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Michel Litalien, historien militaire
from Juin 2023 June
Le Docteur Michel Litalien est une sommité de l’histoire militaire québécoise. Il lui a d’ailleurs dédié sa carrière : après des études universitaires, il est aujourd’hui à la tête des Musées des Forces canadiennes et collections historiques. Également ancien militaire dans la Réserve, son parcours est indissociable de la Base Valcartier, où il a habité dans sa jeunesse. Entretien avec un homme qui porte la base implantée à Shannon dans son cœur.
Canadien, Michel Litalien est pourtant né en Allemagne en 1964. Il est enfant de militaire, son père étant engagé dans la Force régulière. C’est ainsi qu’il va habiter sur la Base Valcartier dans sa jeunesse, entre ses 4 et 12 ans, jusqu’en 1976. Il va y découvrir le monde militaire.
En 1982, alors âgé de 17 ans, il rejoint à son tour les Forces armées canadiennes. Il se rend notamment à Valcartier lors de missions ou d’entraînements, de cours d’été ou lors de fins de semaine. C’est à cette période, alors qu’il n’est encore qu’un jeune réserviste, qu’il s’interroge «sur la vie militaire» d’avant, celle des hommes et des femmes qui l’ont précédé à Valcartier. Il s’interroge ainsi sur «notre histoire». Le déclic est fait et sa vocation toute trouvée : cet historien amateur va vouer sa vie à l’étude de la vie militaire québécoise d’antan.
En parallèle de sa carrière militaire de réserviste (il est spécialisé dans la logistique et sert au sein de bataillons des services et d’unités de soutien logistique), il se tourne vers des études spécialisées : il obtient un baccalauréat en histoire à l’Université de Montréal, puis une maîtrise à l’Université d’Ottawa. Plus tard, par défi et par accomplissement personnel, il validera un doctorat en histoire militaire à l’Université de Montpellier, en France. Le titre de sa thèse? Pour qui combattre? : les volontaires canadiens-français entre l’affirmation et l’indifférence, 1914-1919.
Valcartier Pendant La Seconde Guerre Mondiale
Pour l’Adsum, en pleines commémorations du débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944, le Dr Litalien revient sur la place de Valcartier durant cette période !
En 1939, Valcartier est une base presque abandonnée. Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, c’est devenu une structure militaire temporaire: «les unités de la Milice viennent s’y entraîner l’été», alors qu’au milieu des années 1930, «des chômeurs y sont mis à l’emploi et construisent quelques bâtiments». Le vrai centre névralgique militaire est la Citadelle, QG du Royal 22e Régiment. Mais tout change avec la déclaration de guerre de septembre 1939 : Valcartier va reprendre son importance essentielle pour l’effort de guerre canadien.
Dès 1940, le camp est transformé, avec l’arrivée de milliers de jeunes canadiens : «l’appel a été lancé aux jeunes hommes célibataires, pour un entraînement de 30 jours». Rapidement, cette période «est portée à 4 mois», puis pour une durée indéterminée, avant l’arrivée de la conscription en 1942. Cette année-là, «Valcartier devient un centre spécialisé dans l’infanterie», et forme à l’utilisation de différents types d’armement, «comme les grenades ou le mortier ».
Michel Litalien qualifie Valcartier «d’usine à soldats» à cette époque, où viennent apprendre le métier de militaire des milliers d’appelés. Au total, ce sont «au minimum 5000 militaires» qui se trouvent en même temps à Valcartier pendant cette période : «conscrits, encadrements et régiments en transit». Mais à la différence des engagés volontaires, les appelés vont intégrer «des régiments dédiés à la défense nationale», à savoir «la protection du territoire canadien», à la surveillance «des côtes atlantique et pacifique». Certains vont vouloir partir vers la guerre, notamment en Europe, et vont s’engager volontairement, notamment sur la forte demande de l’armée canadienne, qui manque cruellement de soldats.
Ce n’est que fin 1945, après la victoire totale contre l’Allemagne puis le Japon, que les opérations à Valcartier vont connaître un fort ralentissement. En 1946, même si le camp reste opérationnel, il va petit à petit retomber dans l’oubli, la conscription étant terminée. Il faudra attendre 1950 et la guerre en Corée pour que le camp ressorte de sa léthargie!
Et en 1952, Valcartier devient finalement une base permanente, avec l’attachement d’unités régulières, la construction de nouveaux bâtiments et logements, etc.!