Sommaire 04 - février 2010
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ecOdÉVeLOPPeMent
LES
BRUITS DE LA FORÊT
A U X S O U R C E S D E L ’ H I S TO I R E
L E J O U R N A L D E S G U YA N E S sUr le l Ay o n L oyola, un sent ier p our la mémoire v o yA g e À la recherche de K assi-K assima : l'espr it oublié des T umuc-Humac gestion Bigi Pan entre exploitation économique et protection de l'environnement c U lt U r e Ja va sur les r ivages de l'atlant ique
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fAU n e Amphibiens, p ar t ie f ine chez les grenouilles
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h A b i tAt Architect ure bioclimat ique : t radit ion & a venir A lt e r n At i v e Énergie renouvelable, quel a venir p our la Guyane ? Av e n i r Amazonie, vers un nouveau mode de dé velopp ement durable ?
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P o rt f o l i o P h oto : Fascinantes araignées de Guyane 82 biodiversité : Cent re Sp at ial Guyanais, ent re esp ace e t nat ure. 8 8 c U lt U r e : L e car na val en 1910 94 rAndonnée : Randonnée équest re à Macour ia 98 livres 1 0 0 l e X i q U e : re t rouvez ici la dé f init ion des mots suivis d ’un astér isque* dans le te xte.
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photo T. montford
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la forêt C0 ²
Peut-on stocker du carbone dans les pâturages de Guyane ? Les systèmes herbagers de Guyane, comme dans de nombreuses autres zones d’élevages dans le monde, remplissent des fonctions productives et environnementales que le projet CARPAGG (CARbone des PAturages de Guyane et Gaz à effet de serre) se propose d’étudier dans le cadre des grands enjeux actuels de l’agriculture : nourrir les hommes tout en protégeant l’environnent. Pour l’agriculture et l’élevage de ruminants, il s’agit de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique en diminuant les émissions des 3 principaux gaz à effet de serre (gaz carbonique CO2, méthane CH4 et protoxyde d’azote N20) vers l’atmosphère et en augmentant leur fixation (donc leur réduction dans l’atmosphère) en stockant du carbone (C) dans le sol. En Guyane, les pâturages se mettent en place au détriment des écosystèmes forestiers qui contiennent plus de C par unité de surface que tout autre mode d’utilisation du sol. Au-delà de l’effet indéniable de la déforestation et du changement du mode d’occupation des sols sur les pertes de carbone (25 % des émissions mondiales de CO2), CARPAGG cherche à comprendre comment les pâturages de Guyane issus de déforestation, peuvent continuer à stocker du C dans le sol tout en contribuant à développer les productions bovines. Au-delà du stock de C immobilisé sous un pâturage (65 t/ha en zone tempérée et potentiellement plus de 100 t dans certaines zones tropicales), une prairie est capable de stocker du C (1 t C/ha/an) dans les sols (racines, litières, matières organiques). Cette plateforme expérimentale basée en Guyane pourrait compléter les travaux existants en Amazonie dans le contexte de front pionnier à fortes problématiques de développement en regard de la séquestration du C, des émissions de gaz à effet de serre et de la dégradation des espaces défrichés. Vincent BLANFORT - Cirad Guyane, UMR Ecofog
DES CHERCHEuRS VENuS D’AILLEuRS
Savane Roche Virginie : Hotspot à surveiller L’année passée, quatre jeunes biologistes de l’association belge BINCO, en coopération avec le GEPOG à Cayenne, ont organisé une expédition de reconnaissance à la Savane Roche Virginie. Cette mission inscrivait sa problématique dans la construction de la nouvelle route reliant Régina et Saint-Georges – la RN2 mise en service en 2003. La Roche Virginie est un inselberg, une roche de granit isolée. Cet habitat, très différent de la forêt qui l’entoure, est caractérisé par une flore et une faune adaptées aux spécificités de leur environnement. Maintenant proche de la route, la Roche Virginie est devenu facilement accessible par un petit sentier. C’est l’impact de l'afluence croissante des visiteurs sur la faune et la flore de l’inselberg qui intéressait les chercheurs. Durant leur séjour, l’équipe de BINCO y a fait une collection de base de quelques groupes animaliers et botaniques qui servira de référence pour les inventaires futurs. Ils ont observé et collecté plantes, amphibiens, reptiles et plusieurs groupes d’invertébrés terrestres et aquatiques. Parmi plusieurs de ces groupes ils ont notamment trouvé quelques espèces inédites d’invertébrés, dont un amblypyge* charismatique. La Roche Virginie est également un "hotspot" (endroit à haute diversité) de plantes myco-heterotrophes* (Burmanniaceae, Gentiannaceae et Triuridaceae). Pour ces scientifiques, nul doute, la Roche Virginie est un site important qui mérite d’être protégé. BINCO (Biodiversity Inventory for Conservation) (www.BINCO.eu) est une association qui s’engage pour la conservation de la nature. Elle collectionne de l’information sur la biodiversité dans des régions peu étudiées où dont la faune et la flore sont en péril. Merlijn Jocque (Binco) Photo de Dendrobates tinctorius M. Jocque Une saison en
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CONSERVATION
Les iguanes du Grand Connétable Seule île rocheuse dépourvue d’arbres, l’île du Grand Connétable se démarque du littoral guyanais. Connue pour ces populations d’oiseaux marins, l'île héberge aussi une espèce de reptile : l’Iguane vert (Iguana iguana) L’Iguane vert est une espèce volontiers colonisatrice, opportuniste et qui s’adapte à différents types de milieu. L’hypothèse la plus plausible quant à son apparition sur l’île serait une arrivée par l’intermédiaire de morceaux de végétation flottants originaires du continent. Les iguanes présents sur l’île interagissent avec la reproduction des oiseaux en provoquant des envols de la colonie de sternes et en exposant les œufs à la prédation par les mouettes. La faible superficie de l’île et le nombre important de couples reproducteurs arrivant chaque année induisent ainsi une forte compétition pour l’espace. Toute modification de l’équilibre peut donc avoir des conséquences importantes sur les espèces les plus vulnérables. Lancé en septembre 2009, un programme va permettre de suivre la population d’Iguane vert sur l’île du Grand Connétable. Le marquage individuel et permanent par injection d’un transpondeur permettra de suivre la population sur plusieurs années. Ce programme a pour but d’en savoir plus sur les effectifs, l'abondance et le comportement de l'iguane. Antoine Hauselmann - Réserve Naturelle ile du Grand Connétable RECHERCHE
Chimiodiversité de la flore de Guyane La Guyane est un des départements français les plus boisés avec une forêt représentant 96 % de son territoire. Il existe de nombreuses données sur les savoirs locaux en médecine traditionnelle concernant l’utilisation des plantes à des fins thérapeutiques, curatives ou préventives, mais aussi, des études concernant le rapport entre le classement des substances chimiques et le classement botanique des substances naturelles. Malgré cela cette biodiversité végétale est encore peu explorée et inexploitée en chimie des substances naturelles. Afin de mieux connaître et de valoriser cette flore de Guyane un programme de recherche a été lanç en 2006 par le CNRS, l'UMR Ecofog et l'IRD. Cette collaboration a permis de travailler sur des domaines de recherches complémentaires : la botanique, la chimie, la pharmacologie et la biologie. C’est ainsi que de nombreuses recherches ont été initiées afin de trouver de nouvelles substances naturelles, et molécules ayant des activités antipaludique, anticancéreuses. Le potentiel thérapeutique des plantes ainsi identifié a pour but de protéger et valoriser la flore de Guyane tout en inventoriant la biodiversité. Pour le moment certaines études ont abouti et ont permis d’isoler des composés antipaludiques, insecticides et ayant un potentiel pharmacologique sur la maladie d’Alzheimer. Véronique Eparvier, CNRS, Coordinatrice du projet "Valorisation de la flore de Guyane"
génétique
Les ancêtres du Maïpouri
Au cours des trois derniers millions d'années, des changements climatiques et écologiques importants sont survenus sur le bassin amazonien. Ils ont eu de fortes répercussions sur la biodiversité, dont on retrouve des traces au niveau génétique chez les espèces encore présentes actuellement. Une récente étude sur les tapirs en Guyane (maïpouri) et en Amérique du sud a amené de nouvelles informations sur cette histoire de l'Amazonie. Les données fossiles suggèrent qu'une dizaine de tapirs existaient sur le continent il y a quelques millions d'années. Seules deux sont encore présentes. Elles sont issues récemment d'un ancêtre commun qui a disparu, comme ses congénères, lors des grandes extinctions du Pleistocène il y a 2 millions d'années. Cette grande vague d'extinction aurait ainsi
libéré des habitats, des ressources alimentaires, et les tapirs actuels en auraient bénéficié. La génétique montre en effet une expansion importante des populations à cette période. A l'heure actuelle, la distribution de la variabilité génétique suggère l'existence de quatre grands groupes de tapirs, localisés pour deux d'entre eux dans la région du Haut Amazone, pour un troisième au nord, et pour le dernier au sud de l'Amazone. C'est à cette grande échelle, avec finalement un rôle assez peu important des différences écologiques locales dans la structuration des populations, que doivent se mettre en place les programmes de conservation de l'espèce. Benoit de Thoisy - Photo G. Feuillet
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Les Bruits de
la forêt CONFERENCE
Une conférence internationale en Guyane
Située entre le Congrès forestier mondial (Argentine - octobre 2009) et le sommet climat de Copenhague (déc. 2009), la conférence internationale "La science au service de la gestion des forêts tropicales humides" qui a eu lieu du 22 au 28 novembre à Cayenne a permis aux chercheurs mais également aux gestionnaires, aux organismes internationaux (WWF, UNESCO...), aux décideurs et politiques de faire un point sur les avancées scientifiques et d’échanger sur plusieurs thèmes d’intérêt tels que l’aménagement forestier, les relations entre forêt et climat, le rôle des forêts dans la séquestration du carbone et le cycle de l’eau. Cette conférence, initiée par l’INRA et le CIRAD, qui a réuni près de 170 personnes venant de 20 pays différents, a également permis de renforcer la visibilité des recherches menées par les équipes françaises, et en particulier celles menées en Guyane par l’Unité Mixte de recherche ECOFOG (Ecologie des Forêts de Guyane) et ses partenaires, et de faire ainsi avancer notablement les liens avec les équipes du Brésil, du Surinam et du Guyana. Une seconde édition devrait être organisée dans deux ans au Brésil. TECHNOLOgIE
Du Laser sur la forêt
La caractérisation de la structure forestière des forêts tropicales est un enjeu majeur pour la gestion des forêts naturelles que les objectifs prioritaires soient l’exploitation forestière, la conservation ou l’estimation des stocks de carbone. A l’échelle régionale la structure forestière varie avec le climat et la géomorphologie. Les variations édaphiques (et notamment les régimes de drainage associés) et le stade sylvigénétique ajoutent de la variabilité à la structure des peuplements forestiers à une échelle plus locale. Classiquement les paramètres de structure forestière sont obtenus par agrégation de mesures dendrométriques individuelles ▲Exemple de représentation 3D de la canopée générée à (diamètre, hauteur,…). Cependant de telles pratiques sont limitées partir d’un semis de points laser On distingue les plus gros par les coûts associés voire, en forêt dense tropicale humide, par houppiers et les trouées de la canopée (Paracou 2009). l’accessibilité au terrain. Le Lidar (Light Detection and Ranging) aéroporté qui fournit une représentation tridimensionnelle de la végétation à haute résolution spatiale (cf photo) représente donc une alternative extrêmement prometteuse pour acquérir des données de structure forestière sur des zones étendues et/ou d’accès difficile. Une étude préliminaire associant l’IRD et le CIRAD a permis d’éprouver la capacité du signal Lidar a détecter des variations de structure forestière. Cette validation réalisée sur un échantillon de parcelles expérimentales sur une centaine d’hectares permet d’envisager une approche à l’échelle du paysage (en cours). Par ailleurs les mesures réalisées à différentes dates sur des sites témoins permettent d’accéder à des paramètres de dynamique forestière (mortalité, vitesse de cicatrisation des trouées créées par la chute des arbres) pour des surfaces impossibles à inventorier sur le terrain à un coût raisonnable. Le programme Guyafor qui vise à évaluer les stocks de biomasse de la forêt guyanaise et ses variations spatio-temporelles devrait largement bénéficier de l’application de cette nouvelle technique à la caractérisation de la structure de la végétation. Grégoire Vincent - gregoire.vincent@ird.fr ObSERVATION
Le dragon de Saint-Georges
Un lieu propice à l'observation du lézard Caïman (Dracaena guianensis) vient d'être localisé par Johan Tascon, sur la commune de Saint-Georges de l’Oyapock. Une enquête du PNRG est en court pour savoir si la population de Saint-Georges à eu l’occasion de le rencontrer également, et savoir quel comportement est adopté vis-à-vis de ce reptile rare. Photo : Johann TASCON - http://johann973.skyblog.com
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CONNAISSANCE
COMMERCE EquITAbLE
Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique
GADEPAM à Maripasoula
L’outil de connaissance de la nature que constitue les ZNIEFF* est en train de faire peau neuve en Guyane. La Direction Régionale de l’Environnement vient en effet d’annoncer le lancement de la modernisation de ce dispositif qui s’étalera sur les 3 années à venir et, à coup sûr, passionnera nos experts naturalistes. Photo : Ara Macao - V. Rufray (Biotope).
L’association GADEPAM œuvre depuis 2002 pour la valorisation des plantes à usage traditionnel en Guyane. En novembre 2005 elle a ouvert la première boutique d’artisanat solidaire à Cayenne. Basée sur les principes du commerce équitable sa démarche vise à valoriser et commercialiser les produits naturels, artisanaux et traditionnels fabriqués en Guyane, dans le but de sauvegarder le patrimoine culturel associé. En août 2009, GADEPAM a ouvert sa deuxième boutique d’artisanat solidaire à Maripasoula. Cet espace tant voué à l’accueil des artisans, qu’à celui du public constitue un relais important entre l’intérieur et le littoral, toujours dans un souci d’une meilleure organisation de la commercialisation de l’artisanat traditionnel en Guyane. Le projet d’une coopérative d’achat à l’échelle de la Région Guyane pourrait voir le jour en 2010. Marie Fleury - Photo M.Fleury
CHENILLE Plusieurs centaines de chenilles Rothschildia erycina ont défolié l’ensemble des arbustes d’ornement (vanillier de Cayenne, Duranta erecta) du parking d’un hypermarché de Guyane. Il est probable que ce soit l’éclairage du parking qui ait attiré les adultes du plus petit des papillons "quatrefenêtres" S. Brûlé et J. Touroult - Société Entomologique AntillesGuyane Photo S. Brûlé
pOINT DE VuE
La biodiversité vaut de l’or
"Investir 45 milliards de dollars par an dans le développement des zones protégées sur terre et en mer permettrait d’assurer des bénéfices de l’ordre de 4 à 5.000 milliards de dollars par an après quelques dizaines d’années". Telle est la conclusion du rapport TEEB publié sous l’égide de l’ONU, le 13 novembre, démontrant qu’il peut être très rentable d’investir dans la protection des écosystèmes. Il pointe 4 axes prioritaires d’actions : la déforestation, la protection des récifs coralliens, les politiques de pêche et le lien entre la dégradation des écosystèmes et la pauvreté. Le coût de l’inaction est estimé à 7% du PIB mondial à l’horizon 2050. Jean-Louis Borloo, ministre de l’environnement, dans un communiqué du 16 novembre, se félicite de ces travaux qui "constituent une contribution essentielle aux connaissances (...) dont nous avons besoin pour pouvoir prendre les bonnes décisions politiques en matière de conservation et d’utilisation de la biodiversité et des services des écosystèmes". Dans cet esprit, MAIOURI NATURE GUYANE, considérant que les vraies valeurs ne peuvent être dans un minéral, si brillant soit-il et que c’est "le vivant" qu’il est urgent de protéger, d’étudier et de valoriser de façon durable, demande instamment au Ministre de l’Ecologie, de revoir fondamentalement l’opportunité des permis exclusifs de recherches (PER) accordés aux multinationales suivantes : - NEWMONT (1), pour trois PER de 326 km2 ,111 km2 et 530 km2. - IAMGOLD (2), pour trois PER situé sur la Montagne Tortue (40 km2), Veoux (54km2) et Maripa Sud-est (30 km2). MAIOURI NATURE GUYANE demande également que soient conclus les accords politiques indispensables à l’éradication de l’orpaillage illégal. Maiouri Nature guyane - maiouri.nature@gmail.com (1) Newmont, nominée "OSCAR DE LA HONTE 2009" par The Public’s eye avards (2) Iamgold, dont l’exploitation controversée au Mali a fait l’objet d’un documentaire. Une saison en
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Aux Sources de
l’histoire cayenne
Cépérou rétrocédé
Le 19 février 2009, le fort Cépérou était rétrocédé à la ville de Cayenne. Le site appartenait jusqu’alors aux forces armées qui doivent déménager en 2014. Les quelques vestiges encore visibles peinent à raconter ce qui fut pourtant une longue histoire. C’est en 1643 qu’une poignée de français y établit un fortin en bois. La pierre remplacera le bois, ce qui n’empêchera pas les Hollandais de prendre la place en 1672. Abandonnée, démolit, reconstruite, cette place forte témoigne des vicissitudes des siècles passés. Au XIXe, on y installe un réservoir qui alimenta longtemps les quatre fontaines de Cayenne installées en 1867. Dans la première moitié du XXe siècle, l’horloge publique installée sur le site donnait l’heure aux Cayennais. Aujourd’hui, c’est le fort Cépérou qui s’est mis à l’heure de Cayenne. A droite : Cayenne vu de la rade, gravure de Riou 1867 ARCHEOLO GIE
Le premier port de Cayenne Le projet de construction de la future Direction Régionale des Affaires Culturelles de Guyane vient de susciter une intervention d’archéologie préventive (déc. 2010) au pied du mont Cépérou. Le diagnostic à révélé des niveaux d’occupations de la seconde moitié du XVIIIe siècle ainsi que les fondations et sols de l’ancien magasin général et d’un des bâtiments de la douane établie dans ce secteur au XIXe siècle. Les cartes anciennes indiquent que le littoral s’étendait à l'origine jusqu’au pied des remparts qui ceinturaient la ville. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle une bande de terre apparaît au pied des fortifications. Cette évolution dans le paysage favorise l’implantation d’un grand bâtiment qui sert alors à entreposer les marchandises. Les sondages ont révélés des niveaux riches en objets archéologiques (clous, plaques en cuivre servant au carénage des navires, verreries, vaisselles). La douane apparaît en 1842 sur une carte ou l’on projette de nouvelles fortifications de la ville. Sur la gravure ci-dessus, on distingue clairement l'imposant magasin général et le bâtiment principal à un étage de la nouvelle douane. Celle-ci fonctionne jusqu’en 1975, date à laquelle le port est transféré au port de Dégrad des Cannes. Photo D. Lam. Maroni
Plongée en eau trouble
Curieux spectacle que des plongeurs explorant les rives du fleuve Maroni à hauteur de Saint-Jean ! Et pourtant, en juin 2009, des professionnels étaient missionnés par la DRAC de Guyane pour rechercher les traces éventuelles d’une des locomotives qui fonctionnait à l’époque des bagnes. A la fin du XIXe siècle en effet, une quinzaine de kilomètres de voie ferrée Decauville - des voies étroites et démontables - fut posée entre Saint-Laurent et Saint-Jean du Maroni. Le matériel roulant comprenait notamment trois petites locomotives, l'une de 12 tonnes et deux de 6 tonnes. Après la fermeture des pénitenciers, selon quelques témoignages, l'une d'elle aurait été immergée dans le fleuve à l'aide d'un bulldozer. " Nous avons trente centimètres de visibilité, je n'en espérais pas autant ! " déclare Guy Dauphin, ancien chef de plongée du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSME). Mais cela ne suffira pas, cette fois les plongeurs ne trouveront rien. Qu'est-il advenu des locomotives du bagne ? Les membres de l''association Meki Wi Libi Na Wan (http://www.bagne-st-jean.com ), à l'initiative de cette recherche, ne perdent pas espoir de résoudre ce mystère. Ils vont continuer leur enquête en recueillant la mémoires des anciens. Il sera ensuite temps de prévoir une autre mission. Une saison en
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pATRIMOINE
Les archives oubliées de Saint-Laurent du Maroni Pour un historien, consulter un fonds d'archives inédit est comme découvrir le Graal. Cela vient d'arriver à quelques heureux chercheurs qui ont pu accéder aux archives retrouvées de SaintLaurent du Maroni. En 1949, Saint-Laurent devenait une commune de plein exercice. Les archives qui rappelaient le passé de l'unique commune pénitentiaire de France étaient alors quelque peu laissées de côté. Soixante ans plus tard, l'animatrice du patrimoine Marie Bourdeau vient de permettre leur "redécouverte". L'ensemble déjà classé comprend plus d'une centaine de cartons, liasses et autres registres, dont l'apport est capital pour l'histoire de la Guyane. Ces documents ne nous parlent en effet pas seulement du bagne mais de la genèse du peuplement de la commune, de la vie quotidienne pendant la seconde Guerre mondiale ou encore des transformations socio-économiques de l'ouest guyanais dans la première moitié du XXe siècle. "Ville d'art et d'histoire" depuis 2007, Saint-Laurent du Maroni s'est engagée dans un vaste programme de valorisation de son patrimoine dont les archives communales sont désormais parties prenantes. Une partie de ce fonds va bénéficier d'un programme de numérisation du Ministère de la Culture. Iconographie : archives communales de St Laurent - Photos : D. Lam EXpOSITION
Objets inanimés
La prochaine exposition du musée des cultures guyanaises, Objets inanimés..., débutera le 24 avril 2010. Elle proposera une découverte des collections du musée, catalogue vivant des savoir-faire locaux et des pièces recueillies depuis près de 20 ans. Musée des cultures guyanaises, 78, rue Mme Payé à Cayenne tél : 05 94 31 41 72
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Le journal des Guyanes SANTE
Atlas du Maroni
En 2009 un atlas cartographique du Maroni a été réalisé par la Direction de la santé et du développement social de la Guyane. Il permet la localisation de près de 500 kampus (écarts) et bourgs établis sur les rives françaises et surinamaises du fleuve, d’Antecume-Pata à Saint Laurent du Maroni. La réalisation de ce document a pour but d’améliorer la connaissance de ce vaste territoire où la population connaît une forte expansion et où les enjeux sanitaires sont très forts. Le recensement de ces lieux d’habitations a été effectué par une recherche à l’aide d’images aériennes de l’IGN ainsi que d’une campagne sur le terrain. L’atlas va ainsi permettre aux personnels des centres de santé de l’hôpital de Cayenne de situer de manière plus précise les différentes pathologies rencontrées (paludisme, dengue, maladies hydriques) et de faire remonter une information primordiale dans la réflexion d’installations d’alimentation en eau potable, de détecter plus précocement un foyer épidémique ou encore de cibler les campagnes de prévention sanitaire. Afin de rendre accessible au plus grand nombre cette cartographie, la DSDS l’a mise en ligne sur le site du CRPV de guyane : http://www.crpv-guyane.org/document.php Marc RUELLO et Colin DURAND (DSDS Guyane)
pEupLES AuTOCHTONES
2e Rencontre Transfrontalière des Peuples Amérindiens
L’association Iepé (Macapá, Brésil) et l’Observatoire Hommes/Milieux "Oyapock, un fleuve en partage" du CNRS, avec la collaboration des mairies de Saint-Georges de l’Oyapock et de Camopi, ont organisé la seconde Rencontre Transfrontalière des Peuples Amérindiens du Brésil (Nord Pará et Amapá), du Surinam et de Guyane française. Cet événement qui s'est tenu à Saint-Georges du 1er au 4 décembre 2009, a rassemblé une centaine d'Amérindiens représentant 10 peuples autochtones différents (Kali’na, Arawak-Lokono, Palikur, Karipune, Galibi-Marworno, Tilyo, Apalai, Wayãpi, Wayana et Teko). Le but était de prendre en compte la durabilité socio-environnementale dans les activités de chaque peuple autochtone concerné. Les participants ont ainsi pu échangé sur les thèmes de l'impact de l’orpaillage sur les populations, la gestion et l'évolution des terres et de l’agriculture, la gestion de la chasse, de la pêche et de la cueillette et la gestion durable des matières premières. Cette rencontre va déboucher sur l’organisation d’un réseau d’échange d’informations via internet entre les différents partenaires. Une résolution devrait être prise concernant une opposition ferme à l’orpaillage, elle sera communiquée aux différents responsables locaux et nationaux des trois pays. La troisième édition de cette rencontre est prévue au Surinam, fin 2010. Françoise GRENAND Photo F.Grenand SANTE
Sans frontières
Bientôt un pont reliera les deux rives de l’Oyapock au niveau de Saint-Georges - côté français - et d’Oïapoque - côté brésilien. En attendant, les échanges entre ces deux villes frontalières restent largement informels. Dans le but d’améliorer la coopération dans le domaine de la prévention du VIH/Sida, l’association DPAC Fronteira a vu le jour en juin 2009 grâce notamment au travail de José Gomes, médiateur en santé publique au sein de l’association Daac Guyane. Le 28 novembre, dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, cette association brésilienne est venue à Saint-Georges pour une journée de rencontre avec ses homologues français. Le 29 novembre, plusieurs associations guyanaises de lutte contre le VIH/Sida traversaient à leur tour le fleuve. Après une marche dans les rues d’Oiapoque, la matinée se déroula autour des stands d’information installés près du débarcadère principal. La soirée fut plus festive mais toujours pédagogique. «C’est une première étape pour accentuer les échanges» souligne Nicolas Cauvin d’Entr’Aides Guyane ; nous allons essayer de développer des actions de prévention pendant le carnaval, un événement qui lui non plus ne connaît pas de frontières. Photo N. Cauvin Une saison en
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SENTIER
Le Parc Naturel de Peperpot
Le 27 novembre 2009, le WWF Guianas et la Fondation du Parc Naturel de Peperpot ont officiellement ouvert les sentiers de découverte sur l’ancienne plantation de Peperpot. Le tracé principal reprend un ancien chemin de la plantation utilisé pour le transport du café. Après la faillite de la société propriétaire, il servit de raccourci pour se rendre dans les autres parties du District du Commewijne. Les visiteurs peuvent bénificier de panneaux d’information sur la flore et la faune et d’un livret présentant les 30 espèces locales d’oiseaux. Le WWF Guianas développe par ailleurs des tracés secondaires sont sponsorisés. Le Ministre de la Forêt, de la Gestion des Territoires et de la Planification Physique, ROGB, M. M Jong Tjien Fa représentait le président de la République du Suriname lors de l'inauguration. Le gouvernement envisage la possibilité de déclarer 350 hectares de forêt adjacente, "Forêt Spéciale Protégée" sous la loi de Gestion Forestière. Le
WWF Guianas projette de financer, grâce au WWF Pays-Bas, la construction d’un centre d’éducation à l’entrée de ce Parc Naturel. Minu Parahoe Photo WWF Guianas
◄Araçari grigri Pteroglossus aracari
pOINT DE VuE
Les chroniques de Sur le papier, la protection de la nature au Suriname fait bonne figure. Dans la pratique, aussi bien du côté des institutions publiques que des fondations, cela reste à l'état de projet. L'un des problèmes est notamment le manque de garde-forestier, et la corruption qui existe dans cette branche professionnelle. Pour compenser leurs salaires trop bas, certains garde-forestiers n'hésitent ainsi pas à chasser et revendre des œufs de tortue. Un ibis-rouge ou un kwata dans une cage ? Il n'y a qu'à demander. Le primatologue Marc Van Roosmalen, qui a commencé sa carrière voilà quarante ans dans le parc National du centre, vient d'être remercié. Craignait-on qu'il ne publie la situation désastreuse du parc, à savoir la pollution liée à l'influence touristique, les parties de chasse organisées et la présence de plusieurs mines d'or polluant la nature à grande échelle par l'utilisation de mercure ? En fin de compte rien n'avance. La bonne nouvelle, c'est que l'une des mines d'or vient d'opter pour la méthode de séparation des minéraux par centrifugeuse, moins nocive pour l'environnement. Va-t-on dans la bonne direction ? Il reste encore des centaines de mines d'or, le chemin risque d'être long. Les prochaines élections du parlement auront lieu en mai 2010, mais un parti environnementaliste aurait peu de soutien, ici le vote est surtout communautaire. Aujourd'hui, le gouvernement Surinamais commence seulement à parler des millions d'hectares de forêt primaire. Un changement de cap est possible, les pays industrialisés sont prêt à apporter leur aide. La Norvège a déjà promis 250 millions de dollars US au Guyana. Ce pourrait être aussi le cas pour le Suriname. L'argent pourrait alors être utilisé pour augmenter les contrôles sur les contrevenants à la législation environnementale et aider à lutter contre la corruption. Toute aide sera la bienvenue, mais ce qui est sûr, c'est que tout dépendra de la jeune génération du Suriname et de sa conscience de la protection de l'environnement Surinamais. Jaap Hoogendam, pour Parbode, magazine Surinamais d'opinion. Cf www.parbode.com photos Parbode : en haut Marc van Rossmalen, à gauche le Voltzberg Une saison en
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Sur Le Layon
les sentiers dU littorAl Loyola, un sentierpourla mémoire Texte de Denis Lamaison
"l
e monde est notre maison", aurait déclaré Jérôme Nadal, l'un des premiers compagnons du fondateur de la Compagnie de Jésus, Ignace de Loyola (1491-1556). Fidèles à ce principe, les missionnaires jésuites ont accompagné l’expansion coloniale européenne. Dès la première moitié du XVIe siècle, ils sont présents en Inde, au Congo et en Chine. En mars 1549, la première mission jésuite du Nouveau Monde arrive à Bahia. En 1665, la Compagnie des Indes occidentales leur permet de s'établir en Guyane « pour travailler à la conversion des sauvages ignorant les mystères de la foi ».
▼Loyola au XVIII siècle.
e
© Patrice Pellerin
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Xviie - Xviiie siècles - histoire
« Je partis du bourg de Cayenne pour aller à Loyola, c'est le nom du lieu où est notre
habitation. (…) C'est en ce quartier de Rémire où sont les plus grandes et les plus belles sucreries, et par conséquent le plus grand nombre de Nègres. » Père J. de la Mousse, Cayenne, 1687. En 1668, la Compagnie de Jésus se porte acquéreur d'une habitation près du bourg de Rémire, à quelques lieues de Cayenne. Dans une colonie alors naissante, en proie aux attaques des Anglais et des Hollandais, les débuts de l'habitation baptisée Loyola sont modestes. Les jésuites ont cependant pour eux des capitaux et la foi comme motivation : de leur réussite économique dépend en effet la survie des Missions en pays indien. En quelques décennies, les jésuites vont faire de Loyola le plus grand établissement de "l'isle de Cayenne". Vers 1740, sur quelques mille hectares, l'habitation produit plus de sucre, de café et de
cacao que dans tout le reste de la colonie. Loyola est l'habitation modèle, celle qu'il faut visiter lors d'une escale en Guyane. L'explorateur scientifique Charles de La Condamine y séjourne notamment en mars 1744. Depuis l'hôtel qu'ils ont fait bâtir à Cayenne – l'actuelle préfecture – les jésuites contrôlent l'immense territoire des Missions d'évangélisation (sur l'Oyapock, le Kourou et le Sinnamary). Un millier d'esclaves vivent sur leurs cinq habitations, soit le cinquième de la population servile de la colonie. La Compagnie de Jésus ne condamne pas le système esclavagiste, au contraire, elle en profite pleinement. Comme le soulignait l'historien Vincent Huyghues-Belrose, les jésuites sont au milieu du XVIIIe siècle les seuls véritables "grands propriétaires" de Guyane (Pagara 1996, p.164). La Compagnie des Indes occidentales leur a de plus conféré l'autorité religieuse de la colonie. A la fois économique et spirituel, leur pouvoir est source de tension avec l'administration et les autres colons. La Guyane apparaît alors comme un microcosme de l'Europe du siècle des Lumières. Au cours du XVIIIe siècle, l'hégémonie de la Compagnie de Jésus fait peur et leur soutien
inconditionnel au pape irrite les monarchies européennes. L'ordre est également en proie aux querelles idéologiques avec les jansénistes* et les encyclopédistes* des Lumières. Le scandale financier qui secoue la Compagnie de Jésus en Martinique sert de prétexte à sa dissolution, prononcée par Louis XV en 1763.
▲Le site
aujourd'hui depuis le sentier.
Lors de la liquidation de leurs biens en Guyane, Loyola est vendue 300 286 livres, une véritable fortune pour l'époque ; 417 personnes sont alors esclaves sur l'habitation. Les missionnaires jésuites ne reviendront en Guyane qu'un siècle plus tard, pour aider au "relèvement moral" des bagnards. XXe siècle - Archéologie
Les nouveaux propriétaires de Loyola décident en 1774 de déplacer la maison de maître, entrainant le démantèlement progressif des bâtiments. Au XIXe siècle, les ruines de l'habitation sont utilisées comme carrière. Le site est ensuite oublié jusqu'à sa redécouverte en 1988 par Patrick Huard. Passionné par la société guyanaise sous l'Ancien Régime, l'historien Yannick Le Roux réalise immédiatement le potentiel de Loyola pour
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Voyage au
Suriname
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c'
A la recherche de
Kassi-Kassima, l’esprit oublié des Tumuc-Humac
est en parcourant une brochure publicitaire écornée, que j’ai découvert l’existence du mont Kassi-Kassima. C’était une vision fantasmagorique de roches titanesques émergeant de la forêt, et qui semblaient défendre une mystérieuse contrée. Il s’agissait certes d’un inselberg, à l’image de ceux qui parsèment le sud de la Guyane; mais celui-là semblait posséder une aura bien particulière. Du reste, peu d'habitants du Suriname peuvent s'enorgueillir de l'avoir aperçu ailleurs que sur la gravure du billet de 50 Dollars surinamiens. Cela me parut une raison suffisante pour traverser cette proche frontière et prendre la route de Paramaribo. Le Suriname pourrait être une sorte de grand frère pour la Guyane, un aîné avec une histoire et un parcours différents, un peu plus chaotique. Situé entre le Guyana (ancienne colonie anglaise) et la Guyane française, le Suriname a concrétisé, en douceur, le 25 novembre 1975, ses négociations d’indépendance avec le gouvernement des Pays-Bas. Malheureusement, il s’en suivit une émigration massive des intellectuels vers les Pays-Bas, laissant le pays en proie à d’incessants affrontements entre des factions politiques avides de pouvoir, pour déboucher en 1980, sur un régime militaire. Le pays s’était alors refermé sur luimême et les échos d’insécurité ont longtemps persisté. Mais depuis plus de 15 ans, le régime politique s’est stabilisé et la démocratie a repris ses droits. Désormais, Paramaribo, surnommé Par’bo par les habitués, attire de plus en plus de visiteurs. Selon les statistiques de la Fondation du Tourisme du Suriname, 30 000 guyanais ont fait valider leurs visas en 2008 pour se rendre à Paramaribo. En terme de part de marché touristique, les guyanais arrivent en deuxième position après les Néerlandais. On peut imaginer, au regard des files d'attente observées à chaque veille de vacances devant le consulat du Suriname à Cayenne, que ce chiffre s’est accru en 2009. Une saison en
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voyAges
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▲Casinos
on en compte près de 20 dans la ville de Paramaribo.
Les raisons qui poussent nos concitoyens guyanais à franchir le Maroni sont diverses. Le shopping semble l'emporter mais le dépaysement, la découverte de nouvelles cultures, d'un rythme de vie différent et d’une architecture originale, constituent autant de motivations pour une visite du Suriname. On ressent de l’étonnement et de l’admiration, en découvrant comment cette société a su élaborer un tissu social et culturel fort à partir des origines si cosmopolites de ses membres. Paramaribo, patrimoine mondial de l’UNESCO
►Diversité ethnique
exceptionnelle du Suriname : Hindoustanis, Créoles, Javanais, Bushinenge, Amérindiens.. s'y cotoient. Une saison en
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Le Suriname, c’est d’abord une ville étonnante : Paramaribo. Son charme désuet n’est pas sans rappeler le sud des Etats Unis, en particulier la Louisiane. Il faut s’attarder dans son centre historique maillé de centaines de maisons de bois. En 2002, la ville a été inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Malgré les deux immenses incendies, qui ont pourtant réduit en cendre au XIXe tour à tour l’une et l’autre moitié de la ville, elle est toujours aussi fascinante. Et les briques rouges des fondations, importées autrefois des navires marchands en guise de ballast, ont été épargnées. A l’époque, le commerce maritime allait bon train, et la ville fut reconstruite à l’identique en un temps record.
Lors d'une balade au centre ville, il est bon de flâner sur les terrasses du Waterkant, ombragées d’amandiers centenaires, pour siroter une bière Parbo ou une Saoto soupe. C’est un lieu de détente populaire pour les habitants de la ville. Autrefois situées au bord de l’eau, les maisons du Waterkant étaient la propriété de négociants, et c’est ici qu’étaient chargés le coton, le sucre, l’indigo, le cacao, le roucou, le café, pour y être exportés vers l’Europe. Maintenant, une succession de petits restaurants proposent des spécialités telles que le moksie alesie, le bami, le loempia, les fameuses saotosoep et pindasoep. Cette rue a été soigneusement préservée et est devenue emblématique de la ville historique. La plupart de ces majestueuses demeures abritent désormais des bureaux d’entreprises internationales, des consulats, des écoles d’art ainsi que le siège de la Banque Nationale. Face à elles, au milieu du fleuve, rouille une vieille épave. Il s’agit d’un navire allemand, sabordé par son capitaine pendant la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, de gigantesques cargos croisent sa carcasse pour prendre leur chargement dans les mines de bauxite situées bien en amont. En suivant la rivière en aval, on trouve une forteresse érigée pour résister aux attaques répétées des Amérindiens, puis successivement à celles des Anglais, des Hollandais et des
suriname à la recherche de Kassi-Kassima Français. Mais elle fut aussi le témoin des funestes exécutions des quinze principaux opposants au régime militaire en décembre 1982. Cette affaire n’a d'ailleurs toujours pas été élucidée ni jugée. Aujourd’hui, les murs du fort Zeelandia renferment une remarquable collection archéologique. Diversité culturelle
En ce 9 août 2009, les festivités sont dédiées aux peuples autochtones du pays, c'est à dire les Kali’na, les Lokono, les Wayanas, les Trio’, les Apalaï, les Akuligo, les Warao, les Tukayana. Depuis huit années, le Suriname organise une grande fête sur le Palmentuin, l'équivalent de la place des Palmistes à Cayenne. Danses et chants traditionnels, artisanat ; le rassemblement est très suivi par les surinamiens. Le gouvernement a même décrété récemment un jour férié afin de permettre à la population de profiter de la fête. Une des premières choses qui s’imposent ici à Paramaribo, c’est le mélange des genres. Il pourrait être difficile de savoir dans quelle partie du monde on se situe. L’Asie, l’Orient, l’Afrique sont bien représentés, mais nous sommes pourtant en Amérique ! Un joyeux embouteillage de bus bruyants et bigarrés n’est pas sans rappeler une capitale indienne, alors qu’à quelques encablures, les étals du marché se parent de couleurs africaines, tandis que les façades des maisons nous transportent dans un pays nordique… Les flux successifs des migrations sont à l'origine de cette diversité. Dès 1873, pour remplacer la main d’œuvre gratuite qui avait quitté les plantations après l’abolition de l’esclavage (1863), les propriétaires organisent l’immigration d’hindous en provenance des Indes anglaises. Le mahatma Gandhi fit cesser cette politique d’immigration en 1916. Les Hollandais se tournèrent alors vers les Indes hollandaises, l'actuelle Indonésie, pour poursuivre la colonisation du Suriname. Les édifices sont là pour rappeler que toutes les religions cohabitent à Paramaribo. Ici, une cathédrale de style néoroman, l’un des plus grands monuments de culte en bois d’Amérique du sud, vient d’être rénovée entièrement. Là, un temple hindou étale ses graphismes colorés, dont l’inattendue Svastika. Plus loin, la grande synagogue fait bon voisinage avec une mosquée, couleur pistache, qui projette ses minarets vers le ciel. Cependant, vous n’entendrez pas l’invitation à la prière du muezzin : la prédication se fait discrète au Suriname. Le quartier historique de Paramaribo abrite de nombreuses guesthouses, et c'est dans l’une d’entre elles que je poserai mon sac. Aménagée dans une maison de bois traditionnelle, elle me paraît en effet particulièrement indiquée pour un francophone perdu dans la capitale. L'enseigne "Un pied à terre" est tenue par un couple néerlando-français, Fabienne et Yayo. C'est Yayo luimême qui a restauré la grande bâtisse en bois de trois étages, qui domine le quartier. Ce néerlandais baroudeur et chevelu a fait ses armes dans la charpente maritime au milieu des années 80. Il faisait partie de l'équipage de la Goélette, cet imposant voilier
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Republique du SURINAME Pour la petite histoire, les Pays-bas vont définitivement acquérir le Suriname en 1667, en cédant aux Anglais, en contrepartie, une de leur colonie appelé New Amsterdam… ce territoire délaissé devint par la suite l’actuel Etat de… New York ! Situé entre le Guyana (ancienne colonie anglaise) et la Guyane française, le Suriname a concrétisé, en douceur, le 25 novembre 1975, ses négociations d’indépendance avec le gouvernement des Paysbas. Principaux indicateurs : Langue officielle : néerlandais Capitale : Paramaribo Superficie : 164 000 km2 soit le double de la Guyane Population : 493 000 habitants Densité : 3,56 hab/km² Religon Hindouisme : 27% - Protestant : 25% Catholique : 23% Musulman : 20% Devise : Dollars surinamiens (1 EUR = 3,92 SRD)
▼Le 9 août
marque la fête des peuples autochtones du Suriname. Ici une danse Kali'na à Fort Zeelandia en aout 2009, pour l'ouverture de l'exposition Nana Kali'Na
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ancré sur les berges du Maroni, qu’ il a également reconverti en un superbe restaurant. Passionné par le travail du bois et la restauration des bâtisses traditionnelles du siècle dernier, il s’attaque désormais à un nouvel ouvrage, qui pourra peut-être bientôt recevoir les voyageurs. Fabienne est, quant à elle, originaire de Guadeloupe, et s'occupe du gîte, qui est également le foyer familial, car leurs deux enfants vivent aussi dans ces lieux. C’est une base arrière idéale pour organiser mon voyage vers le mont Kassi-Kassima. C’est bien là mon objectif, et l’atmosphère festive de la ville, ainsi que mon chaleureux pied-à-terre ne doivent pas m’en détourner. Vers Palumeu
METS ( Movement for Ecotourism in Suriname ) est la seule agence à organiser des expéditions vers la montagne reculée. Il s’agit d’un organisme gouvernemental, mais fonctionnant comme une agence touristique. Il est dirigé par Erik Kuiper, un néerlandais passionné par son travail, et à l’enthousiasme contagieux. Il me promet de me trouver une place dans le prochain vol pour Palumeu, et même de mettre à ma disposition un guide. Palumeu, village amérindien situé dans le sud du Suriname, au bord de la Tapanahony, constitue le passage obligé vers la montagne. En pirogue, il faudrait plusieurs jours juste pour atteindre ce village. Heureusement, le réseau de transport aérien est développé au Suriname, et plusieurs compagnies aériennes desservent ces zones lointaines et enclavées. Quelques temps plus tard, à partir de l’aéroport "Zorg en Hoop" situé dans la ville, un "twinotter", bimoteur robuste
sUrinAme à la recherche de Kassi-Kassima de la compagnie surinamienne Blue Wing, nous attend sur le tarmac. Quelques minutes plus tard, nous survolons un lac, d’un bleu turquoise inattendu : la compagnie Paranam traite ici la bauxite pour produire l’aluminium, la ressource principale du Suriname. Puis c'est le gigantesque lac hydroélectrique de Brokopondo, construit en amont de la rivière Suriname et qui s’étend sur une surface de 1600 km2. En surplomb du lac, le Parc Naturel du Brownsberg semble constellé d’une multitude de tâches de latérite, qui ne sont autres que des exploitations aurifères, pour certaines illégales. La trajectoire de l’avion se met à suivre les sinuosités du fleuve Suriname, au détour duquel on discerne la structure circulaire des villages Saramaka. Enfin, dans les derniers moments du vol, au loin, une forme lointaine se découpe de manière abrupte dans l’horizon : c’est lui, c’est le mont Kassi-Kassima. Le village de Palumeu est construit à la croisée de deux rivières, la Tapanahony, et son affluent, la Palumeu. Il est habité conjointement par des indiens Wayana et des indiens Trio. Un "ecoresort", c'est-à-dire un ensemble touristique de bungalows et de carbets amérindiens, a été
construit par METS, un peu en aval du fleuve, à quelques centaines de mètres du village. C’est là que nous logerons avant l'expédition. Le confort est surprenant et une organisation sans faille régit l’endroit. Je fais connaissance avec les guides, ainsi qu’avec le groupe de hollandais qui part aussi à l’assaut de notre montagne. Bob Telles est le responsable du site, c’est un surinamien de 60 ans, créole, ancien officier de police, d’une énergie et d’un humour extraordinaires. Il me présente Julius et David, deux guides amérindiens travaillant pour le "Jungle Lodge Palumeu". Julius parle une quantité incroyable de langues : français, anglais, hollandais, allemand, sranantongo, brésilien, un vrai polyglotte. David sera mon guide attitré
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B I G I P A N ENTRE EXPLOITATION ÉCONOMIQUE
& PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
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s
ituée à la frontière avec le guyana, l’aire protégée de Bigi Pan est connue pour la valeur socio-économique qu’elle revêt pour ses habitants. Bigi Pan comprend 130 000 ha, avec une proportion égale de zones marines et terrestres. elle est classée aire protégée de catégorie Vi selon les critères de l’uiCn (union internationale de conservation de la nature). en 1987, il a été déclaré que les activités économiques peuvent se poursuivre à Bigi Pan, à moins que des risques majeurs et irréversibles pour l’environnement ne soient constatés. Pour le moment, les pêcheurs travaillant dans les lagunes, les rivières ou sur les côtes marines profitent de cet écosystème saumâtre*. La richesse en espèces d’oiseaux, 127 dont 50 migratrices d’amérique du nord, a entraîné la désignation de la zone comme réserve de l’hémisphère ouest pour les oiseaux migrateurs. mais depuis quelques années Bigi Pan est en danger...
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gestion
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Vol d'ibis rouge sur le lac de Bigi Pan.
biodiversité
a Bigi Pan, les interactions entre les facteurs biotiques* et abiotiques* sont facilement observables. après la pluie, les dépressions ou les lagunes se remplissent d’eau. L’endroit devient alors accessible aux bateaux de surveillance, aux pêcheurs, aux chasseurs et aux ornithologues. L’hydrologie est influencée par le marécage d’eau douce de la Coronie, la rivière nickerie, la mer, le vent et les précipitations. Dans les secteurs où l’eau est uniquement présente dans les dépressions lors des marées hautes, les écosystèmes sont moins productifs et aucune activité de pêche ou de loisir n’est alors permise. La faune et la flore aquatiques sont dépendantes de la qualité de l’eau, qui influe aussi sur le nombre d’oiseaux et donc sur le nombre de touristes en visite sur les lieux. Les grandes étendues de vase sont les sites d’alimentation favoris des oiseaux, ce qui immanquablement attire beaucoup d’ornithologues. Les endroits les plus propices à l'observation de l'avifaune* sont
Buse urubu Buteogallus urubitinga. Talève violacée Porphyrio martinica. Frégate superbe juvénile Fregata magnificens. Tamandua Tamandua tetradactyla. Une saison en Guyane 04
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▼immenses étendues de poaçées (graminées).
▼Les images satellite
Landsat Tm7 permettent d'identifier les lacs et les zones périodiquement inondées (en sombre) dans l'aire protégée (en rouge).
les côtes lors des marées basses, et l’intérieur des terres aux endroits où le niveau des eaux a baissé. La végétation de Bigi Pan est principalement constituée par des mangroves, des marécages d’herbes et de fougères, des lagunes et des terres périodiquement inondées. Les forêts de mangrove constituent un excellent abri pour la jeune et fragile faune aquatique. Les mangroves en fin de cycle, du fait de la salinité du milieu, des longues périodes d’inondation ou de suffocation deviennent l’habitat de différentes espèces d’oiseaux et de chauve-souris.
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Sur les terres hautes, tels les barrages ou les crêtes, les arbres fruitiers attirent de petits mammifères, des cervidés et des félins. Les iguanes, et quelquefois les tortue marine, y pondent leurs œufs. gestion
Le chef du Service forestier est le gestionnaire compétent des aires protégées, selon la loi de la Conservation de la nature de 1954, mais il délègue son mandat à la Division de la conservation de la nature (nCD). a Bigi
sUrinAme Bigi Pan
▼Habitat privé, sur le lac de Bigi Pan.
Pan, ce mandat a été confié à un gestionnaire, quelques gardes-chasses, et différents utilisateurs, afin d’aménager le site, tout en veillant à la protection des écosystèmes. Les déficits en infrastructures ainsi que le manque de ressources financières limitent une gestion optimale du site. en outre, l’autorité du district a été élargie dans le cadre d’un processus de décentralisation. Le fait que des mandats soient confiés à différentes autorités accroît les difficultés pour développer le site. La nCD a ainsi besoin de mettre en place des partenariats afin de déléguer le travail de terrain et se concentrer sur les lois, règlements et le développement de revenus monétaires. Le Département des pêches a aussi une responsabilité limitée au regard de la loi sur les pêches. La nCD et le Département des pêches sont censés collaborer et travailler de concert, mais ils ont une vision différente des pratiques de gestion. PÊcheUrs
Bien que la région soit une source de nourriture et d’emplois pour ses habitants, la pêche intensive, le braconnage (principalement des oiseaux, des caïmans et des iguanes), ainsi que diverses atteintes aux écosystèmes des zones humides sont fréquents. L’habitude a été prise de se concentrer sur les bénéfices économiques et de laisser à l’etat le soin de la maintenance et des investissements. récemment, ce dernier a lancé un projet visant à empêcher l’eau de se déverser des lagunes et des marécages dans la mer – et ce, en raison d’une fuite dans le barrage causée par les pêcheurs. a cela, il faut ajouter que les pluies irrégulières et insuffisantes créé des périodes de sécheresse importantes, qui voient le départ de certains oiseaux et une mortalité importantes de poissons.
▲gestionnaire de site nCD nettoyant du poisson frais pour le repas.. ▲Les crevettes de Bigi Pan sont séchées au soleil.
Les pêcheurs, qui autrefois travaillaient en groupe, opèrent désormais individuellement. Chacun achète ainsi bateau, moteur et autres matériel, ce qui rend leur coût plus élevé. Les territoires de pêche deviennent chasse gardée.
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JAvA
Sur LeS riVageS De L’aTLanTiQue
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au Suriname
a
quelques dizaines de minutes du centre de Paramaribo bat l’un des cœurs de la culture javanaise. elle a suivi les premiers migrants javanais, débarqués pour la première fois il y a 120 ans cette année. aujourd’hui, plus de 70 000 de leurs descendants parcourent le long chemin de la mémoire qui les relie à l’île de leurs ancêtres, au gré de leurs rythmes et de leurs fêtes. en 1954, certains ont entrepris un difficile retour à la terre de leurs origines. Du Suriname à Java, en écoutant leurs témoignages parfois douloureux, nous avons retracé les pas et les espoirs d’une communauté dont l’histoire est souvent méconnue de ce côté-ci du maroni. Une saison en
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cUltUres
120 ans de présence javanaise
sUrinAme 120 ans depuis Java
M
◄Le lac Maninjau
(page précédente) non loin de Tongar (Sumatra).
▼gunugan à Sana budaya réalisé par Soeki
irodikromo (à gauche).
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me Kim Sontosoemarto, directrice du centre culturel Sana Budaya, plisse les yeux. Son visage se fait grave, elle se concentre pour répondre à ma question. Comment se fait-il que la culture javanaise subsiste à plus de 20 000 kilomètres de l’île qui lui a donné naissance ? Non loin, dans la chaleur de ce mois d’août 2009 à Paramaribo, la fête indonésienne bat son plein. Aux alentours du centre culturel, un marché de petites baraques de bois, tenues par des javanais, rassemble le temps du dimanche des maraîchers, des poissonniers et même un vendeur de disques, fan de soul music. Il ne m’aura fallu que quelques kilomètres à partir du centre ville pour me retrouver ainsi au cœur de l’une des seules communautés de ce type hors de Java. Symboliquement, le lieu est dominé par une gigantesque statue de gunungan haute de 9 mètres, représentant les forces primordiales de la vie dans le théâtre d’ombre javanais (wayang). C’est à son pied que se déroule le climax des festivités, lorsque les anciens s’installent pour jouer du gamelan, un ensemble musical instrumental traditionnel rythmant la danse et les transes du Jaran Kepang (cf. encart). Rien ne semblait pourtant destiner cette culture
pluriséculaire à s’implanter aussi loin de chez elle. Mme Kim a rouvert les yeux. Non, dit-t-elle, les choses n’ont pas été simples pour en arriver là. Pour m’expliquer la présence des siens sur les rivages de l’Atlantique, il lui faut remonter aux conditions ayant poussé des javanais à s’expatrier, voici maintenant 120 ans… l'Arrivée des JAvAnAis AU sUrinAme
En 1863, l’abolition de l’esclavage par les Pays-Bas pris totalement de court les colons du Suriname. Leurs plantations reposaient sur cette main-d’œuvre soumise aux traitements les plus durs et non rétribuée. Imitant les expériences anglaises et françaises dans la région, ils se résolurent bientôt à recruter des ouvriers agricoles dans les Indes anglaises. Ce système montra vite ses limites. "Servis" après anglais et français, les bataves se plaignaient de ne pas récupérer les sujets les plus robustes. C’est du moins sur ce compte qu’ils mettaient les pertes d’effectifs terrifiantes entre l’embarquement en Inde et le débarquement au Suriname. Plus sûrement, les manques d’hygiène et de soins à bord des navires ainsi que dans les
Jaran Kepang, la danse du cheval
L'une des traditions javanaises les plus populaires au Suriname est la danse très spectaculaire du jaran kepang (cheval tressé) du nom de l’accessoire utilisé, une figurine de fibres végétales tressées qu’enfourchent les danseurs. unique en amérique, cette danse se déroule en août à Sana Budaya (Centre culturel javanais de Paramaribo). Le spectacle est accompagné par un gamelan, ensemble instrumental traditionnel composé essentiellement d’instruments de percussions métalliques : cymbales, métallophones ou gongs notamment. Les r ythmes bien identifiées donnent aux danseurs l'inspiration indispensable comme celle du barongan (le dragon) ou du tembem et pentul (masque gardien). Durant la transe de jaran kepang, une dizaine de danseurs, habillés et maquillés de manière traditionnelle entrent en transe, hypnotisés (mabuk). un chef spirituel veille sur eux, il est chargé de contenir les forces surnaturelles (endang) provoquant la transe. Le spectacle comprend trois par ties: la chorégraphie codifiée d’une danse "kembangan" précède une première phase de transe durant laquelle les danseurs se compor tent comme des chevaux. Dans la phase suivante (laisan), les danseurs se compor tent comme d'autres animaux (singe, tigre, …). ils adoptent leurs attitudes et vont jusqu'à manger de l’herbe, du verre, des charbons ardents, ou ouvrir une noix de coco avec les dents. La danse du jaran kepang est effectuée lors d'événements impor tants comme la circoncision (sunatan), le mariage, la première grossesse, la fête de Bersih (fête annuelle du village) ou le nouvel an javanais (premier jour du mois de Sura), mais désormais aussi pour les anniversaires ou d’autres rites de passage marquant l’histoire de la communauté ou d’un individu.
◄►▲ Jaran Kepang à Paramaribo en août 2009.
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Amphibiens
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Partie fine chez les grenouilles
Texte et Photos de Thierry Montford
â—„Rassemblement de
Dendropsophus minutus sur une mare forestière. Le chant de ces minuscules rainettes constitue le bruit de fond de la rencontre explosive. assourdissant !
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▲Mare forestière en saison des pluies ◄Leptodactylus stenodema ◄Ceratophrys cornuta mâle, avec son sac
vocal gonflé
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Dendropsophus minutus mâle arborant sa couleur de parade Une saison en
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lA rUmeUr
Montagne de Kaw, début de la saison des pluies. Il pleut sans arrêt. Un ciel uniformément gris déverse des masses d’eau sur la forêt, imbibant jusqu’au cœur la masse végétale. Les branches des arbres s’alourdissent, parfois jusqu’à la rupture, et le moment tant attendu arrive enfin : les mares forestières jusqu’alors asséchées commencent à renaître. L’excitation est à son comble chez les grenouilles, mais pas uniquement... Leurs prédateurs se préparent aussi, et les nuits, calmes jusqu’alors, redeviennent le théâtre d’une activité foisonnante. Ces sites qui ne se remplissent d’eau que périodiquement offrent d’autre part l’avantage de ne pas contenir de poissons, ce qui fait déjà un prédateur de moins ! Le rassemblement, appelé aussi "explosive breeding" - traduisible par rencontre explosive, ou encore "partouze de grenouilles", de loin le terme le plus employé – sera d’une durée très courte, une nuit et un "bout" de soirée, ou de matinée, ce qui permettra également de prendre les prédateurs de vitesse, mais tous ne se laisseront pas berner… retroUvAilles brUyAntes
Le phénomène se repère d’abord au bruit. Les milliers de mâles qui chantent font régner
un vacarme inouï, dont l’intensité est même périlleuse pour l’oreille humaine, et Dieu sait si des humains il y en a, naturalistes amateurs ou herpétologistes* confirmés qui se délectent en grand nombre de ce spectacle exceptionnel (parfois trop pour le bien être des grenouilles), les uns pour le plaisir d’observer, les autres pour collecter des données. Les mâles utilisent un sac vocal généralement situé sous leur gorge pour leurs concertos. Les femelles, quand à elles, en sont dépourvues. On entend notamment, avant de les voir, les milliers de Dendropsophus minutus mâles, minuscules rainettes jaune citron qui tapissent littéralement les branches basses, le bord de la mare, et la mare elle-même. Ces petits hylidés* constituent le remarquable "socle" sonore de la rencontre. Trachycephalus coriaceus, au sac vocal impressionnant, fait également partie des espèces massivement présentes. Les côtoyant, le délicat Allophryne ruthveni, ou l’imposant Ceratophrys cornuta (improprement nommé crapaud cornu, car il s’agit d’une grenouille), prennent part à la cacophonie générale. Quelques grenouilles leptodactyles (Leptodactylus knudseni) sont là aussi, contemplées par les Phyllomeduses de Cope (Phyllomedusa tomopterna), qui se situent davantage sur les branches des arbres et ne descendent guère dans l’eau.
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dossier ECODĂŠVELOppEMENT
arCHiTeCTure BioCLimaTiQue
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hAbitAt
◄◄Habitat traditionnel créole à Cayenne ◄Habitat traditionnel wayana à Twenké ▼Habitat traditionnel aluku à Papaïchton
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n mai 2010, la nouvelle réglementation thermique pour les DOM entrera en application. Toutes les nouvelles constructions de logements auront pour obligation de respecter certains critères architecturaux et techniques, favorisant l’émergence de logements plus confortables et plus économes en énergie. Ces critères sont issus d’un mode de construction dit "bioclimatique". De tout temps, l’homme a utilisé les matériaux dont il disposait à proximité pour s’abriter. La forêt a longtemps fourni la matière nécessaire aux constructions, que ce soit pour l’architecture amérindienne, créole ou noir-marron. De cette base commune, chaque culture a conçu un habitat et l’a adapté suivant sa localisation et son mode de vie. Une autre caractéristique commune aux différents types d’habitats traditionnels est la mise en œuvre de dispositifs permettant d’avoir un logement frais et ventilé. En effet, on peut voir sur les vieilles bâtisses créoles, par exemple, des débords de toiture périphériques à chaque étage, des impostes* audessus des portes et des fenêtres, des jalousies*, des persiennes, et même des toitures ouvertes en partie haute. Il en va de même pour le bâti traditionnel des populations amérindiennes dont l'apparente simplicité offre un vrai confort d’utilisation. Or l’énergie bon marché et une confiance illimitée dans les technologies ont récemment pris le pas sur le savoir-faire des anciens, amenant à penser que l'on pouvait s’affranchir des contraintes climatiques. Ces modes de constructions importés et les apports de matériaux pas toujours adaptés ont créé de nouveaux besoins. Ainsi, les systèmes de climatisation individuels ont eu tendance à se généraliser sur le littoral, là ou paradoxalement
& avenir
▼Institut Universitaire de Formation des Maîtres à Cayenne
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Maison en bord de mer En bord de mer, cette maison a un intérieur conçu pour retrouver l’ambiance des bateaux en bois. Les propriétaires, passionnés par l’environnement, ont appliqué la démarche bioclimatique à toutes les étapes de la construction. Une multitude de bois sont utilisés : Angélique, Gonfolo, Ebène verte, Amarante... Les murs du bureau et d’une partie du salon sont aussi composés d’un matériau local : la brique de terre crue. La maison est également équipée d’un chauffe-eau solaire et d’un système de récupération d’eau de pluie. Surface brute : 280 m² - surface nette : 140 m² Architecte Amarante Architecture
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bioclimAtiqUe Tradition et avenir le régime de vents est le plus prononcé. Rappelons que ces systèmes de refroidissement électriques sont très énergivores. Le développement de cet usage dans le secteur résidentiel entraîne une forte augmentation de la demande d’électricité, notamment au moment des périodes de pointe de consommation. Cela n’est pas sans conséquence sur les coûts de fonctionnement, et les émissions de gaz à effet de serre, liées aux moyens de production thermique utilisant le diesel ou le fioul lourd, pour répondre à cette demande supplémentaire, et aujourd’hui, si l’on considère le coût global, c'est-à-dire l’ensemble des coûts générés par un bâtiment au cours de sa vie, (coût de construction (étude, chantier,…), de fonctionnement (énergie, eau, déchets, entretien, maintenance…) et de démolition (chantier, recyclage,…), on se rend bien compte qu’il est finalement bien plus élevé pour ce mode de construction que pour un logement bien pensé. L’architecture bioclimatique tire le meilleur parti du climat et du comportement des occupants afin de réduire au maximum les besoins énergétiques. L’enjeu essentiel est de maintenir le suite p.59
▲Habitat traditionnel aluku
Maison forestière en bois Parfaitement intégrée dans son milieu, les propriétaires ont souhaité utiliser le bois pour son côté naturel et retrouver l’ambiance des carbets en forêt. L’implantation et l’ouverture vers l’extérieur en font une maison particulièrement fraîche tout au long de l’année. La partie haute de la toiture a une forte pente afin d’accélérer l’écoulement de l’eau et d’éviter les infiltrations. L’eau de pluie est stockée dans une cuve de 1500 litres et utilisée pour un usage non alimentaire. Surface brute : 247 m² surface nette : 170 m²
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groupe scolaire de la Rhumerie Situé sur la commune de Matoury, le groupe scolaire de “La Rhumerie“ est composé de 13 classes et reçoit 350 élèves environ. Implanté sur un grand terrain au cœur d’un lotissement pavillonnaire, cet établissement met en œuvre les principes de l’architecture bioclimatique. Les classes et les autres espaces sont protégés du soleil par de larges débords de toitures, des brisesoleil en bois et une isolation sous toiture. Toutes les pièces sont orientées en fonction des vents dominants et sont traversantes, ce qui permet une bonne ventilation naturelle. Les équipements électriques ont été choisis suivant leur efficacité énergétique (luminaires basse consommation). L’eau chaude est produite à partir de trois chauffe-eau solaires. Des panneaux photovoltaïques, implantés en toitures, permettent de produire plus de courant que ce qui est nécessaire au fonctionnement de ce bâtiment. En ce sens, cet équipement allie confort des usagers, maîtrise de l’énergie et énergie renouvelable, ce qui en fait l’un des premiers bâtiments à énergie positive de Guyane.
◄Coupe transversale Architectes : Fabien Bermès, Paul Tritsch, Cécile Loe-Mie, BET structure IET Maîtrise d’ouvrage : Commune de Matoury - Surface (SHON) : 2.000,00 m2 Coût des travaux : 2.500.000,00 €
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LA RÉGION GUYANE, A L’ÈRE DU BIOCLIMATIQUE Le réchauffement climatique est maintenant admis par tous. Après Kyoto en 97, c’est à Copenhague que les dirigeants du monde entier ont définit un projet politique mondial, non plus pour inverser le phénomène mais pour en atténuer les effets et décider des mesures d’adaptation de notre société. Même s’il est difficile de prévoir à l’échelle locale l’ampleur du phénomène, la Guyane est concernée. Aussi, la prise en compte des modifications climatiques lors de la définition des stratégies en matière de transport, d’agriculture ou du bâtiment , est une nécessité. Sur ce dernier point, la Région s’est d’ores et déjà engagée dans un programme d’amélioration de son patrimoine bâti. Basé sur la conception architecturale "bioclimatique", ce programme reprend les préoccupations environnementales à intégrer dans le fonctionnement courant des bâtiments. Cette technique ne présente rien de révolutionnaire mais repose plutôt sur le "bon sens", méthode déjà utilisée par nos anciens. L’objectif de l’architecture bioclimatique est d’atteindre le meilleur équilibre entre les conditions climatiques l’habitat et les occupants. Pour y parvenir, le maître d’ouvrage s’appuie sur le concept de la Haute qualité environnementale (ensemble de 14 critères relatifs à l’éco-gestion, l’éco -construction, au confort et à la santé) Ainsi, implantés à Rémire- Montjoly, Kourou, Mana et Saint-Laurent du Maroni, les 4 nouveaux lycées ont donc été pensés dans cette optique. Par exemple, les lycées de Rémire-Montjoly et Mana, récemment inaugurés, ont bénéficié de solutions architecturales simples. On peut citer les façades orientées Est et Ouest (sens des vents dominants) pour une ventilation naturelle optimisée des locaux, la mise en place de débords de toitures importants pour leur protection ou l’installation de panneaux solaires photovoltaïques pour la compensation des consommations énergétiques. Dans cette même dynamique, et afin d’améliorer l’existant, un diagnostic énergétique est en cours sur 4 "anciens" lycées et la cité administrative. Les conclusions devraient fournir à la collectivité, les actions à mettre en œuvre sur ces édifices. En tout état de cause, ces actions n’ont pas pour objet de restreindre les occupants dans leurs usages, mais de repenser les modes de fonctionnement dans une perspective d’économies d’énergie, d’eau, etc. tout en améliorant le confort et la qualité des espaces. La sensibilisation de tous est donc primordiale. Elle permettrait une meilleure prise en compte de cette architecture alternative pour assurer le perfectionnement du parc actuel et la garantie de qualité des constructions futures.
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ÉNERGIE RENOUVELABLE
Quel avenir pour la
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AU commencement ne serA PlUs le Pétrole
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ans notre lutte contre le changement climatique, le vœu pieu de ne plus émettre de CO2 a nourri le développement et la recherche d’énergies renouvelables. En filigrane l’enjeu prédominant est pourtant bien de la raréfaction du pétrole. En effet, chaque puits de pétrole voit, sur la première moitié de sa vie, sa production croître, puis la réserve s’épuisant, elle passe par un pic et décroît. De nombreuses petites réserves, qui participaient à la production mondiale s’épuisent et ferment depuis une dizaine d’années. Et les productions nouvelles, moins nombreuses, peinent à répondre à la croissance de la demande. Ainsi depuis 1980, nous consommons plus de pétrole que nous en découvrons, pompant dans le stock découvert par la génération précédente. Que restera t-il à la suivante sachant que la nature met 100 millions d'années à fabriquer du pétrole ? Alors que le demande continue de croître, l’offre mondiale d’hydrocarbure va commencer à diminuer. Quand ce pic sera-til atteint ? Entre 2010 à 2020 selon les géologues (www.peakoil. net). Si nous ne faisons rien pour réduire notre consommation, c’est la loi de l’offre et de la demande qui s’appliquera, entraînant des hausses vertigineuses des prix du pétrole, et par là d’autres matières premières et denrées. La crise de 2008 n’en était étaitelle pas les prémisses ? Les premiers à en souffrir seront les plus pauvres et les pays en développement. La production de gaz à effet de serre est intimement liée à la combustion d’énergie fossile (pétrole, gaz, charbon), et donc à notre mode de vie, et met en péril le devenir de notre planète. La prise de conscience internationale de la gravité des enjeux conduit à l’adoption en 1997 du Protocole de Kyoto. Des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont fixés par la plupart des pays industrialisés à l’horizon 2008/2012 par rapport au niveau d’émissions de 1990. Ainsi la France s’est dotée d’un Plan climat qui prévoit de diviser par quatre les émissions nationales de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. La Guyane n’échappe pas aux conséquences du réchauffement climatique. On y observe les mêmes tendances qu’à l’échelle mondiale, comme l’indique la hausse de température de 1,2°C enregistrée depuis 1950 sur la station de Rochambeau. Le changement climatique induirait un certain nombre de bouleversements. Une élévation du niveau des mers de 10 à 90 cm qui entraînera le recul du cordon côtier et la migration de la mangrove ainsi qu’une recrudescence des inondations. Les effets plus sévères du phénomène El Niño conduiraient à de plus longues sécheresses, mais aussi parfois à des pluies plus violentes. La forêt amazonienne pourrait laisser place à la savane, induisant une perte de biodiversité avec un important relargage de CO2 (feux de forêt). Les experts mondiaux sont unanimes : si nous réduisons notre consommation d’énergie fossile le réchauffement pourrait être contenu et les changements climatiques réduits. Et chose étonnante, cela permettra aussi Une saison en
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AlternAtive
dossier ECODéVELOppEMENT
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F L E u V E M ANA
Le concept de microcentrale "au fil de l’eau" repose sur l’utilisation du débit circulant dans un fleuve sans en perturber l' hydrologie. En effet, ce type d’ouvrage repose dans le lit du fleuve et "turbine" uniquement l’eau qui arrive par l’amont et qui est immédiatement restituée en aval. N’ayant pas de réservoir de stockage
d’eau comme dans le cas d’un barrage, ces unités situées sur des fleuves d’importance ont pourtant de bonnes capacités de production. La microcentrale de Mana utilise ce principe au niveau du Saut Maman Valentin, sur le fleuve Mana. D’une capacité de 4,5 MW (mégawatts), sa production livrera de l’énergie sur le réseau guyanais tout au long de l’année. Afin de ne pas entraver les usages du fleuve, une "passe à pirogue" composée de plusieurs bassins facilitera les montées et descentes du fleuve en toute saison et de manière sécurisée. De même, la continuité de l’écosystème est maintenue pour les poissons qui circuleront librement, de part et d’autre de l’ouvrage, en empruntant une "passe à poissons" aménagée le long de la passe à pirogue. Le principe du processus de production consiste à transformer l’énergie de la chute d’eau naturelle en énergie mécanique. Ainsi, l’eau qui descend de l’amont vers l’aval est amenée via un étroit "canal d’entonnement". A l’intérieur de la centrale, l’eau est canalisée dans une "chambre d’eau" et entraine une turbine, entrainant à son tour un générateur. L’énergie produite sera livrée sur le réseau interconnecté littoral de la Guyane. Sa construction est en cours et sa mise en service sera réalisée fin 2010. Elle permettra d’éviter le rejet de 23 000 tCO2/an dans l’atmosphère. de conserver un pétrole à prix abordable et donc de sauver nos économies ! C’est pourquoi, dans les DOM, le projet de loi du "Grenelle de l’Environnement" adopté par l’assemblée nationale le 21 Octobre 2008, fixe de « parvenir à l’autonomie énergétique, en atteignant dès 2020, un objectif de 50 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale pour la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion puis de développer des programmes exemplaires, spécifiques à chacune d’elle, visant à terme l’autonomie énergétique, à l’horizon 2030 ». lA gUyAne Un cAs PArticUlier de système énergétiqUe
La Guyane est un territoire original au regard des autres régions de l’outre-mer, par son vaste territoire continental, mais aussi par la nette séparation énergétique entre le littoral et l’intérieur. D’une part, ©TERRES DE GUYANE
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le réseau du littoral qui s’apparente aux systèmes insulaires des autres DOM, si ce n’est la présence du barrage de Petit-Saut qui produit 50 à 70% de l’énergie électrique consommée en Guyane en fonction de la pluviométrie annuelle, le reste étant produit par des centrales thermiques au fioul. D’autre part, l’intérieur, avec ses communes isolées alimentées par de gros groupes électrogènes et où 35% de la population, qui vit dans des villages éloignés, n’est pas desservie en électricité. Ainsi le système électrique guyanais se caractérise par ses disparités, sa fragilité et l’importance du recours à l’énergie thermique. En Guyane l’électricité coûte le double de son prix de vente et est soutenue par un fond de solidarité nationale. L’intérieur, quand il est alimenté, souffre encore de nombreuses coupures. En 2000, moins de 20% de l’énergie consommée en Guyane provenait des
Surface des modules photovoltaïques : 800 m²
Du SOLAIRE p O u R L E V I L L A g E D E K AW
©TERRES DE GUYANE
énergies renouvelables (Petit-Saut) et plus de 80% des importations de pétrole, dont 53% à destination du transport et 22% pour l’électricité, en grande partie pour la climatisation des bâtiments. La consommation d’électricité croît au rythme de l’augmentation de la population (3 à 4%/an), mais celle du carburant automobile croît bien plus rapidement. les énergies en gUyAne
renoUvelAbles
Issues de la force du soleil, du vent, des rivières, des mers, de la végétation et de la chaleur du sous-sol, les énergies renouvelables peuvent produire de la chaleur, de l’électricité ou des carburants. Ressources inépuisables et non génératrices
de gaz à effet de serre, car renouvelées au rythme de leur usage, elles sont une solution dans la lutte pour la préservation de l’homme et de la nature. La Guyane détient un fort potentiel pour certaines de ces énergies. lA biomAsse est l’ensemble de la matière
organique d’origine vivante, végétale (comme le bois) ou animale. Riche de ses forêts, la Guyane se distingue des autres DOM par l‘ampleur des ses gisements de biomasse. Le principal potentiel provient des déchets du défrichement de terres agricoles et d’exploitation forestière de bois. Une première usine de biomasse de 1,7MW fonctionne sur Kourou et plusieurs autres projets sont en cours. A l’horizon 2020, il serait ainsi possible de produire plus de 20MW dans des centrales à biomasse, présentant les avantages d’une production constante et d’une puissance garantie. l’énergie hydrAUliqUe est exploitée soit en construisant des barrages,
KAW
Première installation photovoltaïque centralisée en France avec 35kWc, la centrale de Kaw était à la date de son implantation, en 1983, un exemple novateur et précurseur en matière de production d’énergie renouvelable. Elle fut également pour les ingénieurs du Commissariat l’Energie Solaire (COMES), un lieu d’expérimentation idéal pour tester à grande échelle la possibilité de fournir un village isolé de 25 foyers. Le pari a été réussi et après plusieurs réhabilitations, 20 ans de production, la centrale a connu une mise en sommeil de 2003 à 2009 remplacée par des groupes électrogènes. De nouveau opérationnelle depuis juin 2009, cette ultime réhabilitation portée par la commune de Régina-Kaw et le PRME, s’est voulue exemplaire en respectant les principes bioclimatiques et aura nécessité 9 mois de travaux. Elle offre aujourd’hui un service continu et garanti. Le système hybride associant un champ photovoltaïque à deux groupes électrogènes permet de nombreux avantages. Elle assure le confort des habitants en diminuant les nuisances sonores du groupe, elle garantie l’autonomie énergétique du site et divise par trois la consommation de gasoil du groupe électrogène.
soit en mettant directement à profit l’écoulement des rivières dans des centrales hydroélectriques dites au fil de l’eau. Pour atteindre une hauteur de 35m, la Guyane étant très plate, le barrage de Petit-Saut a noyé une surface de plus de 320 km2. Ouvrage structurant pour la Guyane, sa grande retenue d’eau présente l’avantage unique de stocker plusieurs mois de production d’électricité. Hélas, elle émet aussi de grandes quantités de méthane, puissant gaz à effet de serre, qui annulent son bilan carbone. Les centrales au fil de l’eau, sans lac comme la centrale de SautMaripa qui alimente Saint-Georges, ne présentent pas ce problème. D’autres sites ont été identifiés sur la Mana, la Compté et l’Approuague permettant d’atteindre une production de 7 à 15MW d’ici quelques années. le
solAire
PhotovoltAÏqUe,
des modules transforment directement la lumière du soleil en électricité. Depuis 30 ans cette source est utilisée pour alimenter des maisons et villages isolés. Un millier de
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Territoires indigènes
arallèlement à une persistante exploitation de ses ressources, on a vu naître ces dernières années plusieurs initiatives en faveur d’un développement socialement et écologiquement responsable en Amazonie. Même si, compte tenu des énormes enjeux économiques qui pèsent sur la région, les bilans de ces projets ne sont pas toujours conformes aux attentes, ils peuvent néanmoins s’imposer comme des pistes à suivre dans cette "jungle", victime de sa luxuriance.
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D’une superficie de plus de 7 millions de km2, le bassin de l’Amazonie constitue l’une des plus vastes réserves naturelles de la Planète. Outre une biodiversité remarquable, il recèle des richesses de matières premières (bois précieux, eau, or, pétrole, gaz…) qui attisent bien des convoitises, à l’instar du potentiel agricole de ses quelques 6 millions de km2 initialement recouverts de forêts tropicales. En quelques dizaines d’années, le "poumon de la Terre", s’est ainsi retrouvé dépouillé de plus d’un cinquième de sa couverture végétale. Les terres déboisées servent essentiellement aux grands élevages et à la culture intensive de produits agricoles économiquement rentables comme le soja et la canne à sucre.
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◄AMAZONIE 2009 – ESpACES pROTégéS ET TERRITOIRES
INDIgÈNES
Kraolâ ndia
auteur et éditeur : réseau amazonien d’information Socio-environnementale géographique (raiSg) La carte "amazonie 2009" est la première production du réseau amazonien d’information Socio-environnementale géographique (raiSg) qui regroupe différentes institutions de recherche, gouvernementales ou de la société civile du Brésil, du Pérou, de la Bolivie, d’equateur, du Venezuela, de la Colombie et de la guyane française. Cette publication a pour principal objectif de dépasser la vision fragmentée du territoire amazonien et de mettre en avant les initiatives et les processus intégrés, nationaux et internationaux, qui contribuent à la consolidation des espaces protégés et des territoires indigènes de l’amazonie. Ces mesures sont l’expression de solutions pour la conservation et un développement durable de cet écosystème. raiSg a choisi pour l’élaboration de cette carte de retenir les limites administratives des parties amazoniennes de chaque pays, ce qui représente une superficie de 7,8 millions de km². Pour la Bolivie, le Pérou et le Vénézuela, cela coïncide avec les limites bio-géographiques. Pour l’equateur et la Colombie cela correspond aux municipalités ou provinces comprises dans cette limite. Le Brésil dispose d’une définition administrative dénommée "l’amazonie légale". Les données qui ont servi au calcul des superficies sont reprises dans des tableaux au verso de la carte. (La carte présente aussi les limites du bassin amazonien et de la région bio-géographique). La carte est accessible depuis le site internet du réseau raiSg : http://www.raisg.socioambiental.org/node/106 Contact en guyane : Direction régionale de l’environnement diren@guyane.ecologie.gouv.fr www.guyane.ecologie.gouv.fr Kar aj á S a nta na do Ar agua ia
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Une saison en
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Avenir
VERS UN NOUVEAU MODE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE ?
▲A l'embouchure de
l'Amazone, des enfants pagaient au milieu des palmiers açaí dont le fruit s'exporte jusqu'en Europe (Marajó, Brésil)
►Maison sous la
protection sacrée du fromager, dont la fibre cotonneuse des fruits a de nombreuses applications (Rio Negro, Brésil).
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U ne
biodiversité plus que jamais menacée
Aux chantiers officiels vient s’ajouter une déforestation clandestine, parfois du fait de migrants qui, luttant pour leur survie, ne se soucient guère d’user de pratiques agricoles préjudiciables aux sols. Des milliers d’espèces de plantes et d’animaux ont ainsi disparu des forêts ; certaines avant même d’avoir été répertoriées. Les écosystèmes amazoniens et les populations qui en vivent ont également à souffrir de nuisances et pollutions liées aux extractions minières, pétrolifères et aux aménagements à visée économique (routes, ponts, barrages hydroélectriques, etc.). Quel autre modèle de développement pour une Amazonie durable ? La question a été posée lors du Forum social, fin janvier 2009 à Belém (état brésilien du Parà), par de nombreuses délégations indigènes d’Amazonie. Ils ne se sont pas contentés de dénoncer les problèmes auxquels on les confronte. A travers cette question, ils expriment leur volonté de s’impliquer dans l’avenir socio-économique et écologique de leurs territoires. Plusieurs expériences de développement respectueux des hommes et de leur environnement illustrent d’ailleurs déjà concrètement cette volonté.
L’Acre
et l’Amapá
: un
modèle d’agenda
21 ?
Les deux états brésiliens ont mis en place des programmes d’exploitation "raisonnée" de la biodiversité. Ils se sont appuyés sur les principes de l’Agenda 21* pour préserver espaces naturels et cultures indigènes. Soutenus par le gouvernement, ils ont bénéficié de l’aide financière de bailleurs de fonds internationaux. De belles perspectives pour la patrie de Chico Mendès. Régie selon des principes participatifs, la capitale de l’Acre, Rio Branco, se montre très active en matière de développement durable. Elle s’inspire fortement de la notion de "forêt debout", l’exploitation rationnelle des ressources naturelles permettant d’assurer l’équilibre économique de la région et d’inciter les populations à rester. Les coopératives y récoltent le latex, l’hévéa, l’acaï (baies anti-oxydantes issues de l’acaïzeiro) et la noix du Brésil qu’on commercialise dans des filières "équitables". En 2008, la Banque mondiale a accordé un prêt de 120 millions de dollars pour soutenir le "Projet d’intégration économique et sociale et de développement durable de l’Acre" (PROACRE) visant à renforcer les services de santé, d’éducation et d’activités économiques profitables aux populations locales. Ces perspectives prometteuses ne doivent pourtant pas faire perdre de vue les différentes
►DES
INDICAT E u R S D E R I C H E S S E A u S E R V I C E D E L ' A M A Z O N I E ?
La question de la construction de nouveaux indicateurs est d'une actualité brûlante. D'abord parce que les chercheurs et militants ont accompli un travail remarquable depuis 15 ans. Ensuite parce que les les opinions publiques ont pris conscience du caractère non soutenable (socialement et écologiquement) des modèles de développement à l'œuvre jusqu'ici. Il serait erroné de croire qu'élaborer de nouveaux indicateurs constitue, en soi, une solution. Un indicateur n'est qu'un outil qui permet de mesurer si des objectifs sont atteints et d'évaluer les impacts (prévisibles) de décisions politiques au regard de ces objectifs. Il permet de hiérarchiser les priorités, de fixer des limites. A la fois thermomètres et boussoles, les indicateurs de richesses ne sont donc pas des outils politiquement neutres : une fois définis, ils ont, au moins moralement, un caractère contraignant. Comment autoriser la poursuite de la déforestation de l'Amazonie si la biodiversité est un indicateur clef ? En même temps quelle importance relative faut-il accorder à la lutte pour la préservation de cette biodiversité et à la lutte contre la pauvreté ? Comment mesurer l'utilité sociale des aides apportées aux pays en développement selon qu'il s'agit d'aides directes versées – indistinctement - aux Etats les plus pauvres, de transferts technologiques, d'aides indirectes ? La richesse d'une société se définitelle à travers l'accès à des besoins fondamentaux (accès au soin, à l'éducation, à la mobilité...) ou à sa capacité à préserver un milieu naturel permettant aux populations autochtones de continuer à vivre sur leurs terres ? Si ces questions revêtent un caractère largement universel, certaines questions se posent avec plus d'acuité que d'autres en Amazonie. Nous pouvons citer la préservation des ressources naturelles, la lutte contre la biopiraterie ou les droits des populations autochtones. Elles ne sont pas les seules. Puisque choisir un indicateur de richesse revient à choisir les objectifs que nous voulons atteindre et, dans une certaine mesure, à les hiérarchiser, ce choix doit résulter d'un débat démocratique et éclairé. Reste à savoir comment construire un tel débat pour une région du monde qui, peut-être plus que d'autres, renferme un patrimoine national et mondial inestimable. Quelles doivent être les parties prenantes de ce débat (Etats, ONG, citoyens...) ? Selon quelles modalités, pour que chacun soit entendu ? Et à quelle échéance ? Car le temps presse. Seule la réponse à ces questions permettra de construire un "alterdéveloppement", socialement et écologiquement soutenable. David Flacher menaces qui continuent de planer sur la région. Riche en pétrole et en gaz, la vallée du Jurua demeure très convoitée. D’autre part, les cultures intensives de canne à sucre pour le bioéthanol* menacent de se développer malgré le projet de loi de septembre 2009 proscrivant de telles plantations en Amazonie.
a mapá : Un
dUrable plUs épHémère .
En 1994, Capiberibe, alors gouverneur de l’Amapá, a lancé un plan de "conservation et valorisation de la biodiversité". Pour s’opposer aux velléités d’exploitation du bois, de l’or, à l’élevage extensif et pour assurer une activité rentable et "durable" aux populations, il s’est notamment appuyé sur une reconnaissance juridique des zones à préserver. Un inventaire des
ressources exploitables fut initié et on instaura des aides pour la collecte, la transformation et le développement de débouchés de commercialisation des produits (miel, acaï, noix du Brésil…). Parallèlement furent mis en place un programme d’enseignement basé sur les liens entre nature et société (Escola Bosque), de formation de guides et développement d’infrastructures d’accueil pour l’écotourisme ainsi qu’une police de proximité destinée à lutter contre la violence et les pollutions. Le changement de gouvernement de l’état en 2002 brisa l’élan communautaire. Les primes d’éloignement des professeurs de l’Escola Bosque furent annulées et la police de proximité ne fut plus encadrée. Dès 2008, des associations n’hésitaient pas à parler du "projet avorté" de l’Amapá.
▼Les pêcheurs de l'amazone s'organisent en coopératives pour tenter de lutter contre la pêche industrielle attirée par la manne halieutique du plus gros fleuve du monde.
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Portfolio MACRO de Gwenaël Quenette Fascinantes Araignées
Orbitèle épineuse rouge
▲ - Micrathena clypeata Les orbitèles épineuses constituent un genre diversifié et très fréquent en Guyane. Elles fréquentent les milieux forestiers et sont facilement reconnaissables à leur abdomen plus ou moins épineux. Cette espèce n'est ni la plus courante ni la plus typique du genre avec son abdomen très aplati à l'allure de masque. Taille approximative 1,5 cm. Une saison en
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L
es araignées ne sont pas des insectes mais des arachnides : elles sont dotées non pas de 6 mais de 8 pattes, sont dépourvues d'antennes mais aussi d'ailes. "Encore heureux" diront certains d'entre vous car j'allais le dire : ce sont parmi les animaux à la plus mauvaise réputation. Pourtant, en vérité, il est peu de choses à leur reprocher qui puisse justifier les phobies qu'elles génèrent parfois. Oui, ce sont des animaux venimeux mortels... pour les insectes et autres petites proies qu'ils consomment Les accidents graves chez les humains sont très rares à l'échelle mondiale, tandis qu'en Guyane ils sont rarissimes pour ne pas dire inexistants. Les paisibles arbres dans leur chute sont dévastateurs et plus dangereux que ces petites bêtes ! Ne devrions-nous pas plutôt craindre, cette fois-ci avec raison et bénéfices, les objets et comportements infiniments plus dangereux que nous cotoyons quotidiennement dans la plus grande indifférence ? Les araignées nous sont pourtant, en fin de compte, plutôt utiles. Localement très abondantes et grandes consommatrices d'insectes, elles régulent fortement leur population et aident à limiter la prolifération des indésirables et des ravageurs. Et puis ces "bébêtes" sont fascinantes à bien des égards... Pour commencer, elles produisent toutes sans exception, par leurs filières, de la soie dotée de propriétés mécaniques (résistance, élasticité) à faire mourir de jalousie n'importe quel ingénieur. à titre d'exemple, il a été calculé qu'un (immense) câble en soie d'araignée de 1 cm de diamètre (soit moins épais que votre petit doigt) pourrait s'il existait stopper sans casser un Boeing 747 en plein vol. Cette soie, produite sous forme de fils très fins, peut être utilisée par l'araignée à tous les moments de sa vie, que se soit pour s'assurer contre
les chutes lors de ses déplacements, tapisser un abri, fabriquer des pièges, emmailloter ses proies, participer à la reproduction, et même voyager dans les airs ! Les scientifiques commencent tout juste à percer les secrets de cette soie, et l'on est encore loin du rêve de savoir synthétiser ce supermatériau à l'échelle industrielle. Mais les araignées ont plus d'un tour dans leur filière et gardent encore parfaitement intacts d'autres secrets. Tenez, comme l'art de contrôler le roulis pendues au bout d'un fil, c'est à dire sans tournoyer comme un vulgaire spéléologue le ferait au bout de sa corde. Autre motif d'émerveillement : la construction de pièges élaborés de très différentes factures selon les espèces, avec comme aboutissement de la perfection géométrique, la toile orbiculaire. Ce modèle de toile, oeuvre des araignées dites épeires ou orbitèles, et archétype de la toile d'araignée connu de tous, n'est plus de nos jours considéré comme le plus évolué par les scientifiques. Néanmoins son élégance dépouillée et sa régularité continueront à fasciner aussi bien pour l'esthétique de la structure que pour les innombrables questionnements qu'il suscite quant à sa réalisation. Bon, assez discuté, j'espère vous avoir un peu convertis. Puissent les images qui suivent achever de le faire. PS : Promettez que dorénavant vous n'accuserez plus systématiquement une araignée de vous avoir piqué pendant votre sommeil. Soyez franc : en voyez-vous beaucoup circuler sur votre lit ?
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épeire bikini,
▼ Eriophora fuliginosa Très fréquente en forêt, c'est aussi l'une des plus grosses épeires (corps 3 cm). Active de nuit, elle se cache le jour à proximité de sa grande toile aux larges mailles. Vue de dessus elle est d'un brun foncé, le plus souvent sans tâches blanches (voir photo en médaillon), tandis qu'un regard indiscret sur sa face ventrale permettra d'observer sa belle pilosité orange-doré ainsi que le grand triangle sombre (son bikini) qu'elle porte toujours.
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Orbitèle d'argent -
▲ Leucauge argyra Hôte très fréquent des jardins guyanais, sa toile n'est jamais verticale mais plutôt horizontale, et dotée d'un petit "entonnoir" où elle se poste. Discrète, elle mérite que l'on aille admirer de près son joli maquillage : sur fond argenté courent des lignes et des tâches noires, jaunes, vertes et rouges. (corps 1 cm)
Saltique
▼ Cette araignée, probablement du genre Lyssomanes, est arboricole. Cette femelle surveille ses oeufs sur la feuille où elle les a pondus. Ses gros yeux frontaux sont de couleur noire, ce qui indique qu'elle regarde dans notre direction. Ils seraient verts autrement. (corps 7 mm)
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Centre spatial Guyanais, entre esPAce & nAtUre Une saison en
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biodiversité
l’esPAce nAtUrel dU gUyAne en miniAtUre
csg,
Une
L
e domaine du Centre Spatial Guyanais (CSG) s’étend depuis l’ouest de Kourou, jusqu’à l’est de Sinnamary, sur une surface de 70.000 ha environ. Au-delà de l’activité spatiale, c’est un espace naturel exceptionnel par la grande variété de paysages qu’il concentre. Les différents milieux, qui se succèdent depuis l’océan jusqu’à la forêt tropicale sempervirente*, offrent une image quasi exhaustive des écosystèmes de la Guyane :: les îlots rocheux marins, la mangrove, la forêt sur cordon littoral sableux, les savanes sèches, les marais d’eau douce, les bosquets de savanes, la forêt inondable à palmiers bâches ou à pinots, la forêt du massif intérieur sur sols ferralitiques*, les cours d’eau et la forêt ripicole, et les savanes roches. La variété originelle des biotopes liée la protection implicite dont jouit le site ont permis le maintien d’une remarquable biodiversité. Plusieurs zones écologiques sensibles (pripris et savanes notamment) sont d’ailleurs répertoriés à l’inventaire des ZNIEFF*. On dénombre notamment 48 espèces de mammifères, comme le Jaguar (Panthera onca) et le Grand Fourmilier (Myrmecophaga tridactyla) qui sont même observées régulièrement dans la zone de loisir (golf ). En matière d’’herpétofaune, les prospections ont permis d’observer 5 espèces de lézards, 10 espèces de serpents, 2 espèces de caïmans, 3 espèces de tortues et 21 espèces d’amphibiens. Quant aux oiseaux, ils sont très bien représentés également, qu’il s’agisse des oiseaux d’eau, des limicoles ou des ibis.
le csg, Un site indUstriel, sUivi et mesUré
Le SPPPI (secrétariat pour la prévention des pollutions industrielles) a été créé en juillet 1997 par arrêté préfectoral suite à l’accident d'Ariane 501 survenu en juin 1996. Il réunit l'ensemble des acteurs locaux (Centre National d'Etudes Spatiales (CNES), services de l'Etat, collectivités locales, industriels, associations pour la protection
Les battures
◄ qui s’égrènent en mer face au Centre Spatiial guyanais forment un habitat unique en guyane, composés d’îlots rocheux bas recouverts d’une rare végétation où niche la mouette atricille (). Plusieurs plantes protégées(Cactus cierge et agave) s’y retrouvent, alors que les petites plages de sables coquilliers accueillent les rares Sternes de Cayenne et royales (). Tournepierres à collier et Bécasseaux maubèches () sont des migrateurs venus de l’arctique canadien. Une saison en
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▲Hydrolea spinosa, (en haut) Hydrophylaceae : roche Lena. espèce typique des marécages. Seule espèce de cette famille en guyane. ▲Philodice hoffmannseggii, (en bas) eriocaulaceae : cette petite plante strictement liée aux plages de sable nu dans les savanes n’a été découverte que très récemment à proximité du Centre Technique du CSg, et n’est toujours connue à ce jour que de cette seule localité en guyane.
▼Grands types d'occupaton du sol sur le site du CSG (Source Office National des Forêts). mangroves Forêts Savanes Zones artificielles
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de l'environnement, médias, experts,...) ayant un intérêt commun pour les questions d'environnement industriel. L’objectif est d'apporter des réponses aux questions des populations sur les risques et les pollutions induits par les activités liées au secteur spatial. Le SPPPI s’appuie aujourd’hui sur deux commissions spécialisées : une commission "environnement, santé et lanceurs" et une commission "risques sols". Au sein de la commission "environnement, santé et lanceurs", sont présentés les résultats des Plans de Mesures Environnement (PME). Ces plans de mesure, conçus par les ingénieurs du CNES et déployés sous leur responsabilité, lors de tous les lancements, ont pour objectif d’évaluer leurs impacts sur l’environnement local. Parmi les différents thèmes étudiés, des mesures sont réalisées sur l’air, l’eau, la végétation ainsi que sur la faune terrestre et aquatique. Les résultats montrent que les impacts sont localisés autour de la zone de lancement dans un rayon d’un kilomètre environ. Lors du décollage d’une fusée ARIANE 5, un nuage chargé des produits issus de la combustion du propergol (gaz chlorhydrique et particules d’alumine) se forme. Comme une grande quantité d’eau est projetée sur la table de lancement, ce nuage de combustion est alourdi et une grande partie des polluants émis retombent à proximité de la zone de lancement. Une fois stabilisé à une altitude comprise entre 1000 et 1500 mètres, le nuage subit ensuite l’influence des différentes couches de vent. Les produits de combustion sont alors dissipés dans l’atmosphère et ne sont plus mesurables à leur arrivée au sol.
La plaine littorale
◄ occupée par le Centre Spatial accueille une belle succession d’habitats naturels imbriqués les uns dans les autres. On distingue ici les anciens cordons sableux formant de longs linéaires forestiers, et les savanes intercalaires plus ou moins inondables. ►la
mangrove
atteint actuellement sur le littoral du CSG sa plus vaste extension de toute la Guyane. Les Ibis rouges (Eudocimus ruber) choisissent toujours une portion assez jeune, proche du front de mer et de l’embouchure d’une crique, pour y installer leur colonie de reproduction. Ce plan de mesures mis en place pour Ariane 5 sera également mis en œuvre pour les nouveaux lanceurs Soyouz et Vega. Faune aquatique : les études Hydreco
Les inventaires ichtyologiques* réalisés dans le CSG montrent une grande biodiversité de la faune aquatique : 73 espèces de poissons ont ainsi été déterminés pour la crique Malmanoury, et 53 pour la crique Karouabo. Cette faune aquatique constitue un indicateur pour le suivi environnemental du CSG. Dans cette optique, le laboratoire Hydreco réalise des études sur les poissons et les invertébrés aquatiques, qui visent à échantillonner les peuplements présents sur les criques. Pour les poissons, la méthode utilisée est celle des filets maillants de surface car elle présente l’avantage d’être standardisée et reproductible. Deux batteries de 10 filets de différentes mailles, de 10 à 70 mm, mais de surface identique (50m²), sont posées le soir, le long des berges, là où les poissons peuvent trouver de la nourriture, des cachettes, et des zones de calme favorisant la reproduction. La relève est effectuée le lendemain matin ainsi que les différentes mesures sur chaque individu capturé (taille, poids, sexe) et prélèvements (estomac, chair) afin de connaître leur régime alimentaire et leur teneur en différents métaux tel que l’aluminium. Les invertébrés aquatiques sont les premiers organismes touchés par une pollution possible de l’environnement aquatique, suite à une activité humaine ou non, et constituent un indice fiable de qualité de l’eau : le SMEG (Score Moyen des Ephémères de Guyane) est donc établi à chaque
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Le
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CARNAVAL 1910 ▲un arrêté du 9 novembre 1909 précise que "Les bals pourront être autorisés en tout temps et sans limitation d'heure dans les banlieues et dans les maisons ou établissements situés à l'est de la ville et ayant accès sur le boulevard Jubelin." (Bo de la guyane). en dehors de ces espaces, les bals publics ne pouvaient avoir lieu dans la ville de Cayenne que jusqu'à 22 h. Une saison en
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, dépêche-toi, tu vas manquer la
bataille de fleurs ! Cyrus n'était pas prêt. Son cousin Agénor pouvait toujours le presser, il était hors de question qu'il descende maintenant. Ils rentraient à peine de la cavalcade, et déjà il fallait repartir. Peut-être qu'il serait plus sage de se reposer un peu. Ce qui lui importait maintenant, c'était d'être en forme pour ce soir, pour le kasécò… Agénor apparut à l'entrée de sa chambre. « Tu vas revoir ton institutrice, s’écria Agénor sur un ton enjoué. – Heu oui, dis-moi plutôt si tu vois mon béret ? » Bien sûr qu’il allait voir Amélina, elle serait sa cavalière pour le grajé* et, qui sait, peut-être même pourraientils remporter le concours de danse. Il avait retrouvé son couvre-chef. « Ce soir, tu vas au Château ou au Casino-Théâtre ? » Agénor se moquait : l'entrée au Château n'était pas du niveau de sa bourse. « Et tu comptes retrouver ta promise en arrivant les mains vides ? »
Cyrus se figea. Comment ? Pour une fois Agénor avait mis dans le mille, il ne pouvait pas rejoindre Amélina comme ça. Ce n’est pas sans une certaine émotion qu'il se souvenait, quand ils avaient cassé la galette à l'épiphanie. Il avait gagné la fève, elle avait été sa reine... et une reine devait être comblée de cadeaux. Cyrus était désemparé. Agénor le regardait le sourire aux lèvres. « Djab* ! Cela devient sérieux. Du calme, mon cher cousin. Regarde cette réclame dans le journal, tu devrais y trouver ton bonheur. Ah oui, excuse-moi... » Agénor était le seul à savoir lire dans la famille. – « Chez H. Chouanard : corsages de soie et satin, tissus pour robes de toutes nuances, chapeaux, gants, jupons, écharpes et mantilles, souliers vernis. » Prends ma bicyclette, elle est en bas devant la porte, je n'en ai pas besoin pour aller à la bataille. Cyrus ne prit pas le temps de la réflexion. Il s'élança en donnant une tape amicale à son cousin. La boutique n'était qu'à un pâté de
cUltUres
«Cyrus
▲L'œil, 10 janvier 1907 ▼◄Cartes postales - collection Musée des Cultures Guyanaises
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