fond de moi, dès sa naissance : quelque chose de différent. Un petit truc en plus… Je n’imaginais pas à quel point ce grand professionnel disait vrai.
Oui, tout a changé : notre quotidien, notre regard sur le handicap, notre envie de donner le meilleur pour que notre enfant vive le plus normalement possible, bien entouré. Les combats du quotidien sont nombreux, mais un nouveau monde s’ouvre aussi, grâce à des professionnels en or. Un monde où résilience, bienveillance et inclusion prennent tout leur sens.
Alors, lorsque Rosalind Sokol, notre collaboratrice elle-même en situation de handicap, m’a proposé d’organiser la première Semaine du handicap, ce fut une évidence. Oui, nous allions aller plus loin que notre mission d’informer : ouvrir nos portes, croiser les regards, témoigner, partager, pour mieux comprendre et accompagner.
Ce projet est une bouffée d’oxygène. Il nous ramène à l’essentiel : le lien, le respect, la solidarité, la fraternité. Il nous aide à faire de la différence une grande force. Merci à tous pour ce bel élan collectif.
Monique Dorgueille, Vice-présidente du Département de la Marne en charge du handicap.
NOV. Mettre en relation les professionnels, les aidants et les personnes en situation de handicap. Retrouvez-y les informations et renseignements utiles.
mardi18
NOV.
ATELIERS handisportS 10h30 - 16h
Ateliers découverte destinés aux personnes valides : - basket fauteuil - parcours à l’aveugle - boccia
inscription obligatoire www.lunion.fr/handicap
Nos exposants
Lundi17 NOV. & et aussi : destinée aux personnes en situation de handicap
jeudi20
NOV. table ronde à 18h
Les thématiques : - quand la vie bascule - quand le handicap devient une force - accompagner, financer, inclure
ENTRÉE LIBRE - LOCAUX ACCESSIBLES À TOUS - PARKING GRATUIT exposition voitures
NOV.
Avec le soutien de
Handicap : Dès l’annonce, voici les droits à enclencher sans attendre
La première chose à faire consiste à déposer un dossier auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées).
«Le message clé : ne pas rester seul face à l’annonce, mais s’appuyer sur les dispositifs existants, dès les premiers instants. »
5 phrases qui aident, 5 réflexes à éviter
L’ANNONCE D’UN HANDICAP N’APPELLE PAS DES MOTS PARFAITS, MAIS UNE PRÉSENCE JUSTE. L’ÉCOUTE, L’HUMILITÉ ET LA CONTINUITÉ DU LIEN FONT SOUVENT PLUS QUE N’IMPORTE QUELLE FORMULE. 5 PHRASES QUI AIDENT, 5 RÉFLEXES À ÉVITER.
Face au handicap qu’il soit soudain ou progressif, il n’est pas toujours évident de dire, écouter, accompagner : voici les mots qui comptent.
L’ANNONCE D’UN HANDICAP BOULEVERSE UNE VIE. ACTIVER RAPIDEMENT SES DROITS EST ESSENTIEL POUR PRÉSERVER L’AUTONOMIE MAIS AUSSI LE LIEN SOCIAL.
L’annonce d’un handicap — qu’il soit brutal ou progressif — ouvre des droits concrets qu’il est essentiel d’activer rapidement pour éviter l’isolement et garantir un accompagnement adapté. Le message clé : ne pas rester seul face à l’annonce, mais s’appuyer sur les dispositifs existants, dès les premiers instants.
1. La reconnaissance administrative
La première chose à faire consiste à déposer un dossier auprès de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées). Ce dossier permet d’obtenir la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH), facilitant l’accès à des aménagements de poste, à des dispositifs de maintien dans l’emploi ou encore de permettre une reconversion professionnelle. La carte mobilité inclusion (CMI) ouvre, quant à elle, des droits à des places de stationnement, à des priorités d’accès ou encore à des avantages fiscaux.
2. L’accès aux aides financières et techniques
Selon la situation, plusieurs aides peuvent être sollicitées : la PCH (Prestation de Compensation du Handicap) permet de financer des aides humaines ou techniques. Il y a aussi l’AAH (Allocation Adulte Handicapé) pour garantir un revenu minimum. Pour les enfants, la PCH enfant et l’AEEH (Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé) soutiennent les familles dans la prise en charge quotidienne de la personne en situation de handicap.
3. Le maintien et l’adaptation du parcours professionnel
Dans la sphère du travail, il est crucial de prévenir le service RH mais aussi le médecin du travail afin d’enclencher les dispositifs d’adaptation : télétravail, aménagement d’horaires, matériel adapté. Sachez d’ailleurs que le CAP Emploi accompagne spécifiquement les salariés et les employeurs dans ces démarches.
4. Le suivi
médical et psychologique
Dès l’annonce, un accompagnement médico-psychologique peut être proposé pour la personne concernée ainsi qu’à ses proches. Les cellules d’écoute hospitalières ou associatives peuvent aider à surmonter le choc de l’annonce et à permettre de poser les premières décisions de manière la plus sereine possible.
5. Les associations,
relais essentiels
Enfin, il ne faut surtout pas hésiter à se tourner vers les associations dites spécialisées dans le milieu du handicap : ses bénévoles peuvent orienter vers les bons interlocuteurs, faciliter les démarches administratives en vous aidant dans les différentes étapes et surtout ils peuvent aussi apporter une aide psychologique importante en rompant ainsi l’isolement.
Aurélie Beaussart
5 phrases qui aident :
« Tu peux me dire ce dont tu as besoin, je suis là. »
« Prends ton temps, chacun avance à son rythme. »
« Ce que tu ressens est légitime. »
« On va chercher ensemble les solutions possibles. »
« Tu restes toi, même si tout change un peu.»
Il y a aussi ces comportements qui pèsent et blessent.
Voici 5 réflexes à éviter :
La première chose qu’il faut retenir : ne jamais minimiser le handicap (« Ce n’est pas si grave ») ou inversement dramatiser la situation (« Ta vie est foutue »).
Et puis, éviter le sujet par peur de “mal dire”, peut faire beaucoup de mal, tout comme réduire la personne à son handicap.
Même si cela semble plus facile à dire qu’à faire, et même si vous souhaitez bien faire : ne donnez pas des conseils non sollicités, ou encore vouloir « parler à la place de la personne ».
Aurélie Beaussart
Le sport comme moteur du dépassement de soi
DAVID AVRAM, UN SOISSONNAIS DE 53 ANS, EST ATTEINT DE NEUROFIBROMATOSE, UNE MALADIE GÉNÉTIQUE QUI AFFECTE LE SYSTÈME
NERVEUX. DEPUIS TOUT PETIT, LE SPORT EST DEVENU SON MOTEUR DANS LA VIE, QUI LUI PERMET DE SE DÉPASSER À TRAVERS DE NOMBREUX DÉFIS.
« Quand j’arrête, la maladie reprend le dessus », remarque David Avram, un Soissonnais de 53 ans, atteint depuis l’enfance de neurofibromatose. Cette maladie affecte son système nerveux car des tumeurs bénignes poussent sur les terminaisons nerveuses, qui compriment sa moelle épinière. « Je devrais être un légume. A priori, c’est le sport qui me maintiendrait en forme. »
Découverte vers l’âge de six ans, la maladie s’est développée à la puberté. Le regard des autres au-
Simon a choisi sa vie !
SI VOUS ÊTES RÉMOIS, IMPOSSIBLE DE NE JAMAIS AVOIR CROISÉ SIMON, SON GRAND SOURIRE ET SON OPTIMISME HORS PAIR. À 41 ANS, SIMON VIT À REIMS. DOCTEUR EN INFORMATIQUE, ANCIEN MAÎTRE DE CONFÉRENCES, IL A DÛ COMPOSER AVEC LA SCLÉROSE EN PLAQUES ET UN FAUTEUIL ROULANT. IL A AUJOURD’HUI CHOISI UN AUTRE RYTHME, PLUS LENT, PLUS HUMAIN, TOURNÉ VERS LA TRANSMISSION, L’ÉCOLOGIE ET LES AUTRES.
Comment la maladie est-elle entrée dans votre vie ? J’avais 25 ans. Je venais de partir à Paris pour mes études d’informatique. J’ai commencé à ne plus marcher droit mais il a fallu attendre un an et un urgentiste tombé par hasard sur mon dossier pour qu’on découvre la sclérose en plaques. Au début, j’ai fait comme si de rien n’était. J’ai continué ma thèse, mes cours, mes recherches.
Vous avez mené une carrière brillante avant de tout arrêter.
Oui, j’ai obtenu un doctorat, j’ai enseigné, fait de la recherche, puis je suis parti dans le privé comme consultant. Mais au bout de douze ans, la maladie m’a rattrapé. Après plusieurs mois d’hospitalisation, je suis parti seul sur l’île de Ré, faire le point. Là-bas, j’ai découvert un autre rythme de vie. J’ai compris que je pouvais vivre autrement. Et aussi qu’il le fallait. Je ne pouvais plus vivre comme avant.
C’est là que vous décidez de tout quitter ?
Oui. J’ai demandé une rupture conventionnelle, terminé mes projets, et je suis revenu à Reims, ma ville natale. Ici, j’avais mes attaches, mes proches. C’était
le bon endroit pour recommencer à zéro, à mon rythme. Avec cette nouvelle donnée : être handicapé. J’ai mis du temps à l’accepter.
Comment s’est passée cette transition ? Pas du jour au lendemain. J’ai pris le temps. J’ai fait des bilans de compétences, participé à des associations. J’ai tenté de monter un projet d’épicerie itinérante, mais j’ai réalisé que je ne voulais plus de cette pression économique. Je ne voulais pas travailler plus ni renoncer à tout ce que j’avais commencé entre temps ici : des projets associatifs, des activités porteuses de sens… Moi, j’avais besoin de moins. Alors j’ai choisi de vivre autrement.
Aujourd’hui, comment se déroule votre quotidien ? Je fais de la radio, je sensibilise au handicap avec l’APF France Handicap, je parle d’alimentation durable avec l’association Les Bons Restes, je m’occupe de jeunes scouts. J’interviens aussi auprès des conducteurs de bus ou des étudiants, j’anime des émissions de radio sur Radio Primitive, j’écris un bouquin… Mes journées sont pleines, mais à ma manière.
Vous parlez souvent de contact humain. C’est ce qui vous anime ?
Oui, complètement. Quand je suis revenu à Reims, je passais mon temps à parler aux gens dans la rue, aux commerçants. J’aime ces échanges simples. On a perdu ce lien. Le fauteuil, bizarrement, m’a aidé : il m’a rendu visible, il a brisé les barrières.
Quel message avez-vous envie de transmettre ? “Choisis ta vie.” C’est une phrase que j’avais écrite pendant ma thèse : « Un jour ou l’autre, toutes les personnes s’aperçoivent brusquement qu’elles ne sont pas obligées de vivre exactement comme on leur avait dit de vivre. » Il m’a fallu plus de dix ans pour la comprendre. Aujourd’hui, je sais que je ne suis pas obligé de vivre comme on me l’a appris. Et ça, c’est une vraie liberté.
rait pu le mettre à terre mais il a décidé de faire du sport, une force. « Je fais de l’athlétisme et du cyclisme, c’est une belle revanche sur la vie. Plutôt que de me battre physiquement contre ma maladie, je me battais contre les moqueries en leur montrant ce que je savais faire », se souvient David Avram. Malgré ses 25 opérations, le sport est devenu son moteur : « C’est vital, c’est ma drogue. Ça me fait tellement de bien. C’est un vrai dépassement de soi. Mon expérience permet de montrer aux gens que l’on peut se dépasser et réaliser ses rêves. »
David Avram a déjà réalisé de nombreux défis : traverser la France en fauteuil en 2016, un tour des Hauts-de-France en 2019, les 24 heures de Soissons, etc. Rien ne l’arrête. « Mon prochain défi, c’est un saut en parachute en juin 2026. J’aimerais faire un IronMan. Ces défis m’aident à me stimuler et à avancer », conclut-il.
Claire Gorisse
Camille Tyrou
David Avram réalise tous ses exploits avec son handibike.
Cassandre Loré va courir
des Ardennes à Paris
AUTISTE ASPERGER, LA JEUNE ATHLÈTE DE 23 ANS S’EST LANCÉ UN DÉFI AMBITIEUX QU’ELLE PRÉPARE AVEC UNE DÉTERMINATION INFAILLIBLE : COURIR 311 KM EN SIX JOURS.
Cassandre Loré, autiste asperger diagnostiquée sur le tard, à l’âge de vingt ans, va s’attaquer, au printemps 2026, à son Everest. Un peu plus de six marathons en six jours, de Charleville-Mézières à Paris, à travers la Marne, pour mettre en lumière les handicaps invisibles, comme le sien.
« Le Marathon pour tous des Jeux olympiques de Paris a été un déclencheur. Une sacrée expérience, glisse l’athlète. J’ai du mal à gérer le bruit et la foule depuis toujours, et je trouve dommage de ne pas adapter les courses à tous ces gens comme moi qui courent et ont besoin d’un environnement plus calme et plus serein ». Voilà pour le constat dressé par cette étudiante de 23 ans en Master 2 inégalités, discrimination et territoire, à l’université de Reims.
Ce challenge, elle se le lance d’abord à elle, mais attend qu’il lui ouvre en grand des portes pour faire avancer la cause de l’autisme. Avec, en point d’orgue, celle du bureau du ministre de la Santé, dans le septième arrondissement de Paris, son point d’arrivée.
Une cinquantaine de kilomètres par jour, pendant six jours
Pour le mener à bien et parcourir sereinement ces 311 km en six jours (vous avez bien lu), Cassandre peut déjà compter sur le soutien de certains élus locaux, à l’image du député ardennais Lionel Vuibert ou du maire de Villers-Semeuse, Jérémy Dupuy, mais aussi sur celui des entreprises locales, comme Hanon Systems. L’aventure de la Carolomacérienne est si bien embarquée qu’elle a déjà réuni la somme de 3000 euros qu’elle s’était fixée pour parvenir à ses fins. C’est qu’il faut dormir, être suivi médicalement et logistiquement, se nourrir et, bien sûr, communiquer sur cette action.
Lylian Casier
« Nous avons un handicap mais nous ne sommes pas un handicap »
BIEN QUE PORTEUSE DE LA TRISOMIE 21, LA LAONNOISE ALICE DAVAZOGLOU EST UNE ARTISTE ACCOMPLIE. LA DANSEUSE EST DEVENUE CHORÉGRAPHE, ELLE ÉCRIT AUSSI DES LIVRES ET DESSINE AVEC PASSION. DES MOYENS POUR ELLE DE S’AFFIRMER MALGRÉ SON HANDICAP.
Alice Davazoglou est porteuse de trisomie 21. Mais Alice, c’est bien plus qu’une personne en situation de handicap, c’est une danseuse, une chorégraphe, une chanteuse, une écrivaine, une dessinatrice. Alice, c’est une artiste et c’est par son art qu’elle s’exprime et ose dire clairement : « Nous avons un handicap mais nous ne sommes pas un handicap ». Une phrase qu’elle a écrite dans son double livre « Je suis Alice Davazoglou » et « Je suis trisomique, normale et ordinaire », sorti en 2020. Un ouvrage où elle se raconte mais où elle fait aussi parler ses amis atteints de la même maladie qu’elle.
Outre l’écriture, Alice s’épanouit chaque jour dans la danse contemporaine qu’elle pratique depuis l’âge de 7 ans, d’abord au conservatoire de Laon, puis au sein de sa compagnie ART21, qu’elle a co-fondée avec sa mère Françoise. De danseuse, elle est devenue, en 2024, chorégraphe, un nouvel art qui lui permet de s’affirmer encore davantage.
Sa création « Danser ensemble », interprétée par des chorégraphes valides, a été jouée dans plusieurs villes de France et lui a permis de recevoir la médaille de l’Assemblée nationale. Alice est une jeune femme pleine de vie, qui ne se laisse pas freiner par son handicap. À 41 ans, elle vient de se marier et prépare pour 2026 un deuxième livre et une réadaptation de sa pièce. Elle a aussi participé à un documentaire sur sa vie qui sera diffusé sur France 3 en décembre prochain.
Pénélope Milan
Lucas Créange, le pongiste qui fait rebondir les limites
NÉ LE 26 OCTOBRE 1992 À TROYES, LUCAS CRÉANGE DÉCOUVRE LE TENNIS DE TABLE À 13 ANS. IL EST AUJOURD’HUI L’UN DES VISAGES DU SPORT ADAPTÉ FRANÇAIS.
Sa carrière est marquée par une détermination hors norme : champion d’Europe à plusieurs reprises, médaillé aux championnats du monde, et surtout bronze aux Jeux paralympiques de Tokyo 2020 en individuel classe 11. (déficience intellectuelle).
Cet athlète du club Olympique Rémois, porte haut la voix du sport adapté et milite pour une vraie inclusion. Ce qui frappe chez lui ? Une énergie simple, ancrée dans le plaisir du jeu et la résilience.
Sa différence, il en a fait une force, un moteur d’exigence. Toujours souriant, souvent combatif, Lucas inspire parce qu’il montre que le handicap ne définit pas les limites mais qu’il révèle le courage qu’il faut pour les dépasser. Il a été nommé Chevalier de l’ordre national du Mérite en 2021.
Aurélie Beaussart
«Le Marathon pour tous des Jeux olympiques de Paris a été un déclencheur. Une sacrée expérience ! »
CASSANDRE LORÉ
La piscine Le Dôme accueille les enfants en situation de handicap le samedi matin. C’est le club de natation qui a mis sur pied cette activité en 2013.
vous accompagne depuis 20 ans
TRANSFORMATIONS
Dans le grand bain de l’inclusion avec la FC Laon natation
DEPUIS UNE DOUZAINE D’ANNÉES,
LA FC LAON NATATION PROPOSE UNE SÉANCE HEBDOMADAIRE À DESTINATION
D’ENFANTS EN SITUATION DE HANDICAP. POUR LEURS PARENTS, LES BÉNÉFICES DE CETTE ACTIVITÉ TRÈS INCLUSIVE SONT MULTIPLES.
Ils se prénomment Ethan, Lily, Louis, Septime, Romain ou encore Pierrick. De l’avis unanime de leurs parents, ils ne manqueraient pour rien au monde leur séance de piscine du samedi matin.
Depuis 2013, la FC Laon natation a créé une section handisport puis sport adapté au Dôme. « J’ai suivi une formation spécifique sur le handicap. Avec cette création, l’objectif est de permettre l’accès de la natation à tous, peu importe le niveau », explique Mathieu Sevaux, qui encadre ces séances placées sous l’égide des fédérations françaises Handisport et du Sport adapté. Une douzaine de licenciés, âgés de 10 à 22 ans, y sont inscrits. « La seule condition pour participer est de savoir nager », pointe Mathieu Sevaux.
Troubles du spectre autistique, dyspraxie ou hémiplégie, ces enfants souffrent de divers types de handicap. « C’est un moment de détente », relève l’encadrant, mais c’est aussi l’occasion de les confronter, dans une approche ludique, à différentes situations et de les sécuriser dans leur découverte de l’élément aquatique. D’ailleurs, se félicite Mathieu Sevaux, « certains font maintenant de la compétition ». Le Laonnois Cédric Denuzière, qui a participé
aux Jeux paralympiques de 2024, est d’ailleurs le symbole de cette approche inclusive de la FC Laon natation.
« Mathieu est attentif à chacun, il y a un vrai accompagnement », témoignent d’une même voix les parents qui perçoivent, chaque semaine un peu plus, les bénéfices de cette activité pour leurs enfants. « La sociabilisation, l’interaction avec les autres, ça ne peut que les stimuler », assure une maman.
Une passerelle vers d’autres activités
« C’est avec le groupe que mon fils a pu aller dans l’eau », note ce papa. « Ma fille était attirée par l’eau mais sans avoir la notion du danger. Cela limite donc les risques », complète cette autre maman. Il faut aussi prendre en compte le fait que chez ces enfants « toutes les sensations sont amplifiées ». Tous y voient aussi un autre bénéfice. « Cela les ouvre vers d’autres activités », comme des baptêmes avec le Club de plongée de Laon (CPL), là aussi avec une encadrante formée à l’accueil de personnes en situation de handicap.
Pour ces parents, ces séances sont enfin l’occasion d’échanger entre eux, de confronter leurs vécus et de rompre une forme d’isolement. Les jeunes nageurs et nageuses, « attendent tous ce moment avec impatience » , d’autant que les encadrants « ont le sens des enfants, pas de la performance ».
Philippe Robin
Opérateur qualifié par
Manon Ditte milite pour une vraie inclusion
MANON DITTE TRAVAILLE PRESQUE ESSENTIELLEMENT AVEC DES ENFANTS QUI SOUFFRENT DE TROUBLES DU SPECTRE AUTISTIQUE. SA MISSION : RENDRE LEUR ENVIRONNEMENT (VRAIMENT) INCLUSIF.
Monitrice-éducatrice, Manon Ditte accompagne des enfants en situation de handicap depuis 18 ans. « À 90 %, les enfants dont je m’occupe souffrent de troubles du spectre autistique (TSA) », précise celle qui exerce son activité en libéral tout à la fois sur Reims et Laon.
« Les premiers éducateurs, ce sont les parents », rappelle Manon, dont le rôle, juge-t-elle, est de « rendre l’environnement des enfants plus inclusif. L’inclusion, c’est partout et tout le temps. » Cela demande, aux yeux de Manon, de prendre en compte « la spécificité de chaque enfant. Il y a autant d’autismes qu’il y a d’enfants autistes. Certains sont verbaux et d’autres non verbaux. L’objectif est de leur donner des clés de compétences à ces enfants. On plante des petites graines. »
« Si on va trop vite, cela va engendrer des troubles »
Cette prise en compte de l’environnement, essentielle pour comprendre les enfants TSA et accompagner leurs parents, doit s’opérer dans un champ très large de la vie quotidienne, de la construction d’un projet cinéma pour gérer la peur du noir à la préparation d’une visite chez le dentiste ou d’une prise de sang, en passant par l’absence de conscience du danger de noyade quand ils voient de l’eau, et évidemment la scolarisation. « Je fais passer des bilans sensoriels. Tout doit être progressif. Si on va trop vite, cela va engendrer des troubles », pointe Manon Ditte, qui souligne aussi le besoin de « routines » et de cadre de ces enfants. « Cela les apaise. »
Pour la monitrice-éducatrice, tout est affaire de regard. « Je les vois d’abord comme des enfants. Ils doivent pouvoir aller là où ils ont envie d’aller. Je ne me mets pas de barrière. C’est du sur-mesure », insiste Manon, pour qui c’est l’environnement qui doit s’adapter à l’enfant, et surtout pas le contraire.
Philippe Robin
RÉINSERTION DES MILITAIRES BLESSÉS
Entreprises : la CPME Marne s’engage
PORTÉE PAR LA CPME DE LA MARNE, LA DÉCLINAISON LOCALE DU DISPOSITIF NATIONAL LES ENTREPRISES S’ENGAGENT INCARNE UNE DYNAMIQUE RÉSOLUMENT HUMAINE : RAPPROCHER LES ENTREPRISES ET LES PUBLICS ÉLOIGNÉS DE L’EMPLOI.
Agir concrètement sur le terrain
« Nous essayons de convaincre les chefs d’entreprise de faire des choses positives sur trois volets : les jeunes, l’inclusion et la RSE », explique Elvira Xavier, secrétaire générale de la CPME Marne. Mandatée par l’État, la structure anime depuis trois ans le club départemental avec des actions originales : visite de la prison de Reims pour la réinsertion des détenus, pièce de théâtre sur la sobriété énergétique, ou encore job dating dédié à la réinsertion. Prochain rendez-vous : le 19 novembre à Châlonsen-Champagne, un petit-déjeuner organisé sous l’égide du général Roux dans le cadre de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. Le thème : la reconversion des militaires blessés, qu’ils souffrent de blessures visibles ou de traumatismes psychologiques.
Une alliance entre économie et défense
Au-delà de cette initiative, la CPME a signé avec l’armée une convention de partenariat qui couvre plusieurs champs : recrutement des militaires en fin de contrat, emploi des conjoints, soutien aux blessés, mais aussi accès des PME aux marchés publics et valorisation de la mission de défense dans les entreprises.
L’entreprise comme acteur social
« Les PME ont besoin de ressources humaines, il faut aller les chercher là où elles sont, sans préjugés », résume Elvira Xavier. Une philosophie simple, efficace et profondément optimiste, à l’image de ces entrepreneurs qui, malgré un contexte économique difficile, continuent à croire en la valeur du collectif et de la seconde chance.
Claire Gorisse
Manon Ditte accompagne des enfants en situation de handicap depuis 18 ans.
Le handicap invisible, un obstacle bien réel
LE HANDICAP INVISIBLE, BIEN QUE PEU APPARENT, EST POURTANT BIEN RÉEL ET A DES CONSÉQUENCES IMPORTANTES SUR LA VIE DES PERSONNES CONCERNÉES AUSSI BIEN AU TRAVAIL QUE DANS LEUR VIE PERSONNELLE. MALGRÉ DES PATHOLOGIES DIFFÉRENTES, AUDE ET BLANDINE CONNAISSENT BIEN LE SUJET. ELLES NOUS RACONTENT COMMENT ELLES FONT FACE.
Une lenteur dans la lecture et l’écriture ; une fatigue cognitive ; une difficulté à structurer l’écrit ; un stress lié aux situations d’évaluation…
Aude Favetta a mis des années à comprendre que ce qui pouvait apparaître comme un manque de compétences relevait en fait d’un handicap. Si la plupart du temps, les troubles DYS sont décelés au moment de l’apprentissage de la lecture, pour la médiatrice scientifique au Planétarium de Reims, le verdict est tombé beaucoup plus tard.
« Je suis née dans les années 80, c’était un peu tabou », pose celle qui n’a été diagnostiquée dyslexique, dysorthographique et dyscalculique qu’en 2020. « C’était lors d’une formation. On devait rédiger nos compétences, notre pratique. La formatrice était sensibilisée aux troubles DYS. En me corrigeant, elle a vu. » Quoi ? D’abord des fautes d’orthographe. « Je connaissais les règles mais je n’arrivais pas à les appliquer. On se retrouve aussi avec des incohérences, des inversions de mots… Une difficulté à mettre les idées dans l’ordre. Et à la lecture, je suis très longue, il me faut énormément de temps. »
« Dans mon métier, c’est un plus »
À l’annonce du diagnostic, Aude n’a pas « paniqué ». Bien au contraire. « J’étais comme heureuse, soulagée de savoir, de mettre des mots sur toutes les difficultés que j’avais rencontrées depuis la primaire. Les troubles sont toujours là, mais je les accepte et j’essaie d’en tirer profit. Dans mon métier, c’est un plus », affirme Aude, qui souligne comme atouts une empathie renforcée, une créativité, une clarté et une simplicité ou encore une adaptation et une résilience que tous n’ont pas. C’est aussi grâce à l’association APEDYS 51, qu’elle a contactée après son bilan orthophonique, que la Rémoise a réussi à aller de l’avant. « Elle m’a aidée à monter un dossier RQTH – reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. » Ainsi, après avoir rencontré d’importantes difficultés au travail, elle bénéficiera bientôt d’aménagements de poste. Et surtout, ses collègues sont au courant. « Ils prennent mes troubles en compte. Leur dire était important pour qu’ils soient compréhensifs. Pour ne pas qu’on dise que je suis nulle. À partir de là, ça m’a permis d’avoir confiance en moi et de mieux m’épanouir dans le travail, laisser libre cours à ma créativité. »
Si Aude se sent mieux aujourd’hui, c’est également grâce à l’IA, qui lui apporte une aide précieuse au quotidien. « J’ai une meilleure autonomie pour tout ce qui touche la rédaction et la compréhension de l’écrit. » Un temps de télétravail lui permet par ailleurs de diminuer sa fatigue mentale. « Dans mon
parcours, ça n’a pas toujours été facile, on a même profité de mes troubles pour me mettre encore plus en difficulté. Toutes les personnes qui ont un handicap invisible ont pu se retrouver confrontées à des personnes malveillantes. Mais il faut se dire qu’on peut aussi être bien à un moment donné. » Être bien. C’est aussi ce que Blandine souhaite plus que tout. La Rémoise de 35 ans souffre d’une sclérose en plaques. Le diagnostic est tombé comme un couperet début 2024. Mais les premiers symptômes datent de 2023 : « J’ai ressenti un engourdissement des pieds. J’ai pensé que c’était le froid. J’ai laissé traîner jusqu’à des pertes d’équilibre, à ne plus pouvoir marcher. Je n’avais plus aucune sensation dans tout le bas du corps. »
Un séjour aux urgences, une hospitalisation, trois ponctions lombaires et un avis de médecin expert plus tard, et Blandine mettait enfin un nom sur ses maux. Avant d’entamer une rééducation d’un mois à l’hôpital Sébastopol de Reims, où la trentenaire est toujours suivie pour des problèmes urinaires, une conséquence de cette maladie auto-immune qui affecte le système nerveux central. Ce n’est que près de six mois plus tard, qu’elle a pu retrouver son poste, dans la sécurité. Non sans avoir consulté la médecine du travail au préalable pour obtenir une adaptation de poste. Ce qui a pu engendrer un sentiment d’injustice chez certains collègues. Alors Blandine, soutenue par son chef, a pris le temps d’expliquer sa pathologie. « En parler, ça m’a aidée à reprendre dans de bonnes conditions et à passer le cap. » Désormais, elle ne travaille – à temps plein – que le matin, « car avec la chaleur, l’été, tous mes symptômes reviennent ».
Fatigue chronique
La plupart sont invisibles. Comme la fatigue, qui « tombe comme une chape de plomb », les pertes de mémoire ou les mots qui se mélangent. « Les gens qui ne connaissent pas la maladie me disent : « Va te reposer ». Mais ça ne change rien. La fatigue est chronique, tout le temps là. Les douleurs neuropathiques déclenchées par la maladie, aussi. Sans parler des lourds traitements derrière. »
Pourtant, la mère de famille, sapeur-pompier durant 20 ans, qui compte se former pour devenir patient témoin afin d’accompagner au mieux les nouveaux diagnostiqués, fait encore face à des remarques inconcevables. « J’ai ma carte de passage prioritaire. Ce qui n’a pas empêché quelqu’un de me dire un jour à la caisse : « Ça ne se voit pas, vous restez derrière ! » Moi, je me laisse faire, mais je peux compter sur ma mère, mon conjoint et mon fils de 5 ans pour prendre ma défense ! C’est pareil pour le stationnement handicapé : j’ai déjà entendu, « Vous n’avez rien à faire là ». Alors je compte bien trouver le macaron Handicap invisible pour le coller sur mes deux voitures ! J’ai eu la même remarque sur le parking de la salle de sport. Pourtant, l’activité physique est plus que conseillée. Les gens ont du mal à comprendre que même avec certaines pathologies neurologiques, on doit entretenir nos muscles. Surtout moi, qui ai toujours besoin de quelqu’un pour m’accompagner, de peur de tomber. Avec cette maladie, on n’est plus maître de soi. Ce n’est pas simple mais il ne faut rien lâcher. » Pour soi. Mais aussi pour faire évoluer les mentalités des autres.
Marion Dardard
Aude Favetta n’a été diagnostiquée dyslexique, dysorthographique et dyscalculique qu’en 2020. Elle n’a pas « paniqué » mais a été « soulagée ».
Invisible, mais pas imaginaire !
Selon l’association APF France Handicap, qui se bat pour une société plus inclusive, on compte en France 12 millions de personnes en situation de handicap. Parmi elles, plus de 9 millions ont un handicap invisible. Il peut s’agir d’atteintes liées à une maladie invalidante (sclérose en plaques, fibromyalgie…), d’un trouble sensoriel, psychique, cognitif, mais aussi d’autisme, de crises d’épilepsie, etc. Trop souvent, les handicaps invisibles sont incompris, minimisés, niés : ainsi, nombreuses sont les personnes concernées qui doivent faire face à des situations injustes ou à des remarques déplacées. Pourtant, les handicaps invisibles sont bien réels et peuvent avoir de lourdes conséquences sur leur quotidien.
Ces équipements et outils numériques qui facilitent leur vie
Il existe de nombreuses applications pour connaître les lieux accessibles aux personnes à mobilité réduite.
DE NOMBREUSES INNOVATIONS
TECHNOLOGIQUES PERMETTENT
AUJOURD’HUI DE SOULAGER
LE QUOTIDIEN DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP.
DES ÉQUIPEMENTS LEUR PERMETTENT DE RETROUVER L’USAGE DE LEURS MEMBRES. DES OUTILS NUMÉRIQUES PEUVENT AUSSI FACILITER LA MOBILITÉ OU LA COMMUNICATION. TOUR D’HORIZON.
Les prouesses scientifiques et technologiques permettent de nos jours de rendre le quotidien des personnes en situation de handicap un peu plus facile. Certains équipements permettent de soulager ou de retrouver l’usage de ses membres. L’orthèse, dont la plus connue est le corset, vient compenser un handicap ou une déficience ostéoarticulaire, musculaire ou neurologique. Tandis que la prothèse vient remplacer un membre entier (ou partie d’un membre) manquant. C’est le cas des prothèses de jambe ou de main après une malformation ou un accident. Les prothèses auditives, aujourd’hui très répandues sur le marché, permettent également à des personnes atteintes de déficience auditive, de retrouver l’ouïe.
La révolution des outils numériques
La robotique est aussi un outil de taille pour les personnes qui se retrouvent paralysées. L’invention d’exosquelettes (structure mécanique articulée et
Ils sont à votre service
AFIN DE FACILITER LA VIE DES PERSONNES PORTEUSES D’UN HANDICAP, DIFFÉRENTS SERVICES SONT DISPONIBLES, TELS QUE LE PORTAGE DE REPAS OU BIEN ENCORE L’AIDE AU MÉNAGE. DES COMMERÇANTS SONT DE PLUS EN PLUS SENSIBLES À LA QUESTION DU HANDICAP ET PROPOSENT AUSSI DES AMÉNAGEMENTS POUR LES AIDER AU QUOTIDIEN.
Luminosité réduite, musique et annonces micro coupées, tous les lundis après-midi, l’ambiance de l’hypermarché Carrefour à Laon s’apaise. Durant une heure, de 14 à 15 heures, le magasin propose un temps calme, « une heure silencieuse » pour permettre aux personnes atteintes de troubles autistiques de faire leurs courses en toute quiétude. Le restaurant l’Extra à Reims, lui, se veut inclusif et emploie des personnes présentant un handicap
mental en cuisine, mais aussi en salle. Au salon de coiffure rémois L’Indisciplinée, on offre une attention particulière aux personnes souffrant d’autisme, de phobie, de troubles du comportement, en prévoyant un temps supplémentaire pour chaque prestation et une possibilité de service à domicile. La solidarité est de plus en plus présente dans la société. Afin d’aider aux gestes de tous les jours, des associations comme l’Aide à domicile en milieu rural ou l’ADHAP, agissent efficacement. Toilettes, repas, mais aussi ménage, le personnel intervient au domicile et est au petit soin des clients qui en ont besoin.
Pour bénéficier de ces services, il suffit d’en faire la demande auprès de votre conseil départemental ou votre mairie.
Pour leur financement, des aides peuvent être octroyées grâce à l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) destinée aux personnes âgées de 60 ans et plus, en perte d’autonomie.
Pénélope Milan
placée au niveau des articulations pour remplacer les muscles) leur permet de reprendre une vie plus active. C’est le cas de l’exosquelette Rewalk.
Au-delà des équipements dits physiques, des outils numériques peuvent aussi faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap : la reconnaissance vocale aide à répondre à leurs besoins à la maison ou au travail ou la synthèse vocale qui rend plus accessible le numérique. Des applications mobiles, comme Seeing IA, servent à se diriger en fonction de son environnement.
« J’utilise énormément la lecture vocale notamment pour écouter les SMS, lire et répondre aux mails. Les nouvelles technologies nous assurent une totale autonomie. Je prends parfois mon environnement en vidéo pour me diriger. Les notes vocales me décrivent l’environnement autour de moi et cela m’aide à me repérer », confiait à L’union dans un précédent article, le député de la 4e circonscription de l’Aisne, José Beaurain.
Faciliter les déplacements
De nombreuses applications peuvent faciliter la mobilité des personnes handicapées. C’est le cas par exemple de l’application « VIP Very Important Parking », lancée par Philippe Croizon, connu pour ses exploits à la nage, qui indique les places de parking pour personnes à mobilité réduite (PMR), les restaurants et toilettes publiques accessibles.
L’application « Wheeliz » peut être utilisée pour louer une voiture adaptée aux PMR, entre particuliers. « Jaccede » ou « Wheelmap » sont d’autres outils qui répertorient les lieux accessibles.
Camille Tyrou
Pour les personnes en situation de handicap, ce sont les services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD) qui interviennent pour aider au quotidien.
Adapter le véhicule aux handicaps
DEPUIS VINGT ANS, ADAPT’SERVICES, BASÉE À CORMONTREUIL, REDONNE LE VOLANT À CEUX QUE LE HANDICAP FREINE DANS LEUR INDÉPENDANCE.
C’EST LA SEULE ENTREPRISE SPÉCIALISÉE DANS L’AISNE, LA MARNE ET LES ARDENNES.
« Adapter un véhicule, c’est bien plus qu’un travail mécanique, c’est rendre la route possible à nouveau », confie Pascal Sombart, dirigeant d’Adapt’services. Dans son atelier, chaque aménagement est un véritable projet de vie, pensé pour répondre aux besoins spécifiques de chacun.
Depuis 2004, l’entreprise transforme près de 200 véhicules par an : postes de conduite adaptés, combinés accélérateur et frein, commandes électriques avec boule au volant, systèmes d’aide au transfert…
Voyager en toute autonomie
L’objectif est clair : permettre à chacun de conduire ou voyager en toute autonomie, en toute sécurité. « On peut aujourd’hui équiper presque tous les modèles, des citadines aux véhicules familiaux », souligne le chef d’entreprise.
Avant toute intervention, un parcours bien précis est suivi : visite médicale chez un médecin agréé, régularisation du permis, puis évaluation des besoins spécifiques avec un logiciel dédié. Un devis est établi, afin de réaliser les démarches de financement auprès de la MDPH et/ou de l’AGEFIPH.
L’entreprise transforme aussi des véhicules pour le transport de personnes à mobilité réduite (TPMR). Rampes, systèmes d’arrimage, sièges pivotants, grues ou chargeurs de fauteuils… chaque détail est pensé pour garantir confort et sécurité. Pour Pascal Sombart, « chaque adaptation est une victoire, celle d’une personne qui retrouve sa liberté de mouvement. »
Aurélie Beaussart
« Chaque adaptation est une victoire, celle d’une personne qui retrouve sa liberté de mouvement.. »
PASCAL SOMBART
AMBULANCE - VSL - TAXI
3, avenue du Maréchal Leclerc
08200 Sedan
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h30
Pour plus de renseignements RDV en magasin ou au 03.24.29.12.62
www.cap-vital.com
« On ne choisit pas d’être aidant, on le devient par amour et par devoir »
LES AIDANTS FAMILIAUX, CE SONT CES PROCHES QUI ACCOMPAGNENT AU QUOTIDIEN UNE PERSONNE EN SITUATION DE HANDICAP. SOUVENT INVISIBLES, PARFOIS ÉPUISÉS, ILS SONT POURTANT UN PILIER ESSENTIEL.
« Le terme “aidant”, je ne l’aime pas trop. Quand vous dites à des parents : “Vous êtes aidants”, ils répondent : “Non, je suis parent.” Et ils ont raison. On est quelque chose avant d’être aidant. » Fondateur du Relais du Bien-être, entreprise sociale et solidaire créée en 2015, Fabrice Provin propose des séjours de prévention et de répit à ceux qui consacrent leur vie à un proche malade ou handicapé. Avant cela, il a fondé Âge d’Or Services, société privée d’aide à domicile, avec un objectif simple : rompre l’isolement des personnes âgées et handicapées en leur redonnant accès aux loisirs et à la vie sociale. Le Relais du Bien-être permet aujourd’hui aux aidants de souffler et prévenir l’épuisement. Ces parenthèses, rares mais vitales, révèlent un problème de fond : le manque de relais adaptés pour la prise en charge temporaire des personnes handicapées.
Des aidants souvent “invisibles”
Les aidants familiaux sont souvent invisibles, « qui s’épuisent dans l’ombre. Parfois, un médecin remarque qu’ils vont mal, mais trop souvent, on s’en rend compte quand il est trop tard. » L’épuisement est une réalité silencieuse : 30 % des aidants décèdent avant la personne qu’ils accompagnent.
« C’est révélateur : on va trop loin, on laisse les aidants aller au bout d’eux-mêmes. Ce n’est pas seulement humainement dramatique, c’est aussi un coût social immense », souligne-t-il.
Les plateformes de répit : souffler sans culpabiliser
Pensées pour prévenir l’épuisement des aidants, les plateformes de répit proposent un accompagnement global : écoute, conseils sur les droits, soutien psychologiques, groupes de parole, ateliers bien-être, ou encore solutions de garde temporaire et relais à domicile pour permettre aux proches de souffler quelques jours. Elles s’adressent à tous les aidants – parents d’un enfant handicapé, conjoint d’une personne malade ou handicapé, enfant d’un parent âgé dépendant – et s’adaptent à chaque situation. Gratuites et présentes sur l’ensemble de la France, ces structures sont souvent rattachées à une MAIA (Méthode d’Action pour l’Intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’Autonomie), à un CLIC (Centre Local d’Information et de Coordination) ou à un établissement médico-social comme une maison de répit ou un service d’aide à domicile.
Les professionnels y orientent les familles vers les dispositifs existants, aident à constituer les dossiers administratifs et proposent des temps d’échanges entre aidants. Pour trouver la plateforme la plus proche, il est possible de demander conseil à son médecin, à la mairie ou de consulter le portail officiel : www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr (rubrique Aidants et répit).
11
millions
c’est le nombre d’aidants en France
De l’expérience à l’engagement
« J’ai été aidant deux fois : pour ma mère, puis pour mon père. Et je peux dire que ça marque une vie. Mais c’est aussi une école de patience, de tendresse, de courage. » D’abord bénévole à 20 ans auprès des personnes âgées de son quartier, il a transformé cette vocation en engagement professionnel. Aujourd’hui, il milite pour une meilleure reconnaissance des aidants, non pas forcément un statut, mais une attention réelle à ceux qui aident sans le dire ni le revendiquer. « Les médecins, les associations, les collectivités doivent apprendre à les repérer. À leur dire : “Prenez soin de vous aussi.” Parce qu’on ne peut pas aider durablement si on s’épuise. » Dans un pays où l’on compte plus de 11 millions d’aidants, le système reste encore trop centré sur la personne malade. Et de conclure avec simplicité : « On ne choisit pas d’être aidant. On le devient par amour, par loyauté, parfois par devoir. Mais il faut apprendre à s’aimer assez pour ne pas s’oublier totalement dans l’autre. »
Aurélie Beaussart
Fabrice Provin : « on laisse les aidants aller au bout d’eux-mêmes. »
Des travaux intérieurs pour améliorer le quotidien
Salle de bains adaptée aux personnes handicapées physiques à mobilité réduite.
Pénélope Milan
« Très clairement, c’est pour la personne qui se trouve en fauteuil roulant que les aménagements nécessaires sont les plus contraignants. »
ALEXANDRE MAILLARD, GÉRANT DE CONCEPT ACCESSIBILITÉ À REIMS.
TOILETTES RÉGLABLES, RAMPE D’ACCÈS, DOUCHES RÉAMÉNAGÉES, DIVERS TRAVAUX SONT POSSIBLES À RÉALISER
DANS UN LOGEMENT POUR FACILITER LA VIE QUOTIDIENNE DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP.
Vivre avec un handicap nécessite parfois de procéder à quelques aménagements dans son logement. Cela peut aller de la simple barre ou rampe d’accès pour aider à se déplacer à un agrandissement du tour de porte pour permettre le passage d’un fauteuil roulant. « Tout cela dépend vraiment du type de handicap », explique Alexandre Maillard, gérant de Concept accessibilité à Reims.
Pièces d’hygiène
« Très clairement, c’est pour la personne qui se trouve en fauteuil roulant que les aménagements nécessaires sont les plus contraignants. » Les travaux pour les pièces d’hygiène sont généralement les plus demandés, « et le choix est varié. Rien que pour les toilettes, on peut y installer des WC réhaussés, suspendus, ou bien électriques et donc réglables en hauteur », indique le Rémois.
Pour la salle de bain, cela peut aller de l’installation d’une simple rampe pour se maintenir debout à la pose d’un bac à douche à mi-hauteur ou au sol. Une cabine avec le siège incorporé ou la douche sur mesure peuvent également être proposées. Les lavabos aussi peuvent être adaptés « pour le passage d’un fauteuil en dessous par exemple », détaille Alexandre Maillard.
Le prix de ces aménagements varie en fonction de la demande et du matériel utilisé. Pour une rampe d’accès, comptez entre 80 à 500 euros, pour le changement d’un toilette de 300 à 5 000 euros et pour une douche de 4 000 à 10 000 euros. Et attention, « malgré les aides de l’État, il reste toujours un reste à charge pour la personne demandeuse de ces travaux », prévient Alexandre Maillard.
Quelles sont les aides pour financer l’accessibilité de son logement ?
Rendre son logement adapté à son handicap représente un coût certain. C’est pourquoi l’État a mis en place MaPrimeAdapt’ qui aide au financement de la transformation de son habitation en cas de perte d’autonomie. Elle est accessible aux propriétaires, qu’ils occupent leur logement ou qu’ils le mettent en location, ainsi qu’aux locataires du parc privé. Elle peut financer entre 50 % ou 70 % dans la limite de 15 400 €. Pour effectuer les travaux, vous pouvez choisir l’artisan que vous souhaitez. Il existe plusieurs labels qui identifient des professionnels spécialisés dans les travaux d’adaptation comme Silverbat, Handibat, Proadapt… mais il n’est pas obligatoire que celui que vous ayez choisi soit labellisé.
À savoir
Dans le cadre de la rénovation de votre logement liée à la perte d’autonomie, vous pouvez aussi prétendre à un crédit d’impôt. De plus, sachez que certains travaux effectués peuvent bénéficier de taux réduits de TVA (10 % au lieu de 20 %).
Le sport plus fort que le handicap
MALVOYANTE DE NAISSANCE, AURORE SOHIER A DÉCOUVERT, SUR LE TARD, QUE LE SPORT N’ÉTAIT PAS RÉSERVÉ AUX VALIDES. CÉLINE GERNY, ELLE, EST REMONTÉE EN SELLE APRÈS L’ACCIDENT D’ÉQUITATION QUI L’A LAISSÉE PARAPLÉGIQUE. TOUTES DEUX RACONTENT COMMENT ELLES ONT TROUVÉ LEUR SALUT DANS LEUR PRATIQUE.
Elle n’imaginait pas qu’elle pourrait un jour courir un semi-marathon, Aurore Sohier. Et encore moins qu’elle prendrait le départ du 10 km du Marathon pour tous des Jeux olympiques de Paris ! Et pourtant, la trentenaire, malvoyante depuis la naissance, a accompli tous ces exploits. Et c’est loin d’être fini ! La Rémoise, présidente de l’association Le Regard au bout des doigts, s’apprête à devenir arbitre de torball, un sport collectif d’opposition porté par la Fédération française Handisport, destiné aux personnes déficientes visuelles et ouverts aux valides.
« J’ai créé, dans l’association, un club Handisport qui permet de tester chaque mois une discipline avec le comité départemental Handisport », explique-t-elle. « Le torball, on a tellement aimé ça que j’en ai fait un rendez-vous régulier. On s’entraîne tous les mercredis ; j’ai réussi à recruter et créer une équipe féminine. Je m’éclate, c’est un vrai sport, il y a du cardio, c’est coopératif. »
Grâce au torball, Aurore s’est lancé de nouveaux challenges. « Je ne faisais pas de sport avant », concède celle qui rêvait pourtant de sports de combat. « On m’a dit : tu n’as pas le droit. Et je ne courais pas parce que je me disais que c’était dangereux. Je n’avais d’ailleurs jamais entendu dire que c’était possible. Je me suis toujours débrouillée seule. Le fait de m’entraîner pour les JO avec un guide m’a enfin permis de lâcher prise. C’est quand je l’ai rencontré que je me suis rendu compte que j’avais des difficultés. Jusque-là, je devais surveiller le moindre trou, arbre, chaque bosse… » Au fil des ans, Aurore, qui prépare la course Sedan-Charleville de 2026, a découvert d’autres disciplines, et surtout les accompagnements existants. « Aujourd’hui, je fais plein de sports et je ne pourrais plus m’en passer ! Ça m’apporte du bien-être ; de faire partie d’une équipe, ça renforce les liens ; d’aller en compétition ça nous lance des défis, ça nous met des nœuds dans le ventre. Ça apporte une fierté aussi, et la fierté des autres sur ce que tu fais, toi. »
Ce bien-être, c’est dans l’équitation que Céline Gerny l’a trouvé. « Je surmonte mon handicap au contact de mes chevaux et grâce à ma pratique, j’acquiers la force de me battre et de rendre ma vie marquante et inoubliable », déclare celle qui a intégré l’équipe de France de para-dressage en 2004, trois ans seulement après l’accident de cheval qui l’a laissée paraplégique. Et qui a notamment participé aux Jeux de Pékin en 2008, Rio en 2016 et Tokyo en 2021. « Je ne me projetais pas sur ces échéances-là ! » reconnaît aujourd’hui la mère de famille installée à Faissault, qui a pris sa retraite sportive après les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. « Ce qui m’a vraiment aidée, c’est que dans l’équitation, il y a la passion du sport, mais surtout de l’animal. Quand j’ai eu mon accident, je ne me voyais pas m’en séparer. » Sa première démarche fut donc de retourner à leur contact. « Mon instructeur au centre équestre de Rethel, Olivier Legouis, m’a proposé de me remettre à cheval, il a eu cette sensibilité de se dire que ça me ferait du bien. On s’est dit : on essaie, on découvre. Il m’a remis le pied à l’étrier. On est dépendant. Si on n’a pas des gens autour qui nous donnent le feu vert, pour qui ce n’est pas une contrainte, et à qui ça fait plaisir, on ne peut rien faire. Assez rapidement il m’a dit : on prépare les championnats de France. » Grâce à lui, Céline Gerny fait les bonnes rencontres, au bon moment. Elle est vite repérée pour entrer en équipe de France. Alors étudiante à la fac de Reims pour devenir professeur des écoles – elle exerce à Saulces-Monclin –, l’athlète rejoint en parallèle le Reims Handisport, présidé par le regretté Christophe Peran. « Je suis entrée dans la pluridisciplinarité avec la natation, la musculation. J’ai acheté un handibike. Grâce à lui, j’ai découvert les sports accessibles quand on est handicapé. Cela permet de s’essayer, de découvrir des
Céline Gerny a arrêté sa carrière sportive, mais pas de transmettre sa passion à des cavaliers qu’elle prépare à la compétition.
choses, d’identifier ce qui nous convient le mieux. C’est du matériel cher, donc les clubs ont une grande importance pour trouver sa voie. »
« La compétition, c’est mon dada ! »
À l’Institut français du cheval et de l’équitation à Saumur, où elle a préparé sa dernière compétition, elle est allée encore plus loin. « J’ai eu un vrai suivi en salle. Ce n’est pas juste de la muscu. J’ai touché à la proprioception, le yoga… J’en ai tiré profit pour ma pratique sportive mais aussi pour mon quotidien. C’est plus facile pour m’habiller, j’ai moins de douleurs aux épaules, un meilleur équilibre sur ma planche de bain. Du coup, on a fait une salle de sport à la maison ! Et j’ai suivi une formation d’entraîneur physique pour me préparer un programme cohérent. »
Des conseils de préparation physique qu’elle délivre aussi aux autres dans le cadre de son activité d’entraîneur d’équitation toutes disciplines, pour les valides, comme pour les personnes handicapées. « Je suis des cavaliers sur leur projet sportif plutôt vers la compétition car c’est mon dada ! J’avais besoin de remplir mon agenda et de partager ce que je vis. Voir que ça apporte des choses autour de moi, c’est super. » Elle travaille aujourd’hui avec le comité régional d’équitation dans l’objectif de développer le paradressage en région et « faire émerger des talents ». Cavaliers en situation de handicap et paradresseurs peuvent la contacter à l’adresse : gerny-celine@hotmail.fr. En espérant que « de beaux binômes » puissent se former !
CAP SUR L’EMPLOI
Cap Emploi 51 est un Organisme de Placement Spécialisé qui œuvre depuis plus de 30 ans au service des employeurs et des personnes en situation de handicap de la Marne. « Acteur du Service Public de l’Emploi et du Réseau Pour l’Emploi, nous développons une expertise dans l’accompagnement et la construction de parcours auprès de personnes en situation de handicap », souligne Cédric Corsin, le directeur. « Par ailleurs, nous informons, conseillons et accompagnons les employeurs dans le cadre de leur recrutement et/ou d’un besoin de maintien dans l’emploi de leurs collaborateurs. » Le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap est actuellement de 4200 sur le département de la Marne. « Les personnes peuvent s’adresser à nous directement si elles souhaitent un renseignement », précise le directeur. Cap Emploi 51 en profite pour rappeler que la 29e Semaine européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées se déroule du lundi 17 au dimanche 23 novembre 2025. Comme chaque année, les partenaires s’associent afin de proposer des évènements de sensibilisation, ateliers, forum etc. Concernant notre région, la programmation peut être consultée sur le site du PRITH Grand Est (Plan Régional d’Insertion des Travailleurs Handicapés) à l’adresse : www.prith-grandest.fr. Créé en 2018, le Duoday est désormais organisé durant cette semaine. Le jeudi 20 novembre 2025, les employeurs pourront accueillir une personne en situation de handicap. « Cette journée représente pour la structure accueillante une opportunité de changer le regard, dépasser les préjugés et pour les personnes en situation de handicap de découvrir un environnement de travail, un métier, etc. », note encore Cédric Corsin. Inscription et organisation sur www.duoday.fr. À savoir encore, le site www.monparcourshandicap.gouv.fr est le portail officiel pour les personnes en situation de handicap et leurs aidants pour obtenir des informations sur les aides et les prestations sociales liées à l’insertion professionnelle dans le cadre d’un stage, d’une formation en alternance ou d’un emploi mais également sur la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH).
Cap Emploi 51 - 45, rue Louis-Pasteur – La Neuvillette, 51100 Reims. Infos sur www.capemploi-51. com ou à l’adresse : contact@capemploi51.com. Tél. 03 26 77 17 67. Des antennes Cap Emploi existent également dans l’Aisne et les Ardennes.
En 2024, Aurore Sohier est parvenue à boucler le semi-marathon du Reims Champagne Run grâce à son guide.
Marion Dardard
Les Promenades de Damoiselle à Bétheny, un exemple en matière d’inclusivité
TROIS MAISONS DÉDIÉES ET ADAPTÉES AUX FAMILLES AVEC ENFANT PRÉSENTANT UN TROUBLE NEURODÉVELOPPEMENTAL (TND) ONT VU LE JOUR À BÉTHENY AU SEIN D’UN QUARTIER RÉSIDENTIEL PENSÉ POUR FAVORISER L’INCLUSIVITÉ.
Des couleurs douces, des prises électriques dissimulées, un chauffage au sol, une chambre avec isolation phonique pour favoriser l’apaisement en cas de crise, des matériaux résistants absorbant les chocs… Bienvenue dans les trois logements pensés et équipés pour le bien-être de la personne porteuse de trouble neurodéveloppemental (TND) et de ses parents. C’est à Bétheny, au cœur du quartier résidentiel Les Promenades de Damoiselle, que ces trois maisons individuelles de plain-pied d’une centaine de m², conçues par le cabinet Mata Architecture et portées par Plurial Novilia en partenariat avec le CHU de Reims et l’association L’Amitié, ont vu le jour pour prendre en compte les particularités sensorielles liées à ce type de trouble.
« Un vrai terrain d’expérimentation »
« Tout est pensé pour que ces enfants soient en sécurité », insiste Alain Rollinger, adjoint à l’urbanisme, qui prévoit une livraison en juin 2026 de ces habitats adaptés, inscrits dans la démarche de « parcours résidentiel » initié par la municipalité depuis plusieurs années. Objectif : « Qu’à tous les âges de la vie, on trouve à se loger », précise l’élu béthenyat. « De fil en aiguille, on a pensé aux personnes souffrant d’un handicap, plus uniquement aux personnes âgées. On en a fait part à Plurial. »
L’inclusivité a commencé au niveau des aménagements avec des cheminements sans écarts de niveau pour les personnes en fauteuil notamment. « Aux Promenades de Damoiselle, ça a été pensé dès l’origine. C’est un vrai terrain d’expérimentation pour pas mal de choses. Quand c’est imaginé en amont, cela représente peut-être un surcoût mais minime par rapport à l’investissement global ». C’est ainsi que Bétheny est devenue, au fil des ans, un exemple en matière d’inclusivité.
« À chaque fois qu’on refait un parc, qu’on installe de nouveaux jeux pour enfants, on fait en sorte qu’il y ait des structures inclusives pour permettre à tout le monde d’en profiter. Quand on rénove, notre cahier des charges prévoit aussi un accès large pour les personnes à mobilité réduite. » La troisième tranche des Promenades de Damoiselle qui sera bientôt lancée ne dérogera pas à la règle avec la réalisation de quelques maisons pour personnes âgées équipées en domotique adaptée.
Marion Dardard
À savoir
L’association Cultures du Cœur ChampagneArdenne, implantée sur le territoire depuis 20 ans et spécialisée en animation de réseau partenarial entre des structures sociales/médico-sociales et des structures culturelles, a été missionnée pour produire un document répertoriant l’accessibilité des lieux culturels de la Marne.
Paru en 2023, c’est l’outil indispensable à tous les visiteurs en situation de handicap et leurs accompagnants. Il est disponible sur https://www.culturesducoeur.org/ Departements/Download?id_doc=6687 Les communes aussi, à leur niveau, œuvre pour recenser les lieux accessibles. C’est le cas par exemple à Reims en suivant ce lien : www.reims.fr/solidaritesante-seniors/dispositifs-handicap/ laccessibilite
Le site www.reims-tourisme.com recense également les activités accessibles aux personnes en situation de handicap.