Bugis
mise sur la vertu Tricoteur ayant pris le virage des textiles techniques, Bugis mise aujourd’hui sur le développement durable pour se distinguer auprès de ses clients.
«A
ujourd’hui, ce sont près de 97 % des vêtements qui proviennent d’Asie », rappelle Bruno Nahan, le président de la société Bugis depuis 2015. Dans ses ateliers, situés à la sortie de La Rivière-de-Corps, l’heure n’est pas à la grosse production. Bugis n’en a pas la capacité et ce n’est ni sa vocation, ni son objectif. En revanche, ce que souhaite sa direction, « c’est une activité qui ait du sens, qui soit écoresponsable, jusqu’à une économie circulaire ». Cette société, riche d’une trentaine de salariés, fabrique du tissu-maille avec deux débouchés : le textile habillement et la mode pour près de 70 %, le reste étant destiné aux textiles de haute technologie pour des vêtements de travail, de la maille anti-coupure, anti-feu, anti-statique… Des produits notamment destinés à l’industrie automobile, à l’aéronautique et à la robotique. S’agissant du rayon habillement, Bugis fournit des marques très connues, des sociétés telles que Saint James, Le Slip Français, Garçon Français, Petit Bateau ou encore Lacoste.
européenne. Pour des tissus qui sont utilisés principalement pour le bâtiment et l’isolation », commente Bruno Nahan. Il plaide dans toute son activité pour le développement d’une économie de type circulaire, « source d’un véritable 100 % made in France ». Autre piste sur laquelle il mise beaucoup : le coton recyclé, issu de vêtements en fin de vie ou de fin de bobines de fils. Des cotons déchiquetés, mélangés avec du coton vierge à parts égales, permettant de refabriquer des fils pour l’industrie du vêtement. « C’est d’autant plus important lorsqu’on connaît l’importance des taux de déchets dans le textile. Sur une collection, un tiers termine en soldes, et sur ce tiers, 15 à 20 % sont détruits », explique le patron de Bugis.
Produits plus chers mais durables C’est donc tout naturellement et dans cet esprit qu’il milite pour une politique de réindustrialisation, pour une industrie « qui fabrique dans le respect des règles sociales et environnementales pour des produits écoresponsables ». Il n’est pas pour autant naïf. Il sait que ses produits sont 30 % plus chers que les produits turcs, 80 à 100 % plus chers que ceux en provenance du Pakistan ou de Chine. Mais il compte sur une prise de conscience. « Ce qui se passe n’est pas un feu follet. La crise sanitaire a montré la fragilité du modèle économique mondial. Les gens sont davantage en recherche de traçabilité et de qualité. Une nouvelle loi va d’ailleurs en ce sens, mettant fin à la culture du secret ».
Miser sur l’économie circulaire « Nous sommes très tournés vers l’utilisation du coton, mais nous n’utilisons que du coton de qualité, avec une recherche de traçabilité. C’est ainsi que nous achetons le coton aux États-Unis, au Brésil ou encore en Grèce. Une partie de ce coton est bio. Et depuis deux ans, nous utilisons comme alternative d’autres matières premières telles que le lin, le chanvre ou encore des fibres de maïs. Autrement dit, des matières biosourcées, des matières naturelles, nécessitant pas ou peu de pesticides, venant de France ou de l’Union
Jean-François Laville
Chez Bugis, les métiers circulaires tournent toujours mais avec des fils choisis pour offrir une qualité supérieure et un moindre impact sur l’environnement.
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