Éduc'Mag n°178

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CPPAP N° 0716 S 06569 l’Enseignement Public La fédération UNSA des métiers de l’ É ducation, de la Recherche et de la Culture 17 8 4,60 € Février 2024

La

banque coopérative de la Fonction publique

CASDEN Banque Populaire –Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable –Siège social : 1 bis rue Jean Wi ener 77420 Champs-sur-Marne –Siren n° 784 275 778 –RCS Meaux –Immatriculation ORIAS n°07 027 138

• BPCE –Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 188 932 730 e uros –Siège social : 7, promenade Germaine Sablon 75 013 Paris –RCS Paris N° 493 455 042 –Immatriculation ORIAS n° 08 045 100• Crédit ph oto : © Roman Jehanno

• Conception : Insign 2022

• Merci à Mari e-Elisabeth, In昀rmière anesthésisteIADE, Mark, Professeur d’EPS, MarieElisabeth, In昀rmière anesthésiste, Pierrick, Responsable énergi e, Aurélie, Commandant de police d’avoir prêté leur visage à no tre campagne de communication.

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Directeur de la rédaction

Frédéric Marchand

Directeur de la publication

Pierre Chateau

Rédactrice en Chef

Aline Boussaroque

Ont participé à ce numéro : Denis Adam, Nicolas Anoto, Karine Autissier, Stève Blanchard, Aline Boussaroque, Élise Capéran, Christelle Caron, Willie Charbonnier, Pierre Château, Marie Claria, Olivia Corbel, Julien Danglard, Véronique De Aguiar, Stéphane Gargaud, Richard Gazaud, Jean-Jacques Henry, Tiphaine Jouniaux, Benoît Kermoal, Anne-Sophie Laclautre, Béatrice Laurent, Gilles Leluc, Frédéric Marchand, Emmanuel Margerildon, Yves Paploray, Gilles Tena, Morgane Verviers.

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Aline Boussaroque © AdobeStock Réalisation

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Anat Régie • 01 43 12 38 15

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Pour les personnes souhaitant s’abonner, le prix du numéro est de 4,60 €, l’abonnement annuel de 18,40 €.

C.P.P.A.P. 0716 S 06569

Dépôt légal : Février 2024

UNSA Éducation

87 bis, Avenue Georges Gosnat 94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEX

Tél. : 01 56 20 29 50 national@unsa-education.org

unsa-education.com

Pour le respect de l’École publique et de ses personnels

e mouvement du 1er février a remporté un franc succès, mobilisant largement les personnels particulièrement en collège. Et pour cause, l’exaspération est forte pour tous les métiers.

Même les cadres pédagogiques censés mettre en œuvre cette réforme ont fait part de leur colère. Face aux défis majeurs qui bousculent les métiers de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, la parole présidentielle, à l’occasion des différents discours thématiques traitant du « réarmement civique » de la jeunesse ou de l’avenir de la Recherche, a surtout fait douter les personnels, là où ils attendaient de la hauteur et du recul.

Les premiers pas de la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Amélie OudéaCastera, ont indigné les personnels, effarés que les premiers éléments de langage de la ministre s’en prennent à la qualité de l’École publique.

Ces propos et les suivants ont mis en avant une caste renfermée sur elle-même, fréquentant les mêmes établissements scolaires, déployant les mêmes stratégies de séparatisme social. La ministre poursuit la mise en place d’un plan « choc des savoirs », pensé par Gabriel Attal, devenu chef du gouvernement, qui initie un tri social des élèves et ne s’attaque pas au contraire aux questions fondamentales de la réussite des élèves, à la mixité sociale et scolaire. Ce projet est un renoncement à l’ambition de démocratisation du système d’éducation. Il révolte profondément notre fédération.

Frédéric Marchand

Secrétaire général de l’UNSA Éducation

@FMarchandfred

3 Internationale de l’Éducation - n° 178 - Février 2024
Marchand sur unsa-education.com
Retrouvez les éditoriaux de Frédéric

N° 1 7 8

6-7

• Les b rèves d’ a ctu

10-11

• 2024, année importante pour l’UNSA Éducation, année d’introspection et de renouvellement des idées et des équipes

14

• Plan d’action égalité professionnelle Femme-Homme

16

19

• Rentrée scolaire 2024 : avec quels moyens humains ?

• L’enseignement agricole, acteur moteur et écoresponsable

22-23

• Le « Choc des savoirs » , héritage du ministre Attal, un mirage nostalgique

25

• Eco-anxiété : sommes-nous prêts ?

26

• Parents vigilants : attention à l’entrisme de l’extrême droite à l’École !

8 mars : Vive la journée internationale des droits des femmes !

Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes mais on ignore souvent l’origine de cette journée des droits et nombreux sont celles et ceux qui continuent à ne pas comprendre l’utilité d’une journée qui met à l’honneur les femmes.

Pourtant, le 8 mars s’inscrit dans une histoire longue de lutte des femmes pour faire reconnaitre leurs droits : c’est en 1910 à Copenhague que naît l’idée, lors de la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes, d’une journée pour la mobilisation féminine au sein des organisations ouvrières : il s’agit de défendre le droit de vote et plus largement de manifester pour l’égalité des sexes. Plusieurs dizaines d’années plus tard, cette journée est instituée en 1977 par l’ONU et devient officielle en France en 1982 grâce à Yvette Roudy. La méconnaissance de l’origine du 8 mars est la parfaite illustration d’une histoire et d’une mémoire du féminisme encore trop absentes de notre éducation et de notre culture commune. Alors aujourd’hui comme hier, et encore plus demain, vive le 8 mars !

4 - n° 178 - Février 2024

L’École

L'école on en parle beaucoup, mais est ce qu'on l'écoute vraiment ?

Sur Extra classe, le podcast produit par Réseau Canopé, chaque semaine, la parole est donnée à des personnes « extra ordinaires » de tous métiers, qui font vivre et évoluer l’École. Un espace d’échanges vivifiant. Témoignages, expériences, des formats courts de 7 mn jusqu’à 40 mn sur des sujets plus approfondis avec plusieurs intervenants.

Diversité

205 épisodes disponibles !

« Diversité » est une revue semestrielle dans le champ des sciences humaines et sociales et plus particulièrement de la recherche en éducation. Créée en 1973 sous le titre « Migrants formation », elle est aujourd’hui portée et éditée par l’Institut français de l’Éducation (IFÉ) de l’ENS Lyon.

À commander sur : > https://extraclasse.reseau-canope.fr

Besoin de ressources pour organiser une classe de découvertes ?

Découvrez la nouvelle revue juridique de JPA, pour 6 € (attention tirage limité) !

Chaque numéro aborde une question vive en Éducation et donne la parole à des chercheurs de différentes disciplines et à des professionnels de l’Éducation et acteurs de terrain, dans et hors de l’École.

> https://publicationsprairial.fr/diversite/

Tiphaine Rivière s’empare du classique de Pierre Bourdieu, « La Distinction », pour en proposer une relecture libre, drôle et contemporaine. À travers une galerie de personnages évoluant autour d’une classe de lycée et du prof de SES, elle met en scène l’analyse incisive des relations entre goûts et classes sociales développée par le sociologue et nous donne à réfléchir sur nos propres déterminismes sociaux. > https://jpa.asso.fr/ aides-au-depart-enclasse-de-decouvertes/

> Editions Delcourt, 27 €.

6 - n° 178 - Février 2024

Capitale européenne de la culture, un héritage pour les villes

En près de quarante ans, quatre villes françaises ont été désignées Capitale européenne de la Culture : Paris, Lille, Avignon, Marseille.

Ce titre a permis de développer des projets culturels qui rayonnent toujours sur les territoires et contribuent à l’attractivité touristique et économique.

Un jury a rendu sa décision finale, la prochaine ville française à obtenir le titre et les projets sera : BOURGES en 2028

Vert

Bureau Vert est une initiative lancée par le réseau« Profs en transition » dont l’objectif est de réduire l’impact écologique des espaces et usages bureautiques, dans l’univers scolaire mais aussi bien au-delà dans toutes les pratiques quotidiennes ! Affiches en libre téléchargement sur le site de Profs en transition :

> https://profsentransition.com/ bureau-vert/

7 - n° 178 - Février 2024

LLe SNASEN UNSA

Le SNASEN UNSA syndique des Assistant·es et Conseiller·es Techniques de Service Social relevant des ministères de l’ É ducation nationale et de l’Enseignement supérieur et exerçant auprès des élèves, des personnels et des étudiants.

e SNASEN UNSA milite pour la reconnaissance et le respect de la finalité visée par le travail social et œuvre en faveur d’une école inclusive, juste et bienveillante, solidaire et écologique, qui considère l’enfant et les adultes comme sujets et acteurs de droit.

Notre syndicat s’inscrit dans un syndicalisme réinventé, combatif, responsable et efficace. Il réclame l’application du droit commun pour tous, seul garant d’un système éducatif juste et efficace.

Le SNASEN milite pour :

Le droit à un service social de qualité pour tous les élèves de l’élémentaire au lycée.

La mise en place d’un service social unifié et coordonnée par les CROUS autour de l’étudiant en termes de gouvernance et de missions.

La reconnaissance du service social des personnels comme véritable service social du travail au sein des ministères de tutelle.

La création de postes statutaires de service social à la hauteur des missions conférées par nos ministères.

Des services sociaux de proximité, pilotés par des pairs, à chacun des échelons existants.

Plus d’équité dans les politiques de revalorisation indiciaires et indemnitaires interministérielles et ministérielles : les personnels sociaux de l’EN ont les grilles indiciaires les plus basses parmi l’ensemble des personnels de catégorie A de notre ministère.

Les métiers du Social sont insuffisamment valorisés au sein de nos ministères et deviennent de moins en moins attractifs, mettant en tension les services qui peinent à recruter et à fidéliser. L’amélioration des conditions de travail des personnels sociaux est une des revendications prioritaires.

Le SNASEN continue de revendiquer :

L’accès à la Catégorie A type.

Des perspectives de carrières pour tous.

Des possibilités de reclassement professionnel. Une formation continue qualifiante.

Le Congrès du SNASEN s’est tenu en mai 2023 à Lyon. Le souhait de nos militants est de pouvoir concilier vie syndicale, vie professionnelle et vie personnelle.

De ce fait, la collégialité dans notre organisation se développe pour préserver ainsi le dynamisme de notre activité et la proximité de terrain, avec un Secrétariat Général qui est désormais assuré par trois secrétaires généraux.

Tiphaine Jouniaux, Christelle Caron et Stéphane Gargaud

Secrétaires généraux du SNASEN UNSA snasen@unsa-education.org

Pages UNSA Éducation coordonnées par :

8 - n° 178 - Février 2024
De gauche à droite : Tiphaine Jouniaux, Christelle Caron et Stéphane Gargaud Gilles Téna gilles.tena @unsa-education.org Julien Danglard julien.danglard @unsa-education.org

DYNAMIQUES DE TERRITOIRES

Qu’est-est-ce que la démocratie sociale ?

« La Démocratie sociale est la tendance de mouvements politiques à promouvoir la construction d'une citoyenneté sociale et à faire adopter par le Gouvernement la participation des citoyens à la vie publique. » Serge Braudo

Dans ce cadre le rôle des syndicats est essential et l’UNSA Éducation soutient les pratiques de participation citoyenne. Si elle reste le fondement de notre modèle, la démocratie représentative est profondément remise en cause. La société civile organisée n’échappe pas à ces questionnements, en particulier les syndicats. En tant qu’acteur social, L’UNSA Éducation est convaincue qu’elle doit et peut prendre part au réveil démocratique. Il s’agit de s’interroger sur de nouvelles formes de dialogues, qui permettent de rendre la démocratie plus expressive, plus continue et plus inclusive.

ACADÉMIE DE POITIERS

Journée « Démocratie sociale »

Nous avons choisi d’organiser une journée où nos militant·es, responsables fédé et syndicats, adhérent·e, non adhérent·e, adhérent·e à un autre syndicat, ont pu s’exprimer et partager leur point de vue et leur vision sur notre futur à l’orée des trois transitions : écologique, numérique et démocratique.

Cette journée nous a également permis de dynamiser nos collectifs et de donner la parole à chacun·e d’entre nous.

Cette journée a créé de l'émulation et nos échanges ont été nombreux et intéressants grâce à la diversité des participant·es. Nous avons toutes et tous eu du plaisir à construire ensemble un futur désiré qui semble malgré tout accessible avec des échanges fournis et des propositions concrètes.

Richard Gazaud

Secrétaire Régional Académique Adjoint Poitiers

ACADÉMIE DE MONTPELLIER

Démocratie sociale

ACADÉMIE DE PARIS

Démocratie sociale

Proposer à nos collègues une expérience de démocratie participative, c'est leur donner l'occasion de s'exprimer ; c'est nous donner l'occasion de les écouter et de nous enrichir de leurs idées, leurs réflexions, leurs propositions. Il n'y a pas assez d'horizontalité.

À l’occasion du premier anniversaire de Chat GPT, nous avons donc choisi la thématique des mutations numériques et nous avons débattu autour de la question : « IA, quels impacts sur nos métiers ? »

Cette occasion nous a permis de réfléchir à cette problématique dans un bar sur la place de la République à Paris, autour d’un verre et de quelques douceurs. L’évènement était ouvert à tous, adhérent·es et non-adhérent·es des trois académies franciliennes.

Ce temps convivial a été pour nous l’occasion de nous projeter dans un futur proche et de réfléchir aux aspects positifs et aux limites de l’arrivée massive de l’intelligence artificielle dans nos vies.

Anne-Sophie Laclautre

Secrétaire départementale Académie de Paris

L’égalité Femmes-Hommes est une exigence démocratique. Aborder ce sujet avec nos collègues, c’est d’abord s’interroger sur le rôle de l’ É ducation mais c’est surtout envisager sur les engagements que le secteur éducatif pourra mettre en œuvre.

Face à cet enjeu de société, comment l’UNSA É ducation peut-elle impulser des transformations à venir indispensables ?

En Occitanie, à Béziers, le 8 mars à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, l’UNSA Éducation propose aux personnels de vernir débattre sur l’égalité professionnelle Femme-Homme.

Marie Claria

Secrétaire régionale Région Occitanie

Pas le temps de penser à l’avenir de nos métiers et de notre École ?

L’UNSA Éducation vous l’offre ! Venez participer à une journée d’échange conviviale et participative le Vendredi 8 mars 2024 au Collège Marguerite de Navarre de Pau.

POUR EN SAVOIR + : > QR Code

9 - n° 178 - Février 2024
PMars

2024,

congrès à Nantes : un projet d’avenir porté par l’ UNSA Éducation

hase préparatoire à Nantes 2024, l’organisation à l’échelle locale d’un congrès régional, permet aux militant·es de déposer des amendements sur la résolution générale, de prendre position sur le rapport d’activité national et de discuter des enjeux du prochain mandat. Plusieurs territoires ont également fait l’objet d’une expérimentation de participation citoyenne, accompagnée par des professionnel·les, afin d’organiser les débats sous une forme plus ouverte et plus horizontale.

Morgane Verviers candidate au secrétariat général et porteuse d’un projet fédéral renouvelé

Frédéric Marchand, secrétaire général depuis 2018, ne se représentant pas, Morgane Verviers a présenté au bureau national du 5 décembre dernier sa candidature pour le secrétariat général. Conseillère principale d’éducation dans l’académie de Créteil et actuelle secrétaire générale adjointe, Morgane Verviers a aussi présenté les militant·es qui composeraient le secrétariat national : Pierre Château , pour la trésorerie générale, Béatrice Laurent , Laurence Naumot , Gilles Téna (issu·es du SE-Unsa) ainsi que Géraldine Alberti-Baudart (A&I UNSA) et Stéphane Soreau (SN2D).

Dans son discours de candidature, elle a mis en avant sa volonté de faire du congrès de Nantes une tribune et un tremplin, autour d’un syndicalisme capable de construire l’avenir et donner du « pouvoir d’agir » à l’ensemble des personnels des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture.

Les défis de l’avenir au cœur des débats du congrès

Si le congrès reviendra en ouverture sur le rapport d’activité du mandat précédent, il sera résolument tourné vers les enjeux d’avenir, mettant en évidence l’importance de nos métiers pour relever les défis du monde actuel et de demain ainsi que la nécessité de travailler sur les transitions que vivent nos collègues dans les politiques éducatives, de jeunesse et d’ESR.

10 - n° 178 - Février 2024

Les échanges interrogeront également le renouvellement des pratiques syndicales, en donnant la parole aux 23 syndicats de la fédération, mais aussi en écoutant des dirigeants syndicalistes venus du Québec, du RoyaumeUni et des Pays-Bas. Ils partageront leurs expérimentations de nouvelles formes d’engagement syndical, pour faciliter l’accès des femmes aux responsabilités, pour mobiliser l’opinion publique ou encore pour organiser le rapport de force face aux gouvernements.

Ces trois jours de débat, de réflexion et d’orientation doivent être l'occasion de se rassembler autour d’un projet fédéral, éducatif et social, qui valorise nos métiers, répond aux mutations de notre temps et se tourne résolument vers l’action. Un projet offensif, pour faire fédération autour d'une politique éducative et culturelle qui répond aux défis de l'avenir.

11 - n° 178 - Février 2024
Nicolas Anoto nicolas.anoto @unsa-education.org Morgane Verviers morgane.verviers @unsa-education.org @MorganeVerviers @NJAnoto

L’organisation et la tenue des jeux olympiques nécessitent le dialogue social

Les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 approchent, les organiser nécessite, depuis déjà longtemps, la mobilisation d’un grand nombre de salariés, du privé comme du public.

Salariés du bâtiment, forces de sécurité et de gardiennage, agents des transports, de la logistique, de la restauration par exemple, personnels de santé, tous les secteurs d’activité sont concernés.

Leur mobilisation, en particulier pendant la durée des compétitions, est indispensable pour la réussite des Jeux olympiques et paralympiques.

Et au-delà des salariés ou agents de la Fonction publique directement concernés, l’impact sera important pour de nombreux salariés en particulier franciliens et des sites olympiques concernés.

Le dialogue social doit se nouer partout pour mesurer les impacts sur les conditions de travail, les repos, les équilibres vie familiale et personnelle et prévoir les aménagements nécessaires.

Modifications temporaires des cycles et horaires de travail, recours étendu aux permanences et astreintes, adaptation de la période de congés, facilitation du télétravail, aménagement horaire, voire parfois prise de congés obligatoires les modifications peuvent être majeures.

Certains secteurs, certaines entreprises mènent déjà un véritable dialogue social et trouvent des accords positifs avec les organisations syndicales.

Mais parfois, dans d’autres entreprises, d’autres secteurs, ce dialogue social est bien plus difficile à mener. Et il est totalement inexistant ailleurs.

Il y a urgence à s’y atteler !

L’UNSA demande à tous les employeurs publics comme privés, au gouvernement comme aux collectivités de créer le cadre d’un dialogue social fructueux.

Karine Autissier karine.autissier@unsa.org

12 - n° 178 - Février 2024

Par téléphone au 09 74 75 70 70

Appel non surtaxé, coût selon opérateur. Du lundi au vendredi de 8 h à 19 h 15 et le samedi de 8 h à 17 h 15 (horaires Métropole).

100 % en ligne sur le site MAIF

https://www.maif.fr/enseignants/assurance-professionnelle Pour la France métropolitaine, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, Saint-Barthélemy, Saint-Martin (partie française) et Monaco.

Contactez votre délégation

https://infos.autonome-solidarite.fr/contacter-l-asl

Insultes, agressions, accidents… contre les risques du métier, vous avez prévu quoi ?

MÉTIERS DE L’ÉDUCATION

: 01 83 75 65 12© Photo : AdobeStockSeptembre 20231508815961

Plans d’action égalité professionnelle

Femmes- Hommes : le temps du bilan

Les premiers plans nationaux d’actions égalité professionnelle Femmes-Hommes couvrant la période 2021-2023 arrivent à leur terme. Le temps est venu d’en faire un premier bilan.

Rappelons que le sujet de l’égalité professionnelle a été reconduit comme grande cause nationale du quinquennat par le gouvernement. Ce sujet est d’autant plus essentiel pour nos ministères éducatifs qui comptent près de 75 % de femmes parmi les personnels

Quels bilans du premier plan ?

Hasard du calendrier, un rapport de la Cour des comptes sur cette politique publique vient d’être publié. Si notre fédération est souvent critique quant à la vision comptable des sujets abordés par la Cour, de ce rapport nous partageons l’essentiel des constats.

Tout d’abord pour les aspects concernant l’éducation à l’égalité Femmes-Hommes, ils n’ont malheureusement donné lieu qu’à de très faibles avancées. Idem dans le domaine de

5 points d’indice supplémentaires depuis le 1er janvier

Les grilles indiciaires ont été modifiées au 1er janvier 2024 : 5 points d’indice majoré sont attribués à l’ensemble des personnels (fiches de paye de janvier ou février).

Le point d’indice, revalorisé de 1,5 % au 1er juillet 2023 est de 4,92 € mensuel.

Pour l’UNSA Éducation, ce n’est pas suffisant. Les métiers de l’éducation souffrent d’un cruel manque d’attractivité, et la rémunération en est une composante essentielle. L’UNSA demande de véritables négociations pour les rémunérations.

la prévention, où le rapport souligne également l’absence d’implication forte de la hiérarchie et le manque de portage politique.

Du point de vue des rémunérations, les chiffres montrent une différence globale de 405 euros entre les femmes et les hommes sur le périmètre du ministère de l’É ducation nationale , une somme considérable ! Aussi, il convient d’agir de façon systémique pour réduire et supprimer de telles inégalités salariales.

Tout comme la cour des comptes, l’UNSA Éducation regrette l’absence de priorisation et le peu de visibilité globale, et globalement le peu de résultats visibles améliorant la situation.

Et pour 2024-2026 ?

Le futur plan national d’actions 2024-2026 est actuellement en cours d’élaboration. Pour ne pas reproduire les même écueils, l’UNSA Éducation demande la déclinaison des futures mesures en une feuille de route mesurable et évaluable avec les moyens, calendriers, indicateurs, cibles, et résultats attendus

Pour l’UNSA Éducation, il s’avère indispensable de construire une réelle culture de l’égalité dans nos ministères, et d’agir bien davantage en pérennisant et en amplifiant, par exemple, les mesures permettant un meilleur accompagnement de la grossesse, de la parentalité et de l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle.

14 - n° 178 - Février 2024
EMargerildon emmanuel.margerildon @unsa-education.org Olivia Corbel olivia.corbel @unsa-education.org

L’Éducation nationale : le ministère de la transition contractuelle …

Avec un quasi doublement du nombre de contractuel·les en moins de 10 ans dans notre ministère, l’augmentation du recours aux personnels non titulaires est affichée comme une priorité politique et plus insidieusement, comme un projet plus global de bouleversement du fonctionnement des services publics.

Masquer les pertes d’attractivité

L’augmentation des démissions dans certains de nos métiers est symptomatique d’une attractivité en berne dont on mesure, chaque année, la profondeur insondable. Les difficultés de recrutement sont l’argument utilisé par l’administration pour justifier son recours aux CDD et aux CDI. Ainsi voit-on augmenter graduellement le nombre de collègues contractuel·les jusqu’à représenter actuellement plus d’un cinquième des agent·es à l’Éducation nationale.

Calendrier des payes 2024

Vous souhaitez connaître les dates de versement des payes 2024 ?

Rendez-vous sur notre calendrier en ligne des payes et des pensions à l’adresse : > https://urlr.me/k56jx

Vous pourrez également visualiser notre vidéo spécifique pour comprendre votre fiche de paye.

Des attentes élevées pour peu de reconnaissance

Flexibilité contrainte, temps partiels subis, valorisation salariale sous conditions et différenciées selon les académies, absence d’accompagnement et de formation, les collègues contractuel·les de l’Éducation nationale sont devenu·es la variable d’ajustement pour tenter de sauver un ministère en perte d’attractivité. Mais pour l’UNSA Éducation, le service public exerce une mission d’intérêt général, soustraite aux normes marchandes. Il doit donc garantir une rémunération digne et non indexée sur les coûts du marché du travail.

Pour l’UNSA Éducation, les collègues co ntractuel·les n’ont pas à porter la faillite morale de notre ministère. La précarisation des conditions d’embauche de ces personnels, leur absence de perspectives et de reconnaissance professionnelles les soumettent à des difficultés sociales inacceptables. L’UNSA Éducation fait de la défense des collègues contractuel·les une priorité et revendique leur titularisation facilitée.

15 - n° 178 - Février 2024

Rentrée scolaire 2024 : avec quels moyens humains ?

La loi de finance 2024 et les annonces gouvernementales faites en décembre 2023 trouveront effet à la rentrée scol aire 2024. Actuellement se déroulent les instances locales de dialogue social, où sont annoncés les postes attribués à chaque académie/département pour l’année scolaire 2024-2025.

Pour l’UNSA Éducation, la décision de ne pas réduire les moyens de l’École, et même de les renforcer, est une décision de raison.

De même, la création d’emplois pour lutter contre le harcèlement (plutôt que de créer seulement des missions supplémentaires de référents sans temps dédié) était incontournable. Il aurait cependant été nécessaire de renforcer les équipes de vie scolaire.

Concernant l’annonce des groupes allégés en collège, l’UNSA Éducation pose la question : avec quels personnels ? Alors que le ministère s’entête à croire que la question de l’attractivité financière de nos métiers est soldée, il n’en est rien. A la question des rémunérations s’ajoute celle de la qualité de vie et des conditions de travail. Car la première cause de souffrance au travail est désormais établie : les risques psycho-sociaux, auxquels l’employeur n’est pas étranger.

L’UNSA Éducation dénonce la méthode qui consiste à faire de grandes annonces aux médias, qui mettent en cause l’engagement des personnels, et qui laissent croire à la parole magique de nos gouvernants qui, dans les faits, ne cessent d’abîmer l’École.

Car si abonder des moyens est nécessaire, encore faut-il que les postes soient suffisamment attractifs pour qu’ils soient pourvus.

Chaque année, l’École connaît un déficit de candidatures aux concours, et même de candidats aux postes de contractuel·les censés pallier au manque de personnels titulaires. Quand bien même ces nouveaux moyens verraient le jour, pour l’UNSA Éducation, ils ne sont pas fléchés sur les besoins urgents que notre système requiert. L’UNSA Éducation ne renonce pas à une École qui garantisse la réalité d’une promesse républicaine, y compris pour les élèves les plus pauvres et les plus défavorisés socialement.

16 - n° 178 - Février 2024
De Aguiar
@unsa-education.org
Véronique
@v_de_aguiar veronique.deaguiar

Le simulateur de vos droits sociaux

En ce début d’année, il est encore temps de faire le point sur l’ensemble de vos droits.

Et pour avoir une vision à 360° il existe UN SITE à consulter :

Il regroupe sur un seul portail tous vos droits et aides possibles dans les domaines de la formation (CPF) et de la famille (PAJE, la santé, le logement et la retraite).

Le vrai + de ce site : ses simulateurs intègrent la composition de votre foyer et est très simple d’utilisation. De quoi ne rien oublier.

Il est à noter qu’il existe également un site dédié aux jeunes de 15 à 30 ans qui leur permet, entre autres, de connaître les aides financières qu’ils peuvent solliciter : > https://www.1jeune1solution.gouv.fr/mes-aides

Risques psycho-sociaux : première cause de signalement en santé au travail

Le traitement défaillant de la souffrance au travail et du handicap chez les personnels apparait comme un dysfonctionnement majeur au sein de notre ministère.

L’absence totale de réponses ambitieuses et d’envergure n’est pas entendable. Il est inconcevable que le premier employeur de France ne prenne pas la mesure de la situation alors que plus de 36 % des risques signalés par les personnels en matière de santé au travail relèvent des facteurs psychosociaux. Le non-respect des obligations légales et l’absence de moyens pour atteindre les exigences minimales en matière de santé et de sécurité des collègues dans un contexte systémique dégradé n’est ni respectueux, ni acceptable.

17 - n° 178 - Février 2024
De
@unsa-education.org
Véronique
Aguiar @v_de_aguiar veronique.deaguiar
www.mesdroitssociaux.gouv.fr

Personnels jeunesse et sports pendant les JOP : pour une juste reconnaissance de leur implication

Les JO P 2024 auront des conséquences importantes pour les collègues du périmètre jeunesse et sports puisque nombre d’entre eux subiront des contraintes supplémentaires : des restrictions pour poser des congés durant la période des JOP, des astreintes, des aménagements du cycle horaire, et une forte incitation au télétravail, particulièrement en Île-de-France.

Les personnels jeunesse et sport vont être fortement impliqués pour cet évènement à caractère exceptionnel et avant tout positif.

Cependant, le travail supplémentaire durant la période des Jeux devra amener à une juste reconnaissance, notamment financière. Et les contraintes supplémentaires imposées aux collègues devront correspondre à des besoins réels.

Aujourd’hui les mesures annoncées par la circulaire du premier ministre sont insuffisantes :

Une augmentation de 10 jours du seuil du compte épargne-temps sur l’année 2024.

Les primes proposées pour la fonction publique apparaissent bien dérisoires au regard des très fortes sommes consacrées à l’organisation des JO et aux primes accordées dans le secteur privé ! Les collègues qui seront professionnellement très sollicités durant cette période ne peuvent se contenter d’applaudissements symboliques comme retour de leur travail ! La circulaire du premier ministre rappelle que toutes ces mesures doivent être concertées dans le comité social d’administration ministériel et dans les comités sociaux d’administration de proximité des agents concernés, l’UNSA É ducation y sera particulièrement attentif.

L’UNSA Éducation et ses syndicats demandent le respect des conditions de travail de nos collègues de jeunesse et sports ainsi qu’une juste co ntrepar tie du dévouement qui sera leur sera demandé, notamment par l’octroi de primes conséquentes et méritées.

La possibilité d'augmentation de l'indemnitaire pour les agents directement concernés, plafonnée à 1 50 0 € mais dont la recommandation du premier ministre insiste sur l’attribution de montants inférieurs. Un accès facilité aux accueils de mineur et une offre élargie sur les séjours et activités de loisirs. @YvesPaploray Yves

18 - n° 178 - Février 2024
Paploray yves.paploray @unsa-education.org

L’Enseignement agricole, acteur moteur et écoresponsable

L’enseignement agricole technique et supérieur est pleinement concerné par le pacte d'orientation pour le renouvellement des générations en agriculture qui introduit des nouveautés qui méritent d’être bien interrogées. Présenté en Conseil national de l’Enseignement agricole (CNEA) et en Conseil supérieur de l’ É ducation (CSE), ce texte a déjà suscité des réserves et des oppositions syndicales.

Le principal objectif du pacte est d’installer 16 0 000 exploitant·es agricoles, impliqué·es dans la transition agroenvironnementale, de plus en 10 ans, ce qui implique une transmission du patrimoine foncier dans de bonnes conditions financières et l’acquisition de fortes compétences professionnelles.

Mais former davantage d’actifs demande des ressources humaines supplémentaires ; les établissements d’enseignement (EPLEFPA) ne peuvent en l’état actuel accueillir plus d’apprenants, malgré les dernières réformes favorisant plus d’entrées en apprentissage (loi Pénicaud). Autre écueil, le recrutement de candidats, tant est grand le manque d’attractivité des métiers verts trop souvent en déficit d’image, souvent mal payés et physiquement difficiles. Une sensibilisation à ces métiers dès le plus jeune âge est prévue, mais on peut s’interroger sur ses conditions de mise en œuvre.

Le pacte prévoit aussi de doter l’EA d’une sixième mission axée sur « le renouvellement des générations et les transitions agroécologiques et climatiques » . Une belle formulation qui laisse perplexe tant les changements proposés en matière de techniques de production comme dans les référentiels de diplômes sont mineurs alors qu’il y aurait nécessité d’une réelle transformation qui ne trouve pas toujours grâce aux yeux des organisations professionnelles agricoles et des lobbys.

Un bachelor agricole a été proposé : l’objectif est une montée en compétence des actifs actuels qui sont aujourd’hui formés en majorité à un niveau 4. Ce serait une bonne idée à condition que l’EA puisse le piloter et mener la formation dans sa continuité, pour faire sens, ce qui n’est pas assuré.

Le recours aux experts associés en lieu et place d’enseignant·es a enfin reçu un avis négatif de la part du SEAUNSA, tant ce nouveau statut apparaît comme un mauvais signal quant à la reconnaissance des compétences des personnels en poste.

À l’heure des transitions environnementales, pour l’UNSA Éducation, l’enseignement agricole (EA) est un acteur majeur de l’accompagnement de ces transitions ; c’est pourquoi le pacte proposé doit associer l’EA en l’affirmant clairement dans cette prérogative, tant dans la définition des missions confiées que dans les moyens attribués, afin qu’il joue ce rôle moteur et écoresponsable dans la formation des jeunes actifs aux métiers du vivant.

19 - n° 178 - Février 2024

Égalité des chances : les classes préparatoires aux études supérieures (CPES)

Il existe une trentaine de ces classes dans le secteur public sur l’ensemble du territoire. Chacune a sa particularité mais toutes ont en commun d’avoir pour objectif d’améliorer l'égalité d'accès dans l'Enseignement supérieur et accueillent souvent un nombre important de boursiers. Dispositifs parfois méconnus, elles offrent pourtant des débouchés vers des domaines aussi divers que les arts, la littérature, l’audiovisuel mais aussi des classes préparatoires scientifiques, les sciences industrielles ou les sciences politiques. Véritabl es parcours exigeants de remise à niveau en un an , ces classes font de l’égalité des chances une réalité pour et grâce à celles et ceux qui, à travers leur investissement sans faille, s’y consacrent.

Focus sur la CPES du lycée Antonin

Artaud à Marseille, réservée aux bacheliers professionnels industriels

Dans un contexte de réindustrialisation annoncée et alors que le nombre d’ingénieur·es formé·es peine à répondre à la demande des entreprises, cette classe a beaucoup d’attraits. Réservée aux meilleurs bacheliers professionnels industriels (MELEC, aéronautique, nautisme, MEI et d’autres), elle offre un enseignement soutenu dans les disciplines scientifiques, technologiques mais aussi en français, philosophie et en anglais.

Les étudiant·es postulent à nouveau sur Parcoursup au cours de l’année et se dirigent le plus souvent vers des classes préparatoires aux grandes écoles, vers des BTS ou IUT très sélectifs qu’ils et elles n’auraient certainement pas pu intégrer sinon. Pour l’anecdote, un étudiant a intégré Polytechnique il y a quelques années.

Les étudiant·es retenu·es sont souvent issu·es de milieux populaires pour ne pas dire défavorisés. Beaucoup sont titulaires d’une bourse, souvent au dernier échelon (4 7 % sont boursiers cette année). Une écrasante majorité sont des garçons, simple reflet de la population des filières de recrutement. Certain·es ont des parcours de vie difficiles, d'autres ont parfois plus subi leur orientation qu’ils et elles n’en ont été acteur. Toutes et tous sont extrêmement volontaires, prêts à fournir de gros efforts et un travail personnel conséquent. Et le résultat est souvent à la hauteur de leurs attentes.

Poursuite d’études sur 5 ans après la CPES Antonin Artaud de Marseille (2015-2020)

Les conditions d’apprentissage de la CPES sont plébiscitées par les étudiant·es. Le travail se fait souvent en petits groupes et dans une ambiance propice aux progrès de chacun. Les études dirigées sont aussi un véritable atout pour leur réussite. Tous font état d’une équipe pédagogique investie et à leur écoute. En effet l’accompagnement personnalisé est ici une réalité palpable. Que ce soit pour effectuer un stage, s’inscrire à un concours, faire des démarches pour un logement, tout le monde se plie en quatre, non pas pour les assister, mais bien pour les aider, les soutenir, les guider vers la réussite.

20 - n° 178 - Février 2024
BTS 32,4 % CPGE 33,8 % LICENCE 13,5 % IUT • 6,8 % Autres orientations • 6,8 % Sans solution connue • 5,4 % Démission • 1,4 %

« La CPES reste pour moi le tournant majeur de ma vie » JP 2014.

« Elle m’a servi de tremplin, m’a permis de prendre un nouveau départ » AC 2015.

« La CPES m’a aider à repartir sur des bases saines, à développer mon esprit critique, ma capacité de raisonnement » KH 2016.

« En plus, c’était très enrichissant personnellement » LC 2017.

« Que l’on réussisse ou non, la CPES reste un point positif pour la poursuite d’étude » NG 2018.

« La CPES m’a beaucoup aidé dans tous les domaines » QT 2019.

Bien sûr, tout n’est pas parfait. Malgré les solutions de logement dans un internat proche et dans les CROUS alentours, des problèmes subsistent, particulièrement pour ce type de public. La rareté de ces dispositifs oblige encore à une validation manuelle des candidatures à l’issue de la CPES. Mais tous se démènent chacun dans ses responsabilités.

Alors que le taux d’échec des bacheliers professionnels dans les filières post-bac est très élevé, que l’ascenseur social est en panne, les CPES œuvrent, souvent à bas bruit, pour l’égalité des chances et une meilleure représentation des classes populaires dans les filières les plus sélectives. Elles participent ainsi à une plus grande cohésion sociale à travers davantage de mixité. C’est bien en donnant des moyens aux équipes pédagogiques, en créant un écosystème incluant le logement, le transport et un accompagnement véritablement personnalisé que la réussite est au bout du chemin. Alors si vous êtes concerné ou que vos élèves le sont, n’hésitez pas à faire la publicité de ces classes !

> https://bit.ly/cpesartaud

> https://bit.ly/cpesFI

21 - n° 178 - Février 2024
Willie Charbonnier willie.charbonnier @unsa-education.org Un très beau reportage en plusieurs épisodes sur France Inter La fiche Parcoursup de la CPES Antonin Artaud à Marseille

Le « Choc des savoirs », héritage du ministre Attal, un mirage nostalgique

Le jour même des résultats PISA, l’éphémère ministre Gabriel Attal annonçait un plan pour « élever le niveau de notre É cole » intitulé « Choc des savoirs » .

C’est une vision conservatrice, passéiste et démagogique de l’École qui n’est pas à la hauteur des enjeux d’avenir, et notamment des transitions écologiques et numériques qui bousculent la société. Un contrefeu pour faire oublier que PISA révèle à nouveau que le système éducatif français est parmi les plus inégalitaires.

Ainsi, la baisse générale des performances des élèves dans l’ensemble des pays de l’OCDE constatée dans les résultats de l’évaluation PISA 2022 est plus fortement ressentie en France, particulièrement en mathématiques et en compréhension de l’écrit. Elle est marquée à la fois par une augmentation des élèves ayant de faibles performances et une diminution des élèves aux fortes performances.

Le PISA choc à la française n’évite aucun lieu commun, préconisant des mesures jugées inefficaces par la Recherche en éducation : redoublement, groupes de niveaux, manuels labellisés… Fausses bonnes idées marquées de nostalgie, de bon sens populiste mais certainement pas d’efficacité pédagogique pour les élèves les plus fragiles.

Le redoublement permet d’élever le niveau

Les élèves qui n’ont pas le niveau auraient besoin de plus de temps pour l’avoir et passer dans la classe supérieure dans de bonnes conditions. Aussi, la décision revient désormais aux équipes éducatives et plus aux parents.

Le redoublement ne résout pas les lacunes

Des recherches menées par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) soulignent que le redoublement ne constitue pas une solution efficace pour combler les lacunes académiques des élèves. En réalité, il peut même aggraver les difficultés en créant un climat de stress et de démotivation (Marcel Crahay, 2019).

Pour aller plus loin dans l’analyse : > BLOG Questions d’Educ

Différencier l’enseignement des maths et du français en groupes de niveaux flexibles

Pour permettre à tous les élèves de progresser, la classe disparait en français et en maths au profit de 3 groupes de niveaux, constitués à partir de tests de positionnement.

Si des moments ponctuels en groupes spécifiques selon les besoins des élèves (et non leur niveau) peuvent avoir leur utilité, l’hétérogénéité des niveaux mais aussi des milieux socio-culturels, des âges, des sexes… répond non seulement aux valeurs portées par l’École républicaine mais aussi à « l’Exigence des Savoirs ». Une typologie des groupes de travail comme celle-ci peut aider à repérer quand, comment et pourquoi mettre les élèves en groupe.

L’état de la Recherche sur ce sujet : > BLOG Questions d’Educ

22 - n° 178 - Février 2024
> ANALYSE

Obligation d’obtenir le Diplôme National du Brevet (DNB) pour accéder au lycée

Le DNB sera rénové pour le rendre plus exigeant. Pour celles et ceux qui échoueront à cet examen, des classes prépa-lycée seront ouvertes.

Le DNB évalue les connaissances et les compétences acquises à la fin du collège. Il est équilibré entre évaluation du socle (contrôle continu) et épreuves finales. Le socle commun rassemble l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen. Il a, actuellement, un double objectif : s’insérer scolairement dans le cadre de la poursuite d’études et socialement. Il contribue à la construction de chaque collégien.ne dans sa future vie d’adulte. Pourquoi sanctionner ce long processus par l’obligation de l’obtention du DNB ?

La réponse est peut-être dans la volonté de sélectionner les élèves, déjà trié·es en groupes de niveau, et de bloquer les chances de certain·es qui auraient eu besoin d’un meilleur accompagnement au collège et au lycée pour les orienter prématurément vers une sortie dans la vie active. Au vu des résultats au DNB (89,1 % de réussite à la session 2023), les élèves qui vont intégrer les classes « prépa-lycée » sont celles et ceux qui ont des difficultés scolaires accumulées depuis plusieurs années, des difficultés sociales, et souvent familiales.

Pour poursuivre la réflexion : > BLOG Questions d’Educ

Utiliser des manuels labellisés en maths et français dans le premier degré, va améliorer les apprentissages des élèves

Ceci est une mesure de détournement de l’attention des vraies causes des faibles résultats de l’école française : les inégalités, le manque de mixité sociale, les classes surchargées, la formation continue trop réduite, la prise en charge des élèves à besoins particuliers, la crise d’attractivité des métiers de l’Éducation … Une mesure simpliste.

Quel professionnel de l’Éducation peut sérieusement croire qu’il existe des méthodes pédagogiques efficaces et éprouvées et qu’il suffirait de les regrouper dans un manuel labellisé ?

Tout formateur ou formatrice d’enseignant·e, tout enseignant·e sait bien qu’il n’y a pas de recettes miracles. Il y a des démarches, des pédagogies, des didactiques des disciplines, des outils, des scénarios d’apprentissages, des gestes professionnels complexes qui se construisent par essai et erreur, analyse de pratique, échanges entre pairs, dans un processus de développement professionnel continu.

Arguments complémentaires : > BLOG Questions d’Educ

23 - n° 178 - Février 2024
Béatrice Laurent @Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

Laïcité : de nouveaux guides officiels pour aider les personnels

La fin de l’année 2023 a été marquée par la publication et l’actualisation de plusieurs guides officiels sur la laïcité. Principe constitutionnel fondamental, la laïcité doit être bien maîtrisée par l’ensemble des personnels, mais il n’est pas toujours facile d’en saisir toutes les dimensions historiques, juridiques ou philosophiques. C’est pourquoi ces guides pratiques sont très utiles à connaître.

Le Vademecum « La Laïcité à l’école » publié par le ministère de l’ É ducation nationale et de la jeunesse a été actualisé en décembre 2023.

Doté de nombreuses fiches pratiques, ce guide explique parfaitement le contenu de la laïcité scolaire avec des exemples précis et argumentés. Cette révision prend en compte en particulier l’actualisation liée à la question des abayas et autres nouveaux vêtements religieux. Si dans ce cas, il s’agit d’une simple mise à jour, le « Guide de la laïcité à l’Université » , paru également à la fin de l’année précédente, est une refonte assez importante d’un guide précédent. Prenant en compte les nouveautés législatives et la prise en considération d’événements tragiques qui ont marqué l’ensemble du pays, comme l’assassinat de Samuel Paty, ce nouveau document de 29 pages détaille la place de la laïcité dans les universités et les établissements de l’enseignement supérieur. On y trouve en particulier les différences entre la laïcité dans le supérieur et la laïcité à l’école, ce qui est très intéressant. On y trouve aussi sous forme de questions-réponses de nombreux cas concrets qui aideront tous les personnels à s’y retrouver.

Ces deux guides sont très utiles plus largement pour l’ensemble des fonctionnaires et pour les associations partenaires de l’école et de l’université. La loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République a instauré des référent.es laïcité dans toutes les administrations, ainsi qu’une formation obligatoire pour tous les fonctionnaires. C’est pourquoi « le guide de la laïcité dans la fonction publique » est bienvenu et rendra de grands services à l’ensemble des personnels. On peut enfin signaler le nouveau « guide de la laïcité à l’hôpital » qui aidera grandement les professionnels de santé et celles et ceux qui veulent en apprendre davantage sur l’application de la laïcité dans ce périmètre.

L’UNSA Éducation salue la publication de l’ensemble de ces outils très utiles. On peut toutefois regretter que l’administration publique ne fasse pas davantage d’efforts pour informer l’ensemble des personnels de leur existence et de l’ensemble des dispositifs qui existent pour faire appliquer ce principe essentiel qu’est la laïcité. La formation est essentielle, et c’est pourquoi notre fédération informe régulièrement sur la mise à disposition de nouveaux guides qui sont très utiles pour les personnels.

Pour retrouver l’ensemble des guides, consultez cet article sur notre site

« Laïcité : de nouveaux guides officiels pour aider les personnels »

> https://www.unsa-education.com/article-/laicite-de-nouveauxguides-officiels-pour-aider-les-personnels/

Benoit Kermoal @enklask1

benoit.kermoal @unsa-education.org

24 - n° 178 - Février 2024

Eco-anxiété : sommes-nous prêts ?

Qu’est-ce que l’éco-anxiété ? Bien qu'il n'existe pas de définition médicale qui fasse consensus, le terme est utilisé pour décrire l'angoisse face aux crises qui menacent l’environnement et face au dérèglement climatique. Cela entraîne une peur de l’avenir qui touche plus particulièrement les plus jeunes. Comment y faire face ?

La Fondation Jean-Jaurès vient de publier un rapport sur le sujet.

Une enquête de La Fondation Jean-Jaurès menée auprès de 1 000 répondants indique que 7 7 % des 25-34 ans ressentent de l’éco-anxiété (soi t 17 points de moins que pour les 60 ans et plus). Sur la base de ces chiffres, et de la place qu’occupe aujourd’hui le thème dans l’espace publique (médias, débat politique) la Fondation s’est interrogée sur la capacité de l’ É cole à accompagner l’éco-anxiété des enfants et des jeunes qu’elle accueille.

L’étude menée montre que si l’institution intègre de plus en plus largement le sujet climatique dans ses enseignements et l’éducation à la citoyenneté, elle néglige toutefois l’accompagnement aux émotions négatives qu’il suscite. Bien que la marge de progrès soit réelle, le rapport souligne que l’ É ducation nationale accorde une place plus importante au sujet climatique (EDD renforcée, éco-délégués ou labellisation E3D). L’IGESR de son côté pointe une mobilisation accrue des établissements et de ses personnels, à travers la multiplication de projets locaux. Pourquoi alors un taux d’éco-anxiété si élevé chez les jeunes ? Ce qui se joue, nous disent la recherche et les professionnels de l’éducation, c’est le lien ténu mais déjà connu, entre l’acquisition de savoirs objectifs et le cycle émotionnel qu’ils engendrent. Parce qu’elle traduit tout autant une réaction de peur que d’impuissance face au changement climatique, ou encore de colère à l’égard de l’inaction, l’éco-anxiété crée un cycle émotionnel qui va se déployer tout au long de la scolarité, à mesure que les connaissances des élèves s’enrichissent de savoirs.

Des savoirs auxquels il n’est bien sûr pas question de renoncer. S’agissant du changement climatique, et de l’engagement des populations futures qu’il implique, l’enjeu est bien celui de l’accompagnement des équipes : dans la connaissance du lien entre savoirs et émotions, puis dans le repérage, et enfin dans l’accompagnement de ces manifestations émotionnelles, voire psychologiques. Un accompagnement qui ne pourra bien sûr pas se passer d’une politique sociale et de santé d’envergure, à tous les échelons scolaires et de formations.

L’UNSA Éducation, qui a été auditionnée par les auteurs de ce rapport, salue la qualité de ce travail qui propose des pistes intéressantes pour aider à faire face à ce phénomène qui touche de plus en plus la jeunesse de notre pays. L’École et l’ É ducation ont un rôle essentiel pour mieux accompagner la préparation de notre avenir climatique et pour faire face aux crises environnementales.

Pour lire le rapport rédigé par Maxime Dupont, Pierre Quénéhen et Théo Verdier « Accompagner l’éco-anxiété à l’École et au travail. Répondre à l’impuissance, la peur, la colère » > https://www.jean-jaures.org/publication/ accompagner-leco-anxiete-a-lecole-et-au-travailrepondre-a-limpuissance-a-peur-la-colere/

Élise Capéran elise.caperan @unsa-education.org

25 - n° 178 - Février 2024

Parents vigilants : Attention à l’entrisme de l’extrême droite à l’École !

Plusieurs articles de presse se sont fait l’écho des actions du groupe des Parents Vigilants qui tente d’implanter les idées de l’extrême droite dans les écoles et les établissements scolaires. Que repré sentent-ils ? Quelle est leur importance et leur vision de la société ? L’UNSA Éducation fait le point.

Le groupe « Parents Vigilants » a été créé par le parti d’Éric Zemmour Reconquête ! à la rentrée 2022. Il s’agit pour ces partisans de l’extrême droite de mener des actions pour dénoncer un certain nombre d’activités à l’école.

Un groupe d’activistes d’extrême droite

L’activisme des Parents Vigilants se concentre avant tout sur les réseaux sociaux, mais cela passe également par la diffusion de tracts parfois aux abords des écoles et établissements. Leurs publications sont souvent très violentes, discriminatoires ou racistes. Sur les réseaux sociaux (X, page Facebook, boucle Telegram) leur propagande passe par la dénonciation de situations dans différents établissements avec des photos et parfois des renseignements très précis.

Le groupe ne semble pas avoir le statut officiel d’association et est totalement dirigé par le parti Reconquête ! Aidé par le sénateur Ravier, seul parlementaire de cette tendance, « Parents Vigilants » a pu tenir un colloque au Sénat il y a quelques semaines. On y a aperçu tout l’état-major de Reconquête ! mais aussi des idéologues parmi les plus réactionnaires sur les questions éducatives.

Les récentes élections de parents ont vu plusieurs membres de ce groupe se présenter aux suffrages. « Parents Vigilants » se targue d’avoir eu 3 500 parents élus : ces chiffres sont à manier avec prudence pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il y a près de 300 000 parents élus chaque année dans les écoles, collèges, et lycées. On ne connaît pas vraiment le nombre exact de ces élus, beaucoup agissant en sous-marin, et enfin leur chiffre prend en compte des parents de l’enseignement privé. Il ne faut donc pas exagérer leur influence.

L’action de l’UNSA Éducation : comment faire face ?

Pour agir face à ces offensives, il est important de mettre en avant nos idées et no s valeurs : ainsi, le s Parents Vigilants sont en faveur de l’enseignement privé (qu’ils préfèrent hors-co ntrat), sont co ntre la mixité sociale et scolaire et sont opposés à l’éducation à la sexualité et à la vie affective, ou à aborder les questions LGBT+. Ils dénoncent également le vivre ensemble et l’éducation à la citoyenneté et dévoient compléter l’idée même de laïcité.

Affirmer notre attachement aux missions civiques de l’École, à la défense des valeurs républicaines et à l’égalité, c’est aussi le moyen de combattre les idées de l’extrême droite.

Le guide UNSA Éducation pour combattre les idées de l’extrême droite : > https://www.unsa-education.com/article-/pour-combattreles-idees-de-lextreme-droite/

Le guide UNSA Éducation pour comprendre les questions LGBT+ et prévenir la LGBTphobie : > https://www.unsa-education.com/article-/17-mai-se-mobiliserpour-la-journee-internationale-de-lutte-contre-les-lgbtphobies/ Benoit

26 - n° 178 - Février 2024
@unsa-education.org
Kermoal @enklask1 benoit.kermoal

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L’empathie, ça s’apprend d’abord chez les tout-petits

L’ancien ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal a annoncé vouloir lutter contre le harcèlement scol aire en instaurant des cours d’empathie. Quelque 1 000 écoles devaient être concernées par l’expérimentation lancée à la dernière rentrée. Plusieurs méthodes sont testées, dont celle développée de longue date au Danemark intitulée Fri For Mobberi , et importée en France par la Ligue de l’enseignement.

Paris et Saint-Ouen, ce sont déjà 2 500 enfants répartis dans 17 écoles maternelles qui sont engagés depuis la re ntrée 2022 dans la démarche

Fri For Mobberi .

9 écoles maternelles supplémentaires les ont rejoints à la rentrée 2023 (ainsi que des écoles primaires et 7 crèches) pour tenter de constituer un échantillon significatif permettant de jauger ce que cette méthode peut apporter au système scolaire français.

Appui de la recherche

« Nous voulions travailler sur un projet attesté scientifiquement et le développer sur les petites classes, particulièrement la maternelle », explique David Brée, référent académique à Paris de la Ligue de l’enseignement. En prospectant sur ce qui pouvait exister ailleurs, et qui était digne de sérieux, c’est vers le Danemark et deux ONG danoises spécialisées sur les droits de l’enfant que les « prospecteurs » de la ligue se sont tournés.

Là-bas, dans ce pays scandinave, la question des compétences psychosociales est au cœur des pédagogies chez les tout-petits, et plus particulièrement celle de la lutte contre le harcèlement scolaire, est une préoccupation des pouvoirs publics qui remonte déjà au début des années 2 000.

Fri For Mobberi (qui veut dire « libéré du harcèlement » en danois) est instauré avec le souci de prévenir ce fléau au plus tôt, chez les enfants de 0 à 9 ans, avant qu’ils n’entrent pleinement dans le parcours scolaire (qui ne commence qu’à partir de 7 ans au Danemark), en privilégiant la dynamique de groupe et la mise en situation des enfants, et en cherchant à impliquer aussi les parents d’élèves.

Acquisition des droits et adaptation

La Ligue de l’enseignement acquiert les droits du dispositif danois. Un chercheur français et une pédagogue ayant travaillée dans une école française au Danemark sont sollicités pour adapter la méthode au contexte hexagonal et le déployer à l’échelle parisienne pour commencer. Des outils, trois mallettes pédagogiques selon les âges des enfants, un guide de séance et un programme de formation associant professionnels de la petite enfance et parents d’élèves sont mis en chantier et réalisés. Car il convient d’être préparé aux séances à travers un module de 6 heures de formation pour tous les adultes qui accompagnent le programme.

Une fois en classe, « c’est assez facile à mettre en place », témoigne Margot Neuvialle, la pédagogue en charge du déploiement de la mesure. « Le dispositif est un peu clé en mains » , sous entendu qu’il revient ensuite à l’ensei -

28 - n° 178 - Février 2024 À

gnant·e d’adapter le kit de départ au fil de l’eau, au déroulement des séances : « Nous ne voulions pas rajouter quelque chose au programme existant mais un outil capable d’être intégré et développé au cours des séances avec l’objectif d’une auto-régulation par le groupe d’enfant » .

Auto-régulation par les enfants

Parmi les outils proposés dans les mallettes figure en première place l’ours en peluche, mascotte du programme, le « bon ami » des enfants à qui on peut transmettre toute son affection. Des planches dites de discussion présentent des images de situations conflictuelles ou d’élèves victimes d’actes visant à les stigmatiser avec l’objectif de créer le dialogue entre l’en- seignant·e et ses élèves, la mise en mots de ces conflits et des émotions qu’ils entraînent, jusqu’à la recherche de solutions par les élèves eux-mêmes. Autre support, le livret de massage qui invite les élèves à dessiner avec leurs mains sur le dos d’un·e camarade pendant la lecture d’une histoire. Une activité qui vise au bien-être par le toucher mais aussi à apprendre à consentir ou à refuser : « Me prêtes-tu ton dos ? ». Et à remercier sa ou son camarade à la fin de l’exercice. Une collection de posters illustrant les émotions, la peur, la colère, la tristesse, la joie, etc. complètent ce matériel ; ils permettent aux enfants d’apprendre à décoder chacune d’entre elle pour tenter de l’appréhender, de la comprendre, sachant que « tous les enfants n’ont pas les mêmes ressentis dans une même situation », afin d’être le mieux armé possible en cas de conflit, stipule David Brée.

Le programme Fri For Mobberi entend ainsi inculquer dès le plus jeune âge les grandes valeurs qui président au bien vivre-ensemble : la tolérance, la bienveillance, le respect et le courage. Car il faut aussi « savoir oser aller vers les autres et dire les choses lorsque ses limites ou celles des autres ont été franchies »

Vivre-ensemble - Fri For Mobberi : Prévenir le harcèlement scolaire dans les écoles

> https://ligueparis.org/zoom-sur/vivreensemble-fri-for-mobberi-prevenir-leharcelement-scolaire-dans-les-ecoles/

29 - n° 178 - Février 2024
@Gileduc69 gilles.leluc @unsa-education.org Free of bullying > https://www.freeofbullying.com
Gilles Leluc

L’éducation des filles

Après 2023 qui célébrait Colette et sa série de livres « Claudine » dont « Claudine à l’école », 2024 invite à continuer à se pencher sur l’éducation des filles.

En effet, cette année est marquée par l’anniversaire de la naissance de Julie-Victoire Daubié (26 mars 1824). .

Si cette vosgienne issue d’une famille de la petite bourgeoise catholique est peu connue, elle figure parmi les militantes féministes du XIXe siècle. Femme de lettre, elle est la première bachelière en France, comme en témoigne cet extrait de l’article de Francisque Bouillier, « Mademoiselle Daubié, premier bachelier de sexe féminin », publié dans le Salut public de Lyon, le 23 août 1861 : « […] Nous sommes heureux d'annoncer qu'elle a été reçue avec distinction et qu'elle s'est montrée bonne latiniste, soit dans les compositions, soit dans les explications. On peut citer un certain nombre de femmes qui au Moyen Âge et surtout à l'époque de la Renaissance, ont obtenu leur bonnet de Docteur, mais Mademoiselle Daubié est certainement le premier bachelier de sexe féminin qu'ait proclamé l'université de France. »

De fait, Julie-Victoire Daubié est institutrice depuis déjà plusieurs années, puisqu’elle a obtenu le 31 août 1844, son « certificat de capacité », brevet d'enseignante, obligatoire pour tous depuis la loi Guizot, du nom du ministre François Guizot - dont cette année commémore également la mort en 1874.

Si les cours de la Sorbonne restent toujours inaccessibles aux femmes (ils ne seront ouverts aux femmes qu’à partir de 1880), elles peuvent s'inscrire aux examens. Aussi l’obtention du baccalauréat permet à Julie-Victoire Daubié de préparer sa licence ès lettres qu’elle réussit le 28 octobre 1871, devenant ainsi la première licenciée ès lettres. Hasard du calendrier, ce n’est que cent ans plus tard, le 25 mars 1924, que les programmes de l’enseignement secondaire deviennent identiques pour les filles et les garçons.

Et si aujourd’hui l’égalité semble la règle dans l’ensemble du système éducatif de la maternelle à l’université, les données des études continuent à montrer des différences de parcours et d’orientation pénalisent largement les filles, alors même que ce sont elles qui ont les meilleurs résultats scolaires.

30 - n° 178 - Février 2024
Julie-Victoire Daubié
@denisadamunsa denis.adam @unsa-education.org
Denis Adam

La loi immigration impacte fortement l’enseignement supérieur et la recherche

La loi immigratoin votée au parlement en décembre 2023 est une loi qui instaure la préférence nationale dont les répercussions sur l’enseignement supérieur et la recherche sont particulièrement dramatiques.

En ostracisant les étudiants étrangers inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur, notamment via l’instauration d’une caution de retour, et au-delà de l’aspect rance de l’idéologie même de la loi, la France prend de gros risques. En effet, l’ouverture de l’enseignement supérieur sur le monde est essentielle pour notre Nation, notamment sur deux aspects. En premier lieu, car accueillir et former des étudiant·es étrangers est un des leviers les plus efficaces de diplomatie culturelle et de soft-power dont dispose un pays. Les échanges d'étudiants et de personnel mais aussi, de pratiques et de programmes, contribuent à diffuser à travers le monde l'image de la France comme pays de culture, de savoir et de justice. Cette influence permet à la France de demeurer un acteur diplomatique majeur, notamment dans le monde francophone. En outre, les enjeux mondiaux auxquels nous sommes confrontés, tels que le dérèglement climatique, les migrations, les guerres, la pollution ou les épidémies, nécessitent le renforcement de la coopération internationale. Or, l'enseignement supérieur et la recherche y jouent un rôle clé en favorisant les échanges et les partenariats entre États.

En second lieu, parce que si en moyenne 15 % des étudiants inscrits dans l’ensemble des cursus universitaires sont étrangers, leur représentation approche 40 % au niveau du doctorat. Parmi ces étudiants étrangers en thèse, 75 % sont originaires d’un pays hors de l’Union Européenne. Ainsi, près d’un tiers de nos doctorant·es seront impacté·es par la loi immigration. Or, les travaux de la recherche française s’appuient très largement sur l’activité de ces thésard·es. Ces nouvelles mesures risquent donc d’entamer gravement notre potentiel de recherche en se privant de ces talentueuses et talentueux jeunes venus du monde entier travailler pour la France.

Jérôme Giordano

@J_GiordanO

jerome.giordano

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31 - n° 178 - Février 2024

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