Une saison en Guyane n°21

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C’est le nombre de pas de tirs construits au CSG. Le 9e est en cours, pour Ariane 6.

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La filière spatiale génère 22% de l’octroi de mer, soit 31 millions d’euros.

Crédits : 2018 - Service communication du CNES/CSG

C’est le nombre de salariés permanents au CSG répartis dans 40 entreprises représentant 9 pays européens.

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édito

▲ La petite réserve naturelle des Cèdres de Dieu, au-dessus de Bazhoun et Ehden. Liban. Photo P-O Jay

10 ans ! Voilà donc une décennie que Une saison en Guyane rythme notre vie, et un peu la vôtre, vous, les lecteurs. À chaque fois que la saison des pluies s’est installée (en février), et que la saison sèche a pointé son nez (en août), nous avons réussi à vous concocter un numéro, aussi varié que possible, pour vous faire aimer la Guyane. Qui aurait cru que nous serions encore là en 2018 ? À travers ce format papier entre magazine et livre, nous militons encore pour l’écrit, pour la lecture, et croyons aux vertus de la photo qui raconte. Est-ce un acte de résistance à l’heure de l’écrasante domination sur l’information de la vidéo et des réseaux sociaux ? Probablement, alors que les chaines TV et Facebook génèrent de l’oubli, Une saison en Guyane tente de produire du souvenir et de la mémoire. Le premier défi fut, dés le début de l’aventure, de distribuer ce semestriel autant dans l’Hexagone, que les “ Outremer”. Un choix un peu audacieux, mais avec en ligne de mire, l’idée de faire évoluer l’image de notre région, encore perçue de manière négative en France. Cette distribution jumelée oblige les lecteurs Logo Final

de Guyane à patienter trois grosses semaines avant de voir débarquer leur exemplaire, merci à eux pour cet effort et pour leur persévérance ! Dans ce numéro anniversaire, nous sommes allés bien loin de la forêt équatoriale, au Proche-Orient, dans la magnifique vallée de Qadisha, sur les traces d’une diaspora centrale pour la Guyane : les Libanais. Le cœur de notre deuxième dossier se situe aussi à l’est, dans le vaste estuaire du fleuve Oyapock. Là se trouve Ouanary, un petit village au grand potentiel touristique, et en face au Brésil, le territoire autochtone des Karipuna, partagé entre plusieurs cultures. 10 ans après, comment imaginer la suite du magazine Une saison en Guyane, alors que la situation de la presse papier est toujours plus difficile ? Nous réfléchissons à un nouveau format, une nouvelle périodicité, un nouveau titre, avec une ligne éditoriale non plus seulement ciblée sur la Guyane mais sur tous les Outremer. Rendez-vous fin d’année 2018 pour en savoir plus… D’ici là, bonne lecture, et merci encore à vous, partenaires, annonceurs, et surtout lecteurs, pour ces 10 ans !

Pierre-Olivier Jay - Rédacteur en chef Avec

le soutien de

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Sommaire 4 | Journal des Guyanes

6 | Les Bruits de la forêt

Estuaire de l’oyapock

14 | Ouanary, un havre de paix dans l’estuaire 20 | Indiens ou Brésilien ?

28 | «Sabre au clair & coups de canon»

Un raid corsaire sur l’Oyapock en 1744

Les karipuna entre Curipi et Cayenne

52 | De la Syrie à la Guyane

86 | Maroniwood, Un cinéma alternatif est né... du Surinam aux berges du fleuve

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60 | Les leks de Guyane

92 | Portfolio : Parée Masquée par Laure Chatrefou 128 | Lauréats du Concours Une Saison au lycée


12 | L’écho du spatioport

10 | Les chroniques de Doc Lucho

Liban & syrie

34 | Dans la vallée de Qadisha aux racines des libanais de Guyane

47 | Libanais et syriens de Guadeloupe

68 | Une sombre histoire de pinces Mise en lumière (UV) sur la diversité des scorpions

74| Immersion en Terre Dendrobate

102 | Série Guyane: Derrière la caméra, les vrais acteurs du cinéma guyanais

110 | Kitesurf, entre ciel et mer 118 | Spatial : L’avenir des lanceurs est-il au réutilisable ?

136 | Livres

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Dossier Estuaire de l'oyapock

Ouanary Un havre de paix dans l'estuaire

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niquement accessible en pirogue, à moins de deux heures de Saint-Georges, se cache le village de Ouanary. À marée basse, le village n’est pas directement accessible. Les sacs sur le dos, les visiteurs ont quelques minutes de marche sur un grand sentier avant d’atteindre les premières maisons. Un plan à l’entrée du village indique les rares rues qui le composent. Ouanary se construit lors de l’abolition de l’esclavage en 1848. Les anciens esclaves de la montagne d’Argent et de l’usine de canne à sucre de mont Bruyère obtiennent chacun un morceau de terre. Le bourg de Ouanary est né. Il est alors sous le pavillon de St-Georges. Ouanary devient une commune en 1948. Il y a alors 250 habitants. À cette époque, à seulement une dizaine de minutes en pirogue, on trouvait le pays Indien, un lieu-dit de la commune. Habité alors par des Amérindiens et des Créoles, il est déserté depuis une trentaine d’années. « Il y avait environ 150 habitants, mais l’enclavement, l’isolement a conduit les gens à partir à Nouvelle Alliance ou à Cayenne. Le dernier habitant du pays Indien était Marcel Charles. Il a été », raconte tué par des garimperos…  le maire de Ouanary. Ce dernier a dans l’optique de réhabiliter ce lieudit. « C’est un joli village. Il y a encore un cimetière, j’ai même de la famille enterrée là-bas. Actuellement, la famille Pouget s’y est installée et souhaite faire de l’agriculture, mais ils ont eu un avis défavorable, car la commune fait partie du Parc naturel régional (PNR) et l’Office national des forêts (ONF) s’oppose au déboisement du site. » Aujourd’hui il n’y a plus que 80 habitants à Ouanary, des descendants d’anciens esclaves. C’est un village familial aux apparences calmes, mais qui peut révéler, le soir à des heures avancées, des histoires plus sombres, drames personnels, chambres hantées… que les habitants pourront vous conter si jamais vous vous y aventurez. Un village familial Jocelyne Rozé est née en 1963. Elle est originaire de Ouanary, Une saison en

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Voyage

Grottes, cascades, abattis, point de vue, Montagne d’argent..., la commune de Ouanary a de quoi séduire les amoureux de la nature, mais de nombreuses contraintes, comme la difficulté d’accès au village, situé dans l'estuaire de l'Oyapock, freinent l’essor du tourisme.

◄ Vue sur l’estuaire de l’Oyapock depuis les monts de l’Observatoire. Photo R. Lietar


Dossier Estuaire de l’oyapock

L

’air retentit de cris effroyables et de coups de pistolets. Entrebâillant sa porte, le père Fauque n’a que le temps de se rejeter en arrière. Des hommes armés courent vers le fort : des corsaires. Il ne peut le croire. Quel capitaine viendrait perdre son temps sur l’Oyapock ? Un forban irait chercher son butin à Cayenne ou sur l’Approuague. Mais il doit se rendre à l’évidence. L’ennemi est dans la place. Et il a maintenant peur pour sa vie.

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Au début était la guerre En 1740, la mort de l’empereur Charles VI de Habsbourg et l’avènement de sa fille MarieThérèse déclenchent la guerre de Succession d’Autriche. Des princes et souverains apparentés revendiquent tout ou partie de l’héritage impérial. La France entre en guerre en 1741 en s’alliant à la Prusse, la Bavière et l’Espagne contre l’Autriche, les Provinces-Unies et l’Angleterre. Les hostilités entre la France et la « perfide Albion » débutent le 22 février 1744 devant le port de Toulon. D’abord essentiellement européenne, la guerre va se déplacer aux colonies. C’est là


histoire

« Sabre au clair & coups de canon » Un raid corsaire sur l’Oyapock en 1744

qu’interviennent les corsaires : ces derniers, des particuliers qui arment leurs propres navires, ont l’autorisation de leur gouvernement pour attaquer, saisir et détruire les vaisseaux ennemis en temps de guerre. Le capitaine Simeon Potter (1720-1806), originaire de Bristol (Rhode Island), est l’un d’eux. Il reçoit mandat de William Greene, le gouverneur de la colonie anglaise de Rhode Island, pour attaquer les navires battant pavillon français et espagnols. Son navire, le sloop Prince Charles de Lorraine, quitte Newport le 8 septembre 1744.

Cap sur l’Oyapock Le Prince Charles de Lorraine arrive en vue de l’embouchure du fleuve Oyapock le 6 novembre 1644. Si cette venue semble être avant tout due à une erreur de navigation, les corsaires ont besoin de faire de l’eau. Le capitaine Potter ne sait rien sur ces terres, mais il est paré à toute éventualité. Comptant entre 60 et 80 hommes

▲Illustration par Joub

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Liban & SyRIE

Dans la vallĂŠe de Qadisha Aux racines des libanais de Guyane

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Perchés à 1 500 mètres sur les falaises de la vallée des saints, dans les montagnes du nord du Liban, les villages de Bazhoun, Hassroun et Ehden sont le berceau des familles qui ont migré en Guyane dès le XIXe siècle. Depuis la plaine de Tripoli, jusqu’aux derniers vieux cèdres d’altitude, nous sommes partis à la rencontre de ces grandes familles libano-guyanaises et de leur histoire.

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ifficile de trouver lieu plus différent de la Guyane, que la vallée des saints, la vallée de Qadisha au Liban. Un paysage aride, des reliefs accidentés qui tombent dans la mer et une atmosphère qui ne cesse de nous rappeler les antiques civilisations méditerranéennes, et les religions monothéistes qui s’y sont rencontrées, parfois affrontées. Pourtant ici vivent des familles au nom familier pour nombre de Guyanais: Karam, Abchee, Raad, Saïd, Laba, Gabriel, Chaoul, Moise, Bechara, Nouchaïa.. L’histoire riche et tumultueuse du Liban est à l’origine d’une diaspora qui, si elle compte quelques centaines de personnes seulement, est investie politiquement et économiquement en Guyane. Pour comprendre l’itinéraire et la culture de ces familles, il est nécessaire de se rendre à quelques heures de route de Beyrouth, au nord de ce petit pays, vers la ville de Tripoli, au pied du mont Liban. C’est là que les premiers Libanais ont pris la mer pour l’Amérique du Sud, au XIXe siècle. Retour aux sources d’un ancien Président Ce voyage, c’est également celui qu’a entrepris Antoine Karam il y a quelques années. Actuel sénateur, et ancien président de la Région, il est l’un des Guyanais d’origine libanaise les plus emblématiques. Il nous raconte : « Mon grand-père est arrivé à Paramaribo en 1895. Il a ensuite posé ses valises à Mana, pendant la ruée vers l’or. Il était colporteur. Mes grandsparents maternels étaient St-Luciens, et travaillaient sur le placer Ipoussin. » Ce n’est que dernièrement, à près de 60 ans, que le sénateur a eu l’opportunité de fouler la terre de ses ancêtres. Un voyage qu’il décrit comme émouvant, et qu’il a depuis renouvelé plusieurs fois. « Mon père, lui, n’a jamais eu envie de se rendre au Liban, il avait vraiment coupé les ponts. Lorsque je suis allé à Bazhoun, avec l’aide d’un ami guyanais qui parle encore arabe, j’ai même retrouvé la maison de mon grand-père ! » En effet, la petite habitation carrée de son aïeul Michael Joseph Karam se dresse encore face à la vallée et à son panorama grandiose. Cette construction de solides pierres taillées, typique de la Une saison en

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voyage

◄Le village de Bazhoun, perché sur la falaise de la vallée de Qadisha, la vallée des saints. Photo P-O Jay


▲De gauche à droite, 3e rang: Gabriel Khalil Chaïa, Vincent Bichara, Joseph Georges Richard, Georges, Karim qui était pêcheur et connu à Cayenne sous le nom de «Titite», le père du précédent.2e Rang:Georges Moïse (père de Georges Madeleine), Joseph Moïse (frère du précédent), Antoine Eli, Joseph Doumith, Nagib Karam, Chalita Raad. 1er Rang : Richard Khalil Chaïa, Jean Moïse, Georges Doumith, Michel Karam (grand-père d’Antoine Karam), Youssef Hamra (parent des Abchée), Richard Karam (oncle d’Antoine Karam). Assis sur un banc devant: le jeune Georges Elias. Archive Simon Raad / A. Karam / R. Gabriel. Une saison en Guyane 21

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Comme il est rappelé dans le musée de Byblos, c’est ici que furent découvertes les plus anciennes inscriptions en alphabet linéaire de l’histoire humaine. Ses racines phéniciennes constituent un aspect important de l’identité libanaise, et les Guyanais d’origine libanaise leur attribuent volontiers leur capacité à voyager et à faire du commerce tout autour du monde. «  Dans les montagnes chrétiennes, précise Simon Raad, on parle le Libanais ; c’est un arabe un peu différent qui contient des mots d’origine phénicienne, araméenne ou hébraïque. Maison (Beit), église ou assemblée (Knesset) et quelques autres (les mois du calendrier : Chbat, nissan, tamuz, Eb, etc.), viennent de l’araméen (langue vernaculaire de toute la région : Sud Liban, Nord de la Palestine [La Galilée]). Les Libanais musulmans parlent un arabe plus traditionnel. » Chrétien maronite, une identité forte Les nombreuses églises en construction témoignent de la vivacité de ce culte, et corroborent les propos des habitants. Dans un pays où se mêlent musulmans sunnites et chiites, druzes, et chrétiens orthodoxes, on s’aperçoit bien vite que la religion occupe une place importante dans l’organisation de la société. « Au Liban, il est inscrit dans la constitution que le président doit être chrétien maronite, le Premier

ministre un musulman sunnite, le président de l’Assemblée nationale, un musulman chiite, le viceprésident un chrétien orthodoxe », explique Antoine Karam. Cet étonnant gouvernement collégial est une garantie de stabilité pour le pays, mais aux dires de certains, peut affaiblir l’action du gouvernement, qui doit composer avec des partis très différents. Cette complexité politique libanaise se construit au XIXe siècle. Simon Raad décrypte pour nous cette histoire : « les provinces de la Syrie et du Liban faisaient partie de l’Empire ottoman. Celui-ci était en repli du fait de la pression des puissances européennes. La France s’affirmait comme la protectrice des communautés chrétiennes. En 1840, elle avait imposé un partage administratif de la montagne libanaise en deux parties, l’une dirigée par un Maronite, l’autre par un Druze. En 1860, à la suite d’une révolte des paysans contre les notables, des massacres de chrétiens par des Druzes donnèrent le signal de massacre de chrétiens par des musulmans dans toute la région surtout à Damas. Ces tueries se soldèrent par 12 000 morts en trois mois dans les montagnes et 11 000 en quelques jours à Damas ». Ces tragiques évènements de 1860 ont déclenché une première vague d’émigration : 100 000 chrétiens seraient partis. À cela s’ajoute bientôt une grave crise économique et démographique, particulièrement « la Grande Famine du mont Liban », qui aurait causé la mort de la moitié de la population de cette région entre 1915 et 1919.

▲ à gauche, la maison du grand-père d’Antoine Karam, sénateur de la Guyane (au centre) à droite, architecture en pierre et jardin typique de Bazhoun. Photo P-O Jay

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De la Syrie à la Guyane

Depuis 2016, quelque 3501 moyen-orientaux ont immigré en Guyane. Ils et elles ont fui l’horreur de la guerre. Une Saison en Guyane est allé à la rencontre de plusieurs d’entre eux, mettant des visages et des histoires derrière le mot “réfugié”. Des Hommes on ne peut plus “normaux”. Et en même temps hors du commun. En Guyane, ils s’intègrent progressivement à travers l’école, le travail, les arts ou le sport. Une saison en

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Société

Liban & SyRIE

L’espoir d’une nouvelle vie

«

Et tout ça à cause de la guerre, du pouvoir ! » Le regard foncièrement triste et ardemment optimiste à la fois, Najah, 20 ans, prononce ces mots après avoir détaillé le périple qu’elle et sa famille ont parcouru d’Idleb (nord-ouest de la Syrie) à Cayenne. L’aînée de la fratrie de quatre enfants tient le rôle d’interprète aux côtés de ses parents.

resterait que deux, trois mois, le temps que les choses se calment », explique le père de famille. Ce seront finalement deux ans. Mais l’avenir n’est pas prometteur en Jordanie2. Il faudra s’exiler plus loin. En Europe ? Oui. Mais livrer sa vie à des passeurs ? Non. Zahi Falaha frappe aux portes des différentes ambassades. « Celle du Brésil était la seule à délivrer un laissez-passer aux Syriens .»

Ce périple, ce « tout ça », démarre à 9 945 kilomètres des terres guyanaises. En Syrie, en 2011. Comme des millions d’autres familles, Monsieur et Madame Falaha – lui commerçant ; elle ingénieure civile – prennent la décision, en

Séparés deux ans Le voyage n’est pas donné  ; le père de famille doit partir seul. À São Paulo, il fabrique matelas, armoires… « Papa travaillait beaucoup. De 6 heures à 19 h 30 tous les jours, les week-ends aussi. C’était compliqué de l’avoir au téléphone. » La séparation est pesante.

« Même si on m’a dit que notre maison n’existe plus, dans ma tête rien n’a bougé » 2012, de quitter le pays pour protéger leurs enfants d’un quotidien fait de bombardements. « C’était des militaires partout, sur terre, dans l’air. Du sang, des morts », rapporte Najah. Dans leurs valises, quasiment rien. « On n’avait pris que quelques vêtements, tout ce qu’on aimait est resté. Je me rappelle très exactement de comment j’ai laissé mon lit. Même si on m’a dit que notre maison n’existe plus, dans ma tête rien n’a bougé. » Ces maigres bagages, ils les posent sur le sol Je pensais qu’on n’y frontalier, en Jordanie. «

Au bout de deux ans, Zahi réussit à rassembler la somme nécessaire pour faire venir sa famille, qui traverse à son tour tout le continent africain puis l’Atlantique. Les retrouvailles sont sans surprise émouvantes. La plus grande chaîne de télévision brésilienne filme la scène. Rires, larmes  : la vidéo conservée sur un smartphone leur fait revivre les mêmes émotions en revoyant les images. La famille réunie entame une nouvelle vie. Les enfants commencent à parler portugais. Bakour, le garçon de la fratrie, intègre même un prestigieux club de football gratuitement, repéré

▲ La famille Falaha, place des Amandiers à Cayenne. Un lieu très fréquenté par la communauté syrienne de Guyane. Photo Julien Rougny ◄« Le plus important c’est leur futur. Ils passent avant nous. » C’est le discours de Samar et Zahi Falaha. Pour eux, l’attente d’obtention de l’asile (et donc d’un passeport pour la réinsertion professionnelle) est longue. À 48 et 49 ans, retrouver un emploi devient leur seconde plus grande espérance, après leurs enfants, dont ils sont extrêmement fiers. Photo Julien Rougny

[1] Enfants compris (sans compter ceux nés en Guyane). Ils sont en grande majorité syriens. Selon les dernières données, à la mi-avril 2018, 154 adultes (sur 220) avaient obtenu une protection. Sur ces 154, 66 sont encore dans l’attente d’un titre de séjour et/ou d’un titre de voyage. Source : préfecture. [2] Le pays subit aussi lourdement les répercussions des crises syrienne et irakienne.

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Les leks de Guyane Le Paypayo et le Coq de roche sont deux des oiseaux les plus connus de Guyane, l’un grâce à son chant, l’autre à sa couleur. Ils doivent ces particularités à leur système de reproduction : ces espèces paradent sur des leks.

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écologie ◄ L’Araponga blanc, appelé aussi Oiseau-cloche, est, en Guyane, une espèce inféodée aux montagnes forestières. Les leks de cette espèce sont très étendus, chaque mâle est séparé de ses voisins par plusieurs centaines de mètres. Photo Tanguy Deville.

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▲ Lors de la saison de reproduction, les mâles de nombreuses espèces ne quittent les leks que brièvement, pour se nourrir. Ils possèdent des zones d’alimentation proches, qu’ils rejoignent rapidement. Ils finissent parfois leur repas à leur retour sur leur aire de parade, comme ce mâle de Manakin auréole. ▼ Le Paypayo (nom guyanais du Piauhau hurleur) et l’Oiseau-cloche possèdent deux des chants les plus puissants de tous les oiseaux. Lorsqu’ils paradent, leurs leks peuvent s’entendre plusieurs kilomètres à la ronde.

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n forêt guyanaise, la plupart des passereaux forestiers sont très sensibles à la prédation. Pour survivre, certains se regroupent en ronde et bénéficient d’une surveillance collective. D’autres se font discrets. Leurs plumages sont mimétiques de l’environnement et ils chantent peu pour ne pas trop attirer l’attention sur leur présence. Pourtant, quelques contre-exemples sont remarquables, comme celui du Paypayo. Son chant, extrêmement sonore, retentit en forêt toute la journée, presque sans pause. Ou le Coq de roche : la couleur vive des mâles tranche sur le vert et le marron du sous-bois, les rendant très visibles. Eux aussi chantent presque toute la journée sans s’accorder de long repos. Les mâles de ces espèces paradent sur des leks et font tout leur possible pour se faire repérer, soit à l’ouïe, soit à la vue. Les leks sont des lieux fixes, différents pour chaque espèce d’oiseau, où les mâles se rassemblent pour combattre et parader, en vue des accouplements. En Guyane, plus d’une v i n g t a i n e d’ e s p è c e s d’oiseaux forment des leks. Elles sont réparties dans quatre familles : les manakins (Pipridés), les colibris (Trochilidés), les cotingas (Cotingidés) et les tyrans (Tyrannidés). Les milieux occupés

sont très variés. Les Colibris tout-verts chantent en savane. Les Colibris à menton bleu et les Manakins auréoles paradent jusqu’en lisière d’abattis et en bordure de routes. En forêt, des leks se rencontrent du sous-bois à la canopée. Le Coq de roche, le Manakin tijé et l’Ermite nain paradent dans les cinq premiers mètres, parfois au sol, le plus souvent sur des branches. Les Paypayo chantent entre dix et vingt mètres de haut. Le bas de la canopée est également occupé par le Manakin à tête d’or, l’Ermite à long bec ou les Coracines chauves et, tout en haut, plusieurs espèces comme l’Araponga blanc ou l’Ariane à gorge rousse. Femelles et mâles Chez ces espèces, pour la reproduction, les rôles des mâles et des femelles sont très différents. L’essentiel du temps des mâles est dévolu aux parades et aux combats, en vue des accouplements. Les femelles, de leur côté, s’occupent seules de toutes les activités de nidification, de la construction du nid à l’élevage des poussins. Comme elles investissent beaucoup d’énergie et de temps dans leur reproduction, elles cherchent à s’accoupler avec le mâle jugé le plus performant, afin de transmettre les meilleurs gènes possible à leurs jeunes. Sur un lek, l’évaluation des mâles est généralement facile. Elle repose souvent sur des caractères indirects, qui servent d’indicateurs de qualité. Les caractères utilisés doivent


► Le plumage du Coq de roche orange est adapté à la lumière des sites de leks. Les mâles paradent dans des petites taches de soleil, riches en lumière jauneorangé, qui mettent en valeur leur couleur et les rendent très visibles aux femelles et aux mâles concurrents. Photos Tanguy Deville.

refléter effectivement la valeur des mâles : ils sont difficiles à produire ou à supporter par les mâles de basse qualité. Certains sont issus d’une compétition entre mâles. Avant l’arrivée des femelles, des joutes et des

Les leks sont un système qui facilite, pour les femelles, le choix de partenaire. Comme elles mènent seules la nidification, leur investissement est lourd. combats permettent d’établir une hiérarchie. Cette compétition est souvent territoriale. Au sein du lek, chaque mâle s’approprie et défend un petit territoire qui est son arène de chant et de parade. Les mâles dominants paradent au cœur du lek. Les femelles, en basant leur choix sur la place occupée, sélectionnent les mâles centraux. Elles sont ainsi sûres de s’accoupler avec les mâles dominants, sans avoir à les évaluer longuement. D’autres caractères, propres à chaque individu, rendent les mâles plus attractifs aux yeux des femelles. Comme gage de qualité, ils rendent les mâles plus vulnérables à la prédation (comme les couleurs vives et les chants sonores), ou sont basés sur des comportements coûteux en énergie comme l’intensité de la parade, l’assiduité et l’endurance. Les accouplements ont ainsi lieu après de longues semaines de parade, quand la hiérarchie et les territoires occupés reflètent bien la qualité des mâles sur une longue durée. À l’inverse des femelles, les mâles fréquentent les leks pour s’accoupler avec le maximum de partenaires. Leur faible investissement dans chaque reproduction – les gamètes sont leur seule contribution – les rend indifférents à la qualité de chaque femelle, seule la quantité leur importe. Mais la réussite dans cette entreprise est très inégale.

▲ Le texte de cet article est une version adaptée et raccourcie du chapitre “Les leks”, tiré du livre  Les oiseaux de Guyane. Cet ouvrage est consacré aux oiseaux des forêts de la Guyane française, en particulier ceux vivants dans la canopée. Il nous dévoile toute la richesse ornithologique de cet écosystème unique et menacé à travers des photographies hautes en couleur, parfois très rares, et de grande qualité. L’auteur, Tanguy Deville, partage aussi, à travers des carnets de terrain, de

nombreuses anecdotes et observations naturalistes réalisées lors de ses expéditions. Ornithologue et photographe, Tanguy Deville partage son temps entre la forêt tropicale et les milieux arctiques et subantarctiques. Il a vécu plusieurs années en Guyane. Grimpeur d’arbres, il a passé beaucoup de temps en canopée, pour observer et photographier les espèces inaccessibles depuis le sol. Ses observations parfois uniques l’ont amené à s’intéresser aux comportements et à l’écologie évolutive des oiseaux. Il publie régulièrement des articles de vulgarisation.

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► Tityus obscurus. Le scorpion le plus dangereux de Guyane Photo Johan Chevalier

Une sombre histoire de pinces Mise en lumière (UV) sur la diversité des scorpions Une saison en

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biodiversité

A Synopsis of the scorpion fauna of French Guiana, Cet article scientifique d’Éric Ythier publié en juin 2018 synthétise ce que nous savons aujourd’hui sur les scorpions de Guyane. À sa lecture, on constate à la fois la diversité des espèces, mais aussi notre relative méconnaissance de ces animaux.

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Immersion en terre dendrobate Pister jour après jour une petite grenouille au cœur de la lointaine réserve naturelle des Nouragues, c’est le défi un peu fou que s’est lancé un groupe de chercheurs. Carnet de voyage d’une jeune écologue qui a tenté cette expérience étonnante pendant plusieurs semaines.

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science 4 février 2018 e moteur de la pirogue vrombit. Au moment de quitter la berge de Régina, je prends une grande respiration : c’est parti pour trois mois en forêt à la station scientifique des Nouragues. À bord : Agassi notre pilote, Florian, notre chef de camp sur la station et une équipe internationale de chercheurs et d’étudiants venue étudier le comportement des amphibiens. Cette équipe travaille depuis plusieurs années en Guyane pour percer les mystères de l’orientation des dendrobates, ces petites grenouilles arborant souvent des couleurs vives pour prévenir (ou leurrer) les prédateurs de leur potentielle toxicité.

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Pendant le trajet, j’ai le droit à un briefing sur les dendrobates et je découvre les bases de l’orientation animale. Retrouver son chemin en forêt tropicale sans layons ni cartes ? Cela paraît une mission périlleuse même pour les plus avertis d’entre nous. Pourtant, de nombreuses espèces animales n’éprouvent aucune difficulté pour s’orienter dans cet environnement complexe et cela même sur de longues distances ou en terrain inconnu. Noyée par le flot d’informations, j’observe Agassi qui passe les sauts avec habileté. Les petits virages qu’il effectue alors que le lit de la rivière est droit, traduisent

une connaissance parfaite de la position des rochers sous l’eau. Les dendrobates sont-ils, capables eux aussi de mémoriser une succession d’éléments visuels pour se repérer ? Quels sont les indices sur lesquels repose l’orientation en forêt de ces êtres vivants qui ne mesurent que quelques centimètres  ? Peuventils construire des cartes d’orientation mentale ? Utilisent-ils d’autres sens pour s’orienter  ? Ce sont les réponses que Andrius Pašukonis, Maxime Garcia et Max Ringler sont venus chercher cette année. L’équipe internationale a obtenu une bourse du laboratoire d’excellence du Centre d’étude de la biodiversité amazonienne (Ceba) pour effectuer leur campagne de terrain au cœur de la forêt tropicale avec l’appui de la station scientifique du CNRS. Nous quittons l’Approuague pour son affluent l’Arataï. Peu après, un panneau nous indique que nous pénétrons au cœur de la réserve naturelle nationale des Nouragues. Nous rejoignons le camp Pararé, situé au bord de l’Arataï, à quelques heures de marche du camp historique de l’Inselberg.

◄►Illustrations Guillaume Pangon Une saison en

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MARONIWOOD Un cinéma alternatif est né... du Nigéria aux berges du fleuve

Au Suriname, depuis une dizaine d’années, des membres de la communauté marronne doublent dans leurs langues maternelles des films de Nollywood, le cinéma du Nigéria. Inspirés par ces productions, certains sont passés derrière la caméra, participant à la naissance d’un cinéma surinamais. Une saison en

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culture

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isiedjan Durando se souvient encore du jour où il a visionné son premier film africain. « C’était dans un village de l’intérieur, chez la belle-mère de ma sœur. Elle avait une vieille télévision et le film était sur VHS » se souvient une quinzaine d’années plus tard ce frêle jeune homme aujourd’hui âgé de 32 ans. « Cela m’a immédiatement parlé, notamment la manière dont les acteurs jouent. » Misiedjan Durando se souvient aussi de la fois où sont arrivés sur son téléphone portable des extraits du dessin animé Les Lascars doublés en aluku. La caverne d’Ali Baba 2.0 qu’est internet garde la mémoire de ces montages réalisés par des personnes originaires de Maripasoula. Ces vidéos postées sur YouTube par le label de musique Bagdad Empire y cumulent des dizaines de milliers de vues. Pour Misiedjan Durando, c’est un déclencheur. En découvrant les bandes-son sur un

logiciel de montage, il avait eu l’intuition que l’on devait pouvoir changer les voix des acteurs ; avec Les Lascars qui parlent aluku, il en a désormais la confirmation. « C’était exactement ce que je voulais faire », raconte-t-il. En 2008, il double en ndjuka un extrait du film hollywoodien mettant en scène Jackie Chan, Rush Hour 3. Le montage circule de téléphone en téléphone et face à l’engouement qu’il suscite, Misiedjan fonde l’organisation Para’s Media avec laquelle il se lance dans le doublage de films. Il traduit alors dans sa langue maternelle, le ndjuka, de nombreux films nigérians, dont il est un fan inconditionnel. Né dans les rues de Lagos dans les années 1980, le cinéma du Nigéria et ses 2000 nouveautés par an est aujourd’hui la deuxième production mondiale en termes de nombre de films réalisés.

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Parée, Masquée

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Portfolio Laure Chatrefou

«

On devient touloulou comme on devient femme». Mettre un à un les éléments qui composent la parure du touloulou. Devenir chaque fois un nouveau personnage. Et puis danser jusqu’à s’en étourdir. Il faut vivre l’expérience des bals parés-masqués pour comprendre le vertige et la liberté qu’offre le touloulou aux femmes. Drôles de créatures du carnaval de Guyane, les touloulou se mettent en scène à l’entrée des dancings, sous les regards complices du public. Puis la parade laisse place à l’énergie de la danse. Selon les codes des bals, les touloulou disposent d’un droit éphémère, mais absolu, celui de choisir leurs cavaliers. Là, au milieu de la foule, au rythme des instruments, elles se connectent à la musique, à leur partenaire, à elles-mêmes. Le costume est un doux complice pour se laisser porter par les mouvements de leur corps dans un anonymat rassurant. Devenir touloulou est une expérience sensible et intime qui réveille le désir de se dépasser et d’explorer de nouvelles manières d’être. Comment ne pas imaginer cette vibration résonner encore, au-delà de la période du carnaval, dans le corps des femmes ? Touloulou incarne une figure féminine capable de se réinventer et de s’affirmer. Il est à la fois personne et toutes les femmes. « Parée, masquée » dresse leurs portraits. Derrière le masque se cachent des femmes entreprenantes, facétieuses et inspirantes, des Guyanaises qui réalisent leurs rêves dans la vie comme dans la nuit. Photos : Laure Chatrefou Texte : Anne Guillou Costumes : Auguste Horth et M.P.

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Kitesurf

entre ciel et mer Depuis à peine 20 ans, les plages de Guyane voient arriver de nombreux sportifs, accrochés à une aile en forme de C planant dans les airs, et une planche sous les pieds. Ils surfent sur les vagues, ils bondissent au-dessus de l’eau, ils se baladent au large… Le kitesurf se démocratise d’année en année, le nombre d’adhérents augmente dans les associations, le matériel évolue. La Guyane est même le lieu de naissance du handikite, une pratique du kitesurf en tandem avec des jeunes polyhandicapés.

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société Un sport récent en pleine expansion l suffit de se rendre sur une des plages de RémireMontjoly un dimanche venteux pour réaliser l’importance du kitesurf en Guyane. Ils sont aujourd’hui des dizaines à naviguer au large des côtes, ce qui n’était pas le cas il y a à peine 20 ans. Tout d’abord composé d’un cerf-volant, ce qui lui vaut le nom de kitesurf, et d’un ski nautique, puis d’une planche, le kitesurf, tel qu’il est connu aujourd’hui, est “ inventé” par le français Emmanuel Bertin, dit Manu Bertin, à la fin des années 1990, lorsqu’il commence à utiliser les ailes gonflables en forme de C conçues par deux Bretons, les frères Legaignoux. Le kitesurf prend alors rapidement son envol. Lorsque Yann Déjou arrive en Guyane en 2002, il n’y a que 5 ou 6 kitesurfeurs sur les plages. Initialement passionné de planche à voile, il se consacre au kitesurf par la suite et monte dès 2003 à Cayenne la première école en Guyane : Guya’kite. Il est alors possible pour un débutant de se former et d’être encadré. « Il faut 4 à 6 séances de deux heures pour maîtriser la voile, être autonome et apprendre les règles de sécurité », indique-t-il. L’école, couplée à une partie associative, prend de l’ampleur. Il y a aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents à Guya’kite dont la plupart sont originaires de métropole. « La culture de la mer et de la plage est plus présente en métropole », remarque le fondateur de Guya’kite. Sébastien Asensio est quant à lui vice-président de l’association Kite’Apulte à Kourou. En

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moyenne l’association compte une vingtaine d’adhérents chaque année. L’association est tournée principalement vers le loisir, plus que vers la compétition. En mai 2017, le dernier rassemblement initié par l’association, « Fête du kite (s’il n’y a pas de vent), Faites du kite (s’il y a du vent) », a permis d’initier certains jeunes de Kourou à ce sport. « La jeunesse locale a un potentiel, mais le kitesurf est souvent trop cher. Lorsque des kitesurfeurs partent de Guyane, ils nous laissent des voiles qu’on répare et qu’on peut alors prêter. » L’association ne donne aucun cours. Les amateurs de kitesurf doivent aller voir un moniteur s’ils souhaitent acquérir les bases. « Ensuite, on les prend sous notre aile, dit en riant Sébastien Asensio. L’association est là pour aider, donner des conseils, soutenir. » La Guyane est un lieu adéquat pour les amateurs de ce sport de glisse. En moyenne, selon Yann Déjou, il y aurait deux cents jours par an favorables pour sortir sa planche et son aile. « Les vents sont réguliers, ils ramènent vers la côte, les plages sont peu fréquentées, l’eau est chaude et il y a peu de vagues. Ce sont des conditions propices pour apprendre. »

▲La plage des Salines, au pied du Montravel, est très fréquentée par les kitesurf. La question se pose de la mise en place d’une kite zone pour sécuriser la cohabitation avec les baigneurs. ◄Par vent fort (plus de 15 nœuds), l’aile du kitesurf peut propulser le rider à près de 10 m de hauteur. Photos Guillaume Bret

Entre liberté & responsabilité Guillaume Robert est arrivé en Guyane il y a 15 ans. « Au départ, on naviguait avec du matériel expérimental, une aile de parapente, une planche de surf. On partait à la recherche des meilleurs spots, des plages les plus propices, des fleuves, tout était à découvrir. C’était passionnant. » Du haut de la tour de contrôle aérien où il travaille, il pointe du doigt Une saison en

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Ariane VS SpaceX

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spatial

Alors que Space X impressionne avec ses fusées qui reviennent sur Terre à la verticale, l’Europe prépare, avec Ariane 6, une réponse modérée surtout basée sur la réduction de ses coûts de fabrication. Derrière le show, deux logiques industrielles s’affrontent à distance, de quoi stimuler les ingénieurs et les politiques.

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n janvier 2006, un inconnu se lance à la manière d’un stand-up lors d’un congrès spatial international : « Je m’appelle Elon Musk. Je suis le fondateur de SpaceX et dans cinq ans vous êtes tous morts. » Douze ans après, on se rend compte de la présomption de l’américain. Mais sans avoir tué ses concurrents, il a bouleversé le secteur spatial longtemps sceptique sur ses chances de réussir. Ce touche-à-tout de l’industrie a été jugé fou, puis trop sûr de lui. Désormais, il est respecté. Il tire une à deux fusées Falcon par mois sans échec majeur depuis 2 ans, tout en faisant réatterrir leur premier étage. La démonstration est imparable. Il trouve désormais des clients privés à embarquer. Les Européens, habitués à rayonner sans véritable concurrence sur le marché commercial du lancement de satellites, commencent à se raidir. L’éclat américain ne règle cependant pas d’un trait le futur. L’industrie se demande encore si l’option de

la réutilisation des éléments de la fusée est la martingale. Mais, concurrence oblige, tout le monde l’envisage désormais avec un seul objectif : réduire les coûts d’accès à l’espace. Une histoire de marché « Il n’est pas avéré que le réutilisable soit le Graal dans le contexte et le volume de missions européennes plus réduit qu’aux États-Unis. Mais la question est légitime et nous y travaillons », assume Stéphane Israël, le PDG d’Arianespace. Le marché des lancements de satellites se répartit en effet entre les vols dits “commerciaux”, emportant principalement des satellites de télécommunications, et les vols institutionnels qui placent en orbite des satellites militaires ou scientifiques. Or, cette ventilation entre public et privé n’est pas la même partout. Aux États-Unis, on compte 60 % de lancements institutionnels contre 40 % de commerciaux.

◄ Ariane 6 bientôt sur son pas de tir. Les Européens l’assurent, la première Ariane 6 décollera en 2020 de Kourou. 40 % moins chères que son aînée Ariane 5, modulable, elle est la première réponse des Européens à Space X. Illustration 3D Atelier Aymara

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EXPOSITION, TIRAGES D’ARTS

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N°ISSN : 1966-6446 Société éditrice : Atelier Aymara EURL de presse au capital de 5 000 € 24 rue Louis Blanc - 97300 Cayenne Guyane française tel. +594 (0) 5 94 31 57 97 www.une-saison-en-guyane.com Rédaction [redaction@atelier-aymara.net] Directeur de la publication/Rédacteur en chef  Pierre-Olivier Jay [pierre@atelier-aymara.net] chargée de communication  Daniela Noreña Waller [daniela@atelier-aymara.net] Graphiste / Maquettiste Bernard Gissinger [bernard@atelier-aymara.net] rubriques brèves  Marion Briswalter, Sylvie Nadin, Miguel Joubel, Loïc Epelboin, responsable histoire  Dennis Lamaison photo couverture  Tanguy Deville illustrations/infographies

Marc Delorme Max Sibille Marc Le Grand (Joub) Maël Dewynter Guillaume Pangon HDF Chrysallis Engineering ANOM BNF Crédits photo Laure Chatrefou Hélène Ferrarini Anaïs Bonnefond Jody Amiet Tanguy Deville Ronan Liétar Julien Rougny Mirtho Linguet Guillaume Bret Yann Dejou Marc Gayot Johan Chevalier Eric Ythier Florian Jeanne Andrius Pašukonis Nicolas Quendez Guillaume Aubertin Hadrien Lalague Maël Dewynter Bernard Gissinger Gérard Collomb

Pierre-Olivier Jay Aéroprod Amazonie/ Canopée des Sciences ESA ESA/DUCROS DAVID Nasa/ ESA CNES Arianespace Official SpaceX Photos Archives des familles Abchee, Gabriel & Raad Laboratoire de Géoscience de Montpellier Wiki Commons Auteurs Anne Guillou Natana Lamy Marion Briswalter Sylvie Nadin Hélène Ferrarini Rosane Fayet Audrey Virassamy Anaïs Bonnefond Tanguy Deville Gérard Lafleur Jérôme Vallette Johan Chevalier Loïc Epelboin Dennis Lamaison Miguel Joubel Gérard Collomb

Pierre-Olivier Jay remerciements

Christian Roudgé Arnaud Heuret Antoine Karam Michel Chaya Joseph Laba Famille Tabach Familles Abchee, Gabriel & Raad Association Emega Association AGMN Association Guyakite Yann Déjou Auriane Vigny Hélène Lacassagne Adrien Gras Aurélien Bertrand Jonathan Banigo Numlab Audrey Virassamy Rosane Fayet Eric Ythier Christian Marty Wilson Lourenço Philippe Poggi Manille Mathieu Tetrel Association des amérindiens karipuna

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