Magazine TRAJECTOIRE - édition 127 de juin 2019

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Tous les ans, ÇA R’COMMENCE… Sortons les maillots, les lunettes, les claquettes – si vous osez – et la crème solaireÀ: l’été tant attendu est (enfin) làÀ! Que la trêve hivernale aura été longue pour nos corps blafards, trop longtemps éloignés des rayons UVÀ! A nous la chaleur, les cocktails à paille en bambou et les amours enivrées… Que j’adore cette saison où il faut trouver des activités tous azimuts pour occuper les gosses que les enseignants ont rendu deux mois à papa et maman pour partir en trek au PérouÀ! Cette saison que l’on passe presque exclusivement enfermé au bureau, pour justement payer ces colonies hors de prix. Cette saison où l’on s’accorde deux semaines pour faire la crêpe sur la plage – ou plutôt le toast oublié dans le toaster –, à faire copain-copain avec notre voisin de serviette qui empiète sur la nôtre – «ÀHa qu’estce qu’on est serré, au fond de cette boîte, chantent les sardines, chantent les sardinesÀ!À» – et où l’on se dit que notre bilan carbone est aussi rouge que nos épaules. Cette saison où, hormis la sardine, l’air exhale la saucisse calcinée et le tofu grillé du végane d’à côté dans une série de barbecues improvisés à tous les coins de rue et de sable. Et, surtout, cette saison où l’on se plaindra qu’il fait finalement trop chaud, parce que, décidément, impossible de prendre cette photo Instagram sans que notre glace ne nous coule le long de la main comme une métaphore du badigeonnage que l’on applique à nos photos à grands coups de filtres. Vivement l’automne, doncÀ? Non, car le pire, c’est qu’on aime tous ces détails qui font de l’été ce qu’il est, et qu’on en redemande, encore et encore, un Spritz à la main. Relaxons-nous et profitons-en, car l’été, c’est surtout le bon prétexte pour se retrouver et pour organiser des repas de famille, dont Orelsan dirait très justement que ce sont des «Àrepas d’famille où tu t’ennuies, où on parle très fort pour dire des choses très banales, déjà on s’parle et c’est pas malÀ» (Notes pour trop tard, 2017). In summer we trustÀ! So, love itÀ!

Par Siphra Moine-Woerlen, directrice de la rédaction | Photo Lolaa 9 08Trajectoire_127_Edito.indd 9

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IMPRESSUM

ÉDITEUR

André Chevalley

DIRECTRICE DE LA RÉDACTION Siphra Moine-Woerlen

ENQUÊTES & REPORTAGES

Grand format, photoreportage Fred Hoerr Sujets de société Manon Voland Portrait Julie Masson

COVER STORY

Texte Manon Voland Photographies François Nars

MODE & BEAUTÉ

Résumé haute couture Diane Ziegler Décryptage beauté Martine Tartour

CULTURE & ART DE VIVRE

Christine Brumm, Delphine Gallay, Stéphane Léchine

SHOOTING MODE Direction artistique & photographie Vincent Alvarez Stylisme Joanna Kalinski

SHOOTING HORLOGERIE Direction artistique & photographie Vincent Alvarez

HORLOGERIE & JOAILLERIE

Patrick Galan, Philippe Perret du Cray

ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO

Textes Jade Boissonnet, Gil Egger, Karin Falk, Bélinda Gervasoni, Marlise Hubert, Marine Pasquier Relecture Adeline Vanoverbeke

COORDINATION GÉNÉRALE Delphine Gallay

PUBLICITÉ

info@trajectoire.ch

RESPONSABLE ARTISTIQUE Carine Bovey

IMPRESSION

Kliemo Printing

WWW.TRAJECTOIRE.CH

Trajectoire, une publication de Promoco SA | Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge – T. +41 (0)22 827 71 01 ©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. Les pages «ÀEventÀ» n’engagent pas la rédaction. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de détérioration des textes ou photos adressés pour appréciation.

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CONTRIBUTEURS

& complices

Fred Hoerr

Electron libre, le photographe américain Fred Hoerr a habité la Cité des Anges pendant de longues années. De cette ville, il connaît par cœur le visage des habitants et les rues sinistrées. Pour ce nouveau Grand Format, il signe la série Riversystem. Sujet sensible que celui des sans-abri. Avec pudeur et respect, Fred Hoerr capture le quotidien sans filtre des oubliés de l’A mérique et dévoile l’envers du décor d’une société qui laisse place à tous les extrêmes.

Stéphane Léchine

François Nars

Dernier coup de génie de l’artiste François NarsÀ: mettre à nu Naomi Campbell pour les besoins de sa campagne Orgasm. Derrière son objectif, il révèle Miss Campbell sans griffes ni artifices, dans son plus simple appareil. «ÀJ’aime choquer, j’essaie de ne jamais ennuyerÀ»À: le créateur du no make up, célèbre pour son univers et pour l’extravagance surnaturelle de ses looks, a joué avec la lumière pour sublimer la peau de l’indomptable ébène.

Le sport auto, c’est son dadaÀ! Il est entré dans sa vie grâce à la magie de la Formule 1 des années 1980. En grand mordu, Stéphane Léchine est fasciné par les histoires de pilotes et par la légende de la course. Sur un circuit, il aime se glisser dans l’intimité des teams pour respirer les effluves des machines et ressentir la tension s’installer peu avant le départ. A nouveau numéro, nouvelle poussée d’adrénalineÀ! Il revient pour nous sur les séries anniversaires des mastodontes Bugatti et Bentley.

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La présente annonce est exclusivement publiée à des fins d'information et ne constitue en aucun cas une offre ou une recommandation en vue de l’achat de produits ou la fourniture de services financiers. Elle ne peut être considérée comme le fondement d’une décision d’investissement, qui doit reposer sur un conseil pertinent et spécifique. Les transactions portant sur les fonds de placement sont soumises à des lois et des dispositions fiscales dans différents ordres juridiques. L’investisseur est personnellement responsable de se renseigner sur ces dernières et de les respecter. Les indications concernant des transactions sur les fonds de placement ne doivent pas être interprétées comme étant un conseil de la BCGE.

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SOMMAIRE

Eté 2019

9ÀL’ÉDITO À

de Siphra Moine-Woerlen

RENDEZ-VOUS 24À

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34À

36À

42À

LE SUJET QUI DIVISE

DesÀfilmsÀunÀpeuÀtropÀréchauffés

L’OBJET CULTE

LeÀcanardÀfaitÀsonÀshow

BOUILLON DE CULTURE

TourÀd’horizonÀdesÀfesti’vauxÀetÀautresÀsorties

YAROL POUPAUD

GrosÀnigaud

BLANCHE GARDIN

DivinementÀtrashÀ

44 À LENNY KRAVITZ

EtÀsonÀpetitÀoiseau

MAGAZINE 50À

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pour la campagne Orgasm de Nars.

KYLIE JENNER

BillionÀdollarÀbaby

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GRAND FORMAT

COVER Naomi Campbell photographiée par François Nars

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Naomi,ÀtopÀrebelleÀetÀbusinessÀmodel

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ART DE VIVRE 28À À

WHAT’S UPÀ?

Adresses estivales

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Si le Léman pouvait parler…

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150À ROUTES DU SUD À

Nos bons plans week-ends

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En terres inconnues

AUTO, MOTO, ÉCOÀ! 132À LÉGENDE URBAINE À

Happy Bugatti Chiron SportÀ!

138À BELLES MÉCANIQUES À À

Continental GT, relooking pour ses 100 ans Une Classe B comme vous en rêviez

HORLOGERIE 78À

QUESTIONS DE TEMPS

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SHOOTING HORLO

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Les horlogers du tac au tac Hublot is the new blue

MODE 98À À

IRINA SHAYK

Interview olfactive

100À SORTEZ LA COULEUR À

La mode est aux bonbonsÀ!

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Mission plage

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Quand on est dérangé en soirée, le week-end ou pendant ses congés, il est difficile de déconnecter du boulot. Le travail devient peu à peu omniprésent. Entre stress, fatigue morale et physique, le blurring s’immisce sournoisement jusque dans la vie privée et a donc de lourdes conséquences sur l’intimité et le foyerÀ: famille négligée, santé qui bat de l’aile, vie sociale mise de côté et repos en pointillé...

Feeling Material XIV, Anthony Gromley, 2004.

Cure de désintox Aujourd’hui, les salariés peuvent prétendre au droit à la déconnexion, grâce à une loi qui fixe des règles pour mieux concilier vie privée et vie professionnelle sans risque psychologique. En clair, l’idée est de bannir l’utilisation des outils numériques et ne pas être forcé de répondre hors de ses heures de travail. Une audacieuse mesure, certes, mais dont l’efficacité reste à prouver. Car si le projet est plutôt louable, il provoque bon nombre de réactions concernant son application. Reste à savoir ce qu’en dira le grand patronÀ!

Ce qui définit l’employé modèleÀ? Performance, disponibilité et franche servitude. Smartphone, ordinateur, tablette & Co.À: quel que soit le support numérique, cet employé a un fil à la patte H24. Une connexion non-stop qui déborde forcément au-delà de la journée de boulot et empiète sur sa vie sociale. Répondre aux SMS de son boss sur son temps libre, consulter ses mails durant les vacances... pour le salarié 2.0, le travail ne s’arrête hélas pas au bureau. Nom de ce nouveau phénomèneÀ: le blurring. Que vous soyez cadre, freelance ou télétravailleur, le blurring frappe à toute heure. Un phénomène contradictoire dans lequel certains trouvent leur compte grâce à une forme de flexibilité et de liberté (particulièrement ceux qui travaillent à distance) où, a contrario, d’autres souffrent d’une perte de repères, un sentiment de micmac entre les contraintes personnelles et professionnelles. Et quand on est dans l’incapacité de lever le pied ou de simplement déconnecter, le blurring peut mener à terme au fameux burn out dont tout le monde parle.

Spirale infernale Véritable mal de notre siècle, le blurring témoigne de la perméabilité entre nos deux «ÀviesÀ»… Un cercle vicieux où l’employé est sans cesse en attente d’un e-mail, d’un SMS ou d’une quelconque notification comme stimulus nécessaire pour se sentir utile, important. En quelque sorte, une corde digitale autour du cou.

Par Marine Pasquier

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Le sujet qui divise

QUAND ON RÉCHAUFFE

les blockbusters Dumbo, Mulan, Les Tuches et Aladin version humaine, trois films pour un Bilbo le Hobbit de 287 pages et trois Avatar prévus d’ici à 2025 : les films s’allongent, se suivent et se ressemblent. Décryptage de la folie des séquelles-reboots

et spin-offs des géants du cinéma. Par Manon Voland

«

– T’as vu le dernier Marvel ? – Lequel, Aquaman ? – Mais non, ça c’est DC Comics. Je te parle d’Avengers : Endgame, le 22e film de la série et l’avant-dernier de la phase III ! – Ah, c’est celui avec les X-Men dedans… ? » Hum, non. Si vous non plus vous n’avez rien compris, c’est normal. Les super-héros pullulent sur nos grands écrans depuis une vingtaine d’années, sauvant les métropoles américaines de l’invasion grandissante de méchants prêts à réduire le monde en grosses miettes, à tel point que ça en devient confus. Et ces demi-dieux bienfaiteurs imprègnent nos salles obscures jusqu’à que nous ne puissions plus les voir, trop gavés de popcorn, de soda et de demoiselles en détresse, les yeux écarquillés et contraints à la méthode trash d’Orange mécanique : séquelle, préquelle, spin-off, reboot et autre remake, voilà ce que nous promettent désormais Hollywood et ses scénaristes shootés au succès commercial. Dure réalité du 7e art, qui au cours de ces dernières années a parfois sérieusement mis à mal ses lettres de noblesse, comme ce fut le cas avec le (très) mauvais et farfelu dernier opus d’Indiana Jones (sa version 2021, avec un Harrison Ford de presque 80 ans, redressera-t-il la barre ? Rien n’est moins sûr). Pourquoi, dès 2021, Disney nous réserve-t-il pen-

dant six ans une alternance d’épisodes de Star Wars et d’Avatar, soit trois opus de la guerre des étoiles et trois de nos copains bleus de la planète Pandora ? ‘Cause that’s where the money is.

A Hollywood, l’argent ne dort jamais

Si c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, c’est aussi avec ses classiques qu’Hollywood (et autres, pensons au cinéma français et à ses suites à rallonges) fait ses meilleures recettes pécuniaires, ses meilleurs remix de franchises à succès. Où sont donc passés les films originaux devenus cultes où les seuls super-héros étaient ceux qui parvenaient à nous émouvoir, comme Forrest et ses crevettes (notons que l’on a sans doute échappé au pire – cinématographiquement parlant – avec une séquelle prévue en 2001, abandonnée suite aux attentats) ? La machine impitoyable qu’est la quête d’attention du public semble avoir avalé tout cru l’imagination et la créativité des réalisateurs. Il faut avouer que si, auparavant, les cinéphiles se rendaient presque autant au cinéma qu’à la messe (surtout les Yankees), ils n’achètent désormais que quatre billets par année, soit aussi peu qu’ils se rendent chez le médecin (et encore plus

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en l’absence d’assurance maladie… #usaforever). Alors, même avec de bonnes augmentations du prix du ticket pour donner un peu le change, l’industrie du cinoche a besoin de garantir ses retours sur investissements bien plus fortement qu’avant. Et miser sur des histoires et des personnages que le public connaît déjà permet de diminuer drastiquement le risque financier. Par ailleurs, si les Américains désertent les salles de cinéma au profit d’autres activités récréatives dans leurs malls aux milliers de mètres carrés et de boutiques, les amateurs du grand écran se réveillent sur d’autres marchés, comme l’A sie (qui représente quand même la moitié de la population mondiale) et l’A mérique latine, grâce à une hausse de leur pouvoir d’achat. Du coup, rebelote, les blockbusters américains font rêver avec leurs vitres de buildings qui volent en éclats et leur moral de gentils vainqueurs. Et surtout, les super-héros n’ont pas besoin de beaucoup parler pour faire passer leur message, un effet spécial déflagration étant le meilleur des langages universels.

Apocalypse bis

Si l’invasion de séquelles, préquelles ou autres formes de dérivés, répond à la nouvelle réalité économique d’Hollywood, il y a certaines suites ou variantes dont on se serait bien passés. En effet, dès qu’un film enflamme le box-office, il est désormais presque toujours plébiscité par les distributeurs, pour un deuxième volet… dont le public n’avait pas forcément envie. On pense à de bonnes comédies bien grasses à la Very Bad Trip II, pour lequel on a simplement mis les acteurs dans un blender, direction Bangkok, et c’est parti pour la copie conforme de l’original, version spicy asiatique. Idem pour la série American Pie, dont le premier volet, à la rigueur, passait, mais qui a tout de même totalisé huit films, dont quatre spin-offs.

de Simba dans Le Roi Lion à Mulan et son dragon de compagnie Mushu, et si les personnages de Jumanji ont récemment réinvesti nos écrans, happés dans une console plutôt que dans un bon vieux jeu de société. Pourquoi ? Parce que le public est nostalgique, et qu’il est désormais tentant d’attirer les enfants des spectateurs d’alors, en leur faisant consommer dans le même temps des tonnes de maïs éclaté et de figurines à collectionner.

Retour vers le passé

Mais, soyons honnêtes, de ce côté ou de l’autre de l’Atlantique, certains remix valent vraiment la peine, à l’instar du duo Marty McFly et Dr. Brown dans Retour vers le futur ou des Corleone des films Le Parrain. Parfois, l’élève dépasse même le maître, avec le reboot de Batman par Christopher Nolan, qui a redonné foi aux fans de la première heure en faisant table rase du passé, et surtout des films de Joel Schumacher, pour offrir une nouvelle jeunesse à la chauve-souris de Gotham City. C’est vrai, tout n’est pas à jeter dans le monde des franchises, en particulier si le réalisateur apporte une touche de fraîcheur (et pas seulement du beurre dans ses épinards) en signant un bon film qui rend honneur à son inspirant prédécesseur. La nouvelle technologie permet également de redorer le blason de films qui commencent à perdre leur grandeur, avec notamment des effets spéciaux plus convaincants que ceux de leurs ancêtres, comme pour Tron : L’Héritage, qui dépoussiéra la version de 1982.

Ces suites « opportunistes » sont également bien connues dans le cinéma de l’Hexagone, où Les Bronzés 3 : Amis pour la vie rappelle à quel point l’appât du gain fait des ravages, surtout après la magistralité du deuxième volet, entré dans les annales. Cette tradition française des enfilades d’épisodes ne date pas d’hier – Les Gendarmes de De Funès en sont le meilleur exemple –, la familiarité des personnages et des univers rassurant le public (y compris les frites des Tuches III, qui ont vraiment trop traîné dans leur bain d’huile à fric). Cette familiarité qui permet aussi l’étalage de centaines de produits dérivés dans les grandes surfaces, se multipliant à chaque sortie de films, et qui rapportent désormais quasiment autant que les entrées de cinéma. Ce n’est sans doute pas un hasard si Disney humanise tous ses héros,

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Malheureusement, ces remakes, ces reboots, ces spins-offs, ces séquelles, ces préquelles (même Game of Thrones en aura un, c’est dire à quel point le fait d’élimer les bons filons jusqu’à la dernière corde semble être devenu la règle) et autres films pour lesquels Hollywood a inventé tout un nouveau dictionnaire au lieu d’imaginer de nouvelles histoires, ne sont trop souvent que de pâles copies de leurs aïeuls, visant plutôt à graisser les tiroirscaisses du show-business. Et le pire, c’est qu’on en redemande. Alors, qui blâmer ? Les studios qui produisent des films réchauffés pour assurer leurs arrières, ou les spectateurs qui se ruent sur chaque nouvelle sortie ? Les chiffres du dernier Marvel, (le fameux) Avengers : Endgame, sont sur ce point assez éloquents. —


L’objet culteÀ!

Rubber

DUCK La consécration La référence la plus remarquable au petit canard vient sans aucun doute de Rubber Duck (2007), une installation gonflable monumentale de l’artiste néerlandais Florentijn Hofman. Plusieurs versions de cette sculpture seront exposées à travers le monde. En créant cette œuvre, le plasticien magnifie la culture populaire. S’inspirant, après une visite dans un musée, d’une pub célèbre en 2001 aux Pays-Bas pour des yaourts, Hofman cherche la forme parfaite pour un jouet en forme de canard. Il jette son dévolu sur le design d’un canard de la société Tolo Toys à Hong Kong. C’est d’ailleurs la société de yaourts YoghoÀ!YoghoÀ! qui a financé son travail.

Qu’est-ce qui est petit, jaune, ludique et qui procure du plaisirÀ? J’ai nommé le canard en plastique. Sous ses airs innocents et son sourire figé, le petit canard n’arrête pas de faire parler de lui. Initialement conçue en caoutchouc, la figurine ne pouvait pas flotter, mais était plutôt utilisée comme un jouet à mâcher ou comme un instrument de chasse. Breveté en 1886 par George H. Nye, le canard doit sa création à l’invention du caoutchouc vulcanisé par Charles Goodyear, à la fin du XIXe siècle. C’est en 1940 que le sculpteur américain d’origine géorgienne Peter Ganine crée une sculpture de canard, qu’il fait alors breveter. Le jouet de bain flottant est produit et vendu à plus de 50 millions d’exemplaires. Popularisé dans les années 1970 grâce à l’émission Sesame Street, le canard prend vie dans les mains de la marionnette Ernie, qui lui consacre même une chansonÀ: Rubber Duckie. Le palmipède connaît alors une popularité qui pousse un nombre toujours plus important de personnes à le collectionner sous toutes ses formes et qui conduit même le Guinness Book à créer une nouvelle catégorie. Mais il ne s’arrête pas làÀ! Depuis quelques années, il s’invite dans le bain de ces dames. En effet, le fabricant allemand de sextoys Fun Factory le commercialise sous forme de stimulateur clitoridien. Ce petit oiseau n’a pas fini de nous amuserÀ!

Duck saves the QueenÀ!

En 2001, le tabloïd britannique The Sun a rapporté que la reine Elizabeth II avait dans sa salle de bains un canard en caoutchouc portant une couronne gonflable. L’animal aurait été repéré par un ouvrier qui repeignait la pièce en question. Une anecdote qui a entraîné une augmentation de 80% des ventes de canards en caoutchouc au Royaume-Uni pendant une courte période.

VILAIN PETIT CANARD

Depuis mars 2018, le joujou est en proie à de vives critiques. Selon des chercheurs suisses et américains, le vilain petit canard contiendrait dans ses entrailles des bactéries et des champignons. Le fait d’immerger cet objet en plastique dans nos bains multiplierait les risques d’infections. Tous les canards étudiés par ces chercheurs comportaient en effet des champignons et 80% d’entre eux avaient développé des germes potentiellement pathogènes, comme des légionelles et des bactéries très résistantes. En plus de son manque de salubrité, le canard en plastique contiendrait un PVC cancérigène, ce qui n’a pas manqué de susciter une controverse en 1998.

Par Karin Falk

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Nostalgie du CORN FLAKES

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Si vous avez l’âme d’un cereal killer, rendez-vous route de Chêne. Après le bar à chats et le café-pipe, la tendance est à la petite graineÀ! Il y aura bien sûr des Chocapic et des Smacks, mais aussi des «Àqu’on a jamais vuÀ», des pétales colorés, des flocons ou encore des super équilibrés… Sans oublier quelques toppings dont l’adresse a le secret. CEREAL FACTORY

Route de Chêne 5 – 1207 Genève

IDÉE de brunch Si la rue de l’Ecole-de-Médecine est connue pour sa clientèle hipster, ses canettes et ses piadine, elle compte désormais une table 100% végane. Aux fourneaux de l’Etabli, la cheffe Q a le don de faire valser les ingrédients, mais elle sait aussi comment réunir les gens. Une recette somme toute assez simpleÀ: une cuisine saine et créative, avec à la carte, du manger «ÀconscientÀ», positif et gourmand.

Même s’il est vrai que dans la capitale vaudoise on ne gratte toujours pas le ciel depuis les toits, les Lausannois n’ont pourtant rien à envier aux New-YorkaisÀ! Il faut dire que depuis la terrasse du Skylounge, la vue fait sensation. On vous laisse imaginer la tête de la skyline depuis le rooftop du Royal Savoy. D’un côté, le Léman et les Alpes, de l’autre le Jura... Il va s’en dire que le spot a quelques beaux atours et de quoi fanfaronner. Pour parfaire l’instant, ajoutez au cadre un cocktail finement ciselé, quelques gourmandises du chef, deux ou trois amis que vous adorez… et toutes les bonnes fées seront penchées sur vous pour que vous passiez une soirée au top. SKYLOUNGE

Royal Savoy Hotel & Spa – Avenue d’Ouchy 40 – 1006 Lausanne – www.royalsavoy.ch

GIVES A FORK

L’Etabli – Rue de l’Ecole-de-Médecine 3 1205 Genève

BECAUSE I’m happyÀ! Véritable cabinet de curiosités, ce gift shop devrait vous souffler quelques belles idées cadeaux et pimper gaiement votre déco. Ici, la fantaisie et le kitsch sont de miseÀ! Couvertures «ÀsirènesÀ», accessoires loufoques, cierges ou coupelles psychédéliques… le sourire en prime.

L’ENGADINE autrementÀ? Cet été, le Suvretta House propose des rendez-vous exclusifs pour goûter diversement les paysages époustouflants de la Haute Engadine. Lors d’une randonnée aussi ludique que savante, le talentueux chef cuisinier de l’hôtel, Fabrizio Zanetti, révélera les vertus singulières des plantes médicinales de la région. L’envie de vous initier à la pêche à la mouche ou de parfaire votre lancer vous titilleÀ? Pourquoi ne pas vous jeter à l’eau en compagnie d’un expertÀ? Ceux qui préfèrent éprouver leur adresse sur une cible pourront participer au troisième trophée de tir aux pigeons d’argile de l’hôtel. Et si, pour saisir joliment un détail ou une vue d’ensemble, l’envie vous prenait de manier le pinceau, vous pourrez vous laisser guider à ciel ouvert par la peintre paysagiste Nicki Heenan.

LA BOUTIQUE DE CLAUDIE

SUVRETTA HOUSE

Rue de l’Ecole-de-Médecine 1 – 1205 Genève

Via Chasellas 1 – 7500 Saint-Moritz – www.suvrettahouse.ch

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Supersmash Vous êtes à la recherche d’une raquette pour vos doubles mixtes de l’étéÀ? Ne cherchez plus, on l’a trouvéeÀ! Elle s’appelle Supersmash. Elle est genevoise, un peu berlinoise. Et elle envoie une série de designs vraiment cool. Petite œuvre d’art, elle se surnomme Alabster, Dazzle ou Black Hole, s’habille de bois de rose, de peuplier et d’épicéa et marque des points à chacune de ses apparitions sportives. Du beau matos, donc. Fabriqué à la main. Imaginé par deux potes graphistes, mordus de ping et de pong… qui promettent quelques beaux moments de tournante et de détente. SUPERSMASH

En vente chez Caillou Shop – Place des Augustins 9 – 1205 Genève www.caillou-shop.ch – Supersmash.cool

CADDIE du jour Et si la corvée des courses devenait un moment de plaisirÀ? Chez Manor Genève, on ne manque pas d’idées pour rendre la routine agréable. Dans l’esprit des «ÀhallesÀ», les arrivages et le savoir-faire des métiers de bouche rythment la virée shopping. Chaque jour, cuisiniers, pâtissiers & Co. s’affairent en coulisse pour apporter leur touche gourmande. Ateliers de dégustation, labos, petits producteurs et grands passionnés mettent l’accent sur le terroir et le «Àfait maisonÀ». L’autre bonne nouvelle, c’est que les fruits et légumes ont aussi une deuxième vieÀ! On en fait des soupes, des tartes… ou on se régale de mets restés sur le carreau grâce à l’appli anti-gaspi Too Good To Go. Une philosophie parfaitement dans l’air du temps. MANOR GENÈVE

Rue Cornavin 6 – 1201 Genève – www.manor.ch

Par Delphine Gallay

Patati PATARA Avec l’été qui pointe le bout de son nez, la perle genevoise a imaginé pour ses fidèles la trilogie parfaiteÀ: terrasse ensoleillée, lac et thaïpas à partager. La street food est élégamment pimpée et fleure bon la découverte et l’envie de créativité. La brigade crée la surprise et prend un malin plaisir à twister les bons ingrédients – curry, tamarin, petits piments et citronnelle se réinventent en cuisine. L’expérience en bouche est inédite et se décline autour d’une carte estivale et de thaïpas un brin déjantées. On a testé pour vous à l’heure du déjeuner la salade de pomelo et ses cigales de mer épicées, accompagnée de quelques tacos revisités… Nota bene pour nos prochains lunchs de l’été. PATARA FINE & FUN THAI DINING

Quai du Mont-Blanc 13 – 1201 Genève – www.patara-geneve.ch

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MONA, mon amour Petits et grands créateurs ont pris place dans le nouveau conceptstore du quartier des Eaux-Vives. Un espace plein de charme où flirtentÀavecÀéléganceÀdesÀpiècesÀdeÀprêt-à-porter,ÀdesÀpetitsÀbijouxÀ etÀ deÀ laÀ décoÀ artisanale.À LaÀ maîtresseÀ desÀ lieux,À elle-mêmeÀ créatrice de la garde-robe Jacobin, a imaginé un lieu à son image. De joliesÀpiècesÀetÀdeÀbonsÀbasiquesÀàÀporterÀnonÀpasÀsurÀunÀcoupÀdeÀ tête,À maisÀ deÀ préférenceÀ surÀ laÀ durée.À DesÀ coupsÀ deÀ cœurÀ donc,À mais surtout des créations soignées et d’élégantes séries mises en lumièreÀdansÀuneÀboutiqueÀbienÀpensée.À MONA GENEVA

Rue des Vollandes 15 – 1207 Genève

Les jolies CHOSES

Enfilez DES PERLESÀ!

MONO no aware A défaut de vous envoler pour le Japon, détour par Chic Cham pour unÀtourÀd’horizonÀdesÀplusÀbellesÀcréations.ÀEnÀmatièreÀdeÀdesignÀ nippon, si les Japonais appliquent à la lettre la notion de mono no aware – une variante de notre memento mori –, les objets du quotidienÀontÀl’artÀetÀlaÀmanièreÀdeÀsublimerÀleÀcaractèreÀéphémèreÀdeÀlaÀ beautéÀetÀdeÀlaÀvie.ÀUneÀphilosophieÀcalquéeÀsurÀlaÀmagieÀduÀcélèbreÀ « sakura ».ÀOnÀdécouvreÀdesÀpiècesÀfonctionnelles,ÀexotiquesÀetÀépurées, de somptueuses trouvailles parmi lesquelles se cachent de la fineÀcéramique,ÀdesÀfragrances,ÀduÀcharbonÀBinchotan,ÀdesÀbolsÀetÀ des vases émaillés, du linge de maison… Avec pour chacun de ces objets, une histoire, une esthétique et un savoir-faire à raconter. CHIC CHAM

Route de Prilly 2 – 1004 Lausanne – www.chiccham.ch

Qu’elles soient d’eau douce, de culture, de Tahiti ou d’A koya, les perles sont les must-have de l’été, et plus si affinités !ÀSiÀlaÀtendanceÀestÀauÀnaturel,ÀlaÀmaisonÀKurzÀ va un cran plus loin en proposant aux adeptes de l’indémodable nacre la collection Pick Your Pearls. L’idéeÀ? Proposer une jolie palette de teintes et un large choix de montures pour des bijoux sur mesure… histoire de vous approprier la gemme mystérieuse qui collera le mieux à votreÀpersonnalité !ÀGrise,ÀverteÀouÀaubergine,ÀlaÀperleÀ se décline à l’envi et ose toutes les fantaisies. KURZ Rue de la Confédération 11 – 1204 Genève

www.kurzbijouxmontres.ch

CARTIER d’été Rue Robert-CéardÀ: au numéro 12 de cette adresse, Cartier plante le décor avec un jardin éphémère semé de fleurs estivales – une expérience exclusive dont la maison a le secret (jusqu’au 29 juin). Et c’est au numéro 10, que la nouvelle boutique prendra ses «ÀCartierÀ» pour environ deux ans, le temps que l’emblème de la rue du Rhône se refasse une beautéÀ!

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AFFAIRE de famille

{ } FLEURS en boîte

Toc toc toc… Qui va làÀ? Dans l’élégante boîte à chapeau, un bouquet de pivoines déposé dans mes bras. Nouveau fleuriste en ligne, Panamy a l’art et la manière de sublimer la rose et ses complices. Dans l’une des pochettes ou boîtes écrins signatures, l’artisan fleuriste enveloppe précieusement les belles de jour. Camaïeux de rose, douceurs poudrées, le moodboard des créations Panamy donne vie en un clic aux beaux sentiments. Oubliez donc le papier transparentÀ! www.panamy.ch

Voilà plus d’un quart de siècle que l’adresse familiale a pris ses quartiers à Vevey. Si Lionel Meylan est une référence en matière de pièces horlogères et joaillières, il s’est surtout fait une place au soleil grâce à son expertise et à cette passion du métier transmise depuis maintenant six générations. Bien plus qu’un détaillant traditionnel, ce trio formé par le père et les fils Meylan rencontre un franc succès grâce à cette soif de connaissance et de partage. Gemmologie et horlogerie prennent ainsi une nouvelle expression au contact de ces trois passionnés. Un accompagnement de chaque instant que l’on retrouve dans l’ensemble de leurs salons. Que les pièces soient sur mesure, les variations subtiles, elles ne manqueront pas de souligner la liste insoupçonnée de vos envies et de révéler au grand jour la magie des pierres précieuses. Comme quoi, dans la vie, il suffit parfois d’une gemme, d’une rencontre et de savoir laisser libre cours aux gens du métier. LIONEL MEYLAN Rue de Lausanne 14 – 1800 Vevey – www.lionel-meylan.ch

FOLLE aventure 57° Grill, voilà un nom qui ne s’invente pas. Pas plus que l’art de la cuisson d’ailleurs. Au 57°, on ne compose pas, on balaie le superflu pour ne laisser place qu’à l’essentiel. Dans une ambiance chic et décontractée, la table du Château d’Ouchy se réinvente sous les traits d’un steakhouse new-yorkais. Si l’ambiance se veut tendance, l’expérience, elle, est résolument conviviale et vivante, avec une cuisine ouverte sur le restaurant. Du live cooking comme on l’aime avec, sous les yeux des carnivores venus goûter à une viande d’exception, des pianos en ébullition et une brigade en pleine action. Ici, pas de transformation, mais du brut et de la qualité. Bœuf des alpages suisses ou agneau du Valais… pour un festin qui en fera saliver plus d’un. 57° GRILL Château d’Ouchy – Place du Port – 1006 Lausanne

www.chateaudouchy.ch/restaurants-bars/57-grill

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L’allure d’Elton

GAI LURON

Stone Paris, boucles d’oreilles Diabolique en or noir et diamants.

Gucci, lunettes de soleil rectangulaires, veste et pantalon de jogging oversize en jersey laminé.

Elton John, en live à Atlanta.

La demi-mesure, c’est pas son truc. Alors, tout timide qu’il est, Sir Elton John a décidé de faire les choses en grand pour sa tournée d’adieu, Farewell Yellow Brick Road. Trois ans et 300 dates pour ce dernier tour de piste. Voilà qui s’annonce sport. Pas la langue dans la poche, celui qui revendique le fait d’être une femme moderne est passé maître dans l’art de la provocation. Excessif, entier et caméléon, Elton John enchaîne les tubes et les frasques vestimentaires depuis cinquante ans. Garde-robe folle, complets-vestons rayés, strass, crête et paillettes, lunettes rondes ou costumes de cape et d’épée, l’artiste est le King incontesté de l’excentricité. Alors ce n’est pas vraiment une surprise quand on le retrouve, sur le tard, cul et chemise avec la non moins lisse Lady Gaga. Belle ironie du sort quand on pense que tout gamin il passait pour l’introverti de la classe, le vilain canard mal fagoté. Aujourd’hui, il ne reste plus grand-chose du petit rouquin de la banlieue londonienne. Diva capricieuse, «Àl’aveugle par amourÀ» a campé son personnage sur scène comme à la vie et écoulé vite fait bien fait 300 millions d’albums à travers le monde. Des années d’excès et un style décadent, aujourd’hui assagi par l’âge de la raison et les joies inconditionnelles de la paternité. —

Par Marlise Huber

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Tom Ford,

Chopard,

veste de cocktail Atticus en jacquard bleu.

Mille Miglia Classic Chronograph Zagato 100th Anniversary Edition.

Versace,

Louboutin,

chemise cloutée Greca Argyle.

bottines Huston Paillette Bouquet.


The new Continental GT Convertible. Experience exhilaration, 365 days a year.

Bentley Genève, André Chevalley S.A., 1216 Cointrin/Genève, Suisse T: +41 22 795 22 88 E: info@bentley-geneve.ch www.geneve.bentleymotors.com. Consommation Continental GT Convertible W12 selon normes EU, en l/100 km : Urbain 17.2; Extra Urbain 9.4; Combiné 12.3. CO2 Emissions 317 g/km. Le nom „Bentley“ ainsi que le „B“ ailé sont des marques déposées. © 2019 Bentley Motors Limited. Modèle illustré: Continental GT Convertible W12.

BENTLEY GENÈVE


Bouillon de culture

RÊVE DE PETITE FILLE

âge

Jusqu’au 17 novembre

UR

Fidèle parmi les fidèles, Grace de Monaco a brillé en Dior toute sa vie. Habillée par Christian Dior lors de ses fiançailles, la princesse ne jurait que par les créations du couturier. Au point qu’elle lui confiait même le soin de gâter ses invités lors du traditionnel bal de la Croix-Rouge. Une longue amitié entre la maison française et la Principauté dévoilée dans une surprenante exposition. De la garde-robe princière aux précieuses fragrances imaginées pour la grandeur des festivités – coffrets et éditions d’exception, flacons géants monogrammés, Baccarat ou antiquités chinées… –, décidément, rien n’était trop beau pour le Rocher. GRACE DE MONACO, PRINCESSE EN DIOR

Musée Christian Dior – Granville – Villa Les Rhumbs – Rue d’Estouteville 50400 Granville – France – www.musee-dior-granville.com

t. marié par son tout

À LIRE EN TERRASSE Deuxième vie

apaient aux e de ndre

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Génération Y Chez #InFutureWeBelieve, ils sont une dizaine de collaborateurs, jeunes, dynamiques et soudés. Dans le microcosme de leur start-up, ils parlent franglais, font du coworking et ne jurent que par l’économie du partage. Mais alors, pourquoi peinent-ils à trouver leur place dans ce monde nouveau qu’ils prétendent bâtir ? Anne Akrich signe ici une satire féroce de la culture d’entreprise et une brillante parodie de notre époque en alignant chaque nouvelle utopie progressiste.

Marie King a 59 ans, est fraîchement divorcée et vit dans un quartier résidentiel de Sydney. Ses trois enfants ont désormais quitté le foyer. Perdue, elle consacre son temps au jardin et boit peut-être aussi un peu trop. Alors qu’elle est contrainte de mettre en vente la maison « familiale », un soir après quelques verres en ville, vient le déclic. La rencontre d’une jeune artiste, Rhys, un premier tatouage… qui peu à peu vont changer le cours de sa vie. L’ENCRE VIVE

Fiona McGregor, Editions Actes Sud

Mère courage

Gloria a choisi ce jour de juin pour partir. Elle file récupérer ses filles à l’école et les embarque sans préavis pour un long voyage. Pourquoi cette désertion soudaine ? Quelle menace fuit-elle ? Pour le savoir, il faudra revenir en arrière, dans les eaux troubles du passé… Dans ce roman tendu à l’extrême, Véronique Ovaldé met en scène un fascinant personnage dont l’inquiétude face au monde se mue en un implacable sang-froid pour l’affronter.

UN MONDE NOUVEAU

PERSONNE N’A PEUR DES GENS QUI SOURIENT

Anne Akrich, Editions Julliard

Véronique Ovaldé, Editions Flammarion

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CARTE MUSICALE Grand-papa |

Trouver un Anglais dans son arbre généalogique, ce n’est pas follement original. Sauf s’il s’appelle Sir Richard Francis Burton, qu’il est aventurier, explorateur du continent noir, traducteur du Kamasutra, découvreur des sources du Nil... L’intrépide Olivia Burton se lance sur la piste de cet aïeul extravagant. A eux l’AfriqueÀ! Découvertes, déconvenues, émerveillements, tribulations… parce que, finalement, «Àce qui compte ce n’est pas le but, c’est le cheminÀ».

®Christian Coigny

Du 13 au 23 juin

Qu’on se le dise, le festival Lavaux Classic a plus d’une corde à son arcÀ! Il y a d’abord le cadre – la région viticole de Lavaux et la vue sur les Alpes et le Léman, viennent ensuite les artistes de renommée internationale et ceux à suivre de très près, puis l’atout charme de la diversité, parmi les lieux de rendez-vous – églises, vignes, maisons vigneronnes, embarcadère… –, histoire d’apprécier pleinement le pouvoir insoupçonné de la belle musique. Cette année, c’est le compositeur Beethoven qui sera à l’honneur, et puis on y jouera aussi du Bach, du Bartòk ou encore du Gesualdo… En bref, dix jours de temps forts, d’ateliers-concerts, de concerts insolites et d’émotions made in Lavaux.

UN ANGLAIS DANS MON ARBRE

Olivia Burton et Mahi Grand, Editions Denoël

LAVAUX CLASSIC www.lavauxclassic.ch

Dans LE TIROIR Jusqu’au 25 août

Que diriez-vous de découvrir des cahiers d’artistes jamais publiésÀ? Pour compléter sa collection, la Fondation Bodmer a emprunté au Mamco une foule de petits carnets secrets… Une exposition qui vous invite à plonger dans les petits papiers de peintres, de philosophes ou d’écrivains chevronnés. Des archives où se mêlent dans un joyeux désordre des notes manuscrites, des esquisses et des dessins griffonnés, mais surtout un flot d’idées.

...

UNIQUES – CAHIERS ÉCRITS, DESSINÉS, INIMPRIMÉS

Fondation Bodmer – Route Martin-Bodmer 21 – 1223 Cologny – www.fondationbodmer.ch

MATIÈRE à réflexion Tant de choses planent dans l’air, d’où notre vertige… Voici un titre qui en dit long sur le projet engagé du photographe suisse Yann Mingard, pensé comme un «Àdiagnostic photographique de la contemporanéitéÀ». L’artiste épingle les phénomènes naturels, technologiques et sociaux et leur impact sur notre état d’esprit et le monde. Dans un style sombre, il compile natures mortes et paysages… et crée un itinéraire visuel synoptique. Des scènes qui donnent matière à réflexion sur notre rôle et nos prises de position. TANT DE CHOSES PLANENT DANS L’AIR, D’OÙ NOTRE VERTIGE

Musée de l’Elysée – Avenue de l’Elysée 18 – 1014 Lausanne – www.elysee.ch

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© Yann Mingard / Courtesy Parrotta Contemporary Art

Jusqu’au 25 mai


On lui tire le portrait

Yarol Poupaud S’il est des traditions capillaires dans le monde du rock, cet artiste-là y répond parfaitement ! Yarol Poupaud… son nom ne vous dit peut-être rien, mais sa tignasse brune en mode Brian May vous rappellera sûrement un solo de guitare accolé au « taulier ». Eh oui, c’est grâce à Johnny Hallyday que Stanislas dit Yarol est sorti de l’ombre en 2012 ! Ce bobo parisien a réussi avec cette incursion dans la droite à se faire une belle place de second dans le rock français. Il a foulé la scène derrière Johnny telle une ombre pâlotte, touchant du doigt le succès d’un autre devant des milliers de personnes, et s’est incarné sur les réseaux sociaux avec son mannequin de compagne Caroline de Maigret dans la précieuse intimité du clan Hallyday. Le couple bobo a tutoyé le rock populaire au profit d’un plan de carrière à 10'000 lieues des classiques du guitariste, mais trop porteur pour ne pas être saisi ! Un comble pourtant pour cet enfant de gauche qui a eu une enfance bercée de musique et a associé ses premières années de musicos à un style de rock plus hype avec les groupes FFF, Mud et Black Minou. Un an et demi après un dernier hommage à celui dont il était aussi le directeur musical, le guitariste n’est pas du genre à pleurer, mais bien à rebondir ! A 50 printemps sonnés, Yarol Poupaud poursuit (ou commence enfin) son chemin en solo. Il se découvre une voix et se reconvertit en chanteur (mais si !) avec un premier album éponyme où il entonne Caroline (comme d’autres !) pour sa dulcinée. Il agrémente savamment sa promo de commentaires sur son mentor, mais refuse de s’exprimer sur le conflit qui anime les « peopleries ». Exit Laeticia, mais pas son réseau ! Yarol Poupaud conserve de ce copinage le manager de Johnny, Sébastien Farran, et les leçons du succès version Hallyday. Certains y verront une opportunité de surfer sur la vague de l’après-Johnny. Mais sans le monstre sacré, c’est désormais dans des salles 400 fois moins remplies que Poupaud se produit. S’il affirme apprécier cette nouvelle intimité, l’artiste espère certainement pouvoir malgré tout compter sur la fidélité du public « made by Johnny » ! — Par Bélinda Gervasoni | Photo Franck Loriou

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Bouillon de culture

CABINET DE CURIOSITÉS Jusqu’au 8 septembre

City TOUR

Créant un dialogue impertinent entre les collections du Musée Ariana et de la FMAC, les œuvres qui composent cette nouvelle exposition se dévoilent comme dans un jeu de piste reposant sur des imageries, des textures ou des formes, dans une confrontation toujours ouverte. Construite à la manière de cadavres exquis, l’exposition fait naître de nombreux sentiments et ressemble davantage à une flânerie au gré de rencontres – probables ou improbables –, pensée autour de créations contemporaines et d’associations éloquentes ou plus obscures… où règne une «Àinquiétante étrangetéÀ». CABINET DES CORPS EXQUIS

Découvrir Genève et les villes européennes à travers les yeux d’un enfant. Voici l’idée des échappées belles contées par la saga Les Voyages d’Arthur. Les aventures merveilleuses d’un petit garçon vif et curieux qui possède le don de s’envoler pour de nouvelles contrées dès qu’il touche l’oreiller. Avouez, vous aussi, vous en avez rêvéÀ! D’adresses secrètes en énigmes, les villes de Genève, Londres et Venise se dévoilent dans son sommeil et se racontent une à une sous forme d’anecdotes et d’illustrations pleines d’esprit. LES VOYAGES D’ARTHUR

Caroline Ferrero Menut et Nicole Devals, Editions Grace Note Publication

19 juillet

Musée Ariana – Avenue de la Paix 10 – 1202 Genève institutions.ville-geneve.ch/fr/ariana

Retenez bien cette date. Les vacances sont terminées pour la bande de La Casa de Papel, puisque la série reprend du service sur Netflix avec une saison 3. Les paris sont d’ores et déjà ouverts concernant le lieu du prochain braquage. La seule chose que l’on sait déjà, c’est que pour les besoins du scénario, le personnage de Berlin a été ressuscité… Voilà qui promet quelques rebondissements.

L’ART CUBISTE Jusqu’au 4 août

CASA DE PAPEL SAISON 3

Après Beaubourg, c’est au tour du Kunstmuseum de retracer les années cubistes. 1907-1917, retour sur dix années de création. En tête de cette révolution artistique, les maîtres Pablo Picasso et Georges Braque. Pères du mouvement, les deux hommes ouvrent la danse aux artistes Fernand Léger, Juan Gris, Sonia et Robert Delaunay… Le cercle des peintres s’approprie ce nouveau langage visuel et laisse place à des formes plus fragmentées, quasi géométriques. Riche de 130 œuvres, l’exposition offre un large aperçu du mouvement cubiste et souligne son évolution dans le temps. Dix années d’expérimentation, d’évolution et de génie. Le Clown, Henri Laurens, 1915.

Alex Pina – Netflix

Post-it Scorsese s’attaque à la légende Bob Dylan dans son dernier documentaire diffusé sur Netflix. «ÀA mi-chemin entre un concert filmé et un rêve éveilléÀ», le documentaire nous fait revivre la folle tournée Rolling Thunder Revue (1975-1976). Au programme, des interviews inédites, quelques proses et du show comme on en aurait rêvé.

LE COSMOS DU CUBISME

ROLLING THUNDER REVUEÀ: UNE HISTOIRE DE BOB DYLAN

Kunstmuseum Basel St. Alban-Graben 8 – 4010 Basel – kunstmuseumbasel.ch

PAR MARTIN SCORSESE – Netflix

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LES ANNÉES FOLLES

Casting XXL Rattrapé par les scandales, Tarantino redore son blason en frappant un grand coup avec la sortie de son neuvième long métrage. Rejoint par une distribution de rêve, l’enfant terrible d’Hollywood signe une fois encore du «Àpur TarantinoÀ». Pour cette nouvelle intrigue, cap sur les studios de la sulfureuse Hollywood. 1969, l’industrie du film est en pleine mutation. C’est l’année de la tuerie de Sharon Tate, au cœur des années hippies, dans la démesure de Los Angeles. Dans le rôle des personnages clés, Leonardo DiCaprio – qui joue une ancienne star du western laissée sur le carreau – et sa fidèle doublure Brad Pitt. Et pour compléter le casting, rien que du beau mondeÀ: Al Pacino, Dakota Fanning, Kurt Russell, Samuel L. Jackson... De la baston, un bain de sang et quelques bastos… en bref, du grand Tarantino.

Jusqu’au 7 juillet

Riche d’une précieuse collection de textiles asiatiques, la Fondation Baur a décidé de se pencher sur l’influence des textiles chinois et japonais dans la mode des Années folles. Soie, kimonos et imprimés exotiques s’invitent dans la garde-robe des élégantes du Vieux Continent. Une source d’inspiration inépuisable pour les couturiers de l’époque qui souhaitent libérer les femmes de leur corset et leur apporter une élégance nouvelle à mi-chemin entre audace et légèreté.

ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD

Quentin Tarantino ÀASIA CHIC

Fondation Baur, Musée des arts d’Extrême-Orient Rue Munier-Romilly 8 – 1206 Genève – www.fondation-baur.ch

Rumeur Le réalisateur Wes Anderson a été vu dans les rues d’Angoulême pour le tournage de son prochain film, The French Dispatch… Dans les paragesÀ: les acteurs Tilda Swinton, Bill Murray, Léa Seydoux, Mathieu Amalric, Timothée Chalamet et Vincent Lacoste.

Par Delphine Gallay

PLAYLIST

Yéniche sounds Après un long exil, Stephan Eicher a décidé de renouer avec ses racines yéniches et d’offrir une relecture festive de ses plus beaux succès. Un répertoire à la mode schwytzoise coloré de la fanfare Traktorkestar, d’une chorale, de voix suisses et de la rappeuse bernoise Steff la Cheffe.

She is BachÀ! Si Joanna Goodale porte en elle le don et la grâce, elle possède, par-delà les frontières, la beauté de l’audace. C’est donc tout naturellement que la pianiste revisite l’œuvre de Bach, enrichie de notes soufies et de nouvelles dimensions. Transcendant, son jeu jette un pont entre l’Occident et l’Orient.

Extase Belle surprise pour les fans de la

HÜHÀ! Stephan Eicher

BACH IN A CIRCLE Joanna Goodale

STILL ON MY MIND Dido

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première heureÀ: Dido est de retourÀ! Un cinquième album solaire qui tient toutes ses promesses et qui illustre tout le génie de l’artiste londonienne et de son frangin, réunis autour d’arrangements minimalistes, d’accents électroniques et de cette voix divinement planante.


FestiVAUX !

QUI DIT MIEUX ?

Du 28 juin au 13 juillet

Bien du beau monde pour cette 53e édition ! Une fois encore, le Montreux Jazz Festival a décidé de faire des heureux. Tout le gratin s’est donné rendez-vous pour célébrer l’événement « lémanesque ». Parmi les têtes d’affiche, des étoiles montantes et de véritables légendes vivantes seront de la partie, avec en guest stars Sir Elton John, Miss Janet Jackson, Sting, Thom Yorke, Lauryn Hill, Joan Baez, Quincy Jones, Chilly Gonzales, la céleste Fatoumata Diawara ou encore les ZZ Top… sans oublier des artistes du moment – parmi lesquels Rita Ora, Eddy de Pretto, George Ezra, Suzane… Ne reste plus qu’à vous souhaiter de passer un bon Montreux Jazz et de ne pas égarer vos billets.

LA FRONTIÈRE du réel Du 11 au 14 juillet

Du bon son, des écrans géants, une ambiance surchauffée... Saint-Julien-enGenevois est en fête pour la 13e édition de Guitare en Scène. Le principe de la manifestation transfrontalière ? Se retrouver autour d’une bonne bière entre amis et s’extasier devant la crème des artistes rock, blues et funk. Cette année encore, le festival tient toutes ses promesses. A l’affiche et dans le désordre : Dream Theater, Joan Baez, Mark Knopfler, Albert Lee, Aynsley Lister, John Illsley, King King et on en passe… GUITARE EN SCÈNE www.guitare-en-scene.com

MONTREUX JAZZ FESTIVAL

Du beau SWING

www.montreuxjazzfestival.com

Du 27 au 29 juillet

Dans le cadre idyllique des Alpes valaisannes, le village de Vercorin se mue en cité du jazz. Du swing au jazz manouche en passant par le classique et le New Orleans, saxophonistes et contrebassistes ont pour mission de faire swinguer les amateurs du genre.

Nuits sonores ! TERRAIN DE JEUX

VERCOJAZZ www.vercojazz.com

Du 23 au 28 juillet Paléo fête cette année sa 44e édition. Comme chaque année en juillet du côté de la plaine de l’Asse, c’est Noël en été. Six jours durant, les têtes d’affiche vont se succéder pour vous faire vivre la magie de l’open air nyonnais. Sur la scène du Paléo défileront l’éternel groupe The Cure, les inclassables Lana Del Ray et Angèle, M, Jane Birkin et ses filles… Semaine marathon donc pour les festivaliers, rythmée par une cuvée pop rock et plus de 280 concerts et spectacles. En bref, un pass bonheur pour vos concerts en plein air de juillet. PALÉO www.paleo.ch

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RDV genevois Du 29 août au 15 septembre

La Bâtie-Festival, événement incontournable de la rentrée, dévoile une 42e édition dantesque : dix-huit jours à vivre au pas de course. Théâtre, danse, lecture-brunch ou encore soirées club… Des artistes d’ici et d’ailleurs se donnent rendez-vous pour exprimer le monde avec des mots, en musique et en mouvement. LA BÂTIE-FESTIVAL DE GENÈVE www.batie.ch


Du 11 au 14 juillet

Elles sont loin les années où on ne parlait d’Aix-les-Bains que pour les vertus de son eau et ses miracles en matière de rhumato… Désormais, chaque mois de juillet, les curistes laissent la place à un flot de festivaliers venus assister aux meilleurs concerts de l’été. La ville bouge. Et, cette année encore, Musilac plante le décor avec, dans sa programmation, de beaux noms qu’on adore. Alors voilà, rien que pour le plaisir de les citerÀ: Lou Doillon, Garbage, Dionysos, Christine and the Queens, IAM, Scorpions, Jain, Clara Luciani, Paul Kalkbrenner, Kimberose ou notre chouchou ad vitam aeternam Morcheeba. MUSILAC www.musilac.com/fr/aix-les-bains

Du 7 juillet au 6 septembre

Qu’est-ce qui relie la tour Eiffel aux massifs bernois, à part une vague similitude de formes triangulairesÀ? Rien, vraimentÀ? Si, la musique. Cet été, Le Gstaad Menuhin Festival lorgne du coin de l’œil la capitale française et prend ses 63es quartiers sous la bannière de Paname en accueillant notamment un répertoire musical à forte dominante tricolore. On y croisera des pointures comme Hervé Niquet, Patricia Petibon, Christophe Rousset, Jean Rondeau, Adam Laloum, le Quatuor Modigliani, Gautier Capuçon avec l’Orchestre philharmonique de Radio France. Et un organiste, Olivier Latry, titulaire des grands orgues de NotreDame, qui viendra faire résonner l’instrument, plus modeste, de Saanen. GSTAAD MENUHIN FESTIVAL www.gstaadmenuhinfestival.ch

Amateurs de musique classiqueÀ? Direction le Valais à l’occasion du Verbier Festival. Au rendezvous de la manifestation alpineÀ: concerts, frissons et rencontres inéditesÀ! Par Christine, Delphine et Jade

A l’air LIBRE

LE JAZZ qui plaît

Du 1er juin au 30 juillet

Du 10 au 18 août Avis aux amateurs de concerts à la belle étoileÀ! Depuis les Théâtres romains installés sur la bucolique colline de Fourvière, le spectacle promet d’être grandiose. Au programmeÀ: deux mois de performances en tous genres – cirque, danse, opéra et musique – avec, à l’affiche, Zazie, M, Vanessa Paradis, Arthur H, Sting, Midnight Oil, mais aussi les stars primées aux dernières Victoires de la musique Eddy de Pretto, Jeanne Added et Clara Luciani.

Cette 17e édition d’Au Grès du Jazz convie dans son cadre verdoyant le meilleur du jazz actuel avec Cécile McLorin Salvant et Christian Scott, mais aussi les répertoires illustres du Count Basie Orchestra et ses 22 musiciens, ou des hommages à Chet Baker par Riccardo Del Fra et à Michel Petrucciani par le pianiste Laurent Coulondre. Le festival n’oublie pas sa veine musique du monde en accueillant les héritiers de l’afrobeat Antibalas et Femi Kuti, le bluesman Big Daddy Wilson et le grand guitariste gitan Titi Robin.

LES NUITS DE FOURVIÈRE AU GRÈS DU JAZZ festival-augresdujazz.com

www.nuitsdefourviere.com

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© Bernard Martinez

MORCHEEBA, on sera làÀ!

FRENCH TOUCH


On lui tire le portrait

Blanche Gardin Avec sa robe bien sage, son ton monocorde hésitant et ses mains fermement agrippées au micro, elle a tout de la sainte-nitouche, si ce n’est le phrasé : « J’ai 39 ans, je suis célibataire depuis quatre ans et je mets des colliers. Quitte à ne pas me faire baiser, autant ressembler à une femme de lettres. » Cru, brutal, juste et déprimé, l’humour de la quadra est noir, à l’opposé de son prénom, Blanche. Chez elle, tout est contradiction et paradoxe. Vilaine petite cane de sa famille, la jeune oie fugue à 17 ans en compagnie d’une copine, avec l’idée de se suicider aux Pays-Bas. La Faucheuse en décide autrement, et c’est finalement à Naples qu’elle atterrit, faisant la manche avec les punks à chien pendant neuf mois avant de rentrer passer son bac. Plusieurs autres vies passent avant que Blanche n’atteigne les planches, de celle de flic en sous-marin pour son diplôme de sociologie à celle d’éducatrice de banlieue en passant par son one-woman-show au Jamel Comedy Club puis son interprétation du personnage de Marjorie Poulet. C’est l’humoriste Louis C.K. qui lui ouvre les yeux sur le stand-up pince-sans-rire et délesté du politiquement correct, un style qu’elle adopte pour ne plus le quitter. Blanche trouve son inspiration dans une violente rupture qui l’envoie en hôpital psychiatrique, et signe un premier spectacle en forme de catharsis. Elle nous parle de cul (beaucoup), des relations hommes-femmes, de la mort et de notre société. Névrosé, son personnage se livre comme à un journal intime, avec une désarmante spontanéité. Lauréate de deux Molières du rire – « Attendez, je suis la seule femme nommée l’année de l’affaire Weinstein. C’est l’histoire de ma vie : le jour où j’ai un prix, il n’a aucune valeur » –, elle a récemment refusé de se voir décorée de l’Ordre des Arts et des Lettres tant que les SDF ne seraient pas davantage considérés par le gouvernement Macron. Terre à terre, Blanche poursuit ses monologues exutoires et existentiels à la limite du roman X avec son troisième spectacle, Bonne nuit, Blanche. Trois mots qu’elle prononce gracieusement après dix minutes passées à raconter sa première sodomie. Il faut le voir pour le croire. — Par Manon Voland | Photo Filip Van Roe

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Rencontre rock'n'roll

LENNY Le dîner en noir et blanc de

A tout juste 55 ans, Lenny Kravitz a déjà trente ans de carrière derrière lui, onze albums, quatre compils, et un incroyable appétit artistique. Nommé directeur de la création de la mai-

son Dom Pérignon l’année dernière, il nous a accordé une entrevue à Milan, à l’occasion du vernissage de son exposition photo Assemblage. Rencontre. Par Manon Voland


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orse tatoué apparent, lunettes de soleil fumées et dreadlocks emblématiques, Lenny Kravitz est l’incarnation même de l’image que l’on se fait d’une rock star. A un détail près : l’homme est humble, accessible et séduisant, bien loin de l’artiste capricieux qu’on pourrait imaginer, et qu’il pourrait presque se permettre d’être, avec sa longévité défiant les pronostics. Le secret de cette persistance dans le temps réside sans doute dans sa diversité artistique, lui qui ne s’est jamais contenté de la musique – jouant pourtant tous les instruments qui composent ses créations, d’abord par manque d’argent, puis par vocation thérapeutique –, faisant ses premiers pas au cinéma, lançant sa marque de design en 2003, et poursuivant sa passion pour la photographie. C’est justement cette passion qui est à l’honneur pour sa première collaboration officielle avec la prestigieuse maison Dom Pérignon, via une splendide série de photographies en noir et blanc. Ayant reçu carte blanche pour ce projet visant à « inspirer et être inspiré », le maestro Kravitz a réuni quelques amis célèbres qui ne se connaissaient que de loin pour un dîner intimiste dans sa villa sur les hauteurs de Los Angeles, afin de capturer la magie opérée par les bulles de Dom Pérignon sur les esprits et les corps présents. D’un selfie de groupe réalisé par le créateur Alexander Wang à un autoportrait avec sa fille Zoë en passant par le regard captif d’une Abbey Lee Kershaw postée derrière un bac de champagne, une représentation quasi innocente de La Cène de Léonard de Vinci, c’est l’essence même d’une alchimie nouvelle et d’interactions déliées par les verres de « mousseux » que le photographe Kravitz a très justement réussi à attraper en vol, figeant ces moments privilégiés d’une pression de déclencheur. « Quand je pense à Dom Pérignon, je pense à rassembler les gens. Vous n’avez pas besoin d’une occasion spéciale, la vie est l’occasion. » Lenny charme tous ceux qu’il croise – et même ceux qui ne font que l’écouter sur tourne-disque. Nous n’y avons pas échappé. Un verre de Dom Pérignon à la main, évidemment. 45


L’INTERVIEW Vous fêtez cette année les 30 ans de votre premier album… Oui, GodÀ! Et je n’ai que 35 ansÀ! (Rires.) Comment percevez-vous ce voyage que vous avez réalisé depuis vos débutsÀ? C’est intéressant, parce que jusqu’à ce que le temps passe, vous ne comprenez pas que tout est justement à propos du voyage. Il y aura des hauts et des bas, des moments où vous emprunterez une voie plutôt qu'une autre, et d’un seul coup, vous avez 30 ans derrière vous. J’ai eu l’opportunité de travailler avec mes héros, de Michael Jackson à David Bowie, Madonna, Prince, Bob Dylan ou encore George Clinton, entre autres, et c’est vraiment extraordinaire. Travailler avec ceux sans qui vous ne seriez pas où vous êtes, c’est indescriptible. Beaucoup de gens me disent que j’ai déjà tout fait, musicalement parlant, mais j’ai le sentiment que je commence à peine. Les 30 premières années ont été une magnifique éducation, et maintenant, je suis prêt à faire quelque chose. Comme de la photographieÀ? Comment avez-vous commencéÀ? Mon père était journaliste, et j’ai découvert son appareil photo quand il est revenu du Vietnam. L’objet m’attirait beaucoup et je jouais souvent avec. Avec les années et mon premier album, j’ai commencé à être pris en photo, mais j’étais toujours plus intéressé par ce qui se passait derrière l’appareil. J’ai eu la chance de côtoyer beaucoup de photographes légendaires, de les observer et d’apprendre…Mais ce n’est qu’il y a environ quatorze ans que j’ai réellement commencé la photographie. J’ai fait ma première exposition à l’A rt Basel de Miami en 2015, et je n’ai jamais arrêté depuis.

Désormais, nous avons tous un appareil photo qui nous accompagne chaque jour, via notre smartphone. Estimez-vous que cette présence est parfois intrusive dans votre quotidienÀ? Tout le monde a une machine à faire des films dans sa poche, et nous sommes donc en représentation constante. Les gens n’ont plus les mêmes manières qu’auparavant, celles que nos mères et nos pères nous ont – avec un peu de chanceÀ! (Rires.) – enseignées. Maintenant, les gens pensent que tout leur est dû. «ÀSi vous êtes là et que je veux prendre une photo de vous, c’est ma prérogative, car je suis autorisé à la faire, c’est ma vie, mon monde, mon appareil photo.À» C’est malheureusement comme cela que les gens pensent à notre époque, et parfois, je suis obligé de leur dire simplementÀ: «ÀHey, let’s say hello firstÀ!À» Ils ne comprennent pas qu’ils envahissent l’espace de quelqu’un, car pour eux, tout appartient à tout le monde. Parlons bien, parlons champagne… Comment décririez-vous l’univers que vous ouvrez à Dom Pérignon en tant que directeur de la créationÀ? Je crois que j’apporte simplement mon esthétique et mon ressenti. Par exemple, pour quelque chose d’aussi simple qu’une bouteille, j’ai pensé qu’il serait intéressant d’apporter un côté brutal au toucher, avec cet effet frappé au marteau et cette patine qui pourrait vieillir avec les années. Pour les boîtes qui accompagnent les bougeoirs, j’ai intégré une texture peau de reptile, car ça m’a toujours fasciné, depuis que je suis petit. Je suis aussi très inspiré par les designs des années 1970… Mon esthétique va autant dans le très brutal que dans le très lisse et soyeux. Et dans quel esprit avez-vous créé cette table pour Dom PérignonÀ? Quand je conçois des pièces, j’essaie de les dessiner dans un but précis. J’ai donc conçu cette table pour l’une des pièces de mon appartement à Paris, pour laquelle je ne trouvais pas «ÀlaÀ» bonne table basse. Je me suis donc dit que je pourrais la créer moi-même, car j’en avais besoinÀ! Enfin, je n’ai besoin de rien… j’en avais simplement envie. La seule chose dont j’ai besoin, c’est la vie en elle-même. J’aime rassembler les gens, et j’ai imaginé cette table dans cet esprit. Quel est votre rapport au design, justementÀ? Quand j’étais petit, j’étais très attentif à la manière dont était arrangée ma chambre, où ranger cet objet ou celui-là. Puis l’inspiration m’est venue en marchant dans les rues de New York et en observant l'architecture de cette ville. Quand j’ai eu mon premier appartement, j’étais en pleine réalisation de mon pre-

J’AI FAIT MA PREMIÈRE EXPOSITION À L’ART BASEL DE MIAMI EN 2015, ET JE N’AI JAMAIS ARRÊTÉ DEPUIS. Père et fille.

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La Cène par Lenny Kravitz.

mier album et je ne pouvais pas m’offrir de meubles. J’habitais à Soho, en 1988, et le quartier n’était pas ce qu’il est maintenant. Pas mal de rues étaient encore malfamées et des gens se faisaient braquer avec un couteau en face de chez moi. Les gens avaient aussi pour habitude de balancer leurs meubles dans la rue. Alors je les récupérais, les réparais, les retravaillais pour chez moi. C’est ainsi que ça a commencé. Et comment est née votre amitié avec la maison champenoiseÀ? Dom Pérignon m’a toujours inspiré par sa sensibilité artistique. Il y a quatorze ans, je suis devenu ami avec le légendaire chef de cave Richard Geoffroy (qui a cédé sa place l’an dernier à Vincent Chaperon, après 28 ans de loyaux services, ndlr) grâce à un ami commun qui travaille dans le vin. C’est un homme très intense, très intelligent, très dévoué. J’étais vraiment fasciné par la fabrication du champagne, car c’était quelque chose que je n’avais jamais vu ni expérimenté. Et puis il a commencé à venir assister à mes concerts, me voir en studio, et nous avons compris que même si nous étions très différents en tant qu’êtres humains, nous étions très similaires dans notre manière de travailler, tous deux très disciplinés. J’ai donc assisté à des dégustations, je l’ai observé travailler, j’ai appris à marier ma cuisine avec du champagne. C’est un monde que j’apprécie particulièrement. Le champagne est un art à part entière. Cette collaboration est basée sur cette relation d’amitié que nous avons organiquement créée durant toutes ces années… Des amis travaillant avec des amis. Yeah. L’exposition Assemblage célèbre la convivialité et la vie. Quelles sont les valeurs qui vous sont chèresÀ? Dans cette exposition, il est question d’amour, de respect, de

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connexion, d’intimité et d’unité. Toutes ces choses sur lesquelles nous devons travailler en tant qu’êtres humains. Je veux utiliser mon énergie pour connecter et rassembler les gens, et les encourager à embrasser les différences au lieu de les fuir et de les craindre. Nous avons tous nos habitudes, nos backgrounds, nous sommes tous physiquement différents, nous parlons tous différentes langues, et c’est la beauté de la vie, ce qui la rend intéressante. Let Love Rule, la toute première chanson que j’ai écrite, est toujours la plus importante de par les mots qui la composent. Il y a véritablement un sentiment de familiarité dans cette série de photographies. Comment expliquez-vous celaÀ? C’est ce qui est beau. C’est vrai que quand mes convives se sont rencontrés, l’atmosphère était un peu tendue, car ils savaient qu’ils devaient faire comme s’ils s’amusaient, sans se connaître réellement. Et puis la magie a opéré… Nous avons commencé la soirée dans la cuisine, à déguster, à discuter, et tout le monde a commencé à se détendre, à être véritablement ensemble. Nous avons pris le dîner et nous sommes descendus pour danser. Nous avons commencé à avoir the best time. C’était très organique. Des gens qui, se rencontrent en début de soirée et qui à la fin, passent un moment exceptionnel ensemble, et s’aiment, tout simplement. Thank you. Nice to meet you, guys. Humble de surcroît. Après New York et Milan, l’exposition Assemblage voyagera de par le monde en 2019, en passant notamment par Londres et Tokyo. —


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California dream Les tentes de la honte

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DIVA

Campbell On ne la présente plusÀ: depuis plus de 33 ans, celle qui fut la protégée d’A laïa défile sur les catwalks du monde entier et fait la une des plus grands magazines. A presque 50 ans,

Naomi Campbell est le nouveau visage de la ligne Orgasm de Nars. Rencontre. Par Manon Voland | Photos François Nars

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indy, Christy, Claudia, Linda et Naomi. Cinq supermodels des années 1990 qui ont défilé pour les plus grands couturiersÀ: de Saint Laurent à Vuitton en passant par Valentino ou Versace, le quintuor faisait baver autant les créateurs que les femmes de toute génération, et on ne lui refusait rien. «ÀSi vous ne prenez pas Naomi, vous ne nous aurez pas non plusÀ»À: tel était le cri de ralliement des copines modèles. Car la belle a toujours pu compter sur ses sœurs de cœur pour pouvoir grimper sur les podiums, même sur ceux des créateurs les plus réticents à faire parader une femme de couleur. Unique à ses débuts grâce à sa peau ébène, Naomi se distingue désormais par sa longévité, quasiment indécente, alors que ses consœurs ont progressivement laissé le devant de la scène aux plus jeunes. Après plus de 500 covers (dont une pour le magazine Playboy), trois calendriers Pirelli, une poupée Hasbro et un personnage Disney à son effigie (devinez... Pocahontas, pardiÀ!), une invitation aux 13 ans du prince William par la princesse Diana et un Fashion Icon Award 2018, comment la petite fille qui aspirait à devenir danseuse de ballet s’est-elle construit ce mythe de la beauté intemporelleÀ?

Maman, l’inspiration

Née à Londres, c’est pourtant à Rome que la jeune Naomi fait ses premiers pas, accompagnant sa mère jamaïcaine, Valerie Morris, danseuse. Fonction oblige, celle-ci s’envole en tournée et laisse son poupon, à peine en âge de balbutier, à des proches dans la capitale britannique. Un sentiment de trimballement et d’abandon qui ne quittera jamais vraiment le futur top, même si mère et fille posent désormais ensemble, comme pour Burberry en décembre dernier. Naomi suit dès ses 10 ans des cours de ballet, marchant dans les pas de la seule figure parentale qu’elle a eu la chance d’observer. Son père, le côté chinois de sa beauté si caractéristique, ayant quitté sa mama, alors âgée d’à peine 18 ans, après seulement quatre mois de grossesse. Un courageux luron inconnu au bataillon du certificat de naissance du mannequin, selon les souhaits maternels. «ÀElle ne veut pas que je sache qui il est, et je respecterai toujours cette volonté.À» Un vœu que bien des médias auraient souhaité voir brisé afin d’alimenter les unes de leurs tabloïds.

NAOMI SE DISTINGUE PAR SA LONGÉVITÉ, QUASIMENT INDÉCENTE

Naomi prend le nom de son beau-père, Campbell, et ne le quittera plus. Elle s’épanouit sur la scène de son école et dans les rues londoniennes, où elle croise à 15 ans la femme qui changera son destin, quittant un milieu modeste pour côtoyer les élites multimillionnaires. Repérée par la recruteuse au détriment de sa copine blonde, Naomi signe rapidement avec l’agence Elite et prend son envol, quasi immédiat, en cover du Elle britannique en avril 1986. Avec son large sourire, ses jambes interminables, sa peau sombre et son caractère flamboyant, elle apporte un vent de renouveau dans le milieu de la mode, et les séduit tous, Azzedine Alaïa le premier.

Papa Alaïa

Débarquée à Paris avec sa première couverture en poche, c’est sans un sou qu’elle atterri par hasard à un repas organisé par le célèbre styliste franco-tunisien, le soir de son arrivée dans la capitale française. Coup de chance et de foudre pour celle qui vient tout juste de se faire voler son portefeuille, et pour celui qui deviendra un véritable père de substitution, portant l’affectueux surnom de Papa. «ÀJ’ai immédiatement su que c’était quelqu’un de très doux, de normal et d’humble, car il avait luimême cuisiné et servi le dîner.À» De son côté, Alaïa ne peut s’empêcher de comparer Naomi à la belle Joséphine BakerÀ: «ÀElle a une vraie présence. Quand elle entre dans une pièce, la magie opèreÀ!À» Cette nouvelle famille improbable vit pendant près de trois ans ensemble, avec l’approbation téléphonique de la mère de l’apprentie mannequin, que le couturier appelait à l’aide lorsqu’ils ne se comprenaient pas, Campbell ne parlant pas français et Alaïa ne maîtrisant pas la langue de Shakespeare. «ÀMa mère ne voulait pas que je sorte en boîte de nuit, et Papa ne me laissait donc pas faire. Une fois, je suis sortie par la fenêtre, et quand il l’a découvert, il m’a mise dans la chambre au-dessus de la sienne. Impossible donc de sortir sans passer par lui. Mais il ne me criait jamais dessus. Il me disait d’abord «Àtu as mal mis cette tenueÀ», il me l’arrangeait et ensuite il me commandait de rentrer à la maison.À» Alaïa s’occupe de l’ébène comme de sa propre fille, et lui apprend les rudiments du métier et du milieu. A la disparition d’A laïa en 2017, celle qui fut sa muse éternelle et qui ferma le dernier défilé de sa carrière, trente ans après leur rencontre, a révélé un visage plus humain et sensible que l’habituelle félinité qu’on lui connaît lors d’une interview hommage sur France 2.

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Yve


Guy Laroche, 1988 En larmes et à la recherche d’un précieux mouchoir, celle qui d’ordinaire se montre très sûre d’elle et de ses mots semblait les chercher ce soir-là. «ÀJ’ai tellement de beaux souvenirs avec lui. Le plus important, c’est que Papa a vu mon cœur, et pas uniquement ça (sa beauté, ndlr). Il m’a vue grandir et devenir une femme. Il a été mon ange gardien et me protégeait. Personne n’aurait touché la fille d’A zzedine Alaïa et pris le risque de ne plus jamais travailler avec lui. Il était peut-être petit en taille, mais c’était un grand homme, très fort.À» Un sous-entendu à peine dissimulé adressé à toutes ses camarades de podium qui n’ont pas eu la chance d’avoir une bonne étoile incarnée par un petit bonhomme, et qui se sont retrouvées dans des situations dignes d’être dénoncées avec les #MeToo qu’on connaît. Si les malheurs de Naomi ont échappé au harcèlement encore trop peu rapporté du monde de la mode, le top n'a pas pu éviter la discrimination raciale.

Fendi, 1991

Mandela, papy gâteau

Vivienne Westwood,

1994

Yves Saint Laurent, 2002

Jean Paul Gaultier, 2015

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Une année après son apparition en une du Elle britannique, la féline Naomi pointe en couverture de Vogue UK, devenant le deuxième mannequin noir de l’histoire du magazine, après l’A méricaine Donyale Luna. Elle est cette fois la première femme noire à s’afficher en grand sur le Vogue Paris (1988) – menacé d’être lâché par Yves Saint Laurent s’il continuait de refuser de faire figurer des modèles de couleur sur sa une – et sur l’édition européenne du Time (1991), donnant une visibilité nouvelle à ses pairs. Rebelote en 1992, où la panthère ouvre le Vogue américain du mois de septembre, plus gros numéro de l’année dans le milieu. Une reconnaissance pour laquelle elle s’est battue bec et ongles, aidée par ses soutiens indéfectibles au fil des ans, et par une détermination à toute épreuve (elle n’a posé pour des campagnes de maquillage qu’en 1999, soit plus de treize ans après ses débuts dans la mode)À: «ÀLe président américain a beau être Noir, en tant que femme noire, je suis toujours une exception dans le milieu. Je dois toujours travailler plus dur pour être traitée équitablementÀ», déclare-t-elle en 2009. Dix ans plus tard, la situation a évolué, mais la belle sait que le combat est loin d’être gagnéÀ: «ÀAujourd’hui, les conditions se sont améliorées en termes de diversité sur les podiums, mais ce que j’aimerais, c’est que la diversité émerge dans le monde de la publicité, et que ce ne soit pas uniquement une tendance que d’utiliser des mannequins issus de la diversité, mais quelque chose de permanent. Car c’est à ça que ressemble notre monde actuellement.À»


UN SENTIMENT DE TRIMBALLEMENT ET D’ABANDON QUI NE QUITTERA JAMAIS VRAIMENT LE FUTUR TOP.

Une réalité qu’elle partage avec celui qu’elle considéra comme son grand-père spirituel, Nelson Mandela, rencontré pour la première fois en 1993, et qui dit de la jeune femme qu’elle faisait « partie de cette génération qui a choisi le monde comme théâtre de ses opérations. Et je suis très heureux que l’on ait une personne comme elle qui se dévoue pleinement à cette cause (le Nelson Mandela Children’s Fund, pour lequel elle offrit plusieurs salaires de séance photo et organisa des événements de charité, ndlr), qui s’est avérée être un succès. Je vous aime sincèrement. » Elle dit de lui qu’il lui a « tout appris. Il était si spécial, un homme tellement unique, on a eu vingt années, c’était comme un grand-père pour moi, et j’étais comme sa petite-fille. » Un titre de « petite-fille honoraire » qu’il lui décerne officiellement en 1997. Le mannequin retire également de sa rencontre avec l’ancien Prix Nobel sud-africain un scandale retentissant une décennie plus tard, lorsqu’elle est appelée à témoigner au procès de l’ancien président du Libéria, Charles Taylor. Crimes contre l’humanité et crimes de guerre, le palmarès de l’ancien homme politique est reluisant. Naomi Campbell atteste avoir reçu en cadeau des « toutes petites pierres à l’aspect sale » de deux hommes venus frapper à sa porte après un repas donné par le fameux Madiba, en compagnie, entre autres, de l’actrice Mia Farrow, du trompettiste Quincy Jones et du scandaleux Charles Taylor (les privilèges de la beauté !). Que sont-elles et d’où proviennent-elles ? Le top model n’en sait rien et dit les avoir offertes à des œuvres de charité. « J’ai l’habitude de voir des diamants brillants dans leur écrin… Si on ne m’avait pas dit que c’en était, je ne l’aurais pas su. » Un témoignage qui a cloué au pilori l’ex-président, condamné à 50 ans de prison, et a mis à mal la réputation de la belle, déjà bien écornée par des affaires tapageuses qui ont fait la une des médias.

Naomi,

nequinat : onze actes de violence dénoncés entre 1998 et 2009 (une décennie agitée pour la belle), pour quatre condamnations (et un joli coup marketing lorsqu’elle se fait photographier en T-shirt « Naomi m’a frappé... et j’aime ça »). Souvent acquittée, elle écope toutefois à plusieurs reprises de dommages-intérêts à payer, d’obligations de suivre des stages de gestion de la colère, d’un bannissement à vie de British Airways et de jours de travaux d’intérêt général. En 2007, elle les exécute à New York… en robe Dolce & Gabbana argentée estimée à 300'000 dollars, histoire de prendre quelques photos pour le magazine W. Faire d’une pierre deux coups, c’est (presque) classe. « J’imagine qu’on a voulu m’humilier en me mettant au département de l’hygiène, mais c’est raté. Mon but, c’est de faire mon boulot, de garder la tête haute et de vivre une expérience. » Ce tempérament chaud qui lui valut, en plus de ses autres caractéristiques, le surnom de « panthère noire » lui coûte également quelques déconvenues avec son agence – qui la vire en 1993 pour son manque de respect envers les clients et le staff –, tandis que le fondateur d’Elite la décrit comme « manipulatrice, sournoise, impolie et impossible », avant de la rembaucher quelques mois plus tard, la queue entre les jambes. Papa Alaïa avait également pour habitude d’intervenir sur les shootings photo durant lesquels sa « fille » faisait trop tourner en bourrique les photographes. Son passage en cure de désintox à la fin du siècle dernier a sans doute levé le voile sur une partie des questions que l’on se posait quant au comportement ardent du top, mais il semblerait que l’absence de figure paternelle pendant son enfance soit la clé de voûte de ce tempérament. « Il y a beaucoup de problèmes qui viennent de mon enfance… Ne pas connaître mon père, ne pas voir ma mère, ça crée beaucoup de sentiments différents. De la colère, et je crois que c’est un sentiment normal à avoir, mais je ne l’ai peut-être pas toujours exprimée dans les meilleurs moments. Mais je pense que cette colère, c’est la manifestation de quelque chose de plus profond, basé sur un sentiment d’insécurité, d’estime de soi, de solitude, et d’abandon » (2000). Depuis une dizaine d’années, le top n’a plus fait parler d’elle. Serait-elle enfin en paix à l’approche de la cinquantaine ? Il semblerait.

la panthère noire

Agressions et gifles sur assistants personnels, expédition de téléphone portable sur femme de ménage, abus physiques et verbaux sur employés, jet de passeport dans une piscine marocaine ou encore crachats sur agents de police, la liste des frasques de Miss Campbell est presque aussi longue que ses années de man-

Naomi est l'image de la nouvelle collection Orgasm de Nars.

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Campbell, l’humaine

Si le Times avait remisé au placard les supermodels à la fin des années 1990 (Kate Moss avait rejoint la troupe entre-temps), la féline Naomi n’a jamais vraiment baissé le rideau, comme certaines de ses compatriotes l’avaient fait jusqu’à il y a peu, lors du rassemblement sur le tableau final du défilé Versace printemps-été 2018. Elle qui ne pensait durer que dix à quinze ans sur les podiums en est déjà à 33 ans de métier. « Je me dis tout le temps qu’il faut que je m’arrête bientôt, mais… je ne sais pas quand sera bientôt. Tant qu’on aime faire quelque chose, il faut continuer à le faire, et j’adore ce que je fais et les personnes avec qui je travaille. » Au cours de sa carrière, elle aura tout tenté – de l’écriture d’un livre, désapprouvé par les critiques et qu’elle avouera avoir fait écrire, par « manque de temps », à un album R’n’B, tout autant décrié, en passant par des clips vidéo aux côtés de Michael Jackson, de George Michael ou encore de Duran Duran, ou des photos aux poses dénudées et suggestives avec le rappeur Big Daddy Kane et Madonna pour le sulfureux ouvrage Sex, sans oublier le développement de son jeu d’actrice dans divers séries et films, le lancement de son émission de téléréalité mode The Face (2013), ses interviews de Vladimir Poutine et de Hugo Chavez pour GQ, son rôle de contributrice pour Vogue UK ou la création de Fashion for Relief (en 2015, après l’ouragan Katrina), une association qui organise des défilés caritatifs. C’est ce combat humanitaire qui encense désormais Naomi Campbell plus qu’autre chose, elle qui a défilé cette année pour Save the Children à Cannes. « Mes amis me disent de lever le pied et de me reposer, mais je suis à un point de ma carrière où ma vision est très claire, et je suis en mission. Une mission pour élever la nouvelle et la future génération. Une mission pour m’assurer que mon industrie – l’industrie de la mode – soit un endroit qui permette des opportunités égales et diverses pour tous, et je suis en mission pour changer la narration et la perception que l’on a de ce grand continent qu’est l’A frique ! Je suis certaine que je me reposerai quand Dieu le voudra, mais d’ici là, je continuerai ! » Que peut-on lui souhaiter de plus ? Peut-être de trouver l’amour, le vrai, après l’interminable défilé d'hommes dans son tableau de chasse – qui réunit, selon les rumeurs, Robert de Niro, Adam Clayton de U2, Flavio Briatore, Usher, Lenny Kravitz ou Vladislav Doronin, entre autres, ainsi que le (très) jeune Liam Payne, exmembre de… One Direction. Gageons qu’avec un peu de blush Orgasm de Nars sur les joues, ce sera pour bientôt. « Si l’on doit se souvenir de moi pour quelque chose, je veux que ce soit parce que je suis une bitch. Mais une bitch travailleuse. Et une bitch loyale » (2000). —

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Sujet société

Journey of Self Discovery, Anna Uddenberg, 2016.

Crazy rich KYLIE JENNER

n 2007, le monde – qui n’y était sûrement pas prêt – a découvert les Kardashian, cette fratrie de six enfants d’un père/belle-mère révélé transgenre au cours des épisodes, Bruce/Caitlyn Jenner, d’une «ÀmomagerÀ», soit une mère manager (qui empoche 10% de chacun des contrats de ses gosses), véritable instigatrice de la série, avide d’argent et de célébrité, Kris Jenner, et d’une flopée de seconds rôles, dont Kanye West, dont on suit les débâcles 24h/24, 7j/7, et qu’on croit mieux connaître que notre voisin de palier. Des Kardashian d’origine, il ne reste que les enfants – Kourtney, Kim, Khloé et Rob –, Robert Senior étant décédé d’un cancer foudroyant quelques années avant le lancement de la téléréalité. Du second mariage de Kris naîtront deux autres demoiselles en K, Kendall et Kylie. Depuis douze ans, cet écosystème évolue sous les feux des caméras et des scripts à rebondissements. La benjamine, Kylie, n’avait que 10 ans quand les

téléspectateurs l’ont découverte dansant autour d’une barre de pole dance, dans le premier épisode de L’incroyable Famille Kardashian. Douze ans plus tard, un milliard de dollars sur son compte en banque et 130 millions de followers sur Instagram, la petite fille a bien grandi et s’est créé son propre empire à neuf zéros. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre.

Episode 1À:

Le scandale tu chercheras

Difficile parfois (souventÀ?) de comprendre pourquoi les Kardashian-Jenner – K-J – sont devenus ce qu’ils sont, soit des portemanteaux à publicité, des «ÀinfluenceursÀ» capables de rassembler des millions de spectateurs devant chacune de leurs clinquantes péripéties. Tout commence en 1994, lorsque Robert Kardashian Sr accepte de rejoindre l’équipe de défense de

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son ami et désormais accusé de double meurtre O. J. Simpson. Gagnant de ce que les médias nommeront «Àl’affaire du siècleÀ» – Simpson est acquitté –, l’avocat empoche de gros chèques et léguera près de 100 millions de dollars à ses enfants à sa mort. Si le procès de l’ex-star des terrains de football affola l’audimat, c’est pourtant grâce à un autre scandale que la troupe en K se voit ouvrir les portes de la célébrité et du voyeurisme malsainÀ: quelques mois avant la diffusion du premier épisode de l’émission de téléréalité mettant en scène la famille, une sextape émerge sur le net, montrant Kim Kardashian en pleine partie de jambes en l’air. La coïncidence semble trop bien tombée et certains accusent la matriarche d’avoir leaké Kim K Superstar pour un petit coup marketing pré-lancement. Sacrée famille.

«ÀCélèbre pour être célèbreÀ»À: défi-

nition préférée de la presse pour décrire la famille XXL Kardashian-Jenner. La cadette, Kylie, bientôt 22 ans, vient d’être nommée plus jeune self-made milliardaire au monde. Retour sur l’ascension surprise de la désormais plus riche reine du clan K-J. Par Manon Voland

Episode 2À:

La chirurgie esthétique tu pratiqueras

Si les meilleures soupes se font dans les vieux pots, chez les K-J, les meilleures audiences découlent bien souvent des mêmes tapages. Après les ébats de Kim, ce sont les fréquentations de Kylie qui font jaser. Dans le pays de l’ultra-conservatisme, être en couple avec un rappeur multi-tatoué – Tyga – de huit ans son aîné tout en étant encore mineure, c’est plutôt mal vu (même chez les Kardashian). Subversive et suivant les traces sulfureuses de ses sœurs, la cadette a également créé la polémique en s’offrant un ravalement de bouche alors qu’elle n’était pas majeure (encore), vraisemblablement encouragée par sa botoxée de mère. Un triplement de volume apparu comme par enchantement chez celle qui affirma pendant des mois n’avoir

subi aucune injection. C’est bien évidemment dans un épisode du spin-off Life of Kylie qu’elle avoua finalement avoir eu recours à la chirurgie esthétique pour oublier d’embarrassantes lèvres trop finesÀ: «ÀJ’ai eu recours à des injections temporaires. C’est un de mes complexes et je voulais vraiment le faire. Les gens me jugent si vite que j’ai voulu éviter de dire la vérité, mais je n’ai pas menti.À» Un #lipgate qui aura fait couler beaucoup d’encre dans la presse people et sur les réseaux sociaux, épicentre de sa popularité. De nombreuses ados se sont d’ailleurs lancées dans le #KylieJennerChallenge, tentant désespérément de reproduire naturellement la courbe galbée des lèvres de leur idole en coinçant les leurs dans un verre à liqueur et en respirant par la bouche. Une bien mauvaise idée à laquelle l’instagrameuse a dû mettre un terme en confessant sa chirurgie, et en retirant le produit injecté l’année dernière. Heureusement, il reste à ses followers la possibilité de copier ses #belfies, ses selfies de butt (fesses en français) pour lui ressembler.

Episode 3À:

© cc creatives

Du tapage médiatique tu profiteras

Toute publicité semblant bonne à prendre chez les KardashianJenner, Kylie suit à la lettre cette devise, et exploite l’attention portée à sa bouche pour annoncer la sortie, en 2015, de sa propre marque de cosmétiques… pour lèvres. Le produit phareÀ? Un «Àlip kitÀ» vendu 29 dollars pour matifier et galber les lèvres et tenter d’avoir une «Àparfaite bouche KylieÀ». Rien que ça. Bien que la recette n’ait rien de novateur, il n’aura fallu que 60 secondes pour écouler les 15'000 premiers kits (payés avec l’argent des années de mannequinat de Kylie, pas merci papa donc) et empocher 19 millions de dollars en une journée. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, des petits malins revendaient


certains kits jusqu’à 1'000 dollars – oui, oui – sur eBay quelques minutes après. «ÀLe jour du lancement, j’ai rafraîchi la page une minute après le lancement, et tout était vendu. J’ai cru que c’était un » La benjamine problème technique.À du clan renfloue ses stocks rapidement, et fait passer son chiffre d’affaires de 0 à 307 millions de dollars en… une année. Des millions qui n’ont cessé de s’amasser depuis quatre ans, élevant la valeur de l’entreprise à 900 millions de dollars en 2018, selon Forbes. Un milliard particulièrement décrié tant la jeunette détonne dans le milieu très fermé des puissants de la planète. Et si, finalement, c’était ça la clé de sa réussiteÀ?

Episode 4À:

Riche tu deviendras

En devenant la plus jeune milliardaire de l’histoire, Kylie Jenner détrône le très creepy fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, entré dans la petite famille des neuf zéros à 23 ans. Même s’il est difficile de le croire, tous deux ont monté leur empire sur la même clé de voûte, les réseaux sociaux. Plus besoin d’innovation ou de garage quand on possède une communauté planétaire à qui s’adresser. Et il faut dire que Kylie manie les réseaux sociaux mieux que personne, aidée par la célébrité de sa famille ultra-médiatisée. Un clan qui lui a offert un tremplin sur un plateau d’argent avec Keeping up with the Kardashian, elle qui avait «Àune telle audience avant même d’entreprendre quoi que ce soitÀ». Tandis que les fans de la série la voyaient grandir sur leur petit écran, Kylie plaçait déjà ses cartes marketing, s’installant insidieusement dans les salons du monde entier avec sa bouille innocente. Avec les années, elle se transforme en femme-sandwich, lance sa marque de vêtements et d’extensions capillaires et sa chaîne YouTube, où elle distille de précieux conseils pour mieux lui ressembler. Et c’est là la force des KardashianÀ: on partage leur canapé, on assiste curieux à leurs disputes et on guigne dans la chambre à coucher le soir

Rich Rose, Anna Uddenberg, 2017.

venu. Ils ont été les premiers à (quasiment) tout montrer, et surtout l’opulence de leur ultra-célébrité. Avec les K-J, on a presque l’impression, consciemment ou non, de faire partie de la grande famille. Ou du moins, c’est l’idée du pitch. A coups de milliers de selfies, dont le concept même est de faussement se rapprocher de ses followers, Kylie Jenner a cumulé 130 millions d’abonnés sur Instagram, qui bavent devant ses photos luxe, célébrité et beauté. Une audience captive, prête à boire les paroles marketing de leur gourou et à se ruer sur ses kits

beauté. Aucun magasin propre, aucune usine et aucune publicitéÀ: rien de tout cela n’est utile dans l’univers pailleté des Kardashian-Jenner. Prochainement, L’incroyable Famille Kardashian entamera sa 15e saison, dans laquelle Kylie devrait faire son grand retour après une absence pour cause de… grossesse. Femme d’affaires milliardaire et maman à moins de 22 ans, cela a de quoi faire rager, ou rire. Mais après tout, n’est-ce pas l’effet même recherché par la téléréalitéÀ? La catharsis, la purification des passions. —

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Homeless


Qui a osé dire que la misère serait moins pénible au soleilÀ? Alors que les campements de fortune poussent aux quatre coins de la Cité des anges, le photographe Fred Hoerr est allé à la rencontre de ceux qui ont tout perdu. Le long de la rivière, «Àà l’abriÀ» d’un pont ou terré sous une toile de tente, arrêt sur

images d’une Amérique à double tranchant. Par Fred Hoerr | Interview Delphine Gallay


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on, nous ne sommes pas dans un pays du tiers monde, mais à Los Angeles, au cœur de l’Etat le plus riche des Etats-Unis – première puissance mondiale, comme le disent si bien les classements. C’est bien là tout le paradoxe. Si l’A merican dream continue de faire des heureux au pays de l’Oncle Sam, il laisse sur le banc de touche ceux pour qui la vie a dérapé. Rien que dans le comté de Los Angeles, ils étaient 57'794 SDF lors du dernier recensement. Un chiffre qui fait froid dans le dos et qui ne cesse de grimper. Parmi eux, des étudiants, des familles, des travailleurs, des vétérans ou tout simplement des gens paumés pour qui tout s’est enchaîné. Séparation, maladie, troubles mentaux, addictions ou salaires de misère… les histoires et les revers de vie sont nombreux, et se succèdent sans jamais se ressembler.

Quelque part entre les studios d’Hollywood et la côte pacifique, les trottoirs de Downtown et de la mégalopole californienne sont les témoins de ces oubliés de l’A mérique. A même le sol, à l’abri d’un pont ou, pour les «Àmieux lotisÀ», dans l’habitacle d’une voiture, les scènes de désolation font désormais partie du paysage de la Cité des anges, au point que Wikipédia a fini par répertorier sur son site le nom des principaux campements. C’est ainsi qu’au beau milieu du chaos, des défilés de tentes, des rues asphyxiées et parfois même de villages entiers, la routine a fini par s’installer. Si une partie des politiques et de la population se sont endormis sur le sujet et refusent de poser un regard sur l’étrange réalité, certains habitants de Los Angeles, à l’image du photographe Fred Hoerr, s’indignent de la détresse sociale, du cri sourd de ces oubliés, et témoignent comme ils le peuvent de la brutalité du «ÀspectacleÀ». Pas de jugement. Simplement un constat, une stupeur face au mirage, face à l’horreur. Alors que, plus près de nous, Paris et certaines capitales voisines prennent gentiment le même pli et se mettent au pas de la survie… La ville de Los Angeles et, plus largement, l’Etat de Californie comptent le plus grand nombre de SDF des Etats-Unis. Comment expliquez-vous une telle concentration de sans-abri sur la côte Ouest et un tel chaos dans le pays le plus riche de la planèteÀ? Bien que je ne sois pas un expert de la question des sans-abri, je peux me référer à ce que je sais. De l’avis général, la montée

en flèche de la pauvreté en Californie est due en grande partie à la hausse fulgurante des prix du logement sur la côte Ouest. Il faut savoir que l’Etat compte à lui seul 12% de la population du pays et que 25% de ses habitants sont, à l’heure où je vous parle, sans domicile fixe. Dans bien des cas, les gens qui se retrouvent à la rue du jour au lendemain ne changent pas de quartier, mais «ÀchoisissentÀ» de vivre à proximité de leur ancien lieu de résidence. C’est selon moi ce qui explique une telle concentration de SDF en Californie, ou encore à New York – qui enregistre des loyers record aux Etats-Unis. Ce phénomène est de toute évidence commun aux villes les plus riches du pays. Le boom économique ou technologique de ces mégalopoles attire de plus en plus des profils hautement qualifiés, avec de gros salaires et un fort pouvoir d’achat… Par conséquent, les prix s’envolent et laissent sur la paille les petits travailleurs qui, à terme, n’ont plus les moyens de se loger. Parlez-nous de ces oubliés que vous avez photographiés. Qui sontilsÀ? Quelle était leur vie avant qu’ils atterrissent dans la rueÀ? Bien sûr, je n’ai pas tous les détails de leur vie, mais, j’ai entendu de nombreuses histoires et les causes de leur malheur. La plupart des personnes que j’ai rencontrées avaient posé leur campement le long de la rivière et, étrangement, certaines d’entre elles semblaient être exactement là où elles souhaitaient être, avoir choisi cette vie de liberté, délivrées pour ainsi dire des contraintes du quotidien. Dans bien des cas, les sans-abri se retrouvent à la rue à cause de la drogue, d’une rechute ou de trafics liés. D’autres enchaînent les drames, s’enlisent, pris dans une spirale infernale, incapables de se relever. Certains semblent être déconnectés de la réalité, avec une vision du monde complètement biaisée par leur fondamentalisme religieux et leurs problèmes psychiatriques. Alors que d’autres, résignés, essaient juste de survivre et se contentent de leur statut. Qu’ils soient des sans-abri chroniques ou temporaires, parmi ces personnes, on compte des travailleurs, des gens de la classe moyenne, des vétérans, des retraités qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, mais aussi un nombre effroyable d’enfants. Comment une telle descente aux enfers est-elle possibleÀ? Avec la flambée de l’immobilier, beaucoup de familles n’ont plus les moyens suffisants pour survivre, se payer un toit… Fragilisées, ces familles sombrent vite, elles ne tiennent pas le coup

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NON, NOUS NE SOMMES PAS DANS UN PAYS DU TIERS MONDE, MAIS À LOS ANGELES. AU CŒUR DE L’ETAT LE PLUS RICHE DES ETATS-UNIS.

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D’AUTRES ENCHAÎNENT LES DRAMES, S’ENLISENT, PRIS DANS UNE SPIRALE INFERNALE, INCAPABLES DE SE RELEVER.

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ON PEUT TROUVER DE LA SINGULARITÉ, DE LA DIGNITÉ, DE LA BEAUTÉ ET DE L’HUMANITÉ PARMI LES PERSONNES LES PLUS MARGINALISÉES.

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face à une catastrophe ou à la perte d’un emploi. Les parents se retrouvent alors à la rue, leurs enfants sous le bras. Quelles sont les mesures prises par le gouvernement américainÀ? Ce sont majoritairement les Etats et les villes qui sont à l’initiative de ces mesures pour leur venir en aide. Ils leur versent des allocations et essaient parallèlement de trouver des solutions à cette crise. Mais, à mon sens, le plus important sur le long terme serait de revoir l’accès au logement, afin de réintégrer ces personnes dans notre société. Face à un tel record de pauvreté, on imagine fort bien que ces sansabri sont devenus invisibles pour la populationÀ? En effet. S’ils ne sont pas invisibles, la population, elle, ignore massivement ces personnes qui vivent et qui meurent sur le trottoir à la vue de tous. On compte énormément de jeunes sans-abri. Comment est-ce possible dans le pays du plein-emploiÀ? Comme je l’expliquais justement avant, cette crise est liée à la croissance et à la flambée des prix de l’immobilier. Les jeunes, les travailleurs sous-payés sont exclus du marché du logement. Vous savez, il y a des gens qui travaillent à temps plein et qui vivent dans leur voiture, sous une tente ou dans un campingcar. Ils n’ont hélas pas d’autre moyen de survie. S’ils viennent à perdre leur job, c’est la chute.

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ET PLUS PRÈS DE NOUS, PARIS ET CERTAINES CAPITALES VOISINES PRENNENT LE MÊME PLI ET SE METTENT AU PAS DE LA SURVIE…

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Vous voulez dire que parmi ces personnes que vous avez photographiées au bord de l’eau, certaines travaillentÀ? Oui, bien sûr. Parmi ceux que j’ai rencontrés, certains ont un job régulier, d’autres sont même étudiants. Et puis il y a ceux qui travaillent de manière plus décousue, en mendiant par exemple ou en collectant et en recyclant des ordures. Enfin, il y a également la prostitution et le deal de drogue. A quoi ressemble leur quotidienÀ? Au-delà des activités que je viens de citer, à pas grand-chose. Si ce n’est d’essayer de maintenir tant bien que mal une hygiène de base. Ils sont pour la plupart plongés dans un état d’introspection et de contemplation. Pouvez-vous nous dire quel rôle joue cette rivière dans leur vieÀ? J’ai l’impression qu’elle leur donne le sentiment de vivre dans un village. Elle représente pour eux le courant de la vie – l’eau, la lessive, la toilette... Mais j’admets volontiers qu’il est possible que je romance un peu. Aussi, qui dit rivière dit ponts. Un moyen pour eux de vivre à l’abri, de se replier, d’exister et de pouvoir rester relativement au sec et en sécurité.

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Quel message souhaitez-vous faire passerÀ? Qu’avez-vous appris de ceux qui ont tout perduÀ? Mon seul message – si on peut appeler ça comme ça – est de montrer que l’on peut trouver de la singularité, de la dignité, de la beauté et de l’humanité parmi les personnes les plus marginalisées. Vous savez, en allant à leur rencontre, j’ai réalisé qu’il y avait peu de différence entre ceux qui possèdent tout et ceux qui ont tout perdu. Finalement, la fracture se résume en grande partie à combien d’affaires ils possèdent et à quel point ils sont propres. Savez-vous si certains d’entre eux ont eu la chance de rebondirÀ? Impossible à dire. Les gens qui habitent le long de la rivière vont et viennent. Quand ils disparaissent, c’est la porte ouverte à tous les scénarios… S’en sont-ils sortisÀ? Sont-ils en prison, à l’hôpitalÀ? Sont-ils mortsÀ? La plupart du temps, ces histoires sont impossibles à vérifier. —

RIVERSYSTEM www.fhoerr.net


Haute voltige

PIONNIER

des temps modernes Bertrand Piccard, être ovationné par vos anciens professeurs, qui étaient au premier rang, vous a beaucoup ému. Quel élève étiez-vousÀ? Mes parents m’ont fait le magnifique cadeau de toujours me considérer comme un être humain responsable. Ils m’ont toujours pris au sérieux, ne m’ont jamais exclu de leurs discussions ou répondu «Àparce que c’est comme çaÀ». Quand ils ne connaissaient pas la réponse à une question, ils me le disaient. Quelle chance, pour un enfant, de pouvoir réaliser que les adultes ne savent pas tout et qu’il faut creuser davantage pour trouver des réponsesÀ! Grâce à eux, j’étais un élève qui avait le sens critique, mais difficile à gérer pour les enseignants, car je n’acceptais jamais de faire quelque chose si on ne m’avait pas expliqué pourquoi je devais le faire…

© Solar Impulse

Critique, vous l’êtes vis-à-vis de l’éducation donnée aujourd’hui… Tout est trop formaté. On enseigne aux enfants des certitudes, des connaissances arrêtées, mais on n’évoque pas tout ce qui nous échappe. Ce qui n’est pas scientifiquement prouvé ou communément admis, ce qui n’entre pas dans la case du politiquement correct ne fait pas partie de l’éducation. Or c’est montrer la diversité pour susciter la curiosité que l’on devrait faireÀ: enseigner autant le darwinisme que le créationnisme, présenter différentes manières de penser, différents mouvements religieux et philosophiques.

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C’est concevoir le monde différemmentÀ? Permettre aux enfants de comprendre qu’il y a un nombre infini de réalités rend tolérant. Il ne faut pas enseigner quoi penser, mais comment penser.


En d’autres termes, la spiritualité devrait être le moteur de l’existence... Oui, j’en suis profondément convaincu. Malheureusement, on vit dans un monde toujours plus artificiel, où l’on croit que tout ce qu’on voit n’est qu’une seule réalité, au lieu de s’ouvrir à un monde en lien avec la transcendance. Les religions, qui avancent des certitudes et posent des obligations, ont dégoûté beaucoup de gens de la spiritualité qui, elle, ouvre à la recherche, au sens de la vie. La religion impose des réponses à des questions que les fidèles ne se posent pas, alors que la spiritualité ne donne pas de réponses aux questions de ceux qui s’en posent… Cet aspect de la spiritualité est omniprésent dans votre discours, puisque vous affirmez que les questions sans réponses créent la conscience d’exister. C’est vrai. Ce qui nous permet d’avancer, c’est de rompre avec nos carcans. La vraie aventure est spirituelle. Elle commence lorsque l’on accepte de sortir de nos habitudes, de se questionner sur nos valeurs et nos préconçus. Les questionner pour s’en libérer… Tout le monde peut apprendre à le faire. N’est-ce pas un brin «ÀdémagogueÀ»À? Certains partent avec plus d’avance que d’autres, que ce soit en termes de capacités intellectuelles ou de ressources financières… Je ne le pense pas. Je ne parle jamais du côté spectaculaire d’une aventure. Celui qui court toute la journée pour gérer ses enfants tout en ramant pour boucler les fins de mois peut aussi connaître l’envie de faire mieux. Si cette personne accepte de se remettre en question, elle pourra relever des défis. Il y a des tas de choses à faire autrement, à chaque moment de la journée. En fait, vous donnez de l’espoir à tout le monde… Je ne dis pas du tout que c’est facile. Il est parfois nécessaire d’être entouré… Mais c’est un processus que l’on peut appliquer aux moments ordinaires, pour essayer de les rendre extraordinaires. Grâce à votre père, pionnier de l’océanographie, vous avez eu le privilège rare d’assister au décollage des fusées des missions Apollo. Est-ce cela qui a fait naître votre destin d’aventurierÀ? Cette collision entre mon monde «ÀordinaireÀ» – école, devoirs, football américain et cours de poésie américaine – et celui,

incroyable, de pouvoir rencontrer les héros de la conquête de l’espace et de l’aviation comme Charles Lindbergh – tout ce que j’avais lu dans les livres – m’a permis de comprendre que rien n’était impossibleÀ! Vous recevez beaucoup de compliments de toutes parts. Comment rester humble quand on a réalisé tant d’exploits, qu’on a tant de projets pensés pour le bien de la planète et qu’on est si aduléÀ? Je sais à quel point j’ai aussi dû galérer pour y arriver. Les retours positifs me montrent que je vais dans la bonne direction. C’est gratifiant d’être utile aux autres, mais je ne donne pas des conférences pour me glorifier. Je le fais car je suis persuadé que les gens peuvent devenir des explorateurs dans leur domaine, des aventuriers dans leur vie. En tant que médecin, je suis content quand on me dit que mes conférences aident à mieux vivre. Comment pouvez-vous afficher tant de confiance en l’être humain quand on voit les horreurs qu’il peut commettre, à l’image du terrorismeÀ? Mon espoir demeure quand je vois la qualité des ressources potentielles que porte l’homme. Mais je désespère aussi parfois quand je vois à quel point ces ressources sont si mal utilisées. Et ce qui me fait peur, c’est la bêtise humaineÀ: c’est ce qui détruira la planète si rien ne change. L’égoïsme, le «Àcourt-termismeÀ», cette manière de retarder les décisions fondamentales pour l’environnement par pure cupidité… L’environnement, c’est votre cheval de bataille. Oui, parce que le discours que les politiques et l’économie ont à ce sujet est complètement dépassé. Ils n’empoignent pas le problème par le bon boutÀ? Ils ne cessent de répéter que l’écologie coûte plus cher et qu’elle oblige les gens à se priver. Il est urgent que ce discours changeÀ! L’écologie doit être enthousiasmante et rentable, et notre monde a les moyens d’évoluer. Nous vivons avec des technologies désuètes. Isoler tous les bâtiments correctement, remplacer les chauffages à mazout par des pompes à chaleur, rendre propres les sources d’énergie, s’éclairer avec des ampoules LEDÀ: rien qu’avec cela, la consommation électrique diminuerait drastiquement.

Au printemps, le «savanturier» Bertrand Piccard a vécu un moment très émouvant à l’issue de la conférence «ÀComment atteindre l’impossibleÀ», donnée devant 500 personnes réunies au Collège Champittet, à Pully. Par Julie Masson


Bertrand Piccard en quelques dates

1958 Naissance le 1er mars à Lausanne.

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Fils et petit-fils de Jacques et Auguste Piccard. Enfance passée en Floride. 1985 Champion d’Europe de voltige en deltaplane. 1986 Diplôme de médecin, Université de Lausanne. 1992 Vainqueur de la première course transatlantique en ballon. 1999 Premier tour du monde en ballon avec Brian Jones. 2015 Début du premier tour du monde en avion solaire. Se relayant aux commandes de Solar Impulse, Bertrand Piccard et André Borschberg bouclent leur exploit en juillet 2016.

Votre discours est très convaincant. Pourquoi n’est-il pas davantage reprisÀ? Chacun est enfermé dans ses dogmes. La gauche continue à coupler écologie et décroissance, ce qui est un non-sens économique, alors que la droite promeut une croissance illimitée, ce qui est une aberration écologique. Il faut quitter ces voies sans issue et chercher une croissance qualitative, celle qui permet de créer des emplois et de faire du profit en remplaçant les infrastructures polluantes par des éléments beaucoup plus propres et efficients. Vous prônez le développement du smart grid, par exemple… C’est fondamental. Digitaliser l’ensemble de la chaîne, de la production à la consommation d’énergie, en passant évidemment par la distribution et le stockage quand il s’en produit assez pour la redistribuer quand il en manque, tout cela permet de couper les pics de consommation. Pour un pays comme la Suisse, cela représente une baisse de 30% des besoins énergétiques. Il faut arrêter de parler de décroissanceÀ: il faut travailler l’efficience. En agissant ainsi, on crée des emplois, on économise de l’argent, et donc, on améliore le pouvoir d’achat de la population. Je le dis et le redisÀ: l’écologie représente le plus gros marché du siècleÀ! Pourquoi ne pas vous lancer en politique pour faire passer vos messagesÀ? La politique, je ne fais que ça, dans mes interviews, mes conférences, mes livresÀ; mais je n’en ferai jamais dans un partiÀ! Dans ce que j’explique, tous peuvent se reconnaître. Et tous, sans exception, sont venus me voir en me demandant de rejoindre leurs rangs, car ils se reconnaissaient dans mes propos. Je me tiens à la disposition de chaque mouvement pour partager une

réflexion, développer un programme et faire passer certaines idées. Et puis ma fondation est aussi une façon de faire de la politique… Solar Impulse Foundation ambitionne effectivement de trouver et soutenir mille projets rentables pour protéger l’environnement. Le but est de labelliser des projets qui rassemblent écologie et économie, afin de montrer qu’il est possible de trouver des solutions qui sont autant d’opportunités à la croissance d’une économie propre. Elle est actuellement mandatée par l’Ecosse, le Luxembourg, la France, la Wallonie et les Nations unies pour amener des solutions à ceux qui en ont besoin. Changeons de sujetÀ: le 14 juin, les femmes suisses sont à nouveau descendues dans la rue pour se faire entendre. Que pensez-vous de cette grèveÀ? L’inégalité de genre est une aberration. Les êtres humains ont tous la même valeur. C’est un sujet qui me parleÀ: j’ai été pendant douze ans ambassadeur de bonne volonté des Nations unies, où j’ai défendu l’éducation des femmes et l’égalité des genres en Inde, en Amérique du Sud, en Europe et en Afrique. Il est fondamental d’augmenter le respect que l’on porte aux autres. Pour conclure, que diriez-vous à votre grand-père, Auguste Piccard, si vous pouviez avoir une discussion avec luiÀ? Je lui dirais que j’ai démontré qu’il avait raison dans son article, publié en 1942, où il parlait d’énergie solaire. Quand j’ai retrouvé ce texte, j’ai été stupéfaitÀ! Lui qui prônait déjà le recours à ce type d’énergie n’aurait pas été surpris par le vol de Solar Impulse. J’aurais pu lui direÀ: «ÀJ’ai mis tes propos en pratique.À» —

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PLUS QU’UN HÔTEL, UN LIEU Lorsqu’on arrive à Megève, on est frappé par une tranquille authenticité qui semble éternelle. Un charme envoutant enveloppe les ruelles du village au cachet unique. En été, la montagne se fait éclatante de beauté sous son manteau vert recouvert de fleurs sauvages. Aux Fermes de Marie, on découvre un lieu où la féerie des journées ensoleillées offre des instants de bonheur à partager en famille ou entre amis. L’ambiance intimiste et cosy invite à une parenthèse de détente hors du temps. On se laisse porter par la douceur des longues soirées d’été dans un véritable havre de paix.

HÔTEL & CHALETS D’EXCEPTION À MEGÈVE Renseignements & Réservation +33 (0)4 50 91 48 59 - www.fermesdemarie.com Megève . Chamonix . Flaine . Avoriaz . Val Thorens . Lyon . Ménerbes . Saint-Tropez . Saint-Barth

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2019-06-14 13:30


TIC-TAC

Du tac au tac

Quiz des grands patrons

Shooting horlo

Le Grand Bleu d’Hublot

Vase Echasse, Menu.


C Questions de temps

RÉATEURS

à livre ouvert

On prête à Françoise Sagan la citation suivantep: «pMon passetemps favori, c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretempsp»… et ça lui va bien. Comme promis dans notre numéro de printemps, nous continuons ici à égrener le temps avec ceux qui essaient

de le dompter… Par Philippe Perret du Cray

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LONGINES Walter von Känel Directeur général de Longines

Le temps, c’est... Le temps est incorruptible.

Un gain de temps ? L’ouverture à de nouvelles possibilités.

Une perte de temps ? Attendre les gens en retard.

Un passe-temps ? Mon travail.

Vivre avec son temps ? Rester constamment à la page, mais sans être l’esclave des nouvelles technologies.

J’en oublie le temps… En bonne compagnie. Mais également au sein de la famille Longines, avec qui je partage des moments privilégiés depuis de très nombreuses années.

Si j’avais l’éternité… Qu’en ferais-je ?

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Ce n’est pas à l’ordre du jour.

L’intemporalité, c’est… L’une des premières choses qui me vient à l’esprit est le caractère cyclique de l’histoire. Les mêmes faits et problématiques se répètent au fil du temps. Ils semblent immuables (par exemple, les guerres de religion).

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

Conquest V.H.P. (41 mm) CHF 950.–

Il est un compagnon fidèle et discret.

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BELL & ROSS Carlos Rosillo

Président et cofondateur de Bell & Ross Le temps, c’est…

Si j’avais l’éternité…

L’objet que Bell & Ross doit maîtriser.

Je vivrais chaque instant.

Un gain de temps ?

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

En le prenant…

Je viserais l’éternité.

Une perte de temps ?

L’intemporalité, c’est…

Quand il n’y a pas de plaisir.

Carpe Diem : prendre son temps.

Un passe-temps ?

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

Les promenades dans la nature.

La montre de mon mariage : une montre Bell & Ross Vintage Heure Sautante en platine.

Vivre avec son temps ? Pour rester jeune.

J’en oublie le temps… Car le voyage est délicieux. Vintage platinum 123 HS

RJ WATCHES Marco Tedeschi CEO de RJ Watches Le temps, c’est...

J’en oublie le temps…

Le luxe.

Avec mes enfants.

Un gain de temps ? (Hésitation) Je ne sais pas… Eviter de disserter sur le

Si j’avais l’éternité… Je prendrais le temps.

temps, surtout à 18h30.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Une perte de temps ?

Je m’échapperais en courant.

Ça n’existe pas… Il y a de bonnes et de mauvaises expériences. C’est une question de perception.

L’intemporalité, c’est… C’est profond.

Un passe-temps ? La photographie.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? Le prochain.

Vivre avec son temps ? C’est être en avance sur son temps. Arraw Titanium CHF 18'900.–

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PIAGET Chabi Nouri CEO de Piaget

Le temps, c’est...

Précieux. Tout comme l’or, le temps est un élément que nous avons le pouvoir de façonner pour créer quelque chose d’unique qui nous appartient.

Un gain de temps ?

Le téléphone portable.

Une perte de temps ?

Le téléphone portable !

Un passe-temps ?

Pourquoi passer le temps ? Il faut être maître de son temps, le contrôler, vivre chaque instant de manière joyeuse.

Vivre avec son temps ?

Vivre avec son temps, c’est se réinventer, innover, tout en conservant ses racines et ses valeurs.

J’en oublie le temps…

Lorsque la joie de vivre est partagée.

Si j’avais l’éternité…

Je prendrais le temps de vivre et le temps ne me semblerait plus si précieux.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Je les vivrais intensément.

L’intemporalité, c’est…

Vivre chaque instant sans notion de temps.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

La montre Limelight Gala, féminine et sensuelle, est l’une des icônes de la maison Piaget ! Sa dernière version s’est parée d’un cadran en malachite et d’un éblouissant bracelet en or rose gravé à la main, et présente un nouveau style de sertissage qui permet de mettre en valeur des diamants de taille plus importante en donnant l’impression qu’ils sont tenus ensemble de façon invisible.

Limelight Gala CHF 85'000.–

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ANONIMO Aldo Magada CEO d’Anonimo Le temps, c’est... La prise de conscience que les choses ne seront jamais plus les mêmes.

Un gain de temps ?

Si j’avais l’éternité… Oh, comme le dirait Woody Allen, « l’éternité, c’est long, surtout sur la fin… » ! (Rires.)

Bien utiliser le temps qui m’est donné.

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

Une perte de temps ?

Je quitterais immédiatement Baselworld pour aller voir ma famille.

C’est exactement le contraire, c’est-à-dire ne pas avoir utilisé le temps qui t’était donné et avoir gâché les choses.

L’intemporalité, c’est…

Un passe-temps ?

Ça évoque la substance qui reste valide, quelle que soit la période traversée.

C’est avoir l’impression que le temps ne passe pas. La lecture, un cigare, les amis et la famille.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

Vivre avec son temps ? Connaître ta base étalon du temps… et rester ouvert à ce qui se passe autour de toi et qui n’est pas nécessairement dans ta vision ou ta compréhension du temps.

Je ne veux pas parler marque… Pour moi, une montre, c’est par exemple la Philosophe d’Audemars Piguet, qui n’a qu’une seule aiguille… ce qui est amplement suffisant pour savoir où tu en es, sans avoir à être obsédé par la précision maladive du téléphone ou de l’heure digitale.

J’en oublie le temps… Avec tout ce qui me passionne. Parce que quand tu rentres dans quelque chose de passionnant, tu en oublies la notion du temps. Chrono Militare Vintage « Panda » CHF 3'890.–

ARMIN STROM Claude Greisler Cofondateur d’Armin Strom Le temps, c’est...

J’en oublie le temps…

La vie.

Si je suis heureux.

Un gain de temps ?

Si j’avais l’éternité…

Le shopping online.

Je serais obligé de la refuser.

Une perte de temps ?

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

Les bouchons.

Je prendrais un verre de vin rouge.

Un passe-temps ?

L’intemporalité, c’est…

La montagne.

La culture.

Vivre avec son temps ? C’est une bonne question… C’est de comprendre que la vie n’est pas infinie et qu’il faut en faire un maximum. Dual Time Resonance Sapphire CHF 280'000.–

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AUDEMARS PIGUET François-Henry Bennahmias CEO d’Audemars Piguet Le temps, c’est... Jamais assez quand on est bien entouré, mais dix fois trop long quand on est mal entouré !

Un gain de temps ? Une question de volonté.

Une perte de temps ? Les transports.

Un passe-temps ? Jeux divers et variés…

Vivre avec son temps ? C’est savoir profiter du moment présent.

J’en oublie le temps… Lorsque je me concentre sur certaines passions, dont la musique.

Si j’avais l’éternité… Je la rendrais immédiatement !

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Je donnerais libre cours à toutes les gourmandises.

L’intemporalité, c’est… La recette magique qui permet de résister à toutes les modes et d’être toujours un cran au-dessus des siècles plus tard…

Code 11.59 Automatique CHF 27'000.–

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? Le cœur qui bat.

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RAYMOND WEIL Elie Bernheim CEO de Raymond Weil Le temps, c’est...

Si j’avais l’éternité…

Le temps qui passe… et surtout le besoin d’avoir un jour qui ne ressemble pas au précédent.

Je voudrais être toute ma vie avec mes enfants.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Un gain de temps ?

Etre entouré de ceux que j’aime.

C’est d’être capable de faire plusieurs choses en même temps.

L’intemporalité, c’est… La liberté.

Une perte de temps ? Faire des choses que je n’aime pas faire.

Un passe-temps ? La gastronomie. J’adore ça !

Vivre avec son temps ? C’est être capable de penser à demain.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? Evidemment le mien, celui que je porte tous les jours et pour lequel mon cœur bat son plein… à savoir une montre Raymond Weil. Si je devais en choisir une, ce serait la pièce que j’ai créée il y a cinq ans en hommage à mon grand-père. Un modèle Maestro avec chronographe et COSC.

J’en oublie le temps… Avec l’amour. Freelancer 2780 TIR 60001 CHF 2'200.–

CARL F. BUCHERER Sascha Moeri CEO de Carl F. Bucherer Le temps, c’est... Le temps, c’est tout… Dans une autre vie professionnelle, nous disions aux clients : « Le temps est ce que vous en faites. » Et c’est une phrase qui m’a toujours suivi.

voyager six mois par an pour découvrir d’autres endroits, d’autres cultures.

J’en oublie le temps… Avec le cinéma, les films.

Un gain de temps ? Je n’ai jamais l’intention de gagner du temps. Le meilleur moment pour moi, celui où j’ai l’impression que le temps ne passe pas trop vite, c’est quand je fume un cigare.

Si j’avais l’éternité… Seulement si je peux garder la jeunesse…

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Une perte de temps ? Quand je suis coincé en voiture dans un bouchon…

Je me sauverais immédiatement pour aller chez ma copine.

Un passe-temps ?

L’intemporalité, c’est…

Le ski et le snowboard. La randonnée et les cigares.

La jeunesse dans ma tête.

Vivre avec son temps ?

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

Je suis très heureux de vivre ma vie aujourd’hui, car j’habite le plus beau pays du monde et j’ai la possibilité de

La Manero Flyback.

Manero Flyback en or rose CHF 16'800.–

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CHANEL Arnaud Chastaingt

Directeur du studio de création horlogerie chez Chanel

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

Je les passerais à contempler ma plus belle création, la plus libre, ma fille.

L’intemporalité, c’est…

Une utopie. Tout se démode, et tant mieux. La création est l’ennemie de l’intemporalité. Créer, c’est démoder.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

La J12 ! En 2000, alors que j’étais étudiant en école de design, j’ai eu un coup de foudre immédiat pour cette création. A cette période, je n’avais pas d’affinité particulière avec l’univers de l’horlogerie. L’acte créatif est radical et a totalement bousculé mes idées reçues. J’ai porté alors un nouveau regard sur l’objet montre. J12 a été une révélation. Aujourd’hui, elle est devenue ma muse. Ma fascination est intacte et, à l’aube de ses 20 ans, cette montre ne cesse de m’inspirer.

Le temps, c’est...

Mon terrain de jeu.

Un gain de temps ?

Ne plus se poser cette question.

Une perte de temps ?

Chercher à être dans l’air du temps.

Un passe-temps ?

Créer… Je ne sais faire que ça.

Vivre avec son temps ?

C’est déjà avoir un temps de retard.

J’en oublie le temps…

Depuis le jour où j’ai rejoint la maison Chanel.

Si j’avais l’éternité…

J12 Calibre 12.1 CHF 5'650.–

Je porterais une montre qui ne donne pas l’heure.

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VOUTILAINEN Kari Voutilainen Fondateur de Voutilainen Le temps, c’est...

J’en oublie le temps…

Le temps qu’on vit, le temps qui passe… c’est l’instant.

Quand je vais marcher dans la montagne ou faire du ski de fond.

Un gain de temps ?

Si j’avais l’éternité…

C’est de pouvoir faire les choses de manière plus efficace. Sans forcément travailler plus vite, mais de manière plus rationnelle.

J’aimerais passer plus de temps dans l’atelier.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Etre avec ma famille.

Une perte de temps ? Quand on doit faire les choses deux fois.

Un passe-temps ? J’aimerais avoir plus de passe-temps… pouvoir lire, bricoler, passer plus de temps avec la famille et les amis.

L’intemporalité, c’est… Ce que fait la nature. Les paysages, la montagne sont intemporels… Ça change avec les saisons, mais c’est toujours là. Contrairement aux créations de l’homme.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? Vivre avec son temps ?

Un régulateur, une horloge de précision.

C’est vivre en 2019 avec tout ce qui se passe, conflits, désastres, etc. Mais pour bien vivre avec son temps, il faut être conscient de tout ça tout en sachant prendre ses distances avec ce qui ne nous touche pas directement !

Et parmi les vôtres ? Ma première montre de poche.

28 E CHF 83'000.– (HT)

BOVET Pascal Raffy

Propriétaire et CEO de Bovet Le temps, c’est...

J’en oublie le temps…

Dans le genre humain, c’est la définition du luxe véritable.

Lorsque mes enfants chantent ensemble.

Un gain de temps ?

Si j’avais l’éternité…

Vivre un peu moins de médiocrité, de temps en temps…

Je n’en veux pas.

Une perte de temps ?

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

Ecouter quelque chose de médiocre.

Intensité.

Un passe-temps ?

L’intemporalité, c’est…

Me baigner dans le regard de mes enfants.

L’intégrité.

Vivre avec son temps ?

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

Ecouter, s’adapter.

Celui de l’année prochaine. Récital 22 Grand Récital CHF 435'000.–

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BULGARI Guido Terreni

Directeur général de Bulgari Watches

Le temps, c’est...

Le luxe ultime… Tu ne peux pas l’acheter et, une fois que tu l’as dépensé, c’est perdu à jamais.

Un gain de temps ?

Quand un imprévu va dans le bon sens.

Une perte de temps ?

C’est quelque chose qui me fâche, car j’aime être dans le contrôle de mon temps et, vu que le temps est un luxe, c’est vraiment un gaspillage.

Un passe-temps ?

Quelque chose qui me vide la tête… Par exemple, une balade à moto.

Vivre avec son temps ?

Etre présent à soi-même.

J’en oublie le temps…

Quand on ressent une joie... Quelque chose qui te fait sentir extrêmement vif au point de te faire perdre le contact avec la réalité.

Si j’avais l’éternité…

Je n’ai pas de réponse. C’est une dimension que je n’arrive pas à imaginer.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Je m’attache à mes valeurs.

L’intemporalité, c’est…

Une chose intemporelle triomphe du temps… C’est donc une chose extrêmement puissante, car tu ne peux l’emporter sur le temps que si tu es authentique.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

L’Octo Finissimo… Difficile de choisir une seule montre quand tu les considères toutes comme tes enfants. Mais peut-être la céramique toute noire de cette année.

Octo Finissimo Automatique Céramique CHF 14'900.–

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Rencontre horlo

Hfamille

ISTOIRE DE

ujourd’hui, après deux années de travaux et de réaménagement, le vénérable siège historique de Patek Philippe, porte-flambeau de l’horlogerie suisse, est devenu un lieu dédié aux clients, pour lesquels il représente une sorte de second foyer affectueusement nommé «ÀLes SalonsÀ». C’est comme si les fidèles de cette marque prestigieuse étaient invités dans les propres salons de la famille Stern. Pénétrer dans cet univers magique, c’est faire un voyage enchanté au cœur de la sérénité, du raffinement et de la confiance, surtout lorsque l’on sait que le mouvement d’un garde-temps Patek Philippe à lui seul revient plus cher que six ou sept bonnes montres courantes. C’est aussi le seul endroit dans le monde où est exposée la collection Patek Philippe dans son intégralité et sa splendeur. Chaque jour ouvrable, près de 200 visiteurs poussent ainsi les portes de ce temple de l’horlogerie.

Patrick Cremers, perfectionniste et humaniste

Patrick Cremers, dont le cœur a toujours fait tic-tac à la vue d’une belle montre mécanique suisse, est un homme étonnant, passionné comme personne. Pour lui, chaque montre est un objet d’émotion. Mais à l’heure où la fabrication des objets les plus sophistiqués est confiée à la robotique, où la pile nourrit les mouvements à quartz, où le geste précis de l’homme est désormais remplacé par la machine, n’est-ce pas une folie de cultiver un tel amour pour l’horlogerie traditionnelle d’exceptionÀ? Patrick Cremers insiste sur le fait que son environnement reflète bien la philosophie de la marqueÀ: «ÀLa recherche de la perfection artisanale est une tradition chez Patek Philippe, dont le cofondateur, Jean Adrien Philippe, a inventé la couronne de remontoir en 1841. Dans le passé, Monsieur Stern veillait toujours à faire travailler les artisans, même quand cela ne se vendait pas, pour préserver les savoir-faire et sauver des techniques. Mon métier, aujourd’hui, c’est de transmettre une passion dévorante, de la partager avec les nouvelles générations, et je pourrais parler de ce sujet à l’infini. C’est dans l’ADN de la maison de pérénniser le savoir-faire des graveurs, des émailleurs, des marqueteurs, des sertisseurs, des polisseurs, des guillocheurs.À» Dans la famille Cremers aussi, les vraies valeurs humaines sont très importantes, et Patrick le confirmeÀ: «ÀCes valeurs se perdent beaucoup de nos jours, et si l’on est dans ce métier, c’est pour le plus important, l’humain, ce que j’ai toujours recherché. Quand j’ai rejoint Patek Philippe il y a dix ans, c’était une décision de cœur, de passion pour la marque,

Le respect, la passion, la famille et l’amour du service aux clients sont les valeurs que Patrick Cremers, le directeur des Salons Patek Philippe de Genève, entretient depuis son arrivée en mars 2010. Trajectoire l’a rencontré pour vous. Par Patrick Galan

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mais aussi pour la famille Stern. Et je reste humble vis-à-vis de ce nom qui est magique. Pour moi, l’humilité dans la fierté, c’est tous les jours. Au-delà du fait de vendre, je m’identifie totalement à la famille SternÀ; j’ai envie de tout donner en ce sens.À»

L’importance de l’accueil

Si on fait remarquer à Patrick Cremers qu’il peut être très intimidant de pousser la porte d’une maison de luxe gardée comme un coffre-fort, il balaie l’argument d’un revers de mainÀ: «ÀIci, mon objectif, c’est la chaleur de l’accueil. Celui-ci est très important pour ne pas créer une distance au départ. Déjà, le bâtiment en lui-même est impressionnant, et je sais que beaucoup de gens n’osent pas entrer par peur de ne pas être suffisamment bien considérés. Les Salons Patek Philippe sont pourtant ouverts à tout le monde et personne ne doit se sentir exclu. C’est un lieu au service de la créativité, où l’on vient découvrir de la belle horlogerie, des traditions, de l’artisanat. Et ce n’est pas seulement réservé à une élite, absolument pas, même si la discrétion est notre leitmotiv. D’ailleurs, nous communiquons très peu sur tous les nombreux événements réservés à nos invités locaux, et que nous organisons chaque année sans but commercial. Une des valeurs que nous cultivons chez Patek Philippe, c’est de privilégier notre clientèle genevoise ou nationale, comme nous le faisons lors des invitations aux Midis horlogers, par exemple. D’ailleurs, je viens de faire une conférence en Angleterre, à l’Observatoire royal de Greenwich, sur les montres à heure universelle, où nous avons invité des clients suisses pendant deux jours. Nous leur avons aussi programmé une visite à Paris, au Musée des arts et métiers, où un thème horloger sera abordé par rapport à Patek Philippe.À»

Une stratégie de qualité

Les Salons historiques de Patek Philippe, au 41 de la rue du Rhône à Genève, s’étendent sur deux étagesÀ: le premier est réservé aux montres classiques, le deuxième aux grandes complications. Les lieux sont conçus jusque dans le moindre détail comme

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un hymne à l’art horloger authentique. Mais ce qui domine avant tout dans ce cadre magnifique et reposant, c’est l’impression d’intimité et d’accueil, qui en fait un lieu idéal pour contempler et s’attarder. L’an passé, l’enseigne y avait organisé l’exposition Haut Artisanat 2018, respectant, comme à son habitude, la stratégie de qualité d’un savoir-faire horloger d’exception. De nombreux talents ont été appelés à collaborer lors de la restauration des Salons Patek Philippe, du spécialiste en cuirs de Cordoue au restaurateur des luminaires du château de Versailles. La direction a même fait appel à l’art du parfumeur genevois Daniel André, afin de créer un parfum unique chargé de diffuser une identité dédiée à l’excellence. Les étages supérieurs de cette adresse emblématique ont quant à eux été transformés en salles de réception avec, au cinquième niveau, une exposition de la collection personnelle de peintures lacustres de Philippe Stern. Vingt-six personnes parlant une vingtaine de langues se tiennent disponibles pour accueillir discrètement les amis de la marque, et vendent à des clients de plus de cent nationalités différentes. —


Vol direct

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WOWp!

La mode est aux bonbons

Irina Shayk

L’interview olfactive

La lĂŠgende du Beau-Rivage Palace

Vases Hoop, Stelton.


Parfum de scandale

UN AIR DE Pigalle Après les eaux Scandal et Scandal by Night, le bad boy et créateur hors norme Jean Paul

Gaultier récidive avec une toute nouvelle version baptisée Scandal à Paris, et mise sur une muse jeune, libertine et sexy. Par Siphra Moine-Woerlen

Un souffle plus suave

© François Goize

Révélé par la parfumeuse Daphné Bugey, Scandal à Paris entretient sa réputation gourmande et attise la séduction en déployant des notes de tête audacieuses, davantage fruitées avec du jasmin et du miel… pour un jus encore plus addictif. Une eau glamour et magnétique au caractère bien trempé dont les parfums Jean Paul Gaultier ont le secret.

Quelle femme

pour Scandal à Parisp?

«pOn voulait renouer avec l’esprit de Jean Paul Gaultier, enfant terrible de la mode, qui marie luxe, esprit populaire et sens de l’humourp», détaille Johanna Worth, directrice associée de l’agence Mazarine, à l’origine de la publicité de Jean Paul Gaultier. Si l’attitude suggestive de la femme Scandal à Paris a de quoi faire grand bruit, Irina Shayk – la principale intéressée – se moque bien du qu’en-dira-t-on, dès lors que le parfum Scandal à Paris apparaît comme un manifeste de liberté.

Scandal à Paris,

un flacon qui fait tourner la tête

© Fede Delibes

Pour ce jus totalement renversant, on reconnaît d’un coup d’œil la patte du créateur avec ces deux gambettes pointées vers le ciel qui viennent coiffer l’élixir, tout comme le côté rose poudré cher au créateur parisien. Un flacon gai, érotique et sexy que l’on voudra vider jusqu’à la dernière goutte et conserver précieusement comme un trophée.

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© Fede Delibes © François Goize

L’interview olfactive d’Irina Shayk, égérie du parfum

L’odeur de Parisp? L’amour. C’est quelque chose de subtil et de difficile à exprimer. L’air de Paris à quelque chose d’unique. Certainement l’amour de la vie, de la ville, de ses habitants… et aussi l’amour de l’art, de la mode et de la beauté. Une madeleine de Proustp? La poirep! Elle me rappelle un poirier que nous avions dans notre jardin lorsque j’étais enfant… Et puis il y a aussi les pancakes. J’ai en mémoire ceux que ma grand-mère nous préparait, à ma sœur et moi. Ces deux parfums sont pour moi une grande source de joie et sont intimement liés aux souvenirs de mon enfance.

Un lieu parisien qui vous est cherp? L’institut de beauté Balmain. La propriétaire du salon est russe, elle s’appelle Anjelica. Je l’ai surnommée «pMy Beauty Angelp», parce qu’elle a le don de faire des merveilles. A chaque fois que je suis de passage à Paris, je file la voir histoire de me rebooster en beauté avec un soin du visage, une manucure, une pédicure et un bon massage. Il faut dire que Paris est une ville très spéciale pour moi. Rien que le fait de me promener dans ses rues me replonge dans tellement de souvenirsp! J’ai débarqué à Paris il y a douze ans – c’était l’époque de mes débuts dans le mannequinat, la coloc entre models, les castings…

Votre lien intime avec le parfump? Le parfum joue un rôle important dans ma vie. Il doit vous refléter, sans toutefois s’emparer de vous ou de votre personnalité. C’est pourquoi j’aime tant Scandal à Paris – quand je le porte, je me sens sûre de moi et il m’habille toute la journée. Vous savez, je ne suis pas une grande fan de parfums trop opulentsp; je les aime légers, sexy et élégants.

Votre rencontre avec Jean Paul Gaultierp? Jean Paul Gaultier est un homme qui a les pieds sur terre. La première fois que nous nous sommes rencontrés, ça a été comme une évidence, c’était comme si on se connaissait depuis des années. Il est vif, intelligent, il a un grand sens de l’humour et surtout un charme fou. En plus d’avoir un talent incroyable, il sait tout faire – il est même doué pour

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poser pour les photosp! Ce que j’aime surtout chez lui, c’est qu’il n’a pas peur de prendre des risques et de repousser les limites. Il n’a pas peur non plus de travailler avec différents types de beauté ou de lancer les tendances. C’est simple, cet homme est une légende. C’est donc un grand honneur pour moi de travailler avec lui. Et dire qu’il y a dix ans, je n’imaginais même pas le rencontrer un jourp! Alors imaginez un peu, nous faire photographier ensemble et devenir l’égérie de son parfum… —


Mode décryptage

La mode est une

FÊTE

Giorgio Armani.

Du vêtement qui envoie de la bonne humeur et de la joie, des accessoires colorés, un vestiaire aux dimensions démentielles avec lequel on a envie de jouer... Moins de sucre dans l’assiette, mais toujours autant de plaisir pour s’habiller.

De la mode qui ne se prend pas au sérieuxp: voilà que la tendance invite à une fashion party estivalep! Par Diane Ziegler

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Le manège à fabriques

Souvenirs d’une fin d’après-midi gaie, colorée et régressive à Santa Monica, sous les feux d’un soleil couchant mémorablep: telle est l’inspiration couture de la belle saison. Couleurs pastel et pop, motifs délirants et ultra techniques, griffes XL, ornements de perles et de strassp: la mode glitter ne séduit plus seulement les adolescentes, elle a aussi conquis le cœur des grandesp! Haute en couleurs, créative, gorgée de vitamines, la tendance «pbonbonp» printemps-été 2019 est de retour. Et s’il était là, le look du bonheurp?


Des vitamines en couleurs

Sur les défilés, la tendance est très claire. La customisation et le kitsch assumé ne sont plus l’apanage de Rihanna ou Cardi B. Giorgio Armani, Moschino et Jeremy Scott ont fait de la mode un terrain de jeu où chaque vêtement peut rendre addict dès le premier toucher et titiller nos sens… Car, cet été, s’habiller avec charme rime avec «pplaytimep»p! Aujourd’hui, la mode ne se contente pas de consommatrices blasées et moroses… Elle se calibre sur des looks piquants, surprenants, avides de curiosités en tous genres et transformables à souhait. L’excentricité jugée de (très) mauvais goût il y a seulement quelques années s’impose désormais dans les détails et dans le style. En chef de file, Alessandro Michele chez Gucci maîtrise ce supplément de sensualité et d’éclat pour façonner des silhouettes à la démarche totalement couture… Une énergie pop a traversé sa collection, avec une myriade de robes et d’ensembles monochromes aux couleurs franches et intenses. Du coquelicot, du fuchsia, du cyan et même du vert pomme, du fluo, du Muppet et de l’orp! Cerise sur le gâteaup: le rose candy s’est taillé la part du lion, évidemmentp! Les robes brodées de sequins se parent de franges glitter et s’accompagnent de bijoux de tête version luxe. Et comme la maison Gucci ne coupe jamais la poire en deux, elle a habillé ses sneakers blanches de détails éclatants pour les upgrader au statut de bijoux.

Gucci.

Fringues

en folie

On ose la couleurp! Bleu piscine, vert menthe à l’eau, jaune citronp: des teintes pop, et bien senties. Plus cool que jamais, la planète mode s’offre un sérieux coup de jeune, une véritable renaissance pepsy. Oublié les robes ternes de nos grandsparentsp: les petites salopettes fraîches d’aujourd’hui font rêver en Technicolor. On croirait voir renaître l’inoubliable Twiggy et croiser la brindille anglaise, mannequin phare des sixties, à chaque coin de rue. Physique atypique et silhouette androgyne, elle affichait déjà une prédilection pour les minijupes acidulées et décalées de Mary Quant. Esprit swinging londonien, la copine de David Bowie, visage poupin et coupe de cheveux à la garçonne, incarnait la jeunesse mutine. Un demi-siècle plus tard, voici que les catwalks réinventent des moodboards vivants aux couleurs flashy joyeuses comme des sucreries. Les traits, les formes géométriques et les détails se voient enrichis de manches ballon ou cloche, de perles brodées et de fleurs en 3D surpiquées.

Jeremy Scott.

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L’art de la

métamorphose

Même constat chez Marc Jacobs, dont la collection printempsété 2019 nous propose de la fringue avec des nuances de tonalités pastel, en quête d’inspirations. Comparable à un festin visuel, les volants en superposition et les robes XXL étincelantes enveloppées d’une palette de couleurs sucrées mettent en exergue ce désir d’extravagance couture. Un statement mode adoubé par l’actrice américaine Zendaya, qui imposait ce nouveau style avec aplomb en portant, en décembre dernier, l’une des pièces théâtrales et volumineuses du créateur. Alliage de nuances rosées et orangées, parée de plumes aériennes, cette robe qui affiche un véritable parti pris souligne exactement l’allure baby doll 2.0. Loewe.

Marc Jacobs.

Loewe.

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L’hymne à la

joie

Comme un funambule, la tendance mode avance pas à pas avec un éventail de couleurs pour créer des allures pleines de délicieuses contradictionsp: passer un manteau de laine sur un maillot de bain, associer de la grosse maille avec une pièce fine en soie, mixer la densité du velours avec la légèreté du lin… Le déséquilibre des accumulations ou des dualités suffit à engendrer des mouvements intéressants, qui révolutionnent une tenue simplette. Et l’on se délecte de la fraîcheur sans lourdeur de Jonathan Anderson chez Loewe. Il fallait voir en effet les franges, les broderies et les larges colliers aux touches d’orange flamboyant sur les robes en soie. Car, pour cette saison, le créateur régale le monde de la mode avec des mélanges de plumes couture. Il saupoudre ses robes en crêpe et ses jupes bouffantes en coton d’une gorgée de légèreté et de quelques «pcolorants cinétiquesp»… Balayant de couleurs les tissus arides et plissés des vestes en daim, il réchauffe ainsi les cœurs avec du bleu glacé, voire glacial. Habituée à habiller de fortes personnalités, la mode d’A nderson procure plus que jamais de la joie et révèle les femmes qui se cachent derrière leurs lunettes noires. Festive et sexy, la sophistication faussement négligée de Loewe prend toute sa place dans l’univers girly façon farniente.

Moschino.

Sugar baby

Avoir de l’allure façon summer 19, c’est aussi donner un coup de fouet immédiat à sa garde-robe en lui apportant une bonne dose de splash vivifiant. Du rose pétard, un cocktail d’orange et de violetp: cette approche de la mode incarne parfaitement le vent de modernité qui souffle en ce moment dans les coulisses des maisons des créateurs. Impossible alors de résister au «pyellow suitp» de chez Chanel. Son éclat pop art vient souffler un vent d’énergie ultra-vitaminé pour dissoudre en douceur la grisaille héritée de l’hiver. D’ailleurs, Lily-Rose Depp, l’une des ambassadrices de la maison française, incarne cette folle envie de changement en définissant le look «pnéo baby dollp». Du rose et de la singularité, du blond platine et du culot, du rouge glossy et un esprit librep: l’égérie CC captive. Les yeux fermés, on copie aussi le coiffeur des stars Sam McKnight – qui s’occupe de la mise en beauté capillaire des mannequins Chanel – en prenant bien soin d’accessoiriser sa coiffure avec des barrettes de tout stylep: imposantes en perles nacrées, enfantines en forme de cœur… et puis les fameux nœuds en ruban. A consommer sans modération. — Chanel.

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En vogue

Aquadressing Sage, mais pas trop. Découpes vintage parfaites. En cabine d’essayage, le maillot prend la pose. Maille, claquettes et chapeau de paille… on s’encanaille

de mille et un détails avant l’effeuillage de la plage.

Direction artistique et photographie Vincent Alvarez | Réalisation Siphra Moine-Woerlen

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Bikini triangle Eres, foulard LÊonard, bracelet Coco Crush Chanel Joaillerie, sac et mules Chanel, bague chevalière Innocent Stone x The Daily Deb.

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Maillot de bain, choker et bracelet J’Adior, chokers Dio(r)evolution, le tout Christian Dior. Page de gauchep: Maillot de bain, ceinture bijou et chapeau de paille Chanel.

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Maillot de bain Emporio Armani, tunique Issey Miyake. Page de gauchep: Culotte de bain Amaio, chemise Azzedine Alaïa, montre Royal Oak Frosted Gold Audemars Piguet, lunettes de soleil Gucci, sac Tod’s.

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Maillot de bain Eres, sac et ceinture Tod’s, montre J12 Chanel, lunettes de soleil Gucci. Page de droite: Culotte de bain Amaio, gilet Guy Laroche.

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¨ Maillot de bain Tommy Hilfiger, choker Christian Dior, collier Dream Catcher Laura Sayan Jewelry.

Stylisme Joanna Kalinski

Maquillage Magali Markan @B Agency | Coiffure Frédéric Kebbabi @B Agency Mannequin Laura Marosi @VIP Models Paris

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Maillot

Maillot de bain motifs kalĂŠidoscopiques et robe en cuir tressĂŠ Christian Dior, bracelet et collier Goralska et lunettes de soleil Bottega Veneta.

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BeautĂŠ news

Maillot de bain Emporio Armani et lunettes de soleil Gucci.

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Un beau teint pour

L’ÉTÉ

Pour être la plus belle en vacances, il y a les cigales et la bonne humeur, mais avec un soleil apprivoisé,une peau bien préparée et un make-up soigné, c’est encore mieuxp! Par MartineTartour

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Le hâle parfait

L’essentiel ? On connaît trop les méfaits du soleil sur la peau. Entre pollution et mauvaise hygiène de vie, il arrive dans le peloton de tête des facteurs de vieillissement. Cela dit, on ne va pas le fuir, mais le séduire. Notre programme en 5 étapes .

VALMONT Body 24 Hour,

200 ml. CHF 185.–

Exfolier pour éliminer les cellules mortes : choisir un gommage spécial visage, plutôt que d’utiliser celui pour le corps, plus agressif. Bien hydrater après.

Manger efficace : le bêta-carotène et le lycopène présents dans certains légumes activent le processus de production de mélanine. On ne se prive donc pas de remplir nos salades de carotte et de tomate ! Sans oublier un bol de fruits rouges le matin.

Protéger : abandonner les crèmes trop grasses pour des textures protection anti-UVA, principale cause du vieillissement, et anti-UVB, qui provoquent les coups de soleil et les brûlures. Mais aussi sans actifs allergisants, sans titane blanchissant, sans silicones (parce qu’on pense à l’environnement) et avec une résistante à l’eau exceptionnelle (on perd une bonne moitié de son indice de protection une fois dans l’eau !).

LA PRAIRIE White Caviar

Illuminating Pearl Infusion, 30ml. CHF 572.–

Choisir le bon SPF : chaque indice solaire correspond à un pourcentage d’UVB bloqués. Exemple : un SPF 20 bloque 92% des UVB, quand un SPF 30 en bloque 95%. L’écart n’est pas énorme, mais la protection est vraiment plus efficace. CELLCOSMET Swiss BioTech Masque

CellRadiance. CHF 72.– l’unité, CHF 286.– la boîte de 5.

Y aller progressivement : éviter le méchant soleil entre 10h et 17h. Boire énormément. Et se rappeler que même sous un parasol, à cause de la réverbération, on bronze. Donc protection obligatoire.

Le masque réparateur LANCASTER Sun Beauty Body Milk SPF50, 175 ml. CHF 49,90

CAUDALIE Huile Solaire

SENZAI Absolute Silk

Sublimatrice SPF30, 150 ml. CHF 31,50

Soin Micro Mousse, 90 ml. CHF 227.–

L’idée ? Calmer les coups de soleil, afficher une peau fraîche et nette après la plage, mais aussi prévenir les taches dues aux UVA ou l’irruption surprise de boutons… Pour cela, rien de mieux qu’un bon masque. Concentré en actifs, c’est un soin puissance 10 qui traite, vite fait bien fait, nos problèmes. A condition de procéder avant sa pose à un démaquillage à l’huile, qui enlèvera parfaitement la crème solaire, et à la brosse rotative, réglée sur une vitesse adaptée à une peau sensible. Pour encore plus de netteté, on imbibe un cotton d’eau de lavande qui purifie. Notre sélection en 4 masques.

Le masque fraîcheur : jouer le contraste du chaud et du froid et, pour cela, avant la pose, couvrir le visage d’une serviette imbibée d’eau chaude et de citron. Ça éclaircit le teint et ouvre les pores. NUXE Auto-bronzant

L’OCCITANE Exfoliant

visage et corps, 100 ml. CHF 25,90

Visage Eclat, 75 ml. CHF 39.–

Le masque SOS : vaporiser une eau thermale ou végétale préalablement rafraîchie au frigo. Puis déposer un baume pansement aprèssoleil, à la fois hydratant et réparateur. L’appliquer en couche épaisse pendant cinq minutes.

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Marine Vacth, visage de la ligne Les Beiges de Chanel, porte le fond de teint Les Beiges Eau De Teint. 117


ESTÉE LAUDER LA MER The Glowing Body Oil,

Pure Color Envy Lip Repair Potion. CHF 45.–

95 ml. CHF 120.–

Le masque maisonp: mixer quelques rondelles de tomate avec un demi-citron, écorce comprise. Ajouter une cuillère à soupe d’huile d’olive ou d’argan. Masser le visage avec le mélange ainsi obtenu en évitant le contour des yeux, avant de laisser poser. Le masque tissu, ou sheet mask, est un vrai shot d’hydratation, ultra pratique à utiliser. Pour l’été, opter pour les soins apaisants qui vont préserver et régénérer la peau, agressée par les rayons UV.

SISLEY Mascara So Volume. CHF 62.–

DIOR Dior Addict Stellar

NARS Endless Orgasm

CLARINS Poudre Soleil.

Palette. CHF 66,60

CHF 59.–

Shine. CHF 50.–

Le masque comme au spa, avec un sauna à la vapeur de riz. Faire cuire une poignée de riz basmati. Placer ensuite le visage pendant cinq minutes au-dessus de cette vapeur très riche en amidon. Idéal pour optimiser la pénétration des principes actifs du masque.

Le make-up healthy

L’espritp? Booster sa belle mine. Car, parole de make-up artists, l’été 2019 signe la fin du sophistiqué et célèbre le retour du naturel, et non du nude. L’esprit healthy triomphe. Notre mode d’emploi en 6 astuces coups de bluff.

Le teintp: bannir le fond de teintp! Avec la chaleur, les pores s’ouvrent et la matière a vite fait de s’incruster. Résultat, la peau ne respire plus. Préférer un gel teinté, plus nature. Sa texture transparente crée en plus une sensation toute fraîche.

Astucep: le papier matifiantp! Une seule feuille suffit pour dompter les éventuelles brillances dues à la chaleur. Les jouesp: troquer le blush traditionnel pour l’enlumineur. A poser sur CLARINS

Baume Apaisant Après Soleil, 100 ml. CHF 39.–

l’os de la joue, au-dessous de l’œil, puis à l’étaler au doigt ou au pinceau éventail, en descendant vers la narine et en remontant vers les tempes.

Astucep: une fois les joues blushées, déposer à nouveau une noisette de gel teinté sur les pommettes.

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La touche

finale

L’accord parfaitp? Par 38°C, place aux eaux de Cologne et aux eaux d’été. Notre préférence va aux fragrances légères et pétillantes. Qu’elles soient gorgées de soleil, énergisantes, fleuries ou fruitées, elles ne manqueront pas d’apporter une touche de pep et d’éclat à votre journée.

JO MALONE Frangipani Flower

SHISEIDO Rising Sun,

Cologne, 100 ml. CHF 135.–

100 ml. CHF 77,90

CHANEL Les Beiges Eau de teint. CHF 78.–

La terre de soleilp: la touche bonne mine par excellencep! Charger son pinceau en poudre, souffler pour enlever le surplus, sourire et poser sur les zones bombées par petites touches.

Astucep: préférer les poudriers compacts, bien plus faciles à manipuler que la poudre libre. Les paupièresp: ni cuivre ni doré, revenir à des couleurs chaudes comme le pêche ou le corail. Quant à la texture, choisir un fard plus crème que poudre, pour qu’il fusionne avec la peau.

Astucep: un trait d’eye-liner, à condition d’oser un trait bien fort. Les cilsp: mascara waterproof évidemment, bleu ou violet pour changer du noir. Laisser sécher entre deux couches. Astucep: un recourbe-cils. Pour qu’il soit encore plus efficace, le chauffer avec un sèche-cheveux. Ou une teinture de cils.

ESCADA

NUXE

ROGER & GALLET

Miami Blossom, 50 ml. CHF 50.–

Eau délicieuse parfumante, 100 ml. CHF 35.–

Fleur de Figuier, 100 ml. CHF 56,70

Les lèvresp: contre le dessèchement, exfolier deux fois par semaine, protéger avec un baume anti-UV et surtout répéter l’opération souvent. Astucep: poser le rouge, toujours très plébiscité cet été, au cœur de la lèvre inférieure, avec une petite touche sur l’arc de Cupidon. Laisser les commissures nettes.

Choisir le bon parfump: l’été, c’est bien connu, on s’expose davantage au soleil… alors gare aux taches brunesp! Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas seulement l’alcool contenu dans les parfums qui est en cause, mais les molécules présentes dans les agrumes. La bonne nouvelle, c’est que les parfumeurs changent peu à peu la formule de leurs fragrances estivales pour en éliminer la fraction toxique…

Astucep: parce qu’on est jamais trop prudent, pensez à vaporiser vos cheveux, vos vêtements ou vos accessoires plutôt que votre peaup! Le moins, c’est le plusp: on garde la main légère en se parfumant. Avec le baromètre qui grimpe, les odeurs s’intensifient et le parfum évolue différemment. Optez donc pour la technique du «pnuage de parfump», elle est infaillible et vous enveloppe en quelques pschits.

CHANEL

NINA RICCI

HERMÈS

Paris-Riviera, 125 ml. CHF 155.–

Nina Les Sorbets, 50 ml. CHF 84,10

Un Jardin sur la Lagune, 100 ml. CHF 154.–

Atout fraîcheurp: en été, on mise sur des eaux aux vertus relaxantes ou énergisantes qui sentent bon le soleil et les vacances. Les jus se réinventent grâce à une déclinaison allégée, boostée de notes pétillantes et inattendues. La tendance est à l’évasion, au naturel et à la simplicité. —


Nez à nez

L

E MAÎTRE

des parfums

Vp

ia del Corso, artère mythique de la Ville éternelle. Confortablement installé dans un fauteuil de la boutique Bulgari face à un parterre de journalistes séduits par le parfumeur visionnaire, Jacques Cavallier est venu de Nice présenter trois nouveautés pour homme, qui viennent étoffer la collection Le Gemme, fleuron masculin de la maison Bulgari. Avec l’air désinvolte de celui qui n’a rien à prouver, il a le parler franc de ceux qui vivent hors des codes et des modes. Fils et petit-fils de parfumeurs dont la mère était l’assistante d’Edmond Roudnitska, Jacques Cavallier est né à Grasse et a été nourri aux odeurs, éduqué aux parfums. «pReprendre la relève, c’était une évidence. J’ai développé une curiosité conduite par l’atavisme.p» La suite, il va nous la conter à l’occasion d’un faceà-face.

S’il existe bien une excellence française en matière de parfums, Jacques Cavallier l’incarne à la perfection. Avec Bulgari, c’est une longue et belle histoire. La nouvelle trilogie Le Gemme en est la preuve. Rencontre à Rome. Par Martine Tartour

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Vous avez créé quelques-unes des fragrances cultes de l’histoire de la parfumerie, L’Eau d’Issey, Acqua di Gio, l’Eau Parfumée au Thé Blanc ou encore la ligne de fragrances pour Louis Vuitton… Vous pensez-vous comme une sorte d’alchimiste ou de parfait connaisseur des matièresp? Alchimiste certainement, car on ne connaît jamais la formule. J’essaie, je tente, je me trompep; au fond, je ne sais pas ce que je cherche. En tout cas, jamais à faire un «psuccèsp», c’est à dire un parfum qui va s’inscrire dans le temps. Si on cherche l’intemporalité, on est sûr de se planter. Je suis aussi un parfait connaisseur des matières, évidemment. Et c’est ce qui nous rapproche avec Bulgari. Pousser la porte d’une boutique, c’est découvrir la noblesse des matériauxp: le cuir, l’or, la soie… Moi, je fais la même chose, mais c’est plus difficile, car il s’agit de


travailler sur l’abstrait. Je cherche au fond ces mêmes sensations qui touchent au cerveau reptilien de l’homme, quelque chose de l’éveil sensoriel qui touche l’âme et le cœur. Et je cherche à l’obtenir avec une odeur. La joaillerie est au cœur de la maison Bulgari et la collection de parfums Le Gemme l’intègre parfaitement. Comment avez-vous travaillép? Tout se passe en parfaite harmonie, car nous avons cette même recherche de l’excellence. Pour cette trilogie qui vient agrandir la collection Le Gemme, l’aventure a débuté en 2014. On a repris notre tour du monde des gemmes pour s’aventurer vers d’autres contrées et y découvrir trois pierres précieuses que j’ai touchées constamment durant mon travail de création, tout en contemplant les flacons, superbes obélisques créés par Atelier Oï. Pouvez-vous nous raconter cette trilogie et cette route des gemmesp? Début du voyagep: arrêtons-nous en Australie, pour y trouver l’opale blanche, qui va donner naissance à Opalon, la plus italienne des trois fragrances. Avec ses notes de tête à base de néroli et de gingembre, nous sommes à Rome, tôt le matinp; les rues sont encore fraîches avant d’être baignées de lumière. Reprenons notre odyssée pour accoster à Madagascar et découvrir le jaspe rouge. On prête à cette pierre des vertus aphrodisiaques. J’ai créé Yasep, le plus sensuel des trois jus. Avec ses notes de musc et de bois de santal, on croit être en terrain connu quand soudain une décharge de poivre de Sichuan accompagnée de mandarine vient secouer les sens. Enfin, le Brésil, et l’œil de faucon bleu-vert. Cette pierre réputée pour protéger les voyageurs nous conduit vers un Moyen-Orient tout en opulencep: noix de muscade et cannelle en notes de tête, et accord de cuir et de safran. Tout est volupté dans ce Falkar très masculin. Créer un parfum pour homme, c’est cette fois célébrer le masculin. Quelles sont vos influencesp? Les hommes sont moins une source d’inspiration que les femmes pour moi. Nous avons ici même, dans cette belle boutique Bulgari, les portraits d’Anna Magnani, Liz Taylor… Je ne trouve pas l’équivalent dans la gent masculine. Les hommes ont beaucoup de choses à rattraper qui n’étaient pas dans leur éducation. Les femmes ont la curiosité des matières, le goût du rare, elles sont curieuses, aventureuses. Les hommes jusqu’à récemment se contentaient d’un uniforme costume-cravate et de domaines où ils étaient entre eux et chez eux. Et en matière de sensations olfactives, ils restaient cantonnés à ce qu’ils connaissaient. Sont-ils en train de progresserp? Oh que ouip! On est en pleine évolution. Avant, les parfums masculins évoquaient le mâle. Et l’éventail des sensations était basique, allant du camionneur au séducteur. Les hommes apprennent aujourd’hui peu à peu à sortir des senteurs qui leur collaient à la peau, mais avec ce besoin d’être reconnus, donc il y a cette recherche de force, de pouvoir, mais aussi de rareté. Et avec cette collection Le Gemme, Bulgari parvient à répondre à cette recherche à la fois de naturalité et de finesse.

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Pourtant, les parfums sont le reflet de notre sociétép: on voit chez de nombreux parfumeurs la disparition du clivage féminin-masculin au profit du «pno genderp». Il y a des collections «pno genderp»p; je les respecte. Mais le «pno genderp» interdit la magiep: il n’y a plus le mystère d’un sillage que laisse une femme derrière elle ou la puissance du parfum d’un homme quand il vient de quitter la pièce. Pourquoi devrait-on voir disparaître tout cela au nom d’une grande uniformité, qui n’est pour moi que du marketingp? Il y aura toujours deux genres bien définis, avec leurs codes, leurs univers. Ce qui est vrai, c’est qu’il y a une réelle liberté à briser cette frontière des genres. Une femme peut emprunter l’odeur de son amoureux, comme elle piquera sa cravate ou sa chemise. Et, à l’inverse, l’homme peut emprunter un foulard, un sac et, a fortiori, le parfum d’une femme. Quel est votre plus grand plaisirp? Imaginer. J’ai une passion pour les jardins, pour les penser. Je suis très bon dans la conception, mais pas dans la réalisationp: j’aime réfléchir à comment agencer ici un bosquet, là un parterre de cyclamens, mais pas question de biner ou de bêcher. Là, je ne sais pasp fairep; j’ai un jardinier. Comment percevez-vous l’industrie de la parfumerie aujourd’huip? Le marché est fracturé en deux. Il y a les gens qui font du mass market et ceux qui créent des émotions. Chez Bulgari, on parle de haute parfumerie, en référence à la haute joaillerie, et tout est dit. Il y a entre un parfum mass market et une véritable création la même différence qu’entre un diamant et du zirconium. Il s’agit de ne pas se laisser tromper. Le parfum est précieux, rare. C’est un luxe et il faut que ça le reste. —


Interview beauté

AMOUR,

gloire et beauté Mon parcours

La marque

« Tout au long de ma carrière, j’ai côtoyé de près le monde de la beauté et de la création. J’ai eu la chance de travailler pour de grandes maisons, telles que Oscar de La Renta ou encore Saint Laurent. Par la suite, j’ai rencontré mon époux, Didier Guillon, propriétaire et président du groupe Valmont. En 2000, j’ai mis mon expérience au profit de sa société et nous travaillons aujourd’hui main dans la main. Nous sommes très complémentaires. »

« Si la marque Valmont est pionnière dans les cosmétiques anti-âge depuis 1985, c’est tout d’abord grâce à l’efficacité des soins, à la sécurité des actifs et à la transparence de nos formules. Nous accordons également beaucoup d’importance au plaisir que procurent les textures et les parfums de nos crèmes et sérums. Bien évidemment, n’oublions pas que le succès de la marque ne va pas sans l’acharnement au travail, la passion et l’attention que nous portons à nos clientes et à nos produits. »

Beauty queen

No pain, no gain

Ma famille Esprit d’équipe

Mes astuces

Mes inspirations

« Ma salle de bains est bien évidemment envahie par les produits Valmont. J’ai une routine beauté bien précise et très rigoureuse. Le matin, je commence à appliquer le masque-crème onctueux Prime Renewing Pack. Je continue avec le sérum Moisturizing Serumulsion et je termine par une crème hydratante avant de passer à l’étape maquillage. Le soir, après un démaquillage en profondeur, j’utilise le programme intensif Time Master, une cure cellulaire qui cible l’hydratation, l’énergie, l’éclat de la peau, les rides et la fermeté. Enfin, j’applique la crème Elixir des Glaciers Votre Visage. »

« Je suis une femme contemporaine ; je travaille comme une acharnée tout en veillant sur mes enfants. Cependant, je pense qu’il est important de s’octroyer des moments pour soi. En effet, une société familiale est toujours une aventure extraordinaire : nous conjuguons nos talents pour la même cause et avec l’élan d’un couple qui se connaît bien. Mais cela peut aussi engendrer des désagréments, car nous vivons à 100% notre passion, et cela prend beaucoup de place dans notre vie de famille. »

Femmes que j’aime

« Je passe beaucoup de temps dans les aéroports. Cela peut paraître étrange, mais c’est l’endroit dans lequel je me sens le plus inspirée, car je peux y observer les femmes et comprendre leurs besoins. Si je devais imaginer la femme Valmont, je dirais qu’elle est intemporelle, qu’elle aime prendre soin d’elle et qu’elle est exigeante sur ce que la cosmétique peut lui apporter. C’est une femme informée et souvent curieuse des traitements les plus modernes.

Routine beauté

Véritable maître en matière de soins anti-âge depuis plus de trente ans, Valmont est avant tout une affaire familiale. A sa tête, la pétillante et dynamique Sophie Guillon. Pour Trajectoire, la businesswoman se dévoile et nous confie quelques-uns de ses secrets beauté. Par Jade Boissonnet

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Mes conseils de pro Mot de la fin

« Mes plus précieux conseils : dormez, riez et soyez rigoureuses dans vos rituels. Nous sommes au cœur du lancement de Purity ; le démaquillage et le nettoyage de la peau sont deux étapes essentielles avant l’application de nos crèmes et sérums. Sans cette routine quotidienne, la peau s’asphyxie, s’oxyde. C’est donc le premier geste de beauté anti-âge. »



Un hôtel, une légende

UN BALCON

sur le Léman

Le Beau-Rivage Palace, 1909.

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Elevé près des flots magnétiques du Léman, face à un paysage alpestre somptueux et dominant, le Beau-Rivage

Palace œuvre à l’absolu bien-être de ses hôtes depuis plus d’un siècle et demi. Une pérennité heureuse qui ne doit rien au hasard. Par Christine Brumm

Des mailles à

la crinoline

En mars 1861, Ouchy, naguère modeste village de pêcheurs aux abords de Lausanne, sort définitivement de son paisible anonymat avec l’ouverture de ce qui va devenir l’un des établissements les plus prisés de la rive suisse du Lémanp: l’hôtel Beau-Rivage. L’édifice affiche une élégante physionomie néoclassique et s’introduit sans outrance dans un admirable environnement. Un petit port, des vignes et un château médiéval composent un aimable voisinage qu’exhaussent les attraits des cimes neigeuses et des eaux profondes du lac. Sans tarder, la haute aristocratie voyageuse s’entiche durablement du BeauRivage. Car l’hôtel, indéniablement, a déjà tout pour plaire. Le hall, un atrium dont les dimensions vertigineuses ébahissent aujourd’hui encore, s’ouvre sur des galeries soutenues par de


remarquables colonnes qui, selon l’importance accordée alors à chaque étage, varient en forme et en proportion. Les chambres, les vastes salons et l’opulente salle à manger s’éclairent entièrement au gaz – une prouesse pour l’époque – et offrent un faste et des agréments qui siéent parfaitement au bon vivre et à une forme d’indolence de circonstance. Les allées du parc poussent à la flânerie et mènent immanquablement aux berges aménagées du lac. Là, un chalet sur pilotis dissimule des bains publics, femmes d’un côté, hommes de l’autre. Vers la fin du XIXe siècle, l’hôtel Beau-Rivage est dûment mentionné dans les guides de voyage qui font alors autorité.

Standing oblige

Au fil des ans, les innovations technologiques aiguillonnent formellement les mœurs des villégiateurs. Le rail permet de voyager plus vite, le paquebot de ligne plus loin. Le statut et l’origine des hôtes évoluent, les séjours, plus nombreux, s’écourtent, tandis que les exigences liées au confort et à l’hygiène s’affirment. Pour rester à la hauteur de sa réputation, un grand hôtel se doit de satisfaire les nouvelles attentes. Après moins d’un demi-siècle d’existence, empêcher le Beau-Rivage de devenir, en saison hivernale, un bel au lac dormant est crucial aux yeux de celui qui en tient les rênes depuis 1889. De nature opiniâtre et entrepreneuse, le Bernois Jacques Tschumi a de la suite dans les idées. Non content de fonder à Lausanne la première école hôtelière du monde, il apporte au Beau-Rivage un deuxième souffle, mieux, un souffle nouveau. Sous sa gouverne, l’hôtel se dote d’un second édifice aux allures de palais français, superbement conçu dans l’esprit beaux-arts, qui accueille ses

résidents à partir de juin 1908. Architectes, artisans et artistes locaux ont exprimé là le meilleur d’eux-mêmes. Avec ses arches, ses pilastres, ses statues perchées et son magnifique vitrail, le restaurant en est une vive démonstrationp; devenu la Salle Sandoz, il s’admire de nos jours sous ses attributs d’antan et sert d’écrin à des festivités de grande envergure. La Rotonde, un pavillon circulaire surmonté d’un dôme, pourvu d’ornements fastueux et de nombreuses sculptures, raccorde l’aile Beau-Rivage et l’aile Palace, et parachève ainsi l’ensemble avec harmonie. D’un siècle à un autre, les indispensables ajouts, tels que des piscines et un spa, de nouveaux restaurants, et les nécessaires modernisations auront soin de préserver le lustre et la splendeur originels. Mettre au goût du jour sans altérer ce qui fait le charme d’alors relève certes d’un tour de force. En la matière, l’architecte designer Pierre-Yves Rochon est une référence. Ses dernières réalisations au Beau-Rivage Palace font grand et bel effet. Par son entremise, le Léman est l’invité d’honneur. Grâce à un jeu de miroirs et de parois mobiles, le lac entre à l’intérieur des chambres et suites aux teintes claires et à l’ameublement recherché. La technologie moderne s’immisce opportunément çà et là, indemne de toute sophistication superflue pour un usage des plus aisés. La tradition en mouvementp? Ni plus ni moins la devise de l’hôtelp!

Le mariage de la princesse Dolores de Bourbon et du prince Auguste Czartorisky en 1937.

LA HAUTE ARISTOCRATIE VOYAGEUSE S’ENTICHA DURABLEMENT DU BEAU-RIVAGE.

La Rotonde. 126


les représentants des communautés religieuses majoritaires du Liban dans l’espoir de trouver une issue à la guerre civile qui éreinte ce pays depuis des lustres, le Beau-Rivage et les rues avoisinantes sont placés sous un dispositif de sécurité inouï. Une installation inédite prend place au sein du palace mêmep: afin d’éviter que des protagonistes liés au conflit ne se croisent de façon fortuite ou malencontreuse, une passerelle reliant ses deux ailes a vu le jour et offre ainsi un lieu de passage subsidiaire. Durant le sommet du G8 à Evian en juin 2003, les délégations de divers pays émergents associés aux discussions occupent l’intégralité des chambres. Une douzaine d’années plus tard se déroulent dans l’établissement des négociations déterminantes sur le programme nucléaire iranien, qui aboutissent à l’accord-cadre du 2 avril 2015. Des événements de cette ampleur requièrent à l’évidence une organisation sans faille, un sens aigu de l’hospitalité et des services irréprochablesp: autant d’atouts qui sont l’apanage d’un grand hôtel et dont peut, à juste titre, s’enorgueillir le Beau-Rivage. Un marbre sculpté en 1914 par l’artiste Edouard-Marcel Sandoz témoigne de ce lien singulier entre le palace lausannois et des faits qui appartiennent à l’histoirep: en face de l’entrée principale, deux chérubins rieurs coiffent d’une couronne de laurier une allégorie de la liberté et célèbrent la paix italo-turque, signée en ces murs en 1912.

Conférence des indemnités de guerre dues par l'Allemagne, 1932.

Gravé dans le marbre

Favorisé par l’excellence de ses prestations et un environnement vertueux, le Beau-Rivage Palace est le théâtre de mille rencontres particulières et de maints épisodes diplomatiques. Lors de la célèbre Conférence de Lausanne de 1922 et 1923, des tractations décisives ont lieu à l’hôtel. Moins de dix après, pour débattre l’épineuse question des réparations financières dues par l’A llemagne à l’issue de la Première Guerre mondiale, plusieurs hommes d’Etat se réunissent en ces mêmes salons. Pendant les intenses pourparlers qui s’engagent en 1984 entre

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Apothéoses

De manière permanente ou temporaire, les arts majeurs occupent un rang privilégié au Beau-Rivage. Un été durant, un couple de danseurs aux formes rebondies s’exhibe dans son hall monumentalp; ce bronze plantureux de 2 mètres de large et de 3 mètres de haut conçu par Botero ne laissera personne indifférent. Au début de cette année, ce sont cette fois des danseurs du New York City Ballet qui, sur les murs du Lobby Lounge,


font une saisissante apparition avec une série d’encres sur bois signée JR. La musique n’est pas en reste. A l’époque des galas, des grands bals et des concerts, l’hôtel ne dispose-t-il pas de son propre orchestre de chambrep? Et quand un Steinway figure en bonne et due place dans une suite, ce n’est pas comme piano de parade. Ainsi n’est-il pas dérisoire d’imaginer Richard Strauss s’atteler, lors de ses séjours à l’hôtel, à la composition de ses quatre derniers Lieder. Une Schubertiade organisée par la Radio Suisse Romande dans ses salons et jardins fait également partie des annales musicales du Beau-Rivage. Si d’aventure un silence entier et recueilli s’impose momentanément au cœur du palace, cela ne peut être lié qu’à une présence extraordinaire; au moment où le Dalaï-Lama, par un beau jour d’août 2009, s’avance dans le lobby avec une profonde simplicité, sous le regard d’une multitude de personnes venues l’honorer, pas un murmure, pas un bruit, pas un crépitement ne sont alors perceptibles. Ces rendez-vous inhabituels, ces œuvres d’art

Le restaurant à l'époque.

AINSI N’EST-IL PAS DÉRISOIRE D’IMAGINER RICHARD STRAUSS S’ATTELER À LA COMPOSITION DE SES QUATRE DERNIERS LIEDER.

Le restaurant Anne-Sophie Pic, deux étoiles au guide Michelin.

étonnantes, susceptibles de chatouiller quelque sensibilité esthétique, sont un trait d’union entre les résidents cosmopolites de l’hôtel et les habitants du cru. De même que le fait de goûter les suprêmes compositions créées par la cheffe étoilée AnneSophie Pic – qui a, comme nulle autre, le chic pour explorer les amers nobles des agrumes et la puissance des arômes – ou de prendre un drink installé sur les terrasses ou au bar du BeauRivage reste un moment généreux, apprécié à la fois des voyageurs et des Lausannois. Au cours des décennies, du printemps à l’hiver, des hôtes de marque et une pléiade de personnalités, des gens d’ici et d’ailleurs, vous et moi et tant d’autres encore font du Beau-Rivage Palace un haut lieu de délassement, de rêverie et d’insouciance. Une villégiature comblée où la signature olfactive, une fragrance unique tenue secrète, ajoute l’ultime note au bien-être. Et, dans le sillage de Jean d’Ormesson, pour qui «pvivre et travailler au Beau-Rivage quelques jours est un rêve d’hier, d’aujourd’hui et de toujoursp», une halte idyllique, étrangère au temps. —

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Bugatti a revisité son modèle emblématique Chiron en une série ultra-limitée aux couleurs de la France. Par Stéphane Léchine

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Dandy pilote

Cette Bugatti au nom mystérieux rend en fait hommage à l’un des plus talentueux pilotes des années 1930. Le 22 mai 1955, le Rocher est ensoleillé pour accueillir son grand prix traditionnel. Sur la grille de départ, à la suite d’un changement impromptu de voiture, on tord précipitamment le levier de vitesse pour que le pilote monégasque Louis Chiron puisse se glisser dans son baquet. Trop grand pour son châssis, il restera privé des rapports de 4e et 5e. Qu’à cela ne tienne, le vétéran de 56 ans usera de toute sa science de la course pour achever le Grand Prix en 6e position. C’est ainsi qu’il restera dans les annales comme le plus vieux pilote à avoir couru un grand prix de Formule 1. Mais la carrière de Louis Chiron ne se limite pas à cette statistiquep; il connaîtra son lot de succès au volant de la voiture la plus titrée de son époquep: la Bugatti type 35. La trajectoire de ce pilote est peu communep: il fait ses armes en tant que chauffeur du Maréchal pendant la Première Guerrep; puis il convoie des Bugatti de l’A lsace jusque sur la Côte d’A zur pour le compte de son ami concessionnaire de la marque. Le «pvieux renardp» doit sa carrière sportive à son activité de danseur de salon (on dirait aujourd’hui escort boy), qui lui permet de rencontrer de fortunés sponsors. Conservant de cette époque un côté dandy qu’il cultivera en arborant un foulard à pois lors des courses, l’élégant pilote se lie d’amitié avec Ettore Bugatti, qui lui propose de prendre le volant de ses bolides. Les deux hommes écriront les plus belles pages du sport automobile d’avant-guerre.

Un homme,

une marque

Pour comprendre l’esprit de la Chiron, il faut également se pencher sur l’histoire d'Ettore Bugatti. Dès ses jeunes années, il se passionne pour la technologie d’alors pour motoriser des tricycles de course. S’ensuivra la création de ses premières auto-

mobiles avec différents partenaires, jusqu’à ce qu’il se décide à fonder sa marque en 1909 à Molsheim. Très vite, il assoit sa renommée grâce à une vision très avant-gardiste pour l’époquep: associer un moteur puissant dans une voiture légère. Au-delà du concept suivront une multitude d’inventionsp: Bugatti est le dépositaire de plus de 1'000 brevetsp! Comptant sur la compétition pour sa promotion, il combine à merveille les notions de sport et de luxe, pour lesquelles il se montre sans concession. L’avènement de la type 35 portera Bugatti au pinacle. Créditée de plus de 2'000 victoires, elle reste la voiture qui aura connu le plus de succès dans l’histoire du sport automobilep! Désormais secondé par son fils Jean, Ettore Bugatti passe de la démesure de la Royale (six modèles, dont aucun ne sera vendu) aux succès commerciaux tels que celui de la type 44, qui sera écoulée à plus de 1'000 exemplaires. Après la crise de 1929, il sauve son usine de la faillite en fabriquant des autorails pouvant atteindre près de 200 km/h, une prouesse pour l’époque. L’avènement de la guerre voit la tragique disparition du fils prodigue dans un accident lors d’essais. Ettore Bugatti ne s’en remettra pas. Son usine est confisquée pendant la guerre, et il se battra pour la récupérer avant de décéder en 1947. La renaissance de la marque a lieu dans un premier temps avec l’EB 110, qui commémore l’anniversaire de son fondateur. Puis, suite au rachat par Volkswagen, la Veyron remettra Bugatti sur les traces de sa renommée.

Toujours plus

vite

De la calandre en fer à cheval à cette forme en C si caractéristique, la Chiron exacerbe par son design époustouflant l’identité de Bugatti. La ligne est au service de la performance hyperlative de cette voiture. Pas moins de 1'500 Cv sont délivrés par le moteur 8 litres de 16 cylindres en W gavés par 4 turbos. Les chiffres donnent le tournis: chaque minute, ce sont 60'000 litres d’air aspirés par le moteur puis expulsés par les quatre sorties de l’échappement en titanep! L’aérodynamique est à l’avenantp; presque toute la face arrière est grillagée pour évacuer le flux massif d’air qui dissipe les calories du propulseur. Bref, la Chiron est tout simplement la voiture la plus puissante du monde, dont la limite de vitesse, bridée électroniquement à 420pkm/h, est dictée par ses pneumatiquesp! Bien qu’un progrès certain ait été fait en la matière (les pneus devaient être collés aux jantes de la précédente Veyron pour supporter la charge générée à V max), il n’existe pas encore d’enveloppes qui permettent à la Chiron d’exploiter tout son potentiel. La Chiron Sport, dont est issue la série limitée 110 ans, exprime davantage la sportivité que le luxe. Les réglages des trains roulants et des amortisseurs ont été revus pour une vitesse de passage en courbe significativement améliorée. Cette version est plus rapide de 4 à 5 secondes au tour sur la piste d’essai de Bugatti. Elle a également été allégée de 18 kg. Cela semblerait presque dérisoire en regard de la masse totale si l’on ne parlait

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pas d’un véhicule aussi sophistiqué que cette Chiron. Le poids a en effet été principalement gagné sur les roues, et grâce à l’utilisation de carbone sur de multiples composants de la voiture. Pas moins de 1,4 kg a été gagné avec les seuls essuie-glaces, dont la fonction est complètement intégrée à la structure en fibre de carbonep! Cette innovation, chère à l’esprit de Bugatti, est en définitive une première mondiale.

Bleu de France

Justifiant sa filiation avec les modèles de compétition d’antan, la version 110 ans Bugatti arbore fièrement les trois couleurs directement inspirées des voitures officielles. C’est aussi pour le constructeur une volonté affirmée de rappeler les origines et l’implantation bien françaises de Bugattip! Extérieurement, cette réalisation est tout simplement sublime. Le bleu métallique sombre de la carrosserie associé à la fibre de carbone visible, teintée de bleu elle aussi, est également une référence aux modèles bicolores des années 1920. Le bleu vif des étriers de freins se laisse entrevoir derrière les jantes noires très ajourées. De part et d’autre de l’habitacle, les bouchons de réservoir sont en aluminium poli à la main et barrés de la signature «p110 ans Bugattip». Le plus bel atour de cet apparat restant l’aileron arrière, recouvert sur sa face inférieure de bleu-blanc-rouge qui, lorsqu’il s’inclinera au freinage, offrira à la vue un drapeau français immense… et ô combien rapidep! L’habitacle conserve son aspect luxueuxp; le carbone, l’alcantara et le cuir sont harmonieusement mêlés en deux teintes de bleu. On retrouve les trois couleurs sur le dossier des sièges et pour le marquage vertical du volant. La clé de démarrage elle-même est enveloppée de trois pièces de cuir bleu-blanc-rouge. Parachevant cette œuvre, la médaille émaillée spécialement conçue pour la série 110 ans est placée sur la console centrale. Comme il se doit pour Bugatti, elle est réalisée en argent massif… —

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Beauté news

Le mec

PLUS ULTRA

LE MARTINEZ Casa dolce casa

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Joyau de l’Art déco, l’hôtel cannois est un de ces lieux mythiques dont les murs résonnent de la gloire des stars du cinéma qui, le temps d’un festival, en font leur maison de famille. Arrimé à la Riviera depuis bientôt 90 ans, ce vaisseau amiral de l’hôtellerie azuréenne s’est offert une rénovation luxueuse et a ainsi rejoint la collection mondiale d’établissements hôteliers The Unbound Collection by Hyatt. En plus d’abriter le célèbre spa Givenchy, le Martinez voit défiler chaque année les vedettes venues du monde entier pour fouler le tapis rouge de la Croisette. Parmi les habitués, Bellucci, Almodovar, Binoche, Casta et, bien sûr, l’incontournable Darmon. HÔTEL MARTINEZ

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L’INFATIGABLE Gérard Darmon

Lendemain de Croisette

«pSais-tu danser la cariocap? Ce n’est pas un fox-trot, ou une polka…» Si Gérard Darmon a enflammé les planches aux côtés d’A lain Chabat dans le film culte La Cité de la peur, il a encore fait sensation cette année au Festival de Cannes. Qui a dit que la vie s’arrêtait à 70 ansp?p! Certainement pas le crooner à la voix rauque et à la chevelure argentée. Vieux papa d’une petite Léna, amoureux gaga de sa jeunette, auteur du Dictionnaire de ma vie ou encore présentateur à ses heures de l’émission à succès Burger Quizp: tout semble sourire à Gérard Darmon, qui est loin d’avoir tiré sa révérence.

Avoir une peau de bébé même lorsqu’on a parfois un peu trop tiré sur la corde et que l’on est septuagénairep? C’est possiblep! Le secretp: quelques gouttes du baume aprèsrasage de Dior. Il enveloppe et calme le feu du rasage en distillant une légère pointe vanillée. Adieu la barbe de trois jours. DIOR

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Belles mécaniques

QUEEN

B

La liste des envies avant de choisir son véhicule idéal comporte des éléments stratégiques pour les famillesp: espace intérieur, modularité, confort des sièges et de la conduite, aisance en ville. En clair, tout le portrait

de la nouvelle Classe B de Mercedes-Benz. Par Gil Egger

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Lp

a modep? Oubliez-lap! Céder aux sirènes qui focalisent l’attention sur ces véhicules hauts sur pattes que l’on désigne de leurs initiales SUV n’a pas toujours de sens. Le front plissé par la concentration, prenez un bon vieux crayon, une feuille de papier et écrivez ce qui vous importe. Une taille raisonnable permettant le parcage partoutp? Une motorisation généreusep? Une boîte automatique onctueusep? De l’espace pour les passagers, petits et grandsp? Un coffre facile à transformer en malle géantep? Ne prononcez pas le mot de monospace, il a des connotations surannées, alors que la nouvelle Classe B de MercedesBenz cumule les atouts qui figurent sur votre liste, en y ajoutant un élément exaltantp: le plaisir de conduire.

lité par la hauteur de ces sièges, près de 10 cm de plus que sur la Classe A, qui partage le même châssis. Autre élément clép: le volume du coffre. Ses 455 l de base suffisent pour la plupart des besoins. En adoptant la banquette coulissante (sur 14 cm), on atteint 705 lp; en la rabattant on parvient à 1’540 l. Si vos pérégrinations dans une brocante vous ont mis un objet long entre les mains, pas d’affolementp: le dossier du siège passager avant s’abaisse pour l’accueillir. Pratiquep!

Ne m’appelez plus

monospacep!

La nouvelle Mercedes-Benz Classe B n’a pas échappé à la refonte profonde appliquée à la gamme. Elle va jusqu’à proposer un véritable dialogue entre le véhicule et celui ou celle qui le conduit. «pHello, Mercedes, fixe comme destination le chemin de la Moraine à SaintPrex.p» Une interface impressionnante, facile à utiliser et qui devient rapidement indispensable. «pJ’ai faimp», et quelques restaurants s’affichentp; il ne reste qu’à choisir lequel assouvira cette fringale. Une interface qui prend place à bord d’une voiture qui ne cède pas à la tentation de ressembler à un tout-terrain, mais qui se distingue par son habitabilité exceptionnelle pour une compacité remarquable. La position de conduite modérément élevée garantit une visibilité périphérique large. Les sièges poussent le raffinement jusqu’à prévoir l’utilisation des moteurs qui servent à leur réglage pour bouger avec délicatesse, afin d’éviter les contractures survenant lors de longues étapes. L’accès à bord se trouve faci-

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Un guide en direct

Cherchez encore plus loin les manifestations d’intelligencep! Une fois la destination que vous avez choisie enregistrée, démarrez le guidagep! A l’approche des bifurcations, la caméra frontale affiche la route que vous êtes en train de suivre et superpose les flèches indiquant où bifurquer. Les premières fois, retenez vos exclamationsp: c’est si bluffant que vous allez émettre des «pohp» et des «pahp». Sous votre main droite, entre les sièges,


un pavé tactile agrémenté de quelques touches complète utilement ce que vous pouvez effectuer directement sur l’écran. En quelques minutes, en expérimentant un peu, la navigation dans les menus devient rapide. A l’usage, ces assistants se transforment en amis… virtuels bien sûr, mais d’une incontestable utilité tous les jours. Assez joué ! Une Mercedes-Benz se doit de vous procurer un sentiment de satisfaction aiguë lorsque vous l’emmenez sur vos trajets favoris. Si l’un d’eux comporte une suite de virages serrés, ne vous privez pas d’actionner la touche modifiant le style de conduite ; passez, par exemple, de Comfort à Sport. La direction perd de sa légèreté pour acquérir une précision et une réactivité à même de satisfaire votre désir de dynamisme. Le châssis s’adapte sans effort et vous prendrez plaisir à cette expérience. Un départ en vacances vous incitera à remettre la position la plus confortable, assurant douceur et tranquillité à tous les occupants. A moins que votre individualisme ne vous pousse à choisir chacun des paramètres pour que votre Classe B soit ajustée à votre main. La sécurité fait partie des dotations de base de la nouvelle Classe B. Le système d’alerte de sortie de voie ne vous laissera pas oublier votre clignotant ; il actionne le frein si d’aventure vous le négligez. Le radar arrière reste actif une trentaine de secondes après l’arrêt du véhicule, pour vous signaler un éventuel danger au moment d’ouvrir la porte. Les autres dispositifs constituent une panoplie complète dont vous ne vous apercevrez qu’en cas de risque de collision avec une auto, un cycliste ou un piéton.

L’ambiance à bord peut favoriser la tranquillité ou les conversations. Le rouge, le bleu, une douceur beige ? Ce sera en fonction de votre humeur ou de celle de vos compagnons de route. Un changement que la commande vocale effectuera avec ce qui ressemble à du plaisir ! Le vôtre, lui, sera complet chaque jour… —

A découvrir dans les concessions du GROUPE CHEVALLEY Garage de la Marbrerie | AMG Performance Center Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge Garage de l’Athénée Route de Meyrin 122 – 1216 Cointrin Garage de l’Etoile Rue de Vermont 6 – 1202 Genève Garage de Nyon Route de Saint-Cergue 295 – 1260 Nyon andre-chevalley.ch

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Qui a dit qu’à Genève l’offre immobilière était limitée?

Le marché genevois offre au contraire une multitude d’opportunités pour qui veut acquérir ou vendre un bien. Et parce qu’aujourd’hui, on ne réalise plus de transactions immobilières comme on le faisait hier, m3 VENTES vous offre une approche dynamique et différente faisant appel aux outils les plus innovants. Retrouvez toutes nos offres sur www.m-3.com

L’immobilier autrement


Vol direct

B

Planète

RUXELLES

Idées reçues

Aux dernières nouvelles, Bruxelles serait le nouveau Berlin. Pluvieuse, certes – la météo est formelle –, mais la capitale du cool a la dent dure et vogue l’esprit libre vers les tendances de demain. Si le Belge est créatif, il s’est surtout forgé une solide réputation en matière d’art, de belles fringues et de design. Effervescente et authentique, l’intrigante bruxelloise est à l’image d’un kaléidoscope en perpétuel mouvement. Expos, salons, festivals ou marchés… Bruxelles a la bougeotte, le goût de la culture, mais aussi sa propre identité. Alors, en bon touriste, on ne séchera pas les grands classiques, à commencer par la Grand-Place, les Galeries royales ou l’Atomium, et on ira même cliquer la photo du sale gosse transformiste – alias Manneken Pis –, avant de s’aventurer dans l’antre bruxelloise à la recherche de ses quartiers émergents, de personnages de BD, de street art et d’adresses d’initiés.

Belgitudes

Parmi nos spots préférés lors de cette escapade bruxelloise, les cassolettes de L’Aubette, la caverne de C’est Léa ou encore un inclassable comme on les aime, L’Atelier en Ville, un espace de vie hybride où se côtoient mobilier design et pièces de créateurs, avec la possibilité à toute heure de souper ou de s’envoyer une et pourquoi pas deux gaufres chocolatées.

Bruxelles n’a peut-être pas le soleil pour elle, mais elle s’en fout pas mal, puisqu’elle a déjà la frite, les blagues et le chocolatp!

De passage dans la capitale européenne, nous avons fait le plein de Belgique, d’art et de design… Par Delphine Gallay

La Grand-Place. 142


Quartier des

Marolles

Les Brusseleirs en raffole, et pour causep! C’est là que l’on retrouve l’essence même de la nouvelle génération. Fusion des genres, bobos à vélo et adresses remaniées… l’ancien quartier populaire a peu à peu été assiégé par les hipsters et la vague bourgeoisbohème. Si vous avez l’âme d’un chineur, direction le Marché aux puces – place du Jeu de Balle –, le «pVieux Marchép» comme l’appelle encore les anciens. C’est ici que l’on flaire les bonnes affaires et que l’on marchande fermement les bibelots vintage indispensables à sa déco. Non loin de là, les rues Blaes et Haute. Si l’ambiance est plus calme, on apprécie le flot aéré de cafés, de cantines en vogue, de concept-stores, de galeries et de boutiques plus confidentielles.

BD dans de beaux drapsp!

Ristorante Bocconi, Hôtel Amigo.

Si, chez nos amis belges, la BD est reine, Tintin, Spirou et Lucky Luke sont religion… Il nous fallait donc un hôtel hors du commun pour séjourner à Bruxelles et incarner la magie d’Hergé. De par son histoire et son emplacement, l’hôtel Amigo était donc tout trouvép! Un élégant 5-étoiles, ça va s’en dire… mais surtout une adresse atypique, puisque la bâtisse abritait autrefois une prison. Ah, si les murs pouvaient parler… l’ami Tintin s’en frotterait les mainsp! C’est que l’empire Rocco Forte a fait de la rénovation de maisons d’exception au cœur de cités grandioses sa spécialité. Et ce n’est pas l’acquisition bruxelloise située à deux pas de la Grand-Place et du quartier des Marolles qui déroge à la règle. Si on aime le style ancien des lieux – dalles d’époque, tapisseries flamandes du XVIIIe siècle et nombreux clins d’œil aux peintres René Magritte et Marcel Broodthaers –, on aime par-dessus tout l’atmosphère qui s’en dégage. L’établissement a relevé le pari fou de réveiller les vieilles pierres à coups d’objets design, sans toutefois oublier de préserver l’identité et l’âme chaleureuse des lieuxp: des touches contemporaines pour souligner l’ancien, un soupçon de fantaisie et de nombreux détails qui donnent le sourire – notamment autour de l’univers de Tintin dans les salles de bains. Petit plus de la charmante conciergeriep: la possibilité de sillonner la ville grâce à des visites guidées sur mesure. C’est donc sans surprise que l’art de buller et de pousser quelques onomatopées prend effetp! HOTEL AMIGO*****

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Nos plans B en cas de flottep: MUSÉE MAGRITTE www.musee-magritte-museum.be MUSÉE HERGÉ www.museeherge.com Le lobby de l'Hôtel Amigo.

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Belles mécaniques

À NOUS LES So Britishp!

Référence absolue en matière de luxe automobile, Bentley peut se targuer d’avoir inventé le concept de GT à une époque lointaine où voyager en automobile relevait tout à la fois de l’aventure et d’un art de vivre réservé à une poignée d’enthousiastes plutôt fortunés. En 1919, «pMister W.O.p» crée la marque, avec pour objectif de développer des véhicules dont les caractéristiques principales seraient la performance et la magnificence. Répondant à ses propres attentes de pilote, d’ingénieur et de gentleman, les premières Bentley, déjà ornées du fameux «pflying Bp», remportent de nombreuses courses et signent des records de vitesse et d’endurance à Indianapolis, au Mans ou sur l’île de Man notablement. La crise de 1929 n’épargne pas l’usine britannique, qui se voit rachetée par Rolls-Royce, avec qui le partenariat durera jusqu’au rachat de la marque par Volkswagen en 1998. En 1930, pour satisfaire un pari, la Bentley Speed Six défie le Train Bleu et démontre que le moyen le plus rapide pour se déplacer de Londres à Cannes reste bien l’automobile. Cet exploit retentissant portera la marque dans son ambition de puissance. Nos amis d’outre-Manche rééditent encore aujourd’hui l’exploit avec les modèles actuels sur les circuits du monde entier. Les années 1950 voient l’apparition de l’appellation Continental, qui deviendra Corniche dans les années 1960, pour finalement reprendre son nom d’origine en 1984. La manne financière du groupe Volkswagen est salvatrice pour la marque, qui fait son retour en compétition au Mans et finit sur le podium en 2001. Puis est lancée la Continental GT, dont voici la troisième génération.

B elles anglaisesp!

Le 10 juillet prochain, Bentley célébrera son centième anniversaire. En guise de présent, la marque britannique a revisité son modèle emblématique, Continental GT, en version cabriolet. Luxe, élégance et performance, la GT Convertible relève le défi de perpétuer l’esprit de Walter Owen Bentley. Par Stéphane Léchine

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Styléep!

La gamme Continental GT se décline en version coupé et cabriolet, avec pour chacune une motorisation W12 ou V8 au choix. Présentée au dernier trimestre 2018, la GT Convertible W12 est d’ores et déjà disponible, alors que la V8 sera d’abord offerte au marché nord-américain en fin d’année, puis en Europe en 2020. Le cabriolet exacerbe la ligne du coupé à l’identité Bentley très marquée. La calandre grillagée est typique de la marque depuis les années 1920. Les feux à LED ciselés, à l’ostentation assumée, ornent les lumières de la face avant de l’éclat du diamant. Sur le flanc, le pli caractéristique de l’aile arrière offre à la vue une belle agressivité et trouve son origine dans les modèles des années 1950. Pas de doute, chez Bentley, on respecte le poids de la tradition. Son interprétation très moderne donne à cette voiture une ligne effilée à l’élégance sculpturale. Capote baissée, le design du pourtour chromé de l’habitacle est des plus réussis pour conserver la filiation avec le coupé.

Ça décoiffep!

A elle seule, la capote est tout à la fois une merveille de technologie et l’un des éléments de personnalisation chers à Bentley. Outre les sept couleurs de base disponibles, le tweed a été réinterprété pour renforcer, si besoin en était, l’identité bien anglaise de cette voiture. Le mécanisme en accordéon a été complètement revu. D’un encombrement restreint, il se déploie en une vingtaine de secondes, et ce jusqu’à une vitesse de 50 km/h. Capote fermée, l’utilisation de matériaux isolants réduit sensiblement le nombre de décibels pour se placer au même niveau que le coupé de la génération précédente. Voulue pour être une «pone-cargaragep», la version convertible de cette Continental doit pouvoir être utilisée en toute saison, et ce, le plus souvent décapotée, bien sûrp! A cet effet, la ventilation de la nuque intégrée aux sièges chauffants permet de rouler au grand air même par temps frais.

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J’veux du cuirp!

Le confort étant certainement l’expression ultime du luxe, c’est dans l’habitacle que se révèle la personnalité de cette Bentley. Les matériaux nobles y font ici florèsp: cuir, plaquage de bois et aluminium chromé se marient en un cocon dédié au bien-être à bord. Chaque commande, au design particulièrement travaillé, contribue à générer une ambiance feutrée et fastueuse. Façonnés à la main, les cuirs et bois précieux (issus de forêts gérées durablement) offrent une palette de configuration presque infinie, qui ne trouvera sa limite que dans le bon goût du commanditaire… Résolument novateur, le tableau de bord numérique est doté en son centre d’une unité rotative à trois facettes. Au choix, elle poursuit la ligne ininterrompue du plaquage, pivote vers trois élégants cadrans analogiques ou révèle un écran tactile qui offre toutes les options de connectivité attendues pour une GT.

Scotchéep!

Autre démonstration du savoir-faire de la firme de Crewe, le châssis a fait l’objet d’un travail particulier sur la rigidité, afin de conserver les qualités dynamiques du coupé. Malgré un poids conséquent et un amortissement plutôt souple, cette voiture vire à platp! La technologie déployée par les ingénieurs de Bentley fait ici des miracles; la barre antiroulis active compense les mouvements de caisse et les quatre roues motrices, dont la répartition est gérée électroniquement, associées à la vectorisation du couple qui freine une ou deux roues en virage, engendrent une stabilité époustouflante. Le résultat au volant consiste en une sensation d’agilité qui ne sera prise en défaut que dans les courbes très serrées. Le freinage contribue au dynamisme ambiant, les disques acier de 42 cm actionnés par dix pistons à l’avant (les plus gros du marchép!) stoppent littéralement les 2,5 t de cette GT avec une constance digne des performances d’une sportive.

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Dites 333p!

La motorisation n’est pas en restep: les 635 ch du W12 de 6 litres de cylindrée couplés à la boîte robotisée à huit rapports propulsent ce cabriolet de 0 à 100 km/h en 3,8 secondes pour atteindre une vitesse de pointe de 333 km/hp! Ce moteur est certainement l’un des plus perfectionnés au monde et délivre sa phénoménale puissance dans un confort absolu via un système double embrayage qui a fait l’objet d’une mise au point minutieuse pour gommer les à-coups de ce type de transmission. Le système d’injection haute et basse pression contribue lui aussi à optimiser la puissance tout en réduisant les émissions de particules. La motorisation V8, à la sonorité rageuse, offrira une alternative particulièrement séduisante pour une conduite plus agile. Assurément, avec ses Continental GT Convertible, Bentley reste tournée vers l’avenir et marque son centenaire de la plus belle des manières, tant cette voiture est l’expression quasi absolue du luxe automobile. —

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A tablep!

QUARTIERS d’été L’eau à

Le tableau

L’idée du chefp? Réinventer la terrasse du célèbre 5-étoiles le temps d’un été. Imaginezp: la Rade et les montagnes dessinées en toile de fond, quelques amis et les plats du chef étoilé dans une ambiance chic et décontractée. Surplombant le lac, l’adresse estivale met à l’honneur une cuisine de saison gourmande et quelques influences méditerranéennes… pour vous offrir une expérience placée sous le signe du partage de mets ensoleillés. Produits d’exception, truffe et homard se dévoilent ainsi sous un nouveau jour, en semaine comme le week-end, à l’heure du déjeuner et du dîner.

D’ici et d’ailleurs

De ses jeunes années passées sur la Côte d’A zur, Dominique Gauthier, qui a fait ses premières armes chez Jean Rostaing à Antibes, puis chez Jacques Chibois à Cannes, a gardé le goût du soleil et des saveurs méditerranéennes. C’est donc tout naturellement que le maître du Chat Botté aime réinterpréter ses premiers amours avec les produits de la région. Mention spéciale pour la salade de poulpe caramélisé au piment d’Espelette. Grande vedette également de cette carte éphémère, la truffe. Une fois n’est pas coutume, le chef décline le diamant noir sous toutes ses formes. —

Plus on est de fous,

plus on ritp!

Sur sa Terrasse, Dominique Gauthier a pris le parti de miser sur le partage, en proposant, de l’entrée au dessert, des assiettes pensées non pas à l’unité mais comme «pà la maisonp», autour d’une grande tablée. Dans l’esprit des mezze, les convives ont ainsi la possibilité de déguster tout au long du repas une mosaïque de créations du chef ou de butiner ensemble quelques entrées aux saveurs métissées.

Sur le gril

Comme l’été va de pair avec les grillades, la table éphémère se transforme le dimanche en «pSunday live grillp»… Saisis à la perfection, bœuf et homards s’accompagnent d’une carte de rosés sur mesure composée par Vincent Debergé, directeur du Chat Botté et de sa cave.

la bouche

Parmi les highlights de la carte estivalep: queues de gambas géantes sauvages, kadaïf croustillant, agrumes et basilic… Mais encore, si vous optez pour un plat à partager, un turbotin rôti entier et des tagliatelles de courgette violon pomme charlotte écrasée au citron de Nice ou encore une magistrale côte de bœuf Aubrac de Meinier accompagnée de ses chanterelles d’été et d’une divine pomme purée à la truffe… Et pour finir sur une note sucrée, que diriez-vous d’un éclair croustillant, fraises de pays et crème légère vanille de Papouasiep?

Du 19 juin au 6 septembre, Dominique Gauthier se met à l’heure d’été avec une table éphémère aux premières loges. Des idées, de beaux produits et un chef étoilé… Allez, on vous dévoile

la table perchée la plus en vogue de l’été. Par Delphine Gallay

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Evasion bien-être

HOLYdaysp!

Votre solde de congés est épuisép? Qu’à cela ne tienne… Personne n’a dit que vous ne pouvez pas filer à l’anglaise les week-ends. Pour ce faire, on passera par le chemin des écoliers ou la route des vins. Voici trois coups de

cœur où poser vos valises cet été. Par Delphine, Jade et Siphra

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L’eau à la bouche

Cuisine traditionnelle dans un cadre exceptionnel. Telle est la philosophie du restaurant gastronomique Château de Saulon. Sous les voûtes ancestrales ou en terrasse, le jeune chef et sa brigade proposent des produits du terroir et de saison revisités à la mode bourguignonne. Foie gras, cerises et pistaches, turbot, courgettes et gnocchis à la truffe d’été ou encore douceur chocolat-framboise… un menu signature empreint de saveurs et d’un grand raffinement. Vous préférez déjeuner sur le poucep? Optez alors pour la formule bistronomique et ses plats faits maison. Des mets succulents, une atmosphère bucolique, on savoure l’instant.

Tout à côté A quelques kilomètres du château se trouve la Route des Grands Crus. Nous ne saurions trop vous conseiller de partir à la découverte des plus célèbres vignobles de Bourgognep: Gevrey-Chambertin, Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée, Pommard… La liste est belle, la dégustation mémorable.

CHÂTEAU DE SAULON

Côte-d’Or

www.beaune-tourisme.fr

Vie de château

Entre Beaune et Dijon, près de la Route des Grands Crus, le Château de Saulon est une étape incontournable. Situé au cœur d’un domaine de plus de 27 hectares traversé par la rivière Sans-Fond, l’établissement reçoit ses hôtes selon les nobles traditions de l’hospitalité bourguignonne.

Cure de

jouvence

Pas tout à fait différent, mais pas tout à fait le même, le Château de Saulon se dévoile sous un nouveau jour. Entre charme d’antan et art de vivre dans l’air du temps, la demeure du XVIIe siècle, membre du label Châteaux & Hôtels Collection, a été restaurée dans le respect de son patrimoine. Mobilier d’époque chiné auprès des antiquaires de la région, gravures de Dijon et de Bourgogne, tapis et tapisseries anciennesp: rien n’a été laissé au hasard. A la fois élégants et intemporels, les grands salons, le bar et le jardin d’hiver se parent des plus belles corniches et de sublimes boiseries inspirées des châteaux scandinaves. Des chambres à la bibliothèque en passant par la piscine extérieure, tout a été pensé pour insuffler l’esprit d’une maison de famille dans laquelle il fait bon vivre. Défi parfaitement relevé par le Château de Saulon, qui a su garder son âme et son authenticité.

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CHÂTEAU DE SAULON**** www.chateau-saulon.com


Se régaler

LA BASTIDE DE CAPELONGUE

Provence & Co. Le «pBauxp» château

Perché sur une colline, au cœur du triangle d’or du Luberon, le domaine surplombe le petit village de Bonnieux – un panorama à couper le soufflep! Sérénité et art de vivre sont les maîtres mots de cette prestigieuse maison où l’on vient goûter à des moments simples et découvrir une Provence authentique.

Entre détente et gourmandise, le maître des lieux et chef doublement étoilé Edouard Loubet nous invite à un véritable éveil des sens. Produits de la cueillette, légumes du marché et viandes de la région… les plats, riches en saveurs, sont empreints de finesse et de caractère. Changement de décor avec la table de La Bergerie. Une fausse grange et une vraie bonne idéep! Face à son domaine Relais & Châteaux, Edouard Loubet a créé la plus exquise des auberges façon bistrot de campagne. Alors que l’on est confortablement installé près de la grande cheminée où rôtissent agneau, bœuf, volaille et canard, les belles assiettes défilent sur des planches de dégustation. On se fait plaisir dans la simplicité, à coups de crème de légumes racines, d’un blésotto d’épeautre et de fromages de chèvre du pays. Sans oublier le fringant rosé de la Canorgue, une pure merveille.

Roman-tiquep!

Dans cette bâtisse familiale où chaque détail est pensé par Edouard Loubet, par Isabelle son épouse et par Claude sa mère, toute l’attention est donnée à l’accueil et à l’ambiance pour créer une atmosphère chaleureuse et personnelle. Dans cet hôtel de charme, les 17 chambres sont décorées selon la tradition des grandes bastides provençalesp: murs enduits à la chaux, draps en lin, meubles en bois blanchi et étoffes naturelles aux tons clairs. Chacune d’elles porte le nom d’un personnage d’A lphonse Daudet ou de Jean Gionop; de Tartarin à Maître Cornille en passant par Panturle.

Dans les parages A seulement quinze minutes du domaine de Capelongue, le sentier des Ocres de Roussillon. Souvent comparé au Grand Canyon, il est une véritable curiosité géologique. Merveille de la nature, la couleur exceptionnelle de sa terre et ses tonalités d’ocre en émerveilleront plus d’un. A découvrir si possible au petit matin ou au soleil couchantp! www.roussillon-en-provence.fr

CAPELONGUE**** www.capelongue.com

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HÔTEL BELLES RIVES

Glamour azuréen Riviera et Années

folles

Sur la route ensoleillée du Cap d’A ntibes, le Belles Rives se dresse majestueusement face aux eaux cristallines de la grande bleue, avec pour toile de fond les îles de Lérins et l’Estérel. Transformé en hôtel grâce à Scott et Zelda Fitzgerald durant la douce frénésie des années folles, ce petit palace de charme illustre on ne peut mieux l’élégance décontractée du glamour azuréen.

A visiter Après une visite du Château Grimaldi, alias le Musée Picasso – 245 œuvres de l’artiste, des peintures de Nicolas de Staël et Fernand Léger, des sculptures de Joan Miró –, pourquoi ne pas aller flânerp? Par un bel après-midi d’été, rendez-vous au marché provençal. Le programmep: picorer d’étal en étal, sourire aux maraîchers et pourquoi pas s’acheter un beau panier. www.antibes-juanlespins.com/culture/musee-picasso

L’âge d’or

Colonnes dorées, fresques des années 1930, chandeliers… l’Hôtel Belles Rives est avant tout le spot mythique de Juan-les-Pins. Un lieu chargé d’histoire, marqué depuis sa naissance par le défilé d’hôtes prestigieux et par la dynastie à sa tête qui, génération après génération, a su conserver intact l’esprit des lieux. Qu’elles s’ouvrent sur un panorama bleu azur ou sur les jardins du Cap, les chambres se parent d’un style Art déco sans pareil. Dès que vous mettez le nez dehors, la plage privée de l’hôtel devient votre nouveau QG. Farniente et détente sont de mise, à moins que vous ne décidiez de vous initier à un baptême de plongée.

Dolce vita

Les cinq étoiles du Belles Rives ne seraient pas complètes sans le couronnement de sa table gastronomique. Récompensé par une étoile Michelin, le restaurant La Passagère séduit tant par ses plats authentiques que par ses saveurs ensoleillées. Comble du chic de cette échappée gourmandep: la salle de l’établissement. A peine rénovée, elle affiche un décor hors du temps et une vue divine sur la Méditerranée. Pendant la période estivale, le point de rendez-vous est donné au restaurant Plage Belles Rives. Les pieds dans l’eau, on se régale d’une cuisine légère et l’on découvre avec bonheur la diversité des couleurs provençales. Dernier plaisir pour clôturer cette belle journéep: le Piano Bar Fitzgerald. Devant un coucher de soleil incendiaire, on sirote un drink et on s’amuse à refaire le monde… Que la vie est bellep! HÔTEL BELLES RIVES ***** www.bellesrives.com

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Carte blanche

z i n u M T R k i A N V RUI X

Flow Hands, 2019.

Fidèle à sa passion des arts et de la création, la maison Ruinart dévoile sa dernière collab avec l’artiste contemporain Vik Muniz.

A cette occasion, le Brésilien s’est inspiré du climat champenois et des vignes pour donner naissance à l’exposition Shared Roots. Rencontre. Par Jade Boissonnet

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L’art et la manière

Fondée en 1729, la célèbre maison de champagne est la doyenne du paysage champenois. Un symbole du savoir-faire et de l'art de vivre à la française mondialement reconnus. Animée par une quête permanente d‘excellence et d’authenticité, c’est dans les Crayères de Reims, classées au Patrimoine mondial de l’Unesco, que la maison œuvre et abrite ses nombreuses cuvées. Parmi elles, la star Ruinart, un vin rare et précieux où l’on retrouve toute l’expression de l’emblématique chardonnay. Elégance, pureté et lumière… autant de caractéristiques qui font la réputation de ses vins. —

Regards croisés

Chaque année, la maison de champagne Ruinart donne carte blanche à un des talents les plus singuliers de la scène contemporaine. Artistes et designers ont ainsi la liberté de rendre hommage aux cuvées, à l’histoire de la maison, à son héritage et à ses crayères. Cette année, c’est à l’artiste brésilien Vik Muniz que la belle champenoise a ouvert ses portes, pour qu’il pose son regard sur le terroir et le savoir-faire pionnier de cette grande institution.

Qui est Vik Munizp?

Originaire de São Paulo, Vik Muniz découvre l’art dans les livres qu’il emprunte à la bibliothèque. C’est dans les années 1980 qu’il se lance définitivement dans une carrière artistique et se forge un style personnel reconnaissable. Le Brésilien est notamment connu pour ses œuvres réalisées à partir de déchets et d’éléments low-tech. Son travail est exposé dans le monde entier, du Metropolitan Museum of Art au MoMA à New York en passant par la Maison européenne de la photographie à Paris ou encore la Tate Modern à Londres.

Des racines et des hommes

C’est à l’occasion d’un séjour au cœur des vignobles de la maison rémoise, mais également à Rio, où l’artiste protéiforme a dévoilé au chef de cave Frédéric Panaïotis son monde végétal à lui – le jardin tropical qui entoure sa maison et la fameuse allée de figuiers qui mène au jardin botanique qui lui a donné le goût de la nature – que sont nées ces «pracines communesp», à l’origine du titre de l’exposition.

D’un millésime on fait des

tableaux

L’artiste s’est donc exprimé, à travers une série d’œuvres inspirées de la terre et de la vigne, dans une seule et même vision, celle de la tension créative, «pqui donne l’énergie de créerp». Parmi elles, l’installation Flow Polyptych, une merveilleuse ode à la puissance de Mère Nature, dans laquelle six panneaux blancs ornés de six ceps de vigne tracés au fusain et au bois noirci invitent au rêve et à la poésie, ou encore cette feuille de chardonnay, cépage emblématique du «pgoûtp» Ruinart, qui prend vie sous les traits de divers éléments organiques du vignoble de Sillery. Sans se fixer de limites, Vik Muniz réussit à entrevoir le lien qui unit l’homme à la nature dans le plus grand respect d’une tradition vieille de trois cents ans.

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Flow Polyptych 3, 2019.


Destination Thaïlande

Lanna Land Que diriez-vous d’une Thaïlande plus secrètep? Dans le nord du pays flotte une légère insouciance, comme si le temps s’était figé. Loin des spots bondés, ces provinces miraculeusement préservées respirent la douceur de vivre et dévoilent quelques trésors jusqu’ici bien gardés. Par Delphine Gallay

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Provinces oubliées

Si Chiang Mai fait figure de destination phare sur les dernières bucket lists – étape incontournable avant les plages du sud –, les terres de l’ancien royaume de Lanna réservent bien des surprises à qui souhaitera prendre le temps de les explorer. Des terres inconnuesp? On ne saurait les compter. Un sentiment de jamais-vu, de totale déconnexionp? Assurément. Dans cette région d’A sie, le carnet de voyage se dessine au rythme des camaïeux de vertp: de rizières en paysages vierges, de la jungle aux vastes plantations… de wat en wat – eh oui, retenez bien ce terme, car c’est très certainement le seul mot de thaï que vous aurez assimilé lors de votre séjour, tant cette langue nous est compliquéep! –, le balai des deux-roues et, à la surprise générale, un village apparu au hasard d’une route. Parce que, oui, un peu de vie, c’est bien aussip! Et ce n’est pas le sourire sincère de ses habitants qui vous fera dire le contraire. De larges et grands sourires, une bienveillance de chaque instant qui guideront le chemin des écoliers par 40°C lors de la belle saison.

Entre ciel et terre

Atterrissage à Lampang. Visite éclair du temple Wat Pong Sanuk, le premier d’une longue série, si ce n’est que celui-ci a la magie des premières fois, ou tout simplement l’excitation de poser un pied en Asie. Le lendemain matin, après une nuit courte et quelques frissons animaliers, c’est un autre temple qui nous attend. Celui de Wat Chalermprakiat, une merveille bouddhique située en haut des cimes, à une petite heure de route seulement de Lampang. Pour y accéder, il faut grimper, mouiller un peu la chemise – no pain, no gain –, mais le jeu en vaut la chandelle. Arrivé au sommet, c’est une explosion de vert, une claque à perte d’horizon. Mouvement de tête à 360°, mélange d’extase et de vertige… la vallée se dessine en contrebas. Sur les hauteurs, on touche des yeux les pagodes blanches soufflées comme des meringues sur les pics accidentées. Le Wat Chalermprakiat prend soudain des airs de paradis. Instant divin. On se laisse bercer par le son des carillons bouddhistes et on reste cloués par le spectacle des pagodes perchées qui semblent flirter avec les cieux. C’est à ce moment précis que l’on mesure la ferveur des villageois et des moines, qui pour célébrer le bicentenaire de la naissance du roi Rama IV se sont mis en tête d’ériger à dos d’homme un sanctuaire en apesanteur, dont vous vous souviendrez longtemps après cette ascension entre ciel et terre.


fond et arborent fièrement le style mauhom. Bleu foncé, un brin violacé, il se porte au quotidien comme pour les grandes occasions et se décline de trois façonsp: à l’état brut, en mode batik ou en version tie and dye… Au-delà de ses qualités esthétiques, on prête à cette teinture naturelle quelques vertus énergisantes qui, d’après les anciens, purifieraient et ramèneraient espoir et sérénité à celui qui la porte. Attirés par cette coquetterie «pmade in Phraep», nous sommes donc partis à la découverte de cette mystérieuse plante. Escale chez Banmatjai, un ravissant atelier-café-boutique gorgé de bonnes ondes et de plantes exotiques où l’on pratique l’art du mauhom. A défaut de repartir avec la recette – étonnante mixture de feuilles d’indigotier, de cendres et d’eau… – contenue dans les vieilles toupines, nous avons pu mettre la main à la pâte et réaliser sous l’œil des dames bleues un tie and dye somme toute très réussi.

Au bout du

monde

Suite de notre périple avec une escale à Nan. Dans la lignée de Phrae, la ville de Nan possède un charme fou. Elle est à ce point authentique et souriante que des fées semblent s’être penchées sur ses habitants. Parmi ses plus beaux attraits, sa douceur de vivre (encore), pas un mot d’anglais et une cuisine traditionnelle à se damner. Il faut dire que collée à la frontière laotienne, cette bourgade montagnarde a la chance d’être suffisamment reculée des grands axes pour – espérons-le – conserver son âme d’enfant. Alors que le long des routes les durians sauvages et les fleurs de lotus végètent au soleil, nous décidons, accompagnés de notre guide, de nous enfoncer un peu plus dans les terres à la rencontre des Thai Lu. Répandue dans tout le nord de la Thaïlande, cette ethnie laotienne est une rescapée du communisme voisin. Profondément attachée à ses racines, la communauté des Thai Lu est réputée à travers le pays pour son folklore et la finesse de ses tissus. Quand on débarque dans le hameau de Baan Get, non loin de Pua, la scène est surréaliste. Huttes et aires de jeux en bambou, buvette à ciel ouvert… la féerie des lieux est pourtant bien réelle. Pas le temps de s’extasier, nous sommes attendus à deux pas d’ici par un gang de vieilles dames armées de leur métier à tisser. Après des consignes plus qu’imagées, il semblerait que tout soit dans le jeu de mains et de pieds pour que le tour soit joué – mais dans la réalité, vous comprendrez que c’est un peu plus compliqué.

Hameau de Baan Get, région de Nan.

Bol de soupe,

mantras et volupté

Suite de la visite, direction Phrae, lotie à quelques encablures de la frontière laotienne. Pas l’ombre d’un touriste… et c’est tant mieux. On se laisse vite porter par l’authenticité de cette ville à la campagne et par l’innocence des gens qui l’habitent. La vie est douce, calme… tout juste perturbée par le chant du coq, quelques mantras ou le coup porté au gong à l’heure de la prière. Parce que, oui, ici encore et toujours, on collectionne les watsp! Si ma préférence va aux wats anonymes, le temple Wat Phra That Cho Hae (1353) mérite un crochet, ne serait-ce que pour admirer sa pagode en or monumentale (qui renfermerait un cheveu de Bouddha) ou pour coucher sur papier quelques mots pour le salut d’un être cher. Mais, sans l’ombre d’un doute, le charme réel de la belle provinciale réside dans sa vieille ville. Ses ruelles, son flot de maisons anciennes en tek sur pilotis, sa végétation, son mix d’influences lanna, birmanes et laotiennes lui confèrent un visage vraiment particulier. Autre vedette des lieux, la cuisine. Pour se faire une idée précise de la palette des saveurs thaïes, rendez-vous au street food night market à l’heure du souper. Ici, on s’approche des étals et on goûte à tout. Mention (très) spéciale pour la soupe won-ton au poulet.

Temps forts

Parce qu’un voyage réussi est toujours fait de rebondissements, nous décidons sur la route qui mène à Chiang Rai de squeezer quelques temples… et d’aller rendre une petite visite aux éléphants. Mais pas de n’importe quelle façon. Notre choix se porte donc sur le sanctuaire d’Elephant Valley. Dans cette réserve, le pachyderme est dans son élément. Ici, pas de balade sur son dos, de baignade ou de photos souvenirs collés à ses basques. Rescapé ou en convalescence, l’éléphant n’est approché que par la seule personne habilitée à le fairep: le mahout. Dans ce refuge, «pon laisse les éléphants être des éléphantsp»p! On respecte les bonnes distances, on chuchote, on s’émerveille et on redevient de grands enfants. Si l’objectif à

Indigo is the new blackp!

Si, pour vous, l’indigo est une couleur, dans la province de Phrae, il est un art de vivre. En effet, il suffit de flâner un peu pour réaliser que ce savoir-faire ancestral est loin d’être passé de mode dans la région. Les habitants raffolent de ce bleu pro-

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terme est de les autonomiser pour un jour peut-être les relâcher en milieu naturel, il est avant tout question d’offrir à ces animaux une seconde chance. Au beau milieu de ce décor d’éden, cinq pensionnaires heureux, plus majestueux les uns que les autres, avec la possibilité pour ceux qui souhaiteraient s’attarder encore un peu à Elephant Valley de faire du bénévolat et de s’offrir quelques nuitées à proximité.

Retour «pà la villep»

Après plusieurs jours passés à sillonner le nord dans le calme absolu et avec «pzéro touristep», l’arrivée à Chiang Rai s’annonçait davantage mouvementée. Première impressionp: la ville semble aimer la couleur, si l’on en croit le nom de ses principaux templesp! S’il existe un wat bleu et une maison noire, la palme revient sans conteste au plus déjanté du lot, le Wat Rong Khun, plus connu sous le nom de Temple blanc. Le sanctuaire «psensationp» est la signature de l’artiste Chalermchai Kositpipat. Qu’on aime ou pas le style fantasmagorique, toujours estil que le White Temple est unique en son genre. Chef-d’œuvre d’un illuminé, l’ovni en impose avec sa silhouette «ptorturéep» et

son architecture travaillée à l’extrême. Un psychédélisme «partyreligieuxp» qui s’invite dans les moindres détails et symboles de ce lieu de culte. Pour ce faire, l’artiste cumule les allégories au travers de fresques hallucinantes où sont représentés Kungfu Panda, Michael Jackson, Pikachu ou encore les tours du World Trade Center. Le Wat Rong Khun a oublié de faire dans le «preligieusementp» correct, et a de grandes chances de laisser bouche bée ou perplexes les badauds en visite.

Time to say goodbye

Ultime étape avant le vol retour pour Bangkokp: un détour par le Triangle d’or. Le voyage touche à sa fin. Nous sommes désormais aux confins de la Thaïlande, dans cette zone montagneuse connue autrefois pour sa culture du pavot et de l’opium… On n’en saura pas plus, mais un parfum de banditisme flotte ici à plein nez. Notre route s’arrête là, tandis que, séparés comme par un fil par les eaux troubles du Mékong, le Laos et le Myanmar se font face de chaque côté du fleuve. Etrange sensation que celle de toucher du bout des doigts de nouvelles contrées, de nouvelles aventures… Mais, qui sait, peut-être une prochaine foisp? —

Hameau de Baan Get, région de Nan.

Wat Rong Khun, plus connu sous le nom de Temple blanc, Chiang Rai. 159


5 minutes avec...

Le Nouveau Féminisme Combats et rêves de l’ère post-Weinstein Le nouveau féminisme est né. Un féminisme multiple, tel est l’enjeu de ce livre. La libération de la parole des femmes, de toutes les femmes, toutes singulières, toutes différentes, toutes uniques, révèle en réalité une galaxie de féminismes, créatifs, foisonnants, parfois convergents, parfois divergents. Le nouveau féminisme est un mouvement qui a pris une ampleur inattendue et sans précédent. Il nous fallait ce livre d’une femme engagée pour recenser les différents féminismes existants, ceux qui émergent et ceux qui s’ignorent encore, et pour nous aider à nous positionner entre combats et rêves – les uns ne vont pas sans les autres. Des rêves de réconciliation, d’éros et de liberté, avec la poésie comme arme, sans blessure, à la rencontre de l’autre.

Barbara Polla Barbara Polla est médecin, femme politique, galeriste engagée pour l’art et la culture et très investie dans la cause des femmes. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages aux éditions Odile Jacob : Tout à fait femme, Tout à fait homme et Femmes hors normes.

9 782738 147820

6071055 ISBN 978-2-7381-4782-0 En couverture : © Carine Bovey.

Le Nouveau Féminisme Barbara Polla

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LE NOUVEAU FÉMINISME COMBATS ET RÊVES DE L’ÈRE POST-WEINSTEIN

Barbara Polla, Editions Odile Jacob.

Barbara Polla,

médecin, galeriste, écrivaine et ancienne conseillière nationale, a plus d’une corde à son arc. A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, Le Nouveau Féminisme, l’inspirante auteure genevoise s’est prêtée au jeu des 5 minutes. Par Siphra Moine-Woerlen

Une chose que vous détestez chez les autresp? Le mépris.

Une activité que vous aimeriez faire plus souventp? Dormir.

Un remède anti-stressp? Sourire. Se faire spécialement belle. Faire une bonne action.

Une chose que vous détestez chez vousp? Il n’y a rien vraiment que je déteste, je suis plutôt bienveillante à mon égard…

Qu’aimeriez-vous faire en ce momentp? Dormir… Et d’autres choses que je ne saurais dire ici.

Un péché mignonp? La gourmandise. Les soldes online chez Maje. Narciso Rodriguez For Her.

Le meilleur conseil que l’on vous ait donnép? Dormir davantage.

Un ennemi? Les stéréotypes. Les préjugés. Les jugés en général, pré- ou post-. Le dogmatisme. Les blattes et les cafards…

La première fois que vous êtes tombée amoureusep? J’avais 4 ans, il en avait 18, ma mère 34, il avait quatorze ans de plus que moi et seize ans de moins qu’elle, et je crois qu’il était plutôt amoureux de ma mère… Une chose que vous vous interdisezp? Je m’interdis absolument de me plaindre. Quand on a le privilège de vivre sans maladie grave, d’avoir vu grandir quatre filles qui sont désormais des jeunes femmes magnifiques, de jouir d’une liberté rare en tant que femme… de quoi oserais-je me plaindrep?

Le pirep? Dormir davantage. Votre principal trait de caractèrep? Je suis une rêveuse. Votre devisep? Life will tell. Etes-vous croyantep? Je crois au Père Noël, absolumentp! Il va bien finir par arriver, nonp? Un cadeau que vous aimeriez recevoirp? Oh, il y en a tellement… Vous êtes vraiment prêt(e) à tout m’offrirp?

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Votre casting idéal pour un dînerp? Anne Fagot-Largeault, du Collège de France, et Gisèle Halimi. Finissez la phrase «pj’aurais aimé être…p». Franco Basaglia, en prenant pour modèle ce qu’il a fait pour l’internement psychiatrique en Italie. Le mot de la finp? Encorep! —




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