Trajectoire 128 (septembre 2019)

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MODE

L’esprit XXL

REPORTAGE

Alessandro le gourou de Gucci

MARIE-JEANNE

Une amie qui vous veut du bien ?

LE ROI PHARRELL NOUS PARLE DE POP, DE MODE ET DE LOUIS XIII Automne 2019 N°128 | CHF 6.– 00128

ALMODOVAR

ou les femmes de Pedro GRETAMANIA

Un cyborg venu du Nord




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Où sont les femmes ? Avec leurs gestes pleins de charme. Dites-moi où sont les femmes, les femmes... Où sont les femmes ? Je n’ai pas trouvé Patrick. Dommage. J’aurais voulu qu’il me parle de sa chanson aussi actuelle hier qu’aujourd’hui… Mais, je ne l’ai pas trouvé. Alors c’est vers une tout autre personnalité qu’on s’est tournés. Egérie et socializer invétéré, Pharrell Williams nous a semblé illustrer au mieux ces pages riches en rencontres aussi variées que grinçantes. Pharrell s’est prêté au jeu des questions sur sa jeunesse éternelle, l’écologie et les femmes de sa vie. Là où on pensait trouver une diva un peu siphonnée, on a découvert un artiste multi-casquette, simple, terre à terre, coiffé d’une lampée de control freak, qui a tenu à soigner notre couverture comme son look de dandy pop. On s’est ensuite laissé séduire par l’homme qui murmurait à l’oreille des femmes, moins jeune mais tout aussi fou, Pedro Almodovar, lors d’un affectueux tête-à-tête avec son acolyte, le ténébreux Antonio Banderas, durant lequel ont resurgi nos instincts de groupie ; tout cela avant de céder la place à l’agacement devant la Gretamania et sa (polluante ?) traversée. Loin de l’écume barbante de la jeune Suédoise, on s’est ensuite envolés pour pleurer sur le sort des veuves blanches en Inde avec notre photoreportage puissant, qui redonne un peu de dignité à ces femmes oubliées. Plus joyeux et voluptueux, on a donné de la couleur avec notre shooting mode, pour lequel Penélope a bien voulu prêter sa frimousse. Enfin, entre deux effluves de CBD humées à l’occasion de notre sujet de société, nous terminerons avec quelques conseils pour lutter contre le stress au travail, rouler écolo et braver l’automne sous les meilleurs auspices. Jess, Minou, David, Stéphane ? On la rechante ? Où sont les femmes ? Qui ont ces drôles de vague à l’âme. Qu’on caresse et puis qui planent, planent, planent, planent. Où sont les femmes ? So, love it !

Par Siphra Moine-Woerlen, directrice de la rédaction 11


IMPRESSUM

ÉDITEUR

André Chevalley

DIRECTRICE DE LA RÉDACTION Siphra Moine-Woerlen

ENQUÊTES & REPORTAGES Photoreportage Claude Renault Sujets de société Manon Voland Billet d’humeur Julie Masson

COVER STORY

Texte Manon Voland Photographies David Uzochukwu

MODE & BEAUTÉ

Haute couture Diane Ziegler Décryptage beauté Martine Tartour Photographie Reisa Boksi

CULTURE & ART DE VIVRE

Arnaud Bosch, Gil Egger, Delphine Gallay, Stéphane Léchine

SHOOTING MODE Direction artistique & photographie Vincent Alvarez Stylisme Joanna Kalinski

SHOOTING HORLO Direction artistique & photographie Vincent Alvarez

HORLOGERIE & JOAILLERIE

Vincent Daveau, Philippe Perret du Cray

ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO

Textes Jade Boissonnet, Louis Garnier, Marliese Hubert, Yousra Mameche, Marine Pasquier, Sophie de Titling, Rudi Van Den Eynde Relecture Adeline Vanoverbeke

COORDINATION GÉNÉRALE Delphine Gallay

PUBLICITÉ

Philippe Perret du Cray info@trajectoire.ch

GRAPHISME Gaël Lugaz

IMPRESSION & PHOTOLITHOGRAPHIE Kliemo Printing

WWW.TRAJECTOIRE.CH

Trajectoire, une publication du groupe Chevalley | Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge – T. +41 (0)22 827 71 01 ©Trajectoire | La reproduction, même partielle, du matériel publié est interdite. La rédaction décline toute responsabilité en cas de perte ou de détérioration des textes ou photos adressés pour appréciation.

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CONTRIBUTEURS

& complices Claude Renault

Si les images de Claude Renault nous touchent autant, c’est qu’elles ne sont pas seulement des tableaux photographiques, elles sont aussi des fenêtres sur le monde. Artiste avatar, il traque la lumière et la courtise d’ombres et de couleurs – cadrages atypiques, avant-plans et contre-plongées osés et mouvement sont sa griffe à lui. Avec pudeur et alchimie, ses clichés posent un regard unique sur la vie avec tout ce qu’elle peut contenir de féroce et de brutal. Pour ce Grand Format, cet amoureux transi de l’Inde nous emmène à la rencontre des veuves blanches, ces grandes oubliées du pays de Gandhi.

Martine Tartour

Sa devise ? « Se jeter dans demain sans jamais regarder hier. » On ne plaisante pas avec l’A DN de cette journaliste beauté qui a passé 25 ans au sein du Groupe Marie-Claire en tant que rédactrice en chef adjointe. Aujourd’hui, Martine Tartour évolue en jet-lag permanent, mais c’est à Atlanta qu’elle a posé ses valises par amour pour un chef d’orchestre. Cette grande voyageuse se passionne pour l’obsession du yoga aux EtatsUnis, la frénésie des blonds peroxydés et des transfigurations à Tel-Aviv, l’hystérie de la chirurgie esthétique en Corée… et continue d’écrire pour différents grands titres américains et européens.

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Reisa Boksi

En cette rentrée, Trajectoire vous présente le travail d’une jeune artiste photographe nouvellement diplômée de la Haute Ecole d’art et de design de Genève. Originaire d’A lbanie, Reisa Boksi a fait ses classes à Brera – l’Académie des beaux-arts de Milan – avant de rejoindre les bancs de l’école de la HEAD. Poids plume, œil qui frise, Reisa signe des clichés un brin espiègles et délicieusement épurés. Fascinée par la dureté des lumières contemporaines, elle imprègne son travail des influences de l’iconographie de la Renaissance italienne. Talent à suivre.


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SOMMAIRE

Automne 2019

11 L’ÉDITO

© Philippe Quaisse

de Siphra Moine-Woerlen

RENDEZ-VOUS 26

BILLET D’HUMEUR

Greta, tête à claques ?

28 L’OBJET CULTE

Sophie la Girafe

36 BOUILLON DE CULTURE

Quoi de neuf cet automne ?

42 DIDIER DROGBA

Joue-la comme Drogba

MAGAZINE 48

FLASH-BACK

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MARIE-JEANNE

56

PHARRELL

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LE GRAND HUIT

68

GRAND FORMAT

COVER Pharrell Williams photographié par David Uzochukwu

pour la campagne Louis XIII.

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Les bizuths de Calvin Une amie qui vous veut du bien ? L’homme de Neptune(s) de Pedro Almodovar

Inde : la cité des veuves


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ART DE VIVRE 30

WHAT’S UP ?

Adresses de saison

148 OÙ BULLER ?

España VS Morocco

150 MÜNCHEN

Routes bavaroises

154 SE FAIRE LA MALLE

A Momo !

AUTO, MOTO, ÉCO ! 106 BELLES MÉCANIQUES

Avec AMG, rien n’est impossible L’EQC fait sa petite révolution

108 AYRTON SENNA

Etoile filante

HORLOGERIE 84

QUESTIONS DE TEMPS

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SHOOTING HORLO

Les horlogers du tac au tac A quoi bon résister aux lois de l’attraction ?

MODE 118

DEMI-DIEU

La fulgurance d’A lessandro Michele

124 SHOOTING MODE

La mode en XXL

BEAUTÉ ERRATUM

Une erreur s’est glissée dans le dernier numéro : C’est l’Hôtel Martinez, à Cannes, qui abrite le Beauty Spa L.Raphael.

136 MAKE-UP

Tape-à-l’œil

142 FLOWER POWER

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Le mot du moment

On décrypte

L’UBÉRISATION Joindre les deux bouts

En référence au grand manitou du transport Uber, l’ubérisation concerne en majeure partie les nouvelles start-up qui tendent à substituer l’usage à la propriété. Dans un contexte de crise économique et de chômage élevé, de plus en plus de personnes sont à la recherche d’un revenu complémentaire, histoire de mettre un peu de beurre dans les épinards ou simplement de parvenir à payer les factures. Chauffeur de sa propre titine sur son temps libre : voilà la solution que certains ont trouvée pour arrondir leurs fins de mois.

Uber, la bête noire

© Serhii Bobyk

Hélas, l’ubérisation ne fait pas les choux gras de tout le monde et est souvent à l’origine de la peur des entreprises traditionnelles de se retrouver mises au placard à cause de la concurrence digitale. On a d’ailleurs tous en mémoire la révolte des taxis contre les chauffeurs du géant américain Uber. Concurrence déloyale, prix cassés, avec un peu d’empathie, on comprend mieux l’accueil réservé au mastodonte californien. Si le tsunami numérique bouscule peu à peu les codes, il risque de balayer en chemin la pérennité du système économique tel qu’on le connaît.

18h42. Vous quittez le bureau lorsque vous recevez une alerte de votre smartphone vous indiquant l’arrivée de votre chauffeur. De retour à la maison, vous jetez un coup d’œil à votre commande de sushis en route pour le dîner. La sonnette retentit. A votre porte, un livreur vous tend votre repas. Vautré dans le canapé que vous avez chiné pour quelques centaines d’euros sur le web, vous dégustez votre japonais devant le dernier film en vogue sur Netflix. Des gestes du quotidien plutôt anodins, me direz-vous. Certainement, mais qui n’existaient pas il y a encore quelques années. Il faut dire que, sous l’influence du numérique, on assiste à une révolution des modèles économiques, que l’on nomme volontiers ubérisation. Soit, en clair, l’amélioration de concepts déjà existants par une mise en relation directe entre professionnels et consommateurs via les plateformes en ligne. Telle une traînée de poudre, le phénomène s’étend désormais à tous les secteurs. Ainsi, les hôtels deviennent Airbnb, les restaurants sont remplacés par Deliveroo & Co., vos comptes passent par une banque en ligne... Parce qu’aujourd’hui la priorité est d’aller toujours plus vite et au plus offrant. Grand responsable de ces nouveaux modes de consommation ? Internet, bien sûr.

Le client est roi Quoi qu’on en dise, l’ubérisation promet des expériences de consommation inédites et une qualité des services en hausse. Après tout, il est d’usage de dire que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Raison de ce succès ? L’avis du client conditionne le paiement du prestataire. De plus, de nouvelles formes d’emploi émergent, telles que l’auto-entrepreneuriat. Un concept à suivre de très près…

Par Marine Pasquier

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Billet d’humeur

PERSONA NON

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a saga Greta

On connaissait Martine en bateau, Martine à bicyclette, Martine au zoo, Martine à la mer ou Martine à l’école. La série de livres pour enfants éditée jadis par Casterman, où papa fume sa cigarette au travail et maman nettoie sa cuisine, a trouvé son spin-off. Greta en voilier, Greta en voiture électrique, Greta en Amérique, Greta lutte contre le plastique. Il n’y a guère que Greta à l’école qui ne fonctionne pas, puisque l’adolescente suédoise ne la fréquente plus. Avant, ce n’était que le vendredi. Comme certains ont piscine, elle avait école buissonnière. Plutôt que d’apprendre à résoudre des équations à deux inconnues, elle squattait les marches du parlement suédois, pour inciter les élus à empoigner des calculs autrement plus compliqués que des identités remarquables de type (a+b)2. Des problèmes du genre « explosion du nombre de vies humaines multipliée par la diminution des terres arables, résultat corrélé par des températures qui augmentent de manière exponentielle et asymétrique par rapport au dégagement de CO2 ». Et comme ces abrutis de politiciens suédois n’ont pas été caps de donner une réponse correcte suffisamment rapidement – ben c’est vrai, quoi, sauver le monde, y’a pas besoin de réfléchir des heures, la solution coule de source –, Miss « deux tresses Laura Ingalls revival » a décidé de prolonger sa « Skolstreit för klimatet » (grève de l’école pour le climat, en VO) et de l’étendre à une année. « Pourquoi au juste est-ce que je devrais étudier pour un avenir qui pourrait bientôt ne plus exister parce que personne ne fait rien pour le sauver ? Quel est l’intérêt de suivre les enseignements du système

Greta

Fifi Brindacier agace ? Un peu... Il faut dire que recevoir des leçons d’une adolescente de 16 ans n’est pas forcément du goût de tout le monde. Par Julie Masson

scolaire quand les plus grands scientifiques issus du même système scolaire ne sont pas écoutés par nos politiques et nos sociétés ? » provoquait Greta Thunberg lors de sa conférence TedX en novembre 2018. Dans son sillage, de nombreux adolescents européens ont suivi le mouvement et séché les cours le vendredi – trop contents pour une partie d’entre eux de pouvoir s’épargner des jours d’école, mais, parions-le, sans réellement se préoccuper des « Fridays for Future » !

16 ans et toutes ses dents

Si quelqu’un, aujourd’hui, demandait « Mais qui est Greta Thunberg ? », il est certain qu’il s’attirerait les foudres de ses congénères. Des « Ohhhhh, hein, quoi, vous ne connaissez pas Greta ? ! Mais c’est impossible ! » scandalisés de la part de ses innombrables fans qui boivent son discours comme du petit lait, et des «  Quoi  ? N’avez-vous jamais entendu parler de cette adolescente foldingue, qui prend l’humanité de haut et donne des leçons de morale à ses aînés ? » de la part de ses détracteurs. Détracteurs au rang desquels on compte le philosophe Michel Onfray, qui estime, dans un (très)

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long article publié sur son blog, qu’« elle fait songer à ces poupées en silicone qui annoncent la fin de l’humain et l’avènement du post-humain ». Donc, pour l’éventuel énergumène qui aurait débranché ordinateur, télévision, tablette, radio et brûlé les journaux sans les lire tous ces derniers mois, bref rattrapage express : Greta Thunberg s’offre les unes de tous les plus grands titres internationaux – Libération, GQ, Vogue, Time, The Guardian, Le Parisien, L’Illustré, pour n’en citer que quelques-uns – pour son action militante en faveur du climat. C’est qu’à 16 ans, l’adolescente clame sans détour ce qu’elle pense, mais pas plus – elle souffre du syndrome d’Asperger (une forme d’autisme), de mutisme sélectif, et a traversé des épisodes graves d’anorexie. Ses propos engagés, qui l’ont emmenée jusque devant la réunion de la COP24 à Katowice, le Forum économique mondial à Davos ou l’Assemblée nationale française au mois de juillet, semblent trop élaborés aux yeux de Michel Onfray : « Quelle intelligence est celle de ce cyborg ? On ne sait… Ce qu’elle lit, à défaut de le dire librement, n’est pas écrit par une jeune fille de son âge. La plume


et s’excuse presque d’être mise en avant, regrettant ici ou là que l’attention portée à sa personne l’emporte sur le contenu du message qu’elle veut faire passer. Qui a raison et qui a tort ?

sent trop le techno. Sa voix porte le texte d’autres qui n’apparaissent pas. Qu’estce donc d’autre qu’un cyborg, si ce n’est le sujet d’acteurs invisibles ? Cette intelligence est vraiment artificielle, au sens étymologique : c’est un artifice, autrement dit, un produit manufacturé. Toute la question est de savoir par qui. »

Diète,

Le philosophe français n’est pas le seul à estimer que la gamine n’est rien qu’un produit marketing qui scande des mots qui ne sont pas les siens. Le chirurgien français Laurent Alexandre, fondateur du site Doctissimo, a pour sa part affirmé que la jeune fille est « instrumentalisée par les ayatollahs écolo-catastrophistes qui veulent imposer aux jeunes une réduction massive de leurs libertés ». Ailleurs sur la Toile, les avis agacés d’internautes se multiplient, la lient à diverses causes, estiment que ses parents s’enrichissent sur son dos – comme ceux des petits Chinois les surentraînent dès leur plus jeune âge pour en faire des machines de compétition… Plusieurs théories du complot, des plus simples aux plus folles, sont liées à la Suédoise. Mais Greta Thunberg ne se laisse pas démonter. Elle répète inlassablement qu’elle n’appartient à personne

Si la gentillette série de livres pour enfants citée en préambule était désuète et patriarcale – pour ne pas dire carrément misogyne –, Greta Thunberg lui offrirait un coup de féminisme bienvenu (et bien malgré elle, la lutte pour l’égalité des genres n’étant pas son créneau). Le premier public de la jeune Suédoise, sa famille, n’a en effet eu d’autre choix que de suivre les convictions de l’adolescente pour ne pas transformer le foyer familial en un terrain ravagé par une guerre civile. Tous sont devenus véganes, et si Svante, son père (ex-acteur et producteur) la suit dans ses voyages, sa mère, Malena Ernman, une mezzo-soprano lyrique fort connue de la scène internationale, a dû mettre un terme à sa carrière, car interdite de voyager en avion par sa fille, qui enjoint à ses parents de réduire drastiquement leur bilan carbone. Ne

légumes et eau du robinet

QUELLE EST L’INTELLIGENCE DE CE CYBORG ? ON NE SAIT… TOUT CE QU’ELLE LIT, À DÉFAUT DE LE DIRE, N’EST PAS ÉCRIT PAR UNE JEUNE FILLE DE SON ÂGE

© Anders Hellberg

MICHEL ONFRAY

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souhaitant pas reproduire le discours des « faites comme je dis, pas comme je fais » qui sillonnent la planète en avion pour prôner la bonne parole, Greta Thunberg prend le train ou… la voile. Elle a ainsi mis deux semaines pour se rendre au sommet mondial de l’ONU à New York, partageant le pont du Malizia II, un voilier zéro carbone skippé par le fils de la princesse Caroline de Monaco, Pierre Casiraghi. Et comme de bien entendu, ce voyage lui a valu une nouvelle polémique, le deuxième skipper du bateau n’ayant pas manqué de déclarer à qui voulait bien l’entendre que cette petite virée transatlantique allait finalement nécessiter le vol de plusieurs personnes jusqu’à New York pour ramener le bateau en Europe. Sauver le monde, c’est donc le credo de Greta Thunberg, qui lui vaudra peut-être le Prix Nobel de la paix 2019, pour lequel elle est nominée. Et si d’aucuns pensent que les personnes atteintes du syndrome d’A sperger sont des idiots, elle n’est que la preuve vivante qu’ils se trompent. Car si heureux sont les simples d’esprit, elle n’est pas libre, Greta. Et personne ne pourra dire qu’ils l’ont vue voler. Non, elle a pris un voilier. —


L’objet culte !

Sophie

LA GIRAFE La starlette des couffins Bien sûr, il y a aussi une histoire de marketing dans cette tendance positive. Et comme elle est d’un naturel à ne jamais rien se refuser, Sophie la Girafe s’est offert dernièrement une adorable collection croisière composée d’un chapeau, d’une marinière, de combinaisons et de culottes anti-UV ! De quoi ravir les poupons gazouillants. A 50 ans, Sophie la Girafe manie le web (elle a sa propre mini-série) comme le vernis de son pelage et passe aux choses sérieuses en vendant son âme au diable du business pour se réincarner en chocolats et autres produits de beauté…

© Marina Shatskih

La grande perche en caoutchouc naturel de 18 cm n’aspirait pas tant à craquer le moule des jouets en s’imposant parmi les peluches de la ferme… Personne n’aurait osé penser que cet animal « exotique » se fondrait dans le paysage universel, jusqu’à ce que M. Rampeau, sculpteur à ses heures, imagine ce jouet et dévoile une griffe 100% française. Née le jour de la Sainte-Sophie, ce modèle féminin aux courbes gracieuses s’affranchit des stéréotypes en les incluant tous, s’adressant aux mamans et se destinant à l’éveil des bébés – et d’une nouvelle génération. Multisensorielle et transgénérationnelle, cette gigue est plus qu’un joujou curateur. Inconsciemment, la mâchouiller c’est « digérer » les contrées africaines avec ses odeurs de sable chaud. C’est éprouver ses cinq sens grâce aux tâches contrastées et foncées, à la douceur naturelle, au « pouet » stimulant et au parfum à l’hévéa… Tout le monde aime Sophie la Girafe. Indémodable, elle n’a eu de cesse de faire parler d’elle et de décorer les berceaux. Suivant un parcours sans faute, elle fait partie des « incontournables » qui marquent une naissance. Du timide girafon à la belle girafe au sourire effronté et ravageur, Sophie est une évidence dans la nurserie. Elle pourrait se glisser dans la valise magique de Mary Poppins avec son allure à la beauté étrange mais dont le charme est total… Ses grands yeux peints, son corps aux dimensions parfaites en font un doudou qu’on adore ou qu’on déteste, sans demi-mesure.

50 ANS ET PAS UNE RIDE Cet anniversaire est aussi l’occasion d’écrire une nouvelle page inspirée de son partenariat avec l’Institut Gustave Roussy pour les enfants malades. Car, oui, ce nouveau départ se présente comme un idéal. Celui de toucher – au sens propre comme au figuré – les tout-petits. Sophie rime désormais avec l’espoir d’une vie de respect et de curiosité, qui dépasse le physique délicat et les manières de jeune première bien élevée d’un phénomène de mode. Qui a dit que Sophie la Girafe n’était qu’un camélopard ruminant ongulé au long cou ? La tête dans les nuages (ou au-dessus de la cime des baobabs) ? Détrompez-vous !

Par Sophie de Titling

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Sortez de l’ordinaire ! Choisissez quelques bons copains et donnez-vous rendez-vous aux Acacias pour une session de réalité virtuelle. Une fois le casque fixé et les équipes de deux à quatre joueurs formées, place à l’aventure virtuelle et à la totale immersion ! Au programme de la partie : énigmes, fous rires, interaction et ultime concentration. www.geneva.virtual-room.com

On ne présente plus la Brasserie Le Cardinal… le « Cardoche » pour les habitués. Il faut dire que la belle brasserie parisienne figure au rang d’institution dans le paysage neuchâtelois. Créée en 1902 dans une maison du XVIIIe siècle, elle se distingue par son décor Art nouveau et son ambiance Belle Epoque. Comptoir animé, écailler et carte traditionnelle soignée, la Brasserie Le Cardinal arbore désormais l’alléchant label Fait Maison… précieuse récompense pour le chef et sa brigade qui, en coulisse, élaborent avec passion chaque met à la carte. Un sans-faute et une expression empruntée au maître Prosper Montagné qui va comme un gant à cet établissement : « On ne fait du bon qu’avec du très bon ! » BRASSERIE LE CARDINAL Rue du Seyon 9 – 2000 Neuchâtel – T. +41 (0)32 725 12 86 – www.lecardinal-brasserie.ch

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ON tour Le Bal des Créateurs a la bougeotte et l’envie de vous faire voir du pays. L’adresse hybride de Plainpalais a donc décidé de se « reproduire » et de se la jouer itinérante avec un salon de coiffure chic et nomade, aménagé dans une Airstream américaine de 1976. Cette caravane dernier-cri sillonne les routes et séduit les villes de Suisse par son concept inédit. A la carte du coiffeur en vogue : des coupes plurielles, du consulting, un coin barbier, du make-up, mais aussi des invités pop-up aux couleurs du pays… Et puis pour ceux qui aimeraient ne l’avoir rien que pour eux, sachez que la belle américaine se privatise aussi au gré des events et des envies. BAL DES CRÉATEURS – BEAUTY TRUCK www.lebaldescreateurs.com

MON PETIT oiseau Dernier coup de cœur en matière de design, le label Klybeck. On connaissait déjà « Y », sa merveille de portemanteau, alors c’est sans surprise que nous sommes tombés sous le charme de Jov, son petit oiseau décoratif. Il faut dire que pour nous séduire l’ébéniste et designer bâlois a le don de travailler le beau bois avec finesse et d’épurer les formes comme personne – petites séries, matériaux nobles et lignes fonctionnelles… voilà qui en dit long sur la qualité de ses créations. KLYBECK Breisacherstrasse 86 – 4057 Bâle – www.klybeck.net

Le Tiffany S’EST REFAIT UNE BEAUTÉ Avis aux amateurs d’adresses de caractère, de style Art nouveau et d’ambiances rétro chic, le Tiffany s’est refait une beauté ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le coup d’éclat est très réussi. Si les éléments d’époque – boiseries anciennes, frises et moulures d’origine, lampes Tiffany et carreaux émaillés – restent inchangés, ils ont été subtilement réveillés ! Fil conducteur de cette métamorphose : quelques touches modernes et une élégante palette de vert émeraude et de gris bleuté. Autre atout charme côté carte, une table déclinée désormais en cinq temps. Les cuisines du Tiffany évoluent 7j/7, de 7h à minuit, pour offrir mille et une savoureuses attentions aux gens pressés et aux chanceux qui ont tout leur temps.

Buvons ! Extrabrut, c’est le bar à vins qui fait tanguer le Vieux Carouge ! A l’ombre de L’Olivier de Provence, ces quatre passionnés proposent près de 400 étiquettes de vins bio et naturels à la carte et annoncent la couleur avec leurs mots : « Des petits canons à tarif câlin. Des quilles de légende. Des millésimes de ouf. Des topettes d’un soir. Des bouteilles pour toujours. Des champagnes d’auteurs. Des mousses artisanales à la pression. Des alcools vintage – des Suze des seventies, des rancios rétro et des Chartreuse d’avant ta grand-mère. » EXTRABRUT Rue Jacques-Dalphin 13 – 1227 Carouge T. +41 (0)79 864 35 96 – www.extrabrut.ch

TIFFANY RESTAURANT-BAR Rue de l’Arquebuse 20 – 1204 Genève – +41 (0)22 708 16 06 www.tiffanyhotel.ch

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Old IS GOLD

TOUT BEAU, tout neuf

Que diriez-vous de pimper votre déco avec deux ou trois originaux ? Rendez-vous les 2 et 3 novembre au Pavillon Sicli. Cette année, Le Salon du design s’agrandit et compte une trentaine de marchands experts de Suisse et d’Europe. Editions rares, signatures des années 1930 à 1980, objets et mobilier vintage sont réunis pour l’occasion et contés tour à tour par des gens du métier. Du pur bonheur et de belles acquisitions à la clé pour les chineurs et les collectionneurs qui souhaiteraient caresser des yeux ou chérir à la maison une icône du design du XXe siècle.

Brand new flagship pour la maison Ulysse Nardin ! Avec ses 180 m2 dédiés aux créations de la manufacture du Locle, la boutique ne passe pas inaperçue rue du Rhône… Il faut dire que l’adresse est sacrément belle ! Dans un esprit contemporain et aérien, l’univers marin cher à l’horloger s’invite par petites touches et signe la vague du renouveau chez Ulysse Nardin. Un virage à 360° pour la marque, décidée à imposer son nouveau concept architectural et son style – jeune et dynamique – au cœur de ces dernières enseignes internationales : lustres de Murano, pierre brute, matériaux naturels, patinés ou brossés sont autant de clins d’œil à l’eau et à la liberté… qu’au bleu de l’horloger.

LE SALON DU DESIGN Les 2 et 3 novembre – Pavillon Sicli – Route des Acacias 45 – 1227 Genève – www.lesalondudesign.ch

McSwatch ULYSSE NARDIN

En voiture ou à vélo, il est désormais possible de s’acheter une montre Swatch  ! Géant du cool, l’horloger visionnaire vient de lancer une boutique drive-thru à Bienne. Comme pour un drive-in, pas besoin de mettre le nez dehors pour trouver son bonheur. Sélectionner le modèle à l’écran, passer commande, régler l’addition… et redémarrer la montre au poignet ! SWATCH DRIVE THRU STORE www.swatch.com

SWISS guys

Quai du Général-Guisan 10 – 1204 Genève www.ulysse-nardin.com

Parce qu’après tout il n’y a pas que les filles qui aiment se crémer et se bichonner, la start-up suisse Qaveman a décidé de bousculer les rituels beauté et de concocter pour ces messieurs un kit de soins végétaliens complet. Pour ce faire, l’équipe fait le sérieux pari d’ingrédients naturels – en chassant de sa gamme de produits l’indésirable clique parabènes, gluten & Co. – et mise sur une fabrication 100% Swiss made dans les cantons de Berne et Fribourg. Dernier-né de la collection, un masque antigueule de bois, idéal pour les lendemains de fête ou les jours de mauvaise mine. Une start-up à suivre de très près. QAVEMAN www.qaveman.com

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NOUVELLE COLLECTION BoConcept Avenue des Buchillons, 5 I Annemasse


La collab’ DU MOMENT On raffolait déjà du style racé et contemporain des garde-temps masculins signés Maurice Lacroix… C’était sans compter la naissance de la toute première montre féminine, Aikon. Disponible dans un format de 35 mm, la belle automatique est Swiss made et se décline dans quatre styles au caractère affirmé, histoire de satisfaire les envies et les looks de chacune. Née d’un coup de cœur artistique entre l’horloger et la styliste en vogue Adeline Ziliox, la séduisante Aikon a fait sensation lors de la dernière Fashion Week parisienne. En bref, une montre, une créatrice, pour deux « Aikon » de caractère, pile dans l’air du temps. MAURICE LACROIX www.mauricelacroix.com

Légendes

BEST OF 2019

D’AUTOMNE

Cette année encore, le Grand Prix d’horlogerie de Genève (GPHG) élira les plus belles montres 2019, offrant un véritable coup de projecteur sur la créativité suisse et les dernières prouesses en matière d’horlogerie et de design. Les 84 modèles présélectionnés par un jury international s’offriront un tour du monde avant d’être présentés aux Genevois du 1er au 14 novembre au Musée d’art et d’histoire de la Ville. Des présentations officielles qui donneront la chance aux visiteurs de pouvoir contempler de près les trésors horlogers des plus belles manufactures, de participer à des ateliers ou encore de (re)découvrir une quarantaine de joyaux historiques issus des collections du musée. Alors, encore un peu de patience pour les horlogers en lice : le palmarès 2019 sera dévoilé le 7 novembre prochain lors de la cérémonie au Théâtre du Léman.

BOLS chantants

GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE www.gphg.org

Cela fait quelque temps que votre collègue vous en parle… Il vous aura fallu un coup de cafard et un mal de dos pour sauter le pas ! Allongé au sol, les yeux fermés, vous voici encerclé par 15 bols tibétains Full Moon. La chorégraphie sonore peut commencer. Equilibrage des chakras, renouvellement des énergies, méditation, massages et soins thérapeutiques… les sons – doux et puissants à la fois – se diffusent à leur rythme et vous enveloppent de vibrations bienfaisantes. En résonance avec les méridiens d’acupuncture, les bols vont ouvrir des portes que vous ne soupçonniez pas ! Tensions et blocages émotionnels envolés… et surtout, d’heureuses retrouvailles à la clé. BIEN-ÊTRE SONORES Chemin des Failles 31 – 1232 Confignon – T. +41 (0)22 777 11 16 – www.bienetresonores.ch

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Bouillon de culture

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© Malick Sidibé

QUOI DE

NEUF


L’ŒIL DE BAMAKO Jusqu’au 12 janvier 2020

Détour par le Mali en cette rentrée. Le Musée Barbier-Mueller propose une plongée inédite dans les archives et les clichés du maître de la photographie Malick Sidibé (1935-2016). Nous qui avions adoré il y a quelques années l’expo Mali Twist à la Fondation Cartier – vibrant témoignage des années yéyé, des soirées endiablées, de l’élégance et de la joie de vivre d’une jeunesse endimanchée –, nous avions gardé en mémoire les images de ces années d’insouciance du Tout-Bamako des années 1960 à 1970. Autant de fêtes bamakoises que d’instants de vie qui venaient illustrer l’héritage d’une Afrique libre, rayonnante et joyeuse. Cette fois, c’est dans un tout autre registre que nous retrouvons les couleurs du travail de Malick Sidibé. Dans cette merveilleuse rétrospective baptisée Sous l’œil de Malick Sidibé et un chant contre le sida, le photographe disparu en 2016 parvient encore à nous surprendre grâce à l’énergie de ses clichés, avec lesquels il parvient à dépeindre l’épidémie sur fond d’humanité. Au total, une quinzaine de portraits inédits réalisés lors d’un concours de chants de prévention contre le sida au Mali (2005). On y découvre les finalistes du concours prenant la pose devant l’immuable toile de fond rayée de son célèbre studio de Bamako. Des tirages prêtés par le collectionneur André Magnin, qui les décrit avec une grande justesse : « Des images simples, pleines de vérité et de complicité. Une insouciance et une spontanéité, une ambiance de fête, de jeux, de rires, de vie se dégagent de ses photos. » — SOUS L’ŒIL DE MALICK SIDIBÉ ET UN CHANT CONTRE LE SIDA Musée Barbier-Mueller – Rue Jean-Calvin 10 – 1204 Genève www.musee-barbier-mueller.org

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© Malick Sidibé


Bouillon de culture

CALOTTES ET COKE CHERRY

© HBO

Petit à petit l’oiseau fait son nid et le casting de The New Pope s’agrandit ! Les sérivores se sont vus exaucés à l’annonce de la reprise de la série culte The Young Pope de Paolo Sorrentino. Une suite qui fait déjà couler beaucoup d’encre, avec l’arrivée au casting de Sharon Stone et du sulfureux Marilyn Manson. Huit épisodes attendus comme le messie, dans lesquels le look dark du chanteur satanique et l’arrivée de l’actrice de Basic Instinct aux côtés de John Malkovich et de l’impertinent pontife Jude Law devraient défrayer la chronique… De quoi semer le désordre au Vatican et laisser place à de rococo et divins rebondissements. THE NEW POPE – Paolo Sorrentino

RENTRÉE LITTÉRAIRE Tomber DANS LA FANGE Point de départ de ce roman : l’assassinat en

Gamin du 77

A l’abribus ce matin, ils sont plusieurs. Le car arrive, mais lui ne monte pas. Sa journée, il la passera sur le banc à regarder les voitures, à ruminer et puis à fumer. Seul au monde face à cette terre du 77 – ce département paumé entre le bitume de Paris et la campagne grise. Noyé dans ses souvenirs. Il ressasse l’époque où il formait encore un trio inséparable avec Novembre et Enzo, avant la trahison, les humiliations. Un premier roman à l’énergie brute. Epoustouflant de spontanéité et de vérité.

1920 d’une jeune prostituée dans un appartement bourgeois des quartiers chics de Marseille. A partir de cet illustre fait divers, l’historien et écrivain Sylvain Pattieu dresse le portrait sulfureux de la cité phocéenne et des protagonistes liés à cette sombre affaire. Dans ce récit à la fois roman et document historique, les destins s’entremêlent et les voix fictionnelles se parent de documents d’archives et de photos d’époque. D’un réalisme saisissant. LE BONHEUR PAUVRE RENGAINE Sylvain Pattieu, Editions du Rouergue

Motus ET BOUCHE COUSUE

Mathilde a 20 ans. Photographe, elle est envoyée par un grand titre chez un puissant homme politique, récemment nommé Prix Nobel de la paix. Mais la séance photo tourne au viol. Tétanisée, dissuadée de parler par ses proches, Mathilde se tait. L’affaire est étouffée. Jusqu’à cette nouvelle épreuve six ans plus tard. Victime de violences au sein de son couple, elle qui trinque entre domination et isolement décide une bonne fois pour toutes d’arrêter les frais. Deux drames qui se font écho et s’enchevêtrent pour une intrigue au suspense infernal.

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SE TAIRE

Marin Fouqué, Editions Actes Sud

Mazarine Pingeot, Editions Julliard

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Une chaise, une table ET LUI Le 29 octobre à 20h30

La voix de Pierre Arditi et des textes d’aujourd’hui qu’il aime et admire. Complice de Jean-Michel Ribes, le comédien se plonge avec délice dans Mille et un morceaux, irrésistible livre-portrait de l’iconoclaste directeur du Rond-Point. Autres soirées, autres programmes. Pierre Arditi lit Heureux les heureux de Yasmina Reza, également auteure de la pièce Art, dans laquelle il a joué, l’un des plus grands succès de théâtre. Et, dans un dernier cycle, il choisit les meilleures pages de Je vais passer pour un vieux con de Philippe Delerm, auxquelles il ajoute la préface de Michel Onfray pour son essai Cosmos, émouvant portrait de son père. Un ensemble de textes « attachants, insolents et surprenants ». PIERRE ARDITI LIT CE QU’IL AIME Théâtre du Léman – Quai du Mont-Blanc 19 – 1201 Genève

Notre coup DE CŒUR

« Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d’une femme à l’asile. – Et alors, qu’y a-t-il d’extraordinaire à cela ? demandaije. – Sous sa robe, c’est là que je les ai cachés. – De quoi parlez-vous ? – Les cahiers... Ceux de Rose. » Ainsi sortent de l’ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec Né d’aucune femme la plus vibrante de ses œuvres. Avec ce roman sensible et poignant, il confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l’âme humaine.

À ÉCOUTER

NÉ D’AUCUNE FEMME Franck Bouysse, Editions La Manufacture de livres

HIROMIMANIA Le 7 octobre à 20h30 Hiromi Uehara doit avoir un cerveau un brin particulier pour imaginer la musique et pouvoir la retranscrire aussi instantanément sur son clavier. Prodige de technique et de virtuosité, elle semble avoir dompté le piano toute gamine, avant de monter sur scène avec Chick Corea à 17 ans à peine, un soir plein de promesses. Débarquant au fameux Berklee College of Music de Boston, elle ne tarde pas à rencontrer le légendaire Ahmad Jamal, qui est le quatrième homme qu’elle cite volontiers lorsqu’elle évoque ses dieux du piano : « J’aime Bach, Oscar Peterson, Franz Liszt et Ahmad ». Des maîtres auxquels s’ajoute, de son propre aveu, une pincée d’influences venues de grands groupes rock et… d’athlètes qui vont au bout d’eux-mêmes. Voilà ce qui fait la personnalité irrésistible et débordante de Hiromi, une sorte de maelström des 88 touches ! HIROMI PIANO SOLO Victoria Hall – Rue du Général-Dufour 14 – 1204 Genève www.ville-ge.ch/culture/victoria_hall

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On lui tire le portrait

Didier Drogba

En vingt ans de carrière, il aura joué plus de 780 matchs, marqué près de 360 buts et remporté 18 trophées. Meilleur buteur de l’histoire de la Côte d’Ivoire et nommé joueur africain de l’année à deux reprises, Didier Drogba ne se définit pourtant pas par son palmarès, mais bien par les valeurs qu’il a toujours défendues : modestie, générosité et tolérance. Avant de glisser à son poignet la montre d’ambassadeur de Richard Mille et d’enfiler les maillots des plus grands clubs, Tito a pris un aller simple pour la France à 5 ans, direction la casa de l’oncle Michel, footballeur professionnel. C’est dans son Hexagone d’adoption qu’il deviendra la star des terrains qu’on connaît, avant de s’envoler pour le Chelsea FC, dont il portera le maillot durant neuf saisons, son record de longévité. Mais le maillot dont il sera le plus fier sera celui des Eléphants, l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Le joueur est adulé dans sa patrie et certains estiment qu’il aurait fait un bon président. C’est qu’il s’est toujours battu pour l’unification de son pays, enlisé dans une crise politico-militaire pendant une décennie. On se rappelle les images de son appel à la paix depuis les vestiaires de la première qualification des Eléphants à une Coupe du monde, en 2005, et depuis les rues de Bouaké, la capitale des rebelles, en 2006, pour exhiber son premier Ballon d’or africain ; mais aussi de son portrait en une du Time parmi les cent personnalités les plus influentes de la planète en 2010. Véritable modèle de réussite pour les jeunes, Didier Drogba se focalise désormais sur sa fondation, créée en 2007 pour favoriser l’éducation et la santé en Afrique tout en permettant aux populations locales de devenir autonomes : construction d’écoles et d’hôpitaux, développement de véhicules médicaux ou promotion de l’agriculture durable. Loin du cliché bling-bling dont sont souvent affublés les footballeurs, le « roi d’Afrique » veut désormais donner un peu de ce qu’il a eu la chance de recevoir et transmettre aux générations futures les enseignements qu’il a tirés de sa carrière : la persévérance et l’entraide en tête de file, toujours avec l’appui de sa marque de cœur, Richard Mille. — Par Manon Voland | Photo Robert Jaso



Bouillon de culture

SE SOUVENIR des belles choses Victor, un sexagénaire désabusé, décide de prendre part à une mystérieuse expérience sociale en replongeant dans les années 1970 pour revivre la semaine la plus marquante de sa vie, celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra son grand amour. Un savant mélange d’artifices théâtraux et de reconstitutions historiques, menés par des acteurs hors pair – Daniel Auteuil, Fanny Ardant, Doria Tillier, Guillaume Canet et Pierre Arditi. Un Truman Show à la française très réussi. LA BELLE ÉPOQUE – Nicolas Bedos

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ÉTAT DES LIEUX Jusqu’au 12 janvier 2020 Plongée au cœur de l’univers du maharajah d’Indore sous la nef du Musée des arts décoratifs ! Fou de modernisme européen et personnalité visionnaire, ce prince est à l’origine du Jardin des rubis et de la toute première construction moderniste du pays : le palais Manik Bagh, témoignage vibrant de l’effervescence de la scène artistique des années 19201930. Pour donner libre cours à ses goûts avant-gardistes, le maharajah s’entoure des plus grands noms de l’architecture, du design et des arts décoratifs de l’époque. Une demeure mythique racontée au travers de 500 meubles et objets d’art, parmi lesquels les créations iconiques de Louis Sognot et Charlotte Alix, Jean Puiforcat, Constantin Brancusi, Eileen Gray ou encore Le Corbusier. MODERNE MAHARAJAH, UN MÉCÈNE DES ANNÉES 1930 Musée des arts décoratifs – 107-111, rue de Rivoli – 75001 Paris www.madparis.fr

Spin-off

Dans la famille The Big Lebowski, je demande le spin-off. Le film culte des frères Coen renaîtra sous les traits de Jesus Quintana et revisitera un autre grand classique, celui des Valseuses, mais cette fois en version féministe, avec à l’affiche Audrey Tautou et Susan Sarandon. Sortie prévue début 2020.

Retour AU BERCAIL

Cent trente ans d’histoire. Il était temps d’offrir aux archives et aux créations horlogères de la maison Eberhard & Co. un lieu où recueillir ses nombreux trésors. Alors que l’horloger a repris ses quartiers au cœur de la célèbre maison de L’Aigle (classée au patrimoine mondial de l’Unesco), c’est au tour du Musée Eberhard & Co. de s’installer dans l’enceinte de la bâtisse historique de La Chaux-de-Fonds. Une collection qui devrait séduire les passionnés de belles histoires et de haute horlogerie.

THE JESUS ROLLS – John Turturro

Par Delphine Gallay

MUSÉE EBERHARD & CO. Avenue Léopold-Robert 73 – 2300 La Chaux-de-Fonds www.eberhard-co-watches.ch

TU FAIS QUOI le 2 novembre à 20h ? Des cuivres chauffés à blanc, des percussions énergiques, une rythmique taillée dans le roc… Ibrahim Maalouf débarque sur la scène de l’Arena de Genève avec son petit dernier sous le bras. Son onzième album studio, baptisé S3NS – ni vraiment jazz, pas tout à fait pop, un peu rock…–, marque un virage inattendu pour le virtuose multi-instrumentiste. Entouré de ses 15 musiciens, il s’attaque d’une main de maître à la partition latine et aux musiques afro-cubaines. Liberté des notes, fusion des genres, l’homme est un inclassable, un caméléon ! IBRAHIM MAALOUF – www.geneva-arena.ch

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TERREMÈRE Du 18 octobre au 8 novembre Vous passez par la FIAC cet automne ? La maison Guerlain propose, dans le cadre du parcours privé de ce rendezvous incontournable, une exposition thématique dédiée à l’avant-garde de l’art contemporain. Le regard tourné vers l’avenir de Gaïa et l’état d’urgence absolue, le parfumeur a choisi pour cette 13e édition de réunir une vingtaine d’artistes internationaux pour illustrer le sujet au cœur de son adresse mythique des ChampsElysées. Parmi les œuvres présentées, celles de Vik Muniz, Allora & Calzadilla, Andy Goldsworthly, Eva Jospin, Clay Ketter, Lucy & Jorge Orta, Ibrahim Mahama ou encore Li Xin... « GAÏA, QUE DEVIENS-TU ? »

Les non-dits

Guerlain – 68, avenue des Champs-Elysées – 75008 Paris – www.fiac.com

Autodidaxie | La vente est un art

que Julien Bénichou exerce en virtuose. A 12 ans, il s’est fait tout seul, à la dure, dans la rue, aux mains des voyous. Passionné par la notion de profit, il crée et invente des astuces pour arrondir ses fins de mois et se retrouve à l’âge de 30 ans à la tête d’un empire commercial et immobilier. Jusqu’au jour où il débarque à Genève. Presque ruiné, il se reconvertit dans la finance, truque les dés et utilise son génie pour fomenter des délits d’initiés.

Ruth est une employée modèle. Sagefemme afro-américaine, elle exerce dans la même maternité depuis plus de vingt ans. Une vie rangée, jusqu’à ce jour où elle se retrouve accusée à tort de la mort accidentelle d’un nouveauné, dont les parents sont un couple de suprématistes blancs. La couleur de peau peut-elle condamner d’avance ? Un récit captivant sur fond de combat social et de grand mal américain, raconté au travers de petits riens du quotidien et d’une histoire criante de vérité. MILLE PETITS RIENS Jodi Picoult, Editions Actes Sud

VENDEUR Daniel Cohen, Editions Librinova

JEU d’ombres Jusqu’au 27 octobre

La Fondation de l’Hermitage poursuit son exploration des grands thèmes de l’iconographie occidentale et propose cette fois de s’intéresser à l’ombre. Avec une sélection inédite de près de 140 œuvres, l’exposition traverse 500 ans d’histoire de l’art et réunit des formes artistiques très variées, de la peinture à l’installation en passant par la sculpture, l’estampe, le dessin, le découpage, la photographie ou encore la vidéo, à la découverte des multiples facettes de l’ombre dans l’art. OMBRES DE LA RENAISSANCE À NOS JOURS Fondation de l’Hermitage – Route du Signal 2 – 1018 Lausanne www.fondation-hermitage.ch

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AU PLUS PRÈS DES CIEUX Jusqu’au 13 octobre

Bon, ce n’est pas la porte à côté, mais si vous passez par Le Locle, nous ne saurions trop vous conseiller un crochet par le Musée des beaux-arts. Surtout que s’y tient en ce moment une magnifique expo photo dédiée à la montagne en long, en large et en travers, signée par les photojournalistes de l’agence Magnum Photos. De lieux reculés en chemins escarpés, nombre de reportages et d’archives témoignent de rencontres et de scènes de vie saisies de 1947 à nos jours. Avec pour fil conducteur la volonté de s’éloigner des événements marquants du XXe siècle – ou, mieux encore, de les laisser en arrière-plan –, pour mettre au premier plan un décor spécifique, celui de l’altitude. Une exposition qui illustre la fascination de l’homme pour les hauts sommets au-delà des continents. MAGNUM PHOTOS – MONTAGNES Musée des beaux-arts – Marie-Anne-Calame 6 – 2400 Le Locle

« Skier sunbathing in front of the Matterhorn », Zermatt, Switzerland, 1950. ©Robert Capa ©International Center of Photography-Magnum Photos

www.mbal.ch

Graines D’INGÉNIEUR

Huit mois après son ouverture et 12'000 visiteurs plus tard, l’Exploracentre – musée interactif, éducatif et ludique de Genève – accueille sa nouvelle exposition familiale, Fabriq’Expo. Accessible dès 5 ans, à mi-chemin entre le laboratoire industriel et l’atelier de do it yourself, cette nouvelle exposition immersive met les sciences en fabrique et invente une porte d’entrée ludique pour explorer le domaine de l’ingénierie. FABRIQ’EXPO Musée Exploracentre – Rue des Bains 33 – 1205 Genève – www.exploracentre.ch

PLAYLIST

LA claque Etoile montante de l’afro-folk,

Chuchotis Bientôt 18 ans et Billie Eilish

Quête spirituelle Kevin Morby serait-il

ce poète engagé est une pure merveille. Voix aérienne, émotions fortes, les mots sincères de Bongeziwe Mabandla glissent sur les rythmes traditionnels de la musique sud-africaine. Ses morceaux enveloppent comme une douce caresse l’identité sudafricaine post-apartheid.

joue déjà dans la cour des grands. C’est que la gamine aux cheveux d’argent et à la voix d’ange a plus d’une corde à son arc : machine à tubes, danseuse et muse fashion, l’artiste californienne séduit avec sa pop dark, son trap contagieux et son look grunge atypique à souhait.

en passe de devenir le nouvel héritier de Bob Dylan ? Avec son dernier album très religieux, le fils prodige signe un répertoire mystique et spirituel, aux mélodies folk rock divines… qui s’inscrit dans la lignée des légendes Leonard Cohen et Lou Reed. D’une grâce insolente.

BONGEZIWE MABANDLA

BILLIE EILISH

KEVIN MORBY

Mangaliso

When we fall asleep, where do we go ?

Oh My God

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Flash-back

GENÈVE

SUR LES BANCS DE L’ÉCOLE Chaque année ou presque, le Département de l’instruction publique propose de nouvelles réformes scolaires. Le système change, les méthodes d’enseignement évoluent… Autant dire que l’école genevoise en a parcouru, du chemin, depuis sa création !

© CIG/BGE

Par Arnaud Bosch

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© CIG/BGE

Ecole d’horlogerie, Genève, vers 1885.

J

usqu’au Moyen Age, l’enseignement, alors réservé essentiellement aux plus fortunés ou aux religieux, s’exerce en règle générale à la maison. A cette époque, pas l’ombre d’une école, d’un préau ou d’une cour de récréation… Simplement des classes à domicile, durant lesquelles un enseignement strict est inculqué. Autant dire que Genève ne déroge pas à la règle, jusqu’à ce qu’en 1428 une première école soit créée non loin de Rive (à proximité du couvent des franciscains), suite à la donation d’un riche marchand du nom de François de Versonnex. Le généreux donateur pose néanmoins certaines conditions. Tous les matins, les élèves doivent réciter en chœur un « Notre Père » et un « Ave Maria » et prier pour le salut de son âme ; les maîtres et les recteurs doivent eux prêter serment devant les syndics et veiller au bon respect des règles imposées aux élèves ; et, pour finir, aucun émolument n’est toléré. Devenue trop petite au fil du temps, l’école est agrandie, puis, en 1535, déplacée au sein du couvent voisin, alors abandonné par les moines franciscains. En théorie, l’école est censée être ouverte à tous – aux plus riches comme aux plus pauvres –, mais dans les faits, les sources manquant singulièrement, il est impossible aujourd’hui de statuer sur la véritable fréquentation de cette première école genevoise.

A la dure !

Il faut attendre la Réforme pour que les choses changent vraiment du côté de Genève. En partie grâce à Guillaume Farel et à la rédaction en 1537 d’une série d’articles, dont l’un des thèmes principaux est la transmission à la jeunesse des idées de la Réforme. Pour ce faire, Calvin rédige à son tour un caté-

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chisme, publié en français dès 1537, puis remplacé en 1542. A cette époque, c’est un rythme différent qui attend les écoliers. Les leçons commencent alors à 5h du matin, sans relâche jusqu’à 22h, heure du souper. Alors que les après-midi sont consacrés aux révisions intensives des cours du matin – qui consistent à apprendre sur le bout des doigts le latin, le grec, l’hébreu et le français –, les soirées ne sont pas davantage propices à l’oisiveté, puisqu’après le dîner les élèves sont tenus de se réunir dans la grande salle pour réciter les « Dix Commandements », un « Notre Père » et différents articles de la foi jusqu’au coucher. Outre ces enseignements rigoureux, viennent se greffer deux leçons supplémentaires enseignées par Farel et Calvin euxmêmes à la cathédrale Saint-Pierre. Des semaines extrêmement chargées, rythmées par l’enseignement primaire et secondaire en passant par une étude stricte de la grammaire. Ce n’est qu’à partir de 1538 que la rhétorique et la dialectique – fondements de l’université – font leur grande entrée dans les programmes, sous l’impulsion de Farel.

Sous un nouveau jour

Il faut toutefois attendre le retour de Calvin dans le milieu des années 1550 pour assister à une évolution importante du système scolaire. Mécontent, ce dernier se plaint en effet de l’exiguïté et de l’état de délabrement de l’ancien couvent. En janvier 1558, le Conseil prend donc position et exige des commis aux forteresses qu’ils trouvent un nouvel emplacement pour construire un collège digne de ce nom. Alors que l’établissement émerge peu à peu aux abords de Rive, adossé à la colline de Saint-Antoine, les finances de la Ville, elles, sont au plus


À CETTE ÉPOQUE, LES LEÇONS COMMENCENT ALORS À 5H DU MATIN, SANS RELÂCHE JUSQU’À 22H, HEURE DU SOUPER

bas. Ruinée par la construction de ces nouvelles fortifications, la ville demande aux habitants de faire un geste pour l’aider à éponger la dette et mener à bien les travaux. Un effort de la population genevoise récompensé en 1562 par l’inauguration du collège. Rapidement, l’organisation du collège et de l’académie devient un modèle de stabilité. Les cours restent d’ailleurs inchangés jusqu’en 1740, tenus d’une main de fer par l’Ordre du collège et conduits sous l’autorité du recteur Théodore de Bèze, célèbre partisan d’une discipline rigoureuse.

Emploi du temps

Les lundi, mardi, jeudi et vendredi sont consacrés à l’école. En été, les collégiens se rassemblent dès 6h du matin. Une fois la prière et l’appel passés, la journée peut enfin commencer. A 7h30, les élèves ont une demi-heure pour déjeuner, « sans bruit et en prière ». En hiver, pas de pause accordée : les élèves travaillent sans relâche, « sans que le déjeuner vienne rompre la leçon ». Après avoir récité ensemble l’oraison dominicale, ils quittent le collège sur les coups de 9h. Reprise à 11h : les élèves s’exercent alors au chant des psaumes jusqu’à midi. Une dernière leçon avant 13h, puis vient l’arrivée sacrée du goûter. Un goûter, certes, mais « sans tumulte, […] réservé à l’écriture et à l’étude ». Reprise des cours de 14h à 16h… jusqu’à ce que la cloche retentisse. Dernier rassemblement des élèves dans la salle commune : l’heure est aux punitions pour ceux qui auraient fauté pendant la journée. Puis, pour finir sur une note religieuse, trois écoliers entonnent le « Pater Noster », les « Confessions de foi » et les « Dix Commandements ». Dernière bénédiction avant de partir. Le principal du collège relâche enfin les élèves après les avoir bénis un par un. Les mercredi et samedi sont quant à eux dédiés au temple. Le mercredi matin, les enfants s’y rendent pour écouter le sermon. Après déjeuner, ils travaillent encore pendant une heure jusqu’à midi. S’ensuit alors une longue pause, de 12h à 15h, pendant laquelle ils peuvent « s’ébattre, […] mais que ce soit sans licence dissolue », avant de retourner étudier jusqu’à 16h. Le samedi matin est quant à lui destiné aux révisions de tout ce qui a pu être vu au cours de la semaine écoulée. L’après-midi, l’activité est au débat. Puis, de 15h à 16h, les élèves récitent à tour de rôle ce qui sera traité au catéchisme le lendemain. Pour finir, le dimanche, les enfants assistent aux deux sermons du matin et de l’après-midi… sans oublier le cours de catéchisme !

Les temps changent…

© CIG/BGE

Après la révolution radicale, on voit rapidement s’implanter l’industrie à Genève. Peu à peu, cette dernière vient changer la mentalité de la ville. Qu’à cela ne tienne, désormais, on veut vendre l’utilisation de la science ! Le contenu des cours est donc modifié pour pallier les besoins. Grâce à l’intervention du jeune pédagogue Adolphe Tschumi, l’école décide d’offrir une instruction plus « pratique », davantage tournée vers l’esprit scientifique. Dès lors, on voit apparaître les premiers travaux manuels dans les classes à partir de 1883.

Ecole ménagère, Genève, vers 1900.

A compter de 1886, la réforme de la loi sur l’instruction publique vient poser les bases de l’école actuelle : une école obligatoire de 7 à 13 ans, puis dix heures hebdomadaires obligatoires de 13 à 15 ans, afin de faciliter l’accès à la scolarisation de tous les enfants, notamment ceux issus de familles pauvres qui n’ont d’autre choix que de travailler. En parallèle de ces initiatives importantes, une filière professionnelle est créée.

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© CIG/BGE

Ecole de chimie, Genève, 1879.

Pour l’occasion, les écoles se métamorphosent et les infrastructures se modernisent. Dès la fin du XIXe siècle, on voit apparaître les premiers préaux, salles de gym, cuisines et douches au sein des établissements scolaires. Les écoles se démarquent. C’est l’avènement des palais scolaires. Certaines d’entre elles poussent même la spécialisation jusqu’à l’extrême – à l’image de l’Ecole d’horlogerie et sa grande horloge, de l’Ecole de chimie et sa cheminée gigantesque ou de l’Ecole des arts industriels et ses frises.

Et les filles dans cette histoire ?

Pour ce qui est des filles, jusqu’à la fin du XIXe siècle, pas de grands changements. Elles sont cantonnées aux classes primaires, avec l’école non mixte obligatoire jusqu’à l’âge de 13 ans. Heureusement, deux établissements viennent rapidement combler le manque d’enseignement pour les filles, avec l’arrivée, en 1848, de l’Ecole supérieure de jeunes filles – équivalent du collège – et, dès 1886, de l’Ecole ménagère. L’Ecole supérieure est alors le passage obligatoire pour toutes les élèves qui souhaitent un jour entrer à l’université – université qui, rappelons-le, est devenue accessible aux femmes à compter de l’année 1872. Seule différence peut-être avec le collège : l’absence de latin, matière alors indispensable pour entrer à l’université. Alors que l’Ecole ménagère a pour principale mission de « contribuer à relever dans l’esprit public les fonctions réputées humbles de la ménagère, et montrer que la bonne tenue d’une maison n’exclut pas la culture ni même le talent ». —

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Le saviez-vous  ? Théodore de Bèze disait qu’un élève qui travaillait moins de quatorze heures par jour n’arriverait à rien dans la vie. Les régents étaient les garants de la discipline au collège. Les châtiments corporels y étaient monnaie courante et il n’était pas rare de recevoir un coup de fouet. Il arrivait même parfois que les régents perdent leur sang-froid et blessent grièvement les élèves. Avant l’avènement des écoles en tant qu’édifices, les classes étaient fréquemment données à l’étage des auberges. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le mouvement hygiéniste et anti-alcoolique a poussé les autorités à changer les choses. Le premier bâtiment de l’Ecole supérieure de jeunes filles était situé quai de la Poste et surplombait les abattoirs de l’Ile. Certains parents se plaignaient des odeurs et du bruit, rendant la concentration des élèves difficile…


Sujet de société

L’HERBORISTERIE D’HEIDI la psychédélique Infusées, en gouttes ou en tiges, les Cannabis ou hash ? on pense cannabis, on pense souvent rasta entouré d’un herbes à vocation thérapeutiques Quand nuage de fumée odorant, le cerveau relâché sous l’effet psychofont leur grand retour, loin des trope du hash. Une sensation qui résulte du principe actif au nom à rallonge tétrahydrocannabinol, ou THC pour les inclichés peace & love. Retour sur un times, qui agit directement sur la substance grise, provoque un sentiment d’euphorie et rend dépendant. Le THC, c’est donc phénomène en pleine expansion, le mal. En parallèle, le cannabis contient également une autre molécule, le CBD, le cannabidiol, qui active également des rédéniché dans une armoire à phar- cepteurs du système nerveux, mais sans effet planant. En bref, le CBD ne défonce pas, mais il détend. La législation suisse a macie des sixties. ainsi autorisé la vente de produits avec un haut taux de CBD Par Manon Voland

S

i elles ont souvent été associées à des stéréotypes fumeux de la génération hippie ou des remèdes de Mamy Heidi, les herbes et leurs supposées propriétés thérapeutiques sont désormais sur toutes les lèvres, le cannabis en première ligne. Des seniors qui se (re)mettent à leur amour narcotique de jeunesse aux parents bio-écolos-bobos qui prêchent un retour à la nature nécessaire au développement de Pierre-Edouard en passant par les hipsters qui suivent la tendance verte de leur feed Instagram, la phytothérapie a la cote. Si on a préféré attendre qu’une obscure youtubeuse nous conseille d’utiliser de l’herbe à chat pour soigner nos maux de ventre plutôt que d’écouter notre aïeule Heidi, qui nous tannait pourtant avec l’herbe de la minette Biscotte depuis des années, c’est que les plantes médicinales avaient relativement mauvaise presse jusqu’à il y a peu. Depuis, des études se sont penchées sur le sujet, des influenceurs nous ont endoctrinés et la Confédération helvétique a décidé d’autoriser la consommation de cannabis contenant moins de 1% de THC.

contre un minuscule de THC, permettant ainsi la production de substances relaxantes mais non addictives. L’industrie ne s’est pas fait prier pour lancer la ruée vers l’or vert et pour produire en masse des produits dérivés du classique joint, allant des baumes aux tisanes en passant par des chocolats. Le nombre de producteurs est même passé de 5 en 2017 à près de 670 deux ans plus tard, avec pour conséquence une hausse de la fabrication et une baisse des prix, soit 6'000 francs le kilo en 2017 contre 1'500 francs en 2019. Fort heureusement pour les malins du chanvre, les voisins européens n’ont pas tous encore légalisé le cannabis, et notre production nationale s’exporte volontiers auprès d’autres consommateurs, à condition que le taux de THC soit réduit à 0,2%. Mais pourquoi vouloir absorber du cannabis légalement modifié ? On lui prête des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, anticonvulsives, antiémétiques, anxiolytiques, hypnotiques ou antipsychotiques. Rien que ça. Avec un marché potentiel pour le cannabis médical estimé en terre helvétique à 1 milliard de francs, l’avenir de l’herbe verte semble encore avoir de beaux jours devant lui.

Médical, le cannabis ?

Le cannabis médical tranche avec les stéréotypes qui le concernent et parvient à convaincre les plus réticents à la fumette qui déglingue le cerveau. Ainsi, dans certaines boutiques de Suisse romande, près de la moitié de la clientèle a plus de

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60 ans et vient chercher du réconfort dans cette drogue qui ne l’est plus pour combler les lacunes de leurs médicaments classiques. Mieux dormir, moins souffrir, mieux vivre, moins déprimer, tel est le but recherché. La science a par ailleurs commencé à se pencher sérieusement sur la question et les premières études démontrent des signes encourageants, notamment contre les effets indésirables des chimiothérapies, contre les douleurs et contractions musculaires liées à la sclérose en plaques, ou encore dans l’amélioration du traitement contre Alzheimer. Des effets prometteurs, mais pas encore miraculeux : l’OMS met ainsi en garde contre ce qu’elle considère encore comme un stupéfiant, par manque de recul face aux recherches. A l’instar de bien des drogues médicinales avant elle, la weed deviendra-t-elle persona non grata, comme notre bon Bernard Rappaz le fut pendant des années avant la dépénalisation de son herbe fétiche ? L’opium, l’héroïne, la cocaïne et les amphétamines sont tous passés du statut de substance thérapeutique à celui de substance addictive et destructrice. Pendant 5'000 ans, on a attribué des vertus analgésiques et anesthésiantes à l’opium ; on a un temps utilisé l’héroïne comme antidépresseur et anxiolytique (souvent administrée aux enfants turbulents !), ironique substitut de premier choix pour anciens patients traités à l’opium ; la cocaïne, elle, était considérée comme un « remède miracle » par Freud, et faisait fonction d’anesthésiant, que l’on pouvait alors se procurer au supermarché, sous forme de chewing-gums ou de Coca-Cola ; quant aux amphétamines et méthamphétamines, elles étaient reconnues pour leur effet coupe-faim. Seul l’avenir nous dira si la beuh complètera la liste de ses copines narcotiques.

Marie-Jeanne,

Si, à Genève, on expérimente le cannabis thérapeutique sur des petits vieux en maison de retraite – et que les premiers résultats semblent concluants –, une majorité de consommateurs de hash ne sont pas encore prêts à renoncer à leurs 15% de THC minimum. La nouvelle mode consiste à être branché, à avoir une vie équilibrée, à préserver sa bonne santé et à se rouler un splif le soir au retour du 9h-18h. Métro-boulot-bédo. Etre jeune, marginalisé ou rebelle n’est plus une condition sine qua non pour tirer sur un cône, même si apparemment la fumette à 40 ans est plus raisonnée que celle à 20 ans. Sagesse de l’âge, ou autoconviction de bonne conscience ? Telle est la question. Néanmoins, ce sens moral a ses limites constitutionnelles et hygiéniques, le cannabis fumé contenant trois fois plus de goudrons et cinq fois plus d’oxyde de carbone que le tabac. Une autre drogue douce et légale, mais qui pourrit tout de même les poumons et augmente les chances de cancer. C’est pourquoi brandir le spectre de l’automédication pour justifier sa consommation privée de cannabis, plus ou moins légale et limitée en THC, n’a pas vraiment de sens quand on le fait un pétard en bouche. Cela en a beaucoup plus si on utilise un petit vaporisateur ou que l’on verse des gouttes dans une tisane. Avec 1% de la population adulte suisse confessant prendre de la weed de manière fréquente – soit 20 jours par mois ou plus –, l’herbe verte reste le narcotique préféré des Helvètes. Quid donc de

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© Dirk Bleyer

une amie qui vous veut du bien

la légalisation, un jour prochain, du cannabis récréatif, à la manière des Pays-Bas et de leurs légendaires coffee-shops ou des Californiens célèbres à la Jay-Z ? D’un côté, les partisans de cette dépénalisation mettent en avant un meilleur contrôle qualité des produits consommés, ainsi qu’une vigilance accrue des prises de cannabis ; de l’autre, ses détracteurs y voient la normalisation d’une drogue qui ne devrait pas avoir lieu d’être et un accès facilité favorisant la consommation de populations vulnérables, comme les jeunes. La Suisse a souvent fait figure de pionnière en matière de politique des drogues, ouvrant par exemple la première salle de consommation à moindre risque à Berne en 1986. Alors, à quand les clubs de hasch à côté du McDo ? Après tout, Mamy Heidi nous l’avait déjà dit dans sa période beatnik : l’herbe, c’est thérapeutique. —


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LE GÉNIE DE LA LAMPE

POP

Difficile de donner un âge à ce visage qui paraît incarner la jeunesse éternelle. Du haut de ses 46 ans, la superstar Pharrell Williams enchaîne les projets atypiques et variés. Rencontre autour d’un projet artistique entre l’icône planétaire et la maison de cognac LOUIS XIII.

© Andreas Meixensperger

Par Manon Voland

« Because I’m happy, clap along if you feel like that’s what you wanna do. » Avec son air entêtant et ses paroles faciles à chantonner même sans grandes connaissances anglophones, Happy – titre créé pour la bande originale du film Moi, moche et méchant 2 (2013) – fait un buzz monumental et propulse Pharrell Williams dans une sphère de popularité grand public encore inespérée et non atteinte jusque-là. Pourtant, celui qui semble avoir plongé dans la fontaine de jouvence n’a pas chômé depuis ses débuts dans la fanfare du collège et sa rencontre avec Chad Hugo, son acolyte d’un jour et de toujours, dans un camp d’été. Ils décident de monter un groupe de R’n’B, The Neptunes, et sont découverts par Teddy Riley, roi de la prod new jack swing, R’n’B et hip-hop, lors d’un spectacle de jeunes talents. « Je suis un type chanceux. […] Je suis novice, mais je veux les meilleurs maîtres », dira un jour Pharrell Williams à propos de son rôle inattendu de commissaire d’exposition à Paris (2014). Pourtant, ces mots résonnent comme s’il reconnaissait la

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présence d’une bonne étoile au-dessus de sa tête tout au long de sa carrière. Si l’oncle Teddy sera le premier à leur faire confiance niveau musique, The Neptunes s’imposent rapidement comme un duo de producteurs et explosent le billboard dès 2001 en sortant Britney Spears de sa torpeur adolescente avec le hit I’m a Slave 4U. Depuis, ils sont devenus une véritable machine à tubes internationaux, Shakira, Madonna, Justin Timberlake, Beyoncé ou encore les Daft Punk se bousculant pour faire appel à cette fabrique à succès. En 2003, un sondage américain avait estimé que 43% des chansons passant à la radio étaient des bébés Neptunes, le duo dénichant de nouveaux talents et dépoussiérant les artistes en perdition. Et comme si ce n’était pas assez, le couple d’inséparables – qui a empoché un Grammy Award de producteur de l’année en 2004 – a rêvé d’être sur le devant de la scène et l’a fait en fondant le groupe N.E.R.D., l’acronyme de No One Ever Really Dies. Pharrell Williams semble véritablement avoir trouvé son élixir de jeunesse et d’immortalité quand on observe avec admiration le chemin parcouru depuis les plages de Virginia Beach : producteur et leader de groupe, puis chanteur solo, acteur, designer, icône et créateur de mode, ou encore concepteur d’œuvre d’art et commissaire d’exposition… il faut croire que bosser, ça conserve. « L’art stimule la créativité, rend heureux aussi. »

Ce rêve bleu

Reconnaissant et serein, Pharrell dit pourtant ne pas l’avoir toujours été, égaré dans sa (vraie) jeunesse par l’appât du gain et l’argent gagné rapidement et dépensé facilement. Voitures, babioles clinquantes et conquêtes féminines, celui qui est depuis devenu papa de quatre enfants (dont des triplés !) est passé par les clichés du nouveau (trop vite) riche, dans une période où tout n’était que braggadocio, comme disent les Anglo-Saxons. Un terme barbare qui pourrait désigner un mauvais chasseur de croco à sac à main mais qui est plutôt un synonyme de vantardise. « A cette époque, quand je rappais, je disais des choses que je considère maintenant comme ignobles. […] Heureusement, je suis une personne curieuse et j’ai vécu et appris en grandissant. Qui veut sérieusement parler de voitures, de maisons et de bijoux tout le temps ? J’en ai eu marre. » A celui qui écrit désormais des chansons pour des gélules jaunes à salopettes et lunettes, l’âge semble avoir abonni le caractère, à l’instar du cognac LOUIS XIII de la maison Rémy Martin, dont il est l’ami. Et comme pour cette eau-de-vie considérée comme l’une des plus prestigieuses du globe, la bonification du dandy de l’industrie musicale – dont un chapeau coiffe dorénavant en permanence la caboche – s’est faite avec les années et au gré d’assemblages de premier choix.

Sa première – et sans doute plus réussie – association, c’est avec Helen Lasichanh qu’il l’a scellée officiellement en 2013, par un mariage après de longues années de relation. Mannequin et styliste, la belle partage avec son homme la passion de la mode et de l’excentricité, l’épaulant quand il s’agit de lancer une nouvelle tendance. Si le couple se fait discret, Pharrell Williams déclame à qui veut l’entendre qu’elle est sa plus grande source d’inspiration ; c’est d’ailleurs à sa femme qu’il a dédié le titre de son second album solo, G I R L (2014). « Cet album est une ode à tout ce que les femmes m’ont apporté de bon dans ma carrière. Mon entreprise, I am Other [son label destiné aux artistes découverts sur le Net], est dirigée par des femmes. J’aime leur façon de sentir ce que je veux exprimer. » Si le créatif rêve d’un monde « dirigé à 75% par les femmes », il aime promouvoir l’empowerment féminin de bien des manières : de la concoction de la liqueur Qream, pour « les femmes d’aujourd’hui qui travaillent dur et veulent se détendre avec des amis à la fin de la journée », à l’exposition à la galerie Perrotin célébrant la femme et son album G I R L qui s’est tenue à Paris en 2014, en passant par la dernière campagne en date d’Adidas, « Now Is Her Time, Son moment, c’est maintenant », dans laquelle, cherchant presque à disparaître, il pose à l’arrière-plan d’une belle brochette de femmes représentant tous les genres, les couleurs de peau et les sexualités. « Maintenant, c’est à mon tour d’être reconnaissant envers les femmes », l’entend-on murmurer sur la vidéo promotionnelle. Voilà un homme comme on voudrait tous en avoir à la maison.

Prince Ali

Si ses potes et sa femme ont fait de Pharrell l’homme qu’il est aujourd’hui, il semble souffrir d’une légère forme de syndrome de l’imposteur, préférant attribuer son succès à une force supérieure plutôt qu’à son talent. Et pourtant, ceux qui veulent collaborer avec lui se bousculent au portillon de la caverne d’A li Baba du génie de la bonne idée. Johnny Marr, musicien avec lequel il a travaillé en collaboration avec l’immense Hans Zimmer sur la BO de The Amazing Spider-Man 2 (2014), l’a même qualifié de « Stevie Wonder de notre génération ». S’il rougit, c’est sans doute qu’il se considère comme la personne la plus « paresseuse » qu’il connaisse. « C’est un fait. Je fais des choses uniquement parce que je suis curieux. […] Je tente d’apprendre de nouvelles choses chaque jour, pour ensuite les partager. » A croire que la curiosité n’est finalement pas un si vilain défaut que ça. Ce que Pharrell ne dit pas, c’est qu’il n’en est pas moins un acharné de travail dès qu’il a trouvé sa nouvelle lubie. Pas d’alcool, encore moins de cigarettes, beaucoup de sport, le rythme du petit gars de Virginie, mi-Afro-Américain, mi-Philippin, ressemble à celui d’un instagrammeur healthy, les jus détox en moins. Si ses parents, manutentionnaire et institutrice, ne l’ont pas mis au monde avec une cuillère en argent dans la bouche, ils l’ont toujours soutenu pour qu’il poursuive ses ambitions musicales, tout en l’obligeant à rester réaliste quant à ses chances de réussite. De sa chambre d’enfant dans un logement social à sa villa à Miami, il s’est construit seul, à la force de son rêve américain. « J’ai eu une enfance plutôt dure et la réussite est pour moi

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comme une chimère qui se réalise. Je me souviens du début des années 2000, nous [Chad Hugo et lui] avions envie de changer la face de la musique. » Un rêve à côté duquel il a rapidement pu accoler le symbole check, avant de compléter la liste de ses humeurs et de ses envies à coups de collaborations qui se transforment à tour de bras en or. C’est grâce à cette ténacité que Pharrell s’est construit en artiste multi-facette que tous s’arrachent. Il s’est fait designer en concevant pour le galeriste Emmanuel Perrotin une chaise à quatre pieds-jambes, comme une ode à la procréation humaine ; commissaire d’exposition pour le Musée Guimet cette année, en collaboration avec le plasticien japonais Mr., pour A Call To Action, où des enfantsmanga génération Z découvrent effrayés le monde qui les entoure ; écrivain et journaliste avec Pharrell Williams : Places and spaces I’ve been (2014), un livre autobiographique et d’entretiens où il interroge ses cobayes sur « leur vision du progrès humain » ; ou encore créateur de marques de fringues (Billionaire Boys Club et Icecream Footwear), de lignes pour les autocrates de la mode, de Louis Vuitton aux doudounes Moncler et « d’imagination » pour la marque G-Star, dont il est le copropriétaire depuis 2016. Elu « Homme le mieux habillé au monde » en 2005 par le magazine Esquire, l’esthète a ouvert la voie aux rappeurs modeux. La papesse créatrice Diane von Furstenberg a ainsi dit de lui que « si le cool était une personne, ça serait Pharrell » et Chanel l’a choisi comme visage pour sa campagne Métiers d’A rt Paris-Salzburg 2014/15 aux côtés de notre cover d’il y a six numéros, Cara Delevingne, devenue depuis égérie Dior. Naturellement élégant, contrairement à ses potos à la Kanye West, Pharrell Williams est légitime dans cet univers. C’est qu’il est beau et intemporel le Pharrell et qu’il séduit autant les fashionistos que les rappeurs ou les skateurs – son surnom depuis le collège est Skateboard P. « Etre différent, c’est le but ultime. » Un sans-faute sous toutes les coutures.

© Andreas Meixensperger

LA BONIFICATION DU DANDY DE L’INDUSTRIE MUSICALE – DONT UN CHAPEAU COIFFE DORÉNAVANT EN PERMANENCE LA CABOCHE – S’EST FAITE AVEC LES ANNÉES ET AU GRÉ D’ASSEMBLAGES DE PREMIER CHOIX


100 YEARS EST UNE CHANSON QUI NE POURRA ÊTRE ÉCOUTÉE QU’EN 2117 ET NOUS RENDRE DÈS À PRÉSENT ATTENTIFS AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

La Légende de la lampe

© David Uzochukwu

Si la mode est sa passion, la musique reste définitivement son premier dada, elle qui « rassemble les gens. La musique est une force qui atteint les gens qu’importe l’endroit ou le moment. » Et avec ses 12 millions d’abonnés sur Instagram, et quelque 10 millions sur Facebook, il ne manque pas de monde à qui adresser des messages pour les causes qu’il défend. C’est qu’avec les années, le touche-à-tout n’a pas seulement gagné en humilité et en succès, mais également en engagement. En 2007, il s’engage de manière hésitante pour la cause environnementale en reversant 25 cents pour chaque téléchargement de sa première collaboration avec l’éternelle Madonna, Hey You, à l’A lliance pour la protection du climat et au concert Live Earth 7/7/07 auquel il participe à Rio de Janeiro. Dix ans plus tard, il signe l’un de ses projets les plus fous avec la maison Rémy Martin et son fameux cognac LOUIS XIII en composant 100 Years, une chanson qui ne pourra être écoutée qu’en 2117, #ifwecare, autrement dit si nous nous sentons concernés par le changement climatique. L’enregistrement de ladite song est en effet gravé sur un disque fait d’argile et entreposé dans les mêmes caves que le premier cru de cognac, dans un coffre spécialement conçu pour être détruit en cas d’inondation. Ainsi, si la montée des eaux prévue par les scientifiques se poursuit sur la même lancée qu’actuellement, le disque de Pharrell sera détruit avant de pouvoir être écouté par le public. Un clin d’œil au long processus de vieillissement du cognac LOUIS XIII, chaque carafe d’exception représentant l’achèvement d’une vie pour son maître de chai. « Et si en 2117 on écoute ma chanson, cela signifiera qu’un changement positif aura eu lieu. » C’est tout ce qu’on nous souhaite.

Le disque 100 Years, fruit de la collaboration entre l’artiste et la maison LOUIS XIII, ne pourra être écouté qu’en 2117.

Etre libre

Engagé, hyperactif et jamais à court d’idées, Pharrell Williams a marqué, et continue de le faire, l’industrie et l’histoire de la musique. Eclectique, il transcende les genres comme il change de couvre-chef, produisant autant du Shakira que du Snoop Dogg, de la Swedish House Mafia ou du Mika. Il aura fait la première partie de la tournée américaine de Gorillaz avec N.E.R.D en 2010, explosé les charts avec les deux Français casqués de Daft Punk, occupé un siège de coach à The Voice USA, obtenu son étoile sur le Walk of Fame, et dansé 24 fois quatre minutes pour le clip le plus long du monde – Happy version centaines de personnes qui se déhanchent dans les rues de Los Angeles –, réalisé par le duo tricolore au nom si adéquat We are from L.A. Une vague de bonheur qui a gagné les internautes du monde entier, qui ont publié près de 2'000 vidéos de leurs pas chorégraphiés, pour presque 142 heures de happiness. Un enthousiasme universel et fédérateur qui a ému Pharrell Williams en plateau, lors d’un passage chez Oprah Winfrey. « L’empathie est la clé. C’est la première chose dont nous avons besoin avant l’amour. Parce que si vous n’avez pas d’empathie, vous ne pouvez même pas comprendre pourquoi vous devriez aimer quelqu’un d’autre. » Derrière sa gueule d’ange intemporelle, Pharrell est définitivement un mec fou, mais simple. Et ô qu’on aime ça !

Ce combat, Williams le mène aussi chez lui, face à une administration présidentielle climato-sceptique qu’il méprise et qui a osé utiliser Happy lors d’un meeting après la tuerie antisémite de Pittsburgh l’année dernière. Une animosité que le chanteur avait déjà partagée dans le dernier album de N.E.R.D, No_One Ever Really Dies, dans lequel il est fortement question de violences policières envers les Noirs, lui qui avait participé en 2016 à une campagne de sensibilisation liée au mouvement Black Lives Matter, « 23 Ways You Could Be Killed if You Are Black in America », aux côtés, entre autres, de Beyoncé et Alicia Keys. Une résurrection de N.E.R.D où plane comme une odeur de revanche et… de collaborations, Kendrick Lamar, M.I.A. ou encore Ed Sheeran s’étant prêtés au jeu du featuring.

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L’HOMME QUI AIME FAIRE JOUER

les femmes Célèbre pour ses femmes et ses talons aiguilles, le réalisateur septuagénaire Pedro Almodovar ne cesse de surprendre. Unique, l’Espagnol incarne avec passion les clichés de son pays autant que les chicas, qu’il dépeint si justement. Portrait. Par Manon Voland | Photo Philippe Quaisse > Pasco and Co.

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uand on pense à l’Espagne, on pense paella, sangria, flamenco, sieste et… Almodovar (ou éventuellement tourisme de masse). Indissociable de sa patrie, le cinéaste aime jouer des clichés qui la définissent à grands coups de guitare, de cordes de piments, de vierges et d’acteurs ibériques disséminés dans ses films. En grandissant, le jeune Pedro connaît la répression du régime franquiste et fuit la précarité qu’elle projette dans sa campagne natale pour rejoindre Madrid à ses 18 ans, synonyme d’idéal de liberté et d’espoir de cinéma. Il lui faudra pourtant attendre 13 ans pour voir son premier long métrage distribué – adieu les films tournés en catimini la nuit en Super 8 –, la mort du Caudillo Franco en 1975 ayant amorcé la transition démocratique du pays : la nation est enfin prête à recevoir Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980).

ENFANT, JE VIVAIS ENTOURÉ DE FEMMES PARLANT ENTRE ELLES DANS LES PATIOS DE FAITS DIVERS PARFOIS TERRIBLES, MAIS QUI EN MÊME TEMPS CHANTAIENT DES CHANSONS

Demain nous appartient

Pedro Almodovar y peint pour la première fois le portrait d’une classe moyenne… au bord de la crise de nerfs. Il tire son inspiration des petits drames du quotidien qu’on lui raconte au bout du fil de la Compagnie nationale de téléphone, pour laquelle il travaille. Avec ses héroïnes qui se vengent d’un mâle aux mauvaises mœurs, le réalisateur ébauche les traits de ce qui deviendra sa marque de fabrique : la femme érigée en icône, l’homme en oppresseur. Même si Pepi et ses copines tendent à choquer une opinion publique encore secouée par trente-neuf ans de dictature et de catholicisme puissant par leur non-conformisme et leur liberté – particulièrement sexuelle –, le film s’inscrit dans un nouveau mouvement créatif, la Movida, dont le nom vient d’une expression qui illustrait le fait d’aller se ravitailler en haschich en périphérie de Madrid. « La Movida était caractérisée par l’immédiateté : on pouvait créer dans le feu de l’inspiration, et pour pas cher. […] Mais c’est surtout le souvenir d’une véritable explosion de liberté. » De ce mouvement, Almodovar garde la vitalité, l’exubérance des couleurs et des modes et la comédie, tandis qu’il puise dans son enfance la noirceur, la tragédie et le drame du passé franquiste. Le cocktail détonne, mais fonctionne à merveille dans les films de l’Ibérique, qui a fait du mélodrame son genre de référence : « La vie en Espagne, à l’époque de mon enfance et de mon adolescence, donc pendant la période où je me suis construit, était vraiment mélodramatique. Il y avait de la tragédie et du drame, mais aussi ce mélange que l’on trouve dans la culture espagnole, d’humour noir, de chansons et de musique. Enfant, je vivais entouré de femmes qui parlaient entre elles, dans les patios, de faits divers, parfois terribles, mais qui en même temps chantaient des chansons. » Ces femmes, ce sont également elles qui lui transmettent le goût de la fiction, et surtout sa mère, Paquita Caballero. Seule lettrée de leur village, elle avait pour habitude de lire leur courrier aux voisines et aux amigas, mais en modelant et trafiquant ses récits pour qu’ils répondent aux attentes de ses auditrices. Une leçon de mensonge bienveillant que Pedro Almodovar a retenu à la lettre et a transmis à ses personnages. « Une femme est la plus authentique quand elle ressemble le plus à ce qu’elle a elle-même rêvé d’être », dit Agrado, personnage trans et prostituée dans le film Tout sur ma mère (1999).

Les feux de

l’amour

Avec ses mélodrames provoquants et pourtant grand public, Almodovar offre à son pays une renaissance et une visibilité mondiale qu’il cultive en emplissant chacune de ses pellicules de souvenirs et de clichés de ses racines. S’il engage sa fierté espagnole dans tous ses films, le réalisateur est également précurseur sur de nombreux points et impose ses thématiques de cinéma d’auteur avant même que certaines questions ne s’invitent dans les débats de société. Il assume pleinement son homosexualité et peuple ses œuvres de personnages gays, transformistes, transsexuels, bisexuels et, parfois, hétérosexuels. Tous interagissent dans un désordre ordonné où orientation sexuelle rime rarement avec unicité, tout étant fluide et flexible. Si, pour sa mère et les puritains, ses films contiennent « beaucoup trop de coucheries », le cinéaste brosse un portrait positif de cette quête d’identité sexuelle, avec des personnages fantasques, attachants et forts. Pour Almodovar, le désir guide tout – sa société de production, El Deseo, la première – et déchaîne les passions, tant amoureuses que mortelles. La couleur rouge s’invite ainsi en pièce maîtresse de son univers : les femmes s’habillent et se chaussent de rouge, elles découpent des légumes et cueillent des fleurs écarlates, et s’aiment dans des boîtes de nuit ou des chambres rubis. Chez l’Espagnol, on aime avec un désir passionné et on tue par désir perdu, faisant couler du sang empourpré magistralement scénarisé. La mort est en outre un personnage omniprésent de ses films, cause ou effet des secrets et mensonges de famille qui éclatent au grand jour. Derrière ces drames en rouge, Almodovar met en scène ses actrices comme nul autre et en fait sa force et sa singularité. « Je n’arrive pas à comprendre que les autres réalisateurs et scénaristes hommes ne soient pas capables d’entrer dans l’âme féminine, parce que vous, les femmes, n’êtes pas difficiles à comprendre. Les femmes se montrent beaucoup plus comme elles sont, contrairement aux hommes. […] Je crois que c’est un défaut des hommes qui ne savent pas écrire sur les femmes. »

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Filles et garçons

Si Pedro Almodovar a toujours défendu un cinéma fictionnel, les protagonistes qui habitent ses films ressemblent à des chimères de son enfance. Les femmes de son village, et principalement sa mère, étant perçues par ses yeux de môme comme des héroïnes puissantes, qui seules étaient capables d’affronter les pires situations et de survivre. A l’inverse, les uniques hommes qu’il a côtoyés dans sa jeunesse étaient les frères salésiens et franciscains, lors de ses études, et dont il semble s’être inspiré pour La Mauvaise Education (2004), qui conte une histoire d’amour homosexuelle sur fond de mauvais traitements par un prêtre pédophile. C’est dire. Ce film est, avec Parle avec elle (2002) et Douleur et gloire (2019), le seul qui place l’homme au centre du scénario et de l’histoire, tous les autres mettant en avant la femme, anti-héroïne de choc. Tandis que les chicas sont idéalisées et sublimées par l’Espagnol dans des rôles de femmes libres et fortes, objets d’un désir qu’elles ont choisi, les chicos tyrannisent, délaissent leurs femmes, violent leurs filles et représentent des minorités desquelles les superwomen s’affranchissent. Le modèle traditionnel de la famille – que n’a pas connu Almodovar – est mis à mal, échec défaillant d’une société bien-pensante. Comme pour enfoncer le clou, la rédemption des hommes tient souvent à la transsexualité, qui les libère d’une testostérone trop peu empreinte de respect pour les femmes. A l’exception du chico Almodovar par excellence, Antonio Banderas, que le réalisateur a dirigé à neuf reprises en trente-sept ans depuis Le Labyrinthe des passions (1982), et qui est devenu une sorte d’alter ego de Pedro à l’écran. S’il a une muse masculine, il en compte de nombreuses féminines, dont Carmen Maura – la première, qu’il rencontre à son arrivée à Madrid et qui incarne la vive Pepi –, l’exubérante Victoria Abril, qui joue l’actrice porno phare d’Attache-moi ! (1990), Rossy de Palma, dont Almodovar découvre les traits atypiques dans une boîte de nuit, l’incroyable Penélope Cruz ou Chus Lampreave, petite vieille toujours parmi les fous chez le réalisateur. Constamment dans le paradoxe, les films d’A lmodovar qui mettent en scène des femmes sont joyeux et hédonistes, tandis que ceux dans lesquels l’homme est roi sont plus sombres, et se caractérisent par des mœurs plus immorales et des personnages plus désenchantés. Sans chicas, l’univers de l’Espagnol et de ses protagonistes semble vide, désolé, comme dans Parle avec elle (2002), où la femme n’est que coma et où l’homme est dépourvu. « Moi je veux être une chica Almodovar. Comme la Maura, comme Victoria Abril, un peu futée, un peu niaise, et me promener avec Madonna en limousine », Joaquín Sabina, chanson Yo quiero ser una chica Almodovar.

Dynastie

Alors que Pedro Almodovar remanie l’atmosphère de ses œuvres au gré de ses personnages, il en est de même de sa filmographie. L’Ibérique a débuté son entreprise cinématographique avec des films contestataires qui s’émancipaient des privations imposées par le franquisme. Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980) ne sont que les trash prémices des productions qui suivront, où sexe débridé rime avec marginalité. Almodovar lui-même se glisse incognito en punk-star queer dans Le Labyrinthe des passions (1982), tandis que Carmen Maura est la première actrice à jouer un homme devenant une femme dans

La Loi du désir (1987). Avec Femmes au bord de la crise de nerfs (1989), le réalisateur fait sa première contorsion, avec un film bariolé et folklorique où le comique de situation surgit à toutes les scènes et où l’absurde pointe. Burlesque, cette vague de pop culture va propulser Almodovar sur la scène internationale. Ses films se font ensuite plus mélodramatiques, jouant sur la corde sensible et la compliquée relation mère-fille aux dépens du kitch de ses débuts. C’est à ce stade que la mort s’invite également dans sa cinématographie – le décès de sa mère y étant certainement pour quelque chose, elle qui avait campé plusieurs petits rôles dans ses précédents films –, avec la question de la gestion du chagrin qu’elle engendre. Tout sur ma mère (1999) en est le plus bel exemple, racontant l’histoire d’amour d’une mère pour son fils disparu – toujours au milieu de camés et de travelos – et le combat de la vie sur la mort. Un trépas qui reprend gentiment le pas sur le monde des vivants – un peu à la Ghost Whisperer – et où les fantômes trouvent leur place parmi les leurs restés en bas. Fantastiques, les films de l’Espagnol le deviennent au fil des années, comme dans Volver (2005), chef-d’œuvre dans lequel une bonne apparition veille sur ceux qui restent. L’univers d’A lmodovar s’assombrit ainsi à mesure que les années passent, les temporalités s’enchevêtrant de plus en plus et les souvenirs gagnant en ampleur. « Je me reconnais dans chacun de mes films, dans leurs bons et leurs mauvais côtés. Il y a un changement évident entre Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (1980), Le Labyrinthe des passions (1982) et Julieta (2016), et je crois qu’il est dû, tout simplement, au passage du temps. C’est tout à fait normal, et lié à l’expérience personnelle que l’on acquiert au fil de la vie. Cela ne signifie pas que j’ai changé en profondeur ni essentiellement de point de vue sur la vie depuis mes 20 ans, mais je trouve bénéfique que la vie vous pousse à faire une œuvre différente. »

Douleur et

gloire

Le cinéaste n’a pourtant ni peur de vieillir ni peur du changement, il craint seulement de perdre l’inspiration pour raconter de nouvelles histoires sur pellicule. Lui qui a toujours fait du cinéma pour lui rendre hommage voit la création comme une catharsis, comme le dieu dans lequel il n’a jamais cru. Les films jouent un rôle à part entière dans les œuvres de l’Espagnol : on en écrit dans La Loi du désir (1986), on en tourne dans La Mauvaise Education (2004), on en double dans Femmes au bord de la crise de nerfs (1988), on en regarde dans les salles obscures et à la télévision dans Matador (1985), Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça (1984) ou encore Etreintes brisées (2009). Si tout est désir chez Almodovar, tout est également cinéma, et ce dernier entretient le désir si essentiel au réalisateur. C’est justement cette relation que nous raconte Pedro dans son dernier bijou, Douleur et Gloire (2019), dont seul le nom rappelle un soap opera. Cette autofiction est portée par Antonio Banderas

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L’INTERVIEW D’ANTONIO... C’est lors du dernier Festival de Cannes qu’Antonio Banderas – venu monter les marches de la Croisette en compagnie de l’équipe du film Douleur et Gloire – a répondu à quelques questions sur son amitié avec Pedro Almodovar.

Pour votre huitième collaboration, vous incarnez Salvador, un réalisateur en perte de souffle artistique qui n’est autre que l’extension de Pedro Almodovar à l’écran. Qu’en pensez-vous ? C’est la première fois que je reconnais autant de Pedro dans ce film. Il y a quelque chose de plus simple et de moins baroque par rapport à son style habituel. Notre amitié a presque quarante ans, je connais donc sa solitude, ses douleurs, ses angoisses, dont il parle dans Douleur et Gloire. Je suis un peu lui dans le film, mais pas tout à fait; je ne voulais surtout pas tomber dans le pastiche. Même si certaines choses sont vraies – et ça m’a beaucoup surpris, car Pedro est quelqu’un de très pudique –, d’autres sont totalement fictives. Mais ça m’est égal, l’important étant le film.

– magistral, son meilleur rôle selon de nombreux critiques, qui lui a valu son premier Prix d’interprétation masculine à Cannes cette année –, huit ans après son dernier film sous la direction d’A lmodovar, La piel que habito (2011). « Douleur et Gloire est-il un film basé sur ma vie ? Non, et oui, absolument. » Le réalisateur se joue une nouvelle fois des codes en floutant les frontières entre les réalités de sa propre vie et les emprunts à la fiction. Almodovar a glissé dans ce récit des parts de lui-même, mais également certains de ses vêtements – portés par Banderas –, de ses livres et de ses tableaux, et a même reconstitué son appartement dans un studio de tournage. Son personnage, Salvador – Pedro ? –, est un cinéaste en panne d’inspiration, dont les maux physiques l’empêchent de tourner. Le hasard va le replonger dans des non-dits, des rancunes et de vieilles histoires qu’il avait essayé de cacher sous le tapis du passé, et le confronter à ses fantômes (encore eux) : ancien amant, comédien brouillé et mère… Tout n’est que délicatesse et nostalgie. Si Pedro Almodovar n’a toujours pas reçu la Palme d’or de Cannes, qu’il convoite malgré six nominations, une participation comme membre du Jury en 1992 puis comme président du festival en 2017 (il vient toutefois de recevoir un Lion d’or d’honneur à la Mostra de Venise pour l’ensemble de sa carrière), il semblerait qu’il ait enfin réussi à faire un film lumineux et sublime avec, dans le rôle principal, un homme. Lui. « Malgré mon âge, je n’ai toujours pas réussi à accepter l’idée que la vie a une fin. Dans Douleur et Gloire, la véritable addiction du personnage n’est ni la drogue ni les médicaments, mais sa passion pour le métier de cinéaste. Si la maladie l’empêche de tourner, sa vie n’a plus de sens. Ce qui me sauve moi aussi, c’est de trouver une nouvelle histoire qui vaut d’être racontée. C’est la seule façon de ne pas penser à la mort, l’unique fin à laquelle je sais que je ne pourrai pas échapper. » —

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Dans Douleur et Gloire, Salvador retrouve Alberto, un ancien acteur avec lequel il s’est brouillé après son premier film. Est-ce que ce n’est pas une caricature de vous-même ? Non ! (Rires.) Heureusement, sinon, j’aurais dû me droguer ! Par contre, quand j’ai à nouveau travaillé avec Pedro pour La piel que habito (2011) après vingt-deux ans sans le faire, les retrouvailles ont été difficiles. J’ai débarqué avec deux décennies d’habitudes de tournage à Hollywood et je pense que j’étais arrogant. Pedro a dû me remettre à ma place, il m’a dit clairement : « Tes trucs d’acteur ne m’intéressent pas. Je veux un autre Antonio. » Mais ça valait le coup : il m’a fait faire des choses dont je ne me savais pas capable, ce fut une belle leçon d’humilité et d’humanité. Pour Salvador, réaliser des films est l’unique moyen de se sauver. Et pour Pedro Almodovar ? Il en est de même ! Il m’a dit que ce film était une sorte de thérapie pour lui, même si tout n’y est pas vrai. Voyez, Penélope Cruz, sa muse par excellence, incarne sa propre mère dans cette introspection. J’ai trouvé Pedro rajeuni à la fin du tournage, comme si Salvador lui avait donné un nouveau souffle et une paix intérieure. Et vous, comment avez-vous vécu le tournage dans ce qui semble être votre plus beau rôle ? Pedro a su trouver les mots pour me diriger à sa manière, avec sa sensibilité, comme d’habitude. Mes proches m’appellent en pleurs à la fin du film pour me parler de ce rôle, mais il me faudra personnellement encore du temps et plusieurs visionnages pour me convaincre qu’il s’agit du rôle de ma carrière. Mais je sais que j’irais désormais n’importe où avec Pedro.


Grand format

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LES VEUVES

blanches 69


Si le blanc est la couleur du deuil en Inde, dans la ville sainte de Vrindavan, il représente, pour des milliers de femmes, celle du martyre. Celle de la pénitence, de l’exil et de l’abandon. Le photographe Claude Renault est allé à la rencontre de ces veuves blanches, physiquement vivantes, socialement mortes. Par Claude Renault | Interview Delphine Gallay

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L

eur crime ? Ne pas avoir su retenir l’âme de leur époux sur terre. Dans certaines communautés hindouistes ultraconservatrices du nord de l’Inde, perdre l’être cher relève parfois de la descente aux enfers. Poids des traditions, double peine… les veuves paient un lourd tribut. Selon certains esprits « fossilisés », elles porteraient malheur à qui oserait les approcher. Maudites, reléguées au rang de parias, ces femmes, jeunes ou âgées, se retrouvent à la rue, déshéritées, sans un sou, chassées par leur belle-famille, et parfois même par leurs propres enfants. Seule issue : l’exil. C’est à Vrindavan, dans l’Etat d’Uttar Pradesh – région de naissance de Krishna –, ville rebaptisée « cité des veuves », que ces naufragées trouvent refuge en attendant patiemment que la mort vienne à leur tour les faucher. Avec l’infime espoir de ne plus être seules et d’être recueillies par l’un des nombreux ashrams que compte la ville en échange de longues prières quotidiennes ou, pour les plus « chanceuses », d’être « sauvées » par une ONG. Des cas certes isolés, mais des vies et des regards brisés sur lesquels le photographe Claude Renault a souhaité s’arrêter. Parlez-nous de ces femmes. Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ? Parmi les veuves que j’ai eu l’occasion de rencontrer dans l’ashram Sri Bagwan Bhajan à Vrindavan, beaucoup étaient originaires du Bengale-Occidental, en particulier de Calcutta. Elles sont pour la plupart issues de classes moyennes ou de milieux très modestes. Elles ont été abandonnées par leur famille ou, parfois, n’en avaient plus avant d’arriver là. Et puis il y a celles qui ont pris la lourde décision de venir ici pour ne pas représenter une charge pour leurs enfants. On dit des veuves qu’elles sont maudites. Rejetées par leur belle-famille et leur propre famille, elles sont soudainement déchues de leurs droits sociaux et familiaux. Peut-on dire de ces femmes qu’elles ont perdu toute forme d’identité ? Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elles perdent toute forme d’identité. Vous savez, il est toujours extrêmement difficile de percevoir la réalité indienne… Même pour moi qui ai fait de si nombreux voyages en Inde, qui représentent plusieurs années de ma vie, l’Inde reste un monde à part, difficilement compréhensible pour nous, Occidentaux. Je suis toujours surpris par ce pays,

comme si j’y voyageais pour la première fois. Même si les veuves sont encore souvent accusées d’être responsables de la mort de leur mari et sont maudites par leur communauté, les choses évoluent heureusement à grande vitesse, grâce aux médias et à internet notamment. Dans une société patriarcale comme l’Inde, tout particulièrement dans les régions les plus reculées et ultra-conservatrices du pays, quel sort réservet-on à ces femmes ? 80% des veuves que j’ai rencontrées étaient originaires du Bengale-Occidental, un Etat que l’on ne peut pas classer comme ultra-conservateur. Pendant longtemps, il a fait partie, avec le Kerala, des Etats où le taux d’alphabétisation était le plus élevé du pays. Les 20% restant étaient originaires des régions de l’Uttar Pradesh et du Madhya Pradesh. Autrefois était pratiquée la tradition du Sati. Un rite funéraire très répandu dans le Rajasthan d’alors – lors des funérailles, les veuves se jetaient vivantes sur le bûcher de crémation de leur époux. Malgré son interdiction en 1829, le dernier cas recensé date de 2006, dans l’Etat du Madhya Pradesh. Comment expliquez-vous une telle concentration de veuves à Vrindavan ? Vrindavan est une ville sainte – qui plus est le berceau de Krishna –, c’est un haut lieu de pèlerinage pour les hindous. Cette ville est connue de tous en Inde comme la « cité des veuves », et compte de nombreux ashrams qui viennent en aide aux plus démunis grâce aux dons des pèlerins. C’est donc une destination familière pour ces veuves. A quoi ressemble leur quotidien ? Pour pouvoir se nourrir gratuitement, ces femmes n’ont pas d’autre choix que de se rendre tous les matins à l’ashram en petits groupes ou seules pour prier et chanter des kirtans (prières chantées). Après plusieurs heures passées à prier, elles se dirigent vers une porte non loin des cuisines, où une employée de l’ashram est là pour leur délivrer un jeton qui leur donne accès à un repas chaud. Un repas leur est servi quotidiennement, à condition bien sûr qu’elles aient activement participé aux kirtans. En dehors de l’ashram, elles partagent des chambres en ville et parcourent les rues en faisant l’aumône aux abords des temples et autres lieux de culte.

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LES VEUVES PAIENT UN LOURD TRIBUT. SELON CERTAINS ESPRITS, ELLES PORTERAIENT MALHEUR À QUI OSERAIT LES APPROCHER

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Dans un autre ashram que j’ai eu la chance de visiter lors de ce reportage, la situation était différente. Une centaine de veuves y étaient totalement prises en charge par des organisations non gouvernementales. Non seulement ces ONG leur offraient une chambre individuelle, mais elles leur proposaient également des formations afin qu’elles puissent apprendre un métier (souvent lié à la couture) et ainsi subvenir à leurs besoins. Vous ont-elles donné l’impression d’être en totale rupture avec le monde des vivants ? Je dirais surtout qu’elles sont en totale rupture avec la société indienne. Elles vivent en marge de la société et, en un sens, elles constituent une sorte de caste fermée sur elle-même. Pensez-vous que ces ashrams parviennent à leur apporter un peu d’espoir ou ne sont-ils que des mouroirs pour celles qui ont tout perdu ? Pour être tout à fait honnête, l’ashram Sri Bagwan Bhajan avait tout d’un mouroir. Il y régnait une atmosphère de totale résignation mêlée d’ennui. Il faut dire qu’en dehors des prières et des repas, les veuves passent le plus clair de leur temps allongées à même le sol. Elles sont pour la plupart résignées et acceptent complètement leur sort. Il arrive que certaines femmes soient plus rebelles et qu’elles en fassent un peu à leur tête, mais c’est assez rare. Mais ce qui est certain, c’est que la religion permet à ces femmes de survivre.

Ces femmes sont-elles solidaires entre elles ? Parlent-elles facilement de leur histoire et de leur passé ? Heureusement, ces femmes sont très solidaires entre elles et passent la plupart de leurs journées ensemble. Par contre, elles n’ont jamais souhaité me parler de leur passé. L’Inde est un pays grand comme un continent, une nation à plusieurs vitesses. Difficile alors de comprendre les océans qui séparent certaines régions des autres. Alors qu’en Inde comme dans de nombreux pays d’Asie on voue un profond respect aux anciens, comment expliquer de tels écarts culturels et comment une totale déshumanisation de la femme est-elle possible ? L’Inde ne se revendique-t-elle pas comme étant la plus grande démocratie du monde ? C’est bien le paradoxe de l’Inde. On la compare d’ailleurs souvent à son voisin chinois. L’Inde est sans doute la plus grande démocratie du monde, mais sa religion la maintient dans un monde à part, un monde où les traditions sont lois. La plupart des autres pays asiatiques sont majoritairement bouddhistes ou athées, comme en Chine. Je crois sincèrement que l’écart est lié à la religion et au système des castes – c’est là que réside toute la singularité sociologique de l’Inde encore aujourd’hui. Bien que ce soit un pays que j’aime profondément, ces réalités peuvent parfois me déranger et me révolter. Vous savez, le pays de Gandhi porte en lui la marque d’une violence extrême.

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L’INDE EST SANS DOUTE LA PLUS GRANDE DÉMOCRATIE DU MONDE, MAIS SA RELIGION LA MAINTIENT DANS UN MONDE À PART, UN MONDE OÙ LES TRADITIONS SONT LOIS

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MÊME SI LES VEUVES SONT ENCORE SOUVENT ACCUSÉES D’ÊTRE RESPONSABLES DE LA MORT DE LEUR MARI ET SONT MAUDITES PAR LEUR COMMUNAUTÉ, LES CHOSES ÉVOLUENT HEUREUSEMENT À GRANDE VITESSE, GRÂCE AUX MÉDIAS...

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La condition de la femme est un sujet brûlant en Inde. Diriez-vous que le poids des traditions et que le fanatisme religieux priment sur le droit des femmes ? Que fait concrètement le gouvernement indien pour leur venir en aide ? Le poids des traditions est terrible en Inde, et la religion omniprésente au quotidien. Je ne suis pas en mesure de dire ce que fait ou pas le gouvernement indien (parti nationaliste hindou) depuis cinq ans et je ne crois pas d’ailleurs que ce soit sa priorité pour l’instant. Bien que la constitution indienne garantisse des droits aux veuves, une grande majorité d’entre elles n’en ont malheureusement pas connaissance. Lors d’un récent voyage, j’ai essayé de revenir dans cet ashram et on m’a refusé l’autorisation d’entrer. L’accès dans ces lieux est désormais interdit aux photographes et aux journalistes. Toutefois, je dois dire que depuis mon dernier reportage la situation a favorablement évolué.

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Pensez-vous que les mentalités puissent changer ? Même si la société change peu à peu, la coutume reste ancrée dans les mœurs. Mais depuis mon premier séjour en Inde en 1984, les choses ont considérablement changé. Bien sûr, les mentalités évoluent davantage dans les zones urbaines que dans les Etats les plus religieux et conservateurs… Mais, désormais, les Indiens ont accès à internet même dans les villages les plus reculés ou les bidonvilles que je connais. Quel souvenir gardez-vous de ce reportage  ? J’ai été très touché par la gentillesse et l’accueil des veuves avec lesquelles j’ai sympathisé. Savitri, la plus ancienne, était toujours la première à venir me saluer, toute courbée sur son bâton, tout sourire. Une femme vraiment émouvante. —


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La dernière partie du quiz horloger

Shooting horlo Bulgari de feu et de glace

Grand patron L’interview musicale de Catherine Rénier

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Rencontre horlogère

OREILLE

MUSICALE

Passionnée de mécanique d’exception, la manufacture JaegerLeCoultre, nouvellement sous le commandement de Catherine Rénier, revisite cette année, en série, les complications musicales pour proposer aux amateurs éclairés différentes variations horlogères autour du temps affiché avec précision et du pouvoir exprimé en musique… Vision d’une trajectoire mélodique ! Par Vincent Daveau et Siphra Moine-Woerlen

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pect du travail à la main, les années d’expérience, le partage du savoir entre générations. Mais cette perception va au-delà du geste, car on trouve également des similitudes de valeurs et d’authenticité qui se sont construites sur le long terme au sein de toutes les maisons pour lesquelles j’ai déjà travaillé. » Pour cette femme passionnée par le beau sous toutes ses formes, Jaeger-LeCoultre est une manufacture qui s’organise « comme un ballet dans lequel se créent des montres », avec cette particularité de parvenir mieux que tout autre, sans doute, à associer harmonieusement les arts ancestraux à la maîtrise des dernières technologies. Mais, à la question de savoir si la haute horlogerie fait partie du patrimoine ancestral de la « grande maison », Catherine Rénier répond : « On oublie souvent que la manufacture Jaeger-LeCoultre est l’une des dernières grandes entreprises horlogères totalement intégrées capables de produire des montres de A à Z, du boîtier au calibre fini. Au fil de ces dernières années, le microcosme a un peu oublié d’où nous venions du fait que cette tradition d’excellence était sans doute un peu moins visible ou lisible. Voilà pourquoi, cette année, nous avons pris le parti de mettre l’accent de façon appuyée sur la haute horlogerie. Nous voulons rappeler à tous d’où nous venons et quelles sont nos racines. » Et d’ajouter : « Mon travail est de redonner ses lettres de noblesse à cette vraie et belle manufacture qui, dans un ballet incessant, fabrique tout à l’interne. Peu de maisons ont aujourd’hui la faculté de regrouper autant de métiers différents dans ses murs avec autant de compétences. On n’est pas simplement dans une marque qui fabrique des montres, mais dans un univers horloger empreint d’une ambiance unique, faite de quiétude et de professionnalisme. » Et c’est dans cette atmosphère favorable qu’ont été créées quelques-unes des montres les plus abouties du moment. Le but, comme cela se devine à écouter Catherine Rénier : ressentir l’âme de la manufacture à travers des pièces compliquées et transmettre un esprit grâce à la maîtrise des arts ancestraux associés aux nouvelles technologies. La CEO enchaîne en soulignant que la passion autant que l’expérience sont les fils conducteurs de ce métier, qui lui permettent d’aller de l’avant. Au final, comme elle le dit : « Une montre à complication est

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euxième femme à occuper un poste de CEO de manufacture horlogère chez Richemont, Catherine Rénier a ce que l’on appelle un parcours professionnel riche de rencontres et de découvertes. Elle est la première à reconnaître que son expérience au siège de Van Cleef & Arpels en Asie, et auparavant aux Etats-Unis chez Cartier, est une force pour comprendre rapidement le marché. C’est aussi un atout important pour mieux saisir les différences culturelles et gagner du temps dans les prises de décision. Mais elle a également pour elle d’avoir une compréhension et une maîtrise instinctive des savoir-faire, qu’elle respecte et apprécie. Cette perception lui a permis, de son propre aveu, d’arriver de façon très naturelle dans la manufacture et de s’y sentir tout de suite chez elle. « J’avais passé beaucoup de temps avec les artisans joailliers chez Van Cleef & Arpels. Aussi, j’ai tout de suite appréhendé chez les horlogers travaillant pour Jaeger-LeCoultre le res-

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Master Grande Tradition Gyrotourbillon Westminster Perpétuel.


CES MERVEILLES SONT L’EXPRESSION DE DEUX SIÈCLES D’EXPERTISE ET DE NOTRE HÉRITAGE

Pour parvenir à atteindre l’asymptote en matière de sonorité, il faut savoir ne jamais s’arrêter sur le métier et tenter des expériences. Catherine Rénier ajoute : « Les deux montres de haute horlogerie proposées cette année sont deux des différentes approches en matière de montres à sonnerie sur lesquelles nous travaillons en ce moment. Nous en avons défriché d’autres auparavant, mais toutes nos répétitions minutes sont différentes et sont les héritières de 186 ans d’histoire au sein de notre grande maison. Chacune des pièces proposées ces dernières années a apporté une expérience différente et la Hybris Mechanica Duomètre à Grande Sonnerie est à envisager comme une création d’exception qui nous a permis de découvrir de nouveaux horizons. Mais toutes nos sonneries sont fondamentalement différentes et nous devons nous adapter à la conception des mouvements et des boîtes, car la puissance sonore n’est pas tout. C’est l’équilibre qui fait la beauté du son et sa qualité est une alchimie où le métal et la forme s’harmonisent pour donner une note cristalline. » —

Master Grande Tradition Répétition Minutes.

un concentré de l’esprit de la manufacture. C’est plus que de faire simplement de belles montres. Ces pièces d’exception que sont la Master Grande Tradition Gyrotourbillon Westminster Perpétuel et la Master Grande Tradition Répétition Minutes présentées cette année sont en somme la matérialisation de l’enthousiasme et de l’esprit d’invention qui animent l’entreprise. » Portée par le plaisir d’en parler, Catherine Rénier poursuit : « Ces merveilles sont l’expression de notre spécificité, de nos deux siècles d’expertise et de notre héritage. En substance, elles concentrent le meilleur des métiers de la haute horlogerie et des métiers d’art. A ce titre, elles sont l’âme de notre manufacture à travers la quintessence qu’elles représentent. Mais il n’est pas question pour autant de s’arrêter là, car chaque nouvelle montre nous pousse à nous remettre en question et nous incite à présenter des pièces complémentaires pour enrichir le segment de la haute horlogerie. » On l’aura compris, ces références hors norme indiquent clairement l’orientation que la manufacture entend prendre pour les années à venir. Ces pièces à sonnerie demandent beaucoup d’énergie, mais elles ont le don de surprendre, de faire rêver et de repousser les limites en imposant à tous d’aller de l’avant.

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NOTRE COMPRÉHENSION DU LUXE. LA VOLVO XC90. La Volvo XC90 se concentre sur l’essentiel : vous et vos besoins. Son système de commande intuitif Sensus vous permet de contrôler presque toutes les fonctions importantes du véhicule grâce à un écran tactile HD. Son design intérieur épuré est mis en valeur par des matériaux haut de gamme et un savoir-faire d’exception. Enfin, ses équipements de série redéfinissent les règles en matière de sécurité, avec notamment le système de protection en cas de sortie de route et les assistants de freinage aux croisements.

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C Questions de temps

RÉATEURS

à livre ouvert

Voici le troisième et dernier volet de nos questions de temps. Ces questions de la définition du temps, et la difficulté pour l’homme d’y répondre sont très anciennes et l’accélération du monde moderne est loin d’y apporter plus de réponses. Au début du Ve siècle, saint Augustin l’évoquait déjà dans ses Confessions, en soulignant le paradoxe de vouloir définir l’essence intemporelle du temps, ce temps dans lequel s’inscrit toute la temporalité de l’homme. Éléments de réponse. Par Philippe Perret du Cray

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VAN CLEEF & ARPELS Nicolas Bos

Président et CEO de Van Cleef & Arpels

Le temps, c’est... Le passage des saisons.

Un gain de temps ? Etre entouré des bonnes personnes.

Une perte de temps ? Devoir répéter plusieurs fois les mêmes choses.

Un passe-temps ? Lire et relire des classiques.

Vivre avec son temps ? C’est ne pas se laisser trop happer par la modernité.

J’en oublie le temps… Quand je suis en bonne compagnie.

Si j’avais l’éternité… Je serais terrifié.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? J’essaierais de bien dire au revoir.

L’intemporalité, c’est… Une œuvre d’art, un tableau italien du XIVe siècle. Je suis émerveillé par les œuvres de la Renaissance italienne. Pour moi, cette période signe le renouveau et incarne le début des Temps Modernes. Insaisissable, intemporelle, cette période m’évoque tout cela à la fois.

Midnight Planétarium en or rose CHF 222'000.–

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? La Midnight Planétarium de Van Cleef & Arpels.

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FREDERIQUE CONSTANT Aletta Stas

Cofondatrice de Frederique Constant Le temps, c’est…

Si j’avais l’éternité…

Un luxe… si on en a assez. Mais, malheureusement, on n’en a jamais assez.

Oups… J’aurais la possibilité de voir tout évoluer. Quand je pense à ce que mes grands-parents ont vécu et à ce qui s’est passé au cours des 20 dernières années… ça serait incroyable !

Un gain de temps ? C’est quand on trouve le moyen de réaliser plus efficacement et plus rapidement ce que l’on pensait mettre plus longtemps à faire. Le « eurêka » en quelque sorte.

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

Une perte de temps ?

L’intemporalité, c’est…

Trop de meetings, où l’on passe son temps à discuter…

La beauté qui nous entoure. J’en reviens à la nature, aux montagnes, à la mer.

Un passe-temps ?

Je les passerais dans la nature.

Etre dans la nature.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

Vivre avec son temps ?

Une Frederique Constant, of course ! La Stars Manufacture.

Etre curieux, ouvert aux nouveautés.

J’en oublie le temps… Slimline Moonphase Stars Manufacture CHF 4'595.–

Quand je fais quelque chose que j’aime… et j’aime beaucoup de choses !

AKRIVIA Rexhep Rexhepi Fondateur d’Akrivia Le temps, c’est...

Si j’avais l’éternité…

Le temps est hyper important, donc j’essaie de l’optimiser. D’un côté, il n’a aucune valeur, mais c’est ce qu’il y a de plus cher.

Je ferais plein de trucs ! Je construirais des maisons, des écoles… Une autre marque ? Non, non, ça non.

Un gain de temps ?

Franchement, je ne ferais rien d’autre que de vivre normalement.

Faire tout ce qu’on peut faire aujourd’hui pour ne pas avoir à le faire demain.

Une perte de temps ? Passer plus de temps à penser les choses qu’à les faire… ou faire les choses à double. Devoir refaire ce qu’on aurait pu mieux faire du premier coup.

Un passe-temps ?

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

L’intemporalité, c’est… C’est précieux. Quand tu arrives à créer quelque chose d’intemporel, c’est incroyable. Ou même quand tu vis un moment qui te semble hors du temps… c’est génial !

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? Un chronomètre.

Apprendre, lire, m’intéresser à toute chose. AK06 GREY CHF 79'000.– (HT)

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PARMIGIANI FLEURIER Michel Parmigiani Président de Parmigiani Fleurier Le temps, c’est…

J’en oublie le temps…

Quelque chose qu’on ne peut pas acheter.

Quand je suis immergé dans la nature.

Un gain de temps ?

Si j’avais l’éternité…

C’est toujours cela de gagné.

J’en oublierais la notion du temps.

Une perte de temps ?

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

C’est une situation sans retour.

Je voudrais vivre des instants de bonheur.

Un passe-temps ?

L’intemporalité, c’est…

Etre libéré des contraintes du temps.

Une question de relativité.

Vivre avec son temps ?

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

C’est être à l’écoute et partager.

L’ombre reportée du gnomon est la première notion du temps générée par notre astre, le Soleil, visible par une méridienne qui nous donne la vraie notion de mouvement du temps, qui pour moi est une référence. Tonda 1950 CHF 19'500.–

GRAHAM Eric Loth

Fondateur et CEO de Graham Le temps, c’est…

Vivre avec son temps ?

C’est une valeur. C’est la vie.

Un gain de temps ?

Ça ne veut rien dire… Je pense que c’est ta vie qui fait ton temps. Et si c’est être en accord avec tous les autres, alors ça ne me parle pas du tout.

Une amélioration de la qualité de ma vie. Par exemple, c’est prendre dix minutes quand il le faut.

Si j’avais l’éternité… Je me mettrais à lire Les Mémoires de Saint-Simon.

Une perte de temps ? Souvent, ça vient de l’extérieur. Des contraintes externes qui t’empêchent de vivre ta vie et de continuer de donner de la valeur à ce que tu fais.

Un passe-temps ? C’est une passion  ! Observer… un tableau par exemple. Méditer... Ou même prendre une belle voiture des années 1950 pour monter à La Chaux-de-Fonds, car, du coup, je transforme une routine en plaisir.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Je descendrais à la cave tout de suite, j’embrasserais ma femme et mes enfants et je les réunirais autour d’une belle bouteille. Je crois d’ailleurs que je sais laquelle…

L’intemporalité, c’est… L’exemple, la trace, l’image que tu peux laisser et qui aura été positive pour les autres.

J’en oublie le temps…

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

Avec la méditation.

Une Graham… une Chronofighter.

Chronofighter Vintage UK CHF 5'430.–

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MONTRES DEWITT Jérôme de Witt

Fondateur et CEO de Montres DeWitt Le temps, c’est...

Si j’avais l’éternité…

Un besoin naturel… et on en manque toujours !

Je ne me suis jamais posé cette question… Mais de toute manière, ce serait la création, la création, la création ! La part de rêve.

Un gain de temps ? Une organisation.

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

Une perte de temps ?

La joie de les partager avec des amis chers.

La dispersion.

L’intemporalité, c’est…

Un passe-temps ?

Etre en dehors du temps, dans le sens de cette part de rêve. Je pense que la créativité fait partie de ça.

L’amour… L’amour peut porter sur n’importe quoi, mais une passion.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ?

Vivre avec son temps ?

Une horloge avec une régulation… La précision.

Très difficile à définir en ce moment : il passe trop vite.

J’en oublie le temps… Avec la passion. Gold and black (AC.GMT.003) CHF 98'000.–

LAURENT FERRIER Laurent Ferrier

Fondateur de Laurent Ferrier Le temps, c’est...

Vivre avec son temps ?

Très bonne question, surtout pour moi qui n’en ai plus beaucoup… C’est avant tout celui que je peux m’accorder actuellement pour me faire plaisir. Et, heureusement, j’y arrive encore.

Je ne suis pas sûr que le temps actuel soit le meilleur dont puissent rêver les jeunes d’aujourd’hui... Il faut donc essayer de vivre au mieux le temps présent.

Un gain de temps ?

La mémoire peut-être ! (Rires.)

C’est aller plus vite sur un tour aux 24 Heures du Mans ! Tout le reste est relativement peu intéressant… Par exemple, gagner dix minutes en train pour faire BâleGenève, ce n’est pas vraiment indispensable.

Une perte de temps ? Des discussions stériles avec des gens avec qui on n’a pas très envie de parler.

Un passe-temps ? J’adore les miniatures automobiles… Ça peut paraître un peu puéril, mais j’aime bien.

J’en oublie le temps… Si j’avais l’éternité… Je ne suis pas sûr que ça serait génial.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? J’aimerais mieux ne pas le savoir.

L’intemporalité, c’est… Le rêve, peut-être ?

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? Notre tourbillon. J’ai eu la chance de faire pour moi celui que j’aurais aimé pouvoir réaliser ailleurs. Fantastique !

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Galet Calendrier Annuel Montre Ecole Acier inoxydable Gris ardoise CHF 50'000.–


HUBLOT Ricardo Guadalupe CEO de Hublot

Classic Fusion Ferrari GT 3D Carbon CHF 20'900.–

Un passe-temps ? La cuisine.

Vivre avec son temps ? C’est savoir profiter de tous les moments présents.

J’en oublie le temps… Quand je suis chez moi, dans mon canapé, avec du silence.

Si j’avais l’éternité… Je pense que ça serait compliqué… Je n’aimerais pas.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? J’aimerais être auprès de mes proches.

L’intemporalité, c’est… Quelque chose d’immatériel… c’est difficile. Le temps qui passe.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? Une Hublot, bien sûr... La Big Bang All Black.

Le temps, c’est... Le temps, c’est la vie.

Un gain de temps ? Des réponses courtes dans mes e-mails.

Une perte de temps ? La réception d’un e-mail de plus de 15 lignes.

Big Band All Black

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REBELLION Calim Bouhadra

Vice-président de Rebellion Le temps, c’est...

J’en oublie le temps…

Une éternelle fuite en avant.

Avec ma femme.

Un gain de temps ?

Si j’avais l’éternité…

Pouvoir me dédoubler me ferait vraiment gagner du temps.

Je n’aimerais pas… Je ne pourrais plus profiter de mon temps.

Une perte de temps ? C’est quand tu n’es pas efficace… Quand la valeur ajoutée de tes actions n’est pas proportionnelle au temps que tu y as passé.

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

Un passe-temps ?

L’intemporalité, c’est…

Mon plus beau passe-temps est de voir grandir mes enfants !

Les garde-temps... c’est ce qui me fait avancer. C’est de voir un balancier se balancer, un tourbillon tourbillonner, une masse oscillante tournoyer et le temps danser…

Vivre avec son temps ? C’est rester jeune… et ça, c’est très difficile pour les vieux comme nous !

Je partirais vite avec ma femme aux Caraïbes pour siroter un bon cocktail et prendre du bon temps.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? C’est très, très difficile… Je dirais une Patek Philippe, mais je ne pense pas être le seul. Une Nautilus, le modèle bleu… Pour le coup, je ne suis pas rebelle ! Rebellion RE-VOLT CHF 20'000.– (HT)

GUCCI Piero Braga

CEO de Gucci Timepieces and Jewellery Le temps, c’est...

Si j’avais l’éternité...

L’horloge de notre vie.

Je pourrais probablement finir le cube Rubik.

Un gain de temps ?

Et s’il ne me restait que quelques instants ?

La téléportation.

Donnez-moi une bouteille de vin !

Une perte de temps ?

L’intemporalité, c’est…

La bureaucratie sous tous ses aspects, des files d’attente pour l’obtention d’un document à l’enregistrement dans les hôtels.

Ennuyeux !

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? La nouvelle collection Grip, dont le design allie un style ultra contemporain et vintage à la fois.

Un passe-temps ? La contemplation.

Vivre avec son temps ? Vivre avec la technologie et, en même temps, s’en défendre. Grip CHF 1'750.–

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MONTBLANC Davide Cerrato

Une perte de temps ? 1h45 aller et 1h45 retour… pour faire le trajet entre Genève et Le Locle ! Vous comprenez mieux l’utilité de la machine de téléportation !

Directeur de la division montres Montblanc

Un passe-temps ? La pêche à la mouche, les voitures classiques, les champignons, le ski ou encore collectionner plein de choses comme les timbres, les montres et les objets de pêche anciens.

Vivre avec son temps ? C’est être à l’écoute, avoir mes sens éveillés pour capter l’air du temps… et pouvoir retranscrire, et même anticiper les tendances dans mes designs.

J’en oublie le temps… Avec la pêche, la peinture, ou quand je crée… J’entre dans un flux qui me fait perdre la notion du temps.

Si j’avais l’éternité… Je serais très triste, car je verrais partir toutes les personnes que j’aime et qui sont autour de moi, et que je devrais rester seul pendant longtemps.

Et s’il ne me restait que quelques instants ? Je serais en panique !

L’intemporalité, c’est… Des objets qui sont tellement puissants et différents des autres qu’ils deviennent des repères pour toutes les générations.

Et, tant qu’on y est, un garde-temps ? A 20 ans, mon père m’a donné une montre Universal Genève appartenant à mon arrière-grand-père. Je n’ai quasiment jamais eu l’occasion de la porter, car on me l’a volée. Je n’en ai qu’un vague souvenir, mais cette montre m’habite depuis, et peut-être que ça transpire aujourd’hui dans mes designs. Comme dans le modèle Heritage Manufacture Pulsograph.

Le temps, c’est... C’est avant tout l’unité de mesure de la performance humaine, à tous les niveaux. J’ai d’ailleurs retrouvé ça en rentrant chez Minerva, où 50 ans de recherche et développement ont permis la conception de chronographes pour la mesure des temps courts ou des temps liés au sport. Manufacture Chronograph Pulsograph salmon dial CHF 30'330.–

Un gain de temps ? Si seulement je pouvais avoir la machine à téléporter de Star Treck…

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Shooting horlo

Attraction TERRESTRE

Souffler le chaud, jamais le froid… Au poignet, les opposés s’attirent sans jamais se ressembler. De feu ou de glace, Bulgari

confirme son penchant pour l’audace et l’art d’une finesse extrême au-delà

des éléments. Parce qu’après tout, à quoi bon résister aux lois de l’attraction ? Réalisation Siphra Moine-Woerlen | Direction artistique et photographie Vincent Alvarez

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Page précédente : Chronographe Octo Finissimo GMT avec chronographe mécanique de manufacture extraplat et mouvement GMT, remontage automatique, micro-rotor en platine et petites secondes, boîtier en titane sablé, fond transparent, cadran et bracelet en titane sablé. Etanche jusqu’à 30 mètres. Record du monde de finesse. Ci-dessus (et page de droite pour la montre dame) : Montre Octo Finissimo Automatique en céramique sablée noire avec mouvement mécanique de manufacture extraplat, remontage automatique avec micro-rotor en platine, petites secondes et fond transparent. Etanche jusqu’à 30 mètres. & Montre Serpenti Seduttori en or blanc 18K pavée de diamants. Bracelet à motifs hexagonaux stylisés et boucle déployante entièrement sertis de diamants taille brillant, boîtier de 33 mm serti de diamants taille brillant sur la lunette. Cadran serti d’un pavage neige. Etanche jusqu’à 30 mètres.

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Ci-dessus et page de droite : Montre Serpenti Seduttori en or rose 18K sertie de diamants. Bracelet à motifs hexagonaux stylisés avec boucle déployante, boîtier de 33 mm, cadran opaline argenté. Etanche jusqu’à 30 mètres. Page de droite : Montre Serpenti Seduttori en or jaune 18K sertie de diamants et montre Serpenti Seduttori en or rose 18K. Bracelets à motifs hexagonaux stylisés avec boucle déployante, boîtiers de 33 mm, cadran opaline argenté. Etanche jusqu’à 30 mètres. & Montre Octo Finissimo Automatique en céramique sablée noire avec mouvement manufacture mécanique squelette à remontage manuel, petites secondes et indicateur réserve de marche, réserve de marche 65 heures.

Maquillage Natacha Maillard | Modèles mains Lauriane Callaou et Matthieu de Pallarès Assistant photo : Loïc Lemahieu

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Interview croisée

HOLLYWOOD

À UNE HEURE DE PARIS

Deux stars hors compétition, un beau château et de précieux « Record » rassemblés dans un écrin d’histoire et de verdure… Longines avait vu grand pour réunir ses deux ambassadeurs de l’élégance, Kate Winslet et Simon Baker. Par Delphine Gallay

Faire d’une pierre deux coups. Expression française qui a décidément pris tout son sens en juin dernier au château de Chantilly. Tenues de gala et carte postale bucolique… L’horloger avait non seulement à cœur de célébrer sa dernière collection Record, mais également le privilège d’accueillir ses deux stars hollywoodiennes venues tout spécialement pour l’événement. Tour à tour, nous avons donc eu la chance de nous noyer dans le regard de Kate Winslet, de fondre comme une glace au soleil face à l’irrésistible Simon Baker, mais surtout d’échanger avec eux sur le temps qui passe, leurs valeurs, leurs projets, sans oublier de parler d’élégance au sens large du terme.

Entre votre carrière et votre notoriété internationale, comment parvenez-vous à garder les pieds sur terre ? Simon Baker : Grâce à la famille ! C’est là tout l’équilibre. Elle vous donne de la force, elle vous ancre et vous inspire. Et le fait d’être de retour en Australie rend la chose encore plus fantastique. Parce que ça m’a permis de me reconnecter avec la famille éloignée, les amis d’enfance, les gens que j’aime… Si vous pouviez voyager dans le temps, quelle période de votre vie d’actrice souhaiteriez-vous revivre ? Kate Winslet : Je dois dire que j’ai été plutôt gâtée jusqu’ici,

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même si certains de mes « jobs » ont été plus éprouvants que d’autres... Si je ne devais choisir qu’une période, je repartirais au début de ma carrière, lorsque j’avais 17 ans. Je pense à mes tout premiers rôles et à ma nomination aux Academy Awards… Sans ces temps forts, je n’aurais jamais décroché Titanic. Et sans Titanic, ma carrière n’aurait jamais été la même. Ce film m’a ouvert beaucoup de portes par la suite et m’a offert une grande liberté dans mes choix d’actrice. Quelle est votre définition de l’élégance ? Simon Baker : Pour moi, l’élégance est étroitement liée à la confiance en soi, à qui vous êtes et à quel point vous vous sentez à l’aise avec vous-même. Peu importe la tenue. C’est ça, l’élégance. Et vous, Kate, quelle est votre définition de l’intemporel ? Kate Winslet : C’est plein de choses à la fois ! Une merveilleuse robe noire. Le sourire d’un enfant. L’odeur d’un feu de bois, des feuilles en automne ou des matins ensoleillés. Pour moi, l’intemporalité est liée aux sens… et bien sûr à la famille. Avec qui aimeriez-vous inverser les rôles le temps d’une journée ? Simon Baker : Wow ! Peut-être bien avec le premier ministre canadien ? Je suis complètement fasciné par les politiciens – leur vie, le contrôle de leur image… Justin Trudeau, par exemple, m’impressionne énormément. Jeune, avant-gardiste, il révolutionne peu à peu les choses au Canada, notamment en termes d’écologie et d’environnement. A quoi ressemble votre journée idéale, Kate ? Kate Winslet : Une journée en pyjama ! (Rires.) Je recommande d’ailleurs à tout le monde de faire la même chose ! Bref, tout simplement me retrouver avec les miens sans téléphone et cuisiner en musique !

Entre la paternité et les années qui passent, quelle relation entretenez-vous avec le temps, Simon Baker ? Simon Baker : J’ai une double réponse. D’un côté, le fait d’être père, de vieillir, qui est un sentiment agréable. De l’autre côté, j’ai la nostalgie de tous ces moments où les enfants étaient plus jeunes. On voudrait revivre le passé, y retourner avec tout ce qu’on sait de la vie, l’expérience et la sagesse… Mais bon, le temps passe, j’apprécie le moment présent et je suis heureux comme ça. Vous êtes marié depuis plus de vingt ans. Quel est selon vous le secret d’un couple pour défier le temps et affronter les coups durs de la vie ? Simon Baker : Jesus ! Ma réponse risque d’être longue ! (Rires.) Je dirais que la réponse à cette question est : « Life is that question ! » Le temps et la vie sont là pour nous aider à comprendre les choses, tout simplement. Kate, vous soutenez différentes causes et avez cofondé The Golden Hat Foundation, dédiée à l’autisme. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Kate Winslet : Nous l’avons fondée avec mon amie Margret Dagmar Ericsdottir, dont le fils Gary est atteint d’autisme. Elle était tellement désespérée de ne pas pouvoir comprendre ou communiquer avec son fils qu’elle a fini par réaliser un documentaire sur son quotidien. J’ai été profondément émue par son histoire, par toutes ces familles et ces enfants prisonniers de leur corps. Ainsi, cette fondation n’a pas pour seule mission d’éveiller les consciences, j’espère qu’elle pourra aussi dans le futur lever suffisamment de fonds pour accompagner ces enfants dans la vie, particulièrement à l’âge adulte, en leur permettant de vivre en sécurité et de gagner en indépendance tout en bénéficiant d’une certaine qualité de vie, et soulager les parents et les familles qui vivent dans la crainte du lendemain. Après la série Mentalist, vous avez décidé de sortir de votre zone de confort et de passer derrière la caméra… Simon Baker : Cela correspond à une phase de développement par laquelle il me fallait passer. Pour cela, j’ai dû rassembler chaque élément, chaque expérience, et les réunir afin de me surpasser sur un plan personnel et artistique. D’un coup, je ne faisais plus seulement partie d’un projet, mais je devenais celui qui façonne l’ensemble. De nombreuses grandes marques vous courtisent, pourquoi avoir choisi de représenter Longines ? Kate Winslet : Que ce soit dans ma vie privée, au travail ou dans tout ce que j’entreprends, la notion d’engagement a une place très importante dans ma vie. Et je savais qu’avec Longines je trouverais cette dimension. J’ai beaucoup de respect pour cette marque, sans quoi je ne serais pas là. Qu’il s’agisse de qualité, de performance, de précision ou de professionnalisme, ils font des choses incroyables. Pour finir, avez-vous un accessoire dont vous ne vous séparez jamais ? Simon Baker : Ma montre Longines, bien sûr ! Et puis mes lunettes, sans lesquelles je ne vois rien ! (Rires.) Vous voyez, c’est tout ce dont j’ai besoin. Une montre pour être à l’heure et mes lunettes pour savoir où je vais ! —

Montres Longines de la collection Record.

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Etoile

Retour sur l’incroyable trajectoire de Senna

Voiture L’électrique, c’est fantastique

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On en parle

COMMENT APAISER LE STRESS

Environnement pesant, métier stressant, charge mentale quotidienne… Le stress est devenu omniprésent dans nos vies. Comment dompter cette émotion envahissante et apprendre à la gérer ? Rencontre avec le docteur Patrick Vachette, médecin homéopathe spécialisé en thérapies comportementales et cognitives. Par Louis Garnier

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istinguer le bon stress du mauvais stress

En 2018, un sondage réalisé par le Job Stress Index Suisse révèle que 27% des Suisses souffrent de stress au travail, que 30% se sentent épuisés sur le plan émotionnel, et ce, autant pour les femmes que pour les hommes. Cependant, le bon stress, cette réaction de survie héritée de nos ancêtres primitifs, permet de faire face à des challenges et de nous alerter de dangers. « C’est un phénomène d’adaptation normal à un événement de la vie, nous précise le médecin. On peut donc être stressé avant un entretien d’embauche, un rendez-vous amoureux ou un examen. » Et puis il y a le mauvais stress, celui qui se traduit par une oppression ou des palpitations, pouvant générer des troubles du sommeil. Celui-là peut être dangereux, « car lorsque l’on est totalement dépassé, on peut en arriver au burn

out ». Pour éviter de développer des pathologies plus graves, l’homéopathie reste une alternative sans danger, sans aucun effet secondaire et sans risque d’accoutumance.

Anticiper les situations à risque

C’est toute l’originalité de l’homéopathie : elle est à la fois préventive et curative. « Comme tous les médecins, nous établissons un diagnostic. Mais ce qui nous intéresse chez le patient, c’est sa façon de gérer son stress. » Le médecin homéopathe va s’intéresser aux symptômes décrits par son patient : palpitations, maux d’estomac, jambes tremblantes. Ensuite, il cherchera à connaître les émotions ressenties, comme l’agressivité, la colère, la frustration. Finalement, il s’intéressera aux schémas

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© Aarón Blanco Tejedor on Unsplash

de pensée (les ruminations) du patient, par exemple la mauvaise estime de soi. Ensuite, il procèdera à un interrogatoire général, « pour trouver ce que l’on appelle en homéopathie son type sensible » et ainsi comprendre la personne dans sa globalité. En déterminant ce profil à risque, le médecin homéopathe va personnaliser ses conseils selon le patient et non selon la pathologie. Il peut ainsi lui prescrire « des médicaments qui vont couvrir les symptômes physiques gênants, les émotions paralysantes et les schémas de pensée obsédants ». Ce traitement préventif doit démarrer 15 jours avant l’événement stressant, qu’il s’agisse d’un entretien d’évaluation ou d’une réunion stratégique, entre autres, et doit être répété la veille et dès que les symptômes réapparaissent.

Soulager un stress ponctuel

Qu’il s’agisse d’un stress dû à un entretien d’embauche ou à la gestion d’une équipe au quotidien, « les symptômes sont les mêmes. Les pharmaciens sont habilités à conseiller des médicaments pour ce type de stress. En revanche, s’ils constatent une pathologie plus grave comme une dépression, ils conseilleront d’aller voir un médecin. » Selon les cas de figure, on préconisera différents médicaments. Par exemple, la souche homéopathique Gelsemium peut êttre prescrite à une personne qui stresse par anticipation. Incapable de gérer ce stress, elle perd ses moyens, souffre de problèmes intestinaux et a les jambes en coton. Peu réactive face à un événement, elle a tendance à arriver en retard. Obtenue à partir du nitrate d’argent, la souche homéopathique

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Argentum nitricum convient à une personne agitée et anxieuse qui parle sans arrêt, incapable d’ordonner ses idées, phobique du temps, des hauteurs et qui a peur d’arriver en retard. Cette personne somatise son stress avec des problèmes de digestion en tout genre. La souche Ignatia amara est, elle, destinée aux personnes pour lesquelles les somnifères sont inefficaces, par exemple. Elles ressentent des spasmes, des nœuds à la gorge, des douleurs à l’intestin, une envie de pleurer, un poids sur la poitrine. Les symptômes ne se produisent jamais au même endroit ou à la même heure. Ils sont aggravés par la contrariété et améliorés par la distraction. On conseillera également Aconitum en souche homéopathique pour les personnes qui sont rarement malades et qui ont des symptômes très violents : palpitations, hypertension artérielle et angoisse épouvantable. Cela arrive notamment dans des attaques de panique avec de l’agoraphobie. Si vous souffrez de spasmes digestifs et somatisez le stress par des gastrites, hernies hiatales et autres hypersécrétions gastriques, l’un des médicaments homéopathiques les plus prescrits reste Strychnos nux vomica. Enfin, la souche homéopathique Staphysagria peut traiter le stress causé par la frustration et l’injustice. Le corps peut notamment exprimer son stress par de l’herpès, de l’eczéma ou encore des aphtes. Il existe donc de multiples solutions pour vous soulager, mais n’oubliez pas : le stress à petites doses a ses avantages. Ce n’est que lorsqu’il est chronique qu’il devient toxique. —


Carnet de santé

CANCER ET

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE :

DES PERSPECTIVES (TRÈS) CONCRÈTES

L’intelligence artificielle devrait permettre d’améliorer le dépistage, le diagnostic et le traitement de nombreux cancers. Certains travaux de recherche ont déjà abouti à des résultats probants pour les cancers de la peau et du col de l’utérus. Par Rudi Van Den Eynde, Head of Thematic Global Equity, Candriam

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E

ntre mythe et réalité, l’intelligence artificielle (IA) suscite de nombreux fantasmes, mais les récents progrès technologiques ouvrent des perspectives très concrètes dans le secteur de la santé. L’IA devrait favoriser l’avènement d’une médecine plus précise et surtout plus personnalisée, qui sera un précieux outil d’aide à la décision médicale.

Des résultats prometteurs pour le cancer de la peau...

Le diagnostic précoce des cancers est un enjeu majeur, car plus la pathologie est détectée tôt, plus le traitement peut être rapidement initié et plus les chances de guérison du patient augmentent. A cet égard, certains travaux de recherche s’annoncent particulièrement prometteurs. Ainsi, une équipe de recherche


s’avère très largement supérieur à celui des techniques conventionnelles, à savoir la lecture des images prises au colposcope par des experts (69%) ou encore l’analyse cytologique du frottis (71%). Là encore, l’enjeu sera de faciliter la détection de ce cancer à un stade précoce, en particulier dans les pays en développement, qui concentrent la très grande majorité des décès. Selon l’OMS, le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus souvent diagnostiqué dans le monde, avec 570'000 cas répertoriés en 2018.

De multiples défis

© Vladislav Ociacia

Protéiforme par essence, l’IA offre de nombreuses opportunités. L’analyse prédictive pourrait par exemple contribuer à améliorer la prévention des cancers, en anticipant mieux les risques comportementaux. Elle pourrait également permettre d’optimiser les protocoles de recherche clinique. Les experts y voient un moyen de consolider la faisabilité des études, d’améliorer la prédictibilité des effets thérapeutiques, mais aussi de mieux mesurer l’utilité des solutions déployées (voir encadré). Le principal défi consistera à soutenir les développements les plus porteurs, dans l’intérêt général. —

© Pexels

Immunothérapie : vers un meilleur profilage des patients éligibles ?

internationale a conçu un algorithme capable de reconnaître un mélanome avec une efficacité de 95%, sur la base de simples clichés1. Signe particulier : la performance de cet outil dépasse celle de 58 dermatologues originaires de 17 pays différents (87%). Une autre étude de référence confirme tout le potentiel de l’IA dans le dépistage du cancer de la peau. Des dermatologues et des ingénieurs de l’Université Stanford (Etats-Unis) ont créé une technologie à même de distinguer les grains de beauté bénins et malins2. Cette IA, entraînée à partir de 130'000 images récoltées sur internet, parvient à différencier plus de 2'000 maladies de la peau. Le niveau de connaissance du logiciel est égal, sinon supérieur, à celui des 21 dermatologues auxquels il a été confronté.

... et du cancer du col de l’utérus

Les prouesses de l’IA se manifestent également dans la détection précoce du cancer du col de l’utérus. Des chercheurs américains ont mis au point un algorithme capable d’identifier des lésions précancéreuses sur des photographies, avec un taux de réussite de 91%3. Ainsi, le niveau de précision de la machine

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Des chercheurs français ont développé et entraîné un algorithme capable de prédire la réponse positive d’un patient à une immunothérapie, à partir d’images produites par un scanner4. Cette technique est considérée comme une alternative viable à la biopsie, car elle est moins invasive et moins risquée. Elle permet également de réduire les coûts d’un traitement onéreux. Davantage de patients éligibles pourraient ainsi être traités, avec des économies significatives pour les systèmes de santé. En l’état, cette technologie est capable de déterminer correctement le profil immunitaire d’une tumeur dans près de 60% des cas.

1. « Man against machine : diagnostic performance of a deep learning convolutional neural network for dermoscopic melanoma recognition in comparison to 58 dermatologists », Annals of Oncology, mai 2018. 2. « Dermatologist-level classification of skin cancer with deep neural networks », Nature, février 2017. 3. « An observational study of deep learning and automated evaluation of cervical images for cancer screening », Journal of the National Cancer Institute, janvier 2019. 4. « A radiomics approach to assess tumour-infiltrating CD8 cells and response to anti-PD-1 or anti-PD-L1 immunotherapy : an imaging biomarker, retrospective multicohort study », The Lancet, août 2018.


Belles mécaniques

L’ÂME

DE LA COMPÉTITION

Les ingénieurs d’AMG respirent la confiance. Leur nouvelle réalisation a de quoi les rendre fiers. Les AMG A45, A45 S, CLA 45 et CLA 45 S, toutes en 4MATIC+ ont tourné comme des horloges sur le circuit du Jarama.

Ce sont déjà des mythes. Par Gil Egger

V

ous connaissez la phrase de Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. » Voilà l’esprit qui régnait au Jarama, circuit de compétition proche de Madrid, lors de la présentation des dernières créations d’A MG. Le responsable du développement du moteur, Ralf Illenberger, l’admet : les 360 ch obtenus du 4 cylindres et 2.0 litres en 2013 paraissaient un sommet pour une voiture de série. Dépasser 400 ch ? « Nous pensions que ce ne serait pas possible. » Et pourtant, si.

La confiance règne

En pénétrant dans le lobby du circuit, il règne une ambiance curieuse. Tous les responsables d’A MG présents respirent une sorte de confiance tranquille. Il a suffi d’attendre la conférence de presse officielle pour comprendre d’où vient ce sentiment. On peut évoquer la fierté, contentons-nous d’un degré d’inventivité et de professionnalisme rare. Les chiffres, pour ceux

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que cela intéresse, parlent d’eux-mêmes : 4 cylindres, 2 litres et 421 chevaux. Un record absolu pour une voiture de série. Avec, en filigrane, la certitude que ce ne sera pas un exploit de courte durée, puisque les garanties sont excellentes, fondées sur des tests de résistance hors du commun. Précisons que deux niveaux de puissance se côtoient  : 387 ch pour la base du numéro 45, 421 pour les 45 S. Déjà que l’A MG A35, avec 306 ch, faisait figure de bombe, voici que ces dernières venues font exploser toutes les croyances. Les créateurs sont partis d’une feuille blanche et de leur expérience, notamment de la compétition. Ils ont fait faire un 180° aux quatre cylindres, pour gagner de la place et permettre aux designers et aérodynamiciens de dessiner un capot plongeant. Ils ont doublé l’injection, une piézoélectrique directement dans la culasse, l’autre dans le conduit d’admission. Les revêtements en nanomatériaux issus de la Formule 1 autorisent des régimes et des contraintes inconnues jusqu’ici.

De la ville à la piste… et

Il vaut la peine de prendre un moment hors de ces MercedesBenz AMG. Eh oui ! Car cette sportive de haut, de très haut niveau s’invite dans votre smartphone. Par exemple, pour restituer vos temps de passage, vos différences entre les tours sur un circuit. Sans parler du fait que vous n’avez plus besoin de clé : votre précieux assistant personnel qui peut, parfois, servir à téléphoner, agit pour le déverrouillage. Une fois cette opération effectuée, vous prendrez l’habitude de demander à votre Mercedes-Benz AMG de vous assister en lui parlant. Elle répond à vos désirs – « j’ai envie de manger des filets de perche » – en vous guidant immédiatement à l’une des adresses qu’elle va vous suggérer. L’électronique haut de gamme, l’habitacle au design soigné et la liste des prestations que l’on peut ajouter montrent qu’il s’agit là de voitures compactes pour des personnes très exigeantes. En cinq portes, en quatre avec la CLA et bientôt en Shooting Brake, le choix expose à un embarras qui sera levé par l’activité de celui qui va adopter un de ces modèles. Famille ? Week-ends en circuit ? Besoin de volume ? Les réponses sont là, toutes avec le moteur 4 cylindres de 2 litres le plus puissant jamais mis sur le marché. —

retour

Trois AMG se suivent, précédées par une AMG GT conduite par le fameux Bernd Schneider, pilote DTM, entre autres, et vraie légende. Nous entamons quelques tours du circuit du Jarama, rapide et technique. Un pur bonheur. La molette au volant permet de changer de mode, de choisir Race pour des sensations fortes ou de revenir à Sport, tout en conservant le contrôle de trajectoire actif – on ne sait jamais, la ligne droite vous emmène tout de même à 215 km/h. Le châssis montre un équilibre époustouflant, la motricité reste toujours au maximum, quel que soit le moment où le pied droit écrase l’accélérateur pour sortir plus vite d’une courbe. A quelques mètres de là, une A45 AMG effectue des drifts… avis aux amateurs, c’est aussi possible ! Une question aux ingénieurs : il semble qu’il y ait une différence entre la A45 S et la CLA 45 S, à quoi tient-elle ? Le coffre de cette dernière ajoute quelques kilos et le train arrière abrite d’autres pneus. Voilà pourquoi la compacte paraît plus joueuse, mais cela ne se remarque qu’à des allures très soutenues. Les alentours de Madrid offrent des routes – et des paysages – propices à la découverte. Ils révèlent des voitures sachant se faire sages, exhalant un parfum de luxe lorsqu’on se laisse aller à la promenade. Qu’un petit col fasse danser ses courbes et le tempérament de feu s’exprime, dans un grondement soigneusement étudié qui envahit l’habitacle.

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A découvrir dans les concessions du GROUPE CHEVALLEY Garage de la Marbrerie | AMG Performance Center Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge Garage de l’Athénée Route de Meyrin 122 – 1216 Cointrin Garage de l’Etoile Rue de Vermont 6 – 1202 Genève Garage de Nyon Route de Saint-Cergue 295 – 1260 Nyon andre-chevalley.ch


© YG-Tavel-Photos

IL AVAIT LA GRÂCE

Imola, 1er mai 1994. Après des années d’insouciance, le monde de la Formule 1 perd coup sur coup deux de ses pilotes ; vingt-cinq ans après, que reste-t-il de « l’héritage Senna » ? Par Stéphane Léchine

© Marco A. Rezende

© National Motor Museum

Pilote de légende !

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cation technique est devenue un standard et l’analyse des acquisitions de données en quête d’une amélioration aussi infime soitelle un passage obligé pour tous. Son comportement en piste et son agressivité restent aujourd’hui des modèles qui inspirent les champions qui lui ont succédé. On se souvient particulièrement des larmes de Michael Schumacher, réputé si insensible, submergé par l’émotion en conférence de presse après avoir égalé son record de 41 victoires.

© YG-Tavel-Photos

De nos jours, Lewis Hamilton est sans doute le plus proche héritier de Senna. Ayant souvent porté en course les couleurs bleu, jaune, vert, il s’est montré tout autant ému lorsqu’il reçut des mains de la famille un casque du Brésilien, après avoir égalé son record de pole positions. Autre récompense : il put piloter la monoplace avec laquelle Senna remporta son premier titre. Quand on l’entend se confier sur le fait qu’il était incapable de trouver le sommeil rien qu’à l’idée de pouvoir faire quelques tours avec la voiture de son idole, on ne peut que mesurer l’empreinte immense qu’a laissée Senna sur la course automobile.

G

rand Prix noir

Dès les essais du vendredi, le ton est donné. Rubens Barrichello, le jeune compatriote de Senna, subit une sortie de route violente et détruit spectaculairement sa monoplace. Miraculeusement indemne, il restera en observation à l’hôpital. Ayrton, en grand frère, se rend à son chevet pour prendre de ses nouvelles et le réconforter. Lors des essais qualificatifs du samedi, en quête de rédemption après un début de saison compliqué, il atteint sa pointe de vitesse habituelle et signe sa 65e pole position. Depuis son box, il assiste au crash terrible du débutant autrichien Ratzenberger, qui reste inanimé dans son cockpit. Le paddock retient son souffle, espérant le miracle qui n’aura pas lieu. Senna sort de sa voiture et met un terme à sa séance qualificative. Le lendemain, plus soucieux qu’à l’accoutumée, il passe un message à son ex-rival et désormais ami Alain Prost, avant de tenter de se concentrer pour la course. Fait inhabituel, il enlève son casque sur la grille de départ et plonge son regard lointain dans la courbe qui suit la ligne droite. Il jaillit au départ pour se porter en tête. Un crash (un de plus !) élimine plusieurs monoplaces, nécessitant l’intervention de la safety car. A la reprise de la course, Ayrton reprend son effort pour se distancer en tête du Grand Prix. Un tour plus tard, l’impensable se produit et la Williams du champion s’abîme à très haute vitesse contre le mur qui borde le circuit. Senna est héliporté vers l’hôpital de Bologne ; son décès sera annoncé dans la soirée. Le Brésil et la Formule 1 sont en état de choc.

Référence absolue

Vingt-cinq ans plus tard, son aura plane encore sur les circuits. Bien sûr, quelques-uns de ses records ont depuis été battus. Mais Senna reste, pour les pilotes actuels, une référence. Par son intransigeance et son engagement, il aura fait basculer la F1 de l’époque où les pilotes jouaient au golf entre les séances d’essais à celle des briefings sans fin avec les ingénieurs. L’impli-

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FONDATION SENNA Superstar planétaire à l’apogée de sa carrière, Senna n’en a pas oublié ses racines. Peu avant sa disparition, il œuvra à créer avec l’aide de sa famille une fondation a son nom, avec pour objectif de pourvoir à l’éducation des enfants les plus défavorisés au Brésil. Portée par un personnage de bande dessinée à son effigie, Senniha, la collecte de fonds est destinée à mettre sur place un programme pédagogique avancé. De l’alphabétisation jusqu’à une éducation intégrale, la particularité du concept est de former les éducateurs qui seront chargés de dispenser un enseignement qui va au-delà des connaissances scolaires. Les compétences cognitives et sociales sont mises en avant afin d’élargir les possibilités d’apprentissage. Les excellents résultats des pupilles de l’Institut démontrent le bien-fondé de la démarche. Comptant aujourd’hui près de 150 salariés, l’Instituto Ayrton Senna a déjà formé 45’000 professeurs, qui ont pour mission de transmettre dans tout le pays les piliers de l’apprentissage tel que le souhaitait Ayrton, pour qui « l’éducation est la meilleure manière de changer le monde ». Présente dans 17 Etats et plus de 600 municipalités, l’organisation fait chaque année profiter plus de 1,5 million d’enfants de son soutien. Pilote flamboyant, parfois brutal et sans merci en piste, Senna a transcendé sa disparition pour laisser place à l’accomplissement de sa vision humaniste, qui continuera d’inspirer, et pour longtemps encore, les générations à venir. Sempre Ayrton*. — *Pour toujours, Ayrton.


Belles mécaniques

PAS F E U T R ÉS

SUV électrique

Le choix de Mercedes-Benz, pour cette première, s’est porté sur un SUV dont les volumes rappellent le GLC. Pourtant, si certains composants sont partagés avec le modèle thermique, tous les éléments de carrosserie sont spécifiques à l’EQC. Malgré une structure commune, le châssis a été revu de fond en comble pour y intégrer les caractéristiques propres à la motorisation électrique. En premier lieu, les batteries dans le plancher alimentent deux moteurs asynchrones à l’avant et à l’arrière, qui délivrent une puissance maximale de 300 kW (soit un peu plus de 400 chevaux) pour une autonomie revendiquée jusqu’à 470 km. Extérieurement, rien, ou si peu, ne distingue cette voiture des modèles connus. Seuls les feux à LED bleues sur la face avant et l’absence de sorties d’échappement à l’arrière sont de bien discrètes références à l’électrique. D’élégantes lignes fluides camouflent le volume imposant. Bien posé sur ses immenses roues de 20 pouces, ce SUV concocté par Mercedes-Benz est conforme aux attentes de la marque et offre un design très plaisant.

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Facture classique

Qu’on ne s’y trompe pas, avec l’EQC, Mercedes-Benz propose avant tout une vraie Mercedes-Benz ! Confort, luxe et qualité trouvent ici leur déclinaison dans l’expression du design intérieur et des matériaux utilisés. L’habitacle, soigné comme il se doit, reste très classique, avec les deux écrans numériques connus, aux fonctions d’affichage particulières à ce modèle. La planche de bord est dotée d’un revêtement textile néoprène exclusif et les grilles d’aération intégrées dans les portières participent à l’habillage du poste de conduite. Les commandes sont pour la plupart communes aux autres modèles de la marque, jusqu’au bouton de démarrage placé au même endroit. Disposée derrière le volant, la gestion de la récupération d’énergie se pilote en cinq modes, du tout automatique jusqu’au mode D – le plus récupérateur d’énergie, qui autorise la conduite avec une seule pédale. Au lever du pied de l’accélérateur, le véhicule subit un véritable freinage complètement dédié à la régénération d’énergie.

Présenté tout dernièrement à Oslo, « capitale européenne de l’électromobilité », l’EQC de Mercedes-Benz est le premier véhicule de la nouvelle gamme EQ à la motorisation 100% électrique.

Doté d’une technologie révolutionnaire, il arrive sur le marché pour bousculer l’ordre établi. Par Stéphane Léchine

Le silence est d’or

Très assumé, le choix d’un SUV comme base d’un véhicule électrique prend tout son sens par rapport à son utilisation, tant il convient pour le conducteur de revoir son approche de l’automobile. Avec l’électrique, on ne parle plus (ou si peu) de conduite, mais bien de mobilité. La vision de Mercedes-Benz s’en trouve complètement justifiée, d’autant que les modèles électriques dits sportifs (suivez mon regard) n’ont d’autre atout qu’une accélération franche, avant de se révéler très décevants en termes de comportement dynamique. La raison principale reste le poids trop important. L’EQC ne fait pas exception à la règle, il embarque 650 kg de batteries pour un poids total de 2,5 t ! Le tour de force et le savoir-faire majeur de Mercedes-Benz, c’est d’en avoir fait une voiture au confort inégalé. L’amortissement très souple et l’absence de bruit vous placent idéalement dans un cocon. Les ingénieurs ont particulièrement travaillé l’acoustique pour supprimer le sifflement du moteur ou tout bruit d’air.

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En charge

La question de la recharge de la batterie est indissociable de l’électromobilité. Les batteries de l’EQC, fabriquées en Allemagne, autorisent une charge jusqu’à 110 kW/h. Associée aux bornes rapides du réseau Ionity développé conjointement par Daimler et les autres constructeurs allemands, la charge passe de 10% à 80% en 40 minutes. En plein essor, ces bornes seront présentes sur les principaux axes routiers européens dès 2020 et faciliteront ainsi les longs trajets. Notons que la recharge du véhicule peut s’opérer depuis n’importe quel point de charge (ces points vous seront communiqués par le système de navigation) sans qu’il soit besoin d’un abonnement spécifique. La vie du conducteur électrique s’en voit grandement facilitée, car l’accès et la connexion sont gérés directement par le véhicule ou l’application MercedesMe. Bien entendu, d’autres modes de charge, jusqu’à votre prise électrique, sont compatibles et impliquent seulement des temps différents selon le potentiel de votre équipement.

Stratégie de conduite

Mobilité donc, plus que conduite. Ingénieusement, Mercedes-Benz a su intégrer tous les services dédiés à l’électromobilité pour les faire communiquer avec les fonctions de la voiture. Cette interaction globale vous permet non seulement de planifier votre trajet, mais plus encore d’optimiser vos déplacements. L’itinéraire est calculé avec les étapes de charge. Le mode tout automatique tient compte de l’aspect de la route et de l’environnement, comme la déclivité, les ralentissements ou les ronds-points, pour maximaliser la récupération d’énergie. Fondamentalement, on se prend au jeu ! La conduite devient stratégique, car le conducteur influence grandement la consommation d’énergie, qui se traduit en autant de kilomètres supplémentaires parcourus. Là encore, la pédale d’accélérateur tactile fera votre éducation et influencera positivement votre style vers plus de sobriété.

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Dites 333 !

La motorisation n’est pas en reste : les 635 ch du W12 de 6 litres de cylindrée couplés à la boîte robotisée à Energie huit rapports propulsent ce cabriolets’illustre de 0 à 100 km/h La révolution technologique dans des détails qui en 3,8 secondes pour atteindre une vitesse de pointe pourraient avoir l’air de gadgets alors qu’ils sont les fondede 333 km/h Cechallenges moteur est l’un des ments!des de certainement l’énergie électrique appliquée aux plus perfectionnés au monde et délivre sa phénomévéhicules. Par exemple, vous pouvez planifier votre heure nale puissance dans un confort absolulevia de départ et ainsi préchauffer ouun lessystème sièges avant votre double embrayage qui a fait l’ o bjet d’une mise au point installation à bord. Parfait pour le confort, me direz-vous. minutieuse gommer lesIl à-coups de que ce type de Maispour pas seulement. faut savoir la température de transmission. Le système d’injection haute et basse fonctionnement des batteries est garante de leur efficacité pressiontant contribue lui aussique à optimiser la puissance au démarrage pendant les phases de recharge. tout en réduisant les émissions de particules. La motoLa présence d’une pompe à chaleur régule l’habitacle et le risationcircuit V8, à la rageuse,(ou offrira une alternadesonorité refroidissement de chauffage) des batteries. tive particulièrement pour une conduite Cependant, onséduisante vous incitera toujours à utiliser le siège plus agile. Assurément, avec ses Continental GT de l’habichauffant plutôt que de monter la température Convertible, Bentley reste tournée vers l’avenir et tacle, plus énergivore. marque son centenaire de la plus belle des manières, tant cette voiture est l’expression quasi absolue du luxe automobile. —

intelligente

A découvrir dans les concessions du GROUPE CHEVALLEY Garage de la Marbrerie | AMG Performance Center

Pour achever de convaincre les plus réticents, Mercedes-Benz propose un panel Chemin de la Marbrerie 1 – 1227 Carouge de services d’entretien spécifiques. La batterie est garantie pendant huit ans (ou Garage de l’Athénée 160'000 km !) et l’on peut se libérer des opérations de maintenance et de changeRoute de Meyrin 122 – 1216 Cointrin GROUPE CHEVALLEY ment des pièces d’usure dans tout atelier agréé. De quoi conserver un niveau de Garage de l’Etoile Bentley Genève Route de Meyrin 122 – 1216 Cointrin performance élevé ainsi qu’une valeur certaine à votre EQC. En définitive, ce SUV Rue de Vermont 6 – 1202 Genève andre-chevalley.ch se révèle tellement facile et agréable en utilisation courante qu’il ne manquera pas Garage de Nyon de séduire ceux pour qui l’automobile propre se doit de conserver la noblesse d’une Route de Saint-Cergue 295 – 1260 Nyon (très) belle voiture. — andre-chevalley.ch

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Hors du temps

HEURES D’ÉLÉGANCE

© Dennis Leupold

avec Richard Mille

L’

Scott Dixon et Simon Pagenaud, tous deux champions d’IndyCar et vainqueurs des 500 miles d’Indianapolis en 2008 pour le premier et 2019 pour le second, découvraient quant à eux l’envergure de ce concours rassemblant

© Philippe Louzon

Chez Richard Mille, il n’y a pas vraiment de people. Mais plutôt une grande famille d’amis avec qui on parle et plaisante. A commencer par Margot Robbie, actrice surdouée, productrice engagée et star du dernier Tarantino, qui ne se lassait pas de flâner dans le parc pour admirer les plus belles voitures du monde, découvrant ainsi toutes les facettes de l’art de vivre à la française.

© Robert Jaso

une des premières ambitions du Chantilly Arts & Elegance Richard Mille fut tout d’abord de ressusciter cette glorieuse époque de l’art du concours automobile. Et le défi a été brillamment relevé en ce dernier week-end de juin, avec la présence pour l’occasion de constructeurs et designers automobiles de renom et l’association originale des plus belles créations de maisons de haute couture aux futurs modèles de leurs marques. Aujourd’hui, l’événement se fait attendre et on le compare volontiers aux plus beaux concours d’élégance, tels que Pebble Beach (Californie) ou Villa d’Estée (Italie).

16 constructeurs automobiles, 40 clubs et 710 des plus belles voitures historiques. Un sourire par ci une poignée de mains par-là, les deux champions étaient dans leur élément. A noter : chacun des concept-cars en lice pour le concours d’élégance était associé à un grand couturier.

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© Philippe Louzon

© Philippe Louzon

Jessica von Bredow-Werndl, La talentueuse cavalière de dressage allemande a offert aux 500 invités de la soirée une sublime démonstration juste avant le tout aussi sublime dîner de gala, concocté par trois chefs triplement étoilés, dans les Grandes Ecuries de Chantilly. Enfin, parmi les autres sportifs membres de la famille Richard Mille, étaient présents le sprinter jamaïcain Yohan Blake, le footballer ivoirien Didier Drogba (cf. portrait en page 42) ou le skieur français Alexis Pinturault, au volant d’une 720S Spider.

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© Philippe Louzon

© Philippe Louzon

© Philippe Louzon

© Philippe Louzon

Au sein de l’espace Richard Mille, la prospective du futur contrastait avec l’esprit Renaissance propre à l’événement. Non loin des espaces Airbus Corporate Jets et McLaren, les invités se sont retrouvés dans un décor néofuturiste où trônait la plus célèbre voiture de l’histoire du cinéma, la DeLorean de Retour vers le futur. —


Capofaro Locanda & Malvasia, Italie

© Benedetto Tarantino

OFFREZ UN

DÉLICIEUX VOYAGE

© Christian Vallee

S’évader dans un domaine viticole en Toscane, se régaler à la table d’un chef étoilé, se ressourcer lors d’un massage aux huiles essentielles de romarin au coeur d’un mas provençal…

Domaine de Rochevilaine, France

Les maisons Relais & Châteaux proposent une gamme de 20 coffrets cadeaux éco-responsables à partir de 100 CHF, valable dans le monde entier. Relais & Châteaux s’est associé aux artisans sud-africains de « The Joinery » pour créer une pochette de voyage, pratique, confectionnée à partir de bouteilles en plastique recyclées. Une invitation à de délicieux voyages qui met en scène une pratique artisanale locale respectueuse de l’environnement.

Les coffrets cadeaux sont disponibles sur le site www.relaischateaux.com, l’application (iPad et iPhone) et en boutique. Pour les commandes d’entreprise, contactez le service commercial : + 33 (0)1 77 48 14 88


WOW ! Gucci Le maître en colère ?

Mode

Tendance colorée oversize

Escapade

Il n’y a pas que la fête de la bière à Munich !

Une photographie de Reisa Boksi | Designer : Manon Melot | Modèle : Julie Léa Schmidt

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Rencontre mode

IL

MAESTRO Le maître romain de la mode exubérante a présenté sa collection croisière 2020 au cœur du Capitole. Comme un retour aux sources pour celui qui n’a cessé de célébrer la liberté de la femme tout en flamboyance et profusions créatives… Le tonnerre gronde dans la fashion sphère ! Par Diane Ziegler | Photo Stefan Giftthaler

Sacrée colère ou colère sacrée? Quoi qu’il en soit, Alessandro Michele signe une collection croisière à la manière d’une composition élégiaque où l’émotion du vêtement tire sa force de ce génie héroïque qui éveille les consciences. Sous une riche texture orchestrale, le podium se déploie, laissant cette collection hors norme s’incarner sous nos yeux, entrecoupée de « it » féministes éloquents et illuminée d’accords précieux. Comme touché par la grâce, Alessandro Michele excelle plus que jamais dans l’art de la mode, se faisant presque voler la vedette par ces propres créations artistiques.

(Re)belles allures

C’est à Rome que la maison italienne Gucci a dévoilé ses nouvelles folies vestimentaires, alliances fantasques et inspirées du sacré, du païen, de l’A ntiquité, de la modernité,

des genres, des styles, des époques. Cette fameuse signature qu’A lessandro Michele maîtrise et aime à décliner de mille façons prend aujourd’hui un nouveau tournant. Celui de l’engagement politique et de la révolte. Ce parti pris (dont les prémices ont éclos dès 2013 avec le projet Chime For Change, soutenu par Salma Hayek en personne) est désormais un défi permanent. Alessandro Michele se doit à la fois d’en retranscrire les messages, de donner le ton nécessaire et de choisir des pièces et des ensembles dont le savoir-faire magnifie la diversité des silhouettes aux allures de déesses sculpturales. Les mannequins se dévoilent en effet par le prisme des lampes torches du front row. Un premier rang aux premières loges de cette terrible « ira » : spectacle délicieusement effroyable de figures mouvantes que l’on devine être des vamps égarées, des musiciens des temps passés ou des néo-dandys !

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© Gucci

Férocement moderne

Esprit ivre

Gucci immortalise ainsi la joie de vivre italienne dans une création haute en couleurs et très connotée pop culture. L’éclectisme est plus que jamais le maître mot d’A lessandro Michele, qui use et abuse de la souris de Walt Disney, autre icône planétaire. Mickey s’invite décemment sur les sacs, pulls, manteaux et sweat-shirts. Et comme disait de lui la mère du créateur : « Il est impossible de lui dire non parce qu’il donne toujours une bonne raison de dire oui. » C’est bien le sentiment que l’on a en découvrant cette croisière 2020. Une collection qui déborde d’ironie avec ces chemisiers et toiles monogrammées de la mascotte américaine. C’est d’un kitsch… et pourtant, on valide ! Impossible de dire pourquoi, mais le Gucci d’A lessandro Michele nous met en transe comme si nous avions goûté au calice d’un « nectar ensorcelant »… Bref, le designer italien réitère et nous abreuve de couleurs explosives, d’imprimés vieillots, de broderies et de tissus empilés les uns sur les autres. On coule, on croule, mais on en redemande ! Le magicien de la mode, c’est bien lui.

Sûrement l’une des collections croisière les plus abouties de Gucci, ce défilé magistral sur les traces de la mythologie romaine promet à Alessandro Michele une grande destinée dans la maison italienne. Faisant preuve d’un talent surhumain et d’un sens de la mode rare, il mène une guerre pacifique et victorieuse au nom de la beauté contre les règles strictes et étriquées qui entravent et emprisonnent l’humanité. C’est cette victoire éclatante pour la libération de la femme qui était mise en scène dans ce show en mai dernier. Pourtant, la menace n’est pas loin. Car, cette fois-ci, Alessandro Michele choisit davantage la cause féministe comme leitmotiv de sa collection. Par l’habillement, il pousse un cri de colère, écho à celui des femmes qui n’acceptent plus les diktats encore très présents dans la société actuelle. Il met en branle vents, pluies et eaux des fleuves et des mers et provoque un déluge de looks tous plus détonants les uns que les autres. Dévastateur, ce cataclysme se lit dans des tailleurs-pyjamas aux cols gribouillés, des vestes violettes, des robes rebrodées qui frôlent le mauvais goût...

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Prétextant un combat ouvertement politique mené contre le parti d’extrême droite de Matteo Salvini, Alessandro Michele engloutit les codes de la bienséance vestimentaire sous un déferlement de fioritures en veux-tu en voilà. Des artifices qui se prennent au sérieux et adoptent un ton de plus en plus engagé, voire révolutionnaire. Une révolution par le jean uniforme et unisexe autant que par l’habit de curé, les toges sénatoriales et les coiffes religieuses… La « street fille » néo-bourgeoise selon Alessandro Michele porte un lady bag en bandoulière, des boucles d’oreilles de party girl et un plastron en or martelé à l’effigie d’Hercule !

Ainsi soit-il

© Gucci

© Gucci

© Gucci

Après avoir été rendu fou par son attirance fétichiste pour les objets, ce « guerrier du beau » capture ses fantasmes pour en faire ressortir à chaque saison un précieux talisman. Sur-référencée, la mode de Michele convoque la philosophie sur l’autel de la frivolité, de la futilité et du superficiel. Plus que jamais miroir de notre société, les défilés Gucci posent des questions d’essence philosophique : l’identité et l’altérité, la perception du corps genré ou fétichisé. A chaque collection, Michele raconte son exploration du vêtement, signifiant pour lui à la fois le luxe et l’autorité (souvenir de l’A ntiquité), un élan vital et des variations infinies autour des matières et des combinaisons de styles… C’est ainsi que le créateur italien nourrit ses « habits » d’une dose supplémentaire d’existentiel.

© Gucci

C’EST CETTE VICTOIRE ÉCLATANTE POUR LA LIBÉRATION DE LA FEMME QUI EST MISE EN SCÈNE DANS CE SHOW

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l’image de la marque. Une image qu’il a complètement repensée: redessinant les contours du paysage Gucci, il lui a offert une renaissance (lui, le fana de la Renaissance), sans en dénaturer l’origine. Bref, il a ouvert de nouveaux horizons. Porté par les dieux, Alessandro Michele s’exprime… Et quelle expressivité ! Toujours très naturel, jamais vraiment prévisible, il se surprend lui-même dans sa propre créativité.

Une dernière référence ? Celle de l’historien Paul Veyne : « Car seule l’A ntiquité païenne éveillait mon désir, parce que c’était le monde d’avant, parce que c’était un monde aboli. » Une fois n’est pas coutume, Alessandro Michele a fait déboulé 97 looks sur la rime du dieu Eros. Sophistiqués au summum, ces modèles à la fluidité désarmante nous laissent babas (cool) : pochettes, sacs berlingots, étui de guitare, féminin, masculin, petits blousons, underwears bleu layette, robes du soir à plissés impeccables… Tout ici concourt à une profession de foi où le credo vestimentaire pourrait être : « Je crois en une seule beauté, reine toutepuissante, créatrice de l’univers… » A réciter au son du remix très cinématographique de La Passion selon saint Jean de Bach. Amen.

Il se dit en coulisse que son ombre quasi mystique plane sur cette ambiance mystérieuse où la beauté de la vie résonne et rayonne… Depuis sa plus tendre enfance, Alessandro Michele a baigné dans ce bouillon artistique romain où prédomine la sculpture. Un art qui le fascine tout autant que le cinéma. Et c’est à l’Accademia di Costume et di Moda de Rome qu’il va s’épanouir en trouvant les raisons de sa folie : les accessoires, les froufrous et les ornements ! Il confie alors à demi-mot le pouvoir que ses souvenirs et son instinct ont sur lui. S’en servant toujours à bon escient, il se les approprie et les traduit en objets ou en vêtements. Et Alessandro Michele créa un esthétisme totalement effervescent… et renversant.

Le demi-dieu Alessandro

Un demi-dieu se cacherait-il donc derrière ces longs cheveux bruns, ces grands yeux marron, cette barbe abondante et ces doigts parés de multiples bagues anciennes ? Toujours un peu dans les nuages, Michele ? Il avoue son côté rêveur et s’en accommode adroitement : c’est son lieu de création, c’est dans la frénésie de son imagination qu’il se laisse aller à la folie d’un cauchemar ou d’une obsession destructrice… Michele est un mirage, une imperfection spectaculaire tombée du ciel que Gucci a prise sous son aile.

Son entourage est formel : Alessandro Michele est un homme irrésistible, un esprit fécond. Et dans son panthéon, l’Hercule de la mode s’est entouré de la déesse Anna Wintour, qui loue sa manière « quasi révolutionnaire » de rendre la beauté de toute chose effroyablement séduisante, mais également de muses qui ne le quittent plus (Jennifer Aniston, Dakota Johnson…). Et s’il fallait graver une devise sur le fronton de ce panthéon « gucciesque », cela pourrait être : « Les femmes doivent être respectées et libres de choisir ce qu’elles veulent. » Une bonne leçon de vie... et de style. —

© Gucci

Né à Rome en 1972, Alessandro Michele est l’homme providentiel de Gucci. Amarré à la maison italienne depuis 2002 après une escale chez Fendi, il a conquis peu à peu les cœurs pour finir par gagner le trône en devenant, en janvier 2015, directeur de la création et responsable de l’ensemble des collections et de

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The all-new Mercedes-AMG A 45 S 4MATIC+.

Mercedes-AMG A 45 S 4MATIC+ : consommation de carburant en cycle mixte : 8,4-8,3 l/100 km; émissions de CO2 en cycle mixte : 189-185 g/km.

MARBRERIE CAROUGE

ATHÉNÉE COINTRIN

ÉTOILE GENÈVE

A&S CHEVALLEY NYON


En vogue

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S

ize Over

Le regard noir, la moue de Penelope… Telle une muse de la Movida, la beauté madrilène donne le tempo des looks de la rentrée. Chic et décalée, la mode est au mystère et au style dépareillé. Capes oversize, imprimés et cuirs colorés… du volume, SVP ! Direction artistique et photographie Vincent Alvarez | Réalisation Siphra Moine-Woerlen

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Body Elisabetta Franchi, boucles d’oreilles Desert Bloom Messika. Page précédente : Robe Rotate, boucle d’oreille Pendule Persée, bagues Sireliss Laura Sayan Jewelry.

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Veste et short en lurex Leonard, montre Boy Friend Grand modèle Chanel, bague Coco Crush Chanel Joaillerie.

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Top et pantalon en cuir Tod’s, ceinture Lanvin, bague et boucles d’oreilles Sous le Signe du Lion Chanel Joaillerie. Page de droite : Cape et pantalon Chanel, collier Tigran Laura Sayan Jewelry.

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Pull, veste et short Giorgio Armani, sac Lucio D’Estrëe. Page de gauche : Pull en mohair et jupe en soie Kenzo, escarpins Gianvito Rossi, bague Athina Nomad Jewels.

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Chemise Calvin Klein, bob Teddy D Dior, bague Messika. Page de droite : Cape Leonard, boots Christian Louboutin, boucles d’oreilles Desert Bloom Messika.

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Culotte et soutien-gorge Eres, gilet et sautoir Chanel. Page de gauche : Trench Jil Sander, baskets compensées Chanel, collier Sous le Signe du Lion Chanel Joaillerie.

Stylisme Joanna Kalinski | Maquillage Natacha Maillard

Coiffure Marc Villeneuve | Mannequin Aline @Mademoiselle Agency Paris Assistant photo : Loïc Lemahieu | Assistante plateau : Yousra Mameche

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© Dior

Beauté news

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LE GRAND JEU de la séduction Cet hiver, tout est permis  : la bouche généreuse, le teint glowy, les fards pétillants. On ose donc les excès de couleur et les rouges qui claquent, surtout quand ils sont l’expression d’une séduction affirmée. Mode d’emploi d’un sans-faute. Par MartineTartour

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« Croyez en vous-même car personne ne le fera pour vous »

C’est le message de Peter Philips, directeur de la création et de l’image du maquillage Dior, si fier des dernières créations de la maison : les Rouge Ultra Care, en version stick ou liquide. Des rouges à lèvres enrichis dans une formule unique à base d’huile de cameline et d’extraits d’huile de jojoba, et un activateur de lumière qui a permis de créer 26 tonalités, ultra saturées grâce à une forte concentration en pigments. Des rouges résistants au champagne et aux baisers pendant plus de 12 heures, on adore ! Comme le fini perlé en version stick ou l’effet encre en version liquide, pour des lèvres pulpeuses à souhait.

La bouche s’affiche comme un bijou

Avec des lèvres colorées, on a tout ce qu’il faut de charme pour faire sensation. Le sourire est resplendissant et s’offre comme un cadeau. Cet hiver, on ose un vrai rouge, bourré de principes hydratants pour soigner aussi. Côté texture, ce sera soit mat, soit glossy. Mais une chose est certaine : si on veut être tendance, la bouche sera pigmentée de carmin… ou nature. Out le rosé et l’estompé. Pour le soir, on s’applique : on trace d’abord au crayon le contour, en commençant par l’intérieur pour aller ensuite vers l’extérieur. Munie de son bâton de rouge, on met de la matière sur le pinceau et on peint. Dans la journée, pour des lèvres brillantes et gourmandes, on opte pour la perfection du gloss.

Coups de cœur : N°999 Bloom, Rouge Ultra Care, Dior ; Impulse

© Dior

Satin, Nars ; 5 Dare Me Plum, Volupté Tint-in-Balm, Yves Saint Laurent ; 42 Rouge Rio, Le Phyto Rouge, Sisley.

3 questions à Peter Philips Que signifie le mot « care » pour vous ? C’est prendre soin de soi. Care évoque la positivité envers soi et envers les autres. Comment avez vous imaginé le nom des teintes ? Ce sont des noms légers qui évoquent les fleurs – Petal, Blossom… – ou encore Caress ou Bloom, pour rappeler que la thématique soin est tout aussi importante. Pourquoi le rouge est-il si important aux yeux de la maison Dior ? Parce qu’il incarne la passion, l’amour et la vie.

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Le teint se la joue naturel

Bouche gourmande et œil glamour, un teint bonne mine fruit d’un savant jeu de lumière s’impose. Pour cela, on joue avec les contrastes. L’astuce consiste à appliquer une larme de fond de teint légèrement mat sur le front, les ailes du nez, le menton. Ensuite, on dépose quelques flashs de lumière avec un fond de teint nacré en formant un « 3 », pour sculpter le visage : départ au niveau des tempes, passage sur les pommettes et on termine par l’os de la mâchoire. Et, cerise sur le gâteau, un coup de rose sur les pommettes. Sans oublier de glisser dans son sac un fond de teint cushion, idéal pour les petites retouches en journée.

Coups de cœur : Synchro Skin Self-Refreshing Cushion Compact, Shiseido ; Teint Majestueux Porcelaine in Kyoto, L’Elixir des Glaciers, Valmont ; Skin Caviar Powder Fondation et Loose Powder, La Prairie.

L’œil tapageur fait des merveilles

« Regardez-moi dans les yeux », ce slogan des années 1990 revient en boomerang, comme la mode de cet hiver, ultra nineties. On applique le fard en trait fin le long de la frange des cils avec un pinceau, puis en all-over sur la paupière avec le doigt, et on estompe. Si le bleu, le mauve ou même le noir sont les couleurs sexy de la saison, pour le soir, on les porte constellés d’éclats d’or ou d’argent façon Chanel, qui vient de créer un top coat à poser seul ou sur le fard, topissime. Un trait d’eye-liner feutre ou de khôl, en dessinant une virgule dans le coin externe, et on charge les cils de mascara noir.

Coups de cœur : Les 4 Ombres, 332 Noir Suprême ; Stylo Ombre et Contour, 224 Metallic Flash ; Mascara, 90 Noir intense, le tout Chanel.

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Faire peau neuve

© Dior

Parole de dermato : « Démaquiller et nettoyer tous les soirs, c’est l’assurance d’une peau qui vieillira mieux. » On retire d’abord le make-up avec un lait, une huile ou un soin, l’essentiel étant que cela soit un produit adapté qu’on a plaisir à utiliser. Ensuite, mousse et éponge konjac, le parfait mix pour peaufiner le travail, puis passage d’un coton imbibé de lotion. Moins on dort, plus la peau se déshydrate. Le best ? Le masque concentré en actifs doux et hydratants, déposé en couche fine y compris sur les lèvres, que l’on garde toute la nuit. Le matin, une eau micellaire pour retirer les impuretés, et une crème de jour pour hydrater. Un rituel indispensable.

Haute-rejuvenation

Ici commence la haute-rejuvenation. Platinum Rare Lotion Cellulaire de Vie est la première étape pour offrir à la peau la promesse d’une renaissance. Ce pré-sérum est une formule sans pareille qui puise son inspiration dans la source même de la vie qui aide à renouveler pour mieux rajeunir. Ce soin aide à raviver l’apparence d’une peau renouvelée en stimulant trois processus essentiels de la détoxification cellulaire. Tout d’abord, elle améliore la capacité de la peau à éliminer les protéines endommagées qui perturbent son bon fonctionnement. Ensuite, elle optimise le système de production énergétique de la peau. Enfin, elle aide la peau à se protéger des facteurs de stress externes.

Coups de cœur : Démaquillant Take It Away, Estée Lauder ; Eau Perfectrice Pivoine, L’Occitane ; Eau Micellaire Confort, Lancôme ; Lotion Soin Revitalisante, Shiseido ; Doux Nettoyant Gommant Express, Clarins.

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News parfums

JOY DE DIOR, EAU DE PARFUM INTENSE Feu d’artifice floral | Le nouveau Joy, Eau de Parfum Intense, est un panache lumineux qui fuse, accroche, puis s’épanouit dans le tonnerre d’une myriade colorée. A ces fleurs ourlées de notes inédites viennent s’ajouter des bois charpentés qui les soutiennent, les habillent, et un patchouli taillé sur mesure. 142


SÉQUENCE ÉMOTION

De rééditions en nouveautés, les essences florales sont la tendance de la rentrée. Tour d’horizon des plus belles créations ! Par Martine Tartour | Réalisation Yousra Mameche | Photos Reisa Boksi

L’interview intense

de François Demachy

Joy de Dior est une ode à la vie, que l’on doit au génial « nez » de la maison Dior François Demachy. Sa version 2019 d’une Joy de Dior Eau de Parfum Intense garde la même idée d’un bonheur immédiat, avec une explosion de notes florales exubérantes. Rencontre avec l’auteur d’une des plus belles pages de la parfumerie. Vous avez élaboré en 2018 le magnifique Joy de Dior, et vous voilà de nouveau aux commandes de cette version Intense. Vous dites que vous avez gardé l’essentiel, en tout cas le cadre, du parfum initial ? En effet, je l’ai conçu comme une fragrance nouvelle, mais qui garde son sillage premier ; il y a encore beaucoup de points communs. J’aimais cette idée, avec Joy, d’une véritable invitation à la vie, à la légèreté, au chemin qu’on suit et qui nous emporte ; je n’ai pas voulu en dévier. Pour moi, « intense » ne marque pas le sérieux, mais la puissance. Intense est un adjectif qu’on attribue aussi à l’ouïe. Si le parfum touchait ce sens, et non l’odorat, intense signifierait-il monter le volume ? Certainement pas. Il s’agit de faire en sorte que cette chanson que la femme a aimée, elle la retienne, et la mêle à ses émotions. Nous, les parfumeurs, sommes des auteurs-compositeurs et des interprètes. Pas des DJ ! Je me sens comme quelqu’un qui interprète les moments et les événements de la vie... dans une partition musicale de notes parfumées.

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Comment avez-vous travaillé ? J’ai utilisé les mêmes ingrédients, mais je les ai orchestrés différemment. Initialement, sur le plan olfactif, Joy de Dior se traduit par la fraîcheur et l’audace, où se conjuguent la mandarine, le citron et la bergamote. Ces agrumes sont les symboles de la vivacité de Joy de Dior, et il fallait garder cette force. Pour la version intense, j’ai donc diminué la bergamote pour évoluer vers une féminité plus romantique, semblable à un énorme bouquet de fleurs. En notes de cœur, le jasmin grandiflorum et la rose de Grasse, comme une évidence, réveillés par l’essence de néroli. Enfin, en notes de fond, la partie que j’ai sans doute le plus changée, la base de Joy s’anime d’un écho boisé de vanille, de bois de santal et de fève tonka, enveloppant le musc qui offre ses facettes épicées en harmonie avec la sensualité animale d’une Jennifer Lawrence. Comme en cuisine, j’avais envie de garder la recette mais de rehausser certains effets ou d’en réduire d’autres, pour surprendre sans décevoir. Jennifer Lawrence, mystérieuse et gourmande, reste l’égérie de cette version intense. Quelle femme pourrait porter ce parfum ? Il est évident qu’elle est indépendante, sûre d’elle, merveilleuse, captivante, aquatique aussi... Mais au final, je ne crée jamais pour un type de femme particulier. Comme dit l’adage : je propose, la femme dispose. —


GIVENCHY, EAU DE GIVENCHY ROSÉE Au petit matin | Une eau florale qui laisse éclater au grand jour la fraîcheur de la mandarine et d’un thé à l’osmanthus contrasté par la douceur d’une jacinthe d’eau, d’une rose et d’un jasmin. Une délicate note de patchouli et de muscs blancs enveloppe cette fragrance d’une élégance aérienne. 144


ACQUA DI PARMA, OSMANTHUS Sillage ensoleillé | Osmanthus révèle tout le soleil que renferme cette fleur phare du Sud-Est asiatique. Intense et enivrante, son essence distillée se mêle aux notes fraîches et pétillantes de la mandarine verte et aux accents délicats du néroli et de la pivoine, avant de révéler les notes enveloppantes du patchouli. 145


ELIE SAAB, LE PARFUM ROYAL Reine des temps modernes | Audacieux, puissant et féminin, ce chypre floral ambré réinvente une nouvelle fois la signature olfactive fleur d’oranger et patchouli d’Elie Saab. Couronnée de mandarine, la fragrance révèle un cœur noble de rose et de néroli avant de dévoiler sa majestueuse traîne – patchouli, bois de santal, ambre et vanille. 146


ISSEY MIYAKE, ROSE&ROSE Le piquant de la rose | Haie de roses en majesté pour L’Eau d’Issey Rose&Rose. Les roses participent à l’histoire du parfum, sans oublier le détail piquant de leurs épines. A la fois imposante et délicate, la nature se découvre, comme toujours chez Issey Miyake, sans fard. 147


Où buller ?

España

VS Morocco Vamos a la playa d’Alàbriga Buenos días !

Un nom qui laisse rêveur, le bleu de la Méditerranée pour seul décor… La carte postale est divine ! Perché sur les hauteurs de la Costa Brava, sur fond de garrigue, de pins parasols et de ciel azur, l’A làbriga est une invitation à l’éveil des sens, à la sérénité… et à une pause bien méritée.

Chic et choc

Imaginez un peu le confort d’un home sweet home agrémenté de services hôteliers 5 étoiles et de la douceur catalane. Pas tout à fait la maison, pas tout à fait l’hôtel… Les vacances prennent alors une autre dimension. Librement inspirée de la mer Méditerranée, la bâtisse évoque la silhouette d’un yacht amarré dans l’une des charmantes criques de Sant Feliu de Guíxols. Dans un style Art déco, les 29 suites s’ouvrent sur une terrasse, où l’on se laisse volontiers bercer par la douce mélodie des vagues. Si le cœur vous en dit, rendez-vous à l’espace bien-être pour vous faire chouchouter au milieu des effluves aromatiques d’eucalyptus et de romarin... Mission de ce séjour : lever le pied !

Alàbriga Hotel & Home Suites***** www.hotelalabriga.com

Epicure, un vieil ami

L’un des attraits majeurs de la Costa Brava ? Sa gastronomie. Etoilé par le Guide Michelin, le restaurant Terra signe des plats de la région revisités con amor y pasiòn. Les menus traduisent toute l’excellence et les traditions de la région d’Empordà… avec un je-ne-sais-quoi de la Costa Brava. Leitmotiv de la brigade ? Offrir un tour d’horizon de la Méditerranée, des montagnes avoisinantes et des vergers, souligné par mille et une nuances et de nombreux contrastes. Dans un autre registre, au cœur d’un éventail de plantes et de fleurs aromatiques, la table du Garden réussit le pari de servir des mets sophistiqués et informels à savourer en toute simplicité. Tandis qu’à la nuit tombée, le Sea Club devient l’adresse des estivants venus festoyer autour d’un plateau de fruits de mer ou de viandes grillées… et arroser l’été grâce à une carte de vins et de cocktails dont les Espagnols ont le secret.

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cains et objets en fer forgé – par de subtiles touches contemporaines. Pas étonnant dès lors que le Buddha-Bar Beach y ait pris ses quartiers. Folie des grandeurs oblige, on y trouve même le plus grand casino d’A frique du Nord ! Mais aussi un choix fou de restaurants et de bars, parmi lesquels la table du Sel de mer pour une pêche du jour à se damner, ou celle du Morjana, qui reste à ce jour l’expression même du raffinement de la cuisine marocaine.

Front de mer

Vie de pacha au Mazagan Deauville à la marocaine

Sept kilomètres de plage pour vous tout seul… Qui dit mieux ? Jolie découverte à une petite heure de route de Casablanca. Inconnue au bataillon, la région du Doukkala est le repaire secret des Casablancais. Oubliez les clichés d’un Maroc trop chaud, trop bondé… Ici, la région est vierge, baignée d’histoire, et possède un microclimat grandement apprécié.

Vous voici aux premières loges de l’Atlantique avec une oasis de 250 hectares et un parcours de golf 18 trous signé Gary Player, du yoga et de la baignade au grand air, des activités à foison, sans oublier un coin kids pour que tout le monde affiche un large sourire ! Parce que, oui, au Mazagan, on aime se retrouver, s’amuser et se détendre... Et l’adorable personnel y est pour beaucoup ! A l’image du charismatique cowboy Mustapha, qui vous accompagne en promenade à cheval entre les dunes et la plage, ou de la douce Rachida, qui vous fait découvrir le traditionnel gommage au savoir noir – table de marbre chaud, hammam, effluves d’eucalyptus, rituels ancestraux… Verdict : bien-être et dépaysement à la clé ! —

Ceci n’est pas un mirage !

Si vous raffolez de destinations nouvelles et de nature luxuriante, sans toutefois renoncer au confort et aux activités, nous avons trouvé le lieu de votre prochaine escapade XXL ! Petit frère de l’Atlantis à Dubaï, le Mazagan Beach & Golf Resort est une destination en soi. Avec ses airs de médina, l’établissement joue dans la cour des Mille et Une Nuits, mais n’hésite pas à bousculer les codes traditionnels – tuiles de Fès, salons maro-

Soleil ! Must see : la cité fortifiée d’El Jadida (XVIe siècle). Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, la belle portugaise cultive de nombreux charmes: médina, ruelles animées et citerne antique... Dans les parages également, la ville blanche d’Azemmour. Perchée sur une falaise, cette bourgade miportugaise, mi-berbère collectionne les portes bleues et les ruelles voûtées. Un enchantement. Mazagan Beach & Golf Resort Morocco***** www.mazaganbeachresort.com

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M

Escapade urbaine

UNICH

entre potes  !

Cité arty et branchée, Munich réserve bien des surprises. Sur les bords de l’Isar, la capitale secrète de l’Allemagne, aux accents folkloriques, n’a jamais autant attiré. Le temps d’un week-end entre copains, suivez les pas de Louis II de Bavière, qui fit de « ce grand village » sa destination de villégiature privilégiée… Par Sophie de Titling

Les bons

David

PLANS

De l’histoire pour voyager

A deux petites lieues de Munich, s’exiler au château de plaisance de Schleissheim est un must. Décoré dans les années 1700, dans le goût français-italien, le lieu est remarquable par ses ornements intérieurs luxueux, qui invitent à la rêverie. On admire les tableaux signés d’artistes célèbres ou méconnus, choisis avec beaucoup de soin. Avant de repartir, une promenade dans le jardin français qui s’étend jusqu’au petit château de Lustheim conclura cette virée bucolique enchanteresse.

Prendre de la

hauteur

Grimper sur les hauteurs du Gasteig pour laisser son œil planer sur la ville et sur la rapide Isar d’un si beau vert, puis au-delà des grandes forêts de sapins, vers l’est et le sud, pour voir les Alpes qui se déroulent dans un horizon vaporeux jusqu’en Suisse. Ceux qui voudront mieux contempler les maisons typiques et l’ambiance spéciale des rues n’ont qu’à monter à la tour Saint-Pierre ou à celle de Notre-Dame… La plus belle vue ? Sans hésitation, le rooftop du Mandarin Oriental !

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nous fait redécouvrir des trésors

Lors d’une visite au palais de Nymphenbourg, où naquit Louis II de Bavière, il faut s’arrêter à la manufacture de porcelaine. On y trouve certes les classiques services anglais et chinois qui ont fait la gloire de cette fabrique, la dernière, avec Sèvres, à travailler à la main selon des savoir-faire tricentenaires, mais on y découvre aussi les créations de nombreux jeunes designers, auxquels la maison a intelligemment offert les ressources illimitées de sa technique. Hella Jongerius, Ruth Gurvich, Ted Muehling et Nick Knight s’en donnent à cœur joie pour détourner la tradition.


OÙ DORMIR ?

Stéphane

nous parle d’influence orientale Havre de paix au cœur du centre historique de la ville, à deux pas de l’Opéra, de la Marienplatz, du Viktualienmarkt ou encore de la célèbre Maximilianstrasse, le Mandarin Oriental Munich séduit par son charme néo-Renaissance. Adresse presque secrète, cet hôtel 5 étoiles conjugue à merveille le luxe européen, le charme baroque et le rustique à l’allemande. En son sein, l’établissement possède une somptueuse collection de peintures et de gravures, parmi lesquelles celle du peintre Raphaël! Petit bijou de 48 chambres et 25 suites où tout est pensé dans le moindre détail, l’hôtel recrée un esprit maison avec son décorum néo-Biedermeier très chic. Il n’est ainsi pas rare de tomber nez à nez avec de précieuses antiquités et de délicieuses excentricités d’époque. Et lors de l’Oktoberfest, vous recevrez un verre de bière locale à votre arrivée dans la chambre. Cosy et intimiste, le bâtiment du XIXe siècle – ancien opéra municipal – abrite une architecture noble, sensible et fluide. Autre atout charme de l’établissement, la terrasse sur le toit, avec un jardin, une piscine et une vue imprenable sur les Alpes. Une escapade unique qui vous fera sentir tel Louis de Bavière en son château et dont vous ne voudrez plus jamais repartir ! Mandarin Oriental***** www.mandarinoriental.com/munich

Don’t MISS

Bonne

ADRESSE 151

Pour une expérience gastronomique raffinée, direction le restaurant du Mandarin Oriental, le Matsuhisa. L’adresse fait figure de star dans la capitale bavaroise! Il faut dire que la table du célèbre chef Nobuyuki Matsuhisa, alias Nobu, est un sans-faute. Si l’établissement séduit grâce à sa terrasse sur le rooftop du Mandarin Oriental et à son style irrésistiblement minimaliste, il offre surtout une expérience culinaire de haut vol à tous les mordus de saveurs nikkei, tant par l’originalité de sa carte que par la finesse de ses mets. Au menu du Matsuhisa, des associations aussi surprenantes que créatives, du live cooking et un métissage unique. Parmi nos coups de cœur ce soirlà, l’avocat grillé ou encore la salade de homard épicée…


Isabelle pose ses valises

Le Charles, bel et grand hôtel réputé pour la richesse, l’élégance et le service, fait figure d’inclassable dans le paysage munichois… Située au cœur de Munich, à côté du Vieux Jardin botanique et non loin du quartier historique Königsplatz, des musées et de nombreuses galeries d’art, la bâtisse a été décorée par Olga Polizzi et abrite des peintures originales de Franz von Lenbach, artiste munichois réputé du XIXe siècle, qui sont exposées dans la suite Monforte. Construit en 2007, cet hôtel de 160 chambres s’inspire aussi de l’architecture de style French Riviera : décoration intemporelle, raffinée, chaleureuse, tout est fait pour qu’on s’y plaise. Ne manquez pas le magnifique spa, qui abrite la plus longue piscine couverte de Munich, avec son hammam et son sauna finlandais ! The Charles Hotel***** www.roccofortehotels.com

Un italien

À MUNICH

Les copains

se reposent et prennent l’air Après une halte à la Société des arts, il faut quitter les arcades des scènes grecques pour se mettre au vert dans le jardin anglais, certainement l’un des plus beaux de ce genre en Europe. Traversé en tous sens par des eaux rapides, il offre des points de vue uniques, tandis que l’on apprécie les bosquets et les prairies qui se présentent au fil de la balade. De grandes allées ombrageuses, de fraîches et tranquilles retraites entourent le grand étang, qui renferme quelques îles. Le charme est absolu !

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Christine

nous fait découvrir l’opéra

To do list

La journée, on flâne dans les diverses galeries de la ville tout en fredonnant des airs mozartiens improvisés par des musiciens de rue. Dès octobre, la saison des concerts reprend et offre une production musicale de grande renommée. On peut certainement entendre de la bonne musique en Allemagne, mais il est certain que Munich occupe l’une des premières places et qu’il n’y a peut-être point d’endroit où musique classique et musique contemporaine soient davantage cultivées.

Zum Dürnbräu Excellente adresse pour goûter la cuisine traditionnelle bavaroise et les Käsespätzle (des pâtes fraîches aux œufs mélangées avec des oignons et du fromage de montagne).

Fedora Cucina  Munich est bien la ville italienne la plus au nord des Alpes. La preuve avec ce délicieux restaurant italien qui se situe dans la plus vieille maison de Munich.

Biergarten am Chinesischen Turm

Carole

va piquer une tête

Jess et Minou relâchent la pression !

Aucun Munichois ne manquerait de faire honneur à la fête de la bière, l’Oktoberfest. Durant une semaine, cette « ambroisie allemande » coule à flots, désaltérant la foule vraiment nombreuse qui afflue à toute heure et qui, comme on le pense bien, ne sait point boire assise, mais chante sans repos. La musique se mêle, ou plutôt se perd, dans ce tumulte bon enfant ! Parmi les fêtes populaires de premier rang, l’immense cortège est célébré tous les ans en octobre dans la capitale bavaroise… A vos agendas !

Impossible de rester de marbre devant l’imposant hôtel de ville, bâtiment irrégulier qui date de l’empereur Louis et qui fascine par la fausse porte sur laquelle s’élève la tour de l’Horloge et l’image gigantesque de St. Onofrius, peinte sur la façade de la maison voisine, en souvenir d’Henri le Lion, qui apporta à Munich les reliques et l’image du saint. Clin d’œil aux villes italiennes, la place Maria est entourée d’arcades sous lesquelles se trouvent un grand nombre de boutiques et de cafés authentiques aux allures d’estaminets. On peut y manger à toute heure, y boire de la (bonne) bière, du vin et des liqueurs du pays tout en jouant au billard…

Idéal pour se reposer au soleil après une grosse journée de marche, devant une bonne bière et un immense bretzel.

Hofbräuhaus am Platzl  La plus célèbre brasserie de Munich. On y vient pour boire de la bière et écouter de la musique traditionnelle. Les habitués portent le costume traditionnel et ont même leur casier pour entreposer leur propre chope.

La Heilige-Geist-Kirche  L’église du Saint-Esprit, l’une des plus anciennes de Munich.

Le Viktualienmarkt  Le marché de Munich, où les échoppes s’entassent. Incontournable pour découvrir la cuisine allemande.

Le château de Nymphenbourg La résidence d’été des rois de Bavière. Maintes fois agrandi, le château est l’un des lieux les plus touristiques de Munich. Ne manquez pas sa visite !

Müller’sche Volksbad  Les bains populaires de Munich, situés dans une piscine datant de 1901, l’une des mieux conservées en Europe avec son style Art nouveau.

Le Maibaum  Le mât de cocagne bavarois. Selon cette tradition bavaroise, un arbre est planté le 1er mai pour célébrer le retour du printemps et de la floraison.

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Destination Titel titelMomo Par L’inconnu

V

OH LORD, WON’T YOU BUY ME A MERCEDES BENZ ?

Le grand C pourrait bien représenter l’initiale du mot cœur. Celui de la gamme, puisque cette lettre figure sur des millions de voitures. Mais aussi celui de celles et ceux qui s’approchent, parfois pour des motifs très raisonnables, et dont la poitrine se met à résonner plus fort.

ITAMINE SEA

Par L’inconnu | Photo du Nord-Express

Sous les tropiques, en village ou en villa, les charmes métissés de Moris, en version originale, se déclinent à l’infini. L’océan Indien et le sourire des inépuisables GO du Club Med en prime ! Par Delphine Gallay

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Kas enn poz, l’art de se relaxer en créole Filaos sur mer Pointe aux Canonniers, Plantation d’Albion… ces noms ne vous disent peut-être rien, mais pourraient bien devenir les prochaines cartes postales de vos vacances. Ile confetti, île lointaine, Maurice, la perle de l’océan Indien, joue en effet dans la cour des grandes et ne ressemble à aucune autre destination. A elle seule, elle réunit tous les attraits d’une destination exotique et un trésor unique au monde : les Mauriciens ! Qu’ils soient Créoles, Indiens ou encore Chinois, ses habitants respirent l’harmonie et la douceur de vivre. Un patrimoine vivant que l’on peut lire sur les visages aussi bien que dans la grande diversité des paysages. Parce que oui, à l’image des Mauriciens, la nature est belle et plurielle sur cette île. Pas étonnant dès lors que le Club Med, réputé pour la qualité de ses spots, se soit installé ici, au pied des plages les plus folles.

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La Plantation d’A lbion est sans conteste le coup de cœur de ce séjour. Barrière de corail, lagons et criques sauvages… La star des resorts 5 Tridents avait décidément tout pour nous plaire. Il faut dire qu’avec ses 21 hectares de végétation luxuriante et la qualité de ses prestations, Albion, niché au cœur du fort d’A rgenson, tenait toutes les promesses d’une échappée belle sous les tropiques comme on en avait tant rêvé. Arrivée en fanfare donc – tambours battants, danse Séga, ti-punch, jus de canne et coco « découpe minute » –, puis petit détour par la réception pour récupérer le fameux bracelet – précieux sésame de vos vacances – et régler les dernières formalités. A présent, la seule contrainte du séjour sera d’enfiler le bon maillot et de penser à se crémer à l’ombre d’un cocotier.


Villa d’Albion

Plage de la La Pointe aux Canonniers

Pour vivre heureux, vivons

cachés

Et en villa, c’est encore mieux. Dans un style créole, à l’abri des regards, la parenthèse s’annonce belle et d’exception. A commencer par le jardin d’Eden, luxe ultime de ce séjour. Flore tropicale, lit balançoire, chaises longues, salon ombragé et piscine privée : l’endroit à lui seul vaut le voyage. Il faut dire que la villa est spacieuse et agréable, et qu’une petite fée nous a été spécialement envoyée pour prendre soin de tout et parfaire la liste de nos envies du petit-déjeuner à la petite douceur du soir déposée sur l’oreiller. Côté maison, la surprise est la même. Une ambiance épurée, quelques touches créoles, des livres d’art, une ou deux toiles mauriciennes… Les pièces invitent au farniente, et la suite parentale tournée vers l’extérieur ne fait pas exception. Lit à baldaquin, large dressing et douche à ciel ouvert donnent le ton. Les villas se déclinent en deux ou quatre chambres en fonction de la taille de la tribu... Et si tout à coup l’envie soudaine de se reconnecter au village nous prenait, rien de plus simple : un coup de fil et nous voilà au centre des nombreuses activités nautiques et terrestres proposées. Grâce à la conciergerie de luxe, vous n’êtes jamais bien loin de la vie du village.

Faites des enfants…

… le Club Med s’occupe de tout ! Parce qu’après tout, le concept même des vacances, c’est de faire plaisir à tout le monde, que chacun y trouve son compte et qu’on ait plein de choses fabuleuses à se raconter à la fin de la journée. C’est pourquoi tout a été pensé pour occuper les têtes blondes de l’A lbion grâce à de nombreux QG pensés pour les plus jeunes, des nourrissons jusqu’aux moins de 18 ans (Club enfants, Baby-corner…), avec la possibilité d’initier les plus grands à la voile, à la plongée, à la planche, au golf et même au trapèze volant avec le sympathique Gaby… sans oublier les grands classiques qui font depuis toujours le succès du Club Med. Autre plus (et pas des moindres) : les activités sportives ne s’adressent pas qu’aux enfants ! Mais si votre programme de vacances consiste plutôt à ne pas lever l’ombre d’un petit doigt, qu’à cela ne tienne : vous pourrez vaquer librement à vos occupations en lézardant tranquillement sur la plage ou au bord de la piscine Calme, et pourquoi pas vous essayer aux vertus de l’ayurvéda au sein du Spa Cinq Mondes. Mission de ce séjour : vous requinquer, vous amuser et prendre le temps de vivre, tout simplement.

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La fête au village

Pour poursuivre sur notre lancée, direction l’extrémité nord de l’île. D’autres couleurs, d’autres lagons… c’est des étoiles plein les yeux que nous amarrons à la Pointe aux Canonniers. Il faut dire que l’endroit fait figure de pionnier sur l’île. Depuis sa création en 1973, la réputation de l’iconique 4 Tridents n’est plus à faire auprès des vacanciers. On y vient du monde entier pour faire la fête et profiter pleinement de son emplacement privilégié. Longue plage de sable blanc, cocotiers et banyans majestueux donnent la température, alors que du côté des infrastructures, nous inaugurons le tout nouveau visage de la Pointe aux Canonniers : 42 millions d’euros investis pour relooker et agrandir l’aînée du Club Med, autant dire que le coup de fraîcheur ne passe pas inaperçu dans le paysage de Grand Bay. Adresse familiale et conviviale, la Pointe aux Canonniers respire la chaude ambiance et l’esprit village. Parce qu’après tout, l’art d’être en vacances ne s’invente pas, mais se vit au grand air et en toute liberté !

Plantation d’Albion

Vous pouvez laisser un

message…

Si la Plantation d’A lbion redéfinit le charme d’un home sweet home loin de la maison, elle a surtout le pouvoir de dépayser en beauté. On commence par glisser ses pieds sous la table, quelle que soit l’heure de la journée. De manière presque illimitée, on essaie les différentes tables (mention spéciale pour celle du Phare) que compte la Plantation d’A lbion : cuisine d’ici et d’ailleurs, spécialités de l’île – achards, caris et autre poissons grillés –, arrosées pour les plus téméraires par la star locale : le ti-punch. Ajoutez à cela l’excellence du service mauricien, la bonne humeur des GO et une météo au beau fixe, et le séjour prend des airs de paradis. Pour parfaire l’escapade, cap sur Blue Bay ! Réservation à l’accueil et nous voici, le lendemain matin, en route pour un haut lieu de la plongée et de la biodiversité. Sur le chemin qui mène à Blue Bay, les champs de cannes à sucre se dessinent à perte de vue, alors qu’en toile de fond se dressent les pics montagneux d’un vert émeraude. Que la nature est belle à Maurice, et ce n’est pas la visite de l’île aux Cerfs ou de l’île au Phare, vestige colonial, qui vous fera en douter. Ni même les dégradés de bleu et de vert, ni l’incroyable faune sous-marine et terrestre, qui confirment une fois encore qu’à Maurice « toutes les couleurs sont dans la nature ».

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Bureau du jour

Alors, pour mettre tout cela en pratique, rien de tel que d’aller poser sa serviette du côté de l’espace Zen et de se faire plaisir avec un bon livre, une baignade rafraîchissante, un drink ou un tête-à-tête à la table gastronomique de l’A lma Beach, pendant qu’à l’autre bout du village les tout-petits, bien encadrés, s’amuseront en journée dans l’espace aquatique dernier-cri… avec à la clé la maîtrise parfaite de la brasse et de l’incontournable poirier à la fin des vacances. Quant à vous, si vous êtes du genre hyperactif, vous êtes au bon endroit : voile, ski nautique, wakeboard, snorkeling ou plongée bouteille comptent parmi les nombreuses activités proposées par le resort. Mais si vous êtes plutôt du genre farniente et bronzette, vous apprécierez le bonheur simple d’aller et venir de votre transat aux lagons caméléons. Parce qu’ici à la Pointe aux Canonniers comme à la Plantation d’A lbion, l’heure est au lâcher-prise, aux découvertes exotiques, aux rencontres et aux souvenirs. Et puis, si vous en doutiez encore, on vous le redit : Mauritius is always a good idea ! —

Pour plus d’informations : La Plantation d’A lbion – 5 Tridents La Pointe aux Canonniers – 4 Tridents Le tout en all-inclusive www.clubmed.ch/Ile-Maurice


Mixologie

LE COCKTAIL du chef

Le meilleur bartender de Suisse 2019, Dirk Hany, était de passage à Genève pour nous régaler et nous initier à l’art des cocktails… sans modération ! Par Marliese Hubert

La touche Cîroc

Frais et léger...

Pourquoi la vodka Cîroc plutôt qu’une autre ? « Tout simplement parce que c’est une vodka moderne qui marche vraiment bien aujourd’hui. » Ronde et très fine, Cîroc est produite à partir de raisin, dont elle tire son goût vraiment à part. Dirk Hany avoue aussi que le look soigné des bouteilles Cîroc joue un rôle important pour le show. A chaque bouteille sa version aromatisée – coco, pineapple et red berry –, l’idéal pour concocter les cocktails les plus fous.

Le p’tit

Cocktail signature de Dirk Hany, le Cocolouge est un savant mix de vodka Cîroc, de coco et d’absinthe. Frais, léger et équilibré, exotique mais pas trop, il conviendra à tous les palais. L’absinthe, qui se marie à merveille avec la coco, amène une touche anisée très originale. En bouche, le cocktail offre une succession d’arômes de coco, d’orgeat et d’anis, subtilement soutenus par la rondeur de cette vodka à base de raisin.

conseil

Recette du Cocolouge

Surtout, il ne faut pas avoir peur d’essayer de mélanger les ingrédients qui vous tentent. L’important étant de trouver le bon équilibre entre l’alcool, le sucre, le citron et le soda. Il n’y a rien de faux… il faut juste se faire plaisir ! Et pour trouver quelques bonnes idées, faites un saut sur le site www.diageobaracademy.com

4 cl de Cîroc Coco 2 cl de sirop d’orgeat 1,5 cl de jus de citron 0,5 cl d’absinthe Ajoutez la glace et mixez le tout au shaker. Servez avec beaucoup de glaçons, allongez le tout avec un peu d’eau gazeuse et décorez avec quelques copeaux de chair de noix de coco.

Dirk Hany, au sommet de son art

L’homme aux manettes du Bar am Wasser à Zurich vient d’être désigné meilleur bartender de Suisse 2019 lors de la finale nationale World Class et s’apprête à défendre les couleurs de la Suisse fin septembre à Glasgow pour la récompense mondiale. A 36 ans, il fait presque figure de vétéran dans le métier, mais il aime à rappeler aux petits nouveaux qu’il faut encore compter sur lui. Celui qui essaie de développer une gastronomie liquide dans son établissement rêverait de décrocher une étoile… Mais comme il sait que les bars n’en reçoivent pas, il se contenterait bien d’une place dans le top 3 en Ecosse !

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GENÈVE

mdl-literie-geneve.ch 67, rue de la Servette • 1202 Genève • 022 734 24 34 Tram 14, arrêt Poterie


5 minutes avec...

Frédéric Beigbeder.

C’était en juin dernier. Cartier inaugurait sa boutique éphémère sise rue Céard et invitait le malicieux papa à badiner sur l’importance des femmes dans notre société. Entre deux cafés, interview flash du célèbre écrivain germanopratin. Par Siphra Moine-Woerlen

Une chose que vous détestez chez les autres ? Quand on m’interrompt.

Qu’aimeriez-vous faire en ce moment ? L’amour.

Un cadeau que vous aimeriez recevoir ? Des platines vinyles.

Une chose que vous détestez chez vous ? Quand je pérore sans être interrogé…

Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ? Apprendre à dire non.

Un remède anti-stress ? L’amour.

La première fois que vous êtes tombé amoureux ? J’avais 6 ans, elle s’appelait Marie-Aline et c’était sur la plage de Guéthary. Je m’en souviens comme si c’était hier : c’était mon premier vrai baiser…

Le pire ? Tu devrais faire de la télé.

Un péché mignon ? Le Moscow Mule – cocktail à base de vodka, de ginger beer et de jus de citron vert, le tout glacé et servi dans un mug en cuivre.

Une chose que vous vous interdisez ? Je m’interdis de dire « par contre ». Une activité que vous aimeriez faire plus souvent ? L’amour.

Votre principal trait de caractère ? La méticulosité, et d’ailleurs j’aime beaucoup ce mot. Votre devise ? Une phrase de Cocteau : « Ce que l’on te reproche, cultive-le, c’est toi. » Etes-vous croyant ? On va dire plutôt nostalgique de l’époque où je l’ai été…

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Un ennemi ? L’ennui… Finissez la phrase « j’aurais aimé être… ». Roger Vadim. —


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