PDG et Fondatrice, Astraterra, Professeure associée invitée, Imperial College London, Royaume-Uni
Lumières sur le Leadership
Dr Angie Brooks-Wilson, Doyenne des sciences, Université Simon Fraser, Canada
Perspectives académiques
Dr Rahaf Ajaj, Université d'Abou Dhabi, Émirats arabes unis
Focus régional
Dr Fares Howari, Doyen, Faculté des Lettres et des Sciences, Université d’Ajman, Émirats arabes unis
Voix Étudiante Karam Abuodeh, Université de Birmingham Dubaï, Émirats arabes unis
Volume 4 Mai 2025
Sciences de l’environnement pour sauver le monde :
Perspectives prêtes pour l’avenir
Table des matières
Éditorial
Bienvenue à la Lettre d'information Universitaire
Par Laura Vasquez Bass Rédactrice en chef
Perspectives de l'Industrie
Comment l’exploitation de la télédétection et de l’observation de la Terre constitue un effort international concerté à ne pas négliger
Par Dr Mireille Elhajj PDG et Fondatrice, Astraterra Professeure associée invitée et Membre du comité consultatif industriel, Imperial College London
Lumières sur le Leadership
Favoriser des collaborations résilientes à l’avenir à l’Université
Simon Fraser (SFU) :
Une interview avec la professeure Angie Brooks-Wilson, doyenne des sciences, SFU, Canada
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Focus régional
Du satellite à la politique : comment l’observation de la Terre stimule le développement durable dans les régions arides
Par Dr Fares Howari Doyen, Faculté des lettres et des sciences, Université d’Ajman, Émirats arabes unis (EAU)
Perspectives Académiques
Briser les frontières : comment la recherche interdisciplinaire stimule l’innovation environnementale
Par Dr Rahaf Ajaj Présidente du département de santé et sécurité environnementale, Collège des sciences de la santé, Université d’Abou Dhabi, Émirats arabes unis (EAU)
Voix Étudiante
Construire des ponts : comment la collaboration intersectorielle façonne l’avenir de l’action climatique
Par Karam Abuodeh M.Eng., Informatique et ingénierie logicielle, Responsable des activités associa- tives étudiantes, Université de Birmingham Dubaï, Émirats arabes unis (EAU)
Bienvenue à la Lettre d'information Universitaire
Ces brefs résumés ne sauraient rendre justice à la complexité des sujets abordés avec tant de compétence et de respect pour les enjeux cruciaux en jeu par ces auteurs
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Le thème de ce numéro spécial de la Lettre d'information Universitaire, «Sciences de l’environnement pour sauver le monde : perspectives prêtes pour l’avenir», est à la fois alarmant et stimulant. Le contexte mondial actuel reflète les multiples façons dont notre planète est menacée par le changement climatique — montée du niveau de la mer, phénomènes météorologiques extrêmes, transformation des écosystèmes et épuisement des ressources naturelles. Ces phénomènes ne relèvent plus de projections hypothétiques, mais sont désormais des réalités quotidiennes pour des millions de personnes à travers le monde. La biodiversité disparaît, la sécurité alimentaire et hydrique est mise à rude épreuve, et les répercussions sanitaires de la dégradation de l’environnement deviennent chaque année plus évidentes. Des maladies respiratoires accrues dues à la pollution de l’air, à la propagation des maladies à transmission vectorielle dans des climats plus chauds, en passant par l’augmentation des troubles de la santé mentale liés à l’éco-anxiété et aux déplacements forcés, le fardeau sur la santé humaine est vaste et multiforme. Les expositions environnementales sont également de plus en plus liées au développement de cancers, tandis que les vagues de chaleur et la mauvaise qualité de l’air affectent de manière disproportionnée les populations vulnérables telles que les enfants, les personnes âgées et les communautés à faibles revenus.
Pourtant, face à cette crise émergent également des efforts innovants — et littéralement salvateurs — pour lutter contre ces enjeux : l’émergence d’une science de l’environnement véritablement interdisciplinaire. À l’échelle mondiale, des chercheurs créent de nouveaux partenariats entre disciplines — des climatologues collaborent avec des urbanistes, des biologistes marins travaillent avec des spécialistes des politiques publiques, et des experts en
Laura Vasquez Bass
Un mot de la rédactrice en chef
Exploiter la télédétection et l’observation de la Terre : un effort international concerté à ne pas négliger
Dr Mireille Elhajj
PDG et fondatrice, Astraterra
Professeure associée invitée et membre du comité consultatif industriel, Imperial College London, Royaume-Uni
La capacité d’observer et d’analyser systématiquement la Terre à distance est devenue une pierre angulaire des sciences de l’environnement modernes, de la gestion des crises et du suivi des infrastructures. Dans ce contexte, la télédétection et l’observation de la Terre (EO) se sont imposées comme des outils essentiels pour répondre aux changements environnementaux et à la perte de biodiversité, surveiller et anticiper les catastrophes naturelles, et évaluer le niveau de préparation des infrastructures existantes. Appuyée et renforcée par l’intelligence artificielle, l’utilisation des technologies satellitaires, des systèmes terrestres et des technologies aéroportées ou in situ, comme la vision par ordinateur ou les capteurs aériens (tels que les drones), permet des analyses avancées et précises afin d’optimiser l’exploitation des données massives recueillies sur de longues périodes. L’avènement de la nouvelle économie spatiale, qui a ouvert les portes du secteur spatial aux acteurs privés après des décennies de monopole gouvernemental, a considérablement stimulé l’innovation dans le domaine des capteurs actifs à haute résolution (à l’échelle infra-métrique).
Après avoir obtenu mon doctorat à l’Imperial College London, j’ai occupé divers postes, notamment celui de directrice du programme intégré de science et d’ingénierie spatiale, de chercheuse principale au Département de génie civil et environnemental, ainsi que de chercheuse en sécurité à l’Institut des sciences et technologies de la sécurité. J’ai ensuite fondé Astraterra. Notre entreprise, basée au Royaume-Uni, est spécialisée dans les technologies de positionnement, de navigation et de synchronisation (PNT) ainsi que dans la modélisation et l’intégration des données d’ob-
servation de la Terre (EO), dans le but de soutenir la résilience environnementale, sociale et économique. Nous desservons divers secteurs, dont les villes connectées et intelligentes, le développement durable, la surveillance environnementale et les infrastructures résilientes. Conçues pour une intégration fluide dans les processus existants, les solutions d’Astraterra s’adaptent aux technologies en constante évolution et garantissent une gestion des données sécurisée et conforme. En combinant plusieurs sources de données, nous fournissons des informations précises et exploitables, tout en développant des plateformes et des applications spécialisées sur mesure.
Ma mission professionnelle, au sein comme en dehors d’Astraterra, est de promouvoir la science, la technologie et l’innovation avec un état d’esprit fondé sur l’inclusion, l’équité, la durabilité et des concepts d’opérations (CONOPS) centrés sur l’humain. Dans l’article qui suit, je partage mes réflexions à la fois sur la puissance de l’observation de la Terre (EO), mais aussi sur les questions d’accessibilité qui doivent être abordées par la communauté internationale, selon ma perspective de professionnelle de l’industrie.
| Sciences de l’environnement pour sauver le monde : perspectives prêtes pour l’avenir
Dr. Mireille Elhajj CEO and Founder, Astraterra
Visiting
Associate Professor and Industrial Advisory Board Member, Imperial College London
“Les données issues de la télédétection contribuent à la préparation face aux catastrophes, permettant aux autorités municipales d’estimer les risques d’inondation, d’identifier les infrastructures vulnérables et d’optimiser les stratégies de gestion d’urgence“
La puissance de l’observation de la Terre et de la télédétection
L’observation de la Terre (EO) ne se limite pas à surveiller les changements : elle joue également un rôle essentiel dans les systèmes d’alerte précoce et dans la consolidation de la résilience. En acceptant les risques et les aléas naturels, nous pouvons mieux les comprendre, nous y préparer et reconstruire plus efficacement — une compétence que des pays comme le Japon ont maîtrisée, compte tenu de leur situation géographique exposée. L’EO est au cœur de la compréhension de ces risques et de l’amélioration de notre capacité de résilience. La gestion des crises est l’une des utilisations les plus courantes de la télédétection. Les catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre, les cyclones tropicaux ou les incendies de forêt exigent une réponse immédiate, et les images satellitaires offrent une vue d’ensemble claire des zones touchées. Par exemple, les données provenant des satellites MODIS de la NASA et Sentinel-3 de l’ESA ont permis de suivre en quasi temps réel la propagation des incendies, formulant des recommandations en matière d’évacuation et d’efforts de lutte contre les flammes lors des feux de brousse en Australie en 2019 et 2020. De même, les modèles d’estimation des inondations s’appuient sur des reconstitutions hydrologiques couplées à des données de détection à distance pour anticiper les zones inondables et faciliter les efforts d’évitement.
Dans le secteur de l’énergie également, l’imagerie thermique est largement utilisée pour surveiller les centrales électriques et les réseaux électriques. En détectant les anomalies thermiques dans les transformateurs et les postes de distribution, la télédétection permet d’identifier les composants en surchauffe avant qu’ils ne tombent en panne, garantissant ainsi un approvisionnement énergétique continu et efficace. Les systèmes de pipelines transportant du pétrole et du gaz bénéficient également de la télédétection : l’imagerie thermique et hyperspectrale par satellite peut détecter des fuites et anticiper les risques de contamination environnementale.
La beauté de l’observation de la Terre (EO) réside également dans sa capacité à être superposée et intégrée à d'autres applications, telles que les systèmes mondiaux de navigation par satellite (GNSS) ou les données de positionnement, naviga-
tion et synchronisation (PNT), pour créer des cartes à périmètre géographique restreint (geofencing) ou, dans le cas de l'infrastructure et de la planification urbaine, être intégrée aux systèmes d'information géographique (SIG). Ces innovations sont utilisées pour analyser les conceptions de trafic dans les villes, optimiser les réseaux routiers et améliorer la planification de l’utilisation des sols. Les données de télédétection contribuent à la préparation aux catastrophes, en permettant aux autorités municipales d’estimer les risques d’inondation, d’identifier les infrastructures vulnérables et d’optimiser les stratégies de gestion d’urgence, comme dans le cas de la gestion des routes, par exemple.
Défis et opportunités :
Bien entendu, cette technologie doit reposer sur l’accessibilité aux données et sur des modèles sophistiqués, en plus de solutions paramétriques, sans quoi aucune modélisation numérique (digital shadowing) ne peut être créée. Diverses organisations internationales facilitent l’accès à ces données, telles que : le Bureau des Nations Unies pour la Réduction des Risques de Catastrophes (UNDRR), le Programme des Nations Unies pour l’information spatiale à des fins de gestion des catastrophes et des interventions d’urgence (UN-SPIDER), et la Charte internationale : Espace et catastrophes majeures, un mécanisme international activable en cas de catastrophe. En outre, le Bureau des affaires spatiales des Nations Unies (UNOOSA), UN-SPIDER et quelques autres entités agissent comme organismes de coopération, aux côtés des grandes agences spatiales telles que la NASA, l’ESA et la JAXA.
Le Nord global dispose de capacités avancées en matière d’EO et de télédétection à travers des programmes gouvernementaux comme Copernicus en Europe, ou encore grâce à un écosystème commercial en plein essor. Quelques pays asiatiques triés sur le volet, comme le Japon et plus récemment l’Inde, s’y ajoutent également. En revanche, la situation dans les pays émergents du Sud global est bien différente : nombre d’entre eux ne possèdent ni les infrastructures nécessaires, ni les financements, ni les compétences pour se hisser au même niveau. Par exemple, lorsque le Paraguay a été récemment frappé par des inondations, il a activé la Charte internationale, qui lui a fourni un jeu de données brutes. Toutefois, le Paraguay ne disposait pas de capacités internes suffisantes pour traiter ces données. En s’appuyant sur des relations stratégiques avec ses pays voisins et sur des accords internationaux avec des entités
Dr. Angela Brooks-Wilson, Doyenne de la Faculté des sciences, Université Simon Fraser, Canada Scientifique distinguée, Michael Smith Genome Sciences Centre, Canada
Favoriser des collaborations résilientes à l’avenir à l’Université Simon Fraser (SFU) :
Une interview avec la professeure Angie Brooks-Wilson, Doyenne de la Faculté des sciences, SFU, Canada
Professeure Brooks-Wilson, nous sommes ravis d’avoir l’occasion d’échanger avec vous dans ce numéro spécial de la Lettre d’information Universitaire. Comme le veut la tradition dans nos entretiens Lumières sur le Leadership, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs, et nous expliquer comment vous êtes devenue doyenne de la Faculté des sciences à SFU?
Merci, je suis très heureuse de m’entretenir avec vous.
Revenir à SFU a été pour moi comme boucler la boucle. J’ai étudié la biochimie à SFU en tant qu’étudiante de premier cycle, et j’ai vécu ce que j’appelle une véritable aventure académique en poursuivant mes études dans divers endroits, avant de revenir "à la maison". Je suis partie à Toronto pour un Master, puis j’ai étudié la génétique humaine pour mon doctorat à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), suivi d’un court postdoctorat à l’Université de Washington. J’ai ensuite pris une décision assez inhabituelle à l’époque : intégrer une entreprise de biotechnologie, Sequana Therapeutics, à San Diego, puis une autre société à Vancouver, Xenon Pharmaceuticals. Après sept années dans l’industrie, j’ai eu la chance de rejoindre le célèbre Genome Sciences Centre de BC Cancer, à Vancouver. Mon parcours était atypique — passer de l’industrie à la recherche académique — mais ce fut une expérience formidable d’arriver dans cet environnement et d’avoir la liberté totale d’explorer mes propres axes de recherche dans un laboratoire indépendant en génétique du cancer. En m’appuyant sur certaines des forces existantes de BC Cancer dans les cancers lymphoïdes, et en collaborant avec d’excellents épidémiologistes du cancer, j’ai commencé à travailler sur la génétique des cancers lymphoïdes, et peu après, j’ai ajouté un axe de recherche sur le vieillissement en bonne santé,
en étudiant les « Super Seniors », ces personnes exceptionnellement âgées et en excellente santé.
Mon premier poste universitaire était à l’UBC, mais j’ai été nommée à SFU en 2008. C’est à SFU que mon intérêt pour le leadership a émergé, puis s’est renforcé. Le directeur de mon département m’a demandé si je voulais diriger le programme de cycles supérieurs du département, et j’ai accepté (car il fallait bien que quelqu’un le fasse !). Mais j’ai rapidement découvert que c’était extrêmement gratifiant d’aider les étudiants diplômés et leurs directeurs de recherche à résoudre des problèmes et à remettre leurs études ou projets sur les rails. Avec le comité de collègues, nous avons clarifié les délais et les processus, réduit les exigences de cours, et mis en place une voie d’admission directe pour les meilleurs étudiants en licence (BSc) vers le doctorat (PhD). Durant cette période, j’ai également dirigé le programme de cycles supérieurs interdisciplinaire en oncologie au BC Cancer, et avec mes collègues, nous l’avons élargi pour en faire une spécialisation de cycles supérieurs multi-institutionnelle.
Par la suite, on m’a invitée à devenir vice-présidente associée, puis présidente du Département de physiologie biomédicale et kinésiologie, où j’ai trouvé une réelle satisfaction à rationaliser les processus, améliorer les espaces d’enseignement et résoudre une diversité de problèmes. J’ai constaté que lorsque l’on prend la tête d’une petite chose, qu’on ne la détruit pas mais qu’on l’améliore, on nous confie une responsabilité plus grande. Et si l’on réussit encore, on nous en confie une encore plus grande. Pendant la pandémie, alors que je venais tout juste d’accompagner le département dans la transi-
Leurs départements sont fortement multidisciplinaires. Le département de sciences de l’environnement regroupe des chercheurs de premier plan dans des domaines tels que les océans, les rivières, les bassins versants et les écosystèmes côtiers et subalpins, entre autres thématiques. Le département de géographie associe la géographie sociale et physique, dans des études allant des économies politiques aux systèmes terrestres. Au sein de la School of Resource and Environmental Management, des chercheurs en sciences sociales et naturelles mènent des recherches interdisciplinaires et forment les étudiants à devenir des acteurs du changement dans la prise de décision en gestion environnementale. Dans le réputé département d’archéologie de SFU, les étudiants peuvent s’impliquer dans des projets de recherche allant de l’étude des mégafaunes du passé lointain aux jardins à palourdes innovants utilisés par les peuples Coast Salish de la Colombie-Britannique. Cette fusion des sciences physiques et sociales au sein de la Faculté de l’environnement favorise l’interdisciplinarité et la multidisciplinarité, et positionne la recherche et les étudiants pour avoir un impact significatif sur la société, notamment à travers l’élaboration des politiques publiques.
Comme vous l’avez évoqué, les universités jouent un rôle essentiel dans l’élaboration des politiques publiques. Selon vous, comment la recherche universitaire à SFU peut-elle contribuer aux décisions politiques en matière de résilience climatique, de santé environnementale et de transition énergétique?
Les universités de recherche comme SFU sont à l’avant-garde pour trouver des solutions aux défis sociétaux, tels que le changement climatique, en développant des stratégies d’atténuation et
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Bien que ce rôle soit complexe et souvent exigeant, il est extrêmement gratifiant de diriger la Faculté des sciences et d’aider les étudiants ainsi que les chercheurs, dans 8 disciplines différentes, à atteindre leur plein potentiel en apprentissage et en recherche
d’adaptation visant à renforcer la résilience climatique. À SFU, en particulier, la recherche ancrée dans les communautés locales constitue un véritable atout, et nous sommes pleinement engagés auprès de nos communautés locales. Les chercheurs en politiques publiques, notamment ceux de la School of Public Policy rattachée à la Faculté des arts et des sciences sociales, participent à des projets de recherche communautaires qui font partie de l’initiative C3I. Cette approche permet de positionner les projets de recherche, ainsi que SFU, comme des acteurs clés dans la formulation de politiques durables, fondées sur des données scientifiques solides et une compréhension réelle des besoins des communautés.
Pour recentrer sur votre profil de chercheuse : vos travaux portent sur les facteurs génétiques et environnementaux liés au cancer. Pourriez-vous en dire davantage à nos lecteurs, ainsi que sur d'autres projets sur lesquels vous travaillez actuellement?
Mes recherches se divisent en deux volets : la recherche sur le cancer (la maladie) et la recherche sur la santé. Au cours des dernières années, mon laboratoire s’est davantage concentré sur notre étude sur le vieillissement en bonne santé, consacrée aux Super Seniors — que nous définissons comme des personnes âgées de 85 ans ou plus, n’ayant jamais été diagnostiquées avec un cancer, une maladie cardiovasculaire, un diabète, une maladie pulmonaire majeure ou une démence. Le caractère que nous étudions est donc l’absence de cinq maladies majeures liées à l’âge, jusqu’à 85 ans. Ces cinq maladies ont été choisies car elles ont un impact
Lloyd pour développer de nouvelles techniques statistiques permettant d’identifier des « points d’équilibre » (sweet spots) dans les données biologiques, puis de repérer les loci génétiques influençant la proximité d’un individu à ces valeurs optimales. Ce type de projet est à la fois interdisciplinaire et innovant, et représente aussi une expérience extrêmement enrichissante et agréable, car nous avons tous appris les uns des autres en même temps.
En regardant vers l’avenir, quelles sont vos priorités principales pour faire progresser la recherche environnementale interdisciplinaire à SFU ? Y a-t-il des initiatives majeures ou des axes de développement que vous espérez promouvoir dans les années à venir?
En tant que doyenne, j’essaie de trouver un équilibre entre la promotion des très bonnes idées proposées par d’autres et mes propres initiatives pour aider la Faculté des sciences, ses membres, ainsi que SFU dans son ensemble à réussir. Les chercheurs individuels et les départements sont passionnés par leurs travaux respectifs, et l’un de mes principaux objectifs est donc d’encourager la croissance de groupes collaboratifs performants, à l’intérieur des départements comme entre eux. Un exemple concret est l’enthousiasme autour de la relance des capacités de notre renommé programme de gestion des parasites, qui est plus pertinent que jamais à l’ère du changement climatique. Parmi les autres priorités figurent également le développement de pôles d’excellence dans des domaines comme l’information quantique et la physique des astroparticules, au sein du département de physique de SFU — le seul département au Canada à héberger deux titulaires de Chaires d’excellence en recherche du Canada.
Je suis également très enthousiaste à propos des stratégies mises en place par notre Faculté des sciences pour enrichir l’expérience des étudiants de premier cycle. Cela inclut des programmes spécialement conçus pour les étudiants aspirant à des carrières dans la recherche en santé, notamment dans le cadre de la nouvelle École de médecine de SFU. SFU est un lieu formidable pour être étudiant, et je suis convaincue que tous ces efforts porteront leurs fruits avec le temps.
En tant que doyenne, j’essaie de trouver un équilibre entre la promotion des excellentes idées proposées par d’autres et mes propres initiatives, dans le but d’aider la Faculté des sciences, ses membres et l’Université SFU à réussir. Les chercheurs et les départements sont très investis dans leurs travaux respectifs, et l’un de mes principaux objectifs est d’encourager la croissance de groupes collaboratifs performants, à la fois au sein des départements et entre eux.
Dr. Rahaf Ajaj
Présidente, Département de la santé environnementale et de la sécurité
College of Health Sciences, Université d’Abu Dhabi, Émirats arabes unis (EAU)
Briser les frontières :
Comment la recherche interdisciplinaire stimule l’innovation environnementale
À une époque où le changement climatique, la pollution et l’impératif existentiel de durabilité pèsent lourdement sur nos sociétés, il devient de plus en plus évident qu’aucune discipline seule ne détient de solution miracle. Ayant travaillé pendant de nombreuses années à l’interface entre la science, les politiques publiques, la santé et l’éducation, je suis devenue profondément et irrévocablement convaincue du pouvoir de la coopération interdisciplinaire pour générer un changement positif.
Cette conviction n’a pas seulement influencé les recherches que je mène. Elle a également façonné mon approche du leadership, ma façon d’enseigner, et a renforcé ma passion pour traiter des enjeux environnementaux complexes qui touchent des personnes bien réelles, en temps réel.
Un parcours guidé par un objectif
En tant que présidente du Département de l’environnement, de la santé et de la sécurité au sein du College of Health Sciences de l’Université d’Abu Dhabi (ADU), aux Émirats arabes unis, j’ai eu l’opportunité de contribuer à la réussite académique de la future génération de gardiens de l’environnement à travers le monde. Avec mes collègues de la faculté, nous avons conçu des programmes qui ne se contentent pas de transmettre des connaissances, mais qui stimulent la curiosité, remettent en question les idées reçues et mettent l’accent sur l’action.
Mes cours — portant sur des sujets allant des politiques environnementales à la surveillance de la pollution — ne sont pas de simples exercices théoriques. Ils visent à connecter la science aux communautés que nous servons, en incitant les
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La
science doit servir toutes les populations, en particulier celles qui ont été historiquement négligées ou marginalisées. L’inclusivité n’est pas seulement une exigence morale : c’est une clé essentielle pour atteindre les objectifs du développement durable.
Là où la science croise la santé et les comportements
L’un des domaines qui me tiennent le plus à cœur est sans doute l’interface entre la santé publique et les sciences de l’environnement. Dans le cadre d’une étude menée aux Émirats arabes unis sur la mauvaise élimination des médicaments, nous avons mis en évidence un écart alarmant : bien que la population soit globalement informée, les pratiques de mise au rebut sécurisée restent très faibles. Les médicaments étaient jetés avec les déchets ménagers, mettant ainsi en danger à la fois l’environnement et la santé humaine.
Là où la science croise la santé et les comportements
Pour moi, la recherche est la plus puissante lorsqu’elle dépasse les murs du laboratoire et entre dans le monde réel. C’est ce qui a nourri mon engagement à aligner les technologies de l’Industrie 4.0 avec les efforts de réduction de la pauvreté — en utilisant l’intelligence artificielle et la blockchain, non pas comme des innovations isolées, mais comme des instruments d’équité et d’impact. Ce cadre conceptuel, basé sur l’Objectif de développement durable n°1, constitue un autre exemple de ce qui devient possible lorsque les disciplines convergent autour de valeurs partagées.
Pour résoudre ce genre de problème, la seule connaissance scientifique ne suffit pas. Il faut également des connaissances en comportement humain, une sensibilité culturelle et une pensée systémique. Nos propositions — incluant des initiatives de collecte et des campagnes d’information publique — incarnaient une approche interdisciplinaire et inclusive.
Cette même vision interdisciplinaire a également guidé notre travail récent sur une stratégie nationale de recherche sur la qualité de l’air intérieur. Une mauvaise qualité de l’air intérieur n’est pas seulement un problème technique — c’est une véritable urgence de santé publique. En mariant les politiques publiques, les avis des parties prenantes et les données issues de la santé environnementale, nous avons élaboré une feuille de route pour une transformation concrète et applicable.
Reconnaissance et responsabilité
Je suis honorée par les récompenses professionnelles que j’ai reçues — notamment ma désignation de Chartered Scientist par le Science Council et l’Institution of Environmental Sciences. Ces distinctions tirent leur sens du travail exigeant qu’elles reconnaissent, et non de facteurs extérieurs ; elles ne sont donc pas des prix au sens classique du terme.
Mes rôles de conseillère — à la fois à l’échelle internationale et locale — m’ont permis de confirmer une autre vérité essentielle : la politique publique et la science doivent avancer main dans la main. Savoir ne suffit pas. Il faut agir.
Réflexions & Perspectives d’avenir
En réfléchissant à mon parcours jusqu’à présent, je
constate que certains principes directeurs ont toujours façonné ma manière de travailler et de diriger. Avant tout, j’ai appris que l’innovation véritable repose sur la coopération — lorsque des esprits différents et des disciplines variées se rencontrent et se nourrissent mutuellement, le résultat dépasse souvent la somme des contributions individuelles. Tout aussi prioritaire est l’engagement envers l’équité. La science doit servir toutes les populations, en particulier celles qui ont été historiquement négligées ou marginalisées. L’inclusivité n’est pas seulement un impératif moral, c’est aussi la clé pour atteindre les objectifs du développement durable. Enfin, un leadership visionnaire joue un rôle fondamental dans la création d’espaces propices à l’éveil de la curiosité, à la pensée critique, et à un travail motivé par l’impact.
À l’Université d’Abu Dhabi (ADU), je m’efforce de construire un environnement dans lequel les étudiants et les chercheurs se sentent pleinement libres d’interroger, d’explorer avec émerveillement, et d’innover avec intention. Toutes ces réflexions continuent de guider ma façon de diriger, mais aussi la manière dont j’imagine l’avenir des sciences de l’environnement — un avenir collaboratif, équitable et résolument engagé dans le monde qui l’entoure.
En conclusion
L’excellence en recherche, aujourd’hui, ne se limite plus à la profondeur dans un domaine unique — elle repose sur la diversité, la connexion et le sens. La science interdisciplinaire est puissante parce qu’elle abolit les frontières : entre les disciplines, entre la théorie et la pratique, et, en fin de compte, entre les êtres humains et la planète que nous partageons tous.
Dans cette optique, mon parcours n’a pas été simplement un métier, mais une vocation — une carrière façonnée par le travail d’équipe, animée par des esprits curieux, et fondée sur la conviction que nous sommes plus forts ensemble. Continuons à bâtir des ponts. Notre avenir en dépend.
“Pour moi, la recherche est d’autant plus puissante lorsqu’elle dépasse les murs du laboratoire pour entrer dans le monde réel.”
Dr. Fares Howari
Doyen, Faculté des sciences humaines et des sciences
Université d’Ajman, Émirats arabes unis (EAU)
Des satellites aux politiques publiques:
Comment l’observation de la Terre stimule le développement durable dans
les régions arides
Cet article explore comment l’observation de la Terre par satellite (EO), couplée à l’intelligence artificielle (IA) et à la collaboration interdisciplinaire, révolutionne le développement durable dans les régions arides en proposant des solutions évolutives en matière de sécurité hydrique, de restauration des terres et d’intégration des politiques publiques. Les satellites EO, opérant en orbite géosynchrone et en orbite terrestre basse (entre 160 et 36 000 kilomètres), transforment profondément notre compréhension et notre gestion des environnements arides à l’échelle mondiale. Ces systèmes technologiques offrent des capacités sans précédent pour surveiller et analyser les écosystèmes désertiques, longtemps difficiles à observer par des méthodes traditionnelles.
L’intégration d’images multi-spectrales et de radar à synthèse d’ouverture (SAR) a permis de passer d’évaluations visuelles rudimentaires à des analyses quantitatives sophistiquées, avec un impact majeur sur la gestion des ressources naturelles. La mise en œuvre de ces plateformes d’observation permet l’évaluation approfondie des paramètres environnementaux critiques dans des écosystèmes à ressources hydriques limitées, favorisant ainsi une prise de décision fondée sur des données probantes dans des domaines tels que la répartition des ressources hydrologiques ou l’optimisation de la productivité agricole. Ces avancées marquent un changement de paradigme dans la gouvernance environnementale, passant d’interventions réactives à des stratégies d’adaptation proactives, renforçant considérablement la résilience climatique des populations et des institutions vulnérables dans les zones arides.
La puissance du regard depuis l’espace
Les régions arides et semi-arides, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), sont de plus en plus exposées aux pressions climatiques. La rareté de l’eau, la dégradation des sols, la salinisation et la désertification ne sont pas des menaces lointaines — elles affectent déjà des millions de personnes.
Les moyens de surveillance au sol traditionnels peinent à suivre le rythme et l’ampleur de ces évolutions. C’est là que les technologies spatiales entrent en jeu. Les satellites modernes, notamment ceux équipés de capteurs hyperspectraux, peuvent détecter des centaines de bandes spectrales — bien au-delà de ce que peuvent percevoir l’œil humain ou les caméras optiques standard.
Cette résolution spectrale fine permet aux scientifiques de suivre les plus petites variations de la santé de la végétation, de la chimie des sols et de la présence d’eau. Par exemple, certains sels minéraux spécifiques réfléchissent la lumière selon des motifs uniques sur le spectre électromagnétique. En comparant les données satellitaires aux bibliothèques de signatures spectrales recueillies au sol, les chercheurs peuvent détecter la salinisation des sols bien avant qu’elle ne soit visible à l’œil nu.
“L’imagerie hyperspectrale nous permet de détecter les sols affectés par le sel dès les premiers stades,” explique un géochimiste environnemental basé aux Émirats arabes unis. “Nous pouvons désormais localiser les foyers de salinité avant qu’ils n’affectent les rendements agricoles ou la qualité des eaux souterraines.”
Cela est particulièrement crucial dans le Golfe et la région MENA, où l’intrusion d’eau de mer et la surexploitation de l’irrigation contribuent à la dégradation des terres agricoles précieuses.
Au-delà des belles images : des données à l’action
Bien que les images satellitaires puissent sembler esthétiques, leur véritable valeur réside dans la transformation des données en informations exploitables. Dans toute la région MENA, des équipes pluridisciplinaires font tomber les barrières traditionnelles entre les sciences spatiales, la surveillance environnementale et les politiques publiques. L’un des défis techniques majeurs est ce que l’on appelle le « problème des pixels mixtes », où chaque pixel d’une image satellite peut représenter plusieurs types de couverture terrestre — végétation, eau, sol nu ou structures urbaines. Pour relever ce défi, les chercheurs utilisent des algorithmes capables de démêler ces pixels et d’extraire ce qu’on appelle des « éléments purs » (ou end- members) — c’est-à-dire des signatures spectrales distinctes correspondant à des matériaux ou surfaces spécifiques. Cette précision accrue n’est pas qu’une prouesse académique. Les gouvernements s’en servent pour élaborer des cartes environnementales haute résolution, qui orientent les décisions sur l’aménagement du territoire, la réhabilitation des sols ou encore la préparation aux catastrophes. Par exemple, les ministères de l’agriculture peuvent identifier les zones dégradées et y cibler les interventions, économisant ainsi temps et ressources.
La sécurité hydrique grâce à l’observation spatiale
Les régions arides et semi-arides, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), sont de plus en plus vulnérables aux pressions climatiques.
La rareté de l’eau, la dégradation des sols, la salinisation et la désertification ne sont pas des menaces lointaines — elles affectent déjà des millions de vies.
Nulle part l’impact de l’observation de la Terre (EO) n’est aussi marqué que dans la gestion des ressources en eau. Dans les zones arides, l’eau est le pilier de la vie, des moyens de subsistance et même des équilibres géopolitiques.
Des outils tels que le Normalized Difference Water Index (NDWI) et la température de surface terrestre (Land Surface Temperature – LST) permettent aux scientifiques de suivre les variations des eaux de surface, d’estimer l’humidité des sols et même de détecter l’épuisement des nappes phréatiques. Dans des modèles plus avancés, on intègre des données thermiques, hyperspectrales et micro-ondes pour analyser des systèmes hydrologiques complexes, tels que les oasis désertiques.
applications mobiles, les efforts se multiplient pour démocratiser l’accès à l’EO et faire en sorte qu’elle parvienne aux acteurs de première ligne des décisions environnementales.
Conscients que les problématiques environnementales sont intrinsèquement interdisciplinaires, les projets de développement durable les plus réussis dans les régions arides intègrent la collaboration dès leur conception. Cette approche intégrée, réunissant scientifiques, ingénieurs et décideurs politiques dès les premiers stades, garantit que les données satellitaires ne restent pas confinées aux cercles académiques, mais servent directement à orienter les résultats concrets : législations en matière d’urbanisme, plans d’adaptation climatique, voire contenu des programmes scolaires.
“Dans toute la région MENA, des équipes pluridisciplinaires font tomber les barrières
traditionnelles entre sciences spatiales, surveillance environnementale et politiques publiques.”
À mesure que le changement climatique s’intensifie, les régions arides et semi-arides seront soumises à des pressions croissantes sur leurs écosystèmes, leur agriculture et leurs infrastructures urbaines. Les technologies d’observation de la Terre — renforcées par l’intelligence artificielle et ancrées dans les savoirs locaux — offrent une feuille de route pour un développement durable dans ces paysages fragiles.
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La voie à suivre
À mesure que le changement climatique s’intensifie, les régions arides et semi-arides subiront des pressions croissantes sur leurs écosystèmes, l’agriculture et les infrastructures urbaines. Les technologies d’observation de la Terre — surtout lorsqu’elles sont renforcées par l’intelligence artificielle et ancrées dans les savoirs locaux — offrent une feuille de route pour un développement durable dans ces territoires fragiles. L’étape suivante est d’élargir l’accès. Cela implique de créer des plateformes de données ouvertes, d’investir dans les capacités de recherche locales, et de mettre en place des centres régionaux d’excellence qui allient innovation technologique et impact sur le terrain.
Au final, les satellites ne sont pas seulement de merveilles d’ingénierie en orbite. Ce sont des instruments de survie, qui tracent la voie vers une plus grande résilience dans certains des environnements les plus vulnérables au monde. En transformant notre manière de voir la planète, nous apprenons à la protéger plus intelligemment — même dans ses coins les plus arides.
Construire des ponts
Comment la collaboration intersectorielle façonne l’avenir de l’action climatique
Karam Abuodeh
Master en ingénierie, informatique et génie logiciel
Responsable des activités étudiantes
Université de Birmingham Dubaï, Émirats arabes unis
La crise climatique actuelle exige bien plus que les connaissances des scientifiques et l’engagement des décideurs politiques.
Elle nécessite un effort collectif, impliquant les communautés, les disciplines et les secteurs industriels. À mesure que les enjeux environnementaux se complexifient, il devient évident que le véritable progrès ne peut être accompli qu’en brisant les silos traditionnels, en alliant innovation et éducation, technologie et politiques publiques, tout en veillant à ce que les solutions soient fondées sur la justice sociale et économique.
Tout au long de mon parcours en informatique et génie logiciel à l’Université de Birmingham Dubaï, j’ai constaté à quel point la collaboration intersectorielle est devenue indispensable. Qu’il s’agisse de participer à des simulations climatiques internationales, d’assister à des conférences mondiales, ou de travailler dans les secteurs de la technologie et de la fintech, chaque expérience m’a conforté dans une réalité simple: la crise climatique ne pourra être résolue que si des domaines diversifiés travaillent ensemble vers un objectif commun.
Simuler la diplomatie : enseignements du programme de renforcement des capacités pour la COP
L’une des expériences les plus formatrices que j’ai vécues a été ma participation au programme de renforcement des capacités pour la COP. Grâce au soutien de la Dre Rasha Bayoumi, responsable de la
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À mesure que les enjeux environnementaux deviennent plus complexes, il devient clair que le véritable progrès ne peut être atteint qu’en brisant les silos traditionnels, en combinant innovation et éducation, technologie et politique, et en veillant à ce que les solutions soient fondées sur la justice sociale et économique.
recherche, et de Natalie Humphrey, directrice adjointe des opérations, j’ai eu l’honneur d’être sélectionné pour participer à ce programme, qui prépare les étudiants à comprendre et interagir avec les négociations climatiques réelles. Pendant la simulation de la COP29, qui a duré une semaine en Égypte, j’ai eu le privilège de représenter mon équipe lors de séances de négociation intenses, en tant que chef de délégation pour la Jordanie.
La gravité du défi climatique a été illustrée par les deux grands thèmes que nous avons abordés : « Investir dans le capital humain, la santé et l’emploi pour un avenir résilient face au climat » et « Combler la fracture numérique pour une action climatique équitable ». L’objectif n’est pas uniquement de réduire les émissions ; il s’agit de veiller à ce que la technologie, l’éducation et les opportunités soient accessibles à tous, en particulier aux plus vulnérables. La résilience climatique se construit lorsque les communautés sont autonomisées, formées et équipées — pas seulement lorsque de nouvelles technologies sont déployées.
Cette expérience a profondément influencé ma vision des politiques climatiques mondiales. Il ne suffit pas d’innover de manière isolée ou de légiférer dans un vide institutionnel. Le vrai progrès naît de la convergence entre l’innovation, l’éducation, la politique et l’équité sociale.
De la simulation à la réalité : au cœur de la COP28
En 2023, j’ai eu l’immense privilège d’assister à la COP28 à Dubaï, dans la Blue Zone — l’épicentre des négociations climatiques mondiales. Entrer dans cet espace, entouré de dirigeants mondiaux, acteurs du changement et délégués venus du monde entier, fut un rappel saisissant de l’urgence et du caractère collectif de ce combat.
Au cours de cette journée, j’ai assisté à des panels de leadership, écouté des discours de personnalités influentes comme le président Emmanuel Macron, et échangé avec des représentants, des dirigeants d’ONG et des entrepreneurs venus de tous les horizons.
Un thème revenait sans cesse dans tous les discours et conversations : la technologie, à elle seule, ne peut résoudre la crise climatique. Il faut la compléter par des politiques audacieuses, un financement inclusif, et un engagement ferme envers l’autonomisation des communautés marginalisées. L’un des moments les plus marquants fut le discours du Dr Sultan Al Jaber, dans lequel il soulignait l’urgence de tripler la capacité mondiale en énergies renouvelables, de réduire progressivement l’usage des combustibles fossiles, et de
La technologie ne peut pas, à elle seule, résoudre la crise climatique. Il faut y ajouter des politiques audacieuses, des financements inclusifs et une réelle volonté d’autonomiser les communautés marginalisées.
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réformer le financement climatique. Ses paroles étaient claires : relever le défi climatique exigera des transformations profondes, non seulement sur le plan technologique, mais aussi en matière de volonté politique et de systèmes financiers.
Ma vision du leadership climatique a été profondément influencée par cette expérience à la COP28. Si l’innovation est cruciale, la véritable transformation survient lorsque nous mettons en place des mécanismes rendant le progrès durable incontournable — en créant des systèmes qui unissent les sociétés, les entreprises et les gouvernements autour d’un objectif commun.
Leadership des jeunes et résilience : UoBDMUN'25
Cette conviction dans la construction de ponts a également façonné mon travail en tant que
Secrétaire général de UoBDMUN'25, la première conférence modèle des Nations Unies organisée par l’Université de Birmingham à Dubaï. Notre thème, « Combler les divisions, construire la résilience : un appel à l’unité mondiale en temps de crise », reflétait parfaitement ce que j’avais appris de mes expériences précédentes. Nous voulions souligner que le développement durable, en particulier l’action climatique, nécessite d’affronter de front les fractures politiques, économiques et sociales.
Le concept de durabilité a imprégné chaque débat et chaque sujet, et pas uniquement les travaux du comité du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Qu’il s’agisse de santé publique, de reprise économique ou de crises de réfugiés, les délégués revenaient toujours à la même conclusion : des fondations inclusives et durables sont essentielles pour bâtir des futurs résilients.
L’organisation de UoBDMUN'25 m’a fait prendre conscience de l’importance cruciale du leadership des jeunes dans la discussion climatique mondiale. Le MUN n’est pas seulement une simulation ; c’est un espace qui favorise la collaboration, l’empathie et les compétences diplomatiques, en préparant la prochaine génération à conduire le changement dans le monde réel.
Innovation et industrie : le rôle de la technologie dans un avenir durable
Au-delà du monde de la diplomatie et des politiques publiques, mes expériences académiques et professionnelles m’ont montré à quel point la technologie peut être un outil puissant pour faire
progresser la durabilité — mais uniquement si elle est utilisée de manière réfléchie.
Lors de mon stage avec l’équipe Technologies émergentes chez PwC Moyen-Orient, j’ai travaillé sur des projets alliant innovation et durabilité. J’ai pu constater de mes propres yeux comment la technologie peut jouer un rôle central dans le développement de systèmes plus durables, que ce soit à travers l’analyse de nouvelles technologies pour améliorer la transparence des chaînes d’approvisionnement, ou la création de modèles d’infrastructure plus intelligents. De même, chez Dell Technologies, j’ai observé comment les grandes entreprises technologiques intègrent la durabilité dans leurs
“Au-delà du monde de la diplomatie et des politiques publiques, mes expériences académiques et professionnelles m’ont démontré que la technologie peut être un puissant levier pour faire progresser la durabilité — mais seulement lorsqu’elle est utilisée de manière réfléchie.”
processus stratégiques, en promouvant par exemple des cycles de vie responsables pour les produits ou en optimisant la consommation énergétique des centres de données. Ces expériences ont renforcé ma conviction que les secteurs économiques les plus innovants aujourd’hui sont ceux qui considèrent la responsabilité environnementale comme un moteur de progrès technologique. Au sein des startups Mamo Pay et PayNest dans l’industrie fintech, j’ai vu de près comment les solutions numériques de nouvelle génération permettent de réduire l’empreinte environnementale en rationalisant les opérations et en supprimant les systèmes traditionnels à forte consommation de ressources. Enfin, durant mon stage chez Hala (RTA Careem), j’ai découvert comment la technologie — notamment via les solutions de mobilité urbaine durable — contribue à rendre les villes plus intelligentes et plus durables.
À travers toutes ces expériences, le constat est clair : l’usage responsable de la technologie détient un potentiel immense pour impulser un changement durable.
Construire l’avenir : un appel à l’action intersectorielle
En y repensant, une leçon essentielle relie toutes ces expériences : la collaboration interdisciplinaire n’est pas simplement bénéfique — elle est indispensable.
Le changement climatique n’est pas uniquement un enjeu environnemental ; il est profondément lié à la technologie, à la santé publique, à l’éducation, à l’économie et à la justice sociale. Les solutions que nous recherchons doivent être aussi interconnectées que les défis auxquels nous faisons face.
Pour parvenir à un changement durable, les gouvernements et les innovateurs doivent unir leurs forces et collaborer. Afin de favoriser la
résolution de problèmes interdisciplinaire, les établissements d’enseignement doivent encourager les étudiants à dépasser les limites conventionnelles de pensée. En intégrant la durabilité dans leurs principes fondamentaux, les entreprises peuvent apporter une contribution significative — et veiller à ce que cela ne soit pas relégué au second plan. Les communautés les plus touchées par le changement climatique doivent recevoir un financement climatique adéquat afin de prendre les devants dans les initiatives de résilience. Et surtout, comme ce sont les jeunes générations qui seront les plus affectées, elles doivent être activement impliquées dans le développement des solutions à tous les niveaux.
Notre objectif ne doit pas simplement être de protéger les écosystèmes, mais de bâtir des systèmes qui protègent les communautés, les économies et les générations futures.
Les ponts que nous choisissons de construire aujourd’hui entre les secteurs, les disciplines et les nations détermineront notre capacité à relever le défi climatique de demain. Pour notre génération, l’occasion de mener ce changement n’a jamais été aussi urgente — ni aussi nécessaire.
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Le changement climatique n’est pas uniquement une question environnemental e ; il est étroitement lié à la technologie, à la santé publique, à l’éducation, à l’économie et à la justice sociale. Les solutions que nous recherchons doivent être aussi interconnectées que les défis eux-mêmes.